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Full text of "Revue horticole : journal d'horticulture practique"

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HARVARD  UNIVERSITY 


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https://archive.org/details/revuehorticoleio1866unse 


REVUE 


HORTICOLE 


ANNÉE  1866 


MONTEREAÜ. 


IMPRIMERIE  DE  L.  ZANÜTE. 


REVUE 


HORTICOLE 

JOURNAL  D’HORTICULTURE  PRATIQUE 


FONDÉ  EN  1829  PAR  LES  AOTEÜRS  DO  BON  JARDINIER 


PUBLIÉ  SOUS  LA  DIRECTION  DE  M.  J.  A.  BARRAL 

RÉDACTEUR  EN  CHEF  DU  Joumal  d' Agriculture  pratique 

MEMBRE  DES  SOCIETES  IMPERIALES  ET  CENTRALES  d’HORTICULTURE  ET  D’AGRICULTURE  DE  FRANCE, 

DES  ACADÉMIES  OU  SOCIÉTÉS  AGRICOLES  OU  HORTICOLES  D’ALEXANDRIE,  DE  FLORENCE,  GENÈVE,  LUXEMBOURG,  MILAN,  MOSCOU,  MÜMCfl, 
NEW-YORK,  PESARO,  ROVERETO,  SAINT-PÉTERSBOURG,  SALERNE,  SPALATO,  STOCKHOLM,  TURIN,  VARSOVIE,  VIENNE,  ETC. 


AVEC  LE  CONCOURS  DE  MM. 

D'AIROLES,  ANDRÉ,  BAILLY,  BALTE!,  GEORGES  BARRAL,  BONCENNE,  BOSSIN,  BÛOSCASSE,  BUCHETET, 
CARBOÜ,  CARRIÈRE,  CHABERT,  CHADVELOT,  COURTOIS,  DOÜMET,  DU  BREOIL,  DOROPT,  FERLET,  GAGNAIRE, 
GLADY,  GLOEDE,  GROENLAND,  GDILLIER,  GDYOT,  HARDY, 

HOIILLET,  LACHAÜ0IE,  DE  LAMBERTYR,  LAÜJOULET,  LECOQ,  LEMAIRE,  MARTINS,  DE  MORTILLET, 
NAÜDIN,  D’OÜNOÜS,  PÉPIN,  SISLEY,  YERLOT,  VILMORIN,  ETC. 


37«  ANNÉE.  — 1866 


PARIS 

LIBRAIRIE  AGRICOLE  DE  LA  MAISON  RUSTIQUE 


1866 


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REVUE 


HORTICOLE 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  DÉCEMBRE). 

Mort  de  M.  Bixio,  de  M.  Lasaulce,  de  M.  Des  Robert.  — Lettre  de  M.  Chabert  sur  les  pertes  faites  par 

la  Société  d’horticulture  de  la  Moselle.  — Prochaines  Expositions  horticoles  a Bruges,  a Geneve,  a 
Amsterdam.  — Souscription  ouverte  en  faveur  de  l’explorateur  botaniste  M.  Weir.  — Motion  du  prince 
de  Galles  comme  président  de  \d.  Gardeners'  royal  benevolent  Institution.  Les  arbustes  bacciferes. 
Culture  des  Chrvsanthèmes.  — Circulaire  et  règlement  relatifs  à l’Exposition  horticole  internationale  et 
au  Congrès  botanique  de  Londres  en  mai  1866.  - Lettre  de  MM.  Baltet  frères  relative  au  transport  des 
végétaux  destinés  à l’Exposition  universelle  de  1867.  — Cours  public  de  M.  Forney. 


Triste  fin  d’année  pour  le  rédacteur  de 
cette  chronique!  Il  faut  qu’il  parle  de  toutes 
; choses  étrangères  à sa  douleur.  Vous  la 
I comprendrez,  lorsque  vous  saurez  qu’en 
: perdant  M.  Bixio,  fondateur  de  la  Librairie 
' agricole,  qui  publie  depuis  vingt  ans  la  i?c- 
j vue  horticole,  le  directeur  de  ce  recueil  se 
trouve  séparé  tout  à coup  d’un  ami  qui  fut 
pour  lui  un  père  et  un  frère,  un  compagnon, 

■ un  guide,  un  collaborateur. 

M.  Bixio,  né  le  20  novembre  1 808  à Chia- 
vari,  alors  dans  le  département  des  Apen- 
nins, passa  une  partie  de  son  enfance  chez 
sa  grand-mère,  à Metz,  dans  la  Moselle, 
dans  une  maison  mitoyenne  de  celle  qu’ha- 
bitait mon  grand-père.  C’est  là  que  se  forma 
entre  moi,  tout  enfant,  et  lui,  à peine  ado- 
lescent, une  liaison  qui  a duré  quarante- 
cinq  ans,  sans  que  jamais  aucun  nuage  soit 
venu  troubler  notre  vive  affection  mutuelle. 

Dire  quel  esprit  sûr  et  ferme  il  avait  et 
combien  il  était  bon  et  généreux,  serait  im- 
possible. Mais  partout  où  il  a été  il  a laissé 
de  nombreux  amis,  il  a fait  du  bien;  partout 
il  est  profondément  regretté. 

Il  avait  compris  que  l’horticulture  avait 
besoin,  comme  l’agriculture,  d’un  orgpe 
qui  lui  fût  entièrement  dévoué,  étudiant  im- 
partialement toutes  les  questions,  poussant 
toujours  au  progrès , mais  n’abandonnant 
jamais  rien  aux  aventures.  Il  joignit  la  Re- 
vue horticole  au  Journal  (T agriculture  pra- 
tique, qu’il  avait  fondé.  Après  m’avoir  confié 
ce  dernier  recueil  et  m’avoir  vu  à l’œuvre 
pendant  dix  ans,  il  me  remit  aussi  la  direc- 
tion du  premier.  Ce  sera  toujours  pour  moi  un 
I honneur  que  d’avoir  eu  sa  confiance.  Dans 
toutes  les  circonstances  difficiles  où  je  me 
trouverai,  placé  , j’invoquerai  son  souvenir, 

I je  me  le  figurerai  présent,  et  je  prendrai 
conseil  de  sa  droiture,  de  sa  loyauté,  de  son 
impartialité. 

lei'  JANVIER  1866. 


M.  Bixio  est  mort  le  16  décembre,  après 
dix-huit  jours  de  maladie;  il  n’avait  que  cin- 
quante-sept ans.  Plusieurs  milliers  de  per- 
sonnes ont  suivi  son  cortège  funèbre  pour 
témoigner  de  leur  estime  pour  sa  mémoire. 
Tous  ceux  qui  l’ont  connu  diront  qu’on  ne 
remplace  pas  un  tel  ami , et  que  la  France 
et  l’Italie,  ses  deux  patries,  comptent  un 
noble  citoyen  de  moins. 

Il  faut  encore  que  je  parle  de  deux  autres 
morts  qui  me  touchent,  qui  toucheront 
aussi  les  horticulteurs.  Elles  ont  eu  lieu 
dans  ma  ville  natale,  à Metz.  A leur  sujet,  je 
reçois  de  M.  Chabert,  secrétaire  général  de 
la  Société  d’horticulture  de  la  Moselle,  la 
lettre  suivante  : 

R Metz,  le  20  décembre  186S. 

« Monsieur  et  cher  compatriote, 

« J’ai  l’honneur  de  vous  adresser  quelques 
lignes  consacrées  à la  mémoire  de  deux  hom- 
mes vivement  regrettés,  qui  avaient  rendu  des 
services  signalés  à la  cause  horticole  dans  la 
Moselle. 

« Je  ne  doute  pas  que  la  Revue  horticole 
fasse  accueil  à ma  note  nécrologique.  Quand 
un  président  de  Société  d’horticulture  meurt, 
la  Revue  ne  perd-elle  pas  en  quelque  sorte 
un  des  siens? 

« Tout  à vous  de  cœur. 

« Chabert.  » 

Les  horticulteurs  forment  maintenant  en 
France  une  sorte  de  famille  ; ils  savent  re- 
connaître et  honorer  les  services  rendus 
par  ceux  qui  se  dévouent  à leurs  intérêts,  et 
la  Revue  horticole  n’est  que  leur  écho  en 
payant  un  dernier  tribut  d’hommages  à ceux 
qui  succombent.  Voici  la  note  de  M.  Chabert 
sur  les  deux  hommes  dont  l’horticulture 
mosellane  regrette  vivement  la  perte  : 

((  La  Société  d’horticulture  de  la  Moselle 
vient  de  faire,  dans  l’espace  d’un  mois,  deux 

T.  1.  — l. 


6 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  DÉCEMBRE). 


pertes  bien  sensibles.  M.  J. -A.  Lasaulce,  direc- 
teur de  l’Ecole  normale,  ancien  adjoint  au  maire 
de  Metz , né  en  cette  ville  le  22  thermidor 
an  VII,  secrétaire  de  l’Association  de  1843  à 
1846,  est  mort  le  31  octobre  1865.  Dans  ces 
diverses  fonctions,  il  avait  beaucoup  aidé  aux 
progrès  pratiques  de  l’arboriculture,  et  avait 
été  constamment  l’objet  de  l’estime  et  de  la 
bienveillance  de  tous  ses  collègues. 

« Le  30  novembre  suivant,  est  décédé  en 
exercice,  à l’âge  de  cinquante-neuf  ans,  le  di- 
gne et  estimable  président  de  la  même  Société, 
M.  Adolphe  Des  Robert. 

« En  1853  , il  avait  été  appelé  à présider  la 
Compagnie  à laquelle  il  appartenait  déjà  depuis 
un  certain  nombre  d’années  comme  membre  ti- 
tulaire. C’était  la  juste  récompense  du  zèle  et 
de  l’impartialité  dont  il  avait  donné  tant  de 
preuves,  alors  qu’il  avait  concouru  aux  opéra- 
tions du  jury  des  Expositions  bisannuelles  et 
des  Comités  de  visites  des  jardins. 

(f  Nul  n’aimait  plus  sincèrement  notre  Asso- 
ciation horticole,  n’applaudissait  plus  franche- 
ment aux  succès  des  membres  collaborateurs  et 
ne  travaillait  avec  plus  d’activité  à lui  concilier 
l’estime  et  la  considération  publiques.  Modeste 
et  désintéressé,  il  aimait  à faire  valoir  les  tra- 
vaux de  ses  collègues  et  s’effaçait  volontiers 
pour  leur  laisser  la  place  plus  large  et  les  met- 
tre en  évidence. 

« Personne,  à Metz,  n’a  oublié  combien  Des 
Robert  se  multiplia  pendant  l’Exposition  univer- 
selle des  produits  de  l’horticulture,  qui  fut  si 
brillante  au  chef-lieu  du  département  de  la  Mo- 
selle, en  1861,  malgré  une  durée  de  quatre 
mois  consécutifs. 

« C’est  un  des  principaux  titres,  avec  l’organi- 
sation des  cours  d’arboriculture,  commencés 
dès  1853  par  le  savant  professeur  M.  Du  Breuil, 
qui  rendent  la  mémoire  du  président  Des  Ro- 
bert chère  aux  horticulteurs  mosellans. 

« Pour  nous  qui  l’avons  vu  de  si  près  à l’œu- 
vre, nous  puiserons  dans  le  souvenir  de  son  in- 
telligente collaboration  une  nouvelle  preuve 
que  l’unité  de  vue  est  une  puissance  et  que  l’u- 
nion c’est  la  force. 

« F.-H.  Chabert, 

• Metz,  20  décembre  1865.  » 

Nous  avons  connu  MM.  Lasaulce  et  Des 
Robert,  et  nous  nous  joignons  de  grand 
cœur  à l’expression  des  regrets  que  leur 
mort  inspire  à M.  Chabert.  M.  Lasaulce  ap- 
partenait par  alliance  à notre  famille,  et 
toujours  nous  l’avons  vu  plein  de  sollici- 
tude pour  augnaenter  l’instruction  agricole  et 
horticole  des  instituteurs  des  campagnes. 
Quant  à M.  Des  Robert,  il  était  le  modèle 
des  présidents  dévoués  à leur  association. 

— Les  Sociétés  d’horticulture  continuent  à 
préparer  leurs  Expositions  du  printemps 
prochain.  Nous  avons  à annoncer  trois  Ex- 
positions de  Sociétés  étrangères  pour  le 
mois  d’avril,  à Bruges  du  l^rau  3,  à Genève 
du  5 au  8,  à Amsterdam  du  14  au  19.  On 
sait  que  c’est  à cette  dernière  que  l’on  doit  se 
rendre  pour  voir  les  plantes  bulbeuses  qui 
font  la  gloire  de  l’horticulture  hollandaise. 

— Le  Conseil  de  la  Société  royale  d’hor- 


ticulture a annoncé  au  public  horticole  une 
nouvelle  triste  et  inattendue.  Le  D''  Weir, 
récemment  nommé  explorateur  de  la  Société 
pour  l’Amérique  du  Sud,  est  resté  paralysé 
à la  suite  d’une  attaque  de  fièvre  paludéenne 
dans  le  trajet  de  Bogota  à Santa-Martha;  sa 
situation  était  extrêmement  grave  le  16  dé- 
cembre 1865,  et  le  Conseil  s’est  vu  forcé  de 
faire  un  appel  à la  générosité  des  amis  de 
l’horticulture  pour  arracher  à la  misère  un 
de  ses  plus  intrépides  envoyés  : « Le  Con- 
seil, a-t-on  dit,  ne  peut  affecter  à cette  des- 
tination les  fonds  de  la  Compagnie.  » Le 
Gardeners"  C/^romVfc  relève  hautement  celle 
interprétation  littérale  du  règlement,  et 
pense  que  ce  soldai  de  la  science  ne  sera 
pas  abandonné  par  ses  compatriotes.  Tout 
martyr  de  la  cause  scientifique,  dit  le  rédac- 
teurde  l’excellentjournal anglais,  a des  droits 
qui  dépassent  les  limites  étroites  d’une  So- 
ciété, d’une  secte  et  d’un  parti.  Les  secours 
doivent  être  adressés  à M.  J.  Cokerel,  se- 
crétaire du  Conseil  de  la  Société  royale 
d’horticulture;  nous  croyons  pouvoir  affir- 
mer que  la  générosité  des  amis  de  l’horti- 
culture en  Angleterre  ne  sera  pas,  cette  fois 
encore,  au-dessous  de  sa  réputation. 

Les  associations  horticoles  se  multiplient 
en  Angleterre.  A côté  de  la  Société  royales, 
il  y a à Londres  la  Société  centrale.  Voici 
maintenant  l’Institution  libre  {Gardeners' 
royal  benevoJent  Institution).  Cette  dernière 
vient  de  choisir  pour  son  président  le  prince 
de  Galles,  qui  a accepté  cette  fonction,  et  a 
immédiatement  fait  à l’Association  un  don 
de  25  livres  sterling. 

La  Société  centrale  d’horticulture  (Cen- 
tral Horticultnral  Society),  s’est  réunie,  le 
13  décembre,  sous  la  présidence  de  M.  G. 
Gordon.  M.  Hibberd  a fait  la  lecture  d’un 
mémoire  intéressant  sur  les  arbrisseaux 
baccifères.  Une  riche  collection  des  espèces 
qui  étaient  l’objet  de  ce  mémoire  se  voyait 
sur  la  table;  on  y remarquait  le  Cotoneaslcr 
acnminata  (connu  aussi  sous  le  nom  de 
C.  Sinimondsii  et  Nepalensis)  dont  le  ma- 
gnifique spécimen  avait  une  tige  de  cinq 
pieds  : Le  Cotoneaster  rolundifolia  (G. 
Hookerii),  le  Cotoneaster  microphytla,  etc. 
Le  but  de  M.  Hibberd  était  de  démontrer 
que  les  horticulteurs  n’ont  pas  besoin  d’al- 
ler chercher  très-loin,  pour  rornement  des 
serres  et  des  maisons  d’habitation,  de^  ar- 
bustes qu’ils  trouvent  sous  leurs  mains  dans 
leur  pays.  Si  la  question  ainsi  envisagée  n’a 
pas  une  grande  portée  scientifique,  elle  in- 
téressera néanmoins  tous  ceux  qui  aiment 
les  plantes  : M.  Hibberd  n’en  demandait 
pas  davantage. 

— Nous  trouvons  dans  \eGardeners' Chro- 
nicte  la  description  d’un  mode  de  culture 
des  Chrysanthèmes  qui  étonnera  plus  d’un 
lecteur.  M.  Haxvksford,  AVellinglon  Street, 
Bliston^  possède  une  serre  de  6 mètres  de 


7 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  DÉCEMBRE). 


longueur  sur  4 mètres  de  largeur.  Les 
Chrysanthèmes  sont  entourés  d’un  grand 
j nombre  de  petits  fourneaux  alimentés  par 
du  charbon  de  terre.  L’atmosphère  ambiante 
est  pleine  de  fumée  plus  ou  moins  sulfureuse 
1 et  l’eau  des  vases  qui  se  trouve  là  en  est  re- 
couverte d’une  épaisse  couche  de  suie. 
Toutes  ces  conditions  pourraient  sembler 
défavorables  au  premier  abord;  il  n’en  est 
rien.  Les  Chrysanthèmes  s’y  développent 
parfaitement. 

Les  principales  variétés  qu’on  y remar- 
j que  sont  les  suivantes  : Le  Prince  Albert, 

1 sujet  en  fleurs;  Nil  desperandiim ; Lady 
I Harding;  Fleur- de-Marie ; Jenny  Lind; 
Golden  qjieen  of  England  j Alfred  Salter, 
Jardin  des  Plantes,  Mistress  Cunningham; 

I Dupont  de  l’Eure  et  Boadicea.  Toutes  ces 
plantes  se  portent  à merveille. 

Le  Gardeners'  Chrorncley  en  signalant  ce 
mode  de  culture,  ne  semble  faire  aucune 
I réserve;  nous  le  faisons  connaître  aux  hor- 
ticulteurs français,  afin  qu’ils  l’expérimen- 
icnt. 

— Nousavons  reçu  une  lettre  circulaire  que 
le  Comité  exécutif  de  l’Exposition  interna- 
tionale d’horticulture  et  du  Congrès  botani- 
que, qui  doivent  se  tenir  à Londres  du  22  au 
20  mai  1866,  a adressée  aux  amis  de  l’hor- 
ticulture et  de  la  botanique.  La  reine  Vic- 
toria et  le  prince  de  Galles  ont  accepté  le 
patronage  de  ces  solennités. 

Voici  la  traduction  de  la  circulaire  : 

« Monsieur. 

« Je  demande  la  permission  de  vous  informer 
que,  du  22  au  25  mai  1866,  il  y aura  à Londres 
une  grande  Exposition  horticole  internationale 
et  un  Congrès  botanique  que  nous  vous  prions 
spécialement  d’honorer  de  votre  présence. 

« L’Exposition  se  tiendra  àSouth-Kensington, 
dans  les  jardins  de  la  Société  royale  d’horticul- 
ture où  des  récompenses  seront  accordées  pour 
les  fleurs,  les  fruits  et  les  ustensiles  : elles  s’é- 
lèveront à une  somme  de  2,500  livres  st.  environ 
(62, 500 fr.).  Le  Congrès  seraprésidéparM. de  Can- 
dolle,  qui  fera  un  discours  d’ouverture  ; on  n’y 
' consacrera  que  deux  matinées  pour  la  lecture 
et  la  discussion  des  notices  imprimées  et  tra- 
duites. 

« La  commission  administrative  fera  tous  ses 
I efforts  pour  que  les  jardins  bien  disposés  d’ail- 

ti  leurs  et  qui  offrent  des  spécimens  magnifiques 

i;  et  caratéristiques  de  riiorliciiltui  e anglaise 

? soient  ouverts  aux  visiteurs  étrangers.  Pour 

J faciliter  les  relations  amicales  des  nations  et 

l'échange  de  toutes  les  idées,  deux  couver sa- 
2 mm  seront  instituées  ainsi  qu’un  banquet  auquel 
vous  êtes  spécialement  invité  comme  hôte.  Il 
est  nécessaire  néanmoins,  quant  au  banquet, 
que  le  Comité  sache,  le  1er  mars  1866  au  plus 
tard,  si  vous  devez  honorer  lemeeling  de  voire 
présence. 

' _ « En  portant  ces  faits  à votre  connaissance, 

, Je  dois  vous  demander  si  vous  vous  proposez  de 

! laire  au  Congrès  l’honneur  d’une  communication 

nin  mémoire^,  une  réponse  prompte  nous  ren- 
drait plus  faciles  nos  dispositions  à cet  égard. 


« Si  vous  désiriez  communiquer  un  article 
(un  mémoire)  au  Congrès,  je  vous  prie  de  nous 
le  faire  savoir  en  nous  répondant,  et  de  nous 
adresser  le  mémoire  même  pas  plus  tard  que  le 
31  mars,  afin  qu’il  soit  imprimé  dans  votre  lan- 
gue et  accompagné  d’une  traduction  anglaise. 

« Dans  le  cas  où  vous  pourriez  accepter  l’in- 
vitation, voulez-vous  nous  envoyer  aussitôt  que 
possible  la  forme  précise  dans  laquelle  vous 
voudriez  voir  votre  nom  figurer  dans  la  liste  des 
visiteurs. 

« J’ai  l’honneur  d’être,  etc. 

« Berthold  Seemân,  » 

« Secrétaire  honoraire  du  Congrès, 

57,  Vindsor,  Road,  London  N.  " 

« 5 décembre  1865.  » 

Voici  maintenant  la  traduction  des  réso- 
lutions prises  par  le  Comité  exécutif  présidé 
par  sir  G.  Wentworth  Delke,  et  dont  les  bu- 
reaux sont  : 1,  William  Street,  near  Albert 
Gâte,  Kinghts  bridge,  S.  W.,  Londres. 

Il  a été  résolu  ; 

\o  Qu’il  y aura  à Londres  en  1866  (proba- 
blement dans  le  jardin  de  la  Société  royale 
d’horticulture,  à South  Kensington)  une  grande 
Exposition  horticole  internationale  et  un  Con- 
grès botanique  qui  durera  quatre  jours  (du  22 
au  25  mai),  et  auquel  seront  invités  les  premiers 
botanistes  et  horticulteurs  de  l’Europe  entière  ; 

2°  Qu’il  y aura  deux  meetings  du  matin  (de 
la  nature  d’un  Congrès,  sous  la  présidence  de 
M.  de  Candolle),  on  y lira  des  mémoires  des 
pricipaux  botanistes  et  horticulteurs.  Ces  mé- 
moire s,  imprimés  en  anglais,  en  français  ou  en 
allemand  seront  distribués  et  on  les  discutera; 

3o  Qu’il  y aura  deux  conversazioni  dans  les- 
quelles les  étrangers  invités  pourront  se  ren- 
contrer avec  nos  premiers  botanistes,  horti- 
culteurs et  exposants; 

Qu’il  y aura  un  grand  banquet  auquel  se- 
ront invités  les  visiteurs  étrangers  et  auquel  les 
dames  souscrivantes  pourront  être  admises. 
Billet  : 3 guinées  chacun  (78C75); 

5»  Que  la  Commission  s’efforcera  de  rendre 
accessibles  aux  visiteurs  les  jardins  qui  présen  - 
tent les  traits  les  plus  caractéristiques  de  l’hor- 
ticulture anglaise,  tels  que  l’art  des  primeurs 
et  de  la  décoration; 

6«  Qu’une  liste  de  souscription  sera  ouverte 
pour  obtenir  des  fonds  nécessaires  à la  forma- 
tion des  récompenses  libres  (2,500  livres  st. 
environ), l’érection  totale  ou  partielle  de  l’édifice 
de  l’Exposition,  la  réception  des  visiteurs  étran- 
gers, les  dépenses  de  main-d’œuvre  nécessaires 
et  la  formation  d’un  capital; 

7"  Que  les  dames  ou  les  gentlemen  qui  auront 
souscrit  pour  iO  guinées  (262C50)  auront  droit 
à un  billet  de  banque  de  la  valeur  de  3 livres 
3 shellings;  à une  carte  d’invitation  à chacune 
des  soirées,  valable  pour  eux-mêmes  et  pour 
deux  de  leurs  amis,  à huit  billets  d’entrée  pour 
l’Exposition  horticole,  quand  l’entrée  est  de 
une  guinée  par  personne.  Les  souscripteurs 
pour  cinq  guinées  recevront  une  carte  d’invita- 
tion pour  chaque  soirée,  valable  pour  eux- 
mêmes  et  deux  amis  et  quatre  billets  d’entrée 
à l’Exposition.  Les  souscripteurs  d’une  somme 
moindre  auront  des  avantages  proportionnés; 

8»  Les  billets  des  souscripteurs  peuvent  à 
leur  gré  être  changés  et  transformés  en  carte 


8 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  DÉCEMBRE). 


du  banquet;  trois  billets  d’entrée  à l’Exposition 
seront  changés  en  un  dîner  pourvu  que  l’in- 
tention de  cet  échange  soit  manifestée  avant  le 
31  mars. Les  billets  de  souscripteur  qui  n’auront 
pas  servi  le  jour  de  l’ouverture  seront  acceptés 
un  des  jours  suivants  de  la  manière  dont  on 
décidera  plus  lard. 

L’Angleterre  donne  l’exemple  de  dépen- 
ses que  l’horticulture  française  n’oserait 
guère  demander. 

Nous  en  sommes  encore  à rechercher 
comment  on  attirera  les  horticulteurs  à 
l’Exposition  universelle  de  1867;  la  ques- 
tion des  frais  de  transport  n’est  même  pas 
résolue,  et  à ce  sujet  nous  croyons  devoir 
publier  la  lettre  suivante  que  nous  adressent 
MM.  Ballet  frères.  Déjà  nous  avons  fait 
connaître  l’espèce  d’agitation  qu’ils  ont  faite 
pour  arriver  à obtenir  quelques  adoucisse- 
ments de  la  part  des  Compogniesde  chemin 
de  fer,  et  la  fin  de  non-recevoir  qui  avait 
accueilli  leurs  démarches.  Nous  espérons 
que,  cette  fois,  ils  seront  plus  heureux  : 

« Monsieur  le  Directeur, 

« Nous  poursuivons  toujours  la  question  de 
l’amélioration  du  transport  des  végétaux  par 
les  voies  ferrées.  Les  obstacles  ne  manquent 
pas  ; mais  nous  croyons  avoir  trouvé  un  dernier 
moyen  qui  devra  hâter  la  solution  de  cette  ques- 
tion importante. 

« Sur  notre  proposition,  le  Comité  de  l’Aube 
pour  l’Exposition  universelle  de  1867  a de- 
mandé à la  Commission  supérieure  de  Paris 
que  « les  produits  vivants  de  l’agriculture  et 


de  l’horticulture  admis  à l’Exposition  univer- 
selle soient  autorisés  à voyager  en  grande 
vitesse,  tout  en  restant  soumis  au  tarif  de  la 
petite  vitesse,  avec  les  réductions  qui  seront 
probablement  accordées  par  les  Compagnies. 

« Il  serait  à désirer  que  les  quatre-vingt-neuf 
comités  départementaux  émissent  un  vœu  sem- 
blable. La  France  ne  tarderait  pas  à avoir  pour 
l’Exposition  de  1867,  et  pour  toutes  ses  Expo- 
sitions, les  faveurs  accordées  enBelgique  d’après 
la  demande  de  la  Fédération  des  Sociétés  d’hor- 
ticulture, alors  le  commerce  des  végétaux  pour- 
rait espérer  d’obtenir  les  réductions  sur  la 
durée  et  le  prix  de  transport  par  chemin  de  fer, 
qui  lui  sont  si  nécessaires. 

<f  Veuillez  agréer,  etc. 

« Baltet  frères, 

« Horticulteurs  à Troyes»  » 

Nous  terminons  cette  chronique  par  l’a- 
nonce  d’une  bonne  nouvelle,  M.  Eugène 
Forney  fera  cette  année  deux  cours  publics 
et  gratuits  sur  la  taille  des  arbres  fruitiers  à 
l’amphithéâtre  de  l’Ecole  de  médecine  : le 
premier,  en  dix  leçons,  est  déjà  commencé, 
il  se  fait  chaque  dimanche  à 2 heures;  le 
deuxième  commencera  le  mardi  16  janvier  à 
9 heures  1/4  du  matin  et  sera  continué  les 
mardis  et  vendredis  de  chaque  semaine. 
La  première  leçon  traitera  du  choix  et  de 
la  plantation  des  meilleurs  variétés  de  fruits. 

Nous  remettons  à notre  prochaine  chro- 
nique plusieurs  lettres  sur  divers  sujets  de 
polémique.  Le  défaut  de  place  et  de  temps 
nous  empêche  d’approfondir  les  questions 
qu’ils  soulèvent. 

J.  A.  Barral 


DEUX  NOUVELLES  VARIÉTÉS  DE  GLAÏEULS  \ 


Monsieur  le  Directeur, 

J’aime  les  Glaïeuls,  pour  les  jouissances 
qu’ils  me  procurent  chaque  année  pendant 
près  de  trois  mois;  et  j’espère  que  vous 
voudrez  bien  m’accorder  le  concours  de 
votre  excellent  Journal,  pour  faire  connaître 
deux  plantes  qui  doivent  faire  cette  année 
leur  entrée  dans  le  monde  horticole.  Leur 
obtenteur,  M.  Paulin  Leveau,  horticulteur  à 
Fontainebleau,  semeur  intelligent  et  persé- 
vérant, travaille  depuis  près  de  dix  ans 
au  perfectionnement  de  cette  famille  si 
riche  en  belles  variétés.  Nous  lui  devons  de 
bonnes  plantes,  parmi  lesquelles  je  ne  citerai 
que  le  Prince  Impérial  et  l’Ornement  des 
parterres,  tous  deux  d’une  rusticité  à toute 

1.  Lorsque  la  planche  coloriée  ci-jointe  a été 
faite,  il  y a quelques  mois,  et  lorsque  nous  avons 
reçu  l’article  de  M.  d’Auvers,  nous  ne  savions  pas 
que  déjà  un  Glaïeul  avait  reçu  le  nom  de  Maréchal 
Vaillant,  ainsi  que  cela  résulte  des  catalogues  de  la 
maison  Vilmorin  et  de  MM.  Loise  et  Verdier.  Pour 
éviter  tout  malentendu,  nos  lecteurs  pourront  rem- 
placer le  nom  de  Maréchal  Vaillant  par  celui  de 
Glaïeul  Empereur  Napoléon.  J.-A.  B. 


épreuve,  et  aussi  remarquables  par  la 
beauté  du  rameau  que  par  la  grandeur  et  le 
coloris  de  la  fleur. 

Les  deux  nouveautés,  que  représente  la 
gravure  coloriée  ci-contre,  sont  : 

1 . — Marquise  de  Pompadoiir,  gracieuse 
comme  son  nom.  Son  coloris  carmin  lilacé 
pâle  est  complètement  nouveau,  et  ses 
stries  de  même  couleur,  mais  beaucoup  plus 
foncées,  laplacenten  premier  ordre  parmi  les 
plantes  panachées,  dont  le  nombre  est  en- 
core très-restreint. 

2.  — Maréchal  Vaillant,  de  première  gran- 
deur ; remarquable  surtout  par  sa  large 
macule  blanc  pur,  qui  donne  au  coloris 
vermillon  brillant  de  la  fleur  un  éclat  tout 
particulier. 

Ces  deux  plantes  se  trouveront  cette 
année  chez  M.  Loise,  marchand  grainetier, 
quai  aux  Fleurs,  n<>  3,  à Paris,  auteur  d’une 
excellente  notice  sur  la  culture  du  Glaïeul, 
publiée  par  la  Remie  en  1864. 

Peu  de  plantes  de  pleine  terre  présentent, 
dans  une  même  famille,  une  aussi  grande 


DEUX  NOUVELLES  VARIÉTÉS  DE  GLAÏEULS. 


variété  de  tons  que  le  Glaïeul.  Si  le  lilas  et 
le  violet  n’existent  pas  ou  tout  au  moins 
fort  peu,  on  est  sur  la  route  ; et  il  ne  faut 
pas  désespérer  de  l’avenir.  Mais  que  de  ri- 
chesses dans  les  tons  roses  et  rouges  ; ainsi 
que  dans  les  blancs  et  les  jaunes,  soit  unis, 
soit  panachés.  Aussi  les  Glaïeuls  sont-ils 
un  des  plus  beaux  ornements  de  nos  sa- 


lons; lorsque  surtout,  groupés  par  une. 
main  habile,  ils  sont  entremêlés  de  quelques 
rameaux  de  verdure  légère  qui  accompa- 
gnent les  heurs  et  les  font  briller  de  tout 
leur  éclat. 

Yeuillez  agréer,  etc, 

E.  d’Auyers. 


TROIS 


I Les  trois  Fraisiers  dont  la  gravure  coloriée 
ci-jointe  représente  quelques  fruits  dessinés 
I d’après  nature,  sont  d’introduction  toute 
récente  dans  nos  cultures.  Nous  les  avons 
éprouvés  depuis  trois  ans  dans  nos  jardins 
et  nous  avens,  en  outre,  pu  nous  convaincre 
de  leur  mérite  chez  les  obtenteurs  mêmes, 
de  sorte  que  nous  pouvons,  en  toute  con- 
fiance, les  recommander  à l’attention  des 
\ amateurs.  . 

i[  1.  — Bijou,  obtenu  de  semis  par  M.  de 
i Jonghe,  auquel  nous  sommes  déjà  redeva- 
; I blés  de  beaucoup  de  variétés  hors  ligne.  C’est 
I une  plante  basse,  trapue,  rustique,  bien  que 

I d’une  croissance  modérée,  produisant  fort 

f peu  de  coulants , ce  qui,  aux  yeux  de  beau- 
I coup  de  personnes,  n’est  pas  un  mince  avan- 
1 tage.  Le  fruit  est  de  bonne  grosseur  moyenne, 

de  jolie  forme  conique  ou  ovale,  d’un  rose 
i vif  glacé,  avec  les  graines  jaunes  très-sail- 
! lantes,  placées  dans  un  ordre  symétrique  par- 
fait, ce  qui  lui  donne  une  très-jolie  appa- 
rence. La  chair  est  pleine,  d’un  blanc  mat, 
ferme,  juteuse,  sucrée,  parfumée,  excellente. 
Maturité  assez  tardive  et  très-fertile. 

2.  — Premier,  obtenu  par  M.  Rutfet,  jar- 
dinier de  feu  lord  Palmerston.  Plante  d’une 
vigueur  et  d’une  rusticité  peu  communes  dans 
toute  espèce  de  sol.  Fruit  gros  ou  très-gros, 
de  forme  arrondie,  les  plus  gros  lobés,  repré- 
sentant assez  bien  un  melon  en  miniature , 
d’un  rouge  vermillon  vif  glacé!  Graines  sail- 
lantes. Chair  rose  veinée  de  rouge,  à cavité 
centrale,  fondante,  très-juteuse,  très-sucrée, 
parfumée  d’un  goût  très-agréable.  Matu- 
rité moyenne  et  très-productive. 


SÉC4TEUR  POUR  ÉGLANTIERS 

On  a pu  remarquer,  à l’Exposition  ouverte 
l’été  dernier  par  la  Société  centrale  d’horti- 
culture, au  palais  de  l’Industrie,  deux  in- 
struments nouveaux,  dont  le  mode  d’action 
était  basé  sur  le  principe  des  roues  dentées, 
ce  qui  ne  s’est  encore  guère  vu  dans  les 
outils  destinés  à la  taille  des  arbres.  Ces 
deux  instruments  étaient  construits  par 
M.  Hardivillé,  coutelier,  rue  Saint-Jacques, 
218,  à Paris  ; leur  auteur  a été  récompensé 


NOUVELLES. 

3.  _ Fairy  Queen  (Reine  léerique),  est 
un  des  beaux  gains  obtenus  depuis  quelques 
années  au  potager  royal  de  Frogmore,  près 
Windsor,  et  il  mérite  une  mention  toute 
spéciale . 

^ La  plante  est  très-rustique,  bien  que  d’une 
croissance  modérée,  provenant  d’un  croi- 
sement entre  Carolina  superba  et  Prince 
of  Wales.  Le  fruit  est  de  belle  grosseur, 
d’une  jolie  forme  conique  et  de  couleur 
rose-orangé.  Les  graines  sont  très-saillantes, 
la  chair  pleine,  blanc  pur,  ferme,  très- 
sucrée,  fondante,  parfumée,  iVune  finesse 
de  goût  extraordinaire.  En  effet,  peu  de 
fraises  peuvent  lui  être  comparées  sous  ce 
rapport.  . 

Le  Fraisier  Fairy  Queen  est  d’une  ferti- 
lité étonnante  et  produit  ses  délicieux  fruits 
successivement  pendant  toute  la  durée  des 
grosses  Fraises.  Au  potager  de  Frogmore, 
on  cultive  la  Fairy  Queen  en  pots  avec 
beaucoup  de  succès. 

Dans  un  prochain  article  nous  donnerons 
la  description  de  quelques  autres  variétés 
distinguées,  provenant  également  du  potager 
de  Frogmore,  entre  autres  John  Powell, 
Cockscomb,  Elton  improved,  que  nous  ne 
saurions  trop  recommander  aux  vrais  ama- 
teurs et  dont,  ainsique  des  trois  Fraises  figu- 
rées dans  ce  numéro  de  la  Revue,  nous 
tenons  du  plant  à leur  disposition  à des 
prix  modérés. 

Ferdinand  Gloede, 
aux  Sablons, 

par  Moret-sur-Loing  (Seine^et-Marne). 


[’  ÉBRANCHEUR  A CRÉMAILLÈRE. 

par  une  médaille  d’argent  de  première 
classe. 

Le  premier  est  un  sécateur  à Eglantier  ou 
habilleur  d’Églantier.  Tout  le  monde  connaît 
l’opération  nommée  habillage,  qui  consiste 
à retrancher,  avant  la  plantation  des  Eglan- 
tiers, le  fort  chicot  du  vieux  bois  des  racines 
et  l’excédant  de  longueur  de  la  tige.  Cette 
opération,  qui  demande  du  soin  pour  ne  pas 
écraser  ou  blesser  l’écorce  des  racines  à 


19 


SÉCATELR  POUR  ÉGLANTIERS  ET  ÉBRANCHEUR  A CRÉMAILLÈRE. 

conserver,  puisque  dans  le  Rosier  les  plaies  I fait  à la  scie  ou  au  moyen  d’un  sécateur 
de  cette  nature  ne  se  guérissent  pas,  se  I spécial  fixé  sur  un  billot.  Mais  il  faut  un 


K' 


O,  1GU . -îj 

Fig.  1.  — Habilleur  d’Églantiers  à crémaillère. 


sécateur  d’une  assez  grande  puissance,  et 


plus  faci- 


M.  Hardivillé  a pensé  à l’obtenir 
lement  parl’application  d’un 
engrenage  dans  la  transmis- 
sion de  la  force  du  moteur. 

Comme  on  peut  le  voir 
par  la  figure  1 , le  corps  de 
cet  outil  est  une  coulisse 
dont  une  des  extrémités  se 
relève  et  forme  une  sorte  de 
crochet  de  sécateur.  Dans 
cette  coulisse  glisse  la  lame, 
portant  une  queue  à crémail- 
lère, avec  laquelle  vient 
s’engrener  une  roue  dentée 
sur  les  trois  quarts  de  son 
pourtour.  Cette  roue  fait 
corps  avec  un  bras  de  levier 
qui  sert  à la  faire  mou- 
voir. La  force  appliquée  sur 
le  bras  est  transmise  par  la 
roue  à la  crémaillère,  qui 
fait  glisser  la  lame  jusqu’au 
crochet  et  opère  une  sec- 
tion nette  et  rapide. 

L’emploi  de  cet  instru- 
ment pour  rhabillage  des 
Églantiers  n’évitera  pas  le 
parage  indispensable  à la 
serpette  , puisque  , comme 
toute  cisaille,  il  occasionne  pig.  2. 
un  écrasement  sur  les  bords 
de  la  partie  coupée;  mais,  par  une  ap- 
plication plus  sûre  et  un  emploi  plus  com- 


plet de  la  force  de  l’ouvrier,  il  permettra 
un  travail  plus  rapide,  mieux  fait  et  moins 
pénible.  Son  prix  est  do 
45  francs. 

Le  second  instrument 
(fig.  2)  est  un  ébrancheur- 
échenilloir  qni  peut  servir 
aussi  pour  la  taille  des  ar- 
bres fruitiers,  et  l’ébour- 
geonnage. 

Il  est  construit  sur  le 
même  principe  que  le  pré- 
cédent, et,  à cause  do 
sa  force,  il  peut  rendre 
certainement  de  grands  ser- 
vices. 

L’inventeur  en  cons- 
truit de  plusieurs  dimen- 
sions; avec  les  plus  grands, 
on  peut  couper  jusqu’à 
des  branches  de  0*".04 
de  diamètre;  les  plus  pe- 
tits, qui  portent  le  crochet 
moins  recourbé,  sont  pro- 
pres surtout  à l’ébourgeon- 
nage et  à toutes  les  déli- 
cates opérations  de  la  taille 
en  vert  : tous  sont  très- 
bons  pour  l’échenillage.  Le 
prix  des  ébrancheurs  de 
M.  Hardivillé  est  de  12, 
15  et  20  francs,  suivant  la 
grandeur  et  la  force  de  la  lame. 

A.  Ferlet. 


Ébrancheur  à crémaillère. 


/leviw  BorticoLe. 


i 

i 


A Ltfévre 


lmp.  Zanote  rae  cfeS  Bovlav^ers.  15.  Pans. 


Fraises  nouvelles  provenaiit  des  Cultures  de  M.CIoëde 

1.  Bijou._2.The  Frcmier  5.  Faiiy  (jueen . 


’ocreujc  rmx*' 


lmp  Zanote  rue  des  Boulan^esrs^  15,  Pans 


Glaïeuls 


R Cl' lie  Uoehi'olc 


1.  Marquise  de  Poinpadour. 


2. Maréchal  Vaillant, 

! 


UNE  LOCALITÉ  PTÉRYGOLOGIQUE. 


Sur  la  rive  occidentale  du  lac  Majeur,  en 
face  des  îles  Borroinées,  laroute  du  Simplon 
traverse  le  village  de  Stresa.  Dominée  par 
des  pentes  couvertes  de  Châtaigniers,  elle 
suit  exactement  les  contours  de  la  côte. 
Pour  la  tracer , on  a entamé  les  couches 
de  micaschiste,  dont  la  monlagne  est  for- 
mée, sur  une  longueur  d’un  kilomètre  en- 
viron ; ces  couches  rompues  forment  un 
petit  escarpement  qui  ne  cesse  qu’aux  murs 
de  la  villa Pallavicini.  Dans  ce  court  espace, 
j’ai  recueilli  douze  espèces  de  Fougères  et 
de  Lycopodes  végétant  sur  ces  rochers.  D 
ne  faut  pas  s’en  étonner.  Toutes  les  condi- 
tions favorables  à la  végélation  de  ces  plan- 
tes se  trouvent  réunies  sur  ce  point.  Les 
rochers  sont  tournés  vers  le  nord  et  ombra- 
gés supérieurement  par  des  arbres  ; la 
roche  se  décompose  naturellement  en  un 
terreau  noir  rempli  de  particules  de  mica; 
de  petits  filets  d’eau  descendent  de  tous  les 
cotés  le  long  des  rochers,  s’infdtrent  entre 
leurs  couches  et  se  versent  dans  un  fossé 
toujours  rempli;  le  lac  est  éloigné  de  10  à 
20  mètres  et  l’évaporation  de  cette  grande 
surface  entretient  dans  Pair  une  humidité 
constante. 

Les  conditions  de  température  ne  sont 
pas  moins  favorables.  La  végétation  phané- 
rogamique  nous  démontre  que  les  étés  ne 
sont  point  trop  chauds;  en  effet,  beaucoup 
de  plantes  subalpines  du  Motterone 
(1,491  m.)  descendent  jusqu’au  niveau  du 
lac  Majeur,  élevé  lui-même  de  213  mètres 
au-dessus  de  la  mer.  Je  me  contenterai  de 
citer  Vaccinium  myrtiUus,  SaJvia  sclarea, 
Spirœa  aruncus  et  Aslranlia  7ïwjor  : d’au- 
tres végétaux,  sans  être  précisément  subal- 
pins, ne  peuvent  s’accommoder  que  d’étés 
tempérés,  tels  sont  l’Aune,  le  Houx,  le  Ge- 
névrier commun,  le  Bouleau,  le  Rhaninns 
frangula,  le  Galeobdolon  lutemn  eÜeScntel- 
laria  galericnlala. 

Les  hivers  ne  sont  pas  froids  ; la  preuve  en 
est  dans  les  Orangers  en  pleine  terre  de  V Isola 
hella,  située  presqu’en  face  de  Stresa,  les 
Lauriers  roses  doubles  sans  abri,  les  Lau- 
riers d’Apollon  de  2"L26  de  circonférence 
et  le  magnifique  camplwra  de  2"L35 

à 1 mètre  du  sol.  Hibiscus  syriacns,  les 
Lagerstræmia  Indica  , les  Camellia,  les 
Azedarachs,  les  Albizzia  Julibrizin  et  les 
Acacia  dealbata  de  la  villa  Pallavicini,  si- 
tuée au  centre  de  notre  localité  ptérygologi- 
que,  indiquent  également  des  hivers  excep- 
tionnellement doux  pour  cette  latitude.  Ce 
n’est  point  que  les  Fougères  que  je  vais 
énumérer  soient  des  plantes  de  pays  chauds, 
le  contraire  serait  plutôt  vrai,  mais  en  l’ab- 
sence de  la  neige  qui  blanchit  rarement  les 
bords  du  lac  Majeur,  la  douceur  des  hivers 


a dû  favoriser  leur  végétation  et  la  propaga- 
tion de  leurs  spores.  Toutes  ces  Fougères 
se  retrouvent  dans  les  bois  de  Châtaigniers 
qui  dominent  la  route,  et  elles  se  sèment 
sur  cet  escarpement  de  micaschiste  comme 
sur  les  murs  des  serres  chaudes  où  l’on 
cultive  des  Fougères  exotiques.  Nous  voyons 
donc  se  reproduire  ici  dans  la  nature  un 
fait  dont  nous  sommes  habituellement  té- 
moins dans  nos  cultures  artificielles. 

Je  donne  ici  la  liste  de  ces  L’ougères  qui, 
sauf  les  espèces  habitant  ordinairement  les 
murs , telles  que  Polypodium  vulgare , 
Asplénium  recta-muraria,  A.  trichomanes 
et  A.  adianthuîn-nigrum,  sont  plus  petites 
que  dans  les  bois  qui  dominent  les  rochers. 
Osmunda  regalis,  Pleris  aquilina  et  Asjn- 
dium  filix-mas  sont  même  tellement  rabou- 
gries qu’on  a peine  à les  reconnaître  au 
premier  abord.  La  première  de  ces  Fougè- 
res ne  dépasse  pas  0“*.10  â 0"L20 , 
tandis  que  dans  les  bois  ses  frondes  ac- 
quièrent souvent  une  longueur  de  1"L50. 
Cette  belle  espèce  est  très-commune  dans 
les  lieux  ombragés,  depuis  Mergozzo  jusqu’à 
Arona.  Peut-être  faudrait-il  ajouter  à cette 
liste  une  autre  belle  espèce,  le  Slruthiopteris 
germanica.  Wild.,que  M.  John  Bail  signale  ’ 
dans  cette  partie  du  lac,  mais  que  j’y  ai 
vraiement  cherchée. 

Lüte  des  Fougères  qui  croisseul  sponlanéme?ü  sur 
les  escarpements  de  micaschiste  près  de  Stresa 
(tac  Majeur). 

Osmunda  regalis.  L.  Piochers  humides  et  fo- 
rêts. 

Polypodium  vulgare.  L.  Piochers  et  murs  secs. 
P.  calcareum.  Sm.  Murs  de  la  villa  Pallavi- 
cini. 

Aspidium  filix-mas.  Sw.  Naine  sur  les  rochers; 
grande  dans  les  bois. 

Asplénium  recta-mur  aria.  L.  Fentes  des  murs 
et  des  rochers  secs. 

A.  adiantlium-nigrum.  L.  Fentes  des  rochers 
et  murs  humides. 

A.  trichomanes.  L.  Rochers  et  murs  secs. 

A.  jilix-fœmina.  Bernh.  Dans  les  bois  de  Châ- 
taigniers. . 

Scolopendrium  offteinarum.  Sw.  Ruisseaux  et 
grottes  humides. 

Blechnum  spicant.  Roth.  Rochers  et  bois  humi- 
des. 

Pteris  aquilina.  L.  Commun  surtout  dans  les 
clairières  des  bois. 

Adianthum  capillus-veneris.  L.  Murs  et  grottes 
humides. 

Lgcopodiacées. 

Selaginella  helvetica.  Spr.  Rochers  humides, 
formant  des  plaques  de  à 0™<=.G. 

Ch.  Martins. 


1.  Guide  to  the  western  Alpes,  p.  348. 


ARBRE  GÉNÉALOGIQUE  DU  GROUPE  PÊCHER.  - IV  L 


Ce  qui  nous  conduit  encore  à admettre 
que  le  Pêcher  est  une  forme  de  l’Amandier, 
c’est  l’étude  des  glandes  dont  sont  munies 
les  feuilles.  Dans  tous  les  Amandiers,  en 
effet,  les  glandes  sont  globuleuses,  mais  on 
remarque,  lorsqu’on  a affaire  à une  variété 
très-modifiée,  qu’il  arrive  fréquemment  que 
sur  les  parties  vigoureuses  on  rencontre  des 
feuilles  munies  de  glandes  mixtes  c’est-à- 
dire  cucullées  et  même  réniformes.  De 
celles-là  à celles-ci,  il  n’y  a qu’un  très-petit 
pas 

Nous  avons  donc  supposé  que  chez  le 
Pêcher  type,  les  glandes  sont  réniformes. 
Cette  supposition  a d’autant  plus  de  chance 
d’être  l’expression  de  la  vérité,  que  tous 
les  individus  que,  jusqu'ici,  nous  avons  re- 
çus de  la  Chine,  qui  parait  être  la  véritable 
patrie  du  Pêcher,  sont  à glandes  réniformes^. 
Des  glandes  réniformes  on  passe  aux  glan- 
des globuleuses,  qui  sont  en  général  très- 
petites  et  peu  nombreuses,  et  c’est  ainsi 
qu’on  arrive  aux  Pêchers  à feuilles  dépour- 
vues de  glandes,  qui  forment  la  troisième 
section  de  chacune  des  quatre  tribus  que 
comprend  le  groupe  Pêcher, 

Cette  dernière  modification  (l’absence  des 
glandes  sur  les  feuilles)  paraît  être  sinon  la 
plus  importante,  du  moins  celle  qui  semble 
démontrer  une  modification  plus  profonde 
de  l’organisme.  En  effet,  s’il  y a de  bons 

^ Voir  les  du  l®*"  août,  page  292  ; du  16  sep- 
tembre, page  354  ; du  l®»"  novembre,  page  417. 

2 Nous  connaissons  un  Amandier-Pèclier,  dont  les 
fleurs  rosacées,  très-grandes,  ne  présentent  aucune 
didérence  avec  celles  de  certaines  variétés  de  Pê- 
chers. Ajoutons  que  les  glandes  placées  sur  le  pétiole 
sont  très-longues,  peu  saillantes  et  subrôniformes. 
Nous  n’en  connaissons  pas  le  fruit.  L’aspect  de  l’arbre 
et  la  forme  des  feuilles  sont  ceux  que  présentent 
l’Amandier  commun. 

3.  Ce  que  nous  disons  « que  les  Pêchers  sont  ori- 
ginaires de  la  Chine  » n’est  toutefois  qu’une  hypo- 
thèse qui,  bien  qu’en  apparence  justifiée  par  les 
observations,  pourra  néanmoins  présenter  des  excep- 
tions. On  ne  doit  jamais  oublier  dans  ces  circon- 
stances, que  ne  pouvant  arriver  à la  vérité  absolue 
il  faut  se  contenter  de  vérités  relatives,  et  qu’on 
doit  formuler  son  opinion  d’après'des  probabilités. 
Or,  les  faits  sur  lesquels  nous  appuyons  notre  juge- 
ment semblent  présenter  cet  avantage. 

Du  reste  l’admission  de  cette  dernière  hypothèse 
n’annule  pas  celle  que  nous  avons  émise  « que  le 
Pêcher  n’est  qu’une  forme  de  l’Amandier  » car  les 
formes  étant  locales  et  relatives,  les  modifications 
ont  pu  être  plus  profondes  en  Chine  qu’en  Europe. 
Nais  d’autre  part,  aussi  l’Amandier  étant  d’origine 
asiatique,  qui  pourrait  dire  de  quelle  partie  de  l’A- 
sie il  est  originaire?  Même  en  admettant  qu’il  ne 
soit  pas  originaire  de  la  Chine,  qui  sait  s’il  n’y  a pas 
été  introduit  il  y a des  milliers  d’années?  11  y a 
plus,  comme  on  peut  arriver  à un  même  point  pm* 
des  voies  différentes,  qui  pourrait  assurer  qu’il  n’y 
a pas,  en  Chine,  plusieurs  types  d’Amandiers  ou  de 
types  analogues,  et  qu’alors  l’un  deux  n’a  pas  pro- 
duit des  races  qui,  en  se  modiliant  par  la  culture, 
sont  devenues  les  Pêchers  qu’on  renconlrc  aujourd’hui 
dans  ce  pays  ? 


fruits  dans  les  Pêchers  à glandes,  soit  réni- 
formes, soit  globuleuses,  il  y en  a également 
de  mauvais;  tandis  que  dans  les  variétés  à 
feuilles  dépourvues  de  glandes,  il  est  rare 
qu’on  en  trouve  de  mauvais.  Ajoutons  queles 
variétés  qui  présentent  ce  dernier  caractère 
sont  en  général  plus  délicates,  et  surtout 
que  les  arbres  sont  très-sujets  à être  atta- 
qués par  cette  maladie  qu’on  nomme  blanc 
des  Pêchers  (Oïdium  Persû‘û?),fait  qui  semble 
justifier  l’hypothèse  que  nous  émettons  : 
î Que  les  Pêchers  à feuilles  dépourvues  de 
glandes  sont  apparus  les  derniers,  que,  par 
conséquent,  ils  so»t  le  résultat  d’une  culture, 
plus  longue,  plus  perfectionnée,  pourrait-on 
dire. » 

La  marche  que  nous  avons  indiquée,  re- 
lativement à l’apparition  successive  des  va- 
riétés de  Pêchers  d’après  la  forme  des 
glandes,  nous  paraît  d’autant  plus  probable, 
que  chez  certaines  variétés  à feuilles  dé- 
pourvues de  glandes  et  fortement  dentées, 
on  trouve  parfois,  à la  base  des  plis  formés 
par  le  limbe  des  fendilles,  de  très-petites 
glandes  globuleuses,  ce  qui  semble  démon- 
trer que  celles-ci  ont  servi  de  passage  pour 
arriver  à la  série  des  variétés  dont  les 
feuilles  sont  dépourvues  de  glandes. 

Ire  partie 

Description  de  l’arbre  (jénéalogique  du  groupe  Pê- 
— Son  ctpplicalion  pratique  au  classement  de 
diverses  variétés  de  ce  groupe. 

Par  suite  des  considérations  que  nous 
avons  exposées  précédemment,  et  ayant  ad- 
mis comme  base,  que  le  Pêcher,  lorsqu’il 
est  apparu  dans  nos  cultures,  présentait  les 
caractères  que  nous  avons  fait  connaître, 
nous  supposons  que  l’évolution  postérieure 
et  successive  qui  a déterminé  la  formation 
des  Tribus,  puis  des  Races,  s’est  effectuée 
de  la  manière  suivante. 

Du  tronc  A,  qui  représente  le  type  Pé- 
cher dans  notre  tableau  généalogique  pu- 
blié l’année  dernière  (vol.  de  1805,  page  ï29l2), 
s’est  développée  une  première  branche 
BB.  Cette  branche,  qui  a pour  caractère 
général  essentiel  de  porter  des  fruits  qui 
ont  la  peau  velue  et  la  chair  adhérente, 
constitue  la  Tribu  des  PèghersPerséquiers; 
ces  caractères  sont  propres  à toutes  les  variétés 
qu’elle  porte.  Sur  cette  branche,  que  nous 
pourrons  considérer  comme  un  arbre  parti- 
culier, le  premier  rameau  qui  s’est  dévelop- 
pé, qui  constitue  la  première  section  de 
cette  tribu,  et  que  nous  marquons  par  les 
lettres  a a,  a,  pour  caractère  essentiel,  des 
feuilles  munies  de  glandes  réniformes,  ca- 
ractère qui  est  commun  à toutes  les  variétés 
que  comprend  ce  rameau.  Ce  premier  ra- 
meau porte  trois  ramifications  principales, 


13 


arbre" généalogique  du  groupe  pêcher.  — IV, 


La  première,  n»!,!,  porte  des  fruits  à cliair 
blanche;  la  ramiticalion  n»  2,  2,  porte  des 
fruits  à cliair  jaune  ; enfin  la  rainificalion 
n»  3 porte  des  fruits  à chair  rouge.  Sur 
chacune  de  ces  branches  secondaires  s’en 
développent  deux  autres;  nps  4,5, 0,7, 8, 9; 
les  nos  4,0,8,  se  rapportent  à des  variétés 
à fleurs  ccimpmil(icées\  les  nos  5,  7,9,  au 


contraire,  se  rapportent  à des  variétés  à 
fleurs  rosacées.  Chacune  de  ces  branches 
se  ramifiera  à son  tour,  autant  de  fois  que 
cela  est  nécessaire  d'après  la  couleur  des 
fleurs,  de  manière  que  chaque  ramification 
corresponde  à une  couleur  particulière,  soit 
rose,  soit  blanche  K 

CAamÈiir, 


CULTURE  DU  GOYAVIER  SOUS  VERRE. 


On  sait  à quel  degré  de  prospérité  la  cul- 
ture sous  verre  de  nos  arbres  fruitiers  est 
arrivée  en  Angleterre;  mais  comme,  en  fait 
de  culture,  tout  se  tient,  il  n’est  pas  difficile 
de  prévoir  quele  journ’estpas  éloigné  où  les 
fruits  des  tropiques  seront  tout  aussi  régu- 
lièrement récoltés  chez  nos  voisins  que  les 
Raisins  et  les  Pêches.  Les  essais  datentdéjà, 
pour  quelques-uns  du  moins  ,de  bien  des 
années;  s’ils  n’ont  pas  été  poursuivis,  cela 
a tenu  à des  difficultés  économiques  qui 
n’existent  plus  aujourd’hui.  Le  verre  est 
tombé  à si  bas  prix,  qu’on  ne  considère 
presque  plus  comme  une. dépense  la  couver- 
ture vitrée  d’une  serre;  les  appareils  de 
chauffage  se  sont  grandement  perfectionnés; 
les  méthodes  de  culture  sont  mieux  raison- 
nées,  et  enfin,  on  trouve  plus  facilement 
qu’autrefois  des  jardiniers  instruits.  Joignez 
à cela  des  goûts  de  luxe  plus  développés,  et 
vous  aurez  l’explication  des  tentatives  nou- 
velles de  quelques  pomiculteurs  anglais  pour 
acclimater  dans  leurs  orcJuml  liouses  les 
arbres  fruitiers  de  l’Inde  et  de  l’Amérique 
tropicale. 

En  attendant  que  nous  entretenions  le  pu- 
blic de  la  Revue  de  ce  qu’ils  ont  déjà  fait 
pour  s’approprier  la  Mangue,  le  Durio  et  le 
Mangoustan,  nous  pouvons  mettre  sous  leurs 
yeux  les  recommandations  de  M.  Saul,  jar- 
dinier à Stourton , au  sujet  du  Goyavier, 
arbre  qui  n’est  guère  plus  exigeant , en  fait 
de  chaleur,  que  l’Oranger,  et  qui  se  contente 
parfaitement  d’une  serre  à vignes.  M.  Saul  se 
rappelle  qu’à  l’époque  où  il  était  employé  chez 
un  gentleman  du  voisinage,  en  qualité  de 
jardinier  chef,  il  y avait  un  Goyavier  en 
pleine  terre  et  palissé  sur  le  mur  de  fond 
de  la  serre  à vignes.  Les  Vignes  étaient  prin- 
cipalement des  Muscats  ; on  les  faisait  en- 
trer en  végétation  vers  la  fin  de  mars,  et 
elles  mûrissaient  leurs  fruits  en  septembre 
et  octobre.  La  température  qu’on  entrete- 
nait dans  cette  serre  convenait  parfaitement 
au  Goyavier,  car  il  y poussait  vigoureusement 
et  donnait  en  quantité  de  très-beau  et  très- 
bon  fruit.  Pendant  l’hiver , quand  la  Vigne 
était  en  repos,  le  Goyavier  ne  recevait  pas 
une  goutte  d’eau;  et,  du  reste,  il  n’avait  pas 
à craindre  le  froid , attendu  que , dans  cette 
serre , la  température  ne  s’abaissait  jamais 


au-dessous  de  4 degrés  centigrades.  On  le 
taillaittrès-peu,  ouplutot  on  sebornait  à en 
éclaircir  les  branches  quand  on  les  jugeait 
mal  placées,  mais  on  l’arrosait  copieusement 
lorsqu’il  était  en  pleine  végétation.  A cela 
se  bornaient  les  soins  qu’on  lui  donnait,  ce 
qui  ne  l’empêchait  pas  de  récompenser  gé- 
néreusementson  propriétaire.  Au  total, ajoute 
M.  Saul , cet  arbre  ne  nous  donnait  pas  le 
quart  de  la  peine  qu’exigent  nos  arbres  or- 
dinaires, quand  on  les  cultive  sous  verre 
pour  en  obtenir  des  fruits. 

Les  Goyaviers  sont  des  arbrisseaux  de 
3 à 4 mètres  à l’état  sauvage,  mais  qui  de- 
viennent parfois  tout  à fait  des  arbres  lors- 
qu’ils sont  en  bonne  terre  et  surtout  quand 
on  les  soigne.  Aux  Antilles,  où  ils  sont  com- 
muns, on  en  distingue  deux  espèces  ou  deux 
variétés,  le  Goyavier  blanc  et  le  Goyavier 
rouge.  Le  fruit  du  premier  est  de  beaucoup 
le  plus  estimé  ; il  est  recherché  des  Euro- 
péens autant  que  des  indigènes,  et  sert 
d’ailleurs , comme  celui  du  Goyavier  rouge, 
à faire  des  compotes  qui  s’exportent  jusqu’en 
Europe. 

Les  Goyaviers  se  multiplient  de  graines, 
mais  très-facilement  aussi  de  boutures, 
qu’on  prend  sur  du  bois  à demi-aoùté.  Ces 
boutures  se  plantent  dans  des  godets  rem- 
plis de  terre  siliceuse,  qu’on  plonge  dans 
la  tannée  de  la  serre  chauffée  à 25  ou  26  de- 
grés. On  les  couvre  ensuite  d’une  clo- 
che , pour  maintenir  l’humidité  autour 
d’elles,  mais,  dès  qu’elles  sont  reprises,  on 
les  découvre  graduellement,  puis,  un  peu 
plus  tard,  on  les  empote  dans  des  pots 
bien  drainés.  Par  trois  ou  quatre  empotages 
successifs,  faits  à propos  , dans  une  bonne 
terre  meuble,  amendée  et  bien  drainée , on 
arrive  à en  faire  des  arbustes  vigoureux  de 
près  d’un  mètre  de  hauteur  à la  fin  de  la 

l.Varûmrs,  blanches  nous  entendons,  Id,  celles  qui 
ne  présentent  aucune  autre  couleur,  telles  sont  par 
exemple  celles  du  Pécher  dit  blanche  d’/hnérique 
{Whiteblossoni),  du  Pêcher  à fleurs  blanches  doubles 
de  Chine, etc, .Toutes  les  autres  fleurs  sont  considé- 
rées comme  étant  roses,  bien  que  parmi  il  y en  ait 
qui  présentent  de  nuances  très-dilTérentes,  soit 
très-foncées,  comme  celles  du  Pécher  à fleurs  rouges 
doubles  delà  Chine,  soit,  au  contraire,  à fleurs  car- 
nées ou  d’un  rose  très-pâle,  comme  sont  celles  du 
Pêcher-Malle , du  Prugnonnier  à fruits  blancs,  etc, 


CULTURE  DU  GOYAVIER  SOUS  VERRE. 


U 

première  année.  Ils  passent  l’hiver  en  serre 
tempérée,  et  ne  reçoivent  que  juste  ce  qu’il 
leur  faut  d’arrosage  pour  se  maintenir  en 
bon  état.  Au  printemps  suivant,  on  active 
leur  végétation , et  on  les  rempote  deux  ou 
même  trois  fois  dans  le  cours  de  l’année, 
dans  des  vases  de  plus  en  plus  grands. 
L’année  suivante,  ils  commencent  àOeurir  et 
à donner  quelques  fruits;  mais  leur  produc- 
tivité est  beaucoup  plus  grande  tà  leur  qua- 
trième année,  et  ne  fait  que  s’accroître  avec 
l’âge,  surtout  si,  au  lieu  de  les  tenir  en 
pots,  on  a pu  les  mettre  en  pleine  terre, 


dans  un  endroit  bien  éclairé  de  la  serre. 

D’après  ceci , le  Goyavier  serait  un  arbre 
très-facile  à élever  en  France,  pour  peu  qu’on 
le  mît  à l’abri  du  froid  sous  une  toiture  de 
verre;  et  sa  culture  pourrait  devenir  un  agréa- 
ble passe-temps  pour  les  curieux.  Ajoutons 
qu’il  réussit  fort  bien  à Alger,  en  plein  air,  et 
que,  même  en  Provence,  il  donne  des  fruits 
qu’à  la  rigueur  on  peut  trouver  bons.  Il  est 
probable,  du  reste,  qu’il  y a ici,  comme  ail- 
leurs, des  variétés  fort  différentes  de  valeur, 
et  qu’il  y aurait  un  choix  à faire. 

Naudin. 


SUR  L’ORIGINE  DU  PINCEMENT  COURT 

.APPLIQUÉ  AUX  ARBRES  FRUITIERS, 


Dans  un  article  portant  le  même  titre  que 
celui-ci,  inséré  dans  la  Revue  du  fer  décem- 
bre 18G5  (p.  452),  M.  Cbauvelot  attribue  la 
découverte  du  pincement  à La  Quintinye. 
Comme  sa  croyance  nous  semble  on  ne  peut 
plus  consciencieuse,  et  que  nous  sentons 
que  la  nôtre  l’est  tout  autant,  nous  nous 
permettrons  ici  l’échange  de  quelques  ré- 
flexions à ce  sujet. 

M.  Cbauvelot  dit  d’une  manière  cbar- 
mante  qu’il  ne  connaît  pas  le  pincement  in- 
finiment court.  Qu’il  me  permette  alors,  en 
commençant,  de  lui  en  dire  quelques  mots. 

Il  connaît  le  pincement  court  de  La  Quin- 
tinye, évidemment  aussi  celui  de  M.  Grin  , 
notre  contemporain.  Il  ne  niera  pas  que  l’un 
et  l’autre  n’ont  qu’un  seul  but  : la  fruclifi- 
cation;  que  le  dernier  est  mieux  précisé, 
mieux  étudié,  mieux  déterminé  que  le  pre- 
mier, quoique  plus  général,  puisqu’il  s’ap- 
plique à toutes  les  branches,  au  lieu  de 
l’être  seulement  aux  gourmands  présumés 
de  La  Quintinye.  Il  ne  niera  pas  non  plus 
que  l’un  et  l’autre  ne  soient  en  réalité 
qu’une  taille  en  vert;  par  conséquent , en- 
tachés de  tous  les  vices  de  celle-ci  : pertur- 
bation dans  le  cours  de  la  sève  , gaspillage 
de  ce  précieux  élément;  par  conséquent, 
retard  volontaire  des  produits  impatiemment 
attendus.  Enfin,  qu’ils  sont  l’un  et  l’autre 
cause,  quoiqu’à  un  degré  différent,  de  tou- 
tes les  maladies  qu’une  coupe  quelconque 
fait  encourir  aux  arbres. 

Assurément,  il  sait  que  c’est  là  le  vice 
capital  de  notre  ancienne  production  frui- 
tière, vice  en  outre  entaché  de  produits  res- 
treints, au-dessous  des  facultés  de  nos  ar- 
bres, et,  dans  tous  les  cas,  produits  beau- 
coup trop  chèrement  payés. 

^ Cela  posé,  disons  maintenant  que  notre 
pincement  infiniment  court,  malgré  le  rap- 
prochement du  titre,  n’a  rien  de  commun 
avec  l’un  ou  l’autre  des  précédents  ; et  si  ce 
n’était  qu’ils  sont  tous  trois  exécutés  pen- 
dant le  mouvement  de  la  sève,  le  dernier 


différerait  complètement  des  deux  premiers  ; 
car  l’épithète  de  court  donnée  à ceux-ci  est 
relative  à la  partie  laissée,  et  celle  d’infini- 
ment court  du  dernier  ne  l’est  qu’à  la  partie 
enlevée,  c’est-à-dire  à l’opposé,  ou  tout  le 
contraire.  Ajoutons  que  celui-ci  n’a  aucun 
des  inconvénients  que  je  viens  de  préciser 
dans  les  deux  autres;  en  outre,  et  c’est  une 
qualité  précieuse,  il  réalise  seul  l’obtention 
de  la  charpente  de  tous  nos  arbres  fruitiers, 
ce  que  ne  peuvent  faire  l’un  et  l’autre  des 
précédents  pincements  que  d’une  manière 
très-imparfaite,  qui  d’ailleurs  n’a  pas  même 
été  tentée,  que  je  sache.  Cependant  la  char- 
pente ainsi  obtenue  l’estàl’aide  des  moyens  les 
plus  simples,  les  plus  exempts  de  théorie,  et, 
en  outre,  complètement  affranchis  de  toutes 
les  règles  qui  font  la  base  de  notre  ancienne 
production  fruitière.  Ce  fait  se  réalise  avec 
beaucoup  d’économie,  comme  je  l’ai  détaillé 
et  prouvé  dans  mon  opuscule  sur  la  promplc 
formation  de  nos  arbres  fruitiers.  Si , met- 
tant de  côté  ce  genre  d’emploi,  on  en  exige 
seulement  le  service  qu’on  attend  des  deux 
autres  pour  la  fructification , il  s’y  prêle 
mieux  qu’eux  encore,  et  devient  si  efficace 
que,  sans  aucun  autre  moyen,  il  permet 
d’obtenir  une  quantité  de  boutons  fruitiers 
trois  fois  supérieure  à ce  que  les  arbres 
peuveYit  nourrir  de  fruits;  et  ce  fait  est  com- 
mun à toutes  les  espèces.  A la  vérité,  il 
constitue  un  cas  de  retranchement,  afin  d’a- 
battre du  tiers  aux  deux  tiers  de  ces  pro- 
messes trop  multipliées  dans  notre  nouveau 
mode  de  production  fruitière.  Ces  retran- 
chements sont  les  seuls,  au  reste,  néces- 
saires. Or,  comme  on  a déjà  diminué  ces 
suppressions , il  est  probable  que  si  des 
hommes  de  la  portée  de  M.  Du  Dreuil  y 
mettaient  la  main,  elles  se  restreindraient 
encore. 

Si  malgré  ces  différences,  qui,  nous  l’a- 
vouons, nous  semblent  capitales,  M.  Cbau- 
velot, à l’exemple  d’ailleurs  de  plusieurs 
autres  savants,  veut  absolument  qu’il  n’y  ait 


15 


SUR  L’ORIGINE  DU  PINCEMENT  COURT  APPLIQUÉ  AUX  ARBRES  FRUITIERS. 


rien  de  nouveau  sous  le  soleil,  je  n’insisle- 
j-ais  pas  ; mais  qu’il  permette  en  retour  aux 
producteurs  de  bien  sentir  que  l’obligation 
incessante  de  progresser  est  pour  eux  un 
besoin  matériel  de  tous  les  jours. 

Nous  pensons  donc  que,  si  La  Quintinye 
a réellement  découvert  nos  moyens  actuels 
(le  production,  il  les  a découverts  à la  ma- 
nière de  la  fable  , en  sentant  et  manifestant 
môme  que  le  moindre  grain  de  mil  aurait 
bien  mieux  fait  son  affaire.  En  effet,  suffit- 
il  de  passer  à côté  d’une  perle  pour  la  dé- 
couvrir? Ne  faut-il  pas  surtout  en  apprécier 
la  valeur?  Or,  s’il  avait  bien  apprécié  cette 
valeur,  se  serait-il  laissé  déborder  par  l’é- 
clopé de  Detfenger,  nouveau  venu,  proba- 
blement piètrement  muni  de  moyens  de  pro- 
duction, lui  qui  ne  s’était  encore  occupé 
jusque-là  que  du  contraire,  et  qui,  à coup 
sûr,  n’avait  nulle  idée  des  progrès  de  La 
Quintinye. 

Malgré  tout  cela,  il  l’emporte  sur  lui,  fait 
école  à Montreuil,  en  face  de  cet  homme  de 
mérite,  resplendissant  de  connaissances,  de 
génie  et  de  tous  les  moyens  que  la  raison 
peut  désirer  pour  triompher  d’un  adver- 
saire; il  le  déborde,  l’emporte  sur  lui  à tel 
point,  qu’il  le  fait  presque  totalement  ou- 
blier dans  son  progrès. 

Nous  croyons  donc  qu’il  y a eu  là  quelque 
chose  qui  a empêché  la  réalisation  des  pro- 
grès actuels;  peut-être  la  découverte  n’é- 
tait-elle pas  assez  élaborée  , expérimentée  ; 
peut-être  aussi  La  Quintinye  se  préoccupait- 
il  d’autres  idées  à cette  époque,  et  par  in- 
différence s’est  laissé  vaincre.  Si  seulement 
les  besoins  du  temps  repoussaient  alors  ces 
j)rogrès,  il  y a donc  du  nouveau  dans  le 
nôtre  qui  les  souhaite  ardemment. 

Espérons  donc  les  voir  se  réaliser.  Toute- 
fois, nous  ne  devons  pas  dissimuler  que  les 
})rogrès  actuels  du  pincemient  entraînent 
avec  eux,  pour  le  moment,  un  très-grave 
danger,  quelque  chose  comme  ce  qui  s’est 
passé,  dit  M.  Chauvelot,  au  temps  de  La 
Quintinye.  Ce  danger  provient  du  mélange 
irréfléchi  des  anciens  et  des  nouveaux  prin- 
cipes. En  effet,  la  mode  veut  que  les  termes 
moyens  soient  toujours  les  meilleurs.  Or  ici 
ce  n’est  pas  le  cas,  car  les  deux  procédés 
sont  antipathiques.  C’est  ce  qui  fait  qu’au- 
jourd’hui,  avec  deux  modes  de  production, 
nous  sommes  en  réalité  moins  avancés 


qu’avec  l’ancien  seul.  Aussi  bien,  malgré 
ses  défauts,  nous  reconnaissons  que  la  pro- 
duction ancienne,  à la  vérité  entre  les  mains 
d’un  petit  nombre  d’adeptes,  produit  cepen- 
dant de  beaux  arbres  et  de  bons  fruits,  à 
tel  point  que  nous  ne  pouvons  nous  empê- 
cher d’être  surpris  de  ne  pas  entendre  les 
Sociétés  d’horticulture,  la  presse,  ou  même 
les  savants  isolés,  tonner  contre  le  fâcheux 
mélange  dont  nous  parlons. 

^ Nous  permettre  de  dire  que  les  savants 
n’ont  pas  seulement  pour  métier  de  décou- 
vrir, qu’il  leur  appartient  aussi  d’indiquer  les 
meilleures  voies,  ou  tout  au  moins  de  nous 
détourner  des  plus  mauvaises,  serait  nous 
donner  un  ridicule.  Après  tout  cependant , 
ce  n’est  pas  là  qu’est  l’honneur  d’un  pro- 
ducteur, il  est  tout  dans  la  production  elle- 
même  ; et  dans  ce  sens,  pour  lui , il  est 
peut-être  heureux  d’avoir  tout  perdu  hors 
l’honneur,  parce  qu’alors  seulement  il  a la 
conscience  d’avoir  fait  tout  ce  qu’il  a pu. 

Résumons-nous.  On  vient  de  voir  que  ce 
n’est  pas  sans  motifs  que  plusieurs  amis  du 
progrès  s’agitent  aujourd’hui,  et  que,  par  le 
chaleureux  organe  deM.  le  docteur  Pigeaux, 
nous  voyons  s’ouvrir  une  noble  et  pacifique 
croisade.  Espérons  donc  qu’un  tel  appel 
sera  entendu  et  que  bientôt  l’un  ou  l’autre 
système  triomphera.  Quel  que  soit  le  choix, 
il  sera  moins  désastreux  que  le  mélange  in- 
conséquent des  deux 

Quant  à ce  que  j’ai  ajouté  à l’avis  de 
M.  Du  Breuil,  je  n’ai  jamais  nié,  ni  à lui,  ni 
à M.  Gressent,  que  M.  Grin  avait  eu  le  très- 
heureux  honneur  de  répandre  dans  ses 
alentours  le  pincement  court.  J’ai  rappelé 
seulement  qu’avant  lui  M.  Picot-Amette , 
sous  le  coup  de  la  mode  de  l’ébourgeonne- 
ment,  avait  donné  d’excellentes  raisons  de 
préférer  le  pincement,  et  qu’il  avait,  de  son 
côté,  pratiqué  celui-ci.  A chacun  sa  part 
dans  ce  monde  : aux  uns  l’honneur  de  la 
découverte,  aux  autres  celui  de  la  répandre, 
et  à tous  d’en  profiter.  Voilà  tout  ce  que  j’ai 
voulu  dire. 

Il  m’a  semblé  en  outre  singulier  qu’on  ait 
voulu,  malgré  les  prétentions  très-naturelles 
aux  inventeurs,  en  affubler  un  d’une  décou- 
verte qu’il  rejette,  comme  l’a  positivement 
fait  la  loyale  modestie  de  M.  Choppin  , de 
Bar-le-Duc,  relativement  au  pincement. 

D.  Boüscasse. 


LES  CATALOGUES  HORTICOLES  EN  1866. 


Nous  avons  reçu  les  catalogues  de  plu- 
sieursétablissements  français  d’horticulture, 
en  tête  desquels  nous  signalons  celui  des 
pépinières  André  Leroy,  d’Angers.  L’énumé- 
iMtion  de  toutes  les  espèces  mises  en  vente 
par  cette  maison  forme  une  brochure  de 


150  pages  en  petit  texte,  en  deux  parties, 
l’une  contenant  les  arbres  fruitiers  de  toute 
nature,  et  l’autre  les  arbres  forestiers  et 
d’ornement.  La  première  partie  pourrait 
passer  pour  une  classification  scientifique 
de  toutes  nos  bonnes  variétés  fruitières;  afin 


LES  CATALOGUES  HORTICOLES  EN  4866. 


d’en  faire  comprendre  l’étendue,  nous  dirons 
seulement  que  la  série  des  Poiriers  compte 
776  variétés  distinctes.  Chaque  fruit  est 
accompagné  de  sa  sjrnonymie  et  de  tous  les 
renseignements  succincts  nécessaires  rela- 
tivement à sa  qualité,  son  époque  de  matu- 
rité et  son  origine.  La  seconde  partie , qui 
traite  des  arbres  autres  que  les  arbres  frui- 
tiers. comprend  les  espèces  forestières  ou 
d’ornementj  les  arbres  résineux  ou  toujours 
verts,  les  arbustes  à feuilles  caduques,  à 
fouilles  persistantes,  les  arbustes  grimpants 
et  sarmenteux,  les  Camellias,  les  Conifères, 
les  Magnolias , les  Rosiers , les  plantes  pour 
haies  , clôtures  , palissades , abris  , etc. 
M.  André  Leroy  donne  une  excellente  indi- 
cation en  notant  pour  chaque  espèce  l’époque 
de  la  floraison  et  la  couleur  des  fleurs , afin 
de  diriger  les  amateurs  dans  leur  choix. 
En  outre,  en  tête  du  catalogue,  on  trouve  un 
tarif  de  chemin  de  fer  contenant  environ 
1,200  noms  de  localités,  et  indiquant,  pour 
chacune  de  ces  localités,  le  prix  de  transport 
de  100  kilogrammes  de  plantes  venant  d’An- 
gers, ainsi  que  la  durée  du  parcours  par 
petite  vitesse.  Le  catalogue  de  la  maison 
André  Leroy  est  adressé  franco  contre  1 franc 
en  timbres-poste. 

— Passons  d’une  extrémité  de  la  France 
à l’autre  et  rendons-nous  dans  la  Moselle,  où 
nous  trouvons,  à Metz,  les  importantes  pé- 
pinières de  MM.  Simon-Louis  frères.  Les 
propriétaires  de  cet  établissement  viennent 
de  publier  les  suppléments  annuels  à leur 
catalogue  général  descriptif.  Nous  en  avons 
reçu  trois,  dont  deux  sont  consacrés  aux 
Rosiers , et  l’autre  aux  arbres  fruitiers , aux 
arbres  et  arbustes  d’ornementnouveaux,  aux 
oignons  et  griffes  à fleurs.  Pour  les  arbres 
fruitiers,  cet  extrait  de  catalogue  ne  donne 
que  les  variétés  les  plus  nouvelles.  Dans 
chaque  espèce,  des  renseignements  détaillés 
accompagnent  les  fruits  récemment  obtenus, 
et  tixent  les  acheteurs  sur  le  mérite  réel  des 
variétés  qu’ils  désirent. 

MM.  Simon-Louis  frères  annoncent  à part 
les  nouveautés  obtenues  de  semis  dans  leur 
établissement  pendant  l’année  qui  se  termine 
au  moment  de  la  publication  de  leur  supplé- 
ment : c’est  une  habitude  que  nous  vou- 
drions voir  adopter  par  tous  les  horticulteurs. 
C’est  ainsi  qu^ils  font  pour  le  Framboisier 
Surprise  d’automne  provenant  du  même  se- 
mis que  le  Framboisier  Surpasse  merveille, 
mis  au  commerce  l’année  dernière  par 
MM.  Simon-Louis.  C’est  la  plus  grosse  des 
Framboises  d’automne  connues;  elle  est 
ovale-pointue,  parfois  rétrécie  vers  le  milieu, 
et  d’un  beau  jaune  d’or.  Ses  rameaux  de  l’an- 
née, grands , robustes , vigoureux , se  chargen  t 
à l’automne  d’une  quantité  énorme  de  magni- 
fiques fruits  qui,  par  leur  nombre  et  leur 
poids,  les  feraient  bientôt  ramper  à terre, 
si  on  ne  leur  donnait  un  soutien.  Nous  y 


voyons  encore  deux  Clématites,  nommées 
Clematis  patem  Marie  et  Clematis  hybrida 
fulgens.  Cette  dernière  obtenue  par  hybrida- 
tion, en  même  temps  que  la  Clématite  hy- 
bride splendide,  publiée  Pannée  dernière 
dans  la  Bemie  horticole  (1855,  page  70),  ne 
le  cède  en  rien  à celle-ci,  pour  la  beauté  de 
son  superbe  coloris  rouge,  cramoisi  foncé, 
velouté  et  nuancé  de  noir;  de  plus,  au  lieu 
de  cinq  pétales,  elle  a conservé  les  six  pé- 
tales caractéristiques  de  h mkf èfhOlomütis 
lanuginom, Enüïi^n,  Simon-Louis  mettent 
encore  en  vente  VUlmus  microphylla  punC'» 
latüt  charmante  variété  de  VUlmus  campes- 
tris,  à feuillage  mignon , ponctué , sablé, 
maculé  et  strié  de  blanc  et  de  vert  clair, 
produisant  un  excellent  effet  lorsqu’il  se  dé^ 
tache  sur  d’autres  végétaux  à feuillage  plus 
vert. 

— La  Compagnie  horticole  d’Hyères, 
société  à responsabilité  illimitée,  qui  suc- 
cède àrancienétablissementRautonnet,mais 
sur  de  bien  plus  larges  bases  , vient  de  pu- 
blier le  catalogue  de  toutes  les  graines 
qu’elle  tient  à la  disposition  du  commerce 
pour  cette  année.  La  production  en  grand 
des  semences  est  une  spécialité  de  la  Com- 
pagnie d’Hyères;  aussi  ses  prix  sont-ils  mo- 
dérés, puisqu’ils  sont  établis  pour  les  mar- 
chands. Nous  y voyons  des  graines  de  plantes 
annuelles  et  vivaces  fleuries,  de  plantes  an- 
nuelles et  vivaces  grimpantes,  de  Graminées 
ornementales,  de  Ricins,  de  Cannas  (37  va- 
riétés), d’ Acacia  et  de  toutes  sortes  déplantés 
et  arbustes.  Les  Cucurbitacées  ornementales 
et  alimentaires  forment  une  importante  sec- 
tion de  ce  catalogue , et  l’on  peut  accorder 
toute  confiance  aux  renseignements  qu’elle 
contient,  car  toutes  les  espèces  ont  été  exa- 
minées et  vérifiées  par  M.  Naudin.  La  Société 
vend  aussi  des  plantes  vivantes  de  choix,  qui 
consistent  principalement  en  espèces  orne- 
mentales de  pleine  terre  pour  le  Midi,  des 
arbres  d’agrément  et  quelques  arbres  frui- 
tiers. 

— A la  page  13  du  présent  numéro, 
M.  Naudin,  à propos  de  la  culture  du  Goyavier 
sous  verre  en  Angleterre,  signale  la  possibi- 
lité d’obtenir  dans  nos  serres  des  fruits  des 
plantes  tropicales.  Les  amateurs  qui  seraient 
tentés  de  se  procurer  ce  luxe  ne  pourraient 
mieux  s’adresser  qu’au  Jardin  d’acclimata- 
tion du  Hamma,  près  d’Alger.  Nous  trouvons 
en  effet  dans  le  catalogue  de  cet  établisse- 
ment pour  le  printemps  de  1866  une  liste 
d’arbres  fruitiers  des  tropiques  et  des  ré- 
gions tempérées  élevés  en  pots  et  livrés  à 
des  prix  qui  varient  de  1 à 5 fr.  la  pièce. 
Voici  cette  liste  : Avocatier  (Persea^  gratis- 
sima);  Chérimolia  {Anona  cherimolia)  ; 
Wampi  des  Chinois  {Cookia  puuctata)',  Eu- 
genia  Michelii  ou  wiiflora;  Goyavier  ordi- 
dinaire;  Goyavier  de  Cattley  ; Goyavier  de 
là  Chine;  Jamlongue  {Syzygium  Jambo- 


LES  CATALOGUES  HORTICOLES  ÈN  1860,  ii 


Imium)  ; Néflier  du  Japon  ou  Bibacier. 

Outre  les  espèces  ci-dessus,  le  catalogue 
du  Jardin  d’acclimatation  algérien  comprend 
des  sujets  et  des  graines  de  végétaux  de 
toute  nature  i arbres  verts,  Conifères,  arbres 
forestiers  et  fruitiers , Palmiers , Dracœna, 
Pandanus,  Bambous,  végétaux  à essences 
odoriférantes  pour  les  distilleries,  plantes 
grasses,  plantes  aquatiques,  plantes  offici® 


nales,  Bananes,  Goyaves,  Citrons;  et  mémo 
des  animaux  tels  qu’autruches  et  vers 
à soie  du  Ricin  et  de  l’Ailante.  Nous  le  re- 
commandons surtout  aux  personnes  qui  dé- 
sireraient acheter  des  plantes  exotiques  et 
des  Monocotylédonées  ornementales  de 
serre  chaude. 

Al  rfiRLEÏ. 


RÉFORME  DE  l  NOMENCLATURE  BOTANIQUE  ET  HORTICOLE. 


Nous  avons  à plusieurs  reprises,  dans  ce 
recueil,  défendu  par  des  arguments  incontes- 
tables, selon  nous,  la  nomenclature  gréco- 
latine  des  noms  génériques  et  spécifiques 
contre  une  innovation  aussi  irréfléchie  que 
peu  rationnelle,  par  laquelle  on  prétend  y 
substituer  une  nomenclature  en  langue  vul- 
gaire. 

Loin  de  nous  l’idée  de  rouvrir  les  débats 
d’un  procès  soutenu  de  part  et  d’autre  avec 
quelque  vivacité,  procès  bien  terminé,  il  faut 
l’espérer,  et  dont  les  parties  s’attribuent 
chacune  m petto  les  honneurs  de  la  victoire  ; 
c’est  l’ordinaire  : 77iais  le  public  juge!  Un 
seul  mot  cependant.  Certes,  les  amateurs, 
les  horticulteurs  (ce  ne  sont  pas  les  bota- 
nistes qui  auraient  l’étrange  idée  de  la  sub- 
stitution en  question!),  qui  répudieraient 
notre  admirable  langage  botanico-horticole, 
seraient  isolés,  nettement  séparés  de  leurs 
confrères  nationaux  et  étrangers,  dont  ils  ne 
seraient  pas  compris;  car  tout  d’abord,  ils 
ne  se  comprendraient  point  entre  eux;  et 
dès  lors  plus  de  relations  internationales, 
plus  de  commerce,  plus  d’échanges,  plus... 
Mais  nous  nous  arrêtons  : continuer,  serait 
recommencer  un  autre  plaidoyer  en  faveur  de 
notre  opinion,  qui  est  de  conserver  en  horti- 
culture la  langue  savante,  telle  qu’elle  est 
usitée  par  toutes  les  nations  chez  lesquelles 
fleurissent  et  la  Botanique  et  sa  sœur  l’Horti- 
culture. Ce  n’est  jamais  dans  la  savante  Ger- 
manie, ni  dans  ia  docte  Angleterre  qu’eût 
surgi  le  projet  que  nous  avons  combattu. 
Dans  ces  deux  pays,  les  jardiniers  eux-mêmes 
sont  assez  instruits  pour  comprendre  et  em- 
ployer au  besoin  le  langage  linnéen  ; beau- 
coup même  vous  étonneraient  par  les  con- 
naissances de  diverses  sortes  qu’ils  possè- 
dent; et  la  supériorité  scientifico-jardinique 
des  Allemands  et  des  Anglais  sur  les  Fran- 
çais, par  exemple,  est  évidente.  Instruisons 
nos  employés;  et,  en  un  mot,  s’il  faut  des  bê- 
cheurs de  plates-bandes  et  des  ratisseurs  d’al- 
lées, etc.,  il  faut  aussi  des  chefs  de  culture 
instruits,  pour  conserver  vos  plantes  et  les 
multiplier;  sachant  se  servir  du  greffoir  et  de 
la  serpette,  mais  aussi  compulser  avec  fruit 
les  Noiimiclatores  botanici.  Que  tous  les  sa- 
ges esprits  s’entendent  donc  pour  conserver 


ce  langage  universel,  bien  connu  et  lien  fra- 
ternel entre  toutes  les  nations,  et  dont  cha- 
que mot,  sauf  ceux  dédicatoires,  peint  d’un 
trait  saillant,  un  genre,  une  espèce. 

Nous  avons  éprouvé  la  douce  satisfaction 
de  voir  toutes  nos  idées  chaleureusement 
applaudies  dans  maintes  lettres  à nous  adres- 
sées par  des  personnes  hautement  compé- 
tentes, mais  dont  les  termes  élogieux  nous 
défendent  la  publicité  ; nous  ne  sommes 
pas  de  ceux  dont  Claudien  a dit  : 

Inquinat  egregios  aû]imcta.  Superhia  mores! 

Mais  tout  en  défendant  de  toutes  nos  forces 
et  d’après  notre  intime  conviction  la  nomen- 
telle  que  l’ont  adop- 
tée tous  ceux  qui,  à titres  divers,  s’occupent 
soit  professionnellement,  soit  en  amateurs, 
soit  même  en  praticiens,  de  la  Re  herboria, 
nous  n’avons  pas  voulu  en  dissimuler  les  dé- 
fauts, les  trop  nombreux  errfl/a  (bien  ridicu- 
les quelquefois)  qui  en  maculent  les  pages, 
et  tels  qu’un  médiocre  écolier  en  ferait  des 
gorges-chaudes  U 

A quelles  causes  attribuer  ces  regretta- 
bles erreurs?  A des  causes  multiples  évi- 
demment : à l’ignorance  des  langues  grec- 
que et  latine  ; à celle  de  la  première  au 
moins;  à leur  oubli,  si  on  les  a sues;tà 
l’inadvertance,  à la  préoccupation  ; à la  faute 
d’un  copiste,  d’un  typographe?  etc.  Il  serait 
mieux  de  dire  à toutes  ces  causes  à la  fois! 
Sortis,  en  effet,  des  bancs  de  l’école,  combien 
peu  de  jeunes  gens,  à suppose)'  qu’ils  aient 
fait  de  bonnes  études^  se  rappellent  plus  tard 
les  langues  savantes,  qu'ils  n'ont  plusjn'ati- 
quées!  Et  la  plupart  auront  oublié  des  deux 
la  plus  difficile,  et  malheureusement  la 
moins  usitée,  le  grec! 

Si  l’on  nous  accorde  ce  point,  devons-nous  * 
nous  étonner  que  ceux  d’entre  eux,  qui  font 
de  la  botanique,  estropient  plus  ou  moins 
les  noms  qu’ils  sont  appelés  à forger?  Et, 
certes,  cependant,  bon  nombre  de  ces  au- 
teurs ont  été  plus  oiunoins  hellénistes.  Mais, 

* Hélas!  les  écrits  de  Linné  fourmillent  de  telles 
fautes,  que  ses  nombreux  éditeurs  subséquents  au- 
raient bien  dû  pour  respecter  sa  mémoire,  cxpur(jare 
in  toium. 


18 


RÉFORME  DE  lA  NOMENCLATURE  BOTANIQUE  ET  HORTICOLE. 


il  faut  citer  des  preuves  : nous  les  prendrons 
au  hasard , dans  les  auteurs  dont  la  science, 
au  reste,  conservera  toujours  la  mémoire, 
en  raison  des  beaux  travaux  qu’ils  lui  ont 
légués  (les  convenances  nous  empêchent 
de  parler  des  vivants)  ; et  tout  en  indiquant 
l’orthographe  iTU/c  des  noms  critiqués, nous 
croyons  devoir  supprimer  les  étymologies 
grecques  {e's  grec)!  renvoyant  pour  cela  le 
lecteur  studieux  à tous  les  lexiques  de  cette 
langue. 

Calosonthes  Blume,  pour  Callianthes  (et 
mieux  CaUümthe);  DaimonoropSy  Blume 
pour  Daimonorophos;  Orthrosauthes  S\yeet, 
pour  Orthranthus  (ou  Orthranthe)  \ Diplu- 
sodon  Pohl,  pour  Diplodon;  Corysanthes 
B.  Brown,  pour  Corythantes; 
thes  Juss  pour  Gérât akthüs;  Catananche  L. 
pour  Catanance  ; Disemma  Labill.  pour 
Distemma;  PhajiisLouY.  pour  Phæus;  Gn- 
lanthush.  pour  Galactanthus;  Orchidaceæ 
L.  pour  Orchiaceæ;  Stachytarpheta,  Yahl. 
pour  Stachytarpheia;  Sj)lachnum  L.  pour 
Splanchnum;  Lisianthus  L.  pour  Listan- 
THUS;  Cup/tca  Jacq.,  pour  Cyphea;  Astrolo- 
bium  pour  Arthrolobium;  Acalypha  L. 
pour  Acalliapha;  etc.,  etc.  Nous  en  pas- 
sons, et  des  meilleurs,  parmi  des  centaines. 

La  plupart  des  noms  commençant  par 
calo  — pour  caUi;mega — pour  mégalo;  une 
foule  de  noms  hybrides,  c’est-à-dire  tirés 
à la  fois  du  grec  et  du  latin  ; l’altération  re- 
grettable des  noms  patronymiques  de  dédi- 
caces : Lestibodeaei  Lestibodesia  pour  Les- 
TiBüUDOisiA;  Delesseria  pour  Delessertia; 
Fourcrœa  pour  Fourcroya;  Fontanesia 
pour  Desfontanesia;  etc.  B ne  im us  faut 
pas  omettre  de  citer  encore  les  innombra- 


bles solécismes  qui  résultent  de  l’emploi  vi- 
cieux des  genres  grammaticaux  latins,  en  y 
comprenant  les  noms  grecs  forcément  latini- 
sés, \m pêle-mêle  renversé  de  masculins,  de 
féminins  et  de  neutres  (un  seul,  exempli 
gratiâ  : Liriodendron  Tulipifera).  Pour  évi- 
ter aux  botanistes  ce  dernier  inconvénient,  il 
suffirait  dans  les  ouvrages  nomenclaturaux 
à venir,  dans  les  tables,  etc.,  déplacer  après 
le  nom  générique  les  initiales  (masculin); 
f (féminin)  ; n (neutre)  ; et  cette  légère  addi- 
tion est  d’une  nécessité  d’autant  plus  abso- 
lue que  les  terminaisons  latines  elles-mê- 
mes, malgré  leurs  désinences  ns,  a,  nm, 
peuvent  mettre  l’écrivain  en  faute,  en  ce 
qu’elles  n’indiquent  quelquefois  pas  le  genre 
grammatical  vrai  des  mots. 

Nous  voudrions  voir  répudier  les  noms 
formés  par  anagramme.  Cela,  ce  nous 
semble,  indique  l’impuissance  des  bota- 
nistes qui  les  créent,  à saisir  un  caractère 
différentiel  suffisant.  Il  faut  éviter  l’exemple 
d’un  certain  entomologiste,  qui  trouva  par 
ce  moyen  vingt  noms  différents  de  genres, 
qu’il  créait  en  anagrammatisant  le  petit 
nom  d’une  femme. 

Force  nous  est  de  nous  arrêter  ici;  nous 
passons  sous  silence  une  foule  de  faits  d’une 
moindre  importance  : car  bientôt  nous  écri- 
rions tout  un  code  d'Orthographie  nomen- 
claturale.  Puissent  toutefois  ces  quelques 
citations  être  appréciées  par  nos  confrères, 
pour  éviter , au  moins  dans  l’avenir  , les 
ridicules  fautes  qui  maculent  nos  livres  sys- 
tématiques ! 

Ch.  Lemaire, 
l'rofesseur  de  botanique. 


REVUE  DES  PUBLICATIONS  HORTICOLES  DE  L’ÉTRANGER. 


Le  Botanical  Magazme  donne  les  figures 
et  les  descriptions  des  plantes  suivantes  ; 

Arisæma  papillosuiu.  SCHOTT,  pl.  5496. 

Cette  Aroïdée,  dont  les  tubercules  ont  été 
envoyés  récemment  de  Ceylan  au  jardin  de 
Kew  parM.  Thwaites,  naît  dans  la  province 
centrale  de  cette  île,  à une  élévation  de  qua- 
torze cents  à deux  mille  mètres  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer.  Le  grand  rhizome  tu- 
béreux  est  employé  en  médecine  dans  la 
patrie  de  cette  plante.  Chaque  pied  ne  pro- 
duit qu’une  seule  feuille,  longuement  pé- 
tiolée,  pédiforme,  divisée  en  sept  à neuf 
lobes  lancéolés,  étroitement  pointus  au 
sommet.  Il  y a bien  encore  deux  ou  trois 
autres  feuilles,  mais  elles  sont  réduites  à 
l’état  de  gaînes.  La  spathe  d’un  vert  foncé , 
à côtes  blanchâtres , n’oflre  rien  de  bien 
remarquable. 


Aloeasla  i^owll , Hoüker,  var.  Oicta,  pl.  5497. 

Le  feuillage  de  cette  magnifique  Aroïdée 
a beaucoup  de  rapports  avec  celui  de  VAlo- 
casia  metalleia.  Les  feuilles  sont  en  dessus 
d’un  vert  extrêmement  foncé;  les  nervures 
principales  sont  entourées  d’une  zone  blan- 
châtre et  les  petites  nervures  sont  marquées 
en  blanc  ; la  face  inférieure  est  d’un  pour- 
pre sombre.  Les  feuilles,  dont  chaque  pied 
ne  développe  qu’une  seule,  sont  supportées 
par  un  long  pétiole  brunâtre  strié  en  vert. 
La  hampe  florale  sort  de  la  tige  à la  base  de 
la  gaine  formée  par  le  pétiole,  elle  est  munie 
â sa  base  de  trois  bractées  engainantes.  La 
couleur  de  la  spathe  est  d’un  vert  clair  dans 
sa  partie  inférieure , d’un  jaune  pâle  â sa 
partie  supérieure  et  extérieurement  rouge 
au  sommet. 

I.æiin  Lixdley,  pl.  5498. 

I Magnifique  Orchidée  à très-grandes  fleurs 


REVUE  DES  PUCLICATlOrsS  HORTICOLES  DE  L’ÉTRANGER. 


d’un  pourpre  pâle,  à labelle  d’un  pourpre 
foncé,  originaire  de  l’île  Sainte-Catherine, 
près  des  côtes  du  Brésil.  Les  tiges  ne  por- 
tent qu’une  seule  feuille  sur  chacun  des 
rameaux  un  peu  enflés  en  pseudohulhes 
allongés,  longs  de  0"M0  à Les 

feuilles,  longues  de  0"L20  environ,  sont 
charnues , ohlongues , pointues.  Le  court 
pédoncule  ne  porte  qu’une  seule  de  ces 
magnifiques  fleurs,  qui  sont  plus  grandes  et 
l)lus  charnues  que  celles  du  Lœlïa  pumila. 

Iresinc  iSerlt^Ui,  lîoOKER,  pl.  5i99. 

Les  lecteurs  de  la  connaissent  déjà 
cette  Amarantacée  par  la  gravure  coloriée 
et  les  articles  que  nous  avons  publiés.  (Voir 
la  Revue  de  1865,  pages  331,  365,  405). 

ilglaoiieina  maranta'  folium,  BloIE, 
yàv.foliis  maciilatis,  pl.  5000. 

Encore  une  belle  plante  à feuillage.  Cette 

COMBUSTIBLE 

Je  visitais  dernièrement  l’établissement 
horticole  de  M.  Cliantrier,  à Mortefontahie. 

Mortefontaine  est  situé  à 4 kilomètres  de 
la  station  de  Survilliers  (ligne  du  Nord)  et  il 
touche  la  région  de  terrains  siliceux  qui 
fournissent  à Paris  la  meilleure  terre  de 
bruyère  en  immense  quantité. 

BI.  Cliantrier  ne  se  contente  pas  de  pro- 
fiter de  cette  situation  exceptionnelle  et  de 
cultiver  dans  son  établissement,  fondé  au- 
trefois par  M.  Lefebvre,  de  grandes  collec- 
tions d’arbustes  de  terre  de  bruyère;  il  se 
livre  aussi  avec  succès  à la  culture  des  plan- 
tes de  serre  chaude. 

En  sortant  d’une  serre  à.  Dracœna,  j’aper- 
çus près  du  fourneau  des  boules  noires  qui 
paraissaient  pétries  à la  main,  de  forme  assez 
irrrégulière  et  de  la  dimension  d’un  petit 
boulet  de  canon. 

M.  Cliantrier  vint  au-devant  de  ma  ques- 
tion : 

« C’est  là  mon  seul  combustible,  me  dit- 
il.  Le  charbon  est  cher  et  augmente  beau- 
coup le  prix  de  revient  de  nos  plantes;  il 
faut  s’ingénier.  Voici  le  moyen  que  j’ai 
trouvé  de  chauffer  énergiquement  mes 
serres  à peu  de  frais  : 

((  Le  secret  consiste  à allonger  la  sauce. 

c(  J achète  en  Belgique  de  ce  cliarbon  mi- 
partie  de  poussière  qu’on  appelle  loul-ve- 
uant.  Payé  12  fr.  les  lOOkilogr.  sur  place, 
il  me  revient  à 24  fr.  en  gare  de  Survilliers. 


délicieuse  Aroïdée  est  native  des  îles  Bla- 
laises,  surtout  des  Bloluques.  La  forme 
type,  à feuilles  unicolores,  est  cultivée  de- 
puis longtemps.  Cette  variété  se  distingue 
par  la  zone  blanchâtre  qui  accompagne  ses 
nervures  latérales  principales;  la  nervure 
médiane  en  est  dépourvue. 

Acropcra  armcniaca,  Lindley,  pl.  5501. 

Cette  Orchidée  est  introduite  depuis  1 850, 
dans  nos  serres.  BI.  Warszewicz  l’a  décou- 
verte vers  cette  époque  au  Nicaragua.  Elle 
paraît  cependant  être  assez  rare  dans  les 
collections.  C’esit  une  plante  fort  belle  qui, 
par  sa  longue  grappe  pendante  de  fleurs 
d’un  beau  jaune,  produit  un  magnifique 
effet;  elle  fleurit  pendant  l’été.  Les  pseu- 
dobulbes ovales  portent  deux  grandes  feuilles 
lancéolées.  La  culture  de  cette  espèce 
n’offre  aucune  difficulté  particulière. 

J.  Grienland. 


Vous  voyez  que  c’est  encore  bon  marché. 

Pendant  les  soirées  d’hiver,  au  fur  et  à 
mesure  du  besoin,  mes  garçons  mélangent 
ce  charbon  avec  une  égale  partie  de  terre 
franche  ordinaire  mouillée.  Bs  pétrissent  le 
tout  à la  main  et  entassent  ces  mottes  gros- 
sières sous  un  hangar  où  elles  sèchent  quel- 
ques jours. 

« On  obtient  par  ces  boulettes  un  feu  très- 
vif,  excellent  surtout  par  sa  longue  conser- 
vation. La  terre  mélangée  au  charbon  rougit, 
se  pétrifie  sous  l’action  d’une  température 
très-élevée,  et  reste  entière  jusqu’à  con- 
somption complète. 

« Un  feu  allumé  ainsi  le  soir  dure  facile- 
ment jusqu’au  lendemain  matin  sans  être 
touché,  et  dans  une  égalité  très-soutenue 
d’incandescence,  if' 

Le  procédé  est  excellent  et  surtout  des 
plus  économiques. 

Je  n’affirme  pas  qu’il  soit  de  l’invention 
de  BI.  Cliantrier,  mais  je  ne  l’ai  trouvé  em- 
ployé que  là  sous  une  forme  aussi  simple  et 
aussi  ingénieuse. 

J’ai  été  frappé  de  tous  ces  avantages  : 
économie  de  temps  et  d’argent,  égalité  de 
température  par  le  chauffage,  propreté,  fa- 
cilité de  transport  en  détail  et  d’emmagasi- 
nage, et  j’ai  cru  que  quelques  lecteurs  de 
la  Revue  ne  les  entendraient  pas  déduire 
sans  plaisir  et  sans  profit. 

E.  André. 


BEVUE  COMMERCIALE  HORTICOLE  (DEi-x.ÈMEQmxz.m-EBEDÉcEMcnEisc; 


Depuis  quinze  jours,  c’est  la  hausse  qui  do- 
mine dans  la  tenue  du  marché  aux  légumes  et 
aux  fruits.  L’augmentation  n’est  pa's  encore 
Dieu  forte  et  elle  ne  s’est  fait  sentir  que  sur 


quelques  denrées,  mais  il  est  probalile  que  les 
froids  apez  vifs  des  derniers  jours  de  décembre 
vont  généraliser  ce  mouvement.  Pour  le  mo 
ment,  les  Choux-fleurs  et  les  Iladis  roses  sont 


20 


REVUE  COMMERCIALE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  DÉCEMBRE). 


les  seuls  légumes  dont  les  prix  se  soient  élevés.  ' 
Les  premiers  valent  de  10  à 100  fr.  au  lieu  de 
10  à 25  fr.  le  100;  les  Radis  se  Vendent  de  15 
à 25  fr.  les  100  bottes  avec  5 fr.  de  hausse  sur 
le  taux  maximum.  — Les  autres  légumes  sont 
restés  stationnaires  aux  prix  suivants  ; Carottes 
ordinaires,  15à25  fr.  les  100  bottes;  Carottes 
pour  les  chevaux,  7 à 10  fr.  — Navets,  15  cà 
§4fr.  _ Panais,  18  à 24  fr.  — Poireaux,  15  à 
25  fr.  les  100  bottes.  — Choux  ordinaires,  5 à 
15  fr.  le  100.  — Oignons  en  grains,  12  à 15  fr. 
l’hectolitre.  — Céleris,  0L30  à OLOO  la  boite. 
— Champignons,  0L05  à OLIO  le  maniveau. 

Herbes  et  assaisonnements.  — Les  herbes 
ont  toutes  subi  de  l’augmentation.  Le  Cerfeuil 
se  vend'de  OU 5 à 0L30  la  botte  ; c’est  presque 
le  double  du  prix  de  la  fin  de  novembre.  — Le 
Persil  est  coté  de  OUO  à Of.25  la  botte,  avec 
OUO  de- hausse  sur  le  prix  maximum.  — Les 
Epinards  valent  de  0L25  cà  Of.35  le  paquet  : la 
hausse  n’est  que  de  5 centimes.  — L’Oseille  se 
vend  toujours  de  0f.30  à 0L90  le  paquet;  l’Ail 
de  1 fr.  à 1L50  le  paquet  de  25  bottes;  la  Ci- 
boule et  le  Thym,  de  OUO  a0U5  la  botte  et 
l’Echalote,  de  OLAO  à OLGO. 

Pommes  de  terre,— les  prix  n’ont  pas  changé 
depuis  le  commencement  de  déceml.ire.  On  vend 
la  Hollande  de  6 à 7 fr.  l’hectolitre;  la  Vitelotte 
nouvelle,  de  10  à 11  fr.;  les  Pommes  de  terre 
rouges  de  6 fr.  à 6L50  et  les  jaunes  de  4 à 5 fr. 

shades.  — La  Chicorée  frisée  ordinaire,  a 
doublé  de  prix;  elle  vaut  4 fr.  le  100;  celle  de 
première  qualité  a subi  une  augmentation  de 
2 fr.  et  se  vend  12  fr.  — L’Escarole  commune 
est  cotée  4 fr.  comme  il  y a quinze  jours  ; la 
plus  belle  Vcaut  GO  fr.  le  100.  — La  Laitue  se 
vend  toujours  de  4 à G fr.  le  100.  — Le  Cresson 
de  fontaine  est  coté  de  0f.40  à 0080  les  12 
bottes.  . 

Fruits  frais.  — Les  Marrons  seuls  ont  dimi- 
nué; ils  se  vendent  de  10  à 12  fr.  au  lieu  de 
12  à 13  fr.  les  100  kilogrammes.  — Le  Chasse- 
las de  serre  n’est  encore  coté  que  de  2 à 4 fr. 
mais  il  est  sur  le  point  d’augmenter  dans  une 
forte  proportion.  — Les  Poires  les  plus  ordi- 
naires valent  25  fr.  le  100;  celles  de  première 
qualité  se  vendent  jusqu’à  1 fr.  la  pièce.  — Les 
Pommes  sont  cotées  de  2050  à (5  fr.  le  100, 
avec  beaucoup  de  prix  intermédiaires  suivant 
la  qualité. 

Fleurs  et  arbustes  d'ornement.  — Les  mar- 
chés du  mois  de  décembre  ont  été  pauvres, 
relativement  à ceux  de  la  fm  de  novembre  ; ce 
qu'il  faut  attribuer  à ce  que  l’abaissement  de 
la  température  a arrêté  toute  végétation  au  de- 
hors, et  à ce  que  les  plantes  rentrées  ou  culti- 
vées sous  verre  n’ont  pas  encore  pris  tout  leur 
développement. 

Peut-être  aussi  que  les  fleuristes  gardent 
leurs  meilleures  plantes,  en  prévision  des  fêtes 
de  fm  d’année,  qui  leur  permettent  d’en  tirer 
meilleur  parti. 

Ce  qui  est  certain,  c’est  que  Tahmssement 
du  thermomètre  pendant  les  jours  qui  ont  pré- 
cédé Noël  n’était  pas  fait  pour  encourager  l’exhi- 
bition sur  les  quais  de  toutes  ces  plantes  de 
serre  qui  font  à cette  époque  de  1 année  le 
fond  des  apports  sur  nos  marchés.  Néanmoins, 
quelques  lleuristes  munis  de  voitures-fourgons 
chaulTées  avaient  apporté  une  assez  grande 
quantité  de  plantes  qui  ont  été  enlevées  par  les 
lleuristes  vendant  en  boutique  dans  les  divers 


quartiers  de  Paris.  D’autres  plus  courageux  ont 
fait  leur  étalage  habituel  sur  le  quai,  et  l’y  ont 
garanti  au  moyen  d’abris  faits  de  toiles,  de  pail 
lassons  etc.,  sous  lesquels  plusieurs  avaient 
même  allumé  des  réchauds.  Parmi  les  plantes  a 
feuillage,  beaucoup  étaient  restées  ficelées  et 
emmaillotées  de  papiers  ; ce  qui  n’empêchait 
pas  les  acheteurs  de  les  prendre  quand  même, 
sans  exiger  le  déballage. 

Plantes  fleuries  en  j)ots.  — Anthémis  frutes- 
cents, 0f.50  à lf.50  — Billbergia,  5 à 10  fr.  — 
Bruyères  (Erica),  0L50  à 2 fr.  • — Bruyères  du 
Cap  (Phylica),  OLGO  à lf.50.  — Chrysanthèmes 
vivaces,  üf.75  à lf.25.  — Citronniers  de  Chme, 
lf.25  à lf.50.  — Cinéraires  hybrides,  Of.75  à 
lf.50.  — Camellia,  4 à 10  et  15  fr.  — Cyclamen 
de  Perse  forcé,  lf.50  à 2 fr.  — Crassula  cordata 
lf.25 àlf. 50.  — Coronille  glauque,  lf.50  à 2 fr. 

— Daphné  Dauphin,  lf.50  à2f.50.  — Epiphyl- 
lum  truncatum,  lf.50  à 2f.50.  — Fuchsia  forcé, 
Of.75  à lf.50.  — Héliotrope,  Of.75  à lf.50.  — 
Jacinthes  romaines  forcées,  0f.50  à lf.25.  — 
Jasmin  d’Espagne  lf.50  à 2 fr.  — Laurier-Tin 
1 fr.  à 2 fr.  et  au-dessus.  — Orangers  (rares), 
2f.50  à 10  fr.  — Œillets  remontants,  1 fr.  à 
lf.50.  — Pensées,  Of.25  à 0f.50.  — Primevère 
deChine,  0f.50  à lf.25.  — Rose  de  Noël,  Of.75 
à lf.25.  — Réséda,  Of.GO  à 1L25.  — Renon- 
cules turban  forcées,  Of.GO  à lf.25.  — Rosiers 
forcés,  lf.50  à 2f.50.  — Solanum  Amomon, 
0f.50  à Of.75.  — Solanum  capsicastrum,  Of.75 
à 1 fr.  — Véroniques,  Of.75  à lf.50.  — Violettes 
des  Quatre-Saisons,  0f.30  à 0f.50.  — Tulipes 
Duc  de  Thol  forcées,  0f.50  à 1 fr.  ^ 

Plante  à feuillage,  pour  décoration  de  jar- 
dinières meubles,  lampes  et  vases  d'apparte- 
ment. — Agave,  2 à 10  fr.  — Aloës,  1 à 5 fr. 

— Aspidistra,  8 à 10  fr.  — Acacia  lophanta, 
0f.50  à lf.50.  — Aucuba,  lf.25  à 2f.50.  — Ala- 
ternes,  1 fr.  à lf.50.  — Bégonia,  lf.50  à 2f.50 
et  3 fr.  — Buis,  Of.75  à lf.50.  — Canna,  Of.75  à 
lf.50.  — Cyperus alternifolius,  1Ç50  à 3fr.  — 
Chamærops,  5 à 10  fr.  — Curculigo,  5 à 10  fr. 

— Cereus  flagelliformis,  lf.50  à2f.50.  — Cala- 
thæa  zebrina,  2f.50  à 5 fr.  — Cactées  et  Cras- 
sulacées  diverses,  Of.75  à lf.50.  _ — Cotone- 
asters,  0f.75à  lf.25  et  2 fr. — Delairea,  Of.75  a 
1 fr.  — Dracœna  congesta,  lf.50  à 3 fr.  — 
Dracœna  rubra,  H. 50  à^5  fr.  — Dracœna  ter- 
minalis  variegata,  5 à 15  fr.  — Dracœna  aus- 
tralis,  3 à 10  fr.  — Dracœna  Brasiliensis,  5 à 
15  fr.  — Ficus  elastica,  2f.50  à 10  fr.  — Fou- 
gères, 0f.50  à 5 fr.  — Fusains  verts  etai’gentés, 
0f.50  à lf.50.  — Gynérium,  lf.50  à 5 fr. — 
Géranium  à feuilles  de  Lierre,  1 à 2 fr.  — Ge- 
névi’iers,  Of.75  à lf.50.  — Houx,  Of.  /5  à 2f.o0. 

— Isolepis  gracilis,  0f.50  à Of.75.  — Iris  pana- 
chés, 1 à 2 fr.  — Lycopodes,  Sélaginelles, 
0f.50  à 1 fr.  — Lierre,  0f.50  à 1 fr.  — Laurier 
de  Colchide,  1 fr.  à lf.50.  — Mahonia,  1 fr.  à 
lf.75.  _ Opuntia,  0f.50à  lf.50.  — Pitcairnia, 
2f.50  à 5 fr.  — Palmiers  divers,  5 à 20  fr.  — 
Pervenches  panachées,  Of.75  à lf.50.  — Phor- 
mium, 3 à 10  fr.  — Pins,  0f.50  à 2f.50.—-  Ro- 
marin, 0f.30  à Of.75.  — Sapins,  0f.50  a 2f.o0. 

— Rhododendrons,  2f.50  à 5 et  10  fr.  — Sapi- 
nettes,  0f.50  à2L50.  -Troënes,  Of.75  a lf.50 

2 fr.  — Tradescantia  zebrina  et  repens, 
Of.75  à lf.50.  — Thuya,  0f.50  à lf.50  et  plus. 

— Yucca,  lf.50  à 10  francs. 


A.  Feu  LE  T. 


CimONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JANVIER  1866). 


Revue  générale  des  progrès  de  riiorliculture  en  1865.  — Les  fleurs  nouvelles.  — Nouveautés  pornologiques. 

— Lettre  de  M.  Michelin  sur  la  Poire  Pvoux-Carcas.  — La  taille  des  arbres  fruitiers.  — La  culture 
maraîchère.  — Nécrologie.  — Mort  de  M.  Montagne;  sa  vie  et  ses  travaux.  — Lettre  de  M.  Uhabert 
sur  la  mort  de  M.  Victor  Simon.  — Médaille  du  Lindley,  instituée  par  la  Société  royale  calédonienne 
d’horticulture  et  de  la  Société  d’horticulture  d’Edinburgh  en  une  seule  sous  le  nom  de  Caledonian  Society. 

— Bureau  de  la  Société  centrale  d’horticulture  de  Paris  pour  1860.  — Prochaine  Exposition  de  Cherbourg. 

— Médaille  offerte  par  la  Société  de  Cherbourg  au  meilleur  traité  d’arboriculture  à l’usage  des  institu- 
teurs.— Cours  de  M.  Du  Breuil  en  1866.  — Les  plantes  à feuilles  ornementales. — "Deux  livres  de 
MM.  André  et  de  Lambertye.  — Réclamations  relatives  à la  Cerise  Cherry-Duke. — Opinion  deM.  Chaté 
sur  le  Géranium  Triomphe  de  Geryovia,  — Lettre  de  M.  Sisley.  — Distribution  de  graines  du  Crocos- 
rnia  aurea,  — L’huile  de  pétrole  pour  la  destruction  des  insectes  parasites.  — Nouvelles  variétés  de 
Glaïeuls. 


Lorsqu’on  commence  une  nouvelle  année, 
lorsque  les  travaux  de  chaque  jour  de  l’an- 
née écoulée  se  sont  accumulés  dans  l’éloi- 
gnement du  temps,  il  est  bon  de  jeter  sur 
le  passé  un  regard  rapide  afin  de  mesurer 
la  route  parcourue,  de  rechercher  s’il  a été 
fait  quelque  chose  d’utile,  de  reconnaître 
au  besoin  les  fautes  commises.  Nous  de- 
mandons donc  à nos  lecteurs,  avant  de  nous 
remettre  en  route  pour  1806,  de  voir  en 
raccourci  l’œuvre  accomplie  par  la  Revue 
horticole  en  1805. 

Notre  recueil  a l’ambition  de  s’occuper  de 
toutes  les  branches  des  cultures  qui  ne  ren- 
trent pas  dans  l’agriculture , c’est-à-dire 
dans  lesquelles  l’intervention  directe  de  la 
main  de  l’homme  est  à chaque  instant,  pour 
ainsi  dire,  nécessaire.  La  plus  importante  de 
ces  cultures  est  incontestablement  celle  des 
fleurs  et  des  plantes  d’ornement.  Or,  la  Re- 
vue horticole  s’est  occupée,  en  1865,  de 
faire  connaître  Y Anthurium  magniftcum 
et  leRignonia  argyrea,  deux  belles  plantes 
à feuillage  coloré  venues  directement  de  la 
Nouvelle-Grenade  à Paris; — le  Doryanthes 
excelsa,  dont  la  floraison  a eu  lieu  pour  la 
première  fois  au  Muséum  d’histoire  natu- 
relle sur  une  plante  âgée  de  plus  de  qua- 
rante ans  ; — le  Fremya  aurantiaca,  char- 
mant arbrisseau  de  la  Nouvelle-Calédonie; 
— la  Clématite  hybride  splendide , superbe 
gain  de  MM.  Simon-Louis  frères  ; — VAchy- 
ranthes  Verscliaffeltiiy  qui  n’était  encore  que 
très-peu  connu  en  France  ; — deux  belles 
variétés  de  Caladium^  obtenues  par  la  fé- 
condation artificielle, les  Caladium  Lamartine 
etM"ie  Andrieux;  — le  Géranium,  conquêtes 
françaises,  et  des  gains  remarquables  d'An- 
tirrhinum,  AOEillets,  de  Pélargonium,  _de 
Primevères,  de  Verveines. 

Dans  le  domaine  de  la  pomologie,  qui  a 
le  privilège  de  passionner  tant  d’amateurs, 
laitcrnc/mr/œofcapatronnérexcellentePoire 
Roux-Carcas,qui  a conquis  unrang  distingué 
parmi  les  Poires  de  grande  production;  — 
les  Figues  Gourreau  noire  et  blanche  à peau 
verte  ; — les  Poires  Bergamote  Lesèble  , 
BesiQuessoi  d’été.  Général  Tottleben,  Marie 
Cuisse,  Olivier  de  Serres,  Philippot,  variétés 
qui  ont  déjà  fait  leurs  preuves;  — les  Poires 


Professeur  Barrai  et  Colorée  de  juillet,  plus 
récemment  obtenues  et  sur  le  mérite  des- 
quelles l’étude  permettra  bientôt  de  pronon- 
cer;— l’excellente  Pomme  M^^  Huart;  — 
la  Pêche  Pavie  de  Tonneux;  le  Raisin 
Prunella  gris  de  Lot-et-Garonne,  qui  vient 
ajouter  à la  richesse  et  à la  variété  de  nos 
raisins  de  table;  — la  Fraise  D^’  Nicaise, 
dont  le  mérite  a été  l’objet  d’une  polémique 
si  vive; — la  Framboise  orange  de  Brinckle, 
remarquable  nouveauté  anglaise;  — les  Ce- 
rises gros  Guidoul  tardif  et  May-Duke,  va- 
riétés méridionales  dignes  de  se  répandre 
dans  tous  les  jardins. 

Nous  venons  de  citer  la  poire  Roux-Carcas, 
un  des  fruits  donüdi  Revue  horticole  croit  avoir 
le  mieux  fait  de  recommander  les  mérites. 
Nous  sommes  heureux  de  trouver  la  confir- 
mation de  tout  ce  qui  a été  dit  dans  nos 
colonnes;  M.  Michelin, ^si  compétent  en  cette 
matière,  nous  adresse  à ce  sujet  la  lettre  ci- 
jointe  qui,  en  indiquant  les  dangers  des  ju- 
gements isolés  dans  l’appréciation  des  fruits, 
vérifie  complètement  tout  ce  qu’avait  avancé 
notre  collaborateur  de  Carcassonne  , 
M.  Carbou  : 

« Monsieur  le  Directeur, 

« L’expérience  nous  apprend  qu’on  s’expose  à 
de  graves  mécomptes  lorsqu’on  se  prononce 
d’une  manière  trop  prompte  et  exclusive  sur  des 
fruits  nouveaux,  parce  que  les  mêmes  variétés, 
sous  l’influence  du  sol,  de  l’exposition,  du  climat 
et  même  de  la  culture,  offrent  des  différences 
qui  déconcertent  ceux  qui  se  croyaient  autorisés 
à être  sûrs  d’eux-mêmes. 

« A mon  sens,  les  meilleurs  juges  en  matière 
de  fruits  sont  des  praticiens  venus  de  divers  pays, 
apportant  le  produit  de  leurs  propres  observa- 
tions et  faisant  justice  de  l’enthousiasme , de 
l’ignorance  ou  du  parti-pris,  et  enfin  se  fondant 
sur  des  éléments  puisés  à des  sources  diffé- 
rentes. 

« Voilà  pourquoi  le  congrès  pomologique  qui 
a pris  naissance  à Lyon  me  paraît  en  principe 
une  excellente  institution  à laquelle  je  souhaité 
l’adhésion  de  toutes  les  Sociétés  d’horticulture 
et  la  sympathie  de  tous  les  pomologîstes,  afin 
quelle  puise  dans  un  concours  plus  unanime  la 
force  nécessaire  pour  mieux  s’organiser  et  agir 
avec  plus  d’efficacité  qu’elle  ne  l’a  fait  jusqu’ici 
pour  l’amélioration  des  cultures  fruitières , une 
I des  richesses  de  la  France. 


16  JANVIER  1866. 


T.  1.  — 2. 


22 


CüilOINIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JANVIER  ISüGj. 


« Les  jugomciils  isolés  sur  les  fruits  sont  dan- 
gereux : n’ai-je  pas  vu,  il  n’y  a pas  longtemps, 
dans  les  colonnes  de  la  Revue  horticole^  qu’un 
auteur,  dont  les  écrits  nombreux  prouvent  le 
talent,  présentait  comme  parfaite  une  nouvelle 
Poire,  superbe  il  est  vrai , mais  que  mes  collè- 
gues, tous  très-compétents,  à deux  reprises  trou- 
vèrent presque  médiocre  quant  au  goût,  malgré 
le  regret  qu’ils  éprouvaient  d’être  en  contradic- 
tion flagrante  avec  un  jugement  trop  prompte- 
ment publié  dans  un  journal  sérieux  comme  le 
vôtre. 

« Et  M.  le  professeur  Chauvelot  ne  venait-il 
pas  dernièrement,  avec  une  assurance  qui  doit 
étonner  tous  ceux  qui  sont  instruits  par  l’expé- 
rience, renverser  un  édifice  élevé  par  plusieurs 
Sociétés  d’horticulture,  et  d’un  trait  de  plume 
mettre  à néant  une  bonne  Poire  de  l’année  i862, 
celle  Souvenir-Favre,  en  faveur  de  laquelle  moi- 
même,  dégustateur  très-convaincu,  j’avais  voté 
à Paris  et  à Piouen  où  elle  a obtenu  une  médaille 
d’argent. 

))  La  compagnie  à laquelle  j’ai  l’honneur  et 
le  plaisir  d’appartenir  a pour  règle  de  ne  pas 
se  prononcer  sur  des  fruits  de  semis  la  première 
année,  et  elle  a bien  raison;  il  faut  que  les  grains 
de  l’arboricullure  aient  été  plusieurs  fois  éprou- 
vés avant  de  prendre  rang,  et  que  les  pomolo- 
gistes  qui  s’adonnent  à les  étudier,  s’édifiant 
mutuellement  sur  le  mérite  qu’ils  leurs  recon- 
naissent, aident  ainsi  la  vérité  à se  faire  jour. 

« C’est  à ce  point  de  vue.  Monsieur  le  Direc- 
teur, que  je  viens  vous  parler  d’un  fruit  nouveau 
dont  il  a été  fait  mention  aux  pages  91  et  404 
de  la  Revue  horticole  de  l’année  1864,  et  dont 
j’ai  pu,  l’été  dernier,  les  18  et  21  août,  apprécier 
plusieurs  échantillons,  la  Poire  Roux-Carcas. 

((  Ce  fruit,  obtenu  par  M.  Roux,  horticulteur 
à Carcassonne,  m’avait  paru,  je  l’avoue,  l’objet 
d’un  éloge  dont  je  redoutais  un  peu  l’emphase, 
et  j’ai  profité  avec  plaisir  de  l’occasion  de  faire 
connaissance  avec  lui. 

«Je  suis  tombé  d’accord  avec  ce  qui  a été 
écrit  sur  ce  fruit  dans  la  Revue,  trouverez-vous 
bon  que  je  vous  le  dise  ? 

« En  tous  cas,  que  mon  jugement  ne  pèse 
dans  la  balance  que  comme  le  grain  de  sable,  et 
je  croirai  avoir  travaillé  pour  une  bonne  cause 
en  consacrant  quelques  lignes  à un  de  ces  fruits 
qui  semblent  de  nature  à enrichir  la  consomma- 
tion publique. 

<(  La  Poire  Roux-Carcas  est  assez  fondante, 
très-juteuse,  un  peu  acidulée  et  d’un  goût  assez 
prononcé  qui  est  très-agréable  ; elle  est  hâtive, 
mûrissant  en  août,  et  si  l’on  ajoute  que  l’arbre 
est  vigoureux,  abondamment  fertile  et  particu- 
lièrement propre  à la  culture  en  plein  champ, 
on  pourra  espérer  de  le  voir  un  jour  d’une 
grande  ressource  jjowr*  le  marché. 

« -l’ai  planté  des  sujets  de  cette  variété  jtour 
les  observer  par  moi-même  ; il  est  à souhaiter 
([lie  d’autres,  et  sur  des  points  différents,  en 
fassent  autant  que  moi. 

« Recevez,  Monsieur  le  Directeur,  l’assu- 
rance de  ma  considération  la  plus  distinguée  et 
de  mon  dévouement  à l’œuvre  que  vous  pour- 
suivez. 

« Michelin.  » 

Les  procédés  û suivre  jujur  la  conduite 
des  arbres  fruitiers  ont  été  l’objet  de  discus- 
sions approfondies;  on  a mis  en  question  1 


Futilité  même  de  la  taille;  des  renseigne- 
ments intéressants  ont  été  donnés  sur  l’ori- 
gine de  la  pratique  du  pincement  court  et 
il  a été  fait  une  étude  comparative  des  mé- 
thodes anciennes  et  modernes  pour  la  for- 
mation des  arbres  à fruits.  Le  procédé 
d’inclinaison  des  branches,  auquel  l’appari- 
tion de  M.  Ilooïbrenk  sur  la  scène  avec  l’au- 
réole dont,  dans  les  hautes  sphères  sociales, 
on  aime  quelquefois  à entourer  des  hommes 
qui  retombent  plus  bas  que  leur  point'de  dé- 
part, avait  prêté  une  vertu  extraordinaire, 
a été  plus  sainement  apprécié  : il  a été  ra- 
mené à sa  véritable  valeur;  on  doit  l’em- 
ployer quelquefois,  comme  on  le  faisait 
depuis  trois  quarts  de  siècle  au  moins. 

La  culture  maraîchère  est,  en  raison  de 
son  utilité  dans  l’ordre  social , toute  voisine 
de  l’arboriculture,  quepeut-être  elle  dépasse. 
Mais  ici  les  progrès  sont  difficiles.  La  Revue 
horticole  n’a  pas  manqué  de  faire  connaître 
tous  les  légumes  nouveaux  qui  ont  éfé  es- 
sayés, toutes  les  méthodes  culturales  qui 
ont  été  indiquées  pour  l’obtention  de  légumes 
meilleurs  ou  pour  l’amélioration  de  leur 
production. 

Des  questions  générales  ont  été  aussi 
agitées  dans  nos  colonnes  avec  quelque  fruit 
pour  la  science.  Nous  nous  contenterons  de 
citer  les  principales  : , , 

Physiologie  végétale.  — Étude  de  la  théo- 
rie de  Darwin  sur  l’origine  des  espèces;  — 
Unité  de  l’espèce  botanique;  — Étude  de  la 
fécondation  artificielle  et  de  ses  résultats. 

Nomenclature  botanique.  — Ses  avantages 
et  ses  inconvénients. 

Enseignement  horticole.  — Cours  et  con- 
férences; — Rôle  des  instituteurs  commu- 
naux dans  la  propagation  de  l’enseignement 
de  l’horticulture  dans  les  campagnes. 

Administration  horticole.  — Annexion 
de  l’horticulture  aux  Concours  régionaux 
agricoles;  --  Transport  des  plantes  par  les 
chemins  de  fer;  — Congrès  et  Exposilion 
universelle  d’Amsterdam,  faisant  suite  aux 
grandes  solennités  de  Bruxelles,  en  1804, 
et  préparant  celles  de  Londres,  en  1800. 
En  1805,  nous  avons  doublé  le  nombre  des 
planches  coloriées  de  la  Revue,  et  nous  don- 
nons maintenant  par  an  vingt-quafre  plan- 
ches do  fleurs  et  vingt-(|uatre  planches  de 
fruits  et  de  légumes.  Nous  sommes  ainsi  en 
mesure  de  faire  coimaîlre  sons  leur  vérilahle 
aspect  tonies  les  nouveanfés  liorlicolos. 

La  nécrologie  a été  longue  et  douloureuse 
en  1805;  l’année  1800  commence  à peine 
et  déjà  nous  avons  plusieurs  morts  à enre- 
gistrer. Dès  notre  Chronique  du  numéro  du 
1er  janvier,  il  nous  fallait  écrire  sur  ce  sujet 
an  milieu  des  larmes.  Aujourd’hni  encore, 
le  même  devoir  recommence.  C’est  d’abord 
la  mort  dcM.  le  docteur  Montagne,  membre 
de  l’Académie  des  sciences  cl  noire  collègue 
à la  Société  centrale  d’agriculture. 


23 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JANVIER  1866). 


M.  Montagne  avait  atteint  8!2  ans;  son 
grand  âge  Tendait  l’événement  fatal  iniini- 
nenl;  mais  il  était  de  ces  hommes  que  l’on 
voudrait  voir  vivre  toujours,  en  raison  delà 
haute  valeur  de  leur  intelligence  et  de  leur 
caractère. 

Jean-François-Gamille  Montagne  était  né 
àVaudoy  (Seine-et-Marne),  le  15  février  1 784. 
Son  père  était  chirurgien  ; mais  il  mourut 
jeune.  Sa  femme  le  suivit  dans  le  tombeau, 
et  il  ne  resta  qu’un  orphelin  abandonné, 
dont  l’éducation  se  fit  au  hasard  et  sans 
maîtres.  Il  arrive  souvent  que  l’adversité 
hâte  la  maturité;  à quatorze  ans , en  1798, 
Camille  Montagne  était  déjcà  énergique.  Il 
prit  tout  d’un  coup  la  résolution  de  s’enga- 
ger au  ministère  de  la  marine  comme  novice 
timonier.  Celui  qui  plus  tard  devait  être 
un  grandbotanistes’enallatoutenfant  àpied, 
le  sac  sur  le  dos,  de  Paris  à Toulon , où  il 
fut  embarqué  comme  mousse  sur  le  Lodi. 
Il  fut  alors  désigné  pour  faire  partie  de  l’ex- 
pédition d’Égypte.  Sa  vive  intelligence  l’a- 
vait fait  remarquer  de  ses  chefs  ; un  sergent- 
major,  un  médecin,  se  chargèrent  de  son 
éducation;  un  capitaine  de  vaisseau  le  prit 
comme  secrétaire.  L’enfant  apprit,  au  con- 
tact des  illustres  savants  de  l’héroïque  ex- 
pédition, à aimer  la  science  et  l’étude , et 
lorsqu’en  1802,  il  revint  cà  Paris,  il  fit  avec 
succès  ses  cours  de  médecine.  Il  fut  nommé 
chirurgien  en  1804.  Le  hasard  des  événe- 
ments le  conduisit  successivement  à Dun- 
kerque, puis  à Boulogne-sur-Mer,  enfin  à 
Naples.  Le  roi  Murat  le  remarqua,  etil  devint, 
au  bout  de  quelques  années,  chirurgien  en 
chef  de  l’armée  napolitaine.  Après  l’entrée 
des  Autrichiens  à Naples,  il  fut  fa.t  prison- 
nier et  emmené  en  Hongrie.  Il  ne  recouvra 
la  liberté  qu’en  1816.  Il  pratiqua  la  méde- 
cine à Paris  jusqu’en  1819,  époque  où  il  fut 
rappelé  au  service  militaire.  En  1830,  il 
était  chirurgien  en  chef  de  l’hôpital  mili- 
taire de  Sedan,  et  il  prit  sa  retraite  en  1832. 

Camille  Montagne  offrit  alors  l’exemple 
rare  d’un  homme  âgé  de  48  ans  débutant 
dans  la  carrière  scientifique;  mais  il  se  ré- 
véla aussitôt  par  des  travaux  originaux.  Il 
avait  fréquenté  les  plus  illustres  botanistes 
du  commencement  de  ce  siècle , et  durant 
ses  nombreux  voyages  en  France,  en  Egypte, 
en  Italie,  en  Espagne,  il  avait  beaucoup  ob- 
servé. L’étude  des  végétaux  inférieurs  ou 
cryptogames  était  très-négligée  en  France; 
il  s’y  adonna  avec  passion.  Il  décrivit  et  fi- 
gura plus  de  2,000  espèces  de  ces  végétaux, 
et  il  jeta  une  vive  lumière  sur  leur  constitu- 
tion. Il  acquit  ainsi  une  réputation  incon- 
testée , et  il  rendit  d’immenses  services  en 
montrant  l’importance  du  rôle  des  crypto- 
games dans  la  vie  à la  surface  du  globe.  En 
1853,  l’Académie  des  sciences  l’élut  dans 
la  section  de  hotani([ue  en  remplacement 
d’Achille  Puchard.  H avait  alors  69  ans. 


mais  nous  l’avons  vu  continuer  avec  ardeur 
ses  travaux  jusqu’à  plus  de  80  ans;  travaux 
pénibles  , car  ils  nécessitaient  l’usage  con- 
stant du  microscope.  C’est  avec  un  vif  cha- 
grin qu’il  dut  alors  renoncer  à ses  recherches 
personnelles  et  se  contenter  de  suivre  les 
travaux  des  autres.  Il  avait  consacré  trente 
années  de  sa  vie  à faire  connaître  par  des 
descriptions  et  des  figures  analytiques  des 
plantes  qui  avant  lui  n’étaient  pour  la  plu- 
part qu’un  objet  de  dédain,  si  l’on  en  ex- 
cepte ciuelques-unes  employées  dans  les 
arts,  dans  la  médecine  ou  l’alimentation 
humaine,  comme  les  champignons.  A la  fin 
de  1863,  il  justifiait  dans  les  termes  suivants 
la  continuité  de  ses  travaux  : 

« Abstraction  faite  de  toute  application,  écri- 
vait-il, on  ne  saurait  vraiment  imaginer  l’intérêt 
croissant  toujours  nouveau  que  l’étude  des  plan- 
tes inférieures  inspire  à ceux  cmi  y consa- 
crent avec  désintéressement  leurs  longs  loisirs. 
Ainsi,  pour  ne  parler  que  des  Algues,  ces  plan- 
tes admirables,  qui  vivent  au  fond  des  mers  ou 
peuplent  des  eaux  douces,  sont^  pour  ainsi  dire, 
la  palette  où  le  Créateur  a étalé  ses  plus  bril- 
lantes couleurs,  pour  composer  de  son  magique 
pinceau,  en  en  graduant  admirablement  les 
nuances,  ces  végétaux  qui  forment  une  de  ses 
plus  brillantes  parures,  et  le  milieu  même  où 
elles  vivent  et  se  perpétuent  ne  peut-il  pas  être 
considéré  comme  l’immense  laboratoire  dans 
lequel,  essayant  ses  forces,  elles  s’élèvent  par 
gradation  à des  formations  successives  de 
plus  en  plus  compliquées  par  le  mélange  varié 
et  modifié  à l’inlini  des  éléments  les  plus  sim- 
ples. » 

PourM.  Montagne,  rien  n’était  plus  admi- 
rable que  le  monde  des  infiniment  petits. 
Deiis  maximiis  inminimisf  disait-il. 

M.  Montagne  est  mort  à Paris,  le  6 jan- 
vier, après  une  courte  agonie.  Sur  sa  tombe, 
M.  Brongniart  a parlé  au  nom  de  l’Aca- 
démie des  sciences;  M.  le  baron  Larrey,  au 
nom  du  corps  des  médecins  militaires,  et 
M.  Bobinet,  au  nom  de  la  Société  d’agri- 
culture et  de  l’Académie  de  médecine.  L’es- 
time et  la  vénération  de  tous  les  amis  des 
sciences  s’atta'cheront  toujours  au  souvenir 
deM.  Montagne.  Il  a voulu  continuer  à être 
utile  après  sa  mort;  ses  héritiers  collaté- 
raux jouiront  de  l’usufruit  de  sa  petite  for- 
tune, une  trentaine  de  mille  francs,  mais  il 
en  a légué  la  nue  propriété,  ainsi  que  son 
microscope,  à l’Académie  des  sciences.  Il  a 
laissé  au  Jardin  des  Plantes  de  Paris  son 
très-riche  herbier,  à la  la  confection  duquel 
ont  concouru  des  savants  du  monde  entier. 
Les  matériaux  qu’il  avait  amassés  pourront 
servir  de  hase  à de  nouvelles  recherches 
et  à de  nouvelles  conquêtes  de  l’esprit 
humain. 

— Nous  devons  encore  annoncer  la  mort 
d’un  homme  qui,  à des  titres  différents,  a 
rendu  service  à Phorticulture.  Il  s’agit, 
comme  il  y a quinze  jours,  d’un  de  nos 


CHRONÎQUE  HORTÎCOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JANVIER  1866). 


U 

compatriotes  de  Metz.  Si  nous  parlons  sou- 
vent ici  de  l’horticulture  de  la  Moselle,  on 
ne  doit  pas  croire  que  c’est  seulement  parce 
que  nous  appartenons  à ce  pays  par  notre 
naissance  et  une  partie  de  notre  famille  : 
notre  motif  est  plus  sérieux  ; la  Moselle  est 
depuis  longtemps  un  foyer  d’où  sont  partis 
en  très-grand  nombre  de  progrès  horti- 
coles. L’ami  de  l’horticulture  messin  dont 
nous  déplorons  aujourd’hui  la  mort,  est 
M.  Victor  Simon,  conseiller  honoraire  à la 
Cour  impériale  de  Metz.  Sur  cette  mort, 
nous  recevons  la  lettre  suivante  de  M.  Cha- 
bert  : 

« Melz,  8 janvier  4866. 

((  Monsieur  et  cher  compatriote, 

((  Le  25  décembre  1865  est  décédé  à Metz,  à 
la  suite  d’une  longue  et  douloureuse  maladie, 
Charles-François-Yictor  Simon, né  en  cette  ville 
le  3 mars  1797,  conseiller  honoraire  à la  Cour 
impériale,  chevalier  de  la  Légion  d’honneur, 
auteur  d’un  certain  nombre  de  publications  im- 
portantes sur  l’agriculture,  la  géologie,  l’iiis- 
toire  et  l’archéologie  locales.  11  avait  le  titre  de 
correspondant  du  ministère  de  l’Intérieur  et  du 
ministère  de  l’Instruction  publique  pour  la  con- 
servation des  monuments  nationaux,  et  de  sous- 
directeur  de  l’Institut  des  provinces  pour  les 
provinces  du  nord-est  de  la  France. 

Membre  fondateur  de  la  Société  d’horticul- 
ture de  la  Moselle,  Victor-Simon  avait  été  appelé 
à faire  partie,  dès  l’origine,  de  son  conseil 
d’administration.  Il  s’était  souvenu  constamment 
que  fonctions  obligent.  Aussi,  après  avoir  acti- 
vement secondé  le  mouvement  pratique  horti- 
cole dans  notre  pays,  à partir  de  1843,  avait- il 
songé  à fairé  une  large  part  aux  discussions 
sérieuses  sur  ce  point,  lors  des  assises  scienti- 
iiques  tenues  à Metz  en  1854  et  1861.  Nous 
eûmes  la  satisfaction  d’être  secrétaire  de  cette 
dernière  session,  sous  sa  direction  intelligente 
et  libérale.  Les  questions  les  plus  intéressantes 
y furent  dévelojipées  avec  tous  les  soins  dési- 
rables. Les  procès-verbaux  et  les  mémoires  im- 
primés en  font  foi. 

^ « Dès  avant  l’établissement  de  la  Société 
d’horticulture  de  la  Moselle,  Victor-Simon  avait 
demandé  la  création  d’un  cours  d’arboriculture 
à l’autorité  départementale,  et  avait  vivement 
favorisé  les  leçons  de  botanique  données  au  Jar- 
din-des-Plantes  de  la  ville  de  Metz  par  les  esti- 
mables professeurs  volontaires  les  Holandre, 
les  Fournel,  les  Haro. 

((  Gomme  membre  de  la  Société  horticole  mo- 
sellanne,  Victor-Simon  eut  l’initiative  de  propo- 
ser la  distribution  entre  les  jardiniers  lauréats 
des  expositions  d’outils  perfectionnés,  et  de  la 
création  d’une  sorte  de  musée,  composé  des 
modèles  des  meilleurs  fruits  dont  la  culture  est 
principalement  recommandée  dans  les  départe- 
tements  de  l’Est. 

« La  vie  de  cet  homme  éminemment  instruit 
et  toujours  laborieux,  ne  peut  se  résumer  en 
quelques  lignes  ; elle  est  du  reste  tout  au  long 
tracée  dans  les  Annales  savantes  de  notre  ville. 

« Veuillez  agréer,  etc., 

« Chabert, 

((Membre  du  Conseil  d’.'idminisiralion 
de  la  Société  d’horlicuUiuc  delà 
Moselle.  » 


A propos  de  nécrologie,  nous  avons  an- 
noncé récemment  lamortdudocteurLindley. 
Nous  rappelons  aujourd’hui  cet  événement 
parce  que  le  Conseil  de  la  Société  royale 
d’horticulture  d’Angleterre  a résolu  d’in- 
stituer une  médaille  qui  s’appellera  Lm- 
dley  medalj  etqui  sera  remise  aux  exposants 
les  plus  méritants  des  réunions  scientifi- 
ques du  mardi.  Cette  médaille  acquerra 
ainsi  une  double  valeur,  comme  marque  de 
respect  envers  la  mémoire  d’un  de  ceux  qui 
ont  le  plus  fait  pour  la  Société  royale  et 
comme  un  signe  de  l’intérêt  qui  S'attache  à 
ses  meetings  horticoles. 

Le  Gardeners'Chronide  nous  apprend  que 
la  Société  royale  calédonienne  d’horticul- 
ture et  laSociété  d’horticulture  d’Edinburgh, 
qui  se  disputaient  la  prééminence  en  Ecosse, 
et  qui  ont  été  le  centre  de  travaux  impor- 
tants et  fort  distingués  depuis  plusieurs  an- 
nées, viennent  de  se  fusionner  pour  con- 
stituer une  seule  Société  qui  prendra  le  nom 
de  Caledonian  Society.  Les  termes  et  les 
conditions  de  ce  traité  d’union,  dit  le  rédac- 
teur du  Gardeners'Chronicle,  nous  permet- 
tent d’espérer  que  l’énergie  et  l’utilité  de 
ces  deux  savantes  corporations  n’auront 
qu’à  gagner  à cette  fédération  intellectuelle. 
La  Société  royale  calédonienne  d’horticul- 
ture, plus  jeune  que  son  alliée,  lui  rend  à 
coup  sûr  un  grand  service,  sur  ce  que  son 
annexion  permet  de  renouveler  les  statuts 
surannés  et  de  reconstituer  en  une  base 
durable  un  édifice  scientifique  incompara- 
ble ; d’un  autre  côté,  la  Société  d’borticul- 
ture  d’Fdinburgh  apporte  à l’association 
toute  l’autorité  de  sa  célébrité  antérieure. 
La  Caledonian  Society  semble  donc  appelée 
à un  avenir  brillant  et  durable.  Ses  jardins 
font  désormais  partie  du  domaine  de  l’an- 
cienne Société  d’Edinburgh  et  sont  destinés 
à l’établissement  d’une  pépinière  expéri- 
mentale annexée  au  Royal  Botanic  Garden. 
Avant  cette  fusion,  une  grande  rivalité  avait 
toujours  existée  entre  ces  deux  Sociétés; 
mais  les  intérêts  de  la  science  avaient  tou- 
jours gagné  à ces  luttes.  Il  est  donc  permis 
de  croire  que  celte  fusion  ne  sera  pas  dé- 
truite par  un  antagonisme  indigne  d’une  des 
grandes  institutions  horticoles  de  l’Europe. 

— Dans  sa  dernière  séance  de  1805,  la 
Société  centrale  d’horticulture  a constitué 
son  bureau  de  la  manière  suivante  : 

Président  : M.  le  maréchal  Vaillant. 

Vice-présidents:  MM.  Drongniart,  Andry, 
Dépin,  Doisduval. 

Secrétaire  général:  M.  Douchard-Iliizard. 

Secrétaires  : MM.  Verlot,  Neumann,,  Rouillard, 
Bariilet-üeschamps. 

Trésorier  : M.  Moras. 

Trésorier-adjoint  : M.  Lecocq-Duménil. 

Conseillers  : MM.  Ghauvière,  Thibaut,  Rivière,, 
Eug.  Verdier. 

Bibliothécaire  : M.  Pigeaux. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JANVIER  1866). 


— Nous  n’avons  reçu  dans  cette  quinzaine 
qu’un  seul  nouveau  programme  pour  les 
Expositions  horticoles  pour  1866.  C’est  celui 
de  la  Société  d’horticulture  de  Earrondisse- 
ment  de  Cherbourg.  Cette  Société  tiendra 
une  Exposition  particulièrement  consacrée 
à la  culture  maraîchère,  du  12  au  15  mai. 
Des  récompenses  seront  en^  même  temps 
décernées  aux  instituteurs  qui  auront  donné 
à leurs  élèves  des  leçons  théoriques  et  pra- 
tiques d’horticulture,  et  nous  lisons  dans  le 
programme  la  disposition  suivante  : 

« Une  médaille  d’or  est  offerte  par  la  Société 
au  meilleur  traité  d’horticulture  pour  les  insti- 
tuteurs, appelé  à répandre  dans  nos  campagnes 
les  connaissances  pratiques  les  plus  exactes  de 
la  culture  maraîchère  et  fruitière , ou  aux  meil- 
leures publications  horticoles  offrant  un  intérêt 
spécial  pour  l’arrondissement  de  Cherbourg.  » 

A l’occasion  de  l’enseignement  horticole, 
nous  devons  annoncer  la  réouverture  des 
cours  que  M.  Du  Breuil  professe  chaque 
année  à Paris.  Ces  cours  sont  au  nombre  de 
trois  : 1°  un  cours  public  et  gratuit  de  viti- 
culture et  d’arboriculture,  au  Conservatoire 
impérial  des  arts  et  métiers,  les  lundis  et 
mercredis,  à 1 heure,  à partir  du  15  janvier; 
2»  un  cours  pratique  et  gratuit  d’arboricul- 
ture, fait , sous  le  patronage  du  Ministre  de 
l’agriculture,  pour  les  jardiniers,  au  jardin 
fruitier  du  professeur,  rue  de  Grenelle- 
Saint-Germain,  139,  tous  les  dimanches  à 
midi , à partir  du  4 février  ; 3°  un  cours 
payant  d’arboriculture , qui  commencera  le 
9 février,  à 2 heures  de  l’après-midi  et  sera 
continué  tous  les  mardis  et  vendredis  jus- 
que vers  la  fin  d’avril.  La  même  leçon 
sera  répétée  chaque  jour  à 9 heures  du 
matin  et  à 2 heures  après-midi.  Une  heure 
spéciale  (de  1 heure  à 2 après  midi)  sera 
réservée  pour  les  dames  qui  désireraient 
profiter  de  cet  enseignement.  Des  cartes 
d’entrée  sont  délivrées  chez  le  professeur, 
9,  boulevard  Saint-Germain,  ou  chez  le 
concierge,  139,  rue  de  Grenelle-Saint-Ger- 
main. 

Il  vient  de  paraître  deux  petits  volumes 
qui  portent  tous  deux  le  titre  de  : Les  plantes 
à feuilles  ornementales.  Ils  sont  dûs,  l’un  à 
M.  André,  l’autre  à M.  de  Lambertye,  c’est- 
à-dire  à deux  de  nos  collaborateurs.  Mais, 
quoique  ceux-ci  s’occupent  simultanément 
du  même  sujet,  ils  présentent  l’exemple  de 
la  continuation  des  relations  les  plus  ami- 
cales. Il  sera  rendu  des  comptes  spéciaux 
de  ces  deux  livres.  Nous  devons  nous  borner 
à dire  aujourd’hui  que  l’ouvrage  de  M.  de 
Lambertye  sera  partagé  en  trois  parties 
dont  la  première  seule  a paru  : elle  est 
consacrée  aux  principales  espèces  de  Sola- 
num;^  la  deuxième  partie  comprendra  les 
principales  espèces  et  variétés  de  Canna,  et 
la  troisième,  un  mélange  d’espèces  apparte- 
nant à d’autres  genres.  Le  plan  du  petit 


U 

volume  de  M.  André  est  tout  différent.  Après 
des  généralités  sur  les  différents  modes  de 
culture,  il  présente  une  sorte  de  diction- 
naire alphabétique  des  plantes  à beaux  feuil- 
lage cultivées  aujourd  hui  pour  orner  les 
jardins.  Ce  sont  deux  ouvrages  qu’on  con- 
sultera avec  un  grand  intérêt. 

— Nous  devons  insérer  la  réclamation 
suivante,  à laquelle  nous  donnons  tout  notre 
assentiment  : 

« Monsieur, 

« Encore  une  erreur  typographique  à propos 
des  noms  anglais  : dans  l’article  sur  les  Cerises 
anglaises  que  vous  avez  reproduit  dans  votre 
numéro  du  Ier  décembre  dernier,  page  463, 
j’ai  dit,  avec  Duhamel,  Cherry-Duke^  et  non 
Clary-Duke.  Je  relève  cette  incorrection  pour 
vous  éviter  des  réclamations  étrangères  et  pour 
venir  à l’appui  de  votre  observation  sur  l’oppor- 
tunité de  donner  à nos  variétés  de  fruits  des 
noms  français.  » 

« P.  DE  MORTILLET. 

« Meylan,  18  décembre  1865.  » 

A propos  de  la  discussion  qui  s’est  enga- 
gée dans  nos  colonnes  entre  M.  Gagnaire 
et  M.  Bruant,  sur  le  Géranium  Triomphe 
de  Gergovia,  nous  devons  placer  ici,  en  ré- 
ponse à la  lettre  de  M.  Gagnaire,  insérée 
dans  le  numéro  du  décembre  dernier 
(page  433),  l’opinion  suivante  de  M.  Chaté 
fils. 

« La  variété  Aug.  Ferrier  (ou  Triomphe  de 
Gergoria  est  meilleure  à tous  égards  que 
celle  à fleurs  pleines  Martial  de  Champfîourd; 
car,  quoique  moins  double,  elle  est  d’un  coloris 
plus  brillant,  sa  floraison  est  bien  plus  abon- 
dante, et  elle  deviendra  la  source  de  nombreu- 
ses variations 

((  L’impulsion,  comme  on  le  voit,  est  donnée  ; 
nul  doute  que  d’ici  à quelques  années,  nous 
possédions  des  Géraniums  à fleurs  doubles,  aux 
coloris  aussi  variés  et  aussi  florifères  que  leurs 
congénères  à fleurs  simples.  » 

Comme  conclusion , nous  ajouterons 
qu’il  faut  encourager  toute  tentative  nou- 
velle, quoiqu’il  soit  juste  de  modérer  par- 
fois les  enthousiasmes  trop  ardents.  Avec 
ce  sentiment  des  choses,  les  horticulteurs 
pourront  différer  d’opinion,  et  non  pas  se 
combattre  avec  violence. 

La  lettre  suivante , que  nous  adresse 
M.  Jean  Sisley,  renferme  un  renseignement 
et  une  question  qui  seront  lus  avec  intérêt. 
Le  renseignement  est  relatif  aux  graines  de 
Crocosmia  aurea;  la  question  porte  sur  l’u- 
tilité de  l’huile  de  pétrole  pour  la  destruc- 
tion des  insectes  parasites  des  plantes. 

« Lyon,  le  28  déeembre  1863. 

« Monsieur, 

(î:  N’ayant  pu  satisfaire  à toutes  les  demandes 
qui  m’ont  été  adressées  , pour  les  graines  de 

1.  Ces  deux  variétés  de  provenance  distincte,  et 
mises  au  commerce  à peu  près  à la  même  époque, 
, ont  été  depuis  reconnues  identiques. 


26 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QEINZAINE  DE  JANVIER  ISGGj, 


Crocosmia  aurea  que  j’offrais  aux  abonnés  de 
la  Revit e ho)  ticole , le  1er  février  dernier,  je 
vous  prie  de  vouloir  bien  les  prévenir  que  j’en 
ai  fait  une  récolte  abondante,  et  que  je  serai 
charmé  de  partager  avec  les  amateurs  qui  m’en 
adresseront  la  demande  avant  le  10  février  pro- 
chain, époque  à laquelle  il  est  convenable  de 
les  semer,  si  l’on  veut  voir  fleurir  les  plantes  en 
août. 

((  Je  profite  de  cette  occasion  pour  rappeler 
aux  arboriculteurs  qui  lisent  la  Revue  que  je 
cherche  depuis  quatre  ans  un  remède  pour  dé- 
truire ou  chasser  les  mouches,  dont  les  larves 
détruisent  mes  récoltes  de  Poires,  et  que  tous 
les  moyens  que  j’ai  employés  sont  restés  infruc- 
tueux. 

« M.  Georges  Barrai , dans  le  numéro  du 
1®'’  avril  1865  de  la  Revue  horticole  (nage  1-39), 
a cité  les  expériences  faites  par  M.  le  docteur 
Decaisne,  médecin  principal  de  l’hôpital  d’An- 
vers, sur  l’emploi  de  l’huile  de  pétrole  pour  dé- 
truire les  insectes  parasites  des  animaux  et  des 
plantes,  et  engageait  les  horticulteurs  à en  ex- 
périmenter l’emploi. 

« Je  redoute  d’en  user  sur  une  grande 
échelle,  car  j’entends  dire  autour  de  moi  que 
cette  huile  est  très-nuisible  aux  arbres. 

« Si  quelques-uns  des  nombreux  lecteurs  de 
la  Revue  voulaient  bien  faire  connaître,  dans  un 
des  plus  prochains  numéros,  ce  qu’ils  en  savent, 
ils  rendraient  grand  service  aux  amateurs,  sur- 
tout à ceux  des  petits  jardins,  qui  souffrent  da- 
vantage des  ravages  des  insectes. 

((  Si  je  pouvais  être  édifié  à cet  égard  avant 
'la  floraison  de  mes  Poiriers,  je  mettrais  en  pra- 
tique le  conseil  du  docteur  belge  et  serais  heu- 
reux d’aider  à vulgariser  cette  bonne  nouvelle. 

« Agréez,  etc. 

« Jean  Sisley.  » 

Le  dernier  numéro  du  West  of  Scotlmid 
Horticultiiral  Magazine  contient  les  judi- 
cieuses lignes  suivantes  sur  le  choix  des  va- 
riétés de  Glaïeuls: 

« Qu’est-ce  qui  constitue  un  beau  Glaïeul?  — 
La  première  condition  requise  est  qu’il  se  dis- 
tingue parfaitement  des  variétés  voisines  ; que 
la  teinte  en  soit  franche  et  que  les  fleurs,  bien 
rapprochées  de  la  tige,  soient  toutes  uniformé- 
ment tournées  vers  un  même  point.  Les  variétés 


les  plus  parfaites  que  nous  connaissons  sont 
Pénélope  et  Madame  Vihnorin.  Madame  Haguin 
se  rapproche  également  de  la  perfection,  sans 
toutefois  égaler  ces  modèles. 

Parmi  les  variétés  de  nouvelle  introduc- 
tion, le  West  of  Scotland  Horticultiiral  Ma- 
gazine. signale  les  Gladioliis  suivants  : 

« Charles  Dickens , variété  d’une  couleur  ex- 
trêmement originale,  teinte  chamois  avec  des 
mouchetures  et  des  raies  carmin  ardent  : cette 
disposition  est  d’un  ti’ès-heureux  effet  dans  les 
serres. 

« Cristal  Pu/acc,  jolie  fleur,  élancée  et  légère  ; 
l’arête  des  pétales  est  rose  et  les  bords  sont 
traversés  par  de  nombreuses  rayures  violettes. 
Quand  on  la  maintient  à l’ombre,  la  fleur  est 
complètement  blanche  et  devient  magnifique. 

(■<■  U Ornement  des  parterres,  fleur  blanche, 
avec  un  pointillé  lilas-rose  sur  les  ailes  des  pé- 
tales, tandis  que  l’arête  offre  une  teinte  carmi- 
née très-intense  : l’apparence  en  est  gracieuse 
et  fort  distinguée. 

(S.  Madame  Vilmorin,  variété  rose  ardent, 
teinte  blanche  au  centre  avec  un  magnifique  pi- 
queté carmin:  c’est  incontestablement  la  plus 
belle  variété  que  les  horticulteurs  possèdent. 

« Meyerbeer,  rouge  étincelant,  raies  et  taches 
sanguines  de  plusieurs  teintes  sur  les  bords  : 
c’est  une  variété  très-recommandable. 

((  Monsieur  Camille  Rernardin,  fleur  rouge 
intense  d’un  effet  et  d’une  distinction  très-re- 
marquable. 

(t.  Docteur  Lindley . Les  pétales  du  centre,  d’un 
rose  clair,  sont  rayés  par  des  lignes  plus  fon- 
cées; les  pétales  périphériques  sont  d’un  rouge- 
cerise  très-ardent.  C’est  encore  une  très-belle 
variété.  » 

Toutes  ces  variétés  nouvelles  se  recom- 
mandent à l’attention  des  horticulteurs; 
elles  ne  sont  pas  inférieures  à celles  que  Ton 
possède  depuis  longtemps,  telles  que  Achille, 
Gérés,  Comte  de  Morny,  Florian,  Janire, 
Lord  Raglan,  Duc  deMalakojf,  Le  Poussin, 
Linné,  Lord  Granville,  Mazcjipa,  Raphaël, 
Rubens,  Vesta,  Princesse  Clotilde,  Madiime 
Rasserille,  Reine  Victoria,  John  Rull,  etc. 

J.  A.  Barral 


SUR  LES  PELARGONIUM  ZONALE  A FLEURS  DOUBLES 

Eï  SEMI-DOUBLES. 


Il  existe  maintenant  dans  les  jardins  un 
grand  nombre  de  variétés  horticoles  dont 
Torigine  est  tout  à fait  perdue.  Il  est  re- 
grettable de  iT avoir  aucune  notion  sur  Té- 
j)oque  de  l’apparition  de  ces  plantes  orne- 
mentales; 011  éviterait  ainsi  des  discussions 
prolongées  au  milieu  desquelles  la  vérité 
perce  difficilement.  Que  Ton  me  permette 
de  consigner  ici  Torigine  encore  récente  des 
Pelnrgoniwn  zonale  à fleurs  doubles,  qui 
tous  sont  auvergnats. 

Depuis  plus  de  dix  ans,  j’avais  dans  mon 


jardin  un  Pélargonium  zonale  semi-double 
auquel  je  ne  faisais  aucune  attention.  Ce  Pé- 
largonium était  répandu  dans  la  plupart  des 
jardins  de  Clermont,  et,  j’avoue  toute  mon 
ignorance,  je  croyais  cette  plante  commune 
et  connue  partout.  Elle  était  semi-double, 
assez  vigoureuse  et  peu  florifère.  Je  dirai  plus 
loin  le  nom  qu’elle  porte  aujourd’hui;  ce 
Pélargonium  est  fertile  et  donne  assez  sou- 
vent des  graines. 

p]n  1803,  une  Ex])osition  eut  lieu  à Cler- 
mont, et  M.  Amblard,  horticulteur,  présenta 


27 


SUR  LE  PELARGONIUM  ZONALE  A Fl 

plusieurs  pieds  de  Pélargonium  à fleurs 
doubles,  dont  un  seul,  entièrement  plein  et 
très-beau,  fut  conservé.  Il  provenait  des 
graines  du  semi-double  commun  partout  à 
Clermont.  Cette  belle  variété  a été  décrite 
par  moi,  dans  la  Revue  horlicole  sous  le 
nom  de  Pélargonium  zonale  Gloire  de  Cler- 
mont. Sur  le  vu  d’une  ombelle  adressée  par 
M.  Amblard  à M.  Van  Houtte,  de  Gand,  ce 
dernier,  par  mon  intermédiaire,  fit  l’acqui- 
sition de  l’édition  entière  et  sans  réserve. 
A peine  cette  acquisition  fut-elle  connue 
que  M.  Bornas,  horticulteur  à Riom,  m’ap- 
porta une  ombelle  d’un  Pélargonium  zonale 
double,  beau,  mais  moins  parfait  que  celui 
de  M.  Amblard.  M.  Van  Houtte  me  pria  de 
lui  faire  l’acquisition  de  l’édition  de  ce  nou- 
veau Pélargonium  zonale  double.  Malgré  les 
assurances  du  vendeur,  il  avait  été  distribué 
quelquesbouturesdecedernierPelargonium. 

Vers  cette  même  époque,  M.  Ferrier 
reçut  d’un  horticulteur  de  Clermont,  M.  An- 
toine Pabot,  un  autre  Pélargonium  zonale  à 
fleurs  doubles,  dilférent  des  deux  précédents 
et  moins  beau.  Ce  dernier  figure  maintenant 
sur  les  catalogues  sous  le  nom  de  Martial 
Champflour,  amateur  chez  lequel  M.  Pabot 
était  jardinier. 

En  résumé,  il  y a aujourd’hui  quatre  va- 
riétés de  Pélargonium  zonale  à fleurs  doubles 
et  différentes  les  unes  des  autres.  Les  voici 
par  ordre  de  mérite: 

1»  Gloire  de  Clermont,  à fleurs  entière- 
ment pleines,  acquise  par  M.  Van  Houtte  et 
qu’il  possède  seul.  Elle  a été  portée  sur  son 
catalogue,  sous  le  nom  de  Ranunculillora 
plenissima  ; 


DE  L’ANCIENNE  ET  DE 

DES  ARDU 


Tout  récemment,  plusieurs  saA^ants,  à la 
tête  desquels  se  trouvent  MM.  le  D>’  Pi- 
geaux,  Paul  de  Mortillet  et,  paraît-il  aussi  , 
M.  Decaisne,  l’illustre  professeur  du  Mu- 
séum, ont  dit,  notamment  les  deux  premiers, 
qu’il  y avait  encore  de  notre  temps  neuf 
jardiniers  sur  dix  qui  faisaient  absolument 
abus  de  la  serpette. 

Cette  opinion  est  partagée  par  tous  les 
horticulteurs  qui  se  rattachent  à la  récente 
école.  Certes  elle  n’est  pas  nouvelle,  carily 
a plus  de  soixante  ans  qu’un  baron,  devenu 
par  goût  jardinier  praticien  très-habile,  et 
bien  connu,  puisqu’il  est  l’auteur  d’un  livre 
sur  la  taille,  qui  a euPbonneur  de  vingt  édi- 
tions, exprimait  la  même  opinion,  et  de 
plus  ajoutait  que  la  taille  se  faisait  de  son 
temps  absolument  à contre-sens,  puisqu’il 


EURS  DOURLES  ET  SEMI-ROUBLES. 

2o  Ferrier, ({\n  est  probablement  la  même 
plante  que  celle  de  M.  Bornas,  de  Riom,  qui 
n’en  était  pas  l’obtenteur,  et  dont  il  existait 
sans  doute  des  cultures  ailleurs  que  cbcz 
lui  ; 

3°  Martial  Champflour,  qui  existait  de  - 
puis longtemps  dans  les  jardins  de  Cler- 
mont ; 

4o  Triomphe  de  Gergovia,  le  plus  ancien, 
semi- double,  le  moins  beau,  mais  ayant 
très-probablement  le  mérite  d’avoir  fourni 
les  graines  qui  ont  produit  les  trois  autres. 

Be  ces  quatre  variétés,  la  première  seule 
et  sans  contredit  la  plus  belle,  est  possé- 
dée par  M.  Van  Houtte  seul,  tandis  que  les 
autres  avaient  déjà  été  répandues  et  pourront 
se  retrouver  sous  des  noms  différents  dans 
divers  catalogues. 

La  première  de  ces  variétés.  Gloire  de 
Clermont  ou  Ranunculiflor  a plenissima  y on 
Houtte,  est  vigoureuse,  mais  un  peu  tardive. 
Rentrée  à l’automne , elle  continue  à 
fleurir  et  à donner  des  ombelles  bien  fournies 
de  fleurs  qui  persistent  longtemps  et  qui 
peuvent  être  utilisées  avec  grand  succès  dans 
les  bouquets  et  surtout  dans  les  coiffures. 

Telle  est  l’origine  des  Pélargonium  au- 
vergnats; je  ne  doute  pas  que,  d’ici  à quel- 
ques années,  ils  ne  deviennent  la  souche  de 
toute  une  légion  de  Pélargonium  à fleurs 
doubles  et  diversement  colorées,  et  je  re- 
commande comme  porte-graine  le  moins 
beau,  mais  le  plus  fertile,  celui  que  j’ai 
ignoré  si  longtemps  dans  un  coin  de  mon 

jardin,  le  Triomphe  de  Gergovia. 

Henri  Lecoq, 

Direiteur  du  Jardin  botanique 
de  Clermont-Ferrand. 


A NOUVELLE  CONDUITE 

FRUITIERS. 

disait  : ((  H n’y  a qu’à  Montreuil,  où  l’on 
taille  très-longues  les  branches  à bois,  et 
au  contraire  très-courtes  les  branches  frui- 
tières; partout  ailleurs,  on  fait  tout  le  con- 
traire. » 

Le  défaut  signalé  par  les  savants  dont  je 
viens  de  parler  est  donc  bien  réel.  Mais 
M.  Pigeaux  vient  d’exprimer  son  opinion 
avec  une  si  vive  conviction,  qu’au  premier 
moment,  on  a cru  qu’il  voulait  dès  à pré- 
sent supprimer  toute  espèce  de  taille,  ou 
coupe"  de  branches  quelconques,  et  en  cela 
se  rapprocher  éminemment  de  la  nature, 
qui,  elle,  ne  coupe  rien. 

Cette  croyance  a été  partagée  par  noire 
célèbre  professeur  M.  Bu  Breuil,  à tel  point 
qu’il  s’est  cru  obligé  de  combattre  à sa  nais- 
sance, croit-il,  cette  nouvelle  tendance. 

Bisons  bien  vite  que  les  savants  dont  je 
viens  de  parler  ne  veulent  pas  du  tout  sup- 


1.  Vol,  de  1864,  page  303. 


28 


PE  L’ANCIENNE  ET  DE  LA  NOUVELLE  CONDUITE  DES  ARBRES  FRUITIERS. 


primer  la  taille,  mais  seulement  en  corri- 
ger les  abus.  C’est  là  ce  que  désirent  tous  les 
horticulteurs  de  la  récente  école.  Or  il  me 
semble  qu’ils  justifieraient  cette  opinion  en 
faisant  seulement  une  plus  large  appli- 
cation de  notre  nouvelle  production  frui- 
tière : celle  découverte  depuis  1850  ou 
dont  les  principes  ne  datent  que  depuis 
cette  époque. 

Ces  principes,  j’en  conviens,  ne  sont  pas 
encore  rassemblés  dans  un  corps  d’ouvrage; 
mais,  bien  que  disséminés  çà  et  là,  surtout 
dans  plusieurs  articles  de  la  Revue ^ il  est 
très-facile  de  juger  qu’ils  évitent  parfaite- 
ment les  abus  de  la  taille. 

Pour  s’en  convaincre,  il  suffit  de  rappro- 
cher brièvement  ce  que  faisaient  nos  pères 
de  ce  que  nous  faisons  dans  ce  but.  Disons 
d’abord  que  la  nature,  pour  obtenir  le  fruit 
d’un  arbre  quelconque,  fait  le  bois  avant  de 
faire  le  fruit  : conséquemment,  établissons 
d’abord  la  charpente  de  nos  arbres  frui- 
tiers, et  ne  la  couvrons  que  progressive- 
ment de  productions  fruitières.  Jusque-là, 
anciens  et  nouveaux  venus  sont  évidemment 
d’accord. 

Or  nous  savons  tous  que  l’établissement 
de  la  charpente  des  arbres  fruitiers  avait 
nécessité  autrefois  la  découverte  de  beau- 
coup de  règles,  donnant  naissance  à un  plus 
grand  nombre  d’exceptions;  le  tout  formait 
un  art  compliqué,  une  science  peut-être  ; 
car  dix  ans  d’étude  suffisaient  à peine  pour 
en  bien  saisir  tous  les  principes.  Mais  nos 
pères  étaient  studieux,  travailleurs  et  pa- 
tients. Aujourd’hui  trouverions-nous  que 
tout  l’échafaudage  dont  je  viens  de  parler, 
remplacé  par  le  plus  simple  fait,  le  pince- 
ment, serait  encore  trop  long? 

La  charpente  établie,  pour  la  couvrir 
régulièrement  de  productions  fruitières,  nos 
pères  avaient  encore  imaginé  plusieurs  arti- 
fices, qui  exigeaient  un  savoir  varié.  Aujour- 
d’hui pareil  résultat  est  obtenu,  en  répétant 
absolument  le  même  simple  fait  : le  pince- 
ment. 

Enfin,  autrefois,  en  dépit  de  toute  la 
science  d’alors,  il  n’y  avait  encore  jusque-là 
de  créé  que  la  tête  pour  concevoir  l’art, 
ou  en  diriger  les  principes.  Il  restait  encore 
à former  le  bras  pour  agir,  ou  tirer  un  parti 
matériel  de  tant  de  science. 

Malheureusement  cette  nouvelle  recher- 
che offrit  des  difficultés  d’un  autre  ordre  : 
parce  qu’il  est  dans  les  facultés  de  la  tête, 
de  l’imagination  d’aller  loin,  de  varier  faci- 
lementses  conceptions;  mais  le  bras,  au  con- 
traire, ne  s’étend  pas  beaucoup  et  se  montre 
rebelle  aux  changements  d’action;  voilà  pour- 
quoi, malgré  l’incontestable  mérite  de  la 
théorie  ancienne,  les  praticiens  qu’elle  a 
formés,  ou  sont  de  véritables  artistes,  ou  ne 
savent  presque  rien.  Entre  ces  deux  excès,  il 
y apeu  d’intermédiaires.  Ce  fait,  pour  nous, 


propriétaires  de  jardins,  est  un  très-grave 
inconvénient  ; il  nous  oblige  à faire  nous- 
mêmes  ou  encore  à supporter  des  prix  ridi- 
cules; je  les  appelle  ridicules,  parce  que 
nous  savons  tous  que  si  nous  entrons  dans 
cette  voie,  il  faut  absolument  attribuer  à 
nos  fruits  un  prix  d’imagination,  c’est-à- 
dire  qui  ne  peut  se  réaliser.  Contraire- 
ment à ce  grave  inconvénient,  la  pratique 
nouvelle,  ne  s’exerçant  que  sur  une  seule 
opération,  s’en  acquitte  vite,  et  même  l’exé- 
cute bientôt  avec  la  plus  grande  dextérité. 

Vous  le  voyez,  nous  voilà  arrivés  à une 
double  simplification  théorique,  et  certai- 
nement aussi  à de  plus  grandes  facilités  pra- 
tiques. Que  doit-il  ressortir  du  concours  de 
ces  deux  avantages?  Evidemment  une  plus 
facile  obtention  de  fruits,  mais  en  outre  une 
production  à plus  bas  prix.  Or,  pour  nous 
calculateurs,  c’est  là  toute  la  question. 

Si  nous  nous  arrêtons  là,  on  voit  déjà 
que  l’art  de  nos  pères  est  devenu  entre  nos 
mains  à la  fois  plus  facile,  plus  prompt  et 
plus  économique.  Mais  à ces  trois  perfec- 
tionnements, déjà  si  capitaux,  il  s’en  joint 
d’autres. 

Le  premier  en  ligne  est  celui  d’éviter 
aux  arbres  toutes  les  maladies  qui  résul- 
tent de  la  coupe  continuelle  de  leurs  bran- 
ches; ces  maladies  sont  nombreuses,  tout  le 
monde  le  sait.  Si  elles  disparaissent,  ou  seu- 
lement diminuent,  les  arbres  n’en  auront 
que  plus  de  vigueur  et  par  conséquent  plus 
de  fruits;  mais  nous  croyons  aussi  une  plus 
longue  vie.  Cependant,  à cet  égard,  la  nou- 
veauté des  découvertes  n’a  pas  permis 
encore  de  vérifier  pratiquement  ce  fait  : 
ne  le  supposons  donc  que  probable.  Au 
mioins,  la  certitude  d’une  diminution  des 
deux  tiers  dans  l’attente  des  nouveaux  fruits 
nous  est  acquise,  et  pour  nous,  dont  le  veau 
d’or  n’est  plus  que  dans  les  jouissances  très- 
prochaines,  il  y aura  compensation. 

Je  passe  ici  sous  silence  plusieurs  per- 
fectionnements de  détail  sur  lesquels  je 
ne  puis  m’étendre,  tels  que  le  double  et 
triple  palissage  des  branches  fruitières,  pa- 
lissage qui  n’existe  plus  du  tout  Ce  fait 
permet  au  même  homme  de  soigner  deux 
ou  trois  fois  plus  d’arbres  qu’il  ne  pouvait 
le  faire  autrefois. 

Disons  encore  que  les  abris  se  sont  non- 
seulement  perfectionnés , mais  même  éten- 
dus à tous  les  arbres  de  nos  jardins,  soit 
ceux  plantés  aux  pieds  des  murs,  soit  ceux 
plantés  en  pleins  carrés.  On  sait  que  , bien 
appliqués,  ils  garantissent  les  récoltes  des 
uns  et  des  autres,  chaque  année  à un  dixième 
près  L 

Mais  ils  jouissent  aujourd’hui  d’un  autre 
avantage , c’est  d’éviter  l’énorme  dépense 

1.  M.  Gressent  l’a  aussi  expérimenté  (voir  la 
2e  édition  de  son  ArboricuUitre,  p.  271). 


DE  L’ANCIENNE  ET  DE  LA  NOUVELLE  CONDUITE  DES  ARBRES  FRUITIERS. 


29 


do  la  création  des  murs  intérieurs  de  jar-  ] 
diii,  qui,  faite  tout  à coup,  est  souvent  im- 
possible au  petit  propriétaire  ou  à Foiivrier. 
Avec  des  abris , ces  derniers  peuvent  rem- 
placer avantageusement  les  murs  par  les 
soins  et  le  travail,  ce  qui  les  met  à meme 
de  rivaliser  avec  qui  que  ce  soit  dans  la 
production  fruitière. 

De  l’emploi  bien  entendu  des  précédents 
abris  et  du  fait  que  la  conduite  de  nos  ar- 
bres de  jardin  est  simplifiée  dans  sa  théorie 
et  plus  facile  dans  sa  pratique,  il  résulte 
évidemment  qu’un  plus  grand  nombre  de 
travailleurs  pourront  s’enoccuper.  Nous  au- 
rons donc  plus  de  chance  d’arriver  à l’abon- 
dance des  fruits.  Or,  à cet  égard,  je  dois 
dire,  que  dans  un  moment  où  commence  à 
se  développer  en  France  un  nouveau  et 
grand  commerce , celui  des  fruits , rien 
n’est  plus  important  que  d’en  produire 
beaucoup.  A cet  égard,  l’ancienne  produc- 
tion nous  laisse  depuis  longtemps  dans  un 
état  à peu  près  stationnaire. 

Aux  changements  dont  je  viens  de  parler, 
je  pourai  ajouter  le  parallèle  des  défauts 
capitaux  de  l’ancienne  taille  à ceux  de  la 
nouvelle. 

Pour  en  signaler  seulement  quelques- 
uns,  je  noterai  la  singulière  manie  de  nos 
pères  de  n’avoir  jamais  formé  la  charpente 
de  leurs  arbres  fruitiers,  ou  les  ramiüca- 
tions  de  leurs  branches,  qu’avec  les  boutons 
à bois  de  l’année  précédente.  Ici,  ils  se 
sont  copiés  successivement,  sans  qu’aucun 


cherchât  autre  chose  ; le  fait  me  semble 
évident,  puisqu’ils  savaient  parfaitement 
que  les  branches  ainsi  obtenues  étaient  es- 
sentiellement d’inégale  vigueur,  ayant  ima- 
giné maintes  règles  pour  les  ramener  à 
la  meme  force.  A l’aide  des  boutons  récents 
que  forme  à l’instant  la  nouvelle  école,  les 
branches  obtenues  sont  naturellement  de 
même  vigueur;  on  évite  donc  alors  la  néces- 
sité d’employer  toutes  les  règles  dont  il 
vient  d’être  question  ; mais,  et  c’est  plus 
important,  toutes  les  coupes  continuelles 
de  branches  si  désastreuses  pour  la  santé 
des  arbres  deviennent  alors  sans  raison  d’ê- 
tre. 

Une  autre  faute,  qui  a favorisé  encore 
cette  malheureuse  coupe  de  branches,  c’est 
de  s’être  imaginé  qu’en  faisant  cette  opéra- 
tion pendant  le  repos  de  la  sève , on  évitait 
absolument  toute  espèce  de  perturbation  de 
sève  dans  les  arbres.  Si  l’on  attend  le  re- 
tour de  celle-ci,  l’apparition  des  nombreux 
gourmands  dont  l’arbre  se  couvre  prouve 
que  le  mal  n’a  été  que  retardé.  Que  fait-on 
alors,  sous  peine  d’en  voir  l’arbre  absolu- 
ment défiguré?  On  coupe  ceux-ci,  même 
avant  le  retour  du  repos  de  la  nouvelle  sève. 
C’est  ajouter  une  inconséquence  à la  pre- 
mière faute.  Evidemment  le  pincement 
obvie  à tous  les  maux  queje  viens  de  signaler. 

Suivant  que  les  lecteurs  goûteront  le  pa- 
rallèle que  nous  venons  de  commencer,  nous 
le  continuerons. 

D.  Bousgasse, 


CULTURE  DE  LA  VIGNE  A LONG  BOIS. 


Parmi  les  procédés  de  culture  décrits  par 
M.  Carrière,  dans  son  livre  intitulé  : La 
Vigne  il  en  est  un  qui  est  pratiqué  dans 
notre  voisinage  par  un  ménage  de  proprié- 
taires vignerons,  soigneux,  intelligents, 
amoureux  de  leur  art,  M.  et  Aubry, 
de  Thorigny,  et  sur  lequel  nons  désirons 
vivement  appeler  l’attention  de  nos  lec- 
teurs. 

M.  Aubry  plante  exclusivement  ses  vignes 
en  Meunier  ou  Taconnet,  variété  de  Pinot 
à petites  grappes  très-serrées.  C’est  le 
plant  qui,  d’après  les  vignerons  de  Tho- 
rigny, réussit  le  mieux  dans  leur  sol  et  sous 
leur  climat;  la  plupart  des  vignes  renfer- 
ment quelques  Gainais  communs  et  quel- 
ques Mesliers  blancs  et  jaunes. 

Tous  les  vignerons  le  savent  : le  Meunier 
exige  la  taille  à long  bois.  La  taille  longue 
est  donc  exigée  à Thorigny  par  la  nature 
du  plant  et  par  la  nature  du.  sol  très- 
fertile. 

1.  Un  vol.  in-12  orné  de  gravures.  Prix,  3 fr.  50 
à la  Librairie  agricole. 


Distance  entre  tes  plants.  — BL  Aubry 
plante  les  vignes  qu’il  veut  soumettre  à sa 
nouvelle  méthode  à en  tous  sens,  mais 
il  conseille  de  planter  à 1“.25  de  préfé- 
rence. 

Supports.  — Échalas.  — Fils  de  fer.  — 
Dans  le  système  de  M.  Aubry,  la  vigne  est 
soutenue  par  un  échalas  et  un  rang  de  fil  de 
fer  placé  à 0™.50  au-dessus  du  sol. 

L’échalas  placé  au  pied  de  chaque  cep 
soutient  le  fil  de  fer  sur  lequel  la  branche 
à fruit  est  inclinée.  Il  sert  en  outre  à 
soutenir  et  élever  les  branches  dites  de  rem- 
placement auxquelles  on  ne  touche  pas 
pendant  toute  la  durée  de  la  végétation  et 
qu’on  se  borne  seulement  à rogner  à 0"M5 
ou  0‘t^.20  au-dessus  de  l’échalas,  vers  la  fin 
de  juillet,  à l’époque  du  ralentissement  de 
da  sève,  de  manière  à empêcher  le  dévelop- 
pement des  yeux  de  la  branche  de  rempla- 
cement. 

Un  seul  fil  de  fer  n»  U2,  soutenu  à l’extré- 
par  un  petit  pieu  placé  en  arc-boutant  et 
dans  l’intérieur  de  la  ligne  par  Téchalas, 
^ supporte  la  branche  à fruit,  qui  est  arquée 


30 


DE  LA  CULTURE  DE  LA  VIGNE  A LONG  BOIS. 


et  couchée  en  forme  de  go  renversé  (fi g.  3.) 

Les  fils  de  fer  sont  tendus  au  moyen  d’un 
raidisseur  en  fer,  en  bois  ou  en  os  de 
mouton. 

Dans  le  système  Ilooïbrenk,  la  branche  à 
fruit  est  iirclinée  sous  un  angle  de  112  de- 
grés. L’extrémité  de  la  branche  à fruit  s’a- 
baisse donc  jusqu’à  0"M2  du  sol  : les  fruits 
placés  à l’extrémité  de  la  branche  sont 
exposés  à toucher  le  sol  et  à pourrir. 

M.  Aubry  remédie  à cet  inconvénient 
grave  en  faisant  décrire  à la  branche  à fruit 
un  S renversé.  Par  ce  moyen,  l’extrémité  de 
la  branche  à fruit,  au  lieu  de  descendre  vers 
le  sol,  est  relevée, fendue  à son  extrémité  et 
attachée  sur  le  fil  de  fer  par  un  osier;  elle 
est  assez  solidement  fixée  au  fil  de  fer  pris 
dans  la  fente  pour  ne  rien  craindre  de  la 
violence  du  vent. 

M.  Aubry  possède  aujourd’hui  42  arcs  de 
vignes  cultivés  d’après  ce  système  ; toutes 


ses  nouvelles  plantations  sont  faites  pour  y 
être  soumises. 

Bien  que  les  vignes  actuellement  cultivées 
par  M.  Aubry  n’aient  pas  été  plantées  dans 
le  but  d’être  conduites  d’après  cette  mé- 
thode, à laquelle  elles  sont  soumises  depuis 
deux  ans  seulement,  elles  ont  produit  en 
1805  au  minimum  25  pièces  de  2 hect.  20 
à l’arpent  de  42  ares. 

Une  vigne  a donné  30  pièces,  soit  en 
moyenne  27  pièces  1/2  par  42  ares,  tandis 
que  la  moyenne  de  la  récolte  des  cultiva- 
teurs qui  suivent  la  méthode  du  pays  est  de 
15  pièces  environ. 

Les  vignes  de  M.  Aubry  sont  plantées  en 
bons  plants  et  en  bon  sol  ; aussi  vend-il  son 
vin  un  peu  plus  cher  que  ses  voisins. 

La  production  de  l’année  dernière  avait 
été  de  22  pièces,  vèndues  65  fr.  environ. 

On  peut  évaluer  le  cours  du  vin  de  celle 
année  à 50  fr.  la  pièce  au  minimum.  Les 


25  pièces  récoltées,  évaluées  à 50  fr.,  don- 
nent donc  au  minimum  un  produit  brut  de 
1,250  fr.  par  arpent  de  42  ares,  produit  ré- 
munérateur en  élevant  môme  les  frais  et 
faux  frais  de  culture  et  d’exploitation  à 
500  fr.  par  42  ares. 

Les  avantages  du  système  de  culture  pra- 
tiqué par  M.  Aubry  peuvent  être  résumés 
en  quelques  mots  : 

1»  Les  frais  d’établissement  de  la  vigne 
sont  beaucoup  moindres  ; cette  méthode 
exige  moins  de  plant;  en  outre,  elle  ne  de- 
mande qu’un  échalas  par  pied,  tandis  que 
la  méthode  du  pays  en  exige  trois  au 
moins. 

M.  Aubry  n’emploie  pas- plus  de  8,000 
échalas  par  hectare,  taudis  que  ses  voisins 
en  emploient  35,000  au  moins.  La  dépense 
totale,  fil  de  fer  galvanisé  compris,  ne  dé- 
passe pas  le  prix  de  11,000  échalas  à 0f70 
le  mille,  soit  770  fr.  par  hectare,  tandis  que 
celle  des  voisins  est  de  35,000  échalas,  soit 


2,  450  fr.  par  hectare.  Comme  il  a seulement 
8,000  échalas  au  lieu  de  35,000  à piquer  et 
à retirer  chaque  année  et  à renouveler  tous 
les  ans,  il  est  évident  qu’il  dépense  une 
moindre  somme  d’argent  et  de  travail. 

Quant  au  fil  de  fer,  la  dépense  première 
est  d’un  tiersmoindre  que  celle  des  échalas; 
la  durée  du  fil  de  fer  bien  galvanisé  dépasse 
celle  de  la  vigne. 

2«  Les  façons  sont  moins  nombreuses  et 
beaucoup  plus  faciles,  l’espacement  des  li- 
gnes, 1"*.10  à U”. 25,  permet  de  les  donner 
à la  charrue. 

3«  L’inclinaison  en  c/Ddes  deux  branches  à 
fruit,  portant  chacune  dix  yeux,  assure  le 
développement  d’au  moins  vingt-iiuatre 
grappes. 

M.  Aubry  supprime  chaque  année  les 
gra[)pes  excédant  ce  chilfre.  Celies  qui  res- 
tent deviennent  beaucoup  plus  belles,  et 
mûrissent  mieux.  M.  Aubry  pense  que  vingt- 
quatre  grajipes  par  cep  sont  un  produit  très- 


Pomme  Grelot. 


l 


ni 


31 


CULIURE  DE  LA  VIGNE  A LONG  BOIS. 


suffisamment  rémunérateur  pour  le  vigneron. 
Il  constate  d’ailleurs  que  ce  produit  consi- 
dérable n’altère  en  rien  la  vigueur  de  ses 
vignes. 

4^  Dans  ce  système,  l’excédant  de  sève 
inutile  pour  la  nourriture  des  grappes  se 
répand  dans  les  branches  de  remplacement 
élevées  droites,  surl’écbalas;  le  bois  grossit, 
s’aoûte  bien,  les  yeux  se  gonflent.  Par  ce 
moyen,  M.  Aubry  obtient  non-seulement 
une  belle  récolte  pour  l’année,  mais  il  s’as- 
sure, en  outre,  de  beaux  bois  de  remplace- 
ment et  une  belle  récolte  pour  l’année  sui- 
vante, avantage  que  n’ont  pas  la  plupart 
des  vignerons  qui  suivent  l’ancienne  mé- 
thode du  pays,  et  qui  ne  peuvent  pas  obte- 
nir de  beaux  bois  de  remplacement. 

Les  pieds  de  vigne  plus  éloignés  les 
uns  des  autres  ont  plus  de  puissance  de  vé- 
gétation; ils  doivent  vivre  plus  vieux. 

La  simplicité  du  travail  permet  à la 
femme  de  M.  Aubry  d’exécuter  les  menues 
façons;  Aubry,  en  s’asssociant  aux  ef- 
forts de  son  mari,  en  le  secondant  de  son 


travail,  de  son  intelligence,  a donné  un  ex- 
cellent exemple  dans  le  temps  où  les 
femmes  refusent  trop  généralement  de  s’oc- 
cuper des  travaux  de  la  culture. 

Ce  n’est  pourtant  qu’en  concourant  éner- 
giquement au  meme  but,  en  unissant  leurs 
forces,  que  les  ménagères  de  cultivateurs 
pourront  vaincre  les  obstacles,  réaliser  des 
progrès  réels. 

On  a pu  voir,  dans  le  n‘^  du  novembre 
de  la  (page  414)  que  la  Société  d’hor- 
ticulture de  Seine-et-Marne  a décerné  à 
M.  et  à Mme  Aubry  une  médaille  d’argent, 
lors  de  l’Exposition  de  Lagny,  en  septembre 
dernier.  La  Société  a tenu  à récompenser 
publiquement  le  service  rendu  par  oes  in- 
lelligents  cultivateurs,  par  l’introduction 
dans  leur  pays  d une  nouvelle  méthode  de 
culture,  bien  raisonnée,  bien  appliquée  au 
sol,  au  climat,  cà  la  nature  du  plant,  et  aussi 
simple  que  productive. 

De  La  Roy, 

Maire  de  Le  Pin  , prepriétaire-viticul- 
leiir,  secrétaire  de  laSociéle  d’IiorticulluredeMeaux. 


POMME  GRELOT. 


La  jolie  Pomme  que  représente  la  gra- 
vure coloriée  ci-contre  est  originaire  de 
Normandie.  Elle  a été  présentée  à la  Société 
impériale  et  centrale  d’horticulture,  le 
10  novembre  1804,  par  M.  Bouchard- Hu- 
zard,  et  elle  a été  considérée  comme  Pomme 
tà  cidre. 

Les  échantillons  qui  ont  servi  à faire  la 
description  de  la  Pomme  Grelot  nous  vien- 
nent des  environs  d’Alençon  ; ils  ont  été 
récoltés  sur  des  Pommiers  greffés  sur  para- 
dis et  conduits  en  cordons  horizontaux.  Les 
fruits  venus  sur  des  arbres  de  plein  vent 
sont  moins  gros.  ^ 

Nous  croyons  que  ce  joli  fruit  mérite  une 
place  plus  élevée  que  celle  qu’on  lui  a faite. 
La  beauté  de  sa  forme,  la  richesse  de  son 
coloris,  lui  donnent  une  valeur  ornementale 
qui  a été  appréciée  par  les  marchands 
de  Paris.  On  veut  que  dans  un  dessert  l’œil 
elle  goût  soient  également  satisfaits,  et  les 
pépiniéristes  feront  bien  de  ne  pas  trop  né- 
gliger un  produit  dont  l’écoulement  est 
d’autant  mieux  assuré  que  le  fruit  est  d’une 
longue  conservation. 

La  Pomme  Grelot  a0"M0  de  longueur 
sur  0"L08  de  diamètre , et  est  de  forme 
oblongue  presque  cylindrique,  déprimée  aux 
deux  extrémités;  sa  cavité  pédonculaire,  peu 
prononcée,  contient  un  pédoncule  court,  qui 
y est  entièrement  noyé.  La  cavité  calycinale, 
peu  profonde,  est  bordée  de  petites  côtes 
peu  accusées;  les  appendices  calycinaux  sont 
presque  nuis.  L’épiderme,  cà  fend  jeaune,  est 
lavé  et  strié  de  ponceau  sur  toute  La  surface, 


mais  d’un  ton  plus  foncé  sur  le  côté  exposé 
au  soleil.  La  chair  blanche,  grenue,  un  peu 
sèche,  marquée  intérieurement  de  stries 
carminées,  porte  un  arôme  presque  nul; 
l’eau  est  très-faiblement  acidulée.  Les  loges 
sémiiicales,  longues  de  0^.036  sur  ü«’Ü35\le 
diamètre,  à parois  striées  de  lignes  trans- 
verscales  couleur  bhanc  d’argent,  contiennent 
des  pépins  de  couleur  cannelle,  très-renflés 
à la  base,  terminés  en  pointe  aigüe.  Ces  pé- 
pins, eau  nombre  de  six  à sept,  sont  petits  si 
on  les  compare  à la  grosseur  du  fruit;  ils 
adhèrent  à la  nervure  de  la  loge  vers  le  pre- 
mier tiers  de  cette  nervure  ; mais  lorsque  la 
maturation  est  complète  ils  se  détcachent, 
sont  libres  dans  la  loge  et  produisent,  quand 
on  agite  le  fruit,  le  bruit  qui  a fait  donner 
à cetle  Pomme  le  nom  de  Pomme  Grelot. 

L’c^bre  pousse  des  rameaux  droits  dans 
leur  jeunesse,  divergents  chans  leur  vieillesse; 
l’écorce  jeaune  est  de  couleur  fauve  marquée 
par  de  rares  lenticelles , recouverte  d’un 
poil  qui  lui  donne  un  ton  gris  ; l’œil  est  peu 
saillant,  très-aplati,  terminé  par  une  pointe 
aigüe  ; la  feuille  ovale,  légèrement  lobée, 
se  termine  en  pointe  ; le  bouton  est  rose 
pourpré;  le  pédoncule  pubescent  ainsi  que  les 
cinq  divisions  calycinales  ; les  fleurs  grandes 
à pélales  cupuliforrnes  et  onguiculés,  sont 
d’un  blanc  pur  en  dessus,  veinés  de  rose  en 
dessous. 

La  Pomme  Grelot  est  connue  en  Crimée 
sous  le  nom  de  Poinme  de  Sinope  (Siuope 
est  le  jardin  fruitier  de  la  Turquie),  et  il  y 
en  a plusieurs  variétés,  dont  une,  à épi- 


POMME  GRELOT. 


32 

derme  vert,  a été  rapportée  par  notre  collègue 
M.  Masson.  C’est  un  fruit  médiocre,  mais 
estimé  h Constantinople  pour  la  confection 
des  compotes. 

En  finissant,  faisons  remarquer  qu’il  ne 
faut  pas  confondre  la  Pomme  Grelot  avec  la 


Pomme  Lanterne.  Ces  deux  fruits  ont  Lien 
quelques  caractères  extérieurs  communs, 
mais  la  Pomme  Lanterne  n’a  pas  de  pépins, 
et  elle  doit  son  nom  au  grand  développe- 
ment des  loges,  qui  embrassent  souvent  le 
tiers  du  fruit.  , lacuaume. 


CALADIUM  BARRAL. 


La  culture  des  plantes,  comme  l’expé- 
rience est  venue  le  démontrer  depuis  fort 
longtemps,  produit  de  nombreuses  varia- 
tions. Chez  les  unes,  ces  variations  s’ob- 
tiennent avec  la  plus  grande  facilité;  chez 
d’autres  au  contraire,  ce  n’est  qu’après  un 
temps  quelquefois  considérable  qu’on  par- 
vient à obtenir  des  résultats  satisfaisants. 
Aussi  met-on  en  usage  le  plus  possible  la 
fécondation  artificielle  comme  moyen  beau- 
coup plus  sûr  et  bien  certainem.ent  plus 
prompt.  Cette  opération,  facile  chez  quel- 
ques genres  de  plantes,  présente  très-sou- 
vent de  grandes  difficultés  chez  le  plus 
grand  nombre.  Dans  tous  les  cas,  dès  qu’elle 
à été  faite  sûrement,  on  est  presque  certain 
d’obtenir  de  bons  résultats.  On  conçoit  fa- 
cilement que  plus  les  plantes  qui  doivent 
servir  à la  production  de  nouvelles  variétés 
ont  des  caractères  dissemblables,  plus  la  fé- 
condation est  difficile,  mais  on  acquiert 
aussi  une  plus  grande  certitude  de  produire 
de  nouvelles  variétés  bien  tranchées.  C’est 
ce  qu’il  est  facile  de  constater  d’après  le 

ARBRE  GÉNÉALOGIQUE  DI 

‘Avant  de  continuer  l’explication  des  di- 
verses parties  de  notre  arbre,  nous  devons 
nous  arrêter  un  peu  pour  faire  quelques 
observations  relatives  soit  à la  couleur  de 
la  chair  des  fruits,  soit  aux  dénominations 
que  nous  avons  données  de  la  forme  des 
Heurs.  Commençant  par  les  premiers,  nous 
disons  : 

Par  l’expression  générale  de  chair  blan- 
che il  faut  comprendre  deux  choses:  les 
fruits  dont  la  chair  est  complètement  blan- 
che, qui  sont  ceux  qui  succèdentà  des  fleurs 
de  cette  couleur;  tels  sont  le  Pêcher  White 
Blossom,  le  Pêcher  de  Chine  à fleurs  blan- 
ches, et  d’autres  dont  la  chair  est  à peu  près 
dépourvue  de  couleur,  excepté  autour  du 
noyau  oû  elle  est  souvent  plus  ou  moins 
rosée,  parfois  même  très-rouge.  Chair 
blanche,  dans  la  plupart  des  cas,  se  dit  par 
opposition  soit  à chair  ronge,  qui  senties  P. 
sanguines  ou  sanguinoles,  soit  à chair 
jaune,  qu’on  rencontre  soit  chez  les 

1.  Voir  la  Revue  de  1865,  pages  292,  354,  417, 
et  le  n°  du  l^*"  janvier  1866,  page  12. 


nouveau  Caladium  que  publie  aujourd’hui 
la  Revue  horticole. 

Nos  expériences  de  l’année  1805  nous 
permettent  de  compter  sur  de  nouveaux 
produits  qui,  nous  l’espérons,  seront  ac- 
cueillis aussi  favorablement  que  les  précé- 
dents. Nous  aurons  occasion  de  revenir 
plus  tard  sur  ce  sujet.  La  belle  variété  que 
l’on  voit  représentée  sur  la  planche  coloriée 
ci-contre  est  tout  à fait  différente  de  ses  con- 
génères ; elle  est  le  produit  de  la  fécondaUon 
du  Caladium  Pœcile  anglais  par  le  Caladium 
Neuniannii.  Portées  sur  un  pétiole  complète- 
ment vert,  les  feuilles,  de  la  grandeur  de 
celles  du  Caladium  bicolor,  dont  elles  rap- 
pellent la  forme,  s’étalent  gracieusement, 
et  laissent  voir  leurs  nervures  d’un  rouge 
éclatant  encadré  d’un  rose  vif,  semblable  à 
celui  des  nombreuses  macules  dont  est  par- 
semé le  reste  du  limbe , d’un  beau  vert  foncé. 
Ces  trois  couleurs  nettement  dessinées  font 
de  cette  nouveauté  un  des  plus  beaux  gains 
qu’il  soit  possible  d’obtenir. 

A.  Bleu. 

GROUPE  PÊCHER.  ~ V \ 

Brugnonniers  Tatvny  hunfs,  Pitmaslon 
orange,  eic.,  soit  chez  \es  Pêches  Alberge 
jaune,  Pavie  abricotèe,  Admirable  jaune, 
Willermoz,  etc.,  etc.  ^ 

Nous  devons  aussi,  relativement  à l’ex- 
pression chair  jaune,  faire  une  observation 
analogue  à celle  que  nous  venons  de  faire 
au  sujet  de  cette  expression  chair  blanche; 
dire  par  exemple  que  cette  couleur  jaune 
est  celle  qui  domine,  mais  que,  dans  le  plus 
grand  nombre  de  cas,  la  partie  qui  touche 
au  noyau  est  plus  ou  moins  lavée  de  rouge  ; 
que  quelquefois  même  elle  est  aussi  très- 
rouge.  Faisons  toutefois  remarquer  qu’il 
est  certaines  variétés  dont  la  chair  est 
presque  complètement  jaune,  de  même  que 
dans  les  Pêchers  ou  dans  les  Brugnonniers 
à chair  dite  blanche,  on  en  rencontre  aussi 
dont  la  chair  est  plus  ou  moins  rouge  au- 
tour du  noyau.  Observons  du  reste  que 
toutes  les  variétés  soit  de  Pêchers,  soit  de 
Brugnonniers,  dont  les  fleurs  sont  plus  ou 
moins  colorée,  sont  susceptibles  d avoir  la 
chair  plus  ou  moins  colorée  autour  du 
noyau. 


I Uorhcch: . 


'errifi  Pin/:. 


lmp.  Zanote  rue  des  Boulangers, 13,  Pavjs. 


Caladium  Barrai. 


ARBRE  GÉNÉALOGIQUE  DU  GROUPE  PÊGHER.  — V. 


Maintenant,  relativement  à la  forme  que 
présentent  les  Heurs  des  Pêchers,  faisons 
observer  que  les  termes  campanulacécs  et 
rosacés  dont  nous  nous  servons  pour  séparer 
toutes  les  variétés  en  deux  groupes  afin  d"en 
opérer  le  classement,  présentent,  à nos  yeux 
du  moins,  un  grand  avantage,  parce  qu’ils 
évitent  de  recourir  aux  dimensions  des 
fleurs,  mode  qui,  comme  on  le  sait,  peut 
amener  de  grandes  confusions.  Nous  pré- 
férons donc,  au  lieu  des  dimensions,  nous 
baser  sur  les  formes  des  fleurs,  ce  qui  nous 
paraît  offrir  plus  de  chance  pour  pouvoir 
s’entendre. 

En  effet,  lorsqu’on  examine  les  fleurs  de 
Pécher  on  constate  qu’on  peut  les  partager 
en  deux  grandes  sections:  l’une,  qui  com- 
prend les  fleurs  dont  les  pétales,  étroits, 
longuement  onguiculés,  sont  plus  ou  moins 
cucullées  (creusées  en  cuillère);  ces  pétales, 
en  général  peu  ouverts,  donnent  aux  fleurs 
l’aspect  d’une  petite  cloche  (campana),  d’où 
le  nom  de  Campanulacées  que  nous  leur  don- 
nons. Exemples  P.  Teton  de  Vénus,  Bonou- 
vrier,  Nivette,  Brugnon  jaune,  etc. ;V  mire  sé- 
rie comprendles  fleurs  dont  les  pétales,  large- 
ment ovales,  obovales  ou  même  orbiculaires, 
très-courtement  onguiculés,  sont  ouverts 
et  étalés,  de  sorte  que  la  fleur  épanouie 
forme  une  sorte  de  rosace,  d’où  le  nom  de 
Bosacées  par  lequel  nous  les  désignons: 
exemples  Pêche  Grosse  Mignonne,  Pourprée 
hâtive,  Malte,  Pucelle  de  Matines,  etc.,  etc.. 
Brugnon  Stamvich,  Pilmaston  orange,  à 
fruits  blancs,  Gathoye,  etc.,  etc. 

Les  personnes  qui  ne  voudraient  pas 
adopter  la  marche  que  nous  proposons,  et 
qui  préféreraient  conserver  les  anciennes 
dénominations,  n’auront,  en  ne  reconnais- 
sant que  deux  dimensions  de  fleurs,  qu’à 
substituer  la  qualification  de  petites,  à 
Campanulacées,  et  celle  de  grandes,  à Bosa- 
cées. 

Le  mode  que  nous  proposons  ici  pour 
classer  les  fleurs  de  Pêchers,  présente,  nous 
le  répétons,  le  très-grand  avantage  de  per- 
mettre, en  employant  la  forme  des  fleurs 
comme  caractère  fondamental,  d’employer 
ensuite  les  dimensions  comme  caractères 
secondaires,  qui  peuvent  alors  s’appliquer  à 
telle  ou  à telle  variété  et  la  faire  recon- 
naitre;  car,  à part  les  formes,  il  est,  dans 
l’une  comme  dans  l’autre  section  des  va- 
riétés dont  les  fleurs  sont  plus  ou  moins 
grandes.  Ainsi,  nous  citerons  les  Pêchers 
d’Ispahan,  Montigny , Barrington,  etc. , etc. , le 
Brugnonnier  Noce  Bianco  , qui  bien  qu’ap- 
partenant à la  section  Bosacées,  c’est-à-dire 
des  grandes  üeurs,  ont  cependant  des  fleurs 
moyennes^  si  on  les  compare  à celles  des 
Brugnonniers  Stanwich,  Pitmaston  orange, 
ainsi  qu’a  celles  de  la  Pêche  Chang-Hai,  etc. 
Parmi  les  variétés  qui  rentrent  dans  la  sec- 
tion Campanulacées  on  rencontre,  dans  les 


3;i 

fleurs,  des  différences  encore  plus  grandes 
que  celles  que  nous  venons  de  signaler. 

Nous  devons  toutefois  faire  observer  que 
nous  ne  prétendons  pas  dire  que  le  mode 
que  nous  adoptons  est  parfait,  qu’il  écar- 
tera toutes  les  difficultés,  et  qu’en  l’em- 
ployant on  ne  rencontrera  pas  certaines  va- 
riétés qu’on  aura  de  la  peine  à classer. 
Non  ; il  n’est  aucun  moyen  humain  qui  ait 
ce  privilège.  C’est  du  reste  le  propre  des 
choses  de  la  nature  de  ne  présenter  que 
des  différences  relatives  et  continues  dans 
cette  immensité  où  tout  s’enchaîne  et  se 
confond  ; il  vient  donc  toujours  un  moment 
(celui  où  semblent  à la  fois  finir  et  com- 
mencer les  choses)  où  il  est  très-difficile 
de  se  prononcer  avec  certitude.  Ici,  toute- 
fois, l’inconvénient  est  non-seulement  rare, 
mais  il  a peu  d’importance  ; il  disparaît 
même  en  grande  partie  par  l’application 
qu’on  fait  des  autres  caractères  d’ensemble, 
à ces  variétés  plus  ou  moins  ambiguës. 

N’oublions  pas,  du  reste,  que  dans  toutes 
ces  circonstances  il  arrive  fréquemment  que 
certains  caractères  sont  communs  à plu- 
sieurs variétés,  de  sorte  qu’il  est  quelquefois 
difficile  de  différencier  celles-ci  par  une 
description.  La  pratique  seule  peut  le  faire, 
parce  qu’elle  dispose  de  cerlains  petits  ca- 
ractères, que  l’on  pourrait  appeler  à'habi- 
iüde,  que  la  science  ne  peut  rendre. 

Cette  sorte  de  digression  que  nous  avons 
cru  nécessaire  de  faire,  afin  d’éloigner  toute 
cause  d’obscurité  ou  de  confusion,  étant 
terminée,  nous  allons  reprendre  l’explica- 
tion descriptive  de  notre  arbre  au  point  où 
nous  l’avions  laissée,  c’est-à-dire  à la 
deuxième  section  des  Pêchers-Perséquiers, 

^ La  deuxième  grosse  branche  bb  ^ , pla- 
cée sur  le  membre  B B,  et  qui  constitue  la 
2e  section  des  pêchers  perséquiers,  a pour 
caractère  essentiel  des  feuilles  pourvues  de 
glandes  globuleuses,  caractère  commun  à 
toutes  les  variétés  que  porte  cette  branche. 
De  même  que  la  branche  a a qui  la  précède 
et  qui  forme  la  première  section  de  cette 
tribu,  cette  branche  b b présente  à son 
tour  deux  ramifications  principales  dont 
l’une,  n«  10, 10,  porte  des  fruits  à chair  blan- 
che, tandis  que  l’autre,  n»  11,  11,  porte  des 
fruitsà  chair  jaune  -.  Ces  deux  ramifications, 
en  se  subdivisant  en  deux  autres  caractéri- 
sées par  la  forme  des  fleurs  des  variétés 
qu’elles  portent,  constituent  les  branches 
n»  12,  13,  14,  15;  puis  comme  précédem- 
ment, celles-ci  se  ramifient  autant  que  cela 
est  nécessaire,  de  manière  que  chacune  des 
dernières  ramifications  correspo-nde  à un 
seul  groupe  distinct  par  la  couleur  de  ses 
fleurs. 

1.  Voir  la  planche  publiée  dans  le  n°  du  1®''  août 
1865. 

2.  Relativement  à la  couleur  de  la  chair,  voir  ci  - 
dessus,  page  32. 


ARBRE  GÉNÉALOGIQUE  DU  GROUPE  PÉCHER.  — V. 


34 

La  troisième  branche  eu,  qui  naît  sur  le 
membre  B B,  a pour  caraclère  essentiel 
des  feuilles  dépourvues  de  glandes^  carac- 
tère également  propre  à toutes  les  variétés 
quelle  porte.  Cette  branche  constitue  la  troi- 
sième section  des  Pêciiers-Perséquiers.  Les 
ramifications  quelle  porte , qui  se  montrent 
d’après  le  même  ordre  que  celles  de  la  bran- 
che bb,  qui  constitue  la  deuxième  section, 
suivent  aussi, dansleur  développement, demê- 
me  que  dans  leurs  ramifications  ultérieures, 
une  marche  analogue  à celle  qu’ont  suivie 
les  ramifications  qui  constituent  celte 
deuxième  section,  de  sorte  qu’on  a,  pour  cette 
troisième  section,  les  ramifications  ipH G,  10 
et  nos  17,  17^  qui  représentent  les  deux  races 
à chair  blanche  et  à chair  jaune,  puis  les  ra- 
mifications nos  18,  19,  20,  21 , qui  indiquent 
les  sous-races,  qui  sont  caractérisées  par  la 
forme  des  fleurs. 

Sur  les  branches  bb  et  c c,  qui  consti- 
tuent la  première  et  la  deuxième  section,  on 
ne  connaît,  jusqu’eà  ce  jour  du  moins,  que  des 
fruits  à chair  blanche  ou  à chair  junne  Ces 
deux  sections  sont  donc  moins  complètes  que 
la  première,  la  section  a a;  car,  non-seule- 
ment celle-ci  a une  forte  ramification  de  plus 
(celle  qui  porte  le  no  3,  dont  les  fruits  sont 
à chair  rouge),  mais  encore,  on  remarque 
sur  la  branche  n»  1 , dont  les  fruits  sont  à 
chair  dite  blanche,  que  la  ramification  n«  5, 
qui  a pour  caractères  des  fleurs  rosacées, 
porte  deux  autres  ramifications  dont  l’une, 
la  deuxième  est  caractérisée  par  des  fleurs 
tout  cà  fait  blanches,  de  sorte  que  les  fruits 
qui  leur  succèdent  ont  la  chair  complète- 
ment dépourvue  de  couleur  : c’est  sur  cette 
ramification  que  se  trouve  le  Pécher  de  la 
Chine  éi  jleurs  blanches,  doubles  ^ 

Le  deuxième  membre  C C,  parlant  du 
tronc  A,  a pour  caractères  essentiels  des 
fruits  qui,  avec  la  peau  velue,  ont  la  chair 
non  adhérente  au  noyau;  ces  caractères, 
qui  sont  propres  cà  toutes  les  variétés  qui  se 
placent  sur  ce  membre,  constituent  la  Tribu 
des  Pêciiers-Alrergiers.  L’évolution  suc- 
cessive de  ses  diverses  ramifications  est  la 
représentation  tout  à fait  exacte  de  celle 
qu’offre  le  membre  B B;  le  nombre  et  la 


disposition  en  sont  aussi  absolument  les 
mômes,  et  l’on  remarque  également  que  la 
grosse  ramification  cl  d,  qui  constitue  la 
première  section  de  ce  membre,  de  meme 
que  celle  qui  constitue  la  première  section 
du  membre  B B,  qui  est  marquée  par  les 
lettres  a a,  dont  elle  est  l’analogue  , porte, 
comme  cette  dernière,  trois  ramifications 
principales  ips  1,  2,  3,  qui  correspondent 
aussi  aux  trois  sortes  (races)  de  fruits  à 
chair  blanche,  à chair  jaune  et  à chair  rouge, 
qu’on  trouve  également  sur  la  ramification 
a a du  membre  B B;  et,  de  même  encore 
que  sur  cette  dernière  on  remarque,  sur 
la  première  ramification  de  la  branche  d d 
du  membre  G C,  une  ramification  secon- 
daire (iF  5),  caractérisée  par  des  fleurs  ro- 
sacées, sur  laquelle  on  eu  voit  une  plus 
petite  qui  porte  des  fleurs  complètement 
blanches  : c’est  sur  cette  dernière  ramifi- 
cation que  vient  se  placer  le  Pêcher  Milite 
Blossom,  qui  est  l’analogue  et  le  représen- 
tant du  Pêcher  de  la  Chine  à fleurs  blan- 
ches, qui  se  trouve  placé  sur  cette  même 
ramification  n"  5,  mais  sur  le  memhre  B B. 

Les  deux  autres  ramifications  principales 
de  cette  branche  d d,  qui  portent  les  iF^  2 
et  3,  sont  exactement  aussi  les  représen- 
tants de  celles  qui  portent  ces  mêmes  nu- 
méros sur  la  ramification  a a du  mem- 
bre B B. 

Les  deuxième  et  troisième  sections  du 
membre  G G,  marquées  par  les  lettres  e e 
et  f f,  sont  identiques  avec  celles  marquées 
parles  lettres  b b et  c c,  qui  forment  égale- 
ment les  deuxième  et  troisième  sections  du 
membre  B B. 

On  a pu  voir  par  ce  qui  précède,  ainsi 
que  nous  l’avions  annoncé,  que  le  mem- 
bre G G est  la  représentation  exacte  du 
membre  B B;  la  seule  différence  qu’il  pré- 
sente porte  sur  les  fruits,  qui,  chez  ce  der- 
nier, sontcà  chair  adhéren  te  au  noyau,  tandis 
que  ceux  du  membre  G G ont  la  chair  libre. 
Gette  analogie  nous  dispense  d’en  dire  da- 
vantage relativement  à leurs  ramifications, 
puisque,  étant  les  mêmes,  nous  n’aurions 
qu’à  nous  répéter. 

Carrière. 


SUR  LA  MALADIE  DU  CÉLERI  A CHERBOURG. 


Dans  une  des  dernières  réunions  de  la 
Société  d’horticulture  de  Gherbourg,  on  a 
parlé  d’une  maladie  qui  attaque  le  Géleri;  on 
a dit  que  cette  plante  se  couvre  fréquemment 
d’un  Ghampignon  appelé  Oïdium  qui  la 

1.  Il  s’agit  ici  de  fruits  à chair  blanche  ou  jaune, 
en  général  idus  ou  moins  rosée  autour  du  noyau, 
succédant  à des  fleurs  roses,  plus  ou  moins  foncées 
ou  plus  ou  moins  carnées. 

2.  Nous  ne  tenons  pas  compte  de  la  duplicature 
des  Heurs  jiour  opérer  le  classement  des  variétés  de 
Pêchers;  d’ahord  parce  que  ce  caractère  est  peu 


détruit  promptement.  J’ai  fait  remarquer 
qu’avant  de  cherchera  guérir  cette  maladie, 
il  édait  indispensable  de  bien  reconnaître  le 
cryptogame  qui  attaque  la  plante  ; j’ai  dit 
en  outre,  que  je  croyais,  d’après  la  descrip- 

important,  qu’il  n’a  aucune  influence  sur  les  fruits, 
ensuite  et  surtout  parce  que  les  variétés  qui  le  pré- 
sentent sont  rares.  Si  plus  tard  ces  variétés  deve- 
naient nombreuses,  on  pourrait  les  placer  sur  des 
ramifications  particulières,  en  tenant  compte,  pour 
en  opérer  le  classement,  des  caractères  fondamen- 
taux qu’elles  présentent. 


35 


SUR  LA  MALADIE  DU  CÉLERI  A CHERBOURG. 


lion  qu’on  venait  d’en  donner  , que  ce 
parasite  pourrait  être  V Oïdium  aureum; 
j’ai  n jouté,  entin,  que  je  me  réservais  d’é- 
ludier  la  question.  Je  m’étais  trompé  dans 
mon  appréciation,  ainsi  que  la  personne  qui 
a avancé  que  ce  cryptogame  était  un 
Oïdium. 

D’après  l’étude  que  je  viens  de  faire  de 
cette  plante,  je  crois  que  c’est  un  Uredo  Apii 
(jraveoleniis. 

Les  différences  qui  existent  entre  les 
Oïdium  et  les  t/rerfo  sont  très-importantes  à 
connaître  en  vue  de  la  guérison  projetée, 
parce  qu’elles  n’ont  pas  la  même  manière 
(le  vivre  et  qu’elles  n’appartiennent  pas  à la 
même  famille. 

Les  Oïdium  sont  classés  par  les  auteurs 
dans  les  Mucédinées,  tandis  que  les  Uredo 
le  sont  dans  les  Urédinées.  Ces  deux  familles 
diffèrent  entre  elles  sur  plusieurs  points. 
D’abord  les  Mucédinées  se  développent 
on  général  sur  les  corps  en  décomposition, 
les  bois  morts,  les  feuilles  à demi  sèches,  etc. 
Les  Urédinées , au  contraire , végètent 
le  plus  souvent  sur  les  plantes  vivantes. 
En  outre,  les  Mucédinées  prennent  nais- 
sance et  vivent  à la  surface  des  feuilles  ou 
des  autres  corps  en  décomposition  ; tandis 
que  les  Urédinées  commencent  leur  existence 
sous  l’épiderme  des  tiges,  des  feuilles  ou 
des  Heurs  des  plantes  vivantes. 

Voici  d’ailleurs  les  caractères  principaux 
(|ue  j’ai  reconnus  dans  la  plante  vivant  sur 
le  Céleri,  plante  qui  l’attaque  vivement  et  le 
détruit  })romptement. 

OEcidinées,  sporidies  variables  placées  sur 
le  parenchyme  des  plantes,  sous  Uépiderme, 
qui  se  rompt  sans  se  tuméfier. 

Uredo,  sporidies  uniloculaires,  non  cloi- 
sonnées, libres,  rarement  pédicellées,  ramas- 


sées en  groujies  ou  éparses,  couvertes  d’a- 
bord par  Uépiderme  qui  se  déchire  irrégu- 
lièrement et  forme  une  sorte  de  faux  pcri- 
dium.  Sporidies  brunes  sessiles  ou  appen- 
dues  (appendiculalis). 

Uredo  apii  graveolenlis,  pustules  arron- 
dies assez  larges , éparses  à la  surface  des 
feuilles  de  V Apiiim  grave  )lens  j sporidies  de 
couleur  brune  et  de  forme  ovale  ou  ronde, 
entourées  par  les  bords  de  l’épiderme. 

Je  me  permettrai  .de  faire  remarquer 
qu’afin  de  chercher  à guérir  le  Céleri  de  la 
maladie  qui  l’attaque,  il  est  nécessaire  avant 
tout  d’en  rechercher  la  cause.  Cette  maladie 
est-elle  occasionnée  par  le  cryptogame  que 
l’on  remarque  sur  cette  plante  ou  par  toute 
autre  cause  ? Dans  la  circonstance,  je  pense 
que  ce  parasite  est  la  cause  du  mal  et  par 
conséquent  de  la  destruction  de  la  plante. 
En  effet,  si  l’on  examine  la  partie  de  la 
feuille  qui  entoure  chaque  sporidie,  on  re- 
marque que  cette  partie  est  jaune  et  trans- 
lucide- et  paraît  brûlée  comme  si  l’on  avait 
fait  tomber  sur  cet  endroit  une  goutte  d’acide 
concentré  ; et  puis  l’on  remarque  souvent  ce 
cryptogame  sur  des  feuilles  vertes  et  bien 
portantes,  feuilles  que  l’on  voit  bientôt  s’al- 
térer par  une  infinité  de  brûlures  au  fur  et 
à mesure  que  le  cryptogame  se  propage. 

Quant  à î’Uredo  que  je  viens  de  décrire,  je 
serais  heureux  qne  des  botanistes  plus  ex- 
perts que  moi  voulussent  bien  s’en  occuper 
afin  de  confirmer  ou  de  combattre  ce  que 
j’avance  quant  à la  famille,  au  genre  et  à l’es- 
pèce du  cryptogame. 

Je  terminerai  en  disant  que  le  soufre  se- 
rait, je  crois,  le  remède  le  plus  efficace  que 
l’on  pourrait  employer  contre  cette  maladie, 
en  le  répandant  au  mois  d’août. 

De  Ternisien. 


EMPLOI  DES  ADJECTIFS  LATINS  DANS  LA  DÉNOMINATION 

DES  PLANTES  POTAGÈRES. 


Depuis  longtemps,  les  amateurs  d’horti- 
culture de  tous  les  pays  sont  privés  de  faire 
venir  directement  une  partie  des  plantes 
potagères  dont  ils  ont  besoin,  soit  pour  leurs 
jardins,  soit  pour  leur  table,  faute  d’une 
nomenclature  suffisamment  explicative  pour 
les  désigner.  Les  types  et  les  premières 
variétés  furent  cependant  décrits  et  dé- 
nommés avec  soin  par  les  savants  qui  nous 
précédèrent  dans  les  sciences  et  la  pratique 
horticole;  nous  regrettons  vivement  que  l’on 
n’ait  pas  continué  cette  grande  et  impor- 
tante oeuvre,  si  laborieusement  commeiicée 
dans  le  siècle  dernier  par  des  hommes  re- 
marquables, tels  que  Gilibert,  Dalescamp, 
Dumont  de  Courcet,  etc.  I.es  noms  généri- 
({ues  ne  suffisent  plus  à présent  pour  distin- 
guer entre  elles  les  bonnes  et  nombreuses 
variétés  fixes,  et  les  sous-variétés  légumières, 


conquises  depuis  un  demi-siècle  environ  par 
les  semeurs  français  etétrangers.Cesespèces, 
races  ou  variétés  jardinières,  étant  rare- 
ment accompagnées  de  leur  adjectif  qualifi- 
catif latin,  il  en  résulte  une  confusion  per- 
manente, regrettable  et  mutuelle  entre  les 
vendeurs  et  les  acheteurs,  à laquelle  il  est 
temps,  croyons-nous,  de  remédier.  Les  qua- 
lifications que  nous  désirons  voir  adopter 
})ar  les  botanistes,  et  que  nous  soumettons 
à leur  appréciation  et  à leur  juste  approba- 
tion, seraient  très-utiles  surtout  dans  les 
transactions  commerciales  et  horticoles,  et 
c’est  <à  ce  point  de  vue  que  nous  plaçons 
principalement  la  question.  Car  il  ne  suffit 
pas,  comme  on  le  sait,  de  parler  la  langue 
d’un  pays,  il  faut,  dans  l’état  actuel  des  cho- 
ses, connaître  encore  les  noms  vulgaires  des 
idantes  potagères. 


36  EMPLOI  DES  ADJECTIFS  LATINS  DANS  LA  DÉNOMINATION  DES  PLANTES  POTAGÈRES. 


Exemple  : Comment  un  Français,  ama- 
teur, propriétaire,  ou  autre,  demandera-t- 
il  à un  marchand  ou  à un  jardinier  de  Lon- 
dres, de  Saint-Pétersbourg,  de  Madrid,  de 
Vienne,  de  Philadelphie,  etc.,  de  la  graine 
de  Chou  de  Bruxelles  ; de  Chicorée  frisée 
d'Italie  ou  de  Meaux;  de  Poireau  de  Rouen; 
de  Céleri  de  Tours;  du  Haricot  beurré  ou 
d'Alger;  du  Haricot  flageolet;  du  Haricot 
de  Soissons  nain  et  à rames;  de  l'Oignon 
d'Egypte;  de  l'Oignon  sous  terre,  etc.,  etc., 
sans  crainte  d’être  trompé?  Et  évidemment 
s’il  l’était,  il  ne  pourrait  pas  en  rendre  res- 
ponsable le  marchand  ou  le  jardinier  au- 
quel il  se  serait  adressé,  puisque  ni  l’un  ni 
l’autre  ne  se  seraient  compris  dans  le  mar- 
ché. 

Il  serait  donc  temps,  croyons-nous,  d’ap- 
porter un  remède  à ce  mauvais  état  de 
choses,  et  de  mettre  un  terme  à ce  dédale, 
dans  lequel  vendeur  et  consommateur  se 
débattent  depuis  trop  longtemps  sans  pou- 
voir en  sortir.  Non-seulement  les  Pois,  les 
Haricots,  les  Salades,  mais  beaucoup  d’au- 
tres genres  ne  peuvent  être  demandés,  en 
France,  par  les  correspondants  étrangers, 
elviceversâ , qu’avec  des  peines  inouïes,  et 
très-souvent,  pour  lever  les  obstacles,  les 
marchands  sont  dans  la  nécessité  d’envoyer 
ou  de  demander  des  spécimens  en  nature 
pour  échantillons,  afin  de  ne  pas  être  trom- 
pés. Comme  on  le  voit  ce  genre  de  transac- 
tion n’est  ni  prompt  ni  commode,  et  il  faut 
avoir  été,  comme  nous,  trente-cinq  ans  dans 
le  commerce  de  graines  pour  en  bien  com- 
prendre et  bien  apprécier  tous  les  inconvé- 
nients. Pour  un  amateur,  les  difficultés  sont 
encore  plus  grandes,  car  il  arrive  très-sou- 
vent  qu’il  ne  connaît  que  de  nom  ou  de 
réputation  le  légume  qu’il  veut  se  procurer. 
Si  la  demande  a lieu  par  lettre,  il  est  encore 
bien  plus  exposé  à recevoir  une  plante  pota- 
gère pour  une  autre. 

Voici  un  premier  essai  de  Nomenclature 
sur  quelques  plantes  seulement.  Ce  travail 
rudimentaire  n’ayant  rien  d’absolu,  quant 
à nous,  nous  le  croyons  donc  très-suscepti- 
ble d’être  remplacé  par  un  meilleur.  Avec 
l’aide  et  le  concours  des  lecteurs  de  la 
Revue,  il  pourrait  recevoir  quelques  modifi- 
cations en  ce  qui  concerne lesadjectifslatins; 
les  nôtres  pourraient  être  avantageusement 
remplacés  par  d’autres,  mieux  appropriés 
aux  variétés  fixes  des  plantes  potagères. 

Notre  système  est  basé  sur  les  noms  fran- 
çais pour  la  plupart,  et  nous  croyons  qu’il 
serait  nécessaire  de  bien  s’entendre  d’abord 
sur  l’origine  des  plantes  potagères  avant 
d’entreprendre  et  de  perfectionner  les 
dénominations  nouvelles,  il  conviendrait, 
il  nous  semble,  de  se  mettre  d’accord  sur 
les  adjectifs  latins,  de  la  Chicorée  de  Meaux 
et  d'Italie;  du  Poireau  de  Rouen;  du  Céleri 
de  Jours;  du  Pois  Clamari\  du  Haricot  de 


Soissons  nain  et  à rames,  etc.,  etc,^  que 
nous  ne  sommes  pas  autorisés  à revendiquer 
comme  plantes  essentiellement  françaises. 

Essai  sur  la  nomenclature  des  variétés 
fixes  dans  les  plantes  potagères. 

Arroche  rouge;  Atrîplex  ruhra. 

Betterave  blanche  ; Beta  albîda. 

Betterave  rouge  longue;  ruhra  longior. 

Betterave  jaune  longue;  Beta  flavens  longior,  ou 
lutea. 

Betterave  champêtre;  Beta  campestrîs. 

Cardon  de  Tours  ; Cynara  Cardunculus  Turonensis. 

Cardon  d’Espagne;  Cynara  Cardunculus.  Hispa- 
nicus. 

Carotte  rouge  longue;  Daucusruher  longus. 

Carotte  rouge  demi-longue;  Daucus  ruber  senti- 
longus. 

Carotte  jaune  longue  ; Daucus  flavens  longus. 

Céleri  plein  blanc  ; àpium  solidum  album. 

Céleri  Turc  ; Adium  turcicum. 

Céleri  plein  rouge  de  Tours;  Apium  solidum  ru- 
brum  Turonense. 

Céleri  rave  ; Apium  rapum. 

Cerfeuil  frisé  ; Scandix  erispus. 

Chicorée  frisée  de  Meaux;  Cichorîum  crispum 
Meldense. 

Chicorée  fine  d’été  ou  ù’ItaMe’,  Cichorîum  crispum 
Italicum. 

Chicorée  scarole;  Cichorium  escarola. 

Chou  pommé  blanc  de  Saint-Denis  ; Brassica  capi- 
tata alba. 

Chou  cavalier,  à vaches  ; Brassica  vaccina;  B.  Pro- 
cera. 

Chou  quintal;  Brassica  cemtumpondia. 

Chou  rouge  pommé;  Brassica  capitata  rubra. 

Chou  vert  non  pommé;  Brassica  viridis. 

Chou  de  Milan  ipommé  \ Brassica  sulbetia  crispa. 

Chou  frisé  de  Savoie  ; Brassica  fimbriata. 

Chou  à Jets  de  Bruxelles  ; Brassica  multiplicata 
ou  polycephala.. 

Chou  rave;  Brassica  rapa ; B.  gonglioïdes. 

Chou  navet;  Brassica  napus. 

Concombre  long  blanc;  Cucumis  longus  albus. 

Concombre  long  jaune;  Cucumis  longus  aureus. 

Concombre  à cornichon;  Cucumis  condimenta- 
rius. 

Courge  gourde  ; Cucurbita  lagenaria. 

Fève  rouge;  Faba  rubra. 

Fève  verte;  Faba  viridis. 

Fève  large  de  Windsor;  Faba  macrocarpa. 

Fève  Julienne  petite;  Fabaparva. 

Fève  naine;  Fahanana. 

Fève  pourpre;  Faba  purpurea. 

Haricot  de  Soissons  à rames;  Phaseoîus  Suessio- 
nensis  scandens. 

Haricot  de  Soissons  nain;  Phaseoîus  Suessionen- 
sis  nanus 

Haricot  flageolet;  Phaseoîus  fistulatus. 

Haricot  rouge  de  Chartres  ; Phaseoîus  ruber  Car- 
nutensis. 

Haricot  beurré  ou  d’Alger;  Phaseoîus  silico-palli- 
dus,  ou  translucidus. 

Haricot  noir  de  Belgique;  Phaseoîus  niger  Bel- 
gicus. 

Haricot  Suisse  gris,  de  Bagnolet;  Phaseoîus  varie- 
gains  Helveticus. 

Haricot  riz;  Phaseoîus  oryza. 

Laitue  Cotte  petite;  Lactuca  parva. 

Laitue  Georges  d’hiver;  Lactuca  hyemalys. 

Laitue  de  Versailles  ; Lactuca  versaliensis. 

Laitue  palatine;  Lactuca  palatina. 

Laitue  passion  ; Lactuca  passiona. 

Laitue  Batavia  blonde;  Lactuca  Batavia  hlonda. 

Laitue  Batavia  brune  ; Lactuca  Batavia  subnigra 
O"  bruna. 

Laitue  de  Malte;  Lactuca  melita. 

Laitue  chicorée  à tondre;  Lactuca  undulata. 

Laitue  sanguine;  Lactuca  sanguinea. 


87 


EMPLOI  DES  ADJECTIFS  LATINS  DANS  LA  DÉNOMINATION  DES  PLANTES  POTAGÈRES. 


Laitue  Romaine  verte;  Lactuca  Romana  ou  longe 
viridis. 

Laitue  Romaine  panachée;  Lactuca  Romana  ou 
longa  variegata. 

Laitue  Romaine  rouge  d’hiver  ; Lactuca  Romana 
ou  tonga  ruhicosa  hyetnatis. 

Navet  long  des  Vertus  ; Brassica  napus  tonga 
atha. 

Navet  de  Clair-Fontaine  ; Brassica  napus  clarus 
fons. 

Navet  de  Meaux  ; Brassica  napus  meldcnsis. 

Navet  d’Hanneucourt  ; Brassica  napus  Hanncu- 
courtii. 

Navet  petit  de  Berlin  ; Brassica  napus  BerliniU 
parva. 

Navet  noir  long  d’Alsace;  Brassica  napus  nigra 
Atsatia. 

Navet  jaune  long;  Brassica  napus  ftava  tonga. 

Navet  jaune  rond;  Brassica  napus  ftava  roiunda. 

Oignon  rouge  pâle;  A Hum  ccpa  rubra  pattida. 

Oignon  blond,  ou  jaune  des  Vertus;  Atlium  ccpa 
tdonlta. 

Oignon  rouge  foncé;  Atlium  ccpa  ruhîcunda^  ou 
viotdcea. 

Oignon  poire  ou  pyriforme;  Atlium  ccpa pyri for- 
mi  s. 

Oignon  blanc  hâtif;  Atlium  cepa^  atha  prœcox. 

Oignon  blanc  gros  tardif;  Atlium  cepa  alba 
tardiva. 

Oignon  très-gros  de  Madère;  Atlium  cepa  Madcra. 

Oignon  d’Egypte  oubulbifère;  Alliumcepabul- 
bifera. 

Oignon  patate,  oignon  sous  terre;  Alliiim  cepa 
subterranea. 

Panais  rond  ; Pastinaca  roiunda. 

Persil  frisé;  Apium  pctrosetinum  crispum^  oMun- 
dutaium. 

Persil  navet,  ou  à grosses  racines;  Apium  petro- 
sctum  napum. 

Poireau  long;  Altium  Porrum  commune. 

Poireau  gros  court  de  Rouen;  Atlium  Porrum 
Rolhomagense. 

Pois  Prince-Albert;  Pisum  princeps  Albcrtus. 

Pois  Michaux  de  Hollande;  Pisum  prœcox. 

Pois  deMarly;  Pisum  Marliacum. 

Pois  de  Clamart;  Pisum  Ctarrnartiacum. 

Pois  de  Knight  à rame;  Pisum  Knightii  etatim. 

Pois  de  Knig'th  nain;  Pisum  Knigtiin  nanum. 

Pois  à bouquets;  Pisum  umbeltahim. 

Pois  vert  normand;  Pisum  viridum  etatiim. 

Pois  vert  nain;  Pisutn  viridum  nanum. 

Pois  sans  parchemin;  Pisum  exoriicatum. 

Pois  carré  blanc;  LHsum  quadrahim. 

Radis  rose  rond;  Raphanus  roseus  rotundus. 

Radis  rose  demi-long;  Raphanus  roseus  scmi- 
longus. 

Radis  blanc  rond;  Raphanus  atbus  rotundus. 

Radis  violet  rond  ; Raphanus  viotaceus  rotundus. 

Radis  jaune;  Raphanus  flavens. 

Radis  noir;  Raphanus  niger. 

Rave  rose  longue;  Raphanus  roseus  tongus. 

Rave  violette  longue;  Raphanus  viotaceus  tongus. 

Rave  blanche  longue;  Raphanus  albiis  tongus,  etc. 

Depuis  un  an  que  nous  nous  en  occu- 
pons, celte  question  a fait  son  chemin; 
elle  a bien  rencontré  ça  et  là,  sur  son 
passage,  quelques  détracteurs,  mais  nous 
sommes  heureux  de  pouvoir  annoncer  au- 
jourd’hui que  nous  avons  reçu  de  hauts 
encouragements , de  la  part  d’hommes  tout 
à fait  désintéressés  dans  cette  proposition, 
faite  d’ailleurs,  par  nous,  dans  l’intérêt  pu- 
blic. Les  adhérents  sont  très-nombreux,  et 
pour  nous  conformer  au  cadre  de  la  Revue 
hoidicoJe,  nous  ne  citerons  par  extraits  que 
trois  lettres,  émanant  d’hommes  des  plus 
compétents  en  cette  matière.  Nous  men- 


tionnerons d’abord  la  lettre  que  nous  avons 
reçue  du  président  de  la  Société  Royale 
d’horticulture  de  Londres,  en  réponse  à no- 
tre communication;  elle  est  conçue  en  ces 
termes  : 

« Londres,  22  juin  1864...  South  Kensigton.  W. 

c J’ai  reçu,  longtemps  avant  le  Conseil,  votre 
proposition  pour  une  uniformité  de  noms  latins 
pour  les  légumes.  Nous  voyons  des  difficultés 
considérables  dans  cette  question,  mais  soyez 
persuadé  que  pourtant  le  résultat  répondra  à 
votre  attente.  » 

M.  Des  Moulins,  président  de  la  Société 
linnéenne  de  Bordeaux,  botaniste  distin- 
gué, nous  a adressé,  le  17  février  dernier, 
la  lettre  suivante  dont  nous  extrayons  les 
passages  relatifs  à la  question  des  adjectifs 
latins  ; 

« Votre  intéressante  lettre  du  6 de  ce  mois 
m’est  parvenue  fort  à propos,  quand  je  venais 
de  lire  le  compte-rendu  du  Congrès  interna- 
tional d’horticulture  de  Bruxelles,  où  j’avais 
suivi  avec  intérêt  les  discussions  qu’ont  soule- 
vées vos  propositions.  Avant-hier  soir,  en  don- 
nant par  une  sorte  de  rapport  verbal  à la  So- 
ciété linnéenne  une  idée  du  contenu  de  ce  beau 
volume,  je  n’ai  pas  voulu  me  priver  d’y  joindre 
la  lecture  entière  de  votre  lettre  et.  de  prendre 
avant  de  vous  répondre  l’avis  motivé  de  nos 
collègues. 

((  Vous  demandez,  Monsieur,  une  chose  très- 
raisonnable  et  TRÈS-ÜTILE  lorsque  vous  désirez 
voir  distinguées,  à l’aide  d’une  nomenclature 
uniforme  et  qui  soit  comprise  également  de 
tout  le  monde,  les  variétés,  races  et  formes 
que  les  horticulteurs  sont  dans  l’usage  vicieux 
d’appeler  espèces.  Il  est  infiniment  à désirer 
que  vos  vœux  soient  exaucés  dans  l’intérêt 
de  la  science  horticole  et  même  botanique,  et 
dans  l’intérêt  de  Vindustrie  horticole  et  agri- 
cutt ur ale  ; mvih  il  est  infiniment  difficile  d'at- 
teindre ce  but,  parce  qu’il  n’y  a pas  de  nomen- 
clature officielle,  légale,  commandée  par  une 
autorité  appuyée  sur  une  loi  pénale.  Les  par- 
ticuliers n’y  peuvent  rien!  Les  Sociétés  savantes 
de  province  n’y  peuvent  rien  non  plus  ! et 
pourtant  tout  le  monde  sent  la  gravité  des 
inconvénients  que  vous  avez  signalés,  les  avan- 
tages qu’on  recueillerait  si  on  réussissait  à y 
porter  remède;  enfin,  la  justesse  du  choix  que 
vous  avez  fait  en  demandant  une  nomenclature 
latine  et  uniforme. 

« Mes  collègues  m’ont  donc  autorisé,  Mon- 
sieur, à vous  faire  part  d’une  réflexion  que  je 
leur  ai  soumise  et  de  laquelle  vous  pourriez 
tirer,  peut-être,  quelque  conséquence  utile 
pour  la  direction  à donner  à vos  efforts. 

« C’est  sous  le  patronage  des  plus  grands 
noms  de  la  science  botanique  et  horticulîurale 
h la  fois  que  se  poursuit,  au  Jardin  des  Plantes 
de  Paris,  une  splendide  et  classique  publication, 
nommée  le  Jardin  friiitier  du  Muséum. 
Cette  publication  est  entièrement  en  dehors  de 
la  science,  puisqu’il  ne  s’agit  pour  elle  que  de 
fixer  les  noms  distinctifs  et  les  caractères  des 
diverses  variétés  ou  races  de  Pommes,  de 
Poires,  de  Prunes,  de  Pêches,  de  Fraises,  etc.  ; 
et  n’est-il  pas  bien  évident  que  tous  les  horti- 


EMPLOI  DES  ADJECTIFS  LATINS  DANS  LA  DÉNOMINATION  DES  PLANTES  POTAGÈRES. 


culteurs  seront  lieureux,  dans  leur  propre  in- 
térêt, de  se  conformer  à cette  nomenclature, 
qui  finira  ainsi,  non  par  la  force,  mais  à l’aide 
de  la  persuasion  et  de  l’intérêt  individuel,  à 
faire  loi  dans  le  monde  horticole? 

« Hé  bien,  Monsieur,  si  ces  hommes  haut 
placés  et  dont  personne  ne  songe  à contester  la 
j*espectable  prééminence,  voulaient  bien,  pour 
l’utilité  de  tous,  prendre  à coeur  cette  partie 
de  vos  propositions;  — s’ils  consentaient  à pa- 
troner,  à diriger  les  travaux  d’une  commission 
choisie  par  eux  et  qui  recevrait  pour  mission 
la  rédaction  d’une  nomei^ature  latine,  régu- 
lière et  correcte,  pour  les  soi-disant  espèces 
jardinères,  de  légumes  et  de  plantes  orne- 
mentales les  plus  en  usage; — si,  enfin,  ils  en 
puhliüieni  comme  appendice  au  Jardin  fruitier 
du  Muséum,  la  LISTE  approuvée  par  eux, 
signée  par  eux,  et  enrichie  des  synonymes  in- 
dispensables, pour  qu’on  vienne  a s’entendre, 
croyez-vous  que  ce  ne  serait  pas  la  manifesta- 
tion d’une  autorité  à laquelle  la  plupart  des 
horticulteurs  seraient  heureux  de  se  soumettre, 
parce  qu’en  définitive,  si  Va?nour  propre  per- 
sonnel y perdait  un  peu,  l'intérêt  personnel  y 
trouverait  à gagner. 

((  Tel  est  Monsieur,  le  sommaire  des  ré- 
flexions que  votre  bonne  lettre  m’a  inspirées, 
et  que  nos  collègues  m’ont  permis  de  vous 
exposer,  en  faisant  mention  de  leur  sympathique 
adhésion.  Agréez,  etc.  » 

Nous  partageons  sincèrement  et  entière- 
ment Tavis  de  M.  Des  Moulins,  ainsi  que 
l’opinion  des  membres,  si  nettement  expri- 
mée, de  la  Société  linnéenne  de  Bordeaux; 
c’est  dans  cet  espoir  et  dans  cette  convic- 
tion que  nous  faisons  appel  à tous  les 
hommes  dévoués  à la  botanique  et  à l’hor- 
ciilture,  en  les  priant  de  prêter  leur  con- 
cours à cette  entreprise  éminemment  utile  à 
tous.  Pour  la  mener  à bonne  fin,  il  faut 
du  bon  vouloir,  de  la  patience  et  de  la 
persévérance,  et  d’avance  nous  osons  espé- 
rer que  les  hommes  dont  nous  invoquons 
les  lumières  ne  nous  feront  pas  défaut. 

Nous  avons  reçu  de  M.  l’abbé  Brou  une 
lettre  datée  d’Oulins  (Eure-et-Loir^,  sur 
cette  intéressante  question  des  adjectifs 
latins.  En  voici  le  contenu  en  abrégé. 
M.  l’abbé  Brou,  on  le  sait,  s’occupe  beau- 
coup de  botanique;  il  a composé  un  her- 
bier très-remarquable,  contenant  les  plan- 
tes de  la  Normandie. 

« J’applaudis  de  tout  cœur,  sans  flatterie 
aucune^  à votre  projet  persistant  de  classifi- 
cation adjective,  pour  les  plantes  potagères; 
sans  être  rigoureusement  scienlilique,  comme 
l’est  celle  des  plantes  spontanées,  elle  ne  se- 
rait pas  moins  d’une  grande  utilité  au  com- 
merce des  différentes  nations.  Ce  serait  un 
lien  de  confiance  entre  acheteur  et  vendeur. 
L’horticulture,  si  progressive  de  nos  jours,  se 


trouve  grandement  en  retard  dans  sa  partie 
la  plus  importante.  Il  y a donc  là  une  éminente 
lacune  à remplir.  Avec  la  persévérance  et  la 
ténacité,  qualités  qui  ne  vous  manquent  pas, 
vous  atteindrez,  j’espère,  votre  but.  Déjà,  par 
des  noms  très-heureusement  trouvés,  comme 
Brassica  multicapitata  ou  pohjcephala,  et  Pha- 
seolus  silico-translucidus  ou  paltidus.  Vous 
avez  très-bien  caractérisé  ces  plantes,  il  n’y  a 
pas  à s’y  tromper.  S’il  vous  est  possible  d’en 
former  toujours  d’aussi  bons  pour  toutes  les 
variétés^  vous  convaincrez  les  contradicteurs.il 
viendra  un  jour,  j’aime  à me  le  persuader,  où  le 
jardin  potager  aura  sa  nomenclature,  comme  Ta 
depuis  longtemps  le  jardin  fleuriste , ainsi 
qu’on  peut  le  voir  dans  le  livre  le  Bon  Jardi- 
nier et  sur  tes  Catalogues  de  votre  maison,  où 
les  noms  latins  jouent  le  premier  rôle  et  sont 
aussi  bien  compris  en  Angleterre,  en  Allema- 
gne que  dans  notre  France.  Je  sais.  Monsieur, 
que  vous  né  vous  faites  pas  illusion,  vous  ne 
prétendez  pas,  par  votre  méthode,  arriver  à la 
précision  du  caractère  de  la  botanique  propre- 
ment dite,  ce  qui  serait  impossible  quand  il 
s’agit  de  nommer  tant  de  variétés  si  peu  diffé- 
renciées, mais  ce  que  vous  pourrez  faire,  ce 
sera  d’établir  cette  méthode  assez  clairement 
pour  mettre  le  commerce  à l’abri  de  nombreux 
et  journaliers  malentendus:  vous  aurez  ainsi 
bien  mérité  de  l’horticulture.  » 

Dans  une  conservation  intime  sur  ce  su- 
jet, Poiteau  nous  disait  un  jour  : « Quand  les 
botanistes  mettront  le  nez  dans  les  plantes, 
ils  auront  fort  à faire  (sic.).  » 

Les  adjectifs  latins,  que  nous  avons 
adaptés  aux  variétés  fixes  des  plantes  pota- 
gères, ne  sont  pas  exempts  de  reproches. 
Pour  bien  les  appliquer  à chacune  des  va- 
riétés, il  faudrait  connaître  l’origine  de  ces 
plantes,  mais  hélas!  Nous  ne  la  connaissons 
pas  chez  toutes.  Cette  première  liste,  si  im- 
parfaite qu’elle  soit,  sera  suivie  d’une  autre. 
Si  les  botanistes  et  les  latinistes  voulaient 
bien  nous  venir  en  aide  pour  celle-ci  et 
nous  seconder  dans  ces  premiers  efforts, 
nous  en  ferions  bientôt  paraîire  une 
deuxième.  Ce  serait  avec  une  profonde  re- 
connaissance que  nous  recevrions  toutes  les 
observations  que  l’on  pourrait  nous  faire 
sur  les  adjectifs  latins.  M.  le  comte  de  Cus- 
sey,  président  honoraire  de  la  Société  im- 
périale d’horticulture;  M.  leD^Chatin,  pro- 
fesseur de  botanique  à l’Ecole  impériale 
de  pharmacie,  àParis;  M.Thiélens,  docteur  en 
sciences  naturelles  et  botaniste  à Tirleinont 
(Belgique);  M.  Lecurcur,  botaniste  à Nantes 
et  beaucoup  d’autres  personnes  distinguées 
en  botanique  et  en  horticulture,  nous  ont 
encouragé  de  vive  voix  ou  par  écrit  à persis- 
ter dans  la  voie  où  nous  sommes  entré  et 
ont  adhéré  complètement  à notre  projet. 

Büssin. 


SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  D’HORTICULTURE. 


Seance  du  23  novembre  JSOo.  — M.  le  i Raisin  blanc  à gros  grains,  jU’ovcnant  d’un 
docteur  Pigeaux  présente  à la  Société  du  1 bois  rapporté  par  lui  de  Syrie  et  dont  il 


SÉA>CES  DE  LA  SOCIÉTÉ  CEMUALE  DTlüUTIClLTEUE. 


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igiiure  le  nom  ; il  le  signale  comme  étant 
jn'opre  à la  conservalion.  Ce  Raisin  a été 
laisse  sur  l’arbre  jusqu’à  la  tin  de  novem- 
bre, dans  un  manchon  de  papier;  il  est 
frais,  bien  sucré  et  d’une  belle  teinte,  bien 
({u’il  n’ait  pas  vu  le  soleib 

— Le  Comité  de  culture  potagèredécerne 
une  prime  de  troisième  classe  à M.  Pissot, 
inspecteur  du  bois  de  Boulogne,  pour  une 
collection  de  30  variétés  de  Courges  et  Poti- 
rons, provenant  toutes  de  Ciraumons,  Cour- 
ges de  l’Ohio  et  autres  bonnes  espèces, 
il.  Pissot  a obtenu  tous  ces  fruits  de  grai- 
nes ayant  deux  années  d’existence,  et  il 
fait  remarquer  à ce  sujet  la  supériorité  de 
ces  dernières  sur  celles  d’un  an  pour  l’ob- 
tention de  bonnes  plantes.  Malgré  l’usage 
ordinaire,  M.  Pissot  n’a  donné  à ses  Cour- 
ges que  fort  peu  d’arrosages,  et  seulement 
pendant  les  quinze  premiers  jours  de  leur 
développement;  les  feuilles  couvrant  entiè- 
rement le  sol  les  ont  ensuite  préservées  de 
la  sécheresse.  M.  Forest  s’élève  contre  celte 
pratique;  il  ne  croit  pas  qu’on  puisse  obte- 
nir de  beaux  résultats  en  laissant  lesCucur- 
Jtitacées  sans  eau;  c’est  une  des  familles 
de  plantes  qui  exigent  le  plus  d’arrose- 
ments. 

— M.  le  docteur  Aubé  présente  du  Per- 
sil à grosses  racines  dont  les  nombreuses 
bifurcations  proviennent,  pense-t-il,  du 
trop  grand  ameublissement  du  sol  dans 
lequel  les  plantes  ont  été  cultivées.  M.  Fo- 
rest ajoute  que  l’excès  de  fumure  produit 
un  effet  semblable,  qu’il  a remarqué  assez 
souvent  sur  des  Carottes.  M.  Aubé  expose 
en  outre  des  Figues  d’automne  sèclies  et 
-d’un  bon  goût;  elles  ont  cela  de  particulier 
qu'elles  ont  mûri  dans  le  département  de 
l’Oise,  dans  une  localité  située  à 200  mètres 
d’altitude  au-dessus  de  Paris.  On  sait  que 
les  chaleurs  prolongées  de  l’année  1865 
ont  produit  beaucoup  d’exemples  de  florai- 
son et  de  maturations  anormales,  auxquel- 
les il  faut  ajouter  celui  de  Figues  venant  à 
bien  dans  le  nord  de  la  France. 

— Il  a déjà  été  question  à la  Société 
d’horticulture  de  l’emploi  de  simples  man- 
chons de  papier  ouverts  aux  deux  bouts 
pour  garantir  les  Raisins  des  piqûres  des 
guêpes.  M.  Aubé  a fait  cette  année  l’expé- 
rience de  ces  manchons  sur  plus  de  1,200 
grappes,  dans  une  localité  oû  l’on  voit  habi- 
tuellement des  guêpes  par  milliers.  H a 
observé  que  ces  insectes  n’attaquent  pas 
les  grappes  saines,  car  il  a retiré  des  sacs 


de  belles  grappes  intactes  et  les  a laissées 
exposées  à l’air  libre  sans  que  les  guêpes 
vinssent  y toucher;  mais  ayant  enlevé  avec 
un  canif  un  })Gu  de  la  peau  de  ces  mêmes 
Raisins,  il  lésa  vus  presque  immédiatement 
attaqués;  il  a obtenu  les  mêmes  résultats 
sur  des  grappes  incisées  et  laissées  dans  les 
manchons.  Les  grains  flétris  et  plissés  don- 
nent aussi  prise  aux  mandibules  des  guêpes. 
En  somme, ces  dernières  ne  viennent  sur  le 
Raisin  que  lorsqu’il  a déjà  été  attaqué  par 
une  cause  quelconque,  lorsque  rhumidilé  a 
pourri  l’épiderme  ou  que  les  oiseaux,  les 
souris,  les  mulots,  etc.,  y ont  déjà  passé; 
elles  mangent  l’intérieur  du  grain  et  lais- 
sent la  peau  vide,  tandis  que  les  autres 
mangent  tout  : voilà  la  différence. 

— M.  Bossin  a présenté  dernièrement  au 
Comité  de  culture  potagère  des  Haricots 
perle,  dans  lesquels  ce  Comité  n’avait  re- 
connu autre  chose  que  le  Haricot  riz  nain. 
M.  Bossin  n’accepte  pas  cette  appréciation 
du  Comité  et  il  envoie  des  échantillons  des 
deux  variétés,  avec  prière  de  les  semer  et 
de  les  expérimenter. 

■ — -Dans  un  article  sur  la  suppression  de 
l’accolage  des  vignes,  publié  dansle  numéro 
d’octobre  dernier  du  Journal  de  la  Société 
centrale  dliorticutture,'M.  C.  Cbarmeux  a ex- 
posé un  système  consistant  à doubler  les  fils 
de  fer  pour  les  vignes  disposées  en  lignes  et 
non  échalassées,  c’est  à-dire  à en  mettre  un 
de  chaque  côté  des  pieux.  ((  Comme  les 
pieux,  dit-il,  ont  O’". 03  ou0™.04  de  diamè- 
tre, et  qu’il  y a un  fil  de  fer  de  chaque  côté, 
les  bourgeons  (pousses),  à mesure  qu’ils 
poussent,  se  placent  dans  cet  espace;  les 
vrilles  s’attachent  aux  fils  de  fer  et  rem- 
placent le  jonc  ou  la  paille.  )>  M.  Gosselin 
fait  remarquer,  à propos  de  ce  procédé,  que 
les  vrilles  devront  nuire  à la  maturation  du 
Raisin,  qu’elles  ne  prendront  pas  toujours 
une  bonne  direction,  qu’elles  attacheront 
ensemble  les  sarments  et  rendront  la  mise 
en  sac  bien  difficile. 

• — A propos  de  l’envoi  de  hannetons 
vivants  fait  par  M.  d’Audilfred,  pour  mon- 
trer les  effets  de  la  prolongation  de  l’été 
dernier,  M.  Repère  fait  remarquer  que  tou- 
tes les  questions  relatives  aux  insectes  ont 
une  grande  importance  pour  l’horticulture, 
et  qu’il  serait  peut-être  bon  de  créer  dansle 
sein  de  la  Société,  pour  leur  étude,  un 
Comité  d’entomologie  qui  prendrait  place  à 
côté  des  Comités  de  tloriculture,  de  pomo- 
gie  et  de  culture  potagère,  a.  Ferlet. 


REVUE  COMMERCIALE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUIX'ZAINE  DE  .TANVIER  1866) 


Léf/mie^  frais.  — Bepnis  le  romincncemonl  | 
do  raiinèo,  les  gros  légunios  ont  subi  un  ]icu 
d’aiigmentalioii  ; les  tours  du  lU  janvier  accu- 
saient un  cinquième  environ  en  plus  sur  les 
cours  du  26  décembre  dernier.  Les  Carottes 


crdinaires  valent  de  20  à fr.  au  lieu  de  15 
à 25  fr.  les  100  bolles;  celles  pour  chevaux  se 
vendent  de  10  à 15  fr.  au  lieu  de  7 à lOfr. — Pour 
les  Panais,  le  prix  minimum  s’est  élevé  de  18  à 
20  fr.;  le  prix  m:-.ximnm  est  resté  de  2i  fr.  les 


REVUE  COMMERCIALE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QlTR'ZAINE  DE  JANVIER  1866';. 


100  bottes.  — Les  Poireaux  sont  augmentés  de 
5 fr.,  et  coûtent  de  25  fr.  à 30  fr.  — Les  Ra- 
dis nous  valent  de  0L40  à 0f.50  la  botte  ; c’est 
plus  que  le  double  du  prix  d’il  y a quinze  jours. 
— Les  Céleris  ordinaires  se  vendent  0L40  la 
botte  avec  OLIO  de  hausse  ; ceux  de  première 
(jualité  valent  1 fr.  au  lieu  de  0L60.  — Les 
Choux  sout  restés  stationnaires  aux  prix  de  5 
à 20  fr.  les  100  bottes.  — Les  Clioux-lleurs  ont 
subi  une  hausse  passagère;  ils  se  sont  vendus 
de  50  à 100  fr.  les  100  bottes;  mais  leur  prix 
est  retombé  à 5 fr.  seulement  pour  les  plus 
basses  qualités,  tandis  que  les  plus  forts  se 
vendaient  95  fr.  — Les  Oignons  en  grains  sont 
en  baisse,  ils  se  vendent  8 à 10  fr.  au  lieu  de 
12  à 15  fr.  l’hectolitre.— Les  Champignons  sont 
cotés  de  OLIO  cà  0L15  le  maniveau  au  lieu  de 
0f.05  à Of.lO. 

Herbes  et  assaisonnements.—  En  général,  il  y 
a eu  de  la  hausse  depuis  notre  dernier  bulletin, 
sur  ces  sortes  de  denrées.  Les  Epinards,  qui  va- 
saient  de  0L25  à 0L35  le  paquet,  sont  aujour- 
d’hui à 0L40  etOf.60  suivant  la  qualité.— L’O- 
seille ordinaire  se  vend  0L40,avec  OLIO  d’aug- 
mentation par  paquet  ; la  plus  belle  est  cotée 
sL50,  avec  un  peu  de  baisse  au  contraire. — Le 
Cerfeuil  et  le  Persil  se  vendent  de  0L20  à 0L30 
la  botte,  avec  une  hausse  de  0L05  à OLiO  par 
botte.  — L’Ail  est  coté  3L50  à 5 fr.  le  paquet 
de  25  petites  bottes;  il  est  augmenté  successive- 
ment de  0L50  à chaque  marché  depuis  la  fin  de 
décembre.  — La  Ciboule  se  vend  de  0LÜ5 
à 0L20  la  botte  ; le  Thym,  de  0L15  à 0L20, 
avec  0L05  d’augmentation,  et  l’Echalotte,  de 
0L40  cà  0L80,  c’est-à-dire  0L20  de  plus  qu’il  y 
a quinze  jours. 

Fruits  frais.  — Les  Poires  les  plus  médiocres 
se  paient  toujours  de  20  à 25  fr.  le  100,  sans 
variation  depuis  cminze  jours  ; les  plus  belles 
valent  jusqu’à  1L“20  la  pièce.  — Les  pommes 
coûtent  de  3 à 100  fr.  au  lieu  de  2L50  à 75  fr. 
le  100  également.  — Le  Chasselas  de  serre  ciug- 
mente  un  peu  ; il  vaut  de  2 à 8 fr.  le  kilogr.  — 
Les  marrons  coûtent  5L50  les  100  kilogr.  sur  le 
marché,  et  4L25  à la  criée. 

Fleurs  et  arbustes  d’ornement.  — La  tenue 
des  marchés  aux  Heurs  du  commencement  de 
janvier  a été  à peu  près  la  même  que  celle  que 
nous  signalions  pour  la  fin  de  décembre  1865.  La 
température  n’a  pas  encore  été  très-rigoureuse 
et  a permis  de  mettre  en  vente  un  plus  grand 
nombre  déplantés  cju’onn’en  voit  ordinairement 
à cette  époque  de  1 année. 

Plantes  fleuries  en  pots.  — Anthémis  frutes- 
cent, 1 fr.  à 1L50.  — Azalées,  3^  à 5 fr.^  — 
Bruyères  du  cap  (Phylica),  1 fr.  à 1L50;  Bruyères 
(Erîca)  diverses,  0C50  à 1L50.  — Billbergia, 
5 à 10  fr.  — Cinércoires,  0L75  à 1L25.  — Ca- 
melUa,  3 à lOfr.  — Citronniers,  1L50  à 2 fr.  — 
Cvclamen  de  Perse,  2 fr.  a 2L50.  — Crocus, 
OC25  à0L50.  — Deutzia  gracilis,  1L50  à 2 fr. 

— Daphné,  lf.50  à 2 fr.  — Epiphyllum  trunca- 
tum,  2C50  à 5 fr.  — Epacris,  1L50  à 2 fr.  — 
Fuchsia,  lf.25  à 2 fr.  — Iberis  semperflorens, 
OL75  à 1L25.  — Héliotrope,  1 fr.  à 1L25.  — 
Jacinthes,  0L50  à 1 fr.  — Lilas,  1L50  à 2 fr. 

— Metrosideros,  3 à5fr,  — Œillets  remontants, 
1L25  à 1C5U.  — Orangers,  3 à 5 fr.  — Pensées, 
0C25  à 0L50.  — Primevères  de  Chine,  0L40  à 
OC75.  — Rosiers,  1L50  à 2C50.  — Réséda, 
Of.75  à 1 fr.  — Rhododendrons,  3 à 10  fr.  — 
Solanumamomum,  0Li0à0L75.  — 8pirée,  1L50 


à 2 fr.  — Tulipes  hâtives,  0L25à0C50.  — Vé- 
roniques, 1 fr.  à 1L50.  — Violette  des  Quatre- 
Saisons,  0L30  à 0L50. — Viburnum  Tinus,  1 fr. 
à 1L50. 

Plantes  à feuillage,  pour  décoration  de  jar- 
dinières meubles,  la?npes  et  vases  d’apparte- 
ment. — Agave,  1L50  à 5 fr.  — Aloës,  1 à 3 fr. 

— Aralia,  3 à 10  fr.  — Arbousier,  If  50  à 2 fr. 

— Aspidistra,  2L50  à 10  fr.  — Acacia  lo- 
phanta,  0L50  à 1L50.  — Aucuba,  1 à 3 fr.  — 
Alaternes,  1 fr.  à2  fr.  — Bégonia,  0L75  à 2L50 
et  3 fr.  — Buis,  1 à 2 fr.  — Canna,  1 à 2 fr.  — 
Cyperus  alternifolius,  1L50  à 5 fr.  — Chamæ- 
rops,  5 à 15  fr.  — Curculigo,  5 à 10  fr.  — Ci- 
néraire maritime,  0^75  à 1 ff.  — Caladium  et 
Colocasia,  2f.50  à 10  fr.  — Carex  Japonica, 
0f.50  à 1L50.  — Cereus  flagelliformis,  1L50  à 
2L50  fr.  — Calathæa  zebrina,  2L50  à 5 fr.  — 
Cactées  et  Crassulacées  diverses,  0L50  à 1L50. 

— Cotoneasters,  0L75  à 1L50.  — Delairea, 
0L75  à 1 fr.  — Dracœna  congesta,  1L50  à 3 fr. 

— Dracœna  rubra,  2L50  à S fr.  — Dracœna 
terminalis  variegata,  5 à 15  fr.  — Dracœna 
australis,  3 à 10  fr.  — Dracœna  brasiliensis , 
5 à 15  fr.  — Ficus  elastica,  3 à 10  fr.’  — Fou- 
gères, 0L75  à 5 fr.  — Fusains  verts  et  argen- 
tés, 1 à 2 fr.  — Gynérium,  1L50  à 10  fr.;  0L75 
à lf.50.  — Grevillea  robusta,  1L50  à 2 fr.  — 
Géranium  à feuilles  de  Lierre,  1 à 2 fr.  — Ge- 
névriers, 1 à 2 fr.  — Houx,  1L50  à 2L50.  — 
Isolepis  gracilis,  0L75  à 1L25.  — Iris  pana- 
chés, OL  M à 1L50.  — Latania,  10  à 20  fr.  — 
Lycopodes,  Sélaginelles,  0L50à  1 fr.  — Lierre, 
0L50  à 1 fr.  — Laurier  de  Colchide,  1 fr.  à 
2L50.  — Mahonia,  1 fr.  à 1L75.  — Magnolia, 
3 à 15  fr.  — 3Iimosa  lophanta,  1L25  à 2 fr.  — 
Maranta,  3 à 10  fr.  — Opuntia,  0L50  à 1L50. 

— Pandanus,  10  à 20  fr.  — Pitcairnia,  3 à 5 fr. 

— Palmiers  divers,  10  à 25  fr.  — Pervenches 
panachées,  1 à 2 fr.  — Phormium,  2L50  à 5 fr. 

— Pu  va,  3 à 5 fr.  — Phœnia,  10  à 20  fr.  — 
Plîotinia,  1 à 2 fr.  — Pins,  OL50  à 2L50^  -- 
Pittosporum,  2L50  à 5 fr.  — Romarin,  Ot. 50  à 
0L75.  — Sapins,  1 à 3 fr.  — Rhapis,  8 à 15  fr. 

— Richardia,  0L50  à 1L50.  — Sabal,  10  à 
20  fr.  — Séquoia,  2 à 4 fr.  — Rhododendrons, 
2L50  à 5 fr.  — Sapine ttes,  1 à 3 fr.  — Troè- 
nes, 1 à 3 fr.  — Tradescantia  repens,  1L50  à 
2L50.  ; zebrina,  2 à 3 fr.  — Tillandsia,  3 à 
5 fr.  — AVellingtonia,  3 à 10  fr.  — Thuya, 
0L75  à 1L50  et  plus.  — Yucca  , 1L50  àlOR. 

Arbres  fruitiers.  — Poiriers  pyramides  d’un 
an,  0L60  à 0L80;  de  2 ans,  OL/5  à 1L25.  — 
Poiriers  tiges,  1L25  à 2 fr.  — Pommiers  nains, 


hautes  tiges,  1L50  à 2 fr.  — Abricotiers  nains, 
0L75  à 2 fr.;  demi-tiges,  1 fr.  à lf.50;  tiges, 
lf.50  à 2 fr.  — Cerisiers  nains  ou  pyramides, 
0L50  à Of.75;  tiges,  2 fr.  — Pruniers 

nains  ou  pyramides,  Of.75  à 1 fr.  ; tiges, 
lf.25  à 2 fr.  — Lignes  Chasselas^  0f.50  à 2 fr. 
— jNovers,  lf.50  à 2fr.  — Groseilliers  épineux. 


Of.25  à 0f.50;  à gra])pes,  Of.25  à 


0f.50. 

Noisetiers,  0f.50  à“0fi7‘5  la  pièce.  — Fram- 
boisiers, 10  à 15  fr.  le  100.  — Figuiers,  Of.75 
à lf.50  la  pièce.  — Cognassiers,  Of.50  à 1 fr. 

Rosiers  nains,  50  à "lOO  fr.  le  100;  demi- 
tio-es  100  à 125  fr.;  tiges,  125  à 150  fr.  — 


Eglantiers,  15  à 30  fr.  le  100. 


A.  Ferlet. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  JANVIER  1866). 

Prochaines  Expositions  de  Caen  et  de  Ferrare.  — Préparatifs  de  FExposition  internationale  d’horticulture 
de  Londres.  — Banquet  dans  Guildhall.  — Parallèle  entre  les  Expositions  horticoles  en  Angleterre  et  sur 
le  continent  par  le  professeur  Reichenbach.  — Disposition  des  lots  de  plantes  dans  les  Exhibitions  anglaises. 
— Cours  d'arboriculture  de  M.  Forest,  à Paris;  de  M.  Verlot,  à Grenoble;  de  M.  Carrier,  dans  l’Ain.  — 
Circulaire  de  M.  de  Saint-Fulgent,  préfet  de  l’Ain,  recommandant  les  cours  de  M.  Carrier.  — Impor- 
tance des  questions  de  haute  doctrine  en  horticulture.  — Lettre  de  M.  Brianza  relative  à l’éducation  des 
jardiniers  par  la  presse  horticole.  — Lettre  de  M.  de  Bongars  sur  la  réforme  de  la  nomenclature  botanico- 
horticole  et  la  pépinière  du  Luxembourg.  — Lettre  de  M.  Cliabert  sur  la  maladie  du  Céleri  à Metz. 


Nous  n’avons  cà  annoncer  aujourd’hui  que 
deux  Expositions  horticoles  nouvelles,  l’une 
à Ferrare,  pour  la  fin  de  mai,  et  l’autre  à 
Caen,  du  13  au  15  juillet.  Toute  l’attention 
va  maintenant  se  porter  sur  les  prôparatils 
de  l’Exposition  internationale  de  Londres. 
Ces  préparatifs  préoccupent  vivement  les 
horticulteurs  anglais.  Le  lord  maire  de 
Londres,  les  aldermen  et  la  cour  du  conseil 
commun  ont  décidé  à l’unanimité  que  l’hô- 
tel-de-ville  de  la  Cité  de  Londres  {Guild- 
hall) serait  mis  à la  disposition  de  la  Com- 
mission exécutive  de  Y Internalional  Ilorli- 
cuUural  Exhibüion  pour  le  grand  banquet 
qui  , ainsi  que  nous  l’avons  annoncé  , 
doit  avoir  lieu  le  mardi  22  mai  1860.  On 
sait  que  le  Guildhall  est  un  des  monu- 
ments les  plus  vastes  et  les  plus  imposants 
de  la  capitale  de  l’Angleterre.  Indépendam- 
ment de  la  commodité  que  les  visiteurs  de 
l’Exposition  tireront  de  cette  décision  libé- 
rale et  éclairée,  il  y a dans  ce  fait  un  signe 
important  de  l’intérêt  constant  que  le  gou- 
vernement et  le  peuple  anglais  attachent  au 
développement  de  l'horticulture.  Tous  les 
amis  de  cet  art  remercieront  le  lord  maire 
d’avoir  pris  cette  détermination.  « Voilà,  dit 
le  Gardeners’Chronicle,  comment  il  con- 
vient de  recevoir  l’élite  des  botanistes  et  des 
savants  qui  doivent  honorer  notre  pays  de 
leur  visite.  » 

A propos  de  cette  grande  Exposition,  un 
botaniste  distingué,  M.  le  professeur  Rei- 
chenbach, vient  de  publier  en  anglais  et  en 
allemand  un  parallèle  plein  d’intérêt  entre 
la  disposition  des  Expositions  horticoles  de 
l’Angleterre  et  celles  du  continent.  A la 
veille  de  la  grande  Exhibition  internationale 
anglaise,  ces  appréciations  ont  un  caractère 
d’actualité  qui  nous  engagent  à les  repro- 
duire ici  en  partie  : 

« Il  y a deux  méthodes,  dit  M.  Reichen- 
hach,  pour  disposer  des  expositions  flora- 
les : la  méthode  du  continent  et  la  vieille 
méthode  anglaise,  qui  sont  essentiellement 
différentes. 

((  Les  Expositions  du  continent  offrent 
un  effet  des  plus  pittoresques;  il  faut 
les  avoir  vues  pour  s’en  faire  une  idée. 
Représentez-vous  un  salon  dans  lequel  les 
effets  de  fleurs,  de  verdure,  d’éclat  sont 
prodigués  avec  une  libéralité  qui  peut  rap- 
peler le  milieu  d’une  forêt  vierge. 

« Les  Azalées,  les  Camellias  sont  devenus 

1er  FÉVRIER  1866. 


si  indispensables,  depuis  que  le  public  est 
accoutumé  à ces  antithèses  de  masses  rou- 
ges et  blanches,  qu’aucune  Exposition  ne 
peut  avoir  de  succès  quand  la  saison  de 
ces  fleurs  est  passée.  Au  milieu  de  cette 
splendide  confusion,  la  tâche  des  jurys  est 
extrêmement  difficile.  Leurs  appréciation, 
scientifique^  ne  peuvent  s’exercer  en  libertés 
et  beaucoup  de  concurrents  malheureux 
peuvent  rejeter  cet  échec  sur  la  mauvaise 
place  qui  leur  a été  assignée  et  qui  les  a 
empêchés  de  déployer  tous  leurs  avantages.» 

Cette  critique  de  nos  Expositions  du  con- 
tinent est  peut-être  un  peu  sévère,  et  le 
professeur  Reichenbach  a peut  -être  exagéré 
les  inconvénients  de  notre  méthode  ; mais 
il  faut  reconnaître  que  le  fond  de  sa  pensée 
est  juste.  Une  Exposition  florale  a pour  but 
de  récompenser  les  efforts  des  horticulteurs, 
et  sa  disposition  doit  être  de  nature  à faire 
ressortir  les  perfectionnements  qu’ils  ont  pu 
apporter  dans  la  pratique  de  leur  art.  Il  ne 
faut  pas  sacrifier  ce  but,  le  seul  qui  intéresse 
les  amis  éclairés  de  la  nature,  à l’envie  de 
charmer  les  yeux  du  public  : c’est  le  défaut 
de  nos  Expositions  du  continent,  que  le 
professeur  Reichenbach  voudrait  épargner 
à la  grande  Exhibition  internationale  de 
mai.  il  ne  le  dit  pas  formellement,  mais 
le  soin  avec  lequel  il  expose  la  méthode  des 
Anglais  montre  qu’il  désirerait  vivement  de 
la  voir  adopter.  Quoi  qu’il  en  soit,  s’il  a pu 
éclairer  celte  question,  insignifiante  en  ap- 
parence, en  réalité  considérable,  nous  de- 
vons lui  en  savoir  gré.  Voici  ce  qu’il  dit  du 
sytème  d’insfallation  des  Anglais  ; 

((  La  méthode  anglaise  est  toute  différente, 
elle  n’a  pas  pour  objet  de  multiplier  pour 
les  yeux  les  impressions  agréables  ni  d’eni- 
vrer les  sens  du  spectateur.  Les  sujets  d’une 
même  classe  sont  exposés  l’un  près  de  l’au- 
tre; cette  disposition  met  les  juges  à même 
de  les  comparer  plus  rigoureusement;  le 
public  s’instruit  en  les  comparant  de  même. 
Nous  ne  croyons  pas  que  les  exposants  se 
soient  jamais  plaints  de  ce  classement;  ils 
auraient  mauvaise  grâce  à se  plaindre  de 
leur  place,  puisqu’ils  sont,  sous  ce  rapport, 
les  égaux  de  leurs  concurrents.  Il  arrive 
souvent  que  des  concurrents  se  déclarent 
battus,  avant  même  que  la  Commission  ne 
se  soit  prononcée.  Les  ornements  sont  peu 
abondants,  et  c’est  cette  absence  de  déco- 
ration qui  frappe  le  plus  d’étonnement  les 
T.  I.  — 3. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  JANVIER). 


iâ 

exposants  européens.  Mais  nous,  qui  ne  per- 
Moiis  pas  de  vue  le  but  de  ces  Expositions, 
nous  ne  nous  étonnons  pas  de  voir,  dans 
une  exhibition  horticole,  préférer  l’art  de 
l’horticulteur  à l’art  du  coloriste.» 

— Dans  notre  dernier  numéro,  nous  avons 
annoncé  les  cours  faits  cet  hiver,  à Paris, 
par  notre  collaborateur  M.  DuBreuil.  Nous 
nous  empressons  également  de  faire  con- 
naître les  jours  et  les  heures  de  ceux  que 
va  faire  M.  Forest  à partir  du  février. 
Ces  cours  auront  lieu  : 

Tous  les  lundis,  de  1 heure  à 3,  rue  des 
Saussaies,  23,  sur  la  pente  nord  de  la  hutte 
Montmartre; 

Les  mercredis,  de  1 heure  à 3,  rue  du  Ra- 
nelagli,  à Passy. 

Les  premiers  jeudis  de  chaque  mois,  de 
1 heure  à 3,  boulevard  Eugène,  32,  parc  de 
Neuilly. 

Les  troisièmes  dimanches  de  chaque  mois, 
de  1 heure  à 3,  à Brunoy,  chez  M.  Nallet,  près 
de  la  station  du  chemin  de  fer. 

Nos  lecteurs  savent  que  nous  n’attachons 
pas  moins  d’importance  aux  cours  horticoles 
qui  se  font  dans  les  départements  qu’à  ceux 
qui  ont  lieu  à Paris.  Nous  devons  tout  par- 
ticulièrement applaudir  à ceux  que  fait 
annuellement  à Grenoble  M.  Yerlot,  et,  à ce 
sujet,  nous  nous  empressons  d’insérer  la 
lettre  suivante  qu’il  nous  a adressée  : 

« Grenoble,  le  21  janvier  1866. 

((  Monsieur  le  Directeur, 

((  Ces  années  dernières,  vous  avez  eu  la  bonté 
d’annoncer  aux  lecteurs  de  la  Revue  horticole 
rouverture  successive  du  cours  d’aiLoriculture 
que  je  professe  ici,  au  Jardin  des  Plantes,  au 
nom  de  l’administration  municipale , depuis 
1856  ; permettez-moi  de  solliciter  de  votre  bien- 
veillance la  meme  faveur  pour  cette  année.  Je 
reprendrai  mon  cours  d’arboriculture  fruitière 
le  Rr  février  prochain  et  le  continuerai  le  jeudi 
et  le  dimanche  de  chaque  semaine,  jusqu’à  la 
fin  de  mars;  ensuite,  je  le  reprendrai  le  diman- 
che 29  avril,  pour  le  continuer,  chaque  dimanche 
seulement,  jusque  vers  le  15  juin.  Dans  la  pre- 
mière partie,  je  traiterai  théoriquement  et  exé- 
cuterai pratiipiement  les  opérations  à faire  aux 
arbres  fruitiers,  pendant  le  repos  de  la  sève; 
dans  la  seconde,  des  opérations  à faire  pendant 
la  période  de  la  végétation. 

« Un  fait  particulier  caractérisera  mon  cours 
de  cette  armée.  La  Société  d’agriculture  et  d’hor- 
ticulture de  notre  ville,  toujours  désireuse  de 
coopérer  dans  la  mesure  de  ses  forces  à la  pro- 
pagation et  à la  diffusion  de  tout  ce  qui  peut 
amener  un  progrès  en  agriculture  et  en  horti- 
culture, décernera  trois  primes  d’argent,  s'éle- 
vant ensemble  à cent  francs,  aux  jardiniers  de 
profession  qui  auront  assisté  avec  assiduité  à 
mes  leçons,  et  qui,  après  examen,  justifieront 
qu’ils  ont  profité  de  mon  enseignement. 

« La  même  Société  a décidé  aussi  qu’elle  déli- 
vrerait d('s  brevets  de  capacité  aux  auditeurs 
qui  auront  suivi  pendant  deux  ans  mon  cours, 
et  (jui,  après  examen,  seraient  jugés  aptes  à 
diriger  la  taille  des  arbres  fruitiers.  Ce  sont  là 


deux  bonnes  mesures  qui,. à n’en  pas  douter, 
donneront  de  très-bons  résultats. 

« Veuillez  agréer,  etc. 

« B.  Yerlot.  » 

Outre  l’enseignement  dans  les  villes,  il 
faut  encore,  pour  arriver  rapidement  à de 
grands  -résultats,  l’enseignement  dans  les 
campagnes  elles-mêmes.  Cette  œuvre,  un 
de  nos  correspondants,  M.  Alphonse  Carrier, 
qui  jadis  a reçu  les  leçons  de  notre  regret- 
table ami,  M.  Lahérard , s’est  proposé  de 
l’entreprendre  dans  le  département  de  l’Ain. 
Il  se  rend  dans  les  communes,  où  il  fait  dans 
la  même  journée  deux  conférences,  l’une 
pour  la  théorie,  l’autre  pour  la  pratique. 
Trois  doubles  conférences  peuvent  suffire 
pour  remplir  son  programme,  ainsi  conçu  ; 

Arboriculture.  — Etablissement  d’un  jar- 
din et  d’un  verger.  — Plantation  des  arbres 
fruitiers.  — Commencement  de  la  taille. 

Viticulture.  — Etablissement  d’un  vigno- 
ble. — Choix  des  cepages.  — Préparation 
des  plants. 

M.  de  Saint-Fulgent,  préfet  de  l’Ain,  a 
approuvé  le  projet  de  M.  Carrier,  et,  dans 
une  circulaire,  a annoncé  aux  Consils  muni- 
cipaux , qu’il  autoriserait  volontiers  les 
dépenses  nécessaires  pour  cet  objet,  soit 
60  fr.  pour  trois  doubles  conférences.  Voici 
un  extrait  de  la  circulaire  adressée  aux 
maires  par  M.  de  Saint-Fulgent  : 

« A Messieurs  les  Maires  du  département, 

« M.  Carrier  (Alphonse),  maître-adjoint  d’école 
normale  primaire  (en  congé)  et  professeur  d’hor- 
ticullure  et  de  viticulture,  se  propose  de  faire 
dans  le  département  de  l’Ain  des  conférences 
cantonales  sur  l’horticulture  et  la  viticulture. 

((  Ce  projet,  qui  m’a  été  soumis  par  son  au- 
teur, mérite  d’être  accueilli  avec  faveur  par  les 
populations  du  département. 

(c  M.  Carrier  a un  savoir  incontestable;  il  a 
fait  preuve,  dans  les  diverses  branches  qu’il  se 
propose  d’enseigner,  de  connaissances  sérieuses 
et  d’une  grande  aptitude.  11  se  recommande 
donc  de  lui-même  à la  bienveillante  attention 
des  administrations  municipales  et  des  diverses 
Sociétés  agricoles  de  nos  contrées. 

((  Je  verrais  avec  plaisir  ce  jeune  profeseur 
(originaire  du  département  de  l’Ain  où  hal)ile 
sa  famille  et  où  il  a débuté  dans  la  carrière  de 
l’enseignement)  fonder  avec  succès  une  œuvre 
qui  serait  très-profitable  aux  populations  agri- 
coles et  vinicoles  du  pays. 

« C’est  dire  que  j’a})prouverai  avec  empresse- 
ment les  votes  émis  par  les  conseils  municipaux, 
on  vue  de  favoriser  la  réalisation  du  projet  dont 
il  s’agit. 

Le  préfet  de  VAiiu 
« L.  DE  Saint-Fclgent  » 

• — Le  besoin  de  s’instruire,  non  pas  seule- 
ment snr  les  choses  de  la  simple  pratique, 
mais  encore  sur  les  questions  de  haute  doc- 
trine, s’empare  de  tous  ceux  qui  ont  com- 
mencé à s’occuper  de  l’horticulture.  Aussi, 
ne  craignons-nous  pas  d’aborder  qiiehpiefois 
les  sujets  les  plus  transcendants.  C’est  ce  que 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  JANVIER). 


I nous  avons  fait  récemment  à propos  du  livre 
de  Darwin  sur  l’unité  de  l’espèce.  La  polémi- 
que qui  en  est  résulté  n’a  pas  été  sans  in- 
• térêt  pour  nos  lecteurs,  ainsi  que  nous  le 
démontre  la  lettre  suivante  : 

« Monsieur, 

« Une  des  dernières  livraisons  du  très- 
utile  et  très-intéressant  Journal  que  vous  diri- 
gez contenait  un  article  contre  la  célèbre 
; théorie  de  Darwin.  Comme  c’est  la  première 
' fois  que  vous  vous  élevez  dans  ces  hautes  ré- 
i gions,  je  crains  que  cela  ne  soit  advenu  que 
; par  hasard,  et  que  vous  repreniez  bientôt  l’an- 
cienne  règle  en  suivant  le  sillon  de  la  pratique 
pure  et  simple. 

((  Je  voudrais  vous  demander  de  donner  de 
f temps  à autre  de  ces  petits  essais  qui  font  tant 
|i  de  bien  à l’intelligence  des  élèves  horticulteurs, 
ï comme  le  peu  de  lignes  de  M.  Ternisien  (no 
du  16  décembre  1865,  page  /i67).  Il  n’est  pas 
! nécessaire  d’empiéter  sur  le  domaine  des  hau- 
tes abstractions  philosopbiques,  qui  ne  fout 
!,  qu’obscurcir  les  vues  de  ceux  qui  n’ont  pas  eu 
l’instruction  pour  les  embrasser.  Il  suffit  d’a- 
border ces  points  qui  touchent  de  si  près  aux 
I questions  qui  nous  intéressent  tous,  et  sur  les- 
quelles les  jeunes  jardiniers  manquent  de  guide 
I et  de  lumière.  Cela  s’appelle  faire  des  choses 
vraiment  profitables.  Car  soyez  sûr  que  ces 
I simples  aperçus,  ébaucbés  et  mis  à la  portée  de 
I ceux  qui  n’ont  ni  la  volonté  ni  le  loisir  d’appro- 
I'  fondir  de  telles  questions,  sont  bien  plus  pro- 
fitables que  les  lourds  travaux  des  discussions 
: scientifiques. 

((  Agréez,  etc. 

! « Jean-Baptiste  Brianza. 

« Milan,  30  décembre  1865.  » 

S il  est  bon  d’aborder  les  questions  les 
plus  difficiles,  il  faut  que  ce  soit  toujours 
d’une  manière  intelligible.  Mais  combien  il 
y a à faire  pour  en  arriver  Là  ! N’y  a-t-il  pas 
d’abord  à réformer  la  nomenclature  horti- 
cole? C’est  déjà  ce  que  nous  avons  soutenu 
urgent  dans  une  certaine  mesure.  Aussi  ne 
demandons-nous  pas  mieux  que  de  revenir 
sur  la  question  avec  un  de  nos  correspon- 
dants, M.  de  Bongars,  qui  nous  écrit  la  let- 
' tre  suivante  : 

' « Monsieur  le  Directeur, 

« A notre  époque  plus  qu’à  toute  autre  , les 
vieilles  choses,  les  vieux  usages,  les  vieilles 
j idees  s amoindrissent  chaque  jour  et  tendent  à 
disparaître  pour  faire  place  à tout  ce  qui  est 
jeune,  progressif  et  plein  d’avenir. 

« La  nomenclature  horticole  française,  mai- 
gre les  tempêtes  qu’elle  soulève  dans  certaines 
régions,  triomphera  de  ses  adversaires , parce 
qu  elle  est  la  seule  vraiment  pratique  et  que 
de  plus,  elle  flatte  l’amour-propre  national. 
Dans  ce  qui  va  suivre,  il  est  bien  entendu.  Mon- 
sieur le  Directeur,  que  je  ne  m’adresse  qu’aux 
praticiens  comme  moi,  et  qu’aujourd’bui,  comme 
1 annee  dernière,  je  mets  hors  de  cause  les  sa- 
i 'Vants,  les  botanistes,  les  borticulteurs  commer- 
; çants,  voire  même  les  jardiniers  bacheliers. 

: Ueci  posé,  les  querelles  d’Allemands  devien- 

j nent  impossibles.  Parlant  en  faveur  des  prati- 
ciens, qui  forment  1 immense  majorité  du  monde 


horticole,  je  ne  dois  pas  avoir  maille  à partir 
avec  une  minorité  que  je  n’ai  pas  la  prétention 
d’attaquer,  et  dont  je  reconnais  l’utilité  dans  le 
présent,  espérant  mieux  pour  l’avenir. 

« Comme  vous  le  disiez  si  judicieusement 
l’année  dernière  , Monsieur  le  Directeur  : « La 
langue  française  a été  adoptée  par  la  diplo- 
matie , pourquoi  ne  le  serait-elle  pas  par  la 
botanique?  » 

« C’est  donc  en  toute  sécurité,  et  confiant 
dans  votre  impartialité  bien  connue,  que  je 
viens  vous  faire  part  de  tout  ce  que  j’ai  vu,  ob- 
servé ou  entendu  , relativement  à l’emploi  des 
langues  mortes  dans  la  nomenclature  horticole. 

« Lorsque  j’habite  Paris,  j’aime  à fréquenter 
les  marchés  aux  fleurs.  Or,  j’ai  remarqué  avec 
plaisir  que  les  nombreux  amateurs  qui  s’y  pres- 
sent achètent  des  arbres,  des  arbustes,  des 
fleurs  ayant  des  noms  français  bien  connus  dans 
la  pratique.  Dans  ce  centre  d’affaires  horticoles, 
on  risqueraif  fort  de  n’être  pas  compris  si  l’on 
s’avisait  d’employer  les  dénominations  scolasti- 
ques dont  je  poursuis  l’abandon. 

« Je  demandais  un  jour  à une  marchande  des 
plus  achalandées  , et  à laquelle  je  fais  souvent 
quelques  achats,  ce  qu’elle  pensait  des  catalo- 
gues de  tels  ou  tels  de  ces  établissements  d’hor- 
ticulture où  le  commerce  des  fleurs  ne  se  fait 
qu’en  latin  émaillé  de  grec.  « Mon  cher  Mon- 
sieur, me  répondit-elle  dans  son  langage  pit- 
toresque, écoutez  bien  ce  que  je  vais  vous 
dire  : Bien  avant  que  ces  messieurs  aient  ou- 
vert leurs  magasins,  j’ai  déjà  fait  plus  de 
300  fr.  d’affaires,  et  toujours  en  français.  Le 
commerce  des  fleurs,  voyez-vous.  Monsieur, 
c’est  au  marché  qu’on  le  connaît  ; c’est  là  que 
se  font  les  grosses  affaires.  Le  monde  qui 
aime  les  fleurs  et  qui  donne  la  vie  à gagner 
aux  nombreux  jardiniers  des  environs  de  Pa- 
ris , tout  ce  monde-là  est  français  ou  parle 
français.  Quant  à votre  grec  et  à votre  latin  , 
ça  n’est  pas  marchand et  nous  n’en  vou- 

lons pas.  » 

« Son  argument  a bien  quelque  valeur. 

((  Poursuivant  le  cours  de  mes  investigations 
un  peu  partout,  j’ai  visité  plusieurs  jardins  des 
environs  de  Paris,  ceux  surtout  qui  alimentent 
les  marchés;  là,  j’ai  causé  avec  des  chefs  de 
culture.  Tous  m’ont  fait  la  même  réponse  : ils 
estiment  que  la  nomenclature  française  est  pré- 
férable à celle  que  quelques-uns  d’entre  eux 
sont  obligés  d’apprendre,  vaille  que  vaille , 
comme  des  perroquets.  Ils  disent  que  les  noms 
grecs  et  latins  ne  sont  bons  que  pour  les  jar- 
dins publics  et  pour  le  commerce  international, 

((  Enfin,  Monsieur  le  Directeur,  il  est  proba- 
ble que  les  nombreux  horticulteurs  de  nos  pro- 
vinces tiennent  à peu  prés  le  même  langage.  Je 
suis  d’autant  plus  fondé  à le  croire,  que  , dans 
la  sphère  de  mes  relations  , j’ai  constaté  et  je 
constate  chaque  jour  avec  plaisir  que  mon  idée 
est  tout  bonnement  celle  de  tout  le  monde  ; et 
je  conclus  en  disant,  comme  l’année  dernière  : 
Parlons  donc  français  aux  masses  horticoles,  et 
laissons  les  langues  mortes  à ceux  à qui  elles 
sont  encore  nécessaires.  Dirai-je  que  j’ai  la 
douce  satisfaction  de  voir  mes  idées  applau- 
dies? Non,  car  la  modestie  et  la  vérité  me  font 
un  devoir  de  proclamer  que  ces  idées  étant 
celles  de  tout  le  monde,  les  applaudissements 
et  les  éloges  sont  superflus. 

« Permettez-moi,  Monsieur  le  Directeur,  en 


44 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  JANVIER). 

la  maladie,  j’ai  fait  usage,  avec  une  sage  pré- 
_ J..  /-.-l'iriTirt  f>-»ôlQnopp  a iinp 


terminant  cette  lettre,  de  protester  contre  le  pro- 
jet de  mutilation  du  Jardin  du  Luxembourg.  La 
Revue  horticole  ne  peut  être  muette  dans  cette 
occasion... 

« Agréez,  etc.  « De  Bûngârz.  » 

« Lamotte  près  Su,  12  janvier  1866.  » 

11  y a dans  les  pépinières  du  Jardin  du 
Luxembourg  des  collections  de  ^ ignés  , de 
Rosiers  et  d’arbres  fruitiers  tout  à fait  ines- 
timables. Les  faire  disparaître  serait  com- 
mettre un  acte  de  vandalisme  horticole. 

— Dansnotre  dernier  numéro,  nous  avons 
publié  une  lettre  de  M.  de  Ternisien,  rela- 
tive à une  maladie  qui,  à Cherbourg,  a atta- 
qué le  Céleri.  La  lettre  suivante,  que  nous 
écrit  de  Metz  M.  Chabert,  prouve  que  le 
même  mal  avait  déjà  été  observé  dans  la 
Moselle  : . . 

« Metz,  le  23  janvier  1866. 

« Monsieur  et  cher  Directeur, 

« Dans  le  numéro  du  16  janvier  1866  de  la 
Revue  horticole  (page  34),  M.  de  Ternisien  fait 
part  de  ses  observations  personnelles  sur  une 
maladie  qui  attaque  le  Céleri  à Cherbourg.  Ce 
fait  s’est  produit,  à l’automne  dernier,  dans  plu- 
sieurs jardins  maraîchers  des  environs  de  Metz, 
où  cette  plante  est  cultivée  en  grand  et  se  trouve 
l’objet  d’un  commerce  assez  important. 

« J’ai  constaté  chez  moi  particulièrement  des 
svmptômes  et  des  effets  à peu  près  identiques 
à ceux  signalés  par  M.  de  Ternisien.  Dans  le 
hut  de  remédier  aux  conséquences  nuisibles  de 


caution,  du'  véritable  "guano  mélangé  à une 
terre  neuve  et  placé  sur  la  racine  de  chaque 
pied  attaqué  *.  j’ai  obtenu  ainsi  des  résultats  . 
satisfaisants.  Les  sujets  faiblement  atteints  par 
le  mal  ont  surtout  repris  bientôt  de  la  vigueur, 
et,  à la  récolle , ils  ont  paru  convenablement 
sains. 

((  Je  me  propose  de  renouveler  mes  essais 
en  1866,  et  aussi  d’employer,  en  temps  oppor- 
tun, le  soufre,  qui  me  semble,  comme  à votre 
honorable  correspondant,  devoir  êlreunremede 
efficace,  surtout  s’il  faut  attribuer  le  mal  à la 
présence  de  VUredo  Apii  groveolentis. 

« Au  reste,  j’aurai  pour  me  guider  le  con- 
seil d’un  homme  très-compétent  et  bien  connu 
ici  nar  de  consciencieux  travaux  sur  les  insec- 
tcs "nuisibles  aux  plantes. 

« Je  m’empresserai,  à l'heure  venue,  de 
faire  connaître  aux  lecteurs  de  la.  Revue  hor- 
ticole, le  résultat,  qui  ne  pourra  être  indiiïe- 
rent,  de  nos  observations  communes. 

« gréez,  etc. 

« Chabert.  » 

Le  procédé  curatif  employé  par  M.  Cha- 
hert  a eu  évidemment  pour  but  de  donner 
plus  de  vigueur  à la  végétation  des  Céleris, 
et  par  conséquent  de  mettre  les  plantes  en 
étal  de  mieux  résister  à leur  ennemi;  mais 
il  n’était  pas  de  nature  à attaquer  directe- 
ment le  fléau.  Le  soufre,  au  contraire,  pa- 
raît devoir  détruire  les  Champignons  para- 
sites. 

J.  A.  Barral. 


PHILADELPHUS  RETELÊERII. 


L’impossibilité  dans  laquelle  on  se  trouve 

souvent  d’indiquerlaprovenance, c’est-à-dire 

l’origine  vraie,  de  certaines  variétés,  d’une 
part;  de  l’autre,  la  difficulté  de  les  désigner 
par  un  nom  scientifique  qui  en  fasse  bien  res- 
sortir la  phvsionnomie  sans  occasionner  des 
confusions  avec  des  plantes  analogues,  déjà 
décrites  comme  espèces,  font  que,  dans 
beaucoup  de  cas,  il  vaut  mieux,  à des  va- 
riétés donner  des  noms  d’hommes,  ou  des 
noms  usuels,  qui  n’emportent  avec  eux  au- 
cune signification.  La  pratique  ne  perd  rien 
à cette  manière  d’agir,  et  la  science  y gagne 
en  clarté.  D’un  autre  côté,  on  doit,  autant 
qu’on  le  peut,  choisir  un  nom  qui  puisse 
attirer  l’attention  sur  la  plante  lorsqu  elle  le 
mérite,  et  qui  en  même  temps  ait  rapport 
au  métier,  soit,  qu’il  rappelle  un  objetou  un 
fait  qui  a fait  époque,  suit,  et  cela  vaut  infi- 
niment mieux,  qu’il  rappelle  le  nom  d un 
horticulteur.  Ce  sont  ces  considérations 
qui  nous  ont  fait  dédier  notre  plante  à M. 
Kéielêer,  l’un  des  horticulteurs  les  plus 
éminents  de  notre  siècle,  dont  la  ^modestie 
égale  le  talent.  Personne,  si  ce  n’est  peut- 
être  l’horticulteur  à qui  nous  dédions  notre 
Phüadelphus,  ne  doutera  de  ce  que  nous 
venons  de  dire  et  ne  sera  fâché  de  ce  que 


ous  avons  fait,  mais  nous  osons  croire^  qu’il 
ous  pardonnera,  bien  convaincu  qu’il  est 
u’aucun  intérêt  ne  nous  fait  agir. 

Mais  d’une  autre  part,  comme  il  est  diffi- 
ile  par  une  description  de  donner  une  idée 
lien  nette  d’une  plante  quelconque,  et 
[u’on  réussit  souvent  mieux,  pour  la  pein- 
tre, en  disant  qu’elle  a du  rapport,  c’est-à- 
lire  des  traits  communs,  avec  telle  ou  telle 
Lutre  plante  bien  connue,  nous  dirons  que 
e Philadelphiis  Ketelêerji  a,  par  son  faciès, 
in  certain  air  de  parenté  avec  le  Philüdel- 
jh us  Gordonii.  y oici  du  reste  Tiiidication 
les  caractères  généraux  qu’il  présente: 

Arbuste  buissonneux,  à rameaux  grêles. 
F'euilles  ovales  a^sez  longuement  acuminees, 
ligués  au  sommet,  lisses  et  d un  vert  fonce  en 
lessus,  scabres  en  dessous  ou  il  se  rencontre 
ies  poils  sur  les  nervures,  à bords  legerenient 
relevés  et  irrégulièrement  dentés,  spinescents. 
Fleurs  semi-pleines  ou  presque  pleines,  d un 
blanc  pur,  très-agréablement  odorantes,  a péta- 
les ovales-aigus,  chiffonnés,  parfois  irréguliè- 
rement dentés,  et  comme  lacinies,  a etamines 
nombreuses,  fréquemment  monstrueuses  et  en 
partie  transformées. 

Le  PhUttdelphiisKeleléerii  flore  pleno  sort 
de  graines  du  P.  corunarius,  que  nous  avions 


PHILADELPHUSÏKETELÉERII. 


45 


i semées  au  Muséum,  nous  aurions  donc  dû, 
& pour  nous  conformer  à Tusage,  le  nommer 
Phüadelphus  coronariiis  flore  pleno;  nous 
i , n’avons  pas  cru  devoir  le  faire,  d’abord 
parce  qu’il  y a déjà  une  variété  qui  porte  ce 
nom,  ensuite  et  surtout,  parce  qu’il  ne  res- 
semble pas  à sa  mère,  qu’il  n’en  a pas  le 
cachet,  comme  on  dit  vulgairement.  Sa 


naissance,  à un  certain  point  de  vue,  serait- 
elle  tachée?  Nous  n’en  savons  rien.  Le  fait 
duresteimporte  peu;  l’essentiel,  c’est  que  la 
plante  soit  méritante,  ce  qui  est.  Inutile  de 
dire  qu’elle  est  rustique  et  comment  on  la 
multiplie;  sous  ce  rapport,  elle  ne  diffère 
point  des  espèces  communes. 

Carrière. 


UNE  TROISIÈME  PROPRIÉTÉ  DU  PINCEMENT. 


Ce  titre  suppose  que  le  lecteur  sait  bien 
déjà  : lo  qu’avec  le  pincement  seul,  on  peut 
former  la  charpente  de  tous  les  arbres  frui- 
î tiers,  telle  que  l’avaient  obtenue  nos  pères, 
à l’aide  de  la  coupe  des  branches  ; 2»  qu’avec 
lui  encore  seulement,  on  peut  couvrir  cette 
charpente  régulièrement  de  boutons  frui- 
tiers. Ces  deux  propriétés  admises,  nous 
voulons  dire  pour  la  troisième  que  le  pince- 
ment suffit  aussi  pour  passer  des  promesses 
fruitières  ci-dessus  aux  beaux  et  bons  fruits 
ordinairement  obtenus. 

Pour  le  concevoir,  qu’on  veuille  remar- 
quer que  le  moment  de  l’accroissement  des 
fruits  coïncide  parfaitement  avec  celui  de 
la  pousse  des  arbres,  et  aussi,  avec  tous  les 
pincements,  qui  eux,  ne  se  pratiquent  qu’à 
l’époque  du  mouvement  de  la  sève. 

Disons  encore  que  le  pincement  des 
bourgeons  suspend  momentanément  le 
cours  de  la  sève,  à l’aide  de  laquelle  ils  se 
seraient  développés;  mais  par  ce  procédé, 
celle-ci  reste  dans  l’arbre  ; toutes  ses  parties 
en  profitent,  puis  le  surplus  sert  à l’ouvrier 
pour  la  conduite  de  l’arbre  suivant  ses  vues. 
Or,  ces  pincements  répétés,  n’ayant  lieu  que 
successivement,  sur  toutes  les  petites  bran- 
ches qui  avoisinent  le  Iruit,  il  n’en  reçoit 
ainsi  qu’une  alimentation  graduelle,  mais 
continue,  qui  lui  suffit  dans  son  jeune  âge, 
ainsi  qu’à  toutes  les  parties  qui  ont  besoin 
de  développement;  cela  est  évident.  J’ajoute 
que  cette  sève  est  suffisante;  car  elle  finit 
toujours  par  être  celle  de  la  totalité  de  pe- 
tites branches,  qui  sont  fort  nombreuses  et 
? dont  quelques-unes  l’avoisinent  aussi  im- 

■ médiatement  que  possible  ; le  fruit,  partout 

' répandu,  profite  donc  de  cette  action. 

Ajoutons  que  suivant  la  manière  de  faire  l’o- 
pération, on  modifie,  on  active  l’action  de 
I cette  séye,  on  la  rend  vive  ou  lente,  suivant 
le  besoin  des  parties  avoisinantes.  Je  ne 
: puis  à cet  égard  entrer  dans  les  détails 

de  la  pratique.  J’admets  seulement  qu  on 
‘ sache  pincer , et  franchement,  à en  juger 
I aux  éloges  et  aux  sarcasmes  qu’a  sus- 

f cités  successivement  l’opération,  on  est  au- 

I torisé  à croire  qu’elle  n’a  pas  toujours  été 
I bien  faite.  En  serait-il  ici  comme  pour  le 
poète  : 

i S’il  n’a  reçu  du  ciel  l’influence  secrète, 

,j  Pour  lui  Phébus  est  sourd  et  Pégase  est  rétif? 


Essayons  si,  par  d’autres  tournures  de 
phrases,  nous  pourrions  mieux  persuader. 

Nous  savons  qu’autrefois , pour  rendre 
possible  la  conduite  d’un  arbre  selon  ses 
vues,  il  fallait  que  celui  qui  le  soignait  y 
trouvât  une  abondante  sève.  Ce  genre  de 
savoir  tient  beaucoup  de  celui  du  médecin 
et  du  chirurgien,  qui  n’ont  jamais  su  mieux 
que  nos  jardiniers  conserver  ou  faire  re- 
naître la  vie  chez  un  moribond. 

La  sève  nécessaire  doit  donc  exister 
dans  l’arbre,  et  il  s’agit  de  s’en  approprier 
une  partie  afin  d’en  disposer  suivant  les 
règles  de  l’art,  qui,  il  faut  bien  le  dire,  a 
ses  vues  spéciales,  aujourd’hui  surtout.  Car 
nous  ne  sommes  plus  au  temps  où  la  nature 
nous  faisait  trouver  bon  le  Gland  de  la 
forêt  voisine  ou  le  fruit  acerbe  des  premiers 
vergers  : aujourd’hui  nous  agissons  donc 
dans  d’autres  prévisions;  et  celles-ci  ont 
même  si  peu  de  durée,  que  ce  n’est  plus 
déjà  les  beaux  et  bons  fruits  qui  nous  suffi- 
sent; puisque  nous  les  voudrions  magni- 
fiques. 

Quoi  qu’il  en  soit,  pour  se  procurer  la 
sève  jugée  nécessaire,  voici  ce  que  faisaient 
nos  pères;  ils  enlevaient  une  fois  chaque 
année,  du  tiers  aux  trois  quarts  de  la  totalité 
de  la  pousse  de  toutes  les  branches  de  l’ar  - 
bre. Parlàilsrendaientprépondérant,pourle 
moment  suivant,  le  système  radiculaire  sur 
l’aérien,  et  la  dilférence  était  leur  apport  de 
sève. 

Absolument  dans  les  mêmes  prévisions, 
nous  agissons  dilîérernment  ; nous  pinçons 
à une,  deux  ou  trois  reprises,  suivant  le  be- 
soin, la  multitude  des  petites  branches  seu- 
lement. Par  là  nous  forçons  la  sève  qui  au- 
rait servi  à leur  développement,  à rester  la- 
tente dans  l’arbre.  C’est  là  notre  apport  de 
sève. 

Faisons  suivre  quelques  comparaisons 
dans  les  différences  qu’entraînent  ces  ma- 
nières d’agir. 

Dans  l’ancien  système,  la  végétation  de 
toutes  les  branches  suit  son  cours  naturel 
tout  le  long  de  chaque  année;  mais  à la  fin, 
il  est  rompu  violemment.  La  nature  alors  est 
soumise  à nos  caprices,  et,  renouvelant 
l’œuvre  de  Pénélope , nous  enlevons  en  un 
instant  presque  tout  le  produit  de  l’année. 
Le  palissage  des  grosses  branches  se  répé- 


46 


UNE  TROISIÈME  PROP 

lait  quelquefois,  et  celui  des  petites  régu- 
lièrement deux  à trois  fois  chaque  année. 
Tout  cela  augmentait  beaucoup  le  travail  et 
le  rendait  fort  coûteux. 

Dans  le  nouveau  système,  nous  n’enlevons 
rien  de  ce  que  la  nature  fait,  mais  nous  la 
détournons  de  ses  voies,  aussitôt  qu’elle 
s’écarte  des  nôtres.  Nous  ne  changeons 
jamais  le  palissage  des  grosses  branches,  et 
n’avons  plus  du  tout  celui  des  petites:  ce 
qui  permet  au  même  homme  de  soigner  le 
triple  d’arbres,  et  constitue  une  économie 
notable. 

Dans  l’ancien  système  on  corrige  le  mal 
quand  il  est  arrivé  à son  plus  haut  degré, 
en  enlevant  de  toutes  les  branches  ce  qui 
a dépassé  nos  besoins.  Ces  nombreuses 
coupes  causent  aux  arbres  les  maladies  que 
l’on  connaît,  qui  bâtent  leur  destruction 
après  les  avoir  fatigués  toute  leur  vie. 

Dans  le  nouveau  on  détourne  le  mal  avant 
qu’il  soit  fait,  parles  moyens  les  plus  doux, 
puisqu’il  n’y  paraît  plus  quinze  jours  après; 
on  ne  coupe  ni  ne  pince  les  grosses  branches  : 
il  est  reconnu  qu’on  doit  les  laisser  pousser 
jusqu’à  ce  que  l’arbre  soit  entièrement  for- 
mé. On  ne  coupe  que  les  petites,  parce 
qu’on  ne  peut  garder  tous  les  boutons  oble- 
nus,  mais  ici  "leur  choix  même  facilite  le 
travail.  Si  quelque  jour  on  parvient  à ne 
former  juste  que  le  nombre  de  boutons 
fruitiers  nécessaires,  il  n’y  aura  plus  du  tout 
de  branches  à couper  aux  arbres. 

On  voit  facilement  que  l’apport  de  sève  de 
nos  pères  n’était  que  momentané;  d’abord 
très-énergique,  puisque  leurs  arbres  se  cou- 


CULTURE  DE  LA  VIGNE 

La  Vigne  se  cultive  habituellement  en  Eu- 
rope à l’aide  de  deux  procédés,  généralement 
connus  sous  le  nom  de  taille  et  de  faço7i; 
et  l’on  peutaflirmer  sans  crainte  d’être  dé- 
menti que  les  frais  généraux  de  culture  et  la 
durée  de  la  Vigne  sont  en  raison  inverse 
l’une  de  l’autre,"de  telle  sorte  que,  plus  les 
trais  généraux  sont  grands , moins  les  pro- 
duits sont  rémunérateurs,  et  moins  la  du- 
rée de  la  Vigne  permet  de  récupérer  les  frais 
de  mise  en  culture.  D y a ici  un  vice  radi- 
cal de  culture,  qui  saute  aux  yeux  des  moins 
clairvoyants,  mais  auquel  on  se  soumet  fa- 
talement, faute  de  connaître  un  autre  procédé 
qui  pourrait  le  remplacer  et  mettre  la  Vigne 
dans  le  cas  de  presque  toutes  les  cultures  hu- 
maines, qui,  si  elles  ne  sont  pas  toutes  égale- 
ment rémunératrices,  ne  sont  pas  au  moins 
défectueuses  au  point  de  rendre  plus  à celui 
qui  travaille  le  moins  son  champ,  et  lui 
fournit  le  moins  de  substances  réparatrices. 
Tel  est  le  cas  de  la  Vigne,  qui,  dans  certaines 
contrées  du  Midi,  peut  donner  jusqu’à  trois 


[ÉTÉ  DU  PINCEMENT. 

vraient  quelquefois  d’une  multitude  de  gour- 
mands, ce  qui  n’a  jamais  lieu  avec  le  pince- 
ment bien  fait,  — ensuite  trop  ralenti,  puis- 
que l’effet,  toujours  trop  local,  finissait  même 
par  être  insulTisant;  car  une  fois  que  les 
gourmands  étaient  établis  dans  l’arbre,  la 
sève  abondait  en  eux  et  pas  ailleurs,  M.  Le- 
lieur  a eu  à ce  sujet,  une  excellente  idée, 
en  admettant  que  les  nombreuses  feuilles 
des  longues  branches  pouvaient  être  assi- 
milées à autant  de  pompes  aspirantes,  ré- 
pandues tout  le  long  des  rameaux. 

L’action  en  est  tellement  sensible  dans 
leur  sommité,  que  les  boutons  de  la  base  de 
CCS  rameaux  sont  amaigris  et  quelques-uns 
même  oblitérés.  Si  la  sève  abandonne  leur 
base,  comment  pourrait-elle  agir  à distance 
dans  le  voisinage? 

Voilà,  cher  lecteur,  ce  que  je  puis  vous 
dire,  au  sujet  de  ce  troisième  pincement. 
Si  vous  n’êtes  pas  persuadé,  disons  seule- 
ment ébranlé,  c’est  sans  doute  ma  faute,  et 
je  m’en  accuse.  Mais  c’est  peut-être  aussi  un 
peu  la  vôtre.  Auriez-vous  un  parti  pris? 
Réftécbissez  sur  ce  dernier  fait,  mais  ne 
dites  pas:  La  chose  est  impossible,  la  nou- 
velle conduite  n’a  pas  le  sens  commun,  car 
elle  est  déjà  beaucoup  trop  répandue. 

Cette  situation  est  parfaitement  appréciée 
pai  les  hommes  les  plus  éminents,  et  elle 
leur  a inspiré  l’idée  de  faire  décider  la 
question  de  préférence  le  plus  tôt  possible, 
en  faisant  appel  à tous  les  hommes  de  cœur, 
d’entente  et  d’expérience;  puissent-ils  être 
compris! 

D.  Bouscâsse, 


SANS  TAILLE  NI  FAÇON. 

cents  hectolitres  à l’hectare,  alors  qu’elle  en 
donne  à peine  de  vingt  à trente  dans  la  cul- 
ture du  Centre.  Et  l’inlluence  de  la  chaleur, 
quoi  qu’on  en  dise  , n’est  pour  rien  dans  la 
quantité  des  produits;  car  , dans  certaines 
contrées  du  Nord-Est,  elle  diffère  à peine  de 
celle  du  Sud  dont  nous  avons  parlé.  C’est 
donc  au  mode  de  culture  plus  encore  qn  au 
cepage  qu’il  faut  s’en  prendre,  sans  mécon- 
naître la  plus  grande  fécondité  de  certains 
d’entre  eux,  qui  donnent  en  général  du  vin 
fort  médiocre.  ^ 

C’est  donc  la  méthode  de  culture  qu  il 
faut  changer,  et  il  faut  le  faire  d’une  manière 
complète  "et  radicale,  si  l’on  veut  rendre  a 
la  culture  de  la  Vigne  en  France  toute  son 
importance  et  toute  sa  puissance  rémunéra- 
trice, qu’elle  tend  de  jour  en  jour  à perdre 
par  le  fait  même  des  méthodes  plus  perfec- 
tionnées, dont  les  résultats  invariables  sont 
d’augmenter  les  frais  génémux  de  produc- 
tion en  exigeant  plus  de  main-d’œuvre,  alors 
qu’elle  se  raréfie  d’année  en  année  et  qu  elle 


47 


CULTURE  DE  LA  VIGNE 

monte  bientôt  à un  taux  qui  finirait  par  la 
rendre  presque  impraticable  pour  les  crûs 
ordinaires,  dont  les  prix  moyens  varient  deî20 
à 30  francs  l’hectolitre  nu.  Assurément, 
si  on  avait  donné  cà  résoudre  ce  problème  : 
« Cultiver  la  vigne  avec  le  plus  de  frais  pos- 
sible, avec  le  moins  de  productions  possi- 
ble, )>on  aurait  inventé  la  culture  telle  qu’elle 
se  pratique  généralement  en  France.  Vingt 
ans  d’étude  de  cette  question  et  de  pratique 
viticole  ne  nous  laissent  plus  de  doute.  Mais 
en  publiant  le  résultat  de  nos  investigations, 
nous  n’espérons  pas  la  voir  se  modifier 
brusquement,  mais  nous  désirons  éclairer 
ceux  qui  voudront  comprendre  la  portée 
de  nos  observations,  en  leur  permettant  de 
contrôler  notre  dire  par  la  culture  de 
quelques  ares;  expérience  fort  peu  dispen- 
dieuse et  peu  compromettante  pour  les  résul- 
tats généraux  de  la  production  œnologique 
de  France. 

Posons  d’abord  en  principe,  1»  que  la  Vigne 
peut,  veut  et  doit  être  cultivée  à plat,  comme 
un  champ  de  Betteraves  ou  d’Asperges; 

qu’elle  gagne  à être  cultivée  à la  superticie 
du  sol  et  que  ses  racines  superficielles,  géné- 
ralement détruites  ou  détériorées  par  les 
façons  qu’on  donne  à la  Vigne,  senties  plus 
utiles  pour  la  production  fruitière  auxquelles 
elles  correspondent,  ainsi  que  le  démontre 
la  remarquable  production  de  la  Vigne  cul- 
tivée dans  nos  cours,  sous  les  pavés  qui 
la  préservent  de  toutes  les  façons  et  entre- 
tiennent à ses  pieds  une  humidité  modérée, 
telle  qu’elle  plaît  et  convient  à cet  arbrisseau. 

Nous  proposons  donc  de  bien  défoncer,  à 
0"\30  ou  0»\60,  au  plus,  et  d’amender  une 
fois  pour  toutes,  c’est-à-dire  pour  cent  ans  au 
moins,  le  champ  qu’on  veut  planter  en  Vigne. 

Ceci  fait,  prenez  non  des  crossettes  qui 
sont  de  toutes  les  parties  de  la  Vigne  celles 
qui  s’enracinent  le  moins  aisément  et  qui 
donnent  le  plus  tardivement  des  fruits,  mais 
bien  l’extrémité  de  sarments  , longs  de 
0"*.20  à 0’".30,  et  auxquels  vous  aurez  re- 
tranché l’extrémité  non  aoûtée.  Vous  les  pi- 
querez droits,  en  terre  bien  préparée  et  bien 
amendée,  en  plein  soleil  et  non  à l’ombre, 
à dix  centimètres  l’un  de  l’autre.  Celte 
opération  doit  se  faire,  pour  le  plus  grand 
avantage  et  la  plus  complète  réussite,  au 
mois  d’août,  avec  du  bois  de  l’année  et  à 
moitié  décortiqué,  et  non  aux  mois  de  mars 
et  avril,  avec  du  bois  qui  a souffert  des 
âpretés  de  l’hiver.  Avec  du  repiquage  du  mois 
d’août,  vous  aurez  des  scions  enracinés  pour 
mettre  en  place  au  printemps  suivant,  qui 
vous  donneront  deux  pousses  d’un  mètre  au 
moins  fortes  et  vigoureuses , qui  pourront 
être  couchées  et  certainement  se  mettront 
sans  le  moindre  inconvénient  à fruit  dès  la 
seconde  année  (six  grappes  au  moins  par 
cep),  sans  autre  taille  (pie  le  retranchement 
de  la  partie  non  aoûtée  des  sarments. 


SANS  TAILLE  NI  FAÇON. 

Dès  la  troisième  année,  on  utilisera  les 
deux  sarments  qu’on  aura  ménagés  à la 
base  des  rameaux  fructifères,  en  les  dispo- 
sant en  croix  sur  le  sol,  et  l’on  fichera  en 
terre  leur  extrémité  en  donnant  à chaque 
branche  fructifère  la  disposition  d’un  arc 
d’autant  plus  recourbé  qu’elle  sera  plus  lon- 
gue et  plus  exposée  à porter  un  plus  grand 
nombre  de  grappes. 

Il  reste  bien  entendu  que  l’on  ne  retran- 
chera aucune  des  branches  ayant  porté 
grappe,  et  qu’on  se  contentera  d’éborgner 
les  coursons,  qui  ne  devront  jamais  piïrter 
plus  d’une  ou  deux  grappes. 

Dès  la  quatrième  année,  les  souches  à la 
base  de  chacune  de  nos  quatre  branches  dis- 
posées en  croix  ayant  fourni  quatre  nou- 
veaux scions  qui  seront  interposés  dans 
leur  courbure  aux  quatre  scions  primitifs, 
la  Vigne,  dès  lors,  se  trouve  bornée  à son 
maximum  de  production,  et  l’on  devra  ébor- 
gner  la  base  des  sarments  qui  pousseront 
sans  faire  produire  encore  huit  nouveaux 
rameaux  fructifères,  ce  qui  compliquerait 
par  trop  la  disposition  des  sarments  répan- 
dus à la  surface  du  sol. 

Qu’on  ne  croie  pas  par  ce  procédé  épui- 
ser la  Vigne  et  lui  nuire  dans  sa  durée,  car 
elle  sera  d’autant  plus  productive  et  plus 
vivace  et  plus  vigoureuse  qu’on  lui  donnera 
plus  de  feuilles  à porter.  Dans  une  tenta- 
tive de  ce  genre,  j’ai  porté  à plus  de  cent 
grappes  des  plus  belles  la  production  d’un 
seul  pied  de  Vigne,  qui  ne  s’est  jamais  mieux 
porté  et  n’a  montré  plus  de  vigueur  que 
sous  l’influence  d’une  telle  disposition.  Je 
me  propose  de  lui  en  laisser  porterie  double, 
l’année  prochaine,  pour  voir  si  l’exagération 
en  ce  genre  peut  être  défectueuse  ou  avoir 
des  conséquences  funestes  qu’on  ne  saurait 
attribuer  à la  méthode,  mais  bien  à son  ex- 
tension illimitée  ; ce  qui  ne  devrait  pas 
l’infirmer,  mais  la  circonscrire  dans  des 
limites  parfaitement  acceptables  par  la 
raison  et  que  la  pratique  peut  seule  déter- 
miner. 

Ainsi  qu’on  a pu  l’observer,  dans  cette 
méthode  il  n’a  pas  été  question  de  binage 
ni  de  façon.  C’est  qu’il  n’en  est  que  peu  ou 
pas  besoin  une  fois  que  la  Vigne  a pris  tout 
son  développement,  et  nous  conseillons  de 
laisser  sur  le  sol , pour  le  protéger  et  l’engrais- 
ser, toutes  les  herbes  parasites  de  première 
année,  qu’on  évitera  de  laisser  porter  graine 
autant  que  possible.  Il  haut  laisser  à la  Vi- 
gne et  à l’ombre  de  son  feuillage  le  soin  de 
les  détruire  entièrement,  ce  qui  ne  man- 
quera pas  d’arriver  dès  la  troisième  ou  qua- 
trième année,  dès  que  le  sol  sera  entière- 
ment stratifié  des  jets  fructifères. 

Un  des  plus  grands  avantages  de  cette 
nouvelle  méthode  de  culture  de  la  Vigne  est 
de  n’employer  que  deux  mille  cinq  cents 
, pieds  par  hectare,  car  chaque  pied  couvre 


CULTURE  DE  LA  VIGNE  SANS  TAILLE  NI  FAÇON. 


2 mètres  en  tous  sens  ou  4 mètres  de 
superficie,  ce  qui  donne  aux  racines  de  la 
plante  un  développement  équivalent.  Entre 
chaque  rangée  de  ceps,  il  faudra  maintenir 
en  bon  état  un  sentier  de  0«\30,  pour  faci- 
liter la  culture  qui,  toute  simplifiée  qu’elle 
se  trouve,  exige  au  moins  une  inspection 
mensuelle  pour  supprimer  la  trop  grande 
production  fruitière  et  faciliter  la  récolte  et 
l’exfoliation  en  temps  nécessaire  pour  hâter 
la  maturation. 

Il  ne  faudrait  pas  croire  que  l’exube- 
rance  de  production  nuisît  en  aucune  ma- 
nière à la  maturité  et  par  suite  à la  qualité 
du  vin,  ainsi  qu’il  arrive  fréquemment  dans 
l’ancienne  méthode,  où  les  grappes  se  trou- 
vent accumulées  au  centre  du  cep  ; car,  dans 
la  méthode  que  nous  préconisons,  chaque 
grappe  se  trouve  isolée  et  répandue  sur  une 
surface  de  plusieurs  mètres,  et  toute^  éga- 
lement exposées  aux  rayons  solaires.  Ceux- 
ci  à notre  avis  font  la  qualité  du  vin,  toutes 
choses  égales  d’ailleurs,  en  favorisant  la 
formation  du  principe  sucré  et  aromatique, 
et  toutes  y ont  également  droit  si  elles  reçoi- 
vent également  l’inlluence  solaire.  La  qua- 
lité du  raisin  ne  procède  pas  à notre  avis 
des  sucs  de  la  terre,  qui  ne  sont  chargés 
que  de  fournir  la  frondaison  d’où  procédera 
la  sève,  récurrente,  élaborée,  ainsi  que  le 
prouvent  les  résultats  de  l’incision  annu- 
laire qui  assure  la  fécondité  du  cep  et 
hâte  la  maturité  du  grain. 

Pour  résumer  les  avantages  de  notre 
méthode,  nous  trouvons  : qu’elle  simplifie 

de  beaucoup  la  plantation,  réduite  à planter 
à la  cheville  "2,500  ceps  enracinés  à une  pro- 
fondeur qui  ne  dépasse  pas  0”.20;  2®  â 
avancer  au  moins  de  deux  ans  la  produc- 
tion moyenne  de  la  Vigne;  3«â  supprimer  la 
taille,  qui  retranche  inutilement  du  bois  fort 
et  susceptible  de  produire  des  grappes  aussi 
bien  et  mieux  que  les  quelques  yeux  qu’on 
laisse  à la  base  du  rameau  fructifère; 4» l’ab- 
sence de  taille  a le  double  avantage  d’éco- 
nomiser un  temps  précieux  et  de  retarder 


la  sève  du  printemps  ^t  de  moins  exposer 
la  vigne  aux  gelées  du  printemps;  5»  Pécono- 
mie  des  fonds,  employés  jusqu’ici  et  très- 
considérables  pour  la  mise  en  état  de  rapport 
d’un  hectare  de  Vigne,  est  notable  et  peut 
facilement  pourvoir  à rensemencement  de 
quatre  fois  au  moins  la  même  surhice. 

La  culture  â plat  de  la  Vigne  et  sa  forme 
à long  bois  suppriment  la  façon  si^  pénible 
et  si  nuisible  â la  constante  fertilité  et  sur- 
tout à la  durée  de  la  souche,  deux  avan- 
tages incomparables,  puisqu’ils  obvient  à 
la  rareté  de  la  main-d’œuvre,  et  qu’elle 
donne  un  produit  plus  sûr  et  mieux  rému- 
nérateur pour  le  propriétaire  comme  pour 
le  vigneron.  Si  l’on  considère  que  la  France 
est  presque  seule  à produire  des  vins  usuels, 
et  que  leS'  terres  susceptibles  d’être  livrées 
avec  avantageât  viticulture , pourraient 
être  facilement  doublées,  on  voit  l’avantage 
qu’il  y aurait  à simplifier  la  culture,  accessi- 
ble dès  lors  aux  plus  ignorants  comme  aux 
plus  habiles. 

Nous  ne  parlerons  pas  de  l’amélioration 
des  produits;  elle  est  pour  nous  incontes- 
table. Mais  nous  ne  manquerons  pas  ^ de 
signaler  que  notre  méthode  est  appelée  â 
revivifier  les  sous-cepages  qui  ne  sont  gé-^ 
néralement  abandonnés  qu’en  raison  de  la 
rareté  de  leurs  produits,  qui  ne  trouvent 
plus  d’acheteurs  â des  prix  suffisamment 
rémunérateurs.  Avec  notre  méthode  dispa- 
raîtront les  plants  gamays,  qui,  n’étant 
plus  favorisés  par  la  quantité  de  leurs  pro- 
duits, seront  relégués  dans  la  culture  pour 
l’acool,  dont  la  France  a presque  la  produc- 
tion exclusive.  Nous  faisons  appel  â la  bonne 
volonté  et  â l’intérêt  particulier  des  viticul- 
teurs, qui  est  aussi  celui  de  toute  la  France. 
Puisse  notre  réclamation  être  entendue  et  ap- 
préciée â sajuste  valeur!  Nous  l’espérons,  sans 
nous  faire  illusion  sur  les  difficultés  d’une 
transformation  aussi  radicale  de  la  viticul- 
ture. 

J,  Pige  AUX. 


FLORAISONS  AUTOMNALES  EN  1865. 


Indépendammentdes  Chrysanthèmes,  dont 

on  a obtenu  des  variétés  si  nombreuses,  que 
les  horticulteurs  ont  été  obligés  de  retrancher 
les  anciennes,  etdes  espèces  récemment  im- 
portées du  Japon  et  plus  bizarres  que  belles; 
sans  parler  des  Dahlias  dont  les  fleurs  et  les 
tiges  sont  brûlées  par  les  plus  faibles  gelées, 
les  jardins  de  nos  climats  ont  gardé,  en 
1865,  jusqu’au  milieu  de  décembre,  un  cer- 
tain nombre  de  fleurs  qui  sont  venues  ré- 
créer les  yeux  de  l’amateur. 

Citons  la  floraison  remarquable  des 
Yucca  gloriosa,  filamentosa , recurva,  qui 


ont  fleuri  depuis  le  mois  de  juin  jusqu’à 
celui  de  novembre.  Ils  ont  fourni  des  hampes 
florales  d’un  mètre  de  hauteur  et  ont  été 
garnies  de  cent  fleurons  de  longue  durée. 
Je  n’ai  point  obtenu  de  fructification,  tandis 
que  les  Ricins  de  l’Algérie  ont  donné  d’ex- 
cellentes graines.  Ces  riches  plantes  an- 
nuelles sont  de  grand  ornement  et  produi- 
saient un  grand  effet  dans  les  beaux  et 
nouveaux  squares  et  jardins  de  la  ville  de 
Toulouse,  oû  ils  forment  desinassifs  qui  con- 
trastaient par  leur  feuillage  incisé  et  lacinié 
avec  les  grandes  feuilles  des  Canna,  des 


FLORAISONS  AUTOMNALES  EN  1865. 


49 


5 Ferdimnda,  des  Wigandia  et  autres  plantes 
' ornementales. 

, La  floraison  des  Tritoma  nvaria  a duré 
! tout  l’été  els’estrenouveléeennovembre.  J’ai 
compté  sept  hampes  fleuries  sur  une  seule 
touffe;  elles  durent  longtemps,  cesplantessi 
robustes  et  si  vigoureuses,  qui,  dans  nos  cul- 
tures peuvent  former  avec  les  Glaïeuls  de 
très-jolies  corbeilles. 

Les  Arbousiers  étaient  naguère  encore 
! couverts  et  de  fleurs  et  de  fruits  déjà  mûrs. 
Rien  de  plus  joli  que  les  grappes  pendantes 
de  l’Arbousier  à fleurs  roses,  variété  encore 
rare  dans  le  Midi  où  elle  acquiert  de  fortes 
dimensions. 

Les  Paulownia  avaient  déjà  perdu  leurs 
feuilles  au  commencement  de  décembre, 
mais  Pextrémité  des  rameaux  était  terminée 
par  de  nombreux  et  gros  boutons.  Les  cônes 
floraux  des  Cèdres  de  l’Ilimalaya  sont  tom- 
bés, les  autres  ne  paraissaient  pas  encore  ; 
ceux  des  Cèdres  du  Liban  avaient  acquis 
toute  leur  grosseur  ainsi  que  ceux  des 


SUR  LE  PINCEMENT  D 

Je  vois  dans  \di  Revue  horticole  du  1®’^  dé- 
cembre 1865  (page  452)  une  polémique 
engagée  entre  M.  Bouscasse  et  M.  Chauve- 
lot.  Ce  dernier  fait  l’énumération  de  ceux 
qui  ont  pincé  leurs  arbres  comme  M.  de 
La  Quintinye,  et  il  attribue  à ce  grand 
homme  l’idée  première  du  pincement. 
M.  Chauvelot  oublie,  bien  involontairement 
sans  doute,  que  le  pincement  de  cet  homme 
célèbre  n’était  que  le  préliminaire  des  tail- 
les en  vert  que  l’on  pratique  encore  aujour- 
d’hui lors  du  palissage. 

j Le  nom  de  nouvelle  que  j’ai  donné  à ma 
' manière  de  former  et  de  régler  les  arbres 
n’a  pas  été  acceptée  pour  tout  le  monde; 
elle  était  un  peu  usée.  Dans  une  bouche 
; jusqu’alors  inconnue,  cette  pratique  nou- 
velle mise  en  avant  par  un  homme  simple, 
qui  n’avait  pas  usé  ses  pantalons  sur  les 
bancs  d’un  collège  était  sans  doute  bien 
' téméraire.  Quelques-uns  me  l’ont  donné  à 
I entendre,  d’autres  me  l’ont  dit  et  écrit. 

^ Me  mettant  dans  la  nécessité  de  me 
5 I justifier  du  tort  grave  d’avoir  vu  clair  dans 

^ j le  grand  livre  de  la  nature  avant  les  autres 

, i et  d’avoir  peut-être  un  peu  trop  raison,  je 

g i vais  donc,  pour  me  justifier,  soumettre  à ces 

. i Messieurs  les  résultats  que  j’obtiens  par 

! mon  pincement,  non  pas  infiniment  court  et 

j.  I réitéré  comme  on  l’appelle,  car  depuis  plu- 

,!  I sieurs  années  je  ne  fais  plus  qu’un  seul 

g I pincement  sur  chaque  rameau  pendant  le 

J.  j cours  de  la  végétation. 

1 Les  résultats  quej’ai  obtenus  remplissent 


Magnolias,  qui  laissaient  échapper  leurs 
graines  d’un  rouge  de  corail. 

C’est  par  centaines  qu’on  aurait  pu  comp- 
ter les  chatons  polliniques  des  Séquoia  sem- 
pervireus.  Les  strohiles  des  Cryjito^neria  et 
des  Biola  sont  très-abondants  et  donnent  de 
bonnes  graines.  Les  Noisetiers,  les  Biba- 
ciers,  les  Aunes,  ont  montré,  leurs  pre- 
mières fleurs  en  avance  de  près  d’un  mois 
sur  les  précédentes  années.  Les  Rosiers  du 
Bengale,  de  la  Chine,  et  Noisette  et  presque 
tous  les  Rosiers  remontants,  refleurissaient 
encore,  favorisés  par  un  véritable  été  de  la 
Saint-Martin^  qui  permettait  de  terminer  les 
grands  travaux  delà  saison  dans  de  bonnes 
conditions.  Les  potagers  étaient  encore  bien 
garnis,  les  Choux-fleurs  très-vigoureux, ainsi 
que  les  Choux  de  Bruxelles.  Les  Chicorées 
et  autres  salades,  les  Céleris,  l’Oseille,  se 
sont  donnés  à un  bon  prix.  Les  Navets 
Boule-d’Or,  une  des  variétés  les  meilleures 
avec  le  Preneuse,  ont  beaucoup  fourni. 

D’Ounous, 

Propriétaire  à Saverdun  (Ariége) 


S ARBRES  FRUITIERS. 

le  but  que  je  me  suis  proposé,  celui  d’être 
utile  à tous. 

1"  Les  branches  de  la  charpente  de  mes 
arbres  sont  à 0'".20  les  unes  des  autres  pour 
le  Poirier  et  0"n25  pour  le  Pêcher;  on  a 
donc  les  deux  tiers  d’économie  d’espalier  et 
par  conséquent,  le  double  de  productions 
fruitières  ; 

Je  suppr.ime  le  palissage,  les  nom- 
breuses opérations  qu’il  exige  et  les  dépen- 
ses qu’il  entraîne  ; 

3»  Par  le  seul  pincement  des  deux  feuil- 
les stipulâmes,  je  fais  naître  à la  base  de 
chatiue  nouveau  rameau  deux  yeux  à bois 
sur  toute  l’étendue  de  l’arbre,  quelle  que  soit 
sa  dimension,  et  de  plus,  des  productions 
fruitières  à leur  seconde  paire  de  feuilles . 
même  sur  les  bourgeons  anticipés  de  la 
plus  mauvaise  nature.  Ceci  n’a  pas  été  ob- 
tenu /usqu’à  cejour,  que  je  sache  au  moins. 
Selon  moi,  c’est  la  base  de  toute  bonne  cul- 
ture, puisque  l’on  peut  faire  naître  des 
yeux  autant  que  l’on  désire  ; 

4»  Je  forme  et  dirige  mes  jeunes  arbres 
par  le  seul  pincement  des  feuilles,  sans 
leur  faire  subir  la  moindre  amputation  ni 
taille  en  vert.  Ils  ne  sont  soumis  qu’a  un 
seul  pincement  pendant  tout  le  cours  de  la 
végétation. 

Non-seulement  ce  procédé,  que  je  crois 
nouveau,  peut  être  mis  en  usage  sur  tous 
les  arbres  fruitiers,  mais  sur  tous  les  ar- 
brisseaux ligneux  et  herbacés. 

tRiN  aîné. 


MULTIPLICATION  DU  BIGNONIA  DU  CAP. 


Tout  le  monde  connaît  trop  le  Big^îonia 
Capensis  pour  qu’il  soit  ici  question  de  le 
décrire,  nous  nous  bornerons  seulement  à 
faire  connaître  le  procédé  qui  nous  a le  mieux 
réussi  pour  sa  multiplication. 

Chacun  sait  que  celte  superbe  plante  se 
multiplie  facilement  de  boutures  simples  et 
plus  facilement  encore  avec  celles  faites 
sous  cloches.  Ceci  est  vrai,  mais  ces  genres 
de  multiplication,  quoique  bons,  ne  peuvent 
nullement  se  comparer  au  simple  procédé 
que  nous  allons  exposer.  Il  est  déjà  connu, 
mais  pas  assez  pratiqué,  selon  nous,  car 
c’est  le  moyen  le  plus  court  pour  obtenir  en 
très-peu  de  temps  des  sujets  forts  et  robustes. 


avantages  que  n’ont  pas  les  autres  moyens, 
d’ailleurs  bien  plus  longs  et  réclamant  en 
outre  une  foule  de  soins  qu’on  n’a  presque 
jamais  le  temps  de  donner  aux  sujets. 

A la  fin  d’avril  on  rempote  la  plante  dans 
un  pot  assez  grand,  ou,  ce  qui  est  préféra- 
ble,  on  la  place  en  pleine  terre,  à mi-om- 
bre, dans  un  trou  assez  profond,  fumé  avec 
du  bon  terreau.  Cela  fait,  on  ne  s’étonnera 
pas  que  la  plante  pousse  des  jets  qui  auront 
atteint,  vers  le  milieu  de  septembre,  2"™. 50 
ou  3 mètres  de  longueur.  Que  fait-on  alors? 
On  retranche  tous  ceux  qui  paraissent  su- 
perflus, pour  faire  refluer  la  sève  sur  les 
deux  ou  trois  plus  forts  (B,  D,  fig.  4)^qu’on 


Fig,  4.  — Multiplication  du  Bignonia  du  Cap. 


aura  choisis,  car  deux  ou  trois  tiges  sont  | 
plus  que  suffisantes  pour  donner  naissance 
aune  famille  qui  se  trouvera  composée  d’une 
quinzaine  d’individus  C On  pince  l’extré- 
mité de  ces  tiges  et  l’on  voit  bientôt  appa- 
raître aux  aisselles  des  feuilles  des  bour- 
geons qui,  ayant  atteint  0«i.30  ou  0™.40  de 
hauteur,  doivent  être  incisés  en  c,  de  ma- 
nière à ne  leur  laisser  presque  que  la  peau,  en 
pratiquant  l’entaille  en  dessous  de  l’insertion 
du  rameau. 

On  pratique  avec  un  instrument  quelcon- 
que une  petite  rigole  E dans  laquelle  on 

^ Si  l’on  désirait  un  plus  grand  nombre  de  sujets, 
on  couperait  alors  la  plante  en  A(comme  le  représente 
la  ligure  4)  à 0”».  10  ou  0"‘.12  de  hauteur,  et  on 
laisserait  des  liges  en  proportion  des  sujets  qu’on 
veut  obtenir.  D’une  seule  de  ces  plantes  ainsi  trai- 
tée, on  peut  enlever  jusqu’à  50  sujets.  Ceci  s’expli- 
que d’autant  mieux  que  la  ]>lante  ayant  ses  rameaux 
opposés,  en  fournit  le  double,  quoique  pour  plus  de 
clarté,  la  figure  ne  reproduise  ces  rameaux  que  sim- 
ples. 


couche  la  tige  opérée,  en  ayant  soin  de  la 
recouvrir  de  terreau  pour  favoriser  l’émis- 
sion des  jeunes  racines.  On  aura  soin  d’as- 
sujetlir  les  liges  en  terre  par  de  petits  cro- 
chets en  bois  et  de  lasser  la  terre  de  manière 
que  rien  ne  puisse  la  déranger.  Il  faudra 
n’enterrer  les  jeunes  sujets  que  de  quelques 
centimètres.  J’ai  remarqué  que  les  moins 
profondément  enfouis  sont  toujours  les 
mieux  enracinés. 

Sitôt  l’entaille  faite,  les  jeunes  sujets  pâ- 
lissent, d’autant  plus  que  l’opération  a été 
violente.  On  les  croirait  tous  perdus;  mais 
peu  à peu  ils  reprennent  parfaitement,  et, 
d’ordinaire,  quand  vient  le  sevrage,  ceux 
qui  paraissaient  morts  sont  les  plus  jolis  et 
les  mieux  fournis  en  racines,  qui  mesurent 
quelquefois  0"‘.07  à 0'“.08. 

On  peut  procéder  au  rempotage  une 
vingtaine  de  jours  après  l’opéralion.  On  a 
alors  la  satisfaction  d’avoir  des  individus 
forts  et  vigoureux,  garnis  d’un  bon  bourre- 


lmp  Zanotç  rue  des  Boi/Jait^ers  ,15,  Paris. 


Poire  Mélaiiie  Michelin 


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Ataccia  crislata. 


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MULTIPLICATION  DU  BIGNONIA  DU  CAP. 


let,  s’il  ne  sont  pas  tous  pourvus  de  ra- 
cinGS. 

On  doit  bien  prendre  garde,  en  les  em- 
potant, de  ne  pas  casser  les  jeunes  racines 
'très-tendres.  On  arrose,  on  laisse  à l’ombre 


51 

pendant  trois  semaines.  Aux  approches  de 
l’hiver  on  rentre  en  orangerie,  et,  pour  la 
saison  prochaine,  on  a de  nombreux  exem- 
plaires de  cette  magnifique  plante. 

P.  Deydier. 


POIRE  MÉLANIE  MICHELIN. 


Voici  encore  une  variété  nouvelle  très- 
précoce  issue  de  l’Epargne  ou  Beau  Présent, 
cette  vieille  Epargne  de  La  Quintinye,  qu’il 
trouvait  pim  belle  que  bonne,  wi  peu  vonlêe 
dans  sa  taille  et  pins  faite  pour  triompher 
dans  les  pyramides  que  dans  la  bouche. 

L’arbre  qui  porte  la  Poire  Mélanie  Miche- 
lin est  assez  vigoureux,  très- fertile;  son 
écorce  est  un  peu  rugueuse;  les  grosses 
branches  sont  de  couleur  noisette,  bien  gar- 
nies , dirigées  un  peu  obliquement , munies 
d’épines  longues  et  acérées. 

Les  rameaux  sont  moyens , assez  longs, 
droits,  atténués  à leur  extrémité  comme 
dans  la  variété  mère,  mais  très-peu  flexueux; 
ils  sont  d’un  rouge-pourpre  obscur  sur 
les  arbres  vigoureux  ou  greffés  sur  franc, 
rouge-sanguin  sur  les  individus  greffés  sur 
Cognassier.  Ils  ont  des  lenticelles  rondes,  pe- 
tites, grises.  Les  boutons  à bois  sont  moyens, 
coniques,  aigus,  bien  pleins,  inégalement  es- 
pacés ; les  écailles  brunes,  luisantes,  macu- 
lées à leur  base  d’un  enduit  glauque.  Les 
boutons  à fruits  sonlmoyens, renflés, aiguscà 
leur  sommet,  dérouleur  marron.  Les  feuilles 
moyennes,  assez  longues , minces,  arquées 
en  arrière,  ondées  sur  leurs  bords,  sont 
d’un  vert  terne , peu  ou  point  dentées;  le 
pétiole  est  assez  tort,  long,  vert  jaunâtre  ; 
les  stipules  rares  et  spatulées. 

Le  fruit,  représenté  par  la  figure  coloriée 
ci-contre,  est  moyen  ou  petit,  lisse,  venant 
par  trochets  de  trois  ou  quatre,  pyriforme, 
ventru  au  premier  tiers  de  la  hauteur,  assez 
régulier,  vert  clair  passant  au  vert  jaunâtre 
â la  maturité,  finement  pointillé  de  gris  et 
tacheté  de  gros  points  verts  surtout  du  côté 
de  l’ombre,  moucheté  légèrement  de  rose 
du  côté  du  soleil,  généralement  peu  coloré; 
il  rappelle  à la  maturité  l’aspect  des  anciens 
Blanquets  , et  surtout  du  Gros  Blanquet;  sa 


chair  est  fine , fondante , blanche  avec  un 
petit  œil  verdâtre;  son  eau  est  abondante, 
sucrée,  légèrement  acidulée  et  relevée  d’un 
goût  très-agréable.  La  queue  est  très-longue, 
souvent  aussi  longue  que  le  fruit , rentlée 
aux  deux  extrémités,  charnue,  très-tlexible, 
droite  ou  un  peu  tordue;  elle  s’implante  su- 
perficiellement au  sommet  du  fruit  qu’elle 
semble  continuer. 

L’œil  est  moyen,  ouvert,  bordé  de  ses 
divisions  courtes  , â base  charnue , placé  à 
fleuret  souvent  en  saillie  du  fruit.  Les  loges 
sont  grandes,  les  pépins  allongés  et  noirs. 

La  maturité  de  cette  Poire  arrive  en  mêm, 
temps  que  celle  des  Poire  Madeleinee 
Doyenné  de  juillet.  Colorée  de  juillet,  etc., 
c’est-â-dire  au  15  juillet  environ;  elle  de- 
vance d’au  moins  quinze  jours  l’Epargne, 
dont  elle  provient  et  dont  elle  semble  être 
un  diminutif  dans  les  caractères  de  l'ar- 
bre et  de  son  fruit. 

D’une  vigueur  plus  modérée  que  la  der- 
nière, peut-être  pourra-t-on  la  greffer  sur 
Cognassier  et  lui  donner  une  forme  un  peu 
régulière , chose  presque  impossible  â réa- 
liser avec  l’Epargne.  Les  sujets  greffés  que 
je  possède  sont  encore  trop  jeunes  pour 
pouvoir  rien  affirmer  â ce  sujet. 

Comme  la  plupart  des  Poires  précoces, 
celle-ci  demande  à être  surveillée.  Cueillie 
mûre  sur  l’arbre,  au  fruitier  elle  passe  très- 
vite  et  devient  pâteuse.  Si  l’on  a pris  la 
précaution  de  la  cueillir  un  peu  avant  son 
complet  développement,  elle  se  conserve 
alors  très-bien  sans  rien  perdre  de  ses  qua- 
lités. 

C’est  un  semis  de  1847,  qui  a rapporté 
la  première  fois  en  1861.  Je  l’ai  dédié  à 
Madame  Mélanie  Michelin,  de  Paris. 

Boisbunel  üls. 


ATACCIA  CRISTATA. 


L’A  taccia  cristata  (Kuntz,  Enuni.  Y.  466  ; 
W.  Hook,  Bot.  mag.,  t.  4859  ; Ch.  Lem  , dard, 
fleur.,  II,  pi.  186-187,  etc.),  est  une  plante 
de  la  famille  des  Taccacées. 

L’étymologie  du  nom  générique  est  A 
diminutif,  et  Taxis,  genre  voisin  ; pour- 
quoi dès  lors  l’altération  ataccia,  comme 


l’écrivent  tous  les  auteurs  L Au  sujet  de 
l’identité  générique,  les  botanistes,  en  géné- 
ral, se  demandent  par  quelle  raison  on  a 
séparé  ce  genre  du  hicca,  auquel  devraient 

1 De  plus,  inconvénient  assez  grave , on  le  con- 
fond, par  la  prononciation,  avec  Aaæia,  R.  Br.  genre 
d’Agrostacées  (Graminées). 


S2 


ATACCïA  CRISTATA. 


le  réunir  tous  ses  caractères  ; mais  ce  n’est 
pas  ici  le  lieu  de  discuter  cette  question. 

UAtaccia  crUtata  est  une  plante  aussi 
étrange  que  curieuse  par  ses  formes  florales, 
qui  lui  méritent  bien  la  culture.  Il  a été 
découvert  dans  la  Malaisie,  aux  environs  de 
Singapour  , de  Poulo-Penang  , etc.  , par 
W.  Jack,  vers  1820  ou  1822.  Le  dessin  colo- 
rié de  l’inflorescence,  donné  ci-contre,  a été 
exécuté  d’après  un  individu  exposé  à la 
grande  Exhibition  internationale  d’Evreux, 
en  1864,  dans  un  lot  deM.  Ambr.  Verschaf- 
felt,  et,  bien  que  la  plante  ne  fût  pas  nou- 
velle, elle  n’a  pas  moins  attiré  l’attention  de 
tous  les  visiteurs. 

Le  rhizome  en  est  tubéreux , court,  coni- 
que, hypogé,  annelé  par  les  cicatrices  qui 
résultent  de  la  chute  des  anciennes  feuilles. 
Il  produit  de  petits  tubercules  latéraux, 
que  l’on  en  sépare  pour  multiplier  la  plante, 
et  qui  sont  entremêlés  de  racines  fibreuses, 
étalées.  Les  feuilles,  au  nombre  de  trois  ou 
quatre,  sont  toutes  radicales,  portées  par  d’as- 
sez longs  pétioles  cylindriques,  canaliculés; 
le  limbe  foliaire  est  lancéolé-oblong,  un  peu 
acuminé,  long  d’environ  0*^^30  sur  0*".10 
à 0'".12  de  large,  à nervures  pennées,  sail- 
lantes, surtout  en  dessous.  Du  milieu  d’entre 


elles  se  dresse  un  scape,  aussi  long  que 
les  feuilles,  ou  à peu  près,  robuste,  angu- 
leux, lisse,  qui  se  termine  par  un  involucre 
de  quatre  folioles,  dont  deux  basilaires,  plus 
petites,  opposées,  sessiles,  et  deux  très- 
grandes,  dressées,  largement  ovées-aig\jës, 
mais  prolongées  à la  base  en  un  long  onglet^ 
plan,  large,  pourpre. 

Les  fleurs,  très-nombreuses,  sont  dispo- 
sées en  une  ombelle  penchée,  latérale  ; les 
pédoncules,  ou  mieux  pédicelles,  sont  longs 
et  uniflores;  ils  sont  entremêlés  de  filaments 
robustes,  atteignant  0'".15à0«u  16  de  long,  et 
divariqués , que  les  auteurs  considèrent 
comme  des  pédoncules  ; ce  seraient  plutôt, 
selon  nous,  des  bractées  allongées  et  fili- 
formes. Le  tube  de  chaque  fleur  est  turbiné, 
à six  angles  ; le  limbe,  d’un  pourpre  sombre, 
se  recourbe  tout  à coup  en  arrière,  et  est 
formé  de  lobes  bisériés,  les  internes  plus 
grands,  tous  ovés-arrondis.  La  gorge  est 
formée  en  un  anneau  crénelé.  Six  étamines; 
un  style,  etc.,  etc. 

La  culture  de  cette  remarquable  plante  ne 
diffère  en  rien  de  celle  des  Caladium , si 
bien  connue  aujourd’hui. 

Ch,  Lemaire, 

Professeur  de  botanique,  à Gand. 


LES  CATALOGUES  HORTICOLES  EN  1866. 


Nous  venons  de  recevoir  le  catalogue  des 
plantes  et  graines  disponibles , pendant  le 
printemps  de  1866,  au  Jardin  d’acclimata- 
tion du  bois  de  Boulogne.  Ce  catalogue  com- 
prend, en  grande  partie,  des  végétaux  d’or- 
nement, cultivables  en  serre  tempérée  et  en 
serre  chaude;  mais  on  y voit  aussi  l’indica- 
tion de  quelques  plantes  industrielles  et  ali- 
mentaires utiles  à répandre:  tels  sont  le 
Brome  de  Schrader  ; les  Cucurbita  Pepo  , 
moschata  et  maxima  viridisj  l’Igname  ailée; 
la  Tomate  à tiges  roides;  le  Pois  de  Com- 
mencbon  ; la  Tétragone  étalée  de  la  Nou- 
velle-Zélande ; le  Blé  Hallett  ; la  Poire  de 
terre  Cochet,  nouvelle  plante  agricole,  al- 
coolique et  saccharine,  pouvant,  dit  le  ca- 
talogue , remplacer  la  betterave;  diverses 
variétés  nouvelles  de  Haricots,  de  Maïs  et  de 
Pommes  de  terre  importées  en  France  et 
acclimatées,  dans  ces  derniers  temps,  par 
les  soins  du  Jardin  d’acclimatation.  Les 
Pommes  de  terre  sont  au  nombre  de  seize; 
ce  sont,  par  ordre  de  précocité  : Handswortli 
prolific,  la  plus  hâtive,  qui  peut  être  récoltée 
dès  le  15  juillet;  Lapston  Kidney,  d’Austra- 
lie , Santa-Helena , Black-Kidney,  Kidney 
rouge,  Rufziana,  Caillant,  Lesèble,  Mazars, 
Confédérée,  qui  ne  mûrit  que  vers  le  H"  sep- 
tembre, et  enfin  quatre  variétés  innommées 
de  précocité  moyenne.  Quant  aux  plantes 
ornementales  qu’offre  le  Jardin  d’acclimata- 


tion, elles  sont  empruntées  à toutes  les  fa- 
milles botaniques;  elles  viennent  des  con- 
trées les  plus  diverses,  et  plus  d’un  amateur 
y trouvera  à enrichir  sa  serre  à des  prix  très- 
raisonnables.  Les  demandes  doivent  être 
adressées  à M.  le  directeur  du  Jardin,  porte 
des  Sablons,  à Neuilly-sur-Seine. 

— Dans  le  catalogue  de  M.  Loise  pour 
le  printemps  prochain,  nous  voyons  d’abord 
une  liste  très-étendue  de  Glaïeuls,  plante 
pour  la  culture  de  laquelle  la  maison  Loise 
s’est  fait  une  spécialité  et  une  réputation 
bien  acquises.  Dans  les  variétés  hybrides  du 
Gandavensis,  nous  citerons  seulement  les 
nouveautés  de  1865,  qui  sont  : Chérubini  , 
à fleur  grande,  de  forme  parfaite , à fond 
blanc  largement  flammé  de  violet  carminé  ; 
Diomède,  à fleur  grande,  parfaite  de  forme, 
blanche,  flammée  de  carmin  et  maculée  de 
violet  carminé  très-foncé  ; Duchesse  de  Pa- 
doue,  à grandes  fleurs  bien  faites,  formant 
un  bel  épi  rose , et  ayant  la  macule  violacée 
rayée  de  blanc;  Empereur  Maximilien  , à 
fleur  rouge  vermillon,  ligné  de  blanc  jaunâ- 
tre au  centre  des  pétales;  Eurydice,  blanc 
pur  flammé  de  rose  vif  carminé;  Galilée, 
rouge-groseille  très-vif,  flammé  rouge- cra- 
moisi foncé  ; Le  Dante , rose  foncé , grande 
macule  blanc  pur,  fleur  très-grande , de 
nuance  nouvelle;  Malvin  a , rose  tendre  lé- 
gèrement flammé  rouge  Vaillant, 


LES  CATALOGUES  H 

écarlate  très-brillant , très-grande  macule 
blanc  pur;  Newton,  de  nuance  nouvelle 
très-belle,  rouge-cramoisi  foncé  à fond 
blanc  ; Shakespeare,  blanc  très-légèrement 
flammé  rose  carminé,  et  enfin  Mar(juise  de 
Pompadour  et  Empereur  Napoléon,-  que  la 
Beinie  a publiés  il  y a un  mois.  Avec  ses 
Glaïeuls,  M.  Loise  offre  encore  au  public  de 
belles  collections  de  Pivoines,  de  Fraisiers, 
de  Rhododendrons,  de  Rosiers,  de  Conifè- 
res et  surtout  de  plantes  vivaces  varices.  Le 
siéi?e  de  l’élablissement  est  è Paris,  rue  de 
la  Pelleterie,  dite  Quai  aux  Fleurs,  iP  3. 

— Nous  avons  parlé , l’année  dernière 
(1865,  page  196),  des  cultures  de  M.  Eu- 
gène Verdier,  un  des  fils  et  successeurs  du 
rosiériste  bien  connu,  M.  Victor  Verdier. 
M.  Eugène  Verdier  nous  a fait  parvenir  les 
catalogues  des  Rosiers  et  des  Pivoines  nou- 
velles qu’il  met  en  vente,  celte  année,  dans 
son  établissement,  situé  rue  Dunois,  3,boule- 
vard  de  la  Gare,  à Paris.  Parmi  les  Rosiers 
de  semis  qu’il  a obtenus  direclemeiit  chez 
lui , nous  voyons  deux  variétés  d’Ile-Bour- 
bon  : Jules-César  et  Madame  Charles  Ballet, 
et  dix  variétés  d’hybrides  remontants  ; Alba 
mufaAi/ïs,CharlesRouillard,FisherHolmes, 
John  Crier,  Jean  Lambert,  Mademoiselle 
Marguerite  Dombrain,  Prince  de  Porcia, 
Professeur  Duchartre,  Souvenir  d’ Abraham 
Lincoln,  William  Rollisson.  Outre  les  sien- 
nes, M.  Verdier  met  aussi  en  vente  les  plus 
récentes  variétés  obtenues  par  différenits  se- 
meurs, en  signalant  celles  qui  lui  paraissent 
les  meilleures. 

— Les  amateurs  de  plantes  bulbeuses 
pourront  s’adresser , pour  leurs  achats , à 
M.  Thibault-Prudent,  3,  rue  de  la  Cosson- 
nerie,  à Paris.  Le  catalogue  de  cet  horticul- 
teur renferme  des  collections  nombreuses 
et  complètes  de  Jacinthes  doubles  et  sim- 
ples , de  Tulipes  , d’Amaryllis  , de  Crocus  , 
d’iris,  de  Pivoines,  de  Dalilias  , de  Renon- 
cules et  de  toutes  les  espèces  formant  la 
série  des  plantes  à bulbes.  On  y trouve  aussi 
des  Fraisiers  et  des  plantes  vivaces  de  pleine 
terre  variées. 

— L’extrait  des  catalogues  de  M.Duvivier, 
grainier-fleuriste,  2,  quai  de  la  Mégisserie, 
nous  offre  l’élite  des  collections  de  cet  bor- 
ticulteur  en  oignons  à fleurs  , Tulipes  , Ja- 
cinthes, Glaïeuls,  Pensées,  Pivoines,  Pentste- 
mon,  Pyrèthres,  Rosiers,  Roses  trémières, 
plantes  vivaces  et  arbres  et  arbustes  à feuilles 
persistantes,  à feuilles  cad*Uques,  à fleurs  ou 
fruits  d^ornement;  arbresverts résineux, etc. 
Les  personnes  qui  sont  embarrassées  dans 
le  choix  des  variétés  à se  procurer  pour 
leurs  cultures  trouveront  là  des  listes  toutes 
faites  de  plantes  méritantes. 

— Nous  avons  reçu  encore  plusieurs 
catalogues  d’horticulteurs  et  de  pépiniéris- 


[ITICOLES  EN  1866.  53 

tes  des  départements.  Nous  signalerons 
d’abord  les  cultures  de  M.  Oudin  aîné,  à 
Lisieux  (Calvados),  dont  les  produits  ont 
obtenu  une  grande  médailte  d’honneur  au 
Concours  universel  d’horticulture  en  1864. 
On  y trouve  des  arbres,  arbustes  et  Conifères 
déjà  forts,  pour  plantation  dépares,  squares, 
et  ' jardins  ; des  plants  d’arbres  forestiers 
pour  le  repiquage  en  pépinière  ainsi  que 
pour  les  clôtures,  bois  et  forêts  ; des  arbres 
formés  ; des  arbres  et  arbustes  d’ornement, 
ainsi  que  des  arbres  résineux  de  grande 
dimension. 

— M.  Ragot-Gaudin,  d’Angers,  se  livre 
à la  culture  spéciale  des  plantes  vivaces  de 
pleine  terre.  Le  catalogue  qu’il  nous  envoie 
pour  la  saison  nouvelle  contient  une  nom- 
breuse série  de  ces  plantes  à un  prix  peu 
élevé.  M.  Ragot-Gaudin  fournit  aussi  des 
végétaux  aquatiques  pour  l’ornement  des 
bassins,  rivières  ou  pièces  d’eau  et  des  Fou- 
gères rustiques  pour  rocaille,  grottes  et 
endroits  ombragés. 

— Dans  le  midi  de  la  France,  nos  lec- 
teurs connaissent  déjà  la  maison  Ville- 
vieille,  de  Manosque  (Basses-Alpes).  Le  cata- 
logue três-détaillé  que  cette  maison  vient 
de  publier  pour  l’biver  1865-66,  est  divisé 
en  trois  parties  ; la  première  renferme  des 
arbres  fruitiers  de  toute  nature,  sous  toutes 
formes,  avec  l’indication  de  l’époque  de 
maturité  des  fruits  pour  chaque  variété;  la 
seconde  est  consacrée  aux  arbres  forestiers 
et  d’ornement,  aux  arbrisseaux  et  arbustes 
d’ornement  de  pleine  terre,  à feuilles  cadu- 
ques et  à feuilles  persistantes,  aux  Conifères, 
aux  arbustes  sarmenteux  et  grimpants.  La 
troisième  partie  comprend  toutes  les  plan- 
tesà  fleurs  deserre  et  d’orangerie,  de  pleine 
terre,  vivaces  et  annuelles.  MM.  Villevieille 
font  aussi  un  commerce  assez  important  de 
Rosiers. 

— Nous  avons  reçu  d’Annonay  (Ardèche), 
de  la  maison  Jacquemet-Bonnefont  père  et 
fds,  un  prix  courant  des  jeunes  plants 
d’arbres,  arbrisseaux  et  arbustes  de  pleine 
terre  propres  à former  des  pépinières,  des 
bois,  des-  haies  de  clôture,  des  palissades. 
Ce  prix  courant,  étant  celui  de,"  jeunes  plants, 
intéresse  directement  les  grands  arboricul- 
teurs, les  forestiers,  les  pépiniéristes.  Le 
catalogue  général  de  MM.  Jacquemet-Bon- 
nefont contient  les  arbres  fruitiers,  les 
arbres,  arbrisseaux  et  arbustes  d’agrément 
et  forestiers  en  tous  genres,  prêts  à être 
plantés  dans  les  jardins  paypgers  et  allées; 
les  plantes  vivaces,  herbacées  et  bulbeuses 
de  pleine  terre,  propres  à orner  les  plates- 
bandes  et  les  massifs  de  jardins  paysagers. 
Ce  catalogue  contient  l’indication  de  près 
de  6,000  espèces  ou  variétés. 

A.  Ferlet. 


ENSEIGNEMENT  DE  L’HORTICULTURE  DANS  LES  ÉCOLES  PRIMAIRES 


DES  CAMPAGNES. 


Il  n’est  plus  besoin,  aujourd’hui,  de 
prouver  l’utilité  des  études  propres  à 
perfectionner  la  culture  des  jardins  : les 
hommes  instruits  par  l’expérience  en  sont 
convaincus,  et  depuis  que  leur  zèle  les  a 
conduits  à répandre,  dans  les  campagnes , 
l’enseignement  élémentaire  de  l’horticul- 
ture, ils  ont  eu  la  satisfaction  non-seule- 
ment de  l’y  voir  introduit  dans  les  classes 
normales  et  primaires,  mais  encore  d’en 
constater  la  marche  progressive. 

Bien  certainement,  de  l’école  commu- 
nale ne  sortiront  pas  des  horticulteurs  con- 
sommés; il  n’y  a pas  à se  faire  d’illusions 
sur  ce  point  ; mais,  en  développant  devant 
les  jeunes  élèves  les  notions  élémentaires 
de  la  culture  maraîchère,  de  la  floriculture, 
de  la  taille  des  arbres , l’instituteur  livrera 
a ces  jeunes  intelligenc.es  dont  le  dévelop- 
pement lui  est  confié,  de  bonnes  semences 
(|ui  germeront  et  lèveront  en  temps  oppor- 
tun. 

Lorsque  plus  tard,  fixés  dans  les  campa- 
gnes, ces  jeunes  enfants  devenus  hommes 
posséderont  un  jardin  auprès  de  leur  chau- 
mière, ils  se  rappelleront  ces  notions  re- 
cueillies dans  leur  jeunesse  et  les  mettront 
en  pratique. 

Non-seulement  ils  en  retireront  un  grand 
profit;  mais  le  goût  qu’ils  y prendront  de- 
viendra, sur  eux,  un  puissant  moyen  de 
moralisation. 

Beaucoup  d’entre  eux , qui , dans  les 
champs,  n’auraient  vu  qu’un  labeur  ingrat 
et  sans  charmes,  s’attacheront  à ce  jardin 
rendu  plus  élégant  et  plus  productif  par 
Jeurs  soins  éclairés;  tàla  culture  des  céréales, 
ils  joindront  celle  des  fruits  et  des  légumes, 
qui,  grâce  aux  moyens  de  transport  devenus 
si  prompts,  trouveront  dans  les  grandes 
villes  un  placement  assuré  et  largement  ré- 
munérateur; car  il  est  donné  aux  exploi- 
tations fruitières  de  la  France,  d’avoir  un 
débouché,  non-seulement  dans  la  consom- 
mation intérieure , mais  encore  dans  l’ex- 
portation. 

M.  Brémond,  cet  instituteur  public  de 
Gadagne  (Vaucluse),  dont  nous  avons  parlé 
en  1864  {Revue  horticole,  page  365),  à 
l’occasion  de  ses  arbres  articulés  et  de  ses 
modèles  de  greffes  préparés  avec  des  arbres 
desséchés  pris  dans  les  pépinières;  M.  Bré- 
mond, disons-nous,  après  s’être  appuyé  sur 
les  conseils  et  les  encouragements  des  hom- 
mes les  plus  conipétents,  après  avoir  publié 
une  nouvelle  édition  améliorée  de  son  Traité 


élémentaire  sur  la  taille  des  arbres  à fruits, 
intitulé  le  Verger,  mis  à la  portée  des  en- 
fants et  accompagné  d’un  cahier  de  figures, 
a poursuivi  l’exécution  de  son  plan,  et,  au- 
torisé par  les  préfets,  a fait  des  cours  dans 
les  écoles  communales  de  plusieurs  dépar- 
tements. 

Cet  utile  enseignement  va  prendre  des 
racines  d’autant  plus  profondes , que  M.  le 
ministre  de  l’instruction  publique , suivant 
la  route  qu’il  a lui-même  ouverte  par  sa 
circulaire  de  décembre  1864,  vient,  en  le 
notifiant  tout  particulièrement  aux  recteurs 
des  Académies,  d’autoriser  M.  Brémond  à 
se  rendre  dans  les  écoles  normales  pri- 
maires de  l’Empire,  pour  y donner  des  le- 
çons à ces  élèves-maîtres,  qui,  plus  tard , 
appelés  eux-mêmes  à professer  dans  les  cam- 
pagnes, rendront  un  service  déplus  au  pays. 

A cette  occasion,  M.  le  ministre,  détour- 
nant un  instant  son  attention  des  hautes  étu- 
des universitaires  , a bien  voulu  porter  son 
infatigable  sollicitude  sur  une  instruction 
qui  sera  une  source  de  bien-être  pour  les 
habitants  laborieux  des  campagnes. 

M.  le  ministre,  en  régularisant  ainsi 
l’enseignement  primaire  horticole  « invite 
les  recteurs  des  Académies  à lui  rendre 
compte  des  résultats  qui  auront  été  ôbtenus, 
particulièrement  dans  les  écoles  normales 
primaires,  et  s’entend  avec  son  collègue 
M.  le  Ministre  de  l’agriculture  pour  que 
MM.  les  inspecteurs  généraux  de  l’agricul- 
ture ajoutent  aux  questions  d'un  haut  inté- 
rêt qu’ils  ont  à traiter  la  visite  dps  classes 
d’horticulture , l’examen  des  terrains  sur 
lesquels  les  élèves  sont  exercés , leur  don- 
nent des  conseils  et  fassent  sur  chaque  éta- 
blissement un  rapport  en  vue  de  hiire  con- 
naître sa  situation  et  ses  besoins  au  point 
de  vue  de  l’enseignement  horticole.  » 

Il  y a là  un  ensemble  de  mesures  qui 
porteront  leurs  fruits,  seront  appréciées 
par  les  amis  de  l’horticulture  et  seront 
accueillies  par  eux  avec  une  vive  sympathie  : 
ils  nous  approuveront,  nous  en  avons  la 
confiance  , d’avoir  saisi  avec  empressement 
cette  occasion  de  le  proclamer  ’. 

Henry  Michelin, 

1.  Les  dépôts  des  livres  et  des  boîtes  de  grefUes 
de  M.  Brémond  sont  : :i  Paris,  chez  M.  Goîn , li- 
braire, 82,  rue  des  Ecoles  ; — chez  M.  Clément 
Saint-Just,  place  de  l’Horloge,  à Avignon;  — chez 
l’auteur,  à Gadagne  (Vaucluse),  qui  les  expédie  par 
la  poste  sur  la  demande  qui  lui  est  faite. 

Le  prix  est  de  2 francs  pour  l’ouvrage  et  le  meme 
prix  pour  les  greffes. 


BIBLIOGRAPHIE  HORTICOLE. 


Le  Bon  Jardinier,  almanach  pour  1866,  1 v5l.  in-12 
de  1,600  pages  avec  gravures,  prix  : 7 Ir.  — 
Librairie  agricole  de  la  Maison  Rustique. 

Le  temps,  ce  grand  destructeur,  et  la 
concurrence  ont  sulfisamment  démontré 
aujourd’hui  la  véritable  supériorité  du  hou 
Jardmier  sur  les  autres  livres  qui  ont  voulu 
devenir  ses  rivaux  dans  le  même  genre.  Si 
on  avait  fait  mieux  que  lui,  croyez-bieu  qu’il 
se  fût  incliné  devant  un  ouvrage  meilleur 
(|ue  lui,  en  attendant  qu’il  eût  cherché  à 
s’améliorer. 

Le  Bon  Jardinier  a pour  collaborateurs 
un  grand  nombre  de  savants,  de  botanistes, 
d’horticulteurs, qui  ont  illustré  leur  nom  dans 
la  science  pure  ou  dans  la  pratique.  Nom- 
mer MM.  Mauvais,  Decaisne,  Naudin, Barrai, 
Vilmorin,  Louis  Vilmorin,  Neumann,  Pé- 
pin, Bailly,  etc.,  c’est  dire  suffisamment 
qu’une  œuvre  exécutée  avec  un  tel  concours 
ne  se  fait  pas  deux  fois,  surtout,  quand  cha- 
que année,  la  nouvelle  édition  sait  se 
tenir  au  courant  du  progrès  et  marque  ainsi 
toutes  ses  étapes  dans  la  science  horticole. 

La  plupart  de  nos  lecteurs  possèdent  et 
connaissent  à fond  le  Bon  Jardinier.  Il  est 
toujours  fait  sur  le  même  plan,  inauguré  il 
y a quelques  années.  Le  calendrier  donne, 
inois  par  mois,  un  résumé  critique  des 
observations  faites  sur  les  époques  des  se- 
mis et  des  plantations.  Dans  un  chapitre 
préliminaire  intitulé  Nouveautés,  M.  Henry 
Vilmorin  s’est  attaché  à décrire  succincte- 
ment les  nouvelles  conquêtes  horticoles  qui 
ont  été  faites  dans  l’année  qui  vient  de  s’é- 
couler soit  comme  plantes  de  grande  culture, 
soit  comme  plantes  potagères,  ou  soit  comme 
plantes  d’ornement.  Les  meilleurs  instru- 
ments récemment  perfectionnés  ou  inventés 
sont  décrits  et  représentés  par  des  figures 
noires  dans  le  chapitre  suivant.  Des  notions 
claires  et  courtes,  bien  que  très-suifi- 
santes,  sur  l’anatomie,  l’orgariographie  et 
la  physiologie  végétales  ont  été  composées 
exprès  pour  les  lecteurs  du  Bon  Jardinier 
par  M.  Decaisne.  Le  chapitre  qui  vient 
après  surla  physique  et  la  chimie  horticoles, 
et  qui  est  dû  à la  science  simple  et  nette  de 
M.  Barrai,  sera  toujours  lu  avec  Iruit  et 
compris  de  tout  le  monde.  Avant  de  com- 
mencer la  description  des  arbres  et  des 
plantes,  la  partie  intitulée  Principes  géné- 
raux donne  des  détails  très-utiles  sur  la 
conservation,  les  maladies,  les  habitudes, 
les  ennemis  des  fleurs.  C’est  ici  maintenant 
qu’est  placée  la  description  des  plantes.  A 
ce  sujet,  la  rédaction  du  Bon  Jaî^dinier  a 
reçu  des  réclamations.  Voici  comment  elle 
se  défend  et  répond  elle-même  aux  criti- 
ques. ((  Quelques-uns  de  nos  .lecteurs,  dit- 


elle,  voudraient  voir  dans  le  Bo7i  Jardinier 
toutes  les  plantes  désignées  dans  les  cata- 
logues des  principaux  horticulteurs-mar- 
chands. Mais  ces  catalogues  contiennent  un 
assez  grand  nombre  de  plantes  dont  le  mé- 
rite n’est  pas  encore  reconnu  ou  qui  n’ont 
pas  répondu  à ce  qu’on  attendait.  D’autres 
lecteurs,  au  contraire,  voudraient  qu’il  ne 
fût  question  que  des  plantes  qu’ils  affection- 
nent et  qu’ils  trouvent  seules  dignes  d’êtres 
cultivées.  Le  Bon  Jardinier  est  obligé  de 
conserver  un  moyen  terme  entre  ces  opi- 
nions extrêmes  : c’est  de  n’enregistrer  que 
les  plantes  dont  le  mérite  est  généralement 
reconnu  et  qu’on  peut  trouver  dans  le  com- 
merce. » 

La  seconde  partie  du  Bon  Jardinier  dé- 
crit les  plantes  selon  leurs  caractères  et  les 
familles.  Elle  explique  dans  un  vocabulaire 
les  termes  usuels  de  jardinage  et  de  botani- 
que; elle  fait  le  tableau  des  végétaux  en 
pleine  terre  les  plus  intéressants,  arrangés 
dans  l’ordre  de  leur  emploi  dans  les  jardins; 
'elle  donne  ensuite  et  enfin  la  culture  et  la 
description  des  plantes  et  des  arbres  d or- 
nement disposés  par  ordre  alphabétique. 

Tel  est  en  résumé  le  Bon  Jardinier.  C’est 
un  livre  consacré  par  un  long  succès  uni- 
versellement reconnu  et  qui  a derrière  lui 
cent  dix  ans  d’expérience  et  de  services 
rendus  à la  cause  du  progrès  agricole.  G est 
là  une  recommandation  suffisante,  et  per- 
sonne ne  peut  hésiter  à placer  cet  utile  ou- 
vrage sur  le  rayon  de  sa  bibliothèque  de 
campagne,  ou  sur  la  planchette  aux  catalo- 
gues de  sa  serre. 

Traité  complet  de  la  culture  de  l’Opium  indigène, 
par  M . Alphonse  Odeph,  1 vol.  in-12,  144  pages. 

Chacun  devrait  travailler  dans  sa  sphère 
à délivrer  notre  pays  de  toutes  les  concur- 
rences qui  viennent  encore  gêner  son  com- 
merce et  diminuer  le  développement  de  la 
prospérité  nationale.  Pendant  longtemps, 
,on  a cru  que  le  Pavot  cultivé  en  Europe  ne 
pouvait  fournir  l’opium,  et  ce  n est  que  de- 
puis le  siècle  dernier  que  cette  croyance 
commence  à s’effacer  pour  faire  place  à la 
vérité.  Grâce  aux  travaux  de  Dubac, 
de  Rouen  (1790  et  1800),  de  Bretonneau, 
de  Tours  (1805),  de  Deslongchampsfl807), 
du  général  Lamarque  (1828),  de  Hardy  et 
Simon,  en  Algérie  (1844  et  1843),  d’Au- 
berder,  à Glermont-Ferrand  (1844  et  1854), 
de  becharme.  Bénard  et  Deschamps  (1854, 
1855  et  1856),  et  plus  récemment  de  M. 
Ghevallier,  il  est  parfaitement  démontré  au- 
jourd’hui que  Topium  indigène  peut  s’ob- 
tenir facilement,  donner  des  bénéfices  aux 


36  BIBLIOGRAPHIE  HORTICOLE. 


horticulteurs  et  aux  agriculteurs  qui  s’adon- 
nent à sa  culture,  et  affranchir  ainsi  la 
France  du  tribut  énorme  qu’elle  paye  aux 
peuples  orientaux  pour  obtenir  cet  excellent 
calmant,  ce  sauveur,  nous  pourrions  ajou- 
ter, en  temps  d’épidémie. 

Les  premiers  travaux  pour  obtenir  l’opium 
indigène  remontent  à 1 796,  époque  à laquelle 
Bail  présenta  à la  Société  d’Encouragement 
de  Londres  (celle  de  Paris  ne  fut  fondée 
que  cinq  aiis  plus  tard)  un  échantillon 
d’opium  indigène  pur,  inférieur  à l’opium 
oriental,  et  cette  Société  lui  décerna  un 
prix  pour  récompense  de  ses  essais. 

M.  Alphonse  Odeph,  dans  un  petit  vo- 
lume intitulé  : Traité  complet  de  la  culture 
de  rOpium  indigène,  précédé  de  la  possibi- 
lité pratique  et  de  la  nécessité  de  Vobtenir 
en  France,  suivi  de  VHistoire  de  cette  sub- 
stance, a réuni  une  foule  de  détails  intéres- 
sants sur  un  sujet  plein  d’actualité. 

On  vient  de  taire  en  France,  dans  quelques 
villes  visitéesparun  terrible  fléau,  unegrande 
consommation  de  laudanum,  et  l’on  s’est 
aperçu  enfin  que  la  concurrence  orientale 
devait  être  combattue  et  que  l’impôt  payé  à 
l’Asie  était  très- dur.  Il  faut  donc  s’en  affran- 
chir. Des  expériences  ont  été  faites,  des  essais 
ont  réussi  en  grande  partie  ; tous  ceux  qui 
peuvent  cultiver  l’opium  doivent  chercher 
à s’adonner  à cette  branche  d’une  industrie 
qui  n’a  fait  jusqu’ici  que  végéter  en  France, 
et  qui  doit  être  renouvelée  entièrement. 

Tout  le  monde  sait  que  l’opium  est  un 
suc  blanc  laiteux  qui  découle  des  capsules 
ou  têtes  de  Pavots,  encore  vertes,  lorsqu’on 
y pratique  des  incisions  très-superficielles. 

Ariiolt,  chirurgien  écossais,  publia  le 
premier,  en  1797,  dit  M.  Alphonse  Odeph 
dans  les  Observations  de  médecine  de  la 
Société  d’Edimbourg,  un  moyen  facile  d’ex- 
traire l’opium  des  Pavots  des  jardins , 
opium,  qui,  selon  son  dire,  était  déjà  obtenu 
en  Angleterre  et  avait  plus  de  valeur  que 
celui  du  Levant. 

Depuis  cette  époque  bien  des  expériences 
furent  tentées  sans  arriver  à des  résultats 
très-pratiques,  jusqu’au  jour  où  M.  Au- 
bergier  s’occupa  de  cette  question  à son  tour. 

Pour  obtenir  les  beaux  résultats  auxquels 
il  est  parvenu,  « M.  Aubergier  dut  nécessai- 
ment, — écrit  M.  Odeph,  — suivre  une  autre 
route  que  celle  de  ses  devanciers , et  aban- 
donner les  procédés  d’extraction  employés 
en  Orient;  car  pour  pratiquer  les  incisions 
à l’aide  d’une  lame  de  couteau  ou  de  canif, 
sans  traverser  l’endocarpe  et  par  suite  sans 
compromettre  la  graine,  il  faut  une  grande 


dextérité,  et  de  la  part  des  ouvriers  des  pré- 
cautions qui,  en  diminuant  la  rapidité  du 
travail,  augmentent  les  frais  d’extraction  et 
les  mettent  hors  de  proportion  avec  la  valeur 
de  l’opium  obtenu.  » 

Nous  ne  parlerons  pas  de  l’importance  de 
l’opium  en  médecine.  Elle  est  universelle- 
ment reconnue;  son  usage  est  recommandé 
par  tous  les  médecins.  Il  joue  un  rôle  im- 
mense dans  la  thérapeutique  et  fait  la  base 
d’un  grand  nombre  de  préparations  offici- 
nales et  magistrales,  arrête  les  effrayants 
progrès  du  tétanos  et  les  prodromes  du  cho- 
léra , et  calme  des  douleurs  nerveuses  qui 
résistent  à tous  les  autres  médicaments. 
Mais  nous  voudrions  contribuer  à la  propa- 
gation de  sa  culture  en  France.  Elle  est 
simple  et  commode,  etses  frais  sont  couverts 
par  la  graine  que  l’opium  donne  et  qui  sert 
à la  fabrication  de  l’huile  d’œillette.  L’in- 
fluence climatérique  en  outre  est  nulle  et  les 
différences  d’opiums  ne  doivent  être  impu- 
tées au  climat.  Cela  a été  prouvé  par  tous 
les  noms  cités  tout  à l’heure  par  nous, 
et  l’expérience  est  là  pour  combattre  une 
erreur  qui  s’est  accréditée  au  point  de  passer 
pour  une  vérité  absolue  et  qui  est  un  obstacle 
à la  culture  de  l’opium  dans  notre  beau  pays. 

((  De  plus,  dit  M.  Alphonse  Odeph,  si 
l’on  compare l’opium-œillette,  qui  renferme 
15  à 20  p.  0/q  de  morphine  aux  opiums 
orientaux,  qui  en  fournissent  seulement  de 
3 à 10  p.  O/o,  011  verra  que  notre  chère  pa- 
trie , affranchie  du  tribut  qu’elle  paye  aux 
peuples  de  l’Orient,  pourra  prendre  sur  son 
propre  territoire  un  produit  national  pur 
d’une  valeur  vénale  bien  supérieure  à celle 
de  ceproduit  exotique,  qui  nous  arrive  pres- 
que toujours  falsifié.  » 

L’initiative  privée,  ajouterons-nous,  de- 
vrait patronner  cette  culture  nouvelle.  Il  suf- 
firait de  cinq  cultivateurs,  dans  chaque 
commune,  pouvant  disposer  chacun  de  30 
mètres  carrés  de  terrain  et  de  dix  heuresde 
travail,  pour  doter  la  France  de  cette  pré- 
cieuse substance.  C’est  ce  qui  ressort  en  effet 
des  calculs  de  M.  Odeph,  qui  prouve  que  ces 
cultivateurs  pourraient  produire  7, L30  kilogr. 
d’opium,  sans  compter  l’Algérie  et  la  Savoie. 
Rappelons  qu’en  1861  l’importation  de  l’O- 
rient s’est  élevée  à 6,653  kilogrammes. 
Cullivons  donc  l’opium  chez  nous,  puisque 
nous  le  pouvons,  mais  toutefois  ne  souhai- 
tons pas  que  sa  consommation  prenne  de 
grandes  proportions,  et  craignons  le  sort  des 
Chinois. 

Georges  Barral. 


REVUE  DES  PUBLICATIONS  HORTICOLES  DE  L’ÉTRANGER. 

Le  Botanical  Magazine  donne  les  figures  I nnibersiâ  oIcun,  Regel,  pi.  5502. 
et  les  descriptions  des  plantes  suivantes  : | Belle  Broméliacée,  que  le  jardin  de  Kew 


57 


REVUE  DES  PUBLICATIONS  HORTICOLES  DE  L’ÉTRANGER. 


a reçue,  en  1856,  de  M.  Regel,  directeur  du 
jardin  de  Saint-Pétersbourg.  La  patrie  de 
celle  espèce  n’est  pas  bien  connue,  mais 
tout  porte  à croire  que  c’est  un  habitant  de 
l’Amérique  tropicale.  Les  feuilles  intérieures 
qui  entourent  l’épi  floral,  composé  de  fleurs 
violettes  pourprées,  sont  d’un  beau  pour- 
pre. 

Astolla  üiolandri.  A.  CUNNINGHAM,  pl.  5503. 

Le  genre  Astelin,  que  M.  le  Hooker 
place  près  des  Pbormiums  et  Cordjlinis, 
dans  la  famille  des  Liliacées,  trouve,  chez 
Endlicher,  sa  place  comme  type  du  petit 
c^roupe  des  Asteliées,  parmi  les  Joncacées. 

La  fmure  du  Boianical  Magazine  représente 
un  pfed  mâle  de  VAstelia  Solandri  originaire 
de  la  Aouvelle-Zélande.  C’est  une  des  espe- 
ces les  plus  grandes  de  ce  genre.  Les  feuilles, 
recourbées,  larges  de  0'".10  a leur  base, 
sont  linéaires-subulées  et  longues  de  O .od. 
Les  fleurs  mâles,  qui  pourtant  sont  pourvues 
d’un  ovaire  restant  stérile,  sont  disposées 
sur  la  hampe  florale  dressée  en  quatre  à six 
larges  épis  serrés,  en  partie  enveloppes 
dans  les  aisselles  de  larges  feuilles  lanceo- 
lées-pointues;  ces  fleurs  sont  d’une  couleur 
verdâtre  et  assez  insignifiantes. 

Caltleya  quacirîcolor,  BATEMANjpl.  5o04. 

Cette  belle  Orchidée,  de  la  Nouvelle-Gre- 
nade, a été  envovée,  il  y a déjà  longtemps, 
à M.  Rucker,  dans  la  collection  duquel  elle 
a fleuri  pour  la  première  fois.  Elle  avait 
été  découverte  aux  bords  du  Rio-Magdalena. 
M.  Lindlev  a donné  à cette  plante  son  nom 
spécifique'^  à cause  des  quatre  couleurs  blanc, 
jaune,  lilas  et  pourpre,  que  présente  son 
ample  labelle,  tandis  que  les  autre  paities 
de  la  fleur  sont  blanches. 

yiasclcvallia  tovarciïsîs,  ReichENBACH  FILS, 
pl.  5505. 

Belle  Orchidée  originaire  de  Tovar,  en 
Colombie.  Les  grandes  fleurs  d’un  blanc 
pur,  à labelle  très-petit,  sont  supportées 
deux  par  deux  sur  chaque  hampe  florale. 
Les  feuilles  sont  oblongues,  un  peu  spatu- 
lées-,  elles  n’atteignent  pas  complètement 
la  longueur  de  la  hampe  florale. 

yionocliætum  dleranantlieruiii,NAUDIN, 

pl.  5506. 

Ce  joli  arbuste,  avec  ses  amples  panicules 
floraux  garnis  de  fleurs  pourpres,  est  origi- 
naire de" la  Nouvelle-Grenade,  de  l’Equateur 
et  du  Pérou.  R atteint  la  longueur  de  0"".-40 
à 0"L60.  R est  très-rameux,  sa  tige  et  ses 
rameaux  quadrangulaires,  rouges  ainsi  que 
les  feuilles  largement  lancéolées,  courte- 
ment  pétiolées,  sont  couverts  de  poils  rai- 
des. 

Arisæma  Wightii,  SCHOTT,  pl.  5507. 

Aroïdée  du  sud  de  l’île  de  Ceylan,  d’où 
le  jardin  de  Kew  l’a  reçue  par  l’interme- 


diaire de  M.  Thwaites.  Chaque  pied  porte 
une  ou  deux  feuilles,  composées  de  cinq 
folioles  elliptiques-lancéolées,^  longuement 
pointues.  La  spathe  et  le  spadice  sont  d’un 
vert  jaunâtre. 

C'ypri|U>fliiim  lævlgalum.  BatemAN,  pl.  5508. 

Très-belle  espèce  découverte  par  M.  1. 

G.  Veitch,  aux  îles  Philippines,  et  envoyée 
par  lui  à l’établissement  de  son  père  â 
Chelsea,  où  on  l’a  vu  fleurir  pour  la  pre- 
mière fois  en  mars  dernier.  Les  feuilles 
distiques  ont  environ  0"\30  de  longueur.  La 
hampe  florale,  d’une  longueur  double, porte 
de  deux  à cinq  grandes  fleurs  dont  le  sé- 
pale dorsal,  largement  ovale,  est  long  de 
0‘".03  et  garni  intérieurement^  de  lignes 
longitudinales  d’un  pourpre  violacé.  Les 
pétales,  très-étroits,  atteignent  une  longueur 
de  0"^  15  â 0^.20;  ils  sont  d’un  jaune  un 
peu  verdâtre  à leur  base,  lavés  de  pourpre 
dans  la  partie  supérieure.  Le  labelle  est 
jaune. 

Arum  palœstinum.  BOISSIER,  pl.  5509. 

Cette  espèce,  découverte  par  M.  Baissier 
près  de  Jérusalem,  n’est  pas  une  des  plus 
belles  Aroïdées  qu’on  cultive.  Les  feuilles 
sont  sagittées-trilobées  et  leur  grand  lobe  du 
milieu  est  ovale-oblong.  L intérieur  de  la 
large  spathe  et  la  partie  supérieure  nue  du 
spadice  sont  d‘un  pourpre  noirâtre,  comme 
dans  VArum  Dracunculus. 

Raphiolepis  Japonîca.  SiEBOLD  et  ZUCCARINI. 
var.  integerrima,  pl.  5510. 

Ce  bel  arbuste,  de  la  famille  des  Rosacées, 
es't  originaire  du  Japon  et  de  la  Corée.  Ses 
feuilles  persistantes,  longues  de  0^.06  à 
Ora.lO,  largement  obovales,  courtement  pé- 
tiolées, sont  d’un  vert  foncé  et  brillantes. 
Les  fleurs  bien  plus  grandes  que  celles  du 
Rapkiolepis  Indica,  sont  disposées  en 
grappes  terminales  assez  serrées,  qui  â leur 
état  de  bourgeon  sont  enveloppées  d’un  in- 
volucre  de  larges  bractées. 

Ilypœstes  sanguinolenta,  HoOKER,  pl.  5511. 

Acanthacée  de  Madagascar,  remarquable 
surtout  par  son  feuillage.  Les  feuilles,  lon- 
gues de  0"“.lO  environ,  courtement  pétio- 
lées oblongues,  obtuses  au  sommet,  offrent 
autour  de"leur  nervure  médiane  et  des 
nervures  latérales  secondaires  une  bordure 
d’un  beau  rose.  Les  fleurs,  d’un  pourpre 
pâle,  sont  disposées  en  panicules  terminales. 

Aueuba  Jnponiea,  ThUNBERG,  pl.  5512. 

Tout  le  monde  connaît  la  variété  à feuilles 
panachées  de  cette  plante  dont  un  pied  fe- 
melle fut  introduit  du  Japon  en  1783  par 
J.  Graeffer.  Tous  les  pieds  existant  aujour- 
d’hui en  Europe,  et  dont  le  nombre  se 
compte  par  millions,  proviennent  de  cet 
exemplaire  unique.  Ce  n’est  que  tout  re- 


38 


SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ 

cemment  que  M.  Fortune  a introduit  en. 
Europe  et  la  plante  mâle  et  la  forme  type 
de  cette  espèce,  c’est-à-dire  la  plante  à 
feuillage  uniformément  vert  que  publie  le 


CENTRALE  D’HORTICULTURE. 

Botanicdl  Magazine.  Les  fruits,  d’un  rouge 
écarlate,  comme  ceux  du  Houx,  mais  d’une 
grandeur  .double,  produisent  un  effet  déli- 

J.  Grœnland. 


SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  D’HORTICULTURE. 


Séance  du  U décembre.  ~ La  lumière 
n’est  pas  la  cause  déterminante  essentielle 
de  la  faculté  qu’ont  les  plantes  volubles  de 
s’enrouler  autour  des  objets  placés  près 
d’elles.  Cette  proposition,  admise  jusqu’à  ce 
jour  dans  la  science , malgré  quelques  opi- 
nions divergentes , vient  d’être  soumise  à 
un  nouvel  et  minutieux  examen  par  M.  Du- 
chartre,  et  le  savant  académicien  est  arrivé 
à des  conclusions  en  partie  contraires  à la 
théorie  professée  généralement  par  les  bo- 
tanistes. 

En  faisant  part  de  ses  observations  à la 
Société  d’horticulture,  M.  Duchartre  rap- 
pelle que  la  question  dont  il  s’agit  a déjà 
été  débattue  en  Allemagne.  La  Faculté  de 
médecine  de  l’Université  de  Tubingue  avait 
proposé  , en  18"26,  pour  sujet  de  prix,  l’é- 
tude des  plantes  à tiges  volubles  ; elle  cou- 
ronna, 1 année  suivante,  à la  fois  un  mémoire 
de  L.-II.  Palm  et  un  travail  considérable  de 
M.  Hugo  MoliL  Ces  deux  botanistes  avaient 
nécessairement  étudié  l’influence  que  la  lu- 
niière  peut  exercer  sur  l’enroulement  des 
tiges.  Or,  leurs  expériences  les  avaient  con- 
duits, sur  ce  sujet,  à deux  manières  de  voir 
tout  opposées  ; et,  tandis  que  Palm  con- 
cluait que  , sans  la  lumière  , renroulement 
Il  avait  pas  lieu,  M.JIugo  Mohl  affirmait  que 
la  privation  de  cette  lumière  n’empêchait 
pas  les  tiges  des  plantes  volubles  de  s’en- 
tqitiller  autour  de  leurs  soutiens.  « H serait 
difficile,  dit  M.  Duchartre,  de  voir  une  con- 
tradiction plus  tranchée  entre  deux  opi- 
nions; ))  or,  celle  de  M.  H.  Molli  prévalut, 
comme  nous  1 avons  dit;  elle  fut  corroborée 
par  Jul.  Sachs  et  maintenue  en  partie  par 
Darwin,  à la  suite  d’observations  où  il  re- 
connaissait que  la  lumière  accélère , il  est 
vrai,  le  mouvement  révolutif,  tandis  que 
l’obscurité  le  ralentit  ; mais  que  là  se  borne 
son  action,  car  elle  n’est  pas  la  cause  dé- 
terminante de  ce  mouvement. 

C’est  dans  cet  état  de  la  question  que 
M.  Duchartre  entreprit  ses  expériences,  qui 
portèrent  d’abord  sur  des  Ignames  de  Chine 
{Dioscorea  hatatas).  Celles-ci  furent  choi- 
sies parce  que  l’amas  de  matières  nutritives 
contenues  dans  le  tubercule  devait  permet- 
tre à la  plante  de  résister  pendant  plus  long- 
temps aux  circonstances  défavorables  qu’a- 
inenent  Pübscurité  et  l’étiolement  qui  en  est 
la  conséquence.  En  effet , des  Ignames  ont 
pu  être  conservées  en  végétation,  pendant 
plusieurs  mois  de  suite,  dans  une,  com- 


plète obscurité.  M.  Duchartre  plaça  dans 
des  pots  plusieurs  tubercules  d’ignames. 

Lorsque  les  tiges  comm.!ncèrent  à paraî- 
tre, il  descendit  les  pots  dans  une  cave  ob- 
scure, et , après  plusieurs  semaines  , il  put 
voir  que  les  plantes  , ayant  atteint  un  grand 
développement , ne  montraient  aucune  ten- 
dance volubile  ; les  ayant  transportées  en- 
suite du  jardin  à la  cave,  elles  avaient  repris 
leurs  facultés  ordinaires  et  s’étaient  enrou- 
lées autour  de  leurs  tuteurs.  L’exemple  le 
plus  concluant  fut  celui  d’une  tige  d’igname 
qui,  en  raison  de  ses  stations  alternatives  à 
la  lumière  et  à l’obscurité , offrait  successi- 
vement : 

Une  portion  enroulée;  2®  une  por- 
tion rectiligne;  3^  une  deuxième  portion 
enroulée  ; ¥ une  deuxième  portion  rectili- 
gne, et  5«  enfin,  une  troisième  portion  en- 
roulée qui  se  produisit  lorsque,  l’expérience 
étant  jugée  suffisante,  on  abandonna  le  pot 
dans  un  coin  du  jardin. 

On  pouvait  attribuer  à la  différence  de 
température  la  différence  des  phénomènes. 
M.  Duchartre  fit  alors,  sur  un  Mandevillea 
suaveolens  , une  nouvelle  expérience  , con- 
sistant à enfermer  l’extrémité  de  la  tige 
dans  un  tube  de  zinc  bouché  avec  de  "la 
mousse,  et  par  conséquent  complètement 
obscur  à l’intérieur.  La  plante  resta  dans  le 
jardin,  coiffée  de  son  tube  de  zinc,  pendant 
quinze  jours;  au  bout  de  ce  temps  , la  por- 
tion de  tige  développée  dans  l’obscurité  était 
parfaitement  droite.  Débarrassée  de  son 
capuchon , le  Mandevillea  ne  tarda  pas  à 
reprendre,  en  s’allongeant,  le  volubilisme 
qu’il  avait  perdu  momentanément. 

^ On  voit  donc  que  la  lumière  seule  , sans 
l’intervention  de  la  température , détermi- 
nait chez  le  Dioscorea  et  le  Mandevillea  la 
tendance  à s’enrouler.  Mais  toutes  les  tiges 
volubles  sont-elles  soumises  à cette  loi? 
M.  Duchartre  voulut  s’en  assurer  sur  \lpo- 
mea  purimrea  ou  Volubilis  ordinaire  de  nos 
jardins.  Il  fit  passer  cette  plante  par  les  mêmes 
alternatives  que  ses  D/oxToren,  et  jamais  il  ne 
remarqua,  dans  l’obscurité,  le  moindre  af- 
faiblissement du  volubilisme.  «Il  existe  donc, 
conclut  le  savant  secrétaire-rédacteur  de  la 
Société^  deux  catégories  bien  distinctes  dans 
les  plantes,  relativement  à l’influence  que 
la  lumière  solaire  exerce  sur  l’enroulement 
de  leur  tige  ; et  il  y aurait  intérêt  à sou- 
mettre à l’expérience  le  plus  grand  nombre 
de  plantes  possible,  afin  de  reconnaître  celles 


59 


SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  D’HORTICULTURE. 


qui  appartiennent  à l’une  ou  à l’autre  de  ces 
catégories.  » 

— Une  autre  question  intéressante  a été 
agitée  devant  la  Société  dans  cette  séance. 
C’est  celle  de  la  multiplication  du  E’iguier 
commun  (Ficus  Carica),  au  moyen  de  bou- 
tures faites  à l’air  libre  par  un  nouveau 
procédé.  Un  des  ouvriers  attachés  au  jardin 
du  Luxembourg  eut  la  pensée,  vers  le  15 
décembre  de  l’année  186-4,  de  couper  des 
brancluîs  de  Figuier  et  de  les  enterrer  hori- 
zontalement dans  une  plate-bande  de  0^.  40 
ou  0‘“.50  de  profondeur.  Ces  branches  res- 
tèrent ainsi  jusqu’au  10  mai  suivant.  A cette 
époque,  il  les  relira  de  la  fosse  et  en  coupa 
les  extrémités  par  petits  tronçons  de  0‘".15 
à 0“>.20  de  longueur,  en  ayant  bien  soin  d’y 
conserver  l’œil  terminal.  Ces  tronçons 
furent  enfoncés  perpendiculairement  dans 
un  sol  préalablement  labouré,  de  manière 
que  chaque  extrémité  fût  recouverte  com- 
plètement d’une  couche  de  terre  de  0'«,03 
d’épaisseur.  Après  la  plantation,  un  léger 
arrosement  fut  donné.  Au  bout  de  quelque 
temps,  les  bourgeons  de  ces  boutures  sor- 
tirent de  terre,  et,  dans  l’espace  de  quatre 
mois,  les  pousses  atteignirent  unehauteurde 
Ü'".50  à 0“^95,  et  se  couvrirent  de  fruits, 
trop  tardifs,  il  est  vrai,  mais  qui  font  suppo- 
ser qu’en  couchant,  cet  hiver,  ces  jeunes 
rameaux  dans  des  fosses  préparées  comme 
cela  se  pratique  à Argenteuil,  on  pour- 
rait, dès  l’an  prochain,  obtenir  quelques 
fruits  qui  parviendraient  à maturité.  M.  Ri- 
vière, en  exposant  les  détails  de  ce  procédé, 
fait  remarquer  que  cette  opération  a été 
faite  à l’air  libre,  c’est-à-dire  sans  le  secours 
d’aucune  cloche,  d’aucun  châssis,  et  que, 
sur  cinquante  boutures  ainsi  préparées,  pas 
une  seule  n’a  manqué.  En  outre,  malgré  la 
sécheresse  exceptionnelle  de  1865,  ces  jeu^ 
lies  boutures  n’ont  eu  besoin  que  de  deux 
arrosages  pendant  toute  la  durée  de  leur 
végétation.  M.  Rivière  pense  que  ce  système 
de  multiplication  pourrait  s’étendre  à d’au- 
tres végétaux  ligneux,  particulièrement  à 
ceux  dont  les  feuilles  sont  caduques.  M.  Mar- 
gotlin  ajoute  que  le  procédé  de  M.  Rivière 
est  employé  avec  succès,  pour  la  multipli- 
cation des  Rosiers  à bois  dur.  C’est  ce  qu’a 
fait  depuis  longtemps  M.  Lucy,  qui  se  pro- 
pose de  continuer  ses  expériences  en  décor- 
tiquant, cette  fois,  l’extrémité  des  Rosiers 
destinés  à faire  de  nouveaux  sujets. 

— M.  Gaudais,  de  Nice,  donne,  dans  une 
lettre,  des  détails  sur  les  avantages  qu’offre 
la  peinture  des  vitres  des  serres  par* 
bandes  longitudinales  alternées  bleues  , 
blanches  ou  vertes,  pour  remplacer  les  toiles 
et  claies.  Celte  pratique  est  surtout  bonne 
pour  les  contrées  exposées  à des  vents  vio- 
lents, comme  la  Provence,  où  le  jnistral  ne 
laisse  subsister  aucun  abri. 


— A propos  d’une  note  de  M.  Guidon, 
d’Epernay,  sur  une  fructification  de  VlJro- 
stigma  iufestum  ou  Ficus  scandens,  M. 
Rrongniart  rappelle  que  cette  plante  a déjà 
porté  des  fruits,  il  y a au  moins  25  ans, 
dans  les  serres  du  Muséum.  MM.  Rivière  et 
Pépin  signalent  aussi  le  même  phénomène, 
qu’ils  ont  observé,  l’un  dans  les  serres  du  parc 
de  Monceaux,  et  l’autre  dans  le  célèbre  jar- 
din de  M.  Roursault,  à Paris.  M.  Rrou- 
gniart  fait  remarquer,  à ce  sujet,  que  les 
branches  fructifères  ne  sont  pas  semblables 
aux  autres  branches  ; qu’elles  deviennent 
buissonnantes  au  lieu  de  grimpantes , et 
qu’elles  portent  des  feuilles  beaucoup  plus 
grandes. 

— M.  Rivière  pense  que  les  plantes  gras- 
ses sont  habituellement  tenues  trop  à sec 
dans  nos  cultures  et  qu’on  a tort  de  redou- 
ter pour  elles  l’humidité  autant  qu’on  le 
fait.  Il  se  fonde,  pour  émettre  celte  opinion, 
sur  une  expérience  qu’il  poursuit  depuis 
1858.  Il  a conservé  en  bon  état,  depuis  cette 
époque,  une  douzaine  de  Cactus  plongeant 
uniquement  dans  l’eau;  pendant  ce  long  es- 
pace de  temps,  cesplantes  se  sont  conservées 
vivantes,  sans  pourrir,  mais  sans  donner  de 
pousses.  Chaque  année,  pendant  la  belle 
saison,  elles  ont  développé  dans  l’eau  beau- 
coup de  racines  qui  plus  tard  pourrissaient, 
mais  qui  laissaient,  en  manière  de  souche, 
une  base  persistante  d’où  partaient  de  nou- 
velles racines,  au  printemps  suivant.  Plu- 
sieurs personnes  citent  des  faits  analogues 
en  même  temps  que  des  faits  contradic- 
toires : des  amateurs  de  Cactus,  par  exem- 
ple, possédant  de  remarquables  collections 
qu’ils  n’arrosaient  jamais  ; d’où  il  faut  con- 
clure, dit  M.  Forest,  que  les  Cactus  sont 
des  plantes  on  ne  peut  plus  robustes,  capa- 
bles de  résister  pendant  longtemps  à un 
excès  de  sécheresse  aussi  bien  qu’à  un  excès 
d’humidité. 

— M.  Lesèble  a adressé  à la  Société, 
dans  cette  séance,  des  Haricots  blancs  ré- 
coltés chez  lui,  et  qu’il  nomme  Haricots  de 
Smyrne.  La  qualité  en  est  excellente,  la 
graine  à peu  près  sans  peau;  la  plante 
donne  sans  interruption  jusqu’aux  gelées. 
M.  Louesse  croît  reconnaître  dans  cette 
variété  le  Haricot  d’Espagne  blanc,  qui  est 
cultivé  en  grand  en  Angletere. 

— • Parmi  les  autres  objets  présentés, 
nous  avons  remarqué  deux  Poires  Resi  du 
Quessoi  d’hiver,  envoyées  par  M.  Roisselot, 
de  Nantes.  L’un  de  ces  fruits,  de  couleur 
jaune,  provenait  d’un  arbre  en  espalier  ex- 
posé au  midi;  l’autre,  roux,  avait  été  récolté 
sur  un  arbre  en  plein  vent.  Celte  variété 
est  fort  répandue  en  Bretagne.  C’est  sous  le 
second  aspect  qu’elle  se  présente  ordinai- 
rement. 


A.  Ferlet. 


REVUE  COMMERCIALE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  JANVIER1866). 


Légumes  frais.  — La  plupart  des  légumes 
vendus  à la  Halle  de  Paris  ont  subi  un  peu  de 
hausse  pendant  la  seconde  quinzaine  de  janvier. 
Les  Carottes  ordinaires  valeo  t de  20  à dO  fr. 
les  100  bottes,  avec  5 fr.  d’augmentation  ; celles 
pour  chevaux  se  vendent  toujours  de  10  à 
15  fr.  — Les  Choux  ordinaires  ont  haussé  de 
5 fr.  par  100  et  se  payent  aujourd’hui  10  fr.  ; 
les  plus  beaux,  après  être  montés  à 25  fr.,sont 
cotés  20  fr. — Les  Chou.\ -fleurs  de  Paris  se 
vendaient, au  milieu  du  mois,  de  25  à ICO  fr.  le 
100;  huit  jours  plus  tard,  ils  ne  valaient  plus 
que  de  25  à 80  fr.  Aujourd’hui  ils  ont  disparu 
du  marché  ; ceux  de  Bretagne  sont  cotés  de  25 
à 75  fr.  — Le  prix  des  Oignons  en  grains  est 
monté  progressivement  jusqu’à  10  et  14  fr. 
l’hectolitre,  suivant  la  qualité.  — Les  Panais 
conservent  la  hausse  qu’ils  ont  acquise  il  y a 
quinze  jours  et  se  vendent  de  20  à 24  fr.  les 
100  bottes.  — Le  Poireaux  sont  un  peu  en 
baisse  ; ils  ne  valent  plus  que  de  20  à 30  fr.  — 
Les  Piadis  roses  sont  cotés  de  OC 50  à OC 75  la 
botte,  en  hausse  de  15  à 25  centimes.  — Le 
Céleri  commun  vaut  toujours 0C40  la  botte;  le 
plus  beau  se  vend  2 fr., c’est  le  double  du  prix 
de  la  première  quinzaine  de  janvier.  — Les 
Champignons  valent  de  OCIO  à 0C15  le  mani- 
veau. 

Herbes  et  assaisonnements.  — Les  prix  de 
ces  denrées  sont  peu  changés  depuis  notre 
dernière  Revue.  — L’Oseille  a haussé  de  0C20 
par  paquet  pour  la  première  qualité  ; c n la  cote 
de  0C40  à 0C60.  — Les  Épinards  valent  tou- 
jours de  0C40  à 0C60  le  paquet.  — Le  Cerfeuil 
se  vend  de  0C20  à 0C30  la  botte,  ainsi  que  le 
Persil.  — L’Ail  a augmenté  vers  le  milieu  du 
mois,  mais  il  est  redescendu  au  prix  de  2 à 
3 fr.  le  paquet  de  25  têtes.  — Il  en  est  de 
meme  de  la  Ciboule,  qui  valait  il  y a quinze 
jours  de  0C15  à 0C25  la  botte,  et  que  l’on  cote 
aujourd’hui  deOC  lO  à 0C15.  — Les  Echalotes 
se  vendent  toujours  de  0C40  à 0C80  la  botte. 

Pommes  de  terre.  — Hollande,  6 à 7 fr. 
l’hectolitre.  — Vitelotte  nouvelle,  lÜ  à 11  fr. 
— Pommes  de  terre  rouges,  6C50.  — Pommes 
de  terre  jaunes,  4 à 5 fr. 

Salades.  — La  Laitue  est  diminuée  de  2 fr. 
par  lüO  depuis  15  jours;  eUe  se  vend  de  3 à 
5 fr.  — Le  Cresson  ordinaire  est  augmenté;  le 
22  janvier,  il  valait  de  0C7U  à 1C4Ü  la  botte  de 
12  bottes,  mais  depuis,  son  prix  est  aflaibli  et  il 
ne  coûte  plus  que  de  Üf.50  à It.lO.  — La  Chi- 
corée frisée  est  cotée  de  6 à 16  fr.  sans  chan- 
gement depuis  le  milieu  du  mois.  — L'Escarole 
est  restée  au  prix  de  5 à 20  fr.  le  100. 

Fruits  frais., — Les  Poires  ont  augmenté  de 
10  fr.  depuis  quinze  jours;  les  plus  médiocres 
valent  35  fr.  le  100;  les  plus  belles  se  vendent 
jusqu’à  130  fr.  — Les  Pommes  ont  également 
subi  de  la  hausse;  c’est  vers  le  16  janvier  que 
cette  hausse  a été  la  plus  forte;  aujourd’hui 
les  prix  extrêmes  sont  de  4 fr.  et  de  1 15  Ir.  le 
100.  — Le  Chasselas  de  serre  est  coté  de  4 à 
7 Ir.  le  kilogramme,  avec  2 fr.  d’augmentation. 

Marchés  aux  fleurs.  — Les  Jacinthes,  les 
Rhododendrons,  les  Azalées  et  les  Camellias 
fleuris  étaient  plus  beaux  et  plus  abondants  en- 
core que  pendant  le  commencement  du  mois. 
Les  prix  étaient  à peu  de  chose  près  les  mêmes 
que  ceux  de  notre  dernière  Revue. 


Pla72tes  à feuillage,  pour  décoration  de  jar- 
dinières, meubles,  lampes  et  vases  d'apparte- 
ment. — Agave,  1 f.50  à 5 fr.  — Aloës,  1 à 3 fr. 

— Aralia,  3 à 10  fr.  — Arbousier,  li  50  à 2 fr. 

— Aspidistra,  2050  à 10  fr.  — Acacia  lo- 
phanta,  0050  à 1050.  — Aucuba,  1 à 3 fr.  — 
Alaternes,  1 fr.  à 2 fr.  — Bégonia,  0*‘.75  à 2050 
et  3 fr.  — Buis,  1 à 2 fr.  — Canna,  1 à 2 fr.  — 
Cyperus  alternifolius,  1050  à 5 fr.  — Chamæ- 
rops,  5 à 15  fr.  — Curculigo,  5 à 10  fr.  — Ci- 
néraire maritime,  0075  à 1 fr.  — Caladium  et 
Colocasia,  2050  à 10  fr.  — Carex  japonica, 
0050  à lf.50.  — Cereus  flagelliformis,  1050  à 
2050  fr.  — Calathæa  zebrina,  2050  à 5 fr.  — 
Cactées  et  Crassulacées  diverses,  0050  à 1050. 

— Cotoneasters,  0075  à lf.50.  — Delairea, 
0075  à 1 fr.  — Dracœna  congesta,  1050  à 3 fr. 

— Dracœna  rubra,  2050  à 5 fr.  — Dracœna 
terminalis  variegata,  5 à 15  fr.  — Dracœna 
australis,  3 à 10  fr.  — Dracœna  brasiliensis, 
5 à 15  fr.  — Ficus  elastica,  3 à 10  fr.  — Fou- 
gères, 0075  à 5 fr.  — Fusains  verts  et  argen- 
tés, 1 à 2 fr.  — Gynérium,  1050  à 10  fr.;  0*'.75 
à 1050.  — Grevillea  robusta,  1050  à 2 fr.  — 
Géranium  à feuilles  de  Lierre,  1 à 2 fr.  — Ge- 
névriers, 1 à 2 fr.  — Houx,  1050  à 2050.  — 
Isolepis  gracilis,  0075  à lt.25.  — Iris  pana- 
chés, 0075  à lt.50.  — Latania,  10  à 20  fr.  — 
Lycopodes,  Sélaginelles,  0050  à 1 fr.  — Lierre, 
0t.50  à 1 fr.  — Laurier  de  Colchide,  1 fr.  à 
2050.  — Mahonia,  1 fr.  à 1075.  — Magnolia, 
3 à 15  fr.  — Mimosa  lophanta,  1025  à 2 fr.  — 
Maranta,  3 à 10  fr.  — Opuntia,  0050  à 1050. 

— Pandanus,  10  à 20  fr.  — Pitcairnia,  3 à 5 fr. 

— Palmiers  divers,  10  à 25  fr.  — Pervenches 
panachées,  1 à 2 fr.  — Phormium,  2050  à 5 fr. 

— Puya,  3 à 5 fr.  — Phœnia,  10  à 20  fr.  — 
Photinia,  1 à 2 fr.  — Pins,  0050  à 2t. 50.  — 
Piltosporum,  2f.50  à 5 fr.  — Romarin,  Ot.50  à 
Of.75.  — Sapins,  1 à 3 fr.  — Rhapis,  8 à 15  fr. 

— Richardia,  0f.50  à lt.50.  — Sabal,  10  à 
20  fr.  — Séquoia,  2 à 4 fr.  — Rhododendrons, 
2f.50  à 5 fr.  — Sapinettes,  1 à 3 fr.  — Troè- 
nes, 1 à 3 fr.  — Tradescantia  repens,  K. 50  à 
2t. 50.  ; zebrina,  2 à 3 fr.  — Tillandsia,  3 à 
5 fr.  — AYellingtonia,  3 à 10  fr.  — Thuya, 
Ot.75  à lt.50  et  plus.  — A'ucca  , lt.50  àlOfr. 

Plantes  fleuries  en  pots.  — .\nthenisjrutes- 
cent,  1 fr.  à lt.25.  — Azalées,  3 à 5Jr.  — 
Bruyères  du  Cap  (Phylica),  1 fr.  à 1050.  — 
Bruyères  (Erica)  diverses,  0f.50  à lt.5t0^-- 
Billbergia,  5 à 10  fr.  • — Cinéraires,  Ot.75  à 
lt.25.  — Camellias,  3 à 10  fr.  — Citronniers, 
lt.50  à 2fr.  — Cyclamen  de  Perse,  1 fr,  à 2t.50. 

— Crocus,  Ot.25  à 0t.50.  — Deutzia  gracilis, 
lt.50  à 2 fr.  — Daphné,  lt.50à2  fr. — Epiphyl- 
lum  truncatum,  2t. 50  à 5 fr.  — Epacris,  lt.50 
à 2 fr.  — Fuchsia,  lt.25  à 2 fr.  — Iberis  sem- 
perflorens,  (Jt,75  à lt.25, — Héliotropes,  1 fr,  à 
lt.50.  — Jacinthes,  0t.50  à 1 fr.  — Lilas,  lf.50 
à 2 fr.  — Metrosideros,  3 à 5 fr.  — Q’]illets 
remontants,  lt.25  à lt.50.  — Orangers,  3 à 
5 fr.  — Pensées,  0t.50  à Ot.25.  — Primevères 
de  Chine, 0t.35à0t, 75.  — Rosierslt.25à  2f.50. 

— Réséda,  Ot.75  à Ifr.  — Rhododendrons,  3 à 

10  fr.  — Solanum  amomum  0t.40  à Ot.75.^— 
Spirée,  lt.50  à 2 fr.  — Tulipes  hâtives, 0025  à 
0t.50.  ■ — Véroniques,  1 fr.  à lt.50.  — \iolette 
des  quatre  saisons,  0t,25  à 0t.50.  — A’iburnnm 
Tinus  1 fr.  à lt.50.  A.  Ferlf.t. 


CimONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  FÉVRlEi;). 

Prochaines  Expositions  de  Mulliouse,  Strasbourg,  La  Rochelle,  Valojçnes,  Soissons,  — Cours  d’arboricnltur»- 
de  M.  l.jvierc,  dans  la  pépinière  du  Luxelnbour„^  — Création d’une  Société  d’émulation  horticole  vi"-ne- 
roiine  et  forestière  dans  l’Auhe.  — Cours  d’arboriculture  de  M.  Gressent,  à Paris,  et  de  M.  Cliauvelot  dans 
le  Doubs,  — Lettre  de  M.  de  Ternisien  sur  le  Cryptog-ame  du  Céleri  à Cherbourg.  — Lettre  de  M Rrianza 
sur  la  nonieuclature  des  variétés  potagères.  — Les  Ellébores.  — Deux  nouveaux  Cainellias  Deux 
Euchresta.  — La  Loire  Duchesse  de  Moucliy,  nouvelle  variété.  — La  82e  livraison  du  Jardin  fruUler  du 
i\luseunide  M.  Decaisue.  — Les  Pôciies  Grosse  Mignonne  et  Nivelte.  — Les  Poires  Coloina  et  Faux- 
Rousselet,  — Douceur  de  l’hiver  de  1886. 


Nous  avons  à annoncer  cinq  Expositions 
(le  Sociétés  horticoles  françaises.  Elles  au- 
ront lieu  à Mulhouse,-  (lu  17  au  mai;  à 
Versailles,  du  au  mai  ; à La  Rochelle, 
du  au  dO  mai;  à Soissons,  du  iO  au 
18  juin,  et  enliu  à Valognes,  du  18  au  !21 
août.  ^ 

Le  programme  de  FE-sposition  de  la  So- 
ciété d’horticulture  de  Mulhouse  se  compose 
de  quatre  parties.  Dans  la  première  partie, 
deux  concours  parallèles  ont  lieu,  d’une 
part  entre  les  jardiniers,  d’autre  part  entre 
les  ainateurs,  pour  les  plus  beaux  lots  de 
Géraniums,  d’Azalées,  de  légumes,  soit  de 
primeur,  soit  de  saison,  et  de  fruits  forcés. 
La  seconde  partie  du  concours  a lieu  entre 
tous  les  exposants,  pour  des  objets  réelle- 
ment dignes  d’ètre  primés,  et  consistant 
dans  la  plus  belle  collection  de  plantes  en 
tleurs  ; le  plus  beau  lot  déplantés  de  déco- 
ration ; le  plus  beau  lot  de  Conifères;  le 
plus  beau  lot  de  plantes  vivaces  de  pleine 
terre  lleuries;  le  plus  beau  lot  d’Orchi- 
dées;  les  plus  belles  collections  de  plantes, 
tels  que  Géraniums,  Rhododendrons,  Gruyè- 
res, Fuchsias,  Repnias,  Pétunias,  etc.  ; la 
plus  belle  collection  de  Rosiers;  les  plus 
beaux  bouquets,  et  les  meilleurs  outils.  La 
troisième  partie  consiste  en  un  concours 
ouvert  entre  tous  les  jardiniers  du  Haut- 
Rhin,  pour  ceux  qui  auront  le  mieux  soigné 
les  arnres  fruitiers  Enfin  la  quatrième  est 
destinée  aux  instituteurs  du  Haut-Rhin  pour 
ces  trois  olqels  : H avoir  fait  faire  par  leurs 
soins  le  plus  de  progrès  à l’horliculture 
dans  leurs  communes  ; pour  avoir  donné 
des  leçons  d’horticulture  pratique  à leurs 
élèves;  3»  à ceux  dont  les  jardins  seront  le 
mieux  tenus. 

La  Société  d’horticulture  du  département 
de  Seine-(3t-0ise  fait  depuis  longues  années 
(le  tres-brillantes  Expositions.  G’est  que  ni 
1 espace  ni  les  les  ressources  ne  lui  man- 
quent. Dans  tous  les  concours,  les  exposants 
forment  deux  séries  de  concurrents  : les 
horticulteurs  commerçants  et  les  horticu.1- 
teurs  amateurs,  et  chaque  série  concourt 
séparément.  Dans  ses  concours,  la  Société 
(le  Seine-et-Oise  embrasse  d’ailleurs  tout 
1 ensemble  de  la  production  végétale. 

^ L’exposition  de  La  Rochelle  doit  avoir 
beu  a l épof|ue  du  Concours  régional  agri-  j 

18  Fi-vr.i;:R  1S"6, 


cole,  pour  rehausser  l’éclat  de  cette  solen- 
nité, en  meme  temps  que  se  feront  une 
Exposition  des  lieaux-arts  et  de  l’indus- 
trie et  une  Exposition  chevaline.  Ces  ditfé- 
rentes  solennités  sont  organisées  parle  con- 
seil municipal  de  La  Rochelle. 

D(^jà  l’an  dernier,  nous  avons  eu  l’occa- 
sjon  de  dire  (page  81)  que  la  Société  d’hor- 
ticulture  de  l’arrondissement  de  Valognes 
donnait  à ses  lauréats  la  faculté  d’échanger 
leurs  médailles  contre  des  ouvrages  d’horti- 
culture dont  nous  avons  donné  la  liste  dé- 
taillée. Le  programme  de  cette  Société  , 
pour  la  prochaine  Exposition,  est  exacte- 
ment le  même  que  pour  celle  de  l’année 
dernière;  tout  y parfaitement  organisé. 

— Nousavonsinséré,ily  a quinzejours,  un 
mot  de  protestation  de  M.  de  Rongars,  con- 
tre la  mutilation  du  jardin  du  Luxembourg. 
Parmi  les  titres  de  cet  établissement  à l’in- 
térèt  du  public,  il  faut  citer  le  cours  d’ar- 
boriculture et  de  taille  professé  par  M.  Ri- 
vière, son  jardinier  en  chef,  et  qui  réunit 
chaque  année  un  nombre  d’auditeurs  de 
plus  en  plus  considérable.  Ce  cours  vient 
d’ouvrir,  pour  18G6,  le  9 février.  Il  conti- 
nuera, comme  les  années  précédentes,  le 
lundi,  le  mercredi  et  le  vendredi,  à lOheures 
du  matin,  dansla  pépinière  du  Luxembourg. 

— ^Le  département  de  l’Aube  possède  déjà 
un  cours  d’arboriculture  sur  lequel  nous 
avons  attiré  l’attention  de  nos  lecteurs,  et 
qui  rend  des  services  importants. 

^ Maintenant  on  y organise  une  Société 
d' émulât  ion  horticole^  vigneronne  et  fores- 
tiere^^  sur  des  bases  larges  et  nouvelles. 
V()ici,  d’après  le  programme  des  fondateurs 
(circulaire  signée  : Dosseur,  Dupo^nt-Poulet, 
Rourgouin,  Léger, Charles  Baltet,  Lyé-Petit) , 
ses  principaux  moyens  d’action: 

Expositions  et  conférences  publiques  sur  tous 
les  points  de  la  région; 

Distribution  de  graines,  boutures,  grelfes  et 
plantes  ; 

Propagation  des  lions  livres  et  outils; 
Plantalion  des  friches; 

Cotisation  des  communes; 

Admission  gratuite  des  instituteurs  et  ouvriers 
aux  séances  mensuelles; 

Annales  trimestrielles  ; 

Caisse  permanente  de  secourspour  les  ouvriers 
malheureux  ; 

Célébration  annuelle  de  la  fètepatronale,  etc. 

T.  1.  — 4. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  fÉVRIER). 


t>2 

Le  prix  modique  de  la  cotisation  annuelle 
(5  fr.)  a déjà  amené  plusieurs  centaines 
d’adhérents,  qui  se  doubleront  encore  lors- 
que l’association  fonctionnera;  car  une  des 
premières  en  ce  genre,  elle  aura  répandu 
à profusion,  et  sur  une  large  échelle.  Tins- 
truction  dans  nos  campagnes,  en  même 
temps  que  les  bonnes  méthodes  de  culture 
et  les  meilleures  espèces  végétales. 

— M.  Gressent,  professeur  d’arboriculture 
du  département  du  Loiret  et  de  la  ville 
d’Orléans , professeur  à l’Institut  régional 
agricole  de  Beauvais  , à l’école  normale  de 
Châteauroux , chargé  de  plusieurs^  cours 
dans  les  départements  du  Nord,  de  l’Aisne, 
de  l’Ain,  de  Seine-et-Oise,  vient  d’ouvrir,  le 
15  février,  un  cours  public  et  gratuit  d’ar- 
boriculture et  de  potager  moderne,  à Paris, 
dans  la  salle  des  conférences  littéraires  et 
scientifiques,  7,  rue  Scribe.  Les  leçons  au- 
ront lieu  les  15,  IG,  17,  19,  21,  23,  26  fé- 
vrier, 2,  4,  5,  6 et  7 mars  à 1 heure. 
M.  Gressent  fera  en  outre  un  cours  pratique 
particulier  dans  plusieurs  jardins  de  Paris 
et  des  environs,  les  20,  22,  24,  27  février, 
ler^  3 et  8 mars.  On  peut  se  procurer  des 
cartes  d’entrée  à ce  dernier  cours,  rue  Scribe, 

5 et  7,  à la  salle  des  conférences,  et  au  bu- 
reau de  l’hôtel  de  Rennes,  11,  rue  d’Or- 
léans-Saint-Honoré,  au  prix  de  30  francs. 

Enfin  nous  sommes  heureux  d’annoncer 
encore  les  leçons  que  notre  collaborateur, 
M.  Chauvelôt,  va  faire  à Montbéliard,  l’Isle- 
sur-le-Doubs,  Clerval,  Sancey,  Rougemont, 
Baume-les-Dames,  Yercel,  Besançon  etPon- 
tarlier,  au  nom  de  la  Société  pratique  d’hor- 
ticulture et  d’arboriculture  du  Doubs.  Ces 
leçons  porteront  cette  année  particulièrement 
sur  la  taille  des  arbres  fruitiers,  sur  la  Yigne, 
la  culture  de  l’Asperge,  du  Fraisier,  du 
Framboisier  et  des  Cucurbitacées. 

— Nous  avons  inséré  dans  notre  numéro  du 
16  janvier  un  article  intéressant  de  M.  de 
Ternisien  sur  le  Cryptogame  qui  attaque  le 
Céleri  dans  les  cultures  des  environs  de 
Cherbourg.  A ce  sujet,  notre  excellent  col- 
laborateur nous  envoie  les  rectifications  et 
développements  qui  suivent  : 

« Cherbourg,  le  27  janvier  1866. 

« Monsieur, 

« Je  viens  vous  prier  d’avoir  l’obligeance  de 
publier  l’article  rectificatif  suivant  concernant 
celui  que  vous  avez  inséré  récemment  (no  du  16 
janvier,  page  34)  sur  le  Cryptogame  qui  attaque 
le  Céleri. 

« Les  sporidies  étant  difficiles  à prépper  pour 
arriver  à bien  les  reconnaître,  je  m’étais  trompe 
en  nommant  le  Cryptogame  qui  attaquele  Céleri 
Uredo  apii  graveolentis.  Après  une  étude  plus 
approfondie,  j’ai  lieu  de  croire  que  c’est  une 
Puccinia  apü  dulcis  (nobis).  Voici  d’ailleurs  les 
caractères  que  j’ai  reconnus  dans  un  bon  micro- 
scope, que  je  n’avais  pas  dans  le  principe. 

« Pnmnin  apii  dulcis  (nobis).  — Sporidies 


brunes  fauves  pédicellées,  oblongues  étranglées 
dans  le  milieu  ; articles  oblongs , obtus. 
Pédicelle  blanc,  long  sous  l’épiderme,  qui  se 
rompt  irrégulièrement  à la  maturité  et  forme  une 
espèce  depmdmw.  Pustules  brunes  assez  groses, 
rondes  sur  la  face  supérieure  des  feuilles  de  Cé- 
leri et  sur  les  tiges , elles  sont  allongées  dans  le 
sens  des  fibres  de  ces  tiges. 

« Recevez,  etc. 

« De  Ternisien.  » 

Voici  une  lettre  peut-être  un  peu  trop  hu- 
moristique ; mais  le  fond  en  est  si  sensé  que 
M.  Bossin  tout  le  premier  nous  pardonnera, 
nous  l’espérons,  de  l’insérer. 

« Milan,  l®*"  février  1866. 

« Monsieur, 

((  Vous  voudrez  bien  me  pardonner,  si  je 
prends  la  parole  à propos  de  la  nomenclature 
latine  des  végétaux  maraîchers.  Mais  après  les 
articles  très-judicieux  contenus  dans  la  Revue 
horticole,  celui  de  M.  Bossin  (uo  du  16  janvier, 
page  35),  m’a  paru  tout  à fait  un  non-sens. 

« 11  est  à présent  admis  universellement  parmi 
les  botanistes  que  les  variétés  des  espèces  doi- 
vent s’exprimer  dans  la  langue  du  pays  de  leur 
obtention , et  où  elles  sont  connues.  Il  y a tant 
de  raisons  pour  cela,  que  les  répéter  ici  serait 
abuser  de  la  patience  de  vos  lecteurs,  d’autant 
plus  que  M.  de  Candolle  et  plusieurs  auteurs  ont 
traité  ce  sujet  très-récemment  en  maîtres  dans 
les  journaux.  M.  Koch,  dans  le  Wochenschrift 
(1865,  n°21),  en  a exposé  tousles  inconvénients 
et  le  moyen  de  les  éviter.  Je  crois  même  que 
dans  le  prochain  congrès  de  Londres  on  y revien- 
dra. Mais  comment  M.  Bossin  peut-il  se  persua- 
der que  les  horticulteurs  pourront  mieux  s’en- 
tendre et  savoir  à quoi  s’en  tenir  en  faisant  usage 
de  son  dictionnaire  drolatique? 

((  Si  tout  le  monde  comprend  très-bien  ce  que 
veut  dire:  Haricot  de  Soissons,  croit-il  qu’en  di- 
sant Phaseolus  suessionensis,  on  verra  plus  clair? 
Le  Chou  de  Bruxelles,  appelé  Brassica  multi- 
pticata  ou  polyccphala  fera  pâmer  d’aise  les 
pédants  et  les  sots,  mais  il  ne  fera  que  prêter  à 
rire  aux  hommes  sensés.  Et  les  Pisum  viruhim 
elexorticatum,  à quelle  langue  appartiennent- 
ils? 

«Le  progrès  actuel  ne  tend-il  pas  à faire  exclure 
tout  ce  fatras  prétentieux  de  fusage  commun? 
Les  apothicaires  n’ont-ils  ])as  déjà  secoué  ce 
joug?  On  veut  encore  estropier  cette  belle  lan- 
gue  des  Romains  anciens,  en  la  donnant  en  proie 
à ceux  qui  n’ont  pas  eu  la  culture  intellectuelle 
nécessaire  pour  en  comprendre  la  beauté? 

« Je  vois  bien  que  la  tentative  n’est  pas  sé- 
rieuse, et  il  n’y  a pas  lieu  de  s’en  alarmer  ; mais 
je  plains  la  voie  où  un  praticien  aussi  distingué 
que  M.  Bossin  va  s’engager  pour  amuser  le  pu- 
blic. 

« Veuillez  agréer,  etc. 

« G.  Brianza.  » 

Nous  voulons  la  réforme  de  la  nomen- 
clature botanique  pour  8a  simplification,  et 
nous  serions  vraiment  désolé  qu’on  y in- 
troduisitun  efoule  de  noms  latins  qui  ne  fe- 
raient qu’augmenter  la  confusion. 

— ^ Le  Gaî^deners' Chronicle  se  demande 
pourquoi  la  faveur  du  public  Laisse  dansl  ou- 


63 


CHRONIQUE  HORTICOUE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  UE  FÉVRIER). 


bli  plusieurs  plantes  qui  peuvent  rivaliser 
avec  avantage  pour  l’éclat  et  la  grâce  avec 
les  Roses  de  Noël,  et  dont  la  culture  est  aussi 
facile. Parmi  ces  plantes  oubliées,  lerédacteur 
signale  les  Ellébores.  V Ellébore  rouge  som- 
bre (Helleborus  atrornbens),  dit  le  rédacteur, 
est-elle  donc  une  plante  inférieure  aux  Roses 
de  Noël,  avec  ses  fleurs  magnifiques,  dont 
la  coloration  violette  éblouit  et  fascine.  Que 
dira-t-on  de  VHelleborus  purpurescens,  de 
VHellebortis  olympiens,  de  t Helleborus argu- 
lifolius,  que  Pon  peut  aisément  obtenir  et 
conserverdans  toutes  les  serres?  On  sait  que 
l’Angleterre  possède  VHelleborus  viridis  et 
VHelleborus  Bocconi,  qui  méritent  d’être 
signalés  à tous  les  points  de  vue  de  la  bota- 
nique. Avec  tous  ces  éléments,  il  est  incon- 
testable qu’on  pourrait  obtenir  des  variétés 
nouvelles  et  remarquables.  Pourquoi  les  hor- 
ticulteurs ne  s’y  appliquent-ils  point?  Pour- 
quoi ne  cherchent-ils  pas  à travailler  sur  un 
champ  inconnu  d’investigations  pleines  d’in- 
térêt? Le  Gardeners'Clironicle  s’étonne  de 
cette  indifférence  à Pégard  d’un  point  aussi 
digne  d’attention, 

— M.  Bull,  de  Chelsea,  vient  d’obtenir 
une  variété  de  Camelliaà  laquelle  il  se  pro- 
pose de  donner  le  nom  6e  CamelHajaponica. 
Ce  Camellia,  de  la  variété  Apicœformis , est 
connu  vulgairement  en  Angleterre  sous  le 
nom  de  C.  q ueue  de  poisson  (Fish-lailed  Ca- 
mellia). M.  Bull  écrit:  « Je  crois  que  c’est  la 
première  fois  que  cette  plante  fleurit  dans 
notre  pays  ; c’est  aux  derniers  voyages  au 
Japon  de  M.  Fortune  que  nous  en  sommes 
redevables.  > 

Celte  variété  constitue  une  plante  très- 
intéressante  ; les  feuilles  sont  elliptiques  et 
divisées  au  sommet  en  deux  ou  trois  pointes 
très-aiguës  et  d’un  jaune  doré,  tandis  que 
des  taches  irrégulières  de  la  même  couleur 
métallique  sont  disséminées  sur  le  corps 
même  de  l’organe.  Les  fleurs  sont  petites, 
gracieuses,  avec  trois  rangs  d’étamines,  qui 
confondues  à lal)ase,dëviennentparfaitement 
distinctes  à la  partie  supérieure  où  leurs 
extrémités  libres  retombent. 

Mais  le  plus  grand  intérêt  de  cette  variété 
au  point  de  vue  horticole  réside  dans  la  dis- 
position curieuse  et  distinguée  des  feuilles. 
R y a peut-être  là  une  perspective  d’accli- 
matation pour  une  nouvelle  espèce  de  Ca- 
mellia à crête  d’or  {golde^i-crested  Camellia) 
si  cette  variété  peut  se  maintenir  perma- 
nente en  Angleterre. 

Le  Journal  of  Botamj  du  D*’  Seeman  pour 
le  mois  de  janvier  186(3  contient  une  belle 
gravure  d’un  Camellia  qu’il  désigne  sous  le 
nom  de  Camellia  japonica  variegata.  Celte 
plante,  provenant  des  serres  de  M.  Bull , 
a été  également  introduite  en  Europe  par 
M.  Fortune  à son  retour  de  la  Chine,  mais 
elle  diffère  de  celle  que  l’éminent  horticul- 
teur vient  d’obtenir,  en  ce  que  la  fleur  en 


est  plus  petite  et  que  les  feuilles,  moins  lar- 
ges, ne  présentent  pas  cette  disposition  sur 
laquelle  nous  avons  appelé  l’attention  et 
qui  donnent  au  Camellia  japonica  apicœ- 
formis un  caractère  peu  commun  de  dis- 
tinction et  d’originalité. 

— Le  dernier  numéro  du  Gardenflorao^îre 
une  fort  belle  gravure  représentant  VEu- 
clir  esta  japonica.  Cetie  plante,  qui  appartient 
à la  famille  des  Légumineuses,  se  trouve  en 
abondance  dans  les  environs  de  Nangasaki. 
Les  feuilles  affectent  la  disposition  trifoliée 
et  les  folioles  très-épaisses  ont  une  forme 
ovale. 

Parmi  les  espèces  voisines  nous  trouvons 
VEuchresta  Bennel  et  V Euchresta  Horsfleldi 
%Bennet.  Cette  dernière  présente  trois  ou 
quatre  pétales;  les  feuilles  sont  unies  deux 
à deux,  et  les  folioles,  très-aiguës  et  très- 
effilées,  présentent  une  longueur  considéra- 
ble. Les  caractères  génériques  diffèrent  fort 
peu  d’ailleurs  de  ceux  des  Euchresta  que 
nous  possédons. 

— Nous  nous  empressons  toujours  défaire 
connaître  les  nouvelles  variétés  de  fruits. 
On  nous  en  signale  aujourd’hui  une  remar- 
quable. C’est  une  Poire  mise  au  commerce 
p^yM.  Florentin  Delavier,  à Beauvais,  rue  St- 
Gilles,  no  2.  Cette  Poire,  qui  se  nomme  Du- 
chesse de  Mouchy,  est  un  très-beau  fruit. 

L’épiderme  est  d’un  vert  jaunâtre  à la 
cueillaison,  et  d’un  jaune-citron  à la  ma- 
turité. Quant  à ses  qualités,  nous  reprodui- 
sons textuellement  le  jugement  qu’en  a fait 
la  commission  du  comité  pomologique  de 
la  Société  impériale  d’horticulture  de  Paris, 
dans  sa  séance  de  mai  1864:  « Fruit  gros, 
chair  demi-fine  , juteuse  suffisamment  su- 
crée, légèrement  parfumée,  en  un  mot  très- 
bonne  pour  la  saison  très-tardive  dans  la- 
quelle il  mûrit  ; fruit  bon  à propager  , 
puisque,  outre  ses  qualités,  il  se  plait  à toute 
exposition.  «Cette  poire  mûrit  en  mai  et  juin, 
l’arbre  est  très-fertile  et  d’une  végétation 
remarquable.  M.  Delavier  le  vend  5 francs 
greffé  d’un  an  et  7 francs  pour  une  greffe  de 
deux  ans. 

— La  82e  livraison  du  Jardin  fruitier  du 
Muséum  a paru  ; elle  est  consacrée  aux 
Pêches  Grosse  Mignonne  ordinaire  et  Ni- 
velle, et  aux  Poires  Goloma  et  Faux- Rous- 
selet. 

La  Pêche  Grosse  Mignonne  ordinaire  est 
un  ancien  fruit  que  Merlet,  Le  Berryais, 
Duhamel,  etc.,  ont  déjà  décrit.  Tous  ces 
pomologistes  se  sont  accordés  à la  regarder 
comme  une  de  nos  meilleures  Pêches.  Sa 
qualité  et  la  fertilité  expliquent  l’extension 
de  sa  culture.  L’arbre  est  à rameaux  bien 
nourris,  couverts  d’uiie  écorce  rougeâtre  ou 
rouge  sur  les  parties  soumises  à l’insola- 
tion. Les  fleurs  sont  très-grandes  et  d’un 
beau  rouge  foncé;  les  feuilles  sont  moyen- 
nes ou  petites  et  assez  rares.  La  Grosse 


64. 


CIÎROT^IQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  FÉVRIER). 


Mignonne,  dite  aussi  Veloutée, mûrit  dansla 
dernière  quinzaine  d’août  ou  en  septembre 
pour  les  arbres  plantés  à des  expositions  peu 
avantageuses.  M.  Carrière  , qui  rédige  , 
comme  on  sait,  ce  qui  concerne  les  Pêcbes 
dans  le  Jardin  frmtier  du  Muséum,  eu 
donne  la  description  suivante  : 

Fruit  gros  ou  très-gros,  inégalement  dé- 
primé, présentant  souvent  un  côté  Imaucoup 
plus  élevé  que  l’autre,  marqué  d’un  sillon  ar- 
rondi, peu  profond,  qui  va  se  perdre  au  som- 
met dans  une  dépression  ou  sorte  de  cuvette 
régulière.  — Cavité  pédonculaire  assez  pro- 
fonde, mais  parfois  refermée.  — Peau  duve- 
teuse, se  détachant  facilement  de  la  chair, 
vert  jaunâtre  à l’ombre,  rouge  foncé  sur  toutes 
les  parties  exposées  au  soleil.  — Chair  blanche, 
rouge  violacé  près  du  noyau;  eau  abondante,* 
sucrée,  relevée.  — Noyau  rond,  brun,  large, 
ovale,  un  peu  atténué  et  arrondi  à la  base,  à 
peine  mucronulé  au  sommet,  à surlace  très- 
rustiquée;  suture  ventrale  convexe,  saillante, 
munie  d’un  large  sillon;  suture  dorsale  légè- 
rement saillante,  accompagnée  de  chaque  côté 
d’un  sihon. 

La  Pèche  Nivelle  est  aussi  un  beau  et  ben 
fruit  décrit  dès  le  XVIP  siècle.  Elle  ne  mûrit 
que  vers  la  Un  de  septembre.  Elle  est  aussi 
appelée  Veloulée.  Son  arbre  est  assez  vigou- 
reux; mais  elle  est  moins  bonne  que  la  pré- 
cédente. Les  rameaux  sont  d’un  vert  ber- 
bacé  passant  au  roux  foncé;  ils  portent  des 
fleurs  très-petites  d’un  rose  pâle  cuivré  et 
des  feuilles  assez  larges.  Voici  la  descrip- 
tion que  donne  M.  Carrière  de  celle  Pêche: 

Fruit  de  bonne  grosseur,  sphérique,  ou  plus 
rarement  inéquilaîéral,  élargi  à sa  base,  par- 
couru sur  l’un  des  côtés  par  un  sillon  peu  pro- 
fond, étroit,  si  ce  n’est  vers  le  sommet  du 
fruit,  où  il  s’élargit  pour  se  confondre  avec  la 
dé})ression  terminale.  — Cavité  pédonculaire 
})etite  et  ])eu  profonde.  — Peau  duveteuse,  pre- 
nant sur  toutes  les  parties  exposées  au  soleil 
une  couleur  rouge-carminé  très-foncée,  lavée 
ou  simplement  fouettée  de- rouge  sur  les  })ar- 
ties  exposées  à l’ombre.  — Chair  non  adhérente 
ou  à peine  adhérente  au  moyen  de  faisceaux 
tibreux,  blanche  à la  circonférence,  rouge  foncé 
auprès  du  noyau,  couleur  qui  s’éteiiLi  même 
quelquefois  assez  avant  lorsque  le  fruit  est- 
très-mûr  et  fortement  isolé;  eau  très-abon- 
dante, parfumée,  légèrement  acidulée.  — 
Noyau  ovale,  très-court  et  régulier,  de  couleur 
rousse,  sensiblement  velu  lorsqu’on  le  relire  de 
la  chair,  à surface  parcourue  par  des  sillons 
peu  profonds,  munie  d’une  suture  ventrale  un 
peu  convexe  et  d’un  assez  large  sillon;  suture 
dorsale  saillante,  surtout  vers  la  base,  accom- 
pagnée de  chaque  côté  d’un  large  sillon. 

La  Poire  Coloma  est  un  fruit  remarquable 
par  son  aspect  plutôt  que  j)ar  sa  qualité. 
Elle  porte  le  nom  du  comte  de/Ccloma,  ba- 
ron deMullem, NVesl-Acker,  Oost-bove,  etc., 
né  à Malines  le  28  juin  1740,  mort  dans 
la  même  ville  le  24  juillet  18Ü),  qui  était 
grand  amateur  d’horticulture  et  proprié- 
taire du  terrain  jadis  occupé  par  le  couvent 


des  Urbanistes  de  Malines.  Elle  vient  sur 
un  arbre  très-fertile,  qu’il  convient  surtout 
de  cultiver  en  pyramide.  M.  Decaisne  la 
décrit  ainsi  : 

Fruit  assez  semblable  à celui  du  Poirier 
Saint-Germain,  commençant  à mûrir  en  sep- 
tembre, moyen,  oblong,  quelquefois  légère- 
ment bosselé;  à queue  droite,  insérée  dans 
l’axe  du  fruit,  c’ylindracée  ou  un  peu  épaissie 
aux  extrémités,  verte  ou  bronzée,  — Peau  à 
peu  près  uniformément  verte,  rarement  lavée 
de  roux  au  soleil,  parsemée  de  nombreux  points 
bruns,  gercées,  méniscoïdes.  — Œil  à Heur  de 
fruit,  placé  au  milieu  d’un  léger  aplatissement 
régulier,  à divisions  rapprochées,  accompa- 
gnées de  petites  bosses  ou  de  sortes  de*  petits 
plis.  — Cœur  grand,  dessinant  sur  la  coupe  du 
fruit  une  sorte  de  losange  entouré  de  granula- 
tions; loges  grandes;  pépins  bruns; lacune  cen- 
trale subéreuse,  atténuée  vers  l’œil.  — Chair 
blanchâtre,  demi-line  ; eau  abondante,  sucrée- 
acidulée,  légèrement  parfumée.  — Fruit  de 
deuxième  ordre. 

M.  Decaisne  ajoute  les  renseignements 
suivants,  qu’il  est  utile  de  signaler  ici  : 

« Il  ne  faut  pas  confondre  la  Poire  Coloma 
avec  la  Poire  Beurrée  Coloma  d’automne,  ni 
avec  le  Colmar  Bonnet,  comme  l’a  fait  le  Con- 
grès pomologi({ue  dans  la  session  qu’il  a tenue 
à Nantes,  le"2G  septembre  18G4.  Notre  fruit  se 
trouve  très-exactement  décrit  et  liguré  par 
Poileau  dans  la  Pomologie  de  la  Seine-Infé- 
rieure, sous  le  nom  de  lleurrée  du  Coloma.  » 

La  Poire  nommée  Faux-Rousselet  par 
M.  Decaisne  est  d’origine  belge;  elle  a été 
décrite  en  1849  parM.  Bivort  sous  plusieurs 
autres  noms.  Elle  vient  sur  un  arbre  pyra- 
midale propre  â former  des  plein-vent. 
M.  Decaisne  lui  assigne  les  caractères  sui- 
vants : 

Fruit  mûrissant  en  septembre,  pyriforme, 
ventru  ou  turbiné,  petit  ou  (je  grosseur 
moyenne;  pédoncule  assez  long,  arqué,  lisse, 
brun  olivâtre,  rentlé  â son  insertion  sur  le  fruit 
avec  lecpiel  il  se  continue  régulièrement  ou 
)rès  duquel  il  offre  un  bourrelet  charnu. — 
’eauun  peu  rude,  jaune  indien  à l’ombre,  rous- 
sâtre  ou  rarement  d’un  rouge-brun  au  soleil, 
parsemée  de  points  gris  entremêlés  de  quel- 
ques petites  taches  fauves,  et  quelquefois 
marquée  de  fauve  autour  du  pédoncule.  Œil 
â Heur  de  fruit,  â divisions  lancéolées,  rélléchies 
ou  dressées,  cotonneuses  ou  glabres,  entourées 
de  lines  zones  concentriques  et  quelquefois 
accompagnées  de  petites  bosi:es.  — Cœur  petit, 
dessinant  une  sorte  de  losange  sur  la  coupe 
longitudinale  du  fruit,  entouré  de  petites  gra- 
nulations ; loge  moyenne;  pépins  bruns;  lacune 
centrale  assez  large,  subéreuse.  — Ciiair  blan- 
che, line,  fondante  ou  demi-fondante,  juteuse; 
eau  sucrée,  acidulée,  iiarfumée,  non  musquée, 
ne  rajipelant  en  rien  la  saveur  particulière  des 
Rousselets. 

L’illustre  professeur  du  Jardin  des  Plan- 
tes ajoute  â sa  description  la  remarque  sui- 
vante : 

« C’est  malgré  moi  que  je  me  suis  vu  obligé 


65 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  FÉVRIER). 


de  changer  les  noms  de  Double  Rousselet  et 
Rousselet  ?]speren  donnés  à cette  variélé  par 
les  pépiniéristes  lielges,  puisqu’elle  ne  présenle 
aucun  des  caractères  des  Housselets  proprement 
dits.  Je  n’ignore  }>as  que  l’impropriété  d’un 
nom  spécili((ue  ne  suffit  pas  pour  autoriser  son 
cliangemenl,  à moins  que  celui-ci  n’impliiiue  une 
idée  absolument  fausse,  comme  c’est  ici  le  cas, 
puisque,  de  l’aveu  même  de  M;  Ilivort,  son 
Double  Rousselet  ne  rappelle  ni  le  port  de  l’ar- 


bre, ni  la  forme,  ni  la  couleur,  ni  la  saveur  des 
fruits  du  type  si  caractérisé  des  Rousselets.  » 

Nous  terminons  cette  Chronique  sous  un 
ciel  printanier.  Le  soleil  darde  comme  au 
mois  d’avril  dans  notre  jardin,  les  arbres 
ont  des  bourgeons  qui  s’ouvrent.  Puisse  ce 
printemps  hàlif  ne  pas  être  bientôt  effacé 
par  un  hiver  tartif. 

J.  A.  Barral. 


A PROPOS  DES  PLANTES  GRIMPANTES. 


Deux  opinions  se  partagent  aujourd’hui 
les  savants  : pour  les  uns,  le  monde  est  en- 
core tel  que  le  jour  où  il  est  sorti  tout  fai! 
des  mains  du  Créateur;  pour  les  autres,  il 
n’a  cessé  d’évoluer  et  de  changer  de  figure 
avec  les  âges.  Cette  dernière  hypothèse, 
que  quelques-uns  regardent  comme  favo- 
rable à l’athéisme,  et  qui  n’est,  en  réalité, 
pas  plus  athée  que  la  première  , n’est  autre 
chose  que  l’application,  à l’ensemble  des 
êtres  organisés,  des  lois  qui  régissent  cha- 
cun d’eux  en  particulier.  S’il  faut  l’inter- 
vention  divine  pour  faire  sortir  l’univers  du 
néant,  celte  intervention  n’est  pas  moins 
nécessaire  pour  déterminer  ses  évolutions 
successives.  Au  fond,  c’est  le  même  fait  : 
tout  phénomène,  tout  changement  de  rap- 
ports dans  les  choses  est  une  création  en 
petit,  rigoureusement  équivalente  quanta  sa 
cause,  sinon  quant  tà  ses  effets,  à la  création 
du  tout,  et  qui  suppose,  aussi  bien  que  cette 
dernière,  une  puissance  douée  de  sponta- 
néité et  intelligente.  Qu’il  s’agisse  d’un  fétu 
ou  d’un  monde.  Dieu  est  l’initiateur  des 
faits;  c’est  lui  qui  donne  le  branle  et  qui 
met  le  concert  dans  les  éléments  sans  nom- 
bre, dont  les  activités  empruntées  , mais 
variées  à l’infini,  constituent  la  vie  univer- 
selle. En  somme , les  brillants  athées  de 
notre  temps  se  sont  trop  pressés  d’étayer 
sur  la  théorie  de  l’évolution,  si  admirable- 
ment exposée  par  NI.  Darwin,  leur  thèse  fa- 
vorite, dont,  soit  dit  en  passant,  nous  n’a- 
percevons l’utilité  ni  pour  les  progrès  de 
l’esprit  humain,  ni  pour  la  pratique  de  la  vie. 

N oilà  un  préambule  qui  ne  ferait  guère 
supposer  ce  que  je  voulais  dire  en  commen- 
çant cet  article;  cependant  il  s’y  rattache 
assez  étroitement,  ainsi  qu’on  va  le  voir. 
Les  plantes  actuellement  grimpantes  ont- 
elles  grimpé  dès  l’origine,  ou  bien  leur 
cUmalisme^  n’est-if  qu’une  faculté  acquise, 
un  expédient,  si  je  puis  m’exprimer  ainsi, 
pour  taire  lace  a des  nécessités  ([ui  aupara- 
vant n’existaient  pas?  Les  partisans  de  l’im- 
mobilité ne  manqueront  pas  de  répondre 

^ Je  nomme  ainsi  la  faculté  cle  grimper.  Aucun 
mot  n’existant  en  français  pour  exprimer  cette  idée, 
je  n ai  pas  hésité  à en  fabriquer  un,  qui  est,  je  crois, 
couforme  à la  règle. 


(jue,  de  tout  temps,  des  plantes  ont  grimpé; 
que  le  Haricot  et  le  Houblon,  par  exemple, 
ont  été  créés  tout  enroulés  sur  les  tiges 
d’autres  plantes,  sur  des  tuteurs  quelcon- 
ques créés  en  même  temps  qu’eux  et  exprès 
pour  eux.  Il  en  serait  de  même  relativement 
à la  question  du  parasitisme  : dans  la  théorie 
de  l’immobilité  et  de  l’invariabilité,  la  logi- 
que veut  qu’on  admette  que  les  animaux  et 
les  végétaux  ont  été  créés  avec  leurs  para- 
sites; que  le  premier  pied  de  Luzerne  était 
déjà  infesté  par  la  cuscute  , et  que  le  pre- 
mier homme  logeait  des  poux  dans  ses  che- 
veux. Four  nous  autres  évolutionnistes,  il 
n’en  est  point  ainsi  : le  parasitisme  n’est  pas 
de  première  création,  non  plus  que  le  clé- 
matisme;  ce  sont  seulement  des  adaptations 
d’êtres  déjà  existants  à des  conditions  nou- 
velles. La  même  puissance  créatrice  qui  les 
a fait  naître  les  .a,  à un  moment  donné, 
modifiés  conformément  à des  finalités  (jui , 
jusque-là,  n’avaient  pas  eu  de  raison  d’être. 
En  ce  qui  concerne  le  clématisme,  une  très- 
belle  étude  de  M.  Darwin  ne  laisse  pour 
ainsi  dire  aucun  doute  sur  ce  point.  Pour 
liii,  le  clématisme  est  né  de  la  nécessité. 
Etouffée  sous  l’ombre  épaisse  des  forêts  , la 
plante  était  condamnée  à mourir  ou  à aller 
jusqu’au  faîte  des  arbres  chercher  de  l’aii’ 
et  un  rayon  de  soleil.  Un  grand  nombre, 
sans  doute,  ont  péri  dans  le  combat;  quel- 
ques-unes en  sont  sorties  victorieuses,  et, 
se  faisant  un  point  d’appui  du  tronc  de  leurs 
oppresseurs,  elles  ont  fini  par  dominer  leurs 
cimes.  C’est  ainsi  qu’on  a vu  plus  d’une  fois 
un  peuple  conquis  conquérir  à son  tour  son 
vainqueur,  l’absorber  et  en  quelque  sorte 
l’annihiler  par  Finlluence  irrésistible  de  ses 
idées  et  de  ses  mœurs. 

M.  Darwin  divise  les  plantes  grimpantes 
en  trois  groupes  * : les  plantes  enroulantes 

^ En  traitant  des  plantes  grimpantes  dans  notre 
second  volnnie  du  Manuel  de  rAmaleur  de  jardins, 
actuellement  sous  presse  et  devant  paraître  prochai- 
nement, nous  avons  distingué  quatre  modes  de  clé- 
matisme, c’est-à-dire  les  clématismes  par  enroule- 
ment, par  préhension,  par  enchevêtrement  et  par 
Juxtaposition,  qui  nous  paraissent  comprendre  tous 
les  cas  possibles  de  là  faculté  de  grimper.  Cette  di.-?- 
tinction  était  nécessaire  au  point  de  vue  de  la  cul- 
ture des  plantes  grimpantes,  dont  les  emplois,  dans 
la  pratique,  sont  très-dilTérentes  s_^uiva:it  leur  ma- 
nière de  grimper. 


X PROPOS  DESPLA^TES  GRIMPANTES. 


OU  volubiles,  celles  qui  s’aident  de  leurs 
feuilles  ou  de  leurs  pétioles  pour  en  esca- 
lader d’autres  , et  celles  enfin  qui  s’accro- 
chent, à l’aide  de  vrilles  , à-tout  ce  qu’elles 
peuvent  saisir.  Ces  trois  groupes  ont  été,  de 
sa  part,  l’objet  d’expériences  et  d’observa- 
lions  très-attentives  et  très-suivies.  On  peut 
présumer,  dit-il,  que  les  plantes  ne  sont  de- 
venues grimpantes  que  par  le  besoin  qu’el- 
les ont  eu  d’aller  chercher  au  loin  l’air  et 
la  lumière  que  leur  interceptaient  d’autres 
végétaux,  et  ce  but  a été  atteint  par  un 
moyen  si  simple  et  une  si  faible  dépense  de 
matière  organique,  qu’on  a lieu  d’en  être 
surpris,  si  l’on  compare  le  volume  des  ar- 
bres avec  celui  des  plantes  grimpantes  de 
même  hauteur  auxquelles  ils  servent  de  sou- 
tiens. Les  plantes  volubiles  ne  sont  telles 
que  parce  que  leurs  entre-nœuds  ont  une 
tendance  à se  tordre  en  spirale,  et  la  même 
propriété  a dû  exister  et  même  existe  en- 
core, plus  ou  moins  prononcée,  chez  celles 
dont  les  pétioles  ou  les  evtréinités  des  feuil- 
les, doués  d’une  certaine  sensibilité,  sont 
devenus  des  organes  de  préhension.  Il  est 
bien  visible,  en  effet,  que,  sans  cette  ten- 
dance des  tiges  à la  torsion,  les  feuilles  et 
leurs  pétiole's  n’auraient  pu  que  rarement, 
et  comme  par  hasard,  se  trouver  en  contact 
avec  les  objets  qu’elles  devaient  saisir.  A 
moins  donc  de.  supposer  que  les  rdantes  qui 
s’aident  de  leurs  feuilles  pour  grimper  aient 
acquis  simultanément  les  deux  propriétés 
dont  il  vient  d’être  question,  il  semble  pro- 
bable qu’elles  ont  été,  dans  le  principe, 
simplement  volubiles,  et  que  c’est  posté- 
rieurement que  s’est  développée  la  préhen- 
silité  de  leurs  organes  appendiculaires.  Poui 
des  raisons  semblables,  on  est  autorisé  à 
croire  que  les  plantes  munies  de  viiaes  ont 
été  primordialement  volubiles,  ou,  plus 
exactement,  qu’elles  descendent  d’espèces 
ayant  eu  celte  propriété,  qui  s’est  graduel- 
lement affaiblie  ou  entièrement  perdue  dans 
leur  descendance.  Il  est  de  fait  que,  dans  la 
majorité  des  plantes  cirrhifères  (pourvues 
de  vrilles),  les  entre-nœuds  se  tordent  cà 
quelque  degré,  comme  chez  les  plantes  vo- 
lubiles ; il  y en  a même  dont  les  tiges  peu- 
vei.t  encore  s’enrouler  autour  de  tuteurs 
verticaux,  mais  il  y en  a aussi  chez  lesquel- 
les cette  faculté  a compléteriient  disparu 
des  tiges  pour  se  réfugier  à l’extrémité  des 
vrilles,  et  ce  sont  celles-  là  qu’on  doit  con- 
dérer  comme  ayant  suhi  les  modifications 
les  plus  profondes  et  les  plus  nombreuses. 
Les  trois  grandes  familles  grimpantes  qui 
ont  perdu  le  plus  complètement  la  faculté 
de  s’enrouler  sont  les  Cucurbitacées,  les 
Passiflorées  et  les  Ampélidées.  Les  faits 
abondent  pour  prouver  que,  chez  les 
plantes  qui  grimpent  à l’aide  de  leurs  feuil- 
les, un  organe  foliacé  peut,  tout  en  conser- 
vant sa  fonction  propre,  devenir  sensitif  au 


contact  d’un  corps  étranger  et  se  modifier 
en  vrille  pour  le  saisir.  Ainsi,  de  vraies 
feuilles  acquièrent,  dans  certains  cas,  tou- 
tes les  propriétés'  des  vrilles,  la  sensibilité, 
le  mouvement  spontané  et  la  faculté  de 
s’endurcir  pour  constituer  une  attache  so- 
lide. Si  leur  limbe  venait  à disparaître,  elles 
se  trouveraient  transformées  en  véritables 
vrilles,  et  on  pourrait  citer  des  exemples  de 
cette  transformation  à tous  les  degrés.  D’a- 
près cette  manière  de  voir,  les  plantes  qui 
grimpent  au  moyen  de  leurs  feuilles  ont  été 
primordialement  des  plantes  enroulantes,  et 
celles  qui  portent  des  vrilles  ont  grimpé 
avec  leurs  feuilles  avant  d’être  pourvues  de 

vrilles  par  faites.  On  aperçoitdu  premier  CO  up 

d’œil  la  relation  de  ces  trois  modes  de  clé- 
matisme  et  la  succession  de  leur  apparition 
dans  la  nature. 

La  manière  dont  ces  différents  cléma- 
tismes  se  distribuent  dans  les  familles  et 
autres  groupes  naturels  est  une  preuve 
presque  indéniable  de  leur  affinité.  G est 
ainsi,  par  exemple,  que  les  nombreuses  es- 
pèces qui  grimpent  à l’aide  de  leurs  feuilles 
dans  les  Antirrhinées,  les  Solamnn,  les 
Cocciiliis,  lesMéthoniques,  etc.,  sont  proches 
parentes  d’autres  espèces  de  mêmes  familles 
ou  de  mêmes  genres  qui  sont  décidément 
volubiles.  D’un  autre  côté,  les  Clématites, 
qui  s’aident  de  leurs  pétioles  pour  grimper, 

sont  pareillement  très-voisines  du  Anrarc/m, 

genre  pourvu  de  vrilles.  Le  groupe  si  ho- 
mogène des  Fumariacées  renferme  de  même 
des  espèces  cirrhifères  et  des  espèces  grim- 
pantes par  leurs  feuilles.  Enfin,  il  y a une 
espèce  de  Bignonia  qui  réunit  ces  deux  ca- 
ractères à la  fois,  tandis  que  d’autres,  parmi 
ses  congénères,  sont  strictement  volubiles. 
Les  vrilles,  qui  résultent  de  pédoncules  flo- 
raux modifiés,  nous  montrent  de  même  tous 
les  passages  entre  leur  état  primitif  et  celui 
de  vrille;  c’est  ce  qu’on  voit  dans  la  Vigne, 
où  des  vrilles  se  rencontrent  tantôt  sous 
leur  forme  normale,  tantôt  sous  celle  de 
«rappes  plus  ou  moins  fournies.  Il  y a donc 
des  vrilles  qu’on  peut  appeler  foliaires  ou 
appendiculaires,  et  des  vrilles  d’origine 
axile,  c’est-à-dire  de  même  nature  que  les 
tiges,  les  branches  et  les  rameaux;  mais, 
quel  que  soit  leur  point  de  départ  organi- 
que, leurs  fcnctions  sont  toujours  identi- 
quement les  mêmes. 

Un  point  bien  intéressant  dans  l’histoire 
naturelle  des  plantes  grimpantes,  intéres- 
sant pour  les  hommes  qui  aiment  à réfléchir, 
c’est  leur  motilité  , lente  sans  doute  , mais 
très-visible , dont  le  but  est  de  chercher 
l’objet  qui  doit  leur  servir  de  soutien.  Les 
organes  les  plus  différents  par  leur  nature  , 
la  lige,  les  pédoncules  floraux,  les  pétioles, 
les  nervures  des  feuilles  prolongées  au  delà 
du  limbe,  les  folioles,  et  jusqu’à  un  certain 
point  les  racines  aériennes,  toutes  ces  par- 


A PROPOS  DES  PLANTES  GRIMPANTES. 


67 


lies  jouissent  de  la  faculté  de  semouvoir.Les 
plantes  grimpantes,  continue  M.  Darwin,  sont 
si  nombreuses,  qu’elles  deviennent  un  des 
traits  saillantsdu  règne  végétal.  Ellesappar- 
tiennent  aux  familles  les  plus  variées  d’orga- 
nisation, et,  dans  la  plupart  de  ces  familles, 
elles  otfrent  tous  les  degrés  et  tous  les  gen- 
res de  clémalisme.  Sur  les  cinquante-neuf- 
alliances  ou  groupes  de  familles  admises 
par  Lindley  dans  son  Règne  vêgétaU  il  y en 
a trente-six  (plus  de  la  moitié)  qui  contien- 
nent des  plantes  grimpantes,  et  il  s’en  trouve 
jusque  dans  l’embranchement  des  Crypto- 
games. Si,  d’une  part,  nous  réfléchissons  à 
ce  fait,  et  que,  d’autre  part,  nous  remar- 
quions que,  dans  certaines  familles  à la  fois 
très-étendues  et  nettement  définies,  comme 
les  Composées,  lesRubiacées,  les  Scrophii- 
larinées,  les  Liliacées,  etc.,  il  n’y  a com- 
munément que  deux  ou  trois  genres  dont 
les  espèces  soient  douées  de  la  îacuUé  de 
grimper,  nous  arrivons  presque  invincible- 
ment à conclure  que  cette  faculté  est  en 
puissance,  quoique  non  réalisée,  dans  pres- 
(|ue  toutes  les  espèces  du  rè;ne.  L’obser- 
vation des  plantes  grimpantes , continue 
M.  Darwin,  nous  force  à reconnaître,  dans 
la  structure  des  végétaux,  un  degré  de  per- 
fection que  peut-être  on  n’y  soupçonnait 
|)as  jusqu’ici.  Pour  nous  en  faire  une  idée  , 
examinons  ce  qui  se  passe  dans  les  espèces 
cirrhifères,  que  nous  avons  dit  être  les  [)lns 
complètes  [)armi  cellçs  qui  jouissent  de  la 
j)ropriélé  de  grimper.  Nous  les  verrons  ten- 
dre leurs  vrilles,  toutes  prêtes  à agir,  de  la 
même  manière  qu’un  polyjie  tend  ses  tenta- 
cules; si  ces  vrilles  sont  dérangées  par  un 
accident,  elles  reviennent  d’elles-mêmes  à 
leur  direction  première  ou  rencontrent  ail- 
leurs le  corps  qu’elles  ont  besoin  de  saisir. 
Tantôt  elles  sont  sensibles  à l’action  de  la 
lumière,  se  dirigeant  de  son  côté  ou  s’en 
écartant,  tantôt  elles  y sont  indifférentes  , 
suivant  qu’elle  peut  être  utile  à la  plante. 
Pendant  des  jours  entiers  on  voit  la  vrille, 
ou  tout  l’entre-nœud  auquel  elle  tient,  exé- 
cuter des  révolutions  de  droite  cà  gauche  ou 
de  gauche  à droite,  en  quête  de  l’objet  à 
saisir.  A peine  cet  objet  est-il  en  contact 
avec  son  extrémité,  qu’elle  l’enveloppe  de 
ses  replis  etleretienténergiquement;  bientôt 
même  elle  se  contracte  en  se  roulant  en  spi- 
rale et  rapproche  la  plante  de  son  soutien. 
Tout  mouvement  cessealors,  maisle  travail  se 
continue  dans  l’intérieur  de  la  vrille,  qui  s’en- 
durcit et  acquiertune  merveilleuse  ténacité  * . 

Il  y a des  cas  où  l’adhérence  de  la  vrille  aux 

CULTURE  DE  LA  VIGNE 

Une  culture  de  lavigne  sans  façon  estchose 
aisée  àconcevoir. Une  culture  de  la  Vigne  sans 
^a<7/eeslundéfiàrintelligence.Eneffet,main- 
tenir  indéfiniment  la  charpente  d’un  cep  à 4 


Au  nombre  des  principes  absolus  sur  les- 
quels repose  la  philosophie  il  en  est  un 
qu’il  est  bon  de  rappeler;  c’est  celui-ci  : le 
sol  n'agil  pas  sur  le  soi.  Cependant,  voilà 
des  plantes  ({ui  modifient  leurs  habitudes  et 
leur  structure;  qui,  pour  ne  pas  périr  étouf- 
fées, s’allongent  démesurément,  et  qui,  de- 
venues débiles  par  cet  allongement  même, 
cherchent  un  appui  sur  des  végétaux  plus 
robustes  et  s’y  cramponnent  par  les  moyens 
les  plus  ingénieux  et  les  plus  variés.  C’est 
tout  une  mécanique,  et  des  plus  savantes, 
qui  ferait  attribuer  aux  plantes  le  sentiment, 
l’intelligence  et  la  spontanéité.  Mais  qui  ose- 
rait soutenir  que  la  plante  a conscience  de 
ses  besoins , qu  elle  raisonne  et  agit  comme 
si  elle  voyait  ce  qui  est  en  dehors  d’elle?  Le 
soi  n’agissant  pas  sur  le  soi,  il  n’est  pas  da- 
vantage possible  de  soutenir  qu’elle  se  mo- 
difie elle-même  pour  s’accommoder  aux  cir- 
constances. Il  est  donc  de  toute  évidence  que 
dans  ses  évolutions  , elle  obéit  à uiu' 
puissance  supérieure  ; et,  comme  cette  puis- 
sance doit  être  intelligente  sous  peine  de 
laisser  périr  les  choses,  il  n’y  a qu’une  seuh‘ 
explication  possible  du  fait  ; c’est  que  Dieu 
est  partout  présent  et  sans  cesse  agissant 
dans  la  nature;  qu’en  un  mot,  il  crée  encore 
aujourd’hui  tout  aussi  effectivement  que 
dans  le  principe,  et  qu’il  est  la  cause  uniqut.‘ 
et  déterminante  des  phénomènes.  Quand  je 
considère  combien  la  doctrine  de  révo- 
lution agrandit  le  rôle  de  Dieu  da^s  nos  con- 
ceptions de  l’univers,  je  suis  surpris  ipie 
des  hommes  qui  se  disent  libres-penseurs  se 
soient  avisés  d’y  chercher  des  arguments 
pour  leur  tiiéorie;  mais  ce  qui  me  surprend 
bien  davantage,  c’est  que  leurs  adversaires, 
encore  plus  aveugles,  les  aient  laissés  ex- 
ploiter à leur  profit  des  aperçus  qui  préci- 
sément établissent  le  mieux  l’action  provi- 
dentielle dans  le  monde. 

Naudin. 

corps  avec  lesquels  elle  se  met  en  contact  se  fait 
d’une  autre  manière.  Au  lieu  de  saisir  le  corps  eu 
s’enroulant  autour  de  lui  , l’extrémité  de  la  vrille 
s’épate  par  un  développement  particulier  de  sou 
tissu,  et  forme  une  ventouse  très- adhésive  , après 
quoi  elle  se  contracte  en  se  roulant  eu  spirale  , 
comme  il  a été  dit  ci-dessus.  Ce  fait  s’observe  dans 
quelques  espèces  de  Vignes  , et  mieux  encore  dans 
({iielques  Cucurbitacées  américaines,  qui  peuvent  , 
au  movcii  de  ces  vrilles-ventouses,  adhérer  so- 
lidement aux  corps  les  plus  lisses.  No\is  les  avons 
vues,  au  Mu'^éum,  appliquer  les  digitations  de  leurs 
vrilles  sur  les  vitres  des  châssis  et  s’y  coller  avec 
une  telle  force,  qu’il  était  plus  facile  de  les  rompre 
que  de  les  en  détacher.  C’est  là  un  nouveau  perfec- 
tionnement du  clématisme  à ajouter  à ceux  dont 
il  a été  question  ci-dessus. 

SANS  TAILLE  NI  FAÇON. 

mètres  carrés  de  surface  et  rendre  en  même 
temps  ce  cep  annuellement  productif  sans 
le  secours  de  la  taille,  c’est  poser  un  pro- 
blème que  hauteur  cherche  à résoudre  dans 


68 


CÜLTl’i'E  DE  LA  VIGîsE 

le  clair-obscur  de  ses  rccenles  explications, 
et  qui  userait,  sans  profit  pour  la  viticul- 
culture,  toutes  les  ressources  d’esprit  et 
d’essais  des  crédules  vignerons. 

De  deux  choses  l’une  : ou  la  Tigne,  qui  ne 
donne  ses  grappes  que  sur  le  bois  d’un  an, 
ne  portera  \le  fruits,  par  la  suppression  de 
la  taille,  qu’à  un  point  chaque  année  plus 
éloigné  de  la  souche,  conséquemment  en 
étendant,  indéfiniment  sa  charpente  au  delà 
des  limites  qui  lui  sont  tracées;  ou  bien  la 
Vigne,  après  avoir  acquis  une  charpente  de  4 
mètres  carrés  de  surface,  ne  pourra  être 
maintenue  à cette  dimension  que  par  la 
taille  ou  bien  par  l’éborgnage  et  le  pinçage, 
mais  à la  condition,  dans  ce  dernier  cas, 
d’une  complète  stérilité. 

Cette  objection  capitale  s’est  présentée  à 
ma  pensée  à la  seule  inspection  du  titre  de 
l’article  publié  par  M.  Pigeaux.  Je  dois 
l’adresser  d’abord  à l’auteur,  car  avant  de 
suivre  son  conseil  et  de  recourir  à l’expé- 
rience, il  hiut  être  bien  fixé  d’avance  sur  la 
manière  de  la  faire  et  perdre  la  certitude 
que  l’expérience,  telle  qu’on  la  comprend, 
aboutit  aune  impossibiliité. 

Cette  certitude  serait  un  peu  ébranlée 
peut-être  si  les  considérations  que  l’auteur 
fait  valoir  à l’appui  de  sa  méthode  de  viti- 
culture n’avaient  pas  elles-mêmes  une  exac- 
titude approximative. 

Résumons-les  dans  leur  ordre  de  succes- 
sion : 

D’après  M.  Pigeaux,  la  culture  de  la  Vigne 
est  défectueuse  au  point  de  rendre  plus  à 
celui  qui  cullire  le  moins  son  champ  et  lui 
fournit  le  moins  de  substances  réparatrices. 
Ainsi,  dans  certaines  contrées  du  Midi,  la 
Vigne  donne  jusqu’à  300  hectolitres  à 
l’hectare,  alors  qu’elle  en  donne  à peine 
20  à 30  dans  les  contrées  du  Centre  : 

Je  fais  d’abord  observer  à l’auteur  : 

Jo  Que  dans  les  contrées  du  Midi  où  la 
Vigne  donne  par  hectare  jusqu’à  300  hecto- 
litres, maximum  de  production  dans  toutes 
les  régions  viticoles  du  globe,  les  ouvriers 
travaillent  dans  les  Vignes  tonte  l'année  et 
qu’ils  les  couvrent  d'engrais; 

2»  Que  dans  ces  contrées,  les  Vignes  sont 
soumises  à la  taille  et  taillées  à court  bois,^ 
contrairement  aux  vues  de  l’auteur  qui 
supprime  la  taille  et  ne  veut  que  du  long 
bois. 

« Les  racines  superficielles,  dit  M.  Pi- 
geaux, généralement  détruites  ou  détério- 
rées par  les  façons  qu’on  donne  à la  \igne, 
sont  les  plus  utiles  pour  les  productions 
fruitières  auxquelles  elles  correspondent, 
ainsi  que  le  démontre  la  remarquable  pro- 
duction delà  Vigne  cultivée  dans  nos  cours, 
sous  les  pavés  qui  la  préservent  de  toutes 
•les  façons  et  entretiennent  à ses  pieds  une 
humidité  modérée,  telle  qu’elle  plaît  etcon- 
vient  à cet  arbrisseau.  )'> 


SAKS  TAILLE  Kl  FAÇOK. 

La  fertilité  remarquable  des  treilles  dans 
des  cours  pavées  tient-elle  uniquement  à ce 
que  les  racines  superficielles  ne  sont  pas 
détruites  ou  détériorées  par  les  labours? 
Une  réparation  faite  dans  la  cour  de  la  mai- 
son qu’habitait  ma  famille  amena  le  dé- 
chaussement d’une  treille  à plus  de  2 mè- 
tres du  mur  contre  lequel  le  cep  était  fixé. 

La  suppression  et  la  mutilation  des  racines 
superficielles  n’ont  pas  porté  la  moindre 
atteinte  à la  production.  J’admets  toutefois 
le  principe,  en  rappelant  seulement  que  la 
démonstration  donnée  n’a  en  ce  cas  qu’une 
exactitude  approximative. 

M.  Ihgeaux  propose  ensuite  de  bien  défon- 
cer à 0"'.30  au  0"'.G0  au  plus  et  d’amender 
une  fois  pour  toutes,  c’est-cà-dire  pour  cent 
ans  ou  moins,  le  champ  qu’on  veut  planter 
en  Vigne. 

Le  choix  d’un  défoncement  entre  0"i. 30 
ou  0»eG0  est  fort  embarrassant  pour  le  plan- 
teur, qui  naturellement  préférera  dépenser 
deux  fois  moins  et  qui  ne  comprendra  pas 
ensuite  comment  on  amende  un  champ  pour 
cent  ans  au  moins. 

La  multiplication  de  la  Vigne  parla  plan- 
tation de  boutures  en  plein  mois  d’août  et 
en  plein  soleil,  pourrait,  sous  notre  climat, 
fournir  en  très-peu  de  temps  de  petits  fagots 
de  bois  sec. 

Les  explications  données  par  l’auteur  sur 
le  mode  d’obtention  de  la  charpente  de  ses 
Vignes  s’arrêtent  juste  au  point  où  le  lec- 
teur les  juge  le  pins  nécessaires.  Que  lait- 
on de  la  charpente  complètement  obtenue, 
la  laisse-t-on  s’étendre  ou  la  renouvelle- 
t-on?  Si  on  la  laisse  s’étendre,  les  4 mètres 
de  surface  réservés  à chaque  cep  ne  suffi- 
sent plus,  et  le  vignoble  dès  lors  j3ue  la 
forêt  vierge.  Si  l’on  renouvelle  la  cheypente 
dans  une  de  ses  parties,  comment  évite-t-on 
la  taille? 

L’expérience  faite  sur  un  pied  de  Vigne 
auquel  M.  Pigeaux  a laissé  100  grappes  avec 
l’intention  de  doubler  la  surcharge  l’année 
prochaine,  à titre  d’essai  et  d’étude*,  me  sein- 
hle  bien  jeune  et  Jiien  restreinte  pour  justi-- 
fier  des  conclusions  favorables  à la  santé,  à 
la  vigueur  et  à la  durée  des  ceps  conduits 
d’après  son  système. 

D n’est  question  ni  de  binage  ni  de  façon. 
« D faut  laisser,  ajoute  l’auteur,  à la  Vigne 
et  à l’ombre  de  son  feuillage  le  soiii  de 
détruire  entièrement  les  herbes  parasites, 
ce  qui  ne  manquera  pas  d’arriver  dès  la  troi- 
sième ou  quatrième  année.» 

M.  Pigeaux  croit  que  la  Vigne  tue  le  Chien- 
dent. On  avait  su  jqtosé  jusqu’ici  tout  le  con- 
traire. 

((.  Un  des  pins  grands  avantages  de  cette 
nouvelle  méthode  de  la  culture  de  la  Vigne 
est  de  n’employer  que  2,500  pieds  par  hec- 
tare, car  chaque  pied  couvre  2 inètres  en 
tous  sens  ou  4 mètres  de  superficie,  ce  qui 


69 


’ CULTURE  DE  LA  VIGNE 

dorme  aux  racines  de  la  {)lante  un  dévelop- 
pement équivalent.  Entre  chaque  rangée  de 
ceps,  il  faudra  maintenir  en  bon  état  un  sen- 
tier de  0"h3üpour  faciliterla  culture...  » 

Si  riiectare  contient  2,500  ceps,  et  si  cha- 
que cep  couvre  une  surface  de  4 mètres 
carrés,  il  ne  reste  rien  pouj’  les  sentiers  de 
0"L  30,  ce  qui  permet  une  nouvelle  écono- 
mie de  main-d’œuvre. 

« Il  ne  faut  pas  craindre  que  l’exubérance 
de  production  nuise  en  aucune  manière  tà  la 
maturité  et  par  suite  à la  qualité  du  vin,  car 
dans  la  méthode  que  nous  préconisons, 
chaque  grappe  se  trouve  isolée  et  répandue 
sur  une  surface  de  plusieurs  mètres  et 
toutes  sont  exposées  également  aux  rayons 
solaires.  » 

Est-il  certain  que  Ve.mbérance  de  produc- 
tion ne  nuit  pas  à la  qualité  du  vin?  L’ex- 
périence ne  confirme  pas  ce  principe. 
i\’est-il  pas  démontré  par  les  faits  que  lors- 
que les  grappes  se  trouvent  isolées  et  répan- 


SANS  TAILLE  NI  FAÇON. 

dues  sur  une  surface  de  plusieurs  mètres, 
la  maturation  est  lente,  successive,  inégale, 
mônie  quand  les  Raisins  sont  également  ex- 
posés aux  rayons  solaires,  supposition,  en 
ce  cas,  difficilement  admissible,  puisque 
l’auteur  compte  sur  l’épaisseur  de  l’ombre 
pour  tuer  le  Chiendent. 

N’est-il  pas  aussi  démontré  par  les  faits  que 
dans  une  charpente  composée  de  branches 
disposées  en  arcs  de  cercle,  la  végétation 
est  fort  irrégulière,  la  production  aussi  et 
la  maturation  plus  encore? 

Enfin  la  disparition  des  plants  Gama  x, 
que  l’auteur  nous  promet  comme  consé- 
quence et  récompense  de  l’adoption  de  son 
système,  ne  doit  pas  encourager  ceux  qui, 
comme  moi,  savourent  du  vin  de  petil 
Gamay^  devant  lequel  M.  Pigeaux,  tout  con- 
fus de  sa  proscription,  finira  t peut-être 
par  abjurer  à la  fois  ses  hérésies  vinicoles 
et  viticoles. 

Laujoulet. 


ACACIA  LOPIIANTA  OU  MIMOSA  DISTACIIYA. 


Pour  tirer  do  cet  arbuste  tout  le  parti  que 
comporte  le  climat  du  midi  de  la  France 
dans  l’ornement  des  jardins,  il  faut  le  semer . 
en  terrines  placées  à bonne  exposition  en 
avril,  après  avoir  un  peu  incisé  les  graines 
pour  hâter  la  germination,  repiquer  les  jeu- 
, lies  plants  un  par  un  dans  des  petits  pots, 
les  rempoter  dans  le  cours  de  l’été  autant 
de  fois  qu’il  en  est  besoin,  les  rentrer  l’hi- 
ver pour  les  préserver  des  grands  froids  et 
enfin  les  mettre  en  pleine  terre  en  avril  sui- 
vant, c’est-à-dire  lorsqu’ils  ont  un  an  d’âge; 
et  dans  le  cours  de  leur  deuxième  année  ils 
atteignent  les  dimensions  que  comporte 
l’espèce  : 4,  5 mètres,  ou  plus  pour  peu 
qu’on  les  ait  arrosés  pendant  l’été. 

On  ne  peut  rien  voir  de  plus  gracieux,  de 
plus  élégant  que  ces  arbustes"  â feuillage 
délicat,  ramifiés  sur  toute  leur  longueur 
en  formant  naturellement  la  pyrarnide.^Leur 
floraison,  qui  a lieu  en  novembre  ou  décem- 


bre, s’accomplit  assez  bien;  mais  on  ne  peut 
espérer  que  rarement  de  voir  mûrir  leurs 
graines  sous  notre  climat,  alten  lu  qu’elles 
ne  mûrissent  qu’au  printemps  suivant,  et 
que  la  plante  est  gravement  endommagée 
et  périt  même  souvent  en  hiver  sous  l’in- 
tluence  d’une  température  plus  base  que 
5»  centigr.  au-dessous  de  zéro,  qui  est  la 
limite  extrême  du  froid  qu’elle  peut  sup- 
porter en  plein  air.  Mais  on  peut  en  semer 
chaque  année  au  moyen  de  graines  tirées  de 
l’Algérie  oû  elles  mûrissent  sans  difficulté. 
Comme  c’est  en  automne,  lorsque  la  tempé- 
rature moyenne  est  de  8»  centigr.  environ, 
que  cet  arbuste  croît  avec  le  plus  de  vigueur, 
il  est  présumable  que  le  climat  du  centre  de 
la  France  lui  serait  favorable  pendant  la 
belle  saison,  et  qu’il  serait  possible  de  l’y 
cultiver  en  plein  air  pour  Uornement  des 
jardins. 

A.  Guillier. 


ROSA  FORTUNEII. 


Lm  certain  nombre  de  Rosiers  ont  été 
récemment  introduits  du  Japon,  parM.  Ro- 
bert Fortune. 

Parmi  eux,  j ai  particulièrement  remarqué 
le  Rosa  Fortuneii,  parce  qu’il  est  fran- 
chement remontant.  _ Son  feuillage  a assez 
de  rapport  avec  celui  du  Bengale  ordinaire, 
quoique  d’un  vert  plus  tendre  et  d’une  fac- 
ture plus  délicate. 

La  fleur  est  un  peu  plus  que  semi-double, 
d une  forme  gracieuse;  le  coloris  en  est  blanc 


mat;  quelques  pétales  sont  striés  de  rose 
vif. 

Ce  Rosier  se  force  très-facilement  (en 
serre  tempérée),  et  n’a  pas,  comme  la  plupart 
des  hybrides,  une  tendance  â s’étioler. 

^ Si  je  le  signale  aux  amateurs  de  Roses, 
c’est  que  je  ne  l’ai  encore  vu  figurer  sur 
aucun  catalogue.  Je  crois  que,  par  la  fé- 
condation artificielle,  celte  charmante  Rose 
pourra  produire  une  nouvelle  et  très-inté- 
ressante série.  je,vn  Sisley. 


SANVITALIA  COUCHÉ  A FLEURS  PLEINES. 


Cette  variété  s’est  produite  accidentelle- 
lueut  dans  un  semis  de  Uespèce  à fleur 
simple;  depuis  deux  ans  elle  est  cultivée 
chez  nous.  La  duplicature  se  reproduit 
presque  constamment  par  graines,  car  seu- 
lement une  très-petite  proportion  de  plantes 
de  semis  (environ  10  p.  lOu)  rentrera  dans 
l’espèce  simple. 

Une  grande  médaille  d’argent  a été  ac- 
cordée au  Sanvitaliaprocumbens  florepleno. 


lors  de  la  grande  Exposition  qui  s’est  tenue, 
en  septembre  dernier  à Erfurt,  et  il  n’est  pas 
à douter  que  c’est  une  des  acquisitions  les 
plus  méritantes  qui  soient  mises  au  com- 
merce depuis  quelques  années.  On  pourra 
juger  de  la  beauté  de  cette  plante  par  les 
dessins  ci-joints  qui  ont  été  faits  sur  nature 
et  qui  reproduisent  (fig.  5)  le  port  de  la 
plante  et  (fig.  6)  la  forme  des  fleurs  aussi 
fidèlement  que  possible. 


Fig'.  5.  — Sanvitalia  procimibcns  flore  plciio. 


Dans  toutes  les  plan- 
tes la  transformation 
des  fleurs  simples  en 
fleurs  doubles  est  le 
signe  d’une  végétation 
surabondante;  par  con- 
séquent, les  doubles 
sont  plus  vigoureuses 
et  ]dus  luxuriantes 
que  les  simples.  C’est 
du  moins  un  fait  in- 
contestable dans  notre 
Sanvitalia  à fleurs 
doubles,  qui,  sous  ce 
rapport,  surpasse  de 
beaucoup  l’espèce  sim- 
ple. Le  disque  noir 
qu’ont  les  fleurs  de 
cette  dernière,  et  que 
personne  ne  trouvera 
bien  beau,  a complè- 
tement disparu  dans 
l’espèce  double;  les 


Fig.  6.  — Fleurs  de  Sanvitalia  procumbens  de  grandeur 
naturelle. 


fleurs  sont  alors  plei- 
nes jusqu’au  centre, 
d’un  beau  jaune  bril- 
lant uniforme,  elles 
se  conservent  aussi 
beaucoup  plus  long- 
temps que  les  sim.ples, 
et  par  suite  la  plante 
paraît  douée  d’une  plus 
grande  floribondité. 
On  peut  en  faire  de 
très  -jolis  massifs  nains 
ou  des  bordures,  qui 
sont  d’un  bel  effet.  Les 
fleurs  se  prêtent  ad- 
mirablement à la  con- 
fection des  bouquets 
et  à la  décoration  des 
jardinières  et  vases 
d’appartement. 

Haage  et  Schmidt. 

Horticulteurs,  à Erfurt 
(Prusse). 


na  Pmx^. 


knp.  Zano{e,iU(^  des  H,  plar:^ersj3,  Paris 


le  Horticole’. 


\’erveine  populaire. 


lieriK’  lloiiu'olc 


Â.Lefevre  P/nx^ 


!mp  ZanoLe  rue  des  Boulangers,  15,  Pans 


^3i^e  Amélie  Leclei'c 


POIRE  AMÉLIE  LECLERC. 


L’arbre  qui  porte  celte  nouvelle  variété 
est  d’une  végétation  moyenne,  il  est  d’un 
bon  rapport,  il  végète  mieux  sur  franc  que 
sur  Cognassier,  se  forme  bien  à l’espalier 
et  à la  pyramide. 

Le  fruit  mesure  ordinairement  0^.07  de 
hauteur  sur  0'«.08  de  diamètre;  il  est  pres- 
que oviforme. 

Le  pédoncule  estlongdeO'^. 015  à 0'“.0^20, 
assez  gros,  fort,  un  peu  charnu,  légèrement 
courbé,  sa  couleur  est  le  brun-roux  clair; 
il  est  placé  un  peu  de  coté  dans  une  cavité 
peu  profonde. 

Le  calice,  petit,  à divisions  courtes,  min- 
ces, roides,  se  trouve  dans  une  cavité  plate 
asùoz  évasée,  dont  il  dépasse  un  peu  l’orifice. 

La  peau  assez  fine,  vert  clair  fortement 
chargé  de  rouille,  jaunit  à l’époque  de  la 
maturation,  qui  a lieu  ordinairement  vers  la 
tin  d’octobre;  alors  la  poussière  qui  la 
couvre  en  partie  tombe  et  laisse  voir  de 
belles  macules  d’un  joli  vermillon  clair. 

La  chair  est  très-fine,  très-fondante;  son 
eau  est  abondante,  sucrée  et  bien  parfumée. 

VERVLINE 

L’un  des  plus  gracieiix  ornements  de  nos 
jardins  et  l’un  des  plus  p(»pulaires  est  une 
corbeille  de  Verveines,  à fleurs  si  diversi- 
fiées de  coloris,  éclatant  ou  vit,  délicat  ou 
tendre,  où  se  disputent  le  pourpre,  le  rouge, 
le  cramoisi,  l’orangé,  le  carné,  le  blanc,  le 
rose  pâle  ou  foncé,  etc. 

Il  serait  fort  difficile  de  remonter  aujour- 
d’hui aux  types  vrais  d’où  sont  issues,  par  les 
croisements  et  les  semis,  les  nombreuses 
variétés  plus  ou  moins  hy  bridées  qu’on  cul- 
tive dans  les  jardins.  Mais  on  peut,  avec 
((uelque  certitude,  admettre  au  nombre  des 
jiremiers,  les  Verbena  teucrioides^  cliamæ- 
dïif folia  \ phlogiftora,  Tweediana^  panicu- 
latn^  sulfurea,  etc. 

’ Et  non  chamxdrifolia,  comme  on  l’écrit  ordi- 
.oairement. 


L’arbre  qui  produit  l’excellent  fruit  que 
nous  venons  de  décrire  provient  d’un  des 
nombreux  semis  de  pépins  de  Poiriers  lais- 
sés par  M.  Léon  Leclerc,  de  Laval,  déjà 
bien  connu  par  quelques  heureux  gains, 
entre  autres  la  Poire  Van  Mons  (Léon  Le- 
clerc), puis  la  Poire  Jacques  Chamant,  qui 
a obtenu  une  médaille  de  deuxième  classe 
de  la  Société  impériale  et  centrale,  et  celle 
Jules  d’Airoles  (Léon  Leclerc)  à laquelle  la 
même  Société  a décerné  une  médaille  de 
première  classe  sur  la  présentation  de 
M.  François  Hutin,  pépiniériste  à Laval,  rue 
(lu  Petit-Tuyau,  à (pii  M.  Léon  Leclerc  a 
laissé  tous  ses  semis ’ . 

Le  semis  du  sujet  Amélie  Leclerc  re- 
monte à 1839;  le  premier  rapport,  à 1856,  et 
sa  première  dégustation  par  nous,  à 186-i. 

Jules  de  Lirün  d*Airoles. 

Los  lecteurs  de  la  Revue  doivent  se  rappeler 
que  nous  leur  avons  donné  les  descriptions  des 
Poires  Iules  d’Airoles  et  Jacques  Chamant;  nous  en 
avonsencue  plusieurs  à l’étude  de  la  même  prove- 
nance. 


POPULAIRE. 

La  variété  dont  la  Revue  publie  ci-contre 
un  excellent  tSessin  colorié  mérite  tout  spé- 
cialement le  nom  spécifique  qui  lui  a été 
appliqué,  surtout  par  cette  raison  qu’elle  se 
range  tout  d’abord  dans  les  plantes  à la 
mode  en  ce  moment,  par  la  superbe  pana- 
chure  dorée  de  son  feuillage.  C’est  même 
une  des  plus  brillantes  de  cette  catégorie. 

Elle  a été  gagnée  de  semis  et  baptisée  en 
Angleterre.  Il  faut  joindre  au  mérite  de  sa 
panachuie  celui  de  ses  gros  bouquets  flo- 
raux, du  plus  riche  rouge  cocciné.  L’his- 
toire littéraire  du  genre  Verbena  a été 
écrite  par  nous  dans  V Illustration  horticole 
(tome  XII,  sub  pl.  434).  nous  y renvoyons 
ceux  de  nos  lecteurs  de  la  Revue  horticole 
qui  seraient  curieux  de  la  connaître. 

Ch.  Lemaire, 

Professeur  de  botanique  à Gand. 


ARBRE  GÉNÉALOGIQUE  DU  GROUPE  PÊCHER.  - VP. 


L’étude  des  deux  premiers  membres  qui 
constituent  le  groupe  Pêcher  proprement 
dit  ayant  été  faite,  il  nous  reste  à exami- 
ner et  à tâcher  d’expliquer  l’apparition  des 
Brugnonniers.  La  chose  est  difficile,  et,  ici 

1 Voir  la  Revue  de  1865  , pages  292,  354,  417, 
et  les  du  l^r  et  du  16  janvier  1866,  pages  12  et 
32. 


encore,  comme  il  est  impossible  d’avoir  l’o- 
rigine vraie,  nous  sommes  de  nouveau  forcé 
de  recourir  aux  hypothèses.  Deux  sont  pos- 
sibles : admettre  que  les  Brugnonniers  sont 
une  forme  particulière  obtenue  de  semis,  ou 
bien  qu’ils  résultent,  comme  on  le  dit  en 
horticulture,  d’un  accident.  Les  deux  hypothè- 
ses sont  admissibles,  puisque,  dans  les  semis 


72 


ARBRE  GÉNÉALOGIQUE  DU  GROUPE  PÊCHER.  — M. 


qu’on  lait  denoyaux  dePêclier,  on  rencontre 
parfois  des  Brugnonniers,  et  que,  d’une  autre 
part  aussi,  il  arrive  fréquemment  que,  sur 
une  même  l)ranclie  d’un  Pêcher,  on  ren- 
contre des  Brujïnons  côte  à côte,  pour  ainsi 
dire,  avec  des  Pêches;  on  a même  vu,  sur 
un  Pêcher,  des  branches  ne  porter  que  des 
Brugnons. 

Bien  ne  pouvant  expliquer  cette  appari- 
tion soudaine  de  Brugnons  sur  des  Pêcliers, 
nous  admettrffis  qu’elle  est  le  résultat  d’une 
force  expansive  interne  qui  s’exerce  conti- 
nuellement. On  ne  peut,  on  effet,  expliquer 
ce  fait  par  la  supposition  de  fécondations 
étrangères  quelconques;  car,  quelles  que 
soient  celles-ci,  elles  n’agiraient  que  pos- 
térieurement, c’est- cà-dire  sur  les  généra- 
tions qui  naîtraient  des  heurs  fécondées,  et 
non  directement,  ainsi  qn’on  l’observe  jonr- 
nellement.  D’antre  part,  il  n’est  guère  pos- 
sible non  plus  d’admettre  que  le  Brugnon- 
nier  est  un  hybride,  parce  que  cette  raison 
soulèverait  des  contradictions  manifestes 
avec  certain^  théories  que  la  science  sou- 
tient; par  exemple,  avec  celle-ci  : « Que 
deux  espèces,  lorsqu’elles  se  fécondent,  ne 
peuvent  produire  que  des  individus  stériles, 
ou,  s’ils  sont  fertiles,  qu’ils  ne  lardent  pas, 
par  leur  descendance,  à retourner  aux  deux 
types  dont  ils  sont  sortis,  et  que  jamais  ils 
ne  pourront  constituer  une  race  intermé- 
diaire indéfiniment  fertile.  » Or,  ce  serait 
précisément  le  fait  du  Brugnonnier,  puisque 
dans  le  plus  grand  nombre  de  cas  (il  y a 
même  peu  d’exceptions),  en  semant  des 
noyaux  de  Brugnons  on  obtient  des  Bru- 
gonniers,  et  que  même  si  les  noyaux  pro- 
viennent de  Brugnons  h chair  jaunej  il  est 
rare  qu’on  n’obtienne  pas  de  Brugnonniers 
tà  chair  jaune,  etc.  ' 

Mais,  du  reste,  en  admettant  que  le  Bru- 
gnonnier est  un  hybride,  on  aurait  déplacé, 
mais  non  résolu  la  difficulté;  car  il  faudrait 
admettre  que  l’hybridation  s’est  faite  entre 
le  Pêcher  et  l’Abricotier  ou  entre  le 
Pêcher  et  le  Prunier,  puisque  les  Pêches 
ont  1,1  peau  velue  et  que  les  Brugnons  ont 
la  peau  glabre;  deux  choses  que  la  science 
regarde  comme  impossible,  mais  sur 
lesquelles  nous  ne  nous  prononçons 
pas. 

Nous  admettons  donc  que  le  Brugnonnier 
' n’estqu’un  fait  de  dimorphisme,  ou,  comme  | 
on  le  dit,  un  accident  du  Pêcher.  Du  reste, 
quel  que  soit  son  mode  d’apparition,  ce 
qu’il  y a de  certain,  pournousdumoins,  c’est 
qu’il  sort  des  Pêchers,  cela  nous  suffit.  Ceci 
reconnu,  nousallons,  ainsi  que  nous  l’ayons 
fait  des  Pêchers,  tâcher  de  faire  ressortir  la 
marche  extensive  qu’a  suivie  le  Brugnonnier, 
et  montrer  comment  s’estopérée  la  formation 
successive  des  diverses  races  que  ce  sous- 
genre  présenie  aujourd’hui.  Pour  cela,  nous 
supposons  que  le  Brugnonnier  type  est  né 


sur  l’axe  principal  de  notre  arbre  ^ au  point 
A’  par  exemple.  On  remarque,  au-dessus  de 
ce  point,  à gauche,  une  grosse  branche  D D 
qui  est  le  premier  membre  du  sous-genre 
Brugnonnier,  de  même  que  le  membre  BB, 
qui  lui  est  parallèle,  est  le  premier  membre 
du  sous-genre  Pécher.  Toutes  les  ramifica- 
tions qui  partent  de  ce  membre  D D ont  un 
même  caractère  général  essentiel,  celui 
d’avoir  les  fruits  k chair  adhérente  au  noyau, 
caractère  qui  constitue  la  Tribu  des  Bru- 
gnonniers-Perséquiers. 

La  ramification  g g,  que  présente  ce  mem- 
bre, et  qui  constitue  la  première  section  de  la 
troisième  tribu,  est  supposée  représenter  le 
Brugnonnier  primitif,  c’est-à-dire  le  Bru- 
gnonnier avec  ses  caractères  les  plus  sim- 
ples, ceux  que  nous  considérons  comme 
s’étant  montrés  dès  son  apparition.  Toutes 
lès  variétés  qui  naîtront  sur  cette  ramifica- 
tion, quelle  qüe  soit  la  race  à laquelle 
elles  appartiennent,  auront  pour  caractère 
commun  essentiel  des  feuilles  munies  de 
glandes  ré  ni  for  mes. 

Nous  croyons  inutile  d’indiquer  comment 
s’est  opérée,  suivant  nous,  la  formation  des 
diverses  variétésqui,  successivement,  se  sont 
développées  sur  ce  premier  membre.  Nous 
admettons  qu’elles  ont  suivi  une  marche 
analogue  à celles  qu’ont  suivie  celles  des  ra- 
mifications du  membre  B B;  fait,  du  reste, 
clairement  démontré  par  la  figure. 

La  deuxième  ramification  h h,  qui  part 
de  ce  membre  D D,  et  qui  constitue  la 
deuxième  section  de  cette  tribu,  ne  diffère  de 
la  première  G G que  par  les  glandes  de  ses 
feuilles  qui  sont  gtolmteuses,  caractère  gé- 
néral commun  à toutes  les  variétés  que 
porte  cette  ramification. 

La  troisième  ramification  ii,  qui  constitue 
la  troisième  section  de  ce  même  membre, 
a pour  caractère  essentiel  des  feuilles  dé- 
pourvues de  glandes,  caractère  également 
commun  à toutes  les  variétés  qu’elle  porte. 
Toutes  les  ramifications  secondaires,  ter- 
tiaires, etc.,  de  ces  trois  sections  caracté- 
risent les  diverses  variétés  ou  races  qu’elles 
portent,  et  comme  ces  ramifications  suivent 
dans  leur  développement  une  marche  tout 
à fait  analogue  à celle  que  nous  avons  con- 
statée chez  toutes  celles  des  membres  B B et 
G G,  que  nous  avons  fait  connaître,  nous 
croyons  qu’il  est  inutile  de  les  répéter  et 
d’entrer,  à ce  sujet,  dans  de  plus  longs 
détails. 

Le  membre  E E,  qui,  on  peut  le  dire,  est 
tout  à fait  l’analogue  du  membre  D D,  est 
comme  celui-ci  un  des  principaux  membres 
du  sous-  ^enre  Brugnonnier;  toutes  les  ra- 
mifications qui  en  partent  ont  pour  carac- 
tère général  commun  des  fruits  à chair 

' Voir  la  planche  publiée  tlans  le  numéro  du 
jei'  août  1865. 


73 


ARBRE  GÉNÉALOGIQUE  DU  GROUPE  PÊCHER.  — VI. 


libre,  c’est-à-dire  à chair  non  adhérente  an 
noyau;  c’est  ce  caractère  qui  constitue  la 
Tril)u  des  Brugnonniers-Alrergiers. 

Quant  aux  diverses  raniifications  que  pré- 
sente ce  membre  E E,  nous  ne  croyons  pas 
nécessaire  de  les  énumérer  ni  d’en  faire 
connaître  la  marche  évolutive,  non  plus 
que  les  divers  caractères  qu’elles  présen- 
tent, attendu  que  toutes  ces  choses  étant 
exactement  semhlahles  à ‘celles  des  autres 
membres,  et  que  nous  avons  fait  connaître, 
nous  n’aurions  qu’à  nous  répéter.  Toutefois, 
avant  de  (pjitter  le  Brugnonnier,  nous  fe- 
rons observer  que  ses  deux  membres  «ont 
exactement  semblables  entre  eux,  qu’ils  pré- 
sentent un  même  nombre  de  ramifications, 
mais  que  celles-ci  sont  moins  nombreuses 
que  celles  que  présentent  les  deux  membres 
B B ci  c e du  Pêcher  proprement  dit,  et 
aussi,  que  ces  deux  derniers  sont  également 
parfailenwnt  semblables  entre  eux,  de  sorte 
que  chacun  des  deux  membres  soit  du  Pê- 
cher proprement  dit,  soit  du  Brugnonnier, 
semble  avoir  été  calqué,  on  pourrait  dire, 
sur  l’autre. 

En  résumant  tout  ce  qui  précède,  et  en 
examinant  l’arbre  généalogique  que  nous 
avons  fait,  du  groupe  Pêcher,  afin  de  bien 
fixer  les  idées,  il  est  facile  de  reconnaître 
qu’on  peut  d’abord  le  diviser  en  deux  par- 
ties principales,  que,  pour  notre  commodité, 
nous  pouvons  considérer  comme  constituant 
deux  genres  : Pécher  et  Brugnonier,  A et 
A',  genres  qui,  à leur  tour,  peuvent  se  sous- 
diviser  en  deux  parties  complètement  ana- 
logues, et  constituer  (toujours  au  point  de 
vue  pratique)  deux  sous- genres;  d’où  ré- 
sultent les  quatre  grandes  tribus  B,  C,D,  E. 
Chacune  de  ces  grandes  divisions  ou  tribus 
se  partage  à son  tour  en  trois  sections,  ce 
qui  forme  pour  le  tout  12  sections  carac- 
térisées, soit  par  la  présence,  soit  par  l’ab- 
sence des  glandes,  soit,  lorsqn’elles  exis- 
tent, par  la  forme  que  présentent  ces  glan- 
des. Toutes  ces  divisions,  par  suite  des  ca- 
ractères particuliers  propres,  à chacune  d’el- 
les , comprennent  donc,  non  - seulement 
toutes  les  variétés  actuellement  connues  du 
groupe  Pêcher,  elles  pourront  même  rece- 
voir toutes  celles  qui  pourront  se  produire.. 
De  plus,  la  délimitation  de  leurs  caractères 
permet  de  rapporter  à chacune  d’elles  tou- 
tes les  variétés  qui  s’y  rattachent. 

Nous  essayons  plus  loin  de  le  démon- 
trer. 

D’après  les  divisions  que  nous  venons 
d’établir,  on  aura  donc,  dans  le  groupe 
Pêcher  ; 

Peau  velue  genre  : Pécher,  A. 

Peau  lisse,  genre  : Brugnonxier  A’. 

/Chair  adhérente,  sous-genre  : Pécher- 
X Pfciier;  I’kkséqijier,  R. 

/Cliair  non  adhérente,  sous-genre  ; PÈ- 
" cher-Albergier,  C. 


A’. 


/Chair  adhérente,  sous-genre  • 
P , , \ Brugnonnier  Perséquiek,  1). 

GRUGNONNIER  uoii  adhérente,  sous-genre  ; 

' Rrugnonnier-Alrergier,  e. 


Un  fait  très-digne  de  remarque,  ainsi  que 
nous  l’avons  déjà  fait  observer,  est  l’analo- 
gie-qui  existe  entre  le  Brugnonnier  et  le 
Pêcher  proprement  dit,  dans  l’évolution  de 
leurs  diverses  parties;  ce  sont  exactement 
les  deux  parallèles.  En  effet,  de  même  que 
chez  le  Pêcher,  on  trouve,  chez  le  Brugnon- 
nier, des  races  dont  les  feuilles  sont,  les 
unes  pourvues,  les  autres  dépourvues  de 
glandes  et,  aussi,  que  ces  glandes  sont  réni- 
for mes  ou  globuleuses.  Chacun  de  ces  deux 
sous-genres  présente  également  deux  sortes 
de  fleurs,  les  unes  canipanulacées  (petites), 
les  autres  rosacées  (grandes).  Il  n’y  a de 
différence  dans  les  fleurs  qu’en  ce  qui  con- 
cerne les  couleurs.  Ainsi,  tandis  que  cha- 
cune des  deux  tribus  que  compreml  le  sous- 
genre  Pêcher  renferme  des  fleurs  blanches, 
les  Brugnonniers  n’en  ont  que  des  roses, 
plus  GU  moins  foncé.  On  constate  dans  les 
fruits  le  même  parallélisme  que  nous  avons 
constaté,  soit  dans  les  glandes,  soit  dans  les 
fleurs.  Ainsi  il  est  des  races  de  Brugnonniers 
dont  la  chair  est  blanche  (plus  ou  moins 
rosée  autour*du  noyau),  il  en  est  aussi  dont 
la  chair  est  soit  à peu  près  complètement 
jaune  , soit  jaune  plus  ou  moins  rosée 
autour  du  noyau,  non  adJmrente  ou  plus  ou 
moins  adhérente  dans  les  deux  cas.  Mais 
comme  il  n’existe  pas  encore  de  Brugnon- 
nier à fleurs  blanches,  il  n’en  existe  pas  non 
plus  dont  la  chair  des  fruits  soit  entière- 
ment blanche,  excepté  pourianiie Brugnon- 
nier à fruits  blancs  et  le  Brugnonnier 
noce  bianco,  dont  la  chair  est  à peu  près 
complètement  dépourvue  de  couleur.  Pour- 
tant nous  devons  faire  remarquer  que,  à 
cause  de  leurs  fleurs  roses,  il  peut  arriver 
que,  dans  certains  cas,  la  chair  prenne  une 
teinte  ro‘=:^*^  autour  du  noyau,  ce  qui  n’arrive 
jamais  pour  les  Pêches  à fleurs  complète- 
ment blanches.  D’une  autre  part,  il  n’existe 
pas  non  plus  de  Brugnonniers  à chair  com- 
plètement rouge;  sous  ce  rapport,  les  Bru- 
gnonniers n’ont  pas  encore  non  plus,  comme 
les  Pêchers,  leur  race  de  sanguines. 

Tous  ces  fiiits  semblent  démontrer  de  la 
manière  la  plus  nette  que,  ainsi  que  nous 
l’avons  dit  ci-dessus,  l’origine  des  Brugnon- 
niers est  beaucoup  plus  récente  que  celle 
des  Pêchers.  La  mère  est  plus  vieille  et 
plus  complète  que  l’enfant.  Cela  devait 
être. 

B est  bien  entendu,  toutefois,  que  la 
marche  extensive  du  groupe  Pêcher  que 
nous  indiquons  ici  n’a  rien  d’absolu,  quant 
à la  régularité  et  à l’ordre  dans  lesquels  se 
sont  produites  les  modifications,  et  que  les 
diverses  phases  d’évolution  peuvent  avoir 
suivi  une  marche  ou  un  ordre  d’apparition 
différents  de  ceux  que  nous  indiquons,  mais 


74,  . ARBRE  GÉNÉALOGIQUE  Dl 

ce  dont  il  n’est  pas  permis  de  douter,  c’est 
flue  ces  phenomenes  ont  ete  successifs. 

Il  va  sans  dire  aussi  que  nous  n’assignons 
aucune  partie  du  globe  où  toutes  les  modi- 
fications que  nous  venons  de  rapporter  se 
seraient  tout  particulièrement  passées.  Elles  ^ 
ont  dû  se  produire  sur  divers  points  à la 
fois,  soit  en  Europe,  soit  en  Asie,  soit  même 
en  Amérique,  et  aussi  plus  ou  moins  vite, 
suivant  les  conditions  de  milieu  ou  de  cul- 
ture dans  lesquelles,  d’après  les  relations 
sociales  , les  types  ou  lenr  descendance 
ont  pu  se  trouver  placés.  Ainsi,  bien  que 
les  apparences  puissent  faire  supposer  que 
lesBrugnonniers  sont  d’origine  européenne, 
nous  ne  serions  pas  surpris  que,  par  suite 
de  l’extension  continuelle  de  nos  relations 
avec  la  Chine  et  avec  le  Japon,  il  nous  en 
arrive  bienlôt  de  ce  pays. 

Si  l’ordre  d’apparition,  de  modification, 
puis  d’extension,  que  nous  venons  d’indi- 
quer, concernant  le  groupe  Pêcher,  n’est 
pas  rigoureusement  exact,  on  peut,  en  gé- 
néral, le  considérer  comme  très-probable, 
car  il  nous  paraît  s’accorder  parfaitement 
avec  les  faits.  Nous  voyons  en  effet  que 
le  Pêcher,  dont  l’origine  est  beaucoup  plus 
ancienne  que  le  Brugnonnier,  a aussi  plus 
de  branches,  et  que  celles-ci  sont  égale- 
ment plus  ramifiées.  Il  est  plus  complet. 

Il  ne  faudrait  pas  croire  pourtant  que 
révolution  progressive  des  diverses  parties 
de  notre  arbre  généalogique  n’a  pu  se  pro- 
duire à la  fois  sur  plusieurs  de  ses  membres 
ou  sur  les  fortes  ramifications  de  ceux-ci. 
Une  fois  ces  membres  apparus,  le  progrès 
évolutif  a pu  se  manifester  à la  fois  sur  plu- 
sieurs d’entre  eux,  de  manière  que,  pendant 
un  certain  temps,  l’extension  se  faisait  simul- 
tanément sur  les  branches  mères  B B,  C C, 
plus  tard  aussi  sur  la  branche  DD,  puis, 
plus  tard  encore,  sur  les  branches  E E,  c’est- 


GROUPE  PÊCHER.  — VI. 

à-dire  sur  les  quatre  membres  à la  fois,  ce 
qui  explique  leur  similitude.  C’est  du  moins 
cette  dernière  évolution  qui  semble  se  mani- 
fester de  nos  jours. 

On  pourrait  certainement,  pour  expliquer 
l’extension  théorique  du  groupe  Pêcher,  se 
servir  d’une  tout  autre  tonne  que  celle  que 
nous  avons  choisie,  par  exemple  représen- 
ter un  arbre  dont  les  branches,  au  lieu 
d’être  symétriques  et  régulières,  présente- 
raient des  ramifications  plus  ou  moins  irré- 
gulières, à peu  près  comme  celles  qu’on  ren- 
contre sur  un  arbre  à l’état  de  nature.  Un 
tel  arrangement  pourrait  paraître  plus  natu- 
rel, mais  nous  croyons  qu’il  serait  désavan- 
tageux au  point  de  vue  de  la  démonstration, 
de  sorte  qu’en  l’admettant,  nous  n’aurions 
pas  atteint  le  but  ({ue  nous  nous  proposons. 
En  effet,  voulant  faire  comprendre  la  mar- 
che qu’a  suivie  le  groupe  Pêcher  dans  l’évo- 
lution successive  des  races  et  des  variétés 
qu’il  a produites,  nous  devions  choisir  et 
combiner  nos  modèles  de  la  manière  la  plus 
convenable  pour  atteindre  ce  but;  or,  ce  sont 
les  figures  les  plus  simples  qui  présentent 
cet  avantage,  et  celles-ci  sont  précisément 
les  plus  régulières.  Du  reste,  ce  fait  n’a 
pour  nous  qu’une  importance  secondaire, 
car  ne  pouvant  que  formuler  des  hypothèses 
sur  cette  évolution,  et,  d’une  autre  part, 
cette  évolution  ne  pouvant  être  niée,  il 
s’agissait  tout  simplement  de  chercher  quel 
était  le  meilleur  moyen  de  la  démontrer 
théoriquement.  Après  maints  tâtonnements, 
nous  nous  sommes  arrêté  au  modèle  que 
nous  avons  représenté,  qui,  si  il  n’est  pas 
absolument  vrai,  est  au  moins  très-vraisem- 
blable, car,  ainsi  que  nous  l’avons  dit,  il  a 
l’avantage  de  s’accorder  avec  les  faits,  ce 
qui  lui  donne  une  très-grande  valeur . 

Carrière. 


PERSISTANCE  ET  FI.ORAISON  DES  VÉGÉTAUX  EN  PLEINE  TERRE 

DEPUIS  LE  MOIS  DE  NOYEMoRE  1863  JUSQU’A  LA  FIN  DE  JANVIER  1866. 


Pendant  le  mois  de  novembre  et  les  pre- 
miers jours  de  décembre  de  l’année  1865 
on  a pu  remarquer  dans  plusieurs  jardins, 
par  suite  de  la  température  élevée  de  l’été 
et  la  douceur  de  l’atmosphère  à l’arrière- 
automne,  un  assez  grand  nombre  d’arbres 
et  arbustes  qui,  ayant  perdu  leurs  feuilles  à 
la  fin  de  l’été,  en  ont  reproduit  de  nouvelles 
à l’automne  ; de  nouveaux  rameaux  ont 
émis  pour  la  seconde  fois  de  l’année  des 
fleurs,  presque  aussi  nombreuses  et  aussi 
belles  que  celles  du  printemps.  Ainsi  j’ai  vu 
des  Cerisiers  anglais,  qui  non-seulement 
étaient  couverts  de  fleurs,  mais  qui  encore 
ont  produit  des  fruits  assez  gros.  Ces  fruits 
outefoisn’ontpu, faute  dechaleur  suffisante, 


arrivera  maturilé.  Parmi  les  arbres  fruitiers 
je  citerai  nombre  de Poi/’iers  et  ô.QPo)U))ii6i  s. 
Le  Prunus  redina,  espèce  américaine,  était 
couvert  aussi  de  nombreuses  et  jolies  fleurs 
d’un  blanc  violacé.  Un  fort  Æsculus  ruht- 
cunda  (Marronnier  à fleurs  rouges)  était  en 
pleine  fleur;  c’est  la  première  fois  que  je 
vois  une  seconde  floraison  de  cet  arbre  pen- 
dant le  courant  de  l’année.  , . 

Je  ne  parlerai  que  pour  mémoire  du  Mar- 
ronnier commun  à fleurs,  blanches  (Æsni/icv 
hii)pocastamim),àoni\essn]els,  plantés  dans 
les  terrains  secs  et  calcaires,  ont  fleuri  abon- 
damment à la  fin  de  l’été.  Ces  arbres  étaient 
dénudés  deleurs  feuilles  dès  juillet  parl’elfet 
de  la  chaleur  et  le  manque  d’humidite. 


PERSISTANCE  ET  FLORAISON  DES  VÉGÉTATX  EN  PLEINE  TERRE. 


75 


Quelques  Lilas  et  surtout  les  Rosiers  ont 
épanoui  leurs  fleurs  à l’arrière-saison.  Les. 
Chrysanthèmes,  les  Pélargonium  et  un. 
s^rand  nombre  de  plantes  exotiques  livrées 
a la  pleine  terre  ont  continué  à végéter  et 
à développer  leurs  magnifiques  corolles. 

A la  suite  de  celte  végétation  tardive  et 
anticipée,  nous  avons  eu  un  fait  atmosphé- 
rique assez  remarquable  et  qu’il  est  bon  de 
signaler,  attendu  qu’il  ne  se  voit  que  très- 
rarement  dans  le  climat  de  Paris  et  de  ses 
environs.  Je  veux  parler  de  la  douce  tempé- 
rature qui  s’est  prolongée  jusqu’au  13  dé- 
cembre, où  le  matin  de  ce  même  jour,  le 
thermomètre  est  descendu  à 2®  au-dessous 
de  zéro,  ce  qui  a permis  de  voir  jusqu’à  ce 
moment  les  plantes  exotiques  livrées  pendant 
l’été  à la  pleine  terre,  dans  toute  leur  végé- 
tation. Il  s’en  trouvait  même  un  grand  nom- 
bre qui  développaient  de  nouveaux  rameaux 
et  en  même  temps  de  nouvelles  fleurs.  On 
remarquait  surtout  diverses  espèces  de  Sal- 
via  et  notamment  le  Salvia  fulgens,  très- 
susceptible  au  froid,  et  dont  la  moindre  gelée 
blanche  détruit  les  feuilles  et  les  rameaux. 

Les  végétaux  que  j’ai  remarqués  en  pleine 
fleur  à l’air  libre,  le  12  décembre,  étaient 
les  Pélargonium  zonale,  Pelargo7iium  in- 
quinans,  Engelmmmia  innnalifda,  Cassia 
corymbosa,  C.  floînbunda,  leronica  au- 
‘ iralis,  V.  Andersonii,  Solanum  laciniatum, 
S.  Rantonneli,  Chrysanthemum  frutescens, 
C.  grandiflorum,  C.  fœnicule^ceum,  Ce- 
sirum  Parqui,  Nicotiana  glauca^  les  Rosiers 
du  Roi,  Aimé-Viberi,  du  Rengale,  ainsi  que 
plusieurs  autres  variétés  de  ce  genre. 

Parmi  les  plantes  vivac  es  et  annuelles  je 
citerai  la  Capucine  {Tropœlum  majus)  et  ses 
variétés.  Cette  plante  est  extrêmement  sen- 
sible; elle  était  couverte  de  fleurs.  Il  en 
était  de  même  de  la  Ficoïde  glaciale  (Me- 
sembryanthemum  cristallinum),  des  Réséda 
odorata,  Venidiiim  cal  en  dulæ  folium,  Pétunia 
alba,  P.  vinlacea  et  ses  variétés;  Nicotiana 
iabacum,  Physilis  barbadensis.  Agératum 
mexicanum,  A.  nanum,  Pyrethrum  indi- 
cum,  P.  sinense  (Clmjsanihemuni). 

Les  Verveines  (Verbena  melindres),  et  ses 
nombreuses  variétés,  semées  au  printemps 
et  cultivées  aujourd’hui  comme  plantes  an- 
nuelles, montraient  encore  les  diverses 
nuances  de  leurs  nombreuses  fleurs. 


Le  14  décembre  au  matin,  le  thermomètre 
marquait  4 degrés  au-dessous  de  zéro,  et  la 
, jdupart  des  végétaux  qui  avaient  ainsi  con- 
tinué à végéter  en  pleine  terre  par  ces  lon- 
gues nuits  fraîche»  et  humides  ont  succombé 
à cette  basse  température,  tels  que  les  Ca- 
pucines, Ficoïdes  glaciales,  etc.  Quelques 
Yucca  ont  eu  leurs  fleurs  flétries.  Mais  il  en 
est  aussi  plusieurs  qui  ont  résisté  à ces  deux 
ou  trois  jours  de  gelée  où  le  thermomètre 
est  descendu  à — 5 et  ^ — b degrés.  Je  suppose 
que  L'intensité  du  brouillard  que  nous  avons 
eu  pendant  ce  temps  aura  protégé  ces  vé- 
gétaux du  rayonnement,  car,  malgré  le  givre 
qui  les  couvrait  de  ses  curieux  et  nombreux 
festons,  je  n’ai  remarqué  aucun  dégât  sen- 
sible. Ainsi  l’on  voit  encore  dans  beau- 
coup de  jardins  de  Paris  des  Pélargonium, 
dont  les  bourgeons  n’ont  pas  cessé  de  vé- 
géter, ce  que  je  n’avais  pas  observé  depuis 
longtemps.  Les  Veronica  auslralis,  Ander- 
sonii et  autres  variétés  n’ont  aucunement 
souffert  et  ont  continué  à pousser. 

Dès  la  fin  du  mois  de  décembre  la  tem- 
pérature s’est  adoucie,  et  elle  a continué 
pendant  tout  le  mois  de  janvier,  au  point 
que  le  15  de  ce  mois  on  voyait  en  fleurs 
les  Amydalus  orienta  lis,  Eranlhis  hyemalis, 
Scilla  sibirica,  Galanthiis  plicatus,  Aubrie- 
lia  deltoïdea,  Helleborus  airopurpureus. 

Les  oignons  de  diverses  Liliacées,  telles 
que  Saxifraga  Ugnlata,  Hepatica  Iriloba 
et  ses  variétés;  Crocus,  Hyacinthus,  Nar- 
cissus,  etc.,  soulevaient,  par  un  commen- 
cement de  végétation,  la  couche  qui  les 
couvrait. 

La  température  du  premier  mois  de  l’an- 
née a été  d’autant  plus  remarquable  que 
malgré  que  les  nuits  aient  été  très-claires 
et  étoilées,  le  thermomètre  n’a  pas  descendu 
le  matin  à plus  de  1«  au-dessous  de  zéro  et 
bien  souvent  il  marquait  de  3«  à 7»  au-des- 
sus. 

Nous  nous  proposons  de  continuer  nos 
observations  pendant  les  mois  de  février  et 
mars,  afin  de  suivre  la  floraison  d’un  grand 
nombre  de  végétaux  de  pleine  terre  que 
doit  nécessairement  provoquer  une  tempé- 
rature aussi  anormale  que  celle  que  nous 
avons  en  ce  moment  sous  le  climat  de  Paris. 

Pépin. 


CULTURE  DES  VERGERS. 


Sous  le  nom  de  verger,  nous  nous  occu- 
perons dans  cet  article  des  arbres  fruitiers 
à haute  tige,  que  l’on  cultive  dans  les  champs, 
dans  les  grands  jardins  et  même  sur  le  bord 
des  chemins,  et  auxquels  on  ne  donne  or- 
dinairement que  fort  peu  de  soins. 

Les  arbres  fruitiers  cultivés  dans  les  jar- 


dins, et  soumis  à la  taille  annuelle,  sont 
maintenant  en  général  bien  traités.  La  cul- 
ture de  ces  arbres  a fait  d’immenses  progrès 
depuis  un  certain  nombre  d’années,  tant  à 
cause  de  la  facilité  que  l’on  a de  vendre 
I avec  avantage  les  fruits  sur  tous  les  marchés 
I qui  avoisinent  les  voies  ferrées,  que  pap 


^ .3/ïaaT  a^iajq  '/i3  OTOiiîiRiÉ’i)] 

cdèBtailik  efiriraeoMl  éans 
‘F rance.  Ces 

côWis«plii)^iFs^^H^uttigrand  bien  en  stimu- 
Wîi1,ffè^ïè1ê-‘de-ceux  qui  se  livrent  déjà  à 
OtooricuUure,  et  en  faisant  connaître,  àceux 
(lui  ignorent  les  principes  de  cette  science 
utile  et  agréable,  comment  on  arrive  à ob- 
tenir des  arbres  fruitiers  une  production  de 
fruits  abondante  et  soutenue. 

Enfin , il  existe  de  nombreux  traités  de 
taille  dans  lesquels  se  trouvent  développés 
les  moyens  d’élever  les  arbres  sous  toute 
espèce  de  formes. 

Il  n’en  est  pas  ainsi  pour  les  arbres  a 
haute  tige.  Les  conseils  dont  on  pourrait 
avoir  besoin  pour  créer  un  verger  tout  pres- 
que complètement  défaut.  On  parle  raiement 
des  vergers  dans  les  cours  publics,  et  quel- 
ques livres  seulement  fournissent  oes  indi- 
cations sur  ce  sujet,  mais  les  renseigne- 
ments qu’on  y trouve  sont  incomplets  et  in- 
suffisants, surtout  pour  les  climats  de  l’est 
et  du  sud  de  la  France. 

Cependant,  quand  on  pense  qu’un  Foirier 
et  un  Pommier  à haute  tige , plantés  et  soi- 
gnés convenalilement  peuvent  donner  des 
fruits  pour  toute  une  famille , on  est  étonné 
de  voir  que  cette  culture  si  simi)le  n’ait  pas 
été  plus  recomn  andée. 

En  signalant  nos  observations,  en  faisant 
part  de  "tous  nos  essais,  et  en  indiquant  les 
bons  résultats  que  nous  avons  finalement 
obtenus,  nous  pensons  être  utile  à toutes 
les  personnes  qui  ont  pu  se  laisser  décou- 
rager par  la  non-réussite  des  plantations 
d’arbres  fruitiers  à haute  tige  qu’elles  ont 
pu  entreprendre,  et  nous  espérons  aussi  faire 
saisir  tout  l’intérêt  qui  se  rattache  à ces 
sortes  de  plantations. 

Il  est  triste  d’avoir  à constater  l’étal  déplo- 
rable dans  lequel  se  trouvent  non-seulement 
les  vergers  de  nos  localités,  mais  encore 
ceux  de  beaucoup  d’autres  contrées,  ün  y 
voit  des  arbres  de  15  à 25  ans,  rabougris, 
couverts  de  mousses.  Ces  arbres,  qui  de- 
vraient être  à cet  âge  en  pleine  vigueur, 
donnent  à peine  signe  de  vie;  leurs  fruits 
sont  généralement  petits,  rarement  de  gros- 
seur'moyenne , presque  toujours  de  qualité 
médiocre. 

Quand  un  de  ces  arbres  meurt  ou  ne 
pousse  plus  du  tout,  on  le  remplace  par  un 
autre  arbre  qui  dure  encore  moins  long- 
temps; après  un  troisième,  et  même  un 
quatrième  remplacement,  on  se  lasse  et  1 on 
se  croit  autorisé  à dire  que  le  terrain  ne 
convient  pas  aux  arbres  à haute  tige , et 
qu’il  est  inqiossible  de  les  y faire  prospérer, 
malgré  les  fumures  et  les  soins  qui  peuvent 
leur  être  donnés. 

Il  faut  chercher  ailleurs  que  dans  la  na- 
ture du  terrain,  la  cause  de  cette  non-réus- 
site; nous  la  trouvons  dans  l’usage  où  l’on 
est  de  planter  les  hautes  tiges  dans  les 


prairies , rarement  ailleurs.  Cet  usage  est 
mauvais,  et  nous  le  condamnons  d’une  ma- 
nière absolue,  dans  les  Dombes  surtout;  tout 
en  reconnaissant  qu’il  existe  dans  les  prai- 
ries de  certains  pays  de  l’ouest  et  du  nord 
de  la  France  des  arbres  séculaires  et  d’une  , 
fertilité  fabuleuse. 

Cette  différence  dans  la  végétation  est  due 
principalement  au  climat  et  peut-être  un 
peu  aussi  au  sol  ; ne  pouvant  pas  modifier 
le  climat  de  notre  pays,  plus  chaud  et  moins 
humide  en  été  que  celui  de  la  Bretagne,  de 
la  Normandie  et  de  la  Picardie, nous  ne  de- 
vons pas  nous  obstiner  à prendre  pour  mo- 
dèles les  plantations  des  vergers  faites  dans 
ce  pays,  quelque  belles  qu’elles  soient. 

Nous  allons  d’abord  citer  quelques  faits 
afin  du  bien  établir  comment  se  coniportent, 
dans  notre  pays,  les  plantations  faites  dans 
telles  ou  telles  conditions. 

Il  existe,  à 2 kilomètres  de  l’Ecole  de 
laSaulsaie,  dans  une  petite  prairie  longue 
et  étroite,  une  soixantaine  de  Pommiers 
plantés  depuis  environ  vingt  ans.  Ils  sont 
protégés  des  vents  du  nord  et  du  sud  par 
deux  petits  coteaux  boisés.  Malgré  cet  abri, 
ils  poussent  très-peu,  sont  depuis  longtemps 
déjà  couverts  de  mousses  et  de  lichens,  et 
ne  donnent  chaque  année  que  quelques  pe- 
tites Pommes  qui  sont  loin  de  compenser, 
)»ar  leur  produit,  le  tort  qu’ils  font  à la 
prairie. 

C’est  ainsi  que  végètent  les  arbres  plantés 
dans  les  prés  de  nos  environs,  et  beaucoup 
d’entre  eux  u’alteignent  pas  l’àge  de  ceux 
que  nous  avons  pris  pour  exemples. 

Mais  si  on  examine  les  quelques  arbres 
qui  sont,  en  trop  petit  nombre,  dans  les  jar- 
dins de  ferme,  on  les  voit  pousser  vigou- 
reusement, donner  des  produits  abondants, 
quoique  souvent  ils  aient  plus  d’un  demi- 
siècle. 

Cette  croissance  et  cette  fertilité  sont  dues 
à ce  que  la  terre  du  jardin  est  travaillée  cha- 
que année  et  fumée  de  temps  en  tenips.^Si 
l’on  abandonne  le  jardin  et  que  l’herbe  s’en 
empare,  on  voit  aussitôt  les  arbres  cesser 
de  pousser  avec  la  même  vigueur,  et  ils  ne 
tardent  pas  à devenir  rabougris.  ^ 

Examinons  maintenant  la  végétation  des 
arbres  dans  les  plaines  riches  et  fertiles  du 
bord  du  Bhône,  en  partant  de  Montluel  pour 
nous  arrêter  à Miribel.  Là,  la  terre  végétale 
atteint,  sur  certains  points,  une  épaisseur  de 
plusieurs  mètres,  et  comme  elle  repose  sur 
l’ancien  lit  du  Rhône,  qui  est  formé  de  cail- 
loux roulés,  on  peut  la  considérer  comme 
étant  convenable:nent  drainée. 

Nous  verrons  sur  ce  sol  profond  les  ar- 
bres fruitiers  à haute  tige  i)lantés  dans  les 
prairies  pousser  un  peu  .mieux  qu’en  Dom- 
bes, mais  ils  sont  loin  d’avoir  une  vigueur 
convenable  : la  plupart  ne  produisent  pres- 
que rien  et  atteignent  rarement  une  tren- 


CULTURE  DES  VERGERS. 


77 


taille  d’années  ; tandis  que  ceux  qui,  dans 
ces  memes  localités,  se  trouvent  dans  les 
vignes  et  dans  les  jardins,  sont  beaucoup 
plus  beaux  et  arrivent  à un  âge  très- 
avancé. 

Ici,  comme  ailleurs,  on  peut  donc  con- 
staler  les  bons  effets  de  la  culture  annuelle 
du  sol  sur  la  croissance  et  la  durée  des 
arbres. 

Si,  de  Monlluel,  nous  remontons  du  côté 
de  Meximieux,  nous  trouvons  une  plaine 
sableuse  et  graveleuse,  avec  une  faibie  cou- 
che de  terre  végétale,  dans  laquelle  nous 
avons  vu  les  arbres  fruitiers  végéter  très- 
mal  et  mourir  en  peu  de  temps  quand  ils 
sont  plantés  dans  les^prés. 

Mais  revenons  à l’École  de  laSaulsaie,  où 
nous  pourrons  montrer  des  exemples  nom- 
breux et  convaincants  d’une  végétation  pro- 
spère ou  souffreteuse  applicables  à toutes 
espèces  d’arbres  , suivant  qu’ils  ont  été 
plantés  dans  des  terres  cultivées  ou  dans 
les  prés. 

En  185d,  nous  avons,  pour  créer  une 
école  dendrologique,  planté  au  printemps 
plus  de  400  arbres  et  arbrisseaux  sur  un  ter- 
rain qui  avait  été  défoncé  et  drainé  à l’au- 
tomne : l’année  suivante,  tout  le  terrain  a 
été  semé  en  gazon,  à rexception  des  che- 
mins et  en  réservant  une  surface  d’un  mètre 
au  pied  de  chaque  arbre  pour  donner  les 
binages  nécessaires.  Tous  ces  arbres  et  ar- 
brisseaux, plantés  isolés,  ont  assez  bien 
poussé  pendant  cinq  à six  ans  ; puis,  tout  à 
coup,  la  végétation  s’est  arrêtée  et  plusieurs 
arbrisseaux  ont  péri.  Beaucoup  d’arbres  ont 
été  remplacés  en  vain  plusieurs  fois.  Les 
Chênes  et  les  Charmes,  quoique  indigènes 
et  venant  bien  dans  les  bois  de  notre  pays, 
n’ont  jamais  pu  pousser  assez  vigoureuse- 
ment dans  ce  sol  gazonné,  pour  se  former 
une  tête  convenable. 

Les  arbres  de  cette  école  n’étaient  pas 
seulement  plantés  pour  agrément,  ils  étaient 
s.irtout  des  arbres  d’étude,  et  il  était  im- 
portant d’améliorer  promptement  leur  état 
de  végétation. 

A l’automne  de  1861,  nous  déplantâmes 
tous  les  arbrisseaux  et  la  plus  grande  partie 
des  arbres,  et  nous  fîmes  défoncer  de  nou- 
veau, à 0"L65  de  profondeur,  de  petites  par- 
ties de  terrain  sur  lesquelles  nous  replan- 
tâmes au  printemps  suivant  ces  mêmes  ar- 
bres et  arbrisseaux  qui  furent  ainsi  mis  en 
groupe,  au  lieu  d’être  isolés  comme  ils 
l’étaient  dans  le  principe.  Le  gazon  fut  com- 
plètement labouré  sur  tout  le  reste  de  la 
la  surface  afin  de  pouvoir  donner  dans  la 
suite  au  terrain  les  labours  et  binages  néces- 
saires pour  maintenir  la  terre  propre  et  la 
rendre  pénétrable  aux  agents  atmosphé- 
riques. 

Jamais  nos  travaux  n’ont  été  couronnés 
d’un  pareil  succès,  arbres  et  arbrisseaux 


replantés  ou  restés  en  place  ont  poussé 
l’année  même,  ainsi  que  les  suivantes,  avec 
une  vigueur  étonnante. 

Rappelons  un  autre  fait  qui  prouve,  com- 
me le  précédent,  l’influence  de  la  culture 
du  sol  sur  l’avenir  des  plantations  faites 
dans  notre  pays. 

Une  Mûraie  fut  plantée  en  1853,  sur  les 
terrains  de  l’École  ; dans  ce  but,  des  bandes 
de  terre  de  6 mètres  de  largeur  furent  dé- 
foncées à 0'".65  de  profondeur;  au  milieu 
de  chacune  de  ces  bandes,  espacées  entre 
elles  de  10  mètres,  on  planta  une  ligne  de 
Mûriers  nains,  â 5 mètres  les  uns  des  autres. 
La  moitié  des  terrains  sur  lesquels  ils  ont  été 
plantés,  fut  ensemencée  en  prairie,  tout  en 
laissant  une  bande  de  deux  mètres  sur  les 
lignes  d’arbres,  pour  être  travaillée  au  be- 
soin. L’autre  moitié  fut  réservée  pour  faire 
différentes  cultures  â la  charrue. 

On  a cessé  de  tailler  les  Mûriers  en  1861, 
pour  les  laisser  croître  en  liberté  : ceux  de 
la  partie  cultivée  ont  donné  depuis  quatre 
ans,  des  branches  de  3 à 4 mètres  de  lon- 
gueur, tandis  que  les  pousses  des  autres 
Mûriers  de  la  partie  en  pré  ont  à peine  at- 
teint 1"‘.50.  Les  premiers  sont  trois  fois 
aussi  gros  et  trois  fois  aussi  étendus  que  les 
derniers. 

Terminons  en  citant  encore  deux  lignes 
de  Frênes,  plantés  sur  le  bord  d’un  chemin, 
il  y a une  douzaine  d’années;  d’un  côté,  ils 
sont  dans  un  champ  cultivé  â la  charrue,  et 
de  l’autre  dans  une  prairie  où  la  terre  est 
profonde  et  bonne.  Les  Frênes  dans  la  prai- 
rie ont  0"L27  de  circonférence  à l’inbO  au- 
dessus  du  sol;  ceux  de  la  terre  cultivée  en 
ont  0"L6Ü  à la  même  hauteur. 

Parlons  maintenant  de  ta  manière  dont 
nous  avons  d’abord  établi  des  vergers  à 
l’École  de  la  Saulsaie.  Deux  champs,  ayant 
chacun  plus  de  2 hectares  et  demi,  fu- 
rent désignés,  en  1851,  pour  être  convertis 
en  verger  et  en  prairie.  L’un,  au  sud  des 
bâtiments,  dans  un  terrain  facile  â travailler, 
et  profond  de  1 mètre  environ;  l’autre,  au 
nord,  dans  un  sol  plus  dur  et  recouvert,  sur 
certains  points,  de  terre  provenant  de  diffé- 
rentes fouilles. 

Des  bandes,  espacées  entre  elles  de 
^20  mètres,  furent  défoncées  â Om. 65  de  pro- 
fondeur, sur  6 à 8 mètres  de  largeur,  et 
malgré  la  pente  du  terrain,  un  drainage  en 
tuyaux  a été  pratiqué  afin  d’éviter  l’humidité 
du  sous-sol. 

Les  arbres  plantés  au  milieu  de  chaque 
bande  de  terre,  en  185i2  et  1853,  ont  été 
espacés  entre  eux  de  10  mètres,  dans  le  but 
de  ne  pas  nuire  à la  prairie  qu’on  y allait 
faire,  et  un  espace  de  2”L50  de  diamètre  a 
été  réservé  au  pied  de  chaque  arbre,  pour 
donner  annuellement  les  labours  et  binages 
I convenables.  Mais  quoique  la  terre  ait  été 
I fumée  pendant  deux  ans,  vers  la  cinquième 


7t 


ccltüre7D-es:\i:rgers. 


armée  on  s’aperçut  déjà  que  h"» végétation 
devenait  languissante  ; les  arbres  prirent  de 
la  mousse  et  des  lichens,  et  au  bout  de  dix 
ans,  n’ayant  plus  l’espoir  de  les  voir  reprendre 
de  la  vigueur,  malgré  les  fumures  et  autres 
>üins,  on  se  décida  à faire  disparaître  com- 
plètement le  verger  situé  au  sud* des  bâti- 
ments. 

Les  150  arbres  dont  il  était  ' composé,’ 
Poiriers,  Pommiers,  Pruniers  et  Cerisiers 
ne  nous  ont  pas  donné  un  décalitre  de  fruits, 
pendant  les  dix  années  qu’ils  ont  vécu. 

L’autre  verger,  au  nord  de  l’Ecole,  existe 
encore,  mais  les  arbres  ne  produisent  pas 
plus  que  ceux  qu’on  a arrachés.  Nous  dirons 
cependant  que  les  Cerisiers,  ainsi  que  les 
Pruniers  et  les  Abricotiers  donnent  de  temps 
en  temps  quelques  fruits  L 

Passons  au  jardin-potager-fruitier;  nous 
y verrons  des  arbres  que  des  connaisseurs 
en  arboriculture  ont  trouvé  magnifiques  sous 
tous  les  rapports.  Ce  jardin  est  planté  de 
plus  de  deux  mille  pieds  d’arbres  : un  cer- 
tain nombre  se  trouve  sur  un  petit  coteau, 
dans  un  mauvais  gravier.  Tous  ces  arbres 
sont  aujourd’hui  dans  leur  quinzième  année, 
poussent  toujours  avec  une  bonne  vigueur 
et  sont  depuis  longtemps  déjà  d’une  grande 
fertilité.  Et  pourtant  les  arbres  fruitiers  et 
autres,  dont  nous  avons  parlé  précédemment, 
et  dont  nous  avons  constaté  et  fait  ressortir 
le  triste  état  de  végétation,  sont  plantés  tout 
autour  du  jardin  fruitier,  et  par  conséquent 
se  trouvent  dans  le  même  sol.  A quoi  attri- 
buer cette  différence?  On  serait  porté  à 
croire  qu’elle  est  due  à la  taille  : il  n’en  est 
rien  ; la  taille  ne  peut  donner  de  la  force  à 
un  arbre  rabougri,  surtout  quand  cet  état 
provient  du  sol.  Mais  tout  cela  s’explique, 
quand  on  sait  que,  dans  le  jardin  potager- 
fruitier,  la  terre  est  cultivée  et  remuée  sou- 
vent, et  que  dans  les  carrés  qui  ne  sont  pas 
cultivés,  parce  que  les  arbres,  étant  très- 
rapprocbés  les  uns  des  autres,  nuiraient 
aux  cultures,  ou  donne,  après  un  léger  la- 
bour d’hiver,  quatre  à cinq  binages  en 
été. 

Dans  les  vergers,  l’herbe  ou  les  plantes 
qui  forment  le  pré  sèchent  la  terre  en  été, 
nuisent  par  conséquent  à la  végétation  des 
arbres.  En  eftét,  si  la  sécheresse  se  pro- 
longe, l’herbe  a bientôt  enlevé,  même  à une 
grande  profondeur,  l’humidité  du  sol,  et  les 
racines  des  arbres  ne  trouvant  plus  ce  dont 
elles  ont  besoin  pour  vivre,  cessent  alors  de 
végéter. 

Le  mal  est  d’autant  plus  grand  que  le 
sous-sol  est  plus  dur,  parce  que,  dans  un 

’ L’Abricotier  vient  très-mal  dans  la  Bombes  ; il 
est  toujours  malade;  les  fruits  qu’il  produit  sont 
galeux,  petits  et  mauvais.  C’est  un  arbre  à exclure 
de  nos  cultures,  ainsi  que  le  Pêcher  dont  les  fruits 
sont  plus  mauvais  encore.  Il  faut  absolument  à ces 
deux  arbres  l’espalier  au  levant. 


sol  de  cette  nature,  l’action  si  utile  de  la  ca- 
pillarité est  bien  faible  L 
< Il  semble  que,  dans  les  prés  irrigués,  les 
arbres  -devraient  pousser  convenablement  ; 
mais  les  racines  y souffrent  généralement 
d’un  excès  d’humidité.  Il  n’y  a que  dans  les 
terrains  profonds  et  à sous-sol  humide  que 
les  arbres  .poussent  bien,  et  encore  faut-il 
que  cette  humidité  ne  soit  ni  trop  grande  ni 
continue. 

De  tous  les  faits  que  nous  avons  cru  de- 
voir citer,  il  résulte  que  les  arbres  fruitiers, 
nains  ou  à haute  tige,  viennent  loujcurs  bien 
partout,  dans  un  sol  convenable,  quand  on 
cultive  la  terre  dans  laquelle  ils  sont  plan- 
tés, ou  même  quand  on  donne  à cette  terre 
seulement  des  binages,  de  manière  à facili- 
ter l’introduction  de  la  pluie,  de  l’air  et  de 
la  chaleur,  en  détruisant  les  mauvaises  her- 
bes, qui  sont  bien  plus  nuisibles  qu’on  ne  le 
pense  généralement.  Celte  remarque  expli- 
que pourquoi  dans  les  prairies  on  voit  rare- 
ment les  arbres  y donner  des  produits  satis- 
faisants, surtout  dans  la  Dombes. 

Ce  n’est  qu’au  bout  d’un  certain  temps, 
qui  est  plus  ou  moins  long,  selon  la  qualité 
du  sol,  quand  les  arbres  plantés  rapprochés, 
à 6 ou  7 mètres  par  exemple,  sont  sur  le 
point  de  se  toucher  par  l’extrémité  de  leurs 
branches  et  qu’ils  projettent  leur  ombre  sur 
toute  la  surface  du  terrain,  que  l’on  peut 
semer  au-dessous  d’eux  un  pré  pour  servir 
(le  pâturage.  Les  arbres  seront  alors  assez 
forts  pour  résister  à la  sécheresse,  et  le  bé- 
tail ne  pourra  les  endommager. 

C‘est  alors  seulement  que  l’herbe  ne  leur 
portera  pas  ou  du  moins  leur  porterera  peu 
de  préjudice  ; mais  il  vaut  toujours  mieux, 
dans  l’intérêt  des  arbres,  donner  au  sol  des 
binages  nécessaires  pour  détruire  les  mau- 
vaises herbes  tout  en  le  rendant  plus  per- 
méable. 

En  examinant  ce  qui  se  passait  autour  de 
nous,  il  nous  était  facile  de  comprendre,  en 
arrivant  dans  ce  pays,  que  nous  aurions 
beaucoup  de  peine  à faire  prospérer  les 
arbres  dans  des  terrains  gazonnés,  dans  les 
prairies  par  exemple  ; nous  nous  sommes 
pourtant  mis  consciencieusement  à l’œuvre, 
nous  avons  essayé , et  aujourd’hui  nous 
n’hésitons  pas  à dire  que  la  culture  des  ar- 
bres fruitiers  à haute  tige,  telle  que  nous 
l’avons  d’abord  pratiquée,  est  à peu  près  im- 
possible dans  la  Dombes. 

Aussi  , nous  avons  procédé  autrement 
pour  créer  un  nouveau  verger,  il  y a si^ 

1 En  Dombes,  nous  avons  remarqué  que,  après 
une  bonne  pluie  survenant  en  été  à la  suite  d’une 
sécheresse,  quand  la  terre  cultivée  et  travaillée  est 
trempée  de  O'". 30  à 0"’.40  de  ]trofondeur,  le  sol  de 
la  prairie  l’est  de  0"'.05  à 0'".10  seulement  ; il  faut 
les  longues  pluies  d’automne  ou  d’hiver  pour  attein- 
dre O"' .60  à 0"\80.  On  comprendra  alors  combien, 
si  l’été  n’est  pas  pluvieux,  les  arbres  auront  à souf- 
frir longtemps  de  la  sécheresse  du  sol. 


CULTURE  DES  VERGERS. 


79 


ans,  à l’extrémité  sud-est  dujardin  potager. 
La  terre  qui  avait  été  défoncée  une  première 
fois,  il  y a quinze  ans,  à 0"L65  de  profon- 
deur, le  fut  de  nouveau  à O*". 80,  el  soixante- 
dix  arbres  fruitiers  de  différentes  espèces  y 
ont  été  plantés  en  quinconce  à 6 mètres 
de  distance. 

Sur  cette  terre  fumée  tous  les  deux  ans, 
nous  cultivons  chaque  année  des  légumes, 
en  laissant  une  surface  de  ^2  mètres  de  dia- 
mètre auprès  de  chaque  arbre  sans  la  livrer 
à la  culture,  mais  cette  surface  est  binée 
pdur  ameublir  le  sol. 

Au  moment  des  labours  du  reste  du 
champ,  on  a soin  de  ne  pas  aller  profondé- 
ment, pour  ne  pas  endommager  les  racines 


REVUE  DES  PUBLICATMS  1 

Le  Botanical  Magazine  nous  donne  les 
figures  et  les  descriptions  des  plantes  sui- 
vantes : 

Cyprlpedium  concolor,  HoOKER.  pl.  5513. 

Espèce  or'ginaire  de  Moulmein,  où  elle 
croît  sur  les  rochers  calcaires.  Elle  est  re- 
marquable autant  par  ses  belles  feuilles, 
très-étalées,  pourpres  en  dessous,  ornées  de 
nombreuses  bandes  transversales  blanches 
sur  un  fond  vert  foncé  en  dessus.  Ses  gran- 
des fleurs,  disposées  deux  à deux  sur  des 
hampes  florales  très-courtes,  sont  d’une  cou- 
leur jaune  pâle  uniforme. 

Vello.«ila  eandida,  MlKAi',  pl.  5514. 

Les  fleurs  blanches  de  cette  belle  Hæmo- 
doracée  ressemblent  beaucoup,  par.  leur 
forme  et  leur  grandeur,  à celles  d’un  Lis 
blanc,  bien  qu’un  examen  plus  approfondi 
nous  apprennent  que  nous  n’avons  pas  ici 
affaire  à une  Liliacée,  car  les  fleurs  sont  à 
ovaires  inférieurs,  aux  étamines  polyadel- 
phes  nombreuses.  La  patrie  de  cette  belle 
plante,  dont  les  feuilles  linéaires  rappellent 
celles  des  Graminées,  est  le  Brésil,  et  elle 
ne  paraît  pas  être  rare  aux  environs  de  Rio- 
de-Janeiro. 

Dendrobium  hedyosiim,  Rateman,  pl.  5515. 

Espèce  originaire  de  Moulmein,  où  elle  fut 
découverte  par  M.  Parish  , et  envoyée  par 
lui  il  y a deux  ans,  à MM.  Hugh  Low  à G® , 
à Clapton.  sous  le  nom  de  Dendrobium  al- 
boviride.  C’est  une  espèce  très-florifère,  à 
fleurs  de  grandeur  moyenne,  d’un  blanc 
pur,  sauf  le  labelle  qui,  dans  sa  partie  in- 
férieure, est  vert;  le  grand  lobe  du  milieu 
est  jaune  et  orné  de  stries  longitudinales 
orangées. 


qui  partent  du  pied  des  arbres  et  se  trou- 
vent toujours  à une  faible  profondeur. 

Nous  pouvons  déjà  dire,  dès  aujourd’hui, 
à l’aspect  satisfaisant  des  arbres,  que  ce 
petit  verger  ne  nous  fera  pas  défaut.  Nous 
avons  la  ferme  conviction  que  notre  essai 
sera  le  modèle  à suivre  pour  la  plantation 
de  tous  les  vergers  qu’on  voudra  établir  en 
Bombes  et  même  ailleurs.  Nous  croyons 
donc  avoir  vaincu  une  des  plus  grandes  dif- 
ficultés qui  se  soit  jusqu’à  présent  oppo- 
sée à la  propagation  des  arbres  fruitiers. 

Verrier, 

Jardinier-chef  à l’Ecole  d’agriculture  de 
La  Saulsaie  (Ain), 


)RTIC0LES  DE  L’ÉTRANGER. 

Acanthus  montanus,  ÂNDERSOX,  pl.  5516. 

Cette  belle  plante  a été  découverte  par 
Vogel,  à Fernando-Po,  et  depuis  récoltée  au 
même  endroit  par  M.  Man,  à une  élévation 
de  700  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer. 

Ses  grandes  feuilles,  très-ornementales, 
sont  oblongues  ou  oblongues-lancéolées, 
pinnatifides  et  épineuses.  Ses  fleurs,  à am- 
ples limbes  roses,  sont  disposées  en  épis 
terminaux. 

Rallliardta  ciliolata,  De  Candolle,  pl.  5517, 

Joli  petit  arbuste  de  la ‘famille  des  Com- 
posées, qui,  au  premier  coup  d’œil,  fait 
l’effet  d’un  Cerinthe,  ou  de  quelque  Borra- 
ginée  voisine,  à cause  de  ses  capitules  flo- 
raux disposés  unilatéralement  aux  sommets 
des  rameaux.  Les  feuilles  décussées,  lan- 
céolées-linéaires,  sont  hispidescomme celles 
d’un  grand  nombre  de  Borraginées , ce  qui 
ajoute  encore  à la  ressemblance  dont  nous 
venons  de  parler.  Celte  plante  est  originaire 
de  Hawaïï,  aux  îles  Shandwich  d’où  elle  a 
été  envoyée  au  jardin  de  Kew,  par  le  D*'  Hil- 
lebrand. 

Anenione  (Hepatical  angulosa,  LamarK, 

pl.  5518. 

Cette  belle  Renonculacée  printanière 
très-rustique  , avec  ses  feuilles  radicales 
aimées  à trois  ou  cinq  lobes  crénelés  au 
ord,  est  considérée  par  M.  Spach  comme 
n’étant  qu’une  variété  de  l’Hépatique  ordi- 
naire, si  commune  sur  nos  marchés  au 
printemps.  En  effet,  la  plante  figurée  dans 
le  Botanical  Magazme  ne  paraît  se  distin- 
guer de  notre  variété  indigène  que  par  la 
différence  de  forme  de  ses  feuilles. 

J.  Groenland. 


REVUE  COMMERCIALE  (pra<:MiERE  quinzaine  de  février). 


Légumes  frais.  — H y a eu  baisse  générale 
sur  lés  prix  de  toutes  les  denrées  vendues  à la 
Halle  de  Paris,  pendant  la  première  quinzaine 
de  février.  Cette  baisse,  peu  considérable,  mais 
soutenue,  semble  être  le  résultat  de  la  douceur 
de  rinver  que  nous  traversons.  Les  Carottes 
pour  chevaux  valent  aujourd’hui  de  10  à 12fr. 
les  100  bottes,  au  lieu  de  10  à 15  fr.;  les  Ca- 
rottes ordinaires  se  vendent  de  40  à45  fr.,  avec 
une  diminution  de  5 fr.  sur  le  prix  maximum. — 
Les  Panais  sont  cotés  de  18  à 44  fr.,  au  lieu  de 
40  à 44  fr.,  et  tes  Poireaux  , de  40  à 45  fr.  les 
100  bottes,  au  lieu  de  40  à 30  fr.  — Les  Choux 
ordinaires. sont  diminués  de  moitié  depuis  le 
1er  février, et  se  vendent  de  5 à 15  fr.  Ip  100. — 
Les  Choux-lleurs  de  llretagne  ordinaires  sont  au 
prix  de  40fr.  le  100  avec  15 fr.  d’augmentation; 
mais  les  plus  beaux  valent  5 fr,  de  moins  qu’il 
y a quinze  jours,  c’est-à-dire,  70  fr.  — L’hecto- 
litre d’Oignons  en  grains  est  coté  de  14  à 15fr. 
— Les  Uadis  roses  valent  de  0L50  à 0C45  la 
botte  au  lieu  de  OC50  à Ot.75.  — Le  maniveau 
de  Champignons  est  revenu  à son  coursnormal 
de  0L5  à OCIO.  — Les  Céleris  raves  sont  cotés 
de  Of.lO  à OUI  5 la  pièce. 

Herbes  et  assaisonnements.  — Les  Epinards 
valent  de  0L40  à OCiO  le  paquet,  au  lieu  de 
0f.40  à OLOO.  — L’Oseille  se  paie  de  0030  à 
Of. 40  avec  une  baisse  de  0040  p‘'r  paquet.  — 
Le  Cerfeuil  ordinaire  est  coté  OLIO  la  botte 
au  lieu  de  0L40;  le  plus  beau  reste  toujours  au 
prix  de  0L30  — Le  Persil  ne  vaut  plus  que  de 
0f,10  à 0C40  la  botte  ; au  calais  on  le  paie  de 
0*4  5 à 0C30. —L’Ail  se  vend  de  4 Ir.  à 4L50  le 
paquet  de  45  boites  avec  une  diminution  de 
Of  50  sur  le  prix  maximum.  — La  Ciboule  etle 
Th'ym  se  vendent  de  Of.lO  à 0f.15  la  botte. — 
Les  Échalotes  sont  cotées  de  0f.30  à 0f.50  au 
lieu  de  0f.40  à 0f.80.  . 

Pommes  de  terre.  — La  Hollande  se  paie 
de  0 fr.  à 0f.50  riicctolitre.  — La  Vitelote  vaut 
de  9f.50  à 10;  les  Pommes  de  terre  jaune,  de 
4 à 5 fr.-,  et  les  rouges  de  0 à G 50. 

Salades.  — La  Laitue,  dont  le  prix  s’était  ar- 
reté à la  fin  de  janvier  à 3 et  4 fr  le  100,  est 
revenue  aujourd’hui  à son  ancien  cours  de  4 à 
5 fp.  — Le  Cresson  ordinaire  a diminué  de 
()f.15en  moyenne  par  botte;  on  le  vend  de 
Of.  15  à 0f.80. — La  Chicorée  frisée  vaut  de  4 à 
15  fr.  le  100  avec  4 fr.  de  diminution.  — L’Es- 
carole  est  cotée  de  10  à 15  fr.  le  100  au  lieu  de 
5 à 40  fr. 

Fruits  frais.— Les  Poires  les  plus  ordinaires 
en  ce  moment  ne  se  vendent  pas  à moins  de 
40  fr.  le  cent;  les  plusbelles  valent  jusqu’à  1 fr. 
la  pièce.  — Les  Pommes  de  première  grosseur 
et  qualité  se  vendent  presque  aussi  cher,  Of.95 
la  pièce;  mais  les  Pommes  communes  sont  seu- 
lement à 4f.50.  — Le  Chasselas  de  serre  vaiit 
toujours  4 fr.  au  plus  bas  prix;  le  prix  maxi- 
mum est  un  peu  abaissé  depuis  quinze  jours;  il 
est  de  5 francs. 

Plantps  à feuillage,  pour  décoration  de  jar- 
dinières, meubles,  et  vases  d'appai  tement.  — 
Agave,  4 à 5 fr.  — Aloës,  1 à 3 fr.  — 
.i-alia,  3 à 10  fr.  — Arbousier,  If  50  à 4 fr. 
A 


— Aspidistra,  4f.50  à 10  fr.  ‘ — Acacia  lo- 
phanta,  0f.50  à lf.50.  — Aucuha,  1 à 3 fr.  — 
Alaternes,  1 f.45  à 4 fr.  — llcgonia,  Of.75  à4f.50 
et  3 fr.  — P)uis,  1 à 4 fr.  — Canna,  1 à 4 fr.  — 
Cyperus  alternifolius,  lf.50  à 5 fr.  — Chamæ- 
rops,  5 à 15  fr.  — Curculigo,  5 à 10  fr.  — Ci- 
néraire maritime,  Of.75  à 1 fr.  — Caladium  et 
Colocasia,  4f.50  à 10  fr.  — Carex  japonica, 
()f.50  à lf.50.  — Cereus  llagelliformis,  If.IjO  à 
4f.50  fr.  — Calathæa  zebrina,  4f.50  à 5 fr.  — 
Cactées  et  Crassulacées  diverses,  0f.50  à lf.50. 

— Cotoneasters,  Of.75  à lf.50.  — ■ Delairea, 
Of.75  à 1 fr.  — Dracœna  congesta,  lf.50  à 3 fr. 

— Dracœna  rubra,  4f.50  à 5 fr.  — Dracœna 
terminalis  variegata,  5 à 15  fr.  — Dracœna 
australis,  3 à 10  fr.  — Dracœna  brasiliensis, 
5 à 15  fr.  — Ficus  elastica,  3 à 10  fr.  — Fou- 
gères, Of.75  à 5 fr.  — Fusains  verts  et  argen- 
tés, 1 à 4 fr.  — Gynérium,  lf.50  à 10  fr.;  Of.75 
à lf.50.  — Grevillea  robusta,  lf.50  à 4 fr.  — 
Géranium  à feuilles  de  Lierre,  1 à 4 fr.  — Ge- 
névriers, 1 à 4 fr.  — Houx,  If. 50  à 4f.50.  — 
Isolepis  ’gracilis,  Of.75  à ff.45.  — Iris  pana- 
chés, Of.75  à lf.50.  — Latania,  10  à 40  fr.  — 
Lycopodes,  Sélaginelles,  0f.50à  1 fr.  — Lierre, 

01.50  à 1 fr.  — Laurier  de  Colchide,  1 fr.  à 
4f.50.  — Mahonia,  1 fr.  à If. 75.  — Magnolia, 
3 à 15  fr.  — Mimosa  lophanta,  1f.45  à 4 fr.  — 
Maranta,  3 à 10  fr.  — Opuntia,  0f.50  à lf.50. 

— Pandanus,  10  à 40  fr.  — Pitcairnia,  3 à 5 fr. 

— Palmiers  divers,  14  à 45  fr.  — Pervenches 
panachées,  1 à 4 fr.  — Phormium,  4f.50  à 5 fr. 

— Puya,  3 à 5 fr.  — Phœnia,  10  à 40  fr.  — 
Photinia,  1 à 4 fr.  — Pins,  Üf.50  à 4f.50.  — 
Piltosporum,  4f.50  à 5 fr.  — Itomarin,  0f.50  à 
Of.75.  — Sapins,  1 à 3 fr.  — lUiapis,  8 à 15  fr. 

— Piichardia,  0f.50  à lf.50.  — Sahal,  10  a 
40  fr.  — Séquoia,  4 à 4 fr.  — Rhododendrons, 
4f.50  à 5 fr.  — Sapinettes,  1 à 3 fr.  — Troè- 
nes, 1 à 3 fr.  — Tradescantia  repens,  lf.50  à 
4f.50. — Tra'descantia  zebrina,  4à3fr. — AAelling- 
tonia,  3 à 10  fr.  — Thuya,  Of.75  à lf.50  et 
plus.  — Yucca,  lf.50  à 10  Rancs. 

Plantes  fleuries  en  pots.  — Anthémis  frutes- 
cent, 1 fr.  à ff.45.  — Azalées,  3 à 5 fr.  — 
liruyères  du  Cap  (Phylica),  1 tr.  a lf.50.  — 
bruyères  (Erica)  diverses,  t)f.50  à iC50_.^-- 
billhergia,  5 à 10  fr.  — Cinéraires,  OL75  a 
je. 25.  — Camellias,  3 à 10  fr.  — Citronniers, 

1.50  à 4 fr. — Cyclamen  de  Perse,  1 fr.  à 4f.50. 

— Crocus,  Of.45  à Of.50.  — Deutzia  gracilis, 
ff.50  à 4 fr.  — Daphné,  lf.50à4fr. — Épiphyl- 
lum  truncatum,  4f.50  à 5 fr.  — Epacris,  lf.50 
à 4 fr.  — Fuchsia,  ff.45  à 4 fr.  — Iberis  sem- 
perllorens,  t)f.75  à ff.45. — Héliotropes,  1 Ir,  a 
lf.50.  — Jacinthes,  t)f.50  à 1 fr.  — Lilas,  JL50 
à 4 fr.  — Metrosideros,  3 à 5 fr.  — Q*]illets 
remontants,  lf.45  à lf.50.  — Orangers,  3 a 
5 fp.  _ Pensées,  Qf.50  à Of.45.  — Pninevères 
de  Chine,0f.35  àt)f,75. — Rosiers,  1L45  a 4f.50. 

— Réséda,  0f.75à  Ifr.  — Rhodod  endrons,  3 à 

10  fr.  — Solanum  amomum,  Of.40  à Of.75. — 
Spirée,  ff.50  à 4 fr.  — làdipes hâtives, 0L45  à 
0f.50.  — VéronictLles,  1 fr.  à lj.50.  — \iolette 
des  quatre  saisons,  0f,45  à 0f*50.  — Viburnmn 
Tinus,  1 fr.  à lf.50.  A.  Frri.et. 


CimONlQÜE  HORTICOLE 


(DEUXIÈME  QUIXZAIXE  DE  FÉVRIER). 


) Prochaines  Expositions  de  Cannes,  Metz,  Saint-Germain-en-Laye,  Nantes.  — ■ Fondation  de  la  Société 
agricole  et  horticole  de  Cannes  et  de  l’arrondissement  de  Grasse.  — L’horticulture  dans  les  concours 
régionaux  agricoles.  — Rapport  fait  sur  ce  sujet  à la  Société  Nantaise  par  M.  de  Courmaceul.  — Pétition 
delà  Société  d’horticulture  de  la  Haute-Garonne  à l’Empereur.  — Réponse  du  Ministre  de  l’agriculture.  — 
Subventions  accordées  aux  Sociétés  d’horticultui'e  par  l’Etat.  — Règlement  de  l’Exposition  horticole  de  Metz. 
— Scission  dms  la  Société  d’horticulture  de  l’Aube.  — (Questions  mises  au  concours  par  la  fédération 
des  Sociétés  d’horticulture  belges.  — Question  mise  au  concours  par  la  Société  centrale  d’horticulture 
de  Paris.  — Le  Géranium  Gloire  des  Forges  d’Abaincourt.  — Lettre  de  M.  Didier.  — Protestation  de 
M.  d’Auvers  contre  un  article  fini  lui  est  attribué  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de  Melun  et  Fontainebleau. 


Il  Nous  avons  à annoncer  plusieurs  Expo- 

silions  horticoles  printanières,  à Cannes, 
du  7 au  10  avril;  à Metz,  du  5 au  7 mai;  à 
: Saint-Gerinaiîi-eL-Laye,  du  10  au  10  mai; 

et  enfin  à Nantes,  dans  la  première  quinzaine 
! du  môme  mois. 

[ L’Exposition  de  Cannes  est  la  première 
j qui  aura  lieu  dans  celle  ville;  elle  se  répé- 
; lera  désormais  tous  les  ans;  elle  sera 

i dirigée  par  une  Société  qui  s’est  fon- 

I dre,  à la  fin  de  1805,  sous  le  titre  de  So- 
! ■ ciélé  agricole  et  horticole  de  Cannes  cl 

r de  h arrondissement  de  Grasse.  Nous  sou- 
haitons la  bienvenue  avec  plaisir  à une  as- 
sociation qui  doit  contribuer  à augmenter 
la  prospérité  d’une  contrée  dont  le  climat 
est  privilégié  entre  tous  les  séjours  que 
l’homme  peut  occuper  sur  notre  planète. 
Le  but  de  la  Société  agricole  et  horticole  de 
Cannes  est  d’ailleurs  aussi  général  que  pos- 
, sible;  il  consistera  à travailler  au  dévelop- 
pement de  l'agriculture  et  au  perfectionne- 
ment des  diverses  races  d’animaux  qui  y 
sont  attachées;  à encourager  les  cultures 
industrielle^  florales  et  maraîchères  les  plus 
avantageuses  au  pays;  à favoriser  dans  la 
I contrée  l’introduction  des  plantes  et  végé- 
taux utiles  et  agréables;  à accroître  le  nom- 
bre et  l’importance  des  pépinières;  à sur- 
veiller et  à diriger  la  taille  des  arbres  ; à 
propager  les  nouveaux  procédés  et  les 
meilleures  méthodes;  en  un  mot  à s’occuper 
de  l’amélioration  de  tout  ce  qui  se  rattache 
aux  sciences  horticole  et  agricole. 

I La  liaison  de  l’horticulture  et  de  l’agri- 
culture doit  se  faire  de  plus  en  plus  intime. 
C’est  le  vœu  de  tous  les  horticulteurs  C’est 
dans  ce  but  que  beaucoup  d’associations  hor- 
ticoles organisent  des  Expositions  des  pro- 
duits des  jardins,  pour  les  faire  annexer  aux 
Concours  régionaux  d’agriculture,  comm-e 
vient  de  le  décider  encore  la  Société  Nan- 
taise d’horticulture.  Celte  Société  espère 
I qu’il  y aura  dorénavant  participation  de 
l’horticulture  à la  prime  d’honneur  et 
aux  diverses  récompenses  à décerner  aux 
produits  du  sol  dans  les  Concours  régionaux. 
A ce  sujet,  il  a été  fait  le  rapport  suivant 
\ dans  la  séance  du  21  janvier  dernier  delà 
J Société  Nantaise  : 

M.  le  Ministre  de  l’agriculture,  du  commerce 
et  des  travaux  publics  doit  prendre  très-pro- 
chainement l’arrêté  qui  fixera  les  conditions  des 

I®'’  MARS  1866, 


douze  Concours  régionaux  de  1866.  Il  n’est  pas 
douteux  que  riiorliculture  ne  soit  appelée  à y 
occuper  un  rang  dist  ngué,  et  déjà  les  Sociétés 
ont  reçu,  tant  de  la  pari  du  gouvernement  que 
de  la  part  des  autorités  locales,  l’invitation  de 
se  préparer  à ces  solennités. 

Cependant,  admise  en  fait  à y participer,  l’on 
a émis  un  doute  sur  le  droit  de  l’industrie  hor- 
ticole à concourir,  comme  toutes  les  autres  bran- 
ches de  la  culture,  aux  médailles  et  primes  ac- 
cordées, dans  cette  circonstance,  aux  exposants. 

Des  Sociétés  se  sont  émues  de  cette  situation 
qui  constituerait  les  intérêts  qu’elles  représen- 
tent dans  une  infériorité  injuste.  Un  incident 
surtoi^t  a éveillé  leur  sollicitude  : en  1861,  l’hor- 
ticulture avait  été  tenue  à l’écart,  lors  du  Con- 
cours régional  de  Toulouse. 

La  Société  de  la  Haute-Garonne  fit  valoir,  à 
cette  époque,  diverses  considérations  de  nature 
à modifier,  pour  l’avenir,  cet  état  de  choses. 
En  1865,  elle  adressa  à l’Empereur  une  pétition 
dans  laquelle,  faisant  ressortir  le  rôle  considé- 
rable et  bienfaisant  deLhorticulture,  elle  deman- 
dait que  ledroitdes  exposants  de  cette  catégorie 
fût  consacré  par  les  programmes  officiels  et  que 
le  stimulant  des  récompenses  fût  mis  en  rapport 
avec  les  sacrifices,  les  avances  et  les  risques 
des  producteurs;  elle  appuyait  principalement 
sur  la  nécessité  de  les  admettre  à disputer, 
concurremment  avec  les  agriculteurs,  la  Prime 
d’honneur. 

Cette  pétition  a été  prise  en  considération  par 
le  gouvernement,  et  M.  Béhic,  ministre  de  l’a- 
griculture, y a répondu  par  une  lettre  qui  doit 
servir  de  règle  pour  l’avenir. 

Le  Ministre  constate  que  les  instructions  re- 
latives à la  {‘rime  d’honneur,  étant  conçues  en 
termes  généraux,  comprennent  toutes  les  bran- 
ches de  l’industrie  rurale,  et,  par  conséquent, 
Vhorticultiire.  11  ajoute  que  les  produits  de 
l’horticulture  prennent  part  aux  récompenses 
offertes  dans  la  4e  division  des  programmes  des 
Concours,  laquelle  propose  des  médailles  aux 
produits  agricoles  et  matières  utiles  à l’agri- 
culture. 

« Une  saurait,  dit  le  Ministre,  y avoir  doute  à eet 
égard,  la  rédaction  moins  explicite  adoptée  aujour- 
d’hui n’ayant  fait  que  remplacer  les  teimes  beau- 
coup plus  précis  des  arrêtés  organiques  des  exhi- 
bitions régionales,  lesquelles  décernaient  des  mé- 
dailles aux  produits  agricoles,  tels  que  grains, 
égumes,  fruits,  etc.  » 

Cette  déclaration  si  nette  du  Ministre  a été 
acceptée  avec  reconnaissance  par  toutes  les 
Sociétés  horticoles  qui  avaient  conçu  les  mêmes 
inquiétudes.  Il  demeure  acquis  désormais  que 
les  exposants  de  l’horticulture  sont  admis  à ces 
grandes  exhibitions  sur  le  pied  de  l’égalité  la  plus 
parfaite  avec  les  exposants  des  autres  catégories;, 

S 


I 


CIIRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  FÉVRIER). 


8â 

qu’ils  ont  le  droit  d’aspirer  aux  mêmes  récom- 
penses, et  qu’à  l’avenir  MM.  les  Inspecteurs 
généraux  chargés  de  diriger  l’organisation  des 
Concours  régionaux  devront  veiller  à ce  que 
les  produits  de  l’horticulture  soient  placés  au- 
près des  objets  relatifs  à l’agriculture. 

Il  en  sera  ainsi,  nous  l’espérons,  lors  de  l’Ex- 
position régionale  qui  s’ouvrira  à Nantes  au 
mois  de  mai  prochain.  L’horticulture  de  notre 
pays,  si  avancée  dans  ses  procédés,  si  recom- 
mandable par  les  efforts  qu’elle  a faits  depuis 
vingt  ans  dans  la  voie  du  progrès,  occupera 
une  place  considérable  dans  cette  fête,  assises 
périodiques  où  doivent  figurer  toutes  les  bran- 
ches de  culture  de  notre  contrée.  Conviée  à y 
prendre  une  part  active,  la  Société  Nantaise 
d’horticulture  organise  avec  zèle  l’exposition 
qu’elle  est  chargée  de  diriger,  et  prélude  ainsi 
à la  . grande  manifestation  qui  se  prépare,  dans 
les  départements  de  l’Ouest,  pour  l’Exposition 
universelle  de  1867. 

Le  Secrétaire  général  adjoint, 
Y.  DE  COURMACEUL. 

Nous  désirons  que  l’horticulture  soit 
vraiment  appelée  à occuper  une  grande 
place  dans  les  concours  régionaux.  Mais 
jusqu’à  présent,  ce  n’est  tout  à fait  que  par 
exception  que  les  produits  horticoles  ont  été 
récompensés  dans  ces  solennités.  Générale- 
ment, l’horticulture  n’a  été  considérée  que 
comme  un  accessoire  presque  toujours  sé- 
paré du  concours  régional.  En  outre,  nous 
n’avons  jamais  entendu,  pour  ainsi  dire, 
parler  des  jardins  dans  les  rapports  faits 
sur  les  primes  d’honneur;  s’il  a été  question 
de  l’horticulture,  c’est  tout  à fait  exception- 
nellement. Nous  craignons  que  le  rapport 
fait  à la  Société  Nantaise  d’horticulture  se 
soit  fait  des  illusions  sur  la  portée  de  la 
réponse  faite  à la  Société  d’horticulture  de 
la  Haute-Garonne  par  M.  le  Ministre  de 
l’agriculture.  Pour  que  l’on  puisse  se  faire 
une  opinion,  nous  allons  donner  du  reste  le 
texte  même  des  documents  auxquels  M.  de 
Courmaceul  a fait  allusion.  Yoici  d’abord  la 
pétition  adressée  à l’Empereur  à la  date  du 
2 juin  dernier: 

Sire, 

Les  parcs,  jardins  et  vergers  représentent  la 
vingt -et-unième  partie  du  sol  cultivé  en  France  ; sous 
le  rapport  de  l’étendue,  ils  égalent  la  plupart  des 
diverses  cultures  prises  isolément,  et,  en  considé- 
rant l’abondance  et  la  valeur  de  leurs  produits,  ils 
doivent  être  mis  au  rang  des  branches  de  l’indus- 
trie du  sol  les  plus  utiles  et  les  plus  fécondes. 

La  statistique  ne  fournit  pas,  il  est  vrai,  des  don- 
nées très-précises  sur  l’importance  de  la  production 
horticole.  A parties  états  des  douanes  relatifs  à l’ex- 
portation des  fruits  frais,  les  comptes  de  quelques 
compagnies  de  transport  et  les  renseignements  spé- 
ciaux à la  ville  de  Paris,  on  ne  peut  connaître  au 
juste  ce  qui  se  produit,  se  vend  et  se  consomme 
en  France,  en  fait  de  fruits  et  légumes  frais,  de 
plants  d’arbres  et  d’arbustes  à fruits  ou  d’ornement, 
forestiers,  ou  d’alignement,  enfin,  en  fleurs  et  plantes 
lleuries.  Les  chiffres  élevés  fournis  par  les  docu- 
ments officiels  qui  viennent  d’ctre  mentionnés,  limi- 
tés pourtant  à quelques  produits  et  à certaines  con- 
trées, laissent  entrevoir  toute  l’étendue  de  cette 
jiroduction.  La  réllexion  et  le  raisonnement  condui- 
sent bientôt  à admettre  qu’elle  représente  plusieurs 


centaines  de  millions.  Qu’on  laisse  un  instant  de 
côté  les  produits  exportés,  les  consommations  de 
luxe,  qu’on  envisage  seulement  les  denrées  de  pre- 
mière nécessité  destinées  aux  besoins  de  chaque 
jour,  qu’on  fixe  à un  chiffre  très-réduit  la  dépense 
de  chaque  ménage  en  fruits  et  légumes  frais,  et  l’on 
verra  que  cette  consommation  suppose  une  produc- 
tion immense. 

L’art  horticole  ne  porte-t-il  pas  d’ailleurs  le  ren- 
dement du  sol  à son  maximum  d’intensité,  et  le 
jardin  n’est-il  })as  le  type  proverbial  de  la  plus  haute 
richesse  territoriale?  Cette  industrie  répond  à des 
besoins  nombreux  et  de  premier  ordre  ; elle  rend 
au  pays  les  plus  grands  services  et  vient  en  aide 
aux  autres  branches  de  la  culture  du  sol. 

Les  produits  des  jardins  occupent  une  telle  place 
dans  l’alimentation  générale  que,  s’ils  venaient  à 
manquer,  une  grande  perturbation  serait  apportée  à 
la  santé  publique. 

L’horticulture  remplit  la  mission  non  moins  utile 
d’aller  dans  tous  les  pays  du  globe  à la  recherche  de 
tous  les  végétaux  propres  à la  nourriture  de  l’homme 
ou  de  nature  à satisfaire  ses  besoins  ou  ses  jouis- 
sances. Elle  étudie  les  conditions  de  leur  dévelop- 
pement, leur  mode  de  multiplication;  elle  les  plie 
et  les  soumet  à nos  exigences,  elle  parvient  à en 
obtenir  des  types  plus  féconds  et  plus  rustiques  dont 
elle  enrichit  la  grande  culture.  C’est  ainsi  qu’elle  lui 
a livré  la  pomme  de  terre,  la  betterave,  et  de  nom- 
breuses variétés  d’arbres  fruitiers  qui  sont  autant 
de  précieuses  et  immenses  ressources. 

A l’égard  des  procédés  techniques,  l’horticulteur 
fournit  à la  culture  générale  plus  d’un  enseigne- 
ment, car,  la  première  entre  toutes,  elle  a su  tirer 
parti  des  engrais  les  plus  variés,  de  l’irrigation,  du 
drainage,  de  la  composition  diverse  des  sols,  et  de 
la  rotation  des  cultures. 

Elle  contribue  au  repeuplement  des  forêts,  à la 
mise  en  culture  des  dunes,  et  des  friches,  en  four- 
nissant en  abondance  des  semences  ou  de  jeunes 
sujets  d’espèces  exotiques  ou  indigènes  appropriés 
aux  divers  terrains,  à chaque  climat  et  à toutes  les 
situations. 

Les  jardins  d’agrément,  les  parcs  et  les  serres, 
pris  comme  objets  de  luxe, appartiennent  sans  doute 
à la  fantaisie  la  plus  élégante,  au  luxe  le  plus  pur 
et  le  plus  élevé.  Leur  rôle  est  au  fond  plus  sérieux, 
car  ils  profitent  à la  fois  à l’art  et  à la  science,  au 
commerce  et  à l’industrie,  et  souvent  à l’améliora- 
tion morale  et  matérielle  de  l’homme. 

L’art  emprunte  aux  végétaux  de  nos  jardins  les 
plus  gracieuses  décorations  ; la  science  y trouve  des 
sujets  d’études. 

Le  commerce  et  l’industrie  y recueillent  les  avan- 
tages et  les  bénéfices  d’une  production  considérable 
et  de  nombreux  échanges. 

Au  sein  des  villes,  les  jardins  publics  assainis- 
sent et  purifient  l’air,  répandent  la  joie  et  la  fraî- 
cheur : leur  vue  et  leur  ombrage  reposent  l’ouvrier 
de  ses  travaux,  élèvent  sa  pensée  et  lui  donnent 
une  salutaire  distraction. 

Aux  champs,  le  charme  des  jardins  attire  et  re- 
tient au  profit  de  l’agriculture  des  esprits  d’élite 
que  le  besoin  des  relations  sociales  et  des  satisfac- 
tions intellectuelles  entraînerait  vers  la  ville. 

En  présence  du  rôle  considérable  et  bienfaisant 
de  l’horticulture,  on  se  demande  pourquoi  elle  seule 
a été  exclue  de  ces  grandes  assises  périodiques  où 
viennent  figurer,  dans  les  différentes  parties  de  la 
France,  toutes  les  branches  de  la  culture.  Sans 
doute,  presque  partout,  sur  l’initiative  des  associa- 
tions particulièies,  ou  sur  l’invitation  des  adminis- 
trations locales,  les  produits  des  jardins,  des  pépi- 
nières et  des  serres  viennent  contribuer  à l’éclat 
des  concours  régionaux  agricoles,  mais  ils  ne  pren- 
nent point  part  aux  importantes  l écompenses  dé- 
cernées aux  autres  productions  du  sol. 

La  Société  d’horticulture  de  la  Haute-Garonne  ne 
méconnaît  pas  le  haut  prix  des  lém  oignages  de  bien- 
veillance qui  lui  sont  donnés.  Toutefois  ces  encou- 
ragements de  pure  faveur,  plus  honorifiques  que 
lucratifs,  malgré  leur  heureuse  influence,  ne  coin- 


83 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  FÉVRIER). 


pensent  pas  toujours  les  sacrifices  considérables 
que  s’imposent  les  producteurs  et  les  associations 
horticoles . 

La  publicité  des  Expositions  ne  détermine  pas 
seule  les  ellorts  de  riiidustrie  vers  le  progrès;  il 
faut  y joindre  le  stimulant  de  récompenses  (pii 
soient  en  rapport  avec  les  sacrifices,  les  avances  et 
les  risques  des  producteurs.  Sur  cette  considération 
est  fondée  l’institution  des  primes  d bonneur  ; de 
là  dérivent  aussi  les  primes  accompagnant  les  mé- 
dailles dans  les  concours  régionaux,  et  enfin  les 
prix  importants  offerts  aux  concurrents  de  nos  hip- 
podromes. 

Plus  un  pays  possède  de  richesses,  de  lumières 
et  de  civilisation,  plus  l’horticulture  s’y  développe 
et  y est  encouragée.  L’exemple  de  la  France,  de 
l’Angleterre,  de  la  Belgique,  de  la  Hollande  et  de 
l’Allemagne  le  démontre. 

Sire,  la  France,  par  la  diversité  de  son  sol  et 
de  son  climat,  par  l’extrême  division  des  propriétés, 
semble  destinée,  plus  que  tout  autre  pays,  à voir  la 
culture  des  jardins  s’étendre,  au  grand  profit  de  la 
richesse  nationale  et  du  bien-être  de  sa  population. 
Cette  culture  est  donc  pour  elle  d’un  grand  intérêt, 
et  son  avenir  et  son  perfectionnement  méritent,  au 
plus  haut  degré,  d’être  pris  en  considération  et 
doivent  être  favorisés  à l’égal  des  intérêts  agricoles 
et  par  les  mômes  moyens. 

Le  bien  qu’a  produit,  à l’égard  de  l’agriculture, 
l’institution  des  concours  régionaux,  est  un  indice 
des  avantages  que  l’horliculture  peut  espérer  si  les 
programmes  de  ces  solennités,  basés  sur  une  équi- 
table et  logique  synthèse,  l’admettent  à participer 
aux  mêmes  faveurs  et  aux  mêmes  récompenses 
que  les  autres  cultures. 

Sire,  la  Société  d’horticulture  de  la  Haute- 
Garonne  verrait  avec  profonde  reconnaissance  être 
favorablemeut  accueilli  par  Votre  Majesté  le  vœu 
qu’elle  a l’honneur  de  lui  soumettre  relativement  à 
l’admission  de  l’horticulture  dans  le’programme  des 
concours  régionaux,  au  même  titre  et  avec  les  mê- 
mes avantages  que  les  autres  branches  de  l’exploi- 
tation du  sol. 

J’ai  l’honneur  d’être,  avec  le  plus  profond  respect 
Sire,  de  Votre  Majesté  le  très-humble  serviteur  et 
sujet. 

Au  nom  de  la  Société. 

Le  Président  : Duplân, 

Membre  du  Corps  législatif. 

A la  date  du  8 août,  M.  le  Ministre  de 
l’agriculture  a envoyé  la  réponse  suivante  : 

A Monsieur  le  Président  de  la  Société 
d’horticulture  de  Toulouse. 

« Monsieur, 

« Vous  avez  adressé  à l’Empereur  une  pétition 
pour  demander  que  des  encouragements  plus  nom- 
breux soient  accordés  à l’horticulture,  et  notamment 
que  celle-ci  soit  admise  à concourir  pour  la  prime 
d’honneur. 

« Votre  pétition  m’ayant  été  renvoyée  du  cabinet 
de  Sa  Majesté,  je  vais  avoir  l’honneur  d’y  répon- 
dre. 

« Je  vous  ferai  d’abord  remarquer  que  les  instruc- 
tions relatives  à la  prime  d’honneur,  étant  conçues 
en  termes  généraux,  comprennent  toutes  les  bran- 
ches de  l’industrie  rurale  et,  par  conséquent  l’hor- 
ticultnre..  C’est  ainsi  qu’en  1857  et  1858  des  pro- 
priétaires des  départements  de  la  Loire  et  du  Lot, 
sans  obtenir  la  prime  d’honneur,  ont  reçu  des 
médailles  d’or  comme  récompenses  des  résidtals 
auxquels  ils  étaient  parvenus  en  horticnlture. 
Quant  aux  produits  de  l’horticulture,  ils  viennent 
preiulre  part  aux  récompenses  offertes  dans  la 
quatrième  division  des  programmes  des  Concours, 
laquelle  propose  des  médailles  aux  produits  agrico- 
les et  matières  utiles  à l’agriculture.  Et  il  ne  sau- 
rait y avoir  de  doute  à cet  égard,  la  rédaction  moins 
explicite  adoptée  aujourd’hui  n’ayant  fait  que  rem- 
placer les  termes  beaucoup  plus  précis  des  arrêtés 
organiques  des  exhibitions  régionales,  lesquelles 


décernaient  des  médailles  aux  produits  agricoles, 
tels  que  grains,  légumes  et  fruits,  etc.  De  plus, 
chaque  année,  des  subventions  importantes,  dont 
le  chiffre  s’est  élevé,  en  18G4,  à près  de  25,000  fr., 
sont  allouées  aux  Sociétés  s’occupant  exclusivement 
d’horticulture,  sans  parler  des  nombreuses  médail- 
les d’or,  d’argent  et  de  bronze  mises  à leur  disposi- 
tion. 

« Les  encouragements  de  l’Etat  ne  font  donc  pas 
défaut  à l’horticulture,  et  je  ne  saurais  donner  suite 
à la  demande  que  vous  avez  présentée  au  nom  de 
la  Société  d’horticulture  de  la  Haute-Garonne. 

« Recevez,  Monsieur,  l’assurance  de  ma  considé- 
ration très-distinguée. 

« Le  Mimstre  de  rcKjricultute,  du  commerce 
et  des  travaux  publies, 

« Armand  Béhic.  » 

Il  résulte  de  cette  lettre  de  M.  le  Ministre 
que  l’admission  des  produits  horticoles  ne 
peu  être  refusée  dans  les  concours  ré- 
gionaux. Mais  il  est  juste  de  dire  qu’ils  n’y 
ont  figuré  jusqu’ici  que  par  exception,  el 
que,  dans  tous  les  cas,  les  jurys  qui  jugent 
les  produits"  de  ces  concours  sont  presque 
complètement  et  partout  étrangers  à l’horti- 
culture. 

M.  le  Ministre  fait  remarquer  que  les 
Sociétés  s’occupant  exclusivement  d’horti- 
culture reçoivent  par  an  des  subventions 
pour  une  somme  d’environ  25,000  fr. 
Nous  venons  de  relever,  dans  VAnnuairc 
du  Ministère  de  F agriculture,  du  commerce 
et  des  travaurr,  publics  pour  ISOi,  toutes  les 
associations  de  ce  genre  qui  y sont  mention- 
nées, et  nous  en  avons  trouvé  58.  La  sub- 
vention moyenne  n’a  donc  été  1864-  que  de 
431  fr.  pour  chaque  Société.  Ce  subside  est 
évidemment  peu  considérable;  en  Belgique, 
l’Etat  donne  beaucoup  plus  à ses  nomljreu- 
ses  associations  horticoles.  Nous  savons 
bien  que  l’Empereur,  l’Impératrice,  et  d’au- 
tres princes  ou  princesses  de  la  famille 
impériale  gratifient  souvent  les  associations 
horticoles  de  médailles  qui  sont  vivement 
recherchées.  Mais  nous  maintenons  qu’en 
fin  de  compte,  l’horticulture  ne  reçoit  pas 
de  l’État  des  encouragements  proportionnels 
à son  importance.  Si  l’Etat  n’encourageait 
pas  par  de  plus  fortes  subventions  d’autres 
arts,  il  n’y  aurait  rien  à dire;  mais  dans 
l’état  actuel  des  choses,  les  réclamations 
continuent,  selon  nous,  à être  légitimes. 

— La  Société  d’horticulture  delà  Moselle, 
en  arrêtant  le  programme  de  sa  prochaine 
Exposition,  a pris  quelques  mesures  qui 
méritent  d’être  citées,  parce  qu’elles  font 
intervenir  jusqu’à  un  certain  point,  comme 
cela  nous  paraît  de  toute  justice,  les  horti- 
culteurs exposants  dans  l’organisation  même 
de  l’Exposition.  Voici  le  texte  du  règlement  ; 

Les  horticulfèurs  et  les  amateurs  du  département, 
ceux  de  la  France  et  de  l’étranger,  sont  invités  à 
prendre  part  à cette  Exposition. 

Tous  les  produits  de  l’horticulture,  ainsi  que  les 
objets  se  rattachant  à l’art  et  à l’industrie  horticoles, 
pourront  être  présentés.  Un  comité  d’admission  sera 
chargé  de  recevoir  tout  ce  qui  lui  paraîtra  digne 
de  figurer  à l’Exposition. 

Les  récompenses  consisteront  en  médailles  de  ver- 


84 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  FÉVRIER). 


meil,  d’argent  et  de  bronze  de  différents  modules,  et 
en  primes  payables  en  numéraire. 

Les  lauréats  auront  la  faculté  de  demander  la  con- 
version des  primes  d’argent  en  médailles,  instru- 
ments ou  livres  d’horticulture  de  valeur  égale. 

Si  les  exposants  souhaitent  que  l’Exposition  ait 
lieu  près  du  champ  de  foire,  dans  la  grande  serre  du 
Jardin-Fabert,  ils  devront  en  faire  connaître  le  désir 
au  plus  tard  le  1®’'  avril,  en  écrivant  à M.  de  Tin- 
seau,  secrétaire  de  la  Société,  rue  de  la  Chèvre, 
n°  1 l)is,  à Metz. 

L’Exposition  aura  lieu  dans  cette  grande  serre  si 
le  nombre  des  demandes  parvenues  au  avril  est 
suffisant  pour  en  occuper  la  majeure  partie;  dans  le 
cas  contraire,  l’Exposition  aura  lieu  au  Jardin  bota- 
nique. . 

La  Société  prend  à sa  charge  les  frais  de  transport 
des  produits  exposés  par  les  maraîchers  habitant  le 
département  et  qui  en  auront  fait  la  demande  par 
écrit. 

Les  exposants  pourront  vendre  leurs  produits,  et  à 
cet  effet,  indiquer  par  une  étiquette  les  prix  de  vente. 
Les  produits  vendus  ne  pourront  cependant  être  en- 
levés qu’après  la  clôture  de  l’Exposition. 

t.e  jury  se  réunira  le  samedi  5 mai  1866,  à huit 
heures  précises  du  matin. 

Immédiatement  après  les  décisions  du  jury^  il 
sera  placé  au  centre  de  chaque  lot  une  pancarte  in- 
dicative des  noms  et  adresse  de  l’exposant  ainsi 
que  de  la  récompense  obtenue. 

L’Exposition  sera  ouverte  au  public  le  samedi  5,  ■ 
à une  heure  après  midi,  le  dimanche  6 et  le  lundi 
7 mai,,  depuis  huit  heures  du  matin  jusqu’à  six 
heures  du  soir. 

L’entrée  sera  gratuite  pour  les  dames  patronesses, 
pour  les  membres  du  jury  et  pour  les  exposants. 

Toutes  autres  personnes  payeront  un  droit  d’en  - 
trée de  0L25. 

— Dans  notre  dernière  chronique,  nous 
avons  annoncé  la  création  d’une  Société 
liorlicole,  vigneronne  et  forestière  dans  le 
département  de  l’Aube.  D’après  un  docu- 
ment qu’on  nous  communique,  cette  nou- 
velle association  serait  le  résultat  d’une  re- 
grettable scission  dans  la  Société  d’horti- 
culture de  ce  département,  qui  existe  depuis 
quinze  ans.  Il  est  toujours  fâcheux  de  voir 
les  hommes  se  diviser.  Nous  soub.aituns  que 
la  Société  d’horticulture  de  l’Aube  ne  se 
laisse  pas  décourager;  dans  un  remarquable 
discours  prononcé  dans  la  séance  du  4-  fé- 
vrier dernier,  son  président,  M.  Le  Drun- 
Dalbanne,  a promis  que  les  services  rendus 
par  cette  association  continueraient  à gran- 
dir. Ce  sera  pour  elle  un  moyen  certain  de 
rappeler  dans  son  sein  les  infidèles  ou  les 
ingrats. 

— Tout  à l’heure,  nous  avons  parlé  des 
associations  horticoles  de  Belgique.  On  sait 
qu’elles  sont  englobées  dans  une  fédération 
qui  n’ôleà  aucune  d’elles  son  initiative  ni  sa 
force  propre;  mais  la  fédération  permet  des 
congrès  et  des  concours  plus  généraux. 
Voici  le  programme  des  questions  mises  au 
concours  pour  1866  et  1867  : 

Première  question,.  — Ecrire  l’histoire  de  l’horti- 
culture en  Belgique;  faire  connaître  les  rapports 
qu’elle  a eus  avec  l’étude  et  les  progrès  de  la  bota- 
nique; la  date  des  principales  introductions  dans 
notre  pays;  les  explorations  faites  par  des  Belges; 
la  fondation  et  l’histoire  des  principaux  établisse- 
ments d’horticulture;  et  terminer  par  un  aperçu 
général  de  l’état  actuel  de  l’horticulture  dans  le 
royaume . 


Deuxième  question.  — La  composition  et  l’ana- 
lyse des  sols  arables,  particulièrement  des  terres 
employées  en  jardinage,  telles  que  terre  de  bruyère, 
hoschqromU  terreau,  humus,  compost,  etc. 

Troisième  question.  — On  demande  un  travail 
sur  la  construction  des  serres,  l’exposé  des  princi- 
pes généraux  de  cette  matière,  comprenant  toutes 
les  indications  sur  l’Exposition,  la  nature  des  ma- 
tériaux, la  forme  générale,  l’architecture,  les  systè- 
mes de  chauffage,  etc.,  des  différentes  catégories  de 
S6rrcs 

Quatrième  question.  — La  culture  maraîchère, 
la  production  des  primeurs  et  celle  des  champi- 
gnons sont  susceptibles  de  s’étendre  et  de  s’amélio- 
rer en  Belgique,  non-seulement  en  vue  de  la  con- 
sommation intérieure  du  pays,  mais  encore  en  vue 
de  l’exportation.  On  demande  d’indiquer  les  moyens 
et  les  connaissances  spéciales  nécessaires  pour  arri- 
ver à ce  double  but . 

Cinquième  question.  — La  théorie  des  engrais  et 
celle  des  assolements  méritent  une  étude  des  plus 
ap})rofondies;  ces  deux  sciences,  si  nécessaires  en 
agriculture,  sont  d’une  utilité  non  moins  contestée 
en  culture  maraîchère.  On  demande  d’indiquer  les 
moyens  de  réparer  les  pertes  du  sol  épuisé  par  des 
récoltes  successives,  en  y suppléant  par  la  combi- 
naison des  nouveaux  principes  de  fécondité  que  la 
science  met  à la  disposition  du  maraîcher,  et  d’in- 
diquer en  même  temps  un  ordre  de  succession  de 
légumes  qui  permette  de  fatiguer  le  sol  le  moins 
possible  et  de  pouvoir  faire  un  grand  nombre  de 
récoltes  sur  le  même  terrain. 

Sixième  question.  — Ecrire  l’histoire  et  la  mo- 
nographie botanique  et  horticole  d’un  groupe  na- 
turel (genre  ou  famille)  de  plantes  assez  générale- 
ment cultivées  en  Belgique.  Le  choix  du  groupe  est 
laissé  aux  concurrents  à l'exclusion  de  ceux  qui  ont 
déjà  été  traités  dans  les  bulletins  de  la  fédération. 

Septième  question.  — De  l’influence  réciproque  du 
sujet  et  de  la  greffe. 

Huitième  question.  — Donner  l’histoire  naturelle 
et  horticole  des  animaux  nuisibles  que  l’on  rencon- 
tre dans  les  serres,  tels  que  les  fourmis,  pucerons, 
acares,  etc.,  et  discuter  les  moyens  proposés  pour 
les  détruire  ou  pour  remédier  à leurs  ravages. 

Neuvième  question.  — Décrire  les  maladies  aux- 
quelles le  sapin  est  exposé  en  Belgique,  spéciale- 
ment celles  qui  sont  provoq\iées  par  les  insectes  ou 
par  des  crytogames,  et  faire  connaître  les  meilleurs 
moyens  pour  les  combattre. 

Dixième  question.  — Déterminer,  par  un  bon 
exposé  et  une  discussion  sommaire  des  faits  connus, 
l’état  actuel  de  nos  connaissances  sur  les  rapports 
de  l’azote  à l’état  simple  ou  de  combinaison  avec  la 
végétation. 

Onzième  question.  — On  demande  un  manuel 
pratique  de  la  culture  forcée  des  plantes  d’agrément, 
accompagné  d’une  dissertation  sur  l’état  actuel  de 
nos  connaissances  en  physiologie  végétale  concer- 
nant les  floraisons  anticipées. 

Douzième  question.  — Ecrij-e  la  monographie  bo- 
tanique et  horticole  des  Fougères  cultivées  en  Bel- 
gique. 

Treizième  question.  — Ecrire  la  monographie  bo- 
tanique et  horticole  des  Conifères  susceptibles  de 
constituer  en  Belgique  des  essences  forestières. 

Quatorzième  question.  — Un  demande  un  traité 
de  l’emploi  des  engrais  dans  la  culture  des  plantes 
d’agrément. 

Quinzième  question.  — On  demande  une  discus- 
sion théorique  et  pratique  des  meilleurs  renseigne- 
ments connus  sur  le  chauffage  des  serres  et  subsi- 
diairement sur  leur  aérage  et  leur  ventilation. 

Seizièîiie  question.  — Apprécier  l’œuvre  pomolo- 
gique  de  Van  Mous  et  donner  un  résumé  de  ses 
travaux  et  de  ses  opinions,  avec  les  indications  bi- 
bliographiques nécessaires  pour  la  connaissance 
exacte  et  complète  des  écrits  et  des  fruits  qu’il  a 
produits.  . , 

Dix-septième  question.  — On  demande  un  traite 
des  maladies  du  Poirier  en  Belgique. 

Dix-huitième  question.  — On  demande  un  travail 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (REUNIÈME  QUINZAINE  DE  FÉVRIER). 


sur  l’ascension  de  la  sève,  la  cause,  la  nature,  la 
force,  la  vitesse  de  ce  mouvement. 

Les  dispositions  pour  prendre  part  à ces 
Concours  sont  les  suivantes  : 

Art.  XXVIII.  Des  prix  d’une  valeur  de  100  à 500  fr., 
consistant  en  médailles  ou  une  somme  d’argent, 
sont  affectés  à chacune  des  questions  du  concours, 

Art.  XXX.  Les  réponses  aux  questions  seront  ju- 
gées par  une  commission  de  trois  membres  nommés 
par  le  comité  directeur  de  la  fédération. 

Art.  XXXI.  Ne  sont  admis  pour  le  concours  que 
les  ouvrages  et  les  planches  manuscrits. 

Art.  XXXII.  Les  auteurs  des  réponses  aux  ques- 
tions des  concours  ne  mettent  pas  leur  nom  à ces 
ouvrages,  mais  seulement  une  devise,  qu’ils  répètent 
dans  un  billet  cacheté  renfermant  leur  nom  et  leur 
adresse.  Ceux  qui  se  font  connaître,  de  quelque 
manière  que  ce  soit,  ainsi  (iue  ceux  dont  les  mémoi- 
res sont  remis  après  le  ternie  prescrit,  sont  exclus 
du  concours;  les  réponses  doivent  être  écrites  lisi- 
blement en  français  ou  en  flamand;  elles  devien- 
nent, par  le  fait  de  leur  envoi,  la  propriété  de  la 
fédération  et  restent  déposées  dans  les  archives; 
toutefois,  les  auteurs  ont  droit  gratuitement  à cent 
exemplaires  de  leur  travail,  quand  l’impression  en 
a été  votée  par  l’assemblée  générale. 

Les  auteurs  des  mémoires  couronnés  conservent 
le  droit  de  publier  une  édition  particulière  de  leur 
ouvrage. 

Les  mémoires  en  réponse  aux  questions  doivent 
être  adressés,  francs  de  port,  avant  le  15  octobre 
1866,  à M.  A.  Royer,  président  de  la  fédération,  à 
Namur,  ou  à M.  Ed.  Morren,  secrétaire,  à Liège. 

L’accusé  de  réception  paraîtra  au  Monileur  belge. 

La  fédération  a décidé  que  toutes  les  questions 
auxquelles  il  n’aura  pas  été  répondu  au  15  octobre 
1866,  sont  maintenues  au  concours  pour  1867. 

La  Fédération  des  Sociétés  d’horticulture 
a décidé  que  les  quesdons  portées  au  pro- 
gramme du  Congrès  horticole  de  Bruxelles, 
en  1864,  formeraient  un  Concours  extraor 
dinaire.  Toutes  les  conditions  générales 
relatives  aux  concours  ordinaires  de  la  Fé- 
dération sont  également  applicables  cà  celui- 
ci.  Cependant  les  questions  étant  ici  peu 
définies,  la  plus  grande  latitude  est  laissée 
aux  concurrents.  La  Fédération,  au  lieu 
d’ouvrir  un  Concours  proprement  dit,  adresse 
plutôt  un  appel  à tous  les  savants  et  à tous 
les  horticulteurs  pour  les  engager  à lui 
faire  des  communications  relatives  aux 
questions  déjà  soumises  au  Congrès. 

Les  mémoires  peuvent  être  envoyés  en 
tout  temps  au  secrétariat  de  la  Fédération, 
à Liège.  Ils  peuvent  être  signés.  Voici  le 
programme  de  ce  Concours  : 

I.  Acclimatation,  naturalisation,  domestication  des 
végétaux. 

_ II.  Hybridap'on,  croisements  et  fécondations  artifi- 
cielles en  général;  caractères  des  hybrides  ;leur  stéri- 
lité ; leur  polymorphisme,  conservation  du  pollen,  etc. 

III.  Théorie  delà  variation  des  espèces  ou  de  l’o- 
rigine des  variétés  et  des  races.  — Théorie  de  Van 
Mous,  de  Vilmorin  et  autres.  — Réforme  dans  la 
nomenclature  des  variétés. 

IV.  De  la  dynamique  des  végétaux  et  des  phé- 
nomènes périodiques  de  la  végétation.  — Intluence 
de  la  température  sur  la  germination,  la  feuillaison, 
la  floraison  et  la  fructilicaliou  des  végétaux.  Des 
floraisons  anticipées  (forcées)  et  intempestives  (re- 
montantes et  autres). 

V.  Alimentation  végétale.  Rôle  de  l’atmosphère  : 
influence  des  azotates,  de  l’ammoniaque,  des  phos- 
phates. Théorie  des  engrais,  des  composts,  etc. 


85 

VI.  Esthétique  florale  : du  beau  dans  les  fleurs 
simples  et  doubles.  — Harmonie  des  couleurs. 

VIL  Colaration  des  plantes.  — De  la  panachure 
(variegatio)  e'  du  dimorphisme  qui  en  est  la  consé- 
quence. La  panachure  est-elle  héréditaire  par  le 
semis  et  contagieuse  par  la  greffe? 

VIII.  Histoire  de  l’horticulture.  — Documents  his- 
toriques; biographies;  explorations;  voyages;  in- 
troductions; rectifications. 

IX.  L’humidité,  l’eau,  sont-elles  absorbées  direc- 
tement par  le  feuillage  ? 

X.  Pathologie  végétale;  maladie  des  plantes;  re- 
mèdes. 

XI.  Insectes  et  autres  animaux  nuisibles;  leur 
destruction. 

XII.  Architecture  des  jardins  ; caractères  du  style 
actuel. 

En  présence  de  ces  nombreux  sujets  pour 
lesquels  des  prix  relativement  considérables 
sont  proposés,  nous  n’avons  à citer  que  la 
question  suivante,  mise  au  concours  par 
notre  Société  centrale  d’horticulture  dans 
ces  termes: 

Au  commencement  de  l’année  1864,  la  Société 
impériale  et  centrale  d’horticulture  avait  mis  au 
concours  l’étude  du  bouturage  considéré  aux  prin- 
cipaux points  de  vue  sous  lesquels  il  peut  être  en 
visagé.  Une  médaille  d’or,  de  la  valeur  de  300  fr., 
devait  être  le  prix  du  concours,  et  le  termie  de  ri- 
gueur pour  la  présentation  des  mémioires  était  le 
31  décembre  1865.  Aucun  mémoire  n’ayant  été 
présenté  à cette  date  , le  conseil  d’administration  a 
craint  que  le  temps  n’eût  manqué  aux  concurrents 
pour  mener  à bonne  fin  les  expériences  et  les  ob- 
servations qu’ils  voulaient  prendre  pour  base  de 
leurs  travaux;  considérant,  d’un  autre  côté,  que  la 
question  proposée  en  1864  est  l’une  de  celles  qui 
intéressent  le  plus  directement  l’horticulture,  il  a 
pensé  qu’il  convenait  de  la  conserver  comme  sujet 
de  prix  et,  par  conséquent,  d’accorder  aux  personnes 
qui  auraient  commencé  à en  faire  l’objet  de  leurs 
études  un  délai  pendant  lequel  elles  pussent  les 
terminer.  Il  a donc  prorogé  jusqu’au  31  décem.bre 
1867  le  concours  ouvert  sur  cette  question  formulée 
de  la  manière  suivante  : 

« Exposer,  eu  s’appuyant  sur  des  observations 
précises,  l’histoire  du  bouturage  considéré  aux 
points  de  vue  : 

« 1°  De  l’influence  qu’exercent  sur  la  reprise 
l'humidité,  la  chaleur,  le  sol,  la  lumière  et  l’air; 

« 20  rapport  qui  existe  entre  le  temps  nécessaire 
pour  la  reprise  et  le  degré  de  lignification  de  la  bou- 
ture, la  nature  de  ses  sucs  laiteux,  résineux  ou  non,  etc. 

« 30  Des  points  sur  lesquels  se  développent  les 
racines  et  du  mode  de  développement  de  celles-ci.  » 

Le  prix  sera  une  médaille  d’or  de  la  valeur  de 
300  francs. 

Les  mémoires  pourront  ôtre  présentés  jusqu’au 
31  décembre  1867,  au  siège  de  la  Société,  rue  de 
Grenelle-Saint-Germain,  84. 

Ils  devront  être  écrits  en  français. 

Les  noms  des  auteurs  seront  luis  ^sous  pli  cacehté 
portant  pour  suscription  l’épigraphe  inscrite  en  tête 
du  travail. 

— Notre  chronique  est  déjà  bien  longue 
et  nous  aurions  maintenant  à insérer  un  as- 
sez grand  nombre  de  lettres  sur  diverses 
questions  de  polémique.  Nous  devons  les 
ajourner,  eu  plaçant  seulement  ici  deux 
communications  tout  à fait  actuelles.  L’une 
est  relative  à un  nouveau  Géranium,  que 
M.  Victor  Didier  décrit  en  ces  termes  : 

« Monsieur, 

« Je  vous  prie  de  faire  connaître ’aux  ama- 
teurs de  belles  et  bonnes  plantes  le  Géranium 
zonal  Gloire  des  forges  d’Abainville,  nouvelle 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  FÉVRIER). 


variété,  provenant  de  mes  cultures,  qui  sur- 
passe de  beaucoup  la  plupart  des  semis  nou- 
veaux mis  au  commerce  ces  années-ci.  C’est  un 
semis  de  1863,  que  j’ai  tenu  secret  jusqu’au- 
jourd’hui; ce  n’est  qu’à  la  suite  de  plusieurs 
voyages  horticoles  que  j’ai  faits  cette  année, 
que  j’ai  reconnu  toute  la  valeur  de  ma  plante 
comparativement  à ce  que  j’ai  vu  de  beau  et  bon 
en  Géraniums. 

« Voilà  les  caractères  de  mon  gain  : 

((  Plante  ne  dépassant  pas  ü”.30  à 0^.40 
de  haut,  suffisamment  vigoureuse  et  très- 
ramifiée.  Branches  au  nombre  de  5 à 7,  d’égale 
longueur  et  d’égale  force,  ne  s’emportant 
jamais.  Feuilles  mesurant  0”.08  dans  leur  plus 
grande  largeur;  d’un  vert  ga\  avec  une 
large  zone  brune.  Fleurs  de  forme  parfaite,  por- 
tées sur  un  pédoncule  gros  et  fort  dépassant  la 
plante  de  quelques  centimètres;  pétales  assez 
courts  et  très-larges  d’un  rose  tout  particulier, 
d’un  éclat  extraordinaire  et  d’un  effet  sur  les 
gazons  impossible  à décrire. 

« La  plante  est  rustique,  et  d’une  floraison 
continue,  sans  interruption  aucune.  Je  ne  pon- 
nais  pas  de  variété  aussi  florifère  et  aussi  re- 
montante. La  fleur  résiste  parfaitement  aux 
pluies  et  autres  intempéries. 

« En  un  mot,  c’est  une  plante  de  premier  mé- 
rite et  de  premier  choix  pour  la  culture  en  pol 
et  en  pleine  terre. 

((  Les  pétales  de  la  fleur  se  tachent  par  mo- 
ments de  petits  points  du  blanc  le  plus  pur,  et 
que  l’on  pourra  probablement  fixer  en  travail- 
lant la  plante. 

« Le  Géranium  Gloire  des  Forges  d’Âbain- 
ville  se  trouve  multiplié  de  manière  à me  per- 


mettre d’en  céder  à un  prix  modéré  aux  per- 
tonnes  qui  m’en  feraient  la  demande  par  lettre 
affranchie;  ou  mieux  encore,  j’en  céderais  la 
propriété  en  toute  garantie,  sur  demande  faite 
avant  le  15  mars. 

((  Àorréez,  etc.  « Victor  Didier, 

O 7 

« Jardinier  chef  aux  Forges  d’Abainville  (Meuse)  » 

L’autre  communication  est  une  protesta- 
tion d’un  de  nos  collaborateurs  M.  d’Auyers, 
relative  à un  article  qui  lui  a été  attribué 
dans  le  Bulletin  d’une  Société  d’horticul- 
ture. Cette  protestation  est  ainsi  conçue  : 

Fontainebleau,  16  février  1866. 

€ Monsieur  le  Directeur, 

« Je  viens  invoquer  la  publicité  de  votre  ex- 
cellent journal,  pour  lépudier  la  paternité 
d’un  article  sur  la  culture  de  l’Igname,  inséré 
sous  mon  nom,  dans  le  17e  bulletin  de  la  So- 
ciété d’horticulture  de  Melun  et  Fontainebleau, 

« Cet  article,  qui  n’est  ni  la  reproduction 
textuelle,  ni  l’analyse  fidèle  d’un  petit  travail 
que  j’ai  fait  sur  ce  sujet,  a été  publié  sans 
m’avoir  été  communiqué.  Je  décline  donc  for- 
mellement la  responsabilité  des  erreurs  et  de.s 
non-sens  qu’il  contient,  et  que  je  n’ai  pu  ni 
signaler,  ni  corriger. 

« Veuillez  agréer,  etc.  « E.  d’Auvers.» 

Nous  publierons  dans  notre  prochaine 
chronique  des  lettres  de  MM.  Boisbunel, 
Pigeaux , Buchetet , Bossin  et  de  Liron 
d’Airoles.  Nous  prions  nos  collaborateurs 
de  nous  excuser  de  les  faire  attendre. 

J.  A,  Barral. 


CULTURE  DES  VERVEINES  COMME  PLANTES  ANNUELLES. 


Depuis  trois  ou  quatre  ans  les  Verveines 
(Verbena  melindrys)  ont  été  atteintes  dans 
tous  les  jardins  d’une  maladie  qui  a consi- 
dérablement atténué  le  développement  et 
la  vigueur  de  ces  charmantes  plantes  et  qui 
eu  a même  détruit  un  très-grand  nombre. 
Cette  maladie  a été  occasionnée  par  ce  que 
l’on  nomme  vulgairement  le  blanc,  espèce 
de  Champignon  qui  se  développe  sur  les 
tiges  et  les  feuilles  de  la  Verveine,  et  quia 
beaucoup  d’affinités  avec  celui  que  l’on  re- 
marque fréquemment  sur  les  feuilles  et  les 
jeunes  rameaux  du  Pêcher.  Malgré  tous  les 
moyens  qui  ont  été  employés  pour  le  dé- 
truire ou  le  combattre,  on  n’a  pu  obtenir 
sur  les  Verveines  qu’une  végétation  chétive 
et  des  fleurs  de  petite  dimension. 

M,  Ilélye,  l’un  des  chefs  jardiniers  du 
Muséum  d’histoire  naturelle,  a eu  l’idée, 
pour  régénérer  cette  jolie  plante,  de  semer 
ses  graines  en  pleine  terre  au  mois  de  mars 
et  de  traiter  les  Verveines  comme  les  plantes 
annuelles,  soit  en  les  laissant  en  place,  soit 
en  les  repiquant  en  lignes  ou  en  plates- 
bandes.  Elles  ont  produit  un  très-bel  effet 
pendant  une  partie  de  l’année,  par  le  grand 
nombre  de  leurs  fleurs  qui  se  sont  succédées 
jusqu’aux  premières  gelées. 


C’est  ordinairement  au  mois  de  mars  que 
M.  Hélye  sème  ses  graines  de  Verveines.  En 
1865,  la  saison  n’ayant  pas  permis  de  les 
semer  à cette  époque,  il  ne  put  faire  cette 
opération  que  dans  la  première  quinzaine 
du  mois  d’avril,  et  l’on  a pu  remarquer  dans 
le  fleuriste  du  Muséum,  depuis  juillet  jus- 
qu’en novembre,  l’effet  que  produisaient  ses 
planches  de  Verveines  qui  n’ont  cesse 
d’être  couvertes  d’innombrables  fleurs  d’en- 
viron vingt-cinq  à trente  variétés  de  cou- 
leurs différentes. 

Les  graines  de  Verveines  doivent  être  se- 
mées en  terre  légère  et  surtout  bien  ter- 
reautée  ; les  plantes  demandent  une  exposi- 
tion bien  aérée  et  chaude,  des  arrosements 
assez  fréquents  pendant  les  journées  de 
chaleur. 

Par  le  procédé  de  la  culture  des  plantes 
annuelles  on  obtient  une  végétation  très- 
vigoureuse  et  des  fleurs  beaucoup  plus 
grandes  que  celles  des  mêmes  plantes  culti- 
vées en  pots.  Les  graines  sont  abondantes, 
bien  conformées,  et  les  plants  n’ont  eu  jus- 
qu’à ce  jour  aucune  trace  de  maladie. 

Les  variétés  de  Verveines  sont  vivaces 
comme  le  type  d’où  elles  sont  issues.  On 
cultive  dans  les  jardins  comme  plantes  an- 


CULTURE  RES  VERVEINES  COMME  PLANTES  ANNUELLES. 


nuelles certaines  plantes  vivaces  qui, comme 
les  Verveines,  donnent  des  fleurs  beaucoup 
plus  belles  la  première  année  du  semis  que 
la  seconde.  Il  en  est  ainsi  des  variétés  de 
Ricins  , qui  deviennent  de  véritables  arbres 
atteignant,  dans  de  certaines  régions,  plu- 
sieurs mètres  d’élévation,  et  que  nous  cul- 


87 

tivons  dans  nos  jardins  comme  plantes  an- 
nuelles. Mais  en  transformant  ainsi  les  Ver- 
veines en  plantes  annuelles,  M.  Hélye  a eu 
seulement  pour  but  de  sauver  ces  plantes 
de  la  maladie  qui  les  avait  envahies  et  d’ob- 
tenir par  cette  culture  des  plantes  vigoureu- 
ses et  une  abondante  floraison.'  pépin. 


BIBLIOGRAPHIE  HORTICOLE. 


L’Arboriculture  fruitière,  théorie  et  pratique,  par 
M.  Gressent,  1 vol.  in-12  de  562  pages  avec  234 
figures,  3e  édition,  prix,  6 francs.  — Librairie 
Coin,  et  chez  fauteur,  à Orléans. 

L’enseignement  de  M.  Gressent  est  très- 
justement  devenu  populaire  en  France. 
Depuis  que  Factif  professeur  s’est  voué,  et 
par  la  parole  et  par  l’exemple,  à la  grande 
cause  du  progrès  horticole,  l’arboriculture 
fruitière  et  la  culture  des  légumes  ont  rapi- 
dement avancé,  et  là  où  l’une  se  pratiquait 
d’une  façon  barbare,  et  l’autre  était  nulle, 
aujourd’hui  elles  se  font  toutes  deux  d’une 
manière  ingénieuse  et  sont  établies  sur  une 
grande  échelle. 

Il  fallait  pour  cela  toute  l’ardeur  et  toute 
la  foi  de  M.  Gressent,  qui  s’est  fait  l’apôtre 
de  ces  deux  branches  delà  science  horticole, 
et  combat,  par  la  théorie  comme  par  la 
pratique,  toutes  les  routines  de  l’ancien 
temps. 

Avant  d’écrire  son  excellent  traité  sur 
V Arboriculture  fruitière,  M.  Gressent  avait 
longtemps  étudié,  expérimenté  et  enseigné. 
Ce  n’est  que  vivement  pressé  par  ses  nom- 
breux auditeurs  de  toutes  les  contrées  de 
France,  et  qu’à  force  de  prières,  qu’il  a 
réuni  en  un  volume  ses  instructions  si 
nettes  et  si  claires. 

La  culture  que  recommande  et  qu’en- 
seigne l’honorable  professeur  peut  s’appeler 
la  culture  intensive  des  arbres  fruitiers. 
C’est  lui-même  cjui  le  dit.  En  effet,  depuis 
que  ses  disciples  appliquent  toutes  les  théo- 
ries et  essayent  la  pratique  de  M.  Gressent, 
les  résultats  obtenus  sont  très-remarquables 
et  très-encourageants  pour  l’avenir. 

Nous  n’avons  pas  besoin  d’analyser  ici  le 
livre  de  M.  Gressent  sur  V Arboriculture 
fruitière.  La  plupart  de  nos  lecteurs  le  con- 
naissent ou  pour  l’avoir  étudié,  ou  pour 
avoir  assisté  à l’enseignement  du  profes- 
seur soit  à OrUans,  à Beauvais,  à Château- 
roux,  à Etaippes,  àBeaugency,  etc.,  soit  dans 
des  jardins  particuliers,  car  partout  où  il  y 
a à plaider  pour  la  cause  du  progrès, 
M.  Gressent  arrive,  répand  son  enseigne- 
ment, et  sans  trêve  ni  repos,  va  recommen- 
cer plus  loin. 

Le  livre  de  M.  Gressent,  après  avoir 
traité  du  jardin  fruitier,  là  où  est  le  véri- 
table avenir  de  l’arboriculture  et  de  sa  ri- 
chesse, n’a  pas  voulu  omettre  le  verger 


dans  cette  édition,  « afin  d’éviter  d’incessan- 
tes écoles  aux  propriétaires  et  de  les  mettre 
à même  de  se  créer  un  nouveau  revenu  avec 
le  verger.  » 

Nous  trouvons  dans  un  des  chapitres  du 
volume  une  excellente  définition  du  verger 
et  du  jardin  fruitier  que  l’on  confond  sou- 
vent dans  les  conversations. 

c(  Le  jardin  fruitier  est  destiné  à produire 
les  fruits  les  plus  beaux  et  les  plus  rares, 
des  fruits  de  table  en  un  mot.  Tous  les  ar- 
bres sont  soumis  à la  taille  et  à des  formes 
régulières,  susceptibles  de  porter  un  abri. 
— Le  verger  est  un  champ  clos  dans  lequel 
on  cultive  des  arbres  à haute  tige  seulement, 
avec  les  gros  légumes,  un  fourrage  ou  des 
arbres  à fruit  uniquement.  » 

L’un  est  la  culture  intensive  ; le  second 
est  la  culture  extensive  des  arbres  fruitiers. 

Toutes  les  démonstrations  de  M.  Gressent 
sont  nettes  comme  ses  définitions,  et  qu’on 
le  lise  et  qu’on  l’entende,  on  ainif^ra  tou- 
jours à appliquer  son  enseignement. 


Le  Potager  moderne,  1 vol.  in-12  de  460  pages  avec 

64  figures  explicatives,  par  M.  Gressent.  Prix, 

6 francs.  — Chez  Coin,  à Paris,  et  chez  l’auteur,  a 

Orléans. 

Ce  traité  de  M.  Gressent  est  de  date  plus 
récente.  Il  est  venu  combler  une  lacune  que 
les  grands  propriétaires,  comme  les  loca- 
taires de  petits  jardins,  se  réjouissent  de 
voir  remplie  désormais.  « Le  Potager  mo- 
derne est  appelé  à opérer  dans  le  potager 
ancien,  dit  l’auteur  dans  sa  préface,  la 
révolution  que  V ArboîHculture  fruitière  a 
accomplie  dans  la  culture  des  arbres  a 
fruits.  Simplification  des  cultures,  économie 
de  main-d’œuvre  et  d’engrais,  augmentation 
considérable  des  produits,  tel  est  le  but  qui 
sera  facilement  obtenu  avec  le  Potager 
moderne,  livre  émettant  des  idées  neuves, 
enseignant  aussi  une  culture  neuve,  mais 
facile,  et  dont  les  effets  sont  sanctionnés  par 
une  expériei^e  de  plusieurs  années.  Le  Po- 
tager moderne  ne  traite  pas  de  la  culture 
des  légumes  au  point  de  vue  de  la  spécula- 
tion. Son  but  n’est  pas  de  former  des  mar- 
chands de  légumes,  mais  d’apprendre  à tous 
à retirer  de  leurs  jardins  une  abondante  ré- 
colte, d’excellents  produits  à un  prix  infé- 
rieur à celui  du  marché,  quand  toutefois  les 


88 


BIBLIOGRAPHIE  HORTICOLE. 


frais  ne  seront  pas  encore  diminués  par  la 
vente  de  l’excédant  des  produits. 

M.  Gressent  commence  par  placer  en  de- 
hors de  l’examen  de  la  culture  des  légumes  : 
jo  la  culture  des  maraîchers  de  Paris  et  des 
grandes  villes  deFrance;  2®  celles  des  pota- 
gers de  châteaux. 

Il  a fait  son  livre  pour  ceux  qui  ne  savent 
pas  et  qui  vivent  loin  des  grands  centres  de 
population.  Le  Potager  moderne,  en  effet, 
rendra  de  grands  services  au  peiit  locataire, 
au  fermier,  au  presbytère,  aux  communau- 
tés, aux  instituteurs,  aux  employés  des  gares 
et  des  stations  de  chemins  de  fer,  aux  mili- 
taires dans  les  camps,  qui  établissent  main- 
tenant des  jardins. 

Cet  ouvrage  se  divise  en  quatre  parties. 
La  première  expose  la  situation  de  ce 
qui  est  en  disant  ce  qui  devrait  être. 
Elle  démontre  comme  il  faut  s’y  pren- 
dre pour  créer  un  potager,  et  donne  des 
instructions  utiles  sur  le  plan,  la  prépara- 
tion du  sol,  l’emploi  des  engrais.  La  se- 
conde partie  est  consacrée  aux  cultures 
générales,  et  la  troisième  aux  cultures  spé- 
ciales. La  quatrième  et  dernière  partie  ra- 
conte et  prévoit  les  insuccès  que  l’on  peut 
encourir,  et  dévoile  aux  yeux  du  lecteur 
les  maladies,  les  insectes,  les  intempéries 
des  saisons,  tous  les  ennemis,  en  un  mot, 
qu’on  aura  à combattre,  soit  qu’ils  viennent 
du  ciel,  de  la  terre,  ou  des  plantes  elles- 
mêmes.  Les  dernières  pages  de  ce  traité  ré- 
sument mois  par  mois  les  travaux  du  pota- 
ger. Le  praticien  qui  commence  n’aura  qu’à 
suivre  pas  à pas  les  indications  et  les  con- 
seils de  M.  Gressent.  S’il  trébuche  en  route, 
qu’il  ne  se  décourage  pas.  Derrière  lui,  il 
sentira  toujours  une  main  qui  le  soutiendra, 
et  s’il  tombe,  l’expérience  de  M.  Gressent 
viendra  bientôt  le  relever. 


Les  Fleurs  de  pleine  terre,  par  MM,  Vilmorin- 
Andrieux,  2e  édition,  1 vol.  de  1,300  pag.,  prix  : 

7 fr,  — Chez  les  auteurs. 

Le  goût  des  jardins  s’est  tellement  déve- 
loppé aujourd’hui  dans  les  villes  comme  cà 
la  campagne,  qn’un  livre  donnant  unique- 
ment la  description  et  la  culture  des  fleurs 


de  pleine  terre,  vivaces  et  annuelles,  était 
devenu  indispensable.  Le  public  qui  crée 
des  jardins  ou  des  squares  dans  ses  pro- 
priétés demandait  qu’on  lui  indiquât  l’em- 
ploi et  l’époque  de  la  floraisan  de  ces  plan- 
tes, et  qu’on  lui  donnât  quelques  notions 
claires  et  simples  sur  rornementation  des 
parterres.  Nulle  n’était  plus  apte  â faire 
cet  ouvrage  que  l’illustre  maison  Yilmorin- 
Andrieux.  Tout  le  monde  s’y  est  mis,  et  elle 
a signé  de  sa  Raison  sociale  \e\o\mne  dont 
nous  parlons,  et  qui  en  est  â sa  deuxième 
édition. 

Une  description  soignée  donne  une  idée 
suffisante  du  port,  de  la  conformation,  de 
la  forme,  de  la  dimension  et  de  la  couleur 
des  plantes.  Les  noms  vulgaires  et  l’étymo- 
logie ' des  termes  scientifiques  accompa- 
gnent chaque  description.  A la  fin  de  l’ou- 
vrage, sous  forme  de  vocabulaire,  le  lec- 
teur trouvera,  en  outre,  en  anglais,  en  al- 
lemand, en  espagnol,  en  italien  et  en  por- 
tugais, les  noms  des  principales  plantes 
qui  ont  une  dénominatian  dans  ces  diffé- 
rentes langues. 

Les  auteurs  ne  se  sont  pas  restreints  à 
décrire  les  plantes  annuelles  et  vivaces,  qui 
sont  dans  le  commerce,  ils  ont  placé  â côté 
celles  qui  donnent  rarement  des  graines  ou 
qui  n’en  donnent  pas.  Aussi  aux  plantes  vi- 
vaces, â racines  fibreuses,  ont-ils  été  obli- 
gés d’ajouter  celles  à racines  tubéreuses  et 
les  plantes  bulbeuses. 

Dans  les  plans  de  jardins,  placés  â la  fin 
de  l’ouvrage,  les  meilleures  dispositions  de 
massifs  de  fleurs  et  leur  succession  pen- 
dant le  cours  d’une  saison  sont  données 
avec  soin,  et  d’après  des  renseignements 
pris  aux  endroits  connus  du  public.  Dans 
un  chapitre  intitulé  Plantes  aquatiques^  les 
auteurs  ont  donné  une  liste  étendue  des 
plantes  pour  les  aquariums  qui  se  multi- 
plient chaque  jour  et  dans  les  serres  et  dans 
les  salons. 

Le  volume  se  termine  par  un  diction- 
naire de  termes  techniques  dont  la  significa- 
tion n’est  pas  assez  connue  du  public  pour 
que  la  maison  Vilmorin-Andrieux  ait  pu 
croire  pouvoir  employer  sans  donner  leur 
1 explication.  Georges  Barrae. 


LES  AUCUBAS. 


Il  iTest  assurément  aucun  de  nos  lecteurs 
qui  ne  connaisse  YAucuha  Japonica^  ce  bel 
arbuste  â feuilles  persistantes,  qui,  comme 
son  nom  l’indique,  est  originaire  du  Japon. 
Mais  ce  que  beaucoup  ignorent  peut-être,  et 
que  nous  devons  leur  dire,  c’est  que  l’Au- 
cuba  est  dioïque,  c’est-à-dire  que  les  fleurs 
femelles  ne  sont  pas  placées  sur  les  mêmes 
pieds  que  les  fleurs  mâles,  de  sorte  que, 
comme  à peu  près  toujours  les  deux  sexes 


sont  indispensables  à la  production  des  grai- 
nes, et  que  jusqu'à  ces  dernières  années  on 
ne  possédait  en  Europe  que  des  individus 
femelles,  on  ne  pouvait  non  plus  obtenir 
aucune  variété.  On  en  avait  pourtant  obtenu 
une,  VAucuba  Japonica  latimaculata,  qui 
était  le  produit  d’un  accident.  Aujourd’hui 
il  n’en  est  plus  ainsi  et  grâce  aux  relations 
qui  tendent  à s’établir  de  plus  en  plus-entre 
l’Europe  et  le  Japon , on  possède  dans  les 


[ÆS  AUCllBAS. 


89 


cultures  une  douzaine  de  variétés  parmi  les- 
quelles il  y a des  mâles  et  des  femelles,  de 
sorte  que , bien  que  ces  variétés  soient  en- 
core très-petites,  beaucoup  d’individus  sont 
déjà  couverts  de  fruits. 

Nous  allons  donner  une  énumération  suc- 
cincte de  toutes  les  variétés  iVAucuba  que 
possède  aujourd’hui  l’horticulture,  en  com- 
mençant par  la  variété  européenne  : 

Alt  cuba  Japonica  latmaculata  (femelle).  — 
Cette  variété  se  distingue  du  type  par  ses  feuilles 
souvent  plus  grandes  et  alors  un  peu  chagrinées, 
bulbées,  marquées  irrégulièrement  de  grandes 
taches  d’un  jaune  pâle  ou  blanchâtre.  Elle  est 
très-inconstante. 

Aiicuba  Japonica  bicolor  (mâle).  — Feuilles 
grandes,  portant  au  centre,  près  de  la  nervure 
médiane,  une  très-large  tache  jaunâtre.  Plante 
très-vigoureuse. 

Aiicuba  Japonica  picta^  Siehold;  Aucuba 
Japonica  limbata,  Standish  (femelle).  — Feuil- 
les bordées  de  jaune.  Cette  variété  est  très- 
constante;  elle  conserve  ses  panachures  qui, 
bien  qu’elles  s’affaiblissent  lorsque  les  feuilles 
vieillissent,  restent  néanmoins  toujours  visibles. 
Il  arrive  fréquemment  aussi  que  les  très-jeu- 
nes feuilles  sont  entièrement  jaunâtres  et  comme 
chlorosées,  particularité  qui  disparaît  bientôt 
pour  ne  laisser  de  jaune  que  le  bord  des  feuil- 
les. 

Aucuba  Japonica  viridis  pygmœa  (femelle). 

— Feuilles  vertes.  Plante  naine,  excessivement 
floribonde, 

Aucuba  Japonica  pygmcca,  Siebold  (mâle). 

— Feuilles  vertes.  Plante  très-naine. 

Aucuba  Japonica  picturata  (mâle).  — Feuil- 
les tourmentées,  vertes,  parfois  marquées  au 
centre  d’une  tachejaune  comme  chez  la  variété 
bicolor. 

Aucuba  Japonica  macrophylla.  — Cette  va- 
riété, obtenue  par  MM.  Thibaut  et  Keteleer,  est 
excessivement  vigoureuse  ; ses  feuilles  coriaces, 
d’un  beau  vert  luisant,  dépassent  parfois  0”^.30 
de  long  sur  12  à 15  de  large  ; elles  sont  large- 
ment, irrégulièrement  et  profondément  den- 
tées. 

Aucuba  Japonica  dentata,  Aucuba  Japonica 
macrophylla  dentata,  Hort.  — Obtenue  comme 
la  précédente  par  MM  Thibaut  et  Kélelèôr, 
cette  variété  est  excessivement  vigoureuse;  ses 
feuilles,  qui  sont  aussi  très-grandes,  sont  ver- 
tes, largement  ovales-elliptiques,  largement  et 
longuement  dentées,  acuminées-cuspidées  au 
sommet  ; à dents  penchées. 

NOUVEAU  TRAITEME 

SUR  LES  ARBRES 

Dans  nos  plantations  d’arbres  fruitiers, 
notre  première  attente  est  la  fructification. 
Tous  nos  soins,  nos  tailles  longues  sur  les 
branches  charpentières,  et  même  la  non- 
taille,  en  sont  une  preuve.  Nous  obligeons 
la  jeune  branche  à produire  des  dards 
courts,  sur  le  tiers  environ  de  sa  longueur. 
C’est  là  notre  première  récolte  et  nos  meil- 


Aucuba  Japonica  ovata,  Siebold  (mâle).  — 
Feuilles  vertes,  courtement  ovales,  parfois  plus 
allongées,  dentées,  souvent  marquées  sur  le 
limbe  de  petites  ponctuations  rondes,  jaunes. 
Feuilles  variables  de  forme. 

Aucuba  Japonica  maculala  (mâle).  — Feuil- 
les grandes,  plus  ou  moins  maculées  ou  piclées 
de  blanc  jaunâtre.  Belle  variété  assez  vigou- 
reuse. _ ' 

Aucuba  Japonica  longifolia^  Standish  (fe- 
melle). — Feuilles  vertes  longuement  et  étroi- 
tement lancéolées-elliptiques,  acuminées-aiguës 
au  sommet,  sensiblement  dentées,  parfois  cour- 
tement surdentées. 

Aucuba  Japonica  angustifolia,  Kételeèr;  Au- 
cuba Japonica  longifoUa,  Veitch.  — Feuilles 
vertes,  très-étroitement  lancéolées,  acuminées- 
aiguës,  à peine  dentées.  Dilfère  de  la  précé- 
dente par  des  feuilles  plus  étroites  et  plus  cour- 
tement dentées. 

Aucuba  Hgmalaïca.  — Feuilles  vertes,  lon- 
gues et  relativement  étroites,  tourmentées, 
irrégulièrement  dentées,  à dents  obtuses. 

Aucuba  Hymala'ica  macrophylla.  — Feuil- 
les vertes,  beaucoup  plus  grandes  que  celles  du 
type. 

Ces  deux  dernières  formes,  sans  aucun 
doute,  appartiennent  au  type  japonais,  dont 
elles  diffèrent  cependant  un  peu  par  leurs 
fruits  plus  longs  et  plus  atténués.  Les  fruits 
des  Auçubas  mûrissent  la  deuxième  année. 

Si  toutes  ces  variétés  A Aucuba  n’ont  pas 
la  même  valeur  ornementale,  toutes  n’en 
sont  pas  moins  dignes  de  figurer  dans  les 
collections,  et  comme  le  mérite  ne  ressort 
que  par  comparaison,  il  est  bon  de  lés  pos- 
séder toutes  afin  de  pouvoir  les  juger.  Tou- 
tes sont  belles  relativement  ; la  supériorité 
n’est  que  le  superlatif,  et  celui-ci  n’existe 
que  dans  le  cas  de  diverses  choses  d’une 
même  section  mais  de  valeur  différente. 

On  trouve  toutes  ces  variétés  chez 
MM.  Thibaut  et  Kételeér  , horticulteurs , 
146,  rue  de  Charonne,  â Paris. 

Nous  ajoutons,  en  terminant,  que  les 
Aucuba  ne  sont  pas  moins  beaux  par  leurs 
fruits  que  par  leurs  feuillles,  et  que  le 
contraste  de  ceux-là  qui  sont  d’un  beau 
rouge,  produit  avec  celui  des  feuilles  un 
effet  des  plus  ravissants. 

Carrière. 


T DES  LAMBOURDES 

FRUITS  A PEPINS. 

leurs  lambourdes,  puisqu’elles  sont  placées 
immédiatement  sur  une  branche,  et  qu’elles 
jouissent  favorablement  des  abris,  si  besoin 
en  est,  selon  les  variétés. 

Mais  ces  sortes  de  productions,  obtenues 
par  les  procédés  en  usage  jusqu’à  ce  jour 
dans  la  conduite  des  arbres  fruitiers,  restent- 
elles  toujours  ainsi  constituées,  et  nous 


90 


NOUVEAU  TRAITEMENT  DES  LAMBOURDES  SUR  LES  ARBRES  A FRUITS  A PERINS. 


donnent-elles  continuellement  des  fruits 
sans  s’allonger  au  delà  des  bourses  anté- 
rieures. Non,  malheureusement.  Les  unes, 
et  ce  sont  celles  du  plus  petit  nombre,  por- 
tent sur  les  bourses  un  ou  plusieurs  dards, 
dont  le  plus  éloigné  commence  le  premier 
à produire  (ce  sont  les  meilleurs  de  l’ancien 
système);  mais  d’autres  ne  possèdent  qu’un 
long  dard,  de  0«‘.06  à 0"‘.08  au  moins, 
comme  sur  le  Bon  Chrétien  d’hiver,  le  Beur- 
ré Diel,  etc.:  et  elles  sont  terminées  par  un 
bouton  à fruit,  tout  en  laissant  au-dessous 
de  celui-ci  une  longue  partie  dénudée  et 
endurcie,  comme  on  peut  le  voir  dans  la 
figure  7 . Le  plus  grand  nombre  de  toutes 
ces  lambourdes,  nées  di- 
rectement sur  la  branche  ou 
sur  des  rameaux,  dévelop- 
pent, non  pas  des  dards, 
mais  bien  des  bourgeons  vi- 
goureux que  nous  sommes 
obligés,  dans  le  traitement 
ordinaire  actuel,  de  pincer  de 
nouveau  à trois  feuilles  à peu 
]irès,  comme  les  rameaux  an- 
térieurs, selon  les  variétés,  à 
tin  de  forcer  cette  lambourde 
à donner  de  nouveaux  fruits. 

C’est  là  une  faute  grave  que 
nous  commettons;  nous  ne 
savons  pas  conserver  ce  que 
nous  avons  obtenu  de  prime- 
abord,  c’est-à-dire  des  lam- 
bourdes composées  de  tissus 
mous  et  devant  rester  telles, 
sans  jamais  reprendre  la  con- 
sistance dure  et  boisée  du 
rameau.  Aussi,  de  celte  er- 
reur, il  résulte  tout  naturel- 
lement qu’une  déviation  de 
sève  a lieu  aux 
dépens  de  la 
fructification, 
du  prolonge- 
ment de  la  char- 
pente, et  de  l’a- 
bandon sur  les 
brindilles  nées 
des  parties  infé- 
rieures de  l’arbre 
comme  l’a  fait  si 
bien  remarquer 
notre  savant  pro- 
fesseur du  Lu- 
xembourg,!. Ri- 
vière, lorsqu’il  a dit  qu’il  fallait  inciser 
longitudinalement  ces  faibles  productions 
privées  ou  de  lumière  ou  de  vitalité.  Ce  dé- 
faut de  vitalité  des  productions  faibles  est 
dû,  selon  moi,  à l’allongement  démesuré 
d une  certaine  quantité  de  lambourdes  pla- 
cées plus  convenablement  que  celles-ci. 

^ Avec  le  procédé  dont  je  vais  parler,  cet 
inconvénient  disparaît;  car  une  lambourde. 


dès  qu’elle  est  fruitière,  restera  fruitière  sans 
allongement  apparent  ni  tranformation  en 
organe  improductif,  tout  en  laissant  la  sève 
agir  sur  le  prolongement  de  l’arbre  et  vivi- 
fier les  rameaux  qui  jusqu’alors  étaient 
déshérités  et  ne  produisaient  pas. 

Ce  procédé,  simple  et  sûr,  consiste  à sur- 
veiller les  bourses  fruitières  qui  ont  fleuri 
ou  qui  portent  fruit  à l’époque  habituelle 
oû  l’on  opère  les  pincements.  Chaque  bour- 
geon qui  se  développera  sur  chacune  d’elles 
ne  sera  pas  pincé  comme  on  le  faisait  or- 
dinairement, mais  bien  rabattu  totalement 
jusque  dans  son  empâtement  rez  la  bourse 
(fig.  8 et  9),  et  cela  lorsqu’il  aura  atteint  au 
moins  la  longueur  de  O'". 15. 
Celte  opération  brusque  re- 
foule la  sève,  qui,  gênée  dans 
son  ascension,  fait  alors  pres- 
sion sur  la  portion  ridée  pla- 
cée inférieurement  à chaque 
bourse,  et  fait  sortir  de  leur 
léthargie  une  nombreuse 
quantité  de  boutons  fruitiers. 
Sur  le  Pommier  (fig.  9),  ces 
bourgeons  prennent,  avant 


Fi 


, — Lambourde  fruitière  sou- 
mise à l’aucicu  système  de  taille, 
dénudée  et  endurcie  au-dessous  de 
la  bourse . ■ 


Fi".  8,  — Lambourde  de  Poirier 
soumise  au  trailemeul  du  systè- 
me Delaville,  opérée’éu  juin  18ü5. 


l’arrêt  de  la  sève,  la  consti- 
tution de  boutons  fruitiers, 
pour  s’ouvrir  au  printemps 
suivant.  Sur  le  Poirier,  ces 
mêmes  boutons  ne  donnent 
leurs  fruits  le  plus  souvent 
que  la  seconde  année,  mais 
le  résultat  est  le  même  dans 
les  deux  cas  : des  fruits  en 
abondance  et  sans  intermit- 
tence , dus  à la  conservation 
du  tissu  mou  qui  constitue 
les  bourses,  puis  au  rappro- 
chement continuel  de  ces 
bourses  sur  les 
branches  de 
charpente. 
Distribution  ré- 
gulière de  la  sè- 
ve sur  toutes  les 
parties  de  l’ar- 
bre, production 
de  gros  fruits 
ainsi  que  sim- 
])li fl  cation  du 
travail,  tels  sont 
donc,  à mon  a- 
vis,  les  résul- 
tats de  la  nou- 
velle méthode  que  j’expose,  et  qui  a reçu 
l’approbation  des  nombreux  auditeurs  (|ui 
suivent  habituellement  mes  leçons  gratuites 
d’arboriculture,  faites  sous  le  patronage 
de  la  Société  de  Clermont  (Oise). 

Delaville, 

Jardinicr-itrofesseur  de  la  Société 
d’horticulture  et  de  botanique  de 
Beauvais. 


Fig.  9.  — Lambourde  de  Pommier 
soumise  au  traitement  du  système 
Delaville,  opérée  à la  même  époque^ 


A.Lefèvre  Pmxf 


lmp.  Zanote  rue  des  Boulangers  15,  Pans 

Fi*amboise  Belle  de  Fontenay. 

J 


Rci'uc  HorticoU 


'/9'4\  ' ■•""■«" 


Imp.Zanoie  rae  des  Boulangers,  15,  Parh 


! erna 


\Maré,oniiini  Gloire'  de  Coi'benv 


PELARGONIUM  GLOIRE  DE  CORRENY. 


Au  mois  de  juillet  dernier,  les  visiteurs 
de  l’Exposition  d’horticulture  ouverte  par  la 
Société  impériale  et  centrale  s’arrêtaient 
volontiers  devant  un  petit  groupe  de  Pélar- 
goniums  nouveaux,  d’une  seule,  mais  d’une 
charmante  variété. 

C’était  le  Pélargonium  Gloire  de  Corbeny. 

La  pureté  de  son  coloris,  l’ampleur  de 
ses  ombelles  et  leur  grand  nombre  , la 
tenue  parfaite  de  cette  jolie  plante,  avaient 
attiré  déjà  les  regards  et  les  sidfrages  du 
jury,  dont  nous  avions  l’honneur  de  faire 
partie. 

Une  médaille  d’argent  lui  fut  attribuée 
d’un  seul  accord. 

Le  cachet  réglementaire  fut  brisé;  on  lut 
sur  le  billet  qui  accompagnait  Penvoi  le 
nom  que  l’obtenteur  désirait  donner  à sa 
plante  : Gloire  de  Corbeny,  semis  de  M.  Ba- 
bouillard. 

Ni  l’un  ni  l’autre  de  ces  noms  ne  sont 
inconnus  à nos  lecteurs.  On  se  souvient 
que  c’est  de  Corbeny  (Seine-et-Oise)  que 
sont  sortis  ces  coloris  nouveaux  de  Pélar- 
goniums  zonals,  gagnés  par  M.  Babouillard, 
et  dont  il  paraissait  s’être  réservé  le  secret. 
Antony  Lamotle,  Henri  de  Beandot,  et  le 
plus  beau  des  gains,  Madame  Vaiicher,  n’é- 
taient que  le  prélude  de  cette  véritable  con- 
quête dont  nous  avons  parlé  dans  ces  co- 
lonnes (18G3,  page  170)  et  que  tous  les 
jardins  possèdent  aujourd’hui , sous  le  nom 
d’Eugénie  Mézard. 

Donc,  M.  Babouillard  continue  de  plus 
belle  le  cours  de  ses  succès.  Gloire  de 
Gorbeney  est  évidemment  supérieure  à tous 
ses  autres  gains  et  il  espère  bien  ne  pas 
s’arrêter  en  si  beau  chemin. 

La  plante  se  reconnaît  aux  caractères  que 
voici  : Port  trapu,  ramassé,  arrondi,  régu- 
lier. Rameaux  courts,  bien  garnis  de  feuil- 
les moyennes,  courtement  pétiolées,  arron- 
dies, réniformes,  lobées  et  grossièrement 
dentées,  d’un  vert  tendre  plus  foncé  au 
centre,  avec  une  zone  continue  d’un  brun 
fauve  ressortant  nettement  sur  le  fond. 

Les  ombelles  sont  portées  par  des  pédon- 
cules dressés,  s’élevant  régulièrement  au- 
dessus  du  feuillage  et  d’une  tenue  irrépro- 
chable. Les  pédicelles,  fermes  et  bien  déve- 
loppés, suportent  des  corolles  grandes  , 
rangées  en  ombelle  hémisphérique  fournie, 
bien  épanouie,  d’une  floraison  très-prolon- 
gée  et  renouvelée  sans  cesse  par  l’épanouis- 
sement successif  des  boutons  qui  forment 


une  réserve  par-dessous.  Les  pétales,  d’une 
contexture  délicate,  sont  entiers,  arrondis, 
bien  ouverts,  et  forment  une  corolle  rosacée, 
presque  régulière,  d’un  coloris  saumon  -ce- 
rise, vif  au  centre,  pâlissant  sur  les  bords 
presque  transparents,  et  d’une  pureté  qu’au- 
cuneautre  variété nedépasse.  Un  légerréseau 
de  lignes  d’un  rouge  plus  vif  parcourt  les 
pétales  comme  autant  de  fines  artères  écar- 
lates. La  teinte  générale  est  plus  vive  que 
celle  indiquée  par  la  planche  ci-jointe. 

Une  qualité  importante  de  la  Gloire  de 
Corbeny,  c’est  de  ne  pas  grainer  dans  la 
fleur.  On  applique  ce  terme  aux  variétés 
dont  les  fleurs  premières  épanouies  percent 
de  leurs  longues  graines  en  bec  de  cigogne 
l’ombelle  encore  épanouie.  Ce  défaut  d’en- 
semble est  grave  et  exclut  des  collections 
plusieurs  variétés,  très-belles  d’ailleurs. 

Goznme  Eugénie  Mézard,  notre  planteoffre 
une  précieuse  ressource  pour  lacomposition 
des  corbeilles  de  plein  air.  Elle  est  d’une 
floraison  aussi  abondante,  aussi  continue 
pendant  toute  la  belle  saison,  et  ses  corol 
les  offrent  le  rare  avantage  de  n’être  pas 
attaquées  par  le  soleil.  C’est  une  qualité  fort 
recherchée  dans  les  Pélargoniums  zonals. 
Les  coloris  saumonés  ne  l’offrent  que  rare- 
ment. Si  donc  on  peut  l’ajouter  aux  autres 
mérites  que  nous  avons  signalés,  c’est  un 
double  intérêt,  et  M.  Mézard,  horticulteur 
à Rueil,  qui  le  met  en  vente  à un  prix  fort 
modéré,  en  écoulera  un  grand  nombre,  ce 
printemps,  dans  le  public  ami  de  l’horticul- 
ture. 

Ajoutons  qu’on  la  cultivera  en  serre  avec 
grand  avantage,  et  que  la  floraison  y sera 
plus  abondante  peut-être  encore  qu’au  grand 
air.  Les  soins  que  nous  avons  indiqués  pour 
ce  mode  de  culture  dans  l’article  cité  plus 
haut,  sont  de  tout  point  applicables  à la 
Gloire  de  Corbeny. 

Nous  voyons  avec  grand  plaisir  cette  ir- 
ruption nouvelle  des  variétés  à tons  délicats 
dans  nos  cultures  d’été.  Nos  Pélargoniums 
zonals  sont  restés  si  longtemps  clans  les 
tons  de  feu  et  de  carmin  analogues  à Tom 
Pouce  et  Nozegay,  et  malgré  cela  ils  sont  si 
indispensables  à nos  garnitures  de  jardins, 
que  c’est  une  bonne  fortunede  les  voir  varier 
ainsi  à l’infini,  et  faire  une  heureuse  diver- 
sité avec  toutes  les  plantes  ciui  les  entou- 
rent. 

Ed.  André. 


FRAMROISE  BELLE  DE  FONTENAY. 


La  Framboise  représentée  dans  la  figure 
coloriée  ci-contre  existe  depuis  longtemps 


déjà  dans  les  cultures  sous  le  nom  de  Belle 
de  Fontenay. 


92 


FRAMBOISE  BELLE  DE  FONTENAY. 


Il  y a une  dizaine  d’années,  elle  nous  est 
revenue  du  sud-est  de,  la  France  sous  le 
nom  de  Victoria. 

Depuis  on  l’a  annoncée,  comme  nou- 
veauté, sous  le  titre  de  Belle  d'Orléans. 

C’est  afin  de  prévenir  nos  lecteurs  contre 
cette  synonymie  désespérante,  qui  menace 
de  s’accroître  encore,  que  nous  appelons 
leur  attention  sur  ce  sujet. 

Le  plant  est  très-vigoureux;  il  a le  tort 
de  trop  pulluler,  ce  qui  nuit  à sa  fructifica- 
tion, si  l’on  n’y  porte  remède  par  un  éclair- 
cissage sévère  au  début  de  la  végétation. 

LES  ŒILLETS 

S’il  faut  ajouter  foi  aux  récits  de  certains 
écrivains  horticoles,  l’Œillet  fut  connu  et 
cultivé  dès  la  plus  haute  antiquité;  mais 
ceci  est  d’un  très-mince  intérêt  pour  l’hor- 
ticulture de  nos  jours;  car  les  anciens, 
ceux  d’il  y a 2,000  ans,  (comme  qui  dirait 
hier  : qu’est-ce  en  effet  que  2,000  ans  dans 
l’immensité  du  temps?),  nous  ont  laissé  peu 
ou  point  d’écrits  racontant  l’origine  et  la 
culture  des  plantes  qu’ils  connaissaient.  Il 
n’y  a donc  là  qu’un  intérêt  de  curiosité. 

Quoique  d’autres  auteurs  affirment  que 
l’on  cultivait  l’Œillet  avec  passion  il  y a 
quatre  siècles,  ceux  qui  s^y  livraient  ne 
nous  ont  laissé  aucune  trace  de  leur  savoir, 
et  l’on  peut  soutenir,  sans  crainte  d’être 
contredit,  que  ce  n’est  vraiment  que  de 
notre  époque  que  date  la  véritable  culture 
des  Heurs,  que  l’on  s’occupe  de  connaître 
l’origine  des  différentes  espèces  qui  ornent 
nos  jardins  et  nos  serres,  que  l’on  s’appli- 
que à les  perfectionner  et  les  assujettir  à 
nos  goûts,  à nos  besoins. 

Quoiqu’il  y ait  encore  beaucoup  à faire 
pour  bien  connaître  l’origine  de  la  plupart 
des  plantes  que  nous  cultivons,  il  faut 
néanmoins  convenir  que  nous  sommes  en 
progrès  et  que  nous  sommes  entrés  dans  la 
bonne  voie,  celle  de  pouvoir  tracer  (comme 
pour  les  animaux  de  prix)  la  généalogie  des 
plantes. 

Les  Œillets  des  fleuristes  (Dianthus  ca- 
ryophyllus)  ont  eu  pendant  longtemps  une 
grande  vogue;  mais  le  port  peu  gracieux  de 
la  plante,  ses  longues  liges  florales,  qui  ne 
peuvent  se  soutenir  sans  tuteurs,  ont  fait 
abandonner  leur  culture  par  la  plupart  des 
amateurs,  et  l’on  pourrait  presque  affirmer 
qu’il  n’y  a plus,  ou  du  moins  très-peu,  d’a- 
mateurs des  anciens  genres  flamands  et 
fantaisies. 

Une  autre  cause  du  délaissement  que  je 
constate  est  les  soins  assidus  que  réclame 
cette  plante  pendant  toute  l’année,  pour  une 
très-courte  jouissance. 

L’Œillet  remontant,  et  surtout  FŒillet 
remontant  nain  est  venu  à propos,  pour 


Le  fruit  est  gros,  de  couleur  foncée  et  de 
bonne  qualité;  mais  une  culture  mal  en- 
tendue produit  des  fruits  petits,  en  faible 
quantité. 

C’est  surtout  à l’arrière-saison  que  la 
production  est  remarquable. 

Le  Framboisier  Belle  de  Fontenay  réclame 
donc  une  taille  moyenne,  une  extraction  ri  - 
goureuse des  rejets  surabondants,  et  le  re- 
nouvellement triennal  au  minimum  de  la 
plantation. 

A.  Ferlet. 

REMONTANTS. 

ranimer  le  goût  pour  cette  charmante  fleur 
qui,  outre  ses  coloris  variés,  offre  l’a- 
vantage de  posséder  l’odeur  la  plus  suave. 

L’Œillet  remontant  a été  créé  à Lyon. 

Ce  fut  M.  Dalmais,  jardinier  chez  le  re- 
grettable M,  Lacène  (ce  zélé  patron  de 
l’horticulture  lyonnaise  et  le  fondateur  de 
notre  Société  d’horticulture),  qui  produisit  le 
premier  Œillet  frarchement  remontant.  Il 
le  mit  dans  le  commerce  en  1844,  sous  le 
nom  d'Atini. 

Cet  Œillet  était  le  produit  de  la  féconda- 
tion d’une  espèce  connue  dans  nos  contrées 
et  dans  le  Midi  sous  le  nom  vulgaire  d’Œil- 
let  de  Mahon,  par  l’Œillet  Bichon  (le  pre- 
mier était  aussi  connu  sous  le  nom  d’Œillet 
de  la  Saint-Martin,  parce  qu’il  se  fleurissait 
presque  régulièrement  vers  la  mi-novem- 
bre) . 

Ce  premier  gain  fut  ensuite  fécondé  par 
les  Œillets  flamands  et  fantaisies,  et  il  en 
sortit,  dès  1846,  une  nombreuse  série  de  va- 
riétés des  coloris  les  plus  divers. 

M.  Schmidt,  un  de  nos  horticulteurs  les 
plus  intelligents,  suivit  M.  Dalmais  dans  la 
voie  qu’il  lui  avait  tracée  et  augmenta  les 
collections  de  plusieurs  variétés  remarqua- 
bles, entre  autres  Arc-en-Ciel  et  Etoile 
polaire,  qui  sont  encore  considérées  comme 
(les  plantes  de  mérite.  Mais,  vers  1850,  une 
maladie  s’étant  déclarée  parmi  ses  Œillets, 
M.  Schmidt  se  découragea  et  les  délaissa. 

Ce  fut  vers  cette  époque  que  M.  Aléga- 
lière  s’adonna  à cette  culture  et,  en  peu  de 
temps,  lui  fit  faire  des  progrès  rapides.  C’est 
à cet  habile  et  persévérant  horticîulteur  que 
nous  devons  toutes  les  belles  variétés  naines 
qui  sont  aujourd’hui  estimées  en  Angleterre, 
en  Allemagne  et  en  Italie. 

Quoique  M.  Alégatière  se  soit  de  suite 
placé  au  premier  rang  par  ses  fécondations 
artificielles  faites  avec  le  plus  grand  discer- 
nement, il  sentit  qu’il  lui  restait  une  tâche 
à accomplir  pour  réhabiliter  complètement 
sa  plante  de  prédilection,  celle  de  créer  des 
Œillets  dont  la  tige  tlorale  pût  se  soutenir 
sans  aucun  support. 


93 


LES  OEILLETS 

Il  s’est  imposé  cette  tâche,  et  il  vient  de 
l’accomplir. 

Il  a obtenu,  par  des  croisements  réitérés, 
un  Œillet  hybride,  très-nain,  très-remon- 
tant, dont  la  tige  florale  est  forte  et  ferme, 
qui,  quand  on  veut  la  ployer,  se  redresse 
comme  un  ressort. 

C’est  une  conquête  admirable. 

Les  fleurs  sont  d’une  forme  parfaite;  les 
pétales  sont  presque  aussi  ronds  que  ceux 
du  genre  flamand;  la  plante  est  d’un  port 
agréable,  d’un  beau  vert,  très-florifère,  les 
tiges  florales  ne  s’élèvent  guère  au  delà  de 
0"'.25  à 0"\30. 

M.  Alégatière,  qui  en  a livré  au  commerce 
celle  année,  n’a  voulu  publier  sa  conquête 
(sa  création)  qu’après  s’êlre  assuré  qu’il 
avait  obtenu  un  type  nouveau,  qui  paraît 
devoir  se  perpétuer,  puisqu’il  se  reproduit 
par  le  semis  et  qu’il  en  existe  déjà  quatre 
coloris  bien  distincts  : ce  qui  donne  l’espoir 
que  celte  nouvelle  plante  nous  fournira 
sous  peu  toutes  les  nuances  des  autres  gen- 
res d’Œillets  et  les  remplacera  tous. 

M.  Alégatière  l’a  baptisée  Dianthus  si- 
derocaiilis  (lige  de  fer). 

J’entends  quelques  personnes  se  récrier: 
Comment!  ce  monsieur  a la  prétention  de 
créer  une  espèce. 

Et  pourquoi  pas,  s’il  vous  plaît? Pour  ma 


RÈMONTAISTS. 

part,  je  pense  que,  jusqu’à  ce  que  les  sa- 
vants se  soient  mis  d’accord  sur  Vorigine 
des  espèces,  chacun  de  nous  a le  droit  de  se 
dire  le  créateur  d’une  espèce,  quand  il  pro- 
duit, par  une  sélection  consciente  et  un 
travail  assidu,  une  plante  différente  de  cel- 
les qui  existent,  et  qui  se  perpétue  par  le 
semis,  comme  celles  que  les  botanistes  ap- 
pellent des  espèces^ 

Ceux  qui,  comme  moi.  croient  plutôt  à la 
théorie  de  Ch.  Darwin  qu’à  toute  autre,  ne 
trouveront  pas  M.  Alégatière  trop  présomp- 
tueux. 

Je  dis  plutôt,  parce  qu’il  est  raisonnable, 
aujourd’hui  que  toutes  les  anciennes  théo- 
ries sont  avec  raison  controversées,  de  ne 
croire  absolument  qu’à  ce  qui  est  mathé- 
matiquement démontré. 

Mais  revenons  aux  Œillets  remontants 
nains,  se  tenant  sans  tuteurs. 

Cette  race,  cette  espèce,  quand  elle  sera 
bien  connue,  et  appréciée  à sa  juste  valeur, 
sera  employée  à faire  de  magnifiques  mas- 
sifs et  aura  sur  le  Dianthus  semperflorens 
' (Œillet  Flon)  l’avantage  d’avoir  de  grandes 
fleurs,  les  coloris  les  plus  variés  et  l’odeur 
suave  des  Caryophyllus. 

Jean  Sisley. 

‘ Une  race  permanente  est  presque  une  espèce  que 
nous  avons  créée.  (Henri  Lecoq.) 


LA  LAITUE  BOSSIN. 


En  visitant  les  jardins  d’une  petite  ville 
de  l’Auvergne,  ainsi  que  j’ai  l’habitude  de 
le  faire  partout  où  je  passe,  j’aperçus 
dans  l’un  d’eux  une  Laitue  dont  l’ampleur  et 
la  couleur  des  feuilles,  et  la  grosseur  déme- 
surée de  sa  pomme,  me  frappèrent  d’admi- 
ration. Nous  désirerions,  soit  dit  en  passant 
et  sans  critique  aucune,  que  les  délégués 
de  la  Société  impériale  et  centrale  d’horti- 
culture, qui  acceptent  le  mandat  de  juré 
près  les  Expositions  horticoles  internationa- 
les, régionales  et  autres,  s’occupassent  un 
peu  des  plantes  potagères,  et  je  crois,  que 
s’ils  le  voulaient,  ils  rapporteraient  à la  Société 
mère,  soit  des  légumes  nouveaux  ou  peu 
connus , soit  des  méthodes  ou  des  procédés 
de  culture  qu’il  serait  utile  de  répandre. 
Ils  n’auraient  en  cela  qu’à  imiter  l’exemple 
de  notre  bon  collègue  Jamin  (Jean-Lau- 
rent), auquel  nous  devons  tant  en  pomo- 
logie;  c’est  au  moyen  de  ses  voyages  en 
France  et  à l’étranger,  qu’il  nous  a doté 
d’une  quantité  considérable  de  bons  fruits. 
Ne  pourrait-on  pas  faire  de  même  pour  les 
légumes,  dont  le  nombre  est  assez  restreint 
dans  les  potagers?  La  question  est  facile  à 
résoudre,  il  me  semble,  et  je  reviens  à mon 
sujet. 

Le  vieux  etmodeste  jardinier  qui  possède 
cette  énorme  Laitue  en  est  très-jaloux,  et  il 


n’en  veut  pas  donner  à ses  confrères;  ce 
n’est  qu’après  des  visites  réitérées  et  des 
instances  inouïes  qu’il  consentit  à m’en 
céder  quelques  semences.  Je  reste  con- 
vaincu que  s’il  n’y  avait  pas  eu  entre  lui  et 
moi  une  distance  de  cent  lieues,  il  ne  m’en 
aurait  pas  donné  une  seule  graine.  Ce  vieux 
et  malm  jardinier,  duquel  je  tiens  cette 
bonne  variété  fixe,  n’a  pas  su  ou  n’a  pas 
voulu  m’en  dire  l’origine.  Je  n’avais  jamais 
vu  nulle  part  cette  Laitue  monstrueuse,  et 
je  déclare  ici  très-humblement  ne  la  con- 
naître que  depuis  que  je  l’ai  trouvée  chez 
lui  et  depuis  surtout  qu’elle  est  chez  moi  à 
l’état  d’étude.  Je  l’ai  cherchée  aussi  dans 
l’excellent  ouvrage  de  M.  Vilmorin,  inti- 
tulé ; Description  des  plantes  potagères  ], 
et  je  ne  l’ai  pas  découverte;  je  croirais 
donc  qu’elle  n’y  est  pas  décrite,  et  que, 
partant,  la  Laitue  Bossin  est  peu  ou  pas 
connue  et  encore  moins  répandue.  C’est  ce 
que  nous  serons  en  mesure  de  constater 
probablement  l’année  prochaine. 

La  Laitue  dite  Bossin  {monte  à regret), 
qu’il  ne  faut  pas  confondre  avec  les  autres 
variétés  qualifiées  de  lente  à monter,  de 
monter  à peine,  paresseuse,  etc.,  est  une  Lai- 
tue à grosse  pomme  plate,  très-dure;  elle 

^ Éditif^n  de  1856.  A la  Librairie  agricole  et  hor- 
ticole, rue  Jacob,  ir°  26,  et  chez  l’auteur. 


94 


LA  LAITUE  BOSSIN. 


ne  monte  que  très-difficilement  à graine,  et 
si  on  ne  fendait  pas  la  pomme  avec  un  in- 
strument, je  crois  que  la  tige  se  romprait  sous 
les  étreintes  de  ses  amples  feuilles  blondes, 
un  peu  ondulées,  se  cuivrant  légèrement  à un 
tiers  environ  de  leurs  extrémités  ; les  bords 
soiità  crénelures  un  peu  larges  et  arrondies  ; 
les  côtes  sont  également  très-larges;  celles 
de  l’intérieur  sont  creuses  et  contiennent  une 
certaine  quantité  d’eau,  que  souvent  j’ai 
estimé  à un  centilitre  à peu  près  dans  quel- 
ques fortes  plantes-  Cette  faculté  de  conte- 
nir un  certain  volume  d’eau  est  commune 
à toutes  les  Laitues  pommées,  il  est  vrai, 
mais  j’ai  cru  remarquer  que  la  présence  de 
cette  partie  aqueuse  était  bien  plus  forte 
chez  la  Laitue  Bossin,  que  dans  aucune  au- 
tre. Est-ce  un  avantage?  je  n’en  sais  rien; 
cependant  cette  excès  de  sécrétion  me  por- 
terait à croire,  ou  tout  au  moins  cà  supposer, 
que  cette  disposition  l’aiderait  à triompher 
plus  facilement  des  fortes  et  longues  séche- 
resses, je  laisse  le  soin  de  traiter  cette  ques- 
tion à de  plus  savants  que  moi. 

Il  y a plusieurs  années  que  je  cultive  cette 
Laitue  à Hanneucourt,  avec  le  plus  grand 
succès  ; j’en  ai  donné  des  graines  et  des 
plants  à plusieurs  de  mes  voisins,  qui  ont 
été,  comme  moi,  satisfaits  de  son  bon  ré- 
sultat. Plantée  pour  comparaison,  à côté 
des  Laitues  Batavias  blonde  et  brune,  de  la 
Laitue  Chou  de  Naples,  de  la  Laitue  turque, 
de  la  Laitue  de  Malte,  et  autres  grosses  va- 
riétés, elle  s’est  constamment  montrée  su- 
périeure à elles,  en  qualité  et  en  grosseur. 
Elle  monte  cà  graine  au  moins  trois  semaines 
après  ces  dernières.  Que  celte  Laitue  soit 
ancienne  ou  nouvelle,  qu’elle  soit  connue 
ou  non  dans  certaine  localité,  elle  n’en  sera 
pas  moins,  j’en  suis  sûr,  une  bonne  acquisi- 
tion de  plus  pour  tous  les  jardins  potagers 
et  pour  la  table. 

La  Laitue  dite  Bossin,  nom  qu’on  a bien 
voulu  lui  donner  dans  mon  voisinage,  est 
tendre,  juteuse,  cassante,  croquante  et 
d’un  excellent  goût,  qui  la  fait  distinguer 
aisément  quana  on  l’associe  à ses  congé- 
nères dans  un  saladier.  Ce  sont  tous  ces 
avantages  réunis  qui  m’engagent  à la  pro- 

SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  i 

Séances  des  28  décembre  1865  et  11 
janvier  1866. — La  séance  du  28  décembre 
a été  remplie  presque  entièrement  par  les 
élections  des  membres  du  bureau  de  la 
Société.  La  Bevue  horticole  a fait  connaître 
il  y a un  mois  (n«  du  16  janvier,  page  2-i) 
le  résultat  de  ces  élections.  Dans  la  séance 
du  11  janvier,  il  a été  lu  plusieurs  rapports 
concernant  les  affaires  intérieures  de  la 
Société,  parmi  lesquels  nous  signalerons 


pager  et  à la  faire  connaître  aux  amateurs 
de  bonnes  salades,  cuites  ou  crues,  qui  ne 
la  connaissent  pas,  et  qui  désireraient  cul- 
üver  une  bonne  Laitue  de  plus  dans  leur 
jardin,  elle  ne  demande  pas  plus  de  soins 
que  les  autres  et  son  produit  est  beau- 
coup plus  considérable. 

Cette  Laitue  est  une  desmeilleuresLaitues 
d’été,  si  ce  n’est  la  meilleure?  Mes  premiers 
semis  ont  lieu  sur  couches  dès  la  fin  de  fé- 
vrier, et  je  continue  ainsi  à en  semer  de  mois 
en  mois,  de  la  même  manière  que  les  autres 
Laitues  jusqu’à  la  fin  de  juin.  Plantée  en 
planches,  je  l’espace  de  0«i.40  à 0*".60  en 
tous  sens,  je  lui  donne  des  binages  et 
des  arrosements  au  besoin;  en  un  mot,  je 
la  traite  comme  les  autres  ij  .itues,  ni  plus 
ni  moins.  La  Laitue  Bossin  serait  aussi  un 
peu  d’hiver,  puisque  22  pn  ds  sur  40  ont 
supporté  l’hiver  de  1864«1865.  Au  prin- 
temps elle  était  quatre  fois  plus  forte  que 
les  Laitues  passion , morine,  etc. 

Dans  mon  terrain  crayeux  sec  et  brûlant, 
la  Laitue  Bossin  n’a  jamais  excédé  le  poids 
de  3 kilogr.  (6  livres),  mais  dans  certains 
terrains  privilégiés,  frais  et  substantiels,  elle 
pèse  souvent  de  3 à 6 kilogr.  (6  à 12  livres). 
J’en  ai  vu  de  cette  étonnante  grosseur  chez 
le  donateur  et  ailleurs.  La  floraison  n’en  est 
pas  simultanée  comme  cela  arrive  chez  les 
autres  Laitues;  par  cela  même,  la  récolte 
des  graines  n’en  est  que  plus  difficile  et 
plus  longue  à opérer.  Tous  les  matins,  à la 
fraîche,  en  est  obligé  de  faire  la  cueillette, 
en  détachant  un  à un,  avec  précaution,  cha- 
cun des  réceptacles  communs,  qui,  en  s’ou- 
vrant, laissent  voir  leurs  semences  surmon- 
tées de  leur  aigrette.  Elle  donne  beaucçup 
moins  de  graines  que  les  autres  variétés,  et 
si  on  ne  prenait  pas  les  précautions  que  j’in- 
dique, 011  en  récolterait  très-peu.  Les  se- 
mences en  sont  de  couleur  bruiie.  On  peut 
se  les  procurer  chez  MM.  Fontaine  et  Dullot, 
marchands  de  graines,  quai  de  la  Mégisse- 
rie, n»  2,  à Paris. 

Bossin, 

Propriétaire  à Hanneucoiirl, 
parMeulaii  (Seine-et-Oisc). 


ÎNTRALE  D’HORTICULTURE. 

seulement  celui  de  M.  Michelin  sur  les  tra- 
vaux du  comité  d’arboriculture  et  de  la 
commission  permanente  de  pomologie, 
parce  que  ce  rapport  a ravivé  la  discussion 
sur  la  question  de  l’ablation  des  fleurs  cen- 
trales des  bouquets  des  arbres  fruitiers 
pour  obtenir  une  fructification  plus  cer- 
taine. La  priorité  de  cette  remarque  a 
encore  été  revendiquée  en  faveur  de  plu- 
sieurs personnes,  M.  Duchartre  a rappelé  à 


95 


SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  D’HORTICULTURE. 


) I ce  sujet  qu’il  l’a  vue  consignée,  il  y a envi- 
I ron  dix  ans,  dans  un  journal  anglais.  Plu- 
sieurs membres  éminents  ont  du  reste  pré- 
; conisé  cette  pratique  dans  des  termes  assez 
» convaincus  pour  que  nous  engagions  nos 
I lecteurs  à en  faire  l’essai  au  printemps  pro- 

i Chain. 

M.  Margottin  a donné  quelques  éclaircis- 
sements à propos  de  la  note  de  M.  de  Bazil- 
é lac  sur  les  phénomènes  qui  se  sont  produits 
î dans  des  expériences  d’hybridation  de  Ro- 
i siers.  (Voir  la  itcuwc  de  1865,  page  469.) 

I L’obtention  de  variétés  nouvelles  par  la 
l;  greffe,  dit  M.  Margottin,  a souvent  lieu  sur 
) des  sujets  très-vigoureux,  comme  l’est  la 
î Rose  Général  Jacqueminot  ; c’est  un  effet 
) de  la  force  devégétation  de  la  plante.  Quant 
I à la  panachure,  c’est,  au  contraire,  sur 
les  sujets  faibles  et  m_aladifs  qu’onda remar- 
que de  préférence,  telles  que  les  variétés 
issues  de  la  Rose  Baronne  Bivort.  Ces  va- 
riétés panachées,  du  reste,  retournent  tout 
de  suite  au  type.  La  greffe  n’a  donc  pas  d’in- 
fluence sur  l’hybridation  des  variétés,  et 
celle-ci  reste  toujours  le  produit  du  mé- 
lange des  pollens,  et  non  du  mélange  des 
' sèves,  comme  l’avait  supposé  M.  deBazillac. 
Plusieurs  membres  ont  présenté,  aux 
deux  séances  dont  nous  parlons,  des  plantes 
deserre  remarquables.  C’était,  entre  autres, 
un  magnifique  exemplaire  de  VAstrapœa 
Wallichü  en  pleine  floraison,  venant  de 
chez  M.  Burel  ; un  Oncicliim  ornithonjn- 
chuni,  exposé  par  M.  Lucy.  M.  Baudin  a 
montré  un  bel  échantillon  de  Cyrtanthera 
Ghiesbreighiü  à fleurs  colorées  d’un  rouge 
brillant  ; VHamiltonia  scahra,  dont  le  par- 
fum est  des  plus  agréables  ; le  Peristrophe 
speciosajVEranthemuni  strictum,  et  enfin 
un  Goldfassia  alyssophila  venu  en  pleine 
terre. 

Dans  la  section  des  fruits  présentés,  on 
remarquait  quatre  Poires  Doyenné  d’hiver 
présentés  par  M.  Gallois,  propriétaire  à Gacé 
(Orne),  par  l’eîffremise  de  M.  Pépin;  ces 
fruits  ont  obtenu  une  prime  de  3^  classe.  — 
M.  Taroux  avait  envoyé  des  Pommes  d’une 
variété  connue  à Marseille  sous  le  nom  de 
Pomme  Glacée.  La  partie  qui  entoure  l’œil 
est  verte  et  tout  à lait  transparente  ; mais 
la  chair  en  est  dure  et  sans  goût;  l’autre 
partie  est  jaunâtre  et  non  transparente,  avec 
une  chair  blanche  médiocre.  — M.  Lepère 
fils  avait  apporté  des  Pommes  d’Allemagne, 
où  elles  sont  très-estimées  sous  le  nom  de 
Rosmarin  du  Tyrol.  Les  fruits  ont  paru  au 
comité  être  d’une  qualité  ordinaire  ; mais  le 
présentateur  attribue  cette  dépréciation  au 
voyage  qu’ils  ont  dû  faire,  et  il  assure  que 
la  Pomme  Rosmarin  tyrolienne  serait  une 
bonne  acquisition  pour  la  France. 

M.  Margueritte,  jardinier  de  l’Institut  des 
nobles,  à Varsovie,  en  envoyant  des  échan- 
tillons de  Persil  à grosses  racines,  a donné 


quelques  détails  de  culture  qui  permettront 
d’essayer  de  produire  ce  nouveau  légume 
dans  notre  pays.  Il  faut  semer  dans  une 
terre  plutôt  légère  que  forte  pour  que  le 
pivot  ne  se  ramifie  pas;  tenir  le  semis  es- 
pacé, pour  que  les  pieds  de  Persil  puissenj 
prendre  tout  le  développement  dont  ils  sont 
susceptibles;  enfin,  faire  ce  semis  de  bonne 
heure,  en  même  temps  que  celui  des  Carot- 
tes hâtives,  parce  que  la  plante  reste  long- 
temps faible,  et  ne  prend  de  développement 
qu’à  partir  des  chaleurs. 

M.  Louis  Fahy,  professeur  d’arboriculture 
à Angoulême,  a imaginé  de  palisser  ses  ar- 
bres fruitiers,  non  pas  à la  loque,  ni  en  les 
fixant  sur  un  treillis  de  lattes  ou  de  fil  de 
fer,  mais  seulement  en  attachant  les  bran- 
ches fruitières  aux  branches-mères.  Avec 
cette  méthode,  M.  Fahy  obtient  une  grande 
précision  dans  les  formes  qu’il  veut  donner 
à ses  arbres,  comme  le  montrent  des  pho- 
tographies d’espaliers  de  Pêchers  figurant 
des  noms,  qu’il  expose  et  dont  il  fait  hom- 
mage à la  Société. 

— A la  séance  du  25  janvier,  on  remarquait 
de  très-beaux  spécimens  de  Camellias  pré- 
sentés par  M.  Forest,  de  la  part  de  M.  Co- 
chet, de  Suisnes.  Ces  Camellias,  plantés  en 
pleine  terre  de  bruyère  à une  exposition 
septentrionale,  ont  fleuri  dès  la  fin  de  jan- 
vier à l’air  libre,  sans  couverture  aucune. 
La  Société  décerne  à M.  Cochet  une  prime 
de  D®  classe. 

M.  Rivière  a donné  dans  cette  séance  un 
intéressant  compte  rendu  détaillé  d’un 
voyage  qu’il  venait  de  faire  dans  le  midi  de 
la  France.  Ses  observations  ont  porté  prin- 
cipalement sur  des  faits  de  floraison  do 
plantes  ornementales  en  pleine  terre,  plan- 
tes dont  la  plupart  sont  privées  de  fleurs 
sous  nos  climats  ou  réclament  l’abri  des 
serres  pour  végéter. 

D’abord,  dans  le  jardin  de  M.  Talabot,  à 
Marseille,  M.  Rivière  a vu  VEvonymus  japo- 
nica  fleurissant  et  fructifiant  ; on  sait  que 
cet  arbuste, à Paris, forme  des  buissons  isolés 
et  infertiles  ; à Marseille,  c’est  presque  une 
plante  grimpante  qui  s’élève  le  long  des  ar- 
bres et  des  murs;  le  SîJiüax  aspera,  autre 
plante  grimpante  , poussant  sur  le  Pinus 
halepensis,  et  portant  des  feuilles  larges 
comme  la  main  ; des  Callicarpa  ornés  de 
branches  de  2 mètres  de  longueur  couvertes 
de  fruits  d’une  blancheur  éclatante  ; enfin 
une  Bruyère  indigène  de  Marseille,  très-vi- 
goureuse et  très-belle,  que  l’on  pourrait  im- 
porter à Paris. 

A Cannes,  VEiicalyptus  globuliis  fleurit 
parfaitement  ; M.  Rivière  en  a admiré  des 
sujets  de  6 mètres  de  Imuieuv'^V HabrotJiam- 
' nus  elegans  était  couvert  de  fleurs,  comme 
le  Lilas  Fest  ici  au  mois  d’avril.  Le  Bud- 
dleiya  madagascariensis  est  encore  une 
plante  qui  donne  abondamment  en  plein 


1 


( 

I 


‘ SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  D’HORTICULTURE. 


96 

air,  à Cannes,  ses  gracieux  épis  de  fleurs 
jaunes.  Les  Roses,  lesAcacias,  les  Bignoni^i 
capensis  y étaient  en  fleurs,  ainsi  que  le 
Russelia  funcea^  que  l’on  y cultive  en  inas- 
' \k.  VIlexace7itris  coccAnca,  les  Tacsonia 
iiiollissima  et  passiflora  sont  des  plantes  de 
serres  qui,  à Cannes,  à la  fin  de  janvier, 
étaient  déjà  couvertes  en  pleine  terre  de  leur 
élégante  parure  florale. 

A Antibes,  l’éminent  jardinier  en  chef  du 
Luxembourg  a constaté  les  mêmes  phéno- 
mènes , bien  que  récemment  on  y eût  ob- 
servé plusieurs  jours  de  gelée.  Mais  sous 
ces  heureux  climatsla constance  des  saisons 
permet  aux  plantes,  dès  que  les  froids  sont 
passés,  d’entrer  immédiatement  en  végéta- 
tion, sans  avoir  à craindre  les  retours  d’in- 
tempéries qui  sont  si  funestes  dans  nos  ré- 
gions septentrionales.  C’est  ainsi  que  des 
Camellias  de  3 ans,  ayant  2 mètres  de  hau- 
teur, étaient  émaillés  de  fleurs  au  commen- 
cement de  janvier. 

Les  Azalées  viennent  aussi  très-bien  en 
pleine  terre  sur  les  côtes  de  la  Provence. 
L*on  y cultive  encore  avec  succès  les  arbres 
fruitiers  et  surtout  le  Poirier,  mais  en  leur 
donnant  des  arrosements  fréquents.  Les 
Pommiers  y sont  envahis  par  le  puceron 
lanigère,  malgré  la  sécheresse  du  climat,  et 
contre  l’opinion  de  plusieurs  personnes, 
qui  affirment  que  le  puceron  est  un  produit 
de  l’humidité. 

A propos  de  ce  parasite,  M.  Rivière  rap- 
pelle le  remède,  seul  efficace  selon  lui,  qui 
consiste  à toucher  les  insectes  avec  un  pin- 
ceau imbibé  d’alcool.  Contrairement  à toutes 
les  autres  substances  corrosives  telles  que 
essences,  huiles  lourdes  ou  volatiles,  ex- 
traits, etc.,  que  l’on  a conseillées,  l’alcool 
n’attaque  même  pas  les  jeunes  bourgeons 
en  voie  de  développement,  et  il  a la  pro- 
priété de  dissoudre  la  matière  blanche  pul- 
vérulente qui  recouvre  le  puceron  et  qui  lui 
a fait  donner  le  nom  de  lanigère.  A ce  titre, 
l’alcool  peut  aussi  être  employé  avec  succès 
contre  le  Coccus  adonidum,  qui  porte  de 
même  une  matière  blanche  laineuse.  M.  le 
maréchal  Vaillant  a du  reste,  confirmé  dans 
une  lettre  récente,  l’efficacité  de  l’emploi 
de  l’alcool  pour  détruire  le  puceron  lani- 
gère. 

M.  Rivière  a visité  les  remarquables  cul- 


tures de  la  presqu’île  de  Reaulieu,  près  de 
Villefranche,  ville  située  sur  le  littoral  des 
Alpes-Maritimes,  près  de  Nice.  Là,  les  ha- 
bitants trouvent  moyen  de  tirer  simultané- 
ment trois  récoltes  d’un  même  sol.  Ils  cul- 
tivent d’abord  en  lignes  des  Oliviers  sou- 
mis à la  taille;  au-dessous,  ils  ont  des 
Orangers  et  surtout  des  Citronniers,  et  en- 
fin, au-dessous  de  ceux-ci,  des  Violettes,  de 
Parme. 

Cette  culture  est  très-lucrative.  Malheu- 
reusement, depuis  l’année  dernière,  les  Ci- 
tronniers sont  atteints  d’une  maladie  ana- 
logue à la  fumagine  des  Oliviers  et  dans  la- 
quelle les  feuilles  et  les  fruits  sont  couverts 
d’une  matière  noire  exsudée  parles  insectes. 
Sur  les  Citronniers  de  Beaulieu,  c’est  une 
fausse  cochenille  qui  cause  ces  ravages, 
contre  l’intensité  desquels  les  habitants 
sont  sans  remède  et  sans  défense. 

— Une  dame  patronesse  de  la  Société,  qui 
est  en  mên  e temps  amateur  très-éclairé 
d’horticulture,  avait  envoyé  d’une  autre  ré- 
gion méridionale  de  la  France,  de  Bayonne, 
deux  belles  inflorescences  de  Tecoma  vp- 
nusta,  qui  ont  excité  l’admiralion  de  tous. 
Nous  aurons  très-prochainement  à revenir 
sur  les  cultures  de  Madame  Léon,  à propos 
d’un  récent  envoi  d’Oranges,  de  Manda- 
rines et  de  Citrons,  fruits  qu’elle  obtient 
sur  des  arbres  plantés  en  pleine  terre, 
abrités  seulement  pendant  l’hiver  par  des 
vitrages  .Des  Orangers  ainsi  cultivés  ont  porté 
jusqu’à  250  fruits. 

— On  sait  que  plusieurs  personnes  attri- 
buent uniquement  la  beauté  des  fruits  aux 
seins  donnés  à l’écorce  des  arbres  fruitiers 
pour  la  maintenir  dans  un  constant  état  de 
propreté.  De  ce  nombre  est  M.  Lahaye,  qui 
présentait  à la  Société  une  corbeille  de  fruits 
bien  conservés.  Nous  ne  croyons  pas  que  les 
soins  donnés  aux  écorces  suffisent  seuls 
pour  obtenir  de  beaux  produits  ; mais  le 
conseil  n’en  est  pas  moins  bon  à suivre  : on 
ne  doit  rien  négliger  pour  maintenir  les 
arbres  en  vigueur  et  en  bonne  santé.  La  Rev'UP 
publiera  prochainement  d’ailleurs  un  travail 
de  M.  Lahaye  sur  le  tavelage  et  diverses  au- 
tres maladies  des  fruits,  travail  dans  lequel 
toutes  ces  questions  sont  traitées  à fond. 

A.  Ferlet. 


CULTURE  DES  VERGERS.  - lU. 


Etablissement  d’un  verger.  — Avant 
tout,  il  faut  placer  le  verger  à l’abri  du 
vent  pour  ne  pas  voir  tomber  les  fruits 
avant  qu’ils  aient  atteint  leur  maturité  ; si 
cet  abri  n’existe  pas,  on  le  créera  en  plan- 
tant une  ligne  double  de  Peupliers  d’Ralie 

^ Voir  le  numéro  du  16  février,  page  75. 


éloignée  de  20  à 25  mètres  du  verger.  Le 
Peuplier  noir  et  celui  de  Virginie  convien- 
nent également  bien.  Les  Peupliers  d’Ralie 
seront  espacés  entre  eux  de  4 mètres  envi- 
ron, et  les  lignes  parallèles  à la  même  dis- 
tance. Les  deux  autres  Peupliers  se  déve- 
loppant beaucoup  plus  en  largeur,  devront 


CULTURE  DES  VERGERS.  — II. 


97 


être  espacés  à 5 ou  6 mètres  Il  faut,  | 
bien  entendu  , défoncer  des  bandes  de  terre 
pour  les  planter  convenablement,  et  ne  pas 
les  mettre  dans  des  trous  où  ils  réussiraient 
mal,  à moins  que  la  plantation  ne  se  fasse 
dans  un  terrain  profond  à sous  sol  un  peu 
humide.  . . 

On  aura  toujours  avantage  à choisir  le 
meilleur  terrain  pour  faire  la  plantation,  il 
devra  être  assez  en  pente  pour  que  les  eaux 
du  souS'Sol  puissent  s’écouler  ; dans  le  cas 
contraire,  un  drainage  devra  être  pratiqué. 
L’expérience  des  jardins  de  l’Ecole  de  la 
Saulsaie  nous  a appris  qu’il  fallait  préférer 
les  tuyaux  aux  cailloux  ; cependant,  quand 
on  a ces  derniers  sous  la  main , ils  peuvent 
ùtre  très-bons  en  les  employant  avec  précau- 
tion. Nos  drains  ont  été  placés  à 8 mètres 
d’écartement  sur  une  profondeur  de  i“.30, 
et,  depuis  quinze  ans,  ils  fonctionnent  tou- 
jours bien.  Un  terrain  perméable  n’a  pas 
besoin  d’être  drainé. 

Dans  la  Bresse,  et  surtout  dans  la  Dombes 
en  particulier,  le  terrain  est  à peu  près  bon 
partout.  Toutefois,  les  plantations  ne  réus- 
sissent pas  toujours  bien  dans  les  terres 
mélangées  de  cailloux  roulés. 

Ailleurs,  les  sous-sols  argileux  ou  cal- 
caires ne  valent  rien  non  plus;  il  vaut  mieux 
augmenter  la  couche  de  terre  végétale  en 
amenant  de  bonnes  terres  au-dessus  du  sol 
,à  planter,  que  d’entamer  ces  sous-sols  et  les 
ramener  à la  surface. 

Dans  tous  les  terrains  à graviers  , ainsi 
que  dans  ceux  qui  sont  trop  sableux,  les 
arbres  ne  peuvent  y prospérer,  à moins  de 
faire  comme  il  vient  d’etre  dit  ci-dessus. 

Plantés  près  des  habitations,  les  arbres 
fruitiers  seront  mieux  soignés,  parce  qu’on 
les  aura  sous  la  main  ; les  fruits  pourront 
être  cueillis  à temps  et  il  seront  moins  expo- 
sés aux  maraudeurs. 

La  terre  devra  être  défoncée  à 0'".80  envi- 
ron de  profondeur,  par  un  beau  temps  si  cela 
est  possible  ; l’automne  est  une  bonne  sai- 
son pour  faire  ce  travail. 

Il  ne  faut  jamais  reculer  devant  la  dépense 
qu’exige  la  défonce  en  plein  ; l’avenir  d’une 
plantation  est  presque  tout  entier  dans  la 
préparation  du  sol.  On  ne  se  repentira  jamais 
d’aller  à une  profondeur  d’un  mètre  dans 
notre  sous-sol  imperméable  ; tandis  que 
dans  les  terrains  riches  et  profonds,  0"\60 
peuvent  suffire.  Après  la  défonce,  un  chau- 
lage  de  50  à 60  hectolitres  de  chaux  à l’hec- 
tare est  nécessaire  ; on  le  recommencera 
tous  les  dix  à douze  ans,  afin  d’introduire 
du  calcaire  dans  notre  terrain  qui  en  est 
totalement  dépourvu-. 

^ Dans  d’autres  localités  , d’autres  essences 
d’arbres  pourront  être  plus  convenables. 

2 Voici  d’après  l’analyse  chimique  de  M.  Pouriau, 
la  composition  du  sol  de  la  Dombes;  silice  fine,  85.18; 
alumine,  7.04;  fer,  6.46;  carbonate  de  chaux,  0.35; 
carbonate  de  magnésie,  0.50. 


La  plantation  aura  lieu  de  préférence  à 
l’automne  ; en  novembre  ou  décembre  ; ou 
le  plus  tôt  possible,  au  printemps;  toujours 
par  un  beau  temps. 

Les  arbres  devront  être  achetés  en  sep- 
tembre ou  octobre.  On  les  choisira  sains  et 
vigoureux.  La  tête  de  l’arbre  devra  déjà  avoir 
reçu  une  ou  deux  tailles. 

Au  moment  de  la  plantation  , on  coupera 
avec  un  instrument  bien  tranchant  toutes  les 
racines  à 0"L^5  ou  de  longueur  à par- 
tir de  leur  insertion  sur  le  collet  de  l’arbre; 
celles  qui  seraient  meurtries  ou  brisées  près 
de  leur  naissance , seront  coupées  jusqu’à 
la  partie  saine L Le  chevelu,  ordinaire- 
ment desséché,  devra  être  enlevé. 

Il  sera  bon  de  se  procurer,  avant  la  plan- 
tation, du  terreau,  c’est-à-dire  du  fumier 
très-décomposé,  qui  sera  mélangé  avec  de 
la  bonne  terre  sableuse  ou  rendue  telle  par 
l’addition  de  sable.  Au  moment  de  planter, 
on  la  mélangera  par  moitié  avec  la  terre  du 
sol  pour  mettre  entre  les  racines  et  un  peu 
au  clelà.  Cette  terre  douce,  perméable  et 
riche  en  humus,  permettra  aux  nouvelles 
racines  de  se  développer  avec  facilité  et  de 
trouver  à leur  portée  un  engrais  propre  à 
être  absorbé  ; alors  la  reprise  des  arbres  en 
sera  d’autant  plus  assurée. 

Il  est  inutile  de  faire  des  trous  larges  et 
profonds  dans  un  terrrain  nouvellement 
défoncé,  on  les  fera  assez  grands  pour  que 
les  racines  des  arbres  puissent  y être  à leur 
aise. 

Quand  l’arbre  sera  planté,  les  racines 
supérieures  devront  se  trouver  au  niveau 
du  sol,  et  pour  les  protéger  de  l’action  de 
l’air  qui  les  dessécherait,  on  fera  une  large 
butte  au  pied  de  l’arbre  afin  de  les  recouvrir 
de  0"\20  de  terre.  C’est  une  grave  erreur 
que  de  planter  les  arbres  profondément, 
sous  prétexte  de  ne  pas  endommager  les 
racines  en  labourant  le  sol  à leur  pied.  Cette 
épaisse  couche  de  terre  au-dessus  des  raci- 
nes nuit  à la  fertilité. 

La  tête  restera  intacte  jusqu’à  l’année  sui- 
vante, nous  dirons  plus  loin  ce  qu’il  y aura 
à faire. 

La  tige  des  arbres  venus  dans  les  pépi- 
nières s’est  développée  sous  l’intluence 
d’une  lumière  peu  intense  et  à l’abri  des 
grands  vents;  après  la  plantation,  elle  se 
trouve  tout  à coup  exposée  à l’action  du 
soleil  et  des  vents  desséchants.  Il  en  résulte 
que  l’écorce  se  durcit,  perd  de  son  élasti- 
cité, et  quelle  ne  se  prête  plus'au  grossisse- 
ment de  la  tige.  La  sève  des  racines,  gênée 

^ Des  expériences  comparatives  faites  , depuis 
plus  de  vingt  ans,  sur  les  racines  des  arbres  de  dif- 
férentes espèces,  sous  différents  climats  et  dans 
des  sols  divers  , nous  ont  amené  à reconnaître 
que  la  taille  un  peu  courte  que  nous  indiquons  n’a 
rien  d*exagéré.  C’est  le  point  le  plus  convenable 
pour  la  formation  du  bourrelet , dans  le  voisinage  et 
sur  lequel  naissent  les  nouvelles  racines. 


98 


CULTURE  DES  VERGERS.  — II. 


dans  sa  circulation  ascendante,  provoque  la 
sortie  de  nombreux  bourgeons  à la  base  de 
la  tige. 

Pour  éviter  cet  inconvénient,  qui  déter- 
mine quelquefois  la  mort  de  la  tête  de  l’ar- 
bre, on  enveloppe  la  tige  d’une  légère  cou- 
che de  paille  placée  en  long  depuis  le  niveau 
du  sol  jusqu’aux  premières  brandies;  cette 
paille  est  retenue  par  des  liens  d’osier  pla- 
cés tous  les  0™.30  environ,  et  au  bout  de 
trois  ou  quatre  ans  elle  devient  inutile.  Après 
avoir  placé  la  pàille,  il  est  bon  d’assujettir 
les  arbres  contre  lèvent,  au  moyen  de  bons 
tuteurs  auxquels  on  les  attache  en  mettant 
de  la  paille  ou  de  la  mousse  entre  l’arbre  et 
le  tuteur,  à l’endroit  des  liens. 

Le  balancement  que  les  arbres  éprouvent 
souvent  lorsqu’ils  n’ont  pas  de  tuteurs,  dé- 
truit au  fur  et  cà  mesure  qu’elles  se  dévelop- 
pent les  nouvelles  racines  qui  naissent  sur 
le  collet  et  près  de  la  surlace  du  sol;  ces 
racines  sont,  comme  on  le  sait,  les  meil- 
leures. 

La  sécheresse  du  sol  est  très-nuisible 
aux  nouvelles  plantations.  Les  binages  répé- 
tés plusieurs  fois  en  été  sont  un  excellent 
moyen  pour  en  atténuer  les  mauvais  effets  ; 
mais  le  meilleur  moyen  est  sans  contredit 
le  paillis.  A cet  effet,  on  emploie  du  grand 
fumier  peu  consommé,  ou  cà  son  défaut  de 
la  paille,  de  l’berbe,  des  Genêts,  des  Ajoncs, 
etc.,  sur  lesquels  on  place  quelques  pierres 
pour  que  le  vent  ne  les  enlève  pas.  Ces 
couvertures,  placées  en  avril  ou  mai  au  pied 
de  l’arbre,  sur  une  largeur  de  deux  mètres, 
doivent  être  assez  épaisses  pour  cacher  le 
sol.  Elles  ont  besoin  d’être  renouvelées 
encore  l’année  suivante  seulement. 

Malgré  ce  paillis,  qui  empêche  l’évapo- 
ration du  sol,  il  faut  encore  dans  les  années 
très-sèches,  comme  celle  de  1865,  par 
exemple,  arroser  copieusement  le  pied  de 
l’arbre  tous  les  quinze  à vingt  jours  , 
l’année  qui  suit  la  plantation.  Sans  cet  arro- 
sage, on  s’exposerait  cà  voir  périr  les  carbres 
ou  tout  au  moins  à les  voir  végéter  faible- 
ment. A chaque  arrosement  fait  sur  les  pcail- 
lis,  on  emploiera  quinze  à vingt  litres  d’eau 
pour  tremper  la  terre  à fond. 

Tous  ces  soins,  minutieux  en  appearence, 
sont  d’une  nécessité  absolue  pour  obtenir 
une  réussite  complète.  Nous  avons  eu  tant 
de  déceptions  depuis  plus  de  trente  ans  ejne 
nous  plantons,  que  nous  avons  cru  utile 
d’entrer  dans  tous  ces  détails  afin  que  ceux 
qui  se  trouveront  dans  les  mêmes  circon- 
stances que  celles  dans  lesquelles  nous 
étions  placé  réussissent  sans  tâtonnement 
et  sans  perte  de  temps. 

Distance  à résercer  entre  les  arbres  frui- 
tiers. — En  lignes  isolées,  les  arbres  sont 
un  peu  plus  fertiles  que  ceux  plantés  en 
groupe,  par  la  raison  qu’ils  ont  plus  de  lu- 
mière et  d’air  ; mais  les  vents  violents  qui 


régnent  fréquemment  dans  notre  pays,  ainsi 
que  la  nature  du  sol,  nous  obligent  à faire  les 
plantations  en  massif.  Une  distance  de  6 à 
7 mètres*  entre  chaque  arbre,  en  quin- 
conce ou  en  carré,  est  suffisante  pour  le 
développement  qu’ils  acquièrent  dans  les 
Dombes.  Mais  dans  un  meilleur  terrain, 
on  fera  bien  de  les  planter  à 8 mètres 
environ. 

Formation  de  la  tête  des  arbres.  — 
On  a dû  ne  rien  retrancher  à la  tête  de 
l’arbre  l’année  de  la  plantai  ion.  Cependant, 
on  a dit  et  écrit  qu’il  fallait  mettre  la  partie 
aériennne  en  équilibre  avec  la  partie  souter- 
terraine;  c’est  là  une  théorie  qui  n’est  pas 
justifiée  par  la  pratique.  M^iis  l’annéed’après 
la  plantation,  on  coupera  au  printemps  les 
deux  ou  trois  plus  belles  branches  de  la  tête 
de  l’arbre  à O*". 20  ou  0"\25  de  leur  point 
d’insertion.  S’il  se  trouvait  d’autres  branches 
fortes  ou  faibles,  on  les  enlèverait  complè- 
tement. Ces  deux  ou  trois  branches  sont 
destinées  à former  la  nouvelle  charpente 
elles  portent  ordinairement  des  dards  et 
des  brindilles  qu’il  faut  également  retran- 
cher afin  qu’il  naisse  à l’extrémité  de  cha- 
cune d’elles  deux  ou  trois  bourgeon  vigou- 
reux. 

L’année  suivante , on  a ordinairement 
4,  5 ou  G rameaux  sur  lesquels  on  fait  la 
seconde  taille  à O'”. 50  ou  O'”. 60  de  leur 
insertion;  ils  doivent  former,  autant  que  * 
possible,  le  vase  ou  gobelet.  Ceux  qui  se 
seraient  développés  au-dessous  d’eux,  étant 
iuutiles,  seront  retranchés;  mais  on  ména- 
gera les  dards  et  les  brindilles,  qui  donne- 
ront plus  tard  des  fruits. 

Ces  deux  tailles  suffisent  ordinairement 
dans  le  plus  grand  nombre  de  cas  pour  avoir 
une  charpente  composée  de  cinq  branches 
au  moins  et  de  huit  au  plus.  Ensuite,  on 
laisse  pousser  l’arbre  en  liberté. 

Si,  au  moment  de  la  deuxième  taille,  les 
rameaux  ne  dépassentpas0»u60,  on  les  laisse 
entiers;  mais,  si  un  ou  plusieurs  dépassent 
cette  longueur  , il  faut  les  tailler  au  niveau 
des  moyens  qui  resteront  toujours  entiers. 

En  opérant  la  taille  de  ces  branches , on 
choisit,  pour  l’établir,  les  rameaux  placés 
de  côté,  et  on  retranche  ceux  qui  se  dirigent 
dans  l’intérieur  de  l’arbre  et  qui  nuiraienl 
par  la  suite  en  faisant  confusion. 

Les  arbres  ainsi  formés  sont  bien  préfé- 
rables à ceux  abandonnés  à eux-mêmes  dans 
leur  jeunesse,  parce  que  ces  derniers  sont 
presque  toujours  épuisés  par  une  fructifica- 
tion prématurée,  n’ont  que  quelques  bran- 
ches courbées  par  le  poids  des  fruits,  sou- 
vent mal  placées,  et  sur  lesquelles  d’autres 
branches  prennent  naissance  pour  faire  une 
nouvelle  charpente  qui  a le  même  inconvé- 
nient que  la  primitive. 

Ce  que  nous  venons  d’indiquer  s’applique 
à toutes  les  espèces  d’arbres  fruitiers  ; ex- 


99 


CULTURE  DES  VERGERS.  — II. 


cepté  au  Poirier  qui , par  sa  nature,  prend 
souvent  une  direction  pyramidale;  il  con- 
vient alors  de  lui  laisser  le  plus  beau  rameau 
vertical  sur  lequel  on  obtient,  par  la  taille 
faite  à 0«^.50  environ,  quatre  à six  rameaux 


latéraux  qui  formeront  les  branches  de  la 
charpente. 

Verrier, 

JarJiaicr-chcf  à l’école  d’a£?ricuUurc 
de  La  Saulsaie  (Ain). 


SUR  LES  LONICERA  CHINENSIS  ET  DIVERSIFOLIA. 


he  LoniceraChinensis,^Nsiis,  etleL.  diuer- 
sifolia,  Wallicli(L.  brachypoda,  hort.)  sont- 
ils  des  espèces  distinctes,  ou  bien  Tun  n’est- 
il  qu’une  variété  de  l’autre,  et,  dans  ce  cas, 
quel  est  le  type  ? 

Cette  question  est  complexe,  et,  comme 
toutes  celles  de  cette  nature,  on  ne  peut  la 
résoudre  que  par  l’expérience.  Ayant  tenté 
celle-ci,  je  vais  faire  connaître  les  résultats 
que  j’ai  obtenus. 

Mais  avant  d’aborder  cette  question,  écar- 
tons-eii  une  autre  qui  la  complique  tout  en 
la  faussant  ; faisons  disparaître  la  synonymie 
brachypoda  qui  n’a  rien  à faire  ici,  puisque 
le  L.  brachypoda  des  auteurs  appartient  à 
la  section  Chamœcerosus  ; c’est  une  plante 
buissonneuse  à tige  droite,  par  conséquent 
complètement  dilférente  du  L.  diver  si  folia, 
qui,  comme  le  L.  Chinensis,  est  une  plante 
essentiellement  volubile. 

Le  L.  brachypoda'  étant  évincé  , il  me 
reste  à parler  des  Lonicera  Chinensis  et 
dkersifolia,  plantes  très-voisines  par  les 
fieurs  et  par  les  fruits,  qui  ne  présentent 
que  quelques  légères  différences  dans  ie 
faciès.  Le  Lonicera  Chinensis  a les  feuilles 
plus  allongées,  plus  pointues,  de  couleur 
rougeâtre  surtout  en  dessous,  et  couvertes, 
surtout  sur  les  nervures,  de  poils  roux  assez 
longs  ; les  jeunes  pousses  sont  également 
très-colorées , et  couvertes  de  poils  roux- 
foncé,  mous. 

Le  Lonicera  diver sifoUa  Wall.  (L.  bra- 
chypoda, hort. , non  Decandolle)  a les  feuilles 
glabres,  lisses  et  luisantes,  ovales-obtuses, 
entières,  parfois  lobées-crénelées;  les  jeunes 
pousses  sont  glabres,  plus  rarement  velues, 
en  général  peu  colorées.  Les  fleurs,  à peu 
près  de  même  forme  et  de  même  couleur 
que  celles  du  L.  Chinensis, ré\i3Lndeni  comme 
celles  de  ce  dernier  une  odeur  très- 
agréable. 

Si,  pour  établir  la  spéciéité  de  ces  deux 
plantes,  on  recoure  à l’expérience,  on  con- 
state que  \e  Lonicera  diversifolia  se  repro- 
duit assez  bien  par  graines.  Si,  au  contraire, 
on  sème  des  graines  de  Lonicera  Chinensis 
on  n’obtient  jamais  que  du  L.  diversifolia. 
.L’expérience  semble  donc  démontrer  que  le 
L.  Chinensis  n’est  pas  une  espèce,  mais  tout 
simplement  une  variété  ou  une  forme  locale 
du  L.  diversifolia,  ce  qui  justifie  le  litre  qui 
est  en  tête  de  cet  article. 


Mais  le  fait  le  plus  singulier,  dans  cette 
circonstance,  qui  semble  contredire  ce  que 
l’expérience  démontre,  c’est  la  rusticité  de 
l’une  de  ces  formes,  tandis  que  l’autre  est  au 
contraire  relativement  sensible  au  froid. 
Ainsi  le  L.  diversifolia  ne  souffre  jamais 
l’hiver  ; le  L.  Chinensis,  au  contraire,  gèle 
fréquemment.  Comment  se  fait-il  donc  que 
le  L.  Chinensis,  frileux  et  gelable,  produise 
toujours  des  enfants  robustes  et  à peu  près 
insensibles  au  froid?  Je  n’en  sais  rien.  Je 
rapporte  seulement  des  faits  dont  j’ai  été  bien 
des  fois  témoin;  ceux  qui  douteraient  de  leur 
exactitude  pourront  les  vérifier  quand  ils 
voudront.  Rien  n’est  plus  facile,  puisque  les 
deux  plantes  fructifient  dans  nos  cultures  : 
le  Lonicera  Chinensis  moins  toutefois  que 
le  Lonicera  diversifolia  (L.  brachypoda, 
hort.). 

Une  variété  très-jolie  et  très-remar- 
quable-du  Lonicera  diversifolia,  récemment 
introduite  du  Japon,  est  le  L.  aureo-retica- 
lata,  dont  les  feuilles  sont  marquées  d’une 
très-belle  couleur  jaune  d’or,  disposée  en 
une  sorte  de  réseau  à mailles  très-serrées, 
d’où  la  qualification  iV aureo-reliculata. 
Comme  sa  mère,  celui-ci  est  rustique. 

J’ai  cru  devoir  appeler  l’attention  sur  les 
faits  qui  précèdent,  pour  plusieurs  raisons  : 
d’abord,  parce  qu’ils  nous  montrent  que, 
parmi  des  individus  sortis  d’une  même  mère, 
il  peut  parfois  y en  avoir  qui  aient  un  tem- 
pérament différent:  les  uns  rustiques,  les 
autres,  au  contraire,  frileux.  Ils  démontrent 
de  plus  que  parce  que  telle  variété  gèle,  ce 
n’est  pas  toujours  une  raison  pour  admettre 
qu’elle  sort  d’une  plante  gelable  ; ou  bien, 
parce  que  telle  autre  est  rustique,  on  n’est 
pas  pour  cela  en  droit  d’admettre  d’une 
manière  absolue  qu’elle  sort  d’une  espèce 
rustique. 

Ce  ne  sont  là,  bien  entendu , que  des 
exceptions,  mais  comme  je  l’ai  dit  déjà  bien 
des  fois,  les  exceptions  sont  des  sortes  de 
chemins  qui  conduisent  d’un  endroit  à un 
autre  en  renversant  les  obstacles  qui  étaient 
placés  entre  ces  points  : ce  sont  des  médiums 
qui,  en  s’interposant  entre  deux  théories  dif- 
férentes, parfois  contraires,  tendent  à les 
unir  en  les  confondant. 

Carrière. 


REVUE  COMMERCIALE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  FÉVRIER). 


Légumes  frais.  — Il  y a eu  baisse  générale 
sur  les  prix  de  toutes  les  denrées  vendues  à la 
Halle  de  Paris,  pendant  la  seconde  \juinzaine 
de  février.  Cette  baisse,  peu  considérable,  mais 
soutenue,  semble  être  le  résultat  de  la  douceur 
de  Uhiver  que  nous  traversons.  Les  Carottes 
pour  chevaux  valent  aujourd’hui  de  10  à I2fr. 
les  100  bottes,  au  lieu  de  10  à 15  fr.;  les  Ca- 
rottes ordinaires  se  vendent  de  :20  à25  fr.,  avec 
une  diminution  de  5 fr.  sur  le  prix  maximum. — 
Les  Panais  sont  cotés  de  18  à 22  fr.,  au  lieu  de 
20  à 24  fr.,  et  les  Poireaux  , de  20  à 25  fr.  les 
100  bottes,  au  lieu  de  20  à 30  b’-  --  Les  Choux 
ordinaires  sont  diminués  de  moitié  depuis  le 
1er  février,  et  se  vendent  de  5 à 15  fr.  le  100. — 
Les  Choux-tleurs  de  Bretagne  ordinaires  sont  au 
prix  de  40 fr.  lelOO  avec  15 fr.  d’augmentation; 
mais  les  plus  beaux  valent  5 fr,  de  moins  qu’il 
y a quinze  jonrs,  c’est-à-dire,  70  fr.  — L’hecto- 
litre d’Oignons  en  grains  est  coté  de  12  à 15fr. 
— Les  Radis  roses  valent  de  0L50  à 0C251a 
botte  au  lieu  de  0C50  à 0C75.  — Le  maniveau 
de  Champignons  est  revenu  à son  cours  normal 
de  0'.5  à OCIO.  — Les  Céleris  raves  sont  cotés 
de  OCIO  à 0C15  la  pièce. 

Herbes  et  assaisonnements.  — Les  Epinards 
valent  de  0‘.20  à 0C40  le  paquet,  au  lieu  de 
0f.40  à OCGO.  — L’Oseille  se  paie  de  0C30  à 
0C40  avec  une  baisse  de  0^.20  p‘<r  paquet.  — 
Le  Cerfeuil  ordinaire  est  coté  OLIO  la  botte 
au  lieu  de  0C20;  le  plus  beau  reste  toujours  au 
prix  de  0f.30  — Le  Persil  ne  vaut  plus  que  de 
0f,10  à 0C20  la  botte  ; au  calais  on  le  paie  de 
0C25  à OC30.  — L’Ail  se  vend  de  2 Ir.  à 2C50  le 
paquet  de  25  botfes  avec  une  diminution  de 
qC50  sur  le  prix  maximum.  — La  Ciboule  etle 
Th.ym  se  vendent  de  OCIO  à 0C15  la  botte.  — 
Les  Échalotes  sont  cotées  de  0L30  à 0C50  au 
lieu  de  0C40  à 0C80. 

Pommes  de  terre.  — La  Hollande  se  paie 
de  G fr.  à GC50  l’hectolitre.  — La  Vitelote  vaut 
de  9C50  à 10;  les  Pommes  de  terre  jaune,  de 
4à  5 fr.,  et  les  rouges  de  G à G 50. 

Salades.  — La  Laitue,  dont  le  prix  s’était  ar- 
rêté à la  fin  de  janvier  à 3 et  4 fr,  le  100,  est 
Revenue  aujourd’hui  à son  ancien  cours  de  4 à 

O fr.  Le  Cresson  ordinaire  a diminué  de 

OClRen  moyenne  par  botte;  on  le  vend  de 
1C15  à 0C80. — La  Chicorée  frisée  vaut  de  4 à 
q5  fr.  le  100  avec  2 fr.  de  diminution.  — L’Es- 
carole  est  cotée  de  10  à 15  fr.  le  100  au  lieu  de 
5à20fr.  , 

Fruits  frais.  — Les  Poires  les  plus  ordinaires 
en  ce  moment  ne  se  vendent  pas  à moins  de 
40  fr.  le  cent;  les  plusbelles  valent  jusqu’à  1 fr. 

la  pièce.  Les  Pommes  de  première  grosseur 

et  qualité  se  vendent  presque  aussi  cher,  0C95 
la  pièce;  mais  les  Pommes  communes  sont  seu- 
lement à 4C50.  — Le  Chasselasde  serre  vaut 
toujours  4 fr.  au  plus  bas  prix;  le  prix  maxi- 
mum est  un  peu  abaissé  depuis  quinze  jours;  il 
est  de  5 francs. 

Plantes  à feuillage,  pour  décoration  de  jar- 
dinières., meubles,  et  vases  d'appartement.  — 
Agave,  2 à 5 fr.  — Aloës,  1 à 3 Ir. 
Aralia,  3 à 10  fr.  — Arbousier,  If  50  à 2 fr. 


— Aspidistra,  2L50  à 10  fr.  — Acacia  lo- 
phanta,  0C50  à 1C50.  — Aucuba,  1 à 3 fr.  — 
Alaternes,  1 C25  à 2 fr.  — Bégonia,  0C75  à2L50 
et  3 fr.  — Buis,  1 à 2 fr.  — Canna,  1 à 2 fr.  — 
Cyperus  alternifolius,  1C50  à 5 fr.  — Chamæ- 
rops,  5 à 15  fr.  — Curculigo,  5 à 10  fr.  — Ci- 
néraire maritime,  0C75  à 1 fr.  — Caladium  et 
Colocasia,  2C50  à 10  fr.  — Carex  japonica, 
Of.50  à 1C50.  — Cereus  flagelliformis,  1C50  à 
2C50  fr.  — Calathæa  zebrina,  2f.50  à 5 fr.  — 
Cactées  et  Crassulacées  diverses,  0L50  à 1C50. 

— Cotoneasters,  0C75  à 1C50.  — Delairea, 
0C75  à 1 fr.  — Dracœna  congesta,  1L50  à 3 fr. 

— Dracœna  rubra,  2C50  à 5 fr.  — Dracœna 
terminalis  variegata,  5 à 15  fr.  — Dracœna 
australis,  3 à 10  fr.  — Dracœna  brasiiiensis, 

5 à 15  fr.  — Ficus  elastica,  3 à 10  fr.  — Fou- 
gères, OC 75  à 5 fr.  — Fusains  verts  et  argen- 
tés, 1 à 2 fr.  — Gynérium,  1C50  à 10  fr.;  OC  75 
à 1C50.  — Grevillea  robusta,  1C50  à 2 fr.  — 
Géranium  à feuilles  de  Lierre,  1 à 2 fr.  — Ge- 
névriers, 1 à 2 fr.  — Houx,  1C50  à 2C50.  — 
Isolepis  ’gracilis,  0C75  à 1C25.  — Iris  pana- 
chés, 0C75  à 1C50.  — Latania,  10  à 20  fr.  — 
Lycopodes,  Sélaginelles,  0C50à  1 fr.  — Lierre, 
0f.50  à 1 fr.  — Laurier  de  Colchide,  1 fr.  à 
2C50.  — Mahonia,  1 fr.  à 1C75.  — Magnolia, 
3 à 15  fr.  — Mimosa  lophanta,  1C25  à 2 fr.  — 
Maranta,  3 à 10  fr.  — Opuntia,  0C50  à 1C50. 

— Pandanus,  10  à 20  fr.  — Pitcairnia,  3 à 5 fr. 

— Palmiers  divers,  12  à 25  fr.  — Pervenches 
panachées,  1 à 2 fr.  — Phormium,  2C50  à 5 fr. 

— Puya,  3 à 5 fr.  — Phœnia,  10  à 20  fr.  — 
Photinia,  1 à 2 fr.  — Pins,  OC50  à 2C50.  — - 
Pittosporum,  2C50  à 5 fr.  — Romarin,  0C50  à 
0C75.  — Sapins,  1 à 3 fr.  — Rhapis,  8 à 15  fr. 

— Richardia,  0C50  à 1C50.  — Sahal,  10  à 
20  fr.  — Séquoia,  2 à 4 fr.  — Rhododendrons, 
2C50  à 5 fr.  — Sapinettes,  1 à 3 fr.  — Troè- 
nes, 1 à 3 fr.  — Tradescantia  repens,  1C50  à 
2C50. — Tradescantia  zebrina,  2 à 3 fr. — Welling- 
tonia,  3 à 10  fr.  — Thuya,  0C75  à 1C50  et 
plus.  — Yucca,  1C50  à 10  francs. 

Plantes  fleuries  en  pots.  — Anthémis  frutes- 
cent, 1 fr.  à 1C25.  Azalées,  3 à 5 fr.  — 
Bruyères  du  Cap  (Phylica),  1 fr.  à 1C50.  — 
Bruyères  (Erica)  diverses,  0C50  à 1C50.  — 
BiUliergia,  5 à 10  fr.  — Cinéraires,  0C75  à 
1C25.  — Camellias,  3 à 10  fr.  — Citronniers, 
1.50  à 2fr.  — Cyclamen  de  Perse,  1 fr.  à 2t.50. 

— Crocus,  0C25  à 0C50.  — Deutzia  gracilis, 
lf.50  à 2fr.  — Daphné,  lf.50à2  fr.  — Epiphyl- 
lum  truncatum,  2C50  à 5 fr.  — Epacris,  1C50 
à 2 fr.  — Fuchsia,  D.25  à 2 fr.  — Iberis  sem- 
perllorens,  0C75  à 1C25.  — Héliotropes,  1 fr,  à 
1C50.  — Jacinthes,  0C50  à 1 fr.  — Lilas,  1C50 
à 2 fr.  — Metrosideros,  3 à 5 fr.  — Œillets 
remontants,  1C25  à 1C50.  — • Orangers,  3 à 
5 fr.  _ Pensées,  0C50  à 0C25.  — Primevères 
de  Chine,0C35à0f, 75.— Rosiers,  lf.25à  2C50. 

— Réséda,  0C75à  Ifr.  — Rhodod  endrons,  3 à 

10  fr.  — Solanum  amomum,  0C40  a 0>.75.  — 
Soirée,  1C50  à 2 fr.  — Tulipes  hâtives,  0C25  à 
0C50.  — Véroniques,  1 fr.  à 1C50.  — Violette 
des  quatre  saisons,  0f,25  à 0C50.  — Viburnnm 
Tinus,  1 fr.  à 1C50.  A.  Fkrlf.t, 


ClinOWlQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  oElîSZAl^E  DE  MAP, S) 


Pidchaines  Expositions  horticoles  à Lyon  et  à la  Fcrté-soiis-Jouarre.  — Aperçu  de  l’Exposition  tenue  en 
lévrier  par  la  Société  royale  d’horticulture  d’Angleterre.  • — Congrès  hotanifpie  do  Londres  en  18G6.  — 
Exposition  universelle  d’horticulture  à Saint-Pétersbourg  en  18G8.  — Retour  de  M.  Veitch  d’une  ex- 
ploration botanique  et. horticole  en  Amérique.  — Flores  botaniques  spéciales  aux  comtés  en  Angleterre. 
- Lettre  de  M.  Durand  sur  les  cours  publics  de  taille  faits  à Bourg  par  M.  Verrier.  — Lettre  de  M.  Pasz- 
kicwicz  relative  à l’elïèt  de  l’hiver  18G5-18GG  sur  la  végétation  des  arbres  fruitiers.  — Grande  chasse 
aux  hannetons  organisée  dans  le  département  de  l’Isère. — Difformités  des  Heurs  de  Crocus  en  Angleterre. 

— Lettre  de  M.  Bossin.  — Floraison  en  France  du  Chou  de  Shang-ton.  — Les  Crocus  dans  nos  jardins. 

— Floraisons  hâtives  de  ce  printemps.  — Les  arbres  fruitiers  dans  les  l’yrénées-Orientales.  — Erreurs 
typographiques.  — Lettre  de  M.  le  D*'  Pigeanx  en  réponse  à M.  Laujoulet  à propos  do  la  culture  de  la 
vigne  sans  taille  ni  façon.  — Lettre  de  M.  Buchelet  relative  à la  nomenclature  botanico-horticole. 


Nous  avons  reçu  les  programmes  des 
deux  procliaines  Expositions  que  doivent 
tenir  la  Société  d’horticulture  pratique  du 
lUiôiie  et  la  Société  d’horticulture  de  l’ar- 
rondissement de  Meaux.  La  première  aura 
lieu  à Lyon  du  10  au  13  mai,  dans  la  cour 
et  dans  l’ancienne  salle  de  la  Bourse;  elle 
est  ouverte  aux  plantes  utiles  ou  d’agrément; 
aux  fleurs  coupées,  aux  fruits,  aux  légumes; 
aux  devis,  plans  et  ouvrages  horticoles;  en- 
fin aux  outils,  instruments,  poteries,  mo- 
dèles de  moulins  et  autres  objets  d’art  ou 
d’industrie  ayant  un  rapport  direct  avec 
l’horticulture.  L’autre  Exposition  se  tiendra 
à la  Ferté-sous-Jouarre  (Seine-et-Marne),  du 
24  au  27  juin;  elle  sera  ouverte  aux  memes 
objets  que  celle  du  Pdiône,  mais  en  outre 
elle  sera  l’occasion  de  concours  entre  les 
garçons  jardiniers  qui  voudront  subir  des 
examens  pour  l’obtention  de  certificats  de 
capacité. 

— En  Angleterre  , l’hiver  n’arrête  pas 
les  expositions  horticoles,  et  nous  avons  à 
mentionner  aujourd’hui  l’Exposition  florale 
tenue  le  10  février  dernier  par  la  Société 
royale  d’horticulture.  C’est  à M.  Cutbush 
et  fils,  de  Wighgate,  qu’est  revenu  le  prin- 
cipal honneur  de  la  journée,  ainsi  que  l’a 
constaté  le  Gardeners’  Ghronicle,  on  y re- 
marquait en  premier  lieu  un  très -joli  groupe 
de  18  bulbes,  obtenus  en  serres  et  consistant 
en  Jacinthes  et  en  Tulipes,  dont  les  fleurs  par- 
faitement développées,  épanouies,  attiraient 
tout  d’abord  l’attention,  avec  des  masses  de 
Crocus  de  plusieurs  variétés.  Une  de  ces  va- 
riétés, connue  sous  le  nom  de  Crocus  Albion, 
se  distinguait  entre  toutes  parles  dimensions 
de  ses  pétales,  aussi  grands  que  ceux  des 
Tulipes  et  présentant  de  larges  rayures  d’un 
pourpre  sanguin  velouté.  11  y avait  encore 
de- jolis  spécimens  du  Polygonalum  offici- 
nale et  douze  groupes  abondants  du  Prunus 
sinensis  en  pleine  floraison.  A coté  de  ses 
buissons  nains  qui  constituent  un  des  plus 
jolis  produits  des  serres  à cette  époque  de 
l’année,  MM.  F.  Smith  et  A.  Smith  avaient 
exposé  un  groupe  intéressant  de  Primula 
duplex  et  de  Primula  sinensis,  parmi  les- 
quels on  remarquait  un  Primula  incarnala, 
qui,  par  la  teinte  de  ses  pétales,  tient  le  milieu 
entre  la  variété  double-rouge  et  la  variété 
rouge  pcàle,  les  Primevères  appelées  Queen  of 
PmjlandàileuTs  larges  et  claires,  Kermesina 

16  MARS  1866, 


splendens  d’un  rose  net  avec  une  légère 
teinte  carminée,  Fainj,  plante  naine  d’un 
rouge  magnifique,  ont  obtenu  un  grand  suc- 
cès. Trois  grandes  médailles  ont  été  accor- 
dées exceptionnellement  à MM.  Cutbush,  les 
propriétaires  des  Tulipes,  des  Jacinthes  et 
des  Polygonalum.  Les  autres  horticulteurs 
récompensés  sont  M.Young,M.  Barclay,  Esq. 
et  M.  Bartlett,  pour  les  perfectionnements 
qu’il  a apportés  dans  sa  culture  des  plantes 
à bulbes. 

Tous  les  journaux  agricoles  s’occupent 
avec  intérêt  des  préparatifs  et  de  la  dispo- 
sition de  l’Exposition  internationale  d’hor- 
ticulture de  Londres,  dont  l’ouverture  est 
maintenant  assez  rapprochée.  Nous  avons 
tenu  les  lecteurs  au  courant  de  tout  ce  qui 
se  rattache  à l’exécution  d’un  plan  aussi 
gigantesque  et  qui  est  sans  précédent  dans 
l’histoire  de  la  botanique  appliquée. 

A côté  de  cette  Exposition  smuvrira,  pour 
s’associer  et  concourir  au  même  but,  le 
Congrès  botanique  dont  on  n’avait  pas  en- 
core déterminé  l’emplacement.  Nous  appre- 
nons d’une  manière  positive  que  le  Bota- 
nical  Congress  se  tiendra  dans  le  Kensington 
Muséum.  Les  commissaires  du  Comité  d’é- 
ducation {Lords  of  (lie  commiltee  of  council 
on  educalion)  ont  spontanément  mis  la 
salle  Raphaël  à la  disposition  du  Congrès 
botanique,  voulant  ainsi  concourir  pour 
leur  part  au  brillant  succès  qui  est  réservé 
à cette  utile  institution. 

Il  se  prépare  en  ce  moment  plusieurs 
journaux  spécialement  destinés  à faire  con- 
naître au  public  les  travaux  de  la  Société 
et  les  motions  des  adhérents  et  des  mem- 
bres : il  est  évident  que  rien  ne  manquera 
pour  donnera  cette  solennité  scientifique, 
qui  réunira  toutes  les  illustrations  hortico- 
les du  globe,  tout  l’intérêt  que  son  objet 
réclame. 

Le  D*‘  Seeman,  dont  les  travaux  sont  bien 
connus  de  tous  ceux  qui  ont  suivi  depuis 
dix  ans  les  progrès  de  la  botanique,  avait 
été  tout  d’abord  désigné  pour  remplir  les 
fonctions  de  secrétaire.  Il  vient  de  donner 
sa  démission  au  moment  où  personne  ne 
s’attendait  à un  pareil  changement.  Nous 
savons  de  source  certaine  qu’il  est  chai’gé, 
par  le  gouvernement  anglais,  d’une  mission 
dans  l’Amérique  centrale. 

Le  successeur  désigné  est  le  B>’  Masters; 

6 


CUUOMQl'E  UÜUTICOLE  (PUEMIÉUE  QUINZAINE  DE  MARS). 


bien  (iu’il  soit  moins  connu  que  le  D'’  See- 
inan,  sa  nomination  a été  accueillie  avec 
laveur  par  la  presse  horticole  de  la  Grande- 
Bretagne. 

Le  D*'  Regel,  vice-président  de  la  Société 

liorticole  de  Saint-Pétersbourg,  vient  de  pu- 
blier une  circulaire  annonçant  l’ouverture 
d’une  grande  Exposition  d’horticulture  dans 
cette  capitale  en  1808.  L’Exposition  est 
placée  sous  le  patronage  du  grand-duc  Ni- 
colas. Elle  sera  accompagnée,  comme  la 
grande  Exposition  qui  se  prépare  en  Angle- 
terre, d’un  Congrès  botanique  constitué  par 
des  botanistes,  des  horticulteurs  et  des 
amateurs.  Il  paraît  que  tous  les  objets  d’art, 
d’industrie,  etc.,  seront  encore  admis  à cette 
Exposition.  Le  Regel  demande  instam- 
ment qu’on  veuille  bien  l’informer  des 
moyens  les  plus  aisés  pour  transporter  les 
objets  exposés.  li  est  certain  que  la  ques- 
tion de  transport  possède  ici  son  impor- 
tance et  pourra  bien  retenir  un  grand  nom- 
bre d’exposants.  Si  les  gouvernements  et 
les  compagnies  de  chemins  de  fer  ne  rédui- 
sent pas  les  tarifs  d’une  manière  considé- 
rable, il  n’y  aura  pas  grand  intérêt  pour  les 
horticulteurs  de  l’Europe  à faire  faire  h 
leurs  productions  le  long  voyagm  qui  nous 
sépare  de  la  capitale  de  la  Russie. 

— Le  Gardeners’  Clironicle  annonce 
l’heureux  retour  en  Angleterre  de  M.  J.  G. 
Veitch  qui  a,  pendant  ces  deux  dernières 
années,  exploré  le  centre  de  l’Amérique.  Ce 
savant  rapporte,  dit- on,  des  matériaux  cu- 
rieux et  une  foule  de  graines  dont  il  doit 
tenter  l’acclimatation  en  Europe.  Nous  fe- 
rons connaître  plus  tard  les  résultats  de  ces 
études  qui  intéressent  à un  aussi  haut  point 
l’horticulture. 

— On  peut  observer,  en  ce  moment,  une 
grande  émulation  en  Angleterre  pour  l’avan- 
cement de  la  botanique.  Chaque-  comté 
possède  sa  flore  décrite  par  des  auteurs  au- 
torisés. On  connaît  les  llores  d’Essex  et  de 
Cambridgeshire;  nous  apprenons  que  c’est 
sur  le  plan  de  ces  deux  derniers  ouvrages 
(pie  M.  W.  Thiselton  Dyer  et  le  D'’  Henry 
Trimen  vont  publier  une  flore  du  comté 
de  Middlesex.  Si  les  comtés  voisins  suivent 
cet  exemple,  auquel  nous  ne  saurions  trop 
applaudir,  la  Grande-Bretagne  possédera 
dans  un  petit  nombre  d’années  une  des- 
cription de  tout  ce  que  son  sol  renferme 
d’intéressant  au  point  de  vue  de  la  physio- 
logie et  de  la  classification  des  plantes. 

Le  mouvement  vers  l’étude  complète  de, 
la  botanique,  par  l’établissement  de  llores 
particulières,  se  propage  de  plus  en  plus. 
Les  auteurs  de  ces  excellentes  tentatives  sa- 
vent bien  que  leurs  efforts  répondent  aux 
tendances  du  public  : ils  font  appel  aux 
renseignements  que  les  bommes  compé- 
tents peuvent  leur  fournir  pour  enrichir  et 
pour  compléter  leur  œuvre.  Nous  signalons 


avec  plaisir  la  lettre  circulaire  de  M.  A\  . R. 
Ilemsley  aide-botaniste,  au  jardin  de  Kew, 
qui  demande  des  renseignements  pour  la  pu- 
blication de  sallore  de  Sussex.  M.  James  Brit- 
ten,  de  son  côté,  réunit  les  matériaux  d’une 
flore  du  comté  de  Buckinghamshire.  Les  plus 
petites  communications,  dit-il,  seront  re- 
çues avec  reconnaissance.  Voilà  du  dévoue- 
ment à la  science;  cette  quête  au  denier 
mérite  1 approbation  de  tous  les  savants.  On 
nous  annonce  également  la  publication 
d’une  flore  du  AVarwicLshire,  qui  serait 
faite  par  M.  R.  J.  Culham. 

— L’étude  de  l’horticulture  se  développe 
en  France  par  d’autres  moyens  que  ceux 
que  nous  signalons  dans  la  Grande-Breta- 
gne; à côté  des  expositions,  nous  avons  eu 
surtout  à faire  remarquer  la  création  d’un 
grand  nombre  de  cours,  et  c’est  encore  sur 
ce  sujet  que. la  lettre  suivante  appelle  Lat- 
te n lion  de  nos  lecteurs  : 

« La  Saulsaie,  9 mars  1866. 

« Monsieur, 

((  Vous  avez  indiqué,  dans  votre  chronique  de 
la  Revue  horticole,  plusieurs  cours  publics  de 
taille  faits  cette  année  en  province  ; je  viens 
VO  IS  en  signaler  un  nouveau,  professé  le  mois 
dernier  à Bourg,  par  M.  Verrier,  jardinier- 
ciicf  à l’Ecole  de  la  Saulsaie.  ^ 

« Depuis  trois  ans,  M.  Verrier  est  appelé  par 
la  Société  d’horticulture  de  l’Ain,  pour  faire  à 
Bourg  un  cours  pratique  de  taille.  Les  jour- 
naux du  département  ont  toujours  fait  l’éloge 
de  ses  leçons  et  ont  constaté  leur  utilité  en  se 
fondant  sur  le  nombre  considérable  des  per- 
sonnes qui  les  ont  suivies. 

((  Le  cours  de  cette  année  a compris  5 le- 
çons; à chacune  d’elles  ont  assisté  plus  de 
200  auditeurs. 

« Recevez,  Monsieur,  etc. 

« E.  Durand, 

« Professeur  à l’Ecole  de  la  Saulsaie.  » 
Nous  sommes  heureux  de  l’occasion  (|ui 
se  présente  de  pouvoir  féliciter  M.  Verrier 
du  succès  de  son  enseignement  public  hor- 
ticole; ce  succès  est  la  récompense  bien 
méritée  du  dévouement  de  cet  exellent  pro- 
fesseur d’horticulture  pratique. 

— L’hiver  astronomique  touche  à sa  lin  ; il 
est  donc  probable  que  l’hiver  météorologi- 
que n’aura  pas  eu  lieu;  il  a été  remplacé  par 
une  sorte  d’automne.  Sur  les  singularités 
de  celte  saison  et  ses  elfets  nous  recevons 
de  M.  Paszkiewicz  cette  très-intéressante 
communication  : 

« Mazicros  (Cher),  5 mars  1866. 

((  Monsieur  le  Directeur, 

« Déjàl’année  dernière  (vol.  de  1865,  page  221) 
je  vous  ai  adressé  (juelques  nouvelles  de  Létal 
he  la  végétation  des  arbres  fruitiers  et  vous 
avez  bien  voulu  les  accueillir.  Je  viens  aujour- 
d’hui vous  communiquer  quelques  observations 
sur  l’état  où  se  trouvent  ces  mêmes  arbres 
après  l’hiver  exceptionnellement  doux  (]ue 
nous  venons  de  traverser,  obs('rvalions  (jui,  je 
l’espère,  pourront  être  agréables  aux  lecteurs 
de  la  Revue, 


103 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  MARS). 


<f  Nous  touchons  à la  lin  d’un  hiver  exempt  de 
neiges  et  à peu  près  sans  glace;  des  pluies,  des 
pluies,  rien  que  des  pluies.  Les  terres  détrem- 
pées sont  d’une  culture  difficile,  et  si  la  végé- 
tation est  en  avance,  heaucoup  de  travaux  sont 
en  retard.  Cette  humidité,  jointe  aune  teinpé- 
rature  entièrement  douce,  a avancé  réjioqueha- 
hituelle  de  végétation  des  arbres;  les  moindres 
rameaux  sont  gorgés  d’une  sève  abondante  qui 
révèle  sa  présence  par  le  grossissement  des 
yeux  à bois,  et  surtout  par  le  développement 
des  boutons  à Heurs, 

((  Encore  quelques  jours,  et  les  arbres  vont 
revêtir  leur  parure  printanière  de  verdure  et 
de  Heurs. 

« Les  Abricotiers,  toujours  les  premiers,  sont 
Heuris depuis  le 20  février  {arbres  en  espalier); 
ceuxdepleinvententr’ouvrent  leurs  boutons.  — 
LesPècbersd’espaliersépanouissentleursHeurs; 
et  leurs  yeux  à bois  laissent  apercevoir  l’extré- 
mité effilée  des  premières  feuilles.  Ces  deux 
espèces,  tant  en  plein  vent  qu’en  espalier,  sont 
couvertes  de  boutons;  combien  en  résistera- 
t-il?  — Les  Poiriers,  eux  aussi,  sortent  de  leur 
apparent  sommeil  de  l’biver  et  leurs  corymbes 
font  éclater  les  enveloppes  qui  les  emprisonnent 
encore  à demi. 

« Je  me  souviens  d’avoir  lu,  l’automne  der- 
nier, que  la  formation  des  boutons  à fruits  des 
Poiriers,  entravée  par  la  sécheresse  persistante 
de  l’été,  n’avait  pu  s’elïectuer  convenablement, 
et  qu’il  ne  fallait  pas  s’attendre  à une  récolte 
abondante  pour  18GG.  11  en  est  malheureuse- 
ment ainsi  pour  certaines  variétés;  d’autres,  au 
contraire,  ordinairement  fertiles,  il  est  vrai, 
telles  que  les  Duchesses  d’Angoulême,  Louise 
bonne  d’Avrancbes,  Beurré  d’Anjou,  Vauque- 
lin.  Seigneur  Esperen,  Saint-Germain  d’hiver, 
Doyenné  d’été,  etc,,  sont  couvertes  de  pro- 
messes, Quand  aux  Cerisiers  et  Pruniers, 
leurs  boutons  très-nombreux  s’accroissent  ra- 
pidement et  ne  tarderont  pas  à étaler  leurs 
blanches  corolles. 

(5  Si  la  végétation  se  réveille,  les  ennemis  ne 
restent  pas  en  repos;  et  je  crains  bien  que, 
cette  année, leur  nombre  soit  encore  plus  con- 
sidérable, si  cela  est  possible,  que  l’année  der- 
iiière.  J’ai  remarqué  avec  peine,  il  y a quelques 
jours,  beaucoup  de  boutons  à Heurs  des  Pêchers 
en  espalier  rongés  et  détruits  ; ce  sont  des 
chenilles  de  dilférentes  espèces  qui  causent  ces 
dégâts  désolants.  J’en  ai  trouvé  de  grisâtres, 
de  presque  noires  et  de  rayées  et  velues.  Les 
})ucerons  ont  aussi  fait  leur  apparition,  et 
chaque  rayon  de  soleil  en  fait  éclore  de  nou- 
velles générations.  Si,  comme  je  le  crains,  leur 
multiplication  se  continue  , nous  aurons  ce 
pidntemps  bien  des  combats  à leur  livrer. 

« Je  termine  cette  lettre  déjà  bien  longue, 
iMonsieur  le  Directeur,  en  relatant  un  fait  qui 
vient  a l’appui  de  ce  que  je  disais  à propos  des 
plantations  d’automne  dans  un  récent  article 
(I  8G5,  p.  352  et  433).  J’ai  eu,  ces  jours  derniers,  à 
déplanter  plusieurs  arbres  de  dilférentes  es- 
pèces, Poiriers,  Cerisiers,  Pruniers,  Abricotiers. 
Ces  arbres  avaient  été  mis  en  place  au  mois  de 
novembre  dernier.  Ce  qu’ils  ont  produit  de 
nouvelles  radicelles,  depuis  celte  époque,  est 
vraiment  étonnant,  l^es  grosses  racines,  taillées 
avant  leur  mise  en  place,  avaient  l’extrémité 
recouverte  d’un  énorme  bourrelet  d’où  })ar- 
taient  une  multitude  de  radicelles  blanchâtres; 


d’autres  radicelles  sortaient  du  corps  des  gros- 
ses racines;  enfin  ces  arbres  avaient  préparé 
pendant  l’iiiver  tout  un  nouveau  système  de 
lacines  et  commençaient  à l’émettre.  Si  je  n’a- 
vais pas  été  obligé  de  les  déplanter,  leur  re- 
prise était  certaine.  Que  l’on  compare  donc  de 
tels  arbres  qui  ont,  tout  ]>réparé,  un  système 
absorptif  quand  l’époque  de  la  végétation  ar- 
rive, à d’autres  arbres  qui,  à cette  même  épo- 
que, ont,  par  le  fait  d’une  plantation  tardive,  à 
produire  à la  fois  des  feuilles,  des  bourgeons  et 
des  racines  pour  les  nourrir.  — Les  avantages 
des  plantations  d’automne  me  paraissent  telle- 
ment évidents , que  je  suis  toujours  à me 
demander  pourquoi  on  les  néglige  si  souvent. 

((  Veuillez  agréer,  etc. 

« L.  Pâszkiewicz.  » 

La  remarque  de  M.  Pâszkiewicz  sur  la 
multiplication  des  racines  des  plantes  favori- 
sées par  la  douceur  de  la  température  pa- 
raîtra certainement  très-juste  à tous  les 
horticulteurs.  Aussi  trouvera-t-on  opportun 
la  grande  chasse  pour  la  destruction  des 
hannetons  qui^est  organisée  sous  le  patro- 
nage du  préfet  de  l’isère.  Il  est  fait  appel 
aux  enfants  ; les  communes  sont  invitées 
à allouer  une  prime  de  OLIO  par  ki- 
logramme de  hannetons  recueillis  pour  être 
détruits;  un  crédit  de  1,000  fr.  sera  ouvert 
au  budget  départemental  pour  augmenter 
les  ressourcesdes  communesqui  prendraient 
part  à cette  chasse  générale.  H serait  désira- 
ble que  de  telles  mesures  fussent  imitées 
dans  toute  la  France. 

— ■ Les  journaux  anglais  signalent  une 
déformation  spéciale  qu’un  grand  nombre  de 
Crocus  subissent  actuellement  et  qui  tient 
peut-être  à l’état  précoce  de  la  température. 
Voici  en  quoi  elle  consiste  : Les  segments  de 
la  fleur  adhèrent  l’un  à l’autre,  et  cette  ad- 
hérence, complète  au  centre  de  la  fleur,  di- 
minue à mesure  qu’on  s’en  éloigne,  et  ne 
s’observe  pas  sur  la  périphérie  ; la  réunion  se 
fait  quelquefois  d’un  pétale  à une  étamine 
ainsi  qu’on  en  a cité  quelques  exemples. 
Quelle  est  la  cause  positive  de  cette  anoma- 
lie; tient-elle  à l’état  de  la  température,  à 
la  nature  du  sol,  au  mode  vicieux  de  la  cul- 
ture qu’on  y applique?  Le  Gardeners’ 
Chronicle  se  reconnaît  incapable  de  décider 
la  question  et  demande  l’avis  des  horticul- 
teurs compétents  pour  éclairer  ce  point 
nouveau  de  la  pathologie  des  fleurs. 

— Dans  la  lettre  suivante  de  M.  Bossin,  on 
trouvera  quelques  autres  observations  sur 
le  Crocus  et  sur  les  floraisons  remarquables 
que  ce  printemps  donne  lieu  de  constater  : 

« Monsieur  et  cher  Directeur, 

Je  vous  annonce  avec  ])laisir  le  commence- 
ment de  la  floraison,  — la  première  peut-être 
en  Franco,  — du  Chou  de  Shaucpton,  nouvelle 
et  excellente  plante  potagère  d’auloir.ne  et  d’hi- 
ver, d’introduction  récenle  dont  je  me  propose 
d’enlrelenir  les  lecteurs  de  lai’crec,  dans  l’i-ndes 
prochains  numéros.  En  même  temps,  je  donnerai 
nom  opinion  sur  la  salade  chinoise  et  sui-  le 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  MARS). 


Chou-navet  de  Chine,,  en  faisant  connaître  la 
valeur  culinaire  et  relative  de  ces  trois  plantes 
du  Céleste-Empire. 

Toutes  les  jolies  variétés  de  Crocus  rernus 
sont  en  fleur,  dans  mon  jardin,  depuis  la  fin  de 
janvier,  ainsi  que  les  Galanthus  nivalis^  à fleurs 
simples  et  à fleurs  doubles.  Ces  élégantes  corol- 
les, aux  nuances  si  diverses  et  si  délicates,  de- 
vraient étaler  chaque  année  dans  cette  saison  la 
richesse  de  leur  coloris  dans  tous  les  jardins, 
dans  toutes  les  serres  et  dans  tous  les  salons, 
mais  il  n’en  est  pas  ainsi  et  je  n’en  comprends 
pas  la  raison. 

Mes  Pivoines  en  arbre  ont  déjà  le  bouton 
formé,  il  est,  dans  quelques  variétés,  de  la  gros- 
seur du  pouce.  Les  thyrses  rudimentaires  du  Lilas 
se  font  voir  en  ce  moment  sur  les  pieds  les  plus 
précoces;  leur  coloris  se  détache  parfaitement 
du  vert  des  jeunes  feuilles  qui  les  accompagnent, 
et,  si  la  saison  continue  ainsi  sans  accident,  je 
veux  dire  sans  gelées,  nous  verrons  en  1866  les 
prodiges  d’une  rare  précocité. 

c(  Mes  Abricotiers,  mes  Pêcbers  et  mes  Aman- 
diBrs  entrent  également  en  fleurs.  Tout  cela 
dans  mon  jardin  d’Hanneucourt. 

« Je  crois  devoir  ajouter  quelques  renseigne^ 
ments  que  je  reçois  de  M.  Rouffia,  d’Estagel, 
(Pyrénées-Orientales),  ils  sont,  je  crois,  assez 
intéressants  pour  les  faire  passer  sous  les  yeux 
de  vos  lecteurs.  Les  voici  : la  lettre  de  M. 
Rouffia  est  datée  du  4 mars  1866. 

« Je  ne  vous  envoie  pas  de  graines  de  Colon 
parce  que  je  sais  que  le  Ministre  de  l’agriculture  en 
a mis  à la  disposition  de  ceux  qui  lui  en  demarident. 
Il  en  a envoyé  à la  Société  d’agriculture  de  notre 
département.  » 

M.  Rouffia  a cultivé  le  Colon  aux  environs  de 
Perpignan  avec  un  plein  succès,  il  y a quel- 
ques années.  11  ajoute. 

« Nos  arbres  fruitiers  sont  en  fleurs;  la  Luzerne 
a déjà  de  0n*.30  à 0>^.4.0  de  hauteur.  Mais  nous 
éprouvons  les  effets  d’une  grande  sécheresse, 
liier  il  nous  est  tombé  un  peu  de  pluie;  il  y a plus 
de  dix  mois  qu’il  n’a  pas  plu  tout  de  bon;  nous 
avons  aujourd’hui  un  très-beau  jour  de  printemps.  » 

« Accordez-moi,  maintenant,  mon  cher  Direc- 
teur la  permision  de  relever  quelques  erreurs 
typographiques. 

((  Dans  ma  note  sur  les  adjectifs  latins  publiée 
dans  le  n»  de  la  Revue  horticole  du  16  janvier, 
on  me  fait  dire  ; 1®  à la  sérié  des  Choux,  Brassica 
mullipUcata,  au  lieu  de  Brassica  multicapilata; 
2o  au  petit  alinéa  concernant  Poiteau  au  mot 
plantes^  on  a omis  de  compléter  la  phrase  : 
par  celui  àe potagères;  S^on  a,  dans  la  meme  co- 
lonne, imprimé  le  comte  de  Cussey  au  lieu  du 
comte  de  Cessy,  président,  etc.;  au-dessous  on 
lit  Nantes,  au  lieu  de  Mandes,  qui  devrait  y 
cire  au  sujet  de  M.  Lecureur,  botaniste. 

« Personne  plus  que  moi  n’est  partisan  de 
la  libre  discussion,  mais  M.  Brianza  me  paraît 
avoir  dépassé  un  peu  les  limites  permises.  Il 
est  vrai  qu’il  est  étranger  et  qu’il  ignore  peut- 
être  les  bornes  que  n’aurait  pas  dû  franchir 
un  langage  parlementaire. 

« Aux  quatre  erreurs  typographiques  que  je 
viens  de  signaler,  et  qui  existent  dans  ma  note 
sur  les  adjectifs  /«/ms  insérés  dans  la  Revue 
horticole  du  16  janvier,  veuillez  ajouter  celle- 
ci.  A l’article  Pois,  Pois  sans  parchemin,  au 
lieu  de  Pisinn  exorticatum , il  faut  lire  Pisum 
excorticatum.  Ce  latin  si  stupide  aux  yeux  de 


M.  Brianza  n’est  pas  de  moi^  q ^ 

Dumont  de  Courcel,  leipiel  peut,  selon  moi,  être 
opposé  à mon  critique  italien. 

« Veuillez  agréer,  etc. 

« BossiN.  * 

Puisque  nous  venons  de  relever  quelques 
erreurs  typographiques,  nous  devons  placer 
ici  la  rectification  suivante  que  nous  envoie 
M.  Jean  Sisley,  relative  à la  vente  des  Œil- 
lets deM.  Alégatière. 

V Lyon,  le  4 mars  1866. 

((  Monsieur, 

((  En  vous  remerciant  de  l’insertion  de  mon 
article  sur  les  Œillets  de  M.  Alégatière  dans  le 
dernier  n»  de  la  Revue  (fer  mars,  page  93),  je 
vous  prie  de  rectifier  une  erreur  importante. 
On  a imprimé  « qui  en  a livré  au  commerce 
cette  année  » , il  fallait  mettre  « qui  en  livrera» 
M.  Alégatière  ne  vendra  ses  Œillets  qu’en  mai. 

« Veuillez  agréer,  etc.  « Jean  Sisley.  » 

M.  de  Liron  d^’Airoles  nous  adresse  aussi 
de  son  côté  la  demande  de  rectification  sui- 
vante : 

((  En  donnant  la  description  de  la  Poire 
Amélie  Leclerc,  j’ai  voulu  citer  la  Poire  Jac- 
ques Chamaret,  que  la  Revue  a publiée  dans  le 
volume  de  1863,  page  411,  et  non  pas  la  Poire 
Jacques  Charmant.  » 

Nous  donnerons  place  maintenant  à deux 
lettres  de  polémique.  Voici  d’abord  ce  que 
répond  M.  le  Pigeaux  à M.  Laujoulet 
sur  la  culture  de  la  Vigne  sans  taille  ni  façon. 

« Mon  cher  Monsieur  Barrai, 

((  Certes  il  faut  reconnaître  la  sagesse  et  la 
prévoyance  du  philosophe  qui  conseillait  de  ne 
pas  ouvrir  la  main  remplie  de  vérité,  si  l’on 
veut  vivre  tranquille.  J’ai  trop  oublié  ce  précepte 
en  publiant  l’article  auquel  vient  de  répondre 
si  victorieusement  M.  Laujoulet^  ; non-seulement 
j’y  suis,  sans  ménagement  aucun,  atteint  et 
convaincu  d’ignorance  viticole  , ce  qui 

semble  beaucoup  plus  grave  , d’hérésie  vini- 
cole;  laps  et  relaps,  tel  est  mon  lot  c’est  à 
peine  si  l’on  ose  croire  à ma  conviction  à moins 
(jue  je  ne  sacrifie  au  jus  du  petit  gamay  dont  l’i- 
vresse provoque  la  récipiscence,  au  dire  de  M. 
Laujoulet.  Fort  heureusement  on  ne  brûle  plus 
aujourd’hui  les  hérétiques,  mais  chez^  nous  ils 
sont  atteints  d’un  ridicule  qui  n’est  guère  moins 
dangereux.  Songeons  à nous  en  défendre  encore, 
M.  Laujoulet  eût  été  un  excellent  inquisiteur,  il 
n’eût  certes  pas  reculé  devant  la  condamnation 
de  Galilée,  sa  rétractation  ne  l’eût  pas  désarmé. 
Que  voulez-vous?  Il  faut  bien  lui  pardonner  sa 
conviction,  car  elle  est  sincère  et  qui  plus  est 
ancienne;  à ses  yeux,  bien  osé  est  celui  qui 
veut  lui  faire  abandonner  la  routine,  il  y tient 
comme  tous  les  tailleurs  d’arbres  qu’on  appelle 
professeurs  d’arboriculture.  Ils  sont  dans  leur 
droit;  mais  qu’objectera-t-il  au  fait,  au  fait 
positif,  à l’expérience  en  grand  de  mon  système, 
dont  je  me  croyais  l’inventeur  et  dont,  après 
tout,  je  ne  serai  plus  que  le  plagiaire  quand  il 
aura  été  adopté.  M.  le  D*'  Guyot,  dont  chacun  se 
plaît  à reconnaître  l’expérience  et  le  savoir  en 
viticulture,  m’avait  dès  l’année  dernière  accablé 
des  mêmes  objections  (à  part  les  longs  bois 

1 Voir  les  des  et  16  février,  p.  46  et  67. 


105 


CHRONÎQUE  HORTICOLE  (1‘liEMlÈlîE  nüINZAlISE  ÜE  MARS). 


dont  il  est  partisan)  que  M.  Laiijonlet.  Force 
m’avait  été  d’ajourner  l’espoir  de  le  lui  voir  pré- 
coniser dans  ses  tournées  viticoles,  lorsqu’à 
une  récente  visite  il  me  fit  voir  de  fort  Ijeaux 
dessins  pris  sur  nature,  où  de  nombreux  hectares 
étaient  cultivés  d’après  le  système  que  je  croyais 
tnien,  et  avec  le  plus  grand  succès.  Au  lieu  de 
2,500  pieds,  il  n’y  en  avait  plus  que  600  par  hec- 
tare, car  chaque  plant  couvrait  16  mètres  au 
moins  de  superficie,  et  la  production  attei- 
gnait sans  peine  140  à 150  hectolitres  à l’hec- 
tare : 1 litre  et  demi  par  mètre  superficiel,  sans 
nuire  à la  qualité  tant  s’en  faut.  — Le  fait, 
avec  témoignage  irrécusable,  sera  publié  dans 
la  prochaine  publication  de  M.  le  Dr  Guyot,  au- 
quel la  viticulture  et  même  la  viniculture  auront 
(le  si  notables  obligations,  — Je  n’en  dirai  pas 
davantage  pour  lui  en  laisser  la  primeur. 

((  En  présence  d’objections  si  accablantes,  que 
vont  dire  MM.  Laujoulet  et  consorts?  Nier  le  fait 
est  impossible, maisils  sauront  le  contourner,  ils 
y adapteront  des  théories  spécieuses.  N’y  a-t-il 
pas  au  xixe  siècle  des  individus  qui  proclament 
encore  erronée  la  théorie  de  Pythagore  si  pé- 
remptoirement démontrée  par  Galilée.  Le  sys- 
tème qui  supprime  la  taille  des  arbres  fruitiers 
et  de  laYigne  est  aujourd’hui  hérétique;  quand  il 
aura  été  adopté  généralement,  M.  Laujoulet  ne 
sera  plus  pour  lui  jeter  la  pierre,  mais  d’autres 
après  lui  entreprendront  la  tâche  glorieuse 
d’imposer  un  fardeau  inutile  à la  pauvre  huma- 
nité. Aussi  je  réserve  pour  ceux-là  les  controh- 
jec lions  à tous  les  Laujoulet  à venir.  Quant  à 
mon  contradicteur^  je  renonce  à le  convertir, 
car  il  n’a  pas  même  saisi  l’appel  bienveillant 
que  je  sollicite  de  tous  les  viticulteurs  en  les 
invitant  à sacrifier  quelques  ares  à titre  de  con- 
trôles et  d’épreuves  ; il  a mieux  aimé  ne  voir 
que  les  imperfections  inhérentes  à toute  tenta-' 
tive  dans  un  champ  vierge.  A chacun  sa  res- 
ponsabilité, je  ne  décline  pas  la  mienne;  j’ai 
reçu  de  nombreuses  lettres  plus  ou  moins  aigres- 
douces,  comme  on  en  doit  à tout  novateur.  J’y 
répondrai  dans  mon  temps  et  à mon  heure 
quand  la  furia  francese  se  sera  épuisée,  ce 
qui  ne  saurait  tarder  en  présence  de  mon  silence. 

« Quant  à M.  Laujoulet,  en  considérant  son 
peu  de  charité,  nous  faisons  pour  lui  une  ex- 
ception, et  pour  punition  nous  lui  souhaitons  de 
tout  cœur  qu’il  puisse  encore  pendant  de  nom- 
breuses années  boire  le  jus  du  petit  Gamay, 
travailler,  amender,  façonner  sa  Vigne;  sa 
sueur  inutilement  versée  sera  la  seule  vengean- 
ce que  j’espère  en  tirer.  Amen. 

((  Veuillez  agréer,  etc.  « J.  Pigeaux.  » 

Nous  ne  nous  mêlerons  pas  à ce  débat. 
Pour  le  moment,  nous  devons  rester  té- 
moins entre  deux  adversaires  si  bien  ar- 
més. 

— Sur  la  nomenclature  botanique,  tout  n’a 
pas  encore  été  dit,  ainsi  que  l’a  prouvé  notre 
numéro  du  février.  Aussi  M.  Buchetet 
rentre-t-il  en  lice  par  la  lettre  suivante: 

« Monsieur  le  Directeur, 

-<  La  question  de  la  nomenclature  horticole, 
je  m’en  étais  bien  douté,  — ne  manquait 
pas  d’un  certain  à-propos  au  moment  où  je  l’ai 
soulevée;  de  même  (pie  toute  question  qui  in- 
éresse,  elle  ne  pouvait  pas  non  plus  disparaî- 
h’e  pour  toujours,  et,  si  je  ne  me  trompe,  voici 


(|uc,  cahin-caha,  elle  revient  prendre  sa  petite 
[>lace  dans  la  llevue  horticole. 

« On  la  croyait  enterrée,  on  n’en  voulait  plus 
rien  dire;  le  sujet  était  épuisé;  si  l’un  ou  l’au- 
tre en  parlait  enc.ore  une  fois,  c’était  pour 
proclamer  qu’en  fin  de  compte  c’est  lui  qui 
avait  raison,  — cela  va  sans  dire,  — et  pour  dé- 
clarer ensuit"'  (pie  dès  lors  il  ne  s’en  occupe- 
rait plus  guère.  Promettre,  c’est  bien  ; mais 
tenir  ! Peu  à peu  sont  revenues  les  allusions, 
puis  les  escarmouches,  puis  les  attaques  plus 
décidées,  et  enfin  la  défense  à découvert. 

« Dire  cpi’en  ce  moment,  je  ne  serais  pas  un 
peu  tenté,  moi  aussi,  de  me  faufiler  derechef 
dans  le  champ  clos  dont,  il  y a deux  ans,  j'ai 
ouvert  le  premier  la  barrière,  je  ne  l’oserais 
pas  ; on  n’aurait  (pi'à  ne  me  pas  croire;  mais 
parmi  les  combattants  que  j’y  retrouve,  les  uns, 
Dieu  merci  ! se  passeront  parfaitement  de  mon 
aide,  les  autres  se  riraient  parfaitement  de  mon 
atta([ue;  je  me  tais,  c’est  le  plus  sage.  D’autant 
plus  — et  c’est  là  que  je  voulais  en  venir  — 
que  je  crois  maintenant  toute  discussion  inutile; 
les  (ieux  partis  ne  s’entendront  pas. 

((  On  ne  s’entendra  pas  parce  que,  dans  tout 
conflit,  pour  qu’une  entente  devienne  possible, 
il  faut  que,  de  chaque  côté,  l’on  concède  au 
moins  un -point,  et  c’est  ce  que  je  ne  trouve  pas 
ici.  Je  vois  bien  ceux  f|ui  défendent  les  déno- 
minations françaises  dire  continuellement  à 
leurs  contradicteurs  : « Nous  ne  vous  blâmons 
pas  d’adopter  pour  vous,  hommes  de  science, 
une  nomenclature  scientifique,  mais  souffrez 
(jue  nous,  simples  amateurs,  et  nos  jardiniers, 
nous  conservions  les  noms  covomims 'pour  notre 
usage.  » C’est  ce  qu’ont  toujours  dit  ceux  qui 
ont  partagé  mon  opinion.  Mais  ce  que  personne 
n’a  entendu  encore,  c’est  le  parti  amoureux  de 
la  nomenclature  grœco-latine  dire  à ses  adver- 
saires ; « Vous  avez  raison,  pour  votre  usage  per- 
sonnel, dans  votre  jardin,  dans  votre  potager,  sur 
votre  fenêtre^  de  conserver  les  noms  connus  de 
tout  le  monde  depuis  des  siècles  ; mais  permettez 
que  nous,  savants  ou  botanistes,  nous  ayons 
notre  nomenclature , notre  classification  parti- 
culière, qui  nous  est  tout  à fait  indispensable.  » 

((  Voilà  ce  que  nous  n’avons  pas  vu  encore, 
et  voilà.  Monsieur  le  Directeur,  pourquoi  l’on  ne 
s’entemlra  pas.  Aussi,  je  le  répète,  à mon  avis, 
toute  discussion  à ce  sujet  restera  oiseuse  ; c’est 
à chacun  de  nous,  par  son  exemple,  ses  raison- 
nements et  ses  conseils,  à se  faire  des  prosé- 
lytes, et,  le  bon  sens  aidant,  peut-être,  arrête- 
rons-nous le  mal. 

« Ce  que  je  demande  toutefois,  c’est  qu’on  ne 
nous  fasse  jamais  dire  plus  que  nous  n’avons 
dit  dans  cette  question.  Pour  ma  part,  je  ter- 
minerai par  une  comparaison,  laquelle,  suivant 
moi,  résume  parfaitement  mon  opinion  et  l’opi- 
nion de  tous  ceux  qui,  publiquement  ou  en  par- 
ticulier, me  sont  venus  en  aide  : 

« J’entre  dans  un  laboratoire  de  chimie;  je 
lis  sur  un  bocal  ; Chlorure  de  sodium',  je  dis: 
C’est  parfait  ! 

« J’entre  dans  une  cuisine  ; sur  un  pot  de 
sel  je  lis  encore  : Chlorure  de  sodium  ; je  dis  : 
C’est  stupide  ! 

« Toute  la  question  est  bi. 

» Tii.  Rucheteî.  » 

En  effet,  chaque  chose  à sa  place. 

J.  A.  Rap.ral. 


ABIES  NUMIDICA. 


L’espèce  qui  lait  le  sujet  de  cet  article,  et 
dont  je  vais  exposer  les  caractères,  paraît 
confinée  dans  la  Kabylie  algérienne,  cette 
ancienne  province  à laquelle  les  Romains 
avrient  donné  le  nom  de  JSumidie.  Elle  ha- 
bite tout  particulièrement  les  monts  Ta- 
babor  et  Grand-Babor,  à une  altitude  assez 
élevée  pour  que,  dans  certains  endroits,  la 
neige  soit  presque  permanente. 

ÛAbies  nnmidica,  de Lannoy,  que  les  au- 
teurs ont  regardé  comme  une  variété  de 
VAbies  Pinsapo,  est  très-distinct  de  ce 
dernier.  Les  échantillons  adultes  que  j ai 
vus,  soit  de  cônes,  soit' de  branches,  soit 
môme  de  jeunes  plantes,  me  permettent^de 
dire  que  c’est  une  forme  nouvelle , et  d en 
indiquer  les  caractères  de  la  manière  sui- 
vante : 

Jeunes  plantes  : Cotylédons,  5-7,  le  plus  sou- 
vent 5,  très-rarement  4,  longs  d’environ  O'». 04, 
faUpiés  ou  contournés,  convexes  et  carénés  en 
dessus,  d’un  vert  gai,  luisant  en  dessous.  — 
Tigelle  rouge  foncé,  assez  robuste,  d’environ 
0"\08  de  hauteur.  — Jeune  tige  assez  grosse, 

‘ garnie  de  feuilles  éparses,  brusquement  arron- 

I (lies,  obtuses,  parcourues  en  dessous  de  deux* 

lignes  glauques  séparées  par  une  bande  verte 
Irés-étroite  ; quehjuefois  également  marquées 
en  dessus  de  lignes  glaucescentes. 

Plante  adulte  : Tige  droite,  robuste,  recou- 
verte d’une  écorce  gris-cendré,  lisse,  fmüle- 
ment  rugueuse.  — branches  très-ramilîées, 
iiomhreuses,  verticillées,  étalées,  assurgentes  ou 
sul)dressées;  les  ))lus  inférieures  relativement 
grêles,  délléchies.  — bourgeons  gros,  écailleux, 
parfois  résineux,  à écailles  gris-cendré,  assez 
lâchement  imbriquées.  — L.euilles  très-rappro- 
chées,  cachant  souvent  presque  complètement 
les  rameaux,  longues  de  15-20  millimètres, 
larges  de  2-3,  fortement  carénées  en  dessous, 
et  marquées  de  clia(|ue  côté  de  la  carène  d’un 
sillon  })rofond  et  glaïupie,  à hords  épaissis; 
celles  de  la  flèche  et  des  grosses  branches, 
coiirtement  acuminées,  parfois  pointues;  celles 
des  ramilles  beaucoup  plus  courtement  arron- 
dies, brusquement  obtuses  et  mutiques.  — 
Cônes  dressés,  souvent,  réunis  par  4-5,^  plus 
rarement  solitaires,  longs  de  12-20  centimètres, 
larges  de  5-6  ,i  naissant  sur  les  branches  de 
deux  ans.  — hcailles  réniformes,  peltées,  très- 
caduques,  gris-cendré,  assez  longuement  stipi- 
tées,  très-amincies  sur  les  Imrds,  limbriées 
latéralement,  ainsi  qu’à  la  partie  tournée  vers  la 
base.  — bractées  incluses,  scarieuses,  roux- 
brun,  presque  de  meme  largeur  dans  toute  la 
longueur,  linement  denticulées  au  sommet,  por- 
tant vers  le  milieu  un  mucronule  sétiforme.  — 
Graines  irrégulièrement  trigones,  à testa  d’un 
jaune  roux,  à aile  membraneuse  blanchâtre  ou 
d’un  gris-roux,  mince , scarieuse,  arrondie  et 
obliquement  tronquée  au  sommet,  fortement  di- 
latée, amincie  et  roncinée  sur  l’un  des  côtés. 

1 VAbies  Numidica  sera,  sans  aucun  doute, 

: rustique  sous  notre  climat;  fait  qui  va  res- 

i sortir  du  passage  d’une  lettre  que  m’a 

I adressé  M.  de  Lannoy,  ingénieur  des  ponts 

j et  chaussées  dans  la  province  de  Constanline, 


(Itii  l’a  découvert  en  1863:,  Sûr  le  mont  T.> 
babor,  dans  la  Kabylie,  et  à qui  on  doit  les 
quelques  individus  qu’on  rencontre  aujour- 
d’hui en  France.  A plusieurs  reprises,  il  a 
eu  l’obligeance  de  m’envoyer  des  échantillons 
à divers  états  de  cette  espèce,  et  c’est  d'après 
ceux-ci  c[ue  j’ai  fait  la  description  ci- 
dessus.  Dans  une  des  lettres  que  m’a  adres-  , 
sées  M.  De  Lannoy,  il  se  trouvait  un  passage 
que  je  crois  devoir  citer,  car  ce  passage  éta- 
blit non-seulement  l’identité  de  VAbies  Nu- 
midica,  mais  encore  il  précise  graphique- 
ment le  lieu  où  on  le  trouve.  Voici  ce  pas- 
sage : (( En  examinant  une  carte  de  l’Al- 

gérie, vous  trouverez  écrit,  à peu  près  vers 
le  milieu  d’un  triangle  dont  les  villes  de 
Djisjeri,  Bougie  et  Sétif  seraient  les  sommets , 
le  Grand-Babor  (1,990  mètres  d’altitude). 
Le  Tab'abor  n’est  séparé  du  Grand-Babor, 
que  par  un  ravin;  son  altitude  est  la  même, 
à cjuelques  mètres  près. 

« Arrivé  sur  celte  montagne  (c’était  le 
2G  juin  1 8G3)  à une  altitude  de  1 ,G00  mètres, 
mes  yeux  furent  frappés  par  un  grand  nom- 
bre de  beaux  Gèdres  de  LAtlas,  très-verts  et 
très-vigoureux,  mais  qui,  découronnés  par 
la  violence  des  vents,  avaient  pris  un  grand 
développement  dans  leurs  branches  latérales. 

Je  ne  fus  pas  longtemps  à découvrir  l’Abies 
signalé  et  en  apercevant  plusieurs  sujets,  je 
ne  pus  m’empêcher  de  m’écrier  : ((  Mais  ce 
n’est  pas  là  VAbies  Pinsapo.  » 

((  L’apparence  de  l’Abies  du  Tababor 
est,  en  elfet,  tout  autre  que  celui  du  Pinsa- 
po;  les  arbres  que  j'avais  devant  moi  for- 
maient une  pyramide  compacte,  extrême- 
ment garnie  et  touffue,  ayant  assez  l’aspect 
du  Gèdre  de  l’Atlas  dans  sa  jeunesse.  Les 
jeunes  feuilles  étaient  d’un  vert  gai;  les  an- 
ciennes, d’un  vert  foncé,  étaientremarquables 
par  leurs  nervures  argentées.  Toutes  les 
feuilles  étalent  épaisses,  trapes  et  parfai- 
tement arrondies  à leur  extréinité.  Ce  n’est 
que  depuis  peu  de  jours  que  j’ai  remarqué 
des  feuilles  apiculées  sur  un  Abies  venant 
du  Babor,  mais  ces  feuilles,  qui  sont  une 
exception,  appartiennent  à des  rameaux 
très -jeunes,  gorgés  de  sève;  toutes  les 

feuilles  des  rameaux  adultes,  même  les  jeunes 
rameaux  des  branches  inférieures,  sont  uni- 
formément arrondies  à leur  extrémité. 

« La  largeur  des  cônes  de  l’Abies  du  Ta- 
babor est  de  55  à G5  millimètres;  leur  lon- 
gueur varie  de  10  à 20  centimètres. 

((  J’ai  tout  lieu  de  penser  que  l’Abies  du 
Tababor  est  un  grand  arbre;  les  sujets  que 
j’ai  vus  et  qui  avaient  crû  dans  des  roches 
calcaires,  à peine  couvertes  d’humus,  avaient 
environ  0"L25  a O^bSO  de  diamètre; 
mais  il  s’en  trouve,  m’a-t-on  assuré,  de 
beaucoup  plus  grands.  Il  sera  rustique  en 
Fronce  et  même  dans  des  pays  très-lroids. 
Le  Tababor  garde  de  la  neige/ toute  rannée 
dans  des  ravins  exposés  à l’est,  et  pendant 


I' 


ABIES  NUMIDIEA. 


107 


l’hiver,  les  végétaux  qui  le  recouvrent  sup- 
portent des  froids  très-vifs.  » 

Dans  une  autre  lettre,  M.  de  Lannoy  m’é- 
crivait : « ...J’ai  vu  des  arbres  d’environ 
0'».30  de  diamètre,  dans  des  conditions  in- 
croyables, dans  des  roches  calcaires,  où  il 
n’y  a que  très-peu  d’humus;  c’est  donc  un 
arbre  rustii^ue,  et  surtout  peu  délicat.  Du 
reste,  si  vous  voyez  le  terrain  où  cet  arbre 
croît,  vous  vous  étonneriez  que  des  végétaux 
ligneux  puissent  y croître.  Les  pentes  sont 


lellenient  abiaiples  que  l’on  a de  la  peine  à 
se  tenir  debout,  et  la  roche  est  nue  presque 
partout.  » 

Tous  ces  détails  démontrent  de  la  manière 
la  plus  nette,  que  VAbies  Niimidica,  dont 
le  port  et  le  faciès  sont  très-beaux,  sera 
aussi  très-rustique  et  peu  délicat  ; toutes 
choses  qui  lui  assurent  une  place  dans  l’or- 
nementation. 

Carrikre. 


FLORAISON  ET  FRUCTIFICATION  A PARIS 

DU  STYPlINOLOliKJM  JAPONICUM  PENDULUM. 


Le  3 septembre  186'2,  j’assistais 
comme  membre  du  jury  à l’Exposition  agri- 
cole et  horticole  du  département  du  Gers 
qui,  cette  année,  avait  lieu,  dans  la  ville  de 
Condom.  Après  avoir  examiné  l’exhibition 
des  divers  produits  qui  s’y  trouvaient  réu- 
nis, je  fus  visiter  les  établissements  et  jar- 
dins de  la  localité,  afin  d’apprécier  les  dif- 
férents modes  de  culture  appliqués  aux 
végétaux  dans  ces  contrées. 

Dans  l’établissement  horticole  de  M.  Pas- 
chère,  je  vis  avec  intérêt  deux  magnifiques 
Sophora  pleureur.A  hauts  de  plus  de  10  mè- 
tres, couverts  depuis  leur  base  de  nombreu- 
ses panicules  de  Heurs  et  de  fruits  déjà  bien 
formés.  Je  dois  dire  ici  ([ue  les  pépinié- 
ristes de  ces  contrées  greffent  cette  variété 
de  Sophora  à quelques  centimètres  au-dessus 
du  sol,  près  le  collet  du  sujet,  et  que  le 
rameau  produit  par  cette  greffe  est  dirigé 
verticalement  sur  une  perche  ou  tuteur  dis- 
posé à cet  etïet.  Arrivé  à la  hauteur  que 
l’on  désire  avoir,  on  laisse  libres  les  ra- 
meaux supérieurs  qui  s’inclinent  naturelle- 
ment. On  a eu  soin,  pendant  le  développe- 
ment de  la  tige,  de  tailler  dans  la  longueur 
de  celle-ci  les  jeunes  rameauxquiy  croissent 
en  pinçant  ou  taillant  ceux  qui  paraissent 
devoir  prendre  trop  de  vigueur.  On  arrive 
de  cette  manière  à former  non-seulement 
des  arbres  pleureurs  avec  les  branches  de 
la  partie  supérieure,  mais  aussi  des  colon- 
nes de  verdure  à tons  sévères,  à cause  de 
la  couleur  très-foncée  des  feuilles.  C’est 
à l’extrémité  des  jeunes  rameaux  de  l’année 
que  se  développent  en  août  et  septembre 
ses  panicules  de  nombreuses  Heurs  d’un 
jaune  un  peu  verdâtre. 

C’est  à cette  époque  que  je  citais,  dans  un 
rapport  qui  fut  imprimé  dans  les  Mémoires 

Dont  on  a fait  le  genre  Siijphnolobiiim. 


de  la  Société  impériale  et  centrale  d’agri- 
culture de  France,  année  1802,  le  Sophora 
japonica  pendula  qui  avait  fleuri  cette 
môme  année,  et  que  par  suite  tous  ces  ar- 
bres étaient  couverts  d’une  très-grande 
quantité  de  gmaines  que  je  conseillai  de  se- 
mer avec  soin  et  séparément,  lors  de  leur 
maturité,  attendu  que  c’était  la  première 
fois  que  ce  phénomène  se  produisait. 

Dans  les  premiers  jours  du  mois  d’aoùt 
de  l’année  1805,  nous  avons  pu  voir,  dans 
les  pépinières  du  Muséum  d’histoire  natu- 
relle, un  grand  nombre  de  sujets  de  ces 
memes  arbres,  qui  ont  produit  pendant  tout 
ce  mois  de  belles  et  nombreuses  panicules 
que  l’on  a,  comme  à Condom,  observées 
pour  la  première  fois. 

Le  Sophora  japonica  (Styphnolohlmn  ja- 
I ponicum)  a été  pendant  de  longues  années 
assez  rare  à se  procurer.  Cet  arbre,  comme 
le  Virgilia  lulea^  ne  pouvait  se  multiplier 
que  par  ses  graines,  mais  aujourd’hui  on  le 
trouve  assez  répandu;  aussi  on  a pu  voir 
pendant  tout  le  mois  d’aoùt  dernier  un  grand 
nombre  de  ces  arbres  couverts  de  Heurs,  el 
ils  attiraient  partout  l’attention  des  amateurs 
qui  ne  connaissaient  encore  qu’imparfaite- 
rnent  son  inllorescence,  laquelle  ne  s’était 
vue  que  très-rarement  à Paris,  si  ce  n’est 
au  Muséum  d’bistoire  naturelle  où  de  forts 
arbres  y Heurissent  tous  les  ans,  mais  en 
moins  grande  abondance.  Je  suppose  que 
les  chaleurs  de  l’année  ont  beaucoup  con- 
tribué à l’abondance  de  ces  Heurs,  qui  se 
sont  même  épanouies  quinze  jours  avant 
leur  époque  ordinaire.  Aussi  les  graines  ont 
parfaitement  mûri  et  serviront  à la  repro- 
duction de  ce  bel  arbre  dont  le  bois,  aussi 
dur  que  celui  de  l’Acacia  {Robinia  pseudo- 
acacia),  sera  employé  un  jour  avec  avan- 
tage dans  diverses  industries. 

Pépin. 


A PROPOS  DE  LA  CULTURE  GÉOTHERMIQUE. 


Dans  la  Revue  horticole  du  octobre 
1805,  M.  Naudin,  rendant  compte  d’une 
nouvelle  méthode  de  culture  géothermique 


essayée- |nar  M.  Cibson,  dans  le  parc  de  Dat- 
tersea,  à Londres,  fait  observer  qu’un  des 
inconvénients  de  celle  méthode  est  la  difli- 


A PROPOS  DE  LA  CULTURE  GÉOTHERMIQUE. 


108 

ciilté  qu’on  éprouve  à enlretenir  dans  un  étal 
de  perpétuelle  IVaîcheur  le  gazon  qui  recouvre 
le  talus  des  massifs  de  briques  terreautés 
sur  lesquels  le  jardinier  de  Battersea  cul- 
tive et  fait  fleurir  en  plein  air  des  plantes  de 
la  zone  tropicale.  Ce  n’est  qu’au  moyen 
d’arrosages  copieux  qu’on  parvient,  sous  le 
climat  cependant  peu  desséchant  de  Lon- 
dres, à conserver  ce  gazon  vert  semé  sur  une 
mince  couche  de  terre  de  0™.07  à 0»l08. 

Dans  nos  climats  bien  moins  humides, 
quelles  dépenses  d’arrosage  ne  faudrait-il 
pas  s’imposer  pour  arriver  au  même  résul- 
tat 9 Pour  entretenir  quelques  mètres  carrés 
de  verdure  il  faudrait  bien  des  mètres  cubes 
d’eau  et  des  journées  d’hommes.  Plutôt  que 
de  se  résoudre  à une  dépense  aussi  notalde 
pour  un  objet  relativement  peu  important, 
nos  édilités  feraient  mieux  peut-être  de 
renoncer  h appliquer  aux  squares  de  nos 
cités  le  mode  de  culture  géothermique  pra- 
tiqué en  Angleterre;  car  il  faut  considérer 
qu’en  même  temps  qu’il  convient  d’importer 
dans  un  pays  les  choses  de  bon  goût,  il  y a 
un  intérêt  social  cà  modérer  les  dépenses 
de  pur  luxe,  surtout  lorsqu’il  s’agit  pour 
ainsi  dire  de  marivaudage  horticole.  Consa- 
crer 100,000  fr.  pour  créer  un  parc  est 


bien  ; dépenser  la  même  somme  pour  l’ob- 
tention du  Dalhia  bleu  est  folie. 

Mais  on  doit  aviser  s’il  ne  serait  pas  pos- 
sible de  tout  concilier  et  d’embellir  nos 
squares  publics  d’un  Jardin  subtropical  sans 
s’astreindre  à des  soins  minutieux  et  coû- 
teux pour  entretenir  les  talus  de  ce  genre  de 
jardin.  Il  s’agirait  seulement,  pour  atteindre 
le  but,  de  remplacer  le  gazon  par  quelque 
autre  végétatioti  d’un  effet  approchant. 

Mon  ami  M.  A.  P.,  horticulteur  amateur, 
me  signale  comme  une  plante  susceptible 
de  remplir  l’elTet  désirable  le  Sedum  sc.ran- 
ffularis,  plante  très-rustique,  qui  talle  très- 
bien  et  peut  vivre  sur  une  moindre  épais- 
seur de  terre  que  le  gazon.  Il  y a des  années 
que  mon  ami  cultive  ce  Sedum  en  bordures, 
et  il  a observé  que  les  plus  grandes  séche- 
resse ne  font  point  perdre  à ses  bordures 
leur  teinte  verte,  alors  même  qu’il  les 
arrose  rarement , de  semaine  en  semaine 
tout  au  plus. 

Pour  cultiver  le  Sedum  sexangularis  sur 
les  talus,  il  faut  en  avoir  en  pépinière;  on 
en  arrache  des  touffes,  et  on  les  plaque, 
comme  le  gazon,  à l’endroit  qu’on  veut  gar- 
nir; la  reprise  est  à peu  près  assurée. 

Pierre  Valin. 


LES  PLANTES  A FEUILLAGE  ORNEMENTAL 

OU  PLANTES  PITTORESQUES, 


Si  on  pouvait  douter  des  progrès  moder- 
nes de  la  culture  d’agrément,  il  suffirait, 
pour  se  convaincre  de  leur  réalité,  de  par- 
courir les  anciens  traités  de  jardinage  et 
surtout  de  jeter  les  yeux  sur  nos  janlins 
d’aujourd’hui.  Condîien  ne  les  trouverions- 
nous  pas  plus  riches  et  plus  variés  qu’ils  ne 
l’étaient  il  y a trente  ans!  Combien  de  plan- 
tes d’élite  sont  venues  depuis  lors  grossir  le 
répertoire  de  la  floriculture  ! Mais  Ce  qui 
frapperait  le  plus  dans  cette  inspection  som- 
maire, c’est  l’adjonction  à l’ancien  état  de 
choses  de  toute  une  branche  nouvelle  du 
jardinage  décoratif,  celle  qu’on  désigne  sous 
le  nom  de  plantes  à otxind  feuillage^ jjlantes 
pittoresques  ou  de  haut  ornement,  si  juste- 
ment prisées  depuis  quelques  années,  et  si 
propres  en  effet,  à orner  les  jardins  publics. 
Arrivées  d’hier,  ces  belles  plantes  sont  déjà 
jiopulaires  dans  toute  l’Europe  horticole. 
A Paris  comme  à Londres,  en  Allemagne 
comme  en  Russie,  les  plantes  à grand  feuil- 
lage tiennent  l’attention  des  amateurs  éveil- 
lée; les  botanistes  s’en  occupent  pour  leur 
donner  des  noms  ou  en  rectifier  la  nomen- 
clature, et  les  horticulteurs  de  profession, 
partout  occupés  aies  multiplier  par  milliers 
d’exemplaires  pour  faire  face  aux  besoins  de 
la  consommation  croissante,  n’ont  jamais 


eu  la  perspective  de  plus  beaux  et  plus  ra- 
pides bénéfices. 

Comme  beaucoup  d’autres  innovations, 
l’introduction  des  plantes  à grand  feuillage 
dans  l’horticulture  d’agrément  a des  causes 
multiples.  L’une  d’elles  est  sans  contredit 
l’arrivée  de  ces  plantes  en  Europe,  par  les 
soins  des  infatigables  collecteurs  que  l’An- 
gleterre, la  Belgique  et  l’Allemagne  entre- 
tiennent sur  tous  les  points  du  globe  ; mais 
une  autre  cause  non  moins  puissante,  la 
principale  peut-être,  est  le  besoin  instinctif 
que  nous  éprouvons  de  varier  les  objets  de 
nos  distractions  et  de  nos  curiosités.  Quand 
il  s’agit  de  l’homme,  la  psychologie  entre 
nécessairement  en  jeu,  et  c’est  dans  ses 
mystérieuses  obscurités  qu’il  faut  aller  cher- 
cher le  mobile  premier  de  nos  sentiments, 
de  nos  passions  et  de  nos  actes.  Un  chan- 
gement survenu  dans  la  manière  de  planter 
un  jardin  ou  de  le  peupler,  n’est  pas  une 
simple  affaire  de  mode,  un  entraînement  ir- 
réfléchi et  moutonnier  à faire  ce  que  les  au- 
tres fout;  il  y a là,  selon  nous,  untieuchaut 
plus  noble  et  qui  demande  à être  satisfait. 
Objets  de  simple  distraction  en  apparence, 
les  jardins  fleuristes  sont  en  réalité  des  lieux 
d’étude  et  do  réflexion  pour  ceux  (jui  les 
fréquentent,  élude  d’autant  plus  prolitablu 


109 


LES  PLANTES  A FELILLAGE  ORNEMENTAL,  OU  PLANTES  PITTORESQUES. 


qu’elle  est  voilée  sous  l’attrait  du  plaisir  et  eu 
quelque  sorte  inconsciente.  Par  le  fait  d’une 
longue  habitude,  qui  avait  émoussé  le  senti- 
ment, les  anciennes  hôtesses  de  nos  jardins 
ne  parlaient  presque  plus  à l’esprit;  les 
grandes  plantes  pittoresques  survenues  tout  à 
coup  ont  secoué  cette  torpeur.  En  montrant 
dos  formes  nouvelles  où  la  noblesse  du  port 
et  la  distinction  du  feuillage  sont  les  traits 
saillants,  elles  ont  fait  voir  que  les  Heurs  ne 
sont  pas  la  seule  élégance  de  la  nature,  et 
que  le  beau  peut  s’y  présenter  sous  bien  des 
aspects  dilférents. 

Faudra-t-il,  pour  elles,  renoncer  aux 
anciennes  gloires  de  nos  jardins,  aux  Roses, 
aux  Œillets,  aux  Reines-Marguerites,  aux 
Pélargoniums,  ou  même  à ces  jolies  lleu- 
rettes  de  fantaisie  qui  encombrent  les  pla- 
tes-bandes des  parterres  et  en  disparaissent 
si  facilement  suivant  le  caprice  de  l’ama- 
teur? Quelques-uns  semblent  le  craindre; 
mais  qu’ils  se  rassurent.  R en  est  des  plan- 
tes d’agrément  comme  de  ces  bons  vieux 
mots  dont  parle  Horace,  qui,  longtemps  ou- 
bliés, sont  tout  à coup  rajeunis  et  remis  en 
honneur  : 

...Multa  rena&centur  quæja)\i  cecîdere  ! 

De  meme  que  le  soleil,  les  plantes  ont 
leurs  éclipses.  Elles  meurent  horlicolement, 
mais  tôt  ou  tard  elles  renaissent  et  nous  re- 
viennent avec  Pattraitde  la  jeunesse  et  de  la 
nouveauté.  Les  grandes  plantes  pittoresques 
ne  détruiront  rien  de  ce  qui  était  avant  elles; 
insensiblement  elles  se  classeront  au  rang 
qu’elles  doivent  légitimement  occuper  dans 
le  domaine  de  l’art  jardinique.  Si  elles  sont 
utiles,  les  plantes  lîeurissantes  ne  sont  pas 
moins  nécessaires.  Toutes  ensemble,  elles 
complètent  le  canevas  sur  lequel  l’architecte  I 
paysagiste  réalisera  dans  l’avenir  ses  com- 
positions. 

^ Un  point  est  à noter  ici  : c’est  dans  le 
Nord  que  la  première  idée  est  venue  d’em- 
ploym’  les  grandes  plantes  à la  décoration 
des  jardins,  et,  pour  ce  qui  concerne  les 
jardins  de  la  capitale,  tout  le  monde  sait 
quelle  large  part  en  revient  à M.  Barillet- 
Desebamps;  mais  c’est  dans  les  climats 
plus  doux  de  l’ouest  et  du  midi  de  la  France 
qu’elles  sont  appelées  h briller  de  tout  leur 
lustre,  et  avec  beaucoup  moins  d’efforts  de 
la  part  des  horticulteurs  que  sous  notre  ciel 
trop^  tempéré.  Des  étés  aussi  chauds  que 
celui  de  1865  ne  se  représentent  pas  trois 
fois  dans  un  siècle,  et  il  ne  faut  pas  s’at- 
tendre a y voir  toiis^  les  ans  prospérer  aussi 
bien  des  plantes  qui,  en  réalité,  appartien- 
nent cà  l’orangerie,  ou  même  à la  serre 
chaude.  Pour  obtenir  d’aussi  beaux  résul- 
tats que  dans  celte  année  exceptionnelle, 
il  faudra,  laplupart  du  temps, recourir  à des 
moyens  plus  compliqués,  et  particulière- 
ment au  chauffage  artificiel  du  terrain.  | 


Heureusement,  ainsi  que  nous  l’avons  vu 
par  une  note  publiée  l’année  dernière  sur 
le  jardin  de  Ratlersea,  le  soleil  en  pourra 
souvent  faire  les  frais; néanmoins  il  est  vrai- 
semblable que  le  chauffage  direct  d’une 
parcelle  de  terrain,  par  les  tuyaux  d’un 
lhermosiphon,  permettrait  d’y  cultiver,  avec 
plus  de  certitude  de  succès,  des  plantes 
tropicales,  dont  le  tempérament  n’est  nul- 
lement en  rapport  avec  la  chaleur  ordinaire 
de  nos  étés. 

Quoiqu’il  en  soit, l’impulsion  est  donnée, 
et  les  grandes  plantes  pittoresques  ont  pris 
droit  de  cité  dans  nos  jardins  de  plein  air. 
A ce  compte,  elles  constituent  une  catégo- 
rie horticole  nettement  déterminée,  et  "(pii 
méritait  d’avoir  son  historien.  Cet  historien, 
elles  l’ont  trouvé  dans  l’homme  le  plus  com- 
pétent pour  nousentretenirde  leurs  qualités 
ornementales  et  de  leurs  exigences  sous 
nos  climats,  M.  E.  André,  qui  a depuis 
longtemps  fait  ses  preuves  comme  horti- 
culteur et  comme  écrivain,  deux  qualités 
qui,  soit  dit  en  passant,  vont  rarement  en- 
semble. Le  petit  livre  qu’il  vient  de  publier 
sur  les  plantes  à feuillage  ornementaD  se 
recommande  de  lui-même  et  peut  se  passer 
de  nos  éloges;  néanmoins  nous  sommes 
bien  aise  de  trouver  cette  occasion  d’expri- 
mer notre  pensée  à son  sujet,  en  le  signa- 
lant aux  lecteurs  de  la  Revue.  Il  est  agréa- 
blement écrit,  très-méthodique,  très-com- 
plet dans  la  spécialité  qu’il  embrasse,  et, 
ce  qui  ne  gâte  rien,  orné  de  figures  qui  re- 
présentent avec  fidélité  les  plantes  à feuil- 
lage les  plus  renommées;  on  peut  en  juger 
par  les  deux  dessins  qui  accompagnent  cet 
article  (fig.  iÛ  et  11)  et  qui  représentent 
deux  belles  espèces  que  nos  lecteurs  con- 
naissent déjeà.  Son  format,  des  plus  portatifs, 
en  fait  le  vade-mecum  de  tout  amateur  de 
cette  spécialité. 

La  culture  en  plein  air  des  grandes  plan- 
tes pittoresques  n’en  est  encore  qu’à  son 
début,  et  celle  des  plantes  aquatiques  n’est 
pour  ainsi  dire  pas  commencée,  mais  tout  fait 
présager  que,  d’ici  à un  prochain  avenir,  les 
deux  branches  de  l’horticulture  d’agrément 
n’auront  rien  à envier  à la  culture  des  fleurs 
de  parterre  et  à l’arhusterie^  décorative.  Qui- 
conque a étudié  les  diverses  climatures 
françaises  dans  leurs  rapports  avec  le  jar- 

^ Les  Plantes  à feuillage  ornemental,  par  M.  E. 
André,  jardinier  principal  de  la  ville  de  Paris.  — 
J.  Rothschild,  éditeur,  1865.  1 volume  petit  in-S^ 
de  2. >4  pag'os. 

2 Encore  un  mot  de  notre  invention.  Pourquoi 
aussi  notre  belle  langaie  française  se  trouve-t-elle 
si  souvent  à court  de  mots  dont  on  a besoin?  Puisque 
les  Latins  avaient  le  mot  frutetum  pour  désigner 
un  lieu  planté  d’arbustes;  puisque  les  Anglais  ont 
celui  de  shruhherg,  qui  signifie  la  même  chose, 
pourquoi  n’Hurions-nous  pas  celui  û’arhusterie,  qui 
nous  est  tout  aussi  nécessaire?  Comme  dit  le  pro- 
verbe, néeessité  fait  loi.  Pe  là  noire  mot,  que  nous 
prions  le  pu l die  d’accepter. 


LES  PLANTES  A FEEILLAGE  ORNEMENTAL,  OU  l’LANTES  l'iTTOli ESQl  ES. 


(linage,  pensera  comme  nous,  que  ces  deux 
spécîaHtés  horticoles  sont  destinées  à se 
développer  d’autant  plus  que  le  climat  sera 
plus  chaud  a plus  sec,  et  par  suite  moins 
lavorahle  aux  petites  plantes  tleurissantes. 
De  toutes  les  régions  de  la  France,  celle 
du  nord-est,  ou  dimat  vosgien,  avec  ses 


hi\ers  longs  et  rudes,  est  celle  qui  se  prê- 
tera le  moins  à ces  innovations;  Paris  n’est 
pas  beaucoup  plus  favorisé,  quühpie  déjà 
dans  des  conditions  moins  mauvaises  ; mais 
la  véritable  région,  en  France,  des  grandes 
plantes  pittoresques  sera  la  moitié  occiden- 
tale et  océanique,  comme  la  région  des  plan- 


tes aquatiques  sera  le  périmètre  de  la  Médi- 
terranée, et,  à un  moindre  degré,  la  vallée 
du  Rhône.  Quand  nos  amateurs  et  horticul- 
teurs auront  bien ‘compris  que  toutes  les 
parties  de  la  France  ne  peuvent  pas  plus 


donner  les  mêmes  Heurs  que  les  mêmes 
fruits,  et  qu  à chaque  grande  division  clima- 
térique doivent  correspondre  des  branches 
horticoles  particulières,  ils  seront  bien  près 
d’atteindre  à la  limite  du  progrès,  u.  Nacdin. 


ROSE  TRIOMPHE  RE  ROUEN. 


La  magnifique  variété  de  Piose  que  nous 
mettons  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs  dans 
la  planche  coloriée  ci-contre,  a été  obtenue, 
en  186^2,  par  M.  Garçon,  jardinier  à Rouen, 
d’un  semis  de  graines  du  Genéïül  Jüc- 
(jueminot  fait  en  1859.  C’est  une  hybride 
remontante,  qui  diffère  essentiellement  de 
la  variété  dont  elle  est  sortie  par  son  colons 
et  la  plénitude  de  ses  Heurs. 

La  Société  centrale  d’horticulture  de  la 
Seine-Inférieure  a récompensé  par  une 
médaille  de  vermeil  rohtention  de  la 
Rose  Triom[)he  de  Rouen,  après  l’avoir  fait 


étudier  par  une  commission  spéchde.  ’\oici 
les  principaux  caractères  de  ce  gain,  déter- 
minés par  M.  Malbranche,  botaniste  distin- 
gué et  membre  de  la  commission  : 

La  Rose. Triomphe  de  Rouen  appartient 
à la  tribu  des  hybrides  remontantes;  elle 
diffère  essentiellement,  par  sou  coloris  et 
la  plénitude  de  ses  Heurs,  de  la  variété 
dont  elle  est  issue.  L’arbuste  est  très-vigou- 
reux;  son  bois  est  gros,  vert,  poussant  droit 
et  armé  d’aiguillons  très-nombreux,  droits 
et  recourbés.  La  feuille,  d’un  beau  vert,  a 
pétiole  pubescent,  est  munie  inférieurement 


eimc  Hortiœlcy 


Rose  Triomphe  de  Rouen 


lmp.  Zaixoie,Rue  des  Boulangers,  13,  Paris. 


I F.Yerna  PjrtK^  lmp.  Fanote  Rue  dea  Boulangers,  13,  Paris 

I ^ ' 

! Pomme  Dean  s Codlin 

•UU; 


ROSE  TP.iOMPHE  DE  ROUEN. 


111 


(le  qiiolqiies  ; le  slipiilo  est  vert, 

ci!li(3c,  glautluleux. 

I^’inllorescence  est  corymbironne.  Les 
fleurs,  réunies  par  trois  à dix  sur  la  même 
branche,  se  succèdent;  elles  sont  portées 
par  des  pédoncules  forts,  droits  et  glanduleux. 
Les  sépales,  dont  deux  ou  trois  plus  grands 
et  foliacés,  sont  glanduleux  et  pinnatiüdes. 
La  Heur,  très-grande,  mesure  de  0'“.10  cà 
de  diamètre  ; elle  est  en  forme  de 
coupe,  très-odorante  et  très-remontante; 
ses  pétales  larges,  arrondis,  légèrement 

POMME  HATIVE 

Nos  desserts  sont  le  plus  bel  ornement 
de  nos  tables  ; nos  jardins,  iiiéituisables  en 
pi’écieuses  ressources,  nous  fournissent,  en 
même  temps  que  les  fruits  de  chaque  saison, 
des  Heurs  (pii,  groupées  avec  goût  autour  de 
ces  fruits,  en  font  ressortir  tout  l’éclat. 

Ces  riclies  tableaux  cbarment  plus  les 
yeux  par  leurs  merveilleuses  couleurs  que 
les  idns  pompeux  assemblages  des  œuvres 
de  l’art;  mais  ils  ont  d’autant  plus  de  prix, 
que  le  choix  des  produits  naturels  qui  les 
composent  est  étendu  et  varié,  que  Vassor- 
ii}up}tî  en  est  complel. 

Nos  horticulteurs  contemporains,  qui 
l’envisagent  ainsi,  s’appliipient  à confondre 
les  saisons  et  à olTrir  en  pleine  maturité  des 
espèces  que  la  nature  fait  mûrir  à des  épo- 
ipies  très-éloignées. 

]h)ur  atteindre  leur  but,  ils  emploient 
avec  une  grande  habileté  les  cultures  for- 
cées, ils  conservent  les  fruits  avec  un  savoir- 
faire  éprouvé,  et  s’adressent  tantôt  aux  plus 
tardifs,  tantôt  à ceux  qui,  au  contraire,  de- 
vancent les  autres  par  leur  précocité. 

Les  cultures  à contre-saison  sont  diffici- 
les et  dispendieuses;  la  qualité  des  produits 
est  parfois  contestable;  les  fruits  tardifs  à 
pépins,  auxquels  leur  nature  permet  d’at- 
teindre les  limites  extrêmes,  sont  le  plus 
souvent  secs  et  privés  de  ces  éléments  mê- 
mes qui  donnent  la  qualité  à ceux  qui  mû- 
rissent en  pleine  saison. 

Quant  aux  tours  de  force  qu’on  accomplit 
dans  la  conservation  à la  fruiterie,  j’ai  tou- 
jours vu  qu’ils  ne  s’exécutaient  qu’au  détri- 
ment des  récoltes. 

J’aime  mieux,  à tous  les  titres,  en  pareil 
cas,  avancer  que  reculer  et  conséquemment 
(U'oir  recours  aux  variétés  hâtives. 

Dans  cette  persuasion,  je  crois  utile  de 
signaler  à l’attention  des  arboriculteurs  une 
Pomme  de  première  saison  encore  peu  con- 
nue et  qui,  je  crois,  mérite  de  l’être,  réunis- 
sant un  bel  aspect  à un  goût  très-acceptable. 

Le  fruit,  d’un  fort  volume,  est  assez  pré- 
coce pour  figurer  au  milieu  des  Pêches  et 
des  Prunes  tardives,  des  Poires  de  la  se- 
conde récolle,  des  Figues  et  du  Fiaisin  : à 


échancrésau  sommet,  ont  une  couleur  rose- 
carmin  vif,  à rellet  rose  violacé  et  réti- 
culé. 

M.  Teinturier,  horticulteur  rouennais, 
s^’est  re  nlu  acquéreur  de  cette  belle  variélé 
et  de  tous  les  sujets,  grands  et  petits,  mul  - 
tipliés par  M.  Garçon  sur  Eglantier  tige  de 
deux  ans.  Il  les  livrera  au  commerce  au 
prix  de  5 fr.  le  sujet,  lorsqu’il  aura  atteint 
le  nombre  de  deux  cents  souscripteurs,  qu’il 
s’occupe  de  réunir  en  ce  moment. 

A.  Ferlet. 

DEAN’S  CODLIN. 

mon  avis,  au  moment  oû  il  se  mange  il  trou- 
verait peu  de  rivaux. 

Nous  devons  cette  variété  aux  soins  intel- 
ligents de  M.  Ferdinand  Jamin,  de  la  mai- 
son Jamin-Durand,  pépiniériste  à Dourg-la- 
Reine,  qui,  en  l’année  18iL,  en  rapporta 
des  grelTes  d’Angleterre  oû  il  en  avait  re- 
marqué le  fruit  sur  unégrain,  dans  le  jardin 
d’un  propriétaire  du  nom  de  Dean,  à 
Cheshunt  (Herts). 

Ce  propriétaire,  si  toutefois  il  existe  en- 
core, est  loin  de  se  douter  que  ce  gain  qu’il 
a lui-même  négligé  est  livré  à la  culture  et 
qu’il  est  destiné  tà  donner  à son  propre  nom 
une  publicité  bien  imprévue;  en  effet,  le 
propagateur  de  ce  gain  l’a  présenté  sous  la 
dénomination  de  Béants  Codtin. 

La  végétation  de  l’arbre  est  satisfaisante; 
son  fruit  (voir  la  planche  coloriée  ci-contre) 
est  gros,  allongé,  déprimé  aux  deux  extré- 
mités, légèrement  aplati  sur  une  des  faces; 
sa  forme  est  cà  peu  près  cylindrique. 

La  pecau  est  jaune-citron  un  peu  dorée, 
très-fine,  rappelant  celle  des  Calvilles  : elle 
est  parsemée,  du  côté  du  soleil,  de  très- 
petits  points  et  détachés  rouges  assez  espa- 
cées entre  elles  et  sans  largeur. 

La  pédoncule  est  gros,  court,  clnarnu 
implanté  auprès  d’une  protubércance  que 
forme  la  chair. 

L’œil  est  fermé,  placé  dans  une  Ccavité  cas- 
sez profonde,  peu  évasée  ; mais,  irrégulière, 
plissée  et  bossuée.  La  chair  est  blanche, 
jaunâtre,  fine,  assez  ferme  et  toutefois  légè- 
re, suffisamment  sucrée  et  cacidulée. 

Cet  ensemble  constitue  un  fruit  agréable 
et  qui  a tout  particulièrement  ce  parfum 
et  ce  goût  relevé  des  Pommes  encore  un 
peu  vertes,  qui  pbaît  à certaines  personnes. 

Cette  Pomme  se  distingue  au  milieu  de 
celles  également  précoces  qui,  mûrissant  aux 
environs  du  mois  de  septembre,  nous  font 
cattendre  nos  excellentes  variétés  d’biver; 
car,  comme  la  plupart  de  celles  qu’on  ré- 
colte en  même  temps,  elle  se  conserve  jus- 
qu’à la  fin  de  l’automne. 

Le  nom  de  Codlin  que  M.  Ferdinand  Ja- 
min cajoute  à celui  de  Dccan’s  demande  ex- 


112 


POMME  HÂTIVE  DEAN’S  CODLIN. 

plication  : il  est  générique  et  employé  en  1 goriede  Pommes  à laquelle  celle-ci  se  rat- 
Angleterre  pour  désigner  une  certaine  calé-  \ tache  par  sa  forme.  Henri  M!chelin. 


LES  25  FRAISIERS  DE  LA  COMMISSION  DE 


CLLTURE  POTAGÈRE 


DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  DTIORTICÜLTÜRE. 


On  ne  compte  pas  moins  de  300  à 350 
variétés  de  Fraisiers;  aussi  l’amateur  et  le 
spéculateur  sont  souvent  fort  embarrassés 
pour  faire  un  choix. 

• C’est  pour  aplanir  cette  difficulté  que  la 
commission  de  culture  potagère  de  la  So- 
ciété impériale  et  centrale  d’horticulture  a 
essayé,  dit-elle,  de  rechercher  les  meilleu- 
res variétés,  et  de  réduire  à 25  le  nombre 
des  plus  recommandables.  Nous  allons  exa- 
miner si  le  choix  qu’elle  a fait  est  satisfai- 
sant et  pratique. 

Loin  de  nous  la  pensée  de  faire  de  la  criti- 
que; mais  nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de 
demander  quel  but  s’est  proposé  la  com- 
mission. — S’il  est  réellement  utile,  pour- 
quoi les  autres  commissions  n’en  font-elles 
pas  autant  pour  les  Dahlias,  les  Chrysanthè- 
mes, les  Phlox,  les  Rosiers,  les  Delphinium 
et  tant  d’autres  plantes  dont  les  variétés  sont 
innombrables? 

Nous  n’avons  d’autre  intention,  en  rédi- 
geant ces  notes,  que  de  rectifier  des  erreurs 
et  de  signaler  des  lacunes  qui  peuvent  être 
préjudiciables  à ceux  qui  s’occupent  de  la 
culture  du  Fraisier,  et  qui  pourraient  même 
jeter  sur  elle  la  déconsidération,  ce  qui 
serait  d’autant  plus  fâcheux  que,  comme  Ta 
dit  la  commission  elle-même,  cette  culture 
mérite  toute  attention. 

La  commission  a divisé  son  travail  en 
trois  parties  : l"  Les  Fraisiers  les  plus  re- 
commandables pour  la  culture  des  jardins; 

■ — 2"  les  Fraisiers  pour  forcer;  — 3<^  les 
Fraisiers  propres  à la  grande  culture  et  à 
l’approvisionnement  des  marchés. 

Pour  plus  de  facilité,  nous  allons  copier 
cette  liste  et  faire  nos  observations  à chaque 
variété  ; cela  aura,  à défaut  d’autre,  le  mé- 
rite de  faire  connaître  les  25  Fraisiers  adop- 
tés par  la  commission.  (Il  y en  a 29,  sans 
doute  que  les  4 premiers  ne  sont  pas  comp- 
tés.) 


Quatre-Saisons  à fruit  rouge.  ■ — Quelle 
variété?  Est-ce  celle  à petit  fruit,  sans 
chair,  grainu  et  sableux,  pesant  à peine  un 
gramme,  qu’on  rencontre  presque  partout 
dans  les  champs,  dans  les  jardins,  et  qui 
est  d’un  produit  insignifiant?  — Est-ce  la 
variété  améliorée  à gros  fruit?  Est-ce  la 
Reine  des  Quatre-Saisons?  Est-ce?....  Est- 
ce?....  Nous  en  cultivons  une  variété  dont 
les  fruits  pèsent  jusqu’à  7 et  8 grammes. 
La  commission  la  connaît-elle? 

Quatiy-Saisons  à fruit  brun  de  Gitbert. 
— Variété  de  nulle  valeur;  impossible  par 


sa  couleur  douteuse,  presque  repoussante; 
impossible  par  la  petitesse  de  ses  fruits  qui 
ne  pèsent  pas  1 gramme  et  1/2;  impossi- 
ble par  ses  graines  sèches  et  dures  comme 
du  saille.  C'est  une  plante  d’un  produit  nul 
et  d’une  culture  difficile. 

Quatre-Saisons  sans  fdets  à fruit  ronge. 
—Quelle  variété?  11  y en  a plus  de  20  peut- 
être. 

Quatre-Saiso7is  sans  filets  à fruit  blanc. 

■ — Même  observation. 

Variétés  à gros  fruits,  dites  Anglaises 
ou  Américaines. 

Anibrosia  (Nicholson),  — Bien!  Bon 
fruit,  belle  plante;  mais  non  hâtive,  comme 
le  dit  la  commission,  elle  est  à peine  demi- 
hâtive;  elle  mûrit  après  A'ictoria. 

Admirai  Dundas  (Mijatt).  — Fruit  mé- 
diocre, produit  nul  la  première  année, 
presque  insignifiant  les  suivantes.  Plante 
délicate  ; nous  l’avons  supprimée  de  nos 
cultures.  Ne  réussit  que  dans  les  sables 
Irais  ou  les  terres  franches.  Exige  des  arro- 
sements fréquents. 

^ Barne  large  Wilhe.  — Assez  bon,  cu- 
rieux par  ses  fruits  d’un  blanc  un  peu  am- 
bré; mais  peu  fertile.  Peu  capable  de  figu- 
rer dans  un  jardin  en  raison  de  la  couleur 
de  ses  Iruits,  dont  on  attend  toujours  la  co- 
loration, et  on  ne  les  cueille  guère  que 
quand  ils  sont  déjà  trop  avancés. 

Belle  de  Paris  '{Bossin  elLouesse).- — Fruit 
médiocre,  plante  assez  délicate  qui  ne  réus- 
sit pas  dans  les  terres  légères  et  sèches. 

Bicolore  (de  Jonghe).  — - Plante  peu  vi- 
goureuse, à fruit  médiocre.  — Générale- 
ment abandonnée. 

British  Quem  (MijaU). — L’une  des  meil- 
leures variétés  d’il  y a quinze  ans;  aujour- 
d’hui abandonnée.  Plante  délicate  et  pres- 
que stérile.  — Nous  ne  l’avons  vu  réussir 
nulle  part.  — Elle  périt  en  hiver.  En  été, 
elle  végète  avec  une  force  surprenante,  ses 
feuilles  atteignent  jusqu’à  0‘“.25  de  hauteur 
pétiole  compris.  — A supprimer  complète- 
ment. 

Carolina  superba  (Killeii).  — Bien! 

La  Cliâlonnaise  (D>'  Nicaise).  — Plante 
délicate,  stérile  dans  les  sols  secs  et 
chauds.  Nous  ne  l’avons  vu  réussir  ni  dans 
les  sols  frais,  ni  dans  les  sols  compactes,  ni 
dans  les  sables  frais;  ni  dans  les  terres 
franches.  C’est,  avec  Madame  Collonge,  La 
Sultane^  Uéro,  ])élicieuse.  Modèle,'  Bijou 
{de  Jonghe),  plus  impossible  des  Fraisiers. 
— A supprimer! 


113 


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LFS  25  FRAISIERS  DE  LA  COMMISSION  DE  GÜLTERE  POTAGERE. 


La  Comlanle  (de  Jonghe).  — Hélas  ! nous 
aussi,  nous  avons  recommandé  ce  Fraisier; 
mais  l’expérience  nous  a appris  qu’il  ne  ré- 
ussit que  dans  les  terres  tranches  un  peu 
fraîches  et  consistantes.  Hors  de  là,  il  ne 
produit  que  des  fruits  rares,  couverts  de 
graines  dures;  puis  il  dépérit  a la  seconde 
année,  et  il  meurt  l’hiver  suivant. 

Eclipse  (Becve).  — Plante  assez  robuste, 
mais  peu  fertile.  Fruit  médiocre. 

Elcanm^  ouEleonor  (MyciU). — Plante  très- 
délicate,  peu  fertile;  fruit  passable  qui 
pourrit  facilement.  Ne  réussit  que  dans  les 
sols  riches  un  peu  consistants. 

Empress-Eugenia  (Knevett).  — - Très- 
bien!  Mais  demande  une  culture  soignée  et 
entendue. 

Excelle}! le  (Lorio).  — Bien!  Mais  il  y a 
mieux. 

07\}sse  sucrée  (de  Jouglie).  — Passable  ! 
Exige  un  sol  frais  et  de  moyenne  consistance. 
Dans  les  sols  secs  et  légers,  il  jaunit  et  ne 
produit  que  des  fruits  insipides. 

Hendries  seedling.  — Passable.  Fruit  mé- 
diocre; ne  vaut  pas  sa  réputation. 

Lucas  (de  Jouglie).  — Faisons  ici  notre 
7ued  culpâ.  — Entraîné  par  ce  qu’en  ont 
dit  l’obtenteur  d’abord,  les  propagateurs 
ensuite,  et  aussi,  et  surtout,  par  une  an- 
née de  réussite,  nous  avons  cru,  comme 
tant  d’autres,  que  ce  Fraisier  avait  un  mé- 
rite réel  et  nous  l’avons  recommandé  nous- 
inôme.  Voici  notre  appréciation  d’aujour- 
d’hui : Plante  délicate  très-peu  fertile,  à 
fruit  médiocre;  n’ayant  encore  réussi  à 
Argenteuil  ni  dans  les  terres  légères,  ni 
dans  les  terres  fraîches,  ni  dans  les  terres 
franches.  Avant  de  le  supprimer  entièrement 
de  nos  cultures,  nous  l’avons  soumis  à une 
dernière  étude  dans  un  sol  exceptionnel. 
S’il  n’y  réussit  pas,  nous  le  supprimerons 
sans  appel. 

Murgueiite  (Le  Breton). — Gros  fruit,  peu 
coloré,  bon  pour  la  grande  culture  sur 
place;  car  il  ne  supporte  pas  le  transport  et 
l’emballage.  Comme  fruit  bourgeois,  cette 
Fraise  est  médiocre,.  Néanmoins  nous  croyons 
qu’on  doit  conserver  cette  variété  jusqu’à 
nouvel  ordre,  en  raison  delà  grosseur  de  son 
fruit  et  de  sa  beauté. 

May  Queen  (Nicholson).  — Plante  naine, 
envahissante  par  ses  coulants;  fruit  bon, 
mais  petit.  Ce  Fraisier  est  peu  productif  et 
n’a  pas  de  raison  d’être  dans  une  collection 
de  25 , puisqu’il  y est  remplacé  avantageu- 
sement par  la  Relue  des  Quntre-Saisous. 

Mouslrous-llaulhois.  ■ — C’est  par  erreur 
que  la  commission  a classé  ce  Fraisier  dans 
les  Américains,  c’est  un  Fraisier  européen  : 
il  descend,  comme  tous  les  Caprons,  du 
Eiagaria  elatior.  — Ce  Fraisier  produit 
peu;  le  parfum  de  ses  fruits  est  recherché 
par  les  uns  et  repoussé  par  les  autres  : Des 
goùls  ef  des  couleurs  il  ne  faul  pas  disputer  : 


mais  nous  nous  permettrons  de  donner  ici 
notre  avis.  Les  Caprons,  en  général,  sont 
des  fruits  écœurants;  ils  sont  tout  au  plus 
bons  à assaisonner  ceux  qui  n’ont  pas  de 
parfum. 

Princesse  royale  (Pelvillain).  ■ — Reléguez 
ce  Fraisier  à la  culture  des  champs;  mais 
pour  la  table  bourgeoise,  supprimez-le; 
supprimez  la  Fraise  Trognon,  comme  on 
l’a  surnommée  à la  Halle  de  Paris.  — Cette 
Fraise  a fait  son  temps  : c’est  l’ombre  de  la 
bonne  Fraise;  c’est  le  Radis  de  janvier! 

Sir  Charles  Napier  (Smilh).  — Rien! 
la  plante  est  vigoureuse,  belle,  robuste,  et 
le  fruit  assez  bon. 

Sir  Hairy  (Underhill).  — Encore  un 
ange  déchu!  Que  d’éloges  immérités!  Que 
d’erreurs  à redresser!  — Plante  très-déli- 
cate, d’une  culture  difficile,  fruit  beau  et 
de  bonne  qualité,  mais  il  ne  faut  pas  comp- 
ter sur  des  récoltes  suivies.  A supprimer 
dans  le  nord  et  dans  le  midi  de  la  France; 
à étudier  dans  le  centre  (entre  Reaune  et 
Lyon  seulement)  et  encore  !... 

Vicomtesse  Hêricart  de  Thury  (Jamin  c/ 
Durand).  — Pourquoi  ne  l’avoir  pas  appelé 
Prince  inipé7ial  (Graindorge),  car  c’est  son 
premier  nom?  La  commission  a rejeté  le 
Piiuce  impé7ial  et  elle  a adopté  Vicomtesse 
Jléiicmd  de  Tliimf  qui  n’est  autre  que  le 
Piince  impéiial  rebaptisé.  Il  se  nomme 
aussi  Marquise  de  Latour-Maubourg , à 
Finsu,  sans  doute,  de  la  commission.  Sous 
quelque  nom  qu’on  le  désigne,  ce  Fraisier 
doit  être  conservé,  bien  que  nous  lui  repro- 
chions l’abondance  de  ses  graines  et  leur 
dureté.  Les  vieillards  qui  n’ont  plus  de 
dents  et  les  jeunes  gens  qui  ne  les  ont  pas 
creuses  n’aperçoivent  peut-être  pas  ce  défaut; 
mais  il  y en  a beaucoup  d’autres  qui  le  dé- 
couvrent. 

Ce  Fraisier  est  très-rustique,  et  résiste 
aussi  bien  au  froid  qu’à  la  cbaleur  et  à la 
sécheresse.  H est  très-fertile,  malheureuse- 
ment le  fruit  est  médiocre,  il  manque  d’eau, 
de  chair  et  de  parfum  dans  les  terres  sè- 
ches. 

Victoria  (Ti^ollop).  — Bien  ! — Plante  très- 
rustique  et  très-fertile;  le  fruit  est  passable, 
il  faut  le  cueillir  avant  sa  complète  maturité 
et  ne  le  manger  que  quelques  heures  après 
sa  cueillette.  — Ne  se  conserve  pas. 

Wonderfull  (Jeyes).  — Ce  Fraisier  a une 
vieille  réputation  qu’il  ne  mérite  plus;  il  est 
dépassé.  Plante  peu  productive  ; fruit  mé- 
diocre dans  les  terres  sèches,  assez  bon 
dans  les  sols  ricbes.  Quoique  vigoureux,  ce 
Fraisier  redoute  le  froid  et  la  sécheresse. 

Variétés  propres  à forcer. 

Quatix-Saisous  à fruit  7muge.  — Lequel? 

Quatir-Saisons  à fruit  brun  de  Gilbert.  — 
A supprimer.  Il  faut  n’avoir  jamais  mangé 
de  ce  fruit  pour  le  citer. 


114 


LES  25  FRAISIERS  DE  LA  COMMISSION  DE  CULTURE  POTAGÈRE. 


PHftCcm  royale.  — Oui!  Mais  il  y a 
mieux. 

Sir  IJarry.  — Oui  ! Mais  empotez  de  bonne 
iieure.  Il  y a beaucoup  mieux. 

Vicomtesse  Héricart  de  Thwiy,  Prince 
Impérial  ou  Marquise  de  Lalour'Maubourg. 
— Oui!  Même  observation  que  ci-dessus. 

Victoria.  — Oui!  Bien! 

Variétés  propres  à la  culture  en  grand 
et  à l’approvisionnement  des  marchés. 

Quatre-Saisons  ci  fruit  rouge.  — Lequel? 

Quatre-saisons  à fruit  brun  de  Gilbert.  — 
Supprimez,  supprimez  cent  fois!  Mauvaise 
plante,  fruit  exécrable,  produit  nul. 

Eléonore.  — Pourquoi  celui-là  plutôt  que 
vingt  autres  qui  valent  mieux  que  lui? 

Elton.  — Ce  Fraisier  est  très-cultivé; 
mais  il  ne  mérite  pas  de  l’être.  Il  est  d’une 
acidité  insupporlable.  11  n’a  ni  eau  ni  par- 
fum. Il  y en  a beaucoup  qui  devraient  lui 
être  préférés.  La  routine  seule  le  fait  con- 
server, parce  qu’on  ne  se  donne  pas  la  peine 
de  lui  chercher  un  remplaçant  parmi  les 
nouveautés  de  mérite. 

Jucunda  (Saller).  — Bien! 

Princesse  royale.  — Bien!  puisque  le 
public  ne  déguste  pas.  Mais  le  jour  on  un 
cultivateur  intelligent  présentera  au  marché 
une  bonne  Fraise,  et  il  n’en  manque-  pas 
dans  les  nouveautés,  la  Fraise  à mèche 
aura  fait  son  temps. 

Vicomtesse  Héricart  de  Thury.  — Bien  ! 

Victoria.  — Bien! 

Que  résulte-t-il  de  tout  ceci?  Que  penser 
du  travail  de  la  commission?  Rien!  Sinon 
([u’une  liste  de  25  Fraisiers  les  plus  recom- 
mandables est  une  chose  impossible  à faire  ; 
car,  pour  l’établir  sérieusement  il  faudrait: 
En  composer  une  pour  chaque  sorte 
de  sol,  d’exposition,  de  climat,  etc.; 

Remplacer,  chaque  année,  les  ancien- 
nes variétés  dépassées  par  les  ^nouvelles 
qui  seraient  reconnues  plus  méritantes  ; 

Etudier  chaque  variété  nouvelle  clans 
tolis  les  climats,  dans  tous  les  sols  et  à 
toutes  les  expositions. 

Nous  le  demandons,  croit-on,  en  con- 
seillée, qu’un  pareil  travail,  non-seulement 
ne  soit  pas  au-dessus  des  forces  de  la 
commission  de  culture  potagère,  mais  même 
cju’il  soit  possible? 

Plutôt  que  de  chercher  à faire  l’impossi- 
ble et  de  commander  l’opinion  publiciue,  il 
est  bien  plus  facile  et,  surtout,  bien  plus  sur. 


de  se  laisser  guider  par  elle,  de  la  laisser 
faire  et  de  lui  obéir.  Attendons  donc  qu’elle 
se  soit  prononcée.  Attendons  le  résultat  des 
expériences  qui  se  font  dans  des  milliers  de 
jardins  et  de  cultures,  et  quand  une  auto- 
rité praticjue  et  raisonnée  viendra  se  faire 
entendre,  nous  l’écouterons.  Jusque-là  il 
faut  laisser  la  question  s’élaborer  lentement 
et  s’étudier  en  silence. 

La  commission  désire  que  nous  ne  soyons 
plus  tributaires  de  l’étranger.  Nous  sommes 
tout  aussi  patriote  que  quicjue  ce  soit,  mais 
nous  ne  voyons  pas  qu’il  y ait  péril  pour  la 
France  de  tirer  de  l’étranger  ciuelques  dou- 
zaines de  Fraisiers  tous  les  ans.  Cette  sus- 
ceptibilité est  grande.  Elle  a d’autant  plus 
lieu  de  nous  étonner  que  la  commission  dit 
qu’il  est  très-facile  d’obtenir  des  variétés 
nouvelles.  S’il  en  est  ainsi,  que  ne  se  met- 
elle  à l’œuvre  pour  nous  délivrer  de  Fenra- 
hissenient  de  la  Belgique  et  de  l’Angleterre, 
en  créant  elle-même  de  nouveaux  Eraisiers. 

L’obtention  de  nouvelles  variétés  peut 
être  facile  en  Angleterre  et  en  Belgiciue,  là 
où  il  y a des  connaissances  pratiques  spé- 
ciales, un  climat  et  un  sol  des  plus  favora- 
bles ; mais  en  France  il  pourrait  bien  en  être 
ditféremment.  Quant  à nous,  nous  déclarons 
qu’elle  n’est  pas  aussi  facile  que  la  commis- 
sion semble  le  dire.  Tous  les  ans,  nous  se- 
mons des  quantités  considérables  de  graine  et 
nous  obtenons  une,  deux  ou  trois  variétés 
méritantes  au  plus;  peut-être  ne  connaissons- 
nous  pas  la  manière  d’opérer?  Toujours  est- 
il  que  les  résultats  coûtent  cher,  souvent 
plus  qu’ils  ne  rapportent. 

Il  est  vrai  qu’il  y a des  semeurs  qui  n’y 
regardent  pas  de  très-près  et  qui  trouvent 
tout  bon  dans  leurs  semis;  mais  ce  n’est  pas 
là  le  moyen  de  nous  affranchir  du  tribut  que 
nous  payons  à l’étranger.  Quant  à nous, 
nous  continuerons  de  cultiver  et  de  recom- 
mander les  variétés  anglaises,  surtout,  tant 
qu’elles  primeront  les  nôtres,  même  celles 
que  nous  aurons  obtenues  nous-même,  parce 
({ue  nous  croirons  être  utile  aux  amateurs  et 
aux  spéculateurs. 

En  résumé,  nous  déclarons  que  la  liste 
des  25  Fraisiers  de  la  commission  ne  nous 
satisfait  pas,  qu’elle  ne  satisfera  personne, 
que  ce  travail  était  et  reste  impossible.  Il 
valait  donc  mieux  ne  rien  faire  que  de  foire 
une  chose  incomplète. 

V.  F.  Lebeuf, 
Horticulteur  à Argeiitcuil. 


DU  TIGRE. 


Le  tigre  (coccus  igri)  ou  petit  kermès, 
de  la  famille  des  hémiptères,  vit  sur 
tous  les  arbres  fruitiers  placés  aux  ex- 
positions chaudes  etabritées.  Pendant  l’hi- 
ver, on  trouve  ces  insectes  sur  l’écorce  dos 


rameaux,  et,  à l’automne,  sous  le  limbe  des 
feuilles  dont  il  a dévoré  le  parenchyme. 

L’insecte  parfait  a la  forme  d’une  coque 
couleur  gris-cendré;  forme  leniiculaire- 
ovale  do  0”\002  de  longueur  sur  0.001 


DU  TIGRE. 


115 


de  largeur  ; la  partie  antérieure  eu 
pointe,  la  partie  postérieure  légèrement 
déprimée,  l’axe  généralement  droit,  mais 
quelquefois  recourbé  en  demi-cercle. 

Gomme  tous  les  insectes  d’ordre  inférieur, 
le  tigre  est  très-prolifique.  On  trouve  les 
œufs,  sousle  ventre  des  femelles,  agglomérés 
en  petites  masses  sphériques.  Les  œufs  sont, 
lors  de  la  ponte,  couleurjaune  d’or  et  passent 
au  blanc  presque  transparent  au  moment  de 
l’éclosion.  Pendant  le  temps  de  l’incubation, 
les  œufs  sont  maintenus  entre  la  carapace  de  la 
mère  et  une  cloison  très  -mince,  appliquée 
sur  le  rameau.  Les  larves  percent  cette 
cloison  pour  se  répandre  sur  les  branches 
et  sur  les  feuilles.  Dans  les  années  chaudes, 
il  y a deux  pontes. 

Le  tigre  aurait  bientôt  envahi  nos  jardins 
et  détruit  nos  arbres,  si  la  nature  n’avait 
contrebalancé  une  reproduction  rapide  par 
l’antagonisme  d’un  autre  insecte.  Le  tigre 
a son  parasite,  son  ennemi  intime,  un  petit 
iclineumon  dont  la  femelle  dépose  un  œuf 
dans  le  corps  du  tip’e.  Cet  œuf  devient  larve, 
cause  la  mort  du  tigre,  vit  du  cadavre  de  sa 
victime  achève  sa  transformation,  et  son  in- 
secte parfait  en  perçant  la  carapace  qui  l’a 
abrité,  et  sous  laquelle  il  ne  laisse  qu’une 
poussière  grise,  trace  impalpable  des  cosn- 
bats  et  des  phénomènes  qui  se  sont  accom- 
plis dans  ce  monde  presque  microscopique . 

Mais  riclineumon  ne  suffit  pas,  il  faut 
encore  que  l’homme  travaille  directement  à 
la  destruction  du  tigre.  Dans  le  numéro  du 
16  janvier  1865  de  ïdL  Revue  horticole  nous 
avons  fait  connaître  une  excellente  compo- 
sition, très-efficace  pour  la  destruction  de^ 
insectes  parasites;  depuis,  poursuivant  tou- 
jours nos  études  et  nos  expériences,  nous 
avons  essayé  de  combattre  le  tigre  avec 
l’huile  minérale  de  pétrole. 

Avant  la  publication  de  L’article  de 
MM.  Georges  et  Jacques  Barrai  dans  la  Revues 
des  essais  étaient  commencés  sur  différents 
points  de  la  commune  de  Yitry  par  des  ar- 
boriculteurs, qui  avaient  eu  connaissance  de 
l’article  de-M.  le  D*’  Decaisne,  article  repro- 
duit par  le  Moniteur  du  soir. 

Un  de  nos  collègues  appliqua  l’huile  de 
pétrole  sur  50  Pêchers  obliques;  c’était  im- 
prudent. Le  kermès  fut  détruit  en  quelques 
jours,  les  insectes  étaient  desséchés,  mais 
hélas!  les  boutons  à fleurs  étaient  aussi 
mortellementatleints;  ils  noircirent,  se  des- 
séchèrent, et,  vers  le  20  avril,  on  fut  obligé 

SUR  LA  S 

La  sélection  est  une  petite  puissance 
que  Dieu  a donnée  à l’homme;  mais  jus- 
qu’où peut-il  aller  avec  la  sélection?  On  me 
dit,  les  horticulteurs,  en  choisissant  les 


(le  rabattre  sur  le  pied  les  50  beaux  Pêchers. 
Depuis  cette  époque,  ces  arbres  n’ont  eu 
qu’une  végétation  des  plus  chétives. 

De  notre  côté,  et  à la  môme  époque  (dé- 
cembre 1864),  nous  traitions  par  l’huile  de 
pétrole  des  Poiriers  en  espalier,  situés  au 
midi  et  couverts  de  kermès.  Trois  Poiriers 
ont  été  enduits  entièrement;  d’autres  l’ont 
été  seulement  sur  la  moitié  de  leur  enver- 
gure. Au  5 mars  1 865,  les  kermès  des  parties 
huilées  étaient  morts,  ceux  des  parties  non 
huilées  étaient  bien  vivants.  L’épiderme  des 
jeunes  rameaux  huilés  avait  conservé  son 
aspect  normal,  et  ce  n’est  qu’au  moment  de 
la  végétation  que  nous  nous  sommes  aperçus 
que  toutes  les  parties  tendres  et  spon- 
gieuses telles  que  boutons  à fruits,  bourses, 
yeux  etc.,  étaient  atrophiées  par  l’action 
corrosive  de  l’huile.  Sur  la  jeune  écorce, 
nous  n’avons  remarqué  que  quelques  taches 
noires  sur  les  parties  occupées  par  les 
kermès;  sur  la  vieille  écorce,  rien  à signaler; 
l’ensemble  de  l’arbre  dénotait  un  malaise 
général. 

Au  milieu  d’avril  1865,  nous  avons  appli- 
quél’huiledepétrole  étendue  de  moitiéd’eau 
pour  détruire  le  puceron  ; toutes  les  parties 
herbacées  ont  été  brûlées  instantanément. 

En  touchant  les  chenilles  avec  un  pinceau 
de  soie,  imprégné  d’huile  de  pétrole,  on  les 
fait  mourir  instantanément. 

Des  hannetons  jetés,  à mesure  qu’on  les 
ramassait,  dans  un  baquet  d’eau,  contenant 
de  l’eau  additionnée  de  1 pour  100  d’huile 
de  pétrole,  mouraient  immédiatement. 

Constatons  enfin  que  l’odeur  de  l’huile 
persiste  après  60  jours  d’exposition  tà  l’air 
et  que  peut-être  elle  peut  contribuera  éloi- 
gner d’autres  insectes  des  arbres. 

Tels  senties  faits  sur  lesquels  j’ai  cru  de- 
voir appeler  l’attention  des  lecteurs  de  la 
Revue,  afin  d’éviter  les  mécomptes  à ceux 
qui  prennent  trop  au  sérieux  les  nombreux 
remèdes  prônés  par  les  journaux. 

Pour  finir,  je  dirai  qu’il  y a,  au  point  de 
vue  de  l’àcreté  et  de  l’action  corrosive,  une 
très-grande  différence  entre  l’huile  de  pé- 
trole naturelle  de  Pensylvanie  et  les  autres 
huiles  vendues  sous  le  môme  nom  et  qui  ne 
sont  que  des  huiles  lourdes  de  goudron, 
plus  ou  moins  rectifiées.  Ceux  donc  qui 
voudraient  continuer  les  expériences  feront 
bien  de  s’assurer  de  l’origine  des  produits 
employés  par  eux. 

Jean  Lâchaume. 


porte-graines,  peuvent  arriver  à changer 
l’espèce.  Quelles  espèces  l’homme  a-t-il 
donc  changé?  L’a-t-on  vu  d’un  Orme  faire 
un  Chêne.  Il  est  vrai  (tue  dans  sa  toute- 


1Î6 


SUR  LA  SÉLECTION, 


puissance  il  peut  créer  des  variétés,  c’est- 
à-dire  qu’il  peut  obtenir  des  fleurs  plus 
grandes,  des  coloris  plus  brillants;  mais 
généralement  des  plantes  plus  délicates,  et 
les  organes  principaux  restent  toujours  les 
mêmes.  Je  prendrai  pour  exemple  une 
pauvre  petite  plante  du  bon  Dieu,  je  veux 
parler  de  la  Pensée  (Viola  tricoJor).  En 
choisissant  les  porte-graines  dans  les  plus 
vigoureuses,  les  mieux  colorées,  on  peut 
obtenir  des  fleurs  plus  amples,  des  plantes 
plus  développées,  plus  belles  et  portant  des 
lleurs  aux  couleurs  plus  vives  et  mieux  dis- 
tribuées. Qualités  que  l’on  ne  conserve 
qu’avec  une  foule  de  soins,  c’est-à-dire,  en 
donnant  à ces  plantes  une  terre  substantielle, 
en  bouturant  ou  en  semant  lorsqu’elles 
s’aflaiblissent,  etc. 

L’homme  cesse-t-il  tous  ces  petits  soins? 
Abandonne-t-il  en  un  mot,  la  plante  à la 
nature?  Oh!  elle  retourne  bien  vite  à l’état 
})rimitif  et  redevient  promptement  la  Viola 
Iricolor  de  nos  champs.  Il  me  serait  facile 


de  citer  une  multitude  d’exemples  sem- 
blables. 

On  pourrait  me  dire  encore  ; la  nature 
elle,  avec  l’éleetion  naturelle,  agit  plus 
lentement,  mais  plus  sûrement.  L’homme 
a-t-il  jamais  vu,  jour  me  servir  de  la  même 
comparaison,  l’Orme  jirriver  progressive- 
ment à l’état  de  Chêne?  Je  ne  pense  })as 
que  M.  Darwin  puisse  jamais  démontrer  cela. 
Tout  son  système  est  bâti  sur  des  hypothèses, 
et  je  ne  crois  pas  que  l’on  puisse  extraire 
de  son  livre  sur  l’origine  des  espèces  une 
transformation  accomplie.  Pourquoi  donc 
se  lancer  dans  des  hypothèses,  lorsque  l’on 
a sous  les  yeux  une  foule  de  réalités? 

Dieu  a laissé  à l’homme,  dans  sa  petite 
sphère,  une  certaine  puissance,  puissance 
bien  limitée,  il  n’a  qu’à  jeter  les  yeux  vers 
les  profondeurs  du  firmament  pour  s’en 
convaincre.  Les  limites  sont  posées,  et  toutes 
les  fois  que  l’homme  voudra  les  dépasser, 
il  errera;  il  aura  beau  se  débattre  dans  son 
orgueil,  il  n’ira  plus  loin.  De  Ternisien. 


SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  D’HORTICULTURE. 


Nous  avons  parlé,  dans  un  de  nos  précé-  i 
dents  comptes  rendus,  de  la  méthode  em-  | 
ployée  par  M.  Rivière,  jardinier  en  chef  du 
Luxembourg,  pour  la  production  de  boutu- 
res de  Figuier  enracinées  dès  la  première 
année  et  donnant  du  fruit  plus  rapidement 
que  les  autres.  Cette  méthode  consiste  à 
stratifier  des  rameaux  pendant  l’iiiver,  en 
les  couchant  en  terre  dans  des  fosses  de 
de  profondeur,  puis  à couper  un 
tronçon  muni  de  l’œil  terminal  de  ces  ra- 
meaux, qu’on  plante  verticalement  en  ne  le 
recouvrant  que  d’une  épaisseur  de  terre  de 
0"L03.  M.  Rivière  fait  connaître  qu’il  em- 
ploie le  même  procédé  pour  faire  des  bou- 
tures de  Vignes,  avec  cette  différence  que 
le  bouturage  ne  s’.opère  pas  avec  l’œil  ter- 
minal seulement,  comme  pour  les  Figuiers, 
mais  bien  par  tronçons  munis  d’yeux.  En 
présentant  des  boutures  de  Vignes  ainsi 
obtenues,  M.  Rivière  annonce  qu’il  a fait 
beaucoup  d’expériences  sur  la  multiplica- 
tion de  cette  plante,  qu’il  se  propose  d’en 
faire  encore  de  nombreuses.  Son  opinion, 
quant  à présent,  est  que  les  boutures  avec 
deux  ou  trois  yeux  réussissent  le  mieux. 

Il  ne  croit  donc  pas  devoir  recommander 
sans  réserve  le  procédé  de  M.  Iludelot,  qui 
consiste  en  semis  d’yeux  unicjues.  Selon 
M.  le  Dr  Pigeaux,  au  contraire,  le  procédé 
Iludelot  est  excellent  pour  multiplier  des 
variétés  dont  on  ne  possède  que  peu  de 
rameaux;  on  obtient  ainsi  assez  vite  un 
assez  grand  nombre  de  sujets,  puisque  cha- 
que œil  en  donne  un.  M.  ibgeaux  ajoute  que 
les  insuccès  de  toutes  les  personnes  (}ui  ont 
tenté  l’essai  de  ce  jtrocédé,  tiennent  à ce 


qu’on  a négligé  Topération  de  lastratificalion 
préalable  des  sarments,  M.  Andry  rappelle 
encore  que  la  stratification  donne  toujours 
de  bons  résultats,  et  il  cite  les  expériences 
faites  depuis  longtemps  par  M.  Gaudais  de 
Nice.  Dans  une  des  dernières  expériences 
exécutées  en  grand,  M.  Gaudais,  a obtenu, 
sur  13,000  boutures  faites,  plus  de  12,000 
sujets. 

,M.  Philibert  Raron  réclame  la  priorité 
d’un  procédé  de  direction  des  arbres  frui- 
tiers, qu’on  annonce  à tort,  selon  lui,  comme 
nouveau,  et  qui  consiste  à obtenir  des  rami  - 
fications en  rapprochant  à chaque  taille  sur 
le  vieux  bois  et  sur  les  anciennes  produc- 
tions. Il  présente  à l’appui  de  sa  réclama- 
tions des  lambourdes  fruitières  bien  traitées 
qui  donnent  le  modèle  de  son  procédé.  La 
lettre  de  M.  Philibert  Raron  fait  allusion  à 
la  méthode  de  traitement  de  M.  Delaville, 
dont  nous  avons  publié  les  spécimens  dans 
notre  dernier  numéro  (page  88).  Une  com- 
mission a été  nommée  au  sein  du  comité 
d’arboriculture  de  la  Société  pour  examiner 
cette  question  ; nous  rendrons  compte  de 
sa  décision. 

Encore  un  exemple  de  précocité  anor- 
male. M.  Barbarin,  horticulteur  à Vrcil 
(Marne),  présente  deux  Poires  cueillies  le 
18  février  dernier  et  qui  ont  presque  atteint 
une  grosseur  moyenne,  quoique  ne  présen- 
tant pas  les  apparences  de  la  maturité.  Ce 
fait  est  connu,  du  reste;  il  a été  remarqué 
fré(iuemment  celle  année,  comme  il  l’avait 
été  déjà  dans  des  années  présentant  une 
c-jnstilulion  météorologique  analogue  à celle 
de  l’hiver  que  nous  venons  de  traverser. 


SÉANCES  DE.  LA  SOCIÉTÉ  CENTHALE  D’IIOLTICULTURE. 


117 


Le  doyen  respecté  de  nos  arboriculteurs, 
M.  Grill,  de  Chartres,  a voulu  montrera  ses 
collègues  de  Paris  des  spécimens  de  sa  mé- 
thode de  traitement  des  Pêchers.  Il  a ap- 
porté des  branches  formées  sur  lesquelles  on 
voit  le  résultat  de  son  pincement,  qui  con- 
siste à couper,  au  moment  de  la  pousse,  les 
feuilles  stipulaires,  environ  à leur  moitié, 
pour  faire  développer  deux  yeux  à la  base. 
Ce  pincement  maintient  les  yeux  au  point  le 
plus  rapproché  possible  de  la  brandie  char- 
pentière.  M.  Grin  peut  obtenir  le  même  ré- 
sultat sur  un  gourmand. 

A propos  de  cette  présentation  M.  Alexis 
Lepère  a fait  à la  Société  une  longue  et  in- 
téressante communication  dans  laquelle  il  à 
exposé  en  détail  la  méthode  de  conduile 
traditionnelle  des  cultivateurs  de  Montreuil.  11 
s’est  attaché  à démontrer  qu’on  peut  tirer 
un  excellent  parti  des  rameaux  anticipés  ou 
faux  bourgeons  sans  les  pincer  au  premier 
œil,  et  qu’ils  peuvent  servir  à obtenir  les 
grandes  et  belles  formes  que  nos  pères  te- 
naient si  fort  en  honneur. 

Comme  on  le  voit,  le  débat  soulevé  à pro- 
pos de  la  rivalité  du  procédé  chartrain  et 
du  procédé  montreuillais  pour  la  conduile 
du  Pêcher  est  loin  d’être  apaisé.  M.  de  La 
Roy  a très-heureusement  caractérisé  ce  dé- 
bat par  un  seul  mot.  La  méthode  de  Mon- 
treuil, a-t-il  dit,  est  laméthode  aristocratique 
qu’emploient  ceux  qui  ont  du  temps  et  de 
l’argent  pour  obtenir  de  beaux  fruits,  tandis 
que  le  système  de  M.  Grin  est  un  système 
démocratique,  qui,  par  sa  simplicité,  met  la 
culture  du  Pêcher  à la  portée  du  plus  grand 
nombre. 

M.  Boisselot,  de  Nantes,  que  les  lecteurs 
de  la  Revue  connaissent  comme  l’im  des 
plus  zélés  propagateurs  des  bons  fruits,  a 
envoyé  à la  Société  une  greffe  de  Vigne  laite 


par  un  moyen  nouveau  dont  il  est  l’inven-  \\ 

leur  c‘t  qu’il  pratique  ainsi  : cà  l’automne,  ;| 

lorsque  les  pr  - :1ères  feuilles  commencent 

à jaunir,  ou  bi  i au  printemps,  avant  que  la 

Vigne  ne  pleure,  il  choisit  la  bifurcation  '-î 

des  branches  à fruit  la  plus  rapprochée  du 

sol  et  la  coupe  ras  au-dessus  du  premier  œil  ; f| 

après  avoir  éclaté  ou  fendu  celte  bifurcation  p 

dans  son  milieu,  il  y place  un  greffon  taillé  p 

en  biseau,  absolument  comme  pour  la  greffe 

en  fente  ordinaire  ; puis  il  ligature  fortement  ' 

et  il  mastique.  11  est  préférable  que  le  biseau 

du  greffon  soit  plus  épais  d’un  côté  que  de 

l’autre  pour  ménager  la  moelle.  Pendant  la  î; 

végétation,  il  pince,  à mesure  qu’elles  se  j 

développent,  les  pousses  du  sommet  des 

deux  chicots  surmontant  le  greffon,  et  il 

fouille  plusieurs  fois  au  pied  du  sujet  pour 

extirper  les  drageons  gros  et  nombreux  qui 

poussent  sans  interruption  au  collet  des  j 

racines.  Les  greffes  faites  ainsi  en  octobre  j 

entrent  en  végétation  en  juin,  à la  Saint-  ^ 

Jean.  ' 

M.  Boisselot  demande  que  son  nom  soit  ■ 

donné  à cette  greffe.  Le  comité  d’arbori- 
culture l’apprécie  comme  une  nouvelle 
variété  de  la  greffe  en  fente,  qui  lui  sem- 
ble être  ingénieuse  et  offrir  des  avantages 
pour  greffer  au-dessus  du  sol. 

Les  communications  relatives  cà  l’arbori- 
culture ont  été,  comme  on  le  voit,  nombreu- 
ses et  importantes  taux  dernières  séances  de 
la  Société.  Nous  avons  voulu,  en  raison  de  \ 

l’opportunité  qu’elles  présentent  à cette 
époque  de  l’année,  les  mettre  toutes  à la 
fois  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs.  Nous  ‘ 

donnerons,  dans  notre  prochain  compte  ren- 
du, des  détails  sur  les  autres  sujets  lixaités 
dans  ces  mêmes  séances,  et  dont  la  plupart 
ont  offert  également  un  vif  intérêt.  j 

A.  Ferlet. 


REVUE  DES  PUBLICATIONS  HORTICOLES  DE  L’ÉTRANGER. 


Le  Rolanical  Magazine  publie  les  figures 
et  les  descriptions  des  plantes  suiviantes  : 

Foiircroja  KarwinskI  et  ZücCARlM, 

pl.  5519. 

Magnifique  Amaryllidée  arborescente  du 
Mexique  et  du  Guatemala,  où  elle  atteint  des 
proportions  gigantesques.  D’après  la  des- 
cription du  baron  Karwinski,  qui  a trouvé 
pour  la  première  fois  cett3  plante  sur  le 
mont  langa,  dcans  la  province  d’Oaxaca, 
à une  élévation  de  3,500  mètres  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer,  les  tiges  atteignent 
jusqu’à  10  mètres  de  hauteur  et  l’énorme 
panicule  tlorale  1:2  à 14  mètres.  Le  pied 
(]ui  a fleuri  dans  le  Jardin  bottinique  de 
Begent’s  Parkn’a  atteint,  il  est  vrai,  qu’une 
hauteur  de  5 mètres,  mais,  dans  ces  propor- 
tions mêmes,  il  doit  avoir  un  aspect  mer- 


veilleux. Le  Foucroya  longœva  produit  un 
peu  l’effet  d’un  Yucca  gigantesque.  La  tige, 
nue  jusqu’aux  trois  quarts  de  sa  hauteur,  et 
garnie  dans  cette  partie  des  cicatrices  des 
feuilles  déjà  tombées,  porte  en  haut  des 
feuilles  assez  semblables  à celles  d’un  Yucca 
et  très-serrées.  Les  fleurs,  de  la  grandeur 
de  celles  des  Yucca,  sont  blanches,  à six 
étamines,  dont  les  filets  sont  gonllés  et 
charnus  à leur  base. 

Itemlrobiuuî  ^ciiîie,  PARisii,  pl.  5520. 

Le  nom  spécifique  de  celte  Orchidée,  qui 
a été  découverte  à Moiilmeine  (Indes  Orien- 
tales) par  M.  Parish,  fait  allusion  aux  longs 
poils  blancs  dont  son  pseudobulbe  et  ses 
feuilles  sont  couverts.  Les  fleurs,  d’un 
jaune  doré,  solitaires  ou  réunies  deux  à 
deux,  se  développent  sur  les  vieux  pseudo- 


REVUE  DES  PUBLICATIONS  HORTICOLES  DE  L’ÉTRANCER. 


bulbes,  dans  les  aisselles  des  feuilles  déjà 
tombées.  Celte  plante  a Oeuri  à Knypersley, 
en  avril  dernier. 

:?lai*iauthus  Druntinomliamm,  Be^STHAM, 
pl.  5521. 

Cette  charmante  petite  Pittosporée  grim- 
pante,  avec  ses  abondantes  et  grandes  lleurs 
d’un  bleu  pâle,  est  originaire  de  l’Australie 
occidentale  et  notamment  des  bords  du 
Svvan-River.  Celte  espèce  est  encore  plus 
gracieuse  que  le  Marianthus  cœruleopun- 
clatus.  Ses  feuilles  sessiles  lancéolées,  les 
inférieures  profondément  incisées  au  bord, 
presque  pinnatifides,  les  supérieures,  en- 
tières, sont,  ainsi  que  la  tige  et  les  longs 
pédoncules  et  le  calice,  couverts  de  . longs 
poils  dressés. 

»rimia  altissima,  HOOKER,  pl.  5522. 

Asphodelée  bulbeuse  du  Natal  que  M.  John 
Sanderson  a envoyée  au  jardin  de  Kew,  de 
d’Urban  (près  du  Port-Natal).  Les  feuilles 
longues  de  0™.30  à 0«\45,  sont  lisses  et 
obtuses.  La  hampe  florale  dressée,  qui  sort  , 
latéralement  du  bulbe,  atteint  1‘". 35  de  lon- 
gueur et  porte  au  sommet  une  grappe  très- 
serrée  avant  la  üoraison,  longue  environ 
d’une  paume,  composée  de  fleurs  verdâtres 
dont  les  filets  des  étamines  sont  d’un  beau 
pourpre  pâle,  placées  dans  les  aisselles  de 
bractées  subulées-lancéclées  d’un  pourpre 
])àle  à leur  base.  Quoique  le  coloris  des 
lleurs  ne  soit  point  très-brillant,  celte  plante 
})roduit  néanmoins  par  son  port  un  très-bel 
etfet. 

liiifltleiitinnniana  ^ 

Reichekrach  fils,  pl.  5523. 

Cette  Orchidée  des  îles  Philippines  a 
fleuri  poür  lapremière  fois  en  Europe, dans 
les  serres  de  M.  Luddemann  à Paris.  Voilà 
pourquoi  M.  Reichenbacli  lui  a donné  son 
nom  spécifique.  MM  Hugli  Low  et  Cie,  à 
Caplon,  qui  reçurent  cette  plante  en  pre- 
mier lieu,  ne  pouvant  pas  la  distinguer  par 
ses  feuilles  du  Phnlœnopsis  eqnestris  (Ph. 
rosea),  la  distribuèrent  sous  ce  nom;  et  en 
effet  les  lleurs  seules  permettent  de  déter- 
miner cette  espèce.  Ces  lleurs,  disposées  au 
nombre  de  trois  à cinq  en  courtes  grappes, 
sont  d’un  aspect  aussi  beau  que  singulier. 
Leurs  pétales  et  leurs  sépales  sont  ornés 
de  bandes  transversales  d’un  beau  poupre 
sur  un  fond  blanc  ou  légèrement  lavé  de 
pourpre.  Le  labelle  est,  dans  sa  partie  su- 
périeure, d’un  pourpre  uni. 

Bortolonia  guttnta,  HooKER,  pl.  5521. 

Belle  Mélaslomacée  du  Brésil,  remarqua- 
ble surtout  par  la  splendeur  de  son  feuillage. 
Les  feuilles  longuement  péliolées,  ovales, 
pointues  au  sommet,  munies  de  cimi  ner- 
vures longitudinales,  sont  en  dessus  d’uiivert  | 


foncé  et  ornées,  entre  les  nervures,  de  deu.x 
séries  de  petites  macules  circulaires  ou  ova- 
les, blanches  ou  roses.  La  face  inférieure 
des  feuilles  est  uniformément  pourpre,  sauf 
les  nervures  longitudinales  saillantes  qui 
sont  d’uu  vert  clair.  Les  fleurs  roses  sont 
disposées  en  cimes  au  nombre  de  cinq  à 
dix. 

^cutellaria  aiirata,  var.  suJphurea,  pl. '5525. 

Cette  Labiée  brésilienne,  native  de  Para, 
y fut  découverte  par  M.  Baraquin  et  envoyée 
par  lui  à M.  Verschaffelt,  qui,  de  son  côté, 
l’envoya  en  1804  au  jardin  de  Kew.  C’est 
une  plante  assez  belle,  atteignant  0"L30  à 
0^.45  de  hauteur,  à longues  fleurs  d’un 
jaune  de  soufre;  ces  fleurs  sont  disposées 
en  une  grappe  terminale. 

fi*sammi8ia  loniiçicolla,  IIOOKER,  pl.  5526. 

Belle  Vacciniée  de  l’Amérique  du  Sud, 
dont  on  ne  connaît  pas  exactement  l’origine. 
Cette  plante,  aussi  remarquable  par  son 
feuillage  que  par  ses  fleurs,  a été  envoyée 
au  jardin  de  Kew  par  M.  James  Bateman. 
C’est  un  arbuste  à grandes  feuilles  presque 
sessiles,  coriaces,  brillantes,  elliptiques, 
pointues  au  sommet,  munies  à leur  face  in- 
férieure de  trois  à cinq  nervures  longitudi- 
nales saillantes.  Dans  les  aisselles  des 
feuilles  se  développent  les  courtes  grappes 
florales  composées  de  fleurs  dontles  corolles 
allongées  sont  d’un  beau  pourpre  à leur 
partie  inférieure  urcéolée,  qui  occupe  deux 
tiers  de  leur  longueur  et  dont  la  partie  su- 
périeure et  le  limbe  peu  étalé  sont  d’un  jaune 
verdâtre. 

Plmlænop.^i^  sumatrana,  Korthaes,  pl.  5527. 

Cette  Orchidée,  quia  été  décrite  aussi  sous 
le  nom  de  Phalœiiopsis  zcbrina,  provient  do 
la  province  Palembang  (Sumatra)  où  elhi  a 
été  découverte,  par  Korthals,  il  y a plus  de 
vingt-cinq  ans.  Toutefois  ce  n’est  que  pen- 
dant le  printemps  de  l’année  passée  qu’on  a 
vu  fleurir  celte  belle  espèce  dansla  collection 
de  M.  Day.  Les  grandes  lleurs  de  celte 
plante  sont  blanches,  mais  les  sépales  et  les 
pétales  sont  garnis  de  larges  boucles  trans- 
versales d’un  pourpre  brunâtre.  Le  labelle 
lui-même  offre  des  macules  allongées  longi- 
tudinales de  la  même  couleur.  La  ligure  que 
nous  avons  sous  les  yeux  montre  unehauq)e 
llorale  portant  cinq  lleurs. 

primula  LiNNÉ;var.  amœiHU 

pl.  5528. 

Magnifique  variété  du  Primula  rorln- 
soides  plante  assez  connue  dans  les  jardins. 
Cette  variété  amœna  a été  iulroduile  du  Ja- 
pon dans  les  jardins  de  l’iVngleterre.  Elle  se 
distingue  avautageusement  du  type  de  la 
piaule  ([lie  nous  [lossédous  depuis  longtemps 
[>ar  ses  grandes  lleurs,  du  pourpre  le  plus 


KEVIE  DES  l'EBLICATIOKS 

riclic,  et  par  son  beau  feuillage  extrêmement 
vigoureux. 

liil>uri.«<  nfi*0|mri»«i*c«,  Wir.iiT,  pl.  5529. 

Orchidée  terrestre  de  Ceylan,  assez  belle 
j)arson  feuillage.  Cbacpie  pied  porte  deux  à 
quatre  feuilles  larges,  pointues  au  sommel, 
plissées  suivant  leurs  nervures  longitudi- 
nales. Les  Heurs,  disposées  en  épi  terminal, 
sont  d’un  soml)re  })ourpre  violacé. 

l>lialirn»psi.s  Weliilloriaiia , RElCHENiîACfi  lils, 
pl.  5580. 

Cette  magnitique  Orchidée  des  îles  Philip- 
pines est  probablement  connue  d’un  grand 
nombre  des  lecteurs  de  la  Berne.  1.11e  a fi- 
guré plusieurs  fois  dans  nos  expositions,  et 
la  Société  impériale  et  centrale  d’horticul- 
ture lui  a consacré,  en  octobre  1802,  sur  la 
j)lancbe  ir>  XVIJ  de  son  album,  une  magni- 
iique  ligure  exécutée  par  la  main  de  maître 
de  M.  A.  Riocreux,  accompagnée  d’un  mé- 
moire très-étendu  deM.  P.Ducbartre  surcetle 
merveille  du  règne  végétal.  Nous  croyons 
devoir  nous  borner  à renvoyer  nos  lecteurs 
à ce  travail  important. 

Al.s(r<rmet'ia  tk'iii^iflai'a , Herbert,  pl.  5531. 

Relie  Amaryllidée  grimpante  introduite  du 
Pérou  parM.  Pearce.  Latige  volubile  atteint 
jusqu’à  prés  de  3 mètres  de  longueur;  les 
||  feuilles  courtement  pétiolées  sont  ovales, 
I courtement  acuminées  au  sominet.  Les 
Heurs,  d’un  riche  rouge- orangé,  sont  dis- 
1 posées  en  ombelles  terminales.  La  partie 
I inférieure  des  pétales  est  intérieurement 
i garnie  de  petites  macules  allongées  noires. 


REVUE 


Les  prix  des  denrées  de  toute  nature  ont  subi 
d’assez  notables  changements  à la  halle  depuis 
I la  seconde  quinzaine  de  février.  Les  produits  du 
printemps  font  leur  apparition  et  sont  cotés  à 
I des  cours  très-élevés  qu’on  ne  peut  comparer 
! avec  ceux  de  l’hiver.  Le  Monileur  du  11  mars 
|i  résume  du  reste  parfaitement  la  situation  dans 
1 ces  quelques  lignes.  « Les  primeurs  com- 
■;  luencent  à abonder  à la  halle;  la  majeure  par- 
Ij  tie,  les  petits  Pois  notamment,  nous  parvien- 
il  nent  d’Algérie.  Le  trajet  complet  n’étant  que  de 
cinquante  à soixante  heures,  ces  denrées  arri- 
i vent  dans  imparfait  état  de  fraîcheur.  On  trouve 
^ déjà  des  Asperges  au  prix  de  8 à 12  fr.  la  botte; 
mais  les  Asperges  de  Paris,  les  seules  qu’ad- 
mettent les  palais  raflinés,  coûtent  50  francs, 
j Ouant  aux  fraises,  elles  sont  encore  à un  prix 
.j:  invraisemblable.  » Voici  le  résumé  des  cours  du 

i'  coinmencement  de  mars, 
i;  ^ Légumes  frais.  — Carottes  d’hiver,  8 à 9 fr. 

l’hectoliire.  — Carottes  pour  chevaux,  10  à 
{[  12  fr.  les  100  hottes.  — Carottes  ordinaires, 

20  à 28  fr.  les  lOObottes. — Panais,  18  à20  fr. 
avec;  3 fr  de  baisse  eu  moyenne.  — Poireaux, 
|!  20  a 30  11',  les  100  bottes.  — Choux  ordinaires. 


IRTICOEES  DE  L’ÉTRAAGER.  119 

SiæmaiitiliuN  inoarnatiiM,  Rurciieu.,  pl.  5532- 

Magnifique  Amaryllidée  de  l’Afrique  mé- 
ridionale. Les  grandes  feuilles  charnues 
sont  obovales  et  obtuses  au  sommet,  cilio- 
lées  au  bord.  Les  Heurs,  disposées  en  om- 
belles serrées,  sont  d’un  délicieux  rose  ten- 
dre. 

l.aitkesiCieria  Btarteri,  lIoOKER,  pl.  5533. 

Ce  sous-arbrisseau,  appartenant  à la  fa- 
mille des  Acantbacées  a été  introduit  par 
des  graines  que  M.  Milne  envoya  de  l’Afri- 
que accidentale.  R peut  atteindre  une  taille 
de  1"L35.  Les  feuilles,  ovales-oblongues  ou 
oblongues  lancéolées  acuminées,  sontjires- 
que  sessiles,  opposées.  Les  Heurs,  d’un  beau 
jaune  doré,  orangées  au  centre,  sont  dispo- 
sées en  amples  épis  serrés  terminaux. 

Monteiri,  IIOOKER,  jil.  5534. 

Cette  espèce  fort  remarquable  a été  en- 
voyée au  jardin  deKew,  en  18G4,  par  M.  Joa- 
chim Monteiro,  réminentet  infatigable  zoo- 
logiste auquel  les  jardins  royaux  doivent 
tant  de  richesses.  Cette  plante  est  originaire 
du  sud-ouest  de  l’Afrique.  Les  feuilles  char- 
nues, glauques,  glaltres,  spatlîulées,  sessiles, 
sont  munies  dans  la  partie  inférieure  des 
tiges  d’un  goiiHement  {pod(friuni)  qui  per- 
siste après  la  chute  des  feuilles.  Les  feuilles 
des  rameaux  Horaux  sont  dépourvues  de  ce 
podarium,  qui  donne  à la  lige  un  aspect 
bien  singulier.  Les  Heurs  sont  entourées 
d’un  involucre  formé  de  trois  feuilles  del- 
toïdes sessiles;  elles  sont  d’un  aspect  assez 
insignifiant. 

J.  Grœnland. 


(PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  MARS). 

5 à 20  fr.  le  cent  — Choux-fleurs  de  Urelagne, 
50  à 100  fr.  le  1 00.  — Oignons  en  grain,  7 à 9fr. 
l’hectolitre.  — Radis  roses,  1C25  à-  lf.50  la 
botte.  — Radis  noirs,  5 à 10  fr.  le  cent.  — Cé- 
leris ordinaires,  1 à 2 fr.  la  botte.  ■ — Céleris 
raves,  0025  à 0030  la  pièce  — Salsifis,  Of.25 
à 0035  Choux  de  Rruxelles,  0025  à 0030  le  li- 
tre.— Champignons,  0005  à 0010  le  maniveau. 

— Pommes  de  terre  de  Hollande,  G fr.  à G050 
l’hectolitre.  — Vitelottes  nouvelles^,  12  à 13  fr. 

— Pommes  de  terre  jaunes,  4 fr.  à 4f.50.  — 
Pommes  de  terre  rouges,  G fr.  à G050  l’hecto- 
litre. 

Herbes  et  assaisonnements.  — Les  Epinards, 
après  avoir  valu  de  0025  à OOGO  le  paquet  en 
liaisse  de  0015,  sont  revenus  au  prix  de  0030  à 
0f.G5.  — L’Oseille  est  toujours  cotée  de  0030 
à 0070  le  paquet.  — Le  Cerfeuil  se  vend  de 
0010  à 0030  la  botte  ; le  prix  maximum  a dou- 
blé pendant  la  première  semaine  de  mars.  — 
Le  Persil  est  vendu  de  0025  à 0035  le  calais, 

— L’Ail  était  coté  au  commencement  du  mois 
de  4 à G fr.  le  paquet  de  25  bottes;  il  a dimi- 
nué ces  jours  derniers,  et  ne  vaut  plus  (jue  de 
3 à 5 fr.  — La  (uijoule  se  vend  de  0010  à 0015 


il 


IIEYUE  COMMEKCIÂLE  (PREMIERE  ^EINZAENE  DE  MAliS;. 


la  botte;  le  Thym,  de  ObiO  à avec  une 

liausse  de  OblO  sur  le  plus  haut  prix.  — L’E- 
chalote se  paie  do  ObAO  à 0L70  avec  une  aug- 
•usataliou  moyenne  de0bl5.  — L’Estragon  est 
coté  de0f.50  a 1 IV.  la  botte. 

Salades.  — La  Romaine  valait,  à la  lin  de  lé- 
vrier, de  Üb(i0  à "2  IV.  la  hotte  de  quatre  lûtes; 
elle  est  un  peu  diminuée  depuis.  — La  Laitue 
se  vend  de  o à 12  fr.  au  lieu  de  ï à 8 fr.  le  100. 
— Le  Cresson  ordinaire  coûte  de  0C35  à 0070 
la  botte  de  12  bottillons  ; son  prix  s’est  élevé 
jusqu’à  If. 20  la  hotte  dans  les  premiers  jours 
de  mars,  mais  il  est  vite  retombé  et  tend  a 
baisser  encore. — La  Chicorée  frisée  est  cotée 
de  O à 12  fr.  le  100  au  lieu  de  4 à 15  fr.^  — 
La  Chicorée  blanche  vaut  de  0f.l5  à 0f.2^uîa 
botte.  — Les  Mâches  se  vendent  de  (à. 25  à 
0f.30  le  calais,  et  les  raiponces,  de  Qf.25  à 
0f,40.  _ L’Escarole  se  paie  aujourd’hui  de  5 à 
8 fr.,  elle  est  diminuée  de  moitié  depuis  quinze 
jours.  — Les  Pissenlits  valent  de  Of.35  à 0f.80 
le  kilogramme. 

Fruits  frais.  — Le  Raisin  de  serre,  le  plus 
ordinaire  se  vend  2f.50  le  kilogramme;  le  plus 
beau  se  paie  jusqu’à  8 fr.  — Les  Poires  sont  en- 
core augmentées ;on  n’entrouve  pas  au-dessous 
de  GO  fr.  le  100;  il  faut  payer  les  belles 
lf.20  la  pièce.  —Les  Pommes  communes  ne  va- 
lent que  5 fr.  le  100,  sans  changement  depuis 
un  moiS;,  celles  de  première  qualité  sont  cotées 
jusqu’à  105  et  110  francs. 

Fleurs  et  arbustes  d'’ ornement.  — Les  mar- 
chés de  la  quinzaine  ont  été  assez  bien  fournis  ; 
certaines  plantes,  tavorisées  sans  doute  par  la 
douceur  de  la  température, ont  pu  être  appor- 
tées en  plus  grande  quantité  que  les  années  pré- 
cédentes à la  môme  époque.  De  ce  nombre,  il 
faut  citer,  parmi  les  espèces  chauflées.,  les 
Azalées  de  l’Inde,  les  Cinéraires,  les  Orangers, 
les  Fuchsias,  les  Spirées,les  Deutzia,les  lioteia, 
les  Pittospornm,  les  Rosiers,  les  Mimosa,  les 
Cenista,  les  Dielytra  ; puis  des  légions  de  Ja- 
cinthes,  de  Primevères  de  Chine,  d’Erica,  de 
Régonias,  de  Coronilles,  d’Anthemis  frutescents, 
de  Lilas,  d’Epacris, de  Rhododendrons. Les  Camel- 
lias  commencent  à être  recherchés,  la  Jloraison 
s’en  opérant  avec  difficulté  depuis  ces  derniers 
temps  humides.  (Juant  aux  plantes  à feuillage 
et  d’appartement,  elles  arrivent  d’autant  plus 
abondantês  sur  les  marchés  que  le  goût  s’en 
généralise  chaque  jour  davantage;  il  y en  a pour 
tous  les  besoins  et  pour  toutes  les  bourses.  En- 
fin les  horticulteurs  se  mettent  de  plus  en  plus 
à faire  de  ces  plantes  pour  satisfaire  les  exigen- 
ces. 11  faut  leur  savoir  gré  de  s’ètrc  décidés  à 
produire  d’une  manière  plus  générale  ces  plan- 
tes qui  poussent  volontiers  dans  des  pots^  de 
dimensions  très-restreintes,  surtout  aujourdhui 
que  l’on  fabrique  des  vases  pour  fleurs  sans 
s’inquiéter  ni  de  la  forme,  ni  des  dimensions,  ni 
des  conditions  d’existence  des  _ plantes  qu  ils 
doivent  contenir.  On  en  est  arrivé  aujourd  hui 
à fabriquer  des  vases  dans  lesquels  il  est  im- 
possible de  lo’ger  et  de  faire  vivre  les  plantes. 
C’est  un  point  important  que  l’on  néglige  et 
qu’il  est  bon  de  signaler. 

Plantes  à fleurs.  — Azalées,  2f.50  à 10  fr.  — 
Anthémis  frutescents,  1 à 2 fr.  — Rruyères 
(^Erica)  üf.5ü  à ff.50.  - bruyères  du  Cap 


(Hiylica),  1 fr.  à ff.5ü.  — Crocus,  (jf.20  à 
()f.50.  — Camellias,  2f.50  à lüfr.  — Cinéraires, 
0f.50  à lf.50.  — Cyclamen,  lf.50  à 2 fr. — 
Coronille  glaiu|uc,  Oi75  à 1C50.  — Citronniers 
du  Japon  1C5U  à 2 fr.  — Dielytra  spectahilis, 
1C50  à 2b50.  — Deulzia,  1 à 2 fr.  — Epacris, 
1C50  à 2 fr.  — Fuchsias,  lf.50  à 2f.50.  — Gi- 
roflée jaune  hâtive,  0f.20  à 0f.30.  — Genista 
racemosa,  lf.25  à lf.50.  — Héliotropes,  lf.25 
à ff.50.  — Hépatiques,  0f.50  à Of.75.  — Ja- 
cinthes, 0f.50àff.5ü.  — Lilas,  1 à 2fr.  — Laurier 
Tin,  1 à3  fr.  — Mimosa,  ff.50  à 2f. 50.  — Oran- 
gers, 3 à 10  fr.  — Primevères  de  Chine,  Of.25 
à 1 fr.  — Pensées,  Of.25  à 0f.50.  — Pitlo- 
sporum,  2f.50  à 5 fr.  — Primevères  de  jardins, 
0f.l5  à 0f25.  — Pâquerettes,  0f.l5  à Of.25 
Rhododendrons,  2f.50  à 10  fr.  — Rosiers  forcés 
ff.25  à3fr.  — Rosiers  Bengale  Lawrence,  Of. 70 
àOf.75.  —Réséda, Of.75  à ff. 25.— Pélargonium, 
ff.50  à 5 fr.  — Spirées,  1 à 2 fr.  — Thlas[i 
toujours  fleuri,  0f.50  à ff.50.  — \éromque, 
Of.75  à ff.50.  — Violette  de  Parme,  Of.,50  à 
Of.75;  des  quatre  saisons,  Of.25  à 0f.50. 

Plantes  à feuillage.  — Aloës,  0f.50  à 2f.50. 

— Agave,  2f.50  à 5 fr.  — Aucuba,  ff.50  à 
2f.50.  — Aspidistra,  5 à 15  fr.  — Acacia  lo- 
phaiita,  Of.75  à ff.25.  — Bégonia,  0f.50  à 
2f.75.  — Billbergia,  3f.50  à 5 fr.  — Cordyline, 
ff.50  à 1 Ofr.  — Curculigo,  3 à 10  fr.  — Cereus, 
ff.50  à 2f.50.  — Cactées,  Of.30  à ff.50.  — 
Calla  d’Ethiopie, Of.75  à ff.35. — Cyperus  alter- 
nifolius,  ff.50  à 2f.50.  — Crassula  cordata, 
1 fr.  à ff.50.  — Dracœna,  2f.50  à 15  fr.  — 
Fougères,  ff.50  à 5 fr.  — Ficus,  2f.50  à 10  fr. 

— Fusain  du  Japon,  ff.25  à 2fr.  —Géranium  à 
feuilles  de  Lierre,  1 à 2 fr.  — Houx,  f à 2 fr. 
Isolepis,  0C50  à Of.75.  — Iris  panachés,  Of.75 
à ff.50.  — Latania,  15  à 30  fr.  — Lierre  d’Ir- 
lande, 0f.50  à 1 fr.  — Lycopodes,  0L50  à 1 Ir. 

— Maranta,  2f.50  à 5 fr.  — Palmiers,  10  à 
20  fr.  — Paya,  3 à 5 fr.  — Pervenches  pana- 
chées, Of.75  à ff  25.  — Plantes  grasses^ diver- 
ses, Of.25  à 0f.50.  — Phormium,  5 à 15  fr.  — 
Pitteairnia,  2f.50  à 5 fr.  — Saxifrages  sarmen- 
teux,  Of.75  à ff.50.  — Tradescanlia  zebrina, 
0f.50  à ff.50.  — Troènes,  ff.50  à 2f.50.  — 
Yucca,  2f.50  à 15  francs. 

Arbres  fruitiers.  — Aliricotiers  tiges,  iCüO 
à 2 fr.;  demi-tige,  f fr.  à ff.25;  nain  (es- 
palier) 0f.08  à 1 fr.;  tige  formée  et  palmette 
formée,  6 à 10  fr.  — Amandiers  (rares),  ()f.50 
à 0f.80.  — Cerisiers  tige,  ff.25  à ff.50;  que- 
nouille et  espalier,  0f.50  à ff.50;  arbres  for- 
més, 2f,50  à 5 fr.  — Framboisiers,  10  à 15  fr, 
le  cent.  — Groseilliers  à grappes,  25  à 30  fr. 
le  cent;  à maquerieau,  25  à 40  fr.  le  cent.  — 
Poiriers  tiges,  ff.25  à 2 fr.  ; pyramides  ,J)C 75 
à 1L25;  espaliers  et  scions,  Of.75  à ff.25;  ar- 
bres formés,  2 à5fr.  et  au-dessus. — _Pommiers 
tiges,  ff.25  à ff.50;  pyramides,  Of.75  àf  fr.  ; 
nains  ou  espaliers,  0f.50  à Of.75;  paradis  pour 
cordons,  0f.50  à Of.75;  à cidre,  fC50  a 2b50. 
—Pruniers  tiges,  ff.25  à ff.50  ; nains  ou  scions, 
0f.50  à 0f.7o.  — Pêchers  liges,  ff.25  à 2 fr.  ; 
demi-tiges,  f fr.  à ff.50;  nains  ou  espaliers, 
Of.75  à^f  f.25;  arbres  formés,  3 à 10  fr.  — Aignes 
de  Fontainebleau,  0f.40  à 2 fr. 

A.  Feulet. 


CHUONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUmZAIXE  DE  MARS) 


Exposition  universelle  d’horticulture  etcongrès  botaniques  Saint-Pétersbourg  en  1868. — Lettre  de  M.  Reflet 
faisant  appel  aux  horticulteurs  étrangers.— Prochaines  Expositionsde  Chartres,  Toulouse, Strasbourg,  Cou- 
loinniiers,  Melun.  — Concours  cantonaux  ouverts  ]»ar  la  Société  d’Eure-et-l.oir.  — Prochaine  session  du 
congrès  poinologique  de  France  à Melun.  — Prochaines  expositions  de  la  Société  de  Flore  de  Bruxelles, 
d’Audenaerde,  de  Vienne  (Autriche). — Prochaines  expositions  de  Roses  à South-Kensington  et  de  Jacinthes 
au  Palais  de  Cristal  de  Londres.  — Célél)rités  scientilhiues  anglaises  qui  prendront  part  au  corurrès  bota- 
nique de  Londres.  — Association  de  la  Société  royale  d’horticulture  d’Angleterre  avec  tontes  les  Sociétés 
provinciales  du  Royaume-Uni.  — Lettre  deM.  Bossin,  sur  la  Laitue  Bossin  et  la  nomenclature  botanique 
maraîchère.  — Rectification  dans  un  article  de  M.  Lemaire.  — La  83®  livraison  du  Jardin  fruitier  du 
Muséum^  de  M.  Dccaisne.  — Lettre  de  M.  Boisbunel  sur  la  Poire  Coloma.  Une  tondeuse  de  gazons 
anglaise. 


Nous  avons  déjà  annoncé  l’année  dernière 
«lu’une  Exposition  internationale  d’iiorticul- 
Itire  s*oiivriraiten  1868  à Saint-Pétersbourg. 
Ace  sujet,  nous  recevons  aujourd’hui  du 
savant  Regel,  président  du  comité  orga- 
nisateur de  cette  Exposition,  la  lettre  sui- 
vante : 

c(  Monsieur, 

La  Société  russe  d’horticulture  de  Saint- 
Pétersbourg  se  propose  d’ouvrir,  sous  le  patro- 
nage de  S.  A.  1.  M'p  le  Grand-Duc  Nicolas,  à 
la  Pentecôte  de  l’année  1868,  une  grande  Ex- 
position internationale  de  produits  d’horticul- 
ture, ainsi  que  d’objets  d’art  et  d’industrie  qui 
s’y  rattachent,  et  de  convoquer  en  même  temps 
un  congrès  de  botanistes,  d’horticulteurs  prati- 
ciens et  d’amateurs  d’horticulture  en  général. 

f(  La  réussite  de  cette  entreprise  dépendant 
avant  tout  de  la  coopération  que  voudront  bien 
y prendre  les  personnes  vouées  à l’étude  de 
i’horticulture,  le  soussigné  se  fait  un  devoir  de 
vous  faire  part  de  ses  intentions  et  de  s’adres- 
ser à vos  lumières  et  à votre  expérience  pour 
savoir  : 

« lo  Quelles  sont,  à votre  avis,  les  meilleures 
mesures  que  la  Société  devrait  prendre  pour 
faciliter  le  transport  des  envois  et  b voyage 
des  exposants  et  des  membres  du  jury? 

« 2o  Quels  sont  les  objets  qui  devraient  de 
)»référence  figurer  dans  le  programme  de  l’Ex- 
position? 

((  Attachant  une  haute  importance  à votre 
opinion  et  à vos  conseils  sur  l’entreprise,  le 
soussigné  se  flatte  de  l’espoir  que  vous  voudrez 
bien,  Monsieur,  lui  faire  savoir  si  vous  êtes 
disposé  à concourir  à l’oeuvre,  soit  en  envoyant 
des  produits  à l’Exposition,  soit  en  honorant  le 
congrès  de  votre  présence,  et  vous  prie  de  lui 
* communiquer  aussitôt  (pie  possible  vos  inten- 
tions et  votre  opinion. 

K E.  Regel, 

« Vicc-prcsidcnt  de  la  Sociéle  russe  d’horü- 
culture  de  Saint-Pétersbourg. 

« Saint-Pétersbourg,  le  15  niai’s  18GG.  » 

Nous  croyons  nous  rendre  au  désir  de 
M.  Regel  en  portant  sa  lettre  à la  connais- 
sance des  horticulteurs  français,  et  en  les 
invitant  à y répondre.  De  celte  façon,  nous 
ne  lui  ferons  pas  connaître  seulemerit  notre 
sentiment  personnel,  mais  bien  celui  des 
amis  de  l’horticulture  dans  notre  pays. 

Les  préparatifs  des  expositions  horticoles 
de  celte  année  se  poussent  avec  activité  de 
toutes  parts.  En  Erance,  nous  avons  reçu 
les  annonces  ou  les  programmes  des  solen- 
nités f[ui  doivent  avoir  lieu  dans  les  villes 
suivantes  : à Toulouse,  du  au  (26  avril; 

D'-  Avril  1865. 


à Chartres,  du  17  au 21  mai;  à Strasbourg, 
du  25  au  27  mai  ; à Coulommiers,  du  8 au 
12  septembre;  à Melun,  dans  le  courant  de 
septembre. 

L’Exposition  qui  aura  lieu  à Toulouse 
comprendra  trois  classes  de  produits,  ceux 
de  la  culture  maraîchère,  ceux  de  la  culture 
fleuriste  et  ornementale,  et  ceux  de  Tarbo- 
riculture  fruitière.  Les  concours  ouverts 
dans  les  deux  premières  classes  sont  les 
mêmes  que  dans  toutes  les  expositions; 
pour  la  troisième,  un  premier  concours  est 
établi  pour  les  arbres  fruitiers  formés  et 
un  second  pour  les  fruits  forcés  ou  conser- 
vés à l’état  frais.  Les  exposants  seront  di- 
visés en  trois  catégories  : horticulteurs-mar- 
chands, amateurs  concourant  personnelle- 
ment, et  jardiniers  en  condition.  Des 
récompenses  distinctes  seront  affectées  à 
chacune  des  catégories. 

A Chartres,  l’Exposition  printanière  de  la 
Société  d’horticulture  d’Eure-et-Loir  se 
tiendra  dans  l’enclos  Saint-Jean.  Nous  ne 
trouvons  aucune  disposition  spéciale  à signa- 
ler dans  son  programme  qui  renferme  les 
concours  habituels  deJégumes,  fruits,  fleurs, 
plantes  ornementales,  arbres  et  arbustes, 
dessins,  plans  de  jardins  et  produits  indus- 
triels. Mais, on  sait  que,  outre  ses  expositions, 
la  Société  d’Eure-et-Loir  a institué  des 
concours  cantonaux  de  culture  et  d’ensei- 
gnement horticoles,  qui  se  tiennent,  par 
quatre,  chaque  année,  successivement  dans 
tous  les  cantons  du  département.  Ces  con- 
cours auront  lieu  cette  année  dans  les  can- 
tons d’ Anneau,  Bonneval,  Rrezolles  et 
Authon,  aux  chefs-lieux  desquels  les  quatre 
comices  agricoles  des  arrondissements  de 
Chartres,  Chàteaudun,  Dreux  et  Nogent-le- 
Rotrou  tiendront  leurs  solennités.  Ils  por- 
teront, comme  ceux  des  années  précédentes, 
sur  les  meilleures  cultures  pratiques  dans 
toutes  les  branches  de  Thorliculture,  et  les 
mérites  des  candidats  seront  constatés  par 
des  visites  sur  place.  Nous  recommandons 
encore  une  fois  ce  système  de  concours  à 
toutes  les  associations  horticoles  qui  tien- 
nent à stimuler  le  progrès  d’une  manière 
sérieuse  dans  le  cercle  de  leur  action. 

Nous  publierons  en  leur  temps  les  pro- 
grammes des  exhibitions  d’automne  de 
Coulommiers  et  de  Melun,  ün  sait  que 
celte  dernière  coïncidera  avec  la  tenue  de 


7. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  MARS). 


].i  onzième  session  du  congrès  poniologique 
de  France. 

En  Belgique,  on  annonce  d’abord  l’ex- 
posilion  de  la  Société  royale  de  Flore,  qui 
aura  lieu  à Bruxelles  du  8 au  10  avril  ; puis 
celle  d’Audenaerde,  du  29  avril  au  1*?»'  mai. 
La  capitale  de  l’Autriclie  verra  également 
une  solennité  horticole  du  20  au  2G  avril. 

En  Angleterre,  voici  venir  aussi  l’époque 
où  commencent  les  expositions  de  prin- 
temps. On  sait  avec  quel  enthousiasme  on 
accueille  de  l’autre  côté  de  la  Manche  ces 
Expositions  qui,  par  l’éclat  de  leurs  pro- 
ductions, olTrent  un  parfait  contraste  avec 
celles  de  l’hiver,  où  la  patience  et  l’indus- 
trie de  l’homme  sont  supérieuresaux  riches- 
ses de  la  nature.  On  parle  beaucoup  d’une 
Exposition  de  Roses  de  serre,  de  plantes 
bulbeuses  et  d’autres  richesses  printanières 
qui  doit  avoir  lieu  le  3 avril  à Soutli-Ken- 
sington  dans  le  jardin  de  la  Société  royale 
d’horticulture.  C’est  un  horticulteur  distin- 
gué,M.  AV.  Paul, qui  ouvre  ainsi  la  marche, 
et  promet  de  nombreuses  satisfactions  à 
Fatlention  du  public. 

MM.  Culbush  et  fils,  dont  les  lecteurs  de 
la  Revue  horiicole  connaissent  déjà  les 
noms,  annoncent  })Our  une  époque  presque 
simultanée,  et  que  l’on  ne  connaît  pas  encore 
précisément,  l’ouverture  de  leur  Exposi- 
tion annuelle  de  Jacinthes  et  de  Üeurs  de 
saison  dans  les  bâtiments  du  palais  de 
Cristal. 

D’un  autre  côté,  des  détails  nous  arri- 
vent de  jour  en  jour  plus  complets  au  sujet 
du  Congrès  botanique  qui  doit  avoir  lieu 
simultanément  cette  année  à Londres  avec 
l’Exposition  internationale  d’horticulture.  La 
présidence,  on  ne  l’a  pas  oublié,  a été  con- 
tiée  à Funanimité  à M.  de  Candolle,  citoyen 
de  Ceiiève;  parmi  les  célébrités  scientifiques 
anglaises  qui  doivent  prendre  part  à cette 
grande  conférence,  où  vont  s’agiter  tant 
de  questions  pleines  d’intérêt,  nous  remar- 
quons les  noms  suivants , dont  nous  em- 
priintons  la  liste  au  Gurdeners'Chroniele  : 
MM.  James  Bateman,  Babington,  AV.  Barler, 
J.  J.  Bennett,  Berkeley,  Bentley,  AAL  Carru- 
Ihers,  Daubeny,  Charles  Darwin,  Ilogg, 
AV.  Masters,  J.  Mac-Nab,  A.  G.  More,  D‘’ 
Moore,  T.Moore,  J.AIiers,AV.  Paul,  D.  Prier, 
J.  G.  Veitch,  D^’ AVelwitsch,  Di'  AAdght,  Ja- 
mes Vates,  etc. 

Beaucoup  de  botanistes  étrangers,  ajoute- 
t-on,  ont  déjà  envoyé  leur  adhésion;  de 
nombreux  mémoires  ont  été  présentés  pour 
être  lus  à l’époque  du  Congrès,  et  les  per- 
sonnes qui  ont  pu,  par  leur  position,  en 
prendre  connaissance,  assurent  que  cette 
cérémonie  fera  époque  dans  l’bistoire  de  la 
science. 

Nous  croyons  devoir  rappeler  à ceux  de 
nos  lecteurs  qui  désireraient  envoyer  leur 
adhésion  au  congrès  et  y prendre  part. 


que  leur  demande  doit  être  adressée  au 
D*’  Maxwell  Masters,  secrétaire  honoraiie 
du  congrès,  au  bureau  de  l’Exposition  in- 
ternationale , 1,  AAdlliam  Street,  Lowndes 
Square,  S.  AV.  à Londres. 

■ — La  Société  royale  d’horticulture  de  Lon- 
dres qui  jusqu’ici  était  demeurée  un  institut 
botanique  ayant  peu  de  rapports  directs  avec 
lesapplications  de  la  science  dont  elle  repré- 
sentait avec  éclat  le  mouvement  théorique, 
vient  d’entrer  dans  une  voie  nouvelle.  Elle 
a résolu  de  s’unir  à toutes  les  Sociétés  hor- 
ticoles du  Royaume-Uni,  et  si  cet  acte  d’asso- 
ciation donne  à ces  diverses  sociétés  une 
autorité  et  un  prestige  incontestable,  il  met, 
en  revanche,  la  Société  royale  d’horticul- 
ture en  état  de  recueillir  toutes  les  décou- 
vertes que  font  souvent  sans  gloire  les  mo- 
destes et  sincères  amis  de  la  nature,  dont 
riiorliculture  s’honore  de  toutes  parts. 

Les  privilèges  que  la  Société  royale  ac- 
corde aux  Sociétés  horticoles  et  florales  de 
la  province  ont  été  consignés  dans  une  cir- 
culaire que  nous  avons  sous  les  yeux  en  ce 
moment,  et  dont  voici  l’analyse.  Ghaque 
société  recevra  un  exemplaire  des  comptes 
rendus  et  du  Journal  de  la  Société  royale 
d’horliculture,  qui  pourront  publier  de  leur 
côté  les  travaux  remarquables  qui  auront 
surgi  dans  les  diverses  Sociétés  provincia- 
les. Des  cartes  seront  accordées  aux  mem- 
bres de  toutes  les  Sociétés  horticoles  de  la 
province;  ils  pourront  ainsi  visiter  les  jar- 
dins, les  musées  et  la  plupart  des  exposi- 
tions de  la  capitale.  Enfin  chaque  Société 
participera,  autant  que  possible,  aux  envois 
de  plantes,  de  graines,  de  fleurs  et  de  fruits 
qui  seront  faits  à la  Société  royale  et  adres- 
sés à Chiswick-Garden. 

Toute  la  presse  horticole  de  l’Angleterre 
a applaudi  au  libéralisme  et  à l’intelligence 
de  cette  nouvelle  mesure.  Le  temps,  assuré- 
ment, révélera  quelques  inconvénients  at- 
tachés à cette  vaste  association  scientifiipie; 
c’est  ce  qui  arrive  toujours  pour  toutes  les 
grandes  choses.  Quoi  qu’il  en  soit,  il  en  ré*  ♦ 
sultera  de  grands  et  de  sérieux  avantages 
pour  l’avancement  de  la  science  horticole 
dans  les  provinces.  C’était  une  heureuse 
initiative  à signaler,  et  nous  ne  cesserons 
de  regretter  que  la  France  n’en  ait  pas  pris 
une  semblable  lorsque  l’occasion  s’en  est 
offerte. 

• — En  nous  demandant  de  rappeler  que 
les  graines  de  la  Laitue  Bossin  se  vendent 
chez  MM.  Fontaine  et  Dullot,  marchands 
grainiers,  2,  quai  de  la  Mégisserie,  à Paris, 
au  prix  de  1 fr.  le  paquet,  M.  Bossin  nous 
envoie  quelques  nouveaux  détails  intéres- 
sants sur  cette  belle  vmàété,  ainsi  que  sur 
son  projet  d’application  d’une  nomencla- 
ture latine  aux  variétés  de  plantes  potaget- 
res.  A'oici  quelques  passages  de  la  lettre  île 
M.  Bossin  : 


123 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIEME  QUINZAINE  DE  MARS). 


<r  Monsieur  et  cher  Directeur, 

« Je  n’ai  pas  la  prétention  de  dire  et  d’aflir- 
nier  que  toujours,  et  partout,  on  obtiendra  des 
Laitues  Bassin  du  poids  de  5 à 6 kilogr.  Mais 
je  puis  assurer  que  cette  Laitue  aura  le  double 
des  autres,  en  grosseur.  Dites  bien  cela,  je 
vous  prie,  à vos  lecteurs,  afin  qu’il  n’y  ait  pas 
de  déception  résultant,  soit  d’une  mauvaise 
culture,  soit  d’un  terrain  qui  ne  conviendrait 
pas  à cette  Laitue,  soit  enlin  du  climat  et  des 
conditions  essentielles  auxquelles  la  réussite  de 
toutes  les  plantes  est  subordonnée 

« De  nombreuses  adhésions  m’arrivent  sur 
mes  adjectifs  latins.  Tous  les  auteurs  s’accor- 
dent sur  le  principe,  mais  beaucoup,  comme 
je  m’y  attendais,  diffèrent  sur  la  manière  de 
l’appliquer.  Les  uns  voudraient  que  ce  fussent 
les  marchands  de  graines,  qui  prissent  l’initia- 
tive de  cette  question  à leur  usage;  les  autres 
ne  le  veulent  pas,  parce  qu’il  y aurait  le  dan- 
ger de  la  concurrence  commerciale;  d’autres 
sont  pour  que  les  noms  de  villes  et  d’hommes  ne 
soient  pas  latinisés;  d’autres  enfin  sont  d’opinion 
contraire 

« Nos  collaborateurs^  MM.  Naudin  et  André 
partagent  entièrement  mon  opinion  sur  la  né- 
cessité d’adapter  des  adjectifs  latins  aux  plantes 
potagères.  Cette  proportion  va  être  publiée 
dans  le  bulletin,  sous  presse,  du  congrès 
d’Amsterdam.  Il  faut  croire  que  cette  réunion 
de^  savants  venus  de  tous  les  pays  a jugé  l’uti- 
lité et  l’opportunité  de  cette  question. 

« Veuillez  agréer,  etc. 

« Bossin.  » 

— Nous  avons  reçu  de  notre  collabora- 
teur M.  Ch.  Lemaire,  professeur  de  botani- 
que à Gand,  la  rectification  d’une  erreur 
qui  s’estglissée  dans  son  article  surV Atacxia 
cristata  inséré  dans  notre  numéro  du 
février  dernier,  page  51.  A la  cinquième 
ligne  de  l’article,  au  lieu  de  : l'axis,  genre 
voisin,  il  faut  lire  : Tacca. 

— La  83e  livraison  du  Jardin  fruitier 
du  Muséum,  de  M.  Decaisne,  vient  de  pa- 
rai tre.  Nous  donnerons  dans  notre  prochain 
numéro  l’analyse  de  cette  livraison,  dans 
laquelle  l’illustre  professeur  décrit  les  Poi- 
riers Zéphirin  Grégoire  et  de  Tongres,  ainsi 
que  les  Pêchers  Caroline  incomparable  et 
noyai  George.^  En  attendant,  nous  devons 
publier  les  détails  suivants  , que  nous 
adresse  M.  Boisbunel,  de  Rouen,  sur  un 
iruit  décrit  dans  la  8;2e  livraison  du  Jardin 
fruitier  du  Muséum,  la  Poire  Coloma  (voir 
notre  n«  du  If)  février,  page  OT).  M.  Bois- 
bunel s’exprime  ainsi  : 

Monsieur  le  Directeur, 

« J ai  lu  avec  beaucoup  d’intérêt  dans  votre 
excellent  journnl  les  renseignements  qui  ac- 
compagnent la  description  de  la  Poire  Coloma 
par  M.  Decaisne,  et  desquels  il  résulte  qu’il  ne 
faut  pas  confondre  ce  fruit  avec  le  Colmar  Bon- 
net, etc.  Je  suis  bien  de  son  avis  sur  ce  point; 
et  c est  pour  moi  un  grand  avantage  d’avoir  le 
premier  signalé  ce  fait  dans  le  bulletin  de  la  So- 
ciété d’horticulture  de  Bouen  et  d’être  ainsi 
d accord  avec  le  savant  professeur  du  Muséum. 


((  Lors  du  Congrès  international  de  pomo- 
logie  de  Namur,  en  ISBS,  j’ai  fait  la  même  ob- 
servation à mes  collègues  de  la  commission  des 
Poires,  à propos  de  la  présentation  d’un  faux 
Colmar  Bonnet  donné  sous  la  forme  de  la  Poire 
Coloma.  Comme  j’étais  à peu  près  seul  de 
mon  ayis;,  je  fus  peu  écouté  et  l’on  passa 
outre.  Cependant  je  ne  me  tins  pas  pour  battu, 
car'  dans  mon  compte  rendu  présenté  à la  So- 
ciété de  Rouen  sur  le  travail  du  congrès  relatif 
aux  poires,  figure  cette  observation  : 

« Une  seule  Poire  a été  rejetéé  et  trouvée  in- 
digne de  figurer  sur  une  liste,  c’est  le  Colmar  Bon- 
net. Nous  n’en  parlerions  pas,  si  notre  délégué  à la 
section  des  Poires  ne  pensait  qu’il  y a eu  erreur; 
ayant  reconnu  dans  le  fruit  présenté,  non  pas  le 
Colmar  Bonnet,  mais  le  Beurré  de  Coloma,  fruit 
d’automne  très-médiocre.  Il  en  a fait  l’observation 
au  Congrès;  il  lui  a été  répondu  que  la  commission 
ne  connaissait  pas  d’autre  Colmar  Bonnet  que  celui 
présenté;  et  que  sous  ce  nom,  on  cultivait  dans 
beaucoup  de  contrées  le  Beurré  de  Coloma  qui  était 
par  conséquent  un  synonyme.  Il  a dû  céder  alors 
devant  la  majorité,  mais  sans  être  convaincu  et  en 
vertu  du  proverbe: Quand  tout  le  monde  se  trompe, 
tout  le  monde  a raison. 

« Le  Colmar  Bonnet  que  nous  connaissons  est  un 
fruit  d’automne  de  bonne  qualité,  mais  différant  de 
forme  et  de  couleur  avec  celui  présenté  au  congrès  : 
il  a été  obtenu  par  Van  Mons  et  dédié,  il  y a trente 
ans  environ,  à M.  Bonnet,  horticulteur  à Boulogne- 
sur-Mer.  » 

« Le  Beurré  Coloma  est  d’origine  belge  et 
plus  ancien  que  le  précédent  ; il  est  répandu 
depuis  au  moins  trente  ans  dans  les  pépinières 
de  Paris  et  d’Orléans;  il  a été  décrit  par  Pré- 
vost en  1843  {Pomologie  de  la  Seine-Infé- 
rieure). 

« Du  reste  le  Congrès  pomologique  de  Lyon 
n’a  pas  voulu  condamner  le  Colmar  Bonnet  tout 
à fait  sans  appel,  puisqu’il  le  cite  encore  dans 
ses  listes  de  fruits  à l’étude.  11  a voulu  sans 
doute  profiter  des  renseignements  qui  pourront 
lui  parvenir  avant  de  se  prononcer  sur  son  ad- 
mission. Il  en  est  de  même  de  plusieurs  autres 
fruits,  qui  ont  été  adoptés  définitivement  par 
le  congrès  international  de  Namur , et  qui 
ne  figurent,  sur  les  listes  du  Congrès  français, 
que  dans  la  section  des  fruits  à l’étude. 
Tels  sont  : Dr  Lenthier,  Dr  Trousseau,  Léon 
Grégoire,  etc.  Ces  variétés  sont  encore  nouvel- 
les et  n’ont  pas  sans  doute  été  assez  étudiées 
jusqu’alors.  En  les  conservant,  le  Congrès  veut 
sans  doute  se  réserver  de  la  besogne  pour  l’a- 
venir. En  procédant  ainsi,  il  est  certain  qu’il 
n’en  manquera  pas  de  si  tôt. 

« Veuillez  agréer,  etc. 

« Boisbunel  fils.  » 

— Voici  Tépoque  où  les  pelouses  de  nos 
jardins  et  de  nos  parcs  demandent  beau- 
coup de  soins  d’entretien;  dans  quelque 
temps,  il  faudra  songer  à les  faucher.  Nous 
voulons,  à cette  occasion,  recommander  aux 
horticulteurs  français  l’excellente  machine 
àfaucherlcs  gazons,  inventée  par  M.  Shanks, 
de  Londres.  Elle  est  applicable  partout 
où  l’on  trouve  de  grandes  étendues  de  gazon 
arrosées,  que  l’on  veut  entretenir  dans  un 
constant  état  de  fraîcheur,  comme  on  le  fait 
en  Angleterre. 

J.  A.  Barral. 


ËPÜOUE  FAVORABLE  POUR  LE  ROUTURAGE 

])E  QUELOrES  PLANTES  DE  SERRE.  — I. 


Ces  simples  observations  ne  s’adressent 
point  à nos  horticulteurs  expérimentés  qui, 
dans  leurs  serres,  continuellement  chauffées, 
spécialement  disposées,  peuvent  bouturer 
eu  toute  saison  et  multiplier  ainsi  par  nul- 
liers  les  sujets  qu’ils  livrent  ensuite  au 
commerce. 

J’écris  pour  l’amateur  modeste  qui  ne 
possède  point  ces  appareils  puissants,  ce 
matériel  embarrassant  et  coûteux  des  grands 
établissements  de  jardinage.  La  banquette 
d’une  serre  tempérée,  d’une  petite  bâche, 
ou  l’abri  d’un  châssis  et  quelques  cloches, 
tels  sont  les  ustensiles  que  l’on  trouve  le 
plus  ordinairement  chez  les  personnes  qui 
s’occupent  d’horticulture  et  (jui  tiennent  a 
multiplier  elles-mêmes  les  plantes  qu’elles 
achètent  chez  les  jardiniers. 

Je  me  place  donc  à ce  point^  de  vue  et 
j’entre  immédiatement  en  matière. 

La  bouture  est,  sans  contredit,  le  moyen 
le  plus  commode  et  le  plus  répandu  pour  la 
multiplication  des  arbustes  et  des  plantes  de 
serre. 

Les  anciens,  les  Romains  notamment, 
connaissaient  et  pratiquaient  déjà  ce  mode 
de  multiplication,  lorsque  Virgile,  enhardi 
par  Mécène,  quittait  les  jardins  de  Mantoue 
pour  venir  composer  à Rome  son  immortel 
poème  des  Géorgiqnes.  Au  livre  II,  en  effet, 
on  trouve  le  passage  suivant  si  bien  rendu 
par  les  vers  que  voici  ; 

Ici  des  souches  d’arbres,  ou  des  rameaux  fendus, 
Ou  des  pieux  aiguisés  à nos  champs  sont  rendus; 
C.elui-ci  courbe  en  arc  la  Itrancbe  obéissante, 
Et  dans  le  sol  natal  l’ensevelit  vivante; 

Cet  autre  émonde  un  arbre  et  plante  les  rameaux 
Oui  dans  son  champ  surpris  deviennent  arbrisseaux; 
L’n  aride  Olivier  surpassant  ces  prodiges. 

Des  éclats  d’uii  vieux  tronc  pousse  de  jeunes  tiges. 

De  ces  temps  reculés  à notre  époque, 
les  progrès  sont  immenses  sans  doute,  et 
nous  avons  laissé  fort  loin  le  pieu  aiguisé 
du  Saule  ainsi  que  les  éclats  de  l’aride  Oli- 
vier. Ne  croyez  pas  toutefois  qu’il  soit  au- 
jourd’hui parfaitement  établi  que  tous  les 
végétaux  se  multiplient  par  la  bouture;  nous 
trouvons  au  contraire,  chez  quelques-uns  des 
résistances  qu’on  ne  peut  expliquer  et  qui 
déjouent  tous  les  raisonnements,  toutes  les 
théories;  la  pratique  sera  donc,  sur  ce  point, 
comme  sur  beaucoup  d’autres,  le  guide  le 
plus  sûr. 

Voulez-vous  cependant  quelques  don- 
nées générales  ; on  admet  que  les  plantes 
les  plus  riches  en  sève  et  en  suc  propre  sont 
celles  dont  les  boutures  s’enracinent  le  plus 
vite;  que  les  arbrisseaux  à feuilles  opposées 
repreimeiU  mieux  par  le  bouturage  que 
ceux  ((ui  les  ont  alternes;  que  les  rameaux 
tendres  de  certains  arbrisseaux  prennent 


plus  facilement  f[ue  le  bois  dur  des  grands 
arbres;  que  les  plantes  a tiges  succulentes 
ou  herbacées  s’enracinent  plus  prompte- 
ment que  celles  dont  les  branches  sont 
ligneuses  ; que  les  végétaux  qui  ^ ont  beau- 
coup de  tissu  cellulaire  sont  d’un  boutu- 
rage plus  facile  que  les  espèces  résineuses 
ou  laiteuses;  entin  que  les  boutures  her- 
bacées, prises  sur  des  sujets  tenus  en  serre 
depuis  quelque  temps,  ont  beaucoup  plus 
de  cbances  de  réussite  que  celles  prises  sur 
des  sujets  qui  sont  en  plein  air.  ^ 

Dirai-je  un  mot  maintenant  de  l’opération 
pratiqua  du  bouturage  en  pots. 

Lorsqu’un  amateur  veut  faire  des  bou- 
tures, il  réunit  d’abord  des  vases  de  0*".0L 
à Ü'^.OO  d’ouverture,  il  choisit  les  plus 
minces,  les  plus  évasés,  les  mieux  percés. 

R prépare  ensuite  sa  terre  de  bruyère  ou 
son  terreau,  qu’il  passe  au  crible  tin.  R y 
mêle  un  peu  de  sable,  puis  il  rassemble 
quelques  tessons  et  des  graviers  destinés 
à drainer  le  fond  nies  pots.  R met  dans 
chaque  vase,  d’abord  un  petit  tesson  a\.ec 
une  pincée  de  graviers,  il  remplit  ensuite 
avec  la  terre  qu’il  tasse  assez  fortement 
ayant  soin  d’unir  la  surface  avec  les  doigts 
ou  la  paume  de  la  main. 

Ces  premières  opérations  terminées,  R 
coupe  des  rameaux  sur  les  plantes  qu  il 
veut  bouturer;  les  plus  tendres  et  les  plus 
vigoureux  sont  les  meilleurs.  R s’assied 
devant  une  tablette  où  sont  déjà  rangés  les 
pots  préparés  pour  recevoir  les  boutures; 
il  prend  un  canif  ou  un  greffoir  bien  affilé 
et  repasse  un  à un  tous  les  rameaux  qu’il  a 
cueillis,  pour  les  réduire  à la  longueur  con- 
venable, pour  rafraîchir  la  coupe  de  ceux 
qui  ne  sont  pas  trop  longs,  et  pour  ôter  les 
feuilles  qui  se  trouvent  à la  partie  iidè- 
rieure. 

Le  rameau  destiné  à faire  une  bouture 
doit  être  réduit  à une  longueur  de  0"L05  à 
0'".10  selon  la  position  des  yeux,  par  une 
coupe  franche  et  nette,  pratiquée  immédia- 
tement au-dessous  d’un  nœud.  R faut  en 
outre,  comme  je  viens  de  le  dire,  enlever 
les  feuilles  avec  beaucoup  de  précautions 
sur  toute  la  partie  du  rameau  qui  sera  mise 
en  terre,  éviter  surtout  les  déchirures  ou 
la  mutilation  des  yeux;  car  l’existence  de 
ces  plaies  compromettrait  certaiement  le 
résultat  de  l’opération. 

Ceci  fait,  l’opérateur  plante  ses  boutures. 
R en  met  une  seule  dans  les  pots  de  0"bOi 
ayant  soin  de  la  placer  au  centre  et  de  ne 
l’difoncer  qu’après  avoir  fait  un  trou  avec 
un  pelit  piiiuet,  pour  ne  pas  en  émousser 
la  base;  il  peut  en  mettre  trois  ou  (piaire 
dans  les  vases  de  0"L'00;mais,  au  lieu  de 


Ê1‘0QÜE  EÀVORABLE  POUR  LE  BOUTE  RAGE  DE  QUELQUES  Ï’LANTES  DE  SERRE.  — i, 


les  placer  au  centre,  il  les  enfoncera  sur  le 
pourtour,  à un  demi-centimètre  du  bord. 
Enfin  il  scellera  fortement  la  terre  avec  le 
doigt  ou  le  gros  bout  de  son  piquet. 

Quand  tous  les  pots  sont  ainsi  garnis,  on 
les  réunit  à l’ombre,  sur  une  banquette  de 
la  serre,  on  leur  donne  un  arrosement  en 
forme  de  pluie;  on  attend  quelques  heures 
pour  qu’ils  puissent  se  ressujier,  puis  on 
les  place  selon  leur  nature  et  leurs  exigen- 
ces, soit  dans  la  serre  tempérée;  soit  sur 
couche  tiède  et  sous  châssis,  soit  enfin  sur 
couche  chaude  et  sous  cloche;  dans  tous  les 
cas,  il  faut  enfoncer  les  pots  dans  un  lit  de 
sable  fin,  de  son  de  bois  ou  de  débris  de 
forge  passés  au  crible. 

Les  soins  à donner  pendant  la  reprise 
sont  fort  importants,  surtout  pour  les  bou- 
tures qu’on  a mises  sous  cloche.  On  doit 


éviter  l’excès  de  l’humidité  dans  l’atmo- 
sphère de  la  cloche;  il  faut  y regarder  sou- 
vent, essuyer  au  moins  une  fois  par  jour, 
avec  un  linge,  les  parois  inférieures,  enlever 
les  feuilles  pourries,  les  boutures  qui  péris- 
sent; entin,  dès  qu’on  aperçoit  un  mouvement 
dans  la  végétation,  on  donne  de  l’air  par 
degrés,  en  soulevant  l’un  des  côtés  de  la 
cloche. 

Quant  aux  arrosements,  ils  doivent  être 
très-rares.  Le  plus  ordinairement,  les  bou- 
tures, après  le  premier  mouillage,  se  main- 
tiennent et  font  racine  sans  qu’il  soit  besoin 
de  leur  donner  une  seule  goutte  d’eau. 

Ces  principes  généraux  étant  posés,  nous 
aborderons  plus  particulièrement  notre 
sujet  dans  le  prochain  numéro. 

F.  Boxcenme. 


ARBRE  GÉNÉALOGIQUE  DU  GROUPE  PÊCHER.-VIU. 


L’arbre  généalogique  que  nous  représen- 
tons offre  cet  immense  avantage  qu’il  peut 
recevoir  non-seulement  toutes  les  variétés 
aujourd’hui  connues,  mais  encore  toutes 
celles  qui  pourront  se  présenter.  Pour  le 
démontrer  et  pour  indiquer  la  manière  de 
procéder  lorsqu’on  aura  des  variétés  nou- 
velles à classer,  citons  des  exemples  se 
rapportant  les  uns  aux  Pêchers,  les  autres 
aux  Brugnonniers;  et  afin  de  rendre  la  dé- 
monstration plus  complète,  choisissons  nos 
exemples  de  manière  à ce  qu’elles  présen- 
tent quelques  difficultés. 

Commençant  par  les  Pêchers,  et  en  ad- 
mettant que  nous  avons  à classer  une  va- 
riété dont  les  Heurs  sont  jaïuics^y  voici 
comment  il  faudrait  procéder  : S’assurer 
d’abord  si  ses  fruits  sont  à chair  libre  ou 
bien  si  ils  sont  à chair  adhérente  au  noyau, 
puis  chercher,  sur  l’arbre,  quel  est  le 
membre  dont  les  fruits  présentent  ce  carac- 
tère. Supposons  que  la  chair  adhère  au 
noyau,  dans  ce  cas,  notre  variété  appartien- 
dra à la  branche  mère  BB,  c’est-à-dire  aux 
Pèchers-Perséquiers.  Mais  cette  branche 
mère  ayant  trois  ramifications  principales 
qui  constituent  les  trois  sections  qu’elle 
coinprend,  il  faut  chercher  sur  laquelle  des 
trois  notre  variété  devra  se  placer;  c’est 
alors  la  présence  ou  l’absence  des  glandes 
qui  sert  de  guide.  Si  les  feuilles  sont  pour- 
rues  de  gbandes,  c’est  la  forme  de  celles-ci 
qui  en  décidera.  Donc,  si  ses  feuilles  sont 
dépourvues  de  glandes,  notre  variété  prendra 

^ Voir  la  Revue  de  1865,  pa^es  292,  354,  417;  et 
les  numéros  du  l^r  janvier  1866,  page  12;  du  16 
janvier,  page  32;  du  16  février,  page  71. 

- 11  n’existe  pas  de  Pêchers  à Heurs  jaunes,  nous 
en  supposons  un  afin  de  montrer  la  marche  à 
suivre  dans  le  cas  où  l’on  aurait  à classer  une  va- 
riété dont  on  n’u  pas  encore  d’exemple. 


place  sur  la  branche  ce;  si  au  contraire  elles 
en  sont  pourvues,  elle  appartiendra  à la 
branche  a,  a,  qui  constitue  la  première  sec- 
tion, si  les  glandes  sont  réniformes  : à la 
branche  b,  b,  c’est-à-dire  à la  deuxième 
section,  si  ces  glandes  sont  globuleuses. 
Supposons  que  les  glandes  sont  rénifor- 
mes; dans  ce  cas  il  faut  chercher,  sur  la 
branche  rt,  a,  quelle  est  la  ramification 
! sur  laquelle  cette  variété  devra  se  pla- 
cer; c’est  alors  la  couleur  de  la  chair 
qui  en  décidera  : si  celle-ci  est  à peu  près 
blanche  ou  plus  ou  moins  rosée  autour  du 
noyau,  et  que  ses  Heurs  soient  roses j notre 
variété  se  placera  sur  la  branche  n®  1,  l : 
sur  la  ramification  n»  4,  si  ses  Heurs  sont 
campanulacées ; sur  la  ramification  n»  5,  si 
elles  sont  rosacées.  Si  au  contraire  la  variété 
à classer  avait  la  chair  jaune,  sa  place  serait* 
sur  la  ramification  n»  2,:2  : sur  la  branche 
iF  6 si  les  Heurs  sont  campanulacées,  sur  la 
branche  n®  7 si  elles  sont  rosacées.  Enfin, 
si  cette  nouvelle  variété  était  à chair  rouge, 
elle  appartiendrait  à la  tribu  des  sanguines 
et  prendrait  place  sur  la  branche  n®  8 si  les 
Heurs  sont  campanulacées,  sur  la  branche 
110  9 si  elles  sont  rosacées. 

Admettons  que  la  variété  à classer  est  à 
chair  jaune,  dans  ce  cas  elle  devrait  se 
placer  sur  l’une  des  deux  ramifications 
principales  de  la  branche  n«  2,:2;  sur  la 
ramification  no  6 si  les  Heurs  sont  campa- 
nulacées ; sur  la  ramification  no  7 si  les 
Heurs  sont  rosacées.  Dans  l’un  comme  dans 
l’autre  cas,  elle  formerait  une  nouvelle  ra- 
mification et  constituerait  une  série  parti- 
culière, puisque  jusqu’ici  il  n’existe  pas 
de  variété  à fleurs  jaunes. 

Si,  au  contraire,  la  variété  qu’il  s’agit  de 
classer  était  à chair  non  adhérente,  elle 


AUmiE  GÉNÉALOGIQUE  DU  CROÉPË  i’EÉliEU.  - YIL 


appartiendrait  à la  tribu  des  PÊciiEUS-ALnER- 
GiEiis,  et  devrait  être  placée,  d apres  ses 
caractères  particuliers,  dans  Tune  ou  l autre 
des  sections  de  la  branche  mère  c,c  : dans 
la  première  d,  d,  si  ses  feuilles  étaient 
munies  de  glandes  réniforwes,  dans  la 
deuxième  e,e  : si  les  glandes  étaient  fjlobu- 
leiiscs.  Enfin,  si  les  feuilles  étaient  dépour- 
vues de  glandes,  cette  variété  ferait  iiartic 
de  la  troisième  section;  elle  se  placerait  sur 
la  branche  /■,/’. 

Admettons  que  la  variété  a classer,  dont 
la  chair  est  libre,  a des  feuilles  pourvues  de 
glandes  globuleuses  et  que  ses  heurs  sont 
blanches:  dans  ce  cas,  sa  chair  ne  pouvant 
être  que  blanche,  cette  variété  ferait  partie 
de  la  deuxième  section  et  se  placerait,  sur 
la  branche  e,e,  sur  la  ramiücation  n®  i2,  si 
ses  heurs  sont  campanulaeées ; sur  celle  qui 
porte  le  ii«  13  si  les  heurs  sont  rosacées. 
Dans  l’un  comme  dans  l’autre  cas,  elle  con- 
stituerait une  nouvelle  ramitication  au-des- 
sus et  du  côté  opposé  a celle  qui  se  rap- 
porte à des  heurs  roses. 

Mais  si,  avec  des  heurs  blanches,  la  va- 
riété à classer  avait  des  feuilles  pourvues  de 
glandes  réniformes,  elle  entrerait  dans  la 
première  section  et  se  placerait  sur  la 
branche  d,  d,  sur  la  ramitication  n^  4 de  la 
branche  n«  1,1;  mais  comme  sur  cette  ra- 
mification il  n’y  a pas  encore  de  heurs  cam- 
l)anulacées  blanches,  il  faudrait  ajouter  une 
autre  ramification  qui  constituerait  une  nou- 
velle série,  au-dessus  et  du  côté  opposé  à 
celle  <[ui  est  à heurs  roses.  Il  est  bien  clair 
(lue  si,  avec  les  caractères  que  nous  venons 
de  reconnaître  à notre  variété,  ses  heurs 
étaient  rosacées  au  lieu  d’être  canipanula- 
cées,  elle  irait  se  placer  sur  cette  même 
branche  n»  1, 1,  sur  la  ramification  princi- 
pale  qui  porte  le  n«  5,  sur  la  petite  rami- 
tication où  se  trouve  déjà  la  variété  While 
blos'soni. 

Il  va  sans  dire  que  si  la  variété  à classer 
avait  des  feuilles  dépourvues  de  glandes, 
qu’elle  devrait  se  placer  sur  la  branche/  qui 
constitue  la  troisième  section.  Pour  en  opé- 
rer le  classement  on  agirait  ainsi  que  nous 
venons  de  le  dire,  en  tenant  compte  de  tous 
les  caractères  particuliers  que  présente 
cette  variété. 

La  marche  que  nous  venons  d’indiquer 
devrait  être  suivie  s’il  s’agissait  de  classer 
des  variétés  qui  diffèrent  par  la  forme  de 
leurs  fruits.  Ainsi,  supposons  que  la  Vtariiité 
de  Pêchers  à fruits  qui  est  originaire 

de  Chine,  et  qui  par  sa  forme  ressemble  à 
une  Pomme  d’api,  se  reproduise  et  consti- 
tue une  race,  elle  nécessiterait  l’adjonction 
d’un  nouveau  rameau,  et  constituerait  une 
section  particulière  dans  la  tribu  et  sur  la 
branche  principale  dont  elle  aurait  les  ca- 
ractères généraux  : dans  la  trihu  des 
Péciiers-Perséquiers,  si  les  fruits  étaient  à 


chair  adhérente;  dans  la  tribu  des  Pèciiers- 
Alrergiers,  si  ses  fruits  étaient  à chair 
libre. 

Si,  au  lieu  de  Pêchers,  nous  avions  affaire 
aux  Brugnonniers,  on  procéderait  comme  il 
vient  d’être  dit.  Ainsi  supposons  que  nous 
avons  à classer  deux  nouvelles  variétés  de 
Brugnonniers,  l’une  à fleurs  et  à fruits 
jaunes  \ l’autre  à fleurs  roses  et  à fruits 
rouges.  Voici  comment  il  faudrait  s’y  pren- 
dre : s’assurer  d’abord  si  la  chair  est  ou 
n'est  pas  adhérente  au  noyau,  ce  qui  indi- 
querait la  tribu  à laquelle  cette  variété  ap- 
partiendrait, puis  chercher  sur  le  membre 
qui  représente  cette  tribu  quelle  est  la 
ramification  sur  laquelle  devrait  se  placer 
cette  variété,  ce  qu’on  reconnaîtrait  à l’exa- 
men de  ses  caractères  particuliers. 

Ainsi  supposons  que  la  variété  à heurs  et 
à fruits  jaunes,  dont  il  s’agit,  est  à chair 
adhérente,  elle  ferait  partie  de  la  tribu  des 
Brugnonniers-Perséquiers  et  devrait  se 
placer  sur  la  branche  g,  g,  qui  forme  la 
première  section  de  cette  tribu,  si  S(3S 
feuilles  étaient  munies  de  glandes  réni- 
f ormes:  sur  la  branche  h, h,  qui  constitue  la 
deuxième  section,  si  ses  glandes  sont  glo- 
buleuses. Enfin,  si  ses  feuilles  sont  dépour- 
vues de  glandes,  cette  variété  ferait  partie 
de  la  troisième  section  et  prendrait  place 
sur  la  branche  i,  i ; sur  l’une  ou  l’autre  ra- 
mification du  rameau  n®  14,  suivant  que  ses 
heurs  seraient  campanulaeées  ou  qu’elles 
seraient  rosacées. 

Supposons,  au  contraire  que  la  variété  à 
classer  a les  feuilles  pourvues  de  glandes 
globuleuses,  dans  ce  cas  elle  entrerait  dans 
la  deuxième  section  et  prendrait  place  sur 
la  branche  h, h,  et,  suivant  la  forme  de  ses 
heurs,  elle  se  placerait  sur  l’une  ou  sur 
l’autre  ramitication  du  raineau  n»  8 : sur 
celle  qui  porte  le  n»  11  si  les  heurs  sont 
campanulaeées,  sur  celle  qui  porte  le  n«  12 
si  ses  heurs  sont  rosacées.  Mais  dans  1 un 
comme  dans  l’autre  cas,  il  faudrait  ajouter 
une  nouvelle  ramification  puisqu’il  n’existe 
pas  encore  de  variétés  à heurs  jaunes. 

Quant  à la  variété  à chair  rouge,  on  agi- 
rait absolument  comme  il  vient  d’être  dit 
pour  en  opérer  le  classement.  Ainsi,  suppo- 
sons que  ses  fruits  sont  à chair  libre  et  que 
ses  feuilles  soient  pourvues  àe  glandes  réni- 
formes, cette  variété  appartiendrait  à la  tribu 
des  Brugnonniers-Albergiers,  c’est-à-dire 

qu’elle  ferait  partie  du  membre  mère  E,  E, 
et  qu’elle  se  jilacerait  sur  la  branche  prin- 
cipale j,  j,  qui  forme  la  première  section  de 
ce  membre.  Mais  comme  dans  cette  section 
jl  n’existe  pas  encore  de  branches  portant 

1 II  n’y  a pas  non  plus  de  Rrugnonniers  a llcurs 
J aunes,  si  nous  en  supposons  nn,  c’est  afin  de  pré- 
voir les  difficultés,  et  d’indicpier  (luelle  serait  la 
marche  à suivre  pour  les  lever  dans  le  cas  ou  il 
s’en  présente.”ait. 


127 


AHimE  CÉNÉALOGIQUE  DU  UDOUPE  PÊCHER.— VII. 


(les  fruits  à f/irt/r  rouget  il  faudrait  eu  ajou- 
ter une.  Pour  cela  oi'i  prolon^^erait  uii  peu 
cette  branche  principale  j,  j,  et,  pour  la 
n'gularité,  de  même  que  pour  l’ordre  d’éyo- 
liibon,  on  placerait  la  nouvelle  ramification 
au-dessus  et  du  côté  opposé  à celle  à chair 
jaune,  de  manière  à avoir  quelque  chose 
d’analogue  à ce  que  montre  la  branche  d,  d, 
(lu  membre  C,  C,  qui  lui  est  parallèlement 
opposée. 

Si,  au  contraire,  ayant  des  fruits  h chair 
libre,  notre  Brugnonnier  avait  les  feuilles 
depoarvaes  de  glandes,  il  entrerait  dans  la 
troisième  section  et  se  placerait  sur  la  bran- 
che /,  l : sur  la  ramification  13,  si  les 
fruits  étaient  à chair  blanche;  sur  la  rami- 
fication n"  14,  s’ils  étaient  à chair  jaune. . 

Si,  ayant  des  fruits  à chair  jaune,  cette 
variété  avait  des  feuilles  munies  de  glandes 
globuleuses,  sa  place  serait  dans  la  deuxième 
section,  c’est-à-dire  sur  la  branche  k,  k: 
sur  la  ramification  n»  11,  si  les  fleurs  étaient 
campamilacées;  sur  celle  ip12,  si  les  fleurs 
étaient  rosacées.  Mais  si  avec  ces  caractères 


les  Heurs  étaient  blanches,  on  ajouterait 
une  petite  ramification  au-dessus  et  du  côté 
op[)osé  à celle  qui  est  à fleurs  roses,  sur  la 
branche  n»  11  ou  sur  la  branche  n«  12,  sui- 
vant que  les  fleurs  seraient  canipaniUacées 
qu’elles  seraient  rosacées. 

Si  nous  nous  sommes  étendu  aussi  lon- 
guement sur  ce  qui  a rapport  au  classement 
des  variétés  de  Pêchers,  c’est  afin  de  pré- 
voir, autant  que  possible,  les  difficultés  qui 
pourraient  se  présenter  dans  cette  sorte  de 
travail,  et  d’indiquer  la  marche  qu’il  con- 
viendrait de  suivre  pour  se  tirer  d’alfaire, 
dans  le  cas  où  il  s’en  présenterait,  chose  qui, 
nous  osons  le  croire,  serait  facile,  en  se  ba- 
sant sur  les  exemples  que  nous  avons  cités,  et 
en  procédant  comme  nous  Pavons  dit.  Nous 
terminerons  donc  sur  ce  sujet  en  fiiisani 
observer  que,  lorsqu’il  s’agit  de  classer  une 
variété  nouvelle,  on  doit  en  étudier  tous  les 
caractères,  à partir  des  plus  importants,  et 
successivement  jusqu’aux  moins  imporlanls, 
de  manière  à arriver  juste  à la  place  que 
cette  variété  devrait  occuper.  cariuèue. 


OBSERVATIONS  HORTICOLES  FAITES  DANSEE  SUD-OUEST 

PENDANT  LTïIVEll  1805-1800. 


L’hiver,  qui  s’est  passé  sans  neiges  et  sans 
fortes  gelées,  a permis  à la  végétation  de 
redonner  une  vigueur  toute  nouvelle  à nos 
arbres  indigènes  ou  exotiques,  à nos  arbus- 
tes et  plantes  de  pleine  terre.  Je  crois  utile 
de  pouvoir  comparer  les  effets  de  ce  phé- 
nomène dans  ma  région  du  Sud-Est  avec 
les  très-intéressantes  communications  de 
notre  savant  collègue,  M.  Pépin.  Comme 
lui,  j’étudie  avec  quelques  soins  les  divers 
mouvements  de  température  et  de  végéta-- 
lion,  et  les  remarques  que  je  fais  de  mon  côté 
viendront  confirmer  en  grande  partie  les 
curieuses  observations  qu’il  a signalées  dans 
la  Revue  horlicole  (numéro  du  10  février, 
page  74). 

Les  grands  arbres  forestiers  ou  do 
jardins  paysagers  à feuilles  })ersistantes  ou 
caduques  ont  montré  de  nomlireux  chatons 
ou  leurs  fleurs  dès  les  premiers  jours  du 
mois  de  janvier.  Une  floraison  remarquable 
et  universelle  a été  observée  sur  les  Cèdres 
de  l’IIymalaya,  sur  les  Pins  Pinsapo,  les 
Cryptomeria  du  Japon  et  de  Labb  qui  ont 
été  couverts  de  boutons  polliniques.  Les 
CAilicunlhm  præcox  et  florida  ont  donné 
des  Heurs  odorantes  pendant  les  deux  pre- 
miers mois  de  l’année,  ainsi  que  le  Ma- 
honia  Japonica  Bealii  quercifoUa.  Les  forts 
thyrses  des  Tritoma  avaria  n’ont  pas  cessé 
de  fleurir  pendant  plus  de  six  mois  en  18G5 
etl8f)G.  C’est  toujours  une  de  nos  plus 
belles  plantes  ornementales  du  sud-ouest. 
Plusieurs  touffes  mesuraient  1 mètre  de 


tour  et  offraient  à la  fois  de  cinq  à six 
hampes  de  plus  de  l"u50  au  fort  de  la  vé- 
gétation, en  septembre,  puis  en  mars  et  avril. 

Les  Iris  violets  et  de  Germanie  étaient  déjà 
en  fleurs  le  2G  flWrier,  en  avance  de  un  à 
deux  mois;  les  Violiers  à fleurs  doubles  et 
simples  fleurissaient  déjà  depuis  longtemps. 
Les  Hellébores  Pioses  de  Noël  en  ont  eu 
aussi  de  fort  belles,  ainsi  que  les  Perce- 
neige,  les  petites  Jacinthes  blanches  et 
bleues. 

Les  Violettes  à fleurs  simples  émaillaient 
et  embaumaient  nos  gazons  avec  les  Pâque- 
rettes et  les  Crocus,  dont  la  floraison  est 
terminée.  Comme  mon  éminent  collègue, 
j’ajouterai  que  les  Bosiers  de  Bengale  et 
de  la  Chine,  à fleurs  roses  et  rouges  n’ont 
point  cessé  de  montrer  leurs  boutons  et 
leurs  fleurs,  ainsi  que  la  presque  totalité 
des  Piosiers  remontants,  surtout  parmi  les 
variétés  franches  de  pied  et  de  deux  a tr()is 
ans  de  plantation.  Leurs  énormes  toufles 
ont  donné  des  branches  de  2 à 3 inètres  de 
hauteur.  Il  en  est  de  môme  des  Lonicera,  des 
Chèvrefeuilles  toujours  verts  et  autres  va- 
riétés indigènes  ou  exotiques.  Plusieurs 
variétés  de  Jasmins,  tels  que  le  Jasmin  nu- 
diflore  à fleurs  jaunes  si  précoces,  le  Jas- 
min jonquille  d’Èspagne  et  des  Açores,  au- 
raient pu  rester  en  pleine  terre,  d’où  ils 
n’ont  été  relevés  qu’à  la  fin  de  décembre, 
ainsi  que  les  Pétunias  à fleurs  doubles  et 
simples.  Ceux  laissés  en  pleine  terre  n’ont 
pas  perdu  une  seule  de  leurs  feuilles.  Les 


128  OBSEUVATIONS  HORTICOLES  FAITES  DANS  LE 

Canna  indica  et  leurs  nombreuses  et  belles 
variétés  y sont  restées,  protégées  par  un 
fort  paillis. 

Les  Amandiers,  Abricotiers,  Pêchers, 
étaient,  il  y a un  mois,  couverts  de  Heurs 
épanouies  ; les  boutons  florifères  des  Ceri- 
siers et  Pruniers  en  entr’ouvraient  déjà  plu- 
sieurs. Piien  de  joli  en  ce  moment  comme 
la  floraison  des  Pruniers  Mirobolan  ou 
Cerisette.  Un  fort  beau  sujet  âgé  de  trente 
ans,  et  qui  mesure  1 mètre  de  tour  sur  15 
de  largeur,  en  était  couvert. 

Ajoutons  en  terminant  que  la  floraison 


SUD-OEEST  PENDANT  L’HIVER  DE  1805  A 1860. 

dans  les  serres  et  orangeries  a fourni  aussi 
de  curieuses  observations.  Les  fleurs  des 
Daphnés,  des  Camellias,  sont  nombreuses 
et  belles;  les  variétés  de  Bégonia,  de 
Maranta,  de  Gesneria,  de  Palmiers,  de  Pit- 
cairnia,  d’Azalées,  etc.,  n’ont  cessé  de  vé- 
géter fortement.  Nos  serres  chaudes  ou 
tempérées  n’ont  été  chauffées  que  pendant 
quelques  nuits.  La  température  moyenne 
s’est  élevée  de  10  à 15  degrés  centigrades. 

D’Oi’nous, 

Propriélaire  au  ViguP,  pivs  Savor- 
dun  (Ariége) 


BIBLIOGRAPHIE  HORTICOLE. 


Les  Bonnes  Fraises,  manière  de  les  cultiver,  etc., 
par  Ferdinand  Glûede.  — 1 vol.  in-12  de  150 
pages. 

Les  Bonnes  Fraises,  tel  est  le  titre  simple, 
mais  quelque  peu  alléchant  d’un  petit  vo- 
lume qui  a pour  auteur  un  spécialiste 
connu,  M.  Ferdinand  Gloëde,  des  Sablons, 
près  Moret  (Seine-et-Marne). 

Tout  le  monde  aime  la  Fraise,  ce  joli 
fruit,  de  couleur  engageante,  d’un  goût  sa- 
voureux rehaussé  par  un  parfum  exquis, 
parfum  qui  lui  a valu  son  nom  dérivé  du 
latin  fragare  (sentir  bon);  à ces  attraits,  la 
Fraise  joint,  tout  le  monde  le  sait,  l’avan- 
tage d’être  le  premier  fruit  venant  à matu- 
rité sous  notre  climat,  et  celui,  pour  certai- 
nes variétés,  de  produire  d’une  manière 
presque  continue.  Peu  difficile  sur  le  choix 
du  terrain  et  d’une  culture  peu  compliquée, 
la  Fraise  se  trouve  dans  tous  les  jardins 
grands  et  petits;  aux  abords  des  villes,  elle 
est  l’objet  d’une  vente  facile  et  productive, 
et  à Paris,  ce  gouffre  de  consommation,  il 
s’en  vend  annuellement,  sur  les  marchés, 
des  quantités  énormes  venant  des  points  les 
plus  éloignés  de  la  France. 

En  dehors  de  ces  qualités  aimables,  la 
Fraise  constitue  donc  un  produit  précieux, 
et  une  ressource  réelle  pour  les  horticul- 
teurs de  profession,  aussi  bien  que  pour  les 
amateurs.  Si  facile  et  si  simple  que  soit  sa 
culture,  elle  demande,  comme  toutes  les 
autres,  des  soins  intelligents  et  raisonnés, 
afin,  d’une  part,  de  ne  pas  laisser  dégénérer 
les  espèces  actuellement  cultivées  et  recon- 
nues bonnes,  et,  d’autre  part,  d’arriver  à la 
création  et  à la  propagation  de  nouvelles 
egpèces offrant  surleursdevancières  des  avan- 
tages incontestables.  Nous  devons  accueillir 
avec  intérêt  toutes  les  observations  faites 
sur  cette  culture,  surtout  lorsqu’elles  éma- 
nent de  spécialistes  aussi  autorisés  que 
M.  Gloëde. 

Plusieurs  auteurs  ont  écrit  sur  les  Frai- 
ses; à une  date  récente,  M.  le  comte  de 
Lambertye  a produit  un  travail  très-complet 
sur  riiistoire,  la  botanique  et  la  culture  du 


Fraisier,  mais  nous  ne  sachions  pas  que, 
jusqu’à  présent,  cette  intéressante  et  ulile 
plante  ait  été  favorisée  d’un  travail  spécial 
fait  sous  une  forme  concise,  mais  cependant 
complète  et  essentiellement  pratique. 

L’ouvrage  de  M.  Gloëde  réunit  ces  condi- 
tions rendues  plus  sensibles  par  une  simpli- 
cité de  forme  et  une  lucidité  remarquables. 

On  est,  tout  d’abord,  frappé  de  l’ordre  et 
de  la  méthode  qui  régnent  dans  ce  petit  li- 
vre, divisé  en  cleux  sections  principales  : la 
culture  en  pleine  terre  et  la  culture  hâtée. 

Dans  la  première  section,  l’auteur  suit  la 
culture  en  pleine  terre  dans  toutes  ses  pha- 
ses, sans  rien  omettre.  Une  analyse  de  tous 
les  chapitres  nous  entraînerait  trop  loin; 
nous  relevons  seulement  à l’article  qui  a 
pour  litre  : Soins  à donner  à la  cnllure  des 
Fraises,  une  recommandation  importante, 
parfois  trop  négligée,  celle  d’enlever  soi- 
gneusement, après  la  ■ plantation,  les  cou- 
lants qui,  au  grand  détriment  de  la  récolte, 
absorbent  une  partie  de  la  sève  du  plant. 
Pourquoi,  en  effet,  ne  pas  faire  pour  le  Frai- 
sier ce  qui  se  fait  pour  les  autres  plantes, 
le  débarrasser  d’une  végétation  parasite. 

L’ouvrage  de  M.  Gloëde  prévoit  minutieu- 
sement tout  ce  qui  est  relatif  à la  Fraise  e 
va  jusqu’à  donner  à nos  ménagères  une  re- 
cette pour  faire  de  bonnes  confitures  avec 
ce  fruit  : petite  indication,  en  apparence 
futile,  mais  qui,  cependant,  ne  manque  pas 
d’intérêt,  car  plus  on  trouve  d’applications 
à un  produit,  plus  sa  culture  doit  être  soi- 
gnée. 

L’auteur,  en  traitant  minutieusement  de 
la  culture  et  de  la  multiplication  des  Frai- 
siers, n’oublie  pas  de  consacrer  un  chapitre 
aux  insectes  nuisibles,  aux  ennemis  des 
Fraises,  dont  le  plus  cruel  est,  sans  contre- 
dit, le  ver  blanc,  ennemi  redoutable,  dont  la 
présence  se  manifeste  par  un  mal  sans  re- 
mède. M.  Gloëde  a de  trop  bonnes  raisons 
pour  faire  la  guerre  à ce  vorace  destructeur 
des  Fraisiers,  aussi  a-t-il  essayé  difierenls 
moyens  pour  l’anéantir,  ou  tout  au  moins 
l’éloigner.  Est-il  arrivé  à trouver  un  pré- 


P,  1 r,  U 0 G R A P 1 1 1 E 1 1 0 R T I G 0 L E . 


129 


snrvatir  efficace?  D’aucuns  diraient  • oui, 
sans  hésiter,  mais  lui,  qui  sait  Cüiul)ieu  les 
expériences  doivent  être  répétées  avant 
d’étre  concluantes,  se  borne  à faire  connaî- 
Irc  le  demi  résultat  obtenu  par  l’emploi  de 
la  fleur  de  soufre. 

Mais,  par  une  mesure  de  prudence  qui 
]>rouve  sa  sincérité , il  subordonne  à de 
nouveaux  essais  une  opinion  définitive. 

l.a  culture  bâtée  est  soigneusement  trai- 
tée dans  la  seconde  partie  de  ce  manuel,  que 
l’auteur  a com])lété  par  uu  calendrier  des 
travaux  à exécuter  dans  une  Fraisière,  pen- 
dant les  douze  mois  de  l’année. 

Fnfin,  le  volume  se  termine  par  une  no- 
menclature éminemment  utile  des  bonnes 
Fraises  classées  par  ordre  de  maturité, 


avec  indication  des  espèces  les  plus  remar- 
quables par  leur  beauté,  leur  goût  ou  leurs 
autres  qualités.  Puis  afin  d’éviter  tout  mé- 
compte, tout  travail  inutile,  cette  nomencla- 
tare  est  complétée  par  la  liste  des  Fraises 
peu  avantageuses  et  l’indication  des  variétés 
désormais  abandonnées. 

En  résumé,  l’ouvrage  de  M.  Filoëde,  mé- 
tbodique,  clair,  lucide  et  conçu  sous  la 
fji’me  la  plus  simple,  exclusif  de  théories 
abstraites  et  de  données  scientifiques,  est  à 
la  portée  de  tous  : il  ne  contient  rien  qui 
ne  soit  très-pratique,  aussi  le  croyons-nous 
appelé  à rendre  d’utiles  services. 

Er.NEST  Roi  rces, 

1 Sccn'ilaire  adjoint  de  la  Sociéré  d’iiorli- 

cuUurc  de  Melun-Fonlainebleaii. 


CULTtlUE  UE  LA  VIGNIÎ  SANS  TAÎLLE. 


La  taille  des  arbres  et  arbrisseaux  frui- 
tiers étMt  inconnue  dans  l’Eden.  Lliomme 
l’a  inventée  comme  un  progrès.  M.  le  pi' Pi- 
geaux  la  supprime,  par  respect  pour  la 
Genèse.  C’est  là  une  invention  due  au  culte 
du  passé  et  comme  il  est  écrit,  dans  les 
annales  des  grandes  découvertes  de  l’es- 
prit humain,  que  tout  novateur  est  persé- 
cuté, M.  Pigeaux  se  proclame,  en.  ce  mo- 
ment, le  Galilée  de  la  viticulture. 

Galilée  s’elîorçait  d’expliquer  et  de  faire 
comprendre  son  système.  Si  M.  Pigeaux 
voulait  avoir  la  modestm  de  faire  comme 
Galilée,  il  nous  rendrait  un  grand  service. 
En  effet,  nous  avons  regardé  de  tous  nos 
yeux,  lorsque  M.  Pigeaux  a eu  l’imprudence 
de  désobéir  au  philosophe  qui  lui  conseil- 
lait, de  ne  pas  ouvrir  sa  main  remplie  de 
rérité;  et  comme  la  vérité  est  d’essence 
immatérielle,  nous  n’avons  su  voir  que  la 
main.  — S’il  pouvait  nous  montrer  autre 
chose,  il  y gagnerait  beaucoup  et  nous 
aussi. 

Voici,  pour  la  seconde  fois,  l’objection 
que  nous  adressons?,  dans  la  personne  de 
M.  Pigeaux,  à notre  premier  père  Adam, 
cet  involontaire  inventeur,  par  paresse  et  par 
•ignorance,  de  la  culture  de  la  Vigne,  sans 
taille  ni  façon. 

L’œil  principal  qu’on  voit,  au  printemps, 
naître  sur  un  bourgeon,  met  un  an  à se 
former  et  fait  son  évolution  au  printemps 
qui’ suit,  en  donnant,  à son  tour,  un  bour- 
geon porteur  d’une  ou  de  plusieurs  grappes 
de  Raisins.  Dans  la  Vigne,  le  fruit  ne  vient 
donc  que  sur  le  bois  d’un  an.  Pour  avoir 
chaque  année  du  fruit,  il  faut  conséquem- 
ment avoir  chaque  année  du  bois  nouveau. 
Si  l’on  ne  taille  pas,  le  bois  nouveau  et  le 
liant,  avec  lui,  s’éloigneront  annuellement 
(lu  centre  de  la  souche,  de  manière  qu’au 


l'.out  d’un  certain  temps,  le  jeune  viticul- 
teur, qui  n’avait  qu’à  se  baisser  pour  cueillir 
le  raisin  sur  le  cep  planté  devant  sa  porte, 
sera,  au  moment  où  l'àge  lui  ote  les  jambes, 
obligé  d’aller  chercher  ses  grappes  en  voi- 
ture. — Dites-nous  donc  comment  on  peut., 
en  supprimant  la  taille,  empêcher  les  l)ran- 
ches  d’emporter  le  fruit  dans  leur  voyage 
autour  du  monde  ? 

Si  M.  Pigeaux  donnait  à ce  sujet  les  ex- 
plications qu’il  refuse,  il  tirerait  ses  lecteurs 
d’embarras  et  justifierait  le  système  de  viti- 
culture de  son  premier  père,  en  faisant 
preuve  ainsi  d’autant  d’amour  filial  que 
d’esinât  d’invention. 

Cet  esprit  d’invention  nous  a déjà  mis 
sur  la  voie  de  bien  des  perfectionnements  • 
M.  Hudelot  nous  a appris  à rnultiplier  la 
Vigne  par  des  semis  en  place  de  boutons  de 
sarments;  M.  Hooïbrenck  nous  a enseigné 
à la  féconder  artificiellement;  M.  Pigeaux, 
à employer  l’ombre  des  pampres  pour  tuer 
le  chiendent.  S’il  pouvait,  à présent,  com- 
plétant ses  rêves  et  ses  bienfaits,  nous  con- 
duire à ne  plus  tailler  la  Vigne,  à ne  plus 
remuer  le  sol  et  à récolter  sans  fatigue, 
l’honime,  affranebi  par  lui  de  la  dure  loi 
du  travail  et  rendu  à l’état  de  nature  sans 
être  rendu  à la  primitive  innocence,  n’au- 
rait, ma  foi,  pas  trop  à se  plaindre  d’avoir 
été  chassé  de  l’Eden. 

Sur  ce,  j’engage  M.  le  D‘‘  Pigeaux  à faire 
une  seule  fois  connaissance  avec  le  vin  de 
petit  Gamay,  afin  qu’il  reste  définitiverneut 
convaincu  qu’en  renouvelant  les  proscrip- 
tions des  ducs  de  P)Ourgogne,  il  a fait 
preuve  d’autant  d’esprit  de  progrès  qu’en 
i*cnouvelant  le  système  de  viticuliure  du 
père  Adam. 

LAU.ronEET. 


LA  CLOCHE  DE  MUNTER. 


Tout  le  ly’onde  connaît  aujourd’hui  les 
aquariums  et  les  serres  de  salon,  qui  per- 
mettent de  jouir  de  la  vue  des  plantes  rares 
et  délicates  jusque  dans  l’intérieur  des  ap- 
partements. Voici  un  gracieux  petit  meuble 
qui  peut  figurer  à côté  des  premiers  pour  la 
décoration  de  nos  habitations.  Tl  a paru  pour 
la  première  fois  à l’Exposition  horticole  alle- 
mande qui  s’est  tenue  à Erfurt  au  mois  de 
septembre  dernier  ; il  y avait  été  présenté 
parM.  le  professeur  Munter,  de  Greiswald. 

La  cloche  de  Munter  (fig.  12  et  13)  est 
analogue  aux  appareils  connus  sous  le  nom 
de  cloches  de  Liehig,  et  dans  lesquels  des 
animaux  et  des  plantes  aquatiques  animent 
une  certaine  quantité  d’eau  qu’on  ne  renou- 
velle jamais  et  qui  reste  parfaitement  claire. 
M.  Edouard  Morren  en  a donné  dans  son 


journal,  la  Belgique  horlicoley  la  description 
dans  les  termes  suivants  : 

« L’appareil  mesure  environ  Om. 30  de  diamè- 
tre sur  O'H./iü  de  hauteur.  Ces  proportions  n’ont 
rien  d’essentiel  et  peuvent  être  modifiées  sui- 
vant les  exigences.  11  est  tout  entier  en  cristal 
ou  en  verre.  11  consiste  en  deux  pièces  (voir  la 
coupe,  lig.  13),  l’une  qui  sert  de  soubassement, 
et  l’autre  en  forme  de  cloche.  Ces  deux  pièces 
s’emboîtent  l’une  dans  l’autre  et  leurs  faces  de 
contact  sont  usées  à l’émeri  pour  se  joindre 
hermétiquement. 

« Le  socle  est  rempli  de  terre  humide.  On  y 
introduit,  par  exemple,  des  Sélaginelles  et  des 
Fougères;  bn  ferme  avec  la  cloche,  et  l’on  peut 
désormais  abandonner  l’appareil  à lui-même, 
sans 'autres  soins  (jue  d’éviter  une  insolation 
directe,  bans  celte  almosplière  absolument  close, 
beaucoup  de  plantes,  telles  que  des  Fougères, 


Fig.  12.  — Cloche  de  Munter  pour  la  culture 
en  appartement. 


des  Sélaginelles,  de  petites  Orchidées,  des  Cac- 
tées, etc,  peuvent  vivre  pendant  longtemps.  » 

La  cloche  de  Munter  offre,  comme  on  le 
voit,  une  gracieuse  application  des  principes 
de  la  physiologie  végétale;  aussi,  outre  l’u- 
sage qu’on  peut  en  faire  comme  décoration, 
elle  peut  encore  ^tre  très-utile  pour  des  ex- 
périences de  germination  et  pour  la  culture 
des  riyménophyllées,  par  exemple,  dont  les 


Fig',  13.  — Coupe  de  la  Cloche 
de  Munter. 


feuilles,  dépourvues  des  tomates,  sont  douées 
de  propriétés  hygrométriques  qui  les  ren- 
dent si  délicates. 

Si  l’on  voulait  établir  la  cloche  de  Munter 
pr  des  proportions  plus  grandes  que  celles 
indiquées  ci-dessus,  il  serait  bon,  d’après 
le  conseil  de  M.  Morren,  de  percer  le  socle 
de  quelques  ouvertures  pour  l’écoulement 
de  l’eau. 

A.  Ferlet. 


LA  POIRE  PASSE-CRASSANE. 


Au  milieu  de  la  masse  des  fruits  nou- 
veaux qui  apparaissent  chaque  année  et 
dont  le  nombre,  dans  quinze  ans  d’ici,  sera 
certainement  incalculable,  lorsque  surgit 
un  sujet  tout  à fait  méritant,  tout  n’est  pas 
dit  pour  son  avenir.  Le  public  est  méfiant, 
et  il  est  payé  pour  l’être;  il  n’a  qu’une  con- 


fiance bien  modérée  dans  les  descriptions, 
souvent  bien  pompeuses,  des  pères,  des 
parrains  ou  des  nourriciers  de  ces  enfants 
chéris;  parfois,  derrière  le  portrait  si  bien 
léché  qu’on  lui  présentait,  il  a vu  passer  un 
bout  du  tablier  bleu  du  pépiniériste;  aussi 
se  tient-il  sur  ses  gardes,  narquois,  incré- 


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Hernie  Hcrlicole 


Iwp.Zanote  -Lt  Boulangers,  15 '^am 


Col  on  nier  herbaee. 


Pl'y'creL’x.  F:m‘ 


lmp  Zô'noêe  Rue  des  Boulangers,  15,  hris  ' 


POIRE  PASSE-CRASSANNE 


131 


LA  POIRE  PASSE^CRASSANE. 


(Iule,  injuste  souvent;  mais  à qui  la  faule? 

Quekjues  gains  recommandables  ont  eu 
toutefois  plus  de  chances;  timides  à leur 
naissance , ils  sont  alhîs  humblement  se 
soumettre  au  jugement  des  collectionneurs 
sérieux  et  des  Sociétés  d’horticulture;  les 
Sociétés  en  général  sont  prudentes  sur  ce 
chapitre;  pendant  deux,  trois,  (luatre  an- 
nées, elles  les  étudient,  les  comparent,  les 
jugent,  et  il  est  bien  rare  que  leurs  décrets 
lavoraldes  aient  été  récusés  plus  tard. 

La  Poire  P(me-Cramine  de  Boisbunel, 
dont  la  Revue  horticole  donne  aujourd’hui 
la  figure,  a subi  une  de  ces  sérieuses  élu- 
des; Sociétés,  Congrès,  pomologues,  tous 
ont  signé  son  laisser-passer;  depuis  sa 
naissance,  en  d855,  son  mérite  s’est  im- 
posé; elle  a fait  ses  preuves;  maintenant 
elle  est  majeure,  elle  marche  à grands  pas, 
elle  entre  partout  avec  un  gracieux  accueil. 

Aussi  n’est-ce  pas  pour  fa  faire  connaître 
que  j’en  dis  ces  quelques  mois  aujourd’hui; 
la  ^ bonne  et  consciencieuse  ciescriplion 
qu’en  a donnée  M.  Dupuis  dans  ce  journal 
mérne  (1859,  page  ()57)  n’a  plus  rien  laissé 
à faire  sous  ce  rapport.  Je  ne  puis  que 
constater  une  chose,  c’est  que  la  Passe- 
Cramne  a tenu  sa  parole;  elle  s’est  main- 
tenue avec  toutes  les  qualités  qu’elle  pro- 
mettait d’avoir;  le  jus,  le  sucre,  le  parfum, 
qu’on  trouvait  alors  h sa  chair,  on  les  y. 
retrouve  encore;  son  volume  s’est  accru 
par  la  culture  (j'en  possède  un  échantillon 
— choisi,  il  est  vrai  — de  0'".38  de  tour  et 
pesant  780  grammes);  et  en  annonçant  pour 


février  l’époque  de  sa  maturité,  elle  n’a  pas 
subi  d’alfront(disons  tout  bas  que  c’est  bien 
rare);  en  1801  on  en  dégustait  d’exellentes 
à la  fin  de  mars,  et  d’autres,  malgré  leur 
état  très-avancé,  n’avaient,  au  milieu  d’a- 
vril, pris  aucun  mauvais  goût  et  n’avaient 
pas  bletti. 

L’arbre,  on  l’a  dit,  n’a  pas  une  grande 
vigueur;  s’il  développe  facilement  des  bou- 
tons à fruits,  il  a besoin  que,  par  des  en- 
tailles, des  crans,  etc.,  on  l’aide  à produire 
des  branches,  aussi  s’accommode-t-il  natu  - 
rellement des  petites  formes;  mais  les 
praticiens  de  nos  jours  savent  remédier  à 
tout  — à peu  près  ; — de  ce  que  le  sujet 
n’est  pas  vigoureux,  soyez  persuadés  qu’ils 
ne  l’abandonneront  pas  pour  cela,  et,  qu’em- 
pruntant la  vigueur  à ceux  qui  en  ont  à re- 
vendre, ils  sauront  offrir  aux  yeux  des 
amateurs  de  la  Passe-Crassane  des  arlires 
d’un  aspect  encore  imposant. 

J’ai  entendu  plusieurs  personnes  confon- 
dre cà  tort  la  Passe-Crassane,  de  Boisbunel 
avec  la  Surpasse-Crassane,  de  Yan  Mons, 
un  fruit  d’automne,  qu’on  disait  presque 
alors  devoir  détrôner  notre  Crassane,  et 
qui,  lui  aussi,  lancé  à sa  naissance  dans  le 
chemin  du  succès,  me  paraît  un  peu  être 
resté  en  roule.  Je  crois  bien  que  tous  ceux 
qui,  depuis  dix  ans,  ont  apprécié  la  P(\sse- 
Crassane,  affirmeront  qu’elle  sera  plus  Imii- 
reuse. 

Quant  à moi,  je  le  lui  souhaite  de  tout 
mon  cœur. 

Tu,  Ruciietet. 


LE  COTONNIER  HERBACÉ. 


La  crise  cotonnière  a donné  lieu  à des 
essais  du  culture  du  Cotonnier  en  France 
qui  ont  présenté  beaucoup  d’intérêt.  Dans 
le  midi  particulièrement  MM.  Félix  Sahut, 
et  Ilorlolès,  à Montpellier,  et  M.  le 
marf|uis  de  Fournès,  dans  le  départe- 
ment du  Gard,  ont  cultivé  en  pleine  terre, 
ave(î  un  succès  complet,  le  Cotonnier  her- 
bacé (Crossiipmm  lierbaceam)  qui  donne  le 
coton  courte  soie,  et  leCotonnier arborescent 
{Gossypiuni  arboreum),  qui  donne  le  coton 
longue  soie.  Dans  le  midi  de  l’Espagne  et 
en  Italie,  cette  culture  a pris  un  assez  grand 
développement.  M.  Sacc  nous  a écrit  de 
Barcelone  quelques  détails  qui  prouvent  que 
SI  la  culture  américaine  ne  reprend  pas  une 
grande  extension,  il  faudra  bien  c^ue  l’Eu- 
rope s’occupe  de  faire  elle-mèmn  une  partie 
de  son  coton. 


Mais  ce  qui  importe  davantage  au  point  de 
vue  horticole,  c’est  que  le  Cotonnier  herbacé 
est  une  plante  fort  jolie,  surtout  quand  elle 
est  en  fleurs,  comme  on  peut  l’apprécier 
par  la  planche  coloriée  que  nous  donnons 
aujourd’hui,  eUiuia  été  dessinée  d’après  un 
plant  de  Cotonnier  fleuri  chez  Madame  Jo- 
seph Halphen,  au  château  de  Migneaux,  par 
Poissy  (Seine-et-Oise). 

La  planche  ne  représente  pas  les  coques  de 
coton  qui,  elles  aussi,  sonttrès-intéressantes 
et  qui  ont  très-bien  réussi  chez  Madame 
Halphen. 

Nous  reviendrons  dans  une  autre  occa- 
sion sur  les  circonstances  des  essais  de  la 
culture,  faits  dans  les  serres  de  Migneaux, 
que  nous  nous  proposons  de  visiter  avant 
d’en  parler  à nos  lecteurs. 

J.  A.  Barral. 


SUR  LE  DIOSCOREA  BAÏATAS. 


Pai  obtenu  cette  année  (1865)  des  pro- 
duits remarquables  dans  la  culture  du 
Dtoscorea  Batalas,  Mes  racines  avaient  pres- 


que 1 mètre  de  longueur,  et  pesaient  1 ki- 
logramme. J’attribue,  sans  toutefois  l’affir- 
mer  positivement,  cette  réussite  exception- 


132 


SUR  LE  BIOSCORE  A RATATAS. 


Belle  au  phosphate  de  chaux  De  Molon  que 
j’ai  appliqué  à mes  plantes. 

Mais  qui  donc  au  monde  aura  la  charité 
de  prévenir  les  marins,  que,  non-seulement 
les  racines  du  7)/o-scorm  Balalas  constituent 
une  conserve  alimentaire  toute  faite  et  d’une 
durée  indéfinie,  mais  encore  qu’elles  se- 
raient, tout  l’indique,  un  excellent  pré- 
servatif et  curatif  du  scorbut  de  mer,  étant 
mangées  crues? 


Je  sais  qu’aujourd’hui  le  chlorate  de  po- 
tasse rend  d’éminents  services  dans  le 
traitement  de  cette  maladie;  mais  c’est 
comme  curatif,  et  il  vaudrait  mieux  y trou- 
ver un  préservatif  dans  ralimentation,  car 
bien  que  le  scorbut  n’emporte  plus  autant 
de  monde  qu’autrefois,  il  n’est  pas  sans  sé- 
vir encore  sur  bon  nombre  demarins. 

MORgON. 


UN  MOT  SUR  L’ACIIYRÂNTHES  VERSCHAFFELTII 


Dans  sa  notice  intitulée  Nouvel  Essai  de 
cullure  géolliermique  en  Angleterre,  et  in- 
sérée dans  la  Revue  horiicole  (numéro  du 
octobre  1805,  page  305),  M.  Naudin  dit  : 
« hlresine  ou  Achyranihes  Verschaffellii, 
superbe  sur  les  planches  enlunnnées  des 
journaux  d'.horHculture,  mais  d’un  coloris 
comparativement  terne,  et  dans  tous  les  cas 
très-inférieur  au  Coleus  VerschafJ'eliii  ! ...  » 

Je  viens  protester  de  toutes  mes  forces 
contre  une  assertion  aussi  erronée,  et  qui 
pourrait,  sur  la  foi  de  M.  Naudin,  faire  re- 
jeter bien  loin,  s’ils  ne  la  connaissent  pas, 
par  les  amateurs  une  plante,  au  contraire, 
digne  à tous  égards  de  mériter  leur  atten- 
tion; et  ne  pas  ici  protester,  c’eût  été  de 
ma  part  laisser  nuire  considérablcmenl  aux 
horticulteurs  qui  la  cultivent  avec  raison,  et 
de  plus  laisser  nier  la  vérité,  et  la  vérilê, 
la  voici  : 

Nous  ne  savons  par  qui  mon  savant  col- 
lègue et  collaborateur  a pu  être  induit  en 
erreur;  ni  où  il  a vu  des  individus  dudit 
Achyranihes  au  coloris  foliacé  terne;  j’en 
ai  vu,  j’en  vois  des  centaines,  jc  dirais  pres- 
que des  milliers,  et  tous  montrent  cet  ad- 


mirable coloris  foliaire,  tel  que  le  représen- 
tent les  très-exactes  planches  de  Vlllustra- 
tion,  horticole  (tome  XI,  pl,  409)  parue  en 
août  18()4,  et  du  Rotanicul  Magazme  (T. 
5499),  parue  en  mars  1805  seulement. 
M.  Naudin  n’en  a-t-il  donc  observé 
que  des  pieds  dégénérés,  malades,  rachiti- 
ques, ou  des  figures  mal  faites  ? Je  ne  sais; 
mais,  je  le  répète,  je  maintiens  comme  ltu/, 
exact,  sans  exagération  aucune,  et  plutôt 
moins  beau  surlesdites  planches,  que  dans 
la  nature,  le  coloris  décrit  et  figuré  par  feu 
M.  W.  Hooker,  et  par  nous  ; et  je  dis  plus  : 
nulle  piaule,  introduite  jusqu’ici  dans  nos 
cultures,  n’en  a offert  un  plus  riche  ni  pins 
splendide  ! non  point  que  je  veuille,  en  di- 
sant cela,  rabaisser  celui  du  Coleus  1 >r- 
schufleltii,  Nob.  {ïllustr.  horticole,  tome  YIII, 
pl.  î293),  admirable  de  tout  point,  et  d’un 
grand  elfet  ornemental,  mais  qui  n’a  rien 
de  commun  avec  V Achyranihes. 

Enfin,  et  pour  conclure  je  ferai  observer 
que,  loin  d’être  terne  dans  \esem  de  ce  mol, 
notre  Achyranthes  a des  feuilles  luisantes, 
ou  un  peu  vernissées.  Cii.  Lemaire, 

profosseiu'  de  botanique  à Gau  J. 


CULTURE  DU  CARDON. 


I^e  Cardon,  cet  utile  comestible,  dont  la 
consommation  est  si  grande  et  les  effets  si 
hygiéniques,  joue  un  grand  rôle  dans  l’ali- 
mentation de  la  classe  ouvrière  dans  beau- 
coup d’endroits.  On  utilise  le  Cardon  à 
l’état  cru  assaisonné  seulement  'd’un  peu 
d’huile  et  de  sel.  Il  sert  de  premier  repas  à 
la  majeure  partie  des  habitants  des  campa- 
gnes, principalement  dans  les  départements 
méridionaux, où  cette  plante  est  beaucoup 
cultivée  à cet  effet  et  y prend  de  grands  dé- 
veloppements. 

On  sème  le  Cardon  en  mars,  avril  et  jus-  ; 
qu’en  mai,  et  on  replante  en  juin,  juillet  et  | 
août  sur  une  terre  de  nature  moyenne  ou  j 
plutôt  forte,  cà  la  distance  de  0'“.80  ou  1 mè- 
Ire  en  tous  sens.  i 

IMusieurs  jardiniers  ont  l’habitude  de  se- 
mer le  Cardon  en  plein  carré  sans  s’occu-  ^ 


per  de  faire  un  semis  spécial.  A cet  effet, 
ils  préparent  leur  terre  par  un  bon  défon- 
cement  à la  fourche  à 0"‘.30  ou  0'".  i0  de 
profondeur  et  une  forte  fumure.  Ils  divisent 
ensuite  le  carré  en  lignes,  espacées  de 
O''u80  à 1 mètre,  sèment  leurs  graines  en 
touffes  en  mettant  cinq  ou  six  graines  dans 
chaque  trou  à la  distance  de  0'".35cà  0i«.4ü; 
Quinze  ou  vingt  jours  après  la  levée  des 
graines,  lorsque  le  plant  est  devenu  un  peu 
fort,  ils  donnent  un  léger  binage  et,  quinze 
jours  plus  tard,  ils  éclaircissent.  Le  plant 
snpertlu  leur  sert  pour  d’autres  plantations 
successives.  Ils  enlèvent  })lus  tard  un  plant 
sur  deux  qu’ils  utilisent  encore  à des  plan- 
tations tardives.  Après  ces  opérations  le 
Cardon  restant  se  trouve  placé  à la  distanct' 
voulue,  c’est-à-dire  à 0'".70  ou  0'”.80,  es- 
pace nécessaire  pour  sa  croissance  rapide 


CULTURE  DU  CARDON. 


133 


ainsi  ([ue  pour  son  l)uUage.  On  donne  en- 
suite un  bon  labour,  on  éinoUe  l)ien  la 
terre  et  on  reforme  les  rigoles  entres  les 
lignes  pour  faciliter  l’arrosage  par  irriga- 
tion qui,  à cette  époque,  est  très-nécessaire 
à cette  plante,  laquelle  atteint  sa  plus  grande 
croissance  par  les  fortes  chaleurs. 

Au  moment  de  la  plantation  du  Cardon, 
dans  le  but  d’utiliser  le  grand  espacement 
qu’il  faudra  plus  lard  à la  plante,  on  plante 
entre  les  lignes  diverses  salades,  qui  arrivent 
à maturité"  ii  peu  près  lorsque  le  Cardon 
exige  tout  son  espacement. 

Le  Cardon  est  quelquefois  attaqué  par 
une  maladie  qui  fait  périr  une  bonne  partie 
des  feuilles  de  la  base  : elles  toiijbent 
brûlées  par  une  espèce  de  rouille  et  pour- 
rissent rapidement.  On  peut  prévenir  cette 
maladie  ou  du  moins  en  amoindrir  les  effets, 
par  un  redoublement  d’arrosage,  que  celte 
plante  aime  beaucoup,  et,  à la  suite,  par 
quelques  binages  superficiels  pour  mainte- 
nir la  terre  accessible  aux  rayons  solaires. 
La  végétation  étant  ainsi  activée,  la  plante 
aura  plus  vite  réparé,  par  de  nouvelles 
pousses,  la  perte  causée  par  la  maladie. 

Lorsque  le  Cardon  est  arrivé  au  point 

SUR  QUELQUES  PLANÏli 

Acer  plût  (inouïes  cucullalum.  — Cette 
variété, que  nous  avons  reçue  de  M.Barthère, 
borliculleur  à Toulouse,  est  jolie  et  surtout 
très-remarquable  par  son  feuillage  ; son 
aspect  général  et  son  mode  de  végétation 
sont  cà  peu  près  semblables  à ceux  du  type. 
La  dilTérence  réside  dans  les  feuilles  qui 
sont  cucullées-llabelliformes,  subcunéifor- 
mes lorsqu’on  les  étale,  très-concaves  eu 
dessous,  convexes  en  dessus,  atténuées  à la 
base  et  s’élargissant  ensuite  régulièrement 
jusqu’au  sommet  qui  est  profondémentdenté, 
à dents  finement  allongées,  presque  séti- 
formes-spinescentes. 

Populus  angiilata  torluosa. 

Arbrisseau  délicat.  — Tige  très- lord  ne  où 
d’a})pareiice  coudée-articulée  comme  le  Spirœa 
//eraosu.— branches  grêles, anguleuses,  à angles, 
tordues  ou  contournées,  coudées,  llexueuses  et 
présentant  sur  toute  leur  longeiir  les  niéines 
caractères  que  ceux  qu’on  rencontre  sur  la  tige. 
— Feuilles  longuement  péliolées,à  pétiole  aplati, 
contourné  ou  tordu , à limlie  gaufré  ou  forte- 
ment cuculUL  plié  en  deux  dans  le  sens  de  la  lon- 
gueur, à bandes  souvent  relevées,  largement 
mais  peu  profondément  dentées. 

Cette  variété,  que  nous  avons  également 
reçue  de  M.  BaiTbère,  horticulteur  à Tou- 
louse, est  des  plus  curieuses  ; sans  être 
belle,  elle  est  des  plus  remarquables  par  sa 
végétation  ou  plutôt  par  la  forme  de  ses 
parties,  (pii,  on  peut  le  dire,  n’ont  rien  de 
normal.  C’est  une  sorte  de  monstre  d’une 


d’ètre  utilisé,  on  le  lie  avec  précaution  sans 
endommager  les  pétioles  qui  sont  ordinai- 
rement très-cassants.  On  butte  à propor- 
tion du  besoin.  Quelques  jardiniers,  dans 
l’opération  du  buttage,  couchent  entière- 
ment le  Cardon  dans  une  fossette  creusée 
au  pied  de  la  plante,  ei  recouvrent  ensuite 
avec  de  la  paille  sèche  recouverte  d’un  peu 
de  terre.  D’autres,  et  c’est  la  majeure  par- 
tie ne  recouvrent (pi’avecla terre  seulement; 
d’autres,  enfin,  laissent  les  plantes  liées 
dans  leur  position  verticale  et  buttent  tout 
autour.  Ce  dernier  mode  de  buttage  est  le 
meilleur  pour  conserver  plus  longtemps  b‘ 
Cardon  en  terre,  parce  que  n’étant  pas  ar- 
rnehée,  la  i)lanle  respire  toujours  par  le 
haut,  tandis  (^ueparle  couchage,  étant  pres^ 
que  arrachée,  elle  pourrit  plus  vite. 

L’espèce  la  plus  répandue  dans  le  Midi 
est  le  Cardon  d’Espagne  à côtes  pleines  et 
sans  épines.  D’autres  y ont  été  introduites, 
comme  le  Cardon  de  Tours,  le  Cardon 
inerme,  mais  elles  ont  été  bientôt  aban- 
données à cause  de  leur  peu  de  résistance 
aux  gelées. 

J.  B.  CARr.uü, 

horliciiUeur  à l’Eslagaol,  à Carcassonne. 

S INÉDITES  OU  RARES. 

nature  particulière,  digne  de  figurer  dans 
toute  collection  d’amateur. 

Droussonetla  papfjrifem  narimUirh.  — 
Cette  variété,  que  nous  avons  obtenue  de 
semis,  il  y a 5 ans,  est  très-vigoureuse  ; la 
forme  de  ses  feuilles  est  tout  à fait  inverse 
de  celle  de  l’ancienne  variété  à feuilles  cucu- 
lées  (Br.  papyrifera  cucullala)  ; la  conca- 
vité, au  lieu  d’être  tournée  vers  le  sol,  l’est 
vers  le  ciel,  de  sorte  que,  comme  elle  est 
très-prononcée,  que  les  bords  sont  entiers 
et  fortement  relevés,  ces  feuilles  forment 
une  sorte  d’écope  ou  de  petite  nacelle,  qui 
retient  l’eau  ; aussi,  lorsqu’il  pleut,  voit-on 
les  feuilles  s’infléchir  par  le  poids  de  l’eau 
qu’elles  contiennent. 

Cette  variété  diffère  de  l’ancienne  par  ses 
feuilles,  dont  le  capuchon  {la  cucullalure) 
est  tourné  en  sens  contraire  ; par  ses  yeux 
qui,  au  lieu  d’être  grisâtres,  petits,  courte- 
nient  coniques  et  presque  cachés' dans  l’ais- 
selle des  feuilles,  sont  roux-bruns,  longue- 
ment écartés,  atténués  en  une  pointe 
subaigüe.  Les  feuilles  aussi,  au  lieu  d’être 
alternes  sont  opposées,  excepté  sur  les  rami- 
fications inférieures  où  elles  sont  alternes. 
Nous  devons  ajouter  que,  dans  certains  cas, 
il  arrive  que,  sur  des  rainificationsinférieures, 
on  rencontre  parfois  des  feuilles  dont  le 
capuchon  présente,  comme  dans  l’ancienne 
espèce,  la  concavité  en  dessous.  Ce  fait  est 
toutefois  une  exception  très-rare. 

C.\RRIÈRE. 


CULTURE  DES  VERGERS.  - IIU. 


Soins  d'entretien.  — Au  bout  d'un  cer- 
laiii  temps,  qui  varie  selon  les  espèces  et 
variétés  d’arbres  que  l’on  cultive,  les  bran- 
ches fruitières  de  l’intérieur  s’épuisent  et 
ne  donnent  plus  que  des  fruits  rares  et 
pelils;  il  faut  les  enlever  avec  une  serpe  en 
les  coupant  près  de  la  branche  qui  les  porte. 

On  voit  aussi  apparaître  des  bourgeons 
très-vigoureux  qui  naissent  et  qui  s’élèvent 
verticalement  dans  l’intérieur  de  l’arbre, 
près  de  la  base  des  branches  ; si  l’arbre  est 
encore  assez  vigoureux  et  s’il  donne  de 
beaux  fruits^  on  retranche  ces  bourgeons; 
si,  au  contraire,  l’arbre  paraît  dépérir,  c’est 
un  signe  certain  que  les  canaux  séveux  sont 
obstrués  à l’extrémité  des  branches,  et  qu’il 
est  temps  de  le  rajeunir.  A cet  effet,  on 
coupe  toutes  les  branches  un  peu  au-dessus 
du  point  où  naissent  les  bourgeons  qui  sont 
cux-mèmes  coupés  près  de  leur  insertion, 
et  l’arbre  se  refait.  C’est  alors  qu’on  obtient, 
sur  le  bois  nouveau,  de  très-beaux  fruits  en 
abondance.  Le  Prunier  et  l’xVbricotier  sur- 
tout s’accommodent  parfaitement  de  ce  ra- 
j eunisscment,  après  lequel  il  sort  souvent 
des  bourgeons  qui  atteignent  i»u50  à 2 mè- 
tres de  longueur;  })our  éviter  qu’ils  ne  s’in- 
clinent plus  tard  sous  le  poids  des  fruits, 
on  les  taille  à un  mètre  environ  de  longueur. 

La  mousse  et  les  lichens  nuisent  aux  ar- 
bres et  produisent  un  mauvais  elfet;  on 
s’en  débarrasse  aisémcntavec  un  lait  de  chaux 
que  l’on  décante  après  quelques  heures  de 
repos , et  que  l’on  applique  avec  un  gros 
pinceau  aussitôt  après  la  pluie,  quand  ces 
parasites  sont  encore  humides. 

Le  pied  de  l’arbre , ou  toute  la  terre  du 
verger  si  l’on  n'y  cultive  '^bisrien,  sera  tou- 
jours tenu  propre  par  deL^...ages;  nous  ne 
saurions  trop  insister  sur  cette  opération 
([ui  a pour  but  de  détruire  les  mauvaises 
herbes,  de  rendre  la  terre  perméable  et 
d’empècber  l’évaporation  du  sol. 

Au  moment  des  labours,  on  aura  bien 
soin  de  ne  pas  endommager,  avec  les  in- 
struments, les  racines  superficielles  qui  par- 
tent du  collet  de  l’arbre. 

]'ar  des  circonstances  qu’il  est  impossible 
d’expliquer,  il  arrive  quelquefois  qu’un  ar- 
bre périt  ; on  en  met  un  autre  à sa  place  en 
changeant  d’espèce,  si  cela  est  possible.  La 
terre  devra  être  extraite  et  remplacée  par 
une  terre  neuve  sur  environ  îl  mètres  de 
diamètre  et  O»». 80  de  profondeur.  Ceci  s’ap- 
l)lique  à des  arbres  déjà  d’un  certain  âge, 
niais  pour  ceux  qui  n’ont  que  deux  ou  trois 
ans  de  plantation,  les  racines  n’ont  pas  en- 
core eu  le  temps  d’épuiser  la  terre , par 
conséquent  il  est  inutile  de  la  changer;  ex- 

Voir  les  numéros  tics  IG  février  et  1«'’  mars, 
pages  75  et  96. 


cepté  celle  où  se  trouve  le  pied  de  l’arbre, 
laquelle  devra  être  renouvelée. 

Chaque  année,  ou  au  moins  tous  les  deux 
ans,  une  fumure  sera  donnée  au  verger; 
les  légumes  en  profiteront  et  les  arbres  aussi. 
Mais  ceux-ci  n’aiment  pas  le  grand  fumier 
mis  en  contact  avec  leurs  racines;  il  y dé- 
termine le  blanc,  qui  est  mortel  pour  celles 
qui  en  sont  atteintes.  On  n’eir.ploie  que  du 
fumier  bien  consommé  , sans  en  mettre  au 
pied  des  arbres,  caries  racines  absorbantes, 
les  spongioles,  en  sont  déjà  loin  après 
qnelques  années  de  plantation. 

Nous  serions  heureux  de  voir  suivre  notre 
exemple  par  les  riches  propriétaires  de  la 
Bresse  et  de  la  Bombes  ; avec  une  bien  pe- 
tite dépense,  ils  seraient  sûrs  de  se  créer  de 
bien  douces  jouissances,  inconnues  jusqu’a- 
lors dans  le  pays.  Il  n’en  coûte  du  reste  pas 
plus  jiour  planter  des  bons  fruits  que  des 
mauvais,  pt  comme  ils  viennent  tout  aussi 
bien  les  uns  que  les  autres,  on  choisira  les 
plus  recommandables.  » 

Vingt-cinq  arbres,  bien  plantés  et  soignés 
convenablement,  peuvent  suffire  à une  fa- 
mille de  dix  personnes,  et  avoir  ainsi  des 
fruits  de  toute  espèce  pendant  dix  mois  de 
l’année.  Si  l’on  en  plante  un  plus  grand 
nombre,  la  voie  ferrée  (pii  traverse  la  Bresse 
et  la  Bombes  permettra  d’écouler  facile- 
ment l’excédant  des  fruits  que  fourniront  ces 
arbres. 

Lisie  (les  meilleurs  fruits  ù <‘uliivcr  en  plein  vent 
dans  la  Bombes. 


Poiriers  Maturité. 

Beurré  Giffart juillet. 

Bon-chrétien  William août.  - sej) . 

Louise  bonne  d’.Vvranches sept.-oct. 

Duchesse  d’Angoulème oct.-nov. 

Epine  Dumas oct.-nov. 

Beurré  d’Apremont oct.-nov. 

Passe  Colmar nov.  àjanv. 

Bergamote  Espéren liivcr. 

Doyenné  d’Alençon hiver. 

Vauquelin hiver. 

Catillac  (à  cuire) hiver. 

Pruniers . 

De  Montfort tinjnil. 

De  Monsieur coin,  d’aoùl, 

Beine-Claude  verte août. 


Pommiers. 

Bcinette  d’Angleterre 

— de  (hmx 

— dorée 

— grise 

— de  Canada 

— C Lisse  t 

— calville  blanche 

— Cavillle  rouge  d’hiver 

Toutes  les  pommes  que  nous  citons  sr.id 
des  pommes  de  lin  d’automne  et  d’hiver. 


CULTURE  DÈS  VERGERS.  - III. 


Cerisiers.  , Maturité 

l’igarreaii  Jaboulay Jibn. 

— à gros  Iruils  rouges. . . fin  juijllet. 

< 3rise  anglaise  hâtive juin. 


Les  Poiriers  devront  tous  être  grelTés  sur 
ii’anc;  ils  seront  bien  plus  robustes  et  du- 
I eront  plus  longtemps  que  ceux  qui  auraient 
été  grelles  sur  Cognassier. 

On  pourrait  étendre  cette  liste  davantage; 
car  les  bons  fruits  ne  manquent  pas,  mais 
ceux  que  nous  recommandons  ont  fait  leur 
preuve  sous  notre  climat;  tandis  que  beau- 
coup d’autres,  excellentset  robustes  ailleurs, 
sont  ici,  ou  trop  délicats,  ou  trop  peu  sa- 
voureux. Par  conséquent,  il  vaut  mieux 
augmenter  le  nombre  de  ces  variétés  que 
d’en  introduire  d’autres , à moins  de  les 
avoir  étudiées.  Ce  que  nous  disons  là  s’ap- 
plique surtout  aux  Poiriers.  Pourrait-on 
croire  que  les  PoiresBeurré  gris,  Crassanne, 
Saint-Germain , Virgouleuse  et  beaucoup 
d’autres  sont  loin  d’être  bonnes,  môme  en 
espalier?  La  Bergamote  de  Pentecôte  est 
pres(iue  toujours  tachée  et  sans  saveur;  il 
lui  faut  l’espalier  au  levant. 

Malgré  le  cliaulage,  le  sol  de  la  Bombes 
ne  produit  que  des  fruits  de  médiocre  qua- 
lité, comparés  aux  mêmes  fruits  venus  dans 
d’autres  terrains. 

Nous  ne  voulons  pas  terminer  cette  no- 
tice sans  parler  du  Noyer.  Cet  arbre  est 
bien  plus  rare  dans  notre  localité  que  les 
arbres  fruitiers , et  il  y est  aussi  d’une  vé- 
gétation bien  plus  languissante.  C’est  qu’en 
elfet,  il  vient  mal  dans  les  terrains  dépour- 
vus de  calcaire,  et  surtout  dans  ceux  à sous- 
sol  peu  profond  et  humide;  c’est  pour  cela 
qu’il  prospère  si  bien  sur  les  pentes  et  dans 
les  vallées  calcaires  duBugey,  de  l’Isère,  etc. 

Cet  arbre,  précieux  sous  plus  d’un  rap- 
iiort,  devra  être  planté  dans  le  verger  du 
côté  où  régnent  les  plus  grands  vents,  si  la 
position  du  terrain  le  permet;  il  abritera  les 
arbres  fruitiers,  et  donnera  une  abondante 
récolte  de  noix.  Ce  fruit  est  bien  apprécié 
danslesfarnilles,  tout  le  monde  le  mange  avec 
[ilaisir,  et  quand  la  récolte  dépasse  la  con- 
.-ommation  ordinaire,  on  peut  l’utiliser  en 
on  faisant  une  huile  fort  estimée  dans  la 
cuisine. 

M.  Paul  de  Mortillet  a eu  l’heureuse  idée 
de  faire  connaître  par  une  note  écrite  dans 
la  Revue  J novembre  18G3,  les  avantages 
qu’il  y a à cultiver  les  Noyers  greffés,  de 
préférence  à ceux  qui  viennent  de  semis. 
Nous  sommes  tout  à fait  de  son  avis,  et  nous 
ne  saurions  trop  insister  sur  ce  point.  On 
plante , dit-il,  dans  la  vallée  de  l’Isère, 
pour  les  noix  de  dessert  : la  Mayette,  la 
Parisienne  et  lixFranqueHe;  et  comme  noix 
à huile:  la  Saint-Jean  et  la  Cliabeiie. 

Les  Noyers,  prenant  des  dimensions  plus 
grandes  que  les  autres  arbres  fruitiers,  de- 
vront être  distancés  davantage  : 8 à 10 


13  J 

mètres,  et  même  plus  dans  les  terrains  pro- 
fonds et  riches. 

Cet  arbre  craint  les  gelées  tardives  du 
printemps,  qui  détruisent  les  jeunes  bour- 
geons et  font  perdre  la  récolte.  Par  consé- 
quent, sa  place  sera  plutôt  sur  un  mamelon 
un  peu  élevé  que  dans  un  fond  où  les  gelées 
printanières  sont  à craindre. 

RécÀjlle  et  conservation  des  fruits.  — 
Tous  les  fruits  d’été  et  d’automne  'doivent 
être  cueillis  aussitôt  qu’ils  acijuièrent  leur 
maturité,  ce  qui  se  reconnaît,  pour  les  Poi- 
res, à la  teinte  un  peu  jaunàtrequ’ellespren- 
nent  pour  la  plupart  à cette  époque,  et  à leur 
chute  de  l’arbre,  qui  se  fait  naturellement. 

Les  Poires  d’été  sont  meilleures  quand  on 
les  cueille  quelques  jours  avant  leur  matu- 
rité complète  qu’on  doit  leur  laisser  acqué- 
rir au  fruitier.  Les  Poires  et  les  Pommes 
d’hiver  seront  cueillies  du  commencement 
à la  fin  d’octobre,  selon  que  l’année  aura 
été  chaude  ou  froide. 

La  récolte  devra  toujours  être  faite  jiar 
un  beau  temps,  et  les  fruits  verreiix,  tachés 
ou  contusionnés,  ne  pouvant  se  garder  long- 
temps, ne  seront  pas  portés  au  fruitier;  ils 
seront  mis  dansun  autre  local  pour  être  con- 
sommés au  plus  tôt. 

Fruitier.  — Pour  bien  conserver  les 
fruits,  on  choisit  une  pièce  au  rez-de-chaus- 
sée où  la  gelée  ne  pénètre  pas,  une  cave 
sèche  est  fort  convenable  parce  que  la  tem- 
pérature y varie  peu.  On  peut  se  servir  éga- 
lement d’une  chambre  au  premier  étage, 
mais  il  faut  y allumer,  durant  les  fortes 
gelées,  un  réchaud  de  charbon  pour  empê- 
cher le  froid  d’y  pénétrer. 

Les  fruits  seront  visités  deux  eu  trois  fois 
par  semaine  pour  enlever  ceux  qui  sont  ta* 
chés  et  qui  gâteraient  leurs  voisins; on  pro- 
fitera de  ce  moment  pour  renouveler  l’air, 
si  l’humidité  contenue  dans  le  fruitier  est 
trop  grande.  L’obscurité  est  nécessaire  à 
leur  conservation  ; on  fera  donc  mettre  des 
volets  aux  croisées. 

Lorsqu’on  a fait  choix  d’un  emplacement 
pour  le  fruitier,  on  fait  faire,  tout  le  tour 
des  murailles,  des  rayons  en  planches,  lar- 
ges de  0'n. 50,  que  l’on  place  à 0'».30  les 
unes  au-dessus  des  autres.  Chaque  rayon 
sera  bordé  d’une  petite  planche  présentant 
une  saillie  de  0"L03,  afin  d’empêcher  les 
fruits  de  tomber  quand  on  les  touche.  C’est 
sur  ces  rayons,  placés  horizontalement,  que 
les  fruits  sont  déposés  les  uns  à côté  des 
autres  en  se  touchant  légèrement  ; mais  en 
évitant  de  les  entasser. 

On  n’ouvrira  pas  les  fenêtres  pendant  la 
gelée,  afin  que  le  froid  ne  pénètre  pas  dans 
le  fruitier,  mais  on  pourra  ouvrir  les  portes 
intérieures  pour  l’aérer. 

Quelques  personnes  prétendent  que  le 
fruitier  doit  être  constamment  fermé  pour 


3 36  CULTURE  DES  VERCEUS.  li» 


mieux  assurer  la  conservation  des  fruits. 
Cela  nous  a toujours  mal  réussi.  C’est  pour- 
quoi nous  recommandons  de  renouveler  l’air 
de  temps  en  temps;  c’est  un  moyen  de 


chasser  rhumiditc  que  déi^agent  les  fruits, 
et  d’atténuer  l’elfet  de  la  pourriture. 

Verrier, 

Jardiiiier-clief  à l’Ecol(!  d’a^^iiculliTe 
de  La  Saulsaie  (Ain), 


SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  D’HORTICULTURE. 


Séance  du  8 février.  — M.  le  maréclial 
Vaillant,  président  de  la  Société,  envoie  des 
liaricots  de  Smyrne,  provenant  de  graines 
(jui  ont  été  olfertes  l’année  dernière  par 
M.  Lesèble,  de  Tours.  M.  Lesèble  avait 
donné  ces  haricots  comme  étant  vivaces  et 
portant  des  racines  comestibles.  M.  le  maré- 
chal Vaillant  les  a exprimentés  dans  son 
jardin  de  Vincennes,  et  il  a reconnu  que  les 
racines  sont  en  effet,  cette  année,  en  fort 
bon  état,  mais  qu’elles  sont  trop  peu  déve- 
loppées pour  qu’on  puisse  lesuliliser  comme 
aliments.  M.  Louesse  regarde  cette  circon- 
stance comme  étant  à l’appui  de  son  opi- 
nion; cette  variété,  dit-il,  n’est  autre  que  le 
Haricot  d’Espagne,  qui  passe  bien  l’hiver  en 
pleine  terre,  si  l’on  a soin  de  le  couvrir,  et 
dont  les  racines  atteignent  une  dimension 
égale  à celle  des  Céleris-raves. 

M.  Lhütellier,  jardinier  à Chelles  (Seine- 
et-Marne),  présente  des  spécimens  de  ses 
. cultures  d’ Ananas.  Il  se  sert  de  bâches  en 
bois  non  chauffées  au  thermosiphon,  mais 
garnies  d’une  couche  de  marc  de  raisin  re- 
couvert de  sciure  de  bois  blanc.  Ces  couches, 
laites  au  mois  d’octobre,  atteignent  et  con- 
servent dans  leur  intérieur  une  tempéra- 
ture de  30  à 37  degrés,  et  l’air  des  bâches 
s’élève  à 10  et  i25  degrés. 

M.  Léon  Rameau  obtient  aussi, sous  châs- 
sis, des  Pommes  de  terre  en  primeur.  Il  a 
})u,  au  8 février,  faire  déjà  trois  récoltes. 

Le  comité  de  lloriculture  accorde  une 
prime  de  classe  à MM.  Thibaut  et  Kéte- 
lôer  pour  un  Auciiha  japouica  portant  des 
fruits.  On  ne  possédait  jusqu’ici  dans  les 
cultures  que  des  sujets  femelles,  et  c’est 
l’introduction  récente  du  pied  mâle  en 
France  qui  a permis  d’obtenir  le  phéno- 
mène mis  sous  les  yeux  de  la  Société.  La 
Revue  reviendra  sur  ce  sujet  avec  de  plus 
amples  détails.  — MM.  Thibaut  et  Kételêer 
présentent  en  outre  un  exemple  d’un  fait 
physiologique  curieux.  C’est  un  Oranger 
obtenu  par  une  bouture  de  feuille  combinée 
avec  une  greffe  en  placage.  Voici  comment 
s’exprime  M.  Duchartre  à ce  sujet,  dans  le 
Journal  de  la  Société  centrale  d’horticul- 
ture : 

« On  sait  que  l’Oranger  peut  être  inulliphé 
par  boutures  de  feuilles.  Dans  son  ouvrage  pu- 
. hlic  en  1714  et  1717,  dont  une  traduction  fran- 
(,aise  a été  donnée  en  17^20,  sous  ce  titre  : UH- 
gviculturc  pavfaile,  Agricola  rapportait  les 
succès  qu’il  avait  obtenus  en  essayant  de  bou- 


turer cet  arbre  de  cette  manière.  M.  Auber, 
jardinier,  qui,  il  y a trois  ans,  a confié  la  plante 
en  question  aux  présentateurs,  a donc  bouturé 
une  feuille;  ensuite,  àla  face  inférieure,  il  en  a 
entaillé  longitudinalement  la  côte  médiane  de 
manière  5^  y poser  une  greffe  en  placage,  et  if 
a maintenu  la  greffe  en  place  au  moyen  de 
quelques  ligatures,  faites  avee  du  lil  qui  formait 
anneau  autour  des  deux.  Le  pétiole  delà  feuille 
s’est  enraciné  ; la  greffe  a repris  et,  son  bour- 
geon se  développant,  il  s’est  produit  une 
lige  dont  la  base  paraît  être  formée  à moi- 
tié par  le  pétiole  et  le  bas  de  la  côte  deve- 
nus ainsi  ligneux  et  persistants,  [à  moitié  par 
le  ramule  greffé  en  placage.  Deux  saillies  laté- 
rales indiquent  encore  aujourd’hui  les  deux  bords 
du  pétiole  et  de  la  côte.  » 

M.  Duchartre  fait  remarquer  l’influence 
que  la  greffe  a exercée  dans  ce  cas  sur  le 
sujet  qui,  peu  durable  de  sa  nature,  puisque 
ce  n’était  qu’une  feuille,  est  devenu  ligneux, 
et  vivace  comme  toute  tige  ligneuse.  Le  sa- 
vant secrétaire-rédacteur  de  la  Société  rap- 
pelle encore  une  greffe  de  Liseron  vivace 
faite  par  Madame  Vilmorin  sur  le  Convol- 
mlus  Iricolor,  espèce  annuelle;  cette  der- 
nière est  devenue  vivace  à la  suite  de  l’opé- 
ration. 

A coté  de  l’Oranger  que  nous  venons  de 
citer,  on  admire  deux  belles  Orchidées  par- 
ffiitement  fleuries  exposées  par  M.  Rivière; 
ce  sont  ÏOiiddium  Cavcndühianum  et  le 
Phajus  grandiflorus.  M.  Rivière  donne 
quelques  détails  sur  la  multiplication  de 
cette  dernière,  qu’il  opère  environ  trois 
semaines  après  la  floraison,  au  moment  où 
l’on  voit  pousser  les  bourgeons  de  la  base; 
il  retire  alors  ses  plantes  de  terre,  et  sépare 
chaque  touffe  avec  la  serpette,  en  deux  ou 
trois,  selon  le  nombre  des  pseudo-bulbes 
qui  s’y  trouvent  formés.  Il  plante  ceux-ci 
dans  un  mélange  de  terre  de  bruyère  et.de 
sphagnum;  en  en  mettant  dans  un  grand 
pot  trois  ou  quatre  pieds  ainsi  obtenus,  on 
a des  touffes  énormes  qui  fleurissent  abon- 
damment. 

Nous  avons  parlé,  il  y a quelque  temps, 
des  objections  élevées  par  M.  Gosselin  con- 
tre le  procédé  de  M.  Constant  Charmeux, 
([ui  permet  de  supprimer  l’accolage  des 
Vignes.  Cedernierdélèndaujourd’huide  nou- 
veau son  opinion  : depuis  trois  ans  que  la 
suppression  de  l’accolage  est-  adoptée  à 
Tiiome.ry,  on  a reconnu  que  les  Raisins  de- 
viennent })lus  beaux  sur  les  pieds  do  Vigne 
non  accolés.  L’opération  est  longue  à faire; 


SÉANCES  DE  EA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  D’HORTICULTURE, 


OU  est  obligé  de  la  commencer  très-lot,  ce 
qui  amène  la  rupture  de  beaucoup  de  jets 
alors  très-cassants;  onia  termine  tard,  au 
moment  ou  les  grains  déjà  formes  ont  be- 
soin de  l’ombre  des  feuilles  dont  on  les 
prive.  Quant  auv  vrilles,  comme  elles  s’en- 
roulent sur  un  mince  tîl  de  fer,  elles  per- 
dent de  leur  vigueur  et  sont  pour  ainsi  dire 


irt 

avortées;  bien  peu  d’entre  elles  s’accrocbcnt 
aux  sarments,  et  elles  no  peuvent  nuire  à la 
mise  en  sac,  puiscpi’on  doit  les  enlever  en 
ébourgeonnant.  Telles  sont  les  raisons  (jue 
donne  M.  Constant  Gliarmeux  pour  justiticr 
la  prati(|ue  do  la  suppression  de  Taccolage 
des  vignes. 

A.  Ferlet. 


ECIIINOCACTUS  HORIZONTHALONIUS. 


I)ans  une  note  adressée  cà  la  Revue  hor- 
tkole(n^  du  IG  septembre  18G5,  page  350), 
au  sujet  de  V Echinocfictus  iLorizonthaloulus 
NoB.\jcon,  Cad.  c.  ic.  etTenkm.  Monogr. 
inédit.),  et  non  horizonTAlonins,  comme 
l’écrit  deux  fois  l’auteur  dans  cette  note, 
M.  Palmer  dit  ; ((  Que  l’individu,  qui  vient 
de  fleurir  chez  lui,  dilfère  beaucoup  de  celui 
(}ue  j’ai  décrit  et  figuré,  et  qui  pèche  un 
peu  par  le  coloris la  forme  est  apla- 

tie,.... etc.  )■)  Je  réponds  tout  d’abord  à cette 
observation  que,  toutes  les  plantes  décrites 
et  figurées  dans  mon  Iconographie  des  Cac- 
tées Pont  été  avec  le  soin  le  plus  scrupaleiix 
des  formes  et  du  coloris,  que  jamais,  dans 
aucun  ouvrage  iconographique  ce  sdn  n'a 
été  porté  pins  loin;  que  toutes  les  planches,  su- 
périearemenl  onlété  gravées  en  taille-douce, 
coloriées  au  pinceau  avec  la  plus  grande 
exactitude,  d’après  les  peintures  à l’huile 
d’un  excellent  artiste;  enfin  que  le  tout  a été 
exécuté  sous  les  yeux  d’un  homme  très-con- 
naisseur, et  excessivement  vétilleux  cà  l’égard 
de  la  ressemblance  des  dessins,  sans  par- 
ler de  mon  contrôle  particulier. 

Si  la  forme  du  caudex  est  aplatie  dans 
l’individu  de  M.  Palmer,  et  elle  est  telle  dans 
tous  ceux  qui  nous  arrivent  de  leur  pays 
natal,  c’est  l’alfaire  (Vune  culture  mal  ap- 
propriée. En  effet,  nous  amms  vu  maintes 
fois,  dans  l’ancienne  et  célèbre  collection 
Monville,  ces  intéressants  Echinocactes  car- 
rivés  ])lats,  disciformes,  se  gonfler  bientôt, 
sous  l’inlluence  d’une  culture  trop  géné- 
reuse peut-être,  et  devenir  subglobuleux; 
forme  naturelle  à toutes  les  espèces  de  ce 
beau  genre. 

L’honorable  amateur  cajoute  ; « L’appareil 

ILEI  AOUIFOLIUÎ 

Dans  l’impossibilité  où  je  suis  de  caixac- 
tériser  cette  variété  si  remarquable  du 
Houx  commun  pcar  un  qualificatif  scientifi- 
que, je  préfère  lui  en  donner  un  qui  par  lui- 
même  n’a  pas  de  significalion,  afin  qu’il  n’ang- 
meule  pas  les  confusions  déjà  si  nombreu- 
ses; je  dirai  seulement,  comme  rorise’;:;ne- 
ment  général,  que  le  Iloux  Mudume  liix'l 
appcartientà  la  calégorie  des  variété>  .'i  ' juil- 


épiiieux  est  fortement  adprimé  (il  a voulu 
dire  sans  doute  appiumé!)  contre  les  côtés, 
et  de  là  vient,  je  présume  son  nom  iVhori- 
zo)ithalonius  (quoique parallèle  avec  la  sur- 
face de  la  plante  serait  un  terme  plus  exact, 
dit-il,  en  notel)  Celte  critiijue  en  7iote  n’a 
aucun  fondement,  et,  l’étymologie  de  mon 
nom  spécifique  serait,  je  vais  plus  loin 
que  M.  Palmer,  serait  absurde  si  je  l’avais 
basée  d’après  la  disposition  des  aiguillons! 
mais  puisque  M.  Palmer  jio-sx'ctfc  et  cite  mon 
ouvrage,  comment  se  fait-il  qu’avant  de 
trouver  mauvaise  ladite  étymologie,  il  ne  se 
soit  pcTS  donné  la  peine  de  consulter  à cet 
égard  Ven-tête  de  l’article  que  j’ai  écrit  au 
sujet  de  l’Echinocacte  qui  nous  occupe?  il 
y aurait  lu  ce  qui  suit!  étymologie 

NOM  SPÉCIFIQUE,  (ovxo;)  horizoïi;  àlor/io/ 

aréole. 

C’était  une  allusion  toute  rationnelle  à la 
situation  de  l’aréole  (et  mieux  tgléole)  chez 
cette  plante,  où  elle  est  transversale  (hori- 
zontale donc),  et  non  verticale,  comme 
c’est  le  cas  le  plus  général  chez  les  Echi- 
iiocactes,  et  qui  est  ici  à peu  près  exception- 
nel. 

En  dernier  mot  : les  formes  florales  dans 
notre  planche  sont  irréprochables;  seule- 
inenf,  comme  la  Heur  représentée  apjiro- 
chait  de  son  déclin,  l’artiste  lui  a donné 
une  teinte  plus  pâle  ;daiissa  période  moyenne 
de  vie,  elle  est,  comme  le  dit  notre  Aristar- 
(pie,  iVuu  rose-rose > 

Quand  on  veut  faire  de  la  critique,  et  la 
critique  a du  bon,  il  faut  la  faire  à bon  es- 
cient et  avec  justice. 

Ch.  Lemaire, 

Professeur  de  botaiiiriuc,  à Gaiid. 

MADAME  BRIOT. 

les  bordées  de  jaune;  voici  les  caractères 
qu’il  présente  : 

Plante  vigoureuse. — Tige  droite.  — Branches 
étalées,  légèrement  ascendantes.  — Ecorce 
rouge  foncé,  brunâtre.  — Feuilles  assez  longues 
et  larges,  élégannnent  dentées,  à dents  larges, 
allernalivenient  relevées,  mucronées,  très-ai- 
giiês,  liordées  d’un  très-beau  jaune,  ([ui  est 
parfois  légèrement  violacé,  vert  foncé,  lui- 


138 


iLex  aquifolium  madame  briot. 


sanies  en  dessus,  plus  pâle  et  connue  un  peu 
glaucescenles  en  dessous,  à })éüolerouge  comme 
récorce,  couleur  qui  s’étend  souvent  à la  ner- 
vure médiane  qui,  chez  les  jeunes  feuilles,  est 
entièrement  rouge  foncé.  - 

Celte  variété,  l’une  des  plus  belles  du 
genre,  est  très-constante  bien  que  vigou- 
reuse; elle  a été  obtenue  par  M.  Briot,  jar- 
dinier en  chef  des  pépinières  de  l’état,  à 
Trianon,  homme  dont  les  connaissances  ne 


sont  eflacées  que  par  la  modestie,  et  â qni 
l’horticulture  est  redevable  d’une  quantité 
considérable  de  variétés  très-précieuses  ; j’ai 
donc  cru  ne  pouvoir  mieux  faire  que  de  la 
dédier  à son  épouse.  Madame  Briot. 

Inutile  de  dire  que  cette  variété  est  très- 
rustique  et  que  sa  multiplication  se  fait  de 
la  même  manière  que  celle  de  toutes  les 
autres  variétés  que  présente  le  Houx  com- 
mun. Carrière. 


ACACIA  LONGISSIMA  GLAUCA  PENDULA. 


VAcacia  longissima  glauca  pendula  est  - 
un  arbre  originaire  delaNouvelle-Hollande, 
qui  fait  à Ilyères  l’admiration  des  amateurs 
d’horticulture  et  de  botanique.  Il  est  remar- 
quable par  son  long  feuillage  et  par  la  dis- 
position de  ses  graines  pendant  par  chape- 
lets de  0"\25  de  longueur,  et  produisant  le 
plus  joli  effet. 

V Acacia  longissima  glauca  pendula  com- 
mence cà  fleurir  au  mois  d’août  et  sa  flo- 
raison dure  jusqu’à  la  fin  de  novembre. 
Sous  le  climat  méditerranéen,  il  mûrit 
ses  graines  aux  mois  d’août  et  de  sep- 


tembre, une  année  après  la  floraison.  Oti 
le  multiplie  de  semence.  L’exemplaire  que 
nous  avons  observé  à Ilyères,  chez  M. 
Martin  Blech,  près  la  place  des  Palmiers, 
a été  planté  en  1855;  il  atteint  aujour- 
d’hui 15  mètres  de  hauteur;  la  circon- 
férence 'de  son  tronc,  prise  à la  base 
près  de  terre^  est  de  r'.25.  11  a donné  des 
graines  fertiles  après  la  huitième  aunée  de 
plantation. 

Rantonnet, 

chef  de  la  section  des  graines 
de  la  Compagnie  horticole  d’Hycres, 


SUR  L’ACCLIMATATION  DES  VÉGÉTAUX. 


üii  croyait  autrefois  que  la  culture  d’une 
Itlante  exotique  longtemps  pratiquée  dans 
certaines  conditions  devait  modifier  son 
leiniiérament  au  point  de  pouvoir  l’amener 
à vivre  et  à se  reproduire  sous  un  climat 
qui  lui  est  naturellement  défavorable,  qu’une 
jilante  de  pays  chaud,  par  exemple,  pouvait 
s’habituer  graduellement  à un  climat  froid 
en  la  cultivant  d’abord  en  serre  chaude, 
puis  plus  tard  en  serre  tempérée,  la  faisant 
passer  de  celle-ci  à un  abri  moins  chaud  et 
ainsi  de  suite  jusqu’à  ce  qu’elle  soit  devenue 
apte  à vivre  en  plein  air  et  c’est  ce  qu’on 
appelait  acclimater  une  plante;  mais  l’expé- 
rience a démontré  que  cette  acclimatation 
est  une  chimère,  et  on  donne  aujourd’hui 
à ce  mot  une  signification  moins  préten- 
tieuse. C’est  qu’en  effet  tout  ce  qu’on  peut 
laire  en  matière  d’acclimatation  est  de  consta- 
ter, après  expérience  faite,  que  le  végétal  a 
trouvé  dans  le  lieu  oû  on  l’à  importé  un 
climat  qui,  s’il  n’est  en  tout  semblable  au 
sien,  présente  du  moins  des  conditions  dont 
ce  végétal  peut  s’accommoder. 

Mais  il  est  des  personnes  qui  croient  en- 
core à la  possibilité  de  l’acclimatation  et 
qui  pensent  en  donner  une  explication  sa- 
tisfaisante en  disant  que  si  le  végétal  im- 
porté ne  s’acclimate  point,  on  peut,  en 
semant  les  graines  qu’il  produit,  obtenir 
des  variétés  de  plus  en  plus  robustes, 
et  finalement  en  trouver  (|uel({u’une  assez 


résistante  pour  braver  les  rigueurs  du  cli- 
mat. C’est  compliquer  la  question  sans  la 
résoudre;  car  cette  raison,  toute  bonne 
qu’elle  puisse  paraître,  ne  repose  pourtant 
sur  rien  de  prouvé  et  appartient  au  domaine 
des  suppositions.  En  effet,  depuis  le  temps 
que  l’on  sème  des  graines  de  plantes  de 
serres  mûries  sous  notre  climat,  on  ne  voit 
pas  que  le  commerce  en  ait  annoncé  des 
variétés  acclimatées,  ce  qu’il  n’aurait  pas 
manqué  de  faire  si  le  cas  s’était  présenté. 
Les  variétés  de  Maïs,  de  Vigne,  etc.,  qui  réus- 
sissent sous  des  climats  septentrionaux  oû 
la  plupart  des  autres  variétés  de  ces  mêmes 
plantes  ne  peuvent  mûrir  leurs  fruits,  ne 
prouvent  rien  en  faveur  de  l’acclimatation, 
on  ne  doit  voir  là  que  des  variétés  hâtives 
pouvant  convenir  aux  contrées  oû  les  cha- 
leurs durent  peu,  qui  ont  été  obtenues  par 
sélection  dans  des  contrées  souvent  plus 
méridionales  et  qui,  dans  ce  cas,  peuvent 
servir  à faire  voir  jusqu’à  quel  point  vers 
le  nord  leur  espèce  peut  être  exploitée  avec 
profit  par  le  cultivateur.  J’observerai  d’ail-  ’ 
leurs  que  s’il  n’est  pas  démontré  que  l’on 
puisse  obtenir  par  les  semis  des  variétés 
plus  rustiques  que  leurs  types,  en  revan- 
che on  peut  en  citer  de  plus  délicates  obte- 
nues par  ce  moyen,  et  il  semble  même 
que  c’est  la  marche  que  prend  la  nature  en 
ce  qui  concerne  les  variétés  cullivées. 
Plus  une  variété  est  parfaite  au  point  de 


SL'U  L’ACCLIMATAI  ION  DES  VÉCÊTACX. 


139 


vue  liurlicülc,  el  plus  sa  cuUurc  réclanie  de 
soins  et  d’altenlions.  IN’avüus-uüus  pas  des 
variétés  qui  craii^Mieul  le  froid,  «^ui  réclament 
un  abri  pour  Hiiver,  et  dont  cependant  les 
types  sont  indigènes.  Ce  fait,  qui  est  attesté 
par  les  prescriptions  du  Bon  Jiirdinier,  n’est 
pas  favorable  à l’idée  de  l’acclimatation  au 
moyen  de  variétés,  il  faut  bien  en  con- 
venir. 

Il  est  à remarquer  ({ue  dans  tout  ce  qui  a 
été  dit  au  sujet  de  racclimatation,  il  n’a 
été  ([uestion  que  d’babituer  au  froid  les 
plantes  des  pays  chauds  et  qu’il  n’y  est 
[loint  parlé  d’acclimater  les  végétaux  des 
contrées  froides  dans  les  régions  chaudes, 
(^et  autre  mode  d’acclimatation  serait  pour- 
tant nécessaire  pour  que  le  système  fut 
complet;  mais  l’impossibilité  de  le  mettre 
en  pratique,  pour  être  moins  connue,  n’en 
est  pas  moins  réelle,  et  l’expérience  le  dé- 
’nontre  en  peu  de  temps. 

Par  ce  qui  précède  on  voit  que  je  ne  suis 
|ias  partisan  de  ce  qu’on  appelle  acclimata- 
lion.  lié  bien,  il  est  pourtant  vrai  qu’en  un 
sens  l’acclimatation  existe  : c’est  dans  le  cas 
où  les  plantes  importées,  pouvant  normale- 
ment réussir  sous  leur  nouveau  climat  y 
subissent  d’abord  certaines  vicissitudes  que 
l’on  pourrait  comparer  aux  malaises  qu’é- 
prouvent les  homMies  qui  résident  depuis 
|)'-u  de  temps  dans  une  colonie  nouvelle 
pour  eux  tant  qu’ils  ne  sont  pas  acclimatés. 
Je  vais  en  citer  quelques  exemples  pris 
dans  la  culture  potagère  en  Louisiane  : dans 
ce  pays,  les  choux  et  les  navets  de  toutes 
sortes  obtenus  au  moyen  de  graines  impor- 
tées ne  montent  et  ne  fleurissent  que  difli- 
cilement  et  incomplètement';  et  ceux  qui 
parviennent  à produire  des  graines  n’en 
iournissent  qu’en  petite  quantité,  mais  les 
sujets  qu’on  en  obtient  sont  vigoureux, 

’ Les  tiges  llorales  ne  s’élèvent  qu’à  0"Cl5  on 
0'’>.20  et  la  plus  grande  partie  des  Heurs  avortent. 

REVUE  COMMERCIAL 

Légumes  frais.  — Carottes  pour  chevaux, 
de  U)  à l'2  fr.  les  100  hottes;  c’est  un  taux 
presque  invariable;  les  Carottes  ordinaires,  qui 
avaient  atteint  ^18  fr.  })endant  la  dernière  quin- 
zaine sont  redescendues  à 20  et  25  fr.  les 
100  hottes,  mais  avec  tendance  à la  hausse.  — 
Ces  Carottes  d’hiver  ne  sont  plus  cotées  (jue  A 
à 5 fr.  l’hectolitre.  — Les  Panais  ordinaires  se 
vendent  18  fr.  les  100  bottes,  comme  il  y a 
quinze  jours;  les  plus  beaux  sont  augmentés  de 
A fr.  et  valent  24  fr.  — Le  prix  des  Navets  est 
de  10  à 25  fr.  les  100  hottes.  — La  Pomme  de 
terre  de  Hollande  se  paie  de  (3  h . à G'  . 50  l’hec- 
lolitre;  la  Vitelotte  de  12  à 13  fr.  ; la  Pomme 
de  terre  jaune  de  4 fr.  <à  4T.50;  la  Pomme  de 
terre  rouge  de  G fr.  à Gt.50.  — Les  Poireaux 
sont  cotés  de  20  à 30  fr.  le  100,  comme  au  com- 
mencement de  mars.  — Les  Choux  les  plus 


mieux  constitués  (|ue  leurs  iiarents  et  pro- 
duiseiit  beaueoup  de  graines,  ouïes  appelle 
((  choux  créoles,  » ils  sont  acclimatés.  L’oi- 
giion  de  cuisine  produit  par  des  graines  ve- 
nant d’Europe  ne  tourne  pas,  il  reste  eu 
ciboules  et  ne  produit  (jiie  de  mauvaises 
graines,  de  sorte  que,  pour  introduire  une 
variélé  nouvelle  d’oiguoii  dans  ce  pays,  ce 
n’est  pas  de  la  graine  qu’il  faut  y porter, 
mais  des  oignons  tout  venus,  les  y faire 
graintr  pour  se  servir  ensuite  de  la  graine 
mûrie  dans  le  pays,  et  ([ui  est  très-bonne; 
mais  qu’on  n’obtient  d’abord  qu’eu  faible 
(juantilé.  Des  semences  d’une  variété  vigou- 
reuse de  maïs,  mûries  en  Espagne,  ont  été 
semées  par  moi  en  Louisiane,  elles  ont  pro- 
duit des  plantes  qui  ne  se  sont  élevées  (ju’à 
0‘".75  de  hauteur  et  n’ont  fourni  que  (piel- 
(jues  graines,  la  première  année  mais  à la 
deuxième  génération  les  plantes  ont  atteint 
3'''.50dehauteuretont  produit  de  beaux  épis. 
S’il  était  prouvé  que  le  maïs  soit  originaire 
de  l’Amérique  Mexicaine,  ce  serait  un  cas 
de  réacclimatation.  Je  pourrais  multiplier 
ces  citations;  mais  celles-ci  doivent  suffire 
pour  donner  une  idée  de  ce  qu’à  mon  avis 
on  i)eut  appeler  acclimatation. 

Un  fiiit  remarquable  est  que,  tandis  que 
les  végétaux  originaires  du  sud  des  Etats- 
Unis  d’Amérique  réussissent  passablement 
dans  le  midi  de  la  France,  les  plantes  de 
cette  contrée  font  triste  figure  ou  meme  ne 
réunissent  point  du  tout  en  Amérique.  Celte 
différence,  qu’il  faut  sans  doute  attribuer  à 
l’état  hygrométrique  de  l’atmosphère,  qui 
est  loin  d’être  le  même  dans  ces  deux  cli- 
mats, donnerait  à penser  qu’à  conditions 
égales  d’ailleurs,  les  végétaux  naturels  d’un 
pays  où  l’atmosphère  est  humide  pourraient 
jusqu’à  un  certain  point  réussir  dans  un 
pays  sec;  mais  que  les  plantes  des  contrées 
sèches  ne  sauraient  s’accommoder  d’une  trop 
grande  humidité  atmosphérique. 

A.  GUlLLlEli. 

î (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  MARS. 

ordinaires  ont  doublé  de  prix  ; on  les  vend 
10  fr.  le  100;  ceux  de  belle  ({ualilé  valent  25  fr. 
avec  une  hausse  de  5 fr.  — Les  Choux-Hcnrs 
de  Oretagne  se  vendent  de  50  à 100  fr.  le  100* 
— Les  Oignons  en  grains  sont  cotés  de  10  à 
14  fr.  l’heclolilre  avec  une  hausse  moyenne  de 
4 fr.  — Ou  paie  les  Radis  roses  de  1 fr.  à U. 25 
la  hotte;  c’est  0.25  de  moins  (ju’il  y a ((uinze 
jours.  — Les  Radis  noirs  se  vendent  de  5 à 
10  fr.  le  100.  — Le  Céleri  vaut  toujours  de  1 à 
2 fr.  la  botte  ; le  Céleri-rave  de  (jf.25  à 0C30 
la  pièce.  — Les  Champignons  conservent  leur 
prix  normal  de  0C05  à OC  10  le  manivcau.  — 
On  vend  les  Salsilis  de  0C25  à0f,30  lahotle,  et 
les  Choux  de  Bruxelles,  de  O*  . 30  à OC  40  le 
litre. 

Herbes  et  assalsomements.  — L’Ail  seul  est 
augmenté  dans  cette  catégorie  de  denrées  ; on 


Î\EVCE  commerciale  (DEUXIEME  QUINZAÎAE  DÉ  MARS). 


140 

li;  paie  de  4 à G fr.  au  lieu  de  3 à 5 fr.  le  pa- 
(|uet  de  ^25  hottes.  — Les  Epinards  ont  atteint 
le  prix  de  0L70  le  paquet;  aujourd’hui  ils  coû- 
tent de  0L30  à OLGO.  — L’Oseille  est  toujours 
cotée  de  ()f.30  à 0L40  le  paquet.  — Le  Cerfeuil 
se  vend  de  OCIO  à 0f.20  la  hotte  au  lieu  de 
(Jf.lO  à 0C30,  et  le  Persil  de  Qf.20  à ÜC30.  — 
La  Ciboule  et  le  Thym  valent  de  0C10  à OC15 
la  hotte;  ce  dernier  a vu  son  prix  maximum  dimi- 
nuer de  OClü  en  quelques  jours.  — li’Echalote 
est  cotée  de  0C40  à 0C70  la  hotte^  et  l’Estra- 
gon de  0L50  à 1 franc. 

Salades.  — La  llomaine  ordinaire  vaut  UCG^O 
la  hotte  de  quatre  têtes;  la  plus  helle,  qui  s’était 
vendue  i fr.  vers  le  milieu  du  mois  de  mars,  est 
revenue  au  prix  da  2 fr.  — La  Laitue  la  plus 
commune  se  paie  encore  4 fr.  le  100;  celle  de 
))remiére  qualité  est  descendue  de  14  à G fr. 
dans  l’intervalle  du  IX  au  2;^  mars.  — Les  Pis- 
senlits se  vendentdeOf.iOàüCXOle  kilogramme. 
“ Le  Cresson  ordinaire  vaut  de  OCGO  à 1 fr. 
la  hotte  de  12  hottillons,  avec  une  hausse  d'en- 
viron 0C30.  — La  Chicorée  frisée  est  toujours 
cotée  de  3 à 12  fr.  le  100.—  La  Chicorée  hlan- 
che  se  vend  de  OC  15  à 0C25  la  hotte.  — L’Es- 
carole  se  paie  de  5 à 8 fr.  le  100,  sans  chan- 
gement de  prix  depuis  quinze  jours.  — Les 
Mâches  valent  de  0C15  à OC 30  le  calais,  et  les 
Raiponces,  de  0C30  à 0C35. 

Fruits  frais.  — Le  Raisin  de  serre  le  plus 
ordinaire  se  vend  2C75  le  kilogr,  ; il  y a une 
Laisse  de  1C25  depuis  ({uinze  jours  ; le  plus 
beau  vaut  toujours  8 fr.  le  100.  — Les  Poires 
médiocres,  après  avoir  valu  70  fr.  le  100,  sont 
redescendues  à 50  fr.  ; celles  de  helle  qualité 
se  vendent  encore  115  et  120  fr.  — Les  Pommes 
communes  valent  toujours  5 fr.  et  les  plus 
belles  100  fr.  le  100. 

Fleurs  et  arbustes  d'ornement.  — Les  mar- 
chés aux  Heurs  du  commencement  de  cette 
(piinzaine  ont  été  particuliérement  remarqua- 
bles et  ont  présenté  une  animation  exception- 
nelle. C’est  que  la  Saint-Joseph  est  une  des 
grandes  fêtes  et  une  des  premières  de  l’année 
)>ar  son  importance.  Cette  solennité  est,  tous 
les  ans,  pour  l’horticulture  parisienne,  le  signal 
d’un  réveil,  d’une  helle  et  abondante  exhibition 
llorale,  en  même  temps  qu'elle  est  pour  les 
ileuristes  une  occasion  de  fructueuses  recettes. 
La  température  exceptionnellement  douce  dont 
nous  avons  joui  cet  hiver,  le  tem})s  magnifique 
(pi’il  faisait,  notamment  le  17  mars,  ont  parti- 
culièrement favorisé  le  marché  du  Quai  aux 
Heurs  de  ce  jour,  et  ont  donné  lieu  a une  des 
])lus  belles  expositions  marchandes  qu’il  nous 
été  donné  de  voir. 

Plantes  fleuries  en  ])ots>  — Azalées,  2J.50  à 
15  fr.  — Acacia  (Mimosa),  1C50  à 2C50. — 
Auhrietia  deltoïdea,  0C15  à 0C30.  — Arahette 
printanière,  ÜU5  à 0C30.  — Anthémis  fru- 
tescent, 1 fr.  à 2f.50.  — Anémone  hépalhique, 
UC  10,  à OC75.  — Amandier  de  Perse  à Heurs 
doubles,  1C25  à 2 fr.  — Amaryllis  hrasiliensis, 
2f.50  à 5 fr.  — Rruyéres  du  Cap  (Phylica),  1 fr. 
à 1C50.  — Bégonia,  OC75  à 1C50.  ■ — Rruvéïes 
(Erica),  OC 40  à 4 fr.  — Crocus,  0C25  à 0C5tC 

— Camellia,  3 fr.  à 15  fr.  — Citronniers,  ICto 
à 2 fr.  — Cinéraires,  0C50  à 1 fr.  — Coronilia 
glauca,  0C50  à 1 fr.  — Cyclamen,  2 fr.  à 2C50. 

— Coignassier  du  Japon,  1C25  à 1C50.  — Cy- 
iioglosse  printanière,  0C15  àOC25. — Capiuli.e 
ile  Lohh,  1C50  à 2fr.  — Crassula  lactea,  1 C50.  | 


— Correa,  1C50  à 2 fr.  — Chorizema,  1C5(»  à 
2C50.’ — Clematis  azurea,  2 à 3 fr.  — Diosma, 
1 à 2 fr.  — Daiiliné,  1C50  à 2 fr.  — Dielyli  a 
spectahilis,  0C75  à 1C50.  — Doronic  du  Cau- 
case, OC25  à 0C5O.  — Deutzia  gracilis,  0f.75à 
1C50.  — Epacris  2C50  à 3 h\  — Eicoïdes, 
0C50  à 0C75.  — Euchsia,  1 fr.  à 2C50.  — For- 
sythia viridissima,  OC75  à 1 fr.  — Cenista  ra- 
cemosa,  1 fr.  à 5 fr.  — Cirollées  jaunes,  OC25 
à Qf  50.  — Cirollées  Cocardeau,  0C50  à 1 fr. — 
Gardénia,  2C50  à 5 fr.  — Héliotrope,  0C50  à 
Ifr. — lloteia  japonica,  3 à 4 fr.  — llahrothan:  - 
nus,  '1C25ÎI  1C50.  — Jacinthes, 0C50  à 1 fr. — 
Kalmia  latifolia,  2C50  à 10  fr.  — Kennedya, 
1C50  à 2 fr.  — Lihonia  Horihunda,  1C50  à 2fr. 

— Lilas,  1 à 2 fr.  — Lachenalia,  OCGO  à 1 fr. 

— Laurier-Tin,  1 fr.  à 2C50.  — Metrosideros, 
lC50à3  fr.  — Narcisses,  OCIO  à 0C50. — Or  an- 
gers  (abondants  et  bien  Heuris),  2C50  à 15  fr. 

— Œillets  remontants,  1C25  à 1C50.  — Pitlo- 
spôrum  de  la  Chine,  1C50  à 5 fr.  — Pervenche 
petite,  0C20  à 0C40.  — Pensées,  OC15  à 0C30. 

— Pà(|uerettes  doubles,  OC  15  à 0C30.  — l'o- 
lygala,  2 à 3 fr.  — Primevères  des  jardins, 
ÔC20  à 0C30.  — Primevères  de  Chine,  0C30  à 
0C75.  — Pélargonium,  2C50  à 10  fr.  — Pime- 
lea,  2 à 3 fr.  — Rhododendrons,  3 à 15  fr.  — 
Rosiers  du  roi  et  autres,  1C50  à 2C50.  — Ro- 
sif3r  Bengale  Lawrence,  OC 50  à OC 75.  — Ré- 
séda, Of.75  à 1C25.  — Rochea  falcata,  1 fr.  à 
lf.50.  — Solanum  amomum,  0C50  à Of.75.  — 
Spirées,  Of.75  à lf.50.  — Saxifraga  sarmen- 
tosa,  Of.75  à 1 fr.  — Salvia  cardinalis,  lf.25  à 
lf.50, — Stapelia,  Of.75  h 1 fr.  — Tulipes, 
Qf.25  à Qf.50.  — Thlas})i  toujours  Heuri,  Of.75 
à lf.50.  — Véronicjues,  1 fr.  à 2f.50.  — Vie- 
Jette  des  quatre-saisons,  0f.l5  à 0f.30.  — 
Violette  de  Parme,  0f.50  à Of.75.  — Weigelia, 
1 f.50  à 2 fr. 

Plantes  vertes  et  à feuillage  ornemental 
pour  vases  et  appartements.  — Aspidistra,  2f.50 
à 15  fr.  — Agave,  lf.50  à 10  fr.  — Aloès, Of.75 
à 5 fr.  — Areca,  10  à 20  fr.  — Acacia  lophanta, 
Of.75  à lf.50.  — Aucuha,  lf.50à2fr.  — Achyiaui- 
thes  Verscliaffellii,  1 fr.  à lf.5ü.  — Rillhergia, 
5 à 10  fr.  — Régonia,  Of.75  à lf.50.  — Cype- 
rus  alternifolius,  Of.75  à 4 fr.  — Cordyliue 
indivisa,  10  :i20fr.  — Crassula  lucida,  1 à2fr. 

— Canna,  Of.75.  — Chamerops,  5 à 15  fr.  — 
Curculigo,  5 à 15  fr.  — Cinéraire  maritime, 
Of.75  à"lf.25.  — Dracœna  ruhra,  ff.50  à 5 fr. 

— Dracœna  congesta,  Of.75  cà  2f.50.  — Dra- 
cœna australis,  2f.50  à 5 fr.  — Dracœna  hra- 
siliensis, 3 à 5 fr.  — Dracœna  terminalis,  5 à 
1 5 fr.  — Ficus,  2f.50  à 15  fr.  — Fusains,  Ôf.50  à 
lf.50.  — Fougères,  Of.75  à 5 fr.  — Gynérium 
argenteum,  2f.50  àlOfr.  — Géranium  à feuilles 
de  Lierre,  lf.50  à 2 fr.  — Iris  à feuilles  pana- 
chées, 0f.50  à Of.75.  — Isolepis  gracilis.  0f.50 
à Of.75.  — Joubarbes,  Of.25  à 0f.50.  — Lyco- 
))odes  (Sélaginelles),  0f.50  à 1 fr.  — Latania, 
10  fr.  à 25  fr.  — Mahonia,  1 à 2 fr.  — Panda- 
nus,  8 à 25  fr.  — Phormium,  3 à 10  fr.  — l’er- 
venche  panachée,  Of.75  à 1 fr.  — Rhapis,  10  a 
l?fr.  — Richardia  (Calla  d’Ethiopie),  Of.75  à 
1f.50.  — Saxifrages,  Of.50  à 1 fr. 

Plantes  en  boanâches.  — Les  plantes  en 
arrachis  commencent  à arriver  en  assez  grande 
(juantité;  leur  ]U’ix  varie,  suivant  les  cs[)èces, 
entre  lf.25,  1f.50  et  3 IV.  la  hoiirrichécjde  six, 
douze  ou  vingt-ipialre  [liantes. 

A.  Eciuaa. 


CHKONIQUE  HORTICOLE 


(OHEMIÈHE  QEINZAIN.E  D’AVRIL). 


Les  Expositions  horticoles  de  J 806.  — Procliaiiies  Expositions  de  Montauhan,  de  Nantes.  — Extension  du 
rôle  des  nistituteurs  primaires  en  horticulture.  — Fondation  de  la  Chronique  aqrv:ole  de  l’Ain  — Envoi 
g;ratuit  de  ce  journal  aux  ineinhres  des  associations  agricoles  et  horticoles  de  l’Àin  — Prochairips  Exposi- 
tions  de  Doses  et  d’OKillets  à Bourg;  de  Strashourg,  de  Yalognes.  — Mesure  prise  parla  commission  de 
1 Exposition  universelle  de  Londres,  pour  l’affichage  du  prix  sur  les  plantes  exposées.  — Vente  aux  enchères 
(tes  produits  exposes.  — Sociétés  adhérentes  à l’aftiliation  avec  la  Société  royale  d’horticulture  d’Âu'vleterre 
roposition  de  concours  de  gan;ons  jardiniers  dans  les  Expositions.  — Questions  mises  au  Concours  par- 
les Sociétés  d horticulture  du  Klmne  et  de  Marseille.  — Cours  d’arboriculture  de  M.  Gressent,  dans  l’Indre 
et  dans  Seine-et-Oise.  — Lettre  de  M.  Palmer  mvVEchinoeaehis  horhonihalonvm.—  heüvc,  (ie  M Cosson 
sur  la  decouverte  de  V Aines  numidica,  — Exploration  hotaniciue  de  l’Algérie.  — Etude  des  climats  alcc- 
riens  au  point  de  vue  de  l’acclimatation.  — Notice  sur  Henri  de  la  Perraudière.  — Lettre  de  M d’Au- 
vers  sur  1 emploi  de  l’Igname  contre  le  scorbut  de  mer.  — Lettre  de  M.  Sisley  relative  à la  destruction 
des  ciiocerespar  le  coaltar.  — Floraison  de  V Amherslia  nobilis  à Chatsworth,  ’ 


La  série  des  expositions  horticoles  vient 
de  commencer,  pour  180(3,  avec  le  mois 
d’avril.  Aussi  devons-nous  nous  hâter  de 
taire  connaître  les  programmes  qui  nous 
parviennent  encore  pour  celles  de  ces  solen- 
nités qui  doivent  avoir  lieu  au  printemps. 

La  Société  d’horticulture  et  d’acclimata- 
tion'du  département  de  Tarn-et-Garonne 
tiendra,  à Montauhan,  du  9 au  13  mai,  une 
exposition  de  tous  les  produits  de  l’horti- 
culture et  des  arts  qui  s’y  rattachent;  les 
dispositions  du  programme  sont  celles  qui 
sont  adoptées  ordinairement  pour  la  plupart 
des  exhibitions  horticoles. 

Nous  avons  annoncé  dans  une  de  nos 
dernières  chroniques,  mais  sans  en  indi- 
quer la  date,  l’Exposition  qui  doit  avoir  lieu 
a Niantes,  dans  la  première  quinzaine  de 
mai  ; l’époque  précise  vient  d’en  être  tixée 
du  3 au  G.  Pendant  la  durée  du  Concours 
agricole  régional,  un  concours  y est  ouvert 
pour  récompenser  les  instituteurs  commu- 
naux du  département  de  la  Loire-Inférieure, 
qui  se  consacrent  à l’enseignement  de  l’iior- 
ticulture  dans  leurs  écoles.  L’émulation 
excitée  parmi  les  instituteurs  des  campagnes 
en  laveur  de  l’art  de  cultiver  les  jardins  se 
répand  rapidement,  comme  on  le  voit.  Elle 
commence  dès  aujourd’hui  à porter  ses 
Iruits.  Les  niodestes  propagateurs  de  l’in- 
struction primaire  deviennent  désormais  des 
autorités  en  horticulture.  Lfn  journal  qui 
vient  de  se  fonder  à Bourg,  sous  le  nom  de 
Chronique  agricole  de  CAin,  lait  spéciale- 
ment appel  au  dévoue.nent  des  instituteurs 
du  département,  en  les  considérant  comme 
de  précieux  correspondants  pour  sa  rédac- 
tion. Cette  bonne  opinion  sera  justifiée,  nous 
n’en  doutons  pas,  et  nous  appelons  de  tous 
nos  vœux  le  moment  où  il  en  sera  ainsi 
pour  toute  la  France. 

Nous  venons  de  parler  d’un  nouveau  jour - 
liai  s’occupant  d’horticulture . Qu’on  nous  per- 
mette ici  de  lui  souhaiter  la  bienvenue.  La 
Chronique  agricole  de  CAin,  journal  des 
Comices  et  des  Sociétés  d’horticulture,  de 
viticulture  et  hippique  du  département,  est 
fondée  par  M.  le  comte  Léopold  Le  lion, 
président  du  Comice  agricole  de  Bourg  ; 
Son  comité  de  rédaction  est  dirigé  par 

16  Avril  1865. 


M.  Mas,  président  de  la  Société  d’horticulture 
de  la  même  ville.  Elle  paraîtra  deux  fois 
par  mois  et  sera  envoyée  grdtuilemeiit  à 
tout  membre  des  Comices  agricoles  et  des 
Sociétés  d’horticulture,  de  viticulture  et 
hippique  de  l’Ain,  ainsi  qu’à  tous  les  insti- 
tuteurs primaires  du  département.  Cette 
généreuse  mesure  est  due  à la  libéralité  de 
M.  Le  Hon,  qui  s’est  engagé  à soutenir  per- 
sonnellement le  journal  pendant  la  période 
difficile  de  ses  débuts. 

La  Chronique  agricole  de  F Ain  publie 
dans  son  premier  numéro  les  programmes 
de  deux  Expositions  spéciales  qui  auront 
lieu  à Bourg,  le  dimanche  10  juin,  pour  les 
Boses,et  le  dimanche  8 juillet,  pour  les  Œil- 
lets. Dans  chacune  dé  ces  Expositions,  deux 
concours  sont  ouverts,  l’un  pour  les  collec- 
tions de  plantes  en  pots,  l’autre  pour  les 
collections  de  Heurs  coupées.  Les  récom- 
penses consisteront  dans  les  médailles  et 
mentions  ordinairement  accordées,  et,  de 
plus,  en  deux  exemplaires  du  livre  : la 
Taille  du  Rosier^  par  M.  Forney,  pour  les 
lauréats  des  Roses,  et  en  deux  exemplaires 
de  l’ouvrage  : Cullure  de  rOEillel,  pour 
les  exposants  de  cette  dernière  plante. 

Il  y a quinze  jours  nous  avons  mentionné 
l’Exposition  qui  aura  lieu  à Strasbourg  , pen- 
dant la  tenue  du  Concours  régional  agricole, 
du  17  au  27  mai.  Cette  solennité  s’annonce 
comme  devant  être  très-importante.  Elle  est 
ouverte  à tous  les  amateurs  et  horticul- 
teurs, sans  distinction  de  localités.  La  So- 
ciété d’horticulture  du  Bas-Rhin  y distribue- 
ra un  grand  nombre  de  médailles  pour  une 
valeur  de  2,000  fr.;  parmi  ces  médailles, 
plusieurs  proviennent  de  la  libéralité  des 
souverains,  du  ministre  de  l’agriculture  et 
du  département  du  Bas-Rhin.  Les  déclara- 
tions des  exposants  doivent  être  faites  avant 
le  10  mai,  au  président  ou  au  secrétaire  gé- 
néral de  la  Société,  à Strasbourg.  Il  est  fâ- 
cheux seulement  que  cette  solennité  alsa- 
cienne coïncide  avec l’Expositionuniverselle 
d’horticulture  qui  aura  lieu  à Londres. 

L’époque  de  l’Exposition  de  la  Société' 
d’horticulture  de  Yalognes,  dont  nous  avons 
déjà  parlé  il  y a deux  mois,  vient  d’êlre 
avancée  par  suite  de  sa  concordance  avec 

8. 


142 


CHR  ONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  Ü’AVRlLj. 


celle  des  courses  du,  Coteutin.  Elle  aura 
lieu  du  li  au  14  aoû  t,  au  lieu  du  19  au  20 
août. 

Nous  avons  déjà  U'eçu  le  programme  d’une 
Exposition  d’autonnne.  C’est  celle  qui  s’ou- 
vrira à Bourg,  du  15  au  17  septembre  pro- 
chain. Les  légumes,  fleurs,  fruits,  arbustes 
et  instruments  d’horticulture  y prendront 
place  dans  dix-sept  concours,  pour  lesquels 
la  Société  propose  des  médailles  d’argent 
et  de  bronze,  et  même  des  sommes  d’argent, 
comme  cela  aura  lieu  pour  celui  affecté  à la 
culture  maraîchère. 

Les  préparatifs  de  l’Exposition  interna- 
tionale de  Londres  se  poursuivent  avec  acti- 
vité. La  commission  organisatrice  vient  de 
publier  dans  son  règlement  une  clause  des- 
tinée à protéger  les  intérêts  des  exposants. 
Il  est  permis  par  cet  article  d’afficher  les 
prix  sur  les  plantes  exposées.  Le  Gardeners^ 
Chronicle  s’étonne  que  la  presse  horticole 
britannique  ait  jusqu’ici  gardé  le  silence  sur 
cette  utile  mesure,  et  en  examine  la  valeur 
avec  une  grande  sagacité.  « Voilà,  dit-il, 
un  nouveau  trait  qui  s’ajoute  au  caractère, 
à la  physionomie  de  nos  expositions,  et  qui 
est  tout  entier  à l’avantage  du  commerce; 
Les  visiteurs  s’empresseront  à coup  sûr  d'a- 
cheter des  spécimens  de  cette  grande  exhi- 
bition. De  leur  côté,  les  exposants  pourront 
en  élever  les  prix,  afin  de  se  dédommager 
des  frais  que  le  transport  et  l’établissement 
de  leurs  productions  leur  aura  coûtés.  Les 
exposants  étrangers  auront  en  outre  l’avan- 
tage d’être  ainsi  dispensés  de  remporter 
leurs  plantes.  » 

Assurément,  cette  mesure  sauvegarde  les 
intérêts  des  exposants,  et  c’est  une  honnête 
compensation  aux  dépenses  considérables 
que  cette  exposition  leur  fera  faire;  mais  il 
semble  que  les  arguments  indiqués  par  le 
Gardener s' Chronicle  ne  sauraient  sur  tous 
les  points  convenir  à la  situation  présente. 
Cette  spéculation  de  l’exposant  sur  le  visi- 
teur désireux  d’enrichir  sa  collection  d’un 
produit  d’une  exposition  destinée  à faire 
époque  dansl’histoire  de  l’horticulture,  cette 
spéculation,  disons-nous,  choquera  sans  nul 
doute  l’esprit  de  la  plupart  des  horticul- 
teurs. On  exagère  peut-être  la  portée  d’un 
article,  utile  en  lui-même,  mais  dont  les  der- 
nières applications  mercantiles  sont  loin  de 
la  dignité  de  la  grande  et  solennelle  exhibi- 
tion qui  se  prépare. 

Le  Gardener s' Chronicle  a appelé  l’atten- 
tion sur  un  autre  procédé,  probablement 
plus  efficace  et  certainement  plus  digne 
que  le  précédent.  Les  intérêts  des  exposants 
sont  également  sauvegardés,  et  la  commis- 
sion exécutive , qui  s’est  plusieurs  fois 
inspirée  de  la  presse  pour  établir  des  me- 
^îures,  pourra  fort  bien  adopter  la  proposi- 
tion du  journal  horticole  anglais.  11  s’agirait 
'*tle  la  vente  aux  enchères  des  productions 


horticoles  .aussitôt  après  la  fermeture  de 
l’Exposition.  « Ce  n’est  pas  la  première  fois, 
dit  le  rédacteur,  que  pareille  mesure  est 
prise  dans  les  expositions  de  ce  genre, 
nous  en  trouvons  un  précédent  dans  le  Con- 
grès horticole  d’Amsterdam.  » Il  y aurait  là 
un  moyen  de  constater  vers  quelles  sortes 
de  plantes  le  goût  public  est  spécialement 
porté,  et  l’empressement  des  visiteurs  à ac- 
quérir telle  ou  telle  production  constitue- 
rait un  jugement  en  dernier  ressort,  dans 
lequel  les  exposants  non  récompensés  par 
le  jury  pourraient  en  appeler  de  cet  oubli 
devant  le  suffrage  universel  des  visiteurs. 

Nous  avons  annoncé  dans  notre  dernière 
chronique  (p.  122)  la  mesure  libérale  que 
venait  de  prendre  la  Société  royale  d’horti- 
culture d’Angleterre,  à l’égard  de  toutes  les 
Sociétés  horticoles  de  la  province,  en  se 
les  adjoignant  comme  associées.  Nous  avons 
aujourd’hui  sous  les  yeux  la  liste  des  Socié- 
tés provinciales  qui  ont  déjà  envoyé  leur 
adhésion.  Nous  y remarquons  principale- 
ment les  noms  de  la  Société  royale  d’horti- 
culture d’Irlande,  des  Sociétés  d’horticulture 
de  South-Kensington,  de  Watford,  de  Sou- 
thampton,  deNevvbury,  des  Sociétés  horti- 
coles et  botaniques  de  Manchester,  de  Devon, 
d’Exeter,  de  Durham,  de  Northumberland, 
de  Newcastle-sur-la-Tyne,  etc.  Cette  longue 
liste,  dont  nous  ne  faisons  pas  ici  l’énumé- 
ration complète,  et  qui  doit  s’augmenter 
encore  de  l’adhésion  d’autres  Sociétés  de  la 
province,  témoigne  de  l’attention  dont  l’hor- 
ticulture et  les  sciences  qui  s’y  rattachent 
sont  l’objet  dans  les  comtés  de  l’Angleterre. 
Il  serait  à désirer,  que  nos  départements 
fussent  le  siège  d’un  semblable  mouvement  ; 
car  si  l’horticulture  est  en  faveur  dans  cer- 
taines contrées  de  la  France,  il  en  est  d’au- 
tres oû  elle  est  presque  complètement 
inconnue. 

Puisque  nous  parlons  d’expositions  hor- 
ticoles, nous  croyons  utile  de  signaler  une 
• proposition  qui  a été  faite  dernièrement  à 
la  Société  d’horticulture  de  Meaux,  et  qui 
tend  à instituer  des  concours  d’un  nouveau 
genre  entre  les  garçons  jardiniers.  L’auteur 
de  cette  proposition,  M.  Delahaye,  est  d’avis 
que  le  mode  d’attribution  des  médailles  et 
primes  dans  les  expositions  ne  remplit 
pas  entièrement  le  but  qu’on  se  propose, 
qui  est  de  reconnaître  et  de  récompenser  le 
mérite  là  oû  il  se  trouve.  En  effet,  pour  ce 
qui  concerne  les  longs  services  des  jardi- 
niers, par  exemple,  sans  méconnaîlre  la 
valeur  de  ceux  qui  restent  longtemps  dans 
une  maison,  celte  durée  prolongée  de  séjour 
ne  prouve-t-elle  pas  souvent  plutôt  leur 
probité  et  leur  bonne  conduite  que  leur 
savoir  et  leurs  capacités?  D’un  autre  côté, 
dans  les  concours  de  légumes,  de  fruits  et 
de  fleurs,  sans  nier  davantage  l’importance 
I que  l’on  doit  attacher  à la  beauté  et  au 


, > 

CHRÔNiyiJE  IIORTICÜLE  (PREMIÈKE  QÎ  lN/i’lNK  J)‘^AVRIL)^  • A\ 


nombre  des  lots,  n’est-ce  pas  souvent  la 
position  du  maître  et  sa  possibilité  de  con- 
sacrer de  fortes  sommes  à.  cet  objet,  qui 
j constituent  la  supériorité?  Se  fondant  sur 
ces  considérations,  M.  Delahaye  voudrait 
donc  que,  dans  les  expositions,  fussent  in- 
stitués des  concours  entre  garçons  jardi- 
niers, dans  lesquels,  outre  les  bons  services, 
on  récompenserait  les  connaissances  que 
pourraient  ' avoir,  les  prétendants  sur  les 
questions  les  plus  importantes  de  la  culture 
des  Heurs,  des  légumes  et  des  fruits,  ainsi 
que’ sur  les  notions  élémenlaires  de  bota- 
nique et  de  classification  des  plantes.  Nous 
portons  cette  idée  à la  connaissance  de  tou- 
tes les  Sociétés  horticoles,  dansTespoir  que 
plusieurs  d’entre  elles  sauront  la  mettre  à 
profit.  , , • , 

, — Un  excellent  moyen  d’exciter  le  pro- 
grès ■ et . l’étude  . des  : grandes  questions  à 
l’ordre  du' jour  consiste  dans  la  mise  au 
concours  - de"  ces  ' questions.'  C’est  ce  que 
font  en  ce  moment’  la  Société  impériale 
d’horticulture  pratique  'du  , JUiône  , ^ et  la 
Société  d’horticulture  de  Marseille.  La  pre- 
mière de  ces  associations  offre  un  prix  de 
dOÜ  fr.  à l’autéur  du  meilleur . mémoire 
traitant  de  l’eau  et  des, arrosements  en  hor- 
ticulture. Les  concurrents 'devront  indiquer 
les  influences-'  diverses  d’humidité,  atmo- 
sphérique (pluie,  néige;  etc), -les ^ qualités 
des  eaux  employées^  lés  conditions  de  leur 
emploi,,  leurs;  caractères',  et  insister  parti- 
culièrement sur  .l’arrosement , en  tenant 
compte  des  saisons,  des  sols,  des  modes 
, d’arrosage,  et  surtout  de  la  nature  des  es- 
pèces et  des  conditions  de  leur,  végétation. 
Les  mémoires  devront  être  adressés  avant 
le  31  décembre  1860,  terme  de  rigueur,  à 
M.  Cusin,  secrétaire  général  de  la  Société, 
au  Palais  des  Arts,’ à Lyon.  ' 

La  Société  d’horticulture  de , Marseille 
propose  de  son  côté  une  prime  de  500  fr., 
des  médailles  d’or,  de  vermeil  et  d’argent, 
aux  auteurs  d’un  manuel  d’horticulture  ma- 
raîchère spécial  à l’arrondissement  de  Mar- 
seille, qu’elle  jugera  dignes  de  ces  récom- 
penses. Voici  les  dispositions  du  programme 
à remplir  : . , 

Plan  et  disposition  d’un  jardin  potager;  . ^ 

2o  Calendrier  pour  les  diverses  cultures  niaraî- 
clicres;  i , 

30  Choix  des  espèces  et  des  variétés  les  plus  ap- 
propriées au  climat  de  l’arrondissement,  les  plus 
productives  et  les  plus  propres  à la  vente  ; • . 

i'’  Désignation  des  meilleurs  instruments  de  cul- 
ture; 

5°  (adture,  défoncement,  labours,'  fumiers,  en- 
grais, amendements  et  arrosements;  . 

- Go  Culture  des  primeurs  et  culture. forcée;  moyens 
a employer  pour  obtenir  les  produits  les  plus'avan- 
tageux;  , , 

70 'Semis,  multiplication  et  soins  à donner  aux 
plantes  potagères  ; , ; , , , 

• 8«  Maladies  des  végétaux;  • . 

90  Insectes  et  animaux  nuisibles  qui  attafjuent 
les  potagers  dans  le  pays;  mode  de  préservation  et 
de  destruction  ; 


iQo  Evaluation  des  frais  de  culture  et  du  jnoduit. 

Les  mémoires  doivent  être  remis  avant  le 
31  mars  1867.  ? 

— Nous  avons  annoncé,  dans  notre  nu- 
méro du  16  février  ;dernier  (page  6*2),  les 
cours  faits  à Paris  par  M;  Gressent.  Le  pro- 
fesseur Orléanais  va’ continuer  son  ensei- 
gnement nomade  par  l’ouverture,  du  cours 
d’arboriculture  et  de  potager  moderne  fondé 
par  le  département  de  Plndre,'  la  villc  et  la 
Société  d’agriculture  de  Châteauroux.  Les 
leçons  commenceront  le  25  avril.  Elles  se- 
ront publiques  et  gratuites  tous  les  jours  à 
l’hôtel-de-ville  de  Châteauroux,  et  dans  des 
jardins,  du  25  avril  au  12  mai. 

Le  15  mai,  M.  Gressent  ouvrira,  salle  de 
Eécole  communale  de  Rueil  (Seine-et-Oise) 
le  cours  particulier  d’arboriculture  et  de 
potager  moderne,  fondé  par  les’ propriétai- 
res de  cette  localité  et  des  environs.  Il  fera 
des  leçons,  théoriques  à 7, heures  et  demie 
du'  soir,"  à l’école  communale,  ' les  mardi , 
jeudi'et  samedi,  du  15  mai  au  21  juin;  et 
des  leçons  - pratiques',  le  malin  ’ des  mêmes 
jours.- 11  faut  s’adresser  à M: Binet,  proprié- 
taire, 62,  rue  de  l’Empereur;  à.Bueil  (Seine- 
et-Oise)  pour  obtenir  des  cartes 'd’entrée. 

'•  — On  a pu,lire,;dans  le dernier'n'uméro 
de  la;  Revue  (page  137),  l’article  par’ lequel 
M.  Lemaire  répondait  à plusieurs  ^critiques 
que  lui  avait' adressées  .M.  . Palmer,  dans 
une  note  précédente  sur  V Echinocaclu^  Iw- 
rizontlialonius.'  M.  ■ Palmer  • aujourd’bui 
nous  demande  la  parole  pour  réplicjuer  au 
savant  professeur  de  Gahd.‘  Sa  lettre  discute 
les  caractères  botaniques  de  la  belle  Gaclée 
en  question,  et  nous  pensons  qu’elle  éclair- 
cira définitivement  ce  point.  M.  Palmer 
s’exprime  en  ces  termes  : 

« Monsieur  le  Directeur, 

« youlez-yous  .mc' jierinetlre  (piebpies  mots 
en  réponse  'à  ce  que  i\l.  Lemaire  a écrit  dans 
le  dernier  • numéro  do  la  Revue  touebant  mon 
article  (page  350,-  volume  de  18()5  de  la  Revue 
horticole)  sur  V Echinocactus  ' horizonUdonius, 
ou  comme  le  dil'plus  correctement' et'  classi- 
quement l’honorable  et  savant  botaniste,  hori- 
zovihalordus.  • ■ • • 

11  huit'  l’avouer,  quoique  jiossédant  tout  ce 
que  j’ai  .)»u  me  procurer  chez  - Itaillière  de  l’i- 
conographie  des  CactéeSy  in-folio,’ par -Ch.  Le- 
maire,’ Cousin,  éditeur,  je  n’ai  'jamais  lu  cet 
ouvrage'' et.  j’ignorais  que  ce  - fût’ M.  Lemaire 
qui  eût  baptisé  la  plante  en  question.  iMa  cri- 
tique juste,  ou  wjuste,  n’était  donc  pas  à sou 
adresse^  et  j’espère  qu’il  'm’en  tiendra  compte. 
•De  plus, "je  n’ai  eu  l’intention  ble. critiquer  qui 
que  ce  . fût,  ni  la  prétention  de,  disputer  à ce 
.nom  sa  raison,  d’être;  j’ai  seulement,  dans  le 
but  d’être  utile  à mes, confrères,' tâché  de  m’en 
rendre  compte. y.l’ai  écrit’ avec  nia’ plante  sous 
'les  yeux,‘  je  n’y  ai' vu  'rien  d'horizontal.,  et  je 
l’ai  ainsi  raconté. 

• ((  Je' regrette  que  l’honorable  et  savant  bo- 

taniste ait  mis  si  longtemps  à formuler  ses  ob- 
servations, car  j’aurais  pu  de  nouveau  obser- 


r.iluoKtejïfc  ïicmiKiôïiK  «’AViUL) 


ver  sur  le  vif.  Ma  coUecüoi^  e§f.  dispersée  depuis 
et  le  n’ai  pour  le  nioment  d autres 
data  que  sa^ planche  ^ et  la  ptfenne,  Si,  ppy  e 

îeTai  touiours  supposé,  areoi^,  du dimmutii  d a- 
\ea  qui  signifie  la  même  chose  que  celui  d aXotev, 
o,vo;%  doit  s’appliquer  au  coussinet  plus  ou 
moins  circulaire  d’où  naissent  les  epines,  elle 
idest  horizontale  ni  dans  Vune  ni  dans  I auti  e 
de  ces  planches.  Si  au  contraire  le  mot  areole 
s’applique  à l’espace  nu  (car  en  grec  conime  en 
latin  il  Y a les  deux  significations)  compris  entre 
les  coussinets,  c’est  toujourslameme  chose.  Je 
ne  vois  rien  d’horizontal,  excepte  sur  je  sommet 
de  la  plante  et  là,  pas  plus  que  dans  bien  d au- 
tres plantes  globuleuses.  , . , i-, 

« L’honorable  et  savant  botaniste  nous  dit 
maintenant  que, par  Aoiif  onîa/, il. entend  irans- 
versal.  La  question  est  videe,  et  je  ne  chicane- 
rai pas  sur  la  différence  évidente  entre  ces 
deux  termes.  Jecrois  maintenant  que  ®Lhcmane 
fait  erreur  en  accusant  ma  pauvre  plante  d eti  e 
venue  du  pays  et  d’avoir  été  ensuite  ® 

une  culture  mal  appropriée.  Sans  l 
positivement,  je  la  crois  ispe  de  semis  fait  en 
Europe,  et  que  ce  serait  plutôt  la  sienne  qui 
serait  venue  du  pays  et  serait  déformée  pai 
l’âge  comme  semblerait  le  témoigner  son  allais 
sement  et  sa  forme  turbinée. 

((  Quant  à ma  remarque  que  la  planche 
péchait  un  peu  par  le  colons,  c est  la  tout  a 
fait  une  affaire  d’appréciation  personnelle,  qui 
ne  peut  avoir  rien  de  blessant,  et  n enleve  rien 
de  Vexactitude  et  de  la  supériorüe  de  la  gni- 
mre  en  taille-douce,  etc.,  etc.  On  peut,  sans 
être  un  Aristarque,  voir  du  vert  ou 

d’autres  le  voient  plus  cru;  on  peut  meme  etre 
tombé  sur  un  exemplaire  mal  colorie,  et  com- 
bien ne  s’en  trouve-t-ils  pas  dans  tous  les 
ouvrages  coloriés  à la  main.^ 

« En  disant  rose  rose  3e  pensais  non  a 
sa  fleur,  mais  à la  mienne;  je  cherchais,  parmi 
tous  ces  roses  ; rose-carmine , rose-laqueux  , 
rose-violacé,  rose-pourpre,  rose-carne  et  hien 
d’autres  aussi  vagues  que  nombreux;  et.  Ans- 
tariiue  ou  non,  ayant  trouvé  mon  affaire  dans 
les  pétales  de  l’ancienne  Cent-feuille,  je  m en 
suis  servi.  Mais  l’honorahle  et  savant  botaniste 
n’aura  plus  désormais  à se  plaindre  de  ma  cn- 
tique  wiiiste  et  à mauvais  escient.  N ayant  plus 
de  Cactées,  je  n’ai  par  conséquent  plus  rien  a 
en  dire,  quant  à présent,  dans  les  colonnes  de 
votre  excellent  journal,  et  permettez-nioi  ici. 
Monsieur  le  Uirecteur,  de  vous  témoigner  ma 
reconnaissance  de  l’accueil  bienveillant  et 
indulgent  qu’ont  toujours  reçu  mes  petites 

« Si  triviales  qu’elles  aient  pu  paraîtr  e a des 
Yeux  érudits,  puissent  vos  lecteurs  pratiques  y 
avoir  glané  quelque  bonne  idee.,  quelque  ren- 
seignement utile. 

Agréez,  etc. 

° « Frédérick  Palmer.  » 

— Yoici  maintenant  une  autre  rectifica- 
tion relative  à VAbies  niiniidicdj  dont 
M.  Carrière  a raconté  récemment  la  decou- 
verte sur  le  mont  Talabor.  Cette  reclihca- 
lion  nous  est  adressée  par  un  savant  bota- 
niste, M.  le  D‘-  Cosson,  membre  adjoint  de 
la  commission  scientilique  de  1 Algérie, 
président  de  la  Société  botanique  de 
France.  En  voici  la  teneur 


« Monsieur  le  Directeur, 

Dans  un  article  récent  de  M.  Carrière,  pu- 
blié dans  le  n«  du  20  mars,  page  10b,  il  est 
question  d’une  forme  nouvelle  décrite  comme 
distincte  de  VAbies  pinsapo,  que  M.  de  Cannov 
aurait  découverte,  le  26  juin  1863,  au  Djebel 
Talabor,  montagne  de  la  Kabylie  orientale. 
Dans  ce  même  article,  il  est  dit  cependant 
(deuxième  alinéa  de  la  page  106),  par  une 
contradiction  que  je  dois  vous  faire  remarquer, 
que  les  auteurs  ont  regardé  cet  arbre  « comme 
une  variété  àeVAbies  pinsapo.  » Si  les  auteuis 
ont  regardé  l’arbre  en  question  comme  une 
variété  de  VA.  pinsapo,  ils  devaient  necessm- 
rement  en  connaître  l’existence.  — Plus  loin, 
dans  l’extrait  d’une  lettre  de  M.  de  Lannoy  se 
trouve  le  passage  suivant  : « Arrive  sur  cette 
montagne  (c’était  le  26  juin  1863)...  Mes  yeux 
furent  frappés  par  un  grand  nombre  de^  Cedres 

deTAtlas...  Je  ne  fus  pas  longtemps  à découvrir 
l’Abies  signalé  et,  en  apercevant  plusieurs  sujets, 
je  ne  pus  m’empêcher  de  m’écrier  : « Mais  ce 
n’est  pas  là  VAbies  pinsapo.  » Si  M.  de  Lan- 
noy  a pu  s’écrier  : « Mais  ce  n est  pas  la 
VA.  pinsapo,  » il  s’ensuit  d’autre  |)art  quil  sa- 
vait déjà  que  l’arbre  était  signalé  à cette  loca- 
lité, et  que  ce  n est  donc  pas  à lui  que  revient 
le  mérite  de  la  découverte. 

« Permettez-moi,  Monsieur,  de  metonner 
que  M.  Carrière,  auteur  d’un  travail  monogra- 
phique sur  les  Conifères,  et  versé  dans  letude 
des  plantes,  n’ait  pas  cru  devoir  rechercher 
l’historique  de  cette  importante  découyerte  bo- 
tanique. Cela,  cependant,  lui  eût  été  bien  facile 
s’il  eût  consulté  les  collections  du  Muséum 
d’histoire  naturelle  ou  les  publications  dans 
lesquelles  la  découverte  est  consignée.  — De 
magnitiques  échantillons,  munis  de  cônes  deye- 
loppés,  ont  été  publiés,  en  1861,  par  es  soins 
de  M.  Kralik,  conservateur  de  mes  collections 
et  l’un  des  collaborateurs  habituels  de  mes  ex- 
plorations en  Algérie.  La  plante,  dans  un  Ex- 
siccata  édité  par  lui  sous  le  nom  de  Planlœ 
Algeriensis  selectœ,  porte  le  n»  144  ^t  est  déter- 
minée par  moi  Abies  pinsapo,  yar.  Bioorensis. 
I.es  échantillons  ont  été  recueillis,  le  2l  juillet 
1861,  par  MM.  A.  Letourneux,  H.  de  la  ier- 
raudière,  Kralik  et  moi,  ainsi  que  par  M.  Lain- 
bert  alors  inspecteur  des  forêts  de  la  subdi- 
vision de  Dône,  etM.  Michelangeli,  atlaclie  a 
l’administration  des  forêts  du  cercle  de  Djidjel- 
li  qui  nous  avaient  demandé  à s’adjoindre  a 
notre  excursion  scientifique.  — La  constatation 
de  l’Abies  au  Talabor,  le  21  juillet  18bl,  est 
d’ailleurs  établie  par  les  passages  suivants  de 
deux  de  mes  publications,  que  j’ai  1 honneur  de 
vous  adresser  : 

« MM.  A.  Letoiimeux  et  H.  de  la  Perraudière 
rencontrent  les  premiers  pieds  de  VAbies  pinsapo- 
var.  Baborehsis;  en  couper  quelques  rameaux,  et 
nous  les  apporter  silencieusement  pour  nous  mena- 
cer le  plaisir  de  la  surprise  que  devait  nous  causer 
cette  belle  découverte,  fut  pour  eux  une  agreab  e 
satisfaction,  car  ils  connaissaient  l’extreme  larete 
de  VAbies  pinsapo,  qui,  jusqu’ici,  “ ^'^'’^itete  obsenc 
que  dans  deux  localités  de  l’Espagne  méridionale  » 
(Bulletin  de  la  Société  botanique  de  t rance,  seance 
du  27  décembre  1861,  t.  viii,  p.  607  ) 

« Fne  variété  du  Pinsapo  {Abies  pinsapo,  var.  ha- 
borensis)  croit  avec  lui  (le  Cedre)  dans  les  mont. - 
gués  des  Babors,  et  ce  magnifique  arbre  est  un  des 
Srnemenls  de  ces  belles  forêts...  » {Annuaire  de  la 
Société  impériale  d' Acclimatation  poui  Idùo, 
page  299). 


fcHHONipH;  itOKTlCOf^E  QtlIN^AlNE  !)’AVKlî,). 


« J’our  compléter  riiistorique  de  la  véritable 
découverte  de  VAbiefi  pinsapo,\Sir.  Baborensis, 
je  dois  ajouter  que  M.  le  capitaine  de  Guibert, 
qui  avait  pris  part  à une  des  expéditions  des 
' Babors,  avait  signalé  à mon  ami,  M.  A.  Lelour- 
neux  l’existence  dans  ces  montagnes  d’un  Sapin 
que  les  Kabyles  distinguaient  des  autres  Coni- 
fères du  pays  sous  le  nom  de  Temeurt,  et  que 
c’est  précisément  la  recherche  de  cet  arbre  qui 
a été  l’un  des  principaux  buts  de  notre  explo- 
ration des  Djebel  Tababor  et  Babor,  où,  d’au- 
tre part,  était  indiqué  vaguement  un  chêne  spé- 
cial que  nous  y avons  également  observé  et  que 
nous  avons  reconnu  être  le  Quercus  castaneœ- 
f'olia,  connu  jusqu’ici  seulement  dans  les  mon- 
tagnes du  Caucase. 

« Voilà  l’exposé  des  faits  dans  toute  leur  pré- 
cision. 

((  Il  me  paraît  en  résulter  pour  tout  esprit 
impartial  que  la  découverte  de  VAbies  pinsapo, 
var.  Babor ensis,  n’appartient  pas  à M.  de  Lan- 
noy,  et  que  si  l’arbre  constitue  une  espèce  nou- 
velle (ce  dont  je  doute,  en  raison  de  l’étude 
attentive  que  j’en  ai  faite,  bien  que  je  l’eusse 
d’abord  inscrit  dans  le  manuscrit  de  la  Flore 
d’Algérie  sous  le  nom  tVAbies  (Picea)  Babo- 
rensis)^  le  nom  pécifique  doit,  selon  les  lois  de 
l’équité  et  celles  de  la  priorité,  être  Baborensis 
imposé  par  moi  à la  forme  végétale  dont  la 
constatation  scientifique  est  due  à mes  compa- 
gnons de  voyage  et  à moi,  ce  nom  étant  consa- 
cré par  la  publication  d’un  Exsiccata  qui  figure 
dans  tous  les  grands  herbiers  et  par  deux  pu- 
blications successives  répandues  dans  le  monde 
savant. 

« Veuillez  agréer,  etc., 

« E.  CossoN.  » 

Les  deux  publications  dont  parle!.  Cos- 
son  dans  sa  lettre  sont  d’abord  une  brochure 
sur  l’Algérie  étudiée  surtout  au  point  de 
vue  de  l’acclimatation;  puis  une  notice  sur 
la  vie,  les  recherches  et  les  voyages  botani- 
ques de  Henri  de  la  Perraudière.  Dans  le 
premier  de  ces  ouvrages,  M.  Cosson  décrit 
les  climats  des  différentes  parties  de  l’Algé- 
rie, qu’il  divise  en  région  méditerranéenne, 
région  montagneuse  et  région  saharienne. 
De  cette  étude,  il  déduit  des  conséquences 
très-intéressantes  sur  la  possibilité  d’intro- 
duire ou  d’étendre  la  culture  des  espèces 
utiles  européennes  dans  notre  colonie  et 
les  conditions  dans  lesquelles  devrait  s’ef- 
lectuer  cette  culture. 

Henri  René  Le  T ourneux  de  la  Perraudière 
était  un  naturaliste  distingué  que  la  mort 
enleva,  il  y a quelques  années,  presque  à la 
ileur  de  1 âge.  La  botanique  était  sa  science 
de  prédilection;  et  bien  qu’il  n’ait  eu  le 
temps  de  publier  aucun  ouvrage  important, 
il  s était  livré  à des  explorations  scientili- 
ques  très-étendues  sur  toute  la  surface  de 
1 Algérie,  en  compagnie  principalement  de 
son  ami  M.  Cosson.  C’est  le  récit  de  ces 
voyages  que  ce  dernier  a consigné  dans  la 
seconde  brochure  dont  nous  parlons,  et  où 
il  a rendu  un  juste  hommage  à la  mémoire 
de  son  ancien  compagnon  de  périls  et  de 
latigues. 


l4è 

«-M.  Morsoii  aprupusé  dans  une  note  in- 
sérée il  y a quinze  jours  (page  131,  n^»  du 
avril),  d’employer  les  racines  du  Dioscorea 
batatas  comme  préservatif  du  scorbut  au- 
quel sont  exposés  les  marins.  Mais  il  paraît 
que  ces  racines  contiennent  un  principe  âcre 
qui  pourrait  être  funeste,  comme  le  dit 
M.  d’Auvers  dans  la  lettre  suivante  : 

((  Monsieur  le  Directeur, 

« L’année  dernière,  j’ai  préparé  pour  mon 
usage  de  la  fécule  d’igname.  En  agitant  l’eau 
dans  laquelle  j’avais  râpé  mes  tubercules,  j’ai, 
ainsi  que  la  personne  qui  m’aidait,  éprouvé  au 
bras  et  à la  main  un  sentiment  de  cuisson  ana- 
logue à celui  qui  résulte  de  piqûres  d’orties, 
accompagné  de  rougeur  de  la  peau.  Je  ne  puis 
attribuer  cet  effet,  qui  s’est  reproduit  toutes 
les  fois  que  j’ai  agité  des  pulpes  fraîchement  râ- 
pées, qu’a  une  substance  âcre,  contenue  dans  l’I- 
gname, qui  disparaît  à la  cuisson,  ainsi  que  cela 
arrive  pour  plusieurs  autres  plantes  alimentai- 
res ; mais  qui  pourait  rendre  malsain  l’emploi 
du  Dioscorea  batatas  à l’état  cru,  comme  anti- 
scorbutique. 

« A mon  goût,  la  fécule  d’igname  est  très- 
délicate,  et  si  elle  était  plus  connue,  je  crois 
qu’elle  prendrait  une  place  fort  importante 
parmi  les  substances  alimentaires. 

« Veuillez  agréer,  etc. 

« E,  d’Auvers. 

Nous  remercions  nos  correspondants  du 
soin  qu’ils  mettent  à nous  envoyer  toutes 
leurs  utiles  observations,  et  M.  Sisley  a par- 
faitement raison,  dans  la  note  suivante,  de 
rappeler  les  avanta«ges  du  coaltar  pour  dé- 
truire les  insectes. 

« Monsieur  le  Directeur, 

((  Les  criocères  font  le  tourment  des  ama- 
teurs de  Lis  et  tous  ont  sans  doute  eu,  comme 
moi,  l’ennui  de  leur  faire  une  chasse  continuelle 
sans  pouvoir  s’en  débarrasser. 

« Cette  année,  j’ai  eu  à les  combattre  depuis 
janvier  et,  à mesure  que  j’en  détruisais,  il  en 
arrivait  d’autres. 

« J’eus  l’idée,  il  y a quinze  jours,  d’employer 
le  moyen  indiqué  par!.  J.  Lemaire,  c’est-à- 
dire  le  coaltar,  ou  goudron  de  gaz,  mélangé  à 
de  la  terre,  et  que  j’ai  placé  aux  pieds  de  mes 
Lis.  Depuis  ce  jour  je  n’ai  plus  vu  de  criocères. 

« J’engage  donc  les  amateurs  de  ces  belles 
plantes  à en  faire  l’essai. 

« Agréez,  etc. 

« Jean  Sisley.  » 

Le  coaltar  pourrait  probablement  être 
remplacé  avec  avantage  par  des  dissolutions 
d’acide  phéiiique. 

— On  a plus  d’une  fois  parlé  de  VAm- 
herstiâ  nobilis,  que  M.  Gibson  rapportait, 
il  y a quelques  années,  d’une  périlleuse  ex- 
pédition dans  l’Inde  centrale,  et  qu’il  adres- 
sait en  Angleterre  au  duc  de  Devonshire, 
qui  lui  avait  confié  cette  mission  scientifi- 
que. Peu  de  personnes  ont  eu  l’occasion  de 
voir  les  belles  fleurs  de  cette  plante,  dont 
les  descriptions  nombreuses  sont  fort  loin 
de  s’accorder  chez  les  différents  auteurs.  Le 
Gardeners’  Chronicle  annonce  qu’un  magni- 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  D’AVRIL). 


lique  spécimen  de  VAmherstia  nohilis  vient 
de  fleurir  à Chalsworth  et  que  l’heureux 
propriétaire  l’a  exposé  à Soutli-Kensington, 
sous  les  yeux  de  la  réunion  botanique  men- 
suelle, qui  a siégé  le  30  mars  dans  cette 
ville.  L’avantage  d’observer  directement 


cette  rare  production  exotique  n’a  appar- 
tenu qu’à  un  nombre  restreint  d’amateurs. 
Nous,  que  les  distances  ont  obligé  d’y  -re- 
noncer, nous  souhaitons  qu’il  puisse)  en 
résulter  pour  la  botanique  une  description 
complète  et  indiscutable.  J.-A.  Barbal. 


UN  COUP  D’ŒIL  SUR  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE. 


Les  lecteurs  de  la  JRmtP  savent  déjà  que 
M.  John  Gould  Veitch,  i+qui  vient  de  faire 
une  longue  et  fructueuse  exploration  horti- 
ticole  au  Japon,  est  revenu  tout  récemment 
en  Europe,  après  avoir  visité  l’Australie  et 
nombre  d’îles  et  d’archipels  dans  1 océan 
Pacifique.  En  attendant  que  l’horticulture 
mette  à profit  ses  nombreuses  trouvailles, 
nous  pouvons  donner,  d’après  un  récit  que 
nous  extrayons  de  sonjournaP,  un  aperçu 
de  l’état  actuel  de  notre  colonie  de  la  Nou- 
velle-Calédonie. Cet  aperçu  d’un  établisse- 
ment trop  peu  connu  en  Europe,  et  auquel 
semble  réservé  un  bel  avenir  agricole  et 
forestier,  ne  peut  manquer  d’avoir  pour 
nous  de  l’intérêt. 

Rappelons  d’abord  que  la  Nouvelle-Calé  - 
donie,  située  au  nord-est  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  est  traversée  par  les  et  21e  pa- 
rallèles ; elle  est  par  conséquent  en  pleine 
zone  torride,  mais  le  climat  en  est  fort 
adouci  par  la  vaste  étendue  de  mer  qui  l’en- 
toure de  tous  côtés.  Étroite  et  allongée  du 
nord-ouest  au  sud-est,  elle  est  parcourue, 
à peu  près  dans  son  axe,  par  une  chaîne  non 
interrompue  de  montagnes,  dont  la  hauteur 
n’arrive  guère  qu’à  1,200  mètres  au-dessns 
du  niveau  de  la  mer.  Quoique  peu  élevée, 
cette  chaîne  est  pour  l’îleun  grand  bienfait, 
car  il  en  descend  de  tous  côtés  d’innombra- 
bles cours  d’eau  qui  entretiennent  la  fpî- 
cheur  dans  les  vallées  et  les  plaines  avoisi- 
nantes, et  y rendent  le  sol  admirablement 
propre  à l’agriculture.  Vu  de  la  côte,  le  pays 
paraît  dénudé,  mais  son  aspect  change  à 
mesure  qu’on  avance  dans  l’intérieur,  et,  en 
approchant  des  montagnes,  on  est  surpris 
de  l’étendue  et  de  l’épaisseur  des  forets 
qu’elles  recèlent.  Dans  la  plaine,  la  végéta- 
tion diffère  à peine  de  celle  de  la  Nouvelle- 
Calles  du  Sud,  étant  presque  uniformément 
composée  de  Mélaleucas  et  d’Eucalyptus, 
mais  elle  devient  au  contraire  riche  et  va- 
riée dans  la  région  montagneuse. 

A Port-de-France,  qui  est  aujourd’hui  la 
capitale  de  l’île,  le  gouvernement  a créé 
une  vaste  exploitation  agricole,  à laquelle 
est  annexé  un  jardin  de  naturalisaüon  des- 
tiné à recevoir  des  végétaux  exotiques  de 
toutes  les  parties  de  la  terre.'  et  ceux  qui  y 
sont  reconnus  propres  à la  culture  sont  dis- 

Journal  of  M.  Gouhl  Veilch,  ûurituj  a Irip  iotha 
Auatraimn  (‘ohnien  and  Ihe  soûl  h sea  islandft. 


tribués  gratuitement  aux  colons.  C’est  par  ce 
jardin  que  le  Caféier  et  la  Canne  à sucre  ont 
été  introduits  et  propagés  dans  l’île;  ils 
y réussissent  fort  bien,  et  le  moment  n’est 
vraisemblablement  pas  éloigné  où  leurs  pro- 
duits seront  pour  elle  une  source  consi- 
dérable de  revenus. 

Le  jardin  de  naturalisation  est  sous  la 
direction  de  M.  Pancher,  ancien  employé 
du  Jardin  des  Plantes  de  Paris,  que  beau- 
coup de  ses  anciens  collègues  se  rappellent 
encore.  Jardinier  et  botaniste  à la  fois, 
M Pancher  a eu  l’heureuse  idée  d’y  réunir 
à peu  près  toutes  les  espèces  de  plantes  que 
d’assez  nombreuses  explorations  ont  fait 
découvrir  dans  l’île,  de  sorte  qu’on  a sous 
les  yeux,  dans  un  espace  très -circonscrit, 
le  tableau  presque  complet  de  sa  flore, 
telle  du  moins  qu’on  la  connaît  aujourd’hui. 
Le  moment  du  passage  de  M.  Could  Veitch 
à Port-de-France  coïncidait  avec  l’hiver  du 
pays>aussi  y avait- il  alors  peu  de  plantes  en 
fleurs  ; il  en  a cependant  trouvé  quelques- 
unes  qui  lui  ont  paru  mériter  d’être  notées, 
ehtre  autres  deux  ou  trois  Eranthemimiy 
quatre  Oxera,  et  parmi  eux  VOxera  pul- 
chellûy  aux  grands  panicules  de  fleurs  blan- 
ches, qui  ferait,  dit-il,  une  excellente  plante 
de  serre  en  Angleterre  ; deux  Jiisticüi,  et  une 
Rignoniacée  probablement  nouvelle,  qui  se 
distingue  par  la  blancheur  de  ses  fleurs  par- 
fum ée"s.  Mais  la  flore  calédonienne  est  sur- 
tout riche  en  arbres  et  arbustes  à feuillage 
persistant  etornemental.  U Avüucorici  Cookii 
et  le  Bammara  oblma  abondent,  pour  ainsi 
dire,  aux  portes  mêmes  de  la  capitale. 
VAraucaria  Rulei  et  VAraucaria  inter- 
medin{ce  dernier  n’est  qu’un  arbrisseau)  se 
trouvent  seulement  dans  le  nord  de  l’île  ; 
mais,  pour  la  taille  et  la  beauté,  aucun  de 
ces  arbres  ne  peut  soutenir  la  comparaison 
avec  les  Araucarias  de  l’île  de  Norfolk  et  de 
la  côte  orientale  de  la  Nouvelle-Hollande. 
Toutefois,  le  Bammara  Moorei,  qui  est  un 
des  plus  grands  arbres  du  pays,  est  fort  re- 
marquable. 

La  Nouvelle-Calédonie  possède  quatre 
espèces  de  Palmiers,  dont  trois  au  moins 
rentrent  dans  le  genre  Keniia,  démembre- 
ment de  l’ancien  genre  Arec.  On  y rencon- 
tre aussi  d’assez  nombreuses  Ombellifères 
frutescentes  etbuissonnantes,  au  large  feud- 
lage  ornemental;  six  espèces  de  Dragon- 


147 


UN  COUP  D’OEIU  SUR  LA  NOUVELLE-CALÉ  DONIE. 


niers  (Dracœna)  ; un  pareil  nombre  de 
Pandanm  et  beaucoup  d’Aral iacées  ; le 
Cycas  drcinalis\  deux  grandes  Fougères  ar- 
borescentes du  genre  Ahophila,  et  une  im- 
mense quantité  d’autres  fougères  simple- 
ment herbacées. 

Grâce  aux  travaux  de  MM.  Ad.  Brongniart 
et  Arth.  Gris,  la  flore  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie sera  bientôt  une  des  mieux  connues 
parmi  celles  de  nos  colonies,  tandis  que  d’un 
autre  côté  les  expériences  culturales  de 
M.  Pancher  mettront  en  lumière  les  ressour- 
cesagricoles  du  pays.  Ces  ressources  seraient 
grandes  si  on  en  savait  profiter.  Sans  parler 
des  plantes  alimentaires  de  toute  sorte  qui 
peuvent  y être  introduites,  ou  qui  le  sont 
déjà,  nous  pouvons  signaler  le  Teck  de  l’Inde 
(Tertona  (jrandis)  et  le  Quinquina  otticinal 
{Cinchona  offkinalis),  comme  les  deux  ar- 
bres qu’il  y aurait  peut-être  le  plus  d’intérêt 
à y propager  dès  à présent,  le  premier  pour 
son  bois  incorruptible  et  que  nul  autre  ne 
saurait  égaler  pour  les  constructions  navales, 
le  second  pour  son  écorce,  dont  il  est  inutile 


de  rappeler  le  s propriétés.  En  fait  de  planta- 
tions de  Qui  nquinas,  les  Hollandais  et  les 
Anglais  sont  nos  maîtres,  et  déjà  ils  recueil- 
lent le  frui  t de  leurs  etforts,  puisque  les 
Quinquinas  plantés  par  eux  dans  l’île  de 
Ceylan  ont/commencé  à fleurir  et  à fructifier, 
et  que  ce^jx  de  l’île  de  Java  ne  tarderont 
guère  à le,*  faire. 

Malherireusement,  en  fait  de  plantations 
et  d’essa  is  de  naturalisation,  nous  ne  sui- 
vons les,  Anglais  et  les  Hollandais  que  de 
loin.  Si  nous  avons  dans  nos  .colonies  trois 
ou  qua  tre  jardins  destinés  à l’introduction 
de  nouivelles  plantes  utiles,  nous  n’en  avons 
pas  un  seul  en  France,  ceux  qui  y existent 
n’étai  it  rien  de  plus  que  des  jardins  botani- 
ques, dont  la  mission  est  de  conserver  les 
plan  tes  les  plus  vulgairement  classiques.  Ils 
ont  leur  utilité,  c’est  incontestable;  mais 
ser/iit-il  déplacé  de  donner  à la  métropole, 
peuplée  de  36  millions  d’hommes,  ce  qu’on 
a libéralement  accordé  à des  colonies  qui 
103  comptent  pas  200,000  habitants? 

Naudin. 


ÉPOQUE  FAVORABLE  POUR  LE  BOUTURAGE 

DE  QUELQUES  PLANTES  DE  SERRE.  — HL 


A quelle  époque  doit-on  bouturer  les  ar-  ^ 
bustes  et  les  plantes  de  serre  ou  d’oran- 
gerie? 

Je  l’ai  dit  en  commençant,  et  je  le  répète 
ici  : Lorsqu’on  possède  une  serre  à multi-- 
plication  munie  de  son  appareil  de  chauffage 
et  des  ustensiles  nécessaires,  on  peut  fair  e 
des  boutures  en  toute  saison;  Il  est  con- 
stant néanmoins  que  la  présence  de  la  sève 
est  indispensable  pour  leur  réussite  et  que 
les  premiers  moments  de  son  cours  sensi- 
ble sont  préférables  à ceux  de  son  milieu 
ou  de  sa  lin.  Le  printemps  sera  donc,  pour 
la  plupart  des  végétaux  de  serre  ou  de  châssis , 
le  moment  le  plus  favorable.  Je  dis  : pour 
la  plupart,  car  il  en  est  quelques-uns  qui 
seront  bouturés  avec  plus  de  succès  au 
commencement  de  l’automne,  d’autres  qui 
reprendront  plus  facilement  si  vous  opérez 
le  bouturage  à la  fin  de  novembre  ou  dans 
le  courant  de  décembre.  Notez  bien  aussi 
que  les  boutures  des  plantes  sous-ligneuses, 
faites  au  printemps  avec  des  rameaux  her- 
bacés cueillis  sur  des  sujets  qui  ont  passé 
l’hiver  en  serre,  reprennent  plus  vite  et 
poussent  plus  vigoureusement  que  des  mul- 
tiplications faites  à 1 automne  avec  des  bran- 
ches aoûtées,  même  lorsque  ces  branches 
sont  munies  de  leur  talon. 

Poursuivons  maintenant,  en  nous  plaçant 
au  point  de  vue  de  la  petite  culture. 

Supposons  d’abord  un  amateur  qui  n’a, 
pour  faire  ses  multiplication, s,  que  la  baii- 

‘ Voirie  n°  du  l®'"  avril,  p,  124. 


quette  d’une  bonne  serre  tempérée  et  quel- 
ques cloches  en  verre  plein. 

H pourra,  dès  le  commencement  de  fé- 
vrier jusqu’à  la  mi-mars,  bouturer  les  ra- 
meaux tendres  et  herbacés  des  Fuchsias, 
des  Verveines,  des  Cupheas,  des  Chrysan- 
thèmes, des  Pentstemons,  des  Agératum, 
des  Pétunias,  des  Véroniques,  etc.  ; de  quel- 
ques plantes  à feuillage  ornemental  dont  il 
aura  mis  pousser  les  pieds-mères  sur  une 
couche  chaude,  comme  les  Ferdinandas, 
les  Schistocarpus,  les  Uhdéas,  les  Coleus, 
les  Argyranthes  et  autres. 

Il  placera  toutes  ces  boutures  sur  la  ban- 
quette de  sa  serre,  les  couvrira  d’une  clo- 
che, qu’il  aura  le  soin  de  barbouiller,  ou 
d’ombrager  avec  un  linge  pour  intercepter 
la  lumière. 

Celui  qui  possède  une  bâche,  ou  seule- 
ment un  châssis,  opérera  de  même  sur  la 
couche  tiède  de  cette  bâche  ou  sous  son 
châssis.  Dans  ce  dernier  cas,  le  cotfre  sera 
assez  élevé  pour  qu’une  cloche  puisse  être 
placée  sous  la  feuille  du  châssis. 

Plus  tard  et  vers  la  fin  de  mars,  il  multi- 
pliera, par  les  mêmes  moyens,  des  Capu- 
cines doubles,  des  Héliotropes,  des  Pivoines 
sous-ligneuses,  des  Calcéolaires  également 
sous-ligneuses,  des  Justicias,  des^Dalhias, 
qu’il  aura  forcés  sur  la  couche  chaude,  et 
toutes  les  plantes  à feuillage  ornemental 
qu’il  n’aurait  pu  faire  dans  le  mois  de 
février. 

Au  mois  d’avril,  les  Bégonias  prennent 


U8  RPOQrE  FAVOr.APLR  POü\R  LK  ROUTCRAC 

facilement  de  rejetons,  d’éclals  ou  mmue 
de  feuilles;  mais  la  couche  chUude  d’une 
l)âche  ou  d’un  châssis  est  nécehsaire  pour 
réussir  complètement  ce  genre  \ de  multi- 
plication. 

A partir  des  premiers  jours  de\  mai,  on 
doit  cesser  le  bouturage  de  printeirVps,  pour 
s’occuper  de  la  séparation  et  du  reimpotage 
des  boutures  qui  ont  déjà  fait  racine.  Les 
jeunes  plantes  seront  placées  soi\is  des 
châssis  ; on  leur  donnera  de  l’air  progressi- 
vement et  l’on  exécutera  le  pincememt  pour 
les  faire  ramifier.  \ 

Les  feux  de  l’été  cessent  enfin  d’eri^ibra- 
ser  l’atmosphère;  les  rosées  de  la  nuit  ren- 
dent à l’air  sa  fraîcheur  et  son  élasticVité  ; 
notre  amateur  peut  commencer,  passez-imoi 
le  mot,  la  seconde  campagne  du  boutura|ge, 
la  campagne  d’automne  : c’est,  en  effet,  vèms 
le  mois  de  septembre  qu’on  multiplie  ïes 
Pélargonium  et  les  Zonals;  on  n’a  besoiln 
pour  cela  ni  de  cloches  ni  de  couches  ni  di3 
serre  chaude;  il  suffit  de  placer  les  boutu- 
res sur  des  tablettes,  dans  une  serre  conve- 
nablement ombragée. 

Un  peu  plus  tard,  dans  le  courant  d’oc- 
tobre, on  doit  bouturer  sous  cloche  les  Sau- 
ges et  quelques-unes  des  plantes  à feuillage 
ornemental  dont  nous  avons  déjà  parlé, 
comme  les  Coleus  et  les  Argyranthes  par 
exemple.  Ces  jeunes  pieds  passeront  plus 
facilement  l’hiver  et  fourniront  de  bonnes 
boutures  au  printemps.  Il  en  est  de  même 
des  Verveines;  si  vous  bouturez  votre  col- 
lection à l’automne;  si,  dès  que  vous  aurez 
séparé  et  rempoté  le  jeune  plant,  vous  le 
placez  dans  une  bâche  ou  sur  couche  et 
sous  verre;  si  en  outre  vous  pincez  à pro- 
pos pendant  l’hiver,  vous  aurez,  dès  les  pre- 
miers jours  du  printemps,  une  abondante 
récolte  de  rameaux  tendres  et  bien  disposés 
pour  le  bouturage. 

Nous  arrivons  à la  troisième  campagne, 
que  j’appellerai  la  campagne  d’hiver  ; déjà, 
le  froid  et  les  brouillards  ont  remplacé  les 
jours  radieux;  le  soleil  ne  chauffe  plus  le 
verre  qui  couvre  vos  serres  ou  vos  châssis  ; 
vous  ne  pourrez  donc  plus  bouturer  avec 
quelque  chance  de  succès  si  vous  n’avez  à 
votre  disposition  une  bâche  ou  tout  au 
moins  la  banquette  d’une  serre,  sous  la- 
quelle passera  le  tuyau  d’un  appareil  de 
chauffage;  en  un  mot,  pour  faire  des  boutu- 
res en  "hiver,  il  faut  leur  donner  ce  qu’on 
appelle,  en  horticulture,  de  la  chaleur  de 
fond,  et  surtout  les  préserver  de  l’humidité 
qu’engendrent  si  facilement  dans  nos  serres 
les  longues  pluies  de  décembre  et  de  jan- 
vier. Si  donc  vous  pouvez  remplir  toutes 
ces  conditions,  commencez  dès  la  fin  de 
novembre  la  multiplication  des  arbustes  à 
bois  dur  comme  les.  Azalées,  les  Bruyères, 
les  Philiques,  les  Épacris,  les  Diosma,  les 
Pimelées,  les  Polygalas,  le  Pittosporum,  le 


F.  DE  QUELQUES  PLANTES  DE  SERRE.  — H. 

Correa,  et  beaucoup  d’autres  du  même 
genre.  C’est  aussi  le  moment  de  bouturer 
les  Abutilons,  les  Bignonias , le  Tcornn 
jdsmiïioïdes,  les  Mimosas,  Kennedya,  Mé- 
laleucas,  Céanotes,  etc.;  à ces  derniers 
vous  devez  ajouter  les  Abelias,  les  Escalo- 
nias,  quelques  Fusains  et  quelques  Troènes 
qui  se  vendent  comme  arbustes  de  pleine 
terre;  mais  qui,  de  fait,  ne  ^supportent  pas 
la  rigueur  de  nos  hivers.  A|je|  grand  soin, 
en  opérant,  de  ne  pas  emplof»f  des  terreaux 
trop  humides,  servez-vous,  autant  que  pos- 
sible, de  terre  de  bruyère  pure  à laquelle 
vous  ajouterez  un  cinquième  de  sable  fin; 
prenez  de  petits  pots  de  0™.03  à O'^.OT 
d’ouverture,  et  ne  placez  qu’une  bouture  au 
centre.  Si  vous  n’avez  que  des  vases  plus 
grands,  mettez  un  bon  drainage,  ajoutez-y 
même  une  pincée  de  charbon  de  bois  con- 
cassé, placez  vos  petits  rameaux  immédia- 
tement au  bord  du  pot  en  laissant  entre 
eux  un  espace  de  0*”.02,  scellez  fortement 
la  terre  et  ne  donnez  qu’un  très-faible  arro- 
sement. Lorsque  tous  vos  pots  se  seront  suf- 
fisamment ressuyés,  vous  les  enfoncerez 
dans  la  tannée  de  votre  bâche  ou  dans  le  sa- 
ble de  votre  banquette,  puis  vous  couvrirez 
d’une  cloche  et  vous  tâcherez  d’entretenir 
une  douce  chaleur  de  fond;  n’oubliez  pas 
aussi  d’essuyer  souvent  l’intérieur  de  la 
.cloche,  d’enlever  les  feuilles  et  les  boutures 
qui  pourrissent,  parce  qu’elles  ne  manque- 
raient pas  de  nuire  à celles  qui  se  portent 
bi'en. 

C’est  encore  vers  le  commencement  de 
l’hiver  qu’on  fait  les  boutures  des  Conifères 
et  des  arbres  résineux.  Il  faut  les  étoutfer 
sur  couche  chaude  et  sous  cloche.  Le  choix 
des  rameaux  que  l’on  veut  bouturer  n’est 
pas  indifférent.  Si  vous  prenez  des  petites 
braiirhes  latérales,  la  plante  poussera  mal 
et  se  fera  difficilement  une  tête.  On  a spé- 
cialement signalé  cet  inconvénient  pour  les 
Abies,  les  Thuyas  et  les  Araucarias;  si,  au 
contraire,  vous  détachez  la  partie  terminale 
des  grandes  branches,  vous  obtiendrez  un 
sujet  presque  aussi  beau  que  s’il  provenait 
d’un  semis. 

La  multiplication  des  Conifères  par  le 
bouturage  est  fort  en  usage  de  nos  jours,  il 
a fallu  erwployer  ce  moyen  pour  reproduire 
les  espèces  rares  dont  on  ne  peut  encore  se 
procurer  facilement  les  graines. 

En  terminantje  dirai  : Tout  le  monde  fait 
des  boutures  ; bien  des  gens,  sans  se  douter 
des  précautions  si  nombreuses,  des  moyens 
si  puissants  employés  par  l’horticulteur 
moderne,  plantent  le  rameau  du  Myrte,  de 
l’Œillet,  du  Géranium,  et  voient  prospérer 
leurs  cultures.  Couragedonc,  vous  qui  n’avez 
ni  cloches,  ni  serres,  ni  châssis;  bouturez 
dans  vos  jardins,  sur  vos  balcons,  sur  vos 
fenêtres;  n’avez-vous  pas  vu  maintes  lois  sur 
Tappui  de  la  ma.nsarde  ces  petites  caisses  et 


ÉPOQUE  FAVORABLE  POUP.  LE  BOUTURAOE  DE  QUELQUES  PLANTES  DE  SERBE.  — II.  149 


ces  pots  oi’i  soiitpLanlées  rpielques  brandies 
d’arbustes  que  recouvrent  un  verre  à bière 
renversé,  ce  simple  et  primitif  moyen  réus- 
sit presque  toujours,  et,  croyez-le  bien,  l’oli- 


lenteur  sera  plus  fier,  plus  heureux  de  son 
succès  que  le  plus  riche  amaleur  entouré 
de  ses  plantes  rares  et  précieuses. 

F.  Boncenne. 


LE  PIIOSPIIO-GUANO  APPLIQUÉ  A L’HORTICULTURE. 


Sous  ce  titre,  M.  le  D»'  Mabieux  a lu  à la 
Société  d’horticulture  de  Clermont  (Oise), 
un  rapport  dont  nous  croyons  intéressant 
de  reproduire  l’extrait  suivant  : 

((  Depuis  trois  ans  que  le  pliosplio-guano  est 
importé  en  Europe,  il  n’est  pas  encore  lellemeiit 
eniré  dans  la  pratique  de  la  culture  qu’il  ne  soit 
intéressant  de  faire  connaître  le  résultat  d’ob- 
serVations  faites  à diÜérents  point  de  vue  sur 
les  effets  de  ce  nouvel  engrais. 

« La  grande  culture,  sous  ce  rapport,  et 
c’était  son  droit,  a devancé  la  culture  des  jar- 
dins. Le  phospho-guano  a été  appliqué  en  grand 
à la  culture  des  racines  et  des  céréales,  et  dans 
notre  arrondissement,  bon  nombre  de  cultiva- 
teurs progressistes  en  ont  constaté  les  merveil- 
leux elfets. 

<L  II  serait  fâcheux  que  les  horticulteurs  ne 
suivissent  pas  cet  élan.  Déjà  la  plupart  con- 
naissent toute  l’utilité  que  la  culture  des  jar- 
dins peut  tirer  des  guanos  ammoniacaux  appe- 
lés communément  guanos  du  Pérou.  Qu’ils  fas- 
sent maintenant  l’essai  du  guano  phosphaté,  et, 
dans  peu  d’années,  la  science  horticole  pourra 
s’enrichir  de  nouvelles  données  qui  contrihue- 
ront  éminemment  à la  prospérité  de  la  culture 
des  jardins. 

((  Je  résumerai  en  peu  de  mots  les  observa- 
tions que  j’ai  faites  cet  été  (1865)  ; elles  sont 
assurément  bien  incomplètes.  Je  n’ai  qu’un  but 
en  les  exposant,  c’est  de  suggérer  l’idée  d’en 
faire  de  meilleures. 

((  Je  me  suis  procuré  en  avril  dernier  un  ton- 
neau de  phospho-guano  : 100  kilogr.  ont  été 
semés  sur  40  ares  d’un  pré  ([ui  n’a  jamais  été 
fumé.  Un  are  de  ce  pré  n’a  pas  reçu  de  guano 
pour  servir  de  point  de  comparaison.  Le  prin- 
teinps  ayant  été  d’une  sécheresse  excessive,  la 
récolte  a été  médiocre  (250  hottes  de  foin),  bien 
supérieure  toutefois  à celle  du  pré  voisin  qui 
n’avait  reçu  aucun  engrais  (200  bottes  de  foin 
dans  50  ares).  Après  la  récolte^  des  pluies  abon- 
dantes sont  arrivées  ; le  guano  a été  dissous 
tardivement,  a pénétré  la  terre,  et  voici  ce  qui 
se  remarque  aujourd’hui  : tout  le  pré  oflre 
une  verdure  plantureuse  et  une  végétation  qui 
permettra  de  faire  une  seconde  coupe  satisfai- 
sante. Quand  je  dis  tout  le  pré,  je  me  trompe; 
il  est  aisé  de  remarquer  cet  unique  are  de  terre 
qui  n’a  rien  reçu  et  qui  tranche  par  son  aspect 
gris  et  maigre  sur  le  reste  de  la  prairie.  Com- 
bien de  pelouses  qui,  parleur  triste  aspect,  dé- 
solent leur  propriétaire,  auraient  à gagner  à un 
pareil  essai. 

« L’eftét  incomplet  produit  par  le  guano  en 
poudre  et  sous  l’influence  d’une  sécheresse  per- 
sistante fait  pressentir  tout  l’avantage  qu’il  y 
aurait  à employer  dans  les  jardins  le  guano  en 
solution.  Je  présente  ici  un  spécimen  des  résul- 
tats que  j’ai  obtenus  d’une  telle  solution  sur 
quelques  plantes  d’ornement  : 

« Une  feuille  de  Caladmn  esculentum  dont 


le  pétiole  mesure  0m.80  elle  limbe  0^.70^  pro- 
venant d’un  sujet  planté,  gros  comme  une  noi- 
sette, au  mois  de  mars  1865.  — Une  feuille 
de  ]\lgandia  caracasana,  qui  mesure  0»i.70 
de  longueur,  coupée  sur  une  bouture  de  mars 
de  la  môme  année.  — Un  pied  de  Canna 
fligarilea  discolor  atteint  aujourd’liui  U‘\60  de 
hauteur,  et  ses  feuilles  0‘«.65  à 0"'.70  de  lon- 
gueur. — Un  Uiicin  planté  en  pleine  terre  me- 
sure U". 80  de  haut  sur  lm.50  d’envergure. 

« De  pareilles  observations  sans  doute  ne 
peuvent  compter  que  pour  de  simples  aperçus; 
mais  ces  aperçus  sont  démonstratifs  pour  les 
yeux  les  moins  clairvoyants,  et  j’ai  la  confiance 
que  prochainement  on  reparlera  de  cette  ques- 
tion, qui  est  la  question  vitale  pour  toute  espèce 
de  culture.  » 

Les  faits,  fort  remarquables  assurément, 
cités  par  M.  le  D‘’  Mabieux,  sont  corroborés 
par  un  grand  nombre  d’autres  résultats  non 
moins  favorables  au  pbosplio-guano  appli- 
qué à riiorliculture.  Il  a été  employé  avec 
un  égal  succès  pour  la  culture  des  légumes 
de  toutes  sortes,  ainsi  que  pour  celle  des 
plantes  d'ornement  et  des  arbres  à fruits. 

Ici,  nous  le  voyons  produire  des  choux 
pommés  de  10  kilogr.  ; là  des  carottes  de 
2 kilogr.  ; ailleurs  des  disettes  de  18  kilogr., 
mais  le  plus  grand  mérite  de  l’engrais  dont 
il  est  question  ici,  c'est  son  action  immé- 
diate et  énergique  qui  hâte  la  végétation 
d'une  manière  si  remarquable;  au  point  do 
vue  de  l’agrément  aussi  bien  que  du  béné- 
fice pour  les  horticulteurs  de  profession,  il 
n'est  pas  besoin  d'insister  sur  l'avantage 
qu’il  y a à obtenir  des  primeurs,  à voir  les 
plantes  donner  beaucoup  plus  longtemps, 
comme  cela  arrive  quand  on  hiit  usage  du 
phospho-guano. 

Et  meme  ceux  qui  s’occupent  de  la  cul- 
ture des  plantes  sur  la  plus  petite  échelle, 
ceux  de  nos  lecteurs  qui  sont  obligés  de  se 
borner  à la  culture  sur  leurs  balcons  ou  de- 
vant leurs  fenêtres  de  quelques  jolis  végé- 
taux en  pots  ou  en  caisses  peuvent  encore 
utilement  avoir  recours  à cet  engrais  puis- 
sant. Toutefois  nous  devons  remarquer  ici 
qu’il  faut  avoir  soin  de  s’en  servir  avec  le 
plus  grand  ménagement,  car  autrement  on 
serait  trop  exposé  à obtenir  des  résultats 
diamétralement  opposés  au  but  qu’on  pour- 
suit. Nous  nous  sommes  en  effet  servi  du 
phospho-guano  avec  un  succès  remarquable, 
pour  rendre  plus  active  et  plus  vigoureuse 
la  végétation  des  plantes  cultivées  en  pots,  en 
ajoutant  à l’eau  qui  servait  à les  arroser  de 
faibles  quantités  de  cet  engrais. 


150»  . . . LE  PlïOSPHO-OUANO  APPLIQUÉ  A I/HOUTICULTUnE. 


; NouS,croyons,'  par.  ces  diverses  raisons, 
devoir -recommaniler  à nos  lecteurs,  d’une 
ina'nière  toute  particulière,  'l’emploi  du 


pliosplio-guano  dans  les  dilTérents  genres 
de  culture. 

, , J.  Grcenland. 


UN.  NOUVEAU  RÀIDISSEUR. 


Nousmccupant  depuis  quelques  années  de 
palissage  d’espaliers  par  le.  fil.de  fer;  ,nqus- 
avon's'reconnu  la  nécessitéjde;pouVoirîopé- 
rermnedension  régulière. par, une  manipula- 
tion' facile.  Après  plusieurs  essais  sur  les 
raidisseurs  connus  jusqu’à  ce  jour,  nous 
n’avons  rien  trouvé  qui  pi'd  réunir,  avec  la 
simplicité,  la  solidité  et  la  célérité  dans 
l’action  sans  le  secours  embarrassant  d’une 
clef,'  que  nécessitent  tant  d’autres  systèmes 
de<raidisseurs.  Nous  avons  donc  imaginé, le 
petit  instrument  (fig.  14)  que  nous  présen- 
tons aujourd’hui  aux  amateurs  d’espalier.'  Il 
consisie  dans  une  petite  bande  de  fer. 


de  O'".  10  ou  0«ul2,  large  de  0"^.02,  et 
épaisse  d’environ  3-  millimètres,  dont  da 
•tête/  un'.peu . plus  large  et  arrondie,  est 
■ miinie  d’un  rivet  à tète  aplatie.  La  tige  de 
, cé  rivet  ésf  percée  d’un  trou  si  l’on  passé  le 
fil  de  fer  avant  de  le  fixer  à l’espalier.  Une 
lofs  le  fil  de  fer  accroché,  on  n’a  qu’à  tourner 
lé  raidisseur  sur  lui-même  autant  de  demi- 
tours,  que  le  cas  l’exigera,  après  quoi  on 
c’aura,  qu’à  arrêter  le  bout  inférieur  de  l’ins- 
trument sur  le  fil  de  fer,  au  moyen  d’une 
petite  rainure  pratiquée  au  bout,  sur  l’ex- 
trémité recourbée. 

Au  moyen  de  ce  raidisseur,  le  maître 


Fig’.  H,  — Raidisseur  Carbou. 


comme  l’ouvrier  ..pourront,  toutes  les  fois 
qu’ils  passeront  devanfleurs  palissages,  don- 
ner lia.  tension  ' nécessaire  sans  l’em haras 
d’une  clef.  ‘ 


• Le  prix  de  ce  raidisseur  varie,  depuis 
0L20  jusqu’à  0L50,  suivant  que  l’instru- 
ment est  plus  ou  moins  bien  fini.  ' 

J. -R.  Carüou. 

A l’Estagnol,  ù Carcassonne. 


CANNA  DÉPUTÉ  HÉNON. 


i La. belle, vai;iété  de  Canna  que  reprérente, 
une.  des  plancbes.  coloriées  de  ce  numéro  esti 
une  plante  ^élevée,  rentrant,  pour  le  «port  et ^ 
le  feuillage,'  dans  la  catégorie  des  .variétés* 
glauques  i et  .fastigiées  issues  du  ; Canna 
glaucà,  teWes  que  les  Canna  Nepolensü  ei 
Annæi.'  *■*::'  , : 

Ses  feuilles  sont  dressées,  ovales.. lancée-' 
lées,  longuement  acuminées  à chaque  ex- 
trémité, aiguës  au  sommet,  peu  nombreuses 
et  bien  distancées  sur  les  tiges;  leur  teinte 
est  glauque  ou  vert  de  mer.  Comme  dimen- 
sions, elles  rentrent  dans  les  feuillages 
moyens  de  leur  section. 

'Les  inflorescences,  nombreuses,  s’élèvent 
franchement  au-dessus  du  feuillage.  Elles 
forment  des  panicules, peu  rameuses,  ovales- 
cylindriques,  dressées,  à divisions  divari- 
quées,  supportées  par.  des  rachis  tri- 
quêtres  au  sommet,  d’un  vert,  glauque  uni- 
forme..; Les  gaines  primordiales  ; et  celles 
des  -fp.^dles  sont  vertes,  scarieuses  sur  les 

bords;;é.  ;.:  ' 

Les*'fl«urs.*se  complenl  parmi  les  plus 


grandes  du  genre.  .Elles  sont  sessiles,  gé- 
minées,'bien  distancées,  étalées,  épanouies' 
en  forme  de ‘Lis.  Elles  sont  accompagnées,' 
à leur  insertion,'  par  des  écailles  basilaires 
imbriquées,’  courtes,  ovales-aigues,  embras- 
santes,’ semidiapbanes,  glaucescentes,  sca- 
rieuses aux 'bords.  . 

' Les, trois  lobes  extérieurs  du  périanthe 
(sépales)  sont  dressés  inégaux,  ovales-oblongs 
I aigus,  profondément*  canaliculés,  à bords 
’ convolutés  et  d’un  rouge-aurore  foncé  plus 
intense  sur  les  bords.  ‘ ' 

Les  trois  divisions  intérieures  (pétales) 
sont  pétaloïdes,  ovales,  obtuses,  mucronées, 
atténuées  en  onglets  soudés  entre  eux  par 
la. base.  Leur  Virnhe  (lamea)  est  plan,  étalé, 
d’un  beau  jaune  de  ' chrome  mélangé  de 
gomme-gutte,  • intérieusement  vergeté- 
flammé  de  rouge-pourpre  vif  à la  base  ainsi 
que' sur  les  deux  appendices  pétalo'ides  qui 
portent  l’étamine  et  le  pistil. 

. Les  fruits  sont  sphériques,  côtelés,  ru- 
gueux'’d’iin  vert  uniforme.  , 

> Le  Canna  Député/IIénon  est.  une  plante 


( . 3.  R R3  D e P U l e H é n 0 U 


hnp  Zanote  r.  des  B onlaii^ers,l3.  f a 


^ hmZ 


CANNA  DÉPUTÉ  HÉNON. 


151 


lyonnaise.  Elle  a été  obtenue  en  1805,  dans 
son  jardin  de  Montplaisir  près  Lyon,  par  un 
amateur  des  plus  éclairés,  M.  Jean  . Sisjey, 
dont  elle  a dignement  récompensé  les  essais 
persévérants  de  fécondation  artiüciélle.  • ' 
Voici  dans  quelles  circonstances  M.  Sisley. 
raconte  la  naissance  de  cette  belle  plante  : 

« J’ai  fécondé,  m’écrivait-il  en  septembre, 
dernier,  le  Camia  pîirpHrea-spectabllis,h  feuilles  ‘ 
veinées  comme  \e  discolor  et  à ûeursrouges,  par 
le  (]anna  Nepalensis,  à feuilles  glauques  et  à' 
WeuYs  jaunes . ; . . . . : . , . 

a J’ai  récolté  14  graines  qui,  semées  le 
27  février,  ont  Henri  dans  les  premiers  jours  du 
mois  d’août.  Sur  ces  14  plantes,  sept  ont. 
le  feuillage  veiné  comme  la  mère  et  sept  le 
feuillage  unicolore  comme  le  père,  mais  tous 
les  quatorze  ont  les  Heurs  orange  plus  ou  moins 
foncé,  comme  si  un  peintre  avait  mélangé  du 
rouge  et  du  jaune  sur  sa  palette . 

« J’avais  aussi  fécondé  le  Canna  Pie  IX  (de 
Hantoimet),par  le  Canna  Bonneüi  de  Lyon.  Je 
n’ai  récolté  que  deux  graines,  qui  ont  produit 
deux  plantes  dont  le  feuillage  est  comme  celui 
de  la  mère,  mais  plus  développé.  La  plante 
a le  port  du  Nepalensis,  X où;  sort  le  , père, 
f.es  Heurs  sont  d’un  beau  jaune  vifavec'on- 
glets  aurore,  comme  dans  Pic  JX;  mais  elles 
sont  grandes  et  s’étalent  bien,  et  se  dressent 
nettement  au-dessus  du  feuillage.  » 

Le  Camia  Député  Hénon  est  une  de  ces 
deux  dernières  plantes.  . ,, 

Il  sera.. mis  au  commerce  ce  printemps, 
par  M.  Cbaté,  horticulteur  à Paris,  40,  bou-. 
levard  Picpus.  t , , - - . 

Voilà  ‘un  acte  de  naissance  net,  précis,  ' 
en  bonne  et  due  forme,  et  qu’il  serait  bien, 
à désirer  que  les  autres  semeurs  imitassent 
un  peu  plus.  • , . . 

Rien  n’est  plus  regrettable  et  malheureu-, 
sentent  plus  commun  que  cette  négligence, 
de  tenir  compte  des  circonstances  dans  les- 
quelles sont  nées  les  nouveautés  mises  au- 
commerce.  . ^ 

M.  Sisley,’  grâce  à Dieu,  fait  partie,  du! 
petit  nombre  dés  intelligences  soigneuses; 
qui  n’abandonnent  rien  au  hasard  et  ^ qui 
tiennent,  compte  des  moindres  détails,  sajj 
chan{  que  rien  n’est  petit  dans  le  domaine^ 
de  la  science  et  de  l’observation.  , , ; 

Depuis  plusieurs  années  il  poursuit  sans 
relâche  ce  grand  problème  de  l’améliora-; 
tion  des  Heurs  dans  le  genre  Canna.  - Il  < est! 
persuadé 'que  le  luxe  des  inflorescences. 
elTacèrandans  peu  celui  du  feuillage  de  ces! 
belles  . plantes,  et  il  nourrit  l’espoir  de  proL 
voquer  celte  révolution  féconde.  Pour, lui/ les 
Balisiers,  doivent  aspirer,  comme  floraison/, 
à de.  hautes,  destinées.  Naguère  encore -il 
m’entretenait  de  ces  espérances  : , < . ; 

((  Voyez  le  Dahlia,  disait-il,  quel  chemin 
il  a fai't/r  II  n’avait  au  début  ni  feuillage,) 
ni  fleur,,  et  cependant  il  a trôné  dans  nos 
jardins  pendant  près,  d’un  demi-siècle.  ».  , 

, Ici  je  demande  la  permission  d’arrêter 


■ un  instant  l’enthousiasme  de  M.  Sisley  et  de 
lui  dire  publiquement  mon  opinion.  Il  a 

* souvent  donné  Jui-meme  l’exemple  de  cette 
liberté  d’appréciation,  il  sait  trop  combien 

- je  l’estime  et  l’bonore  pour  ne  pas  me  per- 
mettre d’en  user'de  même  â ssn  endroit. 

Je  crois  fermenient  â l’amélioration  des 
; variétés,  même  perfectionnées,  des  Balisiers 
que  nouS;  possédons.  J’ai  suivi  de  trop  près 
î les  curieux  résultats  obtenus  par  M.  Année, 

^ au  début  de’ la!  culture  en  plein  air  de 
ce  beau  genre,  pour,  ne  pas  bien  augurer  de 
‘ ses  perfections  futures.  Après  avoir  vu  des 
transformations  étonnantes,  comme  les  Ba- 
' lisiers  glauques,!  les  pourpres,  les  grands 
feuillages,  les  nains,  les  métissages  entre 
les  plantes  les. plus  distinctes  au  premier 
I aspect,  je,  ne  doute  pas  que  les  nouveautés 
’ augmentent  encore. . - 
' Mais  je  crois  aussi  que  les  'modifications 
se, maintiendront  dans  une  certaine  limite, 

, et  que  celles  qu’on  a déjà  obtenues  indiquent 
assez  un  but  qu’on  ne  dépassera  pas.  Re- 
marquez bien  que  les  Balisiers  ont  déjà  plus 
..varié  quel.es  Dahlias,  à beaucoup  près,  et  qu’il 
n’y  a pas,  entre  les  plus  belles  plantes  de 

■ ce  dernier  genre  et  le  Dahlia  apporté  du 
Mexique  en  1789,  la  différence  qu’on  trouve 
entre  le  Canna,  spectahilis  et  le  Canna 
nigricans  par  exemple.’sLeLeuillage,  dans 

, les  Dahlias,  a infiniment  peu  varié  ; il  consti- 
tue jusqu’ici  au  contraire;  .la  principale  mo- 
dification dans  les  Balisiers.  - 

Ah!  si'le  genre  Canna  se  composait  d’un 
I grand  nombre  ' d’espèces,  solides  et  bien 
^distinctes,' qu’on  pût'^ féconder- entre  elles, 
comme  les  genres  Rhododendron  etAzalea, 
on  obtiendrait  sans 'doute  » des  écarts  consi- 
;dérables  qu’on  pourrait'même  diriger  vers 
■un;  but  déterminé  :à  Tavànce.  Mais  quoi 
i qu’on  en  ait  dit  et,écrit,'je;ne  crois  pas  aux 
j espèces  de  Canna, de.la, plupart  dès  botanis- 
j tes,- et  si  j’émets  libremént  cëtte  opinion, 
C:est  que  j’ai  en  naani!  lésimatériàux  d’une 
I étude  et  d’une  expérimentation  de  six  an- 
I liées.  Comme  . beaucoup  ; d’autres  ,'  j’avais 
; cru , un  moment  à : l’authenticité  dhiir  ’bon 

• nombre  d’espèces  et, 'entraîné  inêrne  par  un 
penchant  spécial,  — .quejje  consérvè  encore 

! en  entier,  — vers  ces,  belles ‘plantes;  j’avais 
I entrepris  d’éclaircirilaisynonymie.du'geiire 
i et  d’en  publier  un  ' essai’., de'  monographie, 
i ; Mais,  après  plusieurs!  annéèsnde -travail, 

' après  avoir;  expérimenté  sünila  plus  belle 
I collection  qu’on  ait jamaisVéuhie,' — .grâce 
î aux.soins  de  la  ville  de  Paris; compulsé  de 
; nombreux  auteurs:, Roscoëj  'BQuéhè,  lès, ou- 
vrages anglais  et  aRemandsy'jlai’. dû.; aban- 
donner le  projet  d’élucider  cesiénèlA-es,' et 
j[en  suis  arrivée  à i-reçonnaÙfe'/que,  des 
soixante  ou  quatrèrA’ingts 'espèces' accep- 
tées etdécrites,  il  é.tait  im.poçsilile  d’en  re- 
garder plus  de*  CINQ  'Comme'.sérieuses.  Ce 
sont  les  Cnn  m/  Indlca,'  glaiica , flaccida, 


152 


CANNA  DÉPUTÉ  ÎIÉNON 


iricUflora  et  liliiflora.  Et  encore  les  deux 
premières  espèces  ont  tellement  joué  entre 
elles  qu’on  ne  saurait  affirmer  qu^elles  n’ap- 
partiennent pas  à un  type  commun.  Quant 
aux  trois  autres,  la  fécondation  artificielle 
n’a  pas  encore  réussi  à les  métisser  d’une 
manière  sérieuse.  Si  on  y parvient,  ce  qui 
n’est  pas  impossible,  on  peut  dès  à présent 
prévoir  dans  quels. sens  seront  modifiés  les 
produits  qui  en  sortiront. 

Or  je  conclus  de  ce  qui  précède  : qu’il  ne 
faut  pas  nourrir  l’espoir  d’obtenir  ces  fa- 
meux Balisiers  à fleurs  grandes  et  fournies 
comme  les  Glaïeuls,  sur  lesquels  M.  Année 
comptait  autrefois,  mais  non  plus  mainte- 
nant; 

Que  les  Balisiers  sont  encore  suscepti- 
bles d’améliorations  dans  toutes  leurs  par- 
ties (témoin  le  succès  récent  de  M.  Sys- 
ley):  mais  que  les  modifications  futures  ne 
dépasseront  pas  indéfiniment  le  cercle  de 
celles  qu’on  a déjà  obtenues; 


Que  les  espèces  du  genre  Canna  sont  trop, 
peu  nombreuses  pour  qu’on  espère  obtenir 
par  l’hybridation  des  caractères  saillants 
autres  que  ceux  des  variétés  connues  : 
Qu’enfin  les  différences,  même  légères, 
que  les  semeurs  obtiendront  dans  le  sens 
de  l’amélioration  suffisent  cependant  à en- 
courager les  nouveaux  essais  de  fécondation 
arlificielle. 

Cette  digression  terminée,  je  félicite,  au 
nom  de  tous  les  amis  des  jardins,  M.  Sisley 
de  son  succès,  en  lui  en  souhaitant  de  nou- 
veaux, s’il  persévère  dans  ses  travaux,  ce 
qu’il  ne  saurait  manquer  de  faire.  Il  a pour 
cela  de  très-bonnes  raisons  : d’abord  un 
véritable  talent  d’horticulteur  raisonnant 
toutes  ses  opérations,  le  feu  sacré,  l’amour 
profonddes  plantes,  et  un  peu,  j’ensuis  sûr, 
l’espoir  de  démentir  mon  appréciation  un 
peu  hardie  contre  l’amélioration  indéfinie 
des  Balisiers, 

Ud  Andpé. 


SARCOPODIUM  UNIFLORUM. 


Le  nombre  des  publications  horticoles 
illustrées  s’est  augmenté  l’année  dernière 
par  l’apparition  d’un  nouveau  recueil  fort 
utile  et  fort  intéressant,  publié  sous  la  sa- 
vante direction  de  M.  le  docteur  0.  Au- 
demans,  professeur  de  botanique  à Amster- 
dam. 

Le  Nceiiands  Plant  en  tuin(iaiYàm  des  plan- 
tes des  Pays-Bas)  est  un  de  ces  ouvrages  qui 
attachent  une  importance  égale  aux  beautés 
du  règne  végétal,  qu’elles  soient  déjà  d’une 
introduction  ancienne  ou  bien  quelles  soient 
des  nouveautés  adoptées  quelquefois  plutôt 
par  la  mode  que  par  un  véritable  sentiment 
de  la  beauté.  Nous  aurons  très-prochaine- 
ment l’occasion  de  rendre  compte  à nos 
lecteurs  de  cette  belle  publication  d’une 
manière  spéciale.  Aujourd’hui  nous  intro- 
duisons le  Neerlands  Plant  en  tnin  dans  le 
cercle  des  journaux  dont  nous  rendrons 
compte  périodiquement  dans  la  Revue  hor- 
ticole, en  donnant  d’après  lui  la  figure  co- 
loriée d’une  plante  curieuse. 

La  belle  Orchidée  qui  fait  le  sujet  de  cet 
article  n’est  pas  précisément  une  nouveauté 
pour  les  amateurs  de  cette  riche  famille; 
néanmoins  une  figure  fidèle  sera,  nous 
l’espérons , la  bienvenue  chez  nos  lec- 
teurs. Introduite  de  Java  en  Angleterre  dès 
l’année  1847,  elle  fut  décrite  et  figurée  la 
même  année  dans  \e  Rolanical  Register,  ynY 
Lindlef . Les  espèces  corn  posant  le  genre  Sar- 
copodiuni  étaient  comprises  autrefois  parmi 
les  Rulbojdiyllum  : Lindley  les  établit  eiï 
genre  distinct.  Les  Sarcopodiinn  forinent 
en  quelque  sorte  un  groupe  intermédiaire 
entre  les  Dendrolnuni  et  les  BnlbophyP 


luni.  — Comme  dans  les  De7'idrobiuni  on 
trouve  aussi,  dans  la  fleur  du  Sarcopodimn 
quatre  masses  polliniques  bien  distinctes; 
mais,  tandis  que,  dans  le  premier  genre,  les 
parties  florales  sont  minces  et  à moitié 
transparentes,  elles  sont,  dans  l’autre,  épais- 
ses et  charnues.  — Voisin  du  Bulbophyllmn 
par  ses  pseudo-bulbes  courts,  elliptiques,  le 
Sarcopodimn  s’en  distingue  par  la  grandeur 
de  ses  fleurs,  par  un  développement  plus 
considérable  des  masses  polliniques  et  par 
l’absence  des  excroissances  en  forme  de 
cornes  sur  le  gynostême. 

Le  SarcopodiiiM  uniporim,  demande  la 
serre  chaude;  il  peut  néanmoins, pendant  la 
floraison,  qui  se  présente  en  juillet,  être 
employé  avantageusement  pour  la  décora- 
tion des  salons. 

Cette  plante  est  épiphylle,  comme  un 
coup  d’œil  sur  la  planche  ci-jointe  le  fait 
voir.  Les  pseudo-bulbes,  gros  comme  des 
œufs  de  pigeon,  portent  dans  leur  jeunesse 
une  seule  feuille  coriace,  courtement  pétio- 
lée,  lancéolée,  carénée.  Les  fleurs  solitaires 
naissent  à la  base  des  pseudo-bulbes  et  sont 
supportées  par  un  pédoncule  plus  court 
que  les  feuilles  ; tout  épanouies,  elles  ont 
environ  de  diamètre  et  elles  se  com- 

posent de  trois  sépales  courbés  en  crochet; 
de  deux  pétales  étroits,  également  courbés; 
plus  courts  que  les  sépales;  d’un  labelle  pré- 
sentant une  partie  supérieure  très-mohile 
cordiforme,  bombée,  se  terminant  en  pointe, 
et  d’une  partie  inférieure  charnue  qui  s’é- 
largit à la  base  ; enfin  d’un  gynostême  court 
et  épais.  En  dessous  du  petit  capuchon  qui 
termine  ce  dernier  organe  et  qu’on  peut 


ic  Horticole . 


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rue  des  Boulan^ers^  Pa 


lmp.  Zanoce 


SAllCOPODIUM  INIFLORUM. 


153 


ouvrir  comme  une  espèce  de  couvercle,  on 
aperçoit  les  quatre  masses  polliuiques 
jaunes. 


Les  petites  figures  de  notre  planche  pré- 
sentent le  labelle  de  la  Heur  vu  de  plusieurs 
côtés,  J,  GrOENLâTIU. 


ARBRE  GÉNÉALOGIQUE  DU  GROUPE  PÊCHER.- VIIP. 


En  admettant  que  la  marche  évolutive  et 
la  formation  des  diverses  races  et  rariétés  du 
groupe  Pêcher,  se  soient  montrées  et  aient 
suivi  dans  leurs  développements  l’ordre 
que  nous  avons  indiqué,  et  qu’il  en  résulte 
un  arbre  aussi  régulier  que  celui  que  nous 
avons  représenté,  ce  n’est  pas  une  raison  pour 
admettre  que  cette  régularité  doive  persis- 
ter indéfiniment.  Non!  Une  pourrait  en  être 
ainsi  ! Rien  ne  pouvant  durer  éternellement! 
Et,  comme  parmi  les  choses  existantes,  il  en 
est  qui  doivent  durer  beaucoup  plus  long- 
temps que  d’autres,  certaines  races  devront 
donc  s’éteindre  tandis  que  certaines  autres 
persisteront.  Mais,  comme  d’une  autre  part 
et  en  vertu  de  la  grande  loi  de  rénovation 
générale,  des  races  nouvelles  devront  appa- 
raître, certaines  branches  aussi  se  dégarni- 
ront et  pourront  même  périr,  tandis  que 
d’autres  s’allongeront,  d’où  il  résultera  des 
irrégularités,  et  qu’alors  l’arbre,  suivant  les 
temps  où  on  l’examinera,  pourra  présenter 
un  tout  autre  aspect  que  celui  qu’il  présente 
aujourd’hui. 

On  doit  comprendre  aussi  que,  toutes 
choses  égales  d’ailleurs,  l’arbre  sera  d’au- 
tant plus  ramifié  qu’il  sera  plus  ancien,  ce 
qui  pourtant  ne  veut  pas  dire  qu’il  ira  tou- 
jours en  augmentant.  Non  ! car  en  vertu  de 
la  grande  loi  que  nous  venons  d’énoncer,  cet 
arbre,  après  avoir  atteint  son  apogée  de 
développement,  devra  s’affaiblir;  puis,  comme 
toutes  choses  d’ici-bas,  il  devra  disparaî- 
tre!  ! Quand,  comment  et  pourquoi? 

Dieu  seul  le  sait!!! 

Faisons  encore  observer  que  cet  arbre 
généalogique,  on  pourrait  même  dire  idêolo- 
Jogique,  de  l’extension  successive  que  nous 
supposons  s’être  produite  dans  le  groupe  Pê- 
cher, peut,  jusqu’à  un  certain  point,  dé- 
montrer ce  qu’on  peut  entendre  par  les  ter- 
mes rarièté^  race^  espèce.  Nous  pourrons 
supposer,  par  exemple,  (ce  qui  du  reste  ne 
peut  faire  l’objet  d’aucun  doute),  qu’avec  le 
temps  il  devra  se  faire  sur  différentes  parties 
de  l’arbre  des  solutions  de  continuité,  et 
qu’alors  il  manquera  à la  chaîne  un  certain 
nombre  d’anneaux  ou  de  chaînons,  d’où  ré- 
sultera l’isolement  de  parties,qui,  primitive- 
ment, étaient  reliées,  et  qui  même,  pour 
ainsi  dire,  se  confondaient  ensemble,  ainsi 
que  la  présence  de  groupes  éloignés,  qui, 
bien  que  provenant  d’une  même  origine,  de- 
viendront alors  très-distincts,  et  semble- 

''  Voir  la  Revue  de  1865,  p,  292  35'(.  et  417,  et 
les  11“^  du  1<?'-  janvier  1866,  p.  12  ; du  16  janvier’  p. 
32  ; du  16  février,  p.  71  ; du  l^i-  avril,  p.'l25. 


ront  ne  plus  se  rattacher  à rien,  sinon 
de  très-loin , ainsi  on  aurait  alors  des 
groupes  particuliers  qui  constitueront  des 
têtes  de  séries,  auxquelles,  suivant  leur 
importance,  on  pourra  accorder  une  valeur 
plus  ou  moins  grande;  par  exemple,  en 
faire  des  embranchemenis,  des  ordres,  des 
classes,  des  familles,  des  genres,  des  c.s- 
pèces,  etc.,  etc. 

Si  au  contraire  on  suit  l’ordre  d’évolution 
régulière  et  successive,  et  qu’on  suppose 
celle-ci  sans  solutions  de  continuités,  enverra 
comment  les  parties  s’accroissent  continuel- 
lement par  l’adjonction  de  nouvelles  varié- 
tés, comment  tout  change  de  valeur  àmesure 
qu’on  avance,  et  comment  aussi  ce  qui  n’é- 
tait d’abord  qu’une  simple  variété  peut  de- 
venir le  type  d’une  race,  puis  d’une  espè- 
ce, etc.  D’où  il  résulte  qu’on  peut  consi- 
dérer les  variétés  comme  étant  des  races  en 
herbes,  races  comme  espèces naissan- 
les,  et  les  espèces  comme  pouvant  et  devant 
même  par  la  suite  des  temps,  constituer  des 
séries  plus  importantes  telles  que  familles, 
classes,  ordres,  embranchements,  etc.,  etc. 
Tout  cela  sans  faire  intervenir  ni  mystère, 
ni  aucune  force  occulte,  mais  en  admettant 
seulement  ce  fait,  si  incontestable,  qui  n’est 
que  la  conséquence  de  cette  grande  et  uni- 
verselle loi  en  vertu  de  laquelle  tout  être 
tend  non-seulement  à se  reproduire,  mais 
encore  à se  modifier  continuellement  dans 
sa  descendance  afin  de  se  mettre  en  harmo- 
nie avec  les  milieux,  qui,  eux  aussi  ne  sont 
jamais,  même  un  seul  instant,  complètement 
les  mêmes  ! 

L’examen  de  notre  arbre  peut  donc,  jus- 
qu’à un  certain  point,  expliquer  la  présence 
de  racestrès-perfectionnées,  relativement  in- 
variables, quant  à leur  reproduction,  que  l’on 
rencontre  aujourd’hui  et  qu’on  ne  sait  plus 
à quoi  rattacher,  parce  qu’on  ne  retrouve 
plus  les  types  sauvages.  On  ne  réfléchit  pas 
assez  que,  depuis  l’origine  de  ces  choses  des 
milliers,  eu  plutôt  des  milliards  d’années, 
de  siècles  peut-être,  ont  dù  s’écouler,  pen- 
dant lesquels  les  types,  qui  présentaient 
moins  d’avantages  que  leurs  descendants, 
ont  été  délaissés  pour  ceux-ci,  et  qu’alors, 
par  la  suite  des  temps,  des  changements  de 
milieu,  et  en  vertu  de  l’universelle  loi  de 
rénovation,  ces  types  ont  disparu.  C’est  là, 
selon  nous,  la  cause  et  l’explication  tout  à 
la  fois  de  la  présence  de  la  plupart  de  nos 
plantes  potagères  et  industrielles,  de  nos 
céréales,  ainsi  que  de  nos  animaux  domes- 
tiques. 


ARBRE  GÉNÉALOGIQUE  DU  GROUPE  PÉCHER.  - VIII. 


154 

Pour  nous  faire  comprendre,  prenons 
deux  plantes  indigènes'et  supposonsque,par 
la  culture  on  en  obtienne  des  races  très- 
modifiées,  bien  supérieures  par  la  forme, 
par  les  dimensions  et  surtout  par  les  quali- 
tés, aux  types  dont  elles  sortent.  Qu’arrive  • 
rait-il  alors  ? Qu’on  abandonnerait  complè- 
tement les  types.  Supposons  alors  que  ces 
types  se  perdissent,  il  ne  resterait  donc 
plus  que  les  races  auxquelles  le  temps  et  les 
traitements,  auraient  pu  communiquer  les 
caractères  de  permanence  que  nous  rencon- 
trons chez  beaucoup  de  nos  races  domesti- 
ques; races  qu’on  ne  saurait  plus  à quoi 
rattacher.  Mais  en  supposant  même  que  ces 
types  ne  se  perdissent  pas,  ne  pourrait-il 
pas  arriver  que  les  conditions  de  milieu  et 
de  traitement  dans  lesquelles  sont  placés, 
ou  sont  soumis  les  individus  modifiés,  ne 
leur  permettent  plus  de  revenir  au  point  de 
départ?  N’est-ce  pas  ainsi  que  s’effectue  la 
marche  générale  des  choses?  et  si  l’huma- 
nité ne  remonte  pas  le  lleuve  de  la  vie,  qui 
oserait  dire  qu’il  n’en  est  pas  de  même  de 
tous  les.autres  êtres? 

Du  reste,  c’est  ce  qui  se  passe  encore  de 
nos  jours,  et,  pour  le  démontrer,  supposons 
encore  que  d’un  type  qu’on  cultive  on  ob- 
tienne, dans  un  semis,  deux  variétés  bien 
distinctes;  que  ferait-on  alors  si  ces  variétés 
présentaient  des  avantages  sur  le  type  ? On 
abandonnerait  celui-ci  pour  cultiver  ces  va- 
riétés, qui,  avec  le  temps,  pourraient  for- 
mer des  races,  et,  si  au  bout  de  quelque 
temps  on  s’apercevait  que  l’une  des  deux 
variétés  est  préférable  à l’autre  on  la  pren- 
drait pour  la  cultiver  seule.  Mais,  de  celle- 
ci  et  avec  le  temps,  pourraient  sortir  d’autres 
variétés  qui,  à leur  tour,  présenteraient  des 
avantages  sur  lesMypes  dont  elles  sortent  ; de 
sorte  qu’après  avoit*  suivi  une  marche  mo- 
dihcatrice,  successive  et  graduée,  on  arrive- 
rait à être  très-éloigné  du  point  de  départ. 
Si  l’on  suppose  encore  que  ce  dernier  soit 
un  type  dit  sauvage  qui  existe  encore  sur 
certains  points  éloignés  du  globe,  ne  pour- 
rait-il pas  se  faire  que  les  botanistes  ne 
pussent  reconnaître  ces  individus  comme 
appartenant  à la  même  souche,  et  qu’ils 
fissent  de  la  mère  et  de  ses  enfants  des 
groupes  particuliers,  que,  suivant  l’impor- 
tance de  leurs  différences,  ils  élèveraient 
au  rang  d’espèces  ou  de  genres  particuliers? 
Le  fait  ne  peut  être  douteux.  On  le  trouvera 
même  tout  naturel  si  l’on  songe  au  nombre 
d’années,  parfois  si  considéraÏ3le,  qui  a dû 
s’écouler  entre  le  point  de  départ  et  celui 
d’arrivê'ë)  ainsi  qu’aux  influence  si  diver- 
ses quifpnt  dû  s’exercer  pendant  tout  ce 
temps,  ‘i  I 

On  peut  aussi  à f aide  de  l’arbre  généalo- 
gique que  nous  représentons,  et  par  les  di- 
visions subséquentes  qu’il  peut  présenter, 
à l’infini,  par  voie  de  descendance  modifiée, 


expliquer  l’apparition  et  la  fixation  de  nos 
races  d’animaux,  tels  que  Poules,  Pigeons, 
Canards,  Bœufs,  Chevaux,  Moutons,  Co- 
chons, etc.,  efc.  Nous  allons  même  plus 
loin,  et  nous  disons  qu’on  peut  expliquer  la 
formation  des  races  et  des  sous-races  d’hom- 
mes. En  effet,  il  suffit  pour  cela  de  considé- 
rer le  tronc  comme  représentant  un  type 
quelconque,  et  les  diverses  ramifications 
qui  en  partent  comme  représentant  les  ra- 
ces, les  sous-races,  les  variétés,  etc.,  qui 
sont  sorties  de  ce  type. 

On  peut  encore  admettre  que  notre  arhre 
généalogique  est  la  représentation  du  règne 
végétal  tout  entier,  par  exemple , que  le 
tronc  A représente  les  végétaux  dont  l’or- 
ganisation est  la  plus  simple,  ceux  qui,  de 
nos  jours  encore,  sont  si  imparfaitement 
connus,  et  qui  semblent  constituer  le  pre- 
mier chaînon  organique  végétal,  et  qu’à 
partir  de  là,  la  vie  en  même  temps  qu’elle 
s’étend  de  plus  en  plus,  est  aussi  de  mieux 
en  mieux  caractérisée,  de  sorte  que  la  bran- 
che-mère B B comprendrait  les  acotylédo- 
nés  cellulaires,  que  la  branche-mère  C C re- 
présenterait les  acolylédunés  ; vasculaires  ; 
que  la  branche-mère  D D représenterait 
les  végétaux  monocoliflédonés  et,  enfin,  que 
la  branche-mère  E E représenterait  les 
végétaux  dicotylédunés  ; ei  sl\ots  que  chacune 
de  ces  grandes  divisions,  s’étendant  ensuite 
de  toutes  parts,  et  dans  tous  les  sens,  pro- 
duit des  formes,  qui  bien  que  parfois  très- 
différentes,  se  lient  néamoins  très-étroite- 
ment  les  unes  avec  les  autres. 

Mais  par  la  suite,  et  plus  ou  moins  vite, 
selon  les  cas,  il  doit  en  résulter,  ainsi  que 
nous  l’avons  dit  ci-dessus,  que  des  formes 
finissent  par  être  très -distinctes,  à cause 
des  solutions  de  continuité  résultant,  soit 
d’extinctions  partielles,  soit  de  divergences 
ou  d’irradiations  différentes. 

Comme  les  branches  principales  de  l’ar- 
bre que  nous  représentons  peuvent  s’allon- 
ger indéfiniment,  que  leur  extrémité  tron- 
quée est  là  comme  une  sorte  de  pien‘e 
d'attente,  et  qu’il  en  est  de  même  de  toutes 
leurs  ramifications,  et  qu’indépendamment 
des  ramifications  qui  existent,  il  peut  s’en 
développer  indéfiniment  à' ‘àuir es  en  donnant 
alors  au  tout  un  aspect  plus  ou  moins  diffé- 
rent, il  s’ensuit  que  notre  arbre  pourrait 
même  servir  de  démonstration  pour  donner 
une  idée  théorique  de  tous  les  êtres  qui 
existent  sur  notre  globe’.  Toutefois,  nous 

1 II  ne  faudrait  pas  supposer  que  nous  voulons 
dire  qu’une  seule  plante,  par  suite  de  modifications 
incessantes,  a pu  produire  toutes  celles  qui  existent 
aujourd’hui,  que  par  exemple,  eu  parlant  d’un  végé- 
tal unicelullàire,  ou  ]>eut  arriver  au  Ghéne,  au  Bao- 
bab, au  Seiiuoia  (ii(i(mtea.  Pris  d’une  manière  aussi 
absolue,  ce  principe  exigerait,  comme  conséquence, 
qu’on  en  fasse  l’apiilicaiiou  aux  animaux,  et  connue 
il  estsouvent  difficile,  ou  plutôt  (pi’il  est  impossible 
d’établir  les  limites  qui  séparent  les  végétaux  des 
animaux,  il  s’ensuit  que  Pou  pourrait  admettre  que 


ARBRE  GÉNÉALOGIQUE  I 

BOUS  eiiijif  jssons  de  déclarer  que  nos  pré- 
tentions sont  plus  modestes,  et  que  notre 
but  ici  'p’étant  autre  que  d’essayer  à çié- 
montrer  la  marche  évolutive  et  extej^Mve 
qu’a  dû  suivre  le  groupe  Pêcher,  et  ^ faire 
suivre,  à l’aide  d’une  figure  théoriqde,  l’ap- 
parition successive  des  tribus,  des  sections, 
des  races  et  des  sons-races  qu’il  comprend 
aujourd’hui,  nous  nous  en  tenons,  pour  le 
moment,  à ces  considérations  générales, 
désirant  qu’elles  puissent  être  de  qiîelque 
utilité  en  venant  ouvrir  les  voies  à d’autres 
aute  rs,  qui,  profitant  de  ce  que  nous  avons 
fait,  pourront  très* probablement  faire  mieux, 
ce  que  nous  souhaitons. 

Pour  terminer  cette  esquisse  su  rie  groupe 
Pêcher,  faite  en  vue  de  démontrer  l’exten- 
sion d’un  type,  et  la  formation,  à l’aide  de 
ses  divisions  successives,  de  sous-types  se- 
condaires, tertiaires,  etc.,  etc.,  nous  allons: 
afin  de  démontrer  ce  que  nous  avons  avancé, 
que  le  Pêcher  n’est  qu’une  forme  de  l’A- 
mandier, examiner  si,  sans  forcer  ta  main, 
on  peut  opérer  ce  rapprochement  ou  cette 
sorte  de  fusion,  et  lâcher  de  démontrer 
aussi,  comment,  par  une  série  indéfinie  de 
formes,  on  peut  passer  de  l’Amandier  au 
Pêcher.  Quant  à ce  qui  concerne  le  Bru- 
gnonnier,  nous  avons  dit  notre  ojiinion. 
Pour  nous,  il  n’est  qu’une  modification  du 
Pêcher.  Nous  n’y  reviendrons  pas. 

L’élude  toute  particulière  que  nous  avons 

les  uns  et  les  autres  ont  eu  primitivement  une 
même  origine,  qu’une  môme  eellule  a été  leur  ber- 
ceau. Ce  n’est  pas  tout,  Tadmission  de  ce  principe 
en  amène  d’autres;  par  exemple,  celui-ci  : que  tout 
être,  quel  qu’il  soit,  et  quelque  réduit  qu’on  le  sup- 
pose, étant  composé  de  parties  qu’on  est  convenu 
d’appeler  molécules,  on  pourrait  se  demander  pour- 
quoi on  n’admettrait  pas  que  tout  être  a commencé 
par  une  de  celles-ci.  Mais  il  y a plus;  car,  puisqu’on 
admet  encore  que  les  molécules  sont  composées 
d’rt^owes,  pourquoi  aussi  n’admettrait-on  pas  qne 
ces  derniers  sont  eux-mêmes  composés  de  par- 
ties plus  petites  auxquelles  la  science  n’a  pas  encore 
donné  de  nom  ! 

Qu’on  ne  l’oublie  pas,  la  nature  élanl  une  dans 
son  ensemble,  c’est  à nous,  lorsque  nous  avons 
besoin  d’établir  des  coupes  , d’agir  conformément  à 
ce  que  commande  la  raison.  Mais  dans  cette  cir- 
constance, d’où  doit-on  partir?  Sur  ce  point,  nous 
fiisons  nos  réserves, 

SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  ( 

Séance  du  22  février.  — Dès  la  fin  de 
février,  les  produits  hâtifs  de  la  culture  po- 
tagère ont  fait  leur  apparition  sur  le  bureau 
de  la  Société  centrale.  Le  comité  chargé  de 
l’examen'  de  ces  produits  a décerné  une 
prime  de  2^  classe  â madame  veuve  Froment, 
de  Montrouge,  pour  un  lot  composé  de 
Haricots  nains  de  Hollande,  de  Concombres 
verts  anglais,  et  d’Asperges  hâtives  d’Ar- 
genteuil.  — A côté,  l’on  remarquait  des 
spécimens  des  cultures  maraîchères  de 
l’Orne,  envoyés  par  M.  Dubois  fils,  consistant 


ÇilOUPE  PÊCHER.  — VllI.  ' Î55 

faite  des  groupes  Amandier  ei  Pécher  nous 
permet  d’entreprendre  ce  travail,  et  d’es- 
sayer de  faire  la  démonstration  dont  nous 
venons  de  parler.  H est  toutefois  bien  en- 
tendu que,  en  tout  ceci,  nous  ne  pouvons 
qu’émettre  des  hypothèses,  en  les  appuyant 
néanmoins  sur  des  faits  qui  leur  donnent 
une  presque  certitude. 

Ces  faits,  que  nous  allons  faire  ressortir, 
auront  aussi  l’avantage  de  démontrer  que 
dans  la  série  d’individus  sortant  d’un  type 
qui  a ses  caractères  particuliers,  il  peut  se 
rencontrer  des  individus  très-différents  du 
type  dont  ils  sortent,  et  qui,  â leur  tour, 
peuvent  former  des  sous-lypes  qui  présen- 
tent aussi  des  caractères  tous  autres  que  ceux 
que  présentait  le  type  dont  ils  proviennent; 
fai^ue  la  pratique  démontre  tous  les  jours, 
qui  a été  mis  hors  de  doute  par  tout  ce  que 
nous  avons  dit  du  groupe  Pêcher,  et  qui, 
jusqu’à  un  certain  point,  peut  aussi  expli- 
quer les  diverses  séries  d’êtres  qui  se  trou- 
vent aujourd’hui  à la  surface  du  globe  ainsi 
que  l’admirable  et  étroit  enchaînement  qui 
existe  entre  eux. 

Dans  cette  étude,  on  verra  qu’à  partir  de 
ce  qu’on  nomme  une  espèce,  on  passe  insen- 
siblement, par  une  série  d’intermédiaires 
qu’on  nomme  mnc/ê.s‘,  à une  autre  espèce; 
de  même  aussi  qu’on  passe,  par  une  série 
non  interrompue  d’espèces,  à ce  qu’on 
appelle  genre. 

Si,  dans  certains  cas,  on  éprouve  des  diffi- 
cultés, et  si  même  on  ne  peut  pas  toujours 
rattacher  les  séries  entre  elles,  ou  même  si 
l’on  ne  peut  parfois  relier  les  uns  aux  an- 
tres les  individus  d’une  série  sans  qu’il  y ait 
des  lacunes,  c’est  que  dans  l’arbre  généalo- 
gique qui  représente  le  groupe  dont  on 
veut  indiquer  l’extension,  il  y a eu,  dans  sa 
marche  extensive,  des  solutions  de  conti- 
nuité, ou  des  irrégularités  dans  le  dévelop- 
pement de  ses  ramifications. 

Après  cette  sorte  de  préambule,  nous 
allons  aborder  notre  sujet  : la  démonstration 
du  passage  des  Amandiers  aux  Pêchers,  et, 
par  suite,  la  fusion  de  ces  deux  genres. 

G.vrrière. 

ÎNTRALE  D’HORTICULTURE. 

en  Céleris  raves.  Salsifis  blancs.  Carottes 
blanches  de  Bretcnil,  Carottes  demi-lon- 
pes.  Navets  de  Meaux,  Betteraves  globe 
jaunes  et  Choux-fleurs;  ces  légumes  quoi- 
que assez  beaux,  n’auraient  pu  soutenir  la 
comparaison  avec  ceux  qu’obtiennent  les 
maraîchers  parisiens. 

A propos  de  culture  potagère,  M.  de  La 
Roy  rappelle  un  moyen  qu’il  a déjà  indi- 
qué pour  protéger  contre  le  ver  blanc  les 
carrés  de  légumes  et  les  fraisiers,  moyen  qui 
est  également  efficace  pour  les  arbres  frui- 


8ËANCKS  m hk  bociÉi'È  ci 

tiers.  C*est  la  tannètî  répandue  en  paillis, 
ou  en  couverture  d’une  épaisseur  de  0‘".05, 

Ce  remède  a été  conseillé  par  M.  le  D*' 
Karl  Koch,  de  Berlin  ; outre  l’avantage 
qu’il  olfre  de  préserver  les  plantes  des  ra- 
vages de  la  larve  dévastatrice,  il  fournit  un 
terreau  excellent  lorsque  la  tannée  s’est 
décomposée. 

M.  le  président  Brongniart  relate  à ce  su- 
jet les  expériences  effectuées  avec  succès 
par  M.  Marsault,  dans  les  pépinières  de 
Trianon,pour  la  destruction  du  ver  blanc. 

M.  Marsault  a employé  la  naphtaline  mé- 
langée avec  de  la  terre  par  parties  égales, 
et  il  a répandu  sur  le  sol  2 ou  3 litres  de  ce 
mélange  par  mètre  carré.  M.  Brongniart  a 
obtenu  lui-même  d’excellents  résultats  dans 
des  essais  semblables,  faits  sur  des  plates- 
bandes  de  Poiriers  plantées  de  légumes. 

De  son  côté,  M.  Bivière  a voulu  expéri- 
menter, sur  les  pelouses  du  jardin  du  Luxem- 
bourg, le  mélange  d’huile  lourde  provenant 
de  la  distillation  du  gaz  d’éclairage,  moyen 
recommandé  l’année  dernière  par  M.  Pissot, 
conservateur  du  bois  de  Boulogne  (voir  la 
Revue  de  1865,  i).  399).  B a parfaitement 
réussi  à faire  périr  les  vers  blancs,  mais  il 
a tué  en  même  temps  toutes  ses  plantes; 
VAchillea  millefolimn  seul  a résisté,  mais 
non  sans  beaucoup  souffrir.  Il  est  présu- 
mable que  la  proportion  de  2 parties  d’huile 
pour  100  d’eau  est  trop  forte  pour  les  ga- 
zons. Mais  il  est  résulté  des  essais  faits 
au  Luxembourg  une  observation  assez  inté- 
ressante. Les  entomologistes  ont  établi  que 
les  larves  du  hanneton  s’enfoncent,  dans  le 
sol,  en  temps  de  gelée,  jusqu’à  une  profon- 
deur de  0"L40  : M.  Rivière  n’a  jamais  vu 
les  vers  blancs  plus  bas  que  O^^.O!,  même 
dans  le  mois  de  décembre,  par  des  gelées 
de  —6  degrés  centigrades.  Il  est  vrai  que 
ces  gelées  n’ont  été  cette  année  qu’acciden- 
telles; l’absence  de  froids  suivis,  qui  a laissé 
à la  couche  superficielle  du  sol  une  par- 
tie de  sa  chaleur,  a peut-être  permis  aux 
insectes  d’y  séjourner  par  exception  pendant 
l’hiver.  , , 

Le  comité  de  floriculture  a decerne  a 
M.  Louis  Martin,  d’Etiolles  (Seine-et-Oise), 
une  prime  de  3^  classe  pour  une  Primevère 
double  obtenue  de  semis;  la  fleur  de  celte 
variété  offre  un  coloris  rose  cuivré,  qui  n’a 
pas  encore  [été’observé  jusqu’à  ce  jour. 
Madame  Léon,  de  Bayonne,  a obtenu  une  ré- 
compense de  même  valeur  pour  de  magni- 
fiques capsules  de  coton  provenant  de  ses 
essais  d’acclimatation  de  cette  plante. 

On  a déjà  essayé  de  démontrer  à la  So- 
ciété que,  contrairement  à une  opinion  an- 
ciennement reçue,  la  fructificaiion  des  Or- 
chidées dans  nos  serres  n’est  pas  nuisible  à 
leur  végétation.  M.  Rivière  est  venu  mon- 
trer encore  un  exemple  frappant  de  la  vé- 
rité de  cette  assertion.  11  a apporté  un  Pha- 


STllALE  üllOKTlCfPmtE. 

jus  Waîlichii  portant  trois  gousses  iniires, 
ce  qui  ne  l’empêche  pas  d’être  d’une  vigueur 
peu  commune.  Cette  plante  est,  du  reste, 
ainsi  que  le  Phajus  grandiflorus,  d’une 
culture  si  facile,  que  les  horticulteurs  pour- 
raient'la  produire  pour  les  marchés,  où  elle 
serait  certainement  très-recherchée  du  pu- 
blic. En  attendant,  elle  montre  que  l’on  peut 
sans  crainte  laisser  les  Orchidées  produire 
des  fruits  féconds,  car,  comme  l’a  fait  re- 
marquer M.  Neumann,  l’activité  végétale  né- 
cessaire à cette  production  entretient  la  vie 
dans  les  pseudo-bulbes. 

A tous  les  procédés  de  mise  à fruits  qu’on 
a imaginés  pour  les  arbres  de  nos  vergers 
est  venu,  dans  cesMerniers  temps,  s’en  ajou- 
ter un  nouveau.  C’est  la  pression,  que 
M.  de  La  Roy  propose  pour  remplacer  le 
pincement,  et  qui  consiste,  non  pas  à couper 
le  rameau,  mais  bien  à le  comprimer  à 
l’aide  d’une  pince  plate.  Nous  reviendrons 
sur  ce  procédé  lorsque  nous  aurons  pu 
constater  ses  effets. 

M.  Duchartre  a fait  part  à la  Société  d’un 
fait  de  végétation  curieux  qui  a été  observé 
en  Suisse,  à Bàle.  M.  Mæsener,  directeur 
du  jardin  botanique  de  cette  ville,  recevait, 
en  1852,  un  Aralia  papyrifera  venant, 
croyons-nous, 'd’Amérique.  Dans  ces  derniè- 
res armées,  il  vit  sortir  du  pied  de  cette  plante 
une  Orobanche  d’espèce  inconnue,  qui 
grandit  rapidement  et  aurait  sans  doute 
étouffé  l’Aralia  s’il  n’eût  pas  été  détruit  par 
un  accident.  M.  Mæsener  se  demande:  l^si 
rOrobanche  en  question  existe  déjà  en  Eu- 
rope sans  avoir  été  remarquée  ; — ce  qui 
n’est  guère  probable,  dans  Tétat  actuel  de 
la  science,  et  après  les  innombrables  explo- 
rations qui  ont  été  faites  du  sol  de  chaque 
contrée;  2*’ si  ce  ne  serait  pas  une  forme  de 
rOrobanche  commune,  née  spécialement  sur 
r Aralia;  — question  qu’il  est  impossible  de 
résoudre  en  présence  d’un  fait  isolé;  et  enfin 
3«  s’il  n’y  aurait  pas  eu  transport  de  la  graine 
de  la  plante  parasite  avec  le  pied  sur  lequel 
elle  s’est  développée.  Bien  qu’il  se  soit 
écoulé  un  long  espace  de  temps  entre  l ar- 
rivée de  V Aralia  en  Europe  et  la  naissance 
de  rOrobanche,  celte  dernière  hypothèse 
paraît  être  la  plus  probable,  et  M.  Duchar- 
tre en  donne,  comme  preuve  à l’appui,  ce 
fait  que  des  graines  de  Latrœa  squamaria, 
espèce  voisine  desOrobanches,  sont  restées 
endormies  sur  les  racines  d’une  autre  plante 
pendant  7 ou  8 années.  Quoi  qu’il  en  soit  le 
parasitisme  des  Orobancbes  est  redoutable 
pour  beaucoup  de  végétaux,  et  l’on  a vu 
une  espèce  vivace  de  ce  genre  éteindre  si 
intimement  un  Galnun  que  les  racines  de 
cette  dernière  plante  avaient  elles-mêmes 
été  accrochées  par  les  racines  de  l üroban- 
cbe. 

Séance  du  8 mars.  — La  Société  a encore 
décerné  deux  primes  de  2<^  classe  a des 


mmm  il&  IA  Oli^NTUAlt^  D’HOmiCULTlJilË. 


|iûrticulteurs  pour  rubttiutiüu  de  primeurs 
dans  la  culture  potagère,  l’une  àM.  Moreau 
pour  des  Fraises  Marguerite  Lebreton,  l’au- 
îre  à M.  Rameau,  jardinier  à Bagneux 
(Seine-et-Oise),  pour  des  Pommes  de  terre. 
— M.  Vincent,  jardinier  à Colombes  (Seine), 
avait  exposé  du  Persil  à grosses  racines, 
dont  les  graines,  venant  de  Varsovie,  ont  été 
semées  le  17  juillet  dernier.  Ces  racines 
ont  atteint  un  développement  remarquable  ; 
elles  sont  bien  fusiformes,  bien  nettes  et 
bien  pleines.  A ce  propos  une  discussion 
s’est  engagée  sur  la  valeur  culinaire  de  ce 
l’ersil.  M.  Pépin  a dit  lui  avoir  trouvé  un 
goût  trèS“Supportable,  analogue  à celui  du 
Cerfeuil  bulbeux  ; C’est  aussi  l’avis  de 
M.  Jaminfils,  et  de  M.  Andry,  qui  regarde  le 
Persil  à grosses  racines,  comme  admissible 
sur  nos  tables,  et  le  place  pour  le  goût,  en- 
tre le  Salsifis  et  le  Céleri-rave.  Mais  beau- 
coup de  membres  l’ont  trouvé  mauvais  et  le 
considèrent  comme  ne  valant  pas  la  culture. 
M.  Vincent  a fait  remarquer  que  les  appré- 
ciations diverses  peuvent  dépendre  de  l’é- 
poque de  la  dégustation,  car  il  a constaté 
que  les  racines  de  Persil  sont  plus  mau- 
vaises au  printemps  qu’à  l’automne.  Quoi 
qu’il  en  soit,  le  Persil  à grosses  racines 
ne  paraît  pas  avoir  de  grandes  chances 
d’être  acclimaté  dans  nos  potagers. 

Dans  la  section  de  floriculture,  M.  Mongat, 


jardinier  de  M,  Drouyn  do  Lhuys,  à Am- 
blainvillers,  par  Antony  (Seine-eRÔise),  avait 
exposé  une  Primevère  de  Chine  à feuilles 
panachées  assez  curieuse,  et  M.  Rivière  rap- 
pelle à ce  sujet  les  essais  qu’il  a faits  l’an- 
née dernière  sur  la  multiplication  du  Wi- 
gandia  caracasana  au  moyen  des  bourgeons 
naissant  sur  une  tige  réduite  à la  hauteur  de 
0“\25  à O'^.SO  (voir  la  Revue  de  1865, 
page  148);  il  arapporté  aussidiverses  expé- 
riences qu’il  a effectuées  sur  la  marche  de 
la  sève,  expériences  sur  lesquelles  nous 
aurons  occasion  de  revenir  dans  notre  pro- 
chain compte-rendu. 

M.  Verdier  père  a donné  un  moyen  d’é- 
viter la  production  des  drageons  qui  sont  si 
nuisibles  aux  Rosiers  greffés.  Ce  moyen  con- 
siste à greffer  sur  Eglantiers  nains  venus  de 
semis,  au  lieu  de  prendre  pour  sujets  des 
Eglantiers  des  bois,  et  à placer  la  greffe  au- 
dessous  des  cotylédons.  Cette  greffe  empê- 
che aussi,  dit  l’éminent  rosiériste,  l’exten- 
sion des  tiges  souterraines.  M.  Pigeaux,  de 
son  côté,  a combattu  avec  succès  l’accrois- 
sement des  tiges  souterraines  de  ses  Rosiers, 
accroissement  qui  tue  la  greffe  du  haut,  en 
ne  taillant  pas  la  tête,  et  en  enroulant  les 
rameaux  sur  un  fil  de  fer,  au  lieu  de  les  re- 
lever tous  les  deux  ans. 

A.  Ferlet. 


SUR  LES  MALADIES  DES  FRUITS. 


Un  examen  suivi  m’a  fait  penser  que  le 
tavelage  de  nos  fruits  sous  le  climat  de  Paris 
n’est  pas  directement  dû,  comme  cela  pa- 
rait être  accrédité,  aux  intempéries  et  aux 
brouillards.  Je  crois  que  ces  vieilles  idées 
reposent  plus  sur  la  routine  que  sur  l’obser- 
vation. 

Comme  je  l’ai  déjà  exposé^,  le  tavelage 
tient  à diverses  causes. 

D’abord,  lorsque  Farbre  est  jeune,  la 
manière  dont  il  a été  soigné,  greffé  en  pépi- 
nière, puis  plus  tard  planté,  taillé,  a une 
grande  influence  sur  son  bien-être  et  sur 
son  fruit.  Pour  ne  pas  avoir  de  fruits  défec- 
tueux dans  ce  premier  âge,  il  faut  que 
l’arbre  soit  planté  jeune,  qu’il  soit  conduit 
sans  mutilations,  et  que  la  variété  ait  une 
intime  affinité  avec  le  sujet. 

Lorsque  l’arbre  est  en  rapport,  si  on  veut 
ne  pas  avoir  de  fruits  tavelés  ou  défectueux, 
et  qui  soient  au  contraire  convenables  et 
d’une  bonne  conservation  au  fruitier,  il  est 
de  première  nécessité  d’entretenir  l’écorce 
de  l’arbre  de  la  base  au  sommet  dans  une 
sévère  et  constante  propreté,  d’exercer  une 
surveillance  incessante  sur  les  vieilles  écor- 
ces, mousses,  gallinsectes  et  parasites  de 

/ y oyez  Maladies  organiques  des  arbres  fruUiers. 
Librairie  agricole. 


toutes  sortes,  et  de  maintenir  l’équilibre 
des  branches  et  productions  fruitières,  par 
les  pincements  usités,  en  évitant  surtout 
les  amputations  disproportionnées. 

La  pluie  liquéfie  et  tend  à désorganiser 
les  vieilles  écorces,  puis  agit  ensuite  sur  la 
sève  qui,  à son  passage,  transmet  cette  ma- 
tière viciée  aux  feuilles  et  aux  fruits.  De  là 
toute  cette  longue  suite  d’inconvénients,  qui 
parcourent  toutes  les  phases  de  la  végétation, 
agissant  sur  les  boutons,  fleurs,  et  fruits,  et 
dont  l’influence  pernicieuse  se  fait  sentir 
jusque  pendant  le  séjour  au  fruitier. 

J’ai  vu  accuser  nos  anciennes  variétés  de 
dégénérescence.  Il  est  probable  que  le  juge- 
ment aura  été  fait  sans  qu’on  ait  tenu  compte 
des  conditions  dans  lesquelles  les  arbres  se 
trouvaient,  car  ils  peuvent  donner  aujour- 
d’hui d’aussi  beaux  fruits  qu’autrefois. 

Je  ferai  remarquer  qu’un  rameau  conve- 
nable et  de  bonne  provenance,  dont  les  yeux 
sont  greffés  sur  un  jeune  sujet  franc  et  d’o- 
rigine pure,  formera  un  arbre  sain  qui, 
planté  dans  de  bonnes  conditions,  donnera 
de  beaux  et  bons  fruits,  malgré  le  dire  des 
croyants  à la  dégénérescence. 

Quoi  qu’il  en  soit,  la  production  de  mau- 
vais fruits  a encore  pour  cause  l’état  et  la 
nature  du  sol  agissant  sur  les  racines,  la 


158 


SUR  LES  MALADIES  DES  FRUITS. 


sève  et  les  fruits.  Je  remarque  qu’une  des 
meilleures  terres,  c’est  le  plus  souvent  une 
bonne  terre  franche' et  neuve,  à sous-sol, 
pierreux.  Les  terres  mélangées,  ou  noircies 
par  des  engrais  produisent  en  général  des 
inconvénients  de  diverse  nature.  Les  terres 
argileuses  ou  analogues  occasionnent  la  chlo- 
rose et  ses  suites.  Les  terres  de  marais  ou 
du  bord  des  ruisseaux  donnent  le  plus  sou- 
vent des  fruits  qui,  s’ils  ne  sont  pas  tavelés 
se  couvrent  de  nombreux  petits  points  gris, 
d’une  nature  toute  particulière,  qui  nuisent 
à leur  conservation  et  à leur  beauté. 

J’ai  connu  un  grand  Poirier  de  Saint-Ger- 
main, tapissant  toute  la  façade  d’une  maison, 
au  pied  duquel  un  tas  d’immondices  bour- 
beux séjournait  presque  continuellement. 
Les  fruits  de  cet  arbre  étaient  pour  la  plu- 
part tavelés  chaque  année,  et  tous  d’une 
conservation  impossible  au  fruitier,  quoi- 
qu’il eût  des  branches  à écorce  propre  et 
bien  tenue.  ‘ 

■ Les  vapeurs  infectes  produisent  dans  cer- 
tains cas  les  mêmes  effets.  Si,  près  de  Poi-  , 
riers  plantés  en  espaliers  sur  des  bâtiments 
servant  ' d’écuries  ou  surtout  d’étables,  se 
•trouvent  des  ouvertures, 'ou  croisées,  qui 
restent  constamment  ouvertes,  les  arbres 
donneront  des  fruits  défectueux  et  très-su- 
jets à de  nombreuses  avaries  au  fruitier, 
quoique  ayant- quelquefois  une  belle  appa-  ■ 
rence. 

Tous  les  Poiriers  qui  se  trouvent  dans  des  i 
conditions  à peu -près  analogues  subissent, 
d’une  manière  proportionnée  à la  cause,  des 
elTets  semblables.'  Des  variétés'à'fruits  d’hi- 
ver,, plantées  dans  des  cours  où’  vit  la  vo- 
laille, donnent  ordinairement  .des  fruits  de 
mauvaise  conservation,  ■ quoiqùe  * très-sou- 
vent gros  etd’une  apparence  convenable'. 

J’arrive  maintenant  aux  observations,  et 
remarques  qu’.on-, a dû  faire  pendant  l’année 
1 865  soüs  '.le.:climat .de'  Paris.-:  L’hiver  s’.est 
pour. ainsi' dire;. continué  jusqu’au  avril. 

A part  • ce ’ jourrlà,  qui' a été: un. temps  de 
dégel,-  cejinois-î'a,  été  excep.tionnéllement 
beau.  Aussi^  toutes  les  fleurs:des  àrbr.ès'sont 
subitement:apparues.;Les^;Poiriers"bien  te- 
nus et  bien  prop.Les-.ont'dé.veloppé  les’ leurs 
au  grand  complet  ; ; et  i lâisément. . Chaque 
bouton  comptait.; huit; à :dix1  llp‘urs.ayec  de 
larges  corolles,  le- tôutlenchâssé:de’Jeuilles. 

11  n’en  était  pas.de  même'idest  aj:’bjcés'mal- 
propres;  les  boutons,' p.o.ur  :1a  .plupart/ mal 
constitués  , développaient  , imparfaitement 
leurs  fleurs;  un  tiers,- quelquefois impitie' de- 
celles-ci  restaient  en  arrière-  ou  bien',  elles 
étaient  petites  et  écourtées;  les. feuilles ';rie 
suiyaient  pas  les  tleurs,*ou  bien  elles  étaient 
petites;  rabougries  et  menues;  une  .matière 
séveuse  gommeuse  entravait  .parfois  . leur 
évolution,  et,  sur  les  arbres. négligés, * cp'm- 
bien  de  boutons  ne  se  sont- môme  'pas^^du- 
, verts!  - ; ; i ; ■ : : 


Je  demande  si  ce  sont  les  brouillards  ou 
les  intempéries  de  ce  beau  mois  d’avril  qui 
ont  produit  sur  ces  derniers ‘ arbres  les 
causes  de  maladies  qu’on  ne  remarquait  pas 
sur  les  premiers.  Il  est  vrai  que  la  trop 
grande  chaleur  a compromis  ensuite  la  ré- 
colte; cependant  il  est  resté  encore  assez 
dû  fruits  pour  qu’à  la  fin  de  mai  on  puisse 
constater,  sur  nos  Doyennés  d’hiver  et  au- 
tres ayant  des  vieilles  écorces,  des  fruits  ta- 
velés, ou  ayant  déjà  d’autres  traces  d’avaries; 
et  le  mal  a été  en  augmentant  toutes  les 
fois  que  la  pluie  est  venue  agir  sur  les  orga- 
nes en  voie  de  décomposition.  Les  pluies 
ont  été  cependant  assez  rares  pendant  toute 
la  belle  saison.  Elles  étaient  bienfaisantes 
et  salutaires  pour  l’arbre  bien  tenu,  dont  les 
fruits,  loin  de  se  tacher,  profitaient  et  deve- 
naient plus  beaux;  mais,  quoique  trop  rares,, 
elles  étaient  encore  de  malencontreuses 
intempéries  pour  les  arbres  négligés  qui, 
comme  toujours,  laissaient  pendant  toute  la 
belle  saison  tomber  leurs  fruits  avortés  et 
imparfaits,  malgré  un  été  très-beau. 

• Si  vous  voulez  les  suivre  au  fruitier, 
mettez  la  récolte  de  ces  arbres  sûr  des  ta- 
blettes à part,  à côté  de  ceux* de  bonne  pro- 
venance, et  la  comparaison  en  dira  plus  que 
ma  modeste  plume.  Ce  moyen  mettra  peut- 
être  sur  la  voie  ceux  qui  voient  rincoiivéïiient 
dans  le  brouillard;  ou  bien  encore,  comme 
j’ai  déjà  dit,  qu’ils  greffent  sur  des  arbres 
sains  des  boutons  à fruits  pris  sur  des  arbres 
négligés.  Du  reste,  des  essais  m’ont  prouvé 
qu’on  peut  produire  le  tavelage  des  fruits 
presque' à volonté,  de  même  que  l’examen 
de  l’arbre  en  hiver  me  fait  prévoir  ce  que 
sera  son  fruit,  et  l’èxamen  du  fruit  ce  qu’é- 
tait l’arbre.' 

' L’étude  des  arbres  m’a  conduit  à l’étude 
des  fruits,  et  ceux-ci  à l’examen  des  pépins 
et  noyaux.  C’est  ainsi  que  les  bornes  se  re- 
culènt.à  mesure  qu’on  croit  avancer;  puis, 
certaines  particularités  que  j’ai  reconnues 
aux  .derniers  m’ont  engagé  dans  la  voie  des 
semis  , < non  pour  obtenir'  de  gros  gains, 
mais  seulement  pour  me  renseigner  sur  Iq 
•choix  et  la  valeur -des  semences,  étude  qui 
demandé  des  années. 

• . J’arrive  donc  maintenant  à l’examen  des 
pépins;  J’ai  dit. que  les  organes  en  voie  de 
destructiôn'  qui/se  trouvent  sur  l’arbre  agis- 
sent d’une  manière  fuhestè'  sur  la  sève  et 
les /fruits; 'cette  .-actiom  a également  lieu 
sur  les:  pépins.  :'Les  'fruits . repoussent  sur 
leurs  surfaces*  les'. matières  viciées  que  la 
sève  leur  ' transmet  : : de  là  les  fruits  ta- 
velés. Les  pépins, 'agissent  ’ de  même;  ils 
travaillent  à ' s’épurer:,  et 'semblent  chasser 
v.èrs  le  haut  .des  ^cotylédons  le  vice  que  la 
sève,  contient  : dedà  .'les  traces  de  désoiv 
ganisation  qui /s’aperçoivent  sur  les  enve- 
loppes des  pépins,  traces  encore  plus  ca- 
ractérisées lorsque  la  première  de  ces  en- 


sur.  LES  MAl.ADlES  DES  EEUits. 


159 


veloppcs  est  ôtée,  car  cette  singularité  se 
laisse  voir  à nu. 

C’est  ainsi  que  des  Poiriers  Doyennés 
d’hiver,  Saint-Germain  et  autres,  à écorce 
négligée,  donnant  ordinairement  des  fruits 
fortement  tavelés  ou  défectueux,  ont  la 
surface  de  leurs  pépins  couverte  d’une  ma- 
tière gommeuse  et  graveleuse,  ou  mieux  de 
globules  de  glu,  avec  traces  très-larges  de 
désorganisation  sur  les  deux  enveloppes 
vers  le  point  le  plus  gros  du  pépin;  on  voit 
quelquefois  au  centre  de  ces  taches  un  pe- 
tit rendement  légèrement  pointu.  Tous  les 
pépins  provenant  d’un  même  fruit  ont  exac- 
tement la  même  largeur  de  taches  et  les 
mêmes  défauts. 

Il  y a encore  quelquefois  une  particula- 
rité qui  se  trouve  dans  les  fruits  les  plus 
défectueux.  Il  se  rencontre  des  pépins  qui 
ont  le  germe  légèrement  développé  ; ceux- 
ci,  dans  les  semis,  lèvent  bien  avant  les 
autres.  Je  n’ai  cependant  rien  remarqué 
d’extraordinaire  sur  leurs  premières  feuilles. 

Si  la  variété  doit  avoir  ses  loges  remplies 
de  pépins,  un  certain  nombre  sont  avortés 
ou  manquent  très-souvent  lorsque,  par  les 
causes  énoncées,  les  boutons  à fruits  n’ont 
pas  été  bien  constitués  ou  lorsqu’une  par- 
tie des  deurs  sont  restées  rabougries. 

Quoique  les  Pommes  soient  comprises 
dans  mes  remarques,  je  dois  dire  que  j’ai 
trouvé  moins  de  vice  sur  les  pépins  de  ces 
fruits.  Peut-être  cela  tient-il  au  petit  nom- 
bre de  variétés  que  j’ai  observé.  L’examen 
fera  facilement  reconnaître  que  l’arbre  éta- 
bli dès  sa  jeunesse  sans  mutilation,  bien 
tenu,  et  dans  de  bonnes  conditions,  n’a  pas 
les  défauts  signalés,  ou  du  moins  n’en  a que 
très-minimes. 

On  voit,  par  ce  qui  précède,  que  l’examen 
des  fruits  et  des  pépins  peut,  dans  bien 
des  cas,  faire  prévoir  et  dire  en  quelles 
conditions  se  trouve  l’arbre,  sans  avoir  vu 
de  celui-ci. 

Les  remarques  sur  les  pépins  m’ont  na- 
turellement conduit  à examiner  les  noyaux; 
je  trouve  qu’en  général  les  traces  sur  les 
amandes  que  j’ai  vérifiées  sont  moins  ca- 
ractérisées que  sur  les  pépins.  J’ai  d’abord 
examiné  des  amandes  de  Cerises  anglaises 
provenant  de  jeunes  arbres  bien  tenus,  que 
j’ai  confrontées  avec  des  amandes  de  Ce- 

REVUE  COMMERCIAL] 

Légumes  frais.  —11  y a eu  en  général  de  la 
hausse  sur  les  prix  des  denrées  vendues  à la 
halle  de  Paris  pendant  la  première  quinzaine 
d’avril.  Voici  les  prix  consignes  à la  mercuriale 
oflicielle  du  marché  du  9.  — Les  Carottes  d’hi- 
ver se  vendent  de  7 fr.  à 7f.50  l’hcctoliire  avec 
iT.èO  de  hausse  moyenne  —Les  Carottes  ordi- 
naires sont  cotées  dehO  à fr.  les  100  bottes, 
c’est-à-dire  10  fr.  dejdus  qu’il  y a quinze  jours! 


rises  de  la  même  variété,  mais  provenant 
de  vieux  arbres  à écorce  malpropre  et  né- 
gligés : jeunes  et  vieux  arbres  étaient  en 
espaliers.  Voici  ce  que  j’ai  remarqué:  Les 
amandes  provenant  des  jeunes  arbres  ont 
presque  toujours  peu  où  pas  de  traces  de 
détérioration;  elles  sont  convenablement 
constituées  et  emplissent  bien  le  noyau. 
Celles  provenant  des  vieux  arbres  sont  au 
contraire  pour  la  plupart  vides  ou  ridées,  et 
les  traces  de  détérioration,  sur  celles  qui 
sont  entières,  sont  très-prononcées,  vérifi- 
cations faites  sur  des  fruits  très-mûrs. 

Lorsqu’une  branche  de  Pêcher  est  sur  le 
point  de  mourir,  ayant  ses  fruits  à peu  près 
mûrs,  ses  amandes  ont  vers  le  haut  des 
traces  analogues  à celles  des  pépins  de  mau- 
vaise provenance,  ce  qui  n’a  pas  lieu  sur  les 
aimmdes  de  la  partie  de  l’arbre  qui  se  trouve 
en  bonne  végétation.  Un  Pêcher  qui  meurt 
après  que  les  fruits  ont  le  noyau  formé 
donne  des  amandes  en  partie  vides  par  le 
haut. 

Un  fruit  à noyau  difforme  a presque  tou- 
jours une  amande  mauvaise,  incomplète  ou 
imparfaite.  De  même  des  arbres  ou  des 
branches  souffrantes  ont  pour  la  plupart 
l’amande  de  leurs  fruits  atteinte  de  traces 
de  désorganisation. 

J’ai  reconnu  à peu  près  les  mêmes  sin- 
gularités sur  l’Abricotier,  le  Prunier,  etc. 

Lorsqu’un  Pêcher  a habituellement  le 
meunier,  et  que  les  fruits  sont  fortement 
tachés,  ses  amandes  sont  notablement  at- 
teintes. 

Enfin,  soit  amandes,  soit  pépins,  c’est 
toujours  vers  le  même  point  que  la  matière 
viciée  se  trouve  repoussée. 

L’examen  des  pépins  et  amandes  m’a 
poussé  ensuite  aux  semis  de  diverses 
provenances,  les  résultats  sur  ce  point  sont 
longs  à attendre  malheureusement.  Cepen- 
dant je  puis  assurer  dès  cà  présent  que  des 
semis  de  noyaux  de  Pêches  provenant  d’ar- 
bres ayant  le  meunier  blanc,  ou  lèpre,  m’ont 
donné  des  sujets  qui  ont  eu  le  meunier  à 
l’extrémité  des  bourgeons;  ils  sont  chétifs 
côté  des  autres  arbres  de  bonne  prove- 
nance, qui  sont  forts  et  d’une  belle  végéta- 
tion. 

Lahaye, 

Cultivateur  à Moinreuil  (Seine) , 


(PREMIÈRE  QUINZAINE  D’AVRIL), 

— Celles  pour  chevaux  valent  de  8 à 10  fr.  les 
100  bottes  en  baisse  au  contraire  de  2 fr.  sur 
les  prix  de  la  dernière  quinzaine. — Les  Panais 
ordinaires  sont  toujours  cotés  18  fr.  les  100 
hottes;  ceux  de  première  qualité  se  vendent 
oO  fr.  au  lieu  de  2i.  — Les  Navets  nouveaux 
sont  cotés  de  2i  cà  28  fr.  les  100  bottes;  les 
anciens  se  jmyaient  encore  de  10  à 20  fr.  dans 
les  premiers  jours  du  mois;  aujourd’hui  ils  ne 


160 


UEVUE  commerciale  (PREMIÈRE  QCINZAINE  D^VVRIL;. 


sont  plus  colés.  — Les  Choux  se  vendent  de 
30  à 10  fr.  le  100;  il  y a quinze  jours  on  les 
vendait  encore  de  10  à *25  fr.  Les  Oi- 
gnons en  grains  valent  de  25  a 26  fr.  1 lieclo- 
iitre  avec  une  hausse  d’environ  12^  fr.  depuis 
quinze  jours.  — Les  Salsifis  sont  cotés  de  Of.25 
à Of.35  la  botte  avec  une  augmentation  de  Of.05 
sur  le  prix  maximum.  — Les  Choiix  de  Bruxel- 
les se  vendent  de  Of. 40  à 0f.50  le  litre;  la  hausse 
est  de  Of.lO  depuis  quinze  jours  sur  le  prix 
moyen.  — Les  Choux-fleurs  sont  au  contraire 
diminués  de  moitié  depuis  la  lin  de  mars;  on 
les  vend  de  25  à 50  fr.  le  100.  = Les  Poireaux 
se  vendent  de  10  à 15  fr.  au  lieu  20  a 30  fr. 
les  100  bottes.  — Les  Radis  roses  valent  de 
0f.50  à 0f.60  la  botte,  avec  une  baisse  de  0f.50 
depuis  quinze  jours.  — Les  Radis  noirs,  apres 
avoir  subi  une  légère  diminution,  sont  remon- 
tés à leur  ancien  prix  de  5 a 10  fr.  le  100.  ■— 
Les  Céleris  ordinaires  se  paient  moins  cher  qu  il 
y a quinze  jours,  Of.lO  à 0f.20  la  botte.  ~ 
(léleris-raves  sont  cotés  de  Of.lO  a Of.lo  la 
pièce,  avec  une  baisse  de  Of.  15  sur  le  plus  bas 
prix,  et  de  0f.05  sur  le  prix  maximum.  — Les 
Champignons  conservent  leurs  cours  habituels  ; 
0f.05  âOf.lOlemaniveau. — On  vend  maintenant 
des  Asperges  de  châssis  à la  halle.  Le  lcr  avril, 
elles  valaient  de  10  à 28  fr.  la  botte;  le 9,  elles 
étaient  cotées  de  8 à 30  fr.  — Les  petits  Pmis 
se  vendent  de  lf,50  a 3 Ir.  le  litre.  Les 
Pommes  de  terre  sont  cotées  comme  il  suit  : 
Hollande,  5 fr.  à 5f.50  l’hectolitre  ; Vitelottes, 

8 à 9 fr;  Pommes  de 'terre  jaunes,  4 fr.  a 
4f.50;  Pommes  de  terre  rouges,  5 fr.  à 5f.50. 
11  y a eu  baisse  de  1 à 2 fr.  sur  presque  toutes 
les  qualités. 

Herbes  et  assaisonnements.  — La  plupart  des 
denrées  de  celte  catégorie  ont  éprouve  un 
mouvement  de  bausse  pendant  la  quinzaine  qui 
vient  de  s’écouler.  — Les  Epinards  se  yendent 
de  Of.25  à Of.GO.  — L’Oseille  se  paie  de  0f.40 
à 0f.60  le  paquet,  avec  0f.20  d’augmentation. 

— Le  Cerfeuil  ordinaire  vaut  0f.05  de  plus  par 
botte;  celui  de  belle  qualité  est  toujours  coté 
0f.30.  _ Le  Persil  est  au  prix  de  0f.15  a Ol.io 
avec  0f.05  d’augmentation.  — L’Ail  a conservé 
son  taux  de  4 à 6 fr.  le  paquet  de  2o  petites 
bottes.  — Les  Ciboules  et  le  Thym  valent  de 
0f.l5  à 0f.20  la  botte  au  lieu  de  01.10  a OLlo. 

— La  Pimprenelle  se  vend  de  Of.lo  a Of.-O  la 

botte,  et  l’Estragon,  de  0f.50  à 1 fr.  sans  chan- 
c^ement  de  prix.  ■ — ■ L’Ecbalottc  est  cotoc  de 
Of.60  à 0f.80  la  botte,  avec  0f.20  de  hausse  sur 
le  taux  minimum,  et  Of.lO  seulement  sur  le 
idus  haut  prix.  , , 

Salades.  — Dans  cette  sei  ie,  les  variations 
de  prix  ont  eu  lieu  dans  le  sens  de  la  baisse. 
La  Romaine  ordinaire  se  vend  Of.oO  au  heu  de 
tIf.Oü  la  liotle  de  4 têtes;  la  plus  belle  est  co- 
tée Of.GO  au  lieu  de  2 fr.  - La  Laitue  la  plus 
commune  vaut  3 fr.  au  lieu  4 fr.  ; celle  de  pic- 

mière  qualité  est  cotée  14  fr.  le  100. — Le 

Pissenlit  se  paie  de  Of.25  a Of.oO  au  beu  de  Of.  if 
à 0f.80  le  kilogramme.  — Le  Cresson  ordinaire 
coûte  0f.40  avec  une  baisse,  de  0f.20;  le  plus 
beau  se  vend  0f.80  au  lieu  de  1 Ir.  la  botte  de 
12  petites  bottes. — La  Chicorée  Irisee  est  co- 
tée de  6 à 18  fr.  le  100,  ccsl-à-dire  le  double 
du  prix  de  notre  dernière  revue;  c est  du  lesie, 
la  seule  salade  qui  soit  augmentée.  La  (chi- 
corée blanche  ou  barbe  de  capucin  vaut  tovi - 
jours  de  01.15  à Of.25  la  boite.  — La  Chicorée 


sauvage  se  vend  de  Of.40  à 01.70,  le  calais. 
— L’Éscarole  est  cotée  de  5 à 8 fr.  le  100, 
sans  changement  de  prix,  et  la  Raiponce,  de 
0f.30  à Of.35  le  calais;  ces  deux  salades  com- 
mencent à devenir  rares  sur  le  marché.—  Les 
Mâches  valent  toujours  de  Of.25  à 0f.30  le  ca- 
lais. 

Fruits  frais.  — Les  Poires  augmentent  tou- 
jours; on  n’en  trouve  plus  aujourd’hui  au-des- 
sous de  60  fr.  le  100;  les  })lus  belles  se  ven- 
dent lf.50  la  pièce.  — Les  Pommes  communes 
sont  toujours  cotées  5 fr.  le  100;  le  prix  maxi- 
mum de  ces  fruits  varie  entre  1 fr.  etlf.lO  la 
pièce.  — Le  Chasse'as  de  serre  se  vend  en 
moyenne  3f.75  à 8 fr.  le  kilogramme.  — Les 
Fraises  du  Midi  ont  fait  leur  apparition  au  prix 
de  1 fr.  à lf.50  le  pot;  le  10  avril,  elles  ne  se 
vendaient  plus  que  0f.50  à Of.95. 

Marchés  aux  fleurs.  — Les  marchés  se  tien- 
nent assez  bien;  quoique  pluvieux,  le  temps  est 
favorable  aux  apports  de  plantes.  Voici  les 
cours  du  quai  aux  fleurs. 

Plantes  fleuries  en  pots.  — Azalées,  21.50  à 
15  fr.  — Acacia  (Mimosa),  lf.50  à 21.50.  — 
Aubrielia  deltoïdea,  0f.l5  à 0f.30.  — Arabelte 
printanière,  0f.l5  à 0f.30.  — Anthémis  fru- 
tescent, 1 fr.  à 2 fr.  — Anémone  hépalhique, 
0f.40,  cà  Of.76.  — Amandier  de  Perse  à Heurs 
doubles,  lf.25  à 2 fr.  — Amaryllis  brasiliensis, 
2f.50  à 5 fr.  — bruyères  du  Cap  (Phyhea),  1 fr. 
à lf.50.  — Régonia,  0.75  à lf.75.  — bruyères 
(Erica),  0f.40  à 3 fr.  — Crocus,  Of.25  à 0f.50 

— Camellia,  3 fr.  à 12  fr.  — Citronniers,  lf.25 
à 2 fr.  — Cinéraires,  0f.50  à 1 fr.  — Coronilla 
glauca,  0f.50  cà  1 fr.  — Cyclamen,  lf.50  à 2 fr. 

— Coignassier  du  Japon,  lf.25  à lf.50.  (.^y- 

noglosse  printanière,  0f.l5  à Of.25.  — Capucine 
de  Lobb,  lf.50  à 2 fr.  — Crassula lactea,  lf.50 

— Lilas,  1 à 2 fr.  — Lachenalia,  Of.60  à 1 Ir. 

— Laurier-Tin,  1 fr.  à 2f.50.  — Metrosideros, 
lf.50  à3fr.  — Narcisses,  0f.4(J  à0f.50.  — Oran- 
gers (abondants  et  bien  fleuris),  2f.50  à 12  fr. 

— (Eillets  remontants,  lf.25  à lf.50.  — Pitto- 
sporum  de  la  Chine,  lf.50  à 5 fr.,  • — Pervenche 
petite,  0f.20  à 0f.40.  — Pensées,  0f.l5  à 0f.30. 
j PPquerettes  doubles,  f'f.45  à 0f.30.  — Pc- 

lygala,  2 cà  3 fr.  — Primevères  des  jardins.  Cl. 

2 J à 0f.30.  — Primevères  de  Chine,  Üf.30  à 1 (r. 

— Pélargonium  lf.50  à Sfr.  — Pimelea,  2 a 

3 fr,  — bhododendrons,  3 à 12  fr.  — Losiers 
du  roi  et  autres,  lf.50  à 2f.50.  — Rosier  Ter- 
gale  Lawrence,  0f.50  àOf.75.  — - Réséda,  Of.75 
à lf.25.  — Rochea  falcaba,  1 fr.  à lf.50.  --  So- 

• lanum  amomum,  0f.50  à Of.75.  — Spirées, 
Of.75  à lf.50.  — Saxifraga  sarmenlosa,  Of.75  à 
1 fr.  — Salvia  cardinalis,  lf.25  à lf.50. 
Slapelia,  Of.75  à 1 fr.  — Tulipes^,  Of.25  à Of.75. 

— Thlaspi  toujours  fleuri,  Of.75  à lf.50.  — 
Véroniques,  Of.75  à 2 fr.  — Violettes  des  qua- 
tres-saisons,  0t.l5  à 0f.30.  — Violettes  de 
Parme,  0f.50  à Of.75.  — AVeigelia,  lf.50  à 


Les  plantes  vertes  et  à feuillage  ornCmenlal 
pour  décoration  de  vases  et  d’appartement  sent 
restées  aux  prix  que  nous  avons  donnés  il  y a 
quinze  jours. 

Plantes  en  bourriches  et  arrachées.  — (a-s 
végétaux  sont  assez  nombreux  sur  le  maiclmg 
aux  prix  de  1 fr.  à 3 fr.  la  bourriclmc  de  vjr.gl- 
qualre  piaules. 


A.  Fkelet. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEIXIÈMË  QUINZAINE  D^AVRIL) 


Prochaines  Expositions  de  la  Société  centrale  d’horticnlturc  à Paris,  d’Auxerre,  de  Cholet.  — Exposition 
de  Roses  et  Congrès  des  rosiéristes  à Brie-Comte-Robert.  — Prochaines  Exposition, s de  Naniur,  Orléans, 
Anvers,  Rosay-en-Brie.  — Préparatifs  de  l’Exposition  universelle  de  Londres.  — Inscription  des  expo  - 
sants et  rédaction  du  catalogue,  — Décision  relative  apx  tender  plants.  — Exposition  à South-Kensin  - 
gton.  — Le  Dendrobium  Mac-Carihiæ.  — Meeting  de  la  Société  royale  d’Angleterre  à propos  de  l’Exposi- 
tion universelle  française  en  1867.  — Culture  du  Quinquina  à Travancore.  — Culture  de  la  Pomme  eu 
Angleterre.  — Lettre  de  M.  Moisou  sur  le  Dioscorea  balatas.  — Lettre  de  M.  Paul  Moulun  relative  à la 
valeur-  ornementale  ûeVAeluranlItes  VersclialfeUii.  — Réponse  de  M.  Carrière  à M.  Cosson  à propos  de  la 
découverte  de  VAbies  numidica.  — Nomination  de  M.  Trécul  dans  la  section  de  botanique  de  l’Académie 
des  sciences. 


La  Société  cenlrale  d’horticulture  vient 
de  publier  le  programme  de  l’exposition 
d’automne  qu’elle  tiendra,  du  29  septembre 
au  3 octobre  prochain,  dans  son  hôtel  de  la 
rue  de  Grenelle-Saini-Germain,  84,  à Paris. 
Ce  programme  indique  treize  concours  seu- 
lement, ouverts  pour  les  légumes  et  les 
fruits  de  saison,  présentés  par  collections 
d’importance  diverse  ; pour  les  Pêches , 
Prunes,  Cerises  et  autres  fruits  à noyaux 
d’arrière-saison;  pour  les  Raisins  de  table; 
les  Ananas;  les  Gucurbitacées;  les  plantes 
de  plein  air  Heuries,  les  plantes  légumières, 
les  fruits  et  les  végétaux  d’ornement.  Dans 
tous  ces  concours,  les  exposants  formeront 
deux  séries,  les  horticulteurs  marchands  et 
les  horticulteurs  amateurs,  qui  concourront 
séparément.  Le  nombre  des  médailles 
décernées  sera  assez  restreint,  car,  dans 
chacun  de  ces  treize  concours  il  ne  pourra 
être  accordé  plus  de  deux  prix  pour  les 
horticulteurs  marchands , et  deux  pour 
les  amateurs,  excepté  dans  celui  des  plantes 
de  plein  air  fleuries,  où  chaque  genre  pourra 
être  l’objet  de  deux  récompenses.  Outre  les 
médailles  offertes  parla  Société,  Madame  la 
comtesse  de  Tureime,  dame  patronesse,  a 
fait  don  d’une  médaille  d’or  qui  sera  gagnée 
par  l’introducteur  d’une  plante  à belle  Heur 
et  nouvelle,  soit  de  serre,  soit  de  plein  air. 
De  plus,  des  médailles  d’honneur  pourront 
être  mises  à la  disposition  du  jury;  ces  mé- 
dailles remplaceront  toutes  celles  qui  au- 
raient été  obtenues  par  le  même  exposant. 
Enfin,  parmi  les  derniers  articles  du  pro- 
gramme, nous  trouvons  une  disposition  qui 
mérite  d’être  signalée  ; c’est  que  l’exacti- 
tude de  la  nomenclature,  dans  l’étiquetage 
des  fruits  et  des  plantes,  sera  prise  en 
grande  considération  par  le  jury  pour  l’at- 
tribution des  récompenses. 

On  annonce  aussi  d’autres  solennités  hor- 
ticoles prinfanières  : à Auxerre,  du  28  avril 
au  6 mai,  pendant  la  durée  du  concours  ré- 
gional agricole  qui  se  tiendra  dans  cette 
ville;  cette  solennité  sera  particulièrement 
remarquable,  puisque  l’Empereur  doit  se 
rendre  à ce  concours  régional;  à Rouen,  du 
5 au  10  mai;  et  cà  Cholet,  du  14au  17  juin. 
Cette  dernière  ne  comprendra  que  les  pro- 
duits des  départements  de  la  Vendée,  des 
Deux-Sèvres,  de  la  Loire-Inférieure  et  de 
Maine-et-Loire.  Elle  offre  aux  exposants  31 

Mai  1866. 


concours  pour  les  légumes,  les  Heurs,  les 
objets  d’art  et  d’utilité  horticoles,  et  pour  ♦ 
la  meilleure  culture  des  jardins  maraîchers 
et  des  pépinières,  qui  seront  visités  à cet 
eflet  par  une  commission,  quelques  jours 
avant  l’ouverture  de  l’Exposition. 

Nous  avons  déjà  annoncé  l’année  dernière 
(1865,  page  362)  qu’une  grande  exposition 
spéciale  de  Roses  se  tiendrait  cet  été  à 
Brie-Comte-Robert.  Nous  venons  de  rece- 
voir le  programme  de  cette  solennité;  elle 
est  organisée  par  la  Société  des  rosiéristes 
de  Brie-Com(e-Robert  et  de  ses  environs; 
elle  se  tiendra  le  dimanche  8 et  le  lundi 
9 juillet  prochain.  Elle  promet  d’être  plus 
brillante  encore  que  celle  de  l’année  der- 
nière, qui  avait  attiré  40  exposants  et  réuni 
63,500  Roses;  on  espère  que  la  totalité  des 
rosiéristes  de  la  contrée,  au  nombre  de  90, 
y prendra  part.  Le  conseil  général  de  Seine- 
et-Marne  a volé  une  subvention  spéciale 
pour  cette  exposition.  Le  préfet  du  dépar- 
tement , l’administration  municipale  de 
Brie-Gomte-Robert,  les  Sociétés  d’horticul- 
ture de  Melun  et  Fonlainebleau,  de  Coulom- 
miers,  les  dames  patronesses  de  la  Société, 
et  les  notabilités  de  la  contrée  ont  fait  don 
de  médailles  d’or,  de  vermeil,  d’argent  et 
de  bronze. 

Le  programme  oiivre26concours,  pour  di- 
verses collections  de  Rosiers  et  de  Roses 
coupées,  et  pour  les  plus  beaux  apports  de 
variétés  spéciales.  Voici  du  reste  un  article 
de  ce  programme,  qui  fait  connaître  tout  ce 
que  l’exhibition  comprendra  dans  son  en- 
semble : 

« Ne  seront  admis  à cette  exposition  et  ne  pour- 
ront prendre  part  aux  concours  : que  les  Roses  de 
semis  non  encore  livrées  au  commerce,  les  Rosiers 
lleuris  eu  pots,  les  Rosiers  forcés,  les  Roses  cou 
pées,  les  bouquets  de  soirées  ou  de  salon,  les  paru- 
res, coiffures  de  bal,  les  gariiitures  et  surtouts  de 
table  spécialement  confectionnés  avec  des  Roses 
naturelles,  les  Roses  artificielles,  et  imitées  par  la 
peinture,  gravure  ou  tous  autres  moyens.  Toutes  les 
autres  plantes  et  tous  les  objets  se  rapportant  à l’hor- 
ticulture pourront,  s’il  y a lieu,  figurer  à l’exposi- 
tion, mais  sans  prendre  part  à aucun  concours.  « 

Avec  cette  exposition  coïncidera  un  con- 
grès international  des  rosiéristes  qui  tiendra 
ses  séances  le  8 et  le  9 juillet  à l’hôtel-de-^ 
ville.  Les  rosiéristes,  jardiniers  et  amateurs 
français  et  étrangers  qui  désireraient  pren^ 
dre  part  à ce  congrès  sont  invités  à adresser 
leurs  adhésions,  dès  à présent,  à M.  le  pré 


9. 


162 


CIinOMQUE  HORTICOLE  (OEEXIÈME  QUINZAiXE  D’AVEIL). 


sidenl  de  la  Société,  ii  Brie-comle-Robert. 
Les  communications  écrites  ou  verbales 
ayant  trait  au  genre  Rosier,  à son  histoire,  à 
sa  culture,  seront  accueillies  avec  reconnais- 
sance. Les  semeurs  sont  priés  de  soumettre 
à l’appréciation  »lu  congrès  leurs  gains  de 
Roses  non  encore  livrés  au  commerce  ou 
ceux  qui  auront  été  vendus  l’année  dernièn;; 
ces  Roses  devront  être  accompagnées  d’un 
certificat  émanant  de  la  Société  d’horticul- 
ture la  plus  voisine  du  lieuderobtention.  Les 
Sociétés  d’horticulture  françaises  et  étran- 
gères sont  aussi  instamment  priées  d’envoyer 
des  délégués  pour  prendre  part  aux  délibé- 
rations du  congrès. 

La  Rose  aura  donc,  cette  année,  une  ma- 
gnifique fête  dans  notre  pays.  Celte  fêle, 
comme  on  n’en  peut  douter,  donnera  un 
nouvel  éclat  au  culte  de  Tantique  et  gracieuse 
reine  de  nos  jardins  ; et  tous  les  amateurs 
de  Roses  en  sauront  gré  aux  organisateurs, 
en  tète  desquels  il  faut  citer  M.  le  baron  de 
Reauverger,  président  de  la  Société  d’hor- 
ticulture de  Melun  et  de  Fontainebleau,  et 
M.  Camille  Rernardin,  président  de  la  So- 
ciété des  rosiéristes  de  Rrie-comte-Robei  l. 

Enfin,  nous  signalerons  encore  quatre 
expositions  horticoles  qui  nous  sont  annon- 
cées, à Namur,  du  17  au  18  juin;  à Orléans, 
du  1"2  au  16  août;  à Anvers,  du  19  au  21 
août;  et  à Rosoy-en-Rrie,  du  8 au  10  sep- 
tembre. 

— Le  Gardeners' ChrouiclcuwWe  les  hor- 
ticulteurs qui  désirent  prendre  part  à la 
Crande  Exposition  internationale  de  Lon- 
dres tà  s’inscrire  dès  maintenant  et  cà  choi- 
sir remplacement  qui  leur  sera  réparti.  La 
rédaction  du  catalogue  serait  absolument 
impossible,  s’il  fallait  attendre  aux  derniers 
jours,  comme  dans  les  exhibitions  ordinai- 
res, et  l’on  sait  que  ce  catalogue  atteindra 
des  proportions  inconnues  jusqu’à  pré- 
sent. 

Les  horticulteurs  qui  se  proposent  d’ex- 
poser dans  la  classe  consacrée  aux  plantes 
délicates  {Tender  plants)  vdvïée s à l’Exposi- 
tion internationale  seront  heureux,  ajoute 
le  journal  anglais,  d’une  décision  toute 
récente  prise  par  le  comité  d’organisation. 
A la  demande  d’un  grand  nombre  d’adhé- 
rents, les  Agaves  et  le  Yucca  aloïfoUa  carie- 
gala  compteront  comme  Tender  pUntts. 

Soutli-Kensington  est  en  ce  moment  le 
théâtre  d’une  exposition  horticole  remar- 
quable : nous  espérons  en  rendre  compte 
prochainement.  Les  détails  ne  nous  en  sont 
•pas  encore  parvenus.  Ce  que  nous  savons, 
c’est  ([ue,  parmi  les  nouveautés  et  les  rrirc- 
tés  les  plus  dignes  d’attention , il  y a un 
magnifique  spécimen  de  Dendrobium  Mac- 
Carlhiœ.  C’est  ]a  Wuneuse  plante  des  ntms 
pluvieux  de  Celyan.  C’est  peut-être  le  seul 
spécimen  ({ui  existe  en  Europe  à l’iiaîi'e 
qu’il  est. 


L’Exposition  universelle  qui  doit  s’ouvrir 
à Paris  en  1807  arrache  quelques  horticul- 
teurs anglais  aux  préoccupations  de  l’Expo- 
sition spéciale  dont  Londres  doit  être  le 
théâtre  dans  quelques  jours  La  Société 
royale  d’horticulture  doit  tenir,  dans  les 
premiers  jours  de  mai,  une  séance  géné- 
rale dans  laquelle  on  informerait,  après 
délibération  et  discussion,  les  horticulteurs 
de  la  Crande-Rretagne  des  mesures  qu’ils 
doivent  prendre  pour  être  admis  à la 
grande  Exposition  française.  Nous  revien- 
drons bientôt  sur  les  conditions  faites  par 
la  commission  impériale  aux  exposants  de 
l’horticulture. 

— On  a beaucoup  parlé  depuis  quelque 
temps  de  laculture  du  Quinquina.  La  dégé- 
nérescence des  espèces  les  plus  salutaires, 
et  surtout  l’usage  croissant  de  ce  précieux 
spécifique,  qui  trouve  chaque  jour  dans  la 
thérapeutique  une  application  nouvelle, 
avaient  lait  craindre  que  cette  plante  ne 
vînt  à manquer,  et  Fattention  des  gouverne- 
ments s’était  portée  vers  l’établissement  de 
mesures  destinées  à protéger  et  à étendre  la 
culture  du  Quinquina. 

Les  essais  des  Etats-Unis  en  Virginie  et 
de  la  France  en  Algérie  sont  encore  ré- 
cents. Nous  apprenons  que  le  gouverne- 
ment de  Travancore  (Inde  Anglaise)  a fondé 
a Peermade  un  jardin  spécialement  destiné 
à la  culture  du  Quinquina.  Un  habile  horti- 
culteur doit  être  appelé  d’Europe  pour  être 
placé  à la  tête  de  cet  établissement  avec  le 
litre  de  surintendant.  L’importance  de  celte 
mesure  n’échappe  à personne  : si  le  gouver- 
nement de  Travancore  réussit,  et  tout  nous 
porte  à croire  (ju’il  réussira,  il  aura  rem- 
porté la  plus  noble  et  la  plus  utile  des  vic- 
toires, car  il  aura  assuré  l’abondance  d’un 
médicament  qui  arrache  clia(jue  année  de 
nombreuses  victimes  à la  mort. 

— La  culture  du  Pommier,  qui  est  d’uii 
SI  grand  secours  aux  populations  de  l’ouest, 
du^lord  et  du  centre  de  la  France,  ainsi 
que  d’une  grande  partie  de  l’Angleterre,  en 
fournissant  la  boisson  usuelle  des  habitants, 
cette  culture  présente  encore  un  grand  inté- 
rêt, si  on  l’envisage  au  seul  point  de  vue 
de  la  production  des  fruits  types,  de  ces 
pommes  savoureuses  et  largement  dévelop- 
pées, qui  semble  appartenir  exclusivement 
aux  progrès  de  l’horticulture  pendant  les 
trente  années  qui  viennent  de  s’écouler.  Le 
rédacteurdu  Gardeners' Chronicle^  à propos 
de  la  publication  d’un  excellent  traité  de 
M.  David  Thompson  sur  la  culture  du  Pom- 
mier, fait  un  historique  intéressant  de  cette 
branche  de  la  pomologie,  précédé  d’un  pa- 
rallèle ingénieux  entre  les  horticulteurs  du 
commencement  de  ce  siècle  et  les  horlicul- 
tenrs  contemporains.  Nos  lecteurs  nous 
sauront  gré  peut-être  d’analyser  et  de  met- 
tre sous  leurs  yeux  le  résumé  de  ces  idées. 


CllUOMl^lJE  HORTICOLE  (DEUXIEME  QUINZAINE  D’AVRIL). 


Il  y a trente  ans,  dit  l’auteur,  les  profes- 
seurs eux-mêmes,  les  maîtres  les  plus  ac- 
crédites, obéissaient  aveuglément  aux  prati- 
ques de  l’empirisme.  Les  détails  de  la 
culture  seuls  les  occupaient,  et  encore  les 
appliquaient-ils  sans  les  comprendre.  Ils 
faisaient  une  chose  parce  que  leur  maître 
ou  leur  père  l’avait  faite  ainsi  : ils  ne  recher- 
chaient pas  plus  loin.  Telle  était  la  majorité. 
Quant  à ceux  qui  devançaient  leurs  contem- 
porains, demandaient  à la  science  et  aux  in- 
ductions légitimes  de  leurs  connaissances 
acquises,  des  perfectionnements  et  des  amé- 
liorations, ils  étaient  rares  et  dispersés. 

^ Ce  n’est  pas  à dire  que  les  jardiniers 
d’alors  fussent  mauvais;  point  du  tout.  Ils 
savaient  parhiitementque  l’ensemencement, 
la  greffe,  l’émondage,  etc.,  etc,  sont  des 
opérations  à faire  dans  certains  mois  et  sous 
des  conditions  de  chaleur  et  d’humidité 
bien  définies.  Mais  ce  qu’ils  ignoraient,  c’est 
l’action  de  la  saison  et  des  conditions  at- 
mosphériques convenables,  et  cette  igno- 
rance était  inévitable  à une  époque  où  la 
physiologie  botanique  commençait  à peine, 
et  se  tenait  cà  l’écart,  sans  contracter  avec 
riiorticulture  le  lien  solide  qui  les  unit 
maintenant  et  qui  se  resserre  chaque  jour, 
en  enrichissant  l’une  et  l’autre.  Si  ces  idées 
sont  justes  et  rationnelles  en  général,  elles 
s’appliquent  étroitement  à l’histoire  de  la 
culture  des  pommes  depuis  cinquante  ans. 

C’est  grâce  à la  connaissance  de  la  physio- 
logie de  ce  fruit,  qu’il  a été  possible  cà  des 
horticulteurs  intelligents  de  donner  à son 
volume  des  proportions  gigantesques.  La 
Pomme  Providence,  obtenue  par  M.  Mills, 
pesait  environ?  kilogrammes.  C’est  le  plus 
gros  spécimen,  qui  ait  été  produit.  Mais 
ou  a vu  fréquemment  des  Pommes  de 
à -i  kilogramnnes  et,  sans  prendre  des 
exemples  à la  France,  nous  voyons  que 
M.  Alton  de  Kew  offrit  au  roi  George  IV 
une  pomme  de  3'<ii.8  : c’est  la  Vcariété 

connue  maintenant  sous  le  nom  de  Enville- 
I Qucantà  la  France,  c’est  à elle  que 
Angleterre  doit  un  de  ses  procédés  les 
plus  féconds  : M.  Glendinning,  de  Bidon, 
Signala  le  procédé  connu  sous  le  nom  de 
système  de  Meudon,  à son  retour  du  conti- 
nent, ainsi  que  le  célèbre  Lindley  : auiour- 
d hui  ce  système  est  employé  dcans  la  plupart 
des  jardins  de  l’Angleterre. 

M . Moiso n , no tre  corres p on  d an t de  C a ” - 
cale,  nous  adresse  la  lettresuivante  relative- 
ment au  principe  que  contient  le  Liosecur 
h.italas,  principe  dont  il  a été  déjà  plusiem 
lois  question  dans  la  Revue  horticole' 


« Monsieur 

« Il  est  affirmé  dans  la  neaw  licrlicolc  du 
1er  judkt  tXol,que  l’Igname  de  la  CliinetL’ws- 
rorca  Bntatas)  est  mangeable  crue  • et  dans 
Icn^du  10  avril  1860,  M.  d’Auvers’la  si^rnale 


comme  possédawl  la  vertu  d*un  sinapisme  ano- 
din. 

« Ces  deux  assertions  sont  trop  faciles  à vé- 
rilier  pour  (ju’elles  puissent  devenir  un  sujet 
de  polémique 

« Veuillez  agréer,  etc. 

« Moisox, 

« à la  Guiinorais,  prèsCancale.  » 

N’ayant  pas  entre  les  mains  en  ce  mo- 
ment de  rhizomes  du  Dioscorca  Balalas, 
nous  ne  pouvons  pas  vérifier  l’existence  des 
principes  dont  il  s’agit  dans  la  lettre  de  M. 
Moison.  C’est  une  recherche  que  nous  fe- 
rons plus  tard. 

— L’étudedes  qualités  des  plantes,  etsur- 
tout  des  plantes  nouvelles  offre  toujours  un 
vif  attrait.  Il  faut  surtout  que  les  nouveautés 
soient  appréciées  dans  des  conditions  va- 
riées. Aussi  nous  croyons  que  la  lettre  sui- 
vante, que  nous  adresse  M.  Paul  Monlun, 
sera  lue  avec  intérêt  : 

« Angoulins,  près  La  Rochello,  llavril  1866. 

« Monsieur, 

« EAchi/ranllies  VerschaffeUii  donne  lieu  à 
des  opinions  contradictoires  dont  l’expérience 
doit  finir  par  dégager  la  vérité. 

« J’ai  entendu  soutenir  l’opinion  dontM.  Nau- 
din  s’est  rendu  l’interprète  dans  la  Revue  hor- 
ticole, et  qui  consiste  à attribuera  cette  cliar- 
mante  plante  une  inconsistance  de  couleur,  et 
à la  considérer  comme  étant  très-inférieure  au 
Coleus  Verschaff'eltii. 

« Je  viens  protester,  comme  l’a  fait  M.  Le- 
maire, dans  le  nnlu  1er  avril  de  la  Revue  hor- 
ticole, contre  cette  opinion. 

« J’ai  cultivé,  ou,  pour  être  plus  vrai,  mon 
jardinier,  Bazile  Guilbaud,  a cultivé,  depuis  l’an 
dernier,  VAcJnjrcmthes  Verschaf[eltii  en  serre 
tempérée;  cetic  plante  y a atteint  une  hauteui- 
de  plus  d’un  mètre  ; elle  y a passé  riiiver  en 
très-bon  état;  sa  tige  a conservé  sa  couleur  d’un 
carmin  transparent  et  ses  feuilles  un  beau  lui- 
sant. 

c(  Les  sujets  qui  ont  grandi  sans  obstacle  sont 
devenus  un  peu  grêles,  mais  les  sujets  qui  ont 
été  pincés  se  sont  très-bien  ramifiés  et  forment 
aujourd’hui  de  jolies  touflés. 

« Je  considère  donc  cette  plante  comme  méri- 
tant, à plusieurs  titres,  d’être  cultivée,  mais  sur- 
tout en  serre  tempérée,  dentelle  est  appelée  à 
être,  pendant  l’hiver,  un  charmant  ornement. 

« Veuillez  agréeig  etc. 

« Paul  Monlun  » 

— Nos  lecteurs  se  souviennentsans  doute 
de  la  lettre  que  nous  a écrite  M.  Cosson,  à 
propos  de  la  découverte  en  Algérie  d’une 
variété  de  VAbies  Pinsapo.  M.  Carrière  avait 
appelée cetle  variété  A lies  numidica  {Revue 
du  10  mars,  page  100),  et  en  avait  attribué 
la  découverte  à M.  de  Lannoy.  M.  Cosson  a 
revendiqué  celle-ci  et  a maintenu  que  le 
nom  spécifique  de  l’arbre  devait  être  Rabo- 
rensis  {Revue dnHj  avril,  page  145).  M.  Car- 
rière répond  en  ces  termes  à M.  Cosson  : 

« Mon  cher  Directeur, 

» La  bienveillance  avec  laquelle  vous  ac-  . 
cueillez  toutes  les  observations  qui  vous  sont 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DECXIEME  QUISZAINE  D'AVRIL',. 


164 

faites  dans  l’intérêt  général  de  la  science , me 
fait  espérer  que  vous  voudrez  bien  publier,  flans 
un  des  plus  prochains  numéros  de  .a  Hevue 
horticole,  les  lignes  qui  vont  suivre.  C est  la 
vérité,  d’une  part;  de  l’autre,  le  besoin  d eclairer 
le  public  au  sujet  de  VAbies  numidica,  qui 
m’engage  à les  publier  ; ce  n’est  donc  pas  pour 
protester  contre  ce  qu’à  écrit  M.  Cosson,  mais 
tout  simplement  pour  tirer  les  conséquences  des 
principes  qu’il  a posés.  Ceci  dit,  j aborde  la 

question.  , , 

» Les  lecteurs  de  la  Revue  horticole  ont  pu 
lire,  dans  le  dernier  numéro  de  ce  recueil,  une 
note  très-remarquable  de  M.  Cosson , bota- 
niste éminent,  auteur  de  plusieurs  ouvrages  sur 

les  végétaux.  . , ^ i 

» Dans  cette  note,  il  y a deux  faits  sui  les- 
quels ie  dois  tout  particulièrement  appeler  1 at- 
tention ; l’un,  qui  se  rapporte  à la  decouverte 
de  VAbies  numidica\  l’autre,  qui  est  relatit  a 
la  spéciéité  de  ce  même  arbre.  Je  vais  examiner 
ces  deux  faits,  en  commençant  par  le  -dernier. 

y>  M.  Cosson  demande  si  cette  plante  est  bien 
réellement  une  espèce,  ou  si,  au  contraire,  elle 
n’est  pas  tout  simplement  une  variété.  Ce  doute, 
exprimé  par  un  homme  tel  que  W.  Cosson, 
pourra  paraître  singulier  à beaucoup  de  gens, 
car  M.  Cosson  passe  pour  un  savant  botaniste, 
a pu  examiner  la  plante  en  question  sui  les 
lieux  mêmes  où  elle  croit,  par  conséquent 
là  où  elle  présente  tous  ses  caractères  et 
où  elle  atteint  son  complet  développement. 
On  pourrait,  en  effet,  en  conclure  que  M.  Cosson 
est  embarrassé  pour  définir  uue  espece,  ce  qui 
peut  faire  supposer  que,  pour  ceci,  il  n y a pas 
de  critérium  absolu.  C’est  comme  une  sorte  de 
condamnation  qu’à  prononcée  M.  Cosson  contre 
une  science  dans  laquelle  il  est  considéré  comme 
maître.  Plus  explicite,  j’ose  dire  : Om,  c est  une 
espèce  au  môme  titre  que  tant  d autres.  La  dit- 
férence  qu’il  y a entre  VAbies  nmnidica  et 
VAbies  pinsapo,  auquel  M.  Cosson  le  rapporte, 
est  tout  aussi  grande  et  même  plus  grande  que 
celle  existant  entre  un  grand  nombre  dauties 
espèces  que  tant  de  botanistes  éminents  y com- 
pris M.  Cosson,  considèrent  comme  de  tres- 
bonnes  espèces.  De  sorte  que,  je  le  répété,  je 
ne  vois  pas  d'inconvénient  à le  consideiei 
comme  une  espèce  distincte  L Ce  premier  point 
établi,  que  reste-t-il?  Le  nom  ! Ici  encore,  sans 
chercher  à faire  prévaloir  mon  opinion,  je  dis 
que  la  qualification  de  nuuiidicci,  donnée  pai 
. M.  de  Lannoy,  me  paraît  préférable,  \oici  pour- 
quoi : c’est  qu’elle  limite  moins  1 aire  d habitat 
que  le  fait  la  qualification  bahorensis  que  ui  a 
imposée  M.  Cosson,  et  qu’il  pourrait  tres-bieii 
se  faire  qu’on  retrouvât  VAbies  nurnidicn  sur 
d’autres  points  de  l’Afrique  française.  Aean- 
moins,  comme  je  n’ attache  d’importance  qu  aux 
choses,  que  j’abandonne  volontiers  les  inols  et 
(lue  je  tiens  à donner  satisfaction  a M.  Losson, 
je  peux  lui  assurer  que  dans  ma  nouvelle  édi- 
tion des  Conifères,  qui  paraîtra  bientôt,  lAbics 
en  question  figurera,  comme  espece,  sous  le 
qualificatif  bahorensis,  à la  suite  duquel  sera 
• écrit,  en  toutes  lettres,  le  nom  de  M.  Losson. 
Quel  bonheur  pour  la  science,  et  comme  ses 
vrais  amis  vont  bondir  de  joie  en  voyant  cette 
restitution  faite  à son  profit! 

1 Mes  lecteurs,  je  crois,  savent  à quoi  s’en  tcnii 
sur  l’idée  que  j’attache  au  mot  espèce. 


<(  Reste  donc  la  question  de  Vantériorité, 
qui  est  le  point  le  plus  délicat,  car  il  touche  un 
peu  à l’amour-propre.  Et  bien!  je  le  confesse 
sans  honte,  moins  pour  me  justitier  que  pour 
dire  la  vérité,  lorsque  j’ai  publie  mon  article, 
j’io'iiorais  complètement  les  faits  que  i\l . Losson 
a rappelés;  d’un  autre  côté,  comme  je  n avais 
pas  l’idée  assez  pénétrante  pour  tirer  toutes 
les  conséquences  et  interpréter,  (ainsi  que  me 
le  fait  observer  M.  Cosson)  les  differents  passa- 
ges que  j’ai  cités,  des  lettres  que  m a écrites 
M.  de  Lannoy,  il  en  résulte  que  j ai  fait  dire  a 
ce  dernier  plus  qu’il  ne  m’avait  dit.  L est  la  ta 
seule  raison  qui  m’a  fait  attribuer  a M.  de  Lan- 
nov  ce  qui  semble  appartenir  à M.  Cosson . Je 
suis  donc  heureux  de  cette  circonstance  qui  me 
permet  de  rendre  à César  ce  qui  appartient  a 
César.  Mais  ce  qu’on  cornprendra  tres-bieii, 
c’est  qu’avant  de  pouvoir  faire  cette  restitution, 
il  fallait  que  je  connusse  César.  H ne^  taudrait 
pourtant  pas  attribuer  àM.  Cosson  la  decouverte 
de  VAbies  numidica;  car,  ainsi  qu  il  le  dit  dans 
sa  lettre,  c’est  à M . le  capitaine  de  Guibert  que 
revient  ce  mérite.  Tout  ce  qui  revient  a M.  Los- 
son, et  il  n’est  pas  homme  a réclamer  plus  que 
ce  qui  lui  revient,  c’est  d’avoir  été  le  parrain, 
d’avoir  latinisé  le  mot  Babor  pour  1 appliquer 
à son  filleul . . , 

((  Je  ferai  observer  à M.  Cosson,  que  si  lors 
delà  publication  j’ignorais  le  nom  de  celui  qui 
a fait  la  découverte,  il  n’en  est  plus  de  meme 
aujourd’hui.  Sur  ce  point  je  suis  très-bien  ren- 
seio"né,  grâce  à l’obligeance  d un  homme  dont 
la  modestie  égale  la  noblesse  et  la  délicatesse 
des  sentiments,  et  qui,  par  la  haute  position  offi- 
cielle qu’à  celte  époque  il  occupait  en  Algérie, 
a connu  tout  ce  qui  s’est  passé  relativement  a 
la  découverte  de  VAbies  numidica. 

« Ne  devant  pas  nommer  cette  personne,  je  me 
bornerai  à citer  quelques  passages  de  la  lettre 
quelle  a eu  l’obligeance  de  m’écrire  a la  date 
du  19  mars  dernier.  Voici  ^ ^ ^ 

. « J’ai  lu  avec  beaucoup  d’intérêt  votre  arti- 
cle sur  VAbies  numidica,  inséré  dans^  le  n®  du 
IG  mars  de  la  Revue  horticole,  et  c’est  pour 
cela  que  je  viens  vous  signaler  queh[ues  rectili- 
cations  dans  l’historique  de  la  découverte  de; 
cet  arbre.  Que  M.  de  Lannoy  l’ait  signale 
comme  différent  deVAbies  Phisopo et  (jne  cette 

vue  soit  sanctionnée  définitivement,  c est  a tmla 

nue  se  borne  la  découverte.  Il  ne  peut  en  cllet 
avoir  chkouvert,  en  18Ü3,  des  arbrp  que 
M.  Letourneux,  alors  procureur  imperiaia  A;ger, 
M.  Cosson,  habitant  je  crois  Paris,  et  une  autre 
personne  fju’on  m’a  dit  être  moite  peu  (>^ 
temps  après,  d’une  chute  arrivée  pendant  ce 
voyage,  étaient  aller  visiter  en  18()1...  H nu; 
semble  donc  (lu’il  faut  se  liorner  à attribuer  a 
M de  Lannov  d’avoir  signalé  la  non-imleiild(.î 
avec  VAbies  Rinsapo  et  d'avoir  contribue  a 

répandre  cette  espèce Ne  voulant  pas  laire 

de  polémique  dans  la  Revue,  j’ai  préféré  \ou^ 
adresser  ces  observations,  afin  que  vous  en  ('x  tra- 
yiez ce  que  vous  jugerez  convenable  pour  bien 
'établir  la  part  qui  revient  à M.  de  Lannoy 
ainsi  qu’au  service  forestier  d’Afi  iquc,  et  modi- 
fier, vous-même,  ce  qu’il  peut  y avoir  de  ticp 
absolu  dans  cet  article.  » 

« On  doit  comprendre  que  j’ai  accuedli  inec 
un  très-grand  empressement  de  si  precieux 
renseignements  donnés  avec  tant  de  dignité, 
que  j’en  ai  fait  mon  profil. 


16& 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’AVRIL). 


J « M.  Cosson,  dans  un  {passage  de  sa  lettre, 
i]  semble  s’étonner  de  mon  ignorance  et  me  fait 
I un  reproche  de  n’avoir  pas  lu  les  ouvrages  qu’il 
a publiés.  Ce  reproche  est  fondé,  je  l’avoue  ; 
et  je  m’en  consolerais  très-volontiers  si  les  ou- 
vrages dont  il  a parlé  étaient  les  seuls  que  je 
n’ai  pas  lus.  Malheureusement  pour  moi, il  n’en 
est  pas  ainsi,  et  il  en  est  de  beaucoup  plus  im- 
portants que  je  ne  connais  que  par  le  titre  ; je 
m’en  console  toutefois  sachant  qu’on  ne  peut 
tout  lire.  Tout  chacun  doit  apporter  sa  pierre 
f[  à l’édifice,  en  raison  de  ses  forces  : celui-ci 

j plus  ; celui-là  moins.  J’ai  fait  tout  ce  que  j’ai 

|:  pu  ; je  ne  crois  pas  être  tenu  à faire  d’avan- 

ii  tage. 

li  . . 

« Je  borne  ici  ma  justification  et  j ose  croire 
I que  les  faits  sur  lesquels  je  l’appuie  sont  de 
nature  à tout  concilier;  que  l’autorité  scienti- 
! fique  est  dignement  respectée  et  sauvegardée, 

! et  que  le  public,  y compris  M.  Cosson,  y trou- 

! vera  son  compte.  Quant  à moi  j’y  trouverai  lar- 

I gement  le  mien,  et,  une  fois  de  plus,  je  me 


trouverai  très-heureux,  si  j’ai  pu  rendre  hom- 
mage à la  vérité. 

« Veuillez  agréer,  etc. 

« Carrière.  » 

Nous  publierons  la  réponse  que  M.  Cosson 
fera  sans  doute  à M.  Carrière.  Nous  n’avons 
pas,  quant  à présent,  à entrer  dans  un  débat 
qui  s’agite  entre  deux  hommes  si  compé- 
tents. 

— L’Académie  des  sciences  a procédé, 
dans  sa  séance  du  26  mars,  à l’élection 
d’un  membre  dans  la  section  de  botanique, 
en  remplacement  de  notre  vénéré  confrère 
M.  Montagne.  La  section  avait  présenté  la 
liste  suivante  de  candidats  : 1*^  M.  Trécul; 
2o  M.  Chatin;  3«  M.  Gris;  M.  Bâillon; 
5»  MM.  Bureau  et  Prilleux.  M.  Trécul  a 
été  élu  par  33  voix  contre  U données  à 
M.  Chatin. 

J.  A.  Barral. 


CULTURE  DES  ARBRES  FRUITIERS. 


Défoncement  et  préparation  des  terrains. 
— Le  défoncement  du  terrain  destiné  à re- 
cevoir une  plantation  d’arbres  fruitiers,  est 
d’une  importance  plus  grande  qu’on  ne  le 
pense  généralement;  car  c’est  de  la  manière 
plus  ou  moins  soignée  qu’on  l’exécute  que 
dépend  souvent  le  succès  ou  la  non-réussite 
des  arbres,  lors  même  qu’ils  ont  été  choi- 
] sis  et  plantés  dans  de  bonnes  conditions. 

Le  défoncement  ou  miné  est  général  ou 
partiel.  B est  général  lorsqu’il  s’agit  d’un 
, terrain  neuf,  ou  qui  n’a  reçu  que  des  cul- 
î tures  de  Vignes,  de  céréales,  à translormer 

■ en  verger,  pépinière  ou  jardins.  Il  est  par- 
tiel, lorsqu’il  ne  s’agit  que  de  refaire  des 

; plantations  non-réussies  ou  de  vieux  arbres 
üsés.  Dans  l’un  et  l’autre  cas,  nous  procé- 

■ dons  de  la  manière  suivante. 

; Défoncement  général.  — On  fait  les  dé- 
foncements  ou  minés  le  plus  souvent  pendant 
l’hiver,  parce  qu’ alors  les  travaux  ordinai- 
res étant  suspendus,  on  a des  loisirs  et  du 
temps  qu’on  veut  utilement  remplir  si  l’on 
est  laborieux  et  soigneux.  Cependant,  il  ne 
taudrait  pas  y procéder  lorsque  la  terre  est 
fortement  gelée  à la  surface;  remuéeenbloc, 
elle  ne  se  mêlerait  pas,  on  ne  ferait  qu’une 
mauvaise  besogne.  Le  temps  le  plus  propice 
î pour  le  défoncement  est  celui  qui  vient  après 

; les  récoltes,  c’est-à-dire  en  octobre,  novem- 
I bre  et  décembre.  Lorsqu’il  est  achevé,  on 
i;  peut  procéder  aux  plantations  d’arbres,  si 
la  terre  est  assez  meuble  ou  convenable. 

La  profondeur  du  miné  doit  être  propor- 
tionnée à la  nature  du  sol.  Elle  doit  être  de 
0.70  à O'ï'.SO  si  ce  dernier  est  argileux,  de 
1 mètre  s’il  est  calcaire,  et  de  1"‘.  20  s’il 
'est  siliceux. 

Lorsque  le  sol  est  argileux,  il  supporte 


l’eau  en  temips  de  pluie,  et  se  durcit  vite 
par  l’effet  de  la  sécheresse.  Alors  il  est  com- 
pacte et  ne  peut  recevoir  les  gaz  atmosphé- 
riques, si  utiles  au  développement  des  raci- 
nes. Quelquefois,  en  se  fendant,  il  met  cel- 
les-ci à nu. 

Lorsque  le  sol  est  mi- argileux,  mii-cal- 
caire,  il  est  moins  compacte,  un  peu  plus 
léger,  il  est  plus  favorable  à la  végétation. 

Lorsqu’il  est  siliceux,  il  est  très-perméa- 
ble à l’air  et  à la  chaleur,  et  se  dessèche  vite. 
Il  demande  des  pluies  fréquentes,  ou  des  ar- 
rosements à défaut  de  pluie.  Il  importe  qu’il 
.soit  profond,  afin  d’entretenir  les  racines 
dans  un  état  de  fraîcheur  convenable.  S’il 
n’y  a ni  pluie,  ni  arrosement,  ni  fraîcheur 
souterraine,  les  arbres  languissent,  perdent 
leurs  feuilles,  se  flétrissent  pendant  la  sé- 
cheresse et  périssent  quelquefois,  s’ils  ne 
périssent  pas,  ils  feuillent  et  fleurissent  sou- 
vent en  automne;  l’année  sùivante  est  per- 
due pour  la  fructification. 

Pour  commencer  le  défoncement,  on 
ouvre  à l’extrémité  du  terrain  une  tranchée 
de0"™.60  à 0f«.70  de  largeur  et  de  la  pro- 
fondeur ci-dessus  indiquée.  Si  le  terrain  est 
incliné,  ou  commence  de  bas  en  haut  ; 
si  le  sol  est  maigre  en  quelques  endroits, 
et  plus  riche  en  d’autres,  on  fait  des  échan- 
ges afin  d’améliorer  l’un  par  l’autre.  Si  cet 
échange  est  impossible  ou  trop  coûteux,  on 
se  procure  au  dehors  de  la  terre  végétale  en 
quantité  suffisante. 

Le  terrassier  devra  se  servir  de  la  pioche 
et  de  la  pelle  pour  faire  un  miné,  et  voici 
pourquoi  : lorsqu’il  se  sert  de  la  bêche,  le 
terrassier  enlève  successivement  la  terre  de 
dessus,  c’est-à-dire  la  terrevégétale,  pourla 
jeter  au  fond  de  la  tranchée;  de  sorte  que 


CULTUKE  DES  ARDUES  EREITIERS^-  ^ 


la  mauvaise,  c’esl-à-dirc  la  crue,  reste  a la 
surface.  Ou  dit  pour  excuse  que  les  racines 
de  Tarbre,  Iruuvanl  celle  bonne  terre  au 
fond,  en  prolilcront  large. nenl.  Oui;  mais 
combien  de  temps  ces  racines  meltronl- 
elles  pour  arriver  à cette  bonne  terre.  Ce  iie 
serait  ni  la  première,  ni  la  seconde  année. 

Or,  pendant  ce  long  bqis  de  temps,  ue 
rencontrant  près  de  la  surlace  du  sol  que 
de  la  mauvaise  terre,  elles  ne  pourront  s y 
étendre  ; l’arbre  végétera  peu  a peu,  mais 
finira  toujours  par  périr.  , 

Si  la  terre  est  argileuse,  elle  forme  a la 
surface  des  molles  compactes  ([ue  la  gelee 
et  le  soleil  peuvent  seuls,  à la  longue,  desa- 
gréger ou  rendre  friables.  Dans  ce  cas  elle 
est  improjire  à recevoir  des  arlires.  Ils  y 
jiérii'aieut  avant  d’avoir  émis  des  racines 
sullisantes  pour  leur  végétation.  Il  est  donc 
|irudent  d’ajourner  la  jilantation  au 
temps,  si  le  miné  a été  lait  l hiver,  ou  à 1 au- 
tomne suivant,  s’il  a été  exécuté  trop  lard. 
Kn  général  les  arbres  à pépins  et^à  noyau 
l'éussissent  toujours  mieux  lorsqu  ils  sont 
[dan tés  en  automne,  plutôt  qu  au  printemps. 

Nous  avons  dit  ipi’il  lallai*^  se  servir  de  la 
pioche  et  de  la  pelle  pour  faire  un  miné. 
Nous  le  répétons,  parce  que,  avec  ces  deux 
instruments,  on  remue  et  on  môle  la  terre. 

Nous  avons  vu  souvent  des  terrassiers 
ouvrir  une  large  tranchée  plus  ou  moins 
profonde;  puis  miner  en  dessous  le  sol  en 


friche  et  le  fa.iré  iomJier  avec  la  hcclie  en 
gros  blocs  da  is  la  tranchée.  Ils  jetaient  en- 
suite dessus,  avec  la  pelle,  le  gravier  ou  le 
sable  du  fond  de  la  nouvelle  tranchée.  C’é- 
tait là  une  piatique  pitoyable,  parce  que  la 
terre  des  blocs  n’étnit  ni  remuée,  ni  mêlée, 
ni  fumée  conveiial) lement.  Aussi  les  arbres 
qu’on  y plantait  u\v  prospéraienl-üs  pas. 

Lorsque  la  terre'prise  à la  superficie  est 
jetée  de  l’autre  côté  avec  la  pioche  et  la  pelle, 
elle  se  môle  bien  et  forme  un  talus.  On  ré- 
jiand  avec  uno  fourche,  sur  toute  la  largeur 
de  ce  talus,  du  fumier  bien  consommé. 

Dcfrmceincnt  pariiel.  — Cette  opération 
se  fait  dans  les  plates-bandes  ou  carrés  de 
jardins  ou  de  vergers.  Il  y a eu  déjà  des  ar- 
bres nyant  végété"  pendant  quelques  années, 
il  est  de  toute  nécessité  de  changer  la  terre 
avant  de  procéder  à unenouvelle  plantation. 
On  enlève  donc  la  vieille  terre  usée  à une 
profondeur  voulue,  et  on  y apporte  de  la 
terre  franche,  des  molles  de  prés  de  Bal- 
mer  qu’on  mêle  avec  du  terreau  ou  du  bon 
fumier.  On  peut  prendre  la  terre  des  allées 
si  elle  est  bonne,  et  mettre  à la  place  celle 
extraite  des  plates-bandes  ou  carrés  desti- 
nés à recevoir  des  arbres. 

Th.  Dems. 

Cliof  des  cnllnrcs  du  Jardin  lioîaiiiqiio 
au  iiarc  d;  la  d ète  d'Or,  à Lyi  ii. 


ARBRE  GÉNÉALOGIQUE  RU  GROUPE  PÊCHER.- IXL 


Le  genre  Amandier,  ainsi  qu’on  le  sait, 
est  représenté  par  un  nombre  plus  ou  moins 
grand  de  formes  principales  qu’on  nomme 
espèces.  On  ne  connaît  pas  toutes  celles-ci, 
mais  pour  la  démonstration  que  je  vais 
essayer  de  faire,  celte  connaissance  n’est  pas 
indispensable.  Il  suffit  que,  partant  d’une 
espèce  connue  qu’on  peut  regarder  comme 
un  tfipe  sauvage,  je  puisse  établir  la  filiation 
et  démontrer  que  de  ce  type  on  peut,  par 
une  suite  d’intermédiaires,  c’est-à-dire  de 
modifications  successives,  arriver  aux  Pê- 
chers, ce  qui  toutefois  ne  veut  pas  dire  que 
c’est  le  point  de  départ  absolu,  etqu’au-des- 
sousde  celle  espèce,  d’où  je  pars, il  n’en  est 
pas  d’autres  avec  lesquelles  elle  se  relie  et 
se  confond. 

Là,  du  reste  n'est  pas  la  question  ; ce 
qu’il  importe  c’est  que  l’on  parte  d’un  point 
connu.  Or,  ce  point  qui  me  servira  de  base, 
je  le  trouve  dans  une  petite  espèce  : dans 

1 Voir  la  Berne  dc18G5,  p.  292,  35i  et  417,  et  les 
du  1er  janvier  i,s66,  p.  12 -,  du  IG  janvier,  p.  32; 
du  16  février,  p.  71;  du  l^r  avril  p.  123;  du  IG  avril, 
p.  153. 


l’Amandier  d’Orient {Aunjgdalus  orient nbs) 
dont  je  dois  faire  connaître  les  caractères. 

Petit  arbuste  buissonneux,  Irès-rameux,  à r.^ 
ineaux  grêles,  rélléchis,  a teinlles  dépourcucs 
de  glandes,  très-élroitcmenl  ovales  elliptiques, 
longues  d'environ  3 centimètres,  larges  do 
7 inillimètres, atténuées  aux  deuxbouls,  obtuses, 
très  l)lanches  par  un  tomentum  abondant  et 
leutré.  Fruits  très-petits, longs  d’environ  t “2 mil- 
limètres, régulièrement  ovales,  à sarcocarpe 
extrêmement  mince  (presque  réduit  à l’écorce), 
coriaces,  acerbes,  astringents,  sans  odeur  ni 
saveur,  très-courtement  duveteux.  Fleurs  cam- 
panulacées,  très-petites,  rose  pale  ou  carné,  à 
pétales  étroits,  distants,  obovales,  atténués  en 
onglet. 

Maintenant  que  l’on  connaît  les  caractères 
de  VA.  orienlalis,  je  dois  faire  remarquer 
(jue  chaque  fois  que  j’ai  semé  des  noyaux 
"de  ce  type  j’ai  toujours  obtenu  des  indivi- 
dus plus  ou  moins  différents  (le  lui;  il 
yen  avait  dont  les  feuilles  étaient  plus 
ou  moins  ovales  et  plus  ou  moins  velues; 
qelques- unes  aussi  vaient  des  feiiilles 
complètement  glabres.  Il  y en  avait  égale- 
ment dont  les  feuilles,  excessivement  élroi- 


1G7 


ARBRE  généalogique  DU  GROUPE  PÉCHER.  —IX. 


les,  étaient  finement  et  très-profondément 
dentées.  J’ajoute  encore  que  presque  toutes 
j)ortaient  sur  le  pétiole  de  nombreuses  glan- 
des globuleuses.  C’est  de  ce  type  que  sont 
sortis  les  Ainijgdalns  Ballamæ  et  salici folia 
qui,  à tort,  ont  été  considérés  comme  des 
e&pècef. 

Ayantsemé  de  ces  prétenduesespèces  une 
(juanlité  considérable  de  noyaux  qui  avaient 
été  récoltés  dans  l’Asie-iVlineure,  à Vélat 
sauragr  , ]uar  M.  lîallansa;  je  vais  indiquer 
ci-après  les  résultats  que  j’en  ai  obtenus  en 
donnant  préalablement  les  caractères  que 
présentaient  leurs  noyaux.  Les  noyaux  de 
VAmi/gdalus  Ballamæ  étaiçnt  surtout  re- 
inaiai'uables  par  leur  forme  et  leur  aspect; 
ils  étaient  très-réguliers,  fortement  renllés 
sur  les  faces,  et  tellement  semblables  entre 
eux  qu’on  aurait  pu  croire  qu’ils  avaient  été 
coulés  {hns  [in  même  moule;  leur  surface 
était  comme  guillocliée,  et  les  guillocbures 
formaient  des  dessins  si  remarquables  par 
leur  disposition  qu’on  pouvait  les  dire 
jolis. 

Les  noyaux  de  VAmi/gdalas  salici  folia 
étaient  plus  allongés,  plus  gros,  plus^  unis, 
et  moins  réguliers,  de  forme  que  n’étaient 
ceux  de  VA.  Ballansœ;  ils  étaient  aussi  de 
grosseurs  et  de  formes  très-diverses  ; il  s’en 
trouvait  même  qui  frisaient  de  près  l’espèce 
commune  : VA.  coniniunisj  et,  en  même 
temps,  d’autres  qui  se  confondaient  soit 
avec  ceux  de  VAmggdalas  orientalis,  soit 
avec  ceux  de  VA.  Balünisœ. 

Je  profite  de  cette  occasion  pour  faire 
remarquer  que  les  noyaux  de  l’Amandier 
commun  ne  sont  pas  non  plus  semblables 
entre  eux;  tant  s’en  faut,  et  qu’on  trouve 
au  contraire  dans  les  nombreuses  variétés 
que  présente  cette  espèce,  des  noyaux  de 
formes  et  de  grosseurs  très-différentes. 

Ayant  semé  à part  et  avec  beaucoup  de 
soin  tous  mes  noyaux  (V Ainygdalus  Ballan- 
sœ  et  salici  folia,  j’ai  obtenu  des  plantes  dont 
l’aspect  général  dénotait  une  origine  coin- 
mUne,  et  montrait,  à n’en  pas  douter,  qu’il 
n’y  avait  là  que  les  descendants  d’un  même 
type,  bien  que  tous  étaient  dissemblables 
entre  eux.  Dans  un  lot  comme  dans  l’autre 
on  trouvait  des  individus  dont  les  feuilles 
étaient  extrêmement  longues  et  étroites, 
incanes  et  plus  ou  moins  tomenteuses,  et 
d’autres  qui  avaient  des  feuilles  de  même 
forme  et  de  même  dimension,  mais  glabres 
et  luisantes.  Il  y en  avait  dont  les  feuilles 
petites,  elliptiques-ovales,  tomenteuses,  rap- 
pelaient ccdles  de  VA.  ^V Orient.  J’ajoute 
qu’on  trouvait  aussi  dans  cbacun  des  deux 
lots  des  individus  buissonneux,  nains  et 
presque  couchés,  tandis  que  d’autres  étaient 
très-vigoureux  et  élancés.  C’était  parmi  ces 
derniers,  dont  les  feuilles  étaient  très-gran- 
des, qu’il  s’en  trouvait  dont  l’aspect  était 
absolument  semblable  à celui  de  l’Amandier 


commun.  La  ressemblance  était  telle,  en 
elfet,  qu’on  aurait  ))u  les  confondre. 

Je  dois  dire  aussi  que  parmi  les  individus 
sortis  de  l’*l.  Balhnisæ.  qui  ont  fructifié,  il  y 
en  avait  dont  les  Heurs  étaient  de  grandeur, 
de  forme  et  de  couleur  difiercnle,  et 
qu’elles  s’épanouissaient  aussi  à des  époques 
très-diverses;  les  unes  étaient  presque 
complètement  blancbes,  d’autres  plus  ou 
moins  roses  ou  même  presque  rouges. 

Dans  les  fruits  qu’ont  produit  tous  ces  ar- 
bres, il  s’en  trouvait  aussi  qui  étaient  de 
formes  et  de  grosseurs  très-diverses;  tes 
uns  très-courtement  rétrécis  arrondies 
au  sommet,,  d’antres  au  contraire  étaient 
longuement  acuminécs,  tandis  que  d’autres 
élaient  courtement  ovales,  obtus  aux  deux 
bouts.  On  remarquait  aussi  dans  le^  IVuils 
des  (liHerences  très-grandes,  quant  à la  cou- 
leur; il  y en  avait  de  blancbàlrcs  et  d’antres 
qui  élaient  d’un  muge  violacé  ou  vineux. 
D’autres  aussi  étaient  couverts  d’un  tomen- 
tnm  extrêmement  abondant,  feutré  et  serré, 
d’un  aspect  luisant  et  mélaHi(iue,  tandis  (jue 
d’autres  élaient  presque  glabres. 

Quelques-uns  aussi,  élaient  semblables 
à ceux  de  certaines  variétés  ou  formes  de 
l’Amandier  commun.  Le  sarcocarpe  (la 
chair),  chez  certaines  de  ces  variétés,  au  lieu 
d’être  très-mince  comme  celui  de  VA.  Bal- 
lansœei  salici  folia,  était  épais  et  charnu:  j’en 
ai  même  remarqué  dont  la  chair  était  très- 
légèrement  savoureuse  et  relativement  fon- 
dante. Quant  à la  saveur  de  l’amande  conte- 
nue dans  les  noyaux,  elle  était  absolument 
semblable  à celle  qui  se  trouve  dans  l’aman- 
de des  noyaux  de  l’Amandier  commun;  il  y 
avait  plus;  on  trouvait  même  dans  celte  sa- 
veur tous  les  degrés,  depuis  la  saveur  très- 
amère,  jusqu’à  la  saveur  douce.  Ainsi  donc, 
de  ce  premier  jet,  à partir  de  VA.  (VOrient, 
par  une  série  d’intermédiaires  qui  portaient 
sur  tous  les  caractères,  on  était  donc  arrivé 
à l’Amandier  commun. 

Le  pas  était  franchi,  la  distance  entre 
l’Amandier  d’Orient  et  l’Amandier  |commun 
était  effacée,  la  lacune  était  comblée.  J’a- 
joute qu’aucun  arbre,  parmi  ceux  qui  ont 
fructifié  jusqu’à  ce  jour,  n’a  reproduit  la 
f3rme  si  remarquable  et  si  singulière  des 
noyaux  de  VAinggdalus  Ballansœ  que  j’avais 
semés.  La  plupart,  au  contraire  montrait 
une  tendance  plus  ou  moins  grande  à tour- 
ner à l’Amandier  commun. 

Je  dois  aussi  faire  observer  ce  fait  impor- 
tantà  savoir,  ([ue  les  modifications  si  profon- 
des quenousavonsconstatées  chez  les  indivi- 
dusissnsde^^rdiüQsà 'S  Ain  II  gilalus  B(illansæ 
et  salici  folia,  sont  le  résultat  d’un  premier 
semis  fait  avec  des  graines  venues  de  l’Orient 
où  elles  ont  été  récoltées  à l’état  sauvage 
sur  des  arbustes  buissonneux  qui  formaient 
des  sortes  de  fourrés  analogues  à ceux  que 
le  Pranns  spinosa  ft)rniele  long  de  nos  clie- 


168 


ARBRE  GÉNÉALOGIQUE  DUXROUPE  PÊCHER.— IX. 


mins,  de  sorte  que  pour  expliquer  ce  fait  de 
modifications  si  promptes,  on  ne  pourrai^ 
ainsi  qu’on  le  fait  si  souvent  dans  ces  sortes 
d’occasions,  invoquer  l’influence  des  fé- 
condations qui  se  seraient  faites  avec  des 
individus  cultivés.  D’où  l’on  peut  conclure 
que  ces  modifications  auraient  été  beau- 
coup plus  considérables  si  les  graines 
que  j’ai  semées  avaient  été  récoltées  sur 
des  individus  nés  dans  les  cultures  et  surtout 
si  les  Individus  mores  étaient  eux-mêmes  le 
produit  de  plusieurs  générations,  parce  qu’a- 
lors  il  y aurait  eu  l’influence  des  milieux 
culturiques,  qui,  comme  chacun  a été  à 
même  de  le  remarquer,  joue  un  rôle  im- 
mense dans  les  modifications  que  pré- 
sentent les  végétaux. 

Tout  ceci  démontre  donc,  d’une  manière 
à peu  près  certaine,  que  l’Amandier,  com- 


mun n’est  iqu’une  modification  de  l’Aman- 
dier d’Orient,  et  que,  £n  partant  de  celui-ci 
on  peut  arriver  à celui-là  en  passant  par  une 
série  non  interrompue  de  formes  supérieu- 
res dans  lesquelles  se  trouvent  les  Amy- 
gdalus  Bellansœ  et  salicifolia  qui  semblent 
être  le  dernier  terme  pour  arriver  à l’Aman- 
dier commun. 

Ce  premier  point  établi,  il  me  reste  à 
démontrer  qu’à  partir  de  l’Amandier  com- 
mun, on  arrive  également,  par  une  série 
continue  de  formes  diverses,  au  groupe 
Pêcher.  Cette  démonstration  sera  d’autant 
plus  facile  que,  placé  sur  un  terrain  connu, 
tout  le  monde  pourra  me  suivre,  et  que  je 
n’aurai  même  pas  à m’appuyer  sur  des  hy- 
potlièses,  mais  sur  des  faits. 

Carrière. 


GREFFE  BOISSELOT  POUR  LA  VIGNE. 


L’étude  de  toutes  les  questions  qui  se 
rattachent  à la  culture  de  la  Vigne  est  à 
l’ordre  du  jour;  aussi, 
il  me  semble  que  tous 
ceux  qui  s’y  adon- 
nentaccueillerontavec 
intérêt  l’explication 
d’une  greffe  qu’un 
arboriculteur  éclairé 
et  consciencieux  a 
imaginée  récemment 
et  qu’il  a fait  connaître 
à la  Société  impériale 
et  centrale,  convaincu 
qu’elle  devait  donner 
de  bons  résultats. 

Cette  greffe,  que  je 
désignerai  de  suite 
sous  le  nom  de  son  au- 
teur, M.  Auguste  Bois- 
selot,  de  Nantes,  est 
une  variété  de  la  greffe 
en  fente  ordinaire, 
qu’elle  serait  destinée 
àremplacer.  En  atten- 
dant qu’elle  soit  exami- 
née à fond  et  jugée  en 
dernier  ressort,  je 
crois  utile  de  lui  don- 
ner de  la  publicité  et 
de  mettre  à même  de 
l’apprécier  tous  ceux 
qu’elleintéressera;voi- 
ci  donc  comment  elle 
se  pratique. 

Au  printemps,  avant  que  la  Vigne  ne 
pleure,  mais  préférablement  à l’automne, 
au  moment  où  les  premières  feuilles  com- 
mencent à jaunir,  on  choisit  sur  les  ceps 
les  deux  bifurcations  formées  par  les  bran- 


I elles  coursonnes  qui  sont  les  plus  rappro- 
I chées  du  sol.  On  taille  au-dessus  du  pre- 
mier œil  les  branches 
qui  sortent  des  tron- 
çons ; on  fend  au 
milieu  à l’aide  d’un 
instrument,  ou  on  fait 
simplement  éclater 
avec  les  mains  la  bi- 
furcation qu’elles 
forment  à leur  centre 
commun;  on  y place 
un  sarment  amincien 
biseau  ou  en  lame  de 
couteau,  comm.e  on 
le  fait  pour  la  gretïe 
en  fente  ordinaire  ; 
toutefois,  il  est  préfé- 
rable de  donner  à l’un 
des  côtés  du  biseau 
une  épaisseur  quiex- 
cède  sensiblement 
celle  de  l’autre  côté. 
Le  greffon  étant  pla- 
cé, on  ligature  forte- 
ment et  on  mastique. 

Lorsque  l’analogie 
qui  existe  entre  un 
jeune  sujet  et  un  gref- 
fon un  peu  fort  favo- 
rise le  contact  des 
écorcesdes2côtés,  la 
soudure  est  presque 
invisible  à la  fin  de 
la  première  année  : dans  tous  les  cas  elle 
ne  tarde  pas  à le  devenir. 

La  greffe  étant  ainsi  disposée,  tels  sont 
les  soins  qu’elle  réclame  pendant  le  cours 
de  la  végétation:  pour  en  aider  le  déve- 
loppement on  concentre  la  sève  en  modé- 


GREFFE  ROISSEEOT  POE  U LA  VIGNE. 


169 


ranl  par  le  piiicemeiii  les  pousses  qui  sor- 
tent des  deux  chico's  dont  la  fourche  a reçu 
le  greffon;  on  fouille  au  pied  du  sujet 
trois  quatre  et  meme  cinq  fois  dans  l’année 
pour  extirper  des  drageons  souterrains  qui 
naissent  successivement  au  collet  des_  ra- 
cines. On  ne  rabat  définitivement  les  chicots 
(|ne  lorsque  la  reprise  est  absolument  assu- 
l'ée  et  môme  après  deux  ou  trois  ans. 

La  greffe  qui  a servi  de  modèle  pour  le 
dessin  de  la  figure  15  a été  faite  le  6 octobre 
1804  et,  selon  l’hahitiide,  n’est  guère  entrée 
en  végétation  qu’à  la  Saint-Jean  de  i80o. 

M.  lloisselot  expérimente  ce  mode  depuis 
cinq  ans  et  l’expérience  qu’il  a acquise  le 
t)ersuade  des  avantages  qui  doivent  le  faire 
t)référer  à ceux  qui  sont  suivis  générale- 
ment. 

Les  deux  pousses  qui  s’élèvent  sur  le 
vieux  bois  au-dessus  du  point  d’insertion  de 
la  greffe  procurent  un  appel  de  sève  assez 
énergique  pour  faciliter  singulièrement  la 
reprise;  et  d’un  autre  côté  l’absence  de 
toute  mutilation  permet  de  conserver  le 
sujet  et  de  le  retrouver  intact  dans  les  cas 
où  l’opération  viendrait  à manquer. 

En  n’ayant  rien  supprimé  sur  le  sujet,  on 
s’est  ménagé  la  précieuse  ressource  de  pou- 
voir faire  sur  le  meme  cep  les  expériences 
comparatives  les  plus  faciles  et  les  plus 
concluantes,  sur  la  nature,  la  qualité  et 
surtout  la  précocité  relative  des  variétés 
diverses. 

En  outre,  ce  procédé  a l’avantage  incon- 
testable de  convenir  aux  greffes  qui  doivent 
se  faire  au-dessus  du  sol. 

Ce  mode,  à première  vue,  paraît  dans  de 


bonnes  conditions  pour  rendre  des  services; 
il  appartiendra  aux  arlioriculteurs  qui  vou- 
dront bien  en  faire  l’épreuve,  d’éclairer 
l’opinion  et  môme  de  la  fixer  sur  son  mérite 
et,  s’il  y a lieu  meme,  de  lui  apporter  les  per- 
fectionnements dont  il  serait  susceptible. 

Le  vide  que  peut  causer  l’irrégularité  du 
sujet  et  de  la  greffe  se  remplit  avec  du 
mastic  en  attendant  qu’il  disparaisse  natu- 
rellement. Ce  qui  meme  est  un  avantage 
propre  à ce  procédé,  c’est  que  l’appel  de 
sève  produit  par  les  deux  pousses  issues 
de  la  bifurcation  est  tellement  efficace, 
qu’on  ne  voit  jamais  s’altérer  l’écorce 
sur  le  revers  opposé  au  côté  où  la  jonction 
s’opère  avec  précision.  M.  IJoisselot  insisie 
sur  celte  remarque. 

Je  ne  veux  pas  entrer  ici  dans  plus  de  dé- 
tails, je  n’ai  d’autre  but  que  de  livrer  à la 
publicité  et  de  soumettre  à l’examen  des 
arboriculteurs  compétents  un  moyen  de 
perfectionner  la  culture  de  la  Vigne.  Deux 
motifs  puissants  les  engageront  à expéri- 
menter la  greffe  Boisselot  ; ils  voudront 
donner  leur  attention  à l’œuvre  d’un  inven- 
teur intelligent  qui  se  dévoue  résolument 
à la  recherche  du  progrès;  ils  voudront  ren- 
dre justice  à ses  efforts,  persuadés  que  la 
moindre  amélioration  en  horticulture  est  un 
bienfait  pour  des  millions  de  consomma- 
teurs, et  que,  si  elle  offre  aux  viticulteurs  un 
moyen  facile  et  sùr  de  renouveler  et  d’amé- 
liorer les  cepages,  elle  devient  une  source 
féconde  de  produits  pour  notre  beau  pays 
de  France,  dont  le  vignoble  n’est  pas  le 
moindre  trésor.  Iîemu  Michelin, 


CONDUITE  DES  ARBRES  FRUITIERS 

PAR  LE  PINCEMENT  DES  FEUILLES. 


La  taille  des  arbres  fruitiers,  telle  qu’elle 
était  autrefois  pratiquée  par  la  plupart  des 
maîtres,  consistant  à retrancher  chaque  an- 
née le  tiers  ou  le  quart  des  branches  de 
prolongement  et  à tailler  court  toutes  les 
productions,  est  tous  les  jours  attaquée  par 
des  professeurs  et  des  praticiens  habiles 
qui  proscrivent  cette  méthode  comme  dan- 
gereuse pour  les  aibres  dont  elle  compro- 
met l’existence,  désastreuse  pour  les  pro- 
priétaires dont  elle  entrave  la  jouissance. 

Ce  n’est  pas  que  les  professeurs  et  les 
praticiens  qui  critiquent  la  taille  exagérée 
veuillent  abandonner  les  arbres  à "eux- 
memes,  ainsi  que  quelques-uns  le  préten- 
dent par  dérision  : non,  personne,  je  crois 
n’y  songe,  mais  ce  que  l’on  attaque,  ce  sont 
les  abus  de  l’ancienne  taille,  c’est  celte 
coutume  barbare  de  couper  chaque  année 


la  tête  des  arbres  sous  prétexte  de  les  for- 
mer. 

Ceux  qui  attaquent  cette  méthode  contre 
nature  lui  substituent  un  système  de  con- 
duite des  arbres  fruitiers  dans  lequel  les 
grosses  mutilations,  les  suppressions  de 
branches  de  charpente  sont  soigneusement 
proscrites. 

Dans  ce  système  le  cultivateur  doit  s’atta- 
cher à ne  faire  subir  aux  arbres  que  le 
moins  de  suppressions  possibles,  il  doit 
s’attacher  en  outre  à n’opérer  les  retranche- 
ments strictement  nécessaires  pour  mainte- 
iîir  la  sève,  l’équilibre  de  la  charpente  et 
obtenir  la  mise  à fruit  que  sur  les  produc- 
tions à l’état  herbacé. 

Les  expériences  de  M.  Grin  aîné,  de 
Chartres,  prouvent  que  les  pincements  de 
bourgeons  herbacés,  les  simples  pincements 


i:o 


(:0^'DlJlTE  DES  AUBRES  FRUITIERS  PAR  l.E  PINCEMENT  DES  FEUILLES. 


(le  feuilles,  pratiqués  en  temps  opportun, 
suffisent  parfaitement  pour  atteindre  le 
but. 

Les  défenseurs  de  la  taille  me  répondront 
que  ce  simple  pincement  des  bourgeons  et 
des  feuilles  est  encore  une  taille,  puisque 
c’est  une  suppression.  Je  le  concède  volon- 
tiers, mais  on  m’accordera  bien  à mon  tour 
qu’il  y a une  grande  différence,  au  point  de 
vue  de  la  santé  de  l’arbre,  entre  l’ancienne 
taille  retranchant  méthodiquement  chaque 
année  une  partie  des  branches  de  prolonge- 
ment de  la  charpente  et  la  simple  suppres- 
sion d’une  partie  de  feuille  ou  de  l’extré- 
mité herbacée  des  bourgeons. 

On  m’accordera  bien  que  le  pincement 
et  la  laille  ne  sont  pas  deux  opérations 
semblaliles,  que  c'est  jouer  sur  les  mots  1 


que  de  vouloir  comprendre  sous  le  meme 
nom  deux  opération:;  aussi  ditîérentes. 

Les  maîtres  qui  ont  pris  la  défense  de 
l’ancienne  laille  sont  obligés  d’avouer  que 
la  plupart  des  jardiniers  la  pratiquent  mal; 
qu’entre  leurs  mains  inhabiles  elle  est  très- 
dangereuse;  et  en  vérité  les  jardiniers  sont 
bien  excusables  car  les  règles  de  celte  taille 
sont  tellement  arbitraires,  incertaines,  que 
la  plupart  des  maîtres  ne  sont  pas  d’accord 
entre  eux  sur  la  façon  dont  elle  doit  être  pra- 
tiquée. 

Lorsque  les  maîtres  ne  peuvent  pas  se 
mettre  d’accord  sur  les  bases  d’un  ensei- 
gnement, les  élèves  ne  sont-ils  pas  excusa- 
bles d’eiuployer  des  pratiques  vicieuses,  et 
n’a-l-on  pas  mauvaise  grAce  à les  leur  re- 
1 procher? 


Si  l’anciennetaille  est  dangereuse  ainsi  que 
ses  propres  défenseurs  sont  obligés  de  l’a- 
vouer; SI  elle  exige,  pour  être  bien  pratiquée, 
une  science,  une  habileté  qu’il  est  impossi- 
ble d’exiger  de  la  plupart  des  praticiens;  si 
cette  ancienne  taille,  d’application  si  dif- 
ficile, peut  être  avantageusement  remplacée 
par  des  pincements  de  bourgeons  et  même 
de  feuilles,  ainsi  que  tendent  (à  le  prouver 
des  expériences  poursuivies  avec  autant  de 
soin  que  de  dévouement  par  des  arboricul- 
teurs consciencieux,  surtout  par  M.  Grin,  de 
Chartres.  Il  est  du  devoir  de  tous  ceux  qui  veu- 
lent le  progrès  de  l’horticulture  de  proclamer 
ces  faits  hautement,  d’expérimenter  les  pro- 
cédés nouveaux  sans  prévention,  sans  parti 
pris,  avec  le  seul  désir  de  rechercher  et  de 


faire  ressortir  la  vérité,  de  vérifier,  de 
constater  les  résultats  obtenus. 

Il  importe,  dans  l’intérêt  des  propriétai- 
res, de  dégager  enfin  l’arboriculture  des  pro- 
cédés compliqués  vicieux  qui  rendent  en- 
core aujourd’hui  sa  pratique  si  difficile  ! 

La  lutte  est  désormais  engagée  entre  les 
partisans  de  l’ancienne  taille  et  ceux  do  la 
nouvelle  méthode  de  conduite  des  arbres 
fruitiers  : tous  ceux  qui  s’occupent  d’arbo- 
riculture seront  conduits  à y prendre  part,  à 
se  ranger  sops  une  bannière  ou  sous  l’autre. 

Espérons  que  des  discussions  qui  ne 
manqueront  pas  de  s’élever,  la  lumière  jail- 
lira enfin  éclatante  pour  tous. 

L’ancienne  laille  a été  vivement  attaquée 
par  M.  Pigeaux,  mon  collègue  de  la  Société 


' Yema  Piwf! 


Jrnp  Zanoto  me  Boulangers. 13.  Pans 


Poire 


Docteur 


Pipeaux 


m 


Inifj.  Zanotp.  rue  des  Boulangers  15,  Pans 


A 1) i e s N O rd  iii  cinmaii  a 


CONDUITE  DES  AUBDES  FRUITIERS  PAU  LE  PINCEMENT  DES  FEUILLES. 


171 


d’horticulture  de  Paris,  par  M.  Bouscasse, 
liorticulteur  à La  Rochelle,  et  par  M.  Gres- 
sent,  dans  ta  nouvelle  édition  de  son  traité 
d’arboricullure. 

La  nouvelle  méthode  de  conduite  des  ar- 
bres fruitiers  est  pratiquée  avec  autant  de 
persévérance  que  de  succès  })ar  les  horli- 
cutteurs  chartrains,etparmi  eux,  par  M.Grin 
aîné,  qui  poursuit  ses  éludes  et  ses  recher- 
ches avec  un  zèle  et  un  dévouement  au- 
dessus  de  tout  éloge.  M.  Grin  est  un  simple 
j)ropriétaire  aniateur,  il  ne  professe  point,  il 
n’a  aucun  intérêt  à préconiser  une  méthode 
plutôt  qu’une  autre -,  il  ne  cherche  (ju’unc 
chose,  la  simplification  de  l’arboriculture, 
sa  mise  à la  portée  de  tout  le  monde;  il  croit 
l’avoir  trouvé,  par  la  conduite  au  moyen  du 
j)incement  des  feuilles,  il  indique  à tous  son 
procédé. 

Dans  le  seul  but  de  répandre  celte  mé- 
thode, ({ui  simplifie  considéraldement  la  cul- 
ture des  arbres,  il  a tenu  à apporter  lui- 
même  au  comité  d’arbcriculture  de  la 
Société  de  Paris,  dont  nous  avons  l’honneur 
de  faire  partie,  des  branches  de  nombreuses 
variétés  de  Pêchers  traitées  d’après  la  mé- 
thode de  pincement  des  feuilles  et  parfaite- 
ment ganiies  de  boulons  à la  base  de  tous 
les  boui  geons. 

Nous  faisons  expéiâmenler  le  système  de 
M.  Grin  sur  toutes  les  espèces  d’arbres  frui- 
tiers dans  notre  jardin  d’essais  du  Pin,  nous 
rendrons  compte  des  l’ésultals.  Nous  avons 
engagé  nos  collègues  de  la  Société  d’horti- 
culture de  Meaux,  qui  compte  dans  son  sein 
des  arboriculleui’s  très-habiles,  nous  enga- 
geons chaque  jour  nos  amis  à expérimenter 
de  leur  côté  le  système  de  M.  Grin. 

Pour  mettre  les  arboriculteurs  à même 
(le  répéter  partout  ces  curieuses  expériences 
de  conduite  des  arbres  fruitiers  par  le 
simple  pincement  des  feuilles,  nous  nous 
empressons  de  publier  les  explications  que 
M.  Grin  a lui-même  fournies  au  sein  du  co- 
mité d’arboriculture  de  Paris  où  siégeaient 
ce  jour-là  MM.  Alexis  Lepère,  Chevalier  et 
autres  de  Montreuil,  M.  Forest,  des  pépi- 
niéristes et  un  grand  nombre  d’amateurs 
d’horticulture.  Voici  le  procédé  de  M.  Grin: 

lo  M.  Grin  taille  en  novembre.  Par  ce 
moyen  il  concentre  dans  les  yeux  conservés 
toute  la  sève  élaborée  pendant  l’hiver.  Il 
évite  la  gomme  et  la  clo(5ue. 

Au  mois  d’avril,  à mesure  que  les 
feuilles  se  développent,  il  coupe  en  A (lig.  1 G) 
les  deux  feuilles  de  la  base  du  bourgeon 
anticipé  à la  moitié  de  leur  longueur,  lais- 
sant intacte  la  première  et  plus  large  feuille 

Le  bourgeon  anticipé  se  distingue  en  ce 
qu’il  développe  une  première  feuille  longue 
et  large,  et  deux  sipulaires  minces  et  étroi- 
tes. Ce  sont  ces  deux  dernières  qu’il  faut 
réduire  à moitié  de  leur  longueur  en  A. 


Celte  simple  opération  suffit  pour  fixer 
deux  bourgeons  à la  base  de  chaque  ra- 
meau. 

Lorsque  le  bourgeon  a développé  une 
seconde  paire  de  feuilles,  il  faut  couper 
également  les  deux  feuilles  de  la  base  à la 
moitié  de  leur  longueur,  en  F,  la  grande 
feuille  restant  toujours  intacte. 

Ces  deux  simples  pincements  de  feuilles 
suffisent  pour  arrêter  le  développement  du 
bourgeon,  fixer  deux  boulons  à la  base  et 
melti'c  à fruit  ceux  de  la  deuxième  paire  de 
feuilles. 

Si, sur  quelques  arbres  Irès-vigouroux, 
quelques  rameaux  tendaient  à s’allonger,  il 
l’audrait  se  borner  à couper  l’extrémité  des 
feuilles  pour  obtenir  la  mise  à fruit. 

Il  est  rarement  nécessaire  de  recourir  à 
plus  d’un  seul  pincement. 

Ce  système  est  applicable  à toutes  les 
espèces  d’arbres  fruitiers,  aux  arbres  à pe  - 
pins  comme  à ceux  à noyau.  M.  Grin  a 
répondu  de  la  façon  la  plus  précise  à diver- 
ses objections  qui  lui  ont  été  faites  au  sein 
du  comité,  entre  autres  par  MM.  Lepère  et 
Forest. 

((  Le  simple  pincement  de  l’extrémité  des 
feuilles  me  suffit,  a dit  M.  Grin,  pour  arrêter  la 
sève,  modérer  la  végétation,  maintenir  Pétpii- 
libre  de  la  charpente  et  mettre  mes  arbres  à 
fruits.  Je  forme  tous  mes  arbres  par  ce  pro- 
cédé. 

« Le  pincement  des  feuilles, tel  que  je  le  pra- 
tique, a dit  encore  M.  Grin, a toujours  pour  ef- 
fet de  faii-e  développer  des  boutons  à la  base 
du  ])ourgeon,  de  les  maintenii'  le  plus  ra^qu'o- 
cliés  possible  de  la  branche  de  charpente  meme 
sur  les  gourmands.  » 

Je  n’ai  pas  besoin  d’insister  sur  la  sim- 
plicité et  les  avantages  de  ce  système  de 
conduite  des  arbres  fruitiers  qui  supprime 
le  palissage,  double  la  production  sur  la 
même  surface  de  mur,  évite  la  gomme  et 
la  cloque. 

C’est  bien,  ainsi  que  le  désire  M.  Grin, 
l’arboriculture  réduite  à sa  plus  simple  ex- 
pression, les  beaux  fruits  mis  à la  portée  de 
tout  le  monde,  de  la  chaumière  comme  du 
château. 

Sans  aucun  doute  les  châteaux  qui  tien- 
nent à l’architecture  fruitière,  à avoir  de 
grandes  surfaces  garnies  de  formes  sa  - 
vamment  combinées  continueront  à appli- 
quer la  belle  méthode  de  notre  habile 
collègue  M.  Alexis  Lepère , de  Montreuil; 
mais  les  chaumières, qui  n’ont  pas  de  beaux 
espaliers  à garnir  et  qui  sont  bien  aises 
cependant  de  manger  ou  de  produire  de 
beaux  fruits,  à peu  de  frais  et  en  abondance, 
adopteront  certainement  la  méthode  de 
M.  Grin. 

Que  chacun  essaie  donc  le  pincement 
des  feuilles,  nous  touchons  au  moment  de 


172 


CONDUITE  DES  ARBRES  FRUITIERS  PAR  LE  PINCEMENT  DES  FEUILLES. 

pratiquer.  Si  rexpérimentation  confirme  | giiaiU  ce  procédé  aussi  simple  qu’ingé- 

les  essais  faits  jusqu’à  ce  jour,  M.  Grin  1 nieux.  ue  la  Roy, 

aura  rendu  un  véritable  service  en  divul-  l Secrtanûe  de  laSodéic  d’horiicuiiure 

do  iVcaux  (Scinc-et-Marne). 

LA  POIRE  DOCTEUR  PIGEAUX. 


Naissance  en  Belgique,  baplemeen  Fran- 
ce; semis  du  major  Espéren,  tutelle  de 
M.  Berckmans,  adoption  de  M.  Dupuy-Ja- 
main,  dédicace  au  docteur  Pigeaux  : tel  est 
l’état  civil  de  cette  Poire. 

Le  Docteur  Pigeaux  n’est  pas  tout  jeune 
(je  parle  du  fruit,  bien  entendu);  longtemps 
meme  après  sa  naissance,  encore  désigné 
sous  le  pseudonyme  provisoire  AZZ,  ce 
n’est  qu’en  1865  qu’il  a été  dédié  par  M.  Dl- 
puy-.lamain  au  zélé  biblioliiécaire  de  notre 
Société  d’horticulture,  que  je  n’ai  pas  be- 
soin de  présenter  aux  lecteurs  de  la  Revue 
horticole. 

Le  parrain  a voulu  faire  lui-même  la  pre- 
mière description  du  filleul;  elle  a paru  dans 
le  journal  de  la  Société. 

Voici  comment  il  décrit  l’arbre  ; 

c(  L’arbre  qui  produit  laPoire  Docteur  Pi- 
geaux est  fertile  et  vigoureux;  il  s’adapte 
également  bien  à la  grefle  sur  franc  et  sur 
cognassier;  il  forme  de  belles  pyramides  à 
rameaux  droits  et  faciles  à conduire.  Ses 
feuiiles  sont  vert-foncé,  dentées  en  scie, 
ovales-allongées  et  sensiblement  aplaties. 
Son  bois  est  brun-verdàtre,  parsemé  de 
leiiticelles  grises;ses  mérithalles  sont  courts; 
les  yeux  sont  bruns,  assez  saillants.  » 

C’est  à l’automne  de  1861  que  j’ai  dégus- 
té pour  la  première  fois  l’élève  deM.  Dupuy- 
Jamain,  avec  l’espoir  de  le  voir  figurer  un 
jour  dans  la  liste  des  fruits  dont  on  peut  re- 
commander volontiers  la  culture;  depuis 
lors  j’ai  renouvelé  chaque  année  l’expérien- 
ce; j’en  parle  donc,  je  crois,  avec  une 
parfaite  connaissance  de  cause. 

Dire  que  c’est  un  fruit  de  première  qua- 
lité, et  que  Fou  doive  se  hâter,  comme  il 
paraît  qu’on  a cru  devoir  le  faire  pour  la 
Roux  Carcas,  d’arracher  des  centaines  de 
Doyennés  dDiiver  pour  lui  céder  la  place, 
ce  serait  beaucoup  exagérer,  et,  pas  plus 
que  le  parrain,  le  promoteur  n’approuverait 
cette  exagération;  mais  tel  qu’il  est,  le  Doc- 
teur Pigeaux,  possède  assez  de  qualités 
pour  mériter  qu’on  le  décrive. 

Dans  les  premières  années  de  sa  fructifi- 
cation, le  fruit  a paru  retarder  sa  matin ité 
complète  jusqu’en  janvier;  depuis  lors  il 
semble  l’avoir  maladroitement  avancée  en 
novembre;  c’est  déjà  un  peu  plus  lard  que 


bien  des  fruits  d’automne,  mais  la  première 
idée  était  la  bonne,  et  je  ne  désespère  p is 
de  i’y  voir  revenir.  Son  aspect  du  reste  est 
rassurant;  il  prend  alors,  du  côté  du  soleil, 
cette  teinte  fauve,  un  peu  aurore,  qui  pré- 
vient favorablement  en  faveur  d’une  Poire, 
laissant  apercevoir,  du  coté  opposé,  une  jo- 
lie peau  jaune  à travers  les  réseaux  dorés 
qui  la  sillonnent;  ([uelquefois,  rarement, 
perce  un  léger  ton  rougeâtre.  Des  points 
lins,  assez  nombreiix,  parsèmmnt  la  peau, 
plus  ou  moins  fauves  selon  la  place  qu’ils 
occupent;  quelques  taches  rousses,  irrégu- 
lières se  détachent  sur  le  tout. 

La  queue,  brune  et  rousse,  est  moyenne 
de  grosseur,  de  0™.03  aC'^uOL  de  long, 
arquée,  souple,  sclide  à l’arbre,  adhérant 
au  fruit  dans  une  cavité  peu  profonde  for- 
mée principalement  par  une  proéminence 
assez  marquée.  L’œil  est  un  peu  large,  peu 
enfoncé,  à divisions  brunes,  charnues, 
dressées  et  courtes. 

Le  fruit  — on  le  voit  par  la  gravure  ci- 
jointe — est  assez  gros,  régulier,  arrondi, 
quelquefois  un  peu  plus  large  à la  base,  ré- 
gulièrement rétréci  au  sommet. 

Voici  pour  l’extérieur;  passons  au  prin- 
cipal. 

La  nature  de  la  chair  n’est  pas  toujours 
appréciable  tout  d’abord,  parfois  à moitié 
fondante,  parfois  à moitié  cassante;  il  y a 
souvent  bien  peu  de  dilférence  entre  ces 
deux  appréciations;  je  crois  pouvoir  pencher 
vers  la  dernière.  Elle  est  à moitié  fine  et  un 
peu  jaunâtre;  du  jus,  du  sucre  (heaucoup 
même  en  certaines  années)  et  du  parfum  : 
trois  qualités.  En  compagnie  de  quelques 
collègues,  j’ai  dégusté  en  1864  des  exem- 
plaires dans  lesquels  on  retrouvait  le  goût 
un  peu  âpre  du  Messire-Jean,  mais  mitigé  * 
et  nullement  désagréable. 

En  somme,  on  le  voit,  le  Docteur  Pi- 
geaux n’est  pas  un  fruit  à dédaigner,  sur- 
tout dans  les  années  où  il  pourra  atteindre 
l’hiver,  et  je  ne  suis  pas  étonné  si  le  pi- 
quant collaborateur  de  la  Revuehorticotecn 
a bien  volontiers  accepté  la  seconde  paterni- 
té; aussi  j’aime  à croire  que  tous  les  deux, 
filleul  et  parrain,  auront  la  longue  existence 
qu’ils  méritent. 

Tii.  Buchetet. 


ARIES  NORDMANNIANA. 


Le  beau  Sapin  qui  fait  l’objet  do  celle 
note  a été  introduit  dans  les  cultures  curo- 


I péennes  en  1848:  il  est  originaire  de  la 
I Transcaucasie,  où  il  se  trouve  sur  la  chaîne 


ABIES  NORDMANNIANA. 


173 


(les  montagnes  Adscliariennos,  dans  la  partie 
voisine  dès  sources  de  la  rivière  Kur  a 
une  alliUule  de  2,000  mètres.  11  a re(;u 
son  nom  spécifique  de  M.  Nordmann,  d’O- 
dessa, qui,  le  premier,  l’a  trouvé  dans  ces 
localités;  plus  tard,  M.  Wittinau  l’a  dècou- 
vert  également  sur  le  versant  méridi()nal 
des  montagnes,  entre  Cartalin  et  Achalzicli, 
jusciue  dans  le  voisinage  de  la  région  al- 
pine. La  planche  coloriée  ci-contre  qui  le 
représente  a été  exécutée  d’après  le  Neer- 
Imurs  Plitnteuluin,  sur  un  sujet  apparte- 
nant càM.  Krelage,  d’Harlem. 

D’après  la  description  qu’en  donne  Car- 
rière dans  son  traité  classique  des  Conifères, 
c’est  un  arbre  atteignant  2t3  mètres  et  au 
delà  d’élévation  sur  1 mètre  de  diamètre. 
Son  bois  est  de  bonne  qualité.  Sa  tige 
droite  recouverte  d’une  écorce  gris-cen- 
dré, est  lisse.  Ses  branches  sont  rappro- 
chées, verticillées,  faibles  eu  égard  à la 
force  de  la  tige,  horizontales,  les  inférieures, 
souvent  défléchies,  comme  notre  planche 
le  montre,  les  supérieures  presque  oblique- 
ment dressées.  Ses  feuilles  sont  linéaires, 
planes,  longues  environ  de  0"\03,  légère- 
ment émarginées  ou  bifides  au  sommet,  d’un 
vert  pâle,  luisantes,  canaliculées  en  dessus, 
marquées  en  dessous,  de  chaque  ciMé  de  la 
nervure,  d’une  ligne  glauque,  légèrement 
tordues  à la  base  et  se  retournant  vers  la 
face  supérieure  des  rameaux,  qu’elles  cachent 
en  grande  partie.  Les  cônes,  très-résineux, 
dressés,  coniques,  sessiles  ou  courternent 
pédonculés,  longs  environ  de  0'“.15  sur 

CULTURE  RE  U’Œl 

ET  IIE  L’ŒILLET  RiaiO> 

Depuis  que  je  m’occupe  d’horticulture  en 
amateur  passionné,  je  m’aperçois  que  la 
plupart  des  publications  horticoles  sortent 
du  meme  moule  et  se  répètent  sans  cesse, 
quoiqu’il  y ait.  et  je  suis  aise  de  le  consla- 
ter,  de  nombreuses  exceptions,  telles  que  les 
publications  spéciales  de  MM.  E.  André, 
Carrière,  le  comte  Léonce  de  Lambertye, 
E.  Chalé  fils,  etc. 

Mais  comme  en  beaucoup  d’autres  choses, 
il  y a en  horticulture  des  doctrines  qui 
étant  constamment  répétées  sont  acceptées 
par  le  vulgaire  comme  articles  de  foi. 

Toutes  les  publications  qui  ont  traité 
de  la  culture  des  Œillets  et  de  leur  propa- 
gation disent  invariablement  : 

« Le  bouturage,  vu  le  peu  de  chances  de 
réussite  qu’il  offre,  est  le  plus  rarement 
employé.  » 

D’où  vient  cette  grave  assertion,  qui  n’est 
qu’une  grave  erreur?  Je  ne  sais!  Serait-ce 
parce  que  la  routine  est  une  puissance  des- 
poticjue  ? 


0'".05  de  diamètre,  sont  solitaires  ou  quel” 
quefois  réunis  par  deux  ou  trois. 

UAhies  Nordmanniana  est  un  de  nos  plus 
beaux  Sapins  argentés,  et  il  peut  très-bien  . 
rivaliser  pour  la  beauté  de  son  port  général, 
avec  ïAhies  Pinsnpo  et  VAInes  cephaloîiica. 

11  semlile  avoir  beaucoup  de  rapports,  dit 
M.  Carrière,  avec  VAMcs  amabiliH  forlü  du 
nord-ouest  de  l’Amérique  boréale,  par  son 
port  et  la  forme  des  feuilles;  inais  ces  der- 
nières, moins  rapprochées,  plus  molles,  un 
peu  plus  longues,  luisantes,  d’un  vert  (dus 
intense,  sont  munies  d’une  nervure  large, 
accompagnées  d’une  bande  glauque  ou  blan- 
châtre, tandis  que  ùiinsVAhies  i(mabllis,  au 
contraire,  la  nervure  est  étroite,  bordée 
d'une  ligne  glauque  ou  souvent  farinacée. 
Enfin  ifse  distingue  encore  par  ses  cônes, 
dont  les  bractées  sont  saillantes,  tandis 
quelles  sont  incluses  dans  VAbies  amaUlh. 

On  lait  quelquefois  à V Abies  Nordman- 
nüwa  un*  reproche  qu’il  partage  d’ailleurs 
avec  plusieurs  autres  espèces  orientales, 
telles  que,  par  exemple,  le  bel  Aides  cilicica 
du  mont  Taurus;  c’est  qu’il  développe  ses 
jeunes  pousses  de  très-bonne  heure  et  qu’il 
est  exposé,  sous  le  climat  de  Paris,  à être 
détérioré  par  les  gelées  de  nuit  tardives. 

D’après  Steven,  VAbies  Nordmannûma 
ne  commence  à fructifier  qu’à  l’âge  de  40  à 
60  ans,  et  toujours  vers  le  sommet  de 
l’arbre  ; dans  les  arbres  adultes,  les  cônes 
sont  quelquefois  tellement  nombreux,  qu’ils 
couvrent  presque  toute  la  partie  supérieure 
des  branches.  ' J.  GR()EKLA^D. 

,LET  EN  GÉNÉRAL 

bVNT  EN  PAUTIGl  LIER. 

Ce  qui  est  vrai  et  certain,  c’est  que  le 
bouturage  estle  meilleur  mode  de  multipli- 
cation des  plantes  et  le  marcottage  (recom- 
mandé pour  les  Œillets)  l’enfance  de  l’art. 

La  critique  est  aisée,  mais  l’art  est  difli- 
cile,  a dit  Boileau.  Ce  qui  n’est  pas  exact. 
Car,  pour  critiquer,  il  faut  pouvoir  démon- 
trer que  ceux  que  l’on  déclare  fautifs  le 
sont,  et  pouvoir  enseigner  à mieux  faire. 
Après  la  critique,  il  me  faut  donc  démontrer 
que  ce  ((ue  les  livres  avancent  est  une  er- 
reur.— Les  Ovillets,  quoiqu’ils  en  disent,  re- 
prennent généralement  irès-faeUemenl  de 
boutures,  et  font  ceitainement,  incontesta- 
blement, de  meilleures  plantes  ([ue  les  mar- 
cottes, et  en  outre  (ce  qui  n’est  pas  à dédai- 
gner pour  l’horticulteur  marchand),  on  tire 
plus  de  boutures  d’une  plante  ({ue  l’on  ne 
peut  en  faire  de  marcottes;  car  les  bontures 
coupées,  la  plante  cherche  à remplacer  les 
amputations,  à réparer  les  pertes  qu’on  lui  a 
fait  éprouver  et  reproduit  de  nouveaux  ra- 
meaux; tandis  que  la  plante  que  l’on  soumet 


174  CULTURE  DE  L’OEILLET  EN  GÉNÉRAL  ET  DE  L’OEILLET  REMONTANT  EN  DARTICULIER. 


au  marcottage,  nourrit  ses  membres  à moitié 
amputés,  sans  songer  encore  à les  remplacer. 

Les  boutures  d’GMllets  peuvent  se  l’aire  en 
toute  saison;  mais,  pour  ceux  qui  ont  des 
serres  ou  veulent  multiplier  grandement,  la 
meilleure  époque  est  l’hiver;  c’est-cà-dire 
janvier  et  février,  en  serre  à boutures,  et  ils 
obtiendront  des  plantes  qui  pourront  être 
livrées  à la  pleine  terre  en  avril  ou  en  mai 
et  qui  seront  vigoureuses  dans  le  courant  de 
l’été. 

Depuis  quinze  ans  que  mon  voisin  Alé- 
gatière,  le  dianthologiste  lyonnais,  s’occupe 
du  perfectionnement  de  l’Œillet  remontant, 
il  n’a  pas  employé  d’autres  moyens  de  mul- 
tiplication que  le  bouturage,  et  en  janvier 
dernier,  j’ai  vu  chez  lui  plus  de  vingt-cinq 
mille  boutures,  dans  une  serre  hollandaise; 
en  partie  sous  cloche  ou  petits  châssis  vi- 
trés et  partie  à l’air  libre  de  la  serre,  selon 
les  variélés.  Sous  ce  rapport,  il  y a une 
étude  tâ  faire  (dont  les  routiniers  mafcotteurs 
sont  dispensés),  car  il  y a des  variélés  qui 
reprennent  plus  promptement  à l’air  libre 
que  sous  cloche. 

Pas  n’est  besoin  d'entrer  dans  des  détails 
sur  la  manière  de  préparer  et  faire  les  bou- 
tures d’Œillels,>loul  le  monde  la  connaîl. 
Le  point  essentiel  pour  la  réussite  est  d’en  - 
lever, tous  les  jours,  les  feuilles  qui  jaunis- 
sent et,  pour  le  faire,  il  ne  faut  pas  craindre 
d’enlever  les  boutures;  au  contraire,  la  re- 
prise n’en  est  que  plus  assurée  : les  chan- 
ger de  place,  de  terre,  de  temps  en  temps, 
hâte  souvent  Ja  reprise.  Pourquoi?  (lui 
sai  t ? 

De  fréquents  bassinages  sont  indispen- 
sables. Mieux  vaut  pour  l’Œillet  l’excès 
d’humidité  que  la  sécheresse. 

Les  boutures  faites  en  hiver  reprennent 
généralement  en  trois  â cinq  semaines,  car 
il  y a une  grande  irrégularité  dans  la  re- 
prise, selon  les  variétés. 

Aussitôt  que  les  boutures  sont  enracinées 
on  les  pique  séparément  dans  de  petits  pots 
et  on  les  habitue  peu  à peu  au  grand  air; 
ceci  est  Va,  &,  c du  métier.  Les  boutures 
bien  reprises,  il  convient  de  les  mettre  en 
pleine  terre,  courant  avril  ou  commence- 
ment mai,  suivant  la  saison,  dans  un 
endroit  bien  aéré;  car  l’Œillet  aime  le 
grand  air,  n’aime  pas  à être  confiné  en- 
tre les  murs  ou  les  arbres. 

L’Œillet  n’est  pas  difficile  sur  la  nature 
du  sol,  quoiqu’il  préfère  une  terre  franche, 
pourvu  qu’elle  soit  bien  drainée;  car  l’hu- 
midité stagnante  lui  est  très-nuisible.. 

Des  arrosages  copieux,  mais  peu  répétés 
lui  conviennent,  ainsi  que  des  arrosages 
d’engrais  liquides,  de  matières  fécales  sur- 
tout. Arrosements  (soit  dit  en  passant)  trop 
peu  usités,  car  ils  conviennent  à toutes  les 
plantes,  sans  doute  à cause  de  la  mau- 
vaise odeur;  mais  que  l’on  peut  obvier  en 


désinfectant  le  liquide  avec  du  sulfate  de 
fer. 

Pour  conserver  les  Œillets  remonlanls 
nains,  il  convient  de  rabattre  chaque  tige 
florale,  immédiatement  après  son  entière 
floraison,  à Û«é05  ou  0"f00  au-dessus  de 
sa  base,  la  plante  se  ramifie  davantage  et 
émet  de  nouvelles  tiges  florales. 

Si  l’on  ne  tient  pas  à voir  fleurir  les 
Oeillets  remontants  en  hiver,  on  les  laissera 
en  pleine  terre,  où  ils  résisteront  parfaite- 
ment aux  plus  grands  froids  de  notre  pays, 
s’il  n’y  a point  d’humidité  stagnante. 

Une  bonne  précaution  à prendre,  après 
une  forte  gelée,  est  d’abriter  les  plantes 
contre  les  rayons  solaires,  par  une  couver- 
ture quelconque. 

Si  l’on  veut  jouir  de  la  floraison  en  hiver, 
ou  empotera  eu  octobre  les  plantes  que  l’on 
y destine  et  on  les  rentrera  le  plus  tard  pos- 
sible (seulement  â temps  pour  que  les  bou- 
tons ne  gèlent  pas)  en  orangerie,  serre, 
bâche,  ou  tout  autre  abri  tempéré,  où  l’on 
puisse  donner  de  l’air  chaque  fois  que  le 
temps  le  permet,  et  c’est  là  un  point  capi- 
tal. 

D est  bien  entendu  que  les  plantes  que 
l’on  veut  rentrer  pour  jouir  de  leur  floraison 
riiiver,  doivent  montrer  des  boutons  en  oc- 
tobre; car  il  serait  inutile  de  rentrer  des 
plantes  qui  n’en  montreraient  point;  elles 
s’étioleraient  et  fleuriraient  mal  le  printemps 
suivant. 

L’amateur  qui  n’a  ni  serre,  ni  châssis,  à 
sa  disposition  pour  la  multiplication,  doit 
opérer  le  bouturage  des  Œillets  en  septem- 
bre, contre  un  mur  au  nord,  en  pleine 
terre.  La  reprise  est  alors  assurée. 

Celle  culture  est  donc  à la  portée  de 
tout  le  monde. 

Tous  ceux  qui  se  sont  occupés  d’horticul- 
ture savent  qu’il  n’y  a point  de  théorie  ab- 
solue du  bouturage;  car  telle  plante  veut 
être  bouturée  à froid,  telle  autre  à cbaud 
l’une  sous  cloche  et  d’autre  à l’air  libre, 
quelques-unes  et  c’est  le  plus  grand  nom- 
bre réclament  l’iiumidité  et  d’autres  le  sec. 

Nous  ignorons  la  cause  de  ces  ditféreii- 
ces;  nous  ne  les  saurons  probablement  ja- 
mais (malgré  le  concours  ouvert  par  la 
Société  impériale  d’horticulture),  car  l’in- 
telligence de  riiomme  actuel  est  limitée. 
Mais  par  le  travail  et  l’observation,  nous 
acquérons  de  l’expérience,  nous  constatons 
les  résultats  acquis,  les  consignons  et  les 
transmettons  â nos  successeurs.  C’est  ce 
qui  constitue  le  progrès. 

Toutes  les  plantes  reprennent  facilement 
de  boutures,  quand  on  sait  comment  il  faut 
procéder. 

Cependant  chacun  de  nous  a pu  lire  dans 
les  livres  horticoles  : telle  plante  reprend 
difficilement  de  bouture.  Pourquoi,  diffi- 
cilement? Parce  que  nous  ne  savons  pas. 


173. 


CULTURE  DE  L’OEILLET  EN  GÉNÉRAL  ET  DE  L’OEILLET  REMONTANT  EN  PARTICULIER. 


C’est  donc  pour  dissimuler  notre  igno- 
rance que  nous  disons  qu’une  chose  est  dif- 
ficile. 

Pourquoi  no  pas  dire  que  l’on  ne  sait  pas; 
que  l’on  ne  connaît  pas  les  moyens  coiive- 
iiahles  pour  réussir? 

Cecis’applique  à tout  ce  que  l’intelligence 
de  riiomme  veut  approfondir. 

Ce  qu’il  ne  sait  pas  faire,  il  le  déclare  dif- 
ficile ; ce  qu’il  n’a  pas  pu  comprendre,  ce 


qui  était  hors  de  la  portée  de  son  intelli- 
gence il  l’a  déclaré  incompréhensible  et, 
dans  son  orgueil,  il  l’a  attribué  tà  une  cause 
surnainrelle. 

Je  tiens  tous  les  détails  de  culture  qui 
précèdent  de  M.  Alégatière,  qui  est  passé 
maître  par  des  observations  et  des  expérien- 
ces intelligentes  de  (piinze  années. 

Jean  Sislev. 


LES  25  FRAISIERS  DE  LA  COMBIISSION  DE  CULTERE  l'OTAGÊRE 

DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  DTIORTICULTURE. 


Dans  le  numéro  du  1 G mars  delà  (page 

LD2  et  suivantes),  SC  trouve,  de  la  plume  deM. 
Lebcuf,  une  critique  du  travail  d’une  commis- 
sion présidée  par  le  président  du  comité  de 
culture  potagère  de  la  Société  impériale  et 
centrale. 

Dès  que  le  projet  en  question  me  fut 
connu,  j’ai  pensé,  ce  qui  est  arrivé  en 
elîet,  que  la  monlagne  accoycherail  crime 
souris!  y>  Aussi  j’en  faisais  bon  marché,  et 
je  n’aurais  pas  meme  voulu  en  exprimer  mon 
opinion,  si  mon  excellent  et  honorable  collè- 
gue M.  Lebeuf  n’avait  fait  connaître  la  sienne 
dans  un  article  qui  me  force  pour  ainsi  dire 
à rompre  mon  silence.  —Je  dirai  d’abord  que 
le  véritable  but  de  la  commission  ou  plulôl 
(le  son  président,  en  entreprenant  son  travail 
impossible  ou  du  moins  inutile,  ne  m’est  / 
point  un  mystère  et  j’ajouterai  à titre  de  ren- 
seignement que  l’idée  en  a été  conçue,  par 
une  coïncidence  singulière,  immédiate- 
ment après  l’apparition  du  remarquable 
ouvrage  sur  le  Fraisier  par  M.  le  comte  de 
Lambertye,  ouvrage  qui,  à juste,  titre  a 
eu  et  aura  toujours  le  plus  grand  succès 
auprès  de  toutes  les  personnes  intelligentes, 
sincères  et  impartiales. 

M.  Lebeuf  a certes  fai  tune  bonne  chose  en 
signalant  au  public  horticole  les  erreurs 
commises  par  la  commission;  je  regrette 
seulement  qu’il  se  soit  laissé  entraîner  lui- 
même  à des  appréciations  erronées  de  cer- 
taines variétés  de  Fraisiers,  et  c’est  pour 
relever  ce  que  son  appréciation  a d’inexact, 
que  je  crois  devoir  écrire  les  présentes  li- 
gnes. Ceci  dit,  je  passe  en  revue  les  variétés 
dont  s’est  occupé  M.  Lebeuf. 

Quatre  Saisons  à fruit  rouge.  — M.  Le- 
beuf demande  ; « Quelle  variété  ?))  A ceci  je 
réponds  que  presque  toutes  les  variétés  ob- 
tenues de  semis  depuis  plusieurs  années 
sont  améliorées,  par  exemple,  celle  du  po- 
tager de  Versailles,  la  Gloire  de  Saint-Génis 
Laval, la  Reine  des  quatre  saisons  et  surtout 
Janus.  Cette  amélioration  se  maintiendra, 
ou  progressera  même  par  des  semis  intel- 
ligents et  réitérés,  car  il  est  un  fait  bien 
connu  que  la  race  des  Quatre  Saisons  trop 
longtemps  propagée  par  coulants  finit  par 


dégénérer.  Il  est  donc  nécessaire  d’avoir  re- 
cours à la  voie  du  semis  lous  les  deux  ou 
trois  ans  afin  de  s’assurer  un  bon  produit, 
de  beaux  et  bons  fruits. 

Quatre  Saisons  à fruit  brundeGilbert.  — 
M,  Lebeuf  l’a  dit  de  nulle  valeur  ! J’ose  af- 
firmer que  c’est  là  une  erreur  grave  et  que 
tous  les  amateurs  qui  connaissent  cette  va- 
riété (car  c’est  bien  réellement  une  variété 
distincte)  la  préfèrent  à toute  autre  de  la 
section,  malgré  sa  couleur  très-foncée.  Mais 
aussi  quel  délice  de  manger  ces  fruits  à 
complète  maturité! 

D’ailleurs  la  culture  n’en  est  pas  plus  dif- 
ficile que  de  toutes  les  autres  et  la  grosseur 
du  fruit  non  plus  au-dessous  de  ceux  de 
ses  congénères. 

Quatre  Saisonssans  filets  à fruit  rouge  et 
& / U n ç . — M . L e b e U f d i t q U ’ i l y e n a P l U s d e V i n g t 
variétés!!!  Ceci  me  semble  fabuleux,  car 
dans  ma  longue  pratique  je  n’ai  jamais  vu 
des  variétés  dans  cette  section,  à moins 
qu’on  ne  veuille  appeler  a variété  » une 
simple  reproduction  par  la  voie  du  semis? 
Je  serai  fort  obligé  à M.  Lebeuf  de  me  faire 
connaître  ces  vingt  variétés. 

Yx\riéte:s  a gros  fruit,  dites  anglaises 
ou  américaines. 

Ambrosia  (}^ichohon).  — M.  Lebeuf  en  dit 
à juste  titre  du  bien,  mais  il  conteste  sa 
précocité.  Depuis  que  j’ai  introduit  cette 
belle  et  bonne  Fraise  en  France,  j’ai  toujours 
trouvé,  tant  chez  moi  que  chez  de  nombreux 
amis,  qu’elle  mûrit  de  bonne  heure,  ce  qui 
me  fait  presque  présumer  que  M.  Lebeuf 
ne  la  possède  pas  identique. 

Aclrniral  Dunclas  (Myatt) . ■ — Fruit  et  plante 
sans  valeur  selon  M.  Lebeuf.  Pour  moi, 
c’est  la  meilleure  et  la  plus  belle  variété  à 
très-gros  fruit  que  nous  ayons  et  son  goût 
aussi  ne  laisse  lien  à désirer,  bien  que  sous 
ce  rapport  elle  ne  puisse  être  comparée  aux 
Fraises  les  plus  exquises. 

Barnes'  targe  White  (Bicton  Pine).—  Dé- 
plaît à M.  Lebeuf,  tandis  que  tous  les  ama- 
teurs l’apprécient  à sa  juste  valeur.  En  effet 
rien  de  plus  séduisant  au  dessert  que  ces 
jolis  fruits  d’un  blanc  ambré,  mélangés  à 


176 


LES  23  FKAISIERS  DE  LA  COMMISSION  DE  CULTURE  POTAGERE. 


(l’aulres  de  couleur  plus  ou  moins  rouge! 
J.a  plante  est  rustique  et  fertile,  quoique 
M.  Lebeuf  en  dise! 

Belle  de  Paris (Bossin). — Fruit  nullement 
« médiccre,  » mais  assez  bon  quoique  man- 
quant peut-être  d’un  peudesucre,  mais  en 
revanche  quelle  quantité  de  gros  et  beaux 
fruits!  C’est  assurément  l’une  des  variétés 
qui  resteront  longtemps  dans  les  cultures. 

Bicolor{de  Jonghe).  — Ici  je  suis  d’avis  de 
M.  Lebeuf,  que  c’est  une  Fraise  sans  valeur 
et  je  présume  que  la  commission  n’a  pas 
vu  celle  que  j’ai  reçue  sous  ce  nom,  de 
i’obtenteur,  il  y a une  dizaine  d’années!  et 
qir  une  autre  variété  lui  aura  été  substituée, 
ce  qui  me  paraît  vraisemblable  d’après  la 
description  qu’en  donne  la  commission. 

British  Queen  (Myatt).  — C’est  une  déli- 
cieuse Fraise  partout  où  la  plante  prospère, 
mais  nous  voyons  cela  rarement  en  France. 
Je  suis  donc,  avec  M.  Lebeuf,  d’avis  qu’elle 
ne  doit  point  trouver  sa  place  dans  une 
collection  de  choix  de  vingt-cinq  variétés, 
car  nous  a^ons  mieux  dans  le  même  genre. 

Carolina  super ba  (Kitley).  — D’accord. 

Châlonnaise  (D^’  Nicaise).  — M.  Lebeuf  dit 
plante  délicate,  stérile  dans  les  sols  secs  et 
chauds.  C’est  bien  le  contraire  que  j’ai 
constaté  partout  où  j’ai  vu  cultiver  conve- 
nablement cette  précieuse  variété.  Puisque 
M.  Lebeuf  range  cette  variété  avec  quelques 
autres  sous  la  catégorie  de  Fraisier  impos- 
sible, qu’il  me  soit  [permis  de  dire  encore 
({lie,  parmi  les  Fraises  selon  M.  Lebeuf  im- 
possibles.  Madame  Collonge,  Sultane,  Héro, 
Délicieuse,  Modèle  et  Bijou,  il  y en  a même 
et  notamment  Madame  Collonge  qui  méri- 
tent d’être  plus  répandues  qu’elles  ne  le  sont. 
Le  fruit  de  cette  dernière  est  si  gros  et  si 
beau,  la  plante  tellement  fertile  que,  bien 
que  la  saveur  laisse  à désirer,  les  amateurs 
la  posséderaient  avec  plaisir  (lans  leurs  jar- 
dins, à condition  toutefois  de  pouvoir  se 
la  procurer  identique. 

La  Constante  (de  Jonghe).  — Voici  une 
Fraise  pour  laquelle  M.  Lebeuf  est  sans 
{)itié,  etjenepuis  m’empêcherde  protester  de 
toutes  mes  forces  contre  Fopinion  émise 
à son  sujet.  J’ai  cultivé  ce  Fraisier  depuis 
huit  ans  chez  moi  et  je  l’ai  vu  cultiver  par- 
tout, en  France  comme  à l’étranger,  et  par- 
tout on  s’est  extasié  devant  ses  mérites 
exceptionnels.  En  un  mot,  la  Constante  doit 
se  trouver  dans  la  plus  petite  collection 
aussi  bien  que  dans  la  plus  nombreuse  et 
loujourselle  y occupera  une  place  d'honneur. 
Son  seul  défaut,  si  cela  en  est  un,  c’est  de 
produire  peu  de  coulants,  mais  cela  regarde 
plutôt  les  fraisiéristes  marchands  que  les 
amateurs  ! 

Eclipse  {Beeye).—  M.  Lebeuf  la  dit  « assez 
robuste,  mais  peu  fertile  et  médiocre.  » Ici 
encore  je  proteste  et  je  soutiens  que  c’est 
un  des  meilleurs  gains  que  nous  avons  in- 


troduits depuis  quelques  années  de  l’Angle- 
terre. 

Eleanor  (Myatt).  — Plante  très-délicate, 
peu  fertile  selon  M.  Lebeuf.  Je  crois  qu’il 
est  inutile  de  prendre  la  défense  d’un  Frai- 
sier qui  a pris  sa  place  dans  les  cultures  et 
qui  n’est  ni  délicat  ni  peu  fertile,  bien  au 
contraire.  En  outre,  le  fruit  en  est  fort  gros, 
fort  beau  et  vient  tard  en  saison.  En  somnie, 
une  précieuse  variété  et  qui  se  force  bien 
en  seconde  saison. 

Empress  Eugénie  (Knevett).  — D’accord. 

Excellente  (Lorio).  — Idem,  me  semble 
cependant  pouvoir  être  remplacée  avanta- 
geusement par  une  autre  dans  une  collection 
de  vingt-cinq. 

Grosse  sucrée  (de  Jonghe).  — M.  Lebeuf 
la  trouve  passable.  Moi  je  lui  trouve  beau- 
coup de  (qualités  et  je  la  recommande. 

Hendries  seedling — . F mit  dans  1 e genre  de 
British  Queen,  mais  plante  moins  difficile  à 
cultiver.  Excellente,  mais  si  l’on  possède  la 
Châlonnaise,  elle  devient  inutile, 

Lucas  (de  Jonghe).  — Encore  une  Fraise 
qui  n’a  pas  les  faveurs  de  M.  Lebeuf;  déci- 
dément je  n’y  connais  plus  rien,  car  après 
cinq  ou  six  années  de  culture,  elle* est  et 
reste  une  de  mes  favorites  et  je  ne  saurai 
trop  la  recommander.  Si  la  Fraise  chez 
M.  Lebeuf  est  véritablement  telle  qu’il  la 
décrit,  il  ne  doit  pas  posséder  Lucas,  car 
celle-ci  ne  ressemble  en  rien  à sa  descrip- 
tion. 

Marguerite  (Le  Breton).  — Bien  que  cer- 
tes cette  Fraise  ne  peut  être  appelée  de  toute 
{Dremière  qualité,  elle  a tant  de  mérites  à 
titres  divers  qu’on  ne  devrait  pas  lui  repro- 
cher un  peu  de  mollesse  de  sa  chair  et  un 
peu  de  manque  de  sucre.  Elle  n’est  pas 
parfaite,  mais  qu’est-ce  qui  est  parfait  sous 
le  soleil? 

May  Queen  (Nicholsonj.  — M.  Lebeuf  la 
trouve  peu  productive.  Ce  que  je  n’ai  jamais 
observé;  au  contraire  sa  fertilité,  lorsque 
les  pieds  ont  de  la  force,  est  prodigieuse. 
Le  fruit  n’est  pas  gros,  mais  son  goût  si  fin 
que  j’ai  de  la  peine  à croire  cju’on  voudra 
l’abandonner  pour  la  Quatre-Saisons.  D’ail- 
leurs au  pied  d’un  mur  bien  exposé,  celle 
plante  nous  fournit  un  délicieux  dessert  de 
très-bonne  heure  et  avant  aucune  autre. 

^ Monstrous  Hautbois.  — C’est  un  Capron- 
nier  dont  les  fruits  sont  très-recherchés  par 
d’aucuns,  détestés  par  d’autres,  mais  une 
rai:e  qui,  à mon  avis,  n’est  plus  assez  cultivée 
aujourd’hui.  Seulement  je  ne  comprends 
pas  la  variété  Monstrous-Hautbois  dans  une 
collection  de  vingt-cinq  dans  laquelle  on 
iradmet  qu’une  seule  sorte  de  cette  sec- 
tion. Mieux  vaudrait  alors  Belle  Bordelaise 
et  Boyal  Hautbois. 

Princesse  Boy  ale  (Pelvilain).  — Avec  M. 
Lebeuf  je  ne  comprends  plus  qu’on  cultive 
ce  Fraisier  pour  la  table  bourgeoise  depuis 


LES  ÏÏIAÏSÏERS  üE  LA  CÜMMÏSSiON  Ï)E  CULTURE  POTAGÈRE. 


-que  lies  semeurs  habiles  et  heureux  nous 
ont  dotés  d’une  foule  de  variétés  supé- 
rieures, mais  cela  ne  doit  pas  nous  empê- 
cher d’avoir  de  la  reconnaissance  pour  les 
services  rendus  aulrefois.  ,,  , , , 

Sir  Charles Napier  (Smith).  — !.  Leheul 
a raison  de  louer  ce  Fraisier,  ([ui  est  digne 
d’une  place  dans  toute  collection  de  choix. 

Sir  //arn/ (Underhill).  — Depuis  que  j’ai 
introduit  ce  Fraisier  en  France  en  1855,  j’ai 
suivi  sa  culture  constamment  avec  le  plus 
grand  intérêt,  et  j’en  ai  vu,  en  France  comme 
en  Angleterre,  îles  merveilles  telles  qu’on 
voit  rarement  produites  par  d autres  \ ai  ietes 
toutes  les  fois  qu’il  a été  cullivé  convena- 
blement. Ce  n’est  ni  une  plante  délicate, 
ni  d’une  culture  difficile,  par  conséquent 
on  aurait  grand  tort  de  la  supprimer  dans  le 
Nord  et  dans  le  Midi  de  la  France  comme 
ailleurs.  La  plante  produit  avec  une  telle 
abondance  que  souvent  la  grande  masse  de 
fruits  la  fatigue  à tel  point,  qu’elle  meurt 
d’épuisement,  mais  cela  ne  doit  point  être 
une  cause  pour  la  vouer  à l’abandon. 

Cultivez  la  comme  plante  annuelle,  c’est- 
à-dire,  piquez  vos  blets  aussitôt  que  vous 
en  avez,  repiquez-les  une  seconde  fois  à 
rautomne  et  vous  serez  étonnés  du  résultat 
ainsi  obtenu.  Après  la  récolté,  replantez  des 
jeunes  pieds  et  ainsi  de  suite  tous  les  ans. 
Cette  Fraise  vaut  bien  la  peine  de  ce  petit 
travail  supplémentaire. 

\lcoinlesse  HéricartdeThiiry{^^^^ 

rand).-M.Lebeuf  demande  pourquoine  l’a- 
voir pas  appelée  « Prince  impérial,  car  c’était 
son  nom  primitif  » ? îci  M.  Lebeiif  est  en- 
core mal  renseigné.  La  Fraise  Prince  impé- 
rial a été  mise  au  commerce  longtemps  apres 
la  naissance  de  Vicomtesse  lléricart  de  Tbury 
et  Marquise  de  Latour-Maubourg  son  syno- 


nyme, et  die  11  est  nullement  la  meme  l .le 
veux  bien  croire  que  c’est  un  gain  obtenu 
dans  un  semis  de  Vicomtesse,  mais  voilà 
tout.  En  examinant  avec  soin  plante  et 
fruit,  on  reconnaîtra  Fexaclilude  de  mon 
assertion.  Du  reste  je  ne  reproche  point  à 
cette  Fraise  l’abondance  et  la  durelé'l  de 
ses  graines,  qui  sont  à mes  yeux  plutôt  un 
mérite  en  facilitant  la  conservation  et  le 
transport. 

Vicloria  (Trollop).  — D’accordavecM.  Le- 
beuf,  je  trouve  ce  Fraisier  méritant,  mais  je 
ne  comprends  pas  trop  ce  qu’il  a voulu  dire 
avee  la  phrase  « le  cueillir  avant  sa  complète 
maturité  ; car  avant  sa  complète  maturité 
ce  fruit  n’a  point  de  goût. 

Wonderful  (Jeyes)  — .M.  Lebeufdit  qu’il 
a une  vieille  réputation  qu’il  ne  mérite  plus 
et  que  la  plante  est  peu  productive! 

C’est  au  contraire  une  variété  de  la  plus 
étonnante  fertilité,  d’où  lui  vient  son  nom 
c(  merveilleux». — Bien  cultivée, c’est-à-dire, 
les  hampes  qui  sont  entraînées  par  leur 
charge  énorme,  tuteurées,  le  fruit  se  colore 
jusqu’au  bout  et  devient  alors  d’une  saveur 
hors  ligne,  mais  il  ne  faut  .pas  le  cueillir 
avant  sa  maturité. 

En  résumé,  j’ose  espérer  que  M.  Leheuf 
ne  verra,  dans  ce  qui  précède,  que  le  désir 
le  plus  sincère  d’éclairer  l’opinion  publique 
par  ma  longue  pratique  et  non  pas  une  op- 
position systématique.  Je  le  remercie  en 
môme  temps  vivement  d’avoir  le  premier 
osé  courageusement  et  publiquement  signa- 
ler aux  lecteurs  de  la  Revue  le  travail  selon 
moi  stérile  de  la  commission  de  la  Société 
impériale  et  centrale. 

Ferdinand  Ceoede, 

Hürlicullour  fraisici'i^lo  aux.  Sablons  (Scinc-et-Manie) , 


LES  PALMIERS  IILSTIQUES 

ET  EN  PARTICULIER  LE  CUCOTIER  DU  CIliLL 


Si  les  lecteurs  de  la  Revue  veulent  se  re- 
porter à l’article  que  j’ai  publié  l’année  der- 
nière (voir  Revue  horticole^  18Go,  p.  25) 
au  sujet  des  Palmiers  rustiques  et  derni-rus- 
ti([ues,  ils  y verront  que  j’appelais  particu- 
lièrement leur  attention  sur  le  Cocotier  du 
Chili  {Jubœa  spectabilis  ou  Molinea  cliilen- 
sis)^  que  je  leur  ai  présenté  comme  un  des 
plus  accommodants  et  des  plus  beaux  de  sa 
noble  famille.  Ce  que  j’ai  observé  depuis 
n’a  pas  contredit  mes  prévisions,  prévisions 
d’ailleurs  confirmées  par  des  renseigne- 
ments authentiques  qui  m’arrivent  de  diffé- 
rents endroits  du  midi  de  la  France. 

Les  Chamérops,  et  en  première  ligne  le 
Chamœrops  ForluneiiCh.  excelsa  de  quel- 
(}ues  auteurs),  ont  assurément  leur  prix 
comme  arbustes  pittoresques,  mais  qu’ils 


sont  loin  de  pouvoir  rivaliser  avec  les  Pal- 
miers qui  s’élèvent  à la  taille  de  véritables 
arbres,  avec  le  Dattier  par  exemple,  dont  la 
gracieuse  silhouette  se  découpe  sur  l’azur 
du  ciel  méditerranéen!  Non  moins  grand 
que  lui,  et  plus  beau  encore,  est  le  Cocotier 
du  Chili.  Ses  palmes  sont  plus  grandes, 
mieux  fournies,  d’une  verdure  plus  vive; 
je  dirais  même  quelles  sont  plus  fermes  et 
moins  sujettes  à être  roussies  par  le  vent 
sec  du  nord.  Comme  arbre  tropical  d’orne- 
ment, le  Cocotier  du  Chili  tient  incontesta- 
blement la  première  place. 

C’est  quelque  chose  que  d’être  beau, 
mais  c’est  plus  encore  d’être  utile,  et  si  les 
deux  choses  vont  ensemble,  la  perfection  est 
atteinte,  car,  comme  l’a  si  bien  dit  Horace: 
Omne  liiUt  punclum  qui  mimdt  viile  (Mci  ! 


LES  PALMIERS  RUSïIQULS  ÉT  ER  milCLLIER  LE  COCOTIER  DU  CHILI 


178 

C’est  qu’en  effet  le  Cocotier  du  Chili  n’est 
pas  seulement  un  bel  arbre,  c’est  aussi  un 
arbre  de  première  utilité  dans  sa  contrée 
natale,  où  il  donne  des  fruits,  du  sucre,  du 
miel  et  des  boissons  alcooliques,  sans 
compter  que  ses  feuilles  servent  à fabriquer 
divers  ouvrages  de  sparterie.  Ses  fruits, 
semblables  de  couleur  et  de  grosseur  à des 
Abricots  de  moyenne  taille,  sont  l’objet  d’un 
grand  commerce  entre  le  Chili  et  le  Pérou. 
Leur  pulpe,  déjà  fort  agréable  au  goût,  sert 
en  outre  à préparer  des  compotes  et  des 
bonbons,  et  leur  amande  huileuse  est  iili- 
.lisée  dans  ralimentation  du  bétail,  qu’elle 
engraisse  rapidement.  De  toutes  manières 
donc  le  Cocotier  du  Chili  serait  une  impor- 
tante acquisition  à faire. 

Mais  réussira-t-il  en  Europe,  en  France 
surtout?  car  c’est  là  la  question  qui  domine 
toutes  les  autres.  Eh  bien,  je  n’hésite  pas  à 
affirmer  qu’il  y réussira  partout  où  l’Olivier 
ne  gèle  qu’exceptionnellement,  là  en  un  mot 
où  la  température  moyenne  annuelle  n’est 
pas  sensiblement  intérieure  à id-o  centii^ra- 
ffes.  Si  je  disais  qu’il  est  un  peu  plus  rus- 
tique que  l’Olivier,  on  aurait  peine  à me 
roire,  et  pourtant  le  fait  paraît  certain,  car 
on  a vu,  dans  ces  dernières  années,  dé  jeu- 
nes Cocotiers  du  Chili,  plantés  dans  divers 
, ardins  de  Montpellier,  résister  sans  abri,  et 
Jsans  en  être  affectés,  à desabaissements  de 
température  de  centigrades  au-dessous 
de  zéro,  qui  ont  maltraité  les  Oliviers  du 
pays.  Montpellier,  où  les  hivers  sont  relati- 
vement rudes,  est  presque  à la  limite  sep- 
tentrionale delà  région  des  Oliviers;  si  donc 
le  Cocotier  du  Chili  y traverse  sans  souffrir 
sensiblement  les  hivers  très-froids,  que 
n’en  peut-on  pas  attendre  dans  les  localités 
plus  méridionales  ou  mieux  abritées? 

A Maronnes,  j’ai  assigné  les  gelées  de  0 à 
7 degrés  comme  la  limite  des  abaissements 
de  température  auxquels  on  peut  exposer  le 
Cocotier  du  Chili  sans  trop  de  risque,  mais 
Maronnes  n’appartieiit  pas  à la  région  du 
Midi;  le  ciel  y est  souvent  nuageux  et  plu- 
vieux, l’été  médiocrement  chaud  et  de  peu 
de  durée,  et  la  terre  froide  et  humide  en 
hiver.  Toutes  ces  circonstances  expliquent 
pourquoi  ce  Palmier  est  comparativement 
peu  rustique  dans  notre  ville,  où  ses  tissus 
ne  s’endurcissent  pas  assez.  Sous  notre  lati- 
tude il  ne  peut  donc  être  qu’un  Palmier  de 
serre  froide,  au  même  titre  que  le  Palmier 
nain,  mais  sous  ce  rapport  il  sera  le  pre- 
mier de  tous,  et  le  premier  aussi  comme 
plante  pittoresque  à cultiver  pour  ia  déco- 


ration des  appartements  et  des  péristyles. 

Je  ne  sais  s’il  serait  facile  de  se  le  procu- 
rer par  le  commerce,  mais  j’ai  plus  d’une 
raison  d’en  douter  quand  je  jette  les  yeu.x 
sur  les  catalogues  des  horticulteurs  mar- 
chands, où  je  le  trouve  coté  aux  prix  de 
b Ir.,  iO  fr.  et  25  fr.,  suivant  sa  taille;  en- 
core, pour  ce  dernier  prix  de  25  fr.,  n’a-t-il 
que  quelques  feuilles  dont  la  longueur  ne 
dépassé  pas  un  mètre.  C’est  évidemment 
trop  cher  pour  le  commun  des  amateurs, 
dont  il  n’y  a pas  un  sur  cent  qui  soit  assez 
riche  pour  se  payer  le  luxe  d’une  serre, 
meme  d une  serre  froide  de  quelques  mè- 
tres carrés  de  surface.  Je  trouve  dans  tous 
nos  livres  d’horticulture  une  erreur  qui  me 
semble  capitale;  c est  d’y  voir  recommander 
à tout  propos  des  plantes  de  serre  chaude 
ou  de  serre  tempérée,  que  personne  ne  peut 
ni  se  procurer,  ni  surtout  cultiver,  faute  de 
ces  appareils  dispendieux.  Que  les  banquiers 
de  la  Hollande  ou  les  grands  seigneurs  de 
1 Angleterre  s’en  passent  la  fantaisie,  cela 
se  Conçoit,  et  d’autant  mieux  que,  sous  leur 
ciel  peu  serein,  le  jardinage  de  plein  air 
n est  pas  toujours  attrayant  ; mais  pour  nous 
autres  Français,  qui  avons  plus  de  soleil 
que  d’écus,  le  vrai  jardinage  est  celui  qui 
se  fait  mb  Dio.  Prétendre  le  contraire,  c’est 
parler  machinalement  et  comme  par  rou- 
tine, et  si  les  écrivains  de  l’horticulture  veu- 
lent se  mettre  dorénavant  dans  le  courant 
de  la  réalité,  ils  se  rappelleront  que,  chez 
nous,  le  jardinage  proprement  dit  de  serre 
chaude  n’est  et  ne  peut  être  qu’une  rare, 
une  très-rare  exception.  ’ 

C’est  précisément  à cause  de  cela  que  je 
préconise  les  Palmiers  rustiques.  Avec  le 
ClKWiœrops  Fortuiici,  il  n’est  si  pauvre  ar- 
tisan dans  nos  contrées  maritimes,  ayant 
une  cour  ou  un  jardinet,  ne  fùt-il  large 
que  d’une  toise,  qui  ne  puisse  avoir  son 
Palmier,  tout  aussi  bien  qu’un  prince  de  la 
banque;  avec  le  Jubéa  du  Chili,  le  moindre 
négociant  de  Cette  ou  de  Marseille  donnera 
à sa  bastide  un  air  de  tropicalilé,  qui  lui 
rappellera  le  Brésil  et  les  Antilles,  où  il  est 
allé,  dans  sa  jeunesse,  vendre  son  vin.  Et 
puis  enfin,  avec  les  années,  l’arbre  fmcli- 
tiera,  et  on  reconnaîtra  alors  qu’il  y a d’au- 
tres services  à en  tirer  qu’un  vain  ornement 
pour  les  jardins,  les  promenades  publiques 
et  les  stations  de  chemins  de  fer.  Combien 
de  plantes,  qui  n’ont  eu  dans  le  principe 
qu’un  intérêt  de  curiosité,  et  qui,  mieux 
connues,  sont  devenues  cles  plantes  émi- 
nemment utiles?  lÉTFIlF 


SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  DTIORTICULTURE. 


Séance  du  22  mars.  — H y a un  an,  dans 
le  courant  de  mai  18G5,  un  maître  de  pen- 
sion du  département  de  l’Orne,  M.  Louvel, 


à Bemalard,  avait  envoyé  à la  Société  des 
fruits  conservés.  Le  Comité  d’arboriculture 
avait  constaté  que  ces  fruits  avaient  perdu  à 


StANGKS  DK  LA  SOGlÉTl':  CEATRALK  D 1I01\TICULTURE. 


179 


peu  près  toutes  leurs  qualités,  à cause  de 
l’époiiue  avaucée  de  l’année  et  de  la  durée 
de  la  conservation.  M.  Louvet  a tenu  compte 
do  cette  observation;  il  a renoncé  à prolon- 
ger aussi  longtemps  le  séjour  de  ses  Poires 
et  de  ses  Pommes  au  fruitier,  et  il  eu  a en- 
voyé cette  année  un  lot  vers  la  mi-mars. 
Quelques-uns  de  cesfruils  sont  jugés  bons; 
les  autres,  présentant  une  bonne  apparence 
n’ont  pas  encore  atteint  leur  maturité 
complète.  En  somme,  le  comité  renouvelle 
les  éloges  qu’il  a donnés  l’année  dernière 
au  présentateur,  et  se  réserve  de  proposer, 
plus  tard  une  récoi;, pense  pour  ses  envois. 

Il  a déjà  été  foit  mention  plusieurs  fois  de 
la  Poire  Roux  Carcas  dans  les  colonnes  de 
la  Rerue,  et  l’on  se  rappelle  la  planche  co- 
loriée représentant  ce  fruit,  publiée  il  y a 
deux  ans  (vol.  de  181)4',  p.  bO).  M.  Pioux, 
pépiniériste  à Carcassonne  (Aude),  a en- 
voyé à la  Société  une  assez  grande  quantité 
de  greffés  du  Poirier  Pioux  Carcas,  en  la 
priant  de  répandre  cette  excellente  variété, 
autant  qu’il  sera  en  son  pouvoir.  L’arbre  est 
vigoureux,  très-fertile,  et  convient  à la  cul- 
ture à haute  tige,  en  plein  champ;  le  fruit 
de  bonne  qualité,  mûrissant  en  août,  est 
très-propre  à fournir  abondamment  les 
marchés. 

M.  Moreau,  horticulteur  à Villiers-le-Bel, 
a présenté  des  Cerises  anglaises  déjà  mû- 
res, plus  une  branche  portant  des  fruits; 
cette  branche  est  tichée  dans  un  pot  rempli 
de  terre,  procédé  qui,  d’après  M.  Moreau, 
permet  de  conserver  les  fruits  frais  pen- 
dant plus  de  quinze  jours. 

Dans  la  section  de  lloriculture,  le  Comité 
a accordé  une  prime  de  2-  classe  à M.  Ba- 
ch oux,  pour  la  présentation  d’un  Yucca  alœ~ 
folia  variegata,  ayant  Henri  et  fructifié  sans 
aucun  soin  spécial.  Les  fruits  étaient  striés 
comme  les  feuilles  dans  leur  jeunesse;  au 
bout  de  quelque  temps  les  raies  ont  dis- 
paru. — M.  Daudin  a présenté  une  magnifi- 
que fieur  de  Camellia  Lavinia  Maggi  et  un 
))ied  de  Gesneria  cinnabarina  qui  lui  ont 
vahq  des  remercîments.  — On  a remarqué 
aussi  le  ]Yigandla  caracasana  en  fleurs  de 
M.  Léon  Rameau,  de  Bagneux.  — Enfin, 
M.  Rivière  avait  apporté  des  serres  du 
Luxembourg  un  pied  fleuri  Y Ëpidemlron 
■slamfordianum  et  un  Billbergia  Skinneri 
dont  labelleintlorescence  est  probablementla 
première  qui  se  montre  à Paris  et  même  en 
France  sur  cette  espèce. 

^ M.  Duchartre  donne  lecture  à la  Société 
d’une  lettre  de  M.  de  Villeneuve  sur  la  cause 
du  champignon  qui  infeste  le  Poirier,  connu 
sous  le  nom  Y Æcidium.  M.  de  Villeneuve 
cite  un  nouveau  fait  à l’appui  de  cette  opi- 
nion, que  VÆcidium  est  causé  par  le  voisi- 
nage de  la  Sabine:  deux  pieds  de  ce  dernier 
arbre  placés  près  d’un  verger  avaient  com- 
muniqué la  maladie  à 200  Poiriers,  et  cette 


maladie  a disparu  aussitôt  après  leur  en- 
lèvement. 

Le  savant  secrétaire  rédacteur  de  la 
Société  fait  part  de  nouvelles  expériences  de 
|)bysiologie  végétale  aux(pielles  il  s’est 
livré  dans  ces  derniers  temps.  11  s’agit  de 
l’allongement  des  tiges  des  plantes  pendant 
le  jour  et  pendant  la  nuit.  M.  Dm  liartre  a 
mesuré  cette  croissance  sur  de  la  Vigne,  des 
Glaïeuls,  des  Fraisiers  nnglais,  des  Passe- 
roses,  du  Houblon,  et  il  a reconnu  que 
cette  croissance  était  toujours,  pendant  la 
période  nocturne,  supérieure  à celle  de  la 
})ériode  diurne;  celte  dernière  est  ainsi  le 
temps  de  consolidation  de  la  plante,  sous 
l’action  de  la  lumière  qui  fait  transpii*er  les 
feuilles  et  les  colore.  M.  Lepère  et  M.  Laizier 
appuient  le  fait  cité  par  M.  Duchartre;  ils 
l’ont  souvent  observé  pendant  leur  longue 
pratique  horticole. 

M.  Lucy , ancien  vice-président  de  la 
Société,  donne  à son  tour  lecture  d’une  lettre 
de  M.  Abeille  de  Perrin,  président  de  la 
Société  de  Marseille,  dans  hutuelle  sont  ex- 
j)rimées  des  inquiétudes  sur  la  santé  du 
François  P»’,  cet  Oranger  séculaire,  doyen 
des  serres  de  Versailles.  M.  Andry  annonce 
que,  malheureusement,  ce  monument  végé- 
tal historique  est  à sa  dernière  période 
d’existence  et  qu’on  s’attend  d’un  jour  à 
l’autre  à le  voir  mourir. 

M.  Pigeaux,  au  retour  du  printemps,  re- 
nouvelle la  protestation  qu’il  a déjà  faite 
plusieurs  jfois  en  faveur  des  petits  oiseaux 
de  nos  Jardins,  dont  les  déprédations  dit-il, 
sont  rachetées  et  bien  au  delà  par  les 
services  qu’ils  rendent,  M.  Rivière  s’élève 
contre  cette  opinion;  il  énumère  les  ravages 
et  les  dégâts  que  commettent  les  oiseaux  en 
général,  et  surtout  le  merle,  qui  attaque  tous 
les  fruits  dans  la  pépinière  du  Luxembourg, 
et  eu  présence  duquel  on  ne  peut  faire  de 
semis  avec  assurance  de  réussite. 

Le  ]>■  Pigeaux  ramène  ensuite  l’attention 
de  la  Société  sur  les  insectes  nuisibles,  en 
posant  cette  question  : Les  pucerons  sont-ils 
la  cause  de  la  maladie  des  plantes,  ou  n’eu 
sont-ils  que  les  effets?  La  discussion  qui 
s’élève  ne  donne  aucune  solution  concluante; 
car  plusieurs  membres,  entre  autres  M.  Ri- 
vière, citent  des  collections  de  plantes  qui 
ont  été  envahies  tout  entières  dans  des  serres 
sans  distinction  de  vigueur  des  sujets. 

Au  comité  de  culture  potagère,  les  légu- 
mes do  primeur  ont  été  assez  abondants. 

M.  Bourdon  (Alphonse),  de  Saint-Mi- 
chel-sur-Orge,  avait  apporté  des  Pommes 
de  terre  nouvelles;  M.  Perrotel,  d’Aulnay, 
des  Patates  conservées  et  des  Haricots 
noirs  de  Belgique;  M.  Rameau  (Léon), 
de  Bagneux,  des  salades  diverses  et  des 
Pommes  de  terre  Marjolin  ; M.  Laizier, 
de  Clicliy,  des  Asperges  hâtives  d’Argeii- 
teuil,  lie  la  variété  propagée  par  M.  Louis 


180 


SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  DTiORTICULTCRE. 


Lhérault,  venues  sans  cliaun'age,  avec  des 
cliàssis,  après  deux  ans  de  plantation,  etre- 
présenlant  un  fort  beau  produit.  — M.  Bossin 
avait  envoyé  le  Choux  Shang-ton  fleuri  pour 


la  première  Ibis  en  France;  et  M.  Louesse, 
le  Chou-navet  chinois,  dont  l’introduction 
date  de  la  même  époque  que  celle  du  précé- 
(lent.  A.  Ferlet. 


REVUE  C0MMERCI.4LE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’AVRIL), 


Légumes  frais.  — Les  CaroUcs  ordinaires 
valent  de  24  à 2G  fr.,  avec  8 à 12  fr.  de  baisse 
en  quinze  jours.  — Les  Carottes  d’hiver  sont 
cotées  10  à 11  fr.  l’hectolitre,  au  lieu  de  7 fr. 
il  7L50.  — Les  Carottes  pour  chevaux  se  ven- 
dent de  10  il  12  fr.  les  100  bottes,  avec  2 fr. 
d’augmentation.  — Les  Panais  connnnns  sont 
cotés  24  fr.  au  lieu  de  18  fr.,  jirix  de  la  pre- 
mière quinzaine  d’avril  ; mais  les  pins  beaux, 
se  vendaient  30  fr.  les  100  bottes,  sont  descen- 
dus à 28  francs.  — Les  Navets  sont  cotés  de 
8 à 12  fr.  ; la  baisse  a été  rapide  et  considé- 
rable, car  le  7 avril,  ils  valaient  encore  de  24  ii 
28  fr.  — Un  cote  les  Poireaux  de  8 à 10  fr.  au 
lieu  de  10  à 15  fr.  les  100  bottes.  — Les  Choux 
ordinaires  se  paient  20  fr.  le  100,  avec  5 fr.  de 
liaisse  seulement  ; ceux  de  première  grosseur 
valent  35  fr.  au  lieu  de  50  fr.  — Les  Choux-lleurs 
ont  beaucoiquliminué  ; ilsvalent  aujourd’hui  de 

10  il  50  fr.  le  100;  au  commencement  d’avril, 
on  les  payait  encore  100  fr.  le  100.  — L’hec- 
tolitre d’Oignons  en  grains  est  coté  de  IG  ii 
20  fr.  au  lieu  de  25  à 2G  fr.  — Les  lladis  roses 
n’ont  pas  changé  de  prix  ; i's  valent  toujours  de 
01.50  il  Of.GO  la  botte;  les  Uadis  noirs  ont  dis- 
j)arii  du  marché.  — Les  Champignons  conser- 
vent leur  taux  habituel  de  0f.05  à Of.lO  le  ma- 
iiiveau.  — La  botte  de  Céleri  se  vend  toujours 
de  Of.lO  il  Of.20.  Le  Céleri-rave  valait  au  milieu 
du  mois  de  Of.lO  ii  Of.20  la  pièce;  depuis  le  17 
on  n’en  voit  plus  sur  le  carreau.  — Les  Salsifis 
se  sont  payés  uniformément  de  Of.25  à Of.35  la 
botte.  — ■ Lî  litre  de  Choux  de  Bruxelles  a été 
coté  en  dernier  lieu  à raison  de  0f.30  ii  ûf.50; 
on  n’en  vend  plus  depuis  la  dernière  semaine 
d’avril.  — Les  Asperges  de  châssis  se  vendent 
de  2 il  40  fr.  la  hotte;  mais  ce  dernier  prix 
baissera  bientôt.  — Les  Haricots  verts  étaient 
cotés  de  IG  à 18  fr.  le  kilogramme  le  15  avril; 
le  18,  ils  ne  valaient  plus  que  12  ii  14  fr.  — 
Les  Pommes  de  terre  ne  subissent  guère  de  va- 
riations de  prix  en  ce  moment;  on  les  vend  : 
la  Hollande,  5 fr.  ii  5f.50  l’hectolitre;  la  Vite- 
lotte,  8 il  9 fr.  ; la  Pomme  de  terre  jaune,  de 
4 fr.  il  4L 50;  la  Pomme  de  terre  rouge,  5 fr. 

11  5L50. 

Herbes  et  assaisonneme-nts.  — La  situation 
est  la  même  que  pour  les  légumes.  Peu  de 
baisse;  ])as  de  hausse;  presque  tous  les  jirix  sta- 
tionnaires. 

Salades.  — La  Bomaine  a haussé  depuis 
ipiinze  jours;  la  plus  ordinaire  se  vend  encore 
Of.50  la  hotte  de  4 têtes;  celle  de  première  qua- 
lité valait  2 fr.  le  15  avril,  aujourd’hui  on  la 
paye  3 fr.  — Le  Cresson  ordinaire  vaut  de 
0f.50  il  1 fr.  au  lieu  01.40  ii  0f.80  la  botte  de 

12  petites  bottes.  — Toutes  les  autres  salades 
n’ont  jias  varié  de  prix. 

Fruits  frais.  — Ues  Poires,  après  avoir  at- 
teint le  prix  exorbitant  de  GO  à 150  fr.  le  100, 
sont  redescendues  ii  120  fr.  vers  le  18  ayril; 
mais  depuis  ce  jour,  on  n’en  voit  plus  à la 


halle.  — Les  Pommes  se  vendent  un  peu  moins 
cher,  qu’il  y a quinze  jours;  le  prix  maximum 
est  de  Of.80  la  pièce;  le  prix  minimum  est  tou- 
jours de  5 fr.  le  100.  — Le  Chasselas  de  serre 
est  coté  de  3 à 8 fr.  le  kilogramme,  après  avoir 
subi  une  légère  hausse  qui  l’a  porté  ii  10  fr.  — 
Les  Fraises  du  Midi  se  paient  de  Of.75  à lf.20 
le  pot. 

Fleurs  et  arbustes  d'ornement. — Le  temps 
qui  se  maintient  au  beau  et  la  température 
élevée  dont  nousjouissons  depuis  quelques  jours, 
a permis  aux  marchés  aux  fleurs  de  la  seconde 
quinzaine  d’avril  d’être  beaux  et  bien  garnis. 
4 oici  les  prix  relevés  au  marché  du  28  ; 

Aucuba  japonica,  1 fr.  à lf.50.  — Abies 
Pinsapo,  2 à 5 fr.  — Azalea  indica,  4 fr.  — 
Bruyères  variées,  lf.25  à 2 fr.  — Bégonia 
Bex.  lf.50  à 2 fr.  — Cydonia  japonica,  11.50. 

— Chèvrefeuille  sempervirens,  Of.75.  — Col- 
linsia  bicolor,  Of.50.  — Cinéraire,  1 . fr.  à 
lf.50.  — Cannas  variés,  01.75.  — Cléma- 
tile  blanche  odorante,  Of.75.  — Calcéolaire 
hybride,  1 fr.  à lf.50.  — Calla  d’Ethiopie, 
Of.75.  — Dracæna  congesta,  1 fr.  à 3 fr.  — 
Hracœna  rubra,  2 à 4 fr.  — Dracæna  termina- 
lis  variés,  G fr.  — Deutzia  gracilis,  lf.50.  — 
Deutzia  crenata,  lf.50.  — Épine-vinette  pour- 
pre en  pots,  1 fr.  — Epicéa  en  motte  1 fr. 
à lf.50.  — Fusain  vert  et  panaché,  1 fr.  — 
Fuchsia,  lf.50  à 3 fr.  — Fabaria  ericoïdes, 
lf.50.  — Glycine  de  Chine,  lf.50  à 2 fr,  — 
Géranium  Tom  Pouce,  Of.50.  — Géranium 
Gloire  de  Paris,  1 fr.  — Genista  racemosa, 
0f.50.  — Genista  candicans,  lf.25.  — Hedysa- 
rum  caucasicum  0f.90.  — ■ Hortensia  des  jar- 
dins, I à 2 tr.  — lloteia  japonica,  2 à 3 fr.  — 
Laurier-Cerise  1 fr.  à lf.50;  Laurier-Tin,  1 fr. 
à IL 75.  — Laurier-franc,  1 fr.  à lf.50  — 
Lilas  (la  touffe),  0L50.  — Lierre  d’Irlande 
vieux  en  pots,  Of.75.  — Latania  Borbonica^  3 à 
G fr.  — Magnolia  grandillora  de  1 mètre,  10  à 

' 1 2 fr.  — Metrosideros  robusta,  4 fr.  — Mahonia 
aquifolium,  1 fr.  — Nemophila  insignis,  0L50. 

— Orangers,  lf.50  à 5 fr.  Oranger  myrte, 
2f.50  à 40.  — Pivoine  en  arbre,  2L50.  — Pé- 
largonium à grandes  fleurs,  2 à 5 fr.  — Pit- 
tosporum  sinense,  lf.50.  — Rosier  tige  en 
pots,  2 fr.  — Rosier  grimpant,  1 fr.  à lf.50. 

— Rosiers  pompons  en  pots,  OL40.  — Rosier 
Persian  Yellow,  lf.50.  Rosier  du  Roi,  l fr. 
50;  de  la  Reine,  lf.50;  Bengale  pourpre,  Of. 
75.  — Rhododendron  pontique,  2 à 5 fr.  — 
Réséda  à grandes  Heurs,  dit  en  arbie,  Of.GO. 

— Rhuharlie,  1 fr.  — Romarin,  1 fr.  — Sé- 

quoia giganlea,  2 à 5 fr.  — Sapin  de  Nor- 
mandieVlL50.  — Salvia  fulgens,  Of.75.  — 
Thuya  de  la  Chine,  1 fr.  cà  lf.50.  — Vigne 
vierge  en  pots,  3L75.  — Verveines  variés, 
0L50.  — Véroniques  diverses,  2 à 3 fr.  — 
Verveine  citronnelle,  lf.25.  — NVeigelia  rosea, 
lf.50.  — Yucca  pendula,  2L50.  — Yucca  glo- 
riosa,  2L25.  A.  Ferlet. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  MAI). 


Les  pommes  et  les  ananas.  — Conférences  d’arboriculture  faites  dans  l’Ain,  par  M.  Carrier.  — Cir- 
culaire du  préfet  aux  maires  de  ce  département  pour  leur  recommander  les  cours  de  M.  Carrier.  — 
Leçons  d’arboriculture  de  M.  Gressent,  à Paris.  — Conférences  horticoles  de  M.  Van  Huile,  à Gand.  — 
Lettre  de  M.  Massé  sur  l’inexactitude  de  certains  noms  vulgaires  en  histoire  naturelle.  — Le  tigre  insecte 
et  le  tigre  mammifère.  — Lettre  de  M.  Cosson  sur  VAhies  Baborensis.  — Vente  de  la  collection 
d’Orchidées  de  M.  Ad.  Lucy.  — Ghangement  de  domicile  des  maisons  Loise  et  Tollard.  — Floraison  d’un 
Palmier  de  Chine  en  pleine  terre  au  Jardin  des  Plantes  de  Bordeaux.  — Prochaines  expositions  de  Saint- 
Lü,  Angers  et  Soissons.  — Expositions  internationales  à Saint-Pétersbourg  et  à Gand.  — Troisième  expo- 
sition de  printemps  de  la  Société  royale  botanique  de  Londres.  — Meeting  de  la  Société  royale  d’Angle- 
terre à propos  de  l’Exposition  universelle  française  en  1867.  — Honneurs  rendus  à M.  de  Candolle  par 
l’Université  d’Oxford.  — Renseignements  relatifs  au  voyage  et  au  séjour  à Londres  des  étrangers  pendant 
l’Exposition  internationale  horticole. 


Il  y a de  durs  moments  dans  la  position 
d’un  rédacteur  en  chef;  nos  lectenrs  vont 
en  juger. 

Forcé  de  partir  le  28  avril  pour  aller 
remplir  à Mâcon  les  fonctions  de  membre 
du  jury  du  concours  régional  agricole,  j’ai 
dû  laisser  mon  numéro  de  la  Revue  avec 
l'ordre  de  mise  en  pages  sans  pouvoir  corri- 
ger les  épreuves.  J’avais  également  composé 
ma  chronique  et  indiqué,  pour  y faire  pren- 
dre place,  une  note  du  Gardeners’  Chroni- 
cle  sur  le  Pine-ApplCy  c’est-à-dire  V Ananas, 
afin  que  celui  de  mes  secrétaires  qui  est 
chargé  du  dépouillement  des  journaux  an- 
glais en  fît  un  résumé  p’our  être  inséré  à 
une  place  que  j’indiquais.  Je  ne  pensais  pas 
qu’il  pouvait  être  possible  de  confondre 
Pine-Apple  avec  Apple,  qui  signifie  Pomme. 
Pareille  idée  ne  pouvait  se  présenter  à mon 
esprit,  et  c’est  cependant  ce  qui  a eu  lieu. 

C’est  avec  stupéfaction  qu’à 'mon  retour 
de  Mâcon,  j’ai  lu  la  page  163  de  notre  der- 
nier numéro,  et  que  j’y  ai  vu  mentionner 
des  Pommes  de  3,  4 et  7 kilogrammes.  C’était 
merveilleux  pour  des  Ananas;  mais  pour 
des  Pommes,  aucune  expression  ne  pour- 
rait rendre  l’ébahissement  que  la  vue  de 
pareils  fruits  exciterait.  Je  suis  encore  tout 
confondu  que  personne,  ni  prote,  ni  secré- 
taire de  la  rédaction,  ne  se  soit  avisé  qu’il  y 
eût  là  quelque  burlesque  méprise.  Et  c’est 
cependant  ce  qui  est  arrivé,  de  telle  sorte 
qu’il  ne  me  reste  qu’à  signaler  l’erreur,  et  à 
demander  aux  lecteurs  de  la  corriger.  Ce 
qu’il  y a de  plus  plaisant,  c’est  que  le  tra- 
ducteur a cru  bien  faire  en  signalant  l’intérêt 
qu’aurait  pour  notre  Normandie  et  pour 
tous  les  buveurs  de  cidre,  la  production  de 
si  belles  Pommes. 

Ainsi,  tout  a été  complet,  et  je  ne  crois 
pas  que  dans  les  annales  de  l’imprimerie, 
on  ait  enregistré  une  plus  magnifique  bévue. 
On  comprend  pourquoi  ce  n’est  jamais 
qu’en  tremblant  que  nous  nous  en  remettons 
à quelqu’un  pour  revoir  ou  corriger  uu  arti- 
cle. Lorsque  nous  même  nous  avons  corrigé 
une  épreuve  , nous  avons  encore  mille 
craintes,  car  trop  de  fois  malheureusement 
les  corrections  sont  mal  exécutées,  et  il  ar- 
rive qu’on  nous  fait  dire  parfois  le  contraire 
de  ce  que  nous  avons  écrit. 

— Au  mois  de  février  dernier  (no  du 


1er  février,  page  42),  nous  avons  annoncé 
les  conférences  d’arboriculture  entreprises 
dans  les  communes  du  département  de 
l’Ain  par  M.  Carrier,  maître-adjoint  d’école 
normale  primaire.  On  a vu  que  M.  le  préfet 
de  l’Ain  avait  pris  cette  œuvre  sous  son  haut 
patronage.  Nous  sommes  toujours  heureux 
de  voir  l’enseignement  horticole  aidé  par 
les  maires  et  les  conseils  communaux  et 
cantonaux  ; c’est  pourquoi  nous  nous  em- 
pressons de  publier  l’extrait  suivant  du 
recueil  des  actes  de  la  préfecture  de  l’Ain, 
relatif  aux  conférences  de  M.  Carrier  : 

Le  Préfet  de  l’Ain,  à Messieurs  les  maires  du 
département 

Messieurs, 

Lés  conférences  déjà  données  par  M.  Carrier  sur 
la  culture  des  arbres  fruitiers  et  de  la  Vigne,  les 
séances  sur  la  vinification  et  les  opérations  d’été, 
qui  doivent  commencer  incessamment,  méritent 
tout  l’intérêt  des  administrations  municipales. 

De  toutes  parts,  des  témoignages  non  équivoques 
sont  parvenus  à l’administration,  qui  attestent  le 
succès  du  professeur  et  les  bons  résultats  que  doit 
produire  son  enseignement. 

Ainsi  se  trouve  justifiée  la  recommandation  que 
j’ai  eu  l’honneur  de  vous  adresser  l’année  dernière 
et  que  je  crois  devoir  renouveler  cette  année.  — Je 
suis  très-disposé  à approuver  les  votes  émis  ou  à 
émettre  par  les  Conseils  municipaux  pour  contribuer 
aux  frais  du  Cours.  J’ajouterai  que,  dans  le  but 
d’éviter  les  embarras  des  réunions  extraordinaires, 
des  votes  spéciaux,  etc,  etc.,  les  Conseils  munici- 
paux feront  bien  de  profiter  de  la  session  de  mai 
pour  inscrire  au  budget  les  contingents  communaux 
de  1867 . — En  ce  qui  concerne  la  présente  année, 
les  sommes  seraient  portées  au  budget  addition- 
nel. 

Agréez  l’assurance  de  ma  considération  dis- 
tinguée. 

Le  Préfet  de  l’Ain,  L.  de  Saint-Pülgent. 

Bourg,  le  1"  mai  1866. 

M.  Carrier  a déjà  fait  dans  l’Ain  deux 
des  trois  doubles  conférences  que  nous  an- 
noncions; elles  ont  obtenu  le  succès  le  plus 
décisif.  Dans  sa  première  tournée,  le  pro- 
fesseur a pu  compter  plus  de  3,000  audi- 
teurs, et  dans  sa  seconde  5,000.  Dans  quel- 
ques chefs-lieux  de  cantons  près  de  400 
personnes  sont  venues  assister  aux  séances. 
Nous  souhaitons  vivement  que  M.  Carrier 
continue  à trouver  dans  l’intelligent  dépar- 
tement de  l’Ain  le  concours  qui  lui  a été 
donné  jusqu’à  ce  jour. 

— M.  Gressent  donnera,  les  21,  25  et  28 
mai,  salle  des  conférences,  rue  Scribe,  7,  à 7 
lieures  1/2  du  soir,  trois  leçons  consacrées 


16  Mai  1866. 


10. 


182 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREPÆIÈRE  QUINZAINE  DE  MAI). 


aux  pincements  sur  toutes  les  espèces  ainsi 
qu’à  toutes  les  opérations  qu’on  doit  appli- 
quer aux  arbres,  aux  fruits,*  et  au  potager 
moderne,  pendant  Tété.  On  donne  des  pro- 
grammes 60,  rue  Sainte-Anne,  au  magasin 
de  quincaillerie  horticole. 

— Les  leçons  et  conférences  sur  l’horticul- 
ture ne  sont  pas  suivies  en  France  seule- 
ment avec  empressement  : elles  obtiennent 
aussi  en  Belgique  un  grand  succès.  C’est 
ce  que  nous  trouvons  constaté  dans  plusieurs 
journaux  qui  rendent  compte  des  excel- 
lentes leçons  d’arboriculture  données  du- 
rant cette  hiver  par  M.  Yan  Huile,  directeur 
du  Jardin  botanique  de  Gand. 

— Nous  ne  pouvons  que  donner  notre 
assentissement  aux  observations  contenues 
dans  la  lettre  suivante.  Il  est  certain  qu’il  y 
a le  plus  grand  inconvénient  à accepter 
certains  noms  cfue  l’on  trouve  dans  le  Ip- 
gage  vulgaire  pour  désigner  des  objets 
(plantes  ou  animaux)  qui  ont  reçu  scientifi- 
quement des  appellations  plus  convenables 
et  susceptibles  d’ailleurs  d’empêcher  toute 
confusion.  L’histoire  naturelle  tout  entière 
offre  malheureusement  un  très-grand  nombre 
d’exemples  de  noms  semblables  appliqués 
aux  choses  les  plus  différentes  : 

« Saint-Aniand-Montrorid  (Cher),  21  a\TÜ  18C6. 

« Monsieur  le  Directeur, 

« Lecteur  des  plus  assidus  de  votre  excel- 
lente Revue  horticole,  je  vous  demande  la 
permission  de  vous  adresser  les  réflexions  sui- 
vantes sur  un  article  signé  par  un  de  nos  pra- 
ticiens distingués,  M.  Lachaunie,  et  inséré  dans 
le  no  du  16  mars  dernier  (page  114). 

« M.  Lachaume  donne  le  nom  de  tigre  au 
petit  kermès  qui  produit  parfois  tant  dé  rava- 
ges sur  les  arbres  fruitiers  placés  aux  exposi- 
tions chaudes  et  abritées.  Il  fait  de  la  funeste 
petite  bête  une  description  qui  montre  évidem- 
ment qu’il  a bien  voulu  parler  d’un  insecte  du 
genre  coccus.  Je  me-  garderai  bien  de  rien  at- 
taquer de  ce  que  dit  M.  Lachaume  dans  tout 
cet  article;  mais  je  lui  demanderai  avec  toute 
la  politesse  et  la  courtoisie  qui  sont  dues  à un 
homme  de  sa  valeur,  pour  quel  motif  il  donne 
le  nom  de  tigre  à un  insecte  du  genre  coccus. 
Si  je  consulte  les  traités  d’arboriculture,  j’y  lis 
que  le  tigre  est  un  animal  qui  appartient  au 
genre  tin  gis. 

« Si  j’ouvre  les  traités  d’entomologie,  je  vois 
que,  parmi  les  entomologistes,  les  uns  classent 
le  tigre  des  jardiniers  dans  le  genre  acanlhie, 
les  autres  dans  le  genre  tingis.  Nulle  part  je 
ne  vois  désigné  sous  le  nom  de  tigre  un  insecte 
appartenant  au  genre  coccus.  11  me  semble  que 
nous  autres,  amateurs  d’Lorticulture,nous  avons 
bien  déjà  assez  de  mal  pour  nous  tirer  d’affaire 
avec  tous  ces  petits  êtres  malfaisants  des  genres 
tingis  et  coccus,  sans  que  des  dénominations 
incertaines  viennent  encore  nous  troubler  dans 
la  reconnaissance  de's  ennemis  avec  lesquels 
nous  nous  trouvons  en  présence.  Et  n’esl-ce 
pas  là  une  nouvelle  preuve  des  nombreux  in- 
convénients qu’entraîne  l’emploi  de  certains 
noms  qui,  ayant  un  sens  convenu  dans  une  lo- 
calité, n’expriment  plus  les  mêmes  objets  pour 


les  habitants  de  régions  différentes.  Et  ceci 
ne  nous  reporte-t-il  pas  à la  grande  discussion 
ouverte  dans  les  colonnes  de  la  Revue  horti- 
cole sur  la  nomenclature  botanique  et  la  no- 
menclature horticole  ; assurément  cette  discus- 
sion n’est  pas  terminée. 

((  Agréez,  etc., 

•«  Robin  Massé, 

« Docteur  en  médecine.  » 

—Nos  lecteurs  ont  eu  sousles  yeuxle  dé- 
bat qui  s’est  élevé  entre  M.  Cosson  et 
M.  Carrière,  sur  la  spécification  d’une 
variété  d’A&fes,  qui  existe  dans  les  monta- 
gnes de  Babor,  en  Algérie.  V.oici  sur  ce  su- 
jet une-dernière  lettre  de  M.  Cosson  qui 
nous  paraît  devoir  mettre  fin  à toute  polé- 
mique : 

« Paris,  8 mai  1866. 

« Monsieur  le  Directeur, 

« J’aurais  plusieurs  observations  à faire  sur 
la  lettre  de  M.  Carrière,  insérée  dans  le  numéro 
du  1er  mai  de  la  Revue  horticole,  tant  au  point 
de  vue  du  fond  qu’à  celui  de  la  forme;  mais  ces 
observations  auraientl’inconvénient  de  prolonger 
une  discussion  qui  me  paraît  maintenant  sans 
intérêt,  M.  Carrière  ayant  admis  les  deux  faits 
que  je  tenais  à établir,  sa\oir  : 

((  le  que  la  constatation  scientifique  de  VA- 
bies  propre  au  massif  des  montagnes  des  Ba- 
bors  n’appartient  pas  à M.  de  Lannoy,  mais 
bien  à mes  amis  MM.  A.  Letourneux,  H.  de  la 
Perraudière,  Kralik  et  à moi. 

« que  cet  Ahies,  si  toutefois  il  constitue 
une  espèce  distincte  de  VA.  Pinsapo,  doit  por- 
ter \e'nom  A Abies  Baho7^ensis,  sous  lequel  je 
l’ai  désigné  le  premierL 

((  J’ai  revendiqué  la  priorité  de  la  découverte 
de  VAbies  Raborensis  bien  moins  pour  donner 
satisfaction  à mou  amour-propre  d’inventeur, 
amour-propre  du  reste  bien  légitime,  que  pour 
rendre  un  nouvel  hommage  à la  mémoire  de 
mon  regrettable  ami  H.  de  la  Perraudière.  Ce 
collaborateur  habile  et  dévoué  de  mes  explora- 
tions botaniques  en  Algérie  a succombé  à une 
fièvre  pernicieuse  contractée  pendant  notre 
exploration  des  Babors,  entreprise,  comme 
j’ai  déjà  eu  l’honneur  de  vous  l’écrire,  surtout 
en  vue  de  l’étude  du  sapin  dont  la  présence 
avait  été  vaguement  signalée  par  M.  de  Gui- 
ber  t. 

« Veuillez  agréer,  etc. 

« E.  Cosson.  » 

Tous  nos  lecteurs  connaissent  les  servi- 
ces rendus  à l’horticulture  par  M.  Lucy, 
successivement  dans  la  Moselle,  dans  les 
Bouches-du-Rhône,  et  enfin  à Paris  même, 
où  il  était  récemment  encore  vice-président 
de  la  Société  centrale.  Nous  regrettons  que 
l’état  de  sa  santé  Fait  engagé  à prendre  la 
résolution  annoncée  dans  la  lettre  suivante, 
et  nous  espérons  que  néanmoins  l’horlicul- 
ture  le  comptera  encore  longtemps  parmi 
ses  meilleurs  soutiens. 

« Monsieur  le  Directeur, 

« Voulez-vous  bien  me  rendre  un  petit  ser- 

‘ Voir  ma  lettre  insérée  dans  le  numéro  de  la 
Hcviie  horlicoJe  du  16  avril,  pages  14i  et  145. 


183 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  MAI). 


vice  et  peut-être  aussi  à Tun  des  lecteurs  de 
votre  précieuse  Revue. 

((  Des  raisons  de  santé  me  condamnent  à 
supprimer  la  serre  chaude  et  je  me  vois  obligé 
de  renoncer  à mes  Orchidées!  Je  voudrais  donc 
pouvoir  céder  en  bloc  ma  collect  ion,  qui  ren- 
ferme i50  variétés  des  plus  méritantes  et  en- 
viron 220  sujets;  je  le  ferais  à des  conditions 
qui  donneraient  à l’amateur  une  double  satis- 
faction. On  peut  visiter  ma  serre,  à Noinlel, 
station  de  Beaumont-sur-Oise,  chemin  du  Nord, 
avec  la  plus  grande  facilité. 

« Veuillez  agréer,  etc. 

« A.  Lucy.  » 

— Les  démolitions  de  Paris  déplacent  de 
nombreux  établissements,  et  il  faut  habi- 
tuer leurs  clients  à prendre  le  chemin  de 
leurs  nouvelles  situations.  Les  mai- 
sons d’horticulture  sont  frappées  comme 
les  autres.  C’est  pourquoi  nous  sommes 
riés  de  dire  à nos  lecteurs  que  la  maison 
oise,  précédemment  située  quai  aux 
Fleurs,  n»  3,  est  transférée  au  quai  de  la 
Mégisserie,  no  14,  et  que  la  maison  P.  Tol- 
lard  se  transporte  de  la  place  des  Trois- 
Maries  au  ip  20  du  même  quai  de  la  Mé- 
gisserie. 

— Le  Journal  d' Agriculture  et  d'horti- 
culture de  la  Gironde  y dirigé  par  M.  Emile 
Crugy,  nous  fait  connaître,  par  son  numéro 
du  15  mai,  un  fait  intéressant.  Un  des 
Palmiers  de  Chine  en  pleine  terre,  qui, 
grâce  aux  soins  intelligents  du  savant  et 
zélé  M.  Durieu  de  Maisonneuve,  présen- 
tent une  végétation  si  remarquable  dans 
la  partie  expérimentale  du  Jardin  des  Plan- 
tes de  Bordeaux,  est  en  ce  moment  en 
fleurs.  Les  promeneurs  de  cet  établisse- 
ment peuvent  donc  jouir  d’un  spectacle 
qui  n’a  encore  été  donné  à personne,  car 
c’est  le  premier  exemple  que  l’on  signale 
en  France  de  la  floraison  d’un  Palmier  de 
pleine  terre. 

— Nous  avons  reçu  les  programmes  de 
deux  expositions  nouvelles  d’horticulture, 
à Saint-Lô,  du  19  au  30  mai,  et  à Angers, 
du  14  au  25  septembre  1866.  Ces  exposi- 
tions se  distinguent  des  autres,  d’abord  par 
leur  longue  durée,  ensuite,  celle  de  Saint- 
Lô  doit  coïncider  avec  le  concours  régional 
agricole  pour  la  région  du  Nord-Ouest.  En- 
fin, celle  d’Angers  est  spécialement  convo- 
quée en  vue  d’avoir  un  grand  concours  po- 
mologique. 

Nous  avons  dit  déjà  qu’il  y aurait  en 
1868  une  exposition  internationale  d’hor- 
ticulture à Saint-Pétersbourg,  et  nous  avons 
publiés  à ce  sujet  une  lettre  de  M.  Regel. 
On  nous  annonce  également  une  exposition 
internationale  et  un  congrès  horticole  à 
Gand  pour  la  même  époque.  Nous  souhai- 
tons que  l’une  de  ces  solennités  soit  ajour- 
née à 1869,  afin  qu’elles  ne  se  fassent  pas 
concurrence. 

Nous  avons  aussi  annoncé  (n®  du  l^” 


mars,  p.  61)  l’exposition  horticole  qui  doit 
avoir  lieu  à Soissons,  du  16  au  19  juin. 
Nous  n’avions  pas  alors  entre  les  mains  le 
programme  de  cette  solennité  , où  l’on 
peut  lire  les  dispositions  suivantes,  qu’on 
ne  rencontre  pas  d’ordinaire  dans  les  pro- 
grammes de  ce  genre  : 

Une  médaille  d’or  sera  décernée  pour  tout  pro- 
cédé nouveau  de  culture  constatant  un  progrès  réel 
obtenu  par  un  membre  de  la  Société. 

Un  Concours  sera  ouveit  entre  les  instituteurs 
de  l’arrondissement  pour  l’apport  de  quelques-unes 
des  plantes  désignées  dans  le  programme;  des  mé- 
dailles seront  distribuées  aux  lots  qui  paraîtront  les 
plus  méritants. 

Des  récompenses  seront  également  données  aux 
instituteurs  qui  auraient  établi  des  conférences 
dans  leurs  communes  et  contribué  aux  progrès  de 
l’horticulture,  et  à ceux  qui  justifieraient  de  la 
bonne  tenue  de  leurs  jardins. 

Des  récompenses  seront  décernées  aux  proprié- 
taires de  l’arrondissement  qui  auront  embelli  par 
les  fleurs  l’extérieur  de  leurs  habitations. 

Une  médaille  de  vermeil  ou  un  livret  de  la  Caisse 
d’épargne  de  60  francs  sera  donné  à l’ouvrier 
d’horticulture  qui  se  sera  rendu  recommandable  par 
sa  bonne  conduite  et  son  aptitude  et  qui  comptera 
une  résidence  non  interrompue  de  six  ans  dans 
l’horticulture  marchande  ou  de  dix  ans  dans  les 
maisons  particulières  et  les  établissements  publics. 

Il  sera  ouvert  un  Concours  spécial  pour  les  en- 
grais. 

Un  Concours  sera  établi  entre  les  militaires  de  la 
garnison  qui  apporteront  à l’Exposition  le  plus  beau 
lot  de  légumes  et  de  fleurs  provenant  de  leur  cul- 
ture. 

Des  récompenses  seront  accordées  aux  plus  mé- 
ritants. 

— Le  21  avril  1866,  la  Société  royale  bota- 
nique de  Londres  a ouvert  au  public  les  por- 
tes de  son  Exposition  florale.  C’était  sa  troi- 
sième exhibition  du  printemps,  et  c’était  à 
coup  sûr  la  plus  remarquable,  puisque  les 
deux  précédentes  ont  à peine  attiré  l’atten- 
tion. Ce  n’est  pas  la  variété  des  produits 
qui  a appelé  le  succès,  car  les  Roses  et  les 
Pelargoniums  constituaient  cette  exhibition 
presque  tout  entière.  Eu  ce  qui  concerne 
les  Roses,  les  honneurs  de  la  séance  ont  été 
pour  un  horticulteur  dont  le  nom  est 
favorablement  connu  de  tous  ceux  qui  s'in- 
téressent aux  progrès  de  l’horticulture  an- 
glaise, de  M.  Turner,  des  serres  royales 
de  Slough.  Parmi  les  précieuses  variétés  de 
sa  collection,  on  remarquait  surtout  de 
riches  spécimens  des  Roses  suivantes  : 
Charles  Lawson , Beauty  of  Waltham  , 
Juno,  Souvenir  d’un  ami,  Victor  Verdier, 
Maréchal  Vaillant,  John  Hopper,  Céline 
Forestier  et  le  Rhône.  Les  cultures  de 
MM.  Paul  et  fils  étaient  représentées  par 
les  variétés:  Président,  M>«e  Alfred  de  Rou- 
gemont, prince  Camille  de  Rohan,  Maréchal 
Vaillant,  Am  a Alexietf,  Souvenir  d’un  ami, 
le  Rhône  et  Niphetos.  i\IM.  Lane,  de  Berk- 
hampstead,  avaient  exposé  une  variété  ma- 
gnifique, Duchesse  de  Caylus,  puisD^’ Audry, 
Vainqueur  de  Goliath,  Jean  Rosenkrantz, 
Baron  Rothschild.  Parmi  les  amateurs  qui 
ont  contribué  à la  beauté  de  cette  partie  de 


184 


CllKOMQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  MAI). 


l’Exposilioii,  on  a signalé  M.  James,  esq. 

Les  Pélargonium  les  plus  dignes  d’attirer 
l’attention  venaient  des  serres  de  M.  Wig- 
gins,  esq.  On  a cité  spécialement  les  variétés 
suivantes  : en  premier  lieu,  Vestale,  puis 
Madame  Pieiset,  Pline,  Beadsman,  Roseum 
et  Monte-Cristo. 

MM.  James, Lacy,Hooper,  esq., etc.,  pos- 
sédaient également  des  variétés  de  Pélargo- 
nium, qui  pour  ne  pas  être  d’un  mérite 
transcendant,  méritaient  cependant  d’être 
honorablement  distinguées. 

Les  Rhododendrons  de  MM.  Louis  et  fils, 
le  Clianthiis  Dampiei^i  deM.  G.  Henderson, 
le  Lilium  tenuifolium  et  les  collections 
multiples  de  MM.  Williams  et  Wheeler, 
contribuaient  à augmenter  encore  l’éclat  de 
cette  cérémonie,  l’une  des  plus  brillantes 
de  la  Société  royale  botanique  de  Londres. 

— Un  grand  nombre  d’horticulteurs  de 
l’Angleterre  ont  tenu  le  3 ma  il  866  un  grand 
et  important  meeting  à South-Kensington. 
Nous  avons  annoncé  il  y a quinze  jours  cette 
réunion,  dans  laquelle  on  a discuté  les  me- 
sures à prendre  pour  sauvegarder  les  inté- 
rêts de  l’horticulture  anglaise  à l’Exposition 
universelle  de  1867  à Paris.  Au  nombre 
des  assistants  distingués  qui  ont  pris  la  pa- 
role, on  remarquait  MM.  Veitch,  Turner, 
Rull,  Laing,  Waterer,  Lee,  Osborn,  Moore, 
Booth,  Edmonds,  Murray,  le  colonel  Scott, 
le  capitaine  Cockrell,  les  Hogg,  Mas- 
ters, etc.  Après  la  lecture  et  la  discussion 
d’une  invitation  de  la  commission  impériale 
de  l’Exposition  de  Paris,  adressée  aux  hor- 
ticulteurs anglais  à l’effet  de  s’assurer  de 
leur  concours,  MM.  J.  G.  Weitch  et  John 
Lee  ont  émis  la  proposition  suivante,  qui  a 
été  acceptée  à Punanimité  : que  l’Angleterre 
prendrait  part  au  concours  horticole  pourvu 
qu’un  bâtiment  spécial  lût  accordé  à cette 
branche  de  l’art;  que  l’exposition  de  ces 
produits  eût  lieu  à la  fin  de  mai  ou  au  com- 
mencement de  juin  et  ne  durât  pas  plus  de 
quinze  jours.  Sur  une  proposition  deM.  Tur- 
ner, il  a été  décidé  â l’unanimité  que  les 
horticulteurs  anglais  pourraient  en  outre  ex- 
poser dans  tout  le  cours  de  l’exposition  les 
plantes  et  les  fleurs  de  la  saison. 

A la  veille  de  la  grande  Exposition 
horticole  internationale  anglaise,  l’Univer- 
sité d’Oxl’ord  ne  reste  pas  en  arrière  du 
comité  qui  a offert  la  présidence  â un  pvant 
étranger,  â M.  de  Candolle,  sans  obéir  aux 
inspirations  étroites  d’un  patriotisme  inop- 
portun. Elle  va  décerner  à l’illustre  natu- 
•raliste  de  Genèse  le  premier  titre  de  ses 
grades;  et  elle  se  propose  d’associer  â cette 
distinction  un  chercheur  aussi  modeste 
qu’instruit,  le  D’’  Hooker,  qui  dirige  les  jar- 
dins royaux  de  Kew. 

La  nouvelle  est  fraîche  encore,  et  tous 
les  journaux  anglais  ont  unanimement  ap- 
plaudi au  libéralisme  de  cette  décision. 


Nous  croyons  qu’il  est  de  notre  devoir  de 
féliciter  hautement  l’Université  qui  va  cher- 
cher le  vrai  mérite  oû  il  se  trouve,  sans 
s’inquiéter  de  la  nation  qui  a l’honneur  de 
le  posséder.  Quand  il  s’agit  d’honorer  le 
talent  et  de  récompenser  les  services  rendus 
â la  science  , les  frontières  des  peuples 
n’existent  plus  et,  pour  les  enfants  de  la 
grande  famille  scientifique,  il  n’y  a plus  d(> 
Pyrénées,  il  n’y  a plus  de  séparation  de  pays. 

Les  visiteurs  du  continent,  qui  se  ren- 
dront â l’Exposition  de  Londres  et  arriveront 
par  voie  de  Belgique,  sont  informés  que  les 
voyageurs  pourvus  d’un  billet  officiel  d’in- 
vitation {official  ticket)  sur  les  hâtiments  â 
vapeur  d’Anvers  â Londres  ou  d’Ostende  a 
Douvres,  jouiront  d’une  diminution  de  prix 
considérable.  Le  billet  officiel  est  blanc  avec 
une  large  croix  orange. 

Nous  rappellerons  â nos  lecteurs  que 
l’Exposition  se  tiendra  dans  une  tente  adja- 
cente au  jardin  de  la  Société  royale  d’horti- 
culture à South-Kensington  et  ouvrira  ses 
portes  le  mardi  22  mai  â 1 heure  après 
midi.  Les  jours  suivants,  l’ouverture  aura 
lieuâ  10  heures  du  matin.  L’entrée  est  gra- 
tuite avec  les  hillets  officiels. 

Les  meetings  du  Congrès  botanique  au- 
ront lieu  dans  le  Muséum  de  South-Ken- 
sington, dans  la  salle  des  cartons  de  Raphaël 
{Ràphaelcartoon-room),\e  mercreAi  23  mai 
et  le  jeudi  24  mai  à 11  heures  du  matin. 
Les  invitations  officielles  et  les  billets  du 
membre  du  Congrès  botanique  donnent  droit 
â l’entrée  dans  la  réunion. 

Le  banquet  se  fera  à Guildhall  (Cité  tle 
Londres),  le  mardi  22  mai  â 7 heures  du 
soir;  on  n’y  sera  admis  qu’avec  un  billet  spé- 
cial {banquet  ticket).  Le  règlement  exige 
qu’on  soit  en  tenue  de  soirée. 

Le  mercredi  23  mai,  â 9 heures  du  soir, 
aura  lieu  la  séance  de  conversation  au  Mu- 
séum de  South-Kensington;  on  sera  en  tenue 
de  soirée.  Les  visiteurs  étrangers  seront  ad- 
mis avec  leur  billet  officiel. 

Nous  recevons  de  la  commission  de  l’Ex- 
position internationale  horticole  des  rensei- 
gnements relatifs  â l’installation  des  étran- 
gers â Londres  et  aux  moyens  de  commu- 
nications avec  le  siège  de  l’Exposition.  Bien 
que  ces  détails  n’aient  qu'un  intérêt  d’ac- 
tualité, nous  voudrions  en  donner  connais- 
sance à ceux  de  nos  lecteurs  qui  se  propo- 
sent d’aller  en  Angleterre.  Si  nous  avons 
pu  leur  épargner  de  l’ennui  et  du  temps 
perdu,  nous  ne  regretterons  pas  d’être  sorti, 
dans  leur  intérêt,  du  domaine  propre  de 
l’horticulture. 

Il  est  bon  de  choisir  un  hôtel  .dans  le 
voisinage  du  Strand,  position  centrale,  dit 
la  feuille  de  renseignements  que  nous  avoiis 
sous  les  yeux  et  qui  recommande  des  mai- 
sons situées  dans  les  deux  rues  suivantes  : 
Norfolk  Street  et  Surrey  Street.  Suit  nen 


185  ' 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  MAI). 


liste  d’hôtels  que  nous  nous  dispensons  de 
nommer  parce  que  nous  ne  les  connaissons 
pas,  et  que,  la  rue  n’étant  composée  que 
d’hôtels,  le  visiteur  ne  sera  pas  embarrassé. 

On  trouvera  tous  les  renseignements  uti- 
les aux  bureaux  de  l’Exposition  (Offices  of 
the  Exhibition)  52,  Saint-Georges  place, 
Albert  Gâte,  Knitsbridge. 

Des  omnibus  partent  de  tous  les  points 
de  Londres  pour  Soutb-Kensington.  Ce  sont 
les  voitures  de  Bromplon,  Fulham,  Putney 
et  Richemond,  qui  sont  peintes  en  blanc,  et 
celles  de  Kensington,  ou  de  Hammersmitb, 


qui  sont  peintes  en  rouge.  Le  prix  des  places 
est  de  40  à 50  centimes  selon  la  distance. 

Nous  avons  reçu  les  plus  aimables  invita- 
tions de  la  part  de  la  commission  organisa- 
trice de  l’Exposition  internationale  d’horti- 
culture de  Londres,  C’est  pour  nous  un 
véritable  chagrin  que  des  circonstances 
personnelles  nous  empêchent  de  nous  y 
rendre.  Mais  nous  prendrons  des  mesures 
pour  que  la  Revue  horticole  soit  représentée 
dans  cette  solennité  et  que  les  lecteurs  en 
aient  un  fidèle  compte-rendu. 

J.  A.  Rarral. 


SUR  L’AILANTUS  FLAVESCENS. 


En  publiant  dans  le  n»  de  lai  Revue  horti- 
cole du  octobre  dernier  (page  366)  une 
note  sur  VAilantus  flavescens,  note  dans 
laquelle  j’indiquais  les  caractères  que  pré- 
sente cette  plante  et  les  comparais  cà  ceux 
que  présente  l’Aiiante  ordinaire  (Ailanlus 
glandulosa)]  j’ai  omis  d’indiquer  un  carac- 
tère très-important  : celui  que  présentent 
les  racines,  qui  porte  sur  la  nature  et  l’as- 
pect de  celles-ci.  Voici  ce  caractère  : Chez 
VAilantus  glandulosa , les  racines  sont 
blanches,  ligneuses,  solides  et  peu  rami- 
fiées; elles  n’ont  pas  d’odeur  sensible. 
Chez  VAilantus  flavescens,  au  contraire. 


elles  sont  rouges,  rameuses,  charnues 
comme  celles  de  la  plupart  des  Rhus  gla- 
bra,  elegansy  typhina  etc.  ; de  plus  elles 
dégagent  une  odeur  un  peu  vireuse,  fadasse, 
presque  nauséabonde,  à peu  près  analogue  à 
celle  que  dégagent  les  feuilles  de  celle 
même  espèce. 

J’ajoute  qu’à  l’époque  de  la  chute  des 
feuilles  les  pétioles  communs  ou  rachis  de 
VAilaîîtiis  flavescens  sont  d’un  jaune  pâle  . 
tandis  que  ceux  de  VAilantus  gtandatosa 
conservent  leur  couleur  verte. 

Carrière. 


REVUE  DES  PUBLICATIONS  HORTICOLES  DE  L’ÉTRANGER. 


Dans  le  dernier  numéro  de  la  Revue, 
nous  avons  signalé  (page  152)  le  Neerland’s 
Plantentuin,  ce  nouveau  recueil  hollandais 
sur  lequel  nous  allons  aujourd'hui  jeter  un 
coup  d’œil  rapide  et  que  nous  compren- 
drons désormais  parmi  les  publications  dont 
nous  tiendrons  nos  lecteurs  régulièrement 
au  courant. 

Le  Neerland's  Plantentum,  Jardin  des 
Plantes  néerlandais,  ne  donne  pas  seule- 
ment, comme  son  titre  le  promet,  des  figu- 
res et  descriptions  de  plantes  ornementales 
pour  les  jardins  et  les  salons,  mais  il 
accorde  aussi  une  place  très-large  aux 
communications  originales  de  la  botanique 
et  de  l’horticulture,  à la  revue  des  publica- 
tions horticoles  illustrées  de  Eélranger  et  à 
la  bibliographie  botanique  et  horticole. 

M.  le  Df  G.  A.  J.  A.  Oudemans,  profes- 
seur de  botanique  à Amsterdam,  dirige  ce 
recueil  intéressant  avec  la  collaboration 
constante  de  MM.  G.  Glijm,  horticulteur- 
fleuriste  d’Utrecht  ; J.  B.  Grœnewegen  , 
horticulteur-fleuriste  d’Amsterdam  ; J.  H. 
Krelage,  horticulteur-fleuriste  de  Harlem; 
et  H.  Witte,  jardinier  en  chef  du  Jardin  bo- 
tanique de  Leide. 

Le  nouveau  recueil  mensuel  a un  mérite 


particulier,  c’est  qu’il  ne  se  borne  pas  à 
donner  les  figures  suivies  de  leurs  descrip- 
tions de  plantes  ornementales  introduites 
récemment  en  horticulture.  Il  s’occupe 
aussi  bien  de  plantes  ornementales  ancien- 
nement connues  et  non  pas  seulement  le 
plantes  exotiques  mais  aussi  des  végétaux 
indigènes  qui  peuvent  servir  à embellir  nos 
jardins.  Ainsi  il  nous  offre  les  Cyclamens, 
leGalathusnivadis,  V Azalea  indica,  VArdi  - 
siacrispa,\e  Wigandia  Caracassana,\e  Yucca 
gloriosa,  VEranthis  hiemelis,  etc.  Chaque 
plante  figurée  est  accompagnée  d’une  des- 
cription très-soignée  qui  traite  avec  beau- 
coup de  détails  l’historique  de  la  plante  en 
question  et  sa  synonymie,  s’il  y en  a,  ainsi 
que  la  place  qu’occupe  dans  la  série  des 
végétaux  le  genre  auquel  elle  appartient. 

Le  premier  volume  du  Plantentuin  nous 
offre  en  tout  18  planches  coloriées  exécutées 
avec  beaucoup  de  soin.  Nous  signalons 
entre  autres  d’une  manière  particulière  lé 
Pavetta  incarnata  à fleurs  blanches,  char- 
mante Rubiacée  très-florifère  des  Indes- 
Orientales,  à larges  feuilles  lancéidées,  oppo- 
sées; le  Roella  ciliata,  jolie  Campanulacée 
du  Cap  de  Bonne-Espérance  , à grandes 
fleurs  d’un  bleu  violacé  pâle.  Celte  plante 


REVISE  DES  PUBLICATIONS  HORTICOLES  DE  L’ÉTRANGER. 


n’est  nullement  une  nouveauté  dans  les 
jardins,  mais  il  est  à regretter  qu’on  ne  l’y 
trouve  pas  aussi  fréquemment  quelle  le 
mérite. 

Le  premier  cahier  de  l’année  i 866  con- 
tient la  figure  du  Platycodon  autumnale, 
Decaisne.  Cette  belle  Campanulacée  qui  déjà 
à plusieurs  reprises  a formé  le  sujet  de 
figures  et  de  descriptions  dans  la  Revue 
horticoJe  L M.  Oudemans  nous  offre  quatre 
variétés  de  cette  belle  plante  : le  type  à 

Heur  bleue  simple;  2®  la  variété  bleue  à 
Heur  double,  c’est-à-dire  à deux  corolles 
emboîtées  l’une  dans  l’autre;  3®  la  variété  à 
Heur  blanche  simple;  4®  la  variété  blanche 
à Heur  double. 

Une  plante  délicieuse  et  nouvelle  dont  le 
Plantentuin  nous  donne  encore  la  figure  et 
la  description  dans  son  premier  cahier  est 
le 

Desmotliiim  pencluliflorum,  OUDEMANS. 

Cette  charmante  Légumineuse  japonaise, 
introduite  de  Yeddo  par  M.  de  Siebold  en 
1862,  forme  un  arbuste  de  l'".60  à 2 mètres 
de  hauteur,  à feuilles  trifoliées,  à folioles 
oblongues  ou  oblongues-lancéolées.  Dans 
la  partie  supérieure  des  rameaux  de  cette 
plante  on  voit  naître,  de  chaque  aisselle  des 
feuilles,  une  longue  grappe  Horale  pendanle 
à son  sommet,  composée  de  seize  à vingt- 
quatre  Heurs  assez  grandes,  pendantes,  d’uii 
riche  pourpre.  M.  Oudemans  recommande 
cette  plante  comme  étant  de  pleine  terre; 
elle  Heurit  du  mois  d’août  jusqu’en  octobre. 
Elle  n’a  nullement  besoin,  selon  lui,  d’être 
entourée  de  soins  particuliers  pendant  l’hi- 
ver. Sa  partie  aérienne  disparaît  chaque 
année;  mais  la  souche  vivace  repousse  vi- 
goureusement l’année  suivante. 

Le  second  et  le  troisième  cahier  du  Plan- 

1 Voir  la  Revue  horticole  de  1848,  p.  361,  fia;.  19  ; 
eide  1858,  p.  548,  fig.  173. 

SUR  LES  POMMIERS  EN 

L’innovation  de  la  forme  en  cordon  ho- 
rizontal appliquée  aux  Pommiers-Paradis 
remonte  déjà  à plusieurs  années,  et  les  avan- 
tages reconnus  de  ce  nouveau  genre  de 
cultiverles  arbres  l’ont  fait  accueillir  jusque 
dans  le  jardin  de  la  plus  modeste  chau- 
mière. L’établissement  de  ces  cordons  est 
d’une  exécution  prompte  et  facile  sans  né- 
cessiter de  grands  frais.  La  taille  et  leur 
gouvernement  sont  devenus  accessibles  au 
plus  grand  nombre.  C’est  ainsi  que,  dans 
un  endroit  qui  ne  pourrait  être  mieux  utilisé, 
que  l’on  peut  jouir  dans  un  laps  de  temps 
très- court  de  l’aspect  vraiment  séduisant 
d’un  charmant  rideau  de  verdure  sous  lequel 
viennent  s’abriter  de  beaux  et  bons  fruits. 


tentiiin  de  1866  offre  les  deux  espèces  sui- 
vantes : 

FîciisSnringarîi,  H.  WlTTE. 

Cette  belle  plante  à feuillage  ornemental 
a été  découverte  à Amboina,  par  M.  Teys- 
mann,  jardinier  au  Jardin  botanique  de 
Buïtenzorg,  dans  l’île  de  Java.  Les  grandes 
feuilles  longuement  pétiolées,  suborbicu- 
laires,  en  cœur  à la  base,  ne  sont  pas  co- 
riaces mais  herbacées;  elles  se  terminent  par 
une  pointe  assez  longue;  elles  sont  traver- 
sées par  cinq  nervures  principales  et  par  de 
nombreuses  nervures  secondaires  d’un  beau 
rouge  éclatant.  Les  nœuds  de  la  tige  offrent 
cette  même  couleur,  ce  qui  rend  la  plante 
ornementale  à un  haut  degré. 

C'irrho|telalum  Palimlii,  DE  Vriese. 

Magnifique  Orchidée  qui  a été  découverte 
par  M.  Teysmann  au  mont  Salak,  voisin  de 
Buïtenzorg,  dans  l’île  de  Java.  M.  de  Vriese 
lui  a donné  son  nom  spécifique  en  honneur 
de  M.  Pahud,  gouverneur  général  des  Indes- 
Néerlandaises.  C’est  une  espèce  croissant 
sur  les  troncs  des  arbres,  à pseudobulbes 
cylindriques  comprimés,  un  peu  courbés, 
longs  de  0'“.10à0"M3  et  larges  de  0"‘.025, 
enveloppés  à moitié  par  de  grandes  bractées 
scarieuses.  Chaque  pseudobulbe  porte  une 
seule  feuille  elliptique  allongée  , acumi- 
née,  longue  environ  de  0"\36  et  large  de 
0"M0.  Les  hampes  Horales  se  développent 
à la  base  des  pseudobulbes  et  portent  huit 
à douze  grandes  Heurs  rouge -brunâtre 
disposées  en  ombelles.  Les  sépales  et  péta- 
les lancéolées  se  terminent  en  des  prolon- 
gements filiformes  tordus  comme  des  vril- 
les, particularité  à laquelle  le  nom  du  genre 
Cirrhopetalum  (pétale  en  vrille)  fait  allu- 
sion. Le  labelle  charnu  est  d’un  pourpre 
foncé. 

J.  Groenland, 


CORDONS  HORIZONTAUX. 

Ces  arbres,  retenus  à proximité  du  sol  et 
de  la  chaleur,  offrent  beaucoup  d’avantages 
sur  ceux  cultivés  en  vase  ou  toute  autre 
grande forme;ils peuvent,  sans  frais  onéreux, 
être  défendus  par  des  abris  faciles  contre 
les  atteintes  des  gelées  printanières  ; les 
fruits  sont  ensuite  pour  ainsi  dire  soustraits 
à l’inHuence  de  la  violence  des  vents  et 
bourrasques  qui  causent  le  plus  grand  dom- 
mage à l’approche  delà  récolte,  comme  cela 
a lieu  ordinairement  avec  les  arbres  élevés 
suivant  l’ancienne  méthode.  Semblable  à 
des  sentinelles  posées  à la  défense  d une 
place  forte,  les  petits  arbres  actuels  sont 
plantés  lur  une  ou  plusieurs  lignes  parallè- 
les en  bordures  des  plates-bandes  des  espa- 


SUR  LES  POMMIERS  EN  CORDONS  HORIZONTAUX. 


187 


liers  üù  leur  faible  hauteur  n’empêche  point 
le  jardinier  d’y  pénétrer  pour  donner  ses 
soins.  Ils  forment  enfin  une  clôture  protec- 
trice qui  semble  s’opposer  formellement  à 
l’introduction  de  la  culture  des  légumes, 
dont  l’habitude  funeste  et  vicieuse  occa- 
sionne de  si  grands  ravages  dans  les  endroits 
où  elle  se  trouve  encore  malheureusement 
pratiquée  de  nos  jours. 

Après  avoir  cà  peu  près  énuméré  les 
avantages  de  la  méthode  des  Pommiers- 
cordons.  Il  me  reste  à signaler  aux  lecteurs 
de  la  Revue  une  remarque  importante  que 
j’ai  faite  sur  la  plantation  de  ces  arbres, 
dans  le  but  de  favoriser  leur  formation  avec 
plus  de  rapidité  et  sans  obstacle  aucun, 
pour  les  personnes  qui  veulent  s’occuper 
de  cette  direction,  faveur  qui  me  semble 
refusée  parle  système  généralement  admis; 
non  pas  que  j’ai  cependant  la  prétention  de 
vouloir  contrôler  qui  que  ce  soit,  j’en  serai 
bien  fâché.  Je  ne  veux  seulement  qu’indi- 
quer le  moyen  d’obvier  à un  inconvénient 
trop  fréquent  et  qui  me  paraît  de  nature  à 
atténuer  sensiblement  le  mérite  et  la  prin- 
cipale ressource  que  l’on  peut  obtenir  par 
cette  culture.  Voici  ce  dont  il  s’agit  : 

Les  Pommiers  destinés  à la  formation 
des  cordons  unilatéraux  sont  des  sujets  d’un 
an  de  greffe,  que  l’on  plante  depuis  1"L50 
jusqu’au  mètres;  suivant  leur  nature  plus 
ou  moins  vigoureuse.  Les  instructions  don- 
nées par  la  plantation  consistent  à placer 
l’arbre  dans  une  position  verticale  et  d’a- 
baisser ensuite  àleur hauteur,  qui  varie  entre 
et  jusqu’à  0^". 50,  leur  extrémité  sur 
un  fil  de  fer  galvanisé  disposé  à cet  effet. 

La  disposition  verticale  de  la  tige  de  l’ar- 
bre d’abord,  et  ensuite  l’abaissement  brus- 
que sur  le  fil  de  fer  à 0"*.45  ou  0«i.50  du 
sol,  imprimé  une  courbure  très -prononcée 

SACCHARUM 

Deux  catalogues  importants  de  plantes 
de  haut  ornement  pour  les  jardins  et  les 
squares  viennent  d’être  publiés,  l’un  par 
le  service  municipal  des  promenades  et  plan- 
tations de  la  ville  de  Paris,  l’autre  par  la 
maison  Vilmorin.  Dans  ces  deux  catalo- 
gues, nous  trouvons,  entre  autres  acquisi- 
tions récentes  remarquables,  la  description 
du  Saccharum  œgijptiacum,  une  plante 
tout  à fait  nouvelle,  dont  les  premiers  pieds 
ont  été  mis  dans  le  commerce  cette  année 
même. 

L’introduction  en  France  de  ce  Sac- 
charum est  due  a M.  A.  Letourneux,  bota- 
niste et  conseiller  à la  Cour  impériale  d’Al- 
ger, qui  en  fit  la  découverte,  en  1862,  dans 
la  province  de  Constanline,  au  sud  du  cer- 
cle de  Bône.  Les  prem  iers  échantillons  vi- 
vants en  furent  envoyés  à M.  Durieu  de 


qui  va  quelquefois  jusqu’à  la  rupture,  sont 
deux  effets  qui  mettent  la  sève  en  contra- 
riété dans  sa  course  en  l’empêchant  d’ali- 
menter l’allongement  annuel  du  bourgeon 
de  prolongement.  En  effet,  au  point  de  dé- 
part de  l’arcure  qu’elle  ne  peut  se  résoudre 
à franchir,  elle  y séjourne  et  fait  développer 
quantité  de  bourgeons  vigoureux  qui,  bien 
que  surveillés  aciivement,  s’obstinent  néan- 
moins de  reparaître  chaque  année  au  détri- 
ment de  l’économie  de  l’arbre.  Il  n’est  per- 
sonne qui  ne  reconnaisse  que  ces  mêmes 
effets  sont  produits  par  des  circonstances 
analogues  lorsqu’il  s’agit  du  dressage  mal 
fait  des  membres  des  autres  arbres  que  nous 
sommes  appelés  à diriger. 

Voici  donc  le  moyen  que  j’emploie  pour 
éviter  le  désordre  que  j’ai  rencontré  partout 
où  j’ai  vu  des  Pommiers  établis  en  cordons. 
Je  peux  assurer  le  succès  complet  aux 
personnes  qui  désireront  en  faire  l’essai 
dès  cette  année  même.  Plus  d’un  millier 
d’échantillons,  que  j’ai  ainsi  formés,  prou- 
vent mieux  que  ce  que  je  dis  l’efficacité  du 
procédé.  Ainsi,  je  commence  d’abord  par 
réduire  à moitié  la  hauteur  conseillée  et 
suivie  pour  la  formation  des  cordons,  en 
les  abaissant  à 0>n.25  au  lieu  de  0™.50;  en- 
suite je  plante  mes  arbres  obliques  à 55  de- 
grés au-dessous  de  la  verticale.  La  marche 
de  la  sève  ne  rencontre  aucun  obstacle  et  la 
jonction  des  extrémités  des  arbres  peut  avoir 
lieu  à la  troisième  année,  plantés  à 1 ™.50  de 
distance,  et,  vers  la  quatrième  année,  s’ils 
sont  plantés  à 2 mètres.  Les  fruits  reçoivent 
plus  de  chaleur  et  plus  de  rosée,  ils  devien- 
nent plus  beaux  et  plus  savoureux.  J’ai  soin 
néanmoins  de  couvrir  le  sol  d’un  bon  paillis 
qui  empêche  les  fruits  d’être  salis  par  la 
terre,  lors  des  pluies  battantes. 

F.  Marc. 


Maisonneuve,  le  savant  directeur  du  Jardin 
botanique  de  Bordeaux  et  l’un  des  auteurs 
de  la  flore  d’Algérie. 

Depuis  longtemps  déjà,  cette  plante  avait 
été  signalée  à l’attention  des  horticulteurs 
comme  une  de  celles  dont  l’introduction 
était  le  plus  à désirer,  surtout  depuis  que 
le  goût  des  plantes  pittoresques  à grand 
feuillage  est  devenu  à la  mode.  A plusieurs 
reprises,  on  avait  envoyé  des  Indes  Orien- 
tales et  de  la  basse  Egypte,  où  elle  croît  à 
l’état  spontané,  des  graines  de  cette  espèce, 
mais  elles  furent  semées  sans  succès  : c’est 
donc  à MM.  Letourneux  et  Durieu  de  Mai- 
sonneuve' que  revient  tout  l’honneur  de 
l’introduction  de  cette  plante  intéressante. 

Le  Saccharum  œgyptiacum  est  une  gra- 
minée, un  roseau  gigantesque,  qui  peut 
rivaliser  jusqu’à  un  certain  point  avec  les 


188 


SACCHARUM  ÆGYPTIACUM. 


Bambiisa,  \esArundo,  les  Erianthus  et  les 
Gtjneriim.  D’une  croissance  très-vigou- 
reuse, il  développe  rapidement  des  chau- 
mes nombreux  feuillés  de  bas  en  haut,  qui 
forment  des  touffes  volumineuses,  s’élevant 
de  2 à 3 mètres,  ce  qui  arrive  surtout  la 
seconde  et  la  troisième  année  qui  suhent 
la  plantation.  Le  feuillage  abondant,  l )n- 
guement  rubané  avec  la  nervure  médiane 
blanche,  retombe  en  gerbe  d’un  effet  très- 
pittoresque.  Toute  la  plante,  chaumes  et 
feuilles,  est  couverte  de  poils  mous  et 
soyeux,  d’une  teinte  grisâtre,  qui  donne  à 
cette  espèce  un  aspect  particulier  qui 
augmente  son  mérite  décoratif. 

La  floraison  du  Sacchariim  œgyptiacum 
n’a  pas  encore  été  obtenue  en  France,  et, 
bien  que  les  inflorescences  en  soient,  pa- 
raît-il, assez  remarquables,  la  plante  n’en  a 
pas  besoin  pour  être  très-ornementale  par 
ses  seuls  chaumes  feuillés.  Il  est  d’ailleurs 
probable  que  cette  floraison  n’aura  lieu  ré- 
gulièrement que  dans  le  Midi,  et  l’on 
pourra  se  faire  une  idée  de  sa  beauté,  par 
le  passage  suivant  d’une  lettre  qu’écrivait 
au  sujet  de  cette  plante  M.  Pétot,  jardinier 
en  chef  du  Jardin  d’acclimatation  du  Caire, 
qui  en  avait  envoyé  des  graines  en  1863. 

« Cette  plante  est  vraiment  superbe;  elle 
croît  sur  les  talus  humides  des  canaux  du  Nil, 
où  elle  joue  un  grand  rôle  dans  l’ornemenla- 
lion  de  ces  parages.  Les  tiges  (chaumes),  attei- 
gnent ordinairement  lm.5U  à 2 mètres  de  hau- 
teur; la  panicule  florale  est  bien  fournie,  très- 
soyeuse,  d’un  blanc  argenté,  longue  d’environ 
Oni.25  à On». 30,  quelquefois  plus.  Je  suis  con- 
vaincu que  cette  plante,  qui  du  reste,  a beau- 
coup de  similitude  avec  le  Gynérium  ar  g en- 
teum^  pourra  concourir  à l’ornementation  des 
pelouses  et  des  abords  des  pièces  d’eau. 

<■(  Il  sera  prudent  je  crois,  de  rentrer  en 
hiver  quelques  pieds  de  cette  plante  en  serre 
tempérée  et  en  orangerie,  où  l’on  pourra  la 
cultiver  en  baquet  dans  de  la  terre  franche 
mélangée  de  terre  de  bruyère. 

((  Quoique  habitant  les  lieux  humides,  le  pied 
n’en  est  jamais  submergé,  et  je  pense  que  la 
culture  que  l’on  donne  au  Cgperus  papyrus 
lui  conviendrait  sous  tous  les  rapports.  » 

On  voit  par  cette  relation,  que  le  Saccha- 
rum  œgyptiaciim  a déjà  gagné  en  dévelop- 
pement chez  nous,  puisque  ses  chaumes  y 
ont  atteint  de  2 à 3 mètres  sans  la  panieule 
florale.  Quant  à sa  rusticité,  elle  paraît 
plus  grande  que  ne  le  supposait  M.  Pétot, 
puisque  M.  Durieu  de  Maisonneuve  le  cul- 
tive avec  un  plein  succès  depuis  trois  ans 

UN  NOUVEAU  Mi 

Les  mastics  à greffer  s’employant  à froid 
sont  les  plus  commodes  pour  les  opérations 
d’arboriculture,  et  les  seuls  qui  ne  présentent 
aucun  danger  pour  les  arbres.  Ceux  con- 


dans  le  Jardin  botanique  de  Bordeaux  et 
dans  ses  annexes,  à l’air  libre,  sans  couver- 
ture,et  en  pleine  terre  ordinaire  de  jardin. 

On  est  porté  à supposer,  d’après  ces  don- 
nées, que  cette  plante  pourra  probablement 
être  laissée  en  place  sous  le  climat  de  Paris; 
mais  comme  elle  n’y  a point  encore  fait  ses 
preuves,  nous  conseillerons  par  prudence, 
et  au  moins  pour  la  première  année,  de  l’y 
garantir  l’hiver  au  moyen  de  branchages,  de 
paillis,  de  feuilles  amoncelées  autour  du 
pied,  ou  mieux  d’un  capuchon  de  paille, 
comme  cela  se  pratique  habituellement 
pour  les  espèces  susceptibles  au  froid.  Nul 
doute,  au  contraire,  que  cette  plante  ne  soit 
parfaitement  rustique  dans  le  Midi,  où  l’on 
pourra  espérer  de  la  voir  développer  ses 
magnifiques  inflorescences  soyeuses  argen- 
tées, et  où  elle  ne  tardera  pas  à devenir 
d’une  culture  générale. 

Quant  à sa  multiplication,  elle  se  fera 
avec  la  plus  grande  facilité  au  printemps,  au 
moment  de  la  végétation,  par  la  séparation 
des  touffes  ou  par  le  bouturage  des  rhizomes 
traçants  que  cette  plante  produit  abondam- 
ment. Il  suffira  pour  en  obtenir  la  reprise, 
de  les  placer  pendant  quelques  jours  sur  une 
couche  chaude,  ou  en  pots  sur  couche  ou  en 
serre,  et  leur  mise  en  place  pourra  et  devra 
s’effectuer  dans  le  courant  de  mai. 

Le  Saccharum  œgypliacMm  est  une  bonne 
acquisition,  et  une  nouveauté  de  premier 
ordre  pour  la  décoration  des  jardins  pay- 
sagers. Quelques  pieds  isolés,  ou  groupés 
par  trois  ou.  cinq  sur  les  pelouses,  aux 
abords  des  pièces  d’eau  ou  dans  les  parties 
accidentées,  y produiront  un  très-bon  effet. 
Ce  sera  probablement  aussi  une  plante  re- 
commandable pour  former  rapidement  tos 
le  midi  des  rideaux  de  verdure  et  des  abris  ; 
peut-être  encore,  pourra-t-on  s’en  servir 
avantageusement  pour  garnir  des  talus, 
soutenir  des  glacis,  et  ses  chaumes,  ([ui 
sont  susceptibles  d’acquérir  une  certaine 
consisJLance,  trouveront-ils  à être  employés 
aux  memes  usages  que  les  différents  ro- 
seaux. 

La  maison  Vilmorin-Andrieux  et  C'®, 
4,  quai  de  la  Mégisserie,  à Paris,  meten 
vente  le  Saccharum  œgyptiacum  en  vente 
au  prix  de  15  fr.  Chaque  sujet  en  pot.  Le 
jardin  fleuriste  de  la  ville  de  Paris,  137, 
avenue  d’Eylau,  l’échange  contre  d’autres 
végétaux,  pour  cette  même  valeur  de  15  fr. 

A.  Ferle T. 


TIC  A GREFFER. 

nus  jusqu’à  présent  laissent  à désirer  : 
les  uns  sont  trop  durs;  les  autres  coulent 
au  soleil,  se  fendent  ou  tombent  au  bout 
de  quelques  semaines, 


UN  NOUVEAU  MASTIC  A GREFFER. 


189 


M.  Derouet  m'a  remis,  il  y a trois  mois, 
un  mastic  à greffer  de  sa  composition,  en 
m’assurant  qu’il  ne  coulait  pas,  ne  se  fon- 
dait jamais  et  restait  toujours  adhérent,  et 
en  me  priant  de  l’essayer  comparativement 
avec  tous  les  autres,  avant  de  le  mettre 
dans  le  commerce. 

Depuis  cette  époque,  j’ai  fait  des  essais 
comparatifs  du  mastic  Derouet,  avec  tous 
les  mastics  à greffer  à froid  qui  m’étaient 
connus.  Je  crois  rendre  un  service  aux  hor- 


ticulteurs et  aux  amateurs  d’arboriculture 
en  leur  signalant  ce  mastic  à greffer,  et 
hommage  à la  vérité  en  affirmant  qu’il  a 
tenu  toutes  les  promesses  de  son  inven- 
teur. Ce  mastic  s’est  montré  supérieur  à 
tous  les  autres  par  toutes  les  températures; 
il  reste  malléable,  ne  coule  pas  au  soleil, 
ne  durcit  pas  trop  à l’humidité  et  est  d’une 
adhérence  parfaite. 

Gressent, 

Professeur  d’arboriculture. 


ÉCHELLES  POUR  LA  CULTURE  DES  ARBRES  FRUITIERS. 


La  mécanique  agricole  est  un  des  princi- 
paux agents  qui  concourent  le  plus  au  pro- 
grès de  notre  économie  rurale.  Pour  la 
culture  des  terres,  on  voit  à tout  moment 
inventer  ou  perfectionner  des  instruments 
de  toute  sorte.  La  culture  des  arbres 
n’a  point  reculé  devant  ce  mouvement  : les 
sécateurs,  les  scies,  les  greffoirs,  etc.,  pré- 
sentent des  modèles  de  solidité,  de  simpli- 
cité et  de  facilité  aussi  variés  qu’on  peut 
les  désirer. 

En  présence  d’une  telle  perfection,  je 
m’étonne  qu’un  genre  d’instruments  appli- 
cables en  arboriculture  reste  pour  ainsi 
dire  stationnaire  : je  veux  parler  des 
échelles. 

Tout  le  monde  sait  qu’une  échelle  est  in- 
dispensable pour  exécuter  exactement  la 
taille,  le  pinçage,  la  cueillette,  la  greffe,  la 
destruction  des  nids  de  chenilles,  etc.,  lors- 
que l’arbre  est  jeune,  et  pour  faire  les  mê- 
mes opérations,  lorsque  l’arbre  est  fort,  aux 
extrémités  des  branches. 

Les  échelles  que  je  connais,  pour  servir  à 
la  culture  des  arbres  isolés,  sont,  à mon 
avis,  d’une  construction  trop  compliquée, 
ce  qui  fait  qu’elles  sont  peu  répandues  dans 
nos  campagnes,  et  d’un  usage  difficile  et 
même  plus  ou  moins  dangereux  pour  l’ou- 
vrier. Il  serait  donc  nécessaire  d’avoir  des 
échelles  d’une  construction  simple , d’un 
usage  facile  et  sûr.  En  vue  de  contribuer  à 
la  solution  de  ce  problème,  je  me  fais  un 
devoir  de  communiquer  aux  horticulteurs  le 
résultat  de  mes  modestes  travaux. 

Dans  les  dessins  de  la  page  suivante, 
j’ai  voulu  montrer  plusieurs  modèles  que 
j’ai  imaginés  pour  les  différents  cas  Je 
la  culture  des  arbres  en  pleins  champs.  La 
fig.  17  représente  une  échelle  très-répandue 
dans  nos  environs  (Tonneins,  Lot-et-Garon- 
ne); elle  repose  sur  deux  pieds  P et  P. 
Lorsque  la  surface  du  terrain  est  inégale, 
l’échelle  se  place  difficilement.  Lorsque  le 
sol  est  trop  mouillé,  les  pieds  s’enfoncent 
dans  la  terre,  et  souvent  inégalement;  son 
usage  devient  encore  plus  difficile  lorsque, 
sous  les  arbres  fruitiers,  il  se  trouve  des 
pieds  de  Vigne  plus  ou  moins  rapprochés. 


J’ai  remédié  tà  ces  inconvénients  en  plaçant 
de  champ  une  plaque  de  fer  ou  de  tôle  (ou 
même  de  bois  si  le  sol  sur  lequel  on  doit 
opérer  n’est  pas  trop  saisi)  au  bas  du  mon- 
tant de  l’échelle  (fig.  18).  Une  partie  de 
cette  plaque  est  noyée  dans  le  bois,  perpen- 
diculairement aux  échelons. 

Un  autre  inconvénient  des  échelles  ordi- 
naires, c’est  qu’elles  ont  des  chevilles  rondes 
qui  fatiguent  les  pieds  de  l’ouvrier.  J’ai 
imaginé  le  moyen  suivant  pour  y appliquer 
des  échelons  larges  : je  prends  pour  mon- 
tant une  planche  étroite,  plus  ou  moins  lon- 
gue, à laquelle  je  donne  la  forme  représen- 
tée par  la  fig.  19.  Les  échelons  sont  placés 
en  travers  sur  chacune  des  étagères  A,  qui 
seraient  évidemment  trop  étroites  pour  sup- 
porter solidement  les  échelons,  si  je  n’avais 
cloué  de  chaque  côté  de  la  planche  un  sup- 
port appliqué  de  champ  et  dont  le  dessus 
est  à niveau  de  chaque  étagère.  Ce  petit 
support  se  voit  en  haut  de  la  figure  19. 
La  figure  20  montre  comment  sont  disposés 
les  supports  et  les  échelons. 

Le  point  d’appui  inférieur  que  je  conseille 
peut , je  crois , s’appliquer  à toutes  les 
échelles  des  champs,  mais  le  point  d’appui 
supérieur  varie  selon  les  modèles.  Ainsi, 
dans  les  échelles  simples,  l’extrémité  supé- 
rieure s’engage  dans  l’angle  aigu  que  forment 
I deux  branches  à leur  point  de  jonction  , 
comme  on  le  voit  dans  la  figure  18.  Dans  ma 
grande  échelle  à trois  pieds  (fig.  21),  l’extré- 
mité supérieure  de  l’échelle  simple  repose 
entre  les  deux  bouts  de  deux  montants  rap- 
prochés par  le  haut  et  éloignés  par  leurs 
bases  en  raison  de  leur  hauteur.  Ces  deux 
montants  sont  unis  solidement  : 1®  par  deux 
traverses  croisées  obliquement  et  reliées 
par  un  clou  à leur  point  de  rencontre; 
2»  par  une  seconde  traverse  horizontale; 
3o  par  un  bout  de  planche  placé  horizonta- 
lement ; 4»  par  une  cheville  ronde  en  bois 
dur.  Cette  cheville  s’engage  dans  un  trou 
placé  à l’extrémité  supérieure  de  l’échelle 
simple  et  au-dessous  du  bout  de  planche,  ce 
qui  permet  à l’instrument  de  s’ouvrir  et  de 
se  fermer  à volonté.  Deux  rondelles  en  bois, 
une  de  chaque  côté  de  l’échelle  simple  ^ 


190 


ÉCHELLES  POUR  LA  CULTURE  DES  ARBRES  FRUITIERS. 


tiennent  celle-ci  au  milieu  de 
des  deux  montants  opposés. 


'extrémité  i La  stabilité  de  l’équilibre  est  d’autant 
I plus  certaine,  que  la  base  des  trois  montants 


Fig.  18.  — Échelle  simple 
perfectionnée  par  M.  Ley- 
risson. 


lièrement  espa- 
cée L En  consi- 
dération de  ce 
même  princi- 
pe, j’ai  cons- 
truit un  troi- 
sième modèle 
(fig.  22  et  23). 

Ici  j’ai  trouvé 
raisonnable  de 
laisser  les  trois 
montants  im- 
mobiles, vu  la 
faible  hauteur 
de  l’échelle  et 
le  grand  avan- 

tage  qu  il  y a a — Disposition  des 

n’avoir  qu’à  pO-  échelons  et  des  supports. 

ser  son  échelle 
par  terre  pour 
qu’elle  soit  en 
état  de  suppor- 
ter l’ouvrier. 


^Tout  observa- 
teur peut  com- 
prendre qu’une 
échelle  à quatre 
pieds  n’est  solide 
que  sur  un  sol  par- 
faitement plan  et 
ferme.  Comme  en 
plein  champ  ces 
conditionssontex- 
ceptionnelles , il 

arrive  ordinairement  que  l’échelle  ne  porte  que  sur 
trois  pieds,  qui,  naturellement,  sont  irrégulière- 
ment espacés  l’un  de  ,1’autre. 


Fig.  22. — Petite  échelle  fixe  à 
trois  pieds  et  à échelons 
larges,  vue  de  face. 


La  base  des 
trois  montants 
étant  trop  min- 
ce, j’y  ai  cloué 
un  disque  d’un 
diamètre  supé- 
rieur en  D,  afin 
d’éviter  que  les 
pieds  ne  s’en- 
foncent lors- 
que le  terrain 
cède.  Au  cen- 
tre du  disque 
des  montants 
de  l’échelle 
simple , j’en- 
fonce une  pe- 
tite cheville  de 
fer  , laquelle 
s’accroche  dans 
le  sol  et  con- 
court au  main- 
tien de  l’équi- 
libre. Il  faut 
avoir  soin  que 
les  chevilles 
aient  la  même 
longueur  au- 
dessous  des 
montants  oppo- 
sés que  la  pla- 
que au-dessous 
du  montant 
principal. 

Les  montants  de  ces  diverses  échelles  doi- 
vent être  en  boisblancpour  plus  de  légèreté. 


Fig.  il.  — Grande  échelle  pliante 
à trois  pieds. 


R&vtu'  Nor'Uc^'lc- 


Yerns  Pim'- 


lmp  2smte  r des  Boulangers .lôPans 


Rlif>rlodendron  hodg.soni 


■ ".U  . 


ÉCHELLES  POUR  LA  CULTURE  DES  ARBRES  FRUITIERS. 


191 


Quant  aux  divers  usages  auxquels  elles  sont 
spécialement  destinées  et  à leurs  dimensions 
approximatives,  l’éclielle  simple  peut  se  con- 
struire de  toutes  les  hauteurs  voulues;  elle 
sert  pour  les  arbres  les  plus  élevés  comme 
pour  les  petits,  lorsque  les  pieds  de  Vigne,  par 
exemple,  empêchent  d’y  transporter  facile- 
ment la  petite  échelle  à trois  pieds  fixes.  La 
grande  échelle  à trois  pieds  a 2*’™. 60  de  hau- 
teur ; elle  ne  me  sert  guère  que  pour  la  cueil- 
lette des  fruits,  tels  que  : mûres,  cerises,  etc. 
Je  la  laisse  sous  les  arbres  tant  que  dure  la 
saison  de  ces  fruits.  Elle  ne  peut  pas  facile- 


ment se  déplacer,  mais  elle  est  de  toute  so- 
lidité en  place.  La  petite  échelle  à trois  pieds 
fixes  est  d’une  hauteur  de  1"\30;  le  disque 
qui  la  surmonte  doit  avoir  au  moins  0™.30  de 
diamètre;  elle  sert  : 1®  pour  les  jeunes  ar- 
bres du  verger;  pour  les  tonnelles  ou 
Vignes  hautes;  et,  3»  pour  les  appartements, 
surtout  pour  atteindre  au  plafond;  elle  est 
d’une  grande  utilité,  par  exemple,  pour  pen- 
dre fes  tabacs  dans  un  grenier. 

A. -P.  Leyrisson, 
Cultivateur  à Tridon,  par  Tonneius 
(Lot-et-Garcnne). 


RHODODENDRON  HODGSONI. 


Les  montagnes  de  l’Himalaya,  avec  leur 
splendide  végétation  dans  laquelle  surtout 
les  Piosages  jouent  un  rôle  si  prédominant, 
sont  aussi  la  patrie  de  la  magnifique  plante 
qui  fait  le  sujet  de  cette  note,  et  dont  la  fi- 
gure a été  exécutée  d’après  le  Botanical 
Magazine.  Ce  magnifique  arbuste,  aussi  re- 
marquable par  son  feuillage  que  par  la 
beauté  de  ses  fleurs,  a été  découvert  en 
1838,  par  Griffith  dans  le  Bhotan;  après  lui, 
M.  Joseph  Dalton  Hooker  le  récolta  dans  le 
Népaul  oriental  et  dans  le  Sikhim,  à une 
élévation  de  3,000  à 4,000  mètres  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer.  Il  fleurit  en  serre  tem- 
pérée au  mois  d’avril. 

Un  coup  d’œil  sur  la  grande  planche 
coloriée  ci-contre  suffit  pour  donner  une 
idée  de  la  beauté  extraordinaire  du  Rhodo- 
dendron liodgsoni,  qui  peut  atteindre  une 
hauteur  de  7 mètres. 

C’est  donc  plutôt  un  arbre,  dont  les 
branches  principales  horizontales  ont  en- 


viron 0"™.20  de  diamètre  et  plus  ; elles  sont 
couvertes,  ainsi  que  le  tronc  et  les  rameaux 
d’un  certcàin  âge,  d’une  écorce  brun-pâle, 
membraneuse,  qui  se  défeuille  par  larges 
plaques.  Les  feuilles,  d’un  magnifique  vert 
foncé  brillant  en  dessus,  d’un  brun  de 
rouille  en  dessous,  sont  oblongues  ou  oblon- 
gues-ovales,  obtuses  ou  munies  d’une  courte 
pointe  au  sommet.  Elles  sont  d’une  texture 
très-coriace  et  persistance,  leur  longueur 
varie  entre  0'^L21  et  0"\48.  Les  grands 
capitules  de  magnifiques  fleurs  très-nom- 
breuses ont  un  diamètre  de  0*".10â  0™.21. 
La  corolle, largement  campanulée  d’un  beau 
pourpre  pâle, atteint  un  diamètre  de  0'".03 
â 0‘“.07.  Dans  sa  patrie,  cet  arbre  fournit 
aux  montagnards  un  bois  qui  leur  sert 
â fabriquer  des  cuillères,  des  coupes,  des 
selles,  etc.  On  utilise  les  feuilles  en  guise 
d’assiettes  pour  le  beurre  et  le  fromage 
doux. 

J.  Groenland. 


BIBLIOGRAPHIE  HORTICOLE. 


Taille  et  Culture  de  la  Vigne,  conduite  perfectionnée 
du  vignoble  et  de  la  treiïle,  etc.,  parM.  Laujoulet, 
professeur  à Toulouse  du  cours  public  d’arbori- 
culture et  de  viticulture.  — Paris,  F.  Savy,  li- 
braire-éditeur. 

Je  ne  suis  ni  vigneron  ni  viticulteur,  je  ne 
me  rends  meme  pas  compte  d’une  manière  bien 
nette  en  quoi  fun  diffère  de  l’autre.  Je  dé- 
masque mon  ignorance.  Si  je  veux  m’éclairer, 
il  me  faut  un  bon  guide.  Je  crois  avoir  mis  la 
main  dessus.  C’est  un  petit  volume  de  172  pages 
{Taille  et  Culture  de  la  tout  fraîchement 

imprimé  et  signé  Laujoulet.  Cet  auteur  m’ins})ire 
une  confiance  entière.  11  doitécrire  avec  pureté, 
concision  et  clarté  ; il  est  excellent  ol)servateur 
et  excellent  praticien.  Je  soupçonne  donc  que 
ce  livre  doit  faire  mon  affaire  et  celui  de  bien 
d’autres.  Si  vous  n’êtes  pas  plus  fort  que  moi, 
je  vous  propose  de  l’étudier  et  de  nous  instruire 
ensemble.  Partons  du  rudiment.  Ah!  on  ne  se 
pénètre  pas  assez  de  l’importance  des  éléments 
en  toutes  sciences,  arts  ou  lettres.  Si  chacun 


pouvait  dire,  comme  Petit-Jean  dans  les  Plai- 
deurs, 

Ce  que  je  sais  le  mieux,  c’est  mon  commencement. 

avec  un  peu  de  lecture  et  de  pratique,  il 
saurait  bien  vite  le  milieu  et  la  fin. 

M.  Laujoulet  s’exprime  ainsi  dans  son  avant- 
propos  : 

« La  Vigne  exige  un  mode  de  direction  appro- 
priée à la  fois  aux  habitudes  locales,  au  climat 
et  à la  valeur  très-variable  en  France  de  ses 
produits.  A chaque  région  viticole,  il  faut  donc 
un  enseignement  distinct.  Cet  opuscule  résume 
exactement  et  complètement  l’enseignement 
propre  à nos  contrées.  » (le  Languedoc),  puis 
il  ajoute  : « Je  ne  recommande  guère  que  ce 
que  j’ai  moi-même  expérimenté  avec  un  esprit 
d’investigation  aussi  libre  de  tout  préjugé  de 
routine  que  de  tout  engouement  pour  les  nou- 
veautés. » 

L’ouvrage  se  divise  en  trois  études,  La  pre- 


192 


BIBLIOGRAPHIE  HORTICOLE. 


mière  comprend  les  définitions  et  les  notions 
propres  à faciliter  l’intelligence  de  la  viticul- 
ture. La  deuxième  embrasse,  dans  leur  ordre 
naturel  de  succession,  toutes  les  opérations 
qu’entraînent  la  création  et  l’entretien  d’un  vi- 
gnoble. La  troisième  résume  les  procédés  en 
usage  à Thomerv  pour  la  culture  de  la  Vigne 
en'  espalier. 

Première  étude.  — Notions  préliminaires. 

L’auteur  fait  un  examen  rapide  mais  attentif 
des  organes  essentiels  de  la  V^igne.  Sa  distinc- 
tion des  yeux  au  point  de  vue  de  la  culture  est 
fort  instructive.  11  y a œil  et  œil.  Celui  qui  est 
bien  constitué,  saillant,  c’est  l’œil  franc;  il  pro- 
duit du  fruit;  ceux  qui  se  trouvent  tout  à la 
base  du  sarment  sont  petits,  stériles  dans  cer- 
taines variétés, fertiles  dans  d’autres,  de  là  la 
nécessité  d’user  de  la  taille  longue  ou  de  la 
taille  courte.  Je  fais  mon  profit  des  trois  axiomes 
suivants;  1»  plus  les  yeux  s’éloignent  de  la  base 
du  sarment,  plus  les  boui’geons  qu’ils  produisent 
sont  fructifères  ; 2»  plus  le  cépage  est  vigoureux, 
plus  les  bourgeons  fructifères  sont  éloignés  de 
la  base  des  sarments  ; 3»  plus  on  allonge  la 
taille,  plus  la  récolte  est  abondante,  mais  plus 
le  vin  perd  en  qualité. 

Je  croyais  qu’on  devait  toujours  tailler  la  Vi- 
gne après  les  grands  froids,  en  février  par 
exemple,  c’est  ainsi  que  j’ai  vu  faire;  mais  si  on 
se  livre  à un  examen  comparé  de  la  foliation 
des  diverses  variétés,  on  reconnaît  qu’elle  est 
plus  bàtive  chez  les  unes  que  chez  les  autres  : 
dès  lors,  en  taillant  très-tard  les  cepages  à vé- 
gétation précoce,  on  a la  chance  de  les  préser- 
ver de  la  gelée,  parce  que  les  yeux  du  sommet 
des  sarments  ont  déjà  bourgeonné,  quand 
ceux  de  la  base  commencent  à peine  à débour- 
rer. On  taillerait  d’abord  les  Vignes  tardives. 

Outre  l’œil,  l’œil  vrai,  il  y a le  contre-œil  et 
les  sous-yeux. 

Le  contre-œil  se  présente  alternativement  à 
droite  et  à gauche  de  l’œil  principal  : il  de- 
vient un  contre-bourgeon  improductif. 

Les  sous-yeux.,  au  nombre  de  deux,  sont  si- 
tués à la  base  de  l’œil  principal,  ils  produisent 
deux  sous -bourgeons  peu  vigoureux  et  parfois 
fructifères.  Ils  restent  latents  jusqu’à  l’époque  de 
développement  de  l’œil  principal.  Si  à cette 
époque,  l’œil  principal  est  détruit  par  une  cause 
quelconque,  les  sous-yeux  le  remplacent. 

Parfois,  des  yeux  adventifs  (inattendus)  per- 
cent sur  le  vieux  bois  et  au  collet  du  cep.  Ils 
produisent  des  bourgeons  vigoureux  et  stériles, 
ce  sontdes  goiirmands.  hmûles,  on  les  supprime; 
cependant  ils  peuvent  être  exceptionnellement 
utilisés.  C’est  d’une  mauvaise  pratique  d’en 
faire  des  provins. 

Je  savais  que  l’intervalle  compris  entre  deux 
nœuds  vitaux  s’appelait  entre-nœud,  que  sur 
un  sarment  ils  sont  toujours  d’inégale  lon- 
gueur. C’est,  du  reste,  la  loi  générale  pour  tous 
ies  arbres,  mais  j’apprends  que  tout  cépage  qui 
présente  des  entre-nœuds  anormaux,  c’est-à- 
dire  plus  longs  que  la  variété  ne  le  comporte, 
peut  être  considéré  comme  dégénéré. 

Je  ne  puis  m’étendre  davantage  sur  ces  pre- 
mières notions.  L’espace  me  manque,  je  passe  ^ 
la  deuxième  étude. 

Deuxième  étude.  — Création  d'un  vignoble. 

M.  Laujoulet  indique  cinq  opérations  dans  la 


création  d’un  vignoble  : — préparation  du  sol, 
choix  et  préparation  des'plants,  — plantation, 
— taitte,  — soins  de  culture  et  d'entretien. 

C’est  un  travail  difficile  que  d’extraire  l’es- 
sence d’un  ouvrage  où  chaque  phrase,  chaque 
mot  a sa  valeur. 

Pour  planter,  on  se  sert  de  boutures  ou  de 
plantes  enracinées . Depuis  peu,  on  avait  con- 
seillé le  semis  sur  place  avec  des  yeux  déta- 
chés du  sarment.  Ce  p’-océdé  ne  paraît  pas  con- 
venir à la  grande  culture.  L’auteur  insiste 
beaucoup  sur  la  nature  de  la  bouture  en  elle- 
même  et  sur  la  nature  du  cépage.  « De  ce 
double  choix  dépendent  le  succès  de  la  planta- 
tion, la  qualité  et  la  quantité  du  produit.  » La 
bouture  doit  être  choisie  sur  des  Vignes  en  plein 
rapport,  sur  les  ceps  les  plus  fertiles,  donnant 
le  plus  beau  fruit,  et  avec  des  sarments  d’un  an 
issus  de  bois  de  deux  ans.  A en  juger  par  in- 
duction, ces  prescriptions  me  semblent  excel- 
lentes et  font  voir  combien  peu  établissent  une 
Vigne  selon  les  bons  principes.  Les  viticulteurs 
éclairés  des  vignobles  célèbres  portent  une  atten- 
tion particulière  au  choix  des  boutures. 

Le  choix  du  cépage  est  une  question  fort 
épineuse.  M.  Laujoulet  paraît  condamner  en 
principe  l’introduction  des  cépages  étrangers. 
Il  est  favorable  aux  cépages  acclimatés,  éprou- 
vés et  améliorés  par  la  sélection  des  boutures  ; 
il  ne  repousse  pas  toutefois  toute  tentative  d’im- 
portation et  il  cite  à l’appui  l’exemple  de 
MM.  de  Dermont,  Lagarigue,  Cazalès-Allut, 
Beaume,  qui  ont  aussi  transformé  les  produits 
vinicoles  de  leurs  contrées.  Il  donne  une  liste 
des  meilleures  variétés  à introduire,  avec  des 
renseignements  fournis  par  plusieurs  proprié- 
taires, en  tête  desquels  il  faut  placer  l’habile  et 
savant  viticulteur  M . le  comte  de  la  Loyère . 

La  plantation  des  boutures  est  conseillée,  en 
automne,  dans  les  terrains  secs  et  perméables  ; à 
la  fin  d’avril,  dans  les  terrains  compactes  et  froids, 
le  pratinage  est  recommandé  pour  favoriser  le 
développement  des  radicelles . 

Si  les  cépages  étaient  séparés,  il  en  résulterait 
un  traitement  mieux  appropriés  à chacune  des 
variétés.  . 

A quelle  époque  doit-on  tailler?  Evidemment 
la  règle  n’est  pas  absolue.  Elle  ne  peut  être  la 
même  pour  les  pays  chauds  et  pour  les  pays 
froids  où  les  gelées  printanières  sont  redouta- 
bles. Dans  le  Languedoc,  la  taille  précoce  en 
novembre,  doit  généralement  être  préférée; 
mais  si  la  vigueur  excessive  des  ceps  nuit  à leur 
fertilité,  on  les  affaiblit  et  prédispose  à porter 
fruit  par  une  taille  tardive.  M.  Laujoulet  rap- 
porte que  M.  Fleury-Lacoste,  qui  habite  la  Sa- 
voie, a consigné  dans  son  Guide  du  vigneron 
les  procédés  de  sa  pratique  personnelle,  qui 
consistent  à supprimer  en  février  toutes  les 
branches  inutiles  sur  chaque  cep,  à laisser  in- 
tacts les  sarments  qu’on  veut  conserver,  et  à les 
tailler  à l’époque  où  apparaissent  les  feuilles 
des  bourgeons  supérieurs  : dès  lors,  la  floraison 
est  retardée  d’une  quinzaine  et  on  évite  le  dan- 
ger des  gelées  tardives. 

Comment  tailler?  Deux  systèmes  sont  en  pré- 
sence. Quelle  que  soit  la  forme  donnée  au  cep, 
si  on  taille  au-dessus  de  trois  yeux,  c’est  la 
taille  à court  bois;  si,  au-dessus  d’un  nombre 
supérieur,  c’est  la  taille  à long  bois.^ 

La  taille  à cou)  t bois  est  praticpiée  en  Lan- 
guedoc. Les  ceps  sont  en  gobelets  ; cluupie  sar- 


193 


BIBLIOGRAPHIE  HORTICOLE. 


ment  est  taillé  au-dessus  de  deux  yeux  francs, 
qui  donnent  deux  sarments  fructifères.  Après  la 
récolte,  on  supprime  le  sarment  supérieur  et 
l’on  taille  en  novembre  au-dessus  de  deux  yeux 
le  sarment  inférieur.  L’on  répète  chaque  année 
ce  procédé,  qui  se  rapproche  beaucoup  de  celui 
pratiqué  sur  les  treilles. 

L’auteur  explique  le  mode  de  formation  des 
ceps,  année  par  année,  pendant  six  ans.  Puis 
dans  une  série  de  paragraphes  tous  importants, 
il  traite  de  la  taille  d'entretien,  du  raccourcis- 
sement des  bras,  de  la  surcharge  des  ceps,  de 
la  mise  à fruit  des  ceps  trop  vigoureux. 

La  forme  en  éventail,  donnée  par  quelques 
viticulteurs,  lui  paraît  d’une  exécution  difficile, 
et  il  ne  la  recommande  pas.  11  résume  ainsi  les 
bons  effets  de  la  taille  à court  bois  sur  soucliè 
basse  en  gobelet  : économie,  production  suffi- 
sante de  'longue  durée,  « avantages  certains 
et  assez  grands  pour  que,  dit-il,  sans  r epousser 
aucun  essais  d'acclimatation,  nous  soyons  très- 
circonspect  dans  nos  réformes . y> 

M.  Laujoulet  prend,  pour  type  de  la  taille  à 
long  bois,  la  forme  recommandée  par  M.  Jules 
Guyot  dans  son  excellent  Traité  sur  la  culture 
de  ' la  vigne  : branche  à fruit  horizontal  et 
branche  à bois  vertical,  et  la  décrit  avec  cette 
précision  et  cette  perspicacité  qui  lui  sont  fami- 
lières. 

! Le  système  de  M.  Guyot  est  connu  de  tous  les 
viticulteurs,  il  a été  appliqué  sur  plusieurs 
grands  centres  du  territoire,  et  aujourd’hui  il  a 
de  nombreux  et  chauds  partisans.  Je  me  borne 
à dire  que  le  jugement  qu’en  porte  M.  Laujou- 
let  lui  est  généralement  favorable  ; cependant 
j il  est  accompagné  d’un  correctif.  Sa  récolte  de 
! 1865  a un  peu  ébranlé  sa  confiance  Une  portion 

I de  Vigne  située  sur  le  penchant  d’un  coteau,  en 

i plein  midi,  fut  transformée  depuis  quatre  ans  et 

II  en  tous  points  selon  le  mode  de  direction^  et  de 
I taille  préconisé  par  M . Guyot.  Les  grappes  étaient 
I bien  distribuées  et  nombreuses,  « mais  ces 
’ grappes  étaient  aigres,  lorsque  celles  des  mêmes 

cépages,  élevés  en  gobelet  et  soumis  à la  taille 
courte,  étaient  parfaitement  mûres.  En  vain  la 
vendange  fut  retardée  de  quinze  jours  sur  cette 
il’  portion  de  Vigne;  ces  grappes  ne  purent,  mal- 
l gré  ce  retard,  arriver  à parfaite  maturité.  » Et 
il  finit  par  conclure  que  ce  « système  ne  peut 
s’appliquer  avec  avantage  qu’aux  cépages  dont 

ii  la  maturité  est  précoce,  en  ne  forçant  pas  trop 
‘ ï la  production.,  » 

f;  Et  enfin,  ne  laissons  pas  tomber  cette  obser- 
j vation  supplémentaire,  qui  me  paraît  d’une 
i grande  importance  : 

Règle  générale,  la  maturation  s’opère  simul- 
j tanément,  presque  également,  sur  les  grappes 
de  raisins  dislril3uées  aune  distance  égale  au- 

Itour  du  tronc,  comme  dans  les  souches  basses 
en  gobelet;  elle  est  au  contraire,  successive, 
inégale  et  surtout  plus  lente  dans  les  grappes 
de  raisins  accumulées  sur  une  branche  à fruit. 

ill  me  reste  à examiner  une  troisième  dispo- 
sition dont  parle  avec  éloge  M.  Laujoulet,  bien 
qu’il  ne  l’ait  pas  expérimentée.  Il  l’appelle 
Vigne  en  treillons.  Il  la  décrit  sur  des  rensei- 
■ gnements  communiqués  par  M.  Marcon , de 
! Lamothe-Montravel  (Dordogne).  C’est  une  Vigne 
i disposée  en  cordon  horizontal  îinilatéral  par 
! deux  habiles  viticulteurs,  MM.  Marcon  et  Caze- 
nave,  de  la  Réole  (Gironde). 

La  plantation  est  en  ligne.  Les  lignes  sont 


espacées  de  2m. 50,  les  ceps  également  de  2^.50 
entre  eux.  Peu  au-dessus  du  sol,  les  tiges  des 
ceps  recourbés  horizontalement,  et  du  même 
côté,  portent  en  dessus  six  coursons  espacés 
de  0m.30  à 0"‘.35.  On  supprime  les  bour- 
geons intermédiaires.  Trois  lignes  de  fil  de 
fer  sur  chaque  rang  de  ceps,  la  première  à 0m.50 
au-dessus  du  sol,  la  deuxième  à Om.85,  la  troi-* 
sième  à 1™.30  ; le  fil  de  fer  inférieur  sert  à pa- 
lisser les  tiges  ; les  deux  autres  fils  servent  à 
attacher  les  sarments  des  coursons.  Quand  les 
sarmenis-coursons  ont  été  obtenus,  on  les  taille 
à Om.35  ou  0m.40  de  longueur  et  on  les  atta- 
che au  deuxième  fil  de  fer  en  les  inclinant 
obliquement.  Le  bourgèon  de  prolongement  du 
sarment  est  conservé  dans  toute  sa  longueur 
et  palissé.  La  charpente  du  cordon  doit^  être 
terminée  au  plus  tard  à la  troisième  année  de 
l’inclinaison,  de  manière  que  rensemble  des 
tiges  forme  un  cordon  continu.  On  pince  les 
bourgeons  supérieurs  les  plus  vigoureux  des 
sarments-coursons.  A la  taille  suivante  , on 
conserve  sur  cha(|ue  courson  deux  sarments. 
Le  plus  rapproché  de  la  base,  servant  de  bran- 
che à bois,  est  taillé  de.0'".12  à 0'“.18,  de 
longueur  suivant  la  vigueur  du  cep;  le  sarment 
supérieur  servant  de  branche  à fniit  et  dont 
l'insertion  se  trouve  à la  hauteur  du  sarment 
inférieur  raccourci,  est  taillé  à la  longueur  de 
0™.45  cà  O-^.OO  suivant  la  vigueur.  La  portion  du 
vieux  bois  laissée  entre  la  branche  à bois  et  la 
branche  à fruit  empêche  la  sève  d’arriver  avec 
trop  de  rapidité  et  d’abondance  dans  la  bran- 
che à fruit. 

On  attache  tous  les  bourgeons  aux  deux  fils 
de  fer  supérieurs.  A la  quatrième  taille,  on 
supprime  la  branche  à fruit  supérieure  contre 
le  sarment  inférieur;  et,  sur  ce  dernier,  on 
choisit  deux  yeux  comme  il  a été  déjà  prescrit. 
Leurs  productions  sont  traitées  d’après  le  mode 
de  taille  indiqué  déjà. 

M.  Laujoulet  assure  que  le  produit  moyen 
d’un  hectare  de  Vignes  soumises  à ce  régime 
serait  de  100  hectolitres.  Ce  système  offre,  selon 
lui,  les  avantages  de  rendre,  par  la  taille  à long 
bois,  les  fins  cépages  presque  aussi  productifs 
que  les  cépages  communs  et  de  h’éunir  à la 
quantité  1;i  bonne  qualité  du  vin. 

Un  chapitre  important  est^  consacré  à la 
transformation  des  Vignes  taillées  à court  bois 
en  Vignes  à long  bois,  soit  qu’on  veuille  suivre 
le  système  Guyot  ouïe  système  Marcon. 

Puis  viennent  de  précieuses  instructions  sur 
les  labours,  les  binages,  les  engrais,  le  terrage, 
(apport  de  terres)  le  provignage,  greffage,  sou- 
frage, r incision  annulaire,  la  taille  en  vert 
après  la  grêle,  et  l’auteur  termine  par  un  assez 
long  entretien  sur  les  travaux  de  vinification, 
qui  ne  sont  nullement  de  ma  compétence,  car  je 
n’ai  pas  un  pied  de  Vigne  au  soleil  en  dehors 
des  murs  de  mon  jardin. 

Troisième  étude.  — Treilles  en  espalier. 

Je  suis  plus  à l’aise,  me  voici  sur  mon  ter- 
rain. Il  me  reste  à examiner  la  manière  dont 
M.  Laujoulet  veut  que  la  Vigne  soit  traitée  en 
espalier.  Le  peu  de  besoin  qu’on  a des  treilles 
dans  le  Midi,  explique  pourtpioi  l’auteur  a 
glissé  assez  rapidement  sur  un  sujet  capital  pour 
nous,  habitants  du  Nord  et  de  l’Est.  Le  mode 
de  direction  (pi’il  conseille  est  celui  en  usage 


194 


BIBLIOGRAPHIE  HORTICOLE. 


à Thomery.  Il  ne  pouvait  s’appuyer  sur  de 
meilleurs  exemples. 

Le  comte  Le  Lieur  a écrit  excellemment  sur 
la  Vigne  en  espalier (Pomon^  française,  2e  édit., 
1842).  En  1846,  M.  Du  Breuif  y consacrait 
quelques  pages  insuffisantes  dans  la  première 
édition  de  son  Cours  cV arboriculture.  En 
1850  (2e  édit.),  son  travail  avait  pris  du  déve- 
loppement et  atteint  une  valeur  réelle.  Dans 
cette  édition,  il  était  question  du  cordon  hori- 
zontal de  Thomery  et  d’une  modification  ap- 
portée par  M.  Rose  Charmeux  ; du  cordon 
vertical  pour  les  murs  bas,  et  du  cordon  verti- 
cal alterne  Charmeux  pour  les  murs  élevés.  Ce 
traité  ne  comprenait  pas  moins  de  50  pages  et 
44  figures.  Dans  la  troisième  édition  (1853), 
on  voit  apparaître  le  cordon  vertical  à cour- 
sons opposés,  fâcheux  procédé,  très-long,  très- 
difficile  à obtenir,  et  ensuite  à maintenir.  Il 
est  cité  encore  et  fort  recommandé  dans  la 
quatrième  édition  (1859),  et  enfin  dans  la  cin- 
quième édition  (1861).  Ces  fameux  coursons 
opposés  sont  à peu  près  abandonnés  et  rempla- 
cés par  les  cordons  verticaux  à doubles  cour- 
sons alternes. 

Bien  que  M.  Du  Breuil  soit  enclin  à se  pas- 
sionner pour  les  nouveautés,  au  point  de  brûler 
dans  une  des  éditions  de  son  ouvrage  ce  qu’il  a 

Cl'LTURE  DE  L’ÀCIIIMENES  COï 

Je  cultive  depuis  plusieurs  années  avec 
succès  V Achimenes  comme  plante  de  serre 
froide,  d’après  une  méthode  que  je  crois 
utile  de  faire  connaître  aux  personnes  qui 
veulent  jouir  de  cette  belle  plante. 

Vers  le  15  mars,  on  monte  une  couche, 
composée  moitié  de  feuilles  et  moitié  de 
fumier,  à la  hauteur  de  0"*.60  ou  0"™.80. 
On  foule  bien,  puis  on  place  dessus  un  cof- 
fre à un  ou  plusieurs  panneaux,  selon  la 
quantité  de  plantes  qu’on  veut  cultiver.  On 
charge  de  suite  avec  du  terreau  léger  ; une 
épaisseur  de  0'".10  suffit.  Aussitôt  que  la 
couche  a jeté  son  feu,  c’est-à-dire  qu’elle  est 
descendue  et  se  maintient  à une  température 
de  30  degrés  centigrades,  on  emplit  de  terre 
des  godets  de0"^.10de  diamètre.  Cette  terre 
peut  ne  pas  être  neuve,  mais  il  faut  au 
moins  qu’elle  sorte  de  la  culture  d’autres 
plantes  en  massifs  et  non  en  pots,  ou  bien 
d’une  culture  d’Ananas;  ou  encore,  être 
restée  en  tas  quelque  temps,  car  la  terre 
sortant  du  bois  n’est  pas  bonne  pour  beau- 
coup de  plantes,  et  l’Achimenes  ne  s’en 
trouve  pas  toujours  bien. 

On  range  ensuite  les  rhizomes  d’Acliime- 
nes  dans  les  pots;  on  les  place  tout  au- 
tour, le  plus  également  possible,  de  ma- 
nière que  les  extrémités  d’où  doivent  sor- 
tir les  tiges  se  trouvent  près  du  bord  du  pot. 
On  couvre  ces  rhizomes  d’un  centimètre 
de  terre  et  on  enterre  les  pots  dans  la  cou- 
che. On  ombre  immédiatement  celle-ci.  On 
maintient,  au  moyen  de  réchauds,  une  chaleur 
à peu  près  égale  à celle  du  moment  de  la 


adoré  dans  la  précédente,  il  me  paraît  être 
l’homme,  depuis  Le  Lieur,  qui  a fait  le  plus 
progresser  l’arboriculture.  Cependant  il  a été 
assez  attaqué.  S’il  voulait  se  défendre,  et  je  ne  le 
lui  conseille  pas,  il  n’aurait  qu’à  citer  le  chiffre 
énorme  de  15,000  exemplaires  de  ses  œuvres 
écoulés  dans  l’espace  de  vingt  ans!  Ce  chiffre 
dispense  de  toute  discussion. 

M.  Laujoulet  n’en  fait  pas  un  mystère,  il  n’a- 
joute aucune  idée  neuve  aux  principes  déjà 
connus  sur  la  culture  de  la  Vigne  en  espalier. 
11  le  dit  lui-même  : a Je  vais  résumer  le  sys- 
tème suivi  par  les  habiles  cultivateurs  de  Tho- 
mery, notamment  par  M.  Rose  Charmeux.  » Il 
passe  en  revue  ^ dans  des  chapitres  séparés, 
l’espalier  en  cordon  horizontal  perfectionné,  le 
cordon  vertical  à coursons  alternes,  le  cordon 
vertical  pour  les  murs  élevés,  le  cordon  oblique 
à coursons  en  dessus.  A chacune  de  ces 
formes,  il  indique  en  quoi  elle  consiste,  com- 
ment on  l’obtient  et  comment  on  l’entretient. 

L’ouvrage  de  M.  Laujoulet  me  paraît  destiné 
à une  grande  vogue,  et  particulièrement  dans 
toute  la  région  méridionale,  pour  laquelle  il  a 
été  particulièrement  composé;  mais  il  rendra 
partout  des  services. 

Je  lui  souhaite  tous  les  succès  qu’il  mérite. 

C'e  Léonce  de  Lambertye. 

iIE  PLANTE  DE  SERRE  FROIDE. 

plantation.  On  donne  de  l’air  quand  les 
tiges  commencent  à sortir  mais  seulement 
vers  le  milieu  du  jour. 

Aussitôt  que  les  jeunes  plantes  sont  assez 
fortes,  ce  qui  arrive  un  mois  ou  six  semaines 
après  la  plantation,  on  rempote  dans  des 
pots  de  0™.15,  en  écartant  les  tiges  de  ma- 
nière à les  rapprocher  des  bords  du  pot  pour 
former  une  touffe  arrondie.  On  emploie  la 
même  terre  que  la  première  fois;  on  replace 
sur  une  autre  couche,  moins  épaisse  que 
la  première,  et  qu’on  aura  dû  monter  et 
garnir  de  châssis  quelques  jours  à l’avance. 
On  espace  les  plantes  et  on  les  met  près  du 
verre,  dût-on  remonter  les  coffres  à mesure 
que  les  plantes  s’allongent.  On  donne  de  l’air 
aussitôt  la  reprise  et  on  ombre  comme  la 
première  fois. 

Après  la  sortie  des  plantes  de  serre  froide 
dont  on  se  sert  pour  la  garniture  des  mas- 
sifs, ce  qui  a lieu  à la  mi-mai,  on  retire  les 
Achimenes  des  coffres;  on  les  met  sur  la  de- 
vanture de  la  serre  la  plus  basse  en  atten- 
dant la  floraison.  On  peut  alors  les  placer 
sur  un  gradin,  il  faut  ombrer  sans  retard  et 
placer  quatre  petits  tuteurs  autourde  chaque 
touffe,  en  entourant  celle-ci  d’un  jonc  qui 
empêche  les  tiges  de  tomber.  La  serre  est 
entretenue  à une  température  de  12  à 15 
degrés  centigrades,  ce  qui  est  très-facile  dans 
cette  saison. 

Je  me  suis  toujours  bien  trouvé  de  don- 
ner de  l’air  toutes  les  fois  que  la  tempéra- 
ture le  permettait.  Ainsi,  l’année  dernière, 
mes  plantes  sont  entrées  en  serre  à la  fin  de 


CULTURE  DE  L’ACHIMENES  COMME  PLANTE  DE  SERRE  FROIDE. 


195 


mai;  j’ai  donné  de  l’air  tous  les  jours,  et  les 
plantes  ne  s’en  sont  que  mieux  portées. 
J’ai  aussi  trouvé  meilleur  d’ombrer  tous 
les  jours  que  de  donner  un  badigeonnage 
aux  vitres.  Les  plantes  sont  plus  fortes  et 
n’ont  pas  l’inconvénient  de  faner  aussitôt 
sorties  de  la  serre. 

J’ai  vu  depuis  des  horticulteurs  modifier 
de  la  manière  suivante,  non  pas  la  culture 
elle-même,  mais  la  plantation.  On  place 
seulement  quatre  ou  cinq  rhizomes  dans 


chaque  pot,  en  prenant  les  plus  gros.  S’il 
sont  faibles,  on  en  met  deux  ensemble. 
Quand  les  plantes  ont  atteint  0‘".08  ou 
()'".10,  on  les  pince;  on  peut  pincer  deux 
fois,  et  l’on  met  un  tuteur  à chaque  plante. 
Vers  la  mi- septembre  on  cesse  d’arroser; 
on  coupe  les  tiges  et  on  place  les  mêmes 
variétés  ensemble,  à un  endroit  sec,  en  dis- 
posant les  pots  sur  une  planche  pour  em- 
pêcher l’humidité.  On  couvre  ainsi  jusqu’au 
moment  de  la  plantation.  Oualle. 


LE  CONGRES  POMOLOGIQUE  DE  FRANCE.  - 1. 


? Ceci  est  une  question  fort  sérieuse  pour 
i tous  ceux  qu’intéresse  l’arboriculture  frui- 

i‘  tière,  théoriciens  et  praticiens,  hommes  de 
la  plume  et  hommes  de  la  bêche,  pomolo- 
i;  gués  et  pépiniéristes.  L’aborder  comme  je 

1 1 vais  le  faire,  — je  ne  dois  pas  me  le  dissi- 

1 muler,  — ce  n’est  peut-être  pas  une  mince 

imprudence  : l’éveilleur  importun  qui  vient 
. secouer  les  draps  du  dormeur  n’est  guère 
. accueilli  à bras  ouverts.  Tant  pis  pour  l’é- 
t veilleur;  il  se  ris(jue ! 

. Les  opinions  que  j’émets  ici,  du  reste,  me 
; sont  personnelles,  en  ce  sens,  — je  m’expli- 

I que,  — qu’elles  n’engagent  en  rien  celles 

: du  journal  qui  leur  donne  asile;  mais,  dans 

I un  autre  sens,  je  dirai  qu’elles  sont  à peu 

I près  générales  ; presque  tout  le  monde  les 

a;  depuis  longtemps  elles  courent  dans  l’air 
plus  que  sur  le  papier;  j’ai  donc  une  foule 
de  collaborateurs,  et  c’est  ce  qui  m’enhar- 
dit fort.  Je  ne  me  le  cache  pas,  je  vais  faire 
un  peu  la  mouche  du  coche,  mais  je  m’en 
console  d’avance  en  pensant  que  si  je  pique 
un  peu,  du  moins  je  ne  ferai  pas  de  bles- 
sures. 

Je  déclarerai  tout  d’abord  et  sans  la 
moindre  peine  que  l’institution  d’un  Congrès 
pomologiquea  été  la  meilleure  des  choses,  et 
je  regrette  vivement  de  ne  pas  connaître 
d’une  manière  certaine  celui  qui  en  a bien 
I positivement  mis  l’idée  au  monde,  j’appel- 
lerais sur  lui  tous  les  remercîments  de  de 
l’arboriculture.  C’était,  en  effet,  une  excel- 
lente pensée  que  celle  de  vouloir  porter  le 
jour  au  milieu  du  chaos  de  la  synonymie, 
d’indiquer  les  bons  fruits  au  commerce,  de 
signaler  les  mauvais  et  les  médiocres,  de 
gmider  l’amateur  dans  ses  plantations  et  de 
forcer  la  main  en  quelque  sorte  à la  bonne 
foi  de  certains  pépiniéristes.  C’était  une 
œivre  méritoire;  le  but  était  excellent, 
clair,  précis;  restait  à trouver  les  moyens 
I d’y  atteindre.  C’était  le  tour  de  l’organisa- 
tion, la  grande  affaire! 

Je  ne  vais  pas,  — vous  m’en  saurez  gré,  — 
tracer  l’historique  du  Congrès;  il  marche 
depuis  tantôt  dix  ans;  il  a fonctionné;  on 
l’a  vu  à l’œuvre.  Je  pose  simplement  dix 
ans  dans  un  plateau  de  la  balance,  dans 


l’autre  je  pose  les  résultats  obtenus,  et  je 
dis  : Jugeons! 

Est-ce  que  je  vais  prétendre  que  rien  n’a 
été  fait?  Non  certes.  Nous  avons  eu  les  pre- 
miers moments  d’enthousiasme,  q-uand 
l’ardeur  était  encore  juvénile  et  qu’aucune 
déception  n’avait  été  éprouvée  par  personne. 
De  ces  bons  moments-là  il  est  résulté  — plus 
tard,  bien  plus  tard, — deux  volumes  descrip- 
tifs des  variétés  les  plus  connues,  cent-vingt 
Poires  environ;  descriptions  sérieuses  et 
raisonnées,  résumant  les  cultures  des  diffé- 
rentes régions  et  donnant  d’excellents  con- 
seils sur  la  direction  des  arbres,  d’excellents 
renseignements  sur  les  qualités  des  fruits; 
mais  — je  dois  bien  aussi  le  dire  — tous 
fruits  connus  à peu  près,  étudiés,  prônés, 
décrits  déjà  vingt  ibis,  trente  fois  par  quicon- 
que entreprend  un  ouvrage  pomologique, 
travail  de  Pénélope  que  chacun  recommence 
à son  tour  quand  son  voisin  s’arrête  épuisé. 

Par-ci  par- là  encore,  arrachés  à grand’- 
peine,  à de  longs  intervalles,  ont  apparu, 
rari  liantes,  quelques  tableaux  résumant  le 
travail  : fruits  adoptés,  fruits  rejetés;  fruits 
à l’étude  en  1857  et  encore  à l’étude  en 
1866  (études  sérieuses,  comme  on  voit); 
puis  un  catalogue  général  jusqu’en  1863.  A 
partir  de  là,  silence  : travaux  de  1864,  rien 
de  publié;  travaux  de  1865,  rien  encore.  — ■ 
N’a-t-il  donc  rien  été  fait  depuis  lors?  — 
J’allais  répondre  : « Je  n’en  sais  rien,  » 
mais  une  indiscrétion  vient  de  me  l’ap- 
jirendre  : en  1864,  sept  fruits  admis  : deux 
Poires,  une  Pomme,  quatre  Raisins;  en 
1865,  quatre  fruits!  Et  les  semis  apparaissent 
chaque  année,  nombreux,  serrés,  impor- 
tants, réclamant  un  examen  sévère!  Et,  sans 
parler  de  bien  d’autres,  une  seule  pépinière, 
celle  de  feu  Léon  Leclerc,  en  possède  plus 
de  3,000  prêts  à voirie  jour!  Et  la  France, 
la  Belgique,  l’Amérique,  l’Allemagne,  toutes 
ont  semé  depuis  longtemps  et  sèment 
chaque  jour  davantage  ! Quatre  fruits  en  un 
an!!!  Che  va  piano,  va  sanol  C’est  le  pro- 
verbe des  prudents;  mais  n’est-ce  pas  bien 
un  peu  aussi  celui  des  traînards? 

Enfin!  passons.  On  a fait  peu,  mais  bon; 
je  l’accorde.  Vous  allez  supposer  sans  doute 


LE  CONGRÈS  POMOLOGIQCE  DE  FRANCE. 


que  c’est  du  moins  le  cas  de  propager  ce 
peu  ; le  mal  s’était  glissé  partout,  disait-on, 
on  avait  hâte  d’y  porter  remède  ; l’arbori- 
culture prenait  grande  faveur,  c’était  le 
moment  de  la  pousser  encore,  de  combat- 
tre les  abus  de  la  synonymie,  de  répandre 
la  vérité,  d’agir  en  un  mot.  La  publicité!  — 
Hélas!  ne  vous  est-il  pas  arrivé,  gens  de 
Paris,  de  Bordeaux,  de  Rouen,  de  Lille,  de 
toutes  les  grandes  villes  et  encore  bien 
mieux  des  petites,  d’interroger  les  librairies 
des  quatre  coins  de  votre  cité,  leur  deman- 
dant en  vain  l’œuvre  du  Congrès  pomolo- 
gique?  Ai-je  besoin  de  répondre?  Est-il 
possibl^e  qu’à  Paris,  même  à Paris!  pas  le 
plus  petit  dépôt  n’existe,  et  que  si  quelque 
bonne  âme,  renseignée  par  hasard,  ne  ve- 
nait vous  indiquer  Lyon  comme  le  seul  et 
unique  siège  de  ce  dépôt  sacré,  il  ne  vous 
serait  pas  donné  d’en  posséder  la  moindre 
parcelle.  Voyons  un  peu.  Supposons  qu’une 
grande  calamité,  un  grand  fléau,  le  choléra 
par  exemple,  nous  attaque  rudement  de 
nouveau.  Les  médecins  s’assemblent,  les 
Facultés  s’unissent  : Congrès  médicinal! 
On  étudie,  on  propose,  on  discute,  on  ban- 
quette si  vous  voulez — c’est  de  tous  les  pro- 
grammes; — bref  on  trouve  un  remède,  un 
remède  sérieux.  On  se  sépare;  chaque  doc- 
teur rejoint  son  foyer,  paisible,  souriant, 
imperturbable,  la  main  dans  la  poche,  mais 
motusl....  Tout  se  borne  là!  Permettez- 
moi  de  le  dire,  la  synonymie,  c’est  un  peu 
le  choléra  de  l’arboriculture,  et  le  Congrès, 
c’est  presque  la  Faculté  de  médecine  de  la 
pomologie. 

Je  trouve  dans  le  règlement  un  article  qui 
me  taquine,  non  pas  pour  le  présent,  c’est 
vrai,  nnais  pourl’avenir.  Comment  se  compose 
le  Congrès?  Des  Sociétés  adhérentes  et  des 
membres  payant  cotisation  ; payant  cotisa- 
tioUj  remarquez  ceci.  ■ — Mais  qui  garantit 
leur  compétence?  — Leur  cotisation.  — 
Quel  parrain  les  présente  au  Congrès?  — 
Leur  cotisation.  — Qui  leur  confère  le 
droit  de  voter  dans  toutes  les  questions, 
claires  ou  douteuses? — Toujours  leur  cotisa- 
tion. Ecoutez.  J’ai  des  amis,  des  voisins,  des 
connaissances,  tous  braves  et  dignes  gens, 
j’aime  à le  croire,  qui  savent  distinguer  une 
Pêche  d’une  Poire,  — je  ne  dis  pas  un  Pê- 
cher d’un  Poirier,  — mais  qui,  je  le  sais 
pertinemment,  en  fait  de  pomologie  sont 

absolument  de  la  même  force  que  MM 

tels  et  tels  que  je  ne  veux  pas  nommer,  — 
cela  les  étonnerait  trop.  Supposez  un  mo- 
ment qu’il  leur  prenne  une  envie  d’aller 
faire  un  tour  en  septembre  ; iis  profitent  de 
la  réunion  du  Congrès,  arrivent  à Melun  par 
exemple,  cotisation  en  poche  — c’est  leur 
brevet!  — Les  voilà  inscrits  dans  une  sec- 
tion; fruits  à pépins,  fruits  à noyau,  cela 
leur  est  égal.  Arrive  une  question  difficile, 


controversée,  ardue,  — lutte.  Arrive  aussi 
un  beau  parleur  (il  en  arrive  toujours!)  un 
beau  parleur  qui  n’est  pas  fort  (cela  se  ren- 
contre). Il  y a doute,  on  vote;  le  beau  par- 
leur a entraîné  mes  voisins,  amis  et  con- 
naissances, et  voici  que  le  grand  Congrès 
pomologique  de  France  a proclamé  une  ba- 
lourdise! — Mais  cela  ne  s’est  pas  fait, 
dites-vous!  — Je  ne  le  crois  pas,  et  je  nous 
en  félicite,  mais  cela  pourrait-il  arriver? 
Oui;  donc  il  y a ici  un  vice  qu’il  faut  faire 
disparaître.  Ai-je  besoin  de  dire  comment? 
Ce  serait  vous  croire  trop  nai  s. 

J’ai  parlé  des  consciencieuses  descriptions 
dePoires,jen’ai  rien  dit  d’une  petite  innova- 
tion qui  cherche  à s’y  glisser  presque  sour- 
noisement, entre  parenthèses,  au-dessous 
de  chaque  titre.  C’est  tout  un  système,  qui 
prétend  emprisonner  toutes  les  Poires  dans 
huit  catégories,  huit  moules.  Pour  Dieu! 
prenons  garde  d’abuser  des  classifications 
et  de  nous  lancer  dans  les  systèmes  ! Un 
système,  oh!  je  l’avoue,  un  système  à soi, 
le  résumé  des  longues  méditations,  l’enfant 
chéri  des  rêves,  c’est  bien  tentant  à faire 
prévaloir!  «Tiens!  s’est-on  dit  un  jour, 
mais  voyez  donc  comme  tel  fruit  affecte  la 
forme  d’un  tonneau!  tel  autre  celui  d’un 
coing!  tel  autre,  etc.,  etc.!  il  y a là  quelque 
chose  à faire.  » L’idée  est  éclose  ; soyez 
tranquille,  la  classification  est  faite.  Or 
quelquefois,  assez  souvent  même,  certain 
fruit  malencontreux  se  présente  à son  tour 
sous  une  forme  peu  arrêtée.  « Et  pour  moi, 
quelle  section  aurez-vous?  » On  a froncé 
le  sourcil,  on  s’est  gratté  l’oreille,  mais, 
vous  le  comprenez  bien,  pour  quelques 
malheureuses  Poires  un  système  ne  peut 
pas  s’écrouler.  « Allons,  c’est  bien,  entrez 
là,  vite!  dans  un  groupe  quelconque!  et 
. puis  on  la  pousse  un  peu,  on  la  pousse  en- 
core, et  ça  entre  tout  de  même.  Est-ce  bien 
sérieux,  cela?  Examinez.  Dans  ces  descrip- 
tions de  cent  vingt  Poires,  n’en  avez-vous 
pas  vu  cinquante  au  moins  présentant  deux 
formes  difiêrentes,  et  plus  de  trente  dési- 
gnées comme  en  ayant  trois?  N’avez-vous 
pas  remarqué  tel  fruit,  le  même,  rangé  dans 
la  section  Bon-Chrétien,  mais  ayant  quel- 
quefois la  forme  d’un  Doyenné,  d’autres  fois 
celle  d’un  Saint-Germain,  excepté  pourtant 
quand  il  a la  forme  d’utie  Calebasse?  Basez 
donc  une  classification  là-dessus!  Je  le  ré- 
pète, méfions-nous  des  systèmes.  Et  puis 
ne  vois-je  pas  déjà  poindre  les  gros  mots  : 
doliforme,  înicropyre,  Bergamo-Colmar  ! 
Prenons-y  garde,  la  pente  est  rapide,  et 
avant  de  risquer  d’enlaidir  nos  fruits,  rap- 
pelons-nous ce  que  la  nomenclature  bota- 
nique veut  faire  de  nos  fleurs. 

{La  fin  prochainement.) 


Tu.  Bi’chf.tet. 


SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  D’HORTICULTURE 


Séance  du  1Î  avril.  — Les  apports  de 
Heurs  faits  à la  Société  centrale  dans  cette 
séance  ont  consisté  d’abord  en  deux  bou- 
quets de  Heurs  d’Auricules  et  de  Primula 
qui  ont  valu  cà  M.  Loise  une  prime  de 
classe  ; puis  en  deux  lots  de  Cinéraires.  Le 
premier,  composé  de  six  variétés,  était  pré- 
senté par  M.  Lhôtellier  fils,  jardinier  chez 
M.  Poulain,  à Chelles (Seine-et-Oise).  L’au- 
tre, comprenant  20  variétés  obtenues  d’un 
semis  exécuté  en  1865,  provenait  des  cul- 
tures de  M.  Alphonse  Dufoy,  rue  des  Aman- 
diers-Popincourt,  90,  cà  Paris.  Le  comité 
de  floriculture  a rappelé  la  prime  de 
classe  accordée  l’année  dernière  à M.  Dufoy 
et  a adressé  des  remercîments  à M.  Lhô- 
tellier Hls. 

Dans  la  section  de  culture  potagère,  on 
remarquait  les  trois  hottes  d’Asperges  hâti- 
ves, apportées  par  M.  Louis  Lhérault  et 
appartenant  à la  variété  propagée  par  cet 
horticulteur  sous  le  nom  de  Hâtive  rose 
d’Argenteuil.  Ces  Asperges  avaient  été  cueil- 
lies le  2 avril;  le  comité  les  a jugées  dignes 
d’un  rappel  de  prime  de  classe.  M.  Lai- 
zier  a fait  remarquer  â cette  occasion  la 
beauté  et  la  précocité  de  la  variété  en  ques- 
tion, qui  donne,  dès  la  fin  de  mars,  des  pro- 
duits tout  à fait  marchands,  de  bonne  gros- 
seur, et  bien  conformés.  — Outre  cette 
présentation,  plusieurs  donataires  ont  offert 
à la  Société  des  graines  de  diverses  plantes 
légumineuses  dont  la  propagation  pourrait 
être  d’un  certain  intérêt.  C’est  ainsi  que 
M.  le  maréchal  Vaillant  avait  envoyé  des  grai- 
nesde  Ciboules  de  la  Chine;  M.  Pissot,  des 
graines  des  Cucurbitacées  dont  il  a fait  l’essai 
l’année  dernière,  et  M.  Louesse,  des  plants 
de  Fraisiers  des  Quatre-Saisons. 

M.  Rouillard  a donné  lecture  du  travail 
critique  de  M.  Lebeuf  sur  la  liste  des  vingt- 
cinq  Fraisiers  recommandés  par  la  commis- 
sion de  culture  potagère  de  la  Société.  Ce 
travail  a paru  dans  la  Bevue  horticole  du 
16  mars,  page  112.  M.  Louesse  a exposé  en 
détail  les  réfutations  que  la  commission  avait 
â opposer  â ces  critiques. 

Dans  cette  séance,  ons’estbeaucoup  occupé 
des  insectes  nuisibles  à Fhorticulture  Nous 


sommes  en  effet  à l’époque  où  les  ravages  de 
ces  déprédateurs  causent  le  plus  de  craintes. 
Plusieurs  envois  attestaient  les  préoccupations 
des  correspondants  de  la  Société.  D’abord 
un  membre  avait  fait  parvenir  des  mouches 
rouges  en  dessus  et  noires  en  dessous,  qui 
vivent  sur  le  bois  à brûler,  dans  les  celliers 
et  les  caves;  ces  mouches  sont  très-inoHen- 
sives;  mais  il  n’en  est  pas  de  même  de  la 
tenthrède  et  de  l’altise  de  la  Vigne,  dont  le 
même  correspondant  adressait  des  spéci- 
mens. A ce  sujet,  M.  le  docteur  Boisduval  a 
rappelé  qu’un  des  soins  les  plus  importants 
à prendre  dans  la  taille  de  la  Vigne  était  de 
ne  pas  laisser  tomber  â terre  les  sarments 
coupés,  parce  qu’ils  contiennent  toujours 
dans  les  bourgeons  des  œufs  d’insectes  nui- 
sibles, M.  Leroy,  de  Kouba  (Algérie)  avait 
fait  parvenir  des  nids  de  processionnaires 
du  Pin,  et  M.  Philibert  Baron,  des  spécimens 
de  la  Cetonia  strictica.  Les  processionnai- 
res du  Pin  sont  analogues  aux  procession- 
naires du  Chêne,  et  causent,  comme  ces 
dernières,  de  grands  dégâts,  comme  l’ont 
fort  bien  dit  MM.  Boisduval  et  Aubé,  les 
deux  savants  entomologistes  de  la  Société. 
Malheureusement  la  science  ne  peut  guère 
se  borner  encore  qu’â  reconnaître  les  insec- 
tes; elle  ne  donne  pas  de  remède  certain 
contre  leurs  invasions,  et,  à ce  sujet,  M.  Sis- 
ley  rappelle  dans  unelettre  queM.  Théodore 
Denis,  jardinier  en  chef  du  Jardin  botanique 
du  parc  de  la  Tête  d’Or  à Lyon,  préconise 
les  seringages  violents  sur  les^  plantes  pour 
les  débarrasser  de  leurs  parasites.  Peut-être 
même,  serait-il  bon,  pour  ces  seringages, 
d’employer  les  pompes  â incendie,  afin  d’ob- 
tenir plus  de  force. 

M.  de  La  Roy  annonce  qu’il  a visité  les 
cultures  de  Pêcher  de  M.  Crin,  de  Chartres, 
afin  de  se  rendre  compte  des  effets  du  pin- 
cement des  feuilles,  et  qu’il  en  augure  de 
tels  résultats,  qu’il  se  propose  de  faire  ex- 
périmenter cette  méthode  sur  toutes  les  es- 
pèces d’arbres  fruitiers  de  sonjardin  d’essais 
du  Pin  (Seiue-et-Marne).  Il  engage  tout  le 
monde  â faire  cette  expérience, qu’il  a décrite 
en  détail  dans  le  dernier  numéro  de  la 
1 Hente  (page  169).  a.  Ferlet. 


SUR  LES  CRYPTOGAMES  QUI  ATTAQUENT  LE  POIRIER. 

ET  LES  GRAMINÉES. 


Je  viens  de  lire  dans  le  journal  de  la  So- 
ciété centrale  d’horticulture,  du  mois  de 
juillet  1865,  un  article  dans  lequel  M.  Du- 
chartre  signale  le  résultat  d’expériences  fai- 
tes par  MM.  Decaisne,  Eudes  des  Lon- 
champs,  Forney,  Brongniart  et,  en  dernier 
lieu,  par  M.  le  professeur  Œrsted  de  Co- 


penhague, sur  la  reproduction  du  Podi- 
soma  Sahinæ^  et  de  VÆcidiiim  berheris. 
Les  expériences  faites  par  ces  savants  éta- 
blissent que  les  sporidies  ou  sémiriules  du 
Po^/^so?naSafI^w^p,transportéessurlePoirier 
y ont  produit  VÆcidium  cancellaiiim,  cry’ 
ptogame  que  l’on  remarque  fréquemmen 


198  SUR  LES  CRYPTOGAMES  QUI  ATTAQUENT  LE  POIRIER  ET  LES  GRAMINÉES. 


sur  cet  arbre,  et  qui  paraît  lui  être  pro- 
pre. Ils  établissent  également  que  les  spo- 
ridies  de  \Æcidium  berberis  produisent 
sur  les  Graminées  le  Puccinia  graminis, 
expériences  qui  prouvent  donc,  selon  ces 
Messieurs,  que,  le  Genévier  de  Sabine  et  le 
Berberis  seraient  la  cause  des  effets  désas- 
treux remarqués  sur  les  Poiriers  et  les  cé- 
réales. 

Moi,  pauvre  petit  observateur,  vivant  dans 
un  petit  coin  delà  province,  je  vais  me  per- 
mettre de  faire  quelques  observations  con- 
traires à l’opinion  de  ces  savants. 

D’abord,  les  expériences  faites  ne  me  pa- 
rassent pas  suffisamment  concluantes  : ces 
Messieurs  pourraient-ils  affirmer  qu’aux 
sporidies  des  Podisoma  Sabinœ  et  des  Æci- 
dium  berberis  ne  se  trouvaient  pas  mélan- 
gées des  séminules  de  VÆcidium  cancella- 
tum  et  du  Puccinia  graminis  ? La  chose 
me  paraît  d’autant  plus  probable  que  les  sé- 
minules de  ces  plantes  sont  si  ténues,  que 
leur  organisation  échappe  aux  microscopes 
les  plus  puissants , et  qu’elles  ont  fort  bien 
pu,  dès  lors,  dans  les  expériences,  passer 
indistinctement  les  unes  avec  les  autres. 

Je  sais  que  plusieurs  savants  botanistes 
ont  établi  que  quelques  Urédinées  n’ont 
pas  de  caractères  spécifiques  propres  et  que 
l’on  a été  forcé  de  les  distinguer  par  les 
noms  des  diverses  plantes  sur  lesquelles  elles 
croissent. 

Si  ce  sont  les  mêmes  plantes,  pourquoi 
leur  donner  des  noms  différents,  les  classer 
dans  des  espèces  et  môme  dans  des  genres 
différents,  car  les  Podisoma  n’appartien- 
nent pas  au  même  genre  que  les  Æcidium 
et  ils  ont  une  organisation  différente  ? 

Ne  serait-il  pas  plus  raisonnable  et  plus 
logique  de  croire  que  chaque  graine  repro- 
duit la  plante  dont  elle  est  sortie,  lorsqu’elle 
se  trouve  dans  un  milieu  qui  convient  à son 
développement?  Dans  les  expériences  faites, 
s’il  s’est  trouvé,  comme  je  le  pense,  des 
séminules  iP Æcidium  cancellatum  mélan- 
gées avec  celles  du  Podisoma  Sabinœ^  en  les 
transportant  toutes  deux  de  la  Sabine  sur  le 
Poirier,  les  séminules  deV Æcidium,  se  trou- 
vant placées  sur  l’arbre  qui  convient  à leur 
développement,  ont  germé,  tandis  que  celles 

ÉTIQUETTES 

C’est  encore  une  sorte  de  pierre  philoso- 
phale, qu’une  bonne  étiquette  de  jardin. 

La  liste  des  modèles  qu’on  a proposés 
depuis  que  les  amis  des  jardins  éprouvent 
le  besoin  d’avoir  sous  les  yeux  les  noms  de 
leurs  plantes  est  aussi  nombreux  que  celle 
des  guerriers  d’Homère...  Et  j’entends  cha- 
que jour  dire  qu’aucune  ne  remplit  le 
but. 

Les  étiquettes-miroirs  de  M.  Lenoir  sont 


de  l’autre  cryptogame  ont  avorté,  ne  se  trou- 
vant plus  sur  la  Sabine. 

Je  me  permettrai  de  citer  un  exemple 
qui  me  paraît  concluant  dans  la  question. 
Èn\S\\,\e  Puccinia  graminis,  mélangé  à 
Vüredo  rubigo  vera,  vulgairement  appelé 
rouille  des  Blés,  a occasionné  des  désas- 
tres considérables  sur  les  céréales  dans  les 
plaines  de  la  Picardie,  province  que  j’habi- 
tais alors.  La  récolte  fut  totalement  dé- 
truite par  ces  plantes,  circonstance  qui 
causa  à cette  époque  une  affreuse  famine. 

Peut-on  raisonnablement  admettre  que 
quelques  plantes  de  Berberis,  car  elles  sont 
rares  en  Picardie,  aient  pu  causer  le  désas- 
tre dont  je  viens  de  parler. 

En  effet,  je  me  rappelle  que,  dans  mon 
enfance,  j’aimais  beaucoup  les  bâtons  jaunes 
et  que  je  me  les  procurais  en  dépouillant  le 
bois  du  Berberis  de  sa  première  écorce.  Eh 
bien,  j’étais  forcé  pour  me  donner  cette 
jouissance,  de  parcourir  le  village  en  entier 
et  quelquefois  les  villages  voisins  avant  de 
trouver  une  touffe  de  Berberis,  tant  cette 
plante  était  rare  dans  ces  contrées. 

L’opinion  qui  m’occupe  accuse,  bien  in- 
justement selon  moi,  ces  pauvres  arbres 
d’infester  le  Poirier  et  les  Graminées  ; et 
cette  opinion  déjà  fort  répandue  a eu  pour 
effet  de  faire  supprimer  presque  partout 
l’innocente  Sabine,  qui  est  cependant  un  bel 
arbre  d’ornement.  Malgré  cette  Saint-Bar- 
thélémy, j’aiconstatéque  le  Poiriern’en  con- 
tinue pas  moins  à être  malade.  J’ai  visité  à 
Cherbourg  quelques  pieds  de  Sabine,  qui  ont 
échappé  au  massacre,  et  je  n’y  ai  pas  trouvé 
le  Podisoma  Sabinœ.  Cependant  VÆcidium 
cancellatum  ravage  les  Poiriers  dans  plu- 
sieurs jardins.  Dans  les  environs  de  Bar- 
fleur,  où  les  Sabines  sont  également  très- 
rares,  des  champs  de  Poiriers  sont  envahis 
tout  entiers  par  la  maladie. 

Je  me  résume  enfin,  en  répétant  qu’il  est 
raisonnable  de  croire,  d’après  l’ordre  établi 
dans  la  nature,  que  chaque  graine  reproduit 
la  plante  d’où  elle  est  sortie,  aussi  bien 
chez  les  cryptogames  que  chez  les  phané- 
rogames, car  l’on  n’a  jamais  vu,  que  je  sache, 
le  gland  du  Chêne  donner  naissance  à un 
Orme.  De  Ternisien. 

DE  JARDINS. 

trop  chères;  les  tuiles  deM..  Forneytrop  lour- 
des; les  cylindres  de  verre  se  brisent;  les 
fiches  de  bois  se  pourrissent;  les  bandes  de 
parchemin  se  recroquevillent;  l’écriture 
sur  le  zinc  est  indélébile,  mais...  on  ne 
peut  pas  la  lire,  etc...,  etc.  A chacune  son 
procès  et  son  arrêt  fatal. 

Voici  la  recette  nouvelle  que  vient  de  me 
donner  un  maître  ès-sciences,  souvent  goûté 
des  lecteurs  de  la  Bevue,  M.  Martins,  direc- 


ÉTÎQUÈTTÈS 

leur  du  Jardin  botanique  de  Montpellier. 

Je  vous  la  recommande,  sous  sa  respon- 
sabilité. 

Prenez  des  fiches  de  wliist  (petits  rec- 
tangles écornés  d’os  ou  d’ivoire)  et  faites 
percer  un  trou  à l’une  des  extrémités  pour 
y enfiler  un  fil  de  plomb  qui  servira  à atta- 
cher l’étiquette.  Les  marchands  de  Paris 
vous  les  vendront  5 fr.  le  cent,  toutes  per- 
cées. 

Eciivez  tout  simplement  le  nom  de  la 
plante  avec  l’encre  indélébile  que  voici  : 

9 dixièmes  d’eau  distillée;  1 dixième  de 
nitrate  d’argent;  un  peu  d’encre  de  Chine 
pour  noircir  le  mélange,  et  de  gomme  ara- 
bique pour  le  rendre  brillant  et  siccatif. 
Conservez  dans  une  bouteille  bien  bouchée. 


DE  JARDIN.  199 

remuez  et  employez  a par  la  pluie  ou  le 
vent,  par  le  vent  ou  la  pluie.  » 

Pden  ne  mord  là-dessus.  Et  vous  avez  un 
étiquetage  propre,  clépnt  même,  qui 
défie  toutes  les  inlempéries  des  saisons. 

Je  crois  même  que  si  ce  mode  d’étique- 
tage était  répandu,  ou  obtiendrait  les  fiches 
blanches  à bien  meilleur  marché. 

Quoi  qu’il  advienne,  essayez,  et  ne  m’en 
donnez  pas  de  nouvelles. 

T(  )ute  la  gloire  doit  en  revenir  au  docteur 
Marlins,  que  vous  pourez  remercier  directe- 
ment. 

S’il  y a insuccès,  qu’il  retombe  tout  entier 
sur  sa  tête.  Je  suis  sûr  qu’il  ne  me  démen- 
tira pas. 

Ed.  André. 


CULTURE  NATURELLE  DU  MELON. 


Les  procédés  ordinaires  employés  jus- 
qu’à ce  jour  pour  la  culture  du  Melon  sont 
tellement  minutieux  que  la  plupart  des  ha- 
bitants de  la  campagne,  absorbés  par  bien 
d’autres  travaux,  ne  peuvent  disposer  du 
temps  qu’exige  la  culture  de  ce  précieux 
fruit  : Pinçages,  tuiles  sous  les  fruits,  sur- 
veillance attentive  pour  saisir  à point  le 
moment  de  la  maturité,  arrosages  exces- 
sifs, etc.  Telles  sont  les  pratiques  d’usage. 

Malgré  mon  goût  de  prédilection  pour  le 
Melon,  j’avais  abandonné  moi-même  cette 
culture  jusqu’à  l’époque  où  je  compris  que 
la  nature  n’avait  pas  muni  de  vrilles  ces 
tiges  flexibles  pour  nous  indiquer  que  les 
fruits  devaient  être  appuyés  et  même  parfois 
noyés  en  partie  à la  surface  du  sol,  en  con- 
tact avec  l’humidité  et  manquant  d’aération. 

J’en  conclus  dés  lors  qu’il  serait  avanta- 
geux d'utiliser  les  vrilles.  Voici  les  résultats 
que  j’en  ai  obtenus  : 1»  simplicité  de  cul- 
ture; destruction  facile  des  mauvaises 
herbes  qui  croissent  autour  de  la  plante;  3^ 
facilité  d’exécuter  les  arrosages  sur  paillis; 
4»  moyen  facile  de  reconnaître  à point  la 
maturité  des  fruits;  5»  suppression  du  pin- 
çage; 6»  suppression  des  tuiles  sous  les 
fruits;  7®  supériorité  dans  le  goût  et  le 
parfum  du  fruit. 

En  recommandant  d’utiliser  les  vrilles,  je 
pourrais  déjà  me  dispenser  d’en  dire  da- 
vantage, ainsi,  rien  de  plus  simple  que 
d’implanter  dans  le  sol,  à côté  de  la  plante, 
quelques  branches  très-ramifiées;  ramener 
de  temps  en  temps  vers  les  tuteurs,  les 
exUréniités  des  jeunes  liges  qui  ont  pris  une 
direction  contraire;  ou  bien  encore,  pour 
mieux  me  faire  comprendre  : Copier  pour 
ainsi  dire  la  cullure  des  Pois,  telle  est  à peu 
près  la  culture  naturelle  du  Melon  ou  en 
d’autres  termes,  la  cullure  du  melon  en 
plein  vent  ! 

Ce  procédé,  que  je  pratique  depuis  quatre 


ou  cinq  ans,  laisse  néanmoins  à désirer 
sous  le  rapport  de  la  maturité  du  fruit,  qui 
est  toujours  ici  un  peu  en  retard. 

Tenant  compte  de  la  structure  admirable 
de  sa  lige,  je  pense  que,  à l’aide  de  quel- 
ques soins  horticoles,  on  parviendrait  aisé- 
ment à cultiver  le  Melon  sous  toutes  les  for- 
mes possibles: éventail,  espalier,  pyramide, 
etc.  Néanmoins,  ces  diverses  dispositions, 
ainsi  que  la  forme  à tout  vent,  ne  peuvent 
s’appliquer  avantageusement  que  dans  les 
pays  méridionaux. 

En  toutes  choses,  les  extrêmes  laissent 
toujours  à désirer  : il  en  est  de  même  de 
la  culture  naturelle  du  Melon  que  je  prati- 
que depuis  quelque  temps  et  des  formes  de 
fantaisie  que,  selon  le  même  principe,  celte 
plante  est  susceptible  de  prendre  aisément. 
Ainsi  donc,  un  peu  moins  d’emprunts  à la 
nature  et  un  peu  moins  de  science  propre- 
ment dite  vont  nous  fournir,  j’en  suis 
presque  certain,  un  milieu  capable  de  rem- 
plir largement  notre  but. 

Toujours  ensuivantlemêmeprinciped’t(ff- 
lisation  des  vrilles,  je  propose  défaire  ramper 
les  tiges  sur  une  petite  tonnelle,  élevée  en 
moyenne  de  0‘^.40  au-dessus  du  sol,  dirigée 
est-ouest  et  inclinée  vers  le  nord,  en  sorte 
que  les  fruits  suspendus  au-dessous  du  petit 
treillage  oblique,  exposés  au  soleil  et  très- 
rapprochés  du  sol,  soient  beaucoup  plus 
précoces.  Un  ou  deux  pinçages  seront  peut- 
être  ici  de  quelque  utilité. 

Ce  dernier  procédé,  qui  est  presque  d’une 
aussi  grande  simplicité  que  le  premier,  me 
paraît  de  nature  à promettre  de  très-bons 
résultats;  il  peut,  en  outre,  se  pratiquer 
dans  presque  tous  les  climats  tempérés;  le 
peu  d’élévation  des  tiges  permettant  l’emploi 
facile  de  certains  abris  peu  coûteux,  et 
quelques  autres  soins  à la  portée  du  simple 
cultivateur  comme  à celle  de  l’habile  jardi- 
nier. A.  P.  Leyrisson. 


REVUE  COMMERCIALE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  MAI), 


Légumes  frais.  — Les  légumes  nouveaux  font 
maintenant  leur  apparition  à la  halle.  Leurs 
prix  sont  encore  un  peu  élevés.  Voici  la  mercu- 
riale du  10  mai.  Les  Carottes  nouvelles  se  ven- 
dent de  40  à 120  fr.  les  100  les  bottes.  Les  Ca- 
rottes pour  chevaux  sont  cotées  de  12  à 16  fr., 
au  lieu  de  10  à 12  fr.  — ■ Les  Panais  valent  de 

24  à 28  fr.,  avec  4 fr.  de  baisse  par  100  boites. 

— Les  Navets  sont  au  prix  de  20  à 25  fr.  les 
100  bottes;  ceux  d’hiver  sont  cotés  de  6 à 14  fr. 
l’hectolitre.  — Les  Choux  nouveaux  se  payent 
15  fr.  le  100,  après  avoir  valu  32  fr.  au  com- 
mencement du  mois.  A cette  époque  on  vendait 
les  Choux  ordinaires  de  20  à 35  fr.;  depuis,  on 
n’en  trouve  plus  sur  le  marché. — Les  Poireaux 
se  vendent  de  25  à 35  fr.  les  100  bottes  — Les 
Choux-Fleurs  de  Bretagne  sont  cotés  de  30  à 
50  fr.  le  100,  et  ceux  de  Paris  de  20  à 50  fr. 

— Les  Oignons  nouveaux  sont  au  prix  de  30  à 
50  fr.  les  100  bottes;  ils  ont  déjà  diminué  de 

25  fr.  depuis  le  1er  mai;  les  Oignons  en  grains 
vendus  à l’hectolitre  se  payent  de  20  à 25  fr., 
avec  5 fr.  de  hausse.  — Les  Radis  roses  valent 
de  OC 30  à 0C40  la  hotte,  c’est-à-dire  moitié 
moins  qu’il  y a quinze  jours. — Les  Champignons 
sont  toujours  cotés  de  0C05  à OCIO  le  mani- 
veau.  — Le  Céleri  de  OCIO  à 0C20  la  botte. — 
Les  Salsifis  valent  de  0C30  à 0C40  la  botte  ; ils 
ont  augmenté  de  0C05  à OC  10  depuis  la  fin  d’a- 
yril.  — Les  Asperges  de  châssis  les  plus  belles 
se  vendent  5 fr.  la  botte;  on  voit  qu’elles  sont 
bien  diminuées  depuis  notre  dernière  revuej  les 
plus  ordinaires  sont  cotées  de  1 fr.  à 1C25.  — 
J.es  Haricots  verts  ont  aussi  beaucoup  baissé  ; 
ils  se  vendent  de  2C25  à 3 fr.  le  kilogramme, 
avec  tendance  à une  nouvelle  baisse.  — Les 
petits  Pois  se  vendent  de  1C50  à 2 fr.  le  litre. 

Les  Pommes  de  terre  vieilles  ne  se  vendent 

Eue  plus  à la  halle  ; on  attend  la  cote  des 
les  de  terre  nouvelles  ; la  Hollande  est  du 
cours  nominal  de  6 fr.  à 6C50  l’hectolitre,  et 
les  jaunes  de  4 fr.  à 4C50. 

Herbes  et  assaisonnements.  — Les  change- 
ments de  prix  ont  été  de  moindre  importance 
dans  celte  série  de  denrées;  quelques-unes  ont 
éprouvé  de  la  hausse,  d’autres  de  la  baisse . Il 
n’y  a pas  de  mouvement  accusé.  — Les  Epi- 
nards se  vendent  de  ÜC20  à 0C40  le  paquet,  au 
lieu  de  ÜC15  à 0C30.  — L’Oseille  ordinaire  est 
cotée  0C30  le  paquet,  avec  OC  10  de  diminution; 
celle  de  première  qualité  vaut  toujours  0C60. — 
Le  Cerfeuil  se  paie  de  0C40  à 0C60  la  botte, 
avec  0C20  de  hausse.  — Le  Persil,  au  contraire, 
a baissé  de  0C15,  et  se  vend  de  OCIO  à 0C15  la 
Lotte.  — L’Ail,  qui  était  coté  de  4 à 6 fr.  le 
paquet  de  25  petites  hottes,  ne  vaut  plus  que  de 
2 ^ 5 fp,  __  La  Ciboule  est  au  prix  de  OC  15  à 
0C20  la  botte,  en  hausse  de  0C05.  — Le  Thym 
se  vend  toujours  de  OCIO  à 0C20  la  botte. 
L’Echalote  a baissé  de  0f.15  en  moyenne  par 
hotte  et  ne  vaut  plus  que  de  0C40  à 0C70.  — 
Les  Appétits  se  vendent  de  Ot.lo  à 0C25.  La 
Pimprenelle  se  paye  de  OCIO  à 0C20,  avec  0C05 
de  baisse  sur  le  prix  minimum.  — Le  prix  de 
l’Estragon  est  de  0t.20  à 0C50  la  botte. 


Salades.  — On  vend  maintenant  de  OC 30  à 
0C60  la  botte  composées  de  4 têtes  de  Romaine. 
— La  Laitue  vaut  de  2 à 6 fr.  — Les  Pissenlits, 
de  0C25  à 0C40  le  kilogramme  ; il  y a eu  baisse 
considérable  sur  ces  trois  denrées.  — Le  Cres- 
son ordinaire  diminue  un  peu;  il  est  au  prix  de 
0C40  à 0C80.  — La  Chicorée  frisée  vaut  de  5 à 
14  fr.  le  100,  avec  4 fr.  de  diminution  sur  le 
prix  maximum.  — La  Chicorée  sauvage  se  ven- 
dait, au  commencement  de  mai,  de0C40  à 0C70 
le  calais  ; on  n’en  trouve  plus  depuis  le  8.  — La 
Chicorée  blanche  vaut  de  0C20  à 0C30  la  botte 
et  devient  rare. 

Fruits  frais.  — H n’y  a pas  eu  de  Poires  ni 
de  Pommes  sur  le  marché  depuis  la  fin  d’avril; 
c’est  dans  six  semaines  environ  qu’apparaîtront 
les  premières  variétés  hâtives.  — Les  Fraises  se 
vendent  de  OC 40  à 0C45  le  pot,  et  de  1C25  à 
1C50  le  panier;  la  baisse  n’est  pas  encore  ve- 
nue sérieusement  sur  cet  article. 

Fleurs  et  plantes  dé  ornement.  — Sur  tous  les 
marchés  aux  fleurs  de  la  première  quinzaine  de 
mai  régnait  une  activité  exceptionnelle,  due 
surtout  au  mois  de  Marie,  dont  les  cérémonies 
absorbent  une  quantité  considérable  de  fleurs, 
parmi  lesquelles  les  blanches  dominent.  Aussi, 
le  prix  de  celles-ci  se  maintient-il  assez^  élevé, 
tandis  que  les  fleurs  de  couleurs  différentes 
restent  toujours  au  même  taux  que  d’habitude. 
H y a lieu,  toutefois,  de  signaler  ce  fait,  que, 
par  suite  des  démolitions  opérées  actuellement 
dans  la  Cité,  le  marché  si  important  du  Quai- 
aux-Fleurs  a subi  un  déplacement  partiel  qui  a 
nui  aux  transactions  de  la  quinzaine.  La  plus 
grande  partie  des  marchands  de  plantes  fleuries 
en  pots  ont  été  installés  sur  le  quai  opposé,  de 
l’autre  côté  de  la  Seine,  dans  l’espace  compris 
entre  le  pont  Louis-Philippe  et  rHôtel-de-Ville. 
Les  arrachis  continuent  à se  tenir  sur  le  quai 
Napoléon,  entre  le  pont  d’Arcole  et  le  pont 
Saint-Louis.  Cette  dissémination,  ou  plutôt  cette 
dislocation,  entrave  les  affaires,  en  ce  qu’elle 
occasionne  beaucoup  de  pertes  de  temps,  sur- 
tout aux  marchands  de  fleurs  de  la  ville,  qui 
éprouvent  beaucoup  de  difficulté  à parfaire  leurs 
lots  d’ensemble  ou  d'assortiment. 

Quant  à la  vente  en  gros  des  arrachis  appor- 
tés par  les  cultivateurs  des  environs  de  Paris, 
elle  continue  à se  faire  en  partie  sur  le  pont 
d’Arcole,  en  partie  sur  le  quai  Lepelletier,  d’où 
il  faut  que  tout  soit  enlevé  dès  neuf  heures  du 
matin. 

Une  grande  activité  règne  aussi  pour  la  vente 
des  plantes  de  serre  propres  à la  décoration 
estivale  des  jardins;  le  moment,  en  effet,  est 
venu  de  planter  les  Héliotropes,  les  Anthémis 
frutescents,  les  Géraniums  zonals  et  inquinans, 
les Calcéolaires ligneuses, les  Fuchsias, etc.,  etc., 
qui  se  vendent  sur  le  pied  d’environ  30  a 40  fr. 
le  iOO;  on  en  trouve  aussi  à Ot  25  le  100,  mais 
ce  sont  alors  des  multiplications  plus  jeunes  et 
plus  récemment  mises  en  pots. 


A.  Ferlet. 


CHHONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  MAI) 


Un  critique  fier  de  remplir  ce  qu’il  appelle  son  devoir.  — Analyse  de  la  83^  livraison  du  Jardin  fruilier  du 
Muséum,  de  M.  Decaisne.  — Les  Pêchers  Royal-George  et  Caroline  incomparable.  — Les  Poires  de 
Tongres  et  Zéi)hirin  Gi'égoire.  — Le  Verger,  de  M.  Mas.  — Les  Meüieiirs  fruits,  de  M.  de  Mortillet.  — 
Les 'fraises,  de  M.  Guidard.  — Merveilleux  produits  annoncés  jiar  le  Sud-Est.  — Lettre  de  M.  Carrière 
en  réplique’ à M.  Gosson,  sur  l’Abies  du  Babor.  — Réclamation  de  M.  Lemaire  à propos  de  morphologie 
végétale  — Note  de  M.  Lambertye  sur  le  Canna  Plantierii.  — Errata  relatif  à l’article  bibliographique 
sur  le  livre  de  M.  Lanjoulet,  Taille  et  cutture  de  la  Vigne.  — Lettre  de  M.  de  Ternisien,  sur  la  fructifi- 
cation de  VArabia  Sieboldi.  — L’Araucaria  imbricata  en  Angleterre.  — Nomination  de  M.  Goese  comme 
chef  du  Jardin  botanique  de  Coïmbra.  — Mort  de  M.  William  Harvey.  — Les  solennités  horticoles  de 
Londres  — Exposition  d’horticulture  d’Auxerre.  — La  Société  horticole,  vigneronne  et  forestière  de 


l’Aube. 

Lo  savant  et  spirituel  M.  Herincq  a cru 
avoir  un  devoir  à remplir;  il  stigmatise  avec 
une  mâle  énergie  l’erreur  de  traduction 
qu’un  de  nos  secrétaires  a commise  en 
notre  absence,  et  que  nous  avons  rectifiée 
dans  notre  dernière  chronkpie;  il  croit  com- 
mettre une  bonne  action  et  faire  acte  de 
grand  citoyen  en  montrant  qu’un  jeune 
homme  a confondu  non  pas  Pomme  avec 
Ananas,  maïs  Apple  Si^ec  Fine- Apple.  Peut- 
être  ses  visées  voudraient-elles  aller  jusqu’à 
nous  attribuer  personnellement  la  méprise? 
Il  est  si  fort  en  anglais,  qu’il  espère  profiler 
de  la  leçon  qu’il  nous  donne  pour  augmen- 
ter ses  lecteurs  à nos  dépens,  comme  il  a 
essayé  de  lutter  contre  le  succès  du  Bon 
jardinier,  en  en  faisant  une  imitation.  Mais 
son  venin  à notre  endroit  ne  nous  atteindra 
pas  plus  que  ses  avances  doucereuses  à 
ceux  qui  veulent  bien  seconder  nos  efforts. 

M.  Herincq  s’en  prend  aussi  au  Journal 
d’agricullm’e  pralique,  qui  a laissé  passer 
un  article  où,  chose  horrible,  un  cultivateur 
du  Poitou  continue  à donner  aux  Pommes 
de  terre,  selon  le  langage  de  son  pays,  le 
nom  de  femelles  quand  les  tubercules  ont 
des  germes  vigoureux,  et  le  nom  de  mâles 
quand  les  tubercules  ne  présentent  que  des 
germes  minces  ou  atrophiés.  La  question 
Soulevée  était  évidemment  de  savoir  s’il 
fallait  plutôt  semer  les  uns  que  les  autres, 
en  baissant  de  côté  une  mauvaise  appellation 
que  nous  avions,  du  reste,  condamnée.  Mais 
M.  Herincq  trouve  plaisant  de  transformer 
en  Grandaday  le  nom  de  Granday  du  culti- 
vateur poitêvin,  qui  a eu  l’audace  de  faire 
des  expériences  sur  la  valeur  comparative 
de  divers  tubercules  comme  reproducteurs, 
et  il  ajoute  : c(  Au  moment  de  mettre  sous 
presse,  nous  apprenons  que  le  savant  pro- 
fesseur de  culture  du  Muséum,  M.  Decaisne, 
a donné  lecture  des  deux  articles  que  nous 
venons  de  signaler,  dans  sa  leçon  du  samedi 
5 mai,  et  qu’il  a châtié  sévèrement  les  deux 
auteurs.  » 

H nous  suffit,  quant  à nous,  de  repro- 
duire ces  choses  , qui  ont  la  prétention 
d’être  méchantes.  Nous  ne  cachons  rien, 
pas  même  les  critiques  acerbes  dont  nous 
pouvons  être  l’objet.  Que  les  auteurs  de  ces 
critiques  jouissent  donc  et  s’enorgueillissent 
de  remplir  ce  qu’ils  appellent  leurs  devoirs. 
Nous  continuerons  tout  simplement  à suivre 
notre  chemin. 


Ce  qu’a  pu  dire  ou  ne  pas  dire  M.  De- 
caisne ne  nous  empêchera  pas  de  donner, 
pour  la  cinquantième  fois  peut-être,  les  éloges 
qu’elle  mérite  à l’œuvre  dont  il  poursuit  la 
publication.  Nous  avons  reçu  la  83^  livraison 
du  Jardbi  fruitier  du  Muséum,  consacrée  au 
Pêcher  Hoyal-George,  au  Pêcher  Caroline  in- 
comparable, àlaPoire  de  Tongres  et  à laPoire 
Zéphirin  Grégoire.  Cette  livraison  est  non 
moins  intéressante  et  elle  est  aussi  bien  exé- 
cutée que  toutes  celles  qui  l’ont  précédée. 

Le  Pêcher  Royal-George  est  un  arbre  de 
vigueur  moyenne,  à nervures  un  peu  grêles, 
ayant  des  feuilles  dépourvues  de  glandes, 
généralement  un  peu  pliées  en  gouttière  et 
assez  fortement  dentées.  H se  couvre  de  pe- 
tites fleurs  d’un  rose  vif  et  produit  un 
assez  bon  effet.  En  ce  qui  concerne  son 
fruit,  chose  la  plus  importante,  il  a une 
tinesse  de  goût  remarquable,  qui  doit  enga- 
ger à propager  cette  variété.  M.  Carrière, 
auteur  de  ce  qui  est  relatif  à l’histoire  du 
Pêcher  dans  le  Jardin  fruilier  du  Aluséum, 
le  décrit  en  ces  termes  : 

« Fruit  moyen,  subsphérique  ou  légèrement 
déprimé,  plus  large  que  haut,  rarement  inéqui- 
latéral, marqué  sur  l’un  des  côtés  d’un  léger 
sillon  qui  se  termine  à la  dépression  supérieure 
du  fruit.  — Cavité  pédonculaire  arrondie,  pro- 
fonde, étroite,  souvent  rétrécie  dans  le  sens 
du  sillon.  — Peau  se  détachant  facilement  de  la 
chair,  couverte  d’un  duvet  très-fin  et  court, 
douce  au  toucher,  colorée  en  rouge  sur  les 
parties  exposées  au  soleil,  d’un  blanc  jaunâtre 
sur  la  face  placée  à l’ombre.  — Chair  non 
adhérente  ou  un  peu  adhérente  par  places, 
blanche,  légèrement  rosée  autour  du  noyau, 
très-fondante;  eau  abondante,  sucrée,  faible- 
ment acidulée,  d’un  parfum  très-agréable.  — 
Noyau  petit,  ovale,  atténué  et  arrondi  à la  base, 
brusquement  terminé  au  sommet  en  un  très- 
court  mucron,  très-renflé  sur  les  deux  faces,  un 
peu  au-dessus  du  milieu,  offrant  en  général 
des  rugosités  peu  saillantes  et  pour  ainsi  dire 
perforées;  suture  ventrale  convexe,  à sillon 
assez  large,  mais  peu  profond;  suture  dorsale 
large,  peu  saillante,  sillonnée.  — Fruit  com- 
mençant à mûrir  à Paris  vers  le  12  août. 

• M.  Carrière  ajoute  qu’il  faut  cueillir  cette 
Pêche  à temps,  sans  quoi  on  risque,  en  la 
laissant  sur  l’arbre,  de  lui  faire  perdre  de 
son  parfum  ou  de  la  faire  devenir  trop  su- 
crée ou  trop  pâteuse. 

Le  Pêcher  Caroline  incomparable  souvent, 
à l’encontre  du  précédent,  un  fruit  remarqua- 
ble par  sa  bonté  mais  non  par  sa  qualité  qui 

11. 


1er  JüiN  1866. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  MAI). 


est  médiocre.  Il  doit  être  planté  en  espalier, 
au  midi,  dans  un  terrain  chaud  et  léger. 
C’est  d’ailleurs  un  arbre  vigoureux,  à ra- 
meaux assez  allongés,  avec  des  feuilles  glan- 
duleuses, assez  grandes,  larges  et  ovales,  à 
bords  minceset  dentelures  fines.  Il  se  couvre 
de  lleurs  assez  petites  d’un  rose  clair.  Le 
fruit,  qui  rappelle  par  sa  forme  la  Pêche  Té- 
ton de  Venus,  présente,  d’après  M.  Carrière, 
les  caractères  suivants  : 

Fruit  gros,  plus  haut  que  large,  souvent 
bossué  et  conique,  mamelonné,  à peine  sillon- 
né. — Cavité  pédonculaire  très-petite.  — 
Peau  d’un  beau  jaune  orangé,  de  couleur 
rouge  vif,  marquée  de  sortes  de  taches  ou  de 
marbrures  de  couleur  plus  foncée  sur  les 
parties  exposées  au  soleil.  — Chair  jaune,  très- 
adhérente,  rouge  près  du  noyau,  ferme  quoi- 
que assez  fondante;  eau  abondante,  sucrée,  lé- 
gèrement parfumée. — Noyau  large,  ovale,^  un 
peu  inéquilatéral,  arrondi  à la  base,  terminé  au 
sommet  en  un  large  et  court  mucron,  offrant 
un  sillon  très-large;  suture  ventrale  convexe; 
suture  dorsale  peu  saillante,  étroite,  comprimée, 
arcourue  par  un  large  sillon . — Mûrissant  à 
aris  du  8 au  10  septembre. 

La  Poire  de  Tongres  a / aussi  été  appelée 
Poire  Durondeau;  elle  est  assez  commune 
dans  les  provinces  wallonnes  de  la  Belgique. 
D’après  M.  Bivort,  qui  l’a  décrite  en  1850,  il 
est  probable  qu’elle  doit  son  nom  à ce 
qu’elle  a été  primitivement  obtenue  dans  la 
ville  de  Tongres  (Hainaut),  par  un  jardinier 
appelé  Durondeau  ou  Durandeau.  Dans 
tous  les  cas,  c’est  un  excellent  et  beau  fruit; 
il  vient  sur  un  arbre  de  vigueur  moyenne,  au 
port  pyramidal;  il  paraît  préférable  de  le  cul- 
tiver sur  franc  plutôt  que  sur  cogbassier.  M. 
Decaisne  en  donne  la  description  suivante  : 

«Fruit  mûrissant  vers  la  fin  d’octobre,  turbiné 
ou  oblong,  moyen  ou  gros,  ordinairement  irré- 
gulier, bossué  ; à pédoncule  droit  ou  oblique, 
cylindraicé  ou  renflé  à son  insertion  sur  le 
fruit,  brun,  lisse  ou  peu  verruqueux.  — Peau 
de  couleur  brune  ou  cannelle  à l’ombre,  d’un 
rouge-brun  orangé,  plus  ou  moins  fouetté  de 
carmin  au  soleil,  parsemée  de  gros  points  ger- 
cés, souvent  accompagnés  d’une  sorte  de  réseau 
grisâtre  formé  de  linéaments,  portant  ordinaire- 
ment une  tache  fauve  autour  du  pédoncule  et 
dans  le  voisinage  de  l’œil.  . — Œil  placé  au 
milieu  d’une  dépression  régulière,  entourée  de 
zones  concentriques,  à divisions  courtes  ou 
tronquées,  glabres.  — Cœur  dessinant  un  lo- 
sange sur  la  coupe  longitudinale  du  fruit,  en- 
touré de  petites  granulations;  loges  moyennes; 
pépins  bruns-roussâtres;  lacune  centrale  large 
et  subéreuse.  — Chair  très-blancbe,  à peine 
granuleuse  , très-fondante  , remarquablement 
juteuse  ; eau  sucrée-acidulée,  un  peu  astrin- 
gente, parfumée,  non  musquée.  Excellentfruit.» 

M.  Decaisne  fait  remarquer  que  cette 
belle  Poire  doit  être  prise  à point  pour  pré- 
senter toutes  ses  qualités.  Quand  on  la  garde 
au  truitier,  elle  se  colore  et  acquiert  du 
parlum. 

La  Poire  Zépbirin  Grégoire,  due  au  se- 


mis deM.  Grégoire,  de  Jodoigne,  qui  l’a  fait 
connaître  en  18T3,  est  aussi  un  très-bon 
fruit,  très-apprécié  des  amateurs;  mais  elle 
est  généralement  assez  petite.  Elle  est  por- 
tée par  un  arbre  pyramidal  que  l’on  ren- 
contre surtout  dans  quelques  parties  de 
l’ouest  et  du  centre  de  la  France.  M.  De- 
caisne la  décrit  ainsi  : 

« Fruit  commençant  à mûrir  en  septembre  et 
se  conservant  jusqu’à  la  fin  d’oclobre,  arrondi, 
turbiné  ou  en  forme  de  doyenné,  présentant 
souvent  un  léger  sillon  ; à queue  cylindracée, 
droite,  insérée  dans  l’axe  du  fruit  ou  oblique, 
charnue  et  accompagnée  d’un  bourrelet  à son 
insertion  sur  le  fruit,  de  couleur  verte  ou  jaune, 
plus  ou  moins  parsemée  de  lenticelles.  — Peau 
fine,  lisse,  de  couleur  jaune-citron,  parsemée 
de  points  fauves,  arrondis,  gercés,  quelquefois 
légèrement  teintée  de  rouge  au  soleil,  avec  de 
petites  marbrures.  — Œil  à fleur  de  fruit  ou 
placé  au  centre  d’une  faible  dépression  régu- 
lière, à divisions  étalées  et  formant  l’étoile, 
lancéolées,  linéaires,  canaliculées,  pubescentes. 
— Cœur  arrondi  ou  ovale,  se  confondant  avec  le 
fruit,  entouré  de  très-petites  granulations;  loges 
assez  larges  ; pépins  fuligineux  ; lacune  centrale 
allongée,  subéreuse.  — Chair  blanchâtre,  très- 
fine  et  fondante  ; eau  abondante,  un  peu  acidu- 
lée, astringente,  légèrement  aromatisée  ou 
quelquefois  douée  d’une  très-faible  odeur  de 
musc.  Très-bon  fruit.  » 

La  pomologie  continue  à jouir  de  la  faveur 
publique  ; à côté  de  l’ouvrage  de  M.  Decaisne, 
nous  citerons  le  Verger,  de  M.  Mas,  dont  la 
publication  a lieu  avec  régularité  chez  Victor 
Masson,  à Paris,  et  le  traité  des  Meilleurs 
fruits,  qui  paraît  à Grenoble,  chez  Pru- 
dhomme  et  Giroud,  et  qui  est  dû  à la  science 
profonde  de  M.  de  Mortillet.  Nous  reparle- 
rons de  ces  œuvres,  qui  méritent  à tous 
égards  d’appelerl’attention  des  horticulteurs. 

L’imprimerie  de  M.  Prudhomme,  à Gre- 
noble, qui  imprime  l’ouvrage  de  M.  de 
Mortillet,  publie  aussi  un  journal  local, 
intitulé  : le  Sud-Est,  où  se  rencontrent  sou- 
vent de  très-bons  articles.  Nous  trouvons, 
dans  un  des  derniers  numéros  de  ce  jour- 
nal, une  lettre  de  M.  Guidard,  pépiniériste 
à Saint-Trivier-de-Courtes  (Ain),  que  nous 
croyons  devoir  signaler.  M.  Guidard  a cul- 
tivé les  Fraisiers  pendant  plusieurs  années, 
et  il  pense  pouvoir  conclure  de  ses  expé- 
riences qu’il  y a sept  Fraises  surtout  à con- 
seiller. Il  ouvre  une  souscription  à raison 
de  !2  francs  les  cent  pieds  de  Fraisiers,  qu’il 
range  dans  l’ordre  suivant,  en  leur  donnant 
les  proportions  indiquées  par  les  chiffres  en 
regard  : 

Pieds. 

Belle  de  Paris  (comte  de  Lambertye).  15 


2°  Hendric’s  Seedling 15 

3°  Marguerite  . ' 15 

40  Merveilleuse 15 

50  Sir  Harry ...  15 

6®  Victoria.  15 

70  Quatre-Saisons 10 


Total 100 


M.  Guidard  ajoute  que  ce  mélange,  dont 


203 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  MAI). 


tous  les  pieds  donnent  simultanément  du 
15  mai  au  30  juin,  est  remarquable  à tous 
égards  par  la  productivité,  la  beauté,  la  rus- 
ticité dans  tous  les  terrains.  Il  est  en  mesure 
de  livrer  tous  les  ans,  en  septembre  et  oc- 
tobre, toutes  les  quantités  qui  lui  seront 
demandées.  Ceux  de  nos  lecteurs  et  corres- 
ondants  qui  s’adonnent  à la  culture  des 
raisiers  pourront  donc  vérifier  facilement 
i son  dire.  Mais  le  journal  le  Sud-Est  ne 
va-t-il  pas  un  peu  loin  lorsqu’il  ajoute  les 
explications  suivantes  : 

« 1 mètre  carré  peut  contenir  3 mètres  de  bor- 
durel’are,  300  mètres  de  bordure  ; un  demi-hec- 
tare ou  50  ares  conliendront  1,500  mètres  de 
bordure;  chaque  mètre  de  bordure  donne  '"2  kil. 
de  Fraises,  soit  30,000  kilogr.  dans  50  ares.  A 
0C25  Fun,  on  a un  produit  de  7,500  fr.,  d’où  il 
faut  déduire  les  frais  de  cueillette  à 0F05  le 
kilogr.,  soit  1,500  fr.,  plus  les  frais  de  culture 
et  de  vente  à Of.10  le  kilogr.,  ou  en  tout4,500fr. 

( Il  reste  un  bénéfice  net  de  3,000  fr.  A ce  béné- 
fice, on  peut  ajouter  celui  de  la  culture  de 
25  arbres  à fruits  divers,  en  fuseau,  qui  pro- 
duiront chacun  1 fr.,  soit  par  are  25‘fr.,  et 
pour  50  ares  1 ,2-50  fr  , ce  qui  donne  enfin  pour 
50  ares  en  tout  4,250  fr.  | 

« Ce  produit  est  magnifique  ; seulement  il  y 
a une  difficulté  : la  vente  de  lous  les  jours.  Si 
nous  étions  producteurs,  voici  ce  que  ^nous  fe- 
rions : dès  que  nos  belles  fraises  parmtraient, 
elles  vaudraient  de  0C50  à OC75  et  même  1 fr. 
le  kilogr.  ; nous  les  offririons  à domicile,  ren- 
dues chaque  jour  pendant  toute  leur  durée,  à 
0C25  le  kilogr.  dès  le  principe,  dans  de  petites 
corbeilles  rustiques  ad  hoc. 

((  Nous  sommes  convaincus  qu’il  ne  serait  pas 
pas  difficile  de  faire  de  150  à 200  abonnements, 
qui  dureraient  pendant  tout  le  temps  des 
Fraises,  et  qui  pourraient  se  continuer  pour  les 
Cerises,  puis  pour  les  autres  fruits,  etc.  Ces 
souscriptions  n’ont  jamais  été  tentées;  nous 
croyons  qu’elles  réussiraient  parfaitement  parce 
qu’elles  seraient  fort  commodes.  Nous  en  jugeons 
par  nos  propres  besoins.  » 

I Nous  reproduisons  l’idée  sans  avoir  foi 
j complète,  de  même  que  nous  nous  méfions  un 
peu  des  calculs  qui  aboutissent  à des  béné- 
, * fices  de  3,500  fr.  par  hectare.  Nous  croyons 
' , qu’il  y aura  d’autres  contradicteurs. 

La  discussion,  la  contradiction  forment 
l’une  des  conditions  essentielles  du  progrès  ; 
sans  elles,  la  vérité  ne  peut  pas  s'établir. 
Aussi,  nous  n’hésitons  jamais  à laisser  aux 
polémiques  leurs  cours  naturel  et  à insérer 
des  critiques.  C’est  pourquoi  nous  trouvons 
juste  de  donner  la  parole  à M.  Carrière,  pour 
répliquer  à M.  Cosson,  dont  nous  avons  in- 
' séré,  dans  notre  dernière  chronique  (p.  182), 
une  lettre  relative  à l’Abies  des  montagnes 
de  Babor  : 

« Mon  cher  directeur, 

« Les  débats  qui  se  sont  élevés  dans  la  Revue 
horticole  entre  M.  Cosson  et  moi,  au  sujet  de 
VAbies  numidica^  ne  peuvent  se  terminer  sans 
que  je  réplique,  ainsi  que  vous  le  dites  dans 
votre  dernière  chronique.  Plusieurs  raisons  s’y 


opposent  ; d’abord  la  vérité,  que  les  lecteurs  de 
la  Revue  horticole  doivent  connaître,  et  surtout 
la  science;  car  à ce  dernier  point  de  vue  il  y a 
eu  une  confusion  que  je  crois  faire  disparaître. 

Du  reste,  je  ne  fais  qu’user  de  représailles  ; les 
deux  lettres  de  M.  Cosson  m’en  donnent  le  droit, 
et  l’impartialité  vous  fait  un  devoir  de  m’accor- 
der la  parole.  J’espère  donc,  que  non-seulement 
vous  me  l’accorderez,  mais  que  ma  lettre  n’ayant 
rien  de  contraire  au  convenances  et  étant  con- 
forme à la  vérité,  vous  la  publierez  in  extenso. 

Ce  n’est  certainement  pas  M.  Cosson  qui  trou- 
vera mon  langage  inconvenant,  lui  qui,  dans  la 
critique  qu’il  a faite  de  quelques  plantes  des 
environs  de  Paris,  a laissé  dire  à M.  Borreau, 
son  collègue,  de  feu  V.Merat,  leur  aîné  de  beau- 
coup et  leur  maître  en  botanique,  que,  (c  s’il 
avait  quelque  chose  du  cerf,  ce  n' était  pas  les 
jambes.  » (E.  Cosson  et  E.  Germain.  Suppl, 
catal.  raisonné,  p.  35;  1843.) 

« Je  commence  donc  par  dire  que  je  suis  fort 
étonné  que  M.  Cosson  ait  écrit  une  deuxième 
lettre  au  sujet  de  VAbies  numidica,  et^  qu’il 
n’ait  pas  été  satisfait  de  la  réponse  que  j’avais 
faite  à la  première  {voir  Rev.  hort.,p.  163), 
réponse  qui,  en  effet,  grâce  à la  prudente 
sagesse  de  la  rédaction,  étai’  passablement  bé- 
nigne. J’en  suis  d’autant  plus  étonné,  que  ainsi 
' que  le  dit  M.  Cosson  lui-même.  « j’avais  admis 
les  deux  faits  qu’il  tenait  à établir.  » Mais  alors, 
si  j’ai  accordé  à M.  Cosson  ce  qu’il  demandait, 
et  si  publiquement  je  lui  ai  donné  raison  sur 
les  deux  seules  choses  qu’il  désirait,  et  s’il  n’a 
pas,  ainsi  qu’il  le  dit  (Rev.  hort.,  p.  182),  « re- 
vendiqué la  priorité  de  la  découverte  de  VAbies 
Baboriensis  pour  donner  satisfaction  à son 
amour-propre  àéinventeur..  .y>  il  est  difficile 
de  se  rendre  compte  du  mobile  qui  l’a  fait  agir. 
Aussi,  et  quoi  qu’il  en  dise,  il  est  à craindre  que 
les  lecteurs  pensent  autrement  qu’il  le  dit. 

((  J’aurais  plusieurs  observations  à faire  aux 
deux  lettres  de  M.  Cosson;  mais  afin  de  ne  pas 
trop  prolonger  cet  article,  je  n’en  ferai  qu’une  : 
celle  qui  a rapport  à la  découverte  de  VAbies 
numidica^  découverte  qui,  ainsi  que  nous  l’ap  - 
prend  M.  Cosson  dans  un  passage  de  sa  lettre 
(Rev.  hort.,  p.  144),  ne  lui  appartient  pas,  et 
qu’il  n’en  est  que  Vinventeur.  Voicice  passage  : 

<c  MM  A.  Letourneux  et  H.  de  la  Perraudière  ren- 
contrent les  premiers  pieds  de  VAbies  pinsapo,  va- 
riété Baboriensis  ; en  couper  quelques  rameaux  et 
îious  les  apporter  silencieusement  pour  nous  ména- 
ger le  plaisir  de  la  surprise  que  devait  nous  causer 
cette  belle  découverte,  fut  pour  eux  une  agréable 
satisfaction,  car  ils  connaissaient  l’extrême  rareté  de 
VAbies  pinsapo,  qui,  jusqu’ici,  n’avait  été  observé 
que  dans  deux  localités  de  l’Espagne  méridio- 
nale . » 

«Les  conséquences  qui  découlent  de  cet^aveu 
il  est  facile  de  les  déduire. 

« Je  ferai  observer,  en  passant,  à M.  Cosson, 
qui  semble  attacher  beaucoup  d’importance  à 
la  forme  et  au  fond  du  langage  (Rev.  hort.,  p. 
182,  2®  colonne,  ligne  23),  que  celui  qu’il  tient 
ici  n’est  peut-être  pas  exempt  de  reproche,  car 
la  qualification  dVinventeur  qu’il  s’attribue  n’est 
pas  exacte  ;il  n’a  pas  mvv.mtV Abies numidica, 
mais  tous  simplement  la  qualification  Baborien- 
sis; il  a donc  été  parrain  : rien  de  plus.  Ce  qui 
toutefois  est  un  titre,  puisque,  d’après  notre 
religion,  le  parrain  d’un  enfant  remplace  le 
père.  M.  Cosson  aurait-il  pris  ces  paroles  à la 


204 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  MAI). 


ettre?  S’il  en  était  ainsi,  on  comprendrait 
toute  sa  sollicitude  pour  son  enfant  du  Babor. 

« En  effet,  il  résulterait  du  passage  de  la  lettre 
de  M.  Cosson  que  j’ai  cité  plus  haut,  que  ce 
seraient  MM.  Letourneux  et  H.  de  la  Perrau- 
dière  qui  auraient  découvert  VAbies  en  ques- 
tion. Mais  le  fait  est  fortement  infirmé,  puisque, 
ainsi  que  je  l’ai  dit  dans  ma  lettre  (Rev.  hort.^ 
p.  184),  cette  découverte  a été  faite  par  M.  le 
capitaine  Guibert.  M.  Cosson,  qui,  avec  raison, 
est  à cheval"  sur  les  procédés,  ne  sera  pas  fâché, 
j’en  suis  sûr,  que  je  rende  à César  ce  qui  appar- 
tient à César. 

« Mais  ne  voulant  pas  pousser  plus  loin  cette 
discussion,  que  j’ai  hâte  de  clore,  je  vais  en 
quelques  mots,  pour  la  terminer,  faire  connaî- 
tre un  fait  assez  important  que  ce  débat  à fait 
ressortir  et  qui,  une  fois  de  plus,  donnera  raison 
au  proverbe  : A quelque  chose  malheur  est  bon. 

€ Ce  fait,  c’est  qu’en  étudiant  de  nouveau  les 
plantes  qui  ont  été  envoyées  d’Algérie  ou 
celles  qui  proviennent  de  graines  qui  en  sont 
également  originaires,  j’ai  reconnu  qu’il  y a 
deux  formes  ditïérentes  et  très-distinctes:  l’une 
dont  les  branches  relativement  grêles  portent 
des  feuilles  longues,  très-étroites,  distiques  et 
à peine  glaucescentes;  l’autre,  au  contraire, 
dont  les  branches,  beaucoup  plus  robustes, 
portent  des  feuilles  courtes,  relativement  grosses 
et  larges,  très-brusquement  rétrécies  au  som- 
met, éparses  sur  toutes  les  parties  des  rameaux, 
très-glauques,  farinacées  non-seulement  en-des- 
sous, mais  même  en-dessus  lorsqu’elles  sont 
jeunes;  en  un  mot  d’une  forme  complètement 
différente  l’une  de  l’autre;  ce  qui,  on  le  voit, 
me  permet  de  clore  le  procès  en  donnant  gain 
de  cause  à toute  les  parties  qui  y ont  pris  part, 
— ce  qui  est  un  fait  extrèment  rare  dans  les 
procédures. 

« En  effet,  le  public  y gagnera  deux  formes  au 
lieu  d'une.  MM.  Delannoy  et  Cosson,  qui  n’ont 
rien  découvert,  n’en  resteront  pas  moins  les 
parrains  : le  premier,  de  VAbies  numidica  \ le 
deuxième,  de  VAbies  pinsapo  baboriensis. 
Quant  à moi,  j’aurai  participé  à la  fête  en  payant 
une  grande  partie  des  frais.  J’ajoute  que  soit  les 
plantes,  soit  les  graines  d'Abies  numidica,  eWes 
ont  été  envoyées  parM.  Delannoy,  tandis  que  les 
graines  qui  ont  produit  VAbies  pinsapo  babo- 
riensis ont  été  adressées  au  Muséum  par 
M.  Hardy.  « Carrière.  » 

— Voici  une  autre  polémique  que  nous 
acceptons  aussi  dans  le  but  de  laisser  établir 
la  vérité.  Le  point  de  départ  du  débat  est 
dans  un  article  du  journal  de  la  Société 
centrale  d’horticulture,  et  nous  aurions  pu 
par  conséquent  dire  à notre  collaborateur, 
M.  Lemaire,  d’essayer  de  s’adresser  ailleurs  ; 
mais,  eût-il  eu  la  parole?  D’ailleurs,  notre 
autre  collaborateur,  M.  André,  auquel  s’a- 
dresse M.  Lemaire,  pense  comme  nous  sur 
la  nécessité  de  laisser  tout  le  monde  s’expli- 
quer : 

« Mon  cher  directeur, 

« On  lit  dans  le  Journal  de  la  Société  impé- 
riale et  centrale  d'horticulture  de  Paris 
(numéro  de  février  1866,  page  98  : Compte- 
rendu des  travaux  du  Comité  des  plantes  d’or- 
nement, pendant  l’année  i865)  : 

« Un  fait  de  transformation  végétale  des  1 


plus  curieux  a été  signalé  par  M.  Frédéric  Pal- 
mer, de  Versailles.  Un  Echinocactus  cachetanus 
(E.  setispinus,  Eugelm  : ce  nom  doit  avoir 
la  priorité),  a présenté  chez  lui  le  singulier 
phénomène  du  changement  de  fruits  en  plantes 
parfaites.  On  n’avait  guère  vu  jusqu’ici  de  pa- 
reils faits  se  produire  que  sur  les  Opuntia, 
JAMAIS  SUR  DES  CACTÉES  GLOBULEUSES.  )) 

((  Il  nous  importe  de  relever,  comme  une 
erreur  grave,  cette  dernière  assertion  de  notre 
excellent  collaborateur  M.  André,  auteur  dudit 
compte  rendu,  erreur  dans  laquelle  il  a versé,  ou 
plutôt  on  l’a  fait  verser,  n’ayant  certainement 
pas  connaissance  de  notre  article  sur  cet  impor- 
tant sujet,  inséré  dès  novembre  1865,  dans 
Vlllustration  horticole,  Miscellanes,  page  79,  et 
intitulé  : Morphologie  végétale. 

((  Et  cet  article,  il  est  opportun  de  le  rapporter 
ici  : 

« Il  n’est  personne  qui  ne  connaisse  le  cu- 
rieux phénomène  que  présentent  diverses  es- 
pèces d’Opuntia  : celui  du  développement  de 
leurs  ovaires,  sans  changer  de  forme,  soit  en 
rameaux  articulés,  soit  en  ovaires  nouveaux, 
par  lesquels  se  continue  non-seulement  l’évo- 
lution successive  de  nouveaux  rameaux,  mais 
même  sur  lesquels  se  montrent  d’autres  fleurs 
bien  formées,  normales,  et  dont  les  ovaires  pré- 
sentent également,  au  lieu  de  mûrir,  le  même 
phénomène  de  développement  raméal  ou  de 
nouvelles  fleurs,  etc. 

« Ainsi,  dans  diverses  variétés  d’Opuntia  mo- 
nacantha  (var.  monilifera  [à  collier,]  déno- 
mination qui  justifie  le  fait),  dont  nous  avons  dû 
l’examen  à notre  savant  ami  et  excellent  cor- 
respondant, M.  Michel-Angelo  Console  (sous- 
directeur  du  jardin  botanique  de  Palerme),  nous 
avons  constaté  deux,  trois,  quatre,  et  même  cinq 
ovaires,  parfaitement  conformés,  étagés  les  uns 
sur  les  autres,  sans  compter  quelques  latéraux, 
et  sur  lesquels  cependant  poussaient  de  nouveaux 
rameaux.  L’Opuntia  Salmiana  présente  aussi 
celte  curieuse  disposition  morphologique;  mais 
chez  lui  les  fruits  primordiaux  acquièrent 
toute  la  grosseur,  le  coloiis  rouge  vif  même, 
qui  leur  sont  propres,  et  néanmoins  enfantent 
de  nouvelles  fleurs,  de  nouveaux  rameaux,  tan- 
dis qu’ils  restent  petits  et  verts  dans  l’Opuntia 
monacaniha. 

((  Mais  ce  n’est  pas  seulement  dans  le  genre 
Opuntia  (\UQSQ  montre  ledit  phénomène  : chose 
plus  étrange,  il  s’est  montré  chez  plusieurs 
Echinocactes.  Ainsi,  M.  Schlumberger,  amateur 
si  éclairé  et  si  zélé  de  Cactées,  l’a  observé,  le 
premier  peut-être,  et  nous  l’a  fait  remarquer 
chez  V Echinocactus  longihaniatus  Galeotti, 
dont  tous  les  ovaires,  après  avoir  porté  de 
belles  fleurs  bien  normales,  se  métamorpho- 
saient littéralement  en  jeunes  pousses,  lesquelles 
détachées  et  soignées  comme  boutures,  ne  tar- 
daient pas  à devenir  de  beaux  individus  absolu- 
ment semblables  à la  mère.  Nous  n’avons  pas 
manqué  de  citer  ailleurs  un  fait  aussi  curieux. 

((  11  vient  de  se  produire  également  chez  un 
fort  pied  d’ Echinocactus  recurvus  Lh.  et  Otto, 
venu  du  pays  natal,  et  appartenant  à la  collection 
Tonel,  amateur  à Gand.  Clelte  année  (1865),  plu- 
sieurs ovaires,  ainsi  que  nous  l’avons  observé, 
après  avoir  porté  des  fleurs  bien  normales,  au 
lieu  de  mûrir  et  de  se  développer  en  baies,  se 
sont  changés  également  en  jeunes  individus 
parfaitement  conservés,  et  qui  serviront  à pro- 


) 


( 

I 


l 

I 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  ÛE  MAI), 


205 

vertical;  » il  faut  : branche  à fruit  horizontale 
et  branche  à bois  verticale. 

Et  enfin,  dans  les  ponctuations  suivantes,  qui 
changent  le  sens  de  la  phrase  : 

Page  194,  Ire  colonne,  ligne  21  et  suivantes, 
« il  est  cité  encore  et  fort  recommandé  dans  la 
4e  édit.  (1859),  et  enfin  dans  le  5e  édit.  (1861)  : 
Ces  fameux  coursons  opposés,  etc.  ; » il  faut  : 
il  est  cité  encore  et  fort  recommandé  dans  la 
4®  édit.  (1859).  Enfin  dans  la  5®  édit  (1861),  ces 
fameux  coursons  opposés,  etc.  » 

— La  nouvelle  horticole  que  nous  donne 
M.  de  Ternisien  dans  la  lettre  suivante  sera 
lue  avec  intérêt  pour  ceux  qui  aiment  les 
belles  plantes  ornementales  : 

« Cherbourg,  le  19  mai  1806. 

((  Monsieur  le  directeur, 

« H vous  sera  peut-être  agréable  de  savoir 
que  VAralia  Sieboldi  à fructifié  a l’air  libre 
cette  année  dans  mon  jardin. 

« Le  succès  a été  complet  ; j’ai  récolté 
500  fruits  contenant  chacun  4 graines  en  par- 
fait état  de  maturité. 

« dette  plante  éminemment  ornementale  est 
très-rustique,  et  son  beau  feuillage  résiste  par- 
faitement aux  vents;  la  preuve  c’est  que  son 
* feuillage  a supporté  le  terrible  coup  de  vent  du 
nord  nord-ouest  de  janvier  dernier  sans  être 
le  moins  du  monde  altéré. 

((  Recevez,  etc. 

« Cte  DE  Ternisien  . » 


pager  cette  belle  espèce.  » Ce  qui  a eu  lieu  en 
effet,  et  cette  progéniture  végète  en  ce  moment 
avec  vigueur. 

« A ces  deux  intéressants  exemples  de  transfor- 
mation morphologique,  il  faut  donc  en  joindre 
un  troisième,  celui  qui  s’est  produit  chez 
M.  Palmer.  Peut-être  ce  phénomène  s’est  mon- 
tré dans  d’autres  collections  encore;  mais  nous 
ne  sommes  pas  édifiés  à ce  sujet. 

« Maintenant,  à quelle  cause  faut  i\  attribuer 
cette  étrange  transformation?  Le  sujet  mérite 
certes  de  fixer  l’attention  des  physiologistes,  qui 
pourraient  peut-être  en  donner  une  explication 
convenable.  Quant  à nous,  nous  allons  hasarder 
la  nôtre.  11  nous  semble  que  cet  avortement 
du  fruit  (le  mot  est  juste)  dépend  principale- 
ment, sous  nos  climats  septentrionaux,  du  peu 
de  durée  de  la  chaleur  solaire  diurne  et  sur- 
tout mensuelle,  et  aussi  des  brumes  et  des 
nuages  qui  voilent  des  journées  entières  la  face 
du  soleil.  On  remarquera  que,  dans  les  étés 
exceptionnellement  chauds,  les  Cactées  en  géné- 
ral fleurissent  volontiers,  mais  que  la  cessation 
trop  prompte  de  la  chaleur  à l’automne  en  font 
avorter  les  fruits,  lesipiels  communément  ne  se 
développent  que  l’année  d’ensuite;  mais  que 
cette  année  soit  froide  et  brumeuse,  ces  fruits 
tombentbientôt  sansmûrir  ou  se  transforment  en 
rameaux,  comme  nous  l’avons  dit.  Si  notre 
explication  du  phénomène  ne  semble  pas  ration- 
nelle et  concluante,  qu’un  autre  plus  heureux 
ou  plus  savant  que  nous  en  produise  une  plus 
satisfaisante.  « 6h.  Lemaire.  » 

— Les  critiques  n’aboutissent  pas  toujours 
au  résultat  négatif  de  laisser  chacun  des  con- 
tradicteurs plus  endurci  dans  son  opinion, 
ainsi  qu’on  le  voit  souvent.  Ainsi,  nous  re- 
cevons de  M.  le  comte  Léonce  deLambertye 
les  lignes  suivantes  : 

« Je  sais  gré  à M.  Jean  Sisley  de  m’avoir  si- 
gnalé une  erreur  que  j’ai  commise  au  sujet  du 
Canna  Plantierii.  J’ai,  dit  dans  mon  ouvrage 
sur  les  Plantes  à feuilles  ornementales,  p.  102, 
que  cette  variété  — que  je  croyais  tenir  de  bon- 
nes mains  et  queje  n’avais  pas,  — se  rapprochait 
beaucoup  du  C.  discolor  et  ne  fleurissait  pas. 
• Or,  d’après  M.  Sisley,  le  C.  Plantierii  n’a  point 
de  rapport  avec  le  C.  discolor  et  fleurit  beau- 
coup. 

« Si  je  recevais  d’autres  avertissements,  je  de- 
manderais à M.  Barrai  la  permission  de  les 
glisser  dans  sa  chronique  » 

On  ne  peut  donner  un  meilleur^exemple 
de  la  conciencieuse  recherche  de  la  vérité. 

— Il  s’est  produit  dans  l’excellent  article 
bibliographique  de  M.  de  Lambertye  sur  le 
livre  de  M.  Laujoulet,  inséré  dans  notre  der- 
nier numéro  (p.  171),  quelques  erreurs  ty- 
pogra|)hiques  dont  l’auteur  nous  demande 
la  reclification  en  ces  termes  : 

On  me  fait  dire,  page  191,  l^e  colonne, 
ligne  9 : <r  i/  doit  écrire  avec  pureté,  etc.  ; » il 
faut  : il  sait  écrire  avec  pureté. 

Page  192,  2e  colonne,  ligne  33  : (c  qui  ont 
aussi  transformé,  etc  ; » il  faut  : qui  ont  ainsi 
transformé,  etc. 

Page  193,  Ir®  colonne,  lignes  26  et  27  : 
((  branche  à fruit  horizontal  et  branche  à bois 


— Les  soins  de  culture  sont  pour  beaucoup 
dans  le  succès  de  toutes  les  plantes,  mais 
ils  jouent  un  rôle  encore  plus  considérable 
lorsqu’il  s’agit  de  quelques-uns  de  ces  ar- 
bres si  remarquables  qui  appartiennent  à 
d’autres  latitudes  et  que  nous  parvenons- 
néanmoins  à acclimater.  En  voici  un  exem- 
ple. Le  plus  beau  spécimen  à' Araucaria 
imbricata  que  l’Angleterre  possède  se 
trouve  dans  le  vaste  établissement  de 
M.  Mischell,le  fameux  horticulteur  de  Pilt- 
down,  près  Maresfield,  dans  le  comté  de 
Sussex.  Il  est  relativement  d’une  taille  gi- 
gantesque et  merveilleusement  propor- 
tionné; ses  branches  inférieures  rampent 
sur  le  sol.  Un  autre  Araucaria  imbricata, 
cultivé  à côté,  dans  un  terrain  qui  n’avait 
pas  été  spécialement  disposé  pour  le  rece- 
voir, est  loin  de  présenter  le  même  déve- 
loppement : son  volume  n’est  environ  que 
la  moitié  du  précédent.  Il  a cependant 
été  soulevé  récemment  et  replanté  dans  un 
terrain  plus  riche  ; mais  il  semble  qu’une 
culture  profonde  est  nécessaire  dès  les  pre- 
miers temps  pour  maintenir  celle  précieuse 
conifère  dans  un  état  de  santé  et  de  déve- 
loppement satisfaisant. 

— Le  gouvernement  de  Portugal  a choisi 
récemment  un  horticulteur  anglais  pour  le 
mettre  à la  tête  d’un  de  ses  plus  célèbres 
jardins  botaniques.  M.  E.  Goëze,  du  jardin 
deKew,  doit  prochainement  quitter  l’An- 
gleterre pour  entrer  en  possession  de  son 
nouvel  emploi  à Coïmbra.  C’est,  dit  le  Gar- 
deners'  Chronicle,  un  théoricien  distingué 


206 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  MAI). 


et  à la  fois  un  praticien  du  plus  grand  mé- 
rite, et  le  choix  du  gouvernement  portugais 
ne  pouvait  être  plus  éclairé. 

— Nous  apprenons  la  mort  d’un  bota- 
niste très-distingué,  le  D^'  William  H.  Har- 
vey, professeur  au  Trinity  College  de  Dublin 
et  conservateur  du  jardin  des  Plantes  de 
l’université.  Le  D^'  Harvey,  dit  le  Garde- 
iiers’  Chronicle,  possédait  toutes  les  qua- 
lités du  savant  et  de  l’homme  aimable.  Il 
était  depuis  longtemps  gravement  malade  ; 
la  phthisie  pulmonaire  l’a  enlevé  le  15  mai, 
à Torquay,  où  il  s’était  fixé  depuis  quelques 
semaines. 

— Le  principal  intérêthorticolede  la  quin- 
zaine qui  vient  de  s’écouler  s’attache  entière- 
ment à l’Exposition  internationale  de  Londres 
et  au  Congrès  botanique.  Les  journaux  an- 
glais que  nous  avons  sous  les  yeux  sont 
pleins  de  détails  circonstanciés  sur  les  der- 
nières dispositions  qui  ont  été  prises  pour 
cette  solennité.  La  Revue  horticole  a été 
représentée  par  un  de  nos  collaborateurs, 
M.  André  ; nous  publierons  un  compte 
rendu  dans  notre  prochain  numéro. 

Le  Gardeners’  Chronicle  fait  remarquer 
que  l’époque  de  l’Exposition  de  la  Société 
horticole  de  Dublin  se  trouvait  coïncider 
exactement  avec  l’ouverture  de  l’Exposition 
internationale, et  qu’onn’a  rienfaitpour  re- 
tarder de  quelques  jours  ou  de  quelques 
semaines  l’exhibition  la  moins  importante. 
Nous  ignorons  les  motifs  qui  ont  maintenu 
cette  date  et  ont  mis  les  amateurs  d’horti- 
• culture  dans  la  difficile  obligation  de  choi- 
sir entre  deux  solennités  pleines  d’attrac- 
tion; le  rédacteur  du  journal  anglais  est 
sans  doute  mieux  renseigné,  quand  il  an- 
nonce que  c’est  par  une  maladresse  ou  une 
perversité  inexplicables  {u)i  accountable 
mismanagement  or  pereersity).  Le  Garde- 
ners’ Chronicle  est  un  organe  très-modéré 
et  très-impartial  des  intérêts  horticoles,  et 
la  vivacité  de  son  appréciation  doit  avoir  sa 
raison  d’être. 

Nous  regrettons  toujours  de  n’avoir  pu 
nous  rendre  à Londres  pour  assister  aux 
grandes  assises  que  l’horticulture  y a te- 
nues. Mais  si  bien  des  obstacles  se  dressent 
souvent  contre  nos  désirs  personnels  de 
tout  voir,  nos  collaborateurs  nous  suppléent 
heureusement. 

L’Exposition  d’horticulture  d’Auxerre, 
ouverte  à l’occasion  du  concours  régional,  a 
brillé  d’un  éclat  tout  particulier,  par  suite 
de  la  visite  de  l’Empereur  et  de  l’Impéra- 
trice.Notre  collaborateur, M.  Charles  Baltet, 
avait  été  invité  à accompagner  Leurs  Ma- 
jesté, à leur  présenter  les  lauréats,  et  à 
leur  signaler  les  objets  les  plus  remar- 
quables. 


Les  demoiselles  de  la  ville,  vêtues  de 
blanc,  étaient  rangées  sous  la  tente  de  l’ex- 
position autour  des  massifs  de  fleurs. 

Les  plantes  les  plus  jolies  sortaient  des 
serres  de  MM.  Duthoo  et  Guérin  de  Vaux, 
à Auxerre;  Vaucelles,  à Villefargeau ; de 
Thou,  àBléneau;  Roux,  à Monneteau;  Ha- 
melin,  M.  Dillon,  de  Tonnerre,  avait  en- 
voyé une  série  de  tableaux  d’entomologie 
ingénieusement  classés  ; M.  Augé  exposait 
des  pavillons  et  des  treillages,  et  M.  Fouillé 
de  la  bonne  poterie. 

La  collection  la  plus  remarquable  était  le 
lot  d’ensemble  exposé  par  la  Société  horti- 
cole, vigneronne  et  forestière  de  Troyes  : 
arbres  fruitiers  formés,  arbres  verts,  végé- 
taux industriels  de  MM.  Baltet  frères; 
plantes  fleuries  de  M.  Léger  ; légumes  et 
primeurs  de  MM.  Gambey,  Lyé  Petit,  Bouil- 
lot;  coutellerie  de  M.  Cornu;  engrais  pour 
arbres  fruitiers  et  Vignes,  pour  Rosiers, 
Asperges  et  Orangers,  fabriqués  par  M. 
Thierry;  plantes  ornementales  de  M.  Du- 
pont-Poulet; treillages  de  MM.  Branche,  Cres- 
son, Cunin;  pressoir  hydraulique  deM.  Man- 
nequin ; limonade  de  Coings  japonais  par 
M.  Hariot  ; Poires  par  la  galvanoplastie  de 
M.  Gégnon;  fruits  conservés  depuis  dix  ans 
par  M.  Courtois;  Sapins,  Mélèzes,  Pins  Syl- 
vestre, Laricio  et  du  Lord,  de  diverses 
tailles;  reproduction  naturelle  sur  les  friches 
champenoises  ou  bourguignonnes,  etc,  etc., 
tel  était  le  lot  important  de  la  nouvelle  So- 
ciété de  l’Aube. 

— Puisque  nous  avons  nommé  la  Société 
horticole,  vigneronne  et  forestière  créée  cette 
année  à Troyes,  nous  applaudirons  à ses  dé- 
buts qui  promettent  l’avenir  le  plus  fruc- 
tueux. Après  avoir  remporté  la  victoire  à 
Auxerre,  elle  organise  pour  l’époque  de  la 
fête  des  jardiniers,  une  grande  Exposition 
des  produits  horticoles,  viticoles  et  fores- 
tiers, ainsi  que  des  accessoires  de  la  maison* 
de  campagne.  Déjà  la  société  d’apiculture 
de  l’Aube  s’est  réuni  à elle. 

Au  printemps  de  1867,  elle  ouvrira  une 
Exposition  générale  à l’occasion  du  concours 
régional  de  Troyes,  et  décernera  des  primes 
d’honneur  aux  établissements,  exploita- 
tions, plantations,  etc.,  les  plus  dignes. 

D’ailleurs  les  statuts,  rédigés  avec  un  es- 
prit de  progrès,  et  surun  plan  inédit,  lui  ont 
amené  — la  modique  cotisation  aidant,  — 
un  grand  nombre  de  souscripteurs  de  divers 
points  de  la  France. 

Son  président,  M.  Argence,  maire  de* 
Troyes,  est  l’auteur  des  charmants  jardins 
et  squares  publics  de  cette  cité  indus- 
trieuse. 

J.  A.  Rarral. 


EXPOSITION  HORTICOLE  DE  NANTES. 


A l’occasion  du  concours  régional,  et  pour 
augmenter  l’intérêt  qui  s’attache  toujours  a ces 
grandes  fêtes  agricoles,  la  Société  d horticul- 
ture de  Nantes  avait  organisé  cette  annee,  du 
3 au  6 mai,  sur  le  cours  Saint-Pierre,  une  ma- 
gnifique Exposition  de  fleurs,  de  légumes,  de 
fruits  et  d’instruments  de  jardinage. 

Rien  de  plus  gracieux  et  de  mieux  entendu 
que  le  jardin  improvisé  sous  les  grands  arbres 
de  la  promenade,  avec  ses  pelouses  d orges  se- 
mées depuis  huit  jours;  ses  bassins,  sa  cascade 
en  rocaille  surmontée  du  buste  de  S.  M.  1 Im- 
pératrice des  Français;  enfin,  sa  tente  aux  ban- 
deroles tricolores,  abritant  les  végétaux  les  plus 
rares  elles  plus  délicats. 

Cette  exhibition  était  sans  contredit,  une  des 
plus  nombreuses  et  des  plus  riches  que  1 on  ait 
pu  voir  depuis  bien  longtemps  ; nous  croyons 
donc  nécessaire,  pour  en  donner  un  compte  rendu 
lidêle  et  rapide,  de  diviser  d’abord  en  plusieurs 
séries  les  lots  exposés,  de  grouper  ensuite  dans 
chaque  série  les  noms  des  exposants  qui  nous 
ont  paru  dignes  d’une  mention  spéciale. 

FLORICULTURE.  — Les  plantes  de  serre  chaude 
étaient  plus  nombreuses  que  d habitude  ; et, 
comme  toujours,  M.  Jules  Ménoreau  se  montrait 
supérieur  non-seulement  par  la  variété,  par  la 
nouveauté,  mais  surtout  par  la  force  et  la  beauté 
des  exemplaires  qu’il  offrait  à f admiration  des 
visiteurs.  Je  citerai  le  Pandcinus  utilis^  le 
Cordeliny  indivisa,  le  Rhodea  japonica;  deux 
magnifiques  sujets  du  dhotiuM  pnnCeps  et  de 
VAlsolphila  australis;  un  Balantium  antarcti- 
( iim,  le  Yucca  quadricolor,  des  Galladium  d un 
bon  choix;  enfin,  quelques  belles  nouveautés 
d’Azalées  de  l’Inde,  avec  un  Zonale  panaché  obte- 
nu par  l’exposant,  qui  nous  a paru  d une  végé- 
tation vigoureuse  et  rustique,  qualité  rare  dans 
ce  nouveau  genre,  M.  Ménoreau  avait  en  outre 
exposé  des  Rhododendrons  et  surtout  des  Aza- 
lées qui,  parla  force  des  sujets  et  le  nombre  in- 
fini de  leurs  fleurs,  attiraient  l’attention  de 
tous  les  passants.  Cet  habile  horticulteur  a ob- 
tenu pour  l’ensemble  de  son  exposition,  la 
grande  médaille  de  l’Impératrice. 

M.  Brunellière  venait  en  second  et  présentait 
un  fort  beau  lot  dans  lequel  j’ai  noté  particu- 
lièrement un  Dracœna  maculata,  un  Cyano- 
phillum,  un  Anthurium  magnificum  et  le 
Cyrdorea  metallica  en  compagnie  du  Caladium 
Baraquinii  et  de  plusieurs  autres  de  ce  beau 
genre . 

Il  avait  aussi  une  magnifique  collection  d’Aza- 
lées de  rinde  qui  lui  a valu  le  prix  des  dames 
patronesses. 

A la  suite  de  ces  deux  exhibitions  remarqua- 
bles, je  mentionnerai  les  Azalées  de  M . Biton 
fils,  les  Pelargoniums  de  M.  Bureau,  les  Cinérai- 
res de  M.  Aufroy,  les  Verveines  deM.  Pointière, 
le  lot  de  plantes  variées  de  v®  Leduc-Vri- 
gnault,  les  belles  Pensées  de  M.  Poupelart  et  la 
fort  belle  collection  de  Yucca  et  d’Agaves  de 
M.  Caillé. 

Dans  cette  même  série,  les  amateurs  occu- 
paient aussi  une  place  importante. 

M.  Berthelot  présentait  une  nombreuse  col- 
lection de  végétaux  exotiques  parmi  lesquels  on 


remarquait  surtout  des  Franciscea  mmia,  trois 
variétés  d’Aralias,  deux  Bégonias,  un  Cypri- 
pedium  barbalum,  etc.,  etc. 

Parmi  les  plantes  exposées  par  M.  Baillar- 
geau,  brillaient  au  premier  rang,  un  magnifi- 
que exemplaire  du  CJiamœrops  excelsa  et  un 
Dracœna  Rumphii. 

M.  Herbelin  avait,  comme  de  coutume,  exhi- 
bé les  sujets  les  plus  intéressants  de  sa  belle  et 
nombreuse  collection.  Son  Latanici%  son  Cha-  ' 
mœrops  humilis,  son  Eriosthemum,  son  énorme 
pied  de  Phormium  tenax,  son  Arisœma  rin- 
gens  en  fleurs  méritent  sans  contredit  d’être 
mentionnés  spécialement. 

' Il  avait  en  outre,  foarni  la  plus  grande  partie 
des  plantes  à feuilles  ornementales  qui  garnis- 
saient la  rocaille. 

Le  jardinier  de  M.  Ducoudray-Bourgault  avait 
exposé  uue  collection  de  plantes  de  serres  tern- 
pérée  que  rehaussaient  surtout  de  jolies  Ciné- 
raires et  de  belles  Azalées  de  1 Inde. 

M.  deNouvion,  avait  voulu  montrer  ses  jeu- 
nes plantes  de  serre  chaude.^  Cette  collection 
déjà  nombreuse  mais  composée  de  très-petits 
exemplaires,  attestait  cependant  par  sa  bonne 
culture  que  M.  de  Nouvion  est  un  horticulteur 
soigneux  et  entendu.  r • i « 

Je  mentionne  en  terminant  la  serie  des  fleurs, 
les  belles  Renoncules  et  les  Anémones  de 
M.  Guyot,  les  charmants  bouquets  de  MM®®^  Sou- 
lard  et  Lizé. 

CULTURE  maraîchère.  — Cette  partie  de  l’Ex- 
position, relativement  peu  nombreuse  .n  en 
était  pas  moins < importante  par  la  qualité,  la 
beauté  et  la  variété  des  produits  exposés.  ^ 
Citons  tout  d’abord  les  légumes  de  la  saison  : 
M.  Douillard  avait  des  Artichauts,  des  Sala- 
des et  des  Choux  remarquables  ; 

M.  Cassart,  des  Carottes  nouvelles,  des  Arti- 
chauts, des  Pommes  de  terre  ; 

M.  Groussit,  des  Artichauts  magnifiques  qui 
lui  ont  valu  un  l®''  prix  ; 

M.  Prau,  quatre  paquets  d’ Asperges  dignes 
des  vitrines  de  Chevet;  ^ 

M.  David,  des  Artichauts  qui  ont  mérité  un 

second  prix  ; . . , , • 

M.  Tbebaud,  jardinier  et  grainier,  des  spéci- 
mens énormes  de  Betteraves  fourragères. 

Les  Pommes  de  teire  conservées,  les  Oignons, 
les  Carottes  de  l’année  précédente,  les  Choux 
d’hiver,  le  Poireau,  figuraient  avec  avantage 
dans  plusieurs  lots.  On  voyait  quelques  paniers 
de  Fraises  ; les  plus  belles  à mon  avis,  étaient 
celles  de  M.  Pointière,  qui  présentait  aussi  des 
Haricots  verts  et  des  Raisins  dont  les  giams 
égalaient  déjà  la  grosseur  d’un  Pois. 

Les  beaux  paniers  de  Pommes  conservées, 
présentés  par  MM.  Diart  et  Gruais,  a\  aient 
bien  aussi  bien  leur  mérite.  Tous  ces  produc- 
teurs intelligents  ont  reçu  des  distinctions  plus 
ou  moins  importantes. 

M.  Chable,  propriétaire  à Alençon,  voulant 
du  reste  remplir  un  des  concours  spéciaux  pre- 
vus par  le  programme,  avait  envoyé  à la  So- 
ciété nantaise  une  série  de  50  variétés  de  Pom- 
mes de  terre  bien  conservées;  chaque  variété 
portait-elle  son  véritable  nom?  Je  n oserais 


208 


EXPOSITION  HORTICOLE  DE  NANTES. 


l’affirmer.  Toutefois,  en  présence  de  cette  im- 
portante collection,  que  M.  Cliable  abandonnait 
gracieusement  à la  Société,  le  Jury  a cru  devoir 
décerner  un  1^'’  prix. 

Pour  terminer  les  cultures  maraîcbères,  il  me 
reste  à parler  d’un  nouveau  moyen  inventé 
par  M.  Couprie  de  Nantes  (route  de  Rennes), 
pour  produire  des  Champignons. 

Ce  n’est  point  à l’aide  d’une  coucbe  de  fumier 
que  M.  Couprie  obûent  de  beaux  et  bons  pro- 
duits connus  sous  le  nom  à'agaric  comestible. 
Il  fait,  nous  a-t-il  dit,  des  cônes  de  fumier  res- 
semblant assez  par  le  volume  et  par  la  forme  à 
de  gros  pins  de  sucre;  il  recouvre  ces  cônes 
de  terre,  qui  pourrait  être  de  l’argile  mêlé  de 
cbaux,  puis  il  les  pose  dans  une  cave,  sur  une 
banquette  de  terre,  et  là,  sous  l’influence  dè  la 
chaleur  et  de  quelques  arrosements,  les  Chaui- 
pignons  se  produisent  sur  toute  la  surface  du 
cône.  La  composition  qui  recouvre  le  fumier  est 
un  secret  ; quant  à l’emploi  des  cônes,  il  a l’a- 
vantage de  multiplier  l’espace. 

INDUSTRIE.  — Arrêtons  nous  tout  d’abord 
devant  l’énorme  bouquet  de  fleurs  artificielles 
exposé  par  M.  üurdin-PeiTo,  de  Nantes.  Cet  ha- 
bile fabricant  ne.se  borne  pas  à reproduire 
avec  une  rigoureuse  exactitude  et  un  rare  ta- 
lent les  plus  belles  plantes  de  nos  jardins  et  de 
nos  serres.  11  sait  en  outre  tirer  partie  de  la 
Rrize  légère,  de  l’Agrostis  élégant,  de  l’Aire 
aux  panicules  si  déliés,  et  de  tant  d’autres  Gra- 
minées dont  il  mêle  avec  bonheur  les  tiges  na- 
turelles aux  corolles  brillantes  des  fleurs  les 
plus  rares.  Pour  avoir  sous  sa  main  une  ample 
moisson  de  ces  modestes  végétaux,  M.  Ourdin- 
Perrot  cultive,  dans  un  vaste  terrain  situé  aux 
portes  de  Nantes,  plus  de  cent-vingt  espèces 
ou  variétés  de  Graminées,  dont  il  avait  exposé 
des  panicules  sèches  et  des  pieds  vivants  plan- 
tés en  pots.  Un  prix  lui  a été  décerné  pour  cette 
intéressante  collection. 

Citons  maintenant  les  garnitures  en  bois 

LE  PACHIRA  (CAROLINE 

LesPachiriers,  plus  connus  dans  les  cul- 
tures sous  le  nom  Aq  ,CaroUnea,  sont  des 
arbres  de  moyenne  grandeur,  originaires 
des  parties  chaudes  ou  tempérées  de  l’A- 
mérique méridionale.  Ils  appartiennent  à la 
famille  des  Bombacées,  Kunth,  démembre- 
ment des  Malvacées  (monadelpbie  polyan- 
drie de  Linné),  ou  à celle  des  Slerculiacées, 
tribu  des  Bombacées,  d’Aublet,  d’après  les 
auteurs  du  Bon  Jardinier. 

Quelle  que  soit,  du  reste,  la  désignation  que 
l’on  veuille  donner  à la  famille  dans  laquelle 
on  doit  les  ranger,  ils  s’y  trouvent  en  com- 
pagnie des  Bombax^  Adansonia  et  Ster- 
culia. 

Pachira  est  le  nom  indigène  de  l’une  des 
espèces  (Pachira  aqiiatica)  également  dé- 
signée par  le  nom  de  Cacao  sauvage,  en 
.raison  de  la  ressemblance  de  son  fruit  avec 
celui  du  vrai  Cacao  (Theobroma).  Les  Gali- 
bis  de  Cayenne  en  mangent  les  semences 


sculpté  supportant  des  coupes  et  des  vases  de 
faïence  peinte,  présentés  par  31.  Gaillard:  l’a- 
quarium chinois  de  31.  Lemayre;  les  jardinières 
et  les  corbeilles  exposées  par  ARies  Barreau. 

Si  nous  passons  aux  instruments,  meubles, 
outils  el  aulres  ustensiles  se  rattachant  aujardi- 
nage,  nous  trouvons  de  nondireux  exposants 
avec  leurs  produits  plus  nombreux  encore;  mais 
nous  n’apercevons  rien  de  bien  nouveau. 

Ici , les  bancs,  les  chaises,  les  fauteuils  en 
fer  on  en  bois;  les  outils,  la  volière, de  31.  Bo- 
rel,  de  Paris. 

Plus  loin,  les  voitures,  les  balançoires  et  le 
jeu  de  bagues  déjà  connu  de  31.  Perrol  de 
Nantes. 

Tout  à côté  l’appareil  de  chauffage  de  31.  Jus- 
seaume  de  Nantes;  les  pompes  et  les  arrosoirs 
de  M.  31aniguy,  de  Nantes;  les  instruments  très- 
variés  de  31.  Sicher;  les  foiles  et  les  tuyaux  de 
drainage  de  31.  Buot;  les  chaises  rustiques  et 
les  châssis  en  fer  de  31.  Leroy. 

Enfin  le  palan  de  sûreté  de  31.  Jamet,  qui 
pourrait  êti^e  quelquefois  utile  à nos  jardiniei’s 
.pour  se  maintenir  au  sommet  d’un  tronc  d’ar- 
hie  dont  ils  voudraient  couper  quelques  bran- 
ches. 

J’ai  fini;  je  m’empresse  de  déclarer  toutefois 
que  si  j’ai  commis  quelques  erreurs  ou  omis- 
sions, elles  sont  de  ma  part  tout  à fait  invo- 
lontaire. 

Qu’il  me  soit  encore  permis  de  rendre  ici  un 
nouvel  hommage  au  zèle  de  la  Société  nantaise 
d’horticulture,  à l’habileté  des  commissaires 
qui  étaient  chargés  d’organiser  cette  belle  fête 
florale  et  au  cordial  accueil  reçu  par  tous  les 
délégués  étrangers  qui  étaient  venu  pour  aider 
le  jury  permanent,  dans  la  tâche  difficile  et  dé- 
licate qu’il  avait  à remplir. 


F.  Boncenne. 


.)  A FLEURS  BLANCHES. 

cuites  sous  la  braise.  Eu  Europe,  ils  fleuris 
sent  quelquefois  dans  les  serres,  mais  y 
fructifient  très-rarement,  croyons-nous. 

Une  assez  grande  confusion  paraît  régner 
entre  les  diverses  espèces  du  genre  intro- 
duites dans  les  cultures  d’Europe.  Celle  dont 
la  fleur  et  le  fruit  sont  représentés  dans  la 
planche  coloriée  ci-contre  et  dans  les  divers 
dessins  accompagnant  cette  notice,  est  cul- 
tivée depuis  une  quinzaine  d’années  dans  la 
serre  tempérée  de  mon  père,  à Cette  ; elle 
provenait  des  cultures  de  3131.  Cels,  et  nous 
l’avons  vue  de  tout  temps  désignée  sous  le 
nom  de  Carolinea  insignis.  C’est  aujour- 
d’hui un  arbre  de  3 mètres  de  haut,  à tige 
droite,  fortement  renflée  à la  base,  recou- 
verte d’une  écorce  lisse,  verte  sur  presque 
toute  sa  surface,  grisâtre  seulement  vers  la 
base.  Il  étale  au  sommet  plusieurs  rameaux 
un  peu  retombants,  ornés  presque  toute 
l’année  de  feuilles  nombreuses  et  splen- 


Hcrm  Hc-rf 


4...^ 

4 


^ Yema  f\m' 


■:U‘liii\‘i  a rie  U rs  blanches 


fwp  Zanote  rue  des  B ou  J an j- ers, J 3 P< 


209 


LE  PACHIRA  (CAROLIISEA)  A FLEURS  RLANCHES. 


dides  par  leur  dimension.  Ces  feuilles,  di- 
gitées  et  portées  par  un  pédoncule  de  0‘".15 
à O'". 20,  se  composent  de  cinq  àneuffolioles, 
mesurant  à O'". 30  de  longueur  sur 

O^^-OGa  O^^.IS  en  largeur,  ovales  lancéolées, 
moins  acuminées  au  sommet  qu’à  la  base, 
glabres,  luisantes  et  d’un  beau  vert  en  des- 
sus, un  peu  plus  glauques  en  dessous.  Elles 
tombent  tous  les  ans  vers  le  mois  de  mars, 


mais  la  plante  revêt  bientôt  après  une  nou- 
velle parure  de  feuilles  plus  fraîches,  plus 
amples  et  toujours  plus  nombreuses. 

Le  bouton  à Heur  se  montre  sur  la  par- 
tie supérieure  des  pousses  de  l’année  pré- 
cédente. Il  est  solitaire,  dressé,  et  peut  être, 
avant  son  épanouissement,  comparé  à un 
cornichon  sans  aspérités.  Lorsqu’il  est  ar- 
rivé au  terme  voulu,  il  s’ouvre  dans  la'  nuit 


Fig.  24*  — Fruit  du  Pachira  à fleurs  blanches. 


25.  — Placenta  du  fruit  du  Pachira,  dépourvu 
® n-rninps  Pt  niiini  du  pédoncule. 


OU  de  grand  matin,  laissant  échapper  cinq 
pétales,  semblables  à des  lanières'  de  peau 
qui  se  renversent  et  s’enroulent  sur  elles- 
mêmes,  comme  on  le  voit  sur  la  planche 
coloriée  ; leur  couleur  est  jaune  verdâtre  à 
l’intérieur.  Du  centre  de  la  corolle  s’échappe 
un  plumet  d’étamines  nombreuses,  réunies 
à leurbase  en  cinq  faisceaux,  qui  se  subdi- 
visent en  filets  accolés  généralement  par 
deux  et  portant  des  anthères  jaune  clair. 
Cesfilets,  de0"L08  à 0"™.10  de  longueur,  sont 
entièrement  blancs,  ne  prenant  une  teinte 
légèrement  jaunâtre  que  lorsque  la  fleur 


commence  à se  flétrir,  ce  qui  a lieu  au  bout 
de  vingt-quatre  heures.  Un  pistil  unique 
sort  du  centre  des  étamines  qu’il  dépasse 
un  peu.  Il  est  teinté  de  verdâtre  et  surmonte 
d’un  stygmate  à cinq  parties,  d un  jaune 
d’or  plus  foncé  que  celui  des  anthères.  L en- 
semble de  la  Heur  offre  l’aspect  d’une  ai- 
grette fort  élégante. 

Peu  de  temps  après  la  Hetrissure,  les  pé- 
tales tombent  et  l’ovaire  se  rende  et  grossit 
rapidement,  conservant  toujours  une  belle 
couleur  verte,  jusqu’à  ce  que,  devenu  gros 
comme  un  œuf  de  dinde,  il  prenne  une 


210 


LE  PACHIRA  (CAROLINEA)  A FLEURS  RLANCHES. 


teinte  plus  brunâtre,  indiquant  l’approche 
de  la  maturité.  Le  fruit  est  alors  bossué  de 
partout,  un  peu  rugueux  au  toucher,  et 


divisé  en  cinq  valves  par  des  rainures  assez 
profondes,  (fig. 24). 

Cefruits’ouvreparle  sommet,  sans  changer 


Fig.  27.  — Graine 
du  Pacliira. 


Fig.  31.  — i^Cotylédons  non  développés  de  deux  plantulcs 
provenant  de  la  même  graine , avec'  une  ;planlule 
rudimentaire_attachée  à l’une  des  deux.  "* 


Fig.  32. — Planfule  ru- 
dimentaire du  Pacliira 
[séparée  après  plusieurs 
jours  de  croissance. 


de  position,  et 
présente  à l’in- 
térieur un  pla- 
centa coton- 
neux (fig.  25), 
autpiel  sont  at- 
tachées les  se- 
mences , qui 
ont  leurs  loges 
de  chaque  côté, 
entre  les  pa- 
rois des  valves, 
de  façon  que 
chaque  graine 
appartient  à 
deux  valves  à 
la  fois.  Celles- 
ci  sont  assez 
épaisses,  à peu 
près  de  la  con- 
sistance de  cel- 
les du  Marron 


Fig.  33.  — Deux  plantulej  jumelles,  ayant  les  cotylédons  développés. 


figure  26  mon- 
tre une  de  ces 
valves  avec  les 
semences  dans 
leurs  loges. 

Dès  1802, ce 
Pachira  avait 
présenté  sa 
fleur  ; il  n’en 
donna  qu’une 
seule  , celle 
première  an- 
née , vers  le 
mois  de  juillet, 
et  elle  iut  in- 
fertile. 

L’année  sui- 
vante, la  florai- 
son ne  se  re- 
nouvela pas  ; 
mais  en  1864, 
également  en 


d’Inde  et  munies,  comme  le  placenta,  d’un 
duvet  cotonneux  mais  moins  abondant.  La 


juillet,  trois  fleurs  se  montrèrent  à quel- 
ques jours  d’intervalle.  Deux  sur  les  trois 


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[’éclic  Healh  Clinéstoiie 


211 


LE  PACHIRA  (CAROLINEA)  A FLEURS  BLANCHES. 


nouèrent  et,  dans  le  courant  de  décembre 
de  la  même  année,  les  fruits  mûrs  s’ouvri- 
rent d’eux-mêmes,  laissant  échapper,  l’un 
dix,  l’autre  douze  semences,  dont  le  germe 
se  développait  avant  même  qu’elles  fussent 
tombées. 

Ces  semences,  anguleuses  d’un  côté,  ar- 
rondies de  l’autre,  sortes  de  châtaignes 
recouvertes  d’une  peau  de  moyenne  épais- 
seur, de  couleur  terreuse  et  marquées  à 
l’extérieur  d’un  réseau  de  nervures  ayant 
leur  point  de  départ  autour  du  germe 
(fig.  27),  furentsemées  aussitôt,  et  huit  jours 
après,  donnaient  naissance  à de  jeunes  sujets 
très-vigoureux.  L’une  d’elles  pourtant,  ayant 
été  partagée  par  le  milieu,  je  fus  surpris  de 
la  conformation  étrange  des  parties  char- 
nues quelle  renfermait.  Les  figures  28,  29, 
30  montrent  différentes  coupes  de  cette 
graine. 

Cette  singulière  conformation  m’avait  fait 
présumer  quelque  particularité  dans  la 
germination;  or,  lorsque  les  jeunes  em- 
bryons furent  tous  développés,  je  m’aperçus 
que  chaque  semence  avait  donné  naissance 
à deux  et  quelquefois  à trois  plantules.  Chez 
toutes,  il  y avait  deux  plantules  de  môme 
grosseur,  mais  chez  celles  qui  en  présen- 
taient trois,  la  troisième  était  toujours  moins 
vigoureuse,  parfois  même  rudimentaire  et 
dans  ce  cas  soudée  au  pédoncule  de  l’une 
des  deux  autres.  C’est  un  exemple  de  ce 
dernier  cas  que  représente  la  figure  31, 
montrant  à la  hase  de  l’un  des  embryons 
jumeaux  le  rudiment  du  troisième.  La 
ligure  32  représente  une  troisième  plantule 
séparée  des  autres  et  plantée  à part.  La 
figure  33  nous  montre  deux  plantules  ju- 
melles ayant  leurs  cotylédons  développés. 
Ces  derniers  très-charnus,  sinueux  et  irré- 
guliers, restèrent  seuls  pendant  près  d’un 
mois.  Une  gemmule  s’éleva  enfin  du  centre 
des  plantules  jumelles,  mais  le  plus  grand 
nombre  des  troisièmes  mourut  sans  avoir 
donné  de  feuilles. 

La  plupart  des  jeunes  plantes  furent  sé- 
parées au  premier  rempotage;  quelques- 
unes  cependant  furent  laissées  ensemble,  et 
aujourd’hui  il  en  est  qui  se  sont  greffées  par 
la  hase;  les  unes  et  les  autres,  élevées  en 
serre  tempérée,  ont  fait  de  jeunes  sujets  vi-, 
goureux  qui  promettent  de  devenir  de  jolis 
arbres. 

Quel  est  maintenant  le  nom  du  Pac/u'rn  dont 
il  est  question?  Bien  que  nous  l’ayons  toujours 
eu  et  vu  sous  la  désignation  (ïinsigniSy  nous 
hésitons  à lui  conserver  ce  nom,  en  pré- 
sence du  peu  d’accord  qui  existe  entre  les 


descriptions  données  dans  divers  ouvrages. 
Ainsi,  dans  le  Dictionnaire  d’ histoire  natu- 
relle {VaviSy  Levrault,  t.  xxxvii.  1 825),Poiret 
assigne  à cette  espèce  une  fleur  beaucoup 
plus  grande,  à pétales  étroits,  longs  de  cinq 
pouces,  rougeâtres,  veloutés  et  â filets  de 
couleur  rouge,  ce  qui  ne  convient  nulle- 
ment â notre  plante,  pas  plus  que  la  descrip- 
tion par  le  môme  auteur  du  Pachira  aqua- 
tica,  lequel  donnerait  une  fleur  d’un  pied  de 
long  avec  des  filets  rougeâtres  et  les  an- 
thères pourpres. 

Jussieu,  dans  le  dictionnaire  de  d’Orhigny, 
reproduit  â peu  de  choses  près  les  mêmes 
caractères,  ajoutant  seulement  que  la  plante 
a fleuri  pour  la  première  fois  â Louvain  en 
1823.  Dans  le  Manuel  des  pla7îles,  arbres  et 
arbustes  de  MM.  Jacques  et  Ilerincq,  nous 
trouvons  une  description  â peu  près  sembla- 
ble, laquelle  est  reproduite  également  dans 
le  Nouveau  Jardinier  pour  /S65.he  même 
manuel  décrit,  en  outre,  plusieurs  autres 
espèces  cultivées,  dont  une  seule,  le,  Pachira 
alba,  se  rapporterait  pour  la  fleur  à celle  qui 
nous  occupe  ; mais  la  floraison  s’en  effec- 
tuant l’hiver,  quand  la  plante  est  dépourvue 
de  feuilles,  il  est  â présumer  qu’il  ne  s’agit 
point  de  notre  espèce.  Nous  serons  plus 
heureux  en  la  rapprochant  de  la  description 
duPachira  insignis,  W.  que  l’on  trouve  dans 
le  Bon  Jardinier  (éd.  de  1845), où  il  est  dit 
que  l’aigrette  est  d’un  blanc  jaunâtre  ; mais 
l’épithète  d’immense  donnée  â celte  partie 
de  la  fleur,  nous  ferait  encore  élever  des 
doutes,  s’il  n’était  aussi  question  d’une  va- 
riété minor  qui  a fleuri  en  1826  dans  les 
jardins  de  Neuilly. 

En  présence  de  la  couleur  rouge  attribuée 
aux  étamines  du  Pachira  insignis  par  plu- 
sieurs auteurs  sérieux  et  de  la  similitude 
apparente  de  notre  fleur  avec  celle  décrite 
dans  le  Bon  Jardinier,  nous  ne  pouvons 
encore  que  demander  où  est  la  vérité. 

Nous  terminerons  en  disant  que  le  Pa- 
chira décrit  ici  est  un  arbre  fort  élégant, 
digne  de  figurei’  dans  toute  serre  chaude  ou 
même  tempérée  dont  les  dimensions  ne  se- 
ront pas  trop  exiguës.  Sa  culture  n’offre 
point  de  difficultés  sérieuses  ; la  terre  de 
bruyère  pure  ou  additionnée  de  bon  terreau 
de  feuilles,  des  arrosages  suffisants  sans 
être  pour  cela  trop  fréquents,  un  peu  de 
chaleur  en  été  pour  favoriser  la  floraison, 
une  température  ne  descendant  pas  au-des- 
sous de  -j-  5»  en  hiver,  sont  les  conditions 
auxquelles  on  obtiendra  toujours  de  bons 
résultats. 

N.  Doumet. 


PÊCHER  HEATH  CLINGSTONE. 

La  qualification  anglaise  de  Clingstone  i gnifie  à chair  adhérente)  que  porte  celte 
(l’équivalent  de  notre  mot  Pavie,  qui  si  • I variété,  indique  déjà  qu’elle  n’est  pas,  pour 


212 


PÉCHER  HEATH  CLINGSTONE, 


le  nord  de  la  France,  où  ces  fruits,  en  géné- 
ral, ne  mûrissent  pas.  J’ajoute  que  yu  sa 
tardiveté  considérable,  elle  n'est  même  pas 
pour  le  centre,  mais  pour  le  midi  seulement. 

Mais  aujourd’hui,  grâce  à la  rapidité  et  à 
la  facilité  des  moyens  de  communication, 
il  n’y  a plus  pour  ainsi  dire  de  nord  et  de 
midi;  il  n’y  a plus  que  la  France,  de  sorte 
que,  pourvoir  telle  ou  telle  partie  d’un  vé- 
gétal utile,  c’est  en  doter  la  France  entière. 
C’est  donc  à ce  titre  que  l’on  peut  recom- 
mander, dans  le  Midi,  la  variété  de  Pêche 
qui  fait  le  sujet  de  cette  note  et  dont  la  gravure 
coloriée  ci-contre  donne  une  idée,  car  elle  est 
excessivement  tardive.  Yoici  les  caractères 
qu’elle  présente. 

Arbre  très-vigoureux;  à rameaux  assez  gros, 
à écorce  vert-roux,  violacée  sur  les  parties 
exposées  au  soleil.  — Feuilles  glanduleuses, 
lancéolées-elliptiques,  régulièrement  atté- 
nuées aux  deux  bouts,  courtement  rétrécies 
en  une  pointe  obluse,  d’un  vert  gai,  souvent 
concaves-arrondies  en  gouttière,  plus  rare  - 
ment  planes,  luisantes,  unies,  très-courte- 
ment  dentées.  — Glandes  mixtes  souvent  très- 
distantes,  placées  sur  le  pétiole,  les  unes 
globuleuses,  les  autres  allongées,  d’autres 
enfin,  et  c’est  l’exception,  nettement  rénifor- 
mes.  — Fleurs  campanulacées,  très-petites, 
rose-clair  et  comme  cuivrées,  s’ouvrant  peu, 
à pétales  obovales,  à étamines  à peine  sail- 
lantes. — Fruit  gros  et  même  très-gros,  un 
peu  bosselé,  très-étroilement  sillonné  d’un 
côté,  un  peu  atténué  et  arrondi  au  sommet 

NATURALISATION  DE 

FaUCTIFICATION  DU 

L’introduction  de  végétaux,  surtout  de  vé- 
gétaux utiles,  dans  les  pays  qui  ne  les  pos- 
sèdent pas  naturellement,  est  sans  contredit 
un  des  côtés  les  plus  attrayants  de  la  culture 
de  la  terre.  Toute  la  question  est  de  les 
assortir  au  climat  et  aux  conditions  écono- 
miques des  lieux  et  des  temps.  Ce  qui  a fait 
la  gloire  de  Parmentier,  ce  n’est  pas  d’avoir 
découvert  la  Pomme  de  terre,  qu’on  con- 
naissait bien  avant  lui,  mais  d’avoir  compris 
le  premier  qu'elle  pouvait  tenir  une  place 
importante  dans  l’agriculture  moderne  et  de 
l’avoir  fait  accepter.  Au  surplus,  le  mérite 
n’est  pas  moindre  pour  ceux  qui  savent 
découvrir  dans  les  simples  végétaux  indi- 
gènes des  propriétés  restées  jusque-là  sans 
emploi,  et  qui  parviennent,  en  les  amélio- 
rant, à en  tirer  de  nouvelles  ressources 
agricoles.  Quels  services,  par  exemple, 
n’ont  pas  rendus  les  inventeurs  de  la  bette- 
rave, du  trèfle,  de  la  luzerne,  du  sainfoin, 
et  de  quantité  d’autres  plantes  devenues, 
ici  ou  là,  une  nécessité  dans  l’exploitation 
du  sol  ? La  voie  n’est  pas  nouvelle,  sans 


qui  est  parfois  légèrement  mamelonné; 
peau  duveteuse,  douce  au  toucher,  blan- 
cbâtreoujaune  pâle,  souventlégèrernentlavée 
ou  striée  de  rouge.  — Cavité  pédonculaire 
peu  profonde,  légèrement  évasée,  quelque- 
fois un  peu  plissée.  — Chair  adhérente,  blan- 
che, peu  sapide,  eau  peu  abondante,  fadasse, 
laissant  dans  la  bouche  une  saveur  acre.  — 
Noyau  dur,  osseux,  assez  longuement  ellipti- 
que, atténué  aux  deux  bouts,  très-renflé  et 
presque  gibbeux  sur  les  faces  un  peu  au- 
dessus  du  milieu,  atténué  au  sommet  en  un 
large  mucron  plat,  très-rétréci  vers  la  base 
qui,  très-étroite,  est  obliquement  tronquée, 
à surface  peu  sillonnée. 

Cette  variété  est  excessivement  tardive, 
puisquel’année dernière, qui,  onpeutle  dire, 
a été  exceptionnellement  chaude,  des  arbres 
plantés  le  long  d’un  mur,  àbonneexposition, 
ont  à peine  mûri  leurs  fruits.  Ceux-ci, 
que  j’ai  cueillis  au  commencement  de  no- 
vembre, sont  tombés  plutôt  par  le  manque 
de  sève  des  arbres  que  par  la  maturité  des 
fruits,  fait  qui  peut-être  explique  le  peu  de 
qualité  que  ces  fruits  présentaient. 

C’estdonc,jele  répète,  une  variété  à plan- 
ter dans  le  Midi. 

Je  dois  aussi  faire  remarquer  que  cette 
variété  a des  glandes  tellement  mixtes  qu’il 
faut  y regarder  de  très-près  et  souvent  à deux 
fois  avant  de  se  prononcer  sur  leur  forme 
la  plus  générale. 

Carrière. 


VEGETAUX  EXOTIQUES. 

DÉODAR  EN  FRANCE. 

doute,  et  bien  des  explorateurs  l’ont  déjà 
parcourue;  mais  qui  oserait  dire  qu’elle  est 
épuisée  et  qu’il  n’y  a plus  de  découvertes  à 
y faire  ? 

Qu’on  ne  croie  pas  d’ailleurs  que  ces  dé- 
couvertes soient  faciles  et  qu’elles  s’offrent 
d’elles-mêmes  au  premier  venu  ; pour  les 
faire,  il  faut  une  perspicacité  qui  n’a  pas  été 
donnée  à tout  le  monde.  La  connaissance 
des  plantes  est  loin  d’y  suffire  ; il  faut  y 
ajouter  une  sorte  d’intuition  des  besoins  du 
moment,  deviner,  pour  ainsi  dire,  que  la 
nature  consentira  à s’y  plier,  et,  si  elle 
résiste,  savoir  l’y  contraindre  par  de  savants 
artifices.  Mais  c’est  là  le  point  épineux, 
c’est  là  que  beaucoup  d’expérimentateurs 
succombentL  Enfin,  l’art  le  plus  ingénieux 

1 Pour  n’en  citer  qu’un  exemple,  nous  rappelle- 
rons les  tentatives  inutiles  qui  ont  été  faites  a 
maintes  reprises  sur  la  trop  tameuse  Igname  de  la 
Chine  Malgré  le  bien  qu’en  a dit  la  presse  horti- 
cole, et  même  malgré  des  qualités  réelles,  ^ cette 
racine  n’a  jamais  pu  s’élever  au-dessus  du^  rôle  de 
légume  de  fantaisie.  Comment,  en  effet,  l’agricul- 
ture, pour  qui  l’économie  du  temps  et  de  la  main- 


213 


NATURÂLISATION*DE  VÉGÉTAUX  EXOTIQUES. 


lui-même  reste  impuissant  si  les  circon- 
stances ne  lui  viennent  pas  en  aide.  Com- 
bien, depuis  une  cinquantaine  d’années,  n’a 
t-on  pas  vu  d’essais,  *en  apparence  parfaite- 
ment conçus,  échouer,  faute  de  ce  qiiid 
tertium  plus  facile  à nommer  qu’à  définir? 
Contre  cette  dernière  difficulté,  il  n’y  aurait 
qu’une  ressource  : lutter  avec  une  persévé- 
rance infatigable;  mais  qui  consentirait  à 
lutter  sans  cesse  et  sans  espoir? 

Il  y a cependant  des  caractères  assez  forte- 
ment trempés  pour  n’être  découragés  par 
rien,  et  qui  meurent  à la  peine  ou  triom- 
phent. L’Angleterre,  si  féconde  en  amé- 
liorations agricoles,  nous  donne  en  ce  mo- 
ment une  preuve  nouvelle  de  ce  que  peut 
la  volonté  pour  vaincre  les  résistances  de  la 
nature.  Elle  a voulu  introduire  les  arbres  à 
Quinquina  dans  ses  possessions  de  l’Asie,  et, 
malgré  des  obstacles  multipliés,  elle  y a 
réussi.  Ses  plantations  de  Quinquina  occu- 
pent dès  à présent  de  vastes  espaces,  à Cey- 
lan,  dans  les  montagnes  des  Nilgherries,  et 
jusque  dans  l’Himalaya,  sous  un  ciel  pres- 
que aussi  tempéré  que  celui  de  l’Europe 
méridionale.  A Ceylan  déjà,  les.  arbres, 
presque  adultes,  ont  fleuri  et  donné  des 
graines,  ce  qu’on  peut  considérer  comme 
le  critérium  de  la  naturalisai  ion.  Dans  l’Hi- 
malaya,  il  existait,  à la  fin  de  l’année  der- 
nière, près  de  40,000  pieds  de  Quinquinas, 
et  ce  nombre  sera  plus  que  doublé  cette 
année.  On  se  rappelle' que,  dans  ces  mêmes 
montagnes,  l’Angleterre  a installé,  il  y a 
une  dizaine  d’années,  des  cultures  de  Thé, 
aujourd’hui  florissantes,  et  bientôt  peut- 
être  les  rivales  de  celles  de  la  Chine.  Enfin, 
si  de  l’Inde  nous  portions  nos  regards  sur 
les  colonies  de  la  Nouvelle-Hollande,  nous 
y retrouverions  les  prodiges  de  la  persévé- 
rance anglaise  dans  sa  lutte  contre  la  nature. 
Toutes  ces  jeunes  colonies  grandissent  àvue 
d’œil  depuis  qu’on  y a introduit,  sur  une 
immense  échelle,  les  plantes  économiques 
et  les  animaux  domestiques  de  l’Europe.  Au 
lieu  de  disserter  sur  l’acclimatation,  on  a agi  j 
comme  si  l’acclimation  était  démontrée,  et  I 


les  résultats  prouvent  qu’effectivement  c’é- 
tait ce  qu’il  y avait  de  mieux  à faire. 

En  France,  nous  sommes  loin  de  déployer 
une  pareille  activité,  ce  qui  tient  peut-être 
à ce  que  les  ressources  privées  y sont  beau- 
coup moins  grandes  qu’en  Angleterre. 
Cependant  le  champ  des  expériences  est 
ouvert  devant  nous  tout  aussi  bien  que  de- 
vant nos  voisins.  La  seule  ditférence  est 
que  ce  champ  d’expériences,  au  lieu  d’être 
à 5,000  lieues  de  nos  côtes,  est  simplement 
sous  nos  pieds.  C’est  la  France  elle-même, 
allongée  de  la  Corse  et  de  l’Algérie.  Ne 
médisons  pas,  cependant  de  nos  compa- 
triotes. Au  milieu  de  l’indilférence  ou  de 
l’impuissance  générale  à acclimater,  on  peut 
citer  quelques  hommes  d’initiative,  rari 
liantes^  qui  ont  pris  au  sérieux  la  natura- 
lisation des  arbrss  exotiques,  et  en  ont 
introduit*un  bon  nombre  sur  divers  points 
de  notre  territoire,  où  on  sera  bien  aise  un 
jour  de  les  trouver.  Parmi  ces  hommes  de 
progrès,  il  n’est  que  juste  de  rappeler  ici 
celui  qui  s’est  le  plus  signalé  dans  cette 
voie,  le  vénérable  créateur  de  Farborétuni 
de.Genesle,  près  Bordeaux,  M.  Ivoy,  qui  a 
consacré  déjà  plus  de  quarante  ans  de  sa  vie 
à cette  utile  entreprise.  C’est  à lui  que  nous 
devons  de  savoir  que  les  arbres  de  l’Améri- 
que septentrionale  ont  trouvé  dans  les  lan- 
des un  climat  et  un  sol  favorables,  et  que, 
par  eux,  cette  terre  jusque-là  si  peu  produc- 
tive, pourra  fournir  des  bois  de  construc- 
tion bien  préférables  à celui  du  pin  mari- 
time, qui  l’a  presque  exclusivement  occupée 
depuis  des  siècles.  Nous  ne  reparlerons  pas 
des  succès  qu’il  a obtenus  dans  sa  longue 
carrière,  mais  nous  sommes  bien  aise  de 
pouvoir  ajouter  à ce  que  l’on  en  sait  déjà 
que,  le  premier  en  France,  il  a récolté  les 
graines  mûres  du  Cèdre  de  l’Himalaya,  et 
(}u’une  vigoureuse  génération  nouvelle, 
issue  de  ces  graines,  s’élève  en  ce  moment 
dans  ses  plantations.  On  peut  donc  consi- 
dérer désormais  ce  bel  arbre  comme  défi- 
nitivement acquis  à la  France. 

Naudin. 


i ARBRE  GÉNÉALOGIQUE  DU  GROUPE  PÊCHER. 


I Tous  les  horticulteurs,  en  effet,  savent  que 
j dans  les  semis  qu’on  fait  d’Amandes  commu- 

^ d’œuvre  est  une  question  vitale,  pourrait-elle  adop- 
' ter  une  racine  dont  la  récolte  est  dix  fois  plus 
! laborieuse  que  celle  delà  Pomme  de  terre  ? L’igname 
j a encore  d’autres  défauts  : elle  se  conserve  diftici- 
I lement  d’une  année  à l’autre,  et  elle  exige  des  tu- 
teurs pour  soutenir  ses  tiges  volubiles,  faute  de  quoi, 

I ses  tubercules  ne  prennent  qu’un  médiocre  accrois- 
I sement.  Ce  qu’il  aurait  fallu,  pour  en  faire  une 
I plante  véritablementutile,  c’eût  été  de  créer  des  races 
I àtubercules  raccourcis  et  volumineux,  faciles  en  un 
i mot  à extraire  du  sol.  Alors,  peut-être,  aurait-elle 
; payé  les  frais  de  sa  culture.  Mais  c’est  là  précisé- 
; ment  ce  que  l’on  n’a  pas  encore  pu  obtçnir.  Tant 


nés  on  remarque,  dans  les  individus  qui  en 
proviennent,  des  différences  très-grandes 
dans  le  port  et  dans  le  faciès  des  arbres  ainsi 
que  dans  la  forme  et  les  dimensions  des  feuil- 

que  cette  amélioration  n’auca  pas  été  effectuée, 
nous  maintenons,  malgré  les  affections  des  rares 
partisans  qu’elle  conserve  encore,  que  l’Igname  de 
la  Chine  restera  ce  qu’elle  est  aujourd’hui,  une 
plante  de  curiosité,  qui  finira  môme  tôt  ou  tard  par 
disparaître  des  jardins. 

1 Voir  la  Revue  de  1865,  p.  292  354  et  417,  et 
les  n®*  du  1®'’ janvier  1866,  p.  12  ; du  16  janvier, 
p.  32;  du  16  février,  p.  71;  du  l®“»avril,  p.  125;  du 
16  avril,  p.  153;  du  1®'"  mai,  p.  166. 


214 


ARBRE  GÉNÉALOGIQUE  DU  GROUPE  PÊCHER.  — X. 


les.  Ce  qu’ils  savent  aussi  c’est  que  dans  les 
quelques  individus  qui  échappent  à la  greffe 
(ces  Amandiers  sont  destinés  à servir  de 
sujets)  et  qui  par  hasard  fructifient,  on  ren- 
contre des  variétés  qui  diffèrent  par  la 
forme  des  fruits  ainsi  que  par  l’épaisseur 
plus  ou  moins  grande  du  sarcocarpe.  Il 
en  est  même  chez  lesquels  le  sarco- 
carpe, assez  épais,  présente  une  légère 
saveur  de  Pêche.  Ce  sont  ces  variétés 
qu’on  nomme  Amandes-Pêches,  qui  pré- 
sentent aussi  entre  elles  de  notables  dif- 
férences. En  effet,  il  en  est  chez  lesquelles 
la  saveur  de  Pêche  est  beaucoup  plus  pro- 
noncée que  chez  d’autres,  et  dont  la  chair, 
plus  ou  moins  épaisse  et  relativement  assez 
fondante,  est  d’un  rouge  foncé,  violet  autour 
du  noyau,  tel  est  V Amandier-Pêcher  pro- 
prement dit;  j’ajoute  que  celui-ci  a les 
fleurs  campanulacées,  à peu  près  de  la  for- 
me et  de  la  couleur  de  celles  du  Pêcher 
Téton  de  Vénus,  tandis  que  dans  cette  même 
série  on  en  trouve  qui  ont  des  fleurs  rosa- 
cées, très-grandes,  de  couleurs  différentes. 

Une  des  variétés  les  plus  remarquables 
par  la  forme  qu’a  produit  l’Amandier  com- 
■ mun,  est  celle  qu’on  nomme  Amande-Cor- 
nichon ; ses  fruits  sont  très-gros  et  longs, 
arqués;  leur  sarcocarpe  est  épais  et  sa  sur- 
face est  ordinairement  bosselée,  de  plus  son 
noyau  est  tellement  tendre  et  mince  qu’on 
peut  le  rompre  par  une  simple  pression 
faite  avec  les  doigts  ; quant  à ses  fleurs,  elles 
sont  rosacées,  grandes,  presque  complète- 
ment blanches,  à pétales  distants,  longue- 
ment obovales,  unguiculés.  V Amandier- 
Cornichon  a produit  à son  tour  une  sous- 
variété  qui  n’en  diffère  que  par  la  nature  de 
son  noyau,  dont  le  testa  est  épais  et  dur. 
Voilà  donc  une  variété  de  l’Amandier  com- 
mun qui,  comme  le  type,  a produit  une  for- 
me à coque  tendre^ . 

Je  ferai  encore  remarquer,  ainsi  qu’on  a 
déjà  pu  le  voir,  que  si  l’on  trouve  chez  l’A- 
mandier commun  des  fruits  de  forme,  de 
grosseur,  de  nature  et  même  de  saveur  très- 
diverses  on  trouve  également  des  fleurs 
très-différentes.  Ainsi  tandis  que  l’Aman- 
dier commun  a les  fleurs  rosacm  (grandes), 
blanc-rosé,  il  y a des  variétés  dont  les  fleurs 
sont  à peu  près  complètement  blanches;  il 
en  est  aussi  qui  ont  des  fleurs  campanula- 
cées et  extrêmement  petites.  Les  mêmes 
particularités  existent  chez  les  Amandiers- 
Pêchers  ; on  trouve  dans  ceux-ci  des  indi- 

^ Un  botaniste  à qui  on  présenterait  V Amandier- 
Pêcher  à très-petites  fleurs  d’un  rose  cuivré  pâle, 
avec  son  noyau  très-(îur,  et  d’un  autre  côté  V Aman- 
dier-Cornichon avec  ses  fleurs  très-grandes  et  blan- 
ches, ses  fruits  très-longs  et  arqués,  à noyau  extrê- 
mement tendre,  n’hésiterait  pas  à les  considérer 
comme  deux  espèces  distinctes.  Aurait-il  tort?  Je  ne 
me  prononce  pas.  Tout  ce  que  je  puis  dire,  c’est 
qu’on  a fait  beaucoup  d’espèces  moins  tranchées  que 
ne  seraient  celles-ci. 


vidus  qui  ont  des  fleurs  campanulacées, 
plus  ou  moins  rosées,  et  d’autres  dont  les 
fleurs  très-grandes  (rosacées),  largement 
étalées,  sont  complètement  roses  et  même 
d’un  rose  très-foncé. 

Pourtant  toutes  ces  variétés  si  pro- 
fondément distinctes  du  type  ne  sont 
pour  ainsi  dire  que  des  sujets  échap- 
pés à la  greffe  : d’où  l’on  peut  conclure 
que  si  l’on  semait  de  grandes  quantités  d’A- 
mandes  communes  et  qu’on  attendît  que  les 
individus  fructifiassent,  on  trouverait  parmi 
ceux-ci  des  variétés  très-remarquables,  soit 
par  la  forme,  soit  par  les  dimensions  des 
fleurs  et  des  fruits,  soit  par  les  qualités 
que  présenteraient  ceux-ci.  Le  fait  n’est  pas 
douteux. 

De  l’Amandier-Pêcher,  que  je  considère* 
comme  le  plus  modifié  du  type,  on  passe  au 
Pêcher  intermédiaire  ou  P.  douteux,  qui, 
tout  à la  fois,  présente  les  caractères  des 
Pêchers  et  des  Amandiers  tellement  pro- 
noncés, que,  suivant  ceux  de  ces  caractères 
qu’on  envisage,  on  peut  le  considérer,  soit 
comme  un  Amandier,  soit  comme  un  Pêcher. 
Nous  pouvons  donc  considérer  le  Pêcher 
mixte  (Persica  intermedia)  comme  étant  à 
la  fois  le  dernier  et  le  premier  terme  de 
deux  séries  : le  dernier  de  la  série  Aman- 
dier , le  premier  de  la  série  Pêcher.  C’est 
une  sorte  conciliatrice  on  peut  dire,  qui,  en 
reliant  deux  choses,  tend  à les  confondre. 
Nous  sommes  donc  ici  sur  la  ligne  médiane, 
sur  la  frontière,  on  pourrait  dire,  en  parlant 
au  figuré,  ou  bien  encore  sur  le  pont  d’une 
rivière  qui  sépare  deux  nations.  En  d’autres 
termes,  nous  avons  quitté  le  genre  Amandier 
et  nous  entrons  dans  le  sous-genre  Pêcher. 
Nous  sommes  à la  première  étape  de  celui- 
ci.  J’ajoute  que  le  Pêcher  mixte  qui  est  à 
fleurs  presque  pleines  a des  glandes  réni- 
/bmes,faitcontraireàtoutceque  présentent, 
à ma  connaissance  du  moins,  les  vrais  Aman- 
diers et  qui  semblerait  confirmer  l’opinion 
que  j’ai  émise  sur  le  mode  d'apparition 
des  glandes  lorsque  j’ai  dit  « que,  dans  la 
marche  extensive  et  dans  la  fusion  des 
Amandiers  avec  les  Pêchers,  la  modification 
des  glandes  est  la  conséquence  d’un  chan- 
gement organique  du  fruit,  et  que,  des 
glandes  globuleuses  que  présente  l’Aman- 
dier commun  on  passe  aux  glandes  réni- 
f ormes  pour  arriver  aux  Pêchers.  » C’est 
là  toutefois,  je  me  hâte  de  le  dire,  une 
marche  qui  n'a  rien  d’absolu,  qui  pourni 
présenter  de  nombreuses  exceptions,  mais 
qui  pourtant  ne  laisse  pas  d’avoir  une 
certaine  valeur. 

Je  viens  de  dire  ci-dessus  que  le  Pêcher 
douteux  ou  mixte  est  tellement  intermé  - 
diaire qu’on  est  parfois  embarrassé  pour 
le  classer  ; je  dois  à ce  sujet  faire  une  obser- 
vation très-curieuse  et  surtout  très-intéres- 
sante au  point  de  vue  scientifique.  Voici  le 


215 


ARBRE  GÉNÉALOGIQUE  DU  GROUPE  PÊGHER.  - X. 


fait  : Pendant  plusieurs  années  que  j’ai  étu- 
dié cette  variété,  elle  m’avait  toujours  pré- 
senté des  fruits  sphériques  ou  subsphéri- 
ques,  à chair  solide  et  fermée  de  toutes 
parts,  c’est-à-dire  des  fruits  à sarcocarpe 
très-charnu , uni,  succulent  quoique  peu 
savoureux,  complétemenl  mdéhiscent,  lors- 
que l’année  dernière,  en  1865,  les  fruits 
des  mêmes  arhres  étaient  comprimés  et  al- 
longés, à sarcocarpe  très-fortement  et  irré- 
gulièrement bossué,  déhiscent,  peu  épais 
et  d’une  nature  sèche 

Je  n’indique  pas  ici  les  caractères  de  vé- 
gétation ou  de  faciès  que  présente  le  Pêcher 
mixte,  on  les  trouvera  plus  loin,  à l’énumé- 
ration et  à la  description  des  diverses  varié- 
tés de  Pêchers, 

Je  ne  pousserai  pas  plus  loin  ces  obser- 
vations; c’est  à chacun  de  ceux  quelles 
pourront  intéressser,  d’après  ce  que  j’ai  dit 
et  que  j’ai  fait  ressortir,  à en  tirer  les  con- 
séquences qu’il  voudra.  Quant  à moi  je  ne 
doute  pas  que  la  marche  que  j’ai  indiquée, 
soit  vraie  en  principe;  où  elle  devra  n’être 
que  relative  et  présenter  même  des  excep- 
tions, c’est  dans  les  résultats;  de  sorte  que 
dans  certains  cas,  on  pourrait  en  observer 
de  plus  ou  moins  différents  de  ceux  que  j’ai 
émis,  sans  pour  cela  avoir  le  droit  de  les 
nier*.  Je  crois  du  reste  que  cette  marche, 

* Si  l’on  veut  bien  réfléchir  à ce  fait  si  singulier 
et  se  rappeler  en  même  temps  que  toutes  les  par- 
ticularités ou  propriétés  que  présentent  les  végétaux 
tendent  à se  reproduire,  on  comprendra  comment 
les  noyaux  de  ces  fruits  ronds,  unis  et  indéhis- 
cents auraient  pu  se  reproduire,  en' partie  du  moins, 
et  donner  des  sous-variétés  très-différentes  de  celles 
qu’on  aurait  obtenues  de  ces  mêmes  arbres,  l’année 
où  les  fruits,  allongés,  avaient  le  sarcocarpe  très- 
bossué,  mince  et  déhiscent.  On  comprendra  en- 
core comment  suivant  les  années  on  pourra,  de 
graines  récoltées  sur  un  même  arbre,  obtenir  des 
variétés  très-différentes  de  celles  qu’on  a obtenues 
dans  d’autres  années. 

2 On  peut  presque  toujours  contester,  en  s’ap- 
puyant même  sur  l’expérience,  des  faits  qui  eux- 
mêmes  sont  le  résultat  de  l’expérience  et  par  con- 
séquent rigoureusement  vrais,  en  un  mot,  répondre 
à des  faits  avancés  comme  vrais,  par  des  faits  con- 
traires qui  sont  tout  aussi  vrais.  C’est  par  suite  de 
l’ignorance  de  cette  vérité,  bien  élémentaire  pour- 
tant, qu’on  ne  peut  s’entendre;  chacun,  sans  se  ren- 
dre compte  du  fait  dont  il  a été  témoin  et  qu’il  con- 
sidère alors  comme  une  règle  absolue,  se  basant 
sur  ce  fait  pour  rejeter  tout  ce  qui  y est  contraire. 
Il  suffit  pour  I rouver  la  vérité  de  ceci  de  reprendre 
les  expériences  dont  il  est  question  et  d’attendre  le  ré- 
sultat; car,  comme  il  n’en  est  pas  des  choses  natu- 
relles comme  de  celles  qui  sont  faites  de  main 
d’homme,  qu'on  ne  les  dirige  pas  à volonté,  mais 
qu’elles  se  manifestent  en  vertu  de  certaines  lois 
dont  les  conséquences  sont  fatales,  il  peut  donc  arri- 
ver que,  en  répétant  une  même  expérience,  on 
obtienne  des  résultats  différents  de  ceux  accusés 
et  qu’on  leur  oppose,  et  desquels  on  tire  ensuite  des 
conséquences  contraires  aux  premières.  Ce  mode 
d’opérer  induit  souvent  en  erreur,  car  les  résultats 
de  la  contre-expérience  ne  peuvent  pas  infirmer 
ceux  de  la  première,  puisqu’on  a agi  dans  des  con- 
ditions et  sur  des  choses  qui  n’ont  d’identique  qne 
l'apparence,  mais  qui  sont  toujours  différentes  au 
fond.  Une  graine,  une  plante  quelconque  peut  avoir 


qui  n’a  rien  de  choquant  pour  la  raison,  est 
tout  à fait  conforme  à la  grande  loi  universelle 
d’évolution  de  tous  les  êlres;  elle  indique 
naturel'ement  et  sans  qu’il  soit  nécessaire 
(le  faire  des  efforts  d’imagination,  ni  de  faire 
intervenir  de  force  occulte,  comment  tous 
les  types  s’étendent  et  se  modifient  d’après 
certaines  lois  immuables  en  principe,  mais 
relatives  et  variables  à l’infini  dans  leurs 
conséquences;  conséquences  qui,  toujours 
en  rapport  avec  les  milieux  où  elles  se  ma- 
nifestent, déterminent  cette  harmonie  si 
grande,  si  belle,  si  simple,  si  universelle  et 
pourtant  si  peu  comprise,  et  qui,  tout  en  dé- 
notant la  puissance  et  la  sagesse  infinies  de 
son  Auteur,  le  rend  si  manifestement  visi- 
ble (iàns  toutes  ses  œuvres  !!! 

Ainsi  qu’on  a pu  le  voir  par  tout  ce  qui 
précède,  mon  opinion,  relativement  à l’ori- 
gine des  Pêchers,  est  qu’ils  proviennent 
directement  de  l’Amandier  commun  eiindi^ 
rectement  de  l’Amandier  d’Orient  ou  de  l’une 
de  ses  formes,  dont  est  sorti  l’Amandier 
commun  en  passant  par  une  séries  de  va- 
riétés intermédiaires,  au  nombre  desquelles 
se  trouvent  les  Amygdalus  Ballansœ  et  sa- 
licifolia.  11  serait  même  peut-être  possible 
de  remonter  encore  plus  haut,  par  exemple, 
à V Amygdalus  nana  en  passant  par  une 
sorte  voisine  : V A.  pedunculataK 

Garriére. 

son  analogue,  mais  son  semblable  jamais!!!  D’où  il 
résulte  que  l’une  peut  produire  des  faits  que  ne 
donnera  jamais  l’autre. 

On  ne  commande  pas  à la  nature!  C’est  une  de 
ces  grandes  vérités  que  l’homme  oublie  trop  sou- 
vent, et  dont,  à tort,  il  tire  des  conséquences  fausses 
qui  nourrissent  son  orgueil  et  l’enflent  à ses  propres 
yeux.  Nous  oublions  toujours  ce  passage  de  Pytha- 
gore  : « L’homme  ne  fait  pas  les  lois  ; il  les  décou- 
vre, » principe  très-vrai  et  qui  s’applique  tout  à fait 
à mon  sujet;  aussi  je  ne  crains  pas  de  dire  que  nous 
ne  pouvons  rien  sur  tous  les  faits  que  je  viens  de 
rappeler,  que  nous  ne  pouvons  pas  les  provoquer, 
que  nous  devons  au  contraire  les  accepter,  les  subir 
même  et  tâcher  d’en  tirer  parti  lorsqu’ils  se  pré- 
sentent. 

Qu’on  ne  l’oublie  pas,  il  ne  peut  y avoir  d’expé- 
riences qui  donnent  des  résultats  absoluments  iden- 
tiques que  celles  dont  les  bases  ont  été  rigoureuse- 
ment déterminées.  C’est  pourquoi  de  toutes  les 
sciences,  les  mathématiques  ou  les  sciences  qui  re- 
posent sur  elles,  sont  les  seules  dont  les  conséquen- 
ces peuvent  être  rigoureusement  définies;  ce  qui  ne 
peut  jamais  avoir  lieu  quand  il  s’agit  de  faits  de  la 
végétation,  puisqu’ici  s’il  est  possible,  tant  bien  que 
mal,  de  définir  le  milieu,  il  ne  l’est  pas  de  définir 
la  base  de  l’expérience,  c’est-à-dire  la  graine  ou 
bien  le  végétal  qu’on  cultive  ; celui-ci  est  une  unité 
dont  l’extérieur  seul  nous  est  accessible. 

Ce  qu’il  ne  faut  pas  oublier  non  plus  c’est  que  les 
exceptions  aux  règles  sont  presque  toujours  le  com- 
mencement d’autres  règles;  ce  sont,  qu’on  me  passe 
la  comparaison,  des  sortes  de  déserteurs  qui  vont 
fonder  une  colonie  nouvelle,  qui  pourra  ne  pas  s’é- 
tendre beaucoup  mais  qui  pourra  aussi  prendre  une 
grande  extension,  affaiblir  ou  même  détruire  la  mère 
patrie;  je  pourrais  en  citer  beaucoup  d’exemples. 
Tout  marche  d’après  une  même  loi  ! 

‘ Qu’est-ce  encore  que  cette  espèce?  Très-proba- 
blement une  forme  intermédiaire  entre  les  Amijda- 
lus  nana  et  Ballansœ.  C’est,  de  plus,  une  forme  qui 


LES  25  FRAISIERS  DE  LA  COMMISSION  DE  CULTURE  POTAGÈRE 

DE  LA  SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE. 


Dans  le  n°  du  1^^*’  maidernier  de  la  Revue 
horticole,  M.  Gloede  répond  aux  observa- 
tions que  j’ai  publiées  antérieurement 
au  sujet  des  25  Fraisiers  de  la  commission 
de  culture  potagère  de  la  Société  impériale 
et  centrale  d’horticulture.  De  même  que 
moi,  il  considère  ce  travail  comme  inutile 
et  impossible. 

D’accord  sur  plusieurs  points,  nous  diffé- 
rons essentiellement  sur  d’autres.  A quoi 
cela  tient-il?  A ce  que  le  Fraisier  se  com- 
porte suivant  la  nature  du  sol,  du  climat,  de 
l’exposition,  etc.,  et  peut-être  aussi  à la  ma- 
nière de  l’apprécier. 

M.  Gloëde  est  d’accord  avec  moi,  à quel- 
ques détails  insignifiants  près,  sur  l’appré- 
ciation que  j’ai  faite  de  Bicolore,  British 
queen,  Carolina  superba,  Empress  Euge- 
nia  , Hendries  seedling  , Marguerite  , 
Monstrous  Hautbois,  Prmcesse  royale.  Sir 
Charles  Napier. 

11  accepte,  avec  restriction,  ce  que  j’ai  dit 
des  Quatre-Saisons  à fruit  rouge,  et  à fruit 
brun  de  Gilbert,  des  Fraisiers  sons  filets, 
d’ Ambrosia,  de  Barnes,  de  Belle  de  Paris, 
de  Vicomtesse  Héricart  de  Thury  et  de 
Victoria. 

Il  est  d’un  avis  entièrement  opposé  en  ce 
qui  concerne  Admirai  Bandas,  Eléanor, 
Châlonnaise,  la  Constante,  Eclipse,  Lucas, 
May  Queen,  Sir  Harry,  et  Wonderfu. 

Un  mot  d’explication,  et  peut-être  pour- 
rons-nous nous  entendre. 

Qualité- Saisons  à fruit  rouge.  — M. 
Gloëde  dit  ; toutes  les  variétés  obtenues  de 
semis  depuis  plusieurs  années  sont  amélio- 
rées. C’est  précisément  parce  que  les  ancien- 
nes variétés  sont  dépassées  parles  nouvelles 
que  j’ai  posé  l’interrogation  quelle  variété? 

Quatre-Saisons  à fruit  brun  de  Gilbert. 
— J’affirme  que  ce  Fraisier  est  délicat  et 
son  fruit  détestable,  tout  en  lui  reconnais- 
sant du  parfum;  mais  c’est  du  sable  par- 
fumé, M.  Gloëde  proteste.  Cela  dénote  que 
nous  avons  cultivé  ce  Fraisier  dans  des  con- 
ditions différentes  et  que  M.  Gloëde  aime  à 
croquer  les  graines,  ce  que  je  déteste  infi- 
niment, comme  beaucoup*  d’autres. 

Quatre-Saisons  sans  filets.  — J’ai  dit  et 
je  répète  : il  y en  a peut-être  plus  de  20  va- 
riétés. — M.  Gloëde  me  répond  : Ceci  me 
semble  fabuleux.  De  tous  les  Fraisiers  des 
Quatre-Saisons,  le  Sans  filets  est  celui  qui 
se  reproduit  le  moins  identiquement,  par 

n’est  pas  constante.  Ainsi  de  quatre  noyaux,  pro- 
venant d’un  même  individu,  j’ai  obtenu  quatre  varié- 
tés différentes;  il  y en  avait  à deurs  campamdacées 
et  d’autres  à fleurs  rosacés,  roses,  rose  carné,  blan- 
ches, et  enfin  une  à fleurs  jaunâtres;  enfin,  sur  qua- 
tre individus  il  y avait  quatre  variétés.  Laquelle  de 
celles-ci  devra  être  considérée  comme  le  type  de 
cette  forme? 


rapport  à la  grosseur,  à la  forme,  à la  pré- 
cocité, à la  saveur  de  ses  fruits,  au  nombre 
de  graines,  etc.,  etc.  Ces  différences  consti- 
tuent bien  autant  de  variétés.  S’il  n’en  est 
pas,  que  M.  Gloëde  dise  ce  que  c’est.  Il 
n’appellera  pas  cela  à coup  sûr  une  repro- 
duction, puisque  des  différences  essentielles 
existent,  et  que  la  plupart  des  caractères  du 
type  ont  disparu. 

Ambrosia.  — J’ai  dit  : Ambrosia  n'est 
pas  une  plante  hâtive,  mais  demi-hâtive.  — 
M.  Gloëde  me  répond  : Hâtive.  J’ouvre  son 
catalogue  de  1865-1*866,  et  je  lis:  Plante  de 
maturité  moyenne.  Lequel  doit-on  croire  de 
M.  Gloëde  ou  de  son  catalogue? 

Admirai  Blindas,  Châlonnaise,  Cons- 
tante, Eclipse,  Wonderful.  — M.  Gloëde 
trouve  Admirai  Bundas  très-fertile  ; la 
Châlonnaise  robuste  ; la  Constante  très- 
rustique;  Eclipse  excellente  et  Wonderfu^. 
merveilleux.  J’ai  dit  le  contraire  et  je  le 
maintiens.  Je  pourrais  citer  l’avis  d’un 
grand  nombre  d’amateurs  qui  pensent 
comme  moi,  et  même  celui  de  l’obtenteur 
de  l’une  de  ces  variétés,  qui  a cessé  de  la 
cultiver  parce  qu’il  lui  a reconnu  les  défauts 
que  je  lui  reproche. 

Sir  Harry.  — M.  Gloëde  critique  ce  que 
j’ai  dit  de  ce  Fraisier  et  il  termine  en  disant 
comme  moi.  — Voici  mon  appréciation  : 
Plante  délicate,  d'une  culture  diffixile,  fruit 
beau  et  de  bonne  qualité;  mais  il  ne  faut 
pas  compter  sur  des  récoltes  suivies.  — 
Voici  celle  de  M.  Gloëde:  La  plante  produit 
avec  une  telle  abondance  que  souvent  la 
masse  de  fruits  se  fatigue  à tel  point 
qu'elle  meurt  d'épuisement.  Cuttivez-la 
comme  plante  annuelle,  piquez  vos  filets 
aussitôt  que  vous  les  avez  ; repiquez-les  une 
seconde  fois  à l'automne Après  la  ré- 

colte, replantez  des  jeunes  pi_^ds,  etc.  S\ 
tout  cela  ne  constitue  pas  un  Fraisier  déli- 
cat, d’une  culture  difficile  et  dispendieuse, 
je  n’y  comprends  plus  rien.  — Toutefois,  je 
dois  dire  que  Sir  Harry  n’a  jamais  montré 
dans  mes  cultures  un  si  grand  luxe  de  pro- 
duction, et  que  je  ne  l’ai  jamais  vu  mourir 
que  de  froid,  de  chaud  ou  d’atonie.  • 

Eléanor.  — M.  Gloëde  est  satisfait  de  ce 
Fraisier;  soit.  Quant  à moi,  sur  1 00  pieds,  j’en 
perds  50  tous  les  hivers,  tantôt  par  le  troid, 
tantôt  par  l’humidité.  L’hiver  dernier  j’en  ai 
perdu  60p.  lOOdans  les  jeunes  plantalionsde 
l’automne  et  80  p.  100  dans  celles  de  dix- 
huit  mois. 

Barnes  large  While.  — M.  Gloëde  pré- 
tend que  ce  Fraisier  me  déplaît.  J’ai  dit  que 
le  fruit  étant  peu  coloré,  on  pouvait  se  mé- 
prendre sur  l’époque  de  sa  maturité.  Il  y a 
loin  de  là  à une  proscription.  Certainement 
cette  variété  entre  les  mains  de  gens  atten- 


LES  25  FRAISIERS  DE  LA  COMMISSION  DE  CULTURE  POTAGÈRE  DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE.  217 


tifs  n’est  pas  à dédaigner;  mais  je  ne  la 
recommande  pas.  ■ — Je  maintiens  qu’elle 
s’est  montrée  fort  peu  fertile  et  rustique  dans 
mes  cultures. 

Belle  de  Paris.  — M.  Gloëde  trouve  ce 
fruit  bon,  je  le  trouve  médiocre.  Voilà  une 
question  de  dégustation  et  de  goût  qui  s’é- 
lève. Je  n’ose  l’aborder,  car  il  faudrait  peut- 
être  écrire  un  gros  volume  pour  ne  rien 
prouver.  J’ai  les  organes  de  la  dégustation 
irès-justes  et  très-exercés.  Je  dirai  même 
(qu’il  y ait  ou  non  vanité  de  ma  part)  qu’en 
pareille  matière,  je  ne  m’en  rapporte  qu’à 
moi.  Je  demande  donc  à M.  Gloëde  la  per- 
mission de  ne  pas  être  de  son  avis  et  de 
maintenir  encore  ce  que  j’ai  dit. 

Vicomtesse  Héricart  de  Thunj.  — Pendant 
longtemps,  j’ai  cru,  comme  M.  Gloëde,  que 
j’avais  deux  Fraisiers  avec  celui-ci  et  Prince 
impérial;  mais  en  les  cultivant  simultané- 
ment dans  les  mêmes  conditions,  j’ai  reconnu 
mon  erreur.  Si  M.  Gloëde  connaît  des  diffé- 
rences qui  ne  résultent  pas  du  mode  de 
culture  ou  du  sol,  je  lui  serai  fort  obligé  de 
me  les  signaler. 

Victoria.  — J’ai  dit  qu’il  faut  cueillir  ce 
fruit  avant  sa  complète  maturité;  je  précise, 
12  heures  avant.  Si  on  le  cueille  complète- 
ment mûr,  la  chair  est  molle  et  il  ne  se  con- 
serve pas;  il  gagne  en  sucre  ce  qu’il  perd 
en  saveur  et  en  finesse,  et  sa  chair  se 
creuse.  Je  répète  : il  faut  le  cueillir  12  heu- 
res avant  sa  maturité  et  le  servir  4 ou  5 
neures  après. 

Lucas.  — M.  Gloëde  trouve  que  l’apprié- 
ciation  que  j’ai  faite  de  Lucas  est  si  éloignée 
de  la  sienne  qu’il  suppose  que  je  ne  possède 
pas  la  variété  identique.  Je  l’ai  cru  comme 
lui,  d’abord;  aussi  me  suis-je  empressé  de 
me  procurer  cette  variété  chez  divers  horti- 
culteur de  France  et  de  l’étranger;  puis 
chez  MM.  Vilmorin;  puis  chez  lui-même 
(M.  Gloëde  doit  se  rappeler  m’en  avoir 
fourni),  et  j’ai  toujours  obtenu  la  même 
plante  et  les  mêmes  résultats. 

M.  Gloëde  doit  savoir  que  si  je  n’avais  pas 
eu  la  variété  identique,  soit  de  Lucas,  soit- 

SUR  QUELQUES  F 

Monsieur  le  directeur. 

Quand,  il  y a quinze  ans,  nous  associant 
au  niouvement  qui  se  faisait  en  Belgique, 
délaissant  un  peu  la  culture  des  fleurs  qui, 
dès  notre  enfance,  occupait  et  charmait  pres- 
que tous  nos  loisirs,  nous  nous  occupions 
plus  spécialement  et  très-sérieusement  des 
arhres  fruitiers  et  de  leurs  délicieux  pro- 
duits, dont  nous  reconnaissons  toute  l’im- 
portance pour  la  France,  ce  climat  si  favo- 
rable à ce  genre  de  culture;,  nous  étions 
bien  loin  de  nous  attendre  que  cette  partie 


d’Ambrosia,  soit  de  tous  autres  fraisiers, 
je  m’en  serais  aperçu  et  que  j’aurais  dû  me 
les  procurer.  L’observation  me  semble  inso- 
lite. 

May  Quen.  — Ce  fraisier  ne  m’a  jamais 
rendu  plus  de  300  à 400  grammes  de  Iraises 
par  mètre  carré.  — Est-ce  ce  que  M.  Gloëde 
appelle  de  la  fertilité? 

Je  crois  avoir  répondu  à toutes  les  objec- 
tions de  M.  Gloëde.  Je  ne  l’aurais  pas  fait 
si  je  ne  l’eusse  pas  connu;  car,  fort  de  mon 
expérience,  j’y  aurais  peut-être  vu  autre 
chose  que  des  objections.  Quoiqu’il  en  soit, 
je  ne  suis  pas  l’homme  de  la  polémique,  et 
je  m’abstiendrai  à l’avenir,  s’il  lui  convient, 
de  suivre  cette  discussion,  car  elle  devien- 
drait sans  intérêt. 

S’il  y a des  divergences  d’opinions  entre 
nous,  cela  tient  sans  doute  au  sol,  au  mode 
de  culture.  Raison  de  plus  pour  s’abstenir 
dé  tout  commentaire  et  de  tout  jugement 
arrêté  à l’avance. 

M.  Gloëde  me  trouve  trop  sévère  sur  le 
choix  des  variétés.  Cela  peut  être  vrai  ; 
maisjQnelt  suis  pas  moins  pour  celles  que 
je  produis  moi-même.  J’ai  fait  arracher  et 
jeter  l’an  dernier  plusieurs  fraisiers  de  se- 
mis qui  avaient,  certainement,  plus  de  mé- 
rite que  plusieurs  qu’il  recommande  ou 
admet,  et  cela,  parce  qu’ils  ne  rentraient 
pas  dans  le  cadre  que  je  me  suis  tracé. 

J’ai  pris  pour  règle  de  n’admettre  que 
des  fraisiers  pouvant  végéter  passablement 
dans  tous  les  sols,  et  particulièrement  dans 
les  terrains  secs,  maigres  et  chauds,  et 
dont  les  fruits  soient  de  grosseur  moyenne 
P moins  et  de  bonne  qualité.  Hors  de  là, 
je  n’admets  rien.  Il  ne  faut  pas  que  le  nom- 
bre des  fraisiers  augmente  capricieusement 
et  inutilement.  Il  faut  qü’une  variété  ait  des 
caractères  distinctifs  bien  dessinés  pour 
qu’elle  ait  le  droit  de  figurer  dans  nos  cul- 
tures et  sur  nos  listes. 

Cette  discussion  prouve  une  fois  de  plus 
combien  le  travail  de  la  commission  de  cul- 
ture potagère  est  inutile.  - 

F.  Lebeuf, 

Horliculteur  fraisiériste  à Argenleuil. 

lUITS  NOUVEAUX. 

du  domaine  de  l’horticulture  prendrait  auss 
vite  faveur.  Nous  étions  surtout  très-éloigné 
de  penser  que  cette  question  arriverait  à 
passionner  quelques  hommes  au  point  de 
les  pousser  dans  une  polémique  qui,  je  le 
regrette  autant  qu’un  autre  , ne  reste  pas 
toujours  dans  les  sages  bornes  de  la  discus- 
sion. 

Nous  avons  souvent.  Monsieur,  été  tenté 
de  nous  écrier  aussi  : 

La  paix,  la  paix,  mes  bons  amis, 

Vivez  heureux,  soyez  unis. 


218 


SUR  QUELQUES  FRUITS  NOUVEAUX. 


C’est  dans  cette  pensée  de  conciliation 
que  nous  vous  adressons  cette  lettre,  espé- 
rant qu’elle  pourra  tempérer  l’ardeur  de 
quelques  esprits  en  établissant  solidement, 
autant  que  possible,  le  terrain  de  la  question. 

Dans  la  chronique  de  la  Revue  horticole 
du  15  janvier  dernier,  vous  donnez  une  let- 
tre de  M.  Michelin,  dont,  peut-être  par  man- 
que d’intelligence,  nous  n’avons  pas  compris 
l’intérêt  qu’elle  pourrait  avoir  pour  vos  lec- 
teurs? 

L’auteur  commence  par  y dire  que  l’expé- 
rience lui  a appris  « qu’on  s’expose  à de 
graves  mécomptes  lorsqu’on  se  prononce 
d’une  manière  trop  prompte  et  exclusive  sur 
des  fruits  nouveaux,  parce  que  les  mêmes 
variétés,  sous  l’infiuence  du  sol,  de  l’expo- 
sition du  climat  et  même  de  la  culture  of- 
frent des  différences  qui  déconcertent  ceux 
qui  se  croyaient  autorisés  à être  sûrs  d'eux- 
mêmes.  y> 

Nous  nous  sommes  permis  de  souligner 
le  dernier  membre  de  phrase  pour  attirer 
davantage  l’attention  de  vos  lecteurs. 

Il  y a bien  peu  de  personnes,  mon  cher 
Monsieur,  qui,  possédant  un  jardin,  si  petit 
qu’il  soit,  n’aient  pas  été  à même,  sans 
une  longue  expérience,  d’apprendre  que  les 
fruits  ne  sont  pas  toujours  aussi  bons  dans 
un  terrain  que  dans  l’autre,  même  sous  le 
même  climat;  que  la  température  variable 
des  saisons  les  rendait  alternativement 
mauvais,  médiocres  ou  bons. 

Que  les  fruits  venus  sur  arbres  en  espa- 
lier varient  beaucoup  en  qualité  avec  ceux 
venus  sur  des  sujets  isolés,  en  pyramide, 
buisson  ou  en  plein  vent, -qui  ont,  le  plus 
souvent,  un  peu  plus  ou  moins  de  qualité 
très-sensible;  que  par  conséquent,  du  midi 
au  nord,  de  l’est  à l’ouest,  à cent,  deux 
cents  lieues  de  distance,  sousl’inflence  d’un 
soleil  dont  les  rayons  tamisés  à peine  au 
travers  des  brumes  et  des  brouillards,  sont 
très-insuffisants  pour  réchauffer  la  terre  re- 
froidie par  de  longues  nuits  humides,  ou  sous 
celle  d’un  soleil  ardent,  brûlant  même,  qui, 
dans  un  instant,  absorbe  quelques  gouttes 
de  rosée,  les  fruits  ne  peuvent  avoir  même 
valeur,  même  goût,  même  parfum. 

Tout  cela  paraît  si  naturel,  qu’il  ne  tombe 
pas  sous  le  sens  qu’on  puisse  agir  ou  pen- 
ser sans  donner  raison  à ce  principe. 

C’est  ce  dont,  selon  nous,  M.  Michelin  ne 
s’est  pas  assez  pénétré.  Ce  dont  il  ne 
parle  pas,  c’est  de  la  modification  qu’é- 
prouve la  qualité  des  fruits  par  le  trans- 
port ; le  temps  plus  ou  moins  long  que  dure 
le  voyage,  la  manière  dont  ont  été  faits  les 
emballages  et  les  substances  dans  lesquelles 
ils  ont  été  enfermés;  puis  le  lieu,  l’air 
chaud  ou  froid  oû  ils  ont  été  tenus  depuis 
l’époque  de  la  cueillette  jusqu’au  jour  bien 
observé  de  la  maturation;  tout  cela  agit 
pourtant  beaucoup  sur  la  qualité  des  fruits 


récoltés  non-seulement  en  même  lieu , 
mais  encore  sur  ceux  venus  sur  un  même 
arbre. 

Toute  cette  petite  science,  presque  de 
ménagère,  s’acquiert.  Monsieur,  par  de  lon- 
gues, patientes  et  attentives  observations 
qui  ne  sont  pas  toujours  très-amusantes. 

Selon  nous,  tout  faible  mortel  y peut 
arriver,  comme  à décrire  un  fruit  qu’il  a 
trouvé  beau  et  bon,  laid  et  mauvais;  bon  et 
laid,  ou  laid  et  bon,  car  tout  cela  se  ren- 
contre dans  les  jeux  de  la  nature. 

Nous  croyons  pouvoir  encf>re  avancer  une 
autre  proposition,  savoir  ; qu’un  fruit  qui 
aura  été  trouvé  bon  dans  une  condition  qui 
lui  était  favorable,  pourra  toujours  être  re- 
trouvé bon  dans  une  condition  semblable  on 
à peu  près  pareille.  Cela  est  très-logique; 
il  ne  s’agira  donc  que  de  trouver  pour  l’ar- 
bre qui  doit  le  reproduire  une  condition 
identique.  Comment  obtenir  cela,  si  ce  n’est 
par  l’expérience  qu’on  en  pourra  faire? 

Oû  donc  serait  le  grave  inconvénient  que 
trouveraient  contre  eux  les  descripteurs  et 
les  cultivateurs  confiants  dans  leur  œuvre 
quand  ils  sont  sincères. 

Or,  que  fait  ou  doit  faire  la  personne  qui 
veut  décrire  un  fruit?  Elle  le  déguste  et  ex- 
prime le  mieux  possible  ses  impressions;  si 
le  fruit  a paru  bon,  elle  le  dit;  mais  si  au 
contraire  le  fruit  a été  trouvé  mauvais  ou 
très-médiocre,  il  est  bien  constant  que  i’ob- 
servateur-descripteur  n’aura  pas  manqu  ^ 
d’en  prendre  note  et  de  suspendre  cons^^ 
ciencieusement  son  jugement,  s’il  a quel- 
que soin  de  sa  dignité  personnelle. 

Avant  de  déduire  d’autre  raisonnement, 
il  nous  faut  encore  parler  d’une  grave  ques- 
tion selon  nous  : des  goûts^  qui  diffèrent  si 
souvent.  Les  uns  aiment  et  préfèrent  les 
goûts  vineux,  relevés,  musqués;  on  dit 
même  que  celui  de  l’acide  formique  a aussi 
ses  partisans,  ce  que,  par  parenthèse,  nous 
trouvons  assez  bizarre. D’autres  préfèrentune 
eau  abondante,  d’un  goût  agréable,  plus  ou 
moins  sucrée  et  parfumée,  de  ce  je  ne  sais 
quoi  qui  n’a  pas  de  nom,  que  nous  trouvons 
délicieux  comme  devait  être  cette  ambroisie 
tant  aimée  et  tant  aimée  des  Dieux  qui  la 
buvaient.  Mais  hélas  ! 

Des  goûts  et  des  couleurs 

On  ne  peut  disputer! 

Nous  en  arrivons  à ce  dont  il  ne  faut 
pas  sortir  : tel  fruit  est-il  bon  dans  telles 
conditions,  est-il  mauvais  dans  d’autres?  Et 
nous  disons  qu’il  n’est  pas  de  bon  fruit  qui 
ne  puisse  devenir  au  moins  médiocre,  mais 
qu’il  n’est  pas  de  fruit  mauvais  qui  puisse 
devenir  bon.  Cela  étant,  si  nous  sommes  dans 
le  vrai  et  si,  quand  nous  le  disons,  mon  cher 
directeur,  nous  cherchons  avant  tout  à être 
logique,  c’est  la  base  du  travail;  c’est  bà  de 
l’étude  et  le  point  de  départ. 

A quoi  rime  donc  ce  que  dit  M.  Michelin 


bUR  QUELQUES  FRUITS  NOUVEAUX. 


l’auteur  de  la  lettre  : « A mon  sens,  les 
meilleurs  juges  en  matière  de  fruits  sont 
les  praticiens  veuus  de  divers  pays,  appor- 
tant le  produit  de  leurs  propres  observa- 
tions et  faisant  justice  de  l’enthousiasme, 
de  l’ignorance,  du  parti  pris,  et  enfin  se 
fondant  sur  des  éléments  puisés  à des  sour- 
ces différentes.  » 

D’abord,  la  phrase  n’aurait-elle  pas  été 
aussi  ronde,  sans  ces  trois  mots,  plus  gros 
que  grands  : V enthousiasme,  IHgnorance,  le 
parti  pris? 

Pardonnez-nous  si  nous  vous  faisons  une 
question  : Ne  trouvez-vous  pas  qu’il  s’y 
trouve,  comme  elle  est  complétée,  un  peu  de 
parti  pris?  C’est  peut-être  une  énigme  qu’on 
nous  propose;  nous  aimerions  mieux  n’y 
voir  que  cela.  Espérons  que  l’auteur  vou- 
dra bien  l’oxpliquer. 

Au  surplus,  ce  que  nous  voulons  bien  ad- 
mettre, si  on  n’a  voulu  nous  présenter  ainsi 
la  figure  d’une  énigme,  ce  ne  sera  pas  la 
seule  que  contienne  la  lettre  de  M.  Michelin. 
Lisez  plutôt,  je  reproduis  : c(  Les  jugements 
isolés  sur  les  fruits  sont  dangereux;  n’ai-je  pas 
vu,  il  n’y  a pas  longtemps,  dans  les  colonnes 
de  la  Revue  horticole,  qu’un  auteur  dont  les 
écrits  nombreux  prouvent  le  talent,  présen- 
tait cornme  parfaite  une  nouvelle  Poire,  su- 
perbe, il  est  vrai,  mais  que  mes  collègues, 
tous  très-compétents,  à deux  reprises,  trou- 
vèrent^ presque  médiocre  quant  au  goût , 
malgré  le  regret  qu’ils  éprouvaient  d’être 
en  contradiction  flagrante  avec  un  jugement 
trop  promptement  publié  dans  un  journal 
sérieux  comme  le  vôtre.  » 

Vous  le  voyez,  mon  cher  Monsieur,  voilà 
encore  deux  énigmes,  et  qui  plus  est,  une 
pilule  assez  mauvaise,  servie  entre  deux 
verres  d’eau  sucrée  ou  de  limonade,  au 
choix,  sans  doute.  Nous  nous  y connaissons 
nialheureusement  aussi  bien  qu’un  autre  en 
pilules,  grâce  à notre  cher  docteur,  et  nous 
pouvons  vous  assurer  que  celle-ci  sera  dif- 
ficile à passer  dans  le  gosier  duquel  elle  est 
destinée.  Aussi  nous  voudrions  connaître  le 
pauvre  auteur,  qu’un  voile  assez  épais  nous 
cache  encore,  pour  lui  donner  quelque  cou- 
rage, nous  qui  en  avalons  tant  et  de  tous  les 
goûts,  de  toutes  les  couleurs,  mais,  il  est 
vrai,  pour  de  trop  bonnes  raisons. 

Mais  revenons  aux  énigmes  ; nous  croyons, 
mon  cher  Monsieur,  que  vos  lecteurs  n’en 
sont  pas  très-flattés  ; ce  sont,  pour  la  plu- 
part, des  hommes  positifs,  et  ils  auraient 
mieux  aimé  qu’on  leur  eut  servi  le  nom  du 
coupable  et  celui  de  cette  pauvre  Poire, 
trouvée  presque,  médiocre  par  les  collègues 
de  M.  Michelin;  (dont  nous  ne  voulons  pas 
douter  un  instant).  Mais  comment  décou- 
vrir cette  Poire  parmi  toutes  celles  dont  vos 
belles  planches  ont  fait  venir  l’eau  à la  bou- 
che d’un  certain  nombre  d’entre  eux? 
Qu’ils  ne  se  tourmentent  pas  trop,  et  que 


M.  Michelin  se  console,  l’expérience  ap- 
prendra, n’en  douions  pas,  qu’un  fruit  re- 
connu bon  une  fois,  mauvais  l’autre,  rede- 
viendra bon.  Mais  qu’entend  M.  le  secré- 
taire adjoint  du  comité  d’arboriculture  de 
la  bociété  centrale  d’horticulture  par  le  mot 
praticien? 

Nous  lions  connaissons  en  horticulture, 
les  horticulteurs  amateurs,  et  les  horticul- 
teurs marchands  pépiniéristes;  c’est  cette 
dei  niere  classe  qu  on  désigné  ordinairement 
par  le  nom  de  praticiens^ 

S’il  en  est  ainsi,  il  faudrait  donc  admettre 
qu  i!  serait  absolument  nécessaire  d’être 
cuisinier  pour  bien  juger  des  mets  servis 
dans  un  bon  dîner.  Hors,  combien  parmis 
les  convives  auxquels  on  présente  un  bon 
repas,  fussent-ils  des  gastronomes  émérites, 
et,  comme  disait  le  fameux  professeur 
en  cette  matière,  sachant  hien  manger,  se- 
raient capables  de  faire  seulement  un  sal- 
mis? 

N’en  doit-il  pas  être  de  même  pour  la 
dégustation  des  fruits  que  pour  celle  des 
apprêts  culinaires?  Le  bon  goût  ne  suffit-il 
pas  pour  bien  juger;  et  tout  cela  n’est-il 
pas  logique? 

Consolez-vous,  mon  cher  Monsieur,  de  la  ' 
petite  pilule  qu’on  vous  administre;  nous 
allons  vous  la  dorer,  de  manière  aussi  à 
vous  la  faire  facilement  passer  ? 

Quand  nous  avons  eu  l’audace,  malgré 
les  dangers  que  nous  pouvions  courir,  de 
donner  les  premières  descriptions  de  fruits 
nouveaux;  cela,  nous  devons  le  confesser, 
nous  est  arrivé  un  assez  bon  nombre  de 
fois,  nous  n’avons  pas  eu  trop  à nous  en  re- 
pentir. 

Nous  avons,  il  est  vrai,  apporté  dans  ces 
descriptions,  ou  plutôt  ces  désignations 
SUCCINCTES,  toute  retenue,  franchise  et 
loyauté  ; nous  avons  laissé  parler  à l’aise 
nos  yeux  et  notre  goût,  qui,  heureusement, 
sont  restés  bons.  Il  en  est  ainsi  sans  doute 
de  nos  confrères?  Vous  allez  voir  que  notre 
mémoire  n’est  pas  trop  mauvaise  non  plus, 
car  nous  allons  nous  servir  d’elle  pour  vous 
prouver  que  les  jugements  isolés  peuvent 
trouver  assez  souvent  de  l’écho,  même 
parmi  les  hommes  très-compétents. 

Nous  avons  patronné  fortement  le  Beurré 
Ctairgeau,  le  Beurré  de  Nantes,  il  y a de 
cela  quelque  douze  ans  ; le  premier  de  ces 
fruits  a obtenu  un  premier  prix,  le  second 
un  deuxième  prix  de  la  Société  d’horticul- 
ture de  la  Seine  aux  Expositions  de  1853 
et  1854-.  Le  Besi  Quessoy  d'été  nous  a valu, 
pour  sa  présentation,  une  médaille  à hi 
grande  Exposition  de  1855  de  la  Société 
centrale. 

J.  DE  LiRON  D’AIROLES 

(La  suite  prochainement.) 


REVUE  COMMERCIALE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  MAI), 


Légumes  fi'ais.  — 1^"  ^ de  la  hausse  en 
général  pendant  la  seconde  quinzaine  de  mai 
sur  les  prix  des  légumes  vendus  à la  halle  de 
Paris.  Les  Panais  se  vendent  de  24  à 32  fr.  les 
100  hottes,  avec  4 fr.  d’augmentation  pour  le 
plus  haut  prix.  — Les  Navets  nouveaux  valent 
de  30  à 70  fr.  les  100  hottes  au  lieu  de  20  à 
25  fr.  ; ceux  vendus  à l’hectolitre  coûtent  moins 
cher  qu’il  V a quinze  jours;  ils  sont  côtés  5 à 
12  fr.  — Ces  Carottes  nouvelles  se  paient  de 
35  à 80  fr.  et  celles  pour  chevaux  de  14  à 22  fr. 
l’hectolitre.  — Les  Choux  valent  de  10  à 28  fr. 
le  100;  les  Choux-fleurs  de  Paris  50  à 100  fr. 
avec  une  hausse  de  100  p.  KiO.  — On  cote 
les  Oignons  nouveaux  25  à 40  fr.  les  100  Lot- 
ies, et  les  anciens  vendus  en  grains  20  à 30  à 
l’hectolitre.  — Les  Poireaux  valent  de  25  a 
40  fr.  les  100  bottes.  — Les  Artichauts  se  ven- 
dent de  28  à 31  fr.  le  100;  les  Asperges  de 
châssis  Of.75  h 10  fr.  la  botte;  les  Radis  roses 
de  Of.30  à 0f.50  la  hotte;  les  Haricots  verts, 
lf.75  à 2f.751e  kilogr.;  les  petits  pois  de  lf.25 
à lf.75  le  litre.  — Les  Champignons  valent 
toujours  0f.05  à Of.lO  le  maniveau. 

Herbes  et  assaisonnements.  • — Les  Epinards, 
après  avoir  subi  une  hausse  assez  forte,  valent 
aujourd’hui  de  0f.20  à 0f.40  le  paquet.  — L 0- 
seille  se  vend  de  0f.30  à Of.60,  comme  il  y a 
quinze  jours.  — Le  Persil  et  le  Cerfeuil  ont  di- 
minué de  prix;  le  premier  se  paie  de  0f.05  à 
Of.lO  et  le  second  de  0f.20  à 0f.30  la  hotte.  — 
Toutes  les  autres  denrées  de  cette  série  ont 
conservé  leurs  cours  de  la  première  quinzaine 
de  mai  : Ail,  2 à 5 fr.  le  paquet  de  25  hottes  ; 
Ciboules,  0f.l5  à 0f.20  la  hotte;  Thym  et  Pim- 
prenelle,  Ot’.lO  à 0f.20.  Appétits,  Of.lO  à 
Üf.l5;  Estragon,  0f.20  à0f.50;  Echalotte,  0f.40 
à Of  70. 

Salades.  — La  Chicorée  frisée  ordinaire  est 
augmentée  depuis  quinze  jours,  on  la  vend  10  fr. 
le  100  au  lieu  de  5 fr.  ; son  prix  maximum  est 
toujours  de  14  fr.  — Le  Cresson  ordinaire  se 
vend  de  0f.40  à 1 fr.  la  hotte  de  12  hottes_.  — 
La  Chicorée  blanche  vaut  de  0f.20  à Of.25  la 
Lotte,  avec  0f.05  de  baisse.  — La  Romaine 
conserve  son  prix  de  0f.30  à Of.60  la  hotte  de 
4 têtes,  et  la  Laitue  celui  de  2 à 6 fr.  le  100. 

Fruits  frais.  — Le  Chasselas  de  serre  est 
cotée  aujourd’hui  de  12  à 14  fr.  le  kilogramme. 

— Les  Fraises  se  vendent  de  0f.l5  à 0f.2o  le 
pot  et  de  1 fr.  à 2f.25  le  panier. 

Fleurs  et  plantes.  — Lèvent  sec  et  violent 
qui  a régné  depuis  le  commencement  de  cette 
quinzaine  a été  très-préjudiciable  aux  plantes 
et  notamment  cà  celles  qui  sortent  de  serre.  Les 
marchands  de  fleurs  s’en  plaignent  d autant  plus 
que  ce  vent,  très-froid  la  nuit,  soulèvent  dans 
le  jour  des  nuages  de  poussière  qui  défraîchis- 
sent et  fatiguent  leur  marchandise.  Aoici  les 
prix  de  la  mercuriale  du  24  mai  au  quai  aux 

Fleurs  : . , • r , 

Plantes  fleuries  en  pots.  — Anthémis  Irutes- 
cent  0f.50  à 2f.50.  — Azalées  de  l’Inde  et  d A- 
méri’que,  21.50  à 5 fr.  — Agératum,  Of.25  à 
0P.75.  --  Adonide,0f.25à  0f.50.  — Anémones, 
Of.25  à 0f.50.  — Auhrietia  deltoïdea,  0f.l5  à 
Qf -25.  — Ammobium  alatum,  0f.50  à Of.75.  — 
bouton  d’Or,  0f.40  à 0f.5J.  — bleuet  vivace, 
0f.40  à 0f.50.  — belle  de  jour,  0f.30  à Of. /o. 

— benoîte  écarlate,  0f.40  à Of.50.  — Boule  de 


neige,  Of.75  à lf.25.  — Citronnier  du  Japon, 

1 fr.  à lf.50.  — Ceanolhus,  lf.25  à 2 fr.  — 
Chèvrefeuille,  Of.75  à lf.25.  — Cinéraire  hy- 
bride, 0f.30  à 1 -fr.  — Centranthus  macrosi- 
phon, 0f.50  cà  Of.75.  — Clématite,  1f.50  à 21.50. 

— Collomia  coccinea,  0f.30  à 0f.50.  — Collin- 
sia,  0f.30  à Of.75.  — Cuphea,  01.25  à 01.75.  — 
Calcéolaires  herbacées,  lf.25  à lf.50.  — Cam- 
panule à bouquets,  Of.75  à 1 fr.  — Cereus  fla- 
gelliformis,  2 à 5 fr.  — Capucine  de  Lobb,  1 
à 2 fr.  — Cactus,  lf.50  à 5 fr.  — Calcéolaires 
ligneuses,  Of.75  à 2f.50.  — Deutzia  gracilis  et 
sccabra,  Of.75  cà  lf.25.  — Dahlias,  lf.25  cà  lf.50. 

— Diosma,  1 fr.  à lf.50.  — Delplmnum  vivace, 
0f.50  cà  Of.75.  — Ratura  arhorea,  If  50  à 5 fr. 

— Echeveria,  0f.50  à 1 fr.  — Erica,  0f.50  à 
^jf.50  _ Fuchsia,  Of.25  à lf.50.  — Fabiana  ini- 
bricala,  1 fr.  à lf.50.  — Ficoïde  à grcandes 
fleurs  roses,  Of.75  à lf.25.  — Gardénia,  2 fr.  à 
2f.50.  — Genêt  à balais,  0f.50  à Of.75;  à grap- 
pes, Of.75  à 1 fr.  — Gazon  turc,  0f.15  à Of.25. 

— Géranium  à feuilles  de  lierre,  1 2 fr.  — 

Gentiane  à grande  fleur,  0f.30  à Of.75.  — Gyp- 
sophile  élégante,  0f.30  à Of.75.  — Géranium 
rosat,  Of.35  à 1 fr.  — Giroflées,  01.25  à Of.75. 

— Géranium  zonal  et  inquinans,  Of.25  à 0f.50. 

— Héliotropes,  Of.25  à 1 fr.  — Hortensia,  lf.50 
à 3 fr.  — Hoteia,  lf.50  à 3f.50.  — Héméro- 
calle  lis  jaune,  0f.50  à bf.  75.  — Jasmin  blanc, 
0f.50  à 1 fr;  — Julienne  double,  0f.30  à Of.75. 

— Iris  à rhizomes,  0f.50  à 1 fr.  — Kahnia,  2 à 
5 fr.  — Lin  vivace,  0f.30  à Of.75.  — Laurier 
rose,  2f.50  à 10  fr.  — Lobelia  erinus,  Of.25  à 
0f.50.  — Lupin  vivace,  Cf.75  à 1 fr.  — Myrte, 
lf.50  à 3 fr.  — Magnolia,  3 à 10  fr.  — Mi- 
mulus,  0f.50  à Of.75.  — Metrosideros,  2 à 3 fr. 

— Myosotis,  Of.25  à Of.75.  — Nemophila,  0f.40 
à Of.75.  — Œillets  de  poëte,  Of.25  à 0f.50.  — 
Œillets  Flon,  0f.50  à Of.75;  remontants,  1 fr.  à 
lf.50.  — Orangers,  21.50  à 10  fr.  — Oxalis 
rose,  Of.75  à 1 fr.  — Pélargonium,  lf.50  à 5 fr. 
Pois  de  senteur,  0f.40  à Of.75.  — Pétunia, 
0f.30  à Of.75.  — Pivoine  de  Chine,  1 à 2 fr.  — 
Pensées,  0f.25à  0f.50.  — Phyllocactus,  lf.50  à 
3 fr.  _ Pittosporum,  If  50  à 3 fr. —Pervenche 
de  Madagascar,  Of.60  à 1 fr.  Phlox  Drummondii, 
Of.50  à Of.75.  — Primula,  lf.50  à 2 fr.  — Pas- 
siflore, Of.75  à lf.50.  Pentstemon,  Of.75  à 1 fr. 

— Pâquerette,  0f.20  à 0f.30.  — Rosiers  re- 
montants, 1 fr.  à2f.50.  — Rosiers  miss  Lawrence, 
Of.25  à 0f.50.  — Rhododendron  2 à 5 fr.  — 
Réséda,  0f.50  à lf.25.  — Renoncule,  Of.25  à 
0f.50.  — Verveine,  0f.30  à 0f.50.  — Véronique, 
Of.75  à lf.50.  — AVeigelia,  1 fr.  à lf.25.  — 
Vucca,  2f.50  à 5 et  10  francs. 

Plantes  vertes  et  à feuillage  en  pots.  — 
Phormium,  3 à 10  fr.  — Yucca,  lf.50  à 5 fr.  — 
Dracœna,  lf.50  à 5 fr.  — bégonia,  0f.50  à lf.50. 

— Agave,  lf.50  à 5 fr.  — .Aloès,  0f.50  à 2f.50. 

— Fougères,  Of  50  à lf.50.  — Ficus  elastica, 
lf.50  à 15  fr.  — Palmiers,  5 à 25  fr.  — Aspi- 
distra,  2f.50  à 10  fr.  — Isolepis  gracilis,  Of.75 
à lf.25.  — Tradescantia; Of.50  à Of.75  — Cras- 
sula  lucida,  01.50  à lf.50.  — Lycopodes,0f.50  à 
Of.75.  — Pervenche  panachée;  0f.50  à 1 fr.  — 
Basilic  petit,  Of.25  à 0f.40.  — Coleus,^  0f.50  à 
1 fr.  — Achyranthes  Verschalfeltn,  0f.50  à 1 fr. 

— Cobœa  scandens,  0f.l5  à Of.25.  — Canna, 
5f.75  à 11.50. 


A.Ferlet, 


CIinONIQUE  HORTICOLE 


(PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JUIN) 


Chaleur  excessive  et  orages  fréquents.  — Lettre  de  M.  Carbou  sur  les  dégâts  causés  nar  la  irrêle  à 

'u  Mulhouse,  de  Metz^  - ProcLiies  ExprS’sItions 


me.  a Lemaire  a propos  de  I tclanocaotm  cacUeAianm.  - Les  insectes  et  la  Compagnie  du  cimrnin 
de  fer  de  Sceaux  — Lettre  de  M.  André  sur  la  destruction  des  chenilles.  — Rorines  étiau”ettes  de  ianJin 
— 1 rocede  de  M.  Touzet  pour  fabriquer  les  étiquettes.  — Mort  de  M.  W.  Stephens  — Nomination  dé 

âgricolr'déYcauva”  “'‘•■'t'ûriculture  fruitière  de  l’Ecole'  normale ‘et  de  l’InstUu't 


I Depuis  quelques  jours  l’été  astronomi- 
que va  commencer.  Mais  l’été  météorologi- 
que est  déjà  venu  nous  faire  sentir  ses 
chaleurs  excessives.  Depuis  le  5 juin,  on 
se  croirait  en  pleine  canicule.  Ileureuse- 
rnent  pour  la  végétation,  que  cette  éléva- 
tion de  température  est  accompagnée  de 
1 pluies  encore  assez  fréquentes,  car  la 

î saison  se  montre  orageuse  en  même 

I temps  que  chaude.  Le  mois  de  mai  déjà 

I avait  été  remarquable  par  un  assez  grand 

nombre  d’orages,  dont  quelques-uns  mal- 
heureusement ont  causé  de  grands  domma- 
ges à l’horticulture.  Les  détails  que  nous 
donne  M.  Carbou  relatifs  à un  de  ces  météo- 
res qui  a éclaté  sur  Carcassonne,  sont  vrai- 
ment navrants,  ^'os  lecteurs  le  liront  avec 
d’autant  plus  de  peine  que  l’une  des  princi- 
I pales  victimes  du  fléau  est  un  de  nos  corres- 

' pondants,  M.  Roux,  l’obtenteur  et  le  pro- 

moteur de  l’excellente  Poire  Roux  Carcas. 
Voici  la  lettre  de  M.  Carbou  : 

j « Carcassonne,  le  20  mai  1866. 

« Monsieur  le  directeur, 

« Dans  bon  nombre  de  localités  de  notre  ré- 
gion méridionale,  les  orages,  mêlés  de  grêles, 
sont  venus  faire  éprouver  des  pertes  notables 
aux  horticulteurs,  qui,  celte  année,  comptaient 
déjà  sur  une  récolte  très-avantageuse. 

« Après  un  hiver  doux  et  sec,  les  produits 
maraîchers  avaient  bonne  apparence,  les  arbres 
fruitiers  donnaient  aussi  de  bonnes  espérances 
aux  pornidulteurs,  les  \ ignés  promettaient  aussi 
' d’excellent  résultats  et  semblaient  celte  année 
défier  toute  maladie.  Mais,  par  un  de  ces  effets 
dont  la  Providence  seule  se  résen’e  le  dénoû- 
rnent^  toutes  ces  belles  espérances  ont  été  dé- 
truites, car,  un  affreux  sinistre  s’étant  abattu 
' d’une  façon  extraordinaire  sur  nos  campagnes 
et  nos  jardins,  les  a réduits  dans  un  état^dé- 
plorable.  C’était  un  ouragan  mêlé  d’une  énor- 
me quantité  de  grêle,  qui  sévit  avec  une  rapi- 
dité incroyable.  Plusieurs  centaines  d’arbres 
fruitiers  d’une  grosseur  prodigieuse  furent 
arrachés,  et  les  branches,  triturées  en  quelque 
sorte,  furent  jetées  au  loin;  sur  une  promenade, 
des^  arbres  centenaires  furent,  les  uns  décapités 
au  premier  étage  des  branches,  d’autres  coupés 
rez  terre,  d’autres  enfin  arrachés  complète- 
ment avec  leurs  racines  hérissées.  Il  semblait 
que  la  nature  entière  allait  rentrer  dans  le  néant. 
Mais,  ce  qui  a le  plus  souffert,  ce  sont  nos  jar- 
dins et  nos  pépinières,  notamment  le  beau  jar- 
din fruitier  de  l’un  de  nos  plus  zélés  pornicul- 
teur,  M.  Pioux,  chez  lequel  le  mal  paraît  irrépa- 


<r  Mais  jetons  vite  un  voile  sur  ces  déplorables 
faits,  qui  nous  brisent  le  cœur,  et  consolons- 
nous  un  peu  en  visitant  les  quelques  jardins 
épargnés  par  le  sinistre,  où  l’on  remarque 
d abord  une  abondante  récolte  de  Fraises  très- 
belles  et  bien  parfumées,  principalement  des 
Quatre-Saisons,  qui  sont  toujours  les  plus  re- 
cherchées de  nos  gourmets.  Les  Fraises  an- 
glaises commencent  aussi  à se  répandre  dans 
nos  cultures  ; on  en  trouve,  dans  qiieLjues  jar- 
dins d amateurs,  des  spécimens  d’une  grosseur 
prodigieuse. 

« Les  Poires  ont  aussi  une  belle  apparence 
surtout  les  Beurrés  Clairgeau,  Duchesse  d’An- 
goulêrne.  Bon  Chrétien  Williams,  etc.  ; les  Prunes 
Reine  Claude  ordinaires  sont  magnifiques,  ainsi 
que  celles  de  Bavay.  Nos  confiseurs  pourront 
en  faire  leurs  profits.  Les  Pommes  très-abon- 
dantes l’an  dernier,  sont  assez  rares  cette  an- 
née; les  Raisins  de  table, chasselas,  muscat,  etc., 
se  présentent  d’une  façon  merveilleuse  ; les  Fi- 
gues de  première  saison  sont  très-abondantes. 
Les  Coings  communs  ont  souffert  de  quelques 
intempéries  qui  en  ont  fait  tomber  un  bon  nom- 
bre; les  Portugal  sont  très-beaux.  La  récolte 
des  Cerises  est  très-abondante.  Nos  Abricots 
sont  rares,  mais  ceux  qui  restent  seront  beaux. 

« En  somme,  nos  fruits  cette  année  offrent 
de  belles  espérances  (sauf  ceux  qui  ont  été  grê- 
lés et  lenornbre  en  est  considéranle),  rnaisnous 
sommes  toujours  dans  les  angoisses,  craignant 
au  moindre  des  orages,  dont  la  fréquence  nous 
effraye,  de  voir  détruire  nos  récoltes. 

« Veuillez  agréer,  etc. 

« J. -B.  C.VRBOU.  > 

— Nous  recevons  de  tous  côtés  des  nou- 
velles des  expositions  printanières  qui  vien- 
nent d’avoir  lieu  ou  qui  ont  lieu  en  ce 
moment.  Celle  qui  a accompagné  à Stras- 
bourg le  concours  régional  agricole,  a été 
très-briHante,  en  dépit  de  la  température 
qui  ne  s’était  montrée  rien  moins  que  clé- 
mente pendant  le  commencement  du 
mois  de  mai.  Malgré  cela,  l’habileté  des 
horticulteurs  strasbourgeois  et  l’activité  du 
président  de  leur  société  d’horticulture , 
M.Silberman,  ont  triomphé  de  tous  les  obs- 
tacles, et  ils  ont  réussi  à faire  une  exposi- 
tion très-remarquable. 

A Laon,  l’exposition  horticole  qui  venait 
aussi  ajouter  à l’éclat  d’un  concours  régio- 
nal était  très-modeste.  Mais  il  faut  dire  "que 
le  chef-lieu  de  l’Aisne  ne  possède  ni  société 
d’horticulture,  ni  établissements  horticoles 
importants,  et  que  l’exhibition  était  com- 
posée aves  les  lots  d’amateurs  et  de  quelques 
horticulteurs  qui  avaient  bien  voulu  venir  des 


16  JUL\  18GG. 


12. 


I 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JUIN). 


localités  environnantes.  On  voit  combien  de 
difficultés  a dû  vaincre  M.  Ernest  Maréchal, 
qui  avait  organisé  cette  solennité  intéres- 
sante. Souhaitons -lui  comme  récompense 
qu’elle  ait  ranimé  le  goût  du  public  laonnais 
pour  les  fleurs,  et  quelle  soit  le  point  de 
départ  d’une  association  qui  excitera  le  pro- 
grès d’une  manière  permanente.  _ 

L’exposition  de  Mulhouse  réunissait  de  la 
façon  la  plus  charmante  l’agréable  et  l’utile. 

A coté  de  beaux  lots  de  fleurs,  oû  brillaient 
surtout  les  Géraniums,  les  Rhododendrons 
et  les  Azalées,  on  y remarquait  des  fruits  en 
parfaite  maturité  : Pêches,  Abricots,  Reines- 
Claudes,  Mirabelles,  Groseilles,  Framboises, 
etc.,  provenant  du  domaine  d’Isembourg, 
près  Rouffacb,  propriété  de  M.  Jourdain, 
d’Altkircb.  On  y admirait  aussi  une  belle 
exhibition  de  produits  de  la  culture  maraî- 
chère, qui  montraient  l’immense  progrès 
accompli  par  les  jardiniers  du  Ras-Rhin 
dans  cette  branche  de  l’horticulture.  La 
Société  a récompensé  très-libéralement  les 
neufs  exposants  qui  avaient  pris  part  à ce 
concours  avec  tant  de  succès. 

La  liste  des  prix  de  l’exposition  de  Metz, 
que  nous  avons  sous  les  yeux,  nous  montre 
également  combien  l’art  des  jardins  est  en 
honneur  dans  notre  pays  natal. _ La  place 
nous  manque  pour  donner  en  entier  la  lon- 
gue énumération  de  tous  les  lauréats.  Yoici 
seulement  les  noms  de  ceux  qui  ont  obtenu 
les  principales  récompenses  : 

fleurs.  — MéJaille  de  vermeil  très -grand  mo- 
dule, à M.  Croiisse,  horticulteur  à Nancy,  pour  une 
collection  très-remarquable  de  plantes  de  serre 
chaude  de  nouvelle  introduction,  et  de  plantes  à 
lèuillage  d’une  très-belle  végétation.  — Médaille 
d’argent  grand  module,  au  même,  pour  une  collec- 
tion de  l'ivoines  en  arbre.  — Médaille  d’argent 
grand  module,  à M.  Gloriot,  horticulteur  à Nancy, 
jio'ur  un  lot  de  plantes  à feuillage  ornemental  de 
serre  chaude  et  tempérée,  et  d’Azaléeset Rhododen- 
drons. — Médaille  d’argent  grand  module,  à M.  E. 
Pécheur,  horticulteur-maraîcher,  à Devant  les-Ponts, 
jiour  un  lût  de  Pelargoniums,  Azalées,  Rhododen- 
drons et  Calcéolaires. — Rappel  de  médaille  d’argent 
grand  module,  à M.  L’huillier,  horticulteur  à Nancy, 
pour  une  collection  de  Pétunias  doubles  ou  simples. 

Arbres.  — Médaille  de  vermeil  à M.  Lejaille, 
pépiniériste  à Moulins-lès-Metz,  pour  une  collection 
de  Conifères, 

Lèijiimes.  — Médaille  d’argent  moyen  module,^  à 
M.  bardaine-Rernanose,  maraîcher  à Montigny-lès- 
Metz,  pour  un  lot  de  Laitue,  Choux-fleurs,  Asperges, 
Haricots  et  Pois. 

Fniiis.  — Médaille  d’argent  moyen  module,  a 
M.  Lafeuillade,  jardinier  chezM .Limbourg,  pour  un 
t ailier  de  Fraises  Marguerite  Lèbreton . 

Objets  se  rapportant  « l’hortieullure.  — Mé- 
daille de  vermeil,  à M Pantz,  entrepreneur  de  ser- 
rurerie, pour  son  exposition,  kiosque  : serre,  jardi- 
nières, chaises,  bancs,  etc. 

Rappel  de  médaille  de  vermeil  à M.  Theveny,  cou- 
telier à Metz,  pour  un  lot  d’instrument  propres  à 
l’horticulture. 

Eh  même  temps  que  se  font  les  exposi- 
tions priulaiiières,  ou  prépare  les  program- 
mes de  celles  qui  devront  nous  montrer  les 
trésors  de  l’été  et  do  rautomue.  Nous  avons 


reçu  les  annonces  de  trois  exhibitions  qui  se 
tiendront  à Montpellier,  du  2 au  5 septem- 
bre, à Rordeaux,  du  6 au  9 septembre,  et 
à La  Haye,  du  15  au  18  du  même  mois. 
Pour  la  première,  l’honorable  président  de 
la  Société  d’horticulture  de  l’Hérault,  M.  E. 
Doûmet,  vient  de  publier  une  circulaire  dans 
laquelle  il  fait  appel  à la  bonne  volonté  des 
amateurs  et  horticulteurs  de  tous  les  pays. 
c(  Afin  d’encourager,  dit- il,  au  même  titre 
tous  les  genres  de  culture,  le  conseil  de  la 
Société  (mntinue  à ne  pas  restreindre  les 
concours  dans  les  limites  d’un  programme 
arrêté  d’avance.  Aucune  culture  ne  sera 
donc  exclue,  et  le  jury  sera  seul  juge  du 
mérite  des  lots  et  des  récompenses  à dé- 
cerner. — La  richesse  ou  le  choix  dans  les 
les  collections,  une  culture  bien  entendue, 
le  développement  inusité  d’un  ou  plusieurs 
sujets,  une  floraison  luxuriante  ou  s’éloi- 
gnant de  Fépoque  normale,  par  suite  d’un 
traitement  particulier,  une  introduction 
nouvelle,  un  gain  méritant,  seront  toujours 
prisés  et  récompensés  à leur  juste  valeur.  » 
Voilà  certes  une  manière  large  et  libérale 
d’entendre  les  encouragements  donnés  au 
mérite  horticole,  et  nous  ne  voyons  pas  ce 
qui  empêcherait  les  Sociétés  de  l’adopter 
dans  leurs  expositions.  H en  résulterait  dans 
la  physionomie  générale  de  celles-ci  une 
variété  pittoresque  qui  ne  nuirait  pas  à 
l’effet  de  l’ensemble. 

Nous  ne  repoussons  pas,  malgré  ce  que 
nous  venons  de  dire,  les  programmes  rédi- 
gés à l’avance,  quand  ils  sont  intelligem- 
ment conçus  et  qu’ils  ont  pour  but  seule- 
ment de  guider  les  travaux  des  futurs  ex- 
posants sans  leur  imposer  des  conditions 
gênantes.  Celui  de  la  Société  de  la  Gironde, 
pour  son  exposition  du  G septembre,  est 
dans  ce  cas.  H ouvre  des  concours  de  pro- 
duits maraîchers,  de  fruits,  d’arboriculture, 
de  fleurs  et  plantes  d’ornement,  d’horticul- 
ture artistique  etindustrielle, de  publications 
horticoles;  il  récompense  les  services  des  jar- 
diniers, et  règle  les  visites  de  commissions 
spéciales  chez  les  horticulteurs.  H fait  appel 
à tous  les  horticulteurs,  et  à toutes  les  socié- 
tés horticoles  de  France  et  de  l’étranger,  et 
même  aux  associations  ou  exploitations 
analogues,  quel  que  soit  leur  caractère  ou 
le  nom  sous  lequel  elles  se  présentent  (so- 
ciétés d’agriculture  ou  d’acclimatation,  co- 
mices horücoles  ou  agricoles,  fermes-écoles , 
jardins  publics  ou  impériaux,  etc.)  — Les 
directeurs  et  jardiniers  en  chef  des  jardins 
publics  et  impériaux,  fermes-écoles,  jar- 
dins appartenant  à des  sociétés  et  à des  co- 
mices, etc.,  pourront,  s’il  y a lieu,  recevoir 
des  récompenses  pour  l’introduction  ou  la 
bonne  direction  donnée  à la  culture  des 
plantes  rares,  nouvelles  ou  précieuses,  mais 
n’en  obtiendront  jamais  pour  les  collections 
exposées.  On  voit  combien  il  y a peu  de 


.J 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JUIN). 


restriclioiis  dans  cet  excellent  programme, 
qui  équivaut  presque  à Tabseuce  de  pro- 
gramme de  la  Société  de  l’Hérault. 

— Eu  Angleterre,  l’exposition  interna- 
tionale de  Londres  a accaparé  tout  l’intérêt 
de  la  dernière  quinzaine.  On  trouvera  plus 
loin  (page  2^3)  le  commencement  du  compte 
rendu  de  notre  collaborateur  M.  André,  sur 
cette  solennité,  qui,  outre  son  succès  horti- 
cole, a obtenu,  dit  le  Gardcners'  Chronide, 
un  très-beau  succès  matériel.  Le  nombre 
des  visiteurs  a été  plus  considérable  qu’on 
n’aurait  même  osé  l’espérer;  le  jardin  de 
Kensington  a reçu,  en  quatre  jours,  environ 
82,000  personnes. 

— Maintenant  qu’est  terminée  la  grande 
solennité  internationale,  on  parle  beaucoup 
d’une  exposition  remarquable  de  Rododen- 
qui  doit  s’ouvrir  dans  le  jardin  de  la 
Société  royale  d’horticulture,  à South-Ken- 
sington.  Ces  plantes,  qui  sont  la  propriété 
de  MM.  Waterer  et  Godfrey,  sont  actüelle- 
lement  en  pleine  floraison.  On  y annonce 
la  présence  de  spécimens  nouveaux  et  de 
toute  beauté. 

— Quand  il  s’agit  de  faire  triompher  une 
idée,  les  uns  font  appel  à l’esprit  des  hom- 
mes — c’est  le  moyen  des  concours  régio- 
naux et  internationaux  ; — les  autres  s’a- 
dressent à la  femme  et  à l’enfant.  Cette  se- 
conde tentative  est  peut-être  plus  efficace; 
c’est  elle  qui  est  faite  à l’heure  qu’il  est  en 
Angleterre.  Nous  apprenons  dit  le  Garde- 
ners^  Chronide^  qu’on  fait  en  ce  moment 
un  essai  sérieux  pour  imposer  à lajeunesse 
irlandaise  le  goût  de  l’horticulture.  L’école 
de  Nelson  Lane  de  Dublin,  ouverte  spécia- 
lement pour  les  apprentis  et  les  domesti- 
ques des  deux  sexes,  sera  le  siège  d’une 
exposition  florale,  le  31  août  1866.  Des  prix 
considérables  seront  attribués  à la  meil- 
leure et  à la  plus  heureuse  culture  des  Gé- 
raniums, des  Pélargoniuins  et  d’autres  plan- 
tes que  l’on  spécifiera  ultérierement.  Des 
ré^^ompenses  seront  également  accordées 
pour  les  bouquets.  Les  prix  consisteront  en 
médailles  et  en  plantes  de  prix. 

^ D’un  autre  côté,  l’Exposition  de  plantes 
d appartement  cultivées  par  des  femmes  va 
avoir  lieu  le  13  juin  1866.  On  se  rappelle 
que  c’est  aux  propriétaires  du  Gardeners 
Chronide  que  revient  l’idée  première  de 
cette  ingénieuse  institution.  Cette  exhibi- 
tion était  annoncée  depuis  la  fin  de  1865, 
et,  dans  notre  chronique  de  la  première 
quinzaine  de  décembre,  nous  en  faisions 
ressortir  déjà  la  portée,  le  but  et  les  condi- 
tions. 

— On  sait  que  notre  éminent  collabora- 
teur, M.  Carrière,  a préconisé  à plusieurs 
reprises  dans  ces  colonnes  le  Dioscorea 
Decaisneana,  dont  nous  avons  publié  l’an- 
née dernière  la  reproduction  fidèle  dans  une 
de  nos  planches  coloriées  (1865,  page  111). 


223 

On  trouvera  plus  loin,  dans  ce  numéro 
même  (page  229),  de  nouvelles  explications 
du  chef  des  pépinières  du  Muséum  sur  ce 
légume  intéressant.  Voici  maintenant  M.  Va- 
vin,  président  de  la  Société  d’agriculture  et 
d’horticulture  de  Pontoise,  qui  vient  appe- 
ler plus  particulièrement  l’attention  sur  le 
Dioscorea  Decaisneana,  à propos  d’une  noie 
contenue  dans  le  dernier  article  de  M.  Nau- 
din  sur  la  naturalisation  des  végétaux  exo- 
tiques. M.  Vavins’exprime  en  ces  termes  : 


« Pontoise,  le  5 juin  1866. 

« Monsieur  le  directeur, 

« Je  lis  dans  une  note  ajoutée  à un  article 
sur  la  naturalisation  des  végétaux  exotiques, 
(no  du  1er  juin,  2|2),  que  l’Igname  de  la 
Chine  {Dioscorea  Japonica)  « exige  des  tuteurs 
pour  soutenir  ses  tiges  volubiles,  faute  de  quoi, 
ses  tubercules  ne  prennent  qu’un  médiocre  ac- 
croisement.  » Cultivant  ce  légume  depuis  son 
introduction  en  France,  je  crois  que  c’est  une 
erreur;  j’ai  remarqué  queles  tubercules  étaient 
toutaussibeaux  lorsqu’on  laissait  courir  sur  terre 
les  ftiges,  qui,  par  ce  moyen,  conservent  une 
certaine  fraîcheur  au  sol,  ce  qui  est  indispen- 
sable pour  avoir  de  beaux  produits;  au  surplus, 
ce  mode  de  culture  est  appliqué  à d’autres 
plantes  potagères,  et  ceux  qui  ont  rabattu  les 
fanes  des  pommes  de  terre  s’en  sont  toujours 
bien  trouvés.  Quant  à la  main-d’œuvre,  elle 
est  nulle.  La  grande  difficulté  est  certainement 
l’arrachage,  qui  est  bien  simplifié  lorsqu’on  a 
le  soin  de  faire  une  tranchée  à mesure  que  le 
besoin  se  fait  sentir  d’extraire  des  tubercules, 
et  si  on  recouvre  de  feuilles  sèches  l’excavation 
Laite,  ainsi  que  le  terrain  que  recouvre  l’Igname  ; 
il  est  facile  alors  de  pouvoir  en  faire  la  réco^ie 
tout  l’hiver. 

« Quant  à sa  conservation,  je  n’ai  qu’une 
chose  à vous  dire,  c’est  que  j’ai  présenté,  ainsi 
que  mon  collègue,  le  docteur  Aubé,  des  Igna- 
mes à la  Société  d’horticulture  de  Paris,  qui 
avaient  15  et  18  mois  d’arrachage,  et  je  puis 
vous  assurer  que  ceux  qui  les  ont  goûtés  ont  pu 
se  convaincre  qu’elles  avaient  les  mêmes  qua- 
lité culinaires  que  les  racines  qui  venaient  d’ê- 
tre arrachées,  et  elles  gagnent  même  lorsqu’on 
ne  les  mange  pas  aussitôt  retirées  de  terre. 

((  L’auteur  de  l’article  cité  en  tête  de  ma  let- 
tre pense  que,  « pour  en  faire  une  plante  véri- 
tablement utile,  il  aurait  fallu  créer  des  races 
à tubercules  raccourcis  et  volumineux,  facile 
en  un  mot  à extraire  du  sol.  » 

« M.  Ed.  André,  jardinier  principal  de  la 
Ville  de  Paris,  et  qui  est  en  même  temps  un  de 
vos  savants  rédacteurs,  vient  de  publier  un  in- 
téressant volume,  le  Mouvement  horticole,  où 
je  lis  ces  mots,  page  31  : 

« L’Igname  de  (ihine  se  propage  et  s’amé- 
liore, D et  M.  André  ajoute  ; « qu’on  vient  d’in- 
troduire directement  de  Chine  une  espèce  à 
rhizome  très-court,  presque  sphérique,  comme 
une  pomme  de  terre;  elle  est  mise  au  commerce 
sous  le  nom  de  Dioscorea  Decaisneana.  » 

Ayant  eu  l’heureuse  chance  d’en  obtenir 
directement  de  M.  le  professeur  Decaisne,  je 
serai  à même  de  constater  de  visu,  si  cette  nou- 
velle variété  remplit  les  conditions  nécessaires 


22i 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JUIN). 


pour  en  faire  une  espèce  d’une  extraction  plus 
facile. 

« En  attendant  ce  résultat,  la  Société  impériale 
d’acclimatation,  ^sur  ma  demande,  a proposé, 
dans  sa  séance  publique  du  23  mars  dernier, 
deux  prix  pour  introduction  ou  obtention  pen- 
dant deux  années  successives  d’une  variété 
d’igname  de  la  Chine,  joignant  à sa  qualité 
supérieure  un  arrachage  beaucoup  plus  facile. 
Ce  concours  est  ouvert  jusqu’au  décembre 
1869.  Il  propose  comme  1®‘‘  prix,  une  médaille 
600  fr.  et  comme  2e  prix  une  médaille  de 
de  400  fr. 

« Vous  voyez.  Monsieur,  qu’il  existe  encore 
des  partisans  de  cette  plante  alimentaire  qui  est 
appelée  à rendre  de  grands  services,  si  on  peut, 
à force  de  semis,  obtenir  une  variété  moins 
pivotante,  ce  qui  ne  me  semble  pas  très-facile, 
car  j’ai  remarqué  avec  peine  que  dans  les  nom- 
breux semis  que  j’ai  faits  jusqu’à  ^ce  jour,  j’ai 
toujours  obtenu  la  même  espèce,  si  ce  n’est  un 
pied  femelle  dont  malheureusement  les  graines 
ne  peuvent  arriver  à maturité  sous  le  climat  de 
Paris;  il  faut  donc  les  faire  venir  soit  de  Chine, 
soit  d’Algérie. 

« Veuillez  agréer,  etc. 

« Eue.  Vavin.  » 

Président  de  la  Soc.  d’agric.  et  d'hort.  de  Pontoise  ; 
membre  des  Soc.  d’hort.  et  d’acclim.  de  Paris. 

Le  Dioscorea  Decaisneana  est  chaude- 
ment recommandé  par  des  hommes  qui 
font  autorité  en  horticulture.  Nous  ne  pou- 
vons qu’engager  de  nouveau  nos  lecteurs  à 
en  faire  l’essai;  ce  sera  sans  doute  une  nou- 
velle richesse  pour  leur  potager. 

On  a pu  lire  aussi  dans  notre  dernier 
numéro  une  lettre  dans  laquelle  M.  Lemaire 
relève  une  assertion  de  M.  André  à propos 
d’un  Echinometus  cacheiianus  présenté  par 
M.  Palmer,  de  Versailles,  à la  Société  cen- 
trale d’horticulture.  M.  Palmer  s’est  regardé 
comme  étant  directement  l’auteur  de  l’er- 
reur attribuée  à M.  André,  et  il  nous  de- 
mande de  répondre  lui-même  à M.  Lemaire, 
en  donnant  de  nouveaux  et  intéressants 
détails  sur  le  phénomène  qui  fait  l’objet  du 
débat.  Voici  la  lettre  de  M.  Palmer  : 

« Versailles,  le  4 juin  1866. 

« Monsieur  le  directeur, 

« M.  Lemaire  m’accuse  d’un  fait  très-grave  à 
la  page  204  du  dernier  numéro  de  la  Revue.  Il 
ne  s’agirait  de  rien  moins  que  d’avoir  fait  verser 
M.  André.  Je  regrette  inüniment  d’avoir  pu  en 
aucune  manière  contribuer  à cet  accident,  qui, 
j’ose  l’espérer,  n’aura  pas  de  suites  fâcheuses. 

« Je  n’ai  pas  conservé  la  copie  de  la  lettre  a 
M.  Andry,  secrétaire  général,  qui  accompagnait 
l’Echinocacte  en  question;  mais  je  suis  très-sûr 
de  n’avoir  pas  parlé  au  pluriel.  (<.  On  n’avait 
vu  jusqu’ici  de  pareils  faits  se  produire  que 
^ur  des  Opuntia,  jamais  sur  des  plantes  globu- 
leuses. » Un  il  au  lieu  d’un  on,  et  personne 
autre  que  moi  ne  versait. 

« Je  ne  sais  comment  M.  André  s’en  tirera, 
mais,  pour  mon  propre  compte,  je  crois  que 
mon  crime  est  non  d’avoir  versé,  mais  de 
II' être  pas  versé...  dans  les  œuvres  de  l’hono- 
rable et  savant  M.  Lemaire  ; et  je  lui  dirai  une 


fois  pour  toutes,  que,  s’il  avait  publié  un  livre 
achevé,  il  n’aurait  pas  eu  si  souvent  occasion  de 
me  donner  des  coups  de  férule;  mais  avec  des 
tentamens  de  ci,  des  tentamens  de  là,  des 
articles  disséminés  dans  trente-six  différentes 
revues,  il  n’a  réellement  pas  le  droit  de  s’atten- 
dre à ce  que  je  connaisse  tout  ce  qu’il  a écrit 
sur  les  Cactées. 

((  Puisque  je  suis  sur  le  sujet  de  cet  Echi- 
nocacte,  voici  un  fait  qui  intéressera  sans  doute 
M.  Lemaire,  et  que  je  citais  dans  la  lettre  en 
question  à M.  Andry.  Un  des  fruits  transformés 
en  branches,  annonçait,  à l’époque  où  j’en- 
voyais la  plante  à l’honorable  secrétaire  géné- 
ral, des  tendances  prononcées  à seremétamor- 
phôser  en  fleur;  plusieurs  folioles  vertes,  par- 
faitement caractérisées  s’étant  développées  vers 
le  sommet  de  la  globule,  laquelle  se  terminait 
un  peu  en  pointe.  Le  fruit  corallin  existait  en- 
core à la  base,  le  centre  était  gonflé  et  vert 
comme  une  branche  et  le  sommet  montait  à 
bouton. 

« Agréez,  etc. 

« F.  Palmer.  » 

Nous  devons  dire,  à propos  de  cette  lettre, 
que  si  M.  Lemaire  revendique  avec  ardeur 
ses  droits  de  priorité  en  tout  ce  qui  con- 
cerne ses  travaux  botaniques  et  horticoles, 
il  n’omet  pas  de  rendre  justice  à ses  con- 
frères. Dans  le  dernier  n»  de  son  journal, 
Vlllustration  horlicole,  il  signale  à ses  lec- 
teurs le  fait  de  transformation  anormale  des 
ovaires  de  V Echinocactiis  cachetianus  ob- 
servé par  M.  Palmer,  en  faisant  un  appel 
aux  amateurs  de  Cactées  pour  savoir  si  ce 
phénomène  s’est  montré  sur  d’autres  es- 
pèces ou  bien  dans  d’autres  genres.  Nous 
transmettons  volontiers  cette  demande  aux 
amateurs  français,  qui  s’empresseront  cer- 
tainement d’y  répondre  dans  l’intérêt  de  la 
science, 

— Les  insectes  pullulent  cette  année  ; 
les  chenilles,  les  pucerons,  les  vers  blancs 
exercent  partout  leurs  ravages,  et  l’on  ne 
saurait  prendre  trop  de  précautions  pour  se 
débarrasser  de  ces  ennemis  acharnés.  Aussi 
regardons-nous  comme  un  devoir  d’insérer 
la  lettre  suivante,  qui  nous  signale  un  véri- 
table danger  public  : 

((  Monsieur  et  cher  directeur, 

« Les  haies  qui  bordent  le  chemin  de  fer  île 
Sceaux,  notamment  entre  Paris  et  Auteuil,  sont 
entièrement  ravagées,  à l’heure  qu’il  est,  par 
des  myriades  de  chenilles  qui  me  paraissent 
appartenir  à l’Yponomente  du  cerisier 
menla  cerasi).  Par  le  fait  de  l’incurie  de  l’ad- 
ministration, il  faut  l)ien  dire  le  mot,  ces 
haies,  formées  d’Aubépine  et  de  Cerisier  Sainte- 
Lucie,  présentent  le  plus  pitoyable  spectacle.  11 
n’y  reste  pas  une  feuille.  Tout  est  couvert  des 
innombrables  toiles  blanches  de  ces  insectes  vo- 
races, qui  forment  une  tapisserie  continue, 
envahissant  jusqu’aux  échalas.  De  là,  cela  va 
sans  dire,  elles  font  irruption  sur  les  arbres 
fruitiers  du  voisinage. 

On  n’a  f as  idée  d’une  semblable  négligence  ; 
c’est  une  honte  pour  une  administration  (ju- 


225 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JUIN). 


peut  disposer  d’un  nombreux  personnel  et  de 
tous  les  moyens  de  destruction  connus. 

« Quelques  hommes  avec  des  balais  enlève- 
raient les  toiles  et  les  chenilles  avant  la  méta- 
morphose; ou  bien,  avec  des  seringues  remplies 
d’eau  mélangée  de  quelques  gouttes  d’huile  de 
houille,  ils  en  feraient  vite  justice.  Et  dire 
qu’un  tel  exemple  est  donné  par  une  compa- 
gnie, qui  reste  sans  excuse  devant  un  pareil 
envahissement. 

« En  même  temps,  il  faut  déplorer  l’aveugle- 
ment des  agents  de  l’autorité,  pour  qui  la  loi 
sur  l’échenillage  est  tout  à fait  lettre-morte,  et 
qui  se  promènent  les  mains  dans  les  poches 
près  des  haies  dévastées  au  lieu  de  faire  leur 
devoir  cette  occurrence. 

« Je  vous  signale,  mon  cher  directeur,  ce 
délit  flagrant,  qui  va  porter  un  si  grand  préju- 
dice aux  riverains  du  chemin  de  fer  dans  la 
partie  envahie  par  ces  insectes,  afin  que  vous 
livriez  le  fait  au  blâme  de  quiconque  pense 
bien. 

« Je  suis  bien  sûr  que  cette  plainte  trouvera 
de  l’écho  parmi  vos  lecteurs,  dont  plus  d’un 
sera  touché  par  le  fléau. 

« Veuillez  agréez,  etc. 

« Ed,  André.  » 

Nous  nous  associons  vivement  à la  pro- 
testation de  notre  collaborateur,  qui  ne 
laisse  échapper  aucune  occasion  de  si- 
gnaler quelque  chose  d’utile.  Il  y a un 
mois  (n®  du  16  mai,  page  198),  il  nous  don- 
nait une  recette  pour  fabriquer  de  bonnes 
étiquettes  de  jardin.  Sa  note  pratique  nous 
a valu  la  communication  d’un  procédé  plus 
simple  encore.  C’est  à qui  mieux  fera, 
paraît-il,  et  nous  nous  empressons  de  pu- 
blier ce  nouveau  procédé. 

« Monsieur  le  directeur, 

(L  J’ai  lu  dans  le  n»  du  15  mai  de  la  Revue 
horticole  (page  198),  un  article  sur  les  étiquet- 
tes de  jardins,  décrivant  surtout  une  recette 
nouvelle  qui  doit  être  bonne,  et  peut-être  même 
supérieure  à beaucoup  d’autres,  mais  qui  a 
l’inconvénient  d’être  encore  assez  compliquée. 

« J’emploi  depuis  longues  années  pour  les 


étiquettes  de  zinc  le  même  procédé  que  beau- 
coup d’établissements  d’horticulture  employent 
pour  celles  de  bois;  ce  procédé  consiste  à pren- 
dre sur  le  bout  du  doigt  du  blanc  de.céruse  en 
pâte  et  à en  blanchir  le  zinc.  Aussitôt  après, 
j’écris  les  noms  avec  un  simple  crayon  bien 
noir;  où,  si  je  préfère  les  écrire  avec  de  l’encre 
ordinaire,  j’attend  que  le  blanc  soit  bien  sec. 
Quelques  jours  après,  je  passe  sur  le  tout  une 
couche  de  vernis. 

€ Depuis  sept  ans,  j’ai  dehors,  exposées  à 
toutes  les  intempéries  des  saisons,  de  sembla- 
bles étiquettes,  et  on  peut  aussi  facilement  les 
lire  que  le  jour  où  elles  ont  été  faites. 

« Quoique  ce  procédé  ne  soit  pas  nonveau, 
je  le  trouve  par  sa  simplicité  bien  supérieur  â 
tous  ceux  décrits  dans  les  ouvrages  d’horticul- 
ture. 

« Agréez,  etc. 

« P.  Touzet. » 

Jardinier  à Lardach,  près  Bayonne. 

— Encore  un  nom  à ajouter  à la  liste 
déjà  si  longue  des  martyrs  de  la  science.  On 
nous  annonce  la  mort  d’un  botaniste  amé- 
cain  qui  s’était  fait  remarquer  depuis  plus  de 
dix  ans  par  son  infatigable  activité  pour  les 
découvertes,  M.W.  Stephens,  de  Richemond. 
Dans  une  excursion  botanique  aux  environs 
de  Mooloolah,  dans  le  Queensland,  il  a été 
surpris  et  assassiné  par  les  noirs,  ainsi  que 
deux  personnes  qui  l’accompagnaient  dans 
son  expédition. 

— Nous  terminerons  par  une  bonne  nou- 
velle. Un  de  nos  correspondants,  M.  Dela- 
vill  aîné,  jardinier-professeur  de  la  Société 
d’horticulture  et  de  botanique  de  Beauvais 
(société  comptant  déjà  plus  de  800  mem- 
bres), vient  d’être  chargé,  par  arrêté  pré- 
fectoral, du  cours  d’arboriculture  fruitière 
de  l’Ecole  normale  et  de  l’Institut  agricole 
de  cette  ville.  Nos  lecteurs  ont  vu  souvent 
dans  nos  colonnes  le  résultat  des  travaux  de 
M.  Delaville  aîné  ; ils  applaudiront  comme 
nous  à la  distinction  accordé  à cet  émnenl 
praticien. 

J. -A.  Barral. 


ACTION  DE  LA  FLEUR  DE  SOUFRE  SUR  LE  VER  BLANC. 


Les  lecteurs  de  la  Revue  auront  assuré- 
ment remarqué,  dans  le  numéro  du  1er  avril 
de  cet  utile  recueil,  un  compte  rendu  fort 
intéressantdu  Traité  desbonnes  Fraises,  par 
M.  Ferdinand  Gloëde.  L’auteur  de  cet  arti- 
cle, M.  Ernest  Bourges,  secrétaire  adjoint 
de  la  Société  d’horticulture  de  Melun-Fon- 
tainebleau, apprécie  fort  bien  l’utilité  pra- 
tique de  cet  excellent  guide  des  cultivateurs 
de  Fraises,  et  je  me  bornerais  à m’associer 
à l’éloge  mérité  qu’il  en  fait,  si  la  question 
de  l’action  de  la  fleur  de  soufre  contre  le  ver 
blanc  ne  se  trouvait  naturellement  soulevée 
quand  on  parle  du  Fraisier. 


A ce  dernier  point  de  vue,  M.  Ernest 
Bourges  m’a  paru  faire  une  sorte  d’appel  à 
ceux  qui  se  plaignent  des  ravages  de  ces 
insectes,  et  je  viens  apporter  mon  dire  à 
une  enquête  qui  ne  me  paraît  pas  sans  uti- 
lité. 

On  sait  que  l’habile  fraisiériste  des  Sa- 
blons, à la  suite  d’une  expérience  faite  en 
1864,  a eu  quelques  raisons  de  penser  qu’il 
avait  trouvé  dans  la  fleur  de  soufre  un 
préservatif  efficace  contre  le  ver  blanc.  Les 
faits  que  cette  expérience  avait  paru  établir 
ont  été  consignés  par  M.  Gloëde  dans  une 
lettre  qu’a  publiée  la  Revue  en  1864  (page 


2S6 


ACTION  DE  LA  FLEUR  DE  SOUFRE  SUR  LE  VER  BLANC. 


384).  Ils  sont  reproduits  dans  le  livre  des 
Bonnes  fraises,  et  c’est  ce  qui  a conduit 
M.  Ernest  Bourges  à poser  la  question  de 
savoir  si  M.  Gloëdô  était  arrivé  à trouver  un 
préservatif  efficace  contre  le  ver  blanc,  et  à 
répondre  : d’aucuns  disent  oui  sans  hési- 
ter: à quoi  il  ajoute,  voulant  laisser  la  place 
au  doute,  qu’il  est  convaincu  que  M.  Gloëde 
est  de  ceux  qui  savent  que  les  expériences 
ont  besoin  d’être  répétées  pour  être  con- 
cluantes. 

Cette  réserve  me  paraît  tout  à fait  à pro- 
pos, et  c’est  parce  que  je  suis  également 
convaincu  que  M.  Gloëde  est  de  ceux  qui 
avant  tout  cherchent  la  vérité,  que  je  ne  crois 
pas  inutile  de  faire  connaîlre,  et  de  lui 
soumettre  à lui-même,  quelques  faits  que 
j’ai  constatés.  Ces  faits  me  paraissent  en  op- 
position avec  celui  qui  s’est  produit  aux 
Sablons  en  1804,  et  me  font  prendre  place 
parmi  ceux  qui  répondent  non  à la  question 
de  M.  Ernest  Bourges. 

Chez  moi,  en  elfet,  non-seulement  la  fleur 
de  soufre  s’est  inouï r.’e  impuissante  contre 
le  ver  blanc  ; mais  j’ai  reconnu  que  son  em- 
ploi n’était  pas  toujours  sans  danger,  et  que, 
répandue  à trop  forte  dose,  elle  pouvait 
faire  périr  les  Fraisiers  au  lieu  de  les  proté- 
ger. 

Dès  l’abord,  et  c’était  un  motif  de  plus 
pour  faire  quelques  essais,  je  n’étais  pas 
sans  défiance  sur  l’action  que  l’acide  sulfu- 
reux, produit  par  la  Heur  de  soufre,  pour- 
rait exercer  sur  les  végétaux.  Il  me  parais- 
sait difficile  que  les  racines  des  Fraisiers  ne 
fussent  pas  exposées  à quelques  accidents 
par  le  contact  d’une  substance  sur  laquelle 
on  comptait  pour  détruire  le  ver  blanc. 
N’ayant  aucunes  données  antérieures,  et 
réduit,  pour  un  premier  essai,  à agir  à peu 
près  au  hasard,  j’eus  soin  de  constater  la 
({uantité  de  soufre  qui  serait  employée,  dans 
la  pensée  de  m’éclairer  pour  l’avenir. 

Eue  ancienne  planche  de  Fraisiers  servit 
à ma  première  expérience  : sur  une  de  ses 
moitiés  je  semai  et  j’enterrai  par  un  léger 
binage  270  grammes  de  fleur  de  soufre  par 
mètre  carré;  l’autre  moitié  ne  reçut  rien. 
Cette  proportion,  fixée  à peu  près  au  hasard 
comme  je  viens  de  le  dire,  se  trouva  beau- 
coup trop  forte,  et  en  peu  de  jours  tous  les 
Fraisiers  soumis  à Faction  de  la  Heur  de 
soufre  étaient  morts , de  sorte  qu’on  ne 
pouvait  tirer  aucune  conséquence  de  ce 
premier  essai  : le  malade  était  mort  du  re- 
mède et  non  pas  de  la  maladie.  Il  sortait  du 
moins  de  là  une  leçon  de  prudence,  et  je 
n’avais  pas  tout  a fait  perdu  mon  temps. 

Je  recommençai  l’épreuve  avec  une  pro- 
portion de  200  grammes  sur  une  planche 
sur  laquelle  on  devait  repiquer  de  jeunes 
Fraisiers.  La  moitié  de  cette  planche  fut  donc 
soufrée  à raison  de  200  grammes  par  mètre 
carré,  et,  dès  ([ue  la  Heur  de  soufre  fut  en- 


terrée par  un  coup  de  fourche,  on  planta 
la  planche  entière.  La  proportion  était  encore 
trop  forte  : sur  la  partie  soufrée  la  reprise 
des  plants  fut  difficile;  quelques-uns,  mou- 
rurent, le  reste  fut  languissant;  c’était  en- 
core une  épreuve  manquée.  La  première 
base,  en  effet,  de  la  régularité  d’une  expé- 
rience comparative,  c’est  que  toutes  les 
conditions,  sauf  le  point  sur  lequel  porte 
la  comparaison,  soient  identiques  : or, 
dans  celle-ci,  l’état  de  santé  des  plants  dans 
les  deux  parties  de  la  planche  était  loin  de 
se  ressembler. 

Je  recommençai  de  nouveau  sur  une  plan- 
che située  à côtéde  la  précédente,  et  destinée 
comme  elle  à recevoir  de  jeunes  Fraisiers; 
mais  j’employai  seulement  150  grammes  de 
soufre  par  mètre  carré.  Cette  fois  la  reprise 
des  plants  eut  lieu  avec  une  égale  facilité 
sur  les  deux  parties  de  la  planche,  et  je  crois 
qu’on  peut  considérer  ce  chiflre  de  150 
grammes  comme  un  maximum  qu’il  est  pru- 
dent de  ne  pas  dépasser.  Je  pus  me  croire 
enfin  arrivé  au  moment  de  constater  un  ré- 
sultat décisif. 

Sur  les  deux  parties  de  la  planche,  quel- 
ques Fraisiers  ne  tardèrent  pas  à être  coupés 
par  les  vers  blancs,  en  nombre  à peu  près 
égal,  en  sorte  que  ma  défiance  à l’égard  du 
préservatif  se  trouvait  justifiée.  Pourtant 
le  hasard  voulut  que  le  terrain  que  j’avais 
choisi  pour  champ  d’expérience  se  trouvât, 
de  tout  le  jardin,  la  partie  la  moins  infestée 
peut-être  par  la  larve  maudite  : en  sorte  que 
les  dégâts  à comparer  étaient,  il  est  vrai, 
sensiblement  égaux;  mais  le  mal,  dans  son 
ensemble,  était  peu  considérable,  et  n’of- 
frait pas  un  de  ces  résultats  tranchés  qui 
frappent  tous  les  yeux,  ce  que  je  tenais  à 
obtenir  pour  m’autoriser  à une  affirmation 
bien  positive. 

Pour  atteindre  ce  but,  il  me  fallait  un 
sol  dans  lequel  le  ver  blanc  pullulât.  Pour 
être  plus  sûr  de  le  trouver  j’opérai  eh  petit, 
et  je  me  bornai  à ce  que  je  pourrais  appeler 
une  expérience  de  laboratoire. 

Ainsi,  je  remplis  de  bonne  terre  deux 
terrines  de  jardin  de  0"L30  de  diamètre 
sur0"'.07  à Ô'“.08  de  profondeur  et  je  plantai 
dans  chacune  douze  plants  de  Fraisier.  Préa- 
lablement j’avais  fait  mêler  le  mieux  pos- 
sible dans  la  terre  de  l’une  d’elles  1 5 grain  mes 
de  fleur  de  soufre;  c’était  environ,  eu  égard 
à la  superficie  résultant  du  diamètre,  214 
grammes  par  mètre  carré.  Cette  proportion 
dépassait  le  maximum  que  j’ai  indiqué  tout  à 
l’heure,  mais  j’esperais,  et  les  choses  se 
sont  passées  ainsi,  que  le  mélange  ayant  été 
fait  plus  également  que  par  un  binage,  il 
n’en  résulterait  aucun  inconvénient  pour  tes 
Fraisiers.  Je  tenais  d’ailleurs,  dans  l’intérêt 
de  l’expérience,  à opérer  avec  une  forte  dose 
de  fleur  de  soufre. 

Les  choses  ainsi  préparées,  les  Fraisiers 


ACTION  DE  LA  FLEUR  DE  SOUFRE  SUR  LE  VER  BLANC. 


furent  plantés,  et  leur  reprise  ne  se  fit  pas 
attendre;  elle  eut  lieu  sans  qu’on  put  re- 
marquer la  moindre  différence  entre  la  ter- 
rine soufrée  et  celle  qui  ne  l’avait  pas  été. 
Le  moment  était  venu  de  mettre  les  vers 
blancs  à l’œuvre,  et  j’en  introduisis  huit, 
tous  frais  sortis  de  terre,  dans  cliaque  ter- 
rine. En  peu  de  jours  les  douze  Fraisiers 
furent  détruits,  aussi  bien  dans  l’une  que 
dans  l’autre.  La  fleur  de  soufre  n’avait  rien 
préservé,  et  quand  les  terrines  furent  vi- 
dées, on  trouva  les  vers  blancs,  en  parfait 
état  de  santé,  aussi  bien  ceux  qui  avaient 
vécu  dans  la  terre  soufrée  que  les  autres. 

Cette  fois,  l’impuissance  absolue  de  la 
fleur  de  soufre  pour  défendre  les  racines 
des  plantes  des  atteintes  du  ver  blanc  me 
parut  démontrée. 

Une  objection  cependant  restait  encore 
possible  : on  pouvait  dire  que  si  les  vers 
blancs  n’avaient  pas  subi  l’action  délétère 
de  la  fleur  de  soufre,  cela  tenait  à ce  que 
son  mélange  dans  toute  la  terre  de  la  ter- 
rine en  avait  diminué  la  quantité  relative, 
en  sorte  que  son  contact  immédiat  avec  eux 
n’avait  pas  eu  lieu  comme  si  elle  n’eût  été 
enterrée  que  par  un  léger  binage,  qui  n’au- 
raît  produit  qu’un  mélange  imparfait. 

Pour  répondre  par  avance  à l’observation, 
et  fixer  mon  opinion  sur  ce  point,  je  n’avais 
qu’à  mettre  des  vers  blancs  en  contact  im- 
médiat avec  de  la  fleur  de  soufre  ; c’est  ce 
que  je  fis.  Je  mis  huit  de  ces  larves  au  fond 
d’un  pot, sans  terrepour  les  recevoirni  pour 
les  cacher,  et  je  les  couvris  complète- 
ment de  fleur  de  soufre,  les  laissant  à l’air 
libre.  Au  bout  de  huit  jours,  les  vers  blancs 
vivaient  encore,  et  paraissaient  seulement 
un  peu  languissants.  Je  ne  me  tins  pas 
pour  satisfait,  et,  dans  cet  état,  je  les  intro- 
duisis dans  une  terrine  plantée  de  Fraisiers; 
huit  jours  après,  tous  les  Fraisiers  étaient 
morts,  et,  quand  on  vida  la  terrine,  on 
trouva  les  vers  blancs,  restaurés  par  le  repas 
qu’ils  avaient  fait,  plus  vivaces  que  ja- 
mais. 

Pour  le  coup  je  me  suis  cru  le  droit  de 
répondre  sans  hésiter:  Non,  la  fleur  de 
soufre  n’est  pas  un  préservatif  contre  le 
ver  blanc. 

Une  autre  substance  a été  proposée  l’an- 
née dernière,  l’engrais  de  J\1 . Baron-Char- 
tier, qui  serait,  dit-on,  à la  fois  un  stU 
! mutant  énergique  pour  les  végétaux  et  un 
antidote  assuré  contre  le  ver  blanc. 

I Je  n"en  sais  que  ce  que  j’en  ai  lu  dans  un 
j rapport  fait  à la  Société  impériale  et  cen- 

trale d’horticulture  par  une  de  ses  commis- 
sions, rapport  qu’on  trouve  dans  le  numéro 
d’août  1865  de  son  journal. 

La  commission,  sans  rien  affirmer,  donne 
quelques  espérances,  et  conclut  en  propo- 
sant à la  Société  de  faire  écrire,  en  son 
I nom,  à titre  de  récompense,  une  lettre  de 


remercîmeiit  à l’auteur  de  la  découverte  de 
l’engrais,  — dont  la  commission  n’a  pas  indi- 
qué la  composition,  parce  ([u’il  paraît  (jue 
l’inventeur  s’en  réserve  le  secret. 

La  commission  ne  dit  rien,  ni  du  mode 
d’emploi,  ni  de  la  quantité  d’engrais  à em- 
ployer. Enfin,  il  ne  paraît  pas  que  des  expé- 
riences spéciales  aient  été  faites,  par  ses 
soins  pour  confirmer  ou  infirmer  les  buts 
soumis  à son  appréciation. 

Pour  mon  compte,  j’aurais  désiré  des  in- 
dications un  peu  plus  précises  qui  missent 
chacun  en  mesure  d’expérimenter,  s’il  le 
jugeait  à propos. 

Pour  tout  dire  enfin,  malgré  l’espoir  que 
manifeste  la  commission,  sans  doute  par 
suite  de  son  désir  de  voir  un  grand  intérêt 
de  riiorticulture  satisfait,  je  trouve  dans 
son  rapport  plus  de  sentiments  bienveillanls 
que  de  preuves  sérieuses  de  l’efficacité  de 
l’engrais  de  M.  Baron-Chartier  contre  le 
ver  blanc,  et,  jusqu’à  plus  ample  informé, 
j’aurai  peine  à croire  que  le  problème  soit 
résolu. 

On  a parlé  aussi  de  la  tannée,  et,  dans 
ma  haine  contre  le  vers  blanc,  je  me  laissais 
volontiers  aller  à croire  qu’en  en  répandant 
sur  le  sol  quelques  centimètres  d’épaisseur, 
son  odeur  pourrait  chasser  les  femelles  au 
moment  de  la  ponte.  Dans  ce  cas  même,  ce 
ne  serait  qu’un  déplacement  du  mal;  mais 
enfin  ce  déplacement  serait  précieux  pour 
les  jardins. 

Mon  illusion  n’a  pas  été  longue. 

L’année  dernière,  un  de  mes  amis  se 
trouvait  dans  la  cour  d’une  tannerie,  quand 
il  vit  un  hanneton  voltiger  au-dessus  d’un 
gros  tas  de  tannée,  puis  s’y  abattre,  et  creu- 
ser son  trou.  Mon  ami  est  médecin,  et  n’at- 
tendait que  ce  moment  pour  saisir  l’insecte 
et  en  faire  l’autopsie.  C’était  une  femelle 
pleine  d’œufs;  l’odeur  de  la  tannée  ne  l’a- 
vait pas  empêchée  de  trouver  là  un  lieu  fa- 
vorable pour  y déposer  sa  progéniture, 

Faut-il  donc  renoncer  à une  solution?  Je 
ne  voudrais  pas  dire  non  d’une  manière 
absolue;  mais  je  dois  avouer  que  les  motifs- 
qui  me  portaient  à me  défier  de  Faction  de 
la  fleur  de  soufre  étant  des  motifs  géné- 
raux, je  ne  serais  pas  étonné  qu’ils  ne  reçus- 
sent plus  d’une  fois  leur  application,  puis- 
qu’au  fond,  ce  sont  eux  qui  régissent  la 
matière. 

Qu’on  veuille  bien  y songer,  en  effet  : 
pour  être  efficace,  il  faut  que  l’agent  des- 
tructeur du  ver  blanc,  quel  qu’il  soit,  soit 
employé  à forte  dose  pour  que  le  sol  en  soit 
imprégné  et  qu’il  puisse  atteindre  presque 
toutes" les  larves,  si  nombreuses  dans  cer- 
taines années,  que  chaque  coup  de  bêche 
en  amène  presque  toujours  plusieurs  à la 
surface. 

Il  lui  faut  en  même  temps  un  certain 
degré  de  causticité;  car  on  vient  de  voir. 


228 


ACTION  DE  LA  FLEUR  DE  SOUFRE  SUR  LE  VER  RLANC. 


par  l’exemple  de  la  fleur  de  soufre,  que  le 
ver  blanc  a la  vie  dure. 

Ce  n’est  pas  tout,  et  ce  dernier  point 
n’est  pas  le  plus  facile,  il  faut  qu’en  même 
temps,  l’agent  destructeur  ne  puisse  pas 
altérer  les  sources  de  la  végétation  en  fati- 
guant les  racines  des  plantes. 


Je  ne  saurais  trop  le  répéter  : si  la  solu- 
tion d’un  pareil  problème  n’est  pas  impos- 
sible, elle  présente  du  moins  de  bien  sé- 
rieuses difficultés. 

VUITRY, 

Propriélaire  h Saint-Donain, 
près  Mon  1er  eau. 


LE  CONGRÈS  POMOLOGIQUE  DE  FRANCE.  - II'. 


■ Autre  chose.  J’aperçois,  parmi  les  varié- 
tés adoptées,  des  fruits  jugés  assez  bons.  Si 
je  ne  me  trompe,  ce  sont  les  meilleurs  fruits 
que  le  Congrès  veut  répandre,  et,  si  je  ne 
me  trompe  encore,  Vassez  bon  n’est  pas 
tout  à fait  le  meilleur.  Vous  me  direz  : 

((  Mais  ces  fruits-là  sont  répandus  dans  le 
commerce,  ils  font  de  l’argent.» Ah!  oui; les 
grandsjnols  : «Ils  font  de  l’argent!  » Eh  bien! 
il  ne  faut  plus  qu’ils  en  fassent  ; il  faut  (ju’ils 
soient  détrônés  par  d’autres  qui  ne  font  pas 
de  l’argent,  eux,  mais  qui  devraient  en  faire  ; 
s’ils  sont  répandus,  raison  de  plus  pour  les 
faire  disparaître  et  les  remplacer  par  de 
meilleurs.  J’ai  toujours  vu  avec  regret  des 
sociétés  d’horticulture  accorder  leurs  ré- 
compenses, ou  même  simplement  leurs  fé- 
licitations, à des  fruits  d’un  très-fort  volume, 
mais  souvent  d’une  qualité  médiocre.  A 
leur  place,  au  jardinier  qui  m’apporterait 
une  de  ces  monstruosités,  une  Belle  Ange- 
vine, par  exemple,  exécrable  crue,  mais  à 
peu  près  mauvaise  cuite,  je  dirais  : « Mon 
cher  garçon,  vous  avez  sous  votre  conduite 
un  de  ces  Poiriers  dont  l’origine  est  telle- 
ment regrettable,  que  personne  n’en  a ac- 
cepté la  responsabilité;  comme  vous  le  cul- 
tivez pour  le  compte  de  votre  maître,  vous 
ne  l’avez  pas  arraché,  on  vous  le  pardonne; 
mais  voyez  un  peu  ce  que  vous  avez  fait! 
Livré  à lui-même,  le  fruit  que  vous  nous 
présentez  aurait  déjà  produit  800  grammes, 
je  suppose,  d’une  matière  mauvaise  et  sans 
valeur.  Eh  bien!  à l’aide  de  vos  soins  et  de 
• votre  zèle  malencontreux,  voici  que  vous  lui 
avez  fait  rapporter  2kilogr.  d’une  mauvaise 
marchandise  dont  vous  allez  empoisonner 
l’alimentation  publique!  Pensez-vous,  en 
conscience,  que  cela  mérite  nos  félicitations? 
Remportez  donc  votre  végétal,  et  si  les  mé- 
dailles de  vos  confrères  vous  empêchent 
toujours  de  dormir,  présentez-vous  dere- 
chef, non  pas  avec  des  produits  comme  la 
Belle  Angevine,  mais  avec  des  Doyennés 
dliiver,  des  Bergamotes  Esimen,  des  Passe- 
Colmar,  des  Passe-Crassane,  et  d’autres 
semblables  ; tenez,  seulement  avec  de  ces  ex- 
cellentes petites  Poires  d’hiver  que  nous  ap- 
pelons Joséyj/if/îc  de  Malinesei  Broom  Park, 
ne  pesassent-elles  chacune  que  150  gram- 
mes ! Répandez-les  sur  les  marchés,  con- 
* Voir  le  n°  du  16  mai,  page  195. 


tribuez  de  votre  côté  à ce  que  notre  com- 
merce et  celui  de  l’étranger  s’en  empare; 
revenez  à nous  alors,  et,  cette  fois,  croyez-le, 
nous  ne  vous  marchanderons  pas  nos  élo- 
ges. » C’est  pourquoi,  à mon  tour,  je  dirai 
au  Congrès  pomologique  : « Adoptez,  re- 
commandez, prônez  les  fruits  bons  et  très- 
bons,  mais  pas  d’autres.  » 

Ce  que  je  n’aime  pas  non  plus  et  que  je 
ne  trouve  pas  bien  convenable,  c’est  que  le 
Congrès  ne  prenne  pas  lui-même  la  respon- 
sabilité de  son  œuvre  et  qu’il  la  rejette  sur 
son  secrétaire,  par  lequel  il  fait  signer  ses 
descriptions.  Certes,  ce  n’est  pas  une  mince 
besogne  que  cette  charge  de  secrétaire,  — 
je  dis  charge  à dessein,  — et  ce  n’est  pas 
non  plus  un  mince  mérite  que  celui  de  sa- 
voir condenser  en  un  seul  tout  homogène 
tous  les  renseignements  des  quatre  points 
cardinaux.  Ce  ne  serait  pas  tout  à fait  jus- 
tice que  le  travail  du  secrétaire  fût  passé 
sous  silence;  mais,  ne  serait-ce  pas  encore 
bien  moins  justice  que  l’œuvre  du  Congrès 
disparût  derrière  celle  de  son  secrétaire? 

Du  reste,  cela  n’est  qu’un  détail  de  moin- 
dre importance.  Tout  ne  peut  pas  être  par- 
fait, j’en  conviens;  et  loin  de  moi  de  penser 
qu’en  fait  de  congrès,  tout  doit  aller  comme 
sur  des  roulettes.  Je  ne  me  cache  pas,  oh! 
non,  toutes  les  difficultés  et  les  petites  ja- 
lousies, et  les  petites  rancunes,  et  les  pe- 
tits bâtons  jetés  à travers  les  roues,  obsta- 
cles inévitables,  mais  qui  disparaissent  iné- 
vitablement aussi  devant  la  réussite.  Et  puis, 
que  de  ressources  contre  tout  cela!  que  de 
zèles  on  laisse  engourdis,  qui  seraient  si 
utiles!  que  de  bonnes  volontés  .«^ans  ali- 
ments! que  de  sociétés,  ardentes  jadis,  as- 
soupies maintenant,  parce  que,  voyant  l’ina- 
nité des  moyens,  elles  ont  perdu  l’espérance 
du  but!  que  de  courageux  initiateurs  décou- 
ragés, à l’écart  d’une  œuvre  qu’ils  avaient 
acclamée  tout  d’abord  ! fondateurs  qui  s’é- 
clipsent, correspondants  qui  se  taisent,  dé- 
légués qui  s’en  reviennent  l’oreille  basse, 
sans  matériaux  pour  leurs  rapports  ! 

Mais  enfin,  avec  tous  ces  éléments  de 
réussite  : hommes  de  science,  hommes  de 
pratique,  capacités  incontestables,  que  man- 
que-t-il donc  au  Congrès?  — L’action,  la 
vie!  Ce  qu’il  faut,  ce  n’est  pas  un  travail  de 
quelques  jours,  c’est  un  travail  de  toute 


229 


LE  CONGRÈS  POMOLOGIQUE  DE  FRANCE.  — II. 


l’année;  un  congrès  permanent,  et  non  pas 
d’une  semaine;  une  réunion  annuelle,  je  le 
veux  bien,  mais  pour  juger  les  travaux  de 
douze  mois.  En  dehors  de  cela,  correspon- 
dance continuelle  entre  les  membres  et  le 
cerveau;  listes  d’étude  adressées  à chaque 
Société,  à chaque  pépiniériste  capable,  cà 
chaque  pomologue  qui  a fait  ses  preuves; 
ce  qu’il  faut  à l’action  directrice,  c’est  pré- 
parer les  travaux,  réunir  les  renseigne- 
ments, vaincre  les  résistances,  encourager 
les  zélés,  harceler  les  retardataires  — on 
est  fort  quand  on  demande,  non  pour  soi, 
mais  pour  le  bien  public  — en  un  mot, 
c’est  le  feu  sacré,  l’impulsion  énergique, 
qui  excite  encore  les  ardents,  qui  galvanise 
les  tièdes,  qui  donne  le  branle  partout. 

Ce  qui  manque  surtout,  c’est  la  publicité, 
la  grande  publicité,  sans  laquelle  rien  ne 
sera  possible,  qui  répandra  à flots  les  tra- 
vaux accomplis,  et  qui,  à l’aide  de  l’extrême 
bon  marché,  les  fera  pénétrer  des  grandes 
villes  aux  petits  hameaux,  du  riche  proprié- 
taire au  petit  bourgeois  des  campagnes, 
du  grand  pépiniériste  au  moindre  vendeur 
d’arbres  de  village.  C’est  de  l’ouvrage,  c’est 
vrai;  c’est  de  la  peine,  c’est  du  dévouement, 
mais  c’est  le  succès;  autrement,  je  l’ai  déjà 


dit,  le  congrès  n’est  plus  pour  moi  qu’une 
troupe  nomade,  qui,  une  fois  l’an,  s’en  va 
donner  des  représentations  pomologiques, 
tantôt  dans  une  ville,  tantôt  dans  une 
autre. 

Pour  terminer,  j’en  demande  bien  pardon 
au  congrès,  mais  j’ai  cru  devoir  me  faire 
l’écho  de  la  pensée  générale.  Qu’il  en  soit  bien 
persuadé,  si  trop  peu  de  paroles  de  blâme  lui 
parviennent,  c’est  qu’on  hésite  toujours  à 
blâmer  une  institution  dont  personnelle- 
ment on  estime  les  membres;  on  voit  bien 
que  les  choses  vont  mal,  mais  on  craint  de 
blesser  les  personnes;  le  char  va  de  travers, 
mais  les  guides  sont  si  honnêtes!  on  pa- 
tiente, on  espère  mieux,  on  se  tait...  et  le 
mal  augmente. 

C’est  avec  conviction,  — et  aussi,  je  crois, 
avec  réserve,  — que  j’ai  développé  les  idées 
de  tous;  personnellement,  je  le  répète,  je 
regarde  comme  éminemment  utile  la  |»nda- 
tion  du  congrès  pomologique,  et  le  jour  où 
(Dieu  le  veuille!)  nous  le  verrons  fonction- 
ner, riche  non  pas  de  promesses,  mais  de 
bons  résultats,  quelque  mal  taillée  que  soit 
notre  plume,  nous  la  mettrons  vaillamment 
à son  service. 

Th.  Bughetet, 


ENCORE  LE  DIOSCOREA  DECAISNEANA. 


Dans  un  article  que  j’ai  publié  sur  cette 
plante  (voir  Revue  horticole,  1 865,  page  1 1 i ), 
je  disais  : iche  Dioscorea  Becaisnenn a esi-\[ 
une  espèce,  ou  n’est-il  qu’une  variété  du  D. 
Batatas  ? Je  ne  saurais  le  dire,  et  je  ne  serais 
même  pas  éloigné  de  croire  que  ces  deux 
plantes  doivent  être  regardées  comme  des 
formes  du  D.  Japonica,  Thnnberg,  qui  pour- 
rait être  considéré  comme  le  type  sauvage, 
et  comme  étant  aux  formes  dont  je  viens 
de  parler  ce  que  la  carotte  sauvage  est  aux 
diverses  variétés  de  carottes  cultivées.  » 

A ceci  j’ajoutais  un  peu  plus  loin,  dans 
le  même  article  : 

« Mais  comme  toutes  les  plantes,  en  vertu  de 
la  grande  loi  évolutive  et  progressive,  tendent 
à se  modifier  continuellement,  il  faut,  si  l’on 
veut  conserver  francs  les  types  ou  les  variétés 
qu’on  cultive,  choisir  et  planter  comme  mère 
les  individus  qui  présentent  au  plus  haut  dégré 
les  caractères  qui  les  font  rechercher.  A ce 
point  de  vue,  pour  le  D.  Decaisneana,  on  doit 
choisir  les  tubercules  les  plus  beaux  et  les 
mieux  faits,  qu’on  plante  alors  comme  mères 
et  sur  lesquels,  au  besoin,  on  coupe  les  par- 
ties destinées  à la  multiplication.  » 

En  écrivant  ces  lignes,  je  prévoyais  que 
- le  D.  Decnisnenna  devait  être  une  forme  pro- 
bablementaccidentelle,  ronde,  duD.  batatas, 
qui,  comme  chacun  le  sait,  est  très-long.  Ce 
qui,  il  y a un  an,  n’était  qu’un  doute,  est 
aujourd’hui  une  certitude  pour  moi,  car. 


depuis  ce  temps,  j’ai  eu  occasion  de  voir 
deux  tubercules  s’allonger  un  peu,  et  l’un 
d’eux  atteindre  même  13  centimètres  de 
longueur  et  reprendre  alors  à peu  près  tous 
les  caractères  du  D.  batatas.  Toutefois  ce 
n’est  là  qu’une  très-rare  exception,  qui  ne 
doit  pas  faire  rejeter  cette  variété,  tant  s’en 
faut,  puisque,  même  lorsqu’elle  est  dégéné- 
rée, elle  est  tout  aussi  bonne  à manger.  Ce 
qu’il  y a à faire  c’est  donc,  ainsi  que  je  le 
disais  dans  l’article  précité,  de  choisir  cha- 
que année  pour  planter  les  tubercules,  les 
plus  francs,  c’est-à-dire  les  plus  ronds, 
absolument  comme  on  le  fait  de  beaucoup 
d’autres  plantes  légumières,  notamment 
pour  les  Pommes  de  terre. 

A côté  de  cela,  je  dois  dire  que  dans  dif- 
férents endroits  où  le  Muséum  en  a envoyé 
quelques  tubercules,  la  plante  est  restée 
parfaitement  courte,  et  que,  dans  certaines 
parties  même,  ces  tubercules  ont  acquis  une 
assez  bonne  grosseur,  ce  qui  laisse  à penser 
que,  ainsi  que  je  le  disais  il  y a plus  d’un 
an,  cette  plante  pourra,  dans  quelques  lo- 
calités, rendre  d’importants  services.  J’a- 
joute aussi  que  la  chair  ne  se  maintient  pas 
toujours  jaune,  que  très-fréquemment  on 
trouve  des  tubercules  qui  ont  la  chair  blan- 
che. Ici  donc,  encore,  on  retrouve  le  même 
fait  que  dans  les  Pommes  de  terre  : une 
même  variété  donnant,  par  accident,  non- 
seulement  des  variétés  différentes  par  la 


230 


ENCORE  LE  DIOSCOREA  DECATSNEANA. 


forme,  mais  par  la  nature.  C’est  en  un  mot 
un  fait  de  dimorphisme  souterrain,  absolu- 
ment semblable  à tant  d’autres  que  j’ai 
signalés  soit  dans  mon  Mémoire  sur  la  pro- 


duction et  la  fixation  des  variétés  dans  les 
végétaux,  soit  dans  quelques  articles  que 
j’ai  publiés  dans  le  journal  la  Ferme. 

Carrière. 


FRUCTIFICATION  DU  LIBOCEDRUS  DONIANA. 


Jusqu’à  ce  jour,  que  je  sache  du  moins, 
aucune  espèce  du  genre  Libocedrus  n’a 
fructifié  en  Europe  ; je  crois  dgnc  être 
agréable  aux  lecteurs  de  la  Revue  en 
mettant  sous  leurs  yeux  un  échantillon  du 
fruit  du  Libocedrus  Doniana  récolté  en 
France. 

Originaire  de  la  Nouvelle-Zélande,  le  Li- 
bocedrus Doniana  ne  supporte  pas  le  fioid 
des  hivers  du  centre  de  la 
France;  aussi  est- ce  dans 
une  partie  privilégiée,  à 
Antibes,  dans  le  jardin  de 
M.  Tburet,  que  cette  fruc- 
tification a eu  lieu.  Le  pied 
qui  a fructifié,  bien  qu’en 
pleine  terre,  est  petit, 
buissonneux,  absolument 
comme  sont  les  individus 
de  cette  espèce  qu’on  ren- 
contre le  plus  ordinaire- 
ment dans  les  cultures. 

Le  Libocedrus  Donmia 
étant  bien  connu,  je  vais 
seulement  décrire  ses 
fruits,  qui  le  sont  très-peu. 

En  voici  les  caractères  : 

Strobiles  solitaires  (fig. 

34),  dressés  à l’extrémité 
de  ramilles  très -courtes 
couvertes  de  feuilles  squa- 
miformes  fortement  imbri- 
quées; longs  d’à  peu  près 
10  millimètres,  larges 
d’environ  4 ; composés 
de  quatre  écailles  oppo- 
sées par  paires  ; les 
alternes  très-petites,  beau- 
coup plus  courtes  et  plus 
étroites  portant  toutes  au- 
dessous  du  sommet  un  mucron  spinescent 
d’environ  6 millimètres  de  longueur,  raide, 
légèrement  concave  à l’intérieur,  saillant 
et  caréné  à l’extérieur,  écarté  puis  relevé  et 
courbé  vers  le  centre  du  strobile  et  dépas- 
sant l’écaille.  Graines  solitaires  à la  base  des 
grandes  écailles,  minces,  comprimées,  ova- 
les, atténuées  de  chaque  côté  de  manière 


Fiff.  3i.  — Fructificalion 


à former  deux  ailes  inégales;  l’une  très- 
étroite,  l’autre  beaucoup  plus  grande  éga- 
lant l’écaille. 

Les  graines  des  fruits  figurés  ci-contre 
étaient  mauvaises,  elles  n’avaient  même  pas 
atteint  toutes  leur  dimensions,  probable- 
ment à cause  de  la  non  fécondation  qui,  très- 
probablement  aussi,  était  due  à l’absence  de 
châtons  mâles. 

Le  Libocedrus  Donmia 
croît  sur  diverses  mon- 
tagnes très-élevées  de  la 
Nouvelle-Zélande  à une 
altitude  d’environ  1,800 
mètres  ; aussi  n’est-il  pas 
très-sensible  au  froid  et 
snpporte-t-il,  sans  en  souf- 
frir, une  température  de  5 
degrés  au-dessous  de  zéro. 
Il  est  donc  très-bon  d’en 
planter  là  ou  la  tempéra- 
ture hivernale  ne  s’abaisse 
pas  au-dessous  de  ce  chif- 
fre. On  ne  saurait  donc 
trop  engager  à cet  essai, 
car,  jusqu’à  présent  toutes 
les  plantes  que  l’on  pos- 
sède qui,  très-probable- 
ment, proviennent  de  gref- 
fes, au  lieu  de  s’élancer  et 
d’atteindre  20  à 25  mètres 
de  hauteur,  ainsi  que  fait 
cette  espèce  à la  Nouvelle- 
Hollande,  restent  com- 
pactes et  buissonneuses. 
On  peut  donc  espérer 

qu’il  en  serait  autrement 
si  l’on  pouvait  obtenir 

du  Libocedrus  Doniana.  (^es  graines,  et,  qu’avec 

celles-ci,  on  obtiendrait 
des  plantes  qui  non-seulement  seraient 

beaucoup  plus  ornementales,  mais  qui 
pourraient  peut-être  rendre  quelques  ser- 
vices au  point  de  vue  de  l’exploitation, 
car  le  bois  des  Libocedrus,  beau  et  bon, 
pourrait  être  employé  à beaucoup  d’usages 
industriels. 

Carrière. 


HIBISCUS  SPECIOSUS. 


La  magnifique  plante  représentée  par  la 
planche  coloriée  de  ce  numéro  appartient  à 


l’importante  famille  des  Malvacées,  qui, 
après  les  céréales,  donne  lieu  aux  exploita- 


hji  'snote  rue  desBoMlan^ers  IS.Petu 


Renu  Ihfti-Ci'le 


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HIBISCUS  SPECIOSUS. 


lions  les  plus  étendues  et  aux  transactions 
commerciales  des  plus  vastes,  témoin  le 
cotonnier.  Dans  cette  famille,  le  genre  Hi- 
biscus se  fait  remarquer  par  la  beauté  de 
ses  fleurs.  On  cite  bien  quelques  espèces 
qui  sont  cultivées  comme  plantes  potagères, 
et  spécialement  les  Hibiscus  esculeutus,  lon- 
gifoliiis,  Abelmoschus,  etc.;  mais  elles  ne 
sont  estimées  qu’en  Amérique,  où  on  les 
connaît  sous  le  nom  de  gombos.  Le  prin- 
cipal rôle  des  Hibiscus  en  Europe  est  de 
fournir  des  plantes  d’ornement  à nosjardins 
.et  à nos  serres;  il  en  est  même  plusieurs 
dans  le  nombre  qui  peuvent  être  placées  au 
rang  des  plus  belles. 

Il  n’est  peut-être  pas  de  serre  où  on  ne 
trouverait,  parmi  les  hôtes  les  plus  an- 
ciens, Vllibiscus  sinensis.  Cependant  l’in- 
troduction de  cette  plante  ne  date  que  de 
1731,  et,  malgré  les  difficultés  qu’olfrait  à 
cette  époque  la  propagation  des  végétaux, 
nous  la  trouvons  sur  les  plus  vieux  catalo- 
gues. Vllibiscus  rosa  sinensis  fut  obtenu, 
dit-on,  par  un  horticulteur  français;  d’après 
d’autres,  il  aurait  été  introduit  vivant;  mais 
il  est  plus  que  probable  que  c’est  un  produit 
de  semence. 

Jusqu’cà  présent,  on  a cultivé  les  Hibiscus 
dans  les  serres,  et  je  crois  que  les  premiers 
essais  de  plantation  en  pleine  terre  ont  été 
faits  par  M.  Barillet-Deschamps  en  1856. 

Arrivons  maintenant  cà  l’espèce  qui  fait  le 
sujet  de  cette  note,  VHibiscus  speciosus  de 
Aiton  (Hibiscus  coccineus  de  WalterJ.  C’est 

SUR  L’ACCLIMATATION 

Les  hivers  du  midi  de  la  France  sont  ca- 
ractérisés plutôt  par  la  violence  et  la  fré- 
quence du  vent  du  nord  et  par  la  sécheresse 
qui  en  résulte  que  par  l’intensité  et  la  durée 
du  froid.  L’abaissement  de  la  température 
au-dessous  d’une  certaine  moyenne  n’est 
que  passager  et  n^atteint  à son  minimum 
que  pendant  la  nuit;  l’action  du  soleil  est 
telle  dans  le  jour,  qu’il  arrive  souvent  que 
le  thermomètre  s’élève  à plusieurs  degrés 
au-dessus  du  point  de  congélation  dès  le 
jour  qui  suit  la  nuit  la  plus  froide,  lorsque 
le  vent  du  nord  ne  souffle  pas.  Les  fortes 
gelées,  du  reste,  ne  se  font  sentir  qu’à  de 
longs  intervalles;  mais  les  petites  gelées  de 
nuit,  suivies  par  des  journées  relativement 
chaudes,  [causent  beaucoup  de  dommage 
aux  végétaux  par  l’elfet  des  gels  et  dégels 
qui  se  succèdent  pendant  plusieurs  jours 
consécutifs. 

Mon  intention  étant  de  faire  connaître 
quel  a été  l’effet  du  froid  sur  certains  végé- 
taux livrés  à la  pleine  terre  pendant  les 
hiyers  de  1863-186L  et  de  1864-1865,  je 
vais  indiquer  sommairement  les  principales 

‘ Voir  le  ri^  du  avril,  page  138. 


une  plante  vivace,  dont  la  tige  dressée  et 
lisse  atteint  de  1 à 2 mètres  de  longueur,  et 
dont  les  feuilles  glabres,  à 5 lobes,  sont 
lancéolées,  acuminées,  dentelées  au  som- 
met. Quoique  connue  déjà  depuis  quelque 
temps  dans  nos  jardins,  elle  n’est  guère 
propagée,  et  cependant  elle  est  très  remar- 
quable par  les  belles  et  grandes  fleurs  dont 
elle  se  couvre,  et  dont  le  diamètre  n’atteint 
pas  moins  de  0»ul  7. 

C’est  M.  de  Martius  qui  nous  a envoyé,  il 
y a trois  ans,  des  graines  iVHibiscus  specio- 
sus. On  les  avait  placées  par  mégarde  dans 
une  serre  lempérée,  où  les  sujets  obtenus 
ne  faisaient  que  végéter  faiblement.  L’année 
dernière  seulement,  on  songea  à les  placer 
dans  le  sol  d’une  serre  chaude  et  ils  s’y  dé- 
veloppèrent d’une  manière  surprenante.  Les 
livres  de  botanique  ont  presque  toujours 
donné  à cette  plante  un  développement 
moindre  que  celui  qu’elle  atteint  en  effet, 
car  mes  sujets,  sans  être  vigoureusement 
forcés,  mesuraient  une  hauteur  de  2"L30 
environ. 

Je  n’ai  pas  eu  l’occasion  d’expérimenter 
Y Hibiscus  speciosus  en  pleine  terre  ; cepen- 
je  crois  qu’il  conviendrait  sous  le  climat  de 
Paris. 

Je  n’ai  rien  non  plus  à dire  de  la  culture, 
qui  est  aussi  facile  que  celle  fies  autres  es- 
pèces du  genre. 

M.  Kolb, 

Inspecteur  du  Jardin  bota- 
nique de  Munich, 

DES  VÉGÉTAUX.  - lU, 

variations  de  température  qui  ont  eu  lieu 
pendant  ces  deux  hivers,  en  prévenant  que 
mes  observations  ont  été  faites  à Nîmes 
dans  l’endroit  le  plus  exposé  aux  vents  gla- 
cials  dii  nord,  et  que  je  me  suis  servi  du 
thermomètre  centigrade. 

Hiver  de  1863-1864. 

Décembre  1863.  — Dans  la  nuit  du  21, 
pour  la  première  fois,  le  thermomètre  est 
descendu  à zéro.  Il  marquait  au-dessous 
de  zéro  dans  la  nuit  du  22.  Il  n’y  a pas  eu 
d’autres  gelées  pendant  ce  mois.  La  journée 
la  plus  chaude  a été  celle  du  13.  Il  y a eu 
14o  au-dessus  de  zéro  à 3 heures  après 
midi. 

Janvier  1864.  — La  nuit  la  plus  froide  de 
ce  mois  et  de  l’hiver  entier  a été  celle  du  4.  Le 
thermomètre  est  descendu  à 9». 5 dixièmes 
au-dessous  de  zéro;  et  la  journée  la  plus 
chaude  du  mois  a été  celle  du  30.  Il  y a eu 
10»  au-dessus  de  zéro. 

Février.  — Le  thermomètre  a marqué 
2»  au-dessous  de  zéro  dans  la  nuit  du  20. 
Ce  fut  la  seule  gelée  pendant  ce  mois.  Il  y a 
eu  plusieurs  journées  pendant  lesquelles  le 


232 


SUR  L’ACCLIMATATION  DES  VÉGÉTAUX.  - II. 


thermomètre  est  monté  à 12»  au-dessus  de 
zéro. 

Mars.  — Pendant  la  nuit  dule>-,  le  ther- 
momètre est  descendu  à zéro  pour  la  der- 
nière fois  de  l’hiver.  Il  y a eu  dans  ce  mois 
plusieurs  journées  à 16  degrés  de  chaleur. 

Hiver  de  186â-1865. 

Décembre  1864.  — Une  petite  gelée 
blanche  s’était  déjà  montrée  le  25  novembre, 
mais  ce  n’est  que  dans  la  nuit  du  dé- 
cembre que  le  thermomètre  est  descendu  à 
zéro  pour  la  première  fois  ; dans  la  nuit  du 
du  31 , il  y a eu  3«  au-dessous  de  zéro.  Plu- 
sieurs journées,  pendant  ce  mois,  à 13®  au- 
dessus  de  zéro. 

Janvier  1865.  — Le  thermomètre  a mar- 
qué 3®  au-dessous  de  zéro  pendant  la  nuit 
du  19;  pendant  celle  du  28,  par  un  vent  du 
sud,  il  s’est  élevé  à \¥  au-dessus  de  zéro, 
le  vent  ayant  tourné  au  nord  dans  la  matinée 
suivante,  il  ne  marquait  plus  que  au- 
dessus  de  zéro  au  milieu  du  jour.  Plusieurs 
journées,  pendant  ce  mois,  àlb»  etl6«  de- 
grés de  chaleur. 

Février.  — La  nuit  la  plus  froide  a été 
celle  du  13.  Le  thermomètre  est  descendu 
à 7«  au-dessous  de  zéro  ; et  la  journée  la 
plus  chaude,  a été  celle  du  4,  il  y a eu 
17®  au-dessus  de  zéro. 

Mars.  — La  température  moyenne  de  ce 
mois  a été  plus  basse  que  celle  de  chacun 
des  trois  autres  mois  qui  l’ont  précédé,  bien 
que  le  thermomètre  se  soit  élevé  à I L^  pen- 
dant la  première  journée  et  qu’il  y ait  eu 
plusieurs  autres  journées  à 12®  au-dessus  de 
zéro.  Il  y a eu,  en  effet,  dans  ce  mois  dix- 
sept  nuits  de  gelées  dont  une  à 5®  depés. 

Expériences  positives.  — Les  végétaux 
étrangers,  dont  les  noms  suivent,  ont  été 
mis  en  pleine  terre  à exposition  décou- 
verte, au  printemps  de  1863,  savoir: 
Yucca  draconis , Veronica  Lindleynia  , 
Arancaria  brasiliensis,  Cupressus  cashnii- 
riensis,  Stillingia  sebifera,  Podocarpus 
coreana,  Podocarpus  andina,  Pittosporum 
sinensis  et  Andropogon  squarrostis.  Ont 
été  également  mis  en  pleine  terre  à la 
même  époque,  mais  à l’abri  d’un  mur  fai- 
sant face  au  midi  : Erable  du  Népaul,  Me- 
nispermum  laurifoliurn,  Phorniiuni  tenax, 
Citronnier  commun.  Dattier  cultivé.  Euca- 
lyptus globulus,  et  les  Cereus  Bomplandii, 
Napoleonis  et  rostratus.  La  p-lupart  de  ces 
espèces  étaient  représentées  par  quatre  ou 
cinq  individus.  Les  Araucaria  brasiliensis, 
Cupressus  caslimiriensis,  Stitingia  sebifera, 
les  deux  Podocarpus,  le  Pittosporum  sinen- 
sis et  V Andropogon  sguarrosus  ont  passé 
l’hiver  sans  avoir  été  endommagés,  et  ont 
résisté  par  conséquent  à un  froid  de 
9». 5 dixièmes  sans  abri  ; il  est  à remarquer 
que  V Andropogon  squarrosus,  qui  produit 
le  vétiver  du  commerce,  est  regardé  comme 


une  plante  de  serre  chaude  et  généralement 
cultivécommetel.  En  revanche,  \diVeronica 
Lindleyana  et  le  Yucca  draconis,  que  l’on 
dit  être  de  plein  air  dans  l’ouest  de  la 
France,  ont  péri  ici  à 7®  de  froid.  L’Erable  du 
Népaul,  \eSolanum  auricutatum,  le  Meni- 
spermuni  laurifolium  et  V Eucalyptus  glo- 
bulus, plantés  à 1 mètre  du  mur,  ont  perdu 
leurs  tiges;  mais  ils  ont  repoussé  avec  vi- 
gueur au  printemps  suivant;  les  Dattiers  ont 
résisté  moyennant  couverture  de  feuilles  et 
litière  sèche;  le  Citronnier,  appliqué  sur  le 
mur  en  forme  de  palmette,  a été  complète- 
ment garanti  par  un  simple  paillasson;  le 
Phormium  tenax  sans  couverture  a péri  à 
7o  de  froid,  et  les  trois  espèces  de  Cereus 
ont  eu  le  même  sort  ; ces  derniers  étaient 
appliqués  sur  la  muraille  et  soigneusement 
empaillés. 

Les  plantes  ci-dessous  mentionnées  ont 
été  livrées  à la  pleine  terre  à exposition  dé- 
couverte, au  printemps  de  1864,  pvoir  : 
Acacia  lophanta  et  ses  variétés,  Distachya 
ou  Neumanii,  Acacia  capensis.  Acacia  ca- 
venia.  Acacia  Ion gi folia  CJmmœrops  huniilis, 
Cliamœrops  excelsa,  Genista  canariensis, 
Genista  monosperma.  Ont  été  plantés  en 
même  temps,  mais  à l’abri  d’un  mur  au 
midi,  plusieurs  variétés  de  Cannes  à sucre, 
Cordia  amplifolia.  Opuntia  ficus  indica. 
Tous  les  Acacias  ont  supporté,  sans  en  être 
endommagés,  les  gelées  blanches,  les  froids 
à 2«  et  3«  et  le  verglas.  Les  Acacia  longifo- 
tia  et  capensis  ont  péri  à 5'’ de  froid,  et  les 
Lophanta  et  variétés  ont  été  endommagés; 
mais  ce  n’est  qu’à  7^  qu’ils  ont  péri  L’Acfl- 
cia  cavenia  a résisté  à ce  même  Iroid,  qui  a 
été  le  plus  fort  de  l’hiver,  sans  souffrir.  Les 
Chamœrops  humilis  et  excelsa  ont  égale- 
ment résisté  à ce  froid.  Le  Cordia  ampli- 
folia, qui  était  un  jeune  plant  d’un  an,  s’est 
élevé  à près  de  2 mètres  do  hauteur  dans  le 
cours  de  la  belle  saison;  il  s’est  ramifié  et  a 
fait  des  feuilles  de  0‘".30  de  largeur;  il  a été 
abrité,  à l’approche  des  froids,  d’une  cabane 
en  roseaux  et  paille  ouverte  seulement  en 
face  du  midi,  et  qui  a été  bourrée  de  feuil- 
les sèches  à la  première  apparence  de  gelée, 
cette  précaution  n’a  pas  empêché  la  plante 
de  périr  aussitôt  que  la  température^  de 
l’air  est  descendue  à 3'"  au-dessous  de  zéro. 
Nous  avons  de  plus  remarqué  que  cet  arbre 
passe  difficilement  Thiver  en  serre  froide  ou 
tempérée  à Nîmes.  Les  Cannes  à sucre  ont 
été  coupées  près  de  terre,  et  leurs  souches, 
couvertes  de  feuilles  sèches, ^ se  sont  bien 
conservées  et  ont  repoussé  vigoureusement 
au  printemps  s\x\\anl.  V Opuntia  ficus  in- 
dica (Figue  d’Inde  ou  de  Barbarie)  applique 
sur  le  inur,  a été  préservé  de  la  gelée  par 
un  paillasson.  Enfin  des  Pliylolacca  dioica 
(Bella  sombra),  qm,  à l’approche  des  Iroids, 
avaient  été  déplantés  puis  enlouis  dans  un 
tas  de  sable,  sous  un  hangar,  ont  été  remis 


233 


SUR  L’ACCLIMATATION 

en  place  en  mars  suivant;  mais  le  temps 
s’étant  inopinément  mis  au  froid,  ils  ont  dû 
subir  l’épreuve  des  dix-sept  nuits  de  gelées, 
dont  une  à 5®,  dont  je  viens  de  parler,  et  cela 
sans  en  avoir  été  gravement  endommagés. 
On  ne  peut  douter  que  ce  cas  de  rusticité 
des  Pliytolacca  dioïca  ne  soit  dû  à l’état  de 
végétation  latente  dans  lequel  ils  se  trou- 
vaient par  l’effet  de  la  déplanlation  et  de 
leur  long  séjour  dans  le  sable  qui  avait  ar- 
rêté tout  mouvement  de  sève;  car  il  me 
souvient  d’en  avoir  vu  en  Algérie  de  très- 
grands  qui  ont  été  fort  maltraités  par  des 
froids  moins  rigoureux. 

Les  végétaux  qui  ont  résisté  aux  froids 
de  l’hiver  18G3-1864,  avec  ou  sans  abris, 
ont,  comme  on  le  pense  bien,  résisté  dans 
les  mêmes  conditions  à‘  l’hiver  de  1864- 
1865,  qui  a été  moins  rigoureux.  h’Encalyp- 
fus  glohulus,  qui  avait  été  gelé  ras-terre  par 
9°  au-dessous  de  zéro  et  qui  avait  repoussé 
du  pied  une  tige  qui  s’est  élevée  à 3 mètres 
dans  le  cours  de  la  belle  saison,  a été  gelé 
ras-terre  sous  l’influence  de  — 7®.  "il  a 
encore  repoussé  du  collet,  mais  cette  fois 
la  tige  ri’a  atteint  qu’à  l'".60  de  hauteur. 

Il  est  très-probable  qu’il  ne  repoussera 
plus,  s’il  vient  à geler  pour  une  troisième 


DES  VÉGÉTAUX.  ~ II. 

fois.  A côté  de  cet  Eucalyptus,  s’en  trouve 
un  autre  de  même  espèce  et  de  même  âge, 
mais  qui  n’a  été  livré  à la  pleine  terre  qu’en 
mars  1864,  c’est-à-dire  un  an  plus  tard 
que  le  premier;  il  a supporté  sans  beaucoup 
souffrir  les  au-dessous  de  zéro  qui  ont  fait 
périr  la  lige  du  premier.  Celte  différence  de 
rusticité  entre  deux  individus  de  même  es- 
pèce, placés  à la  même  exposition  et  dans  le 
même  terrain,  s’explique  aisément  par  leur 
différence  de  vigueur  : le  premier  était  un 
drageon  vigoureux  et  plein  de  suc  qui  a été 
surpris  par  le  froid  en  pleine  sève,  et  le 
deuxième  était  un  plant  qui  avait  vécu  en 
pot  pendant  deux  ans,  dont  la  tige  était 
endurcie,  qui  n’a  poussé  que  faiblement 
pendant  l’été  et  qui  devait  d’autant  mieux 
résister  au  froid  qu’il  était  moins  en  sève. 
Ce  fait  ne  prouve  donc  rien  en  faveur  de 
l’idée  de  l’acclimatation  au  moyen  d’indivi- 
dus obtenus  rustiques  par  semis.  Je  suis,  du 
reste,  persuadé  que  cet  arbre,  qui  est  très- 
vigoureux  aujourd’hui  et  qui  a atteint  à 
4 mètres  de  hauteur  dans  le  cours  de  l’été 
dernier,  ne  résistera  pas  désormais  à un 
froid  de  — 7 degrés. 

A.  CulLLIER. 


EXPOSITION  HORTICOLE  INTERNATIONALE  DE  LONDRES. 


Les  grandes  fêtes  florales  de  Londres 
sont  terminées.  Tout  est  fané,  éteint  et 
détruit  en  partie,  de  ces  splendeurs  à grand 
peine  amassées.  Chacun  des  visiteurs  est 
rentré  chez  soi,  la  tête  pleine  des  souve- 
nirs charmants  que  lui  a fournis  cette  expo- 
sition jusqu’ici  sans  rivale. 

C’est  l’heure  oû  renaît  le  calme,  oû  la 
liberté  d’appréciation  et  l’impartialité  en- 
tière se  dégagent  plus  facilement  de  la 
plume  du  chroniqueur  de  ces  belles  choses, 
que  sous  l’entraînement  du  premier  examen. 
Comment  écrire  un  compte  ren  lu  fidèle 
sous  l’impression  des  mille  objets  qui  vous 
captivent  l’attention,  dans  ce  Londres  im- 
mense, plus  affairé,  plus  fiévreux  encore 
que  Paris!  Le  visiteur  est  ahuri  de  cette 
multiplicité  incroyable  d’affaires,  et  il  suit 
lui-même  au  grand  galop  le  courant  de  la 
vie,  sans  dire  gare  et  sans  compter.  Il  s’agit 
de  faire  le  plus  de  choses  possible  dans  le 
plus  court  délai.  La  fatigue  s’oublie,  l’attrait 
de  la  nouveauté  l’efface.  Il  faut  voir,  voir, 
voir  encore  ! Et  dans  des  circonstances  pa- 
reilles à celles  qui  viennent  de  se  passer, 
c’est  cent  fois  pis!  De  l’exposition  au 
congrès,  du  congrès  aux  banquets,  aux  soi- 
rées, aux  visites  de  parcs  célèbres  ; et  les 
notes  à prendre,  et  les  correspondances 
avec  le  pays  absent  ! Que  sais-je  encore? 

Il  faut  donc  être  rentré  chez  soi  pour 


bien  voir  et  se  reconnaître  dans  ce  dédale 
de  notes  prises  en  courant. 

J’ai  le  projet,  en  vous  entretenant  de  cette 
exposition,  de  passer  légèrement  sur  les 
objets  d’importance  secondaire.  Il  est 
assez  de  plantes  de  premier  ordre  pour  suf- 
fire aux  plus  difficiles,  et,  sous  peine  d’être 
un  catalogue  complet,  aussi  volumineux 
qu’une  année  de  la  Revue  horticole,  il  faut 
renoncer  à peindre  autre  chose  que  les 
splendeurs  de  la  fête. 

Aussi  bien,  que  vous  importe  que  mon- 
sieur tel  ou  tel  ait  obtenu  une  grappe  de 
Raisin  ou  une  Azalée  presque  aussi  belle 
que  celle  de  son  voisin?  L’intérêt  véritable, 
pour  le  lecteur  qui  n’a  pu  se  rendre  compte 
de  visu,  réside  dans  les  nouveautés  hors 
ligne,  dans  les  procédés  nouveaux  ou  per- 
fectionnés de  la  culture,  dans  toutes  les 
choses  qui  s’écartent  véritablement  du  com- 
mun et  ouvrent  à l’horticulture  un  horizon 
plus  étendu. 

I.  — L’Exposition. 

Tout  au  bout  de  Piccadilly  et  de  Bromp- 
ton-Road,  grandes  voies  qui  correspondent  à 
nos  Champs-Elysées  et  sont  le  chemin  de  la 
fashion,  des  élégances  de  la  grande  cité, 
vers  la  promenade  de  Ilyde  Park,  se  trou- 
vent les  jardins  de  Kensington,  propriété 


EXPOSITION  HORTICOLE  INTERNATIONALE  DE  LONDRES. 


23  i 

vraiment  princière  de  la  Société  royale 
d’horticulture  de  Londres. 

Nous  reparlerons  à son  heure  de  cette 
création  remarquable,  digne  d’une  grande 
nation  et  d’une  société  où  les  millions  abon- 
dent. 

Sur  cet  emplacement  choisi,  s’élevait  la 
tente  immense  qui  abritait  l’exposition.  Elle 
ne  couvrait  pas  moins  de  3 acres  et  demi 
de  superficie,  sans  compter  les  annexes, 
d’une  surface  à peu  près  égale.  Cette  tente, 
d’une  construction  très-simple,  peu  élé- 
gante et  couverte  de  toile  grise,  se  subdivi- 
sait en  trois  nefs  principales  et  une  qua- 
trième plus  petite  destinée  aux  Orchidées  et 
aux  nouveautés  de  serre  chaude.  Un  chauf- 
fage particulier  protégeait  toutes  ces  pré- 
cieuses raretés  contre  les  abaissements  noc- 
turnes de  la  température. 

En  entrant  sous  ce  grand  vaisseau,  dont 
l’accès  se  faisait  par  un  plateau  surélevé  et 
terminé  par  un  rocher  en  basalte  factice, 
la  première  impression  était  saisissante. 
Des  profusions  de  fleurs,  de  feuillages  bril- 
lants; par  milliers,  des  spécimens  de  plan- 
tes relativement  géantes  et  d’une  admirable 
culture;  toutes  ces  raretés  que  nous  ne 
connaissons  guère  qu’en  échantillons  minus- 
cules, et  qui  étaient  là-bas  des  arbres,  se 
pressaient  dans  un  mélange  délicieux. 

Mais  bientôt  une  sensation  d’uniformité 
dans  l’arrangement  vous  saisissait.  Tout 
cela,  bien  que  disposé  avec  grande  intelli- 
gence, était  confus.  Pas  d’aspect  d’ensem- 
ble, pas  un  beau  point  de  vue  ménagé  sur 
tes  côtés  brillants  et  lointains  de  l’exposi- 
tion, aucune  préoccupation  artistique  de 
l’effet  général  î 

La  vue  des  plantes  pour  elles-mêmes,  en 
détail,  pas  autre  chose. 

C’est  ici  le  lieu  d’expliquer  la  différence 
profonde  du  mode  de  disposition  des  expo- 
sitions anglaises  avec  celles  de  France. 

Chez  no\is,  étant  donné  un  certain  nom- 
bre de  plantes  destinées  à composer  une 
exposition,  on  n’a  pas  d’autre  préoccupa- 
tion que  d’en  composer  un  tout  qui  plaise  à 
l’œil,  d’en  faire  un  jardin  improvisé,^  le  plus 
agréable  possible.  Peu  importe  que  l’on  voie 
àl’aise  toutes  les  plantes  qui  le  composent, 
qu’on  puisse  les  étudier,  lire  leurs  noms, 
comprendre  le  secret  de  leur  culture.  Le 
jury  qui  les  doit  juger  suffit  à cette  tâche. 
Ce  qu’il  nous  faut,  c’est  captiver  tout  d’a- 
bord l’attention  du  promeneur  et  le  char- 
mer par  l’aspect  général.  Nous  savons  fort 
bien  que  presque  personne  ne  s’approchera 
des  plantes  pour  les  étudier  une  à une. 
C’est  un  spectacle  et  pas  autre  chose. 

Cette  préoccupation,  qui  domine  dans 
toutes  nos  expositions,  surtout  dans  cel- 
les de  province,  moins  riches  d’ordinaire 
en  raretés  que  celle  de  Paris,  nous  produit 
de  ravissants  jardins,  où  l’on  trouve  des  mas- 


sifs, des  pelouses,  des  corbeilles,  des  ro- 
chers et  des  ruisseaux  dessinés  et  meublés 
à merveille.  Mais  il  faut  avouer  qu’elle  est 
peu  favorable  au  développement  de  l’horti- 
culture. 

Les  Anglais,  eux,  font  toute  autre  cho- 
se. Ils  savent  cependant  ce  que  vaut  l’ar- 
rangement et  quel  moyen  d' attraction  et 
de  réclame  ce  serait  pour  leurs  cultures. 
Et  cependant  ils  n’hésitent  pas  : ils  veulent 
exposer  des  plantes  et  non  pas  un  jardin. 

Tout  doit  être  sacrifié  au  détail,  à la  spé- 
cialité. Qu’on  puisse  voir  leurs  produits 
sous  le  meilleur  aspect,  c’est  leur  seul 
souci.  Des  gradins  grossiers  rapprochent  de 
l’œil  de  l’observateur  les  petites  espèces. 
On  vous  placera  au  haut  d’une  perche  la 
plante  qui  veut  être  vue  par  dessous;  on 
penchera  sous  votre  rayon  visuel  celle  qui 
veut  être  vue  de  face  ; on  approche  de  vous 
cette  miniature  vivante,  on  éloigne  au  con- 
traire celle  dont  l’effet  repose  dans  l’ensem- 
ble. Tout  est  entendu  à merveille  au  point 
de  vue  personnel  de  chacun.  Pas  un  expo- 
sant n’est  sacrifié  à l’autre. 

Il  résulte  de  ceci  que  la  plupart  du  temps 
une  exposition  florale,  en  Angleterre,  res- 
semble aux  gradins  d’une  serre  marchande 
ou  à une  planche  de  potager  ! 

Mais,  pour  les  Anglais,  c’est  là  la  moindre 
affaire.  Ils  savent  bien  que  le  public  qui  les 
visitera,  ami  et  connaisseur,  appréciera  leur 
talent  et  leurs  richesses  végétales,  et  ils  ont 
la  sagesse  de  préférer  dix  amateurs  choisis 
à mille  flâneurs  indifférents. 

La  dernière  exposition  de  Kensington  a 
évidemment  été  disposée  suivant  cette  ins- 
piration. L’habile  directeur  du  parc  de  Bat- 
tersea,  M.  Gibson,  qui  est  en  Angleterre  un 
homme  de  beaucoup  de  goût  en  matière  de 
jardins,  a été  obligé  de  plier  son  dessin  aux 
préférences  traditionnelles  des  exposants. 
Voilà  l’explication  du  plan,  fort  élémen- 
taire comme  tracé,  mais  excellent  pour 
l’examen  des  plantes,  qui  a prévalu  à Ken- 
sington. 

Commençons  l’examen  par  les  Roses.  — 
La  Rose  est  une  de  nos  gloires  nationales. 
Toutes  ou  presque  toutes  les  variétés  actuel- 
lement cultivées  dans  les  jardins  de  l’Eu- 
rope, sont  nées  en  France  et  portent  des 
noms  français.  Il  est  fort  heureux  pour 
nous  que  nous  ayions  cette  consolation, 
car  il  faut  avouer  que  nos  voisins,  cette 
fois,  viennent  de  nous  faire  la  leçon. 
On  peut  dire  que  nous  avons  donné  des  ver- 
ges pour  nous  faire  fouetter. 

Il  y avait  là-has  une  demi-douzaine  de 
lots  de  Rosiers  fleuris  qui  ont  stupéfait  les 
rosiéristes  de  Paris,  de  la  Brie  et  d’Angers 
qui  se  trouvaient  à Londres.  Figurez-vous  des 
arbustes  francs  de  pied,  formant  des  pyra- 
mides de  1^.50  à mètres  de  hauteur  sur 
1 mètre  à U". 50  de  large,  littéralement 


235 


EXPOSITION  HORTICOLE  INTERNATIONALE  DE  LONDRES. 


constellés  crénormes  et  splendides  fleurs 
épanouies  à la  fois!  Tous  les  rameaux 
étaient  pourvus  de  fleurs  et  palissés,  ba- 
gueîfés  avec  un  soin  infini.  Une  fleur  ne 
dépassait  pas  l’autre.  On  ne  peut  pas  arriver 
plus  merveilleusement.  Il  faut  ajouter  que 
les  fleurs,  bien  qu’obtenues  sous  verre,  ne 
ressemblaient  en  rien  aux  Roses  décolorées 
de  nos  spécialistes  qui  forcent  la  Rose  ix 
Paris,  et  qui  cependant  ont  bien  du  talent. 
Elles  étaient  larges,  épanouies,  d’un  éclat  et 
d'un  ton  merveilleux. 

Les  prix  ont  été  chaudement  disputés 
entre  MM.  Charles  Turner,  de  Slougli,  et 
William  Paul,  de  Valtham  Cross.  — Ils  se 
sont  partagés  les  premiers  et  seconds  prix 
dans  six  concours  spéciaux  ouverts  pour  les 
Roses.  J’ai  surtout  remarqué,  parmi  le 
choix  considérable  de  belles  plantes  de  ces 
deux  vainqueurs,  de  superbes  pyramides  de 
Comtesse  de  Chabrillant,  The  President, 
Charles  Lefebvre,  Vicomtesse  Decazes,  Paul 
Ferras,  Anna  de  Diesbacb,  Charles  Lawson, 
Madame  Victor  Verdier,  Prince  Camille  de 
Rohan,  Souvenir  d’un  ami,  Raronne  Pré- 
vost, Victor  Verdier,  François  Lacharme, 
Madame  Roll.  Ces  variétés,  et  plusieurs  au- 
tres dont  je  n’ai  pas  le  loisir  de  citer  les 
noms,  se  prêtent  fort  bien  à cette  culture 
demi-bâtée  dont  je  viens  de  vous  indiquer 
de  si  beaux  exemples. 

Vers  le  milieu  de  la  nef  centrale,  s’éta- 
geaient les  Pelargoniums.  On  sait  que  depuis 
longtemps  nous  ne  devons  plus  rien  à l’An- 
gleterre pour  cette  culture.  Demandez  plu- 
tôt à MM.  Thibaut,  Malet,  Chauvière,  Lier- 
val  et  autres.  Ils  vous  feront  des  plantes  plus 
vite  et  tout  aussi  bien  que  nos  voisins  d’Ou- 
tre-Manche.  Et  surtout,  n’oublions  pas  que 
les  variétés  charmantes  et  innombrables 
qui  peuplent  aujourd’hui  nos  serras  sont 
d’origine  toute  française.  Le  Pélargonium 
à cinq  macules,  dit  Odier,  est  dû  à un  de 
nos  habiles  compatriotes.  De  lui  sont  sor- 
ties toutes  ces  formes  et  ces  couleurs  qui 
ont  si  bien  détrôné  les  anciens  Pelargo- 
niums fantaisies,  ce  que  les  Anglais  nom- 
ment tout  court  des  Fancies.  Cela  est  si 
vrai  que,  même  en  Angleterre,  le  temps  de 
cette  série  est  passé,  en  dépit  des  efforts  de 
MM.  Fraser,  Turner  et  Railey,  qui  nous  en 
ont  montré  des  spécimens  fort  bien  cul- 
tivés. 

Rendons  justice  cependant  à la  perfection 
de  culture  apportée  par  M.  Ch.  Turner  dans 
la  collection  de  20  Petargoniam  grandifto- 
rum  en  pots  qu’il  avait  exposés.  Rien  à dé- 
sirer de  mieux  fait,  de  plus  beau  comme 
éducation  et  santé.  J’engage  fortement  les 
amateurs  qui  ont  des  serres  assez  spacieu- 
ses à adopter  la  disposition  anglaise  pour 
leurs  Pelargoniums.  Elle  consiste  à favoriser 
la  végétation  au  premier  printemps,  par  une 
distribution  crescendo  d’engrais  composé  de 


sang  de  bœuf,  mélangé  à du  terreau  de 
feuilles  et  réduit  en  poussière.  Au  lieu  de 
tailler  les  pousses  qui  s’emportent,  on  les 
palipe  sur  une  légère  armature  circulaire 
en  fil  de^fer  qui  dépasse  les  bords  du  pot 
de  10,  15  ou  20  centimètres  et  sur  d’autres 
cercles  moins  grands  et  plus  élevés,  au  fur 
et  à mesure  qu’on  s’approche  du  centre. 
Cela  donne  une  forme  méplate,  hémisphéri- 
que qui  n’exclut  ni  la  légèreté,  ni  la  grâce, 
et  qui  est  très-favorable  à l’aspect  d’ensem- 
bje  de  la  floraison.  C’est  une  supériorité 
bien  connue  de  la  culture  des  Anglais;  ils 
emploient  cette  disposition  pour  tous  leurs 
Pelargoniums,  même  les  zonals.  Elle  ira 
rien  de  difficile,  et  nous  devrions  bien  mon- 
trer aux  londoniens,  l’année  prochaine, 
que  nuus  les  pouvons  battre  avec  leurs  pro- 
pres armes. 

Que  dire  des  Azalées  et  des  plantes  de 
serre  froide  qui  éblouissaient  les  regards! 
Les  merveilles  de  l’année  dernière  et  de 
la  précédente,  â Bruxelles  et  Amsterdam, 
ont  été  distancées  de  bien  loin.  C’est  une  des 
puissances  classiques  de  l’horticulture  an- 
glaise. Nous  ne  pouvons  espérer  de  sembla- 
ble succès  : il  faut  en  prendre  son  parti. 
Cela  tient  â plusieurs  causes.  Lg  première, 
la  principale,  est  le  sol  dans  lequel  on  les 
cultivé,  ce  loam  bienfaisant  que  notre  terre 
de  bruyère  ne  suffit  point  â remplacer. 
Les  plantes  trouvent  lâ  un  tel  élément  de 
prospérité  qu’on  les  voit  souvent  dépasser 
leurs  proportions  natales.  Combien  de  frêles 
arbustes  de  l’Australie,  de  bruyères  du  Cap 
de  Bonne-Espérance,  deviennent  ici  des  ar- 
bres couverts  de  fleurs  cent  fois  plus  abon- 
dantes et  plus  belles  que  sur  les  montagnes 
d’où  on  les  a apportées!  La  seconde  ré'side 
dans  l’eau  des  arrosements.  A mon  avis,  il 
n’est  pas  douteux  que,  dans  la  plupart  des 
régions  de  l’Angleterre,  les  eaux  sont  plus 
propres  que  les  nôtres  â dissoudre  les  prin- 
cipes assimilables  contenus  dans  le  loam. 
Cela  est  si  vrai,  que,  si  nous  achetons  en  An- 
gleterre une  plante  bien  portante  de  cette 
famille,  fût-elle  tout  fraîchement  rempotée, 
elle  mourra  infailliblement  en  peu  de  semai- 
nes, si  l’on  ne  se  hâte  de  secouer  toute  la 
terre  â l’arrivée  et  de  la  remplacer  par  de 
la  terre  de  bruyère.  D’oû  cela  viendrait-il, 
sinon  de  Finffuence  malfaisante  de  nos  eaux 
sur  les  racines? 

A presque  toutes  ces  plantes,  aux  Azalées 
surtout,  on  a imposé  en  Angleterre  la  forme 
pyramidale.  Elle  favorise  beaucoup  la  végé- 
tation par  l’équilibre  qu’elle  apporte'^  â 
toutes  les  parties  de  l’arbre  et  son  point 
d’appui  sur  les  lois  naturelles.  Je  la  pré- 
fère de  beaucoup  â la  forme  en  boule  sur- 
baissée que  l’on  donne  chez  nous  â la  plu- 
part des  plantes,  et  qui  est  aussi  laide 
qu’irrationnelle. 

Je  recommande  aux  amateurs,  parmi  cette 


EXPOSITION  HORTICOLE  INTERTATIONALE  DE  LONDRES 


avalanche  incomparable  de  plantes,  cultivées 
comme  on  ne  le  fait  pas  encore  chez  nous, 
hélas!  les  espèces  suivantes,  qui  m’ont  sur- 
tout frappé  d’admiration  : 

Boronia  pimmta,  Acrophyllum  venosmn, 
Br  ica  Cavendishii,  Erica  venlricosa  coccinea 
nilnor,  Aphelexis  macrantha  purpurea,  Pi- 
mclea  Hendersoni,  Phœnocoma  prolifei'‘a 
Barnesii,  Rhyncospermvm  jasminiflonmi, 
Hederoma  tulipifera,  Chorizema  cordata 
splendens,  GenetyUis  Hookeriana,  Ixora 
alba,  AlUmanda  grandiflora,  etc. 

Les  plantes  de  serre  tempérée  en  fort 
beaux  exemplaires  ne  le  cédaient  point  à 
celles-ci.  Il  convient  de  nommer  les  sui- 
vantes : \eslxoTa  de  MM.  Lee,  de  Hammers- 
mith,  et  leurs  MediniHa,  Adenandra^  Je- 
trateca;  les  Oxylobkim  arborescens,  char- 
mante Papilionacée;  les  Clerodendron 
Thomsonœ;  LeschenauUia , Coleonema,  Bo- 
ro7iia,  Allamanda  cathaidica,  Aotus  gra- 


cilimm  ^ Pleroma  elega^is,  que  sais-je  en- 
core ? 

A ces  conquêtes  enchanteresses  de  la 
culture,  devant  lesquelles  la  riche  et  froide 
description  doit  se  taire,  il  faut  appliquer 
les  noms  des  vainqueurs: MM.  Charles  Tur- 
ner et  Veitch,  pour  des  Azalées  monstrueu- 
ses, dont  plusieurs  formaient  des  pyrami- 
des compactes  de  2 ou  3 mètres  de  hauteur; 
pour  les  plantes  variées  de  serre  froide, 
M.  Baines,  jardinier  de  M.  Micholls,  de 
Summerfield,  Bowden;  M.  Peed,  de  Lower, 
Norwood;M.Lee,  de  Hammersmith , M.  Cole 
et  fils, de  Withington, Manchester;  MM.  Car- 
son,  Page,  etc. 

Le  nom  de  MM.  Veitch  s’attache  aussi  a 
un  magnifique  Bi^ownea  erecta,  et  celui  de 
M.  Williams  à un  Bhopala  Songhii  superbe, 
de  7 mètres  de  haut. 

E.  André. 


SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  D’HORTICULTURE. 


La  Société  centrale  d’horticulture  s’est 
réunie  en  Assemblée  générale,  le  24  mai 
dernier,  pour  examiner  un  projet  de  nou- 
veaux statuts, rédigé  par  son  conseil  d admi- 
nistration, à la  suite  de  demandes  émanées 
de  plusieurs  membres.  Ce  projet  a été  adop- 
té cà  l’unanimité.  Voici  les  principaux  points 
par  lesquels  les  nouveaux  statuts  diffèrent 
de  ceux  qui  avaient  été  édictés  au  moment 
de  la  formation  de  la  Société,  en  août  1855, 
lors  de  la  réunion  des  deux  Sociétés  d’hor- 
ticulture de  Paris  et  de  la  Seine  : 

loLa  Société  prend,  à dater  d’aujourd’hui, 
le  nom  de  Société  impériale  et  centrale  dlior- 
ticulture  de  france;  — Ce  complément  de 
titre,  qui  caractérise  bien  l’étendue  du  cer- 
cle d’action  de  la  compagnie,  a été  l’année 
dernière  également  ajouté  au  nom  de  la 
Société  centrale  d’agriculture. 

Les  membres  titulaires  payent  une 
cotisation  annuelle  de  20  fr.,  qui  peut  être 
également  acquittée  en  un  versement  de 
250  fr.  une  fois  donnés.  La  cotisation  est 
de  25  fr.  par  an  pour  les  dames  patroiiesses, 
qui  peuvent  aussi  se  libérer  par  un  même 
versement  de  250  fr.  — On  se  souvient  que, 
il  y a plus  de  deux  ans,  une  pioposition 
spéciale  avait  été  faite  par  le  conseil  d’ad- 
ministration de  la  Société,  pour  introduire 
dans  les  statuts  cette  disposition  de  la  pos- 
sibilité de  s’acquitter  des  colisations  annuel- 
les par  un  versement  unique.  Celle  propo- 
sition avait  alors  été  rejetée  par  l Assemblée 
générale  des  membres,  nous  ne  savons  trop 
pourquoi,  car  elle  nous  paraît  bonne  et 
libérale  et  ne  peut  entraîner  aucun  incon 
vénient,  comme  nous  l’avons  fait  ressortir 
au  moment  de  sa  discussion.  (N o\r \a. Bevue 


de  1864,  page  76.)  Nous  sommes  heureux 
de  la  voir  enfin  adoptée  en  principe. 

3«  Le  président,  le  premier  vice-prési- 
dent, le  secrétaire  général  et  le  secrétaire 
général  adjoint,  le  trésorier,  le  trésorier 
adjoint,  le  bibliothécaire  et  le  bibliothécaire 
adjoint,  sont  élus  pour  quatre  années  et  réé- 
ligibles. Les  quatre  vice-présidents  et  les 
quatre  secrétaires,  nommés  pour  deux  an- 
nées, sont  renouvelés  par  moitié  chaque 
année  et  non  rééligibles  avant  un  an. 
Tous  les  fonctionnaires  sans  exception  étaient 
jusqu’à  présent  soumis  à la  réélection  cha- 
que année.  L’expérience  a démontré  que  les 
changements  étaient  loin  d’être  aussi  fré- 
quents, et  que  presque  toujours  les  hauts 
fonctionnaires  étaient  réélus  plusieurs  an- 
nées de  suite.  La  limite  de  quatre  ans  don- 
née à leur  mandat  ne  fait  donc  que  concor- 
der avec  les  faits  démontrés  par  1 usage. 
Nous  devons  ajouter  que,  dans  le  cas  où  une 
vacance  surviendrait  dans  le  courant  de  1 an- 
née parmi  les  fonctionnaires  élus  pour  qucV 
tre  ans,  le  conseil  d’administration  peut  dé- 
cider qu’il  sera  pourvu  au  remplacement  du 
fonctionnaire  manquant  avant  la  séance  de 
la  fin  de  l’année. 

Toutes  les  autres  dispositions  des  statuts 
votés  le  24  mai  sont  textuellement,  ou  à 
peu  de  chose  près,  les  mêmes  que  celles 
des  statuts  primitifs. 

La  Société  s’est  occupée  également,  dans 
cette  séance,  de  ses  travaux  habituels.  I^s 
présentations  ont  été  assez  nombreuses.  En 
voici  la  liste  : 

M.  Chevalier  (de  Montreuil)  avait  ap- 
porté : Un  rameau  du  Pêcher  obtenu  par 

lui,  et  propagé  sous  le  nom  de  Belle  Impé- 


SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  D’IIORTICLLTIRE. 


237 


7iaJe.  Ce  rameau  n’a  pas  etc  taillé  et  a subi 
un  seul  piiicemeiitjen  juillet  18G5.  De  la  base 
du  pincement  ont  surgi  dix  Heurs,  qui  ont 
produit  dix  Pèches.  La  présentation  est  faite 
dans  le  but  de  prouver  la  vigueur  de  celte 
variété;  2»  Un  rameau  de  la  même  variété, 
traité  d’après  la  culture  de  Montreuil.  La 
taille  a eu  lieu  sur  deux  yeux  : il  s’est  pro- 
duit sur  la  coursonne  une  série  de  trois  bou- 
quets de  mai  qui  ont  donné  douze  Pêches,  ce 
qui  dénote  la  fertilité  de  la  variété;  Un 
autre  rameau  présentant  un  exemple  des 
effets  de  l’incision  longitudinale  sur  la  base 
même  de  l’œil  ; l’incision  a fait  développer 
un  bourgeon  qui  a fourni  une  branche  de 
remplacement  d’une  vigueur  convenable. 
C’est  une  preuve  à Pappui  de  l’efficacité  de 
la  méthode  de  M.  Rivière,  et  dont  le  pré- 
sentateur peut  montrer  dans  ses  cultures  un 
grand  nombre  d’exemples. 

Au  Comité  de  floriculture,  M.  Thibaut- 
Prudent  a présenté  un  Mimulus  rivulaiis, 
dans  lequel  le  calice  s’est  transformé  en 
corolle.  Cet  apport  lui  a valu  une  prime  de 
3e  classe.  Le  comité  a,  en  outre,  décerné 
une  prime  de  2®  classe  à M.  Joseph  Landry, 
pour  une  Azalée,  hybride  fixée  de  l’Azalée 
Alexandre  IL 

On  sait  combien  M.  Rivière,  jardinier  en 
chef  du  Luxembourg,  met  d’empressement 
à faire  part  à la  Société  des  remarques  qu’il 
enregistre  dans  sa  savante  pratique.  A cette 
séance,  il  montrait  un  Cypripedium  barba- 
lum  superbumy  originaire  du  Rrésil.  — La 
culture  de  cette  plante  est  très-difficile  en 
terre  chaude.  M.  Rivière  a placé  le  pied  en 
serre  tempérée,  de  mai  en  novembre,  puis 
il  l’a  remis  en  serre  chaude  où  il  a produit 
les  fleurs  dont  il  est  couvert.  Un  autre  Cy- 
pripediam  de  la  même  espèce,  laissé  en 

IIKVUË  DES  PUBUCAÏTOlXS  1 

Le  Gartenllora  nous  offre  sur  la  planche 
3i8  un  choix  de  belles  variétés  du  Phlox 
Drimimondi  et  du  Phlox  decussala.  Dans  le 
texte  qui  accompagne  ces  figures,  M.  Regel 
entre  dans  les  détails  du  traitement  qu’il 
convient  de  donner  à ces  belles  plantes.  La 
planche  479  est  également  consacrée  à une 
plante  indigène  sinon  très-commune  au 
moins  très-anciennement  connue  dans  nos 
jardins,  qui  se  trouve  en  France  en  état 
spontané  dans  les  hautes  montagnes  du 
Dauphiné,  c’est  le  Gentiana  ascleinadea  de 
Linné.  Outre  la  forme  type  de  cette  espèce 
à fleurs  uniformément  hleues,  le  journal 
allemand  représente  une  variété  à fleurs 
entièrement  blanches  et  une  autre  à fleurs 
striées  en  blanc  et  bleu. 

Itoceonia  (viacleja,  *R.  Br.)  cordata,  W.  var. 
japoifiiea,  BOUCHÉ,  pl.  480. 

Les  graines  de  cette  belle  variété  ont  été 


serre  tempérée,  a perdu  ses  feuilles,  mais  a 
conservé  ses  bulbes  intacts.  En  général, 
les  orchidées  du  Rrésil  et  du  Mexique  vien- 
draient bien  dans  une  serre  tempérée  où  la 
chaleur  ne  descendrait  jamais  au  dessous 
de  -j-  5 degrés.  En  présentant  ensuite  un 
régime  de  Dattier,  obtenu  à Cannes,  M.  Ri- 
vière annonce  un  fait  assez  curieux.  Le 
Chamœrops  excelsa  mâle  du  Luxembourg 
va  servir  à féconder  celui  du  Jardin  botani- 
que de  Rordeaux,  qui  n’a  que  des  fleurs  fe- 
melles. Souhaitons  une  nombreuse  progé- 
niture à ces  deux  enfants  des  zones  torrides, 
exilés  sous  nos  rudes  climats. 

M.  Rilliard,  pépiniériste  à Fontenay,  a 
déposé  sur  le  bureau  un  Tamarix  telrandra 
de  semis  , un  rameau  de  Spirœa  et  un 
Coronilla  emenis  , à fleurs  entièrement 
jaunes,  qui  lui  ont  valu  des  remercîments. 

Nos  lecteurs  n’ont  point  perdu  le  souve- 
nir de  la  note  de  M.  de  La  Roy  sur  le.  sys- 
tème de  pincement  des  feuilles  du  Pêcher, 
imaginé  par  M.  Crin,  de  Chartres.  (Voir  le 
no  Ju  jer  page  160.)  M.  Lepère,  de 
Montreuil,  conteste  qu’on  puisse  appliquer 
ce  traitement  à toutes  les  variétés  de  Pêchers. 
Des  essais  sont  faits  en  ce  moment  non-seu- 
lement sur  des  variétés  diverses  de  Pêchers, 
mais  encore  sur  toutes  les  espèces  d’arbres 
fruitiers  : Poiriers,  Pommiers,  Abricotiers, 
etc.  L’expérience  prononcera. 

M.  Duchartre  a fait  hommage  à la  Société 
de  son  nouvel  ouvrage,  intitulé  : Traité  élé- 
menlaire  de  botanique.  Nous  aurons  certai- 
nement occasion  de  revenir  sur  ce  livre, 
dans  lequel  le  savant  académicien  s’est  atta- 
ché à signaler  les  rapports  qui  existent  entre 
la  physiologie  végétale  et  la  culture.  Nous 
sommes  certains  d’y  trouver  une  source 
féconde  d’enseignements.  — a.  Ferlet. 

IRTICOLES  DE  E’ÉTRAlXGER. 

envoyées  au  jardin  botanique  de  Rerlin  par 
M.  Wichura,  qui,  en  1860,  faisait  partie  d’une 
expédition  prussienne  dans  l’extrême  Orient. 
M.  Wichura  l’avait  trouvé  à l’jétat  spontané 
au  Japon.  Elle  se  distingue  du  type  intro- 
duit dans  nos  jardins  depuis  très-long- 
temps par  sa  taille  bien  plus  élevée,  par  ses 
feuilles  plus  grandes,  profondément  divi- 
sées, et  par  le  coloris  plus  foncé  de  ses 
feuilles. 

si»lc3uleits,  H.  WendlAND,  pl.  481. 

Relie  Loganiacée  introduite  par  Wend- 
land  du  Guatemala.  Cette  espèce  se  distin- 
gue de  ses  congénères  par  le  duvet  qui  la 
couvre  et  par  ses  feuilles  supérieures  dis- 
posées au  nombre  de  quatre  en  verticilles. 
Les  grappes  florales  unilatérales  sortant 
des  aisselles  de  ces  feuilles  sont  composées 
de  longues  Heurs  tubuleuses  d’un  écarlate 
très-vif. 


REVUE  RES  PUBLICATIONS  HORTICOLES  DE  L’ÉTRANGER. 


238 

Jiutliiiriiim  Scherzerlammi,  Schott,  pl.  482. 

Belle  Aroidée  du  Guatemala,  découverte 
par  Scherzer.  Sou  introduction  est  due  à 
M.  Wendland  qui  l’a  récoltée  à Gosta-Rica. 
(’etle  plante,  à feuilles  lancéolées  pointues, 
mutes  radicales,  est  d’une  grande  beauté  à 
cause  de  sa  spathe  et  de  son  spadice,  d’un 
rouge  écarlate  très-vif. 

Kurybia  uUida,  HOOKER  fils,  var.  tien  ata, 
pl.  483. 

Composée  arborescente  de  la  Tasmanie,  à 
feuilles  alternes,  elliptiques,  pointues  lâche- 
ment dentelées,  couvertes  en  dessous  d’un 
duvet  soyeux.  Les  capitules  des  fleurs  sont 
disposés  en  corymbes  axilaires.  C’est  une 
belle  plante  d’orangerie.  Elle  a été  décrite 
aussi  sous  les  noms  A’Eimjbia  alpinci^  Lind- 
LEY,  Solidago  arborescens,  Forster,  et 
Sleiractis  arborescens,  de  Candolle. 

Oromovia  imlcliella,  RegeE,  pl.  484. 

Sous-arbrisseau,  appartenant  à la  famille 
des  Acanthacées.  Il  a été  introduit  d’Amé- 
rique par  M.  Linden,  sous  le  nom  de  Belo- 
pcrone  violacea;  mais  M.  Regel  a cru  devoir 
l’ériger  en  genre  particulier,  et  l’a  appelé 
Gromovia,  en  honneur  de  M.  Gromow, 
riche  amateur  qui  possède  un  des  plus 
beaux  jardins  de  Saint-Pétersbourg.  Les 
feuilles  sont  lancéolées-oblongues,  courte- 
ment  pétiolées;  les  jolies  fleurs  tubuleuses, 
d’un  beau  lilas  pâle,  sont  disposées  en  ca- 
pitules terminaux  très-serrés. 

liiliuui  aveuaceum,  Fischer,  pl.  485, 

Ce  Lis  compte,  parmi  les  plantes  les  plus 
intéressantes  que  le  Japon  nous  a fournies. 
Il  appartint  au  groupe  de  ce  genre  qui  est 
caractérisé  par  ses  feuilles  disposées  en 
verlicille  et  il  est  un  proche  parent  du 
Lilium  Martagon,  cette  belle  espèce  qui 
se  trouve  dans  les  bois  montagneux  de 
presque  toute  l’Europe.  Mais  le  Liliiun 
avenaceum  lui-même  a une  distribution 
géographique  assez  vaste,  car  on  le  trouve 
à l’état  spontané,  â partir  du  Kamtschatka, 
le  long  des  côtes  orientales  de  l’Asie,  jus- 
qu’en Mandchourie,  et  dans  l’archipel  japo- 
nais, ainsi  qu’â  Sachalin  et  sur  les  îles 
Kurdes.  M.  Regel  attribue  l’introduction 
tardive  de  cette  charmante  plante,  aux  fleurs 
d’un  rouge  écarlate,  â pétales  recourbés, 
disposés  de  1 â 12,  en  grappe  dressée,  â la 
difficulté  de  transporter  très-loin  les  bulbes. 
Comme  son  arrivée  en  Europe  est  â présent 
un  fait  accompli,  il  est  a espérer  que  ce 
beau  Lis  sera  bientôt  répandu  dans  nos  jar- 
dins. Les  feuilles  de  cette  espèce,  disposées 
en  verticille  autour  de  la  tige,  varient  entre 
la  forme  linéaire-lancéolée  et  elliptique 
allongée.  Outre  sa  beauté,  cette  plante  a 
encore  pour  elle  une  grande  rusticité. 


CardiaiiUe-a  Sii.rüU)  et  Z(JCG.\RIM. 

pl.  486. 

Le  genre  Cardiandra  appartient  â la  fa- 
mille des  llydrangées.  L’espèce  dont  il  est 
question  ici  a été  introduite  du  Japon  par 
Maxim ovicz.  La  plante  sauvage  se  distingue 
de  celle  qu’on  possède  dans  les  cultures 
par  ses  nombreuses  fleurs  stériles  et  par  le 
coloris  rougeâtre  des  fleurs.  Aussi,  dans  le 
Japon,  où  on  cultive  fréquemment  cet  ar- 
buste, il  offre  toujours  des  fleurs  blanches 
étant  cultivé.  A Saint-Pétersbourg,  on  est 
obligé  de  traiter  le  Cardiandra  alirrnifolia 
comme  plante  d’orangerie;  mais,  en  France, 
il  passera  facilement  l’hiver  en  pleine  terre 
lorsqu’on  aura  soin  de  le  couvrir  légèrement. 
Les  rameaux  périssent  pendant  l’hiver  pres- 
que jusqu’à  la  souche,  mais  ils  repoussent 
vigoureusement  au  printemps  suivant,  et,  au 
mois  de  juillet,  iis  se  couvrent  de  charmants 
corymbes  composés  de  fleurs  blanches  et 
supportés  par  les  extrémités  des  rameaux. 
Les  feuilles  oblongues-lancéolées,  pétiolées 
sont,  dans  la  plante  cultivée,  de  préférence 
opposées.  La  plante  sauvage  a encore  cela 
de  particulier  qu’elle  offre  presque  toujours 
des  feuilles  alternes. 

Euchresta  Japonica,  HoOKER  FILS,  pl.  487. 

L’introduction  de  celte  légumineuse  japo- 
naise est  aussi  due  à Maximovicz.  C’est  un 
sous-arbrisseau  qui  dans  sa  patrie  atteint 
0™.30  â 0‘".50.  Il  a été  trouvé  par  Oldham, 
près  de  Nangasaki,  et  Maximovicz  la  décou- 
vert dans  l’île  Kiusiu  (Japon),  sur  les  monts 
Naga  et  Hikosan,  dans  les  bois  riches  en 
terre  végétale.  Les  feuilles  longuement  pé- 
tiolées sont  ternées  â folioles  assez  grandes- 
ovales.  Les  grappes  de  fleurs  blanches  se 
développent  au  sommet  des  tiges  et  dans  les 
aiselles  des  feuilles  supérieures;  elles  s’é- 
panouissent en  juillet.  Les  fruits  sont  bien 
singuliers  ; ils  constituent  une  gousse  ovale- 
allongée,  non  déhiscente,  d’un  noir-brunâtre 
brillant.  On  multiplie  facilement  par  bouture 
VEuchresta  Japon  ica,  qui  n’a  pas  encore  mûri 
ses  graines  dans  la  culture. 

füeilla  ceriiiia,  Redouté,  pl.  488. 

Cette  fleur  printanière  n’est  point  une 
nouveauté  pour  nos  jardins;  néanmoins  elle 
mérite  d’être  cultivée  plus  souvent  qu’on 
ne  le  fait,  car  elle  produit  un  effet  fort  joli 
par  ses  fleurs  assez  grandes  d’un  bleu  d’azur. 
Elle  est  surtout  recommandable  comme 
fleur  de  bordures;  elle  n’exige  aucun  soin, 
passe  parfaitement  l’hiver  en  pleine  terre  et 
se  multiplie  spontanément  par  ses  nom- 
breux cayeux. 

Petasiies  ofüeinalis,  MoENCH,  et  :?IyoîioUs 
Hylvalica,  IIoFFMANN,  pl.  488. 

Plantes  indigènes,  assez  communes,  que 
M.  Regel  recommande  â la  culture.  La  der- 
nière surtout  nous  paraît  mériter  cette  re- 
commandation â un  haut  degré. 


KEVUE  DES  PJBLICATIONS  HORTICOLES  DE  L’ÉTRAISGER. 


ftpiraou  amuren^iis.  Maximowicz,  pl.  489. 

Espèce  découverte  par  Maximowicz  dans 
les  montagnes  Bureja  du  territoire  du  fleuve 
Amour.  Elle  est  voisine  du  Spiræa  opiili- 
folia,  Linné.  Les  feuilles  de  cet  arbrisseau, 
qui  forme  de  charmants  bosquets,  sont  tri- 
lobées ou  quinquelobées,  à lobes  ovales, 
pointues,  doublement  dentés  à leurs  bords. 
Les  feuilles,  d’un  vert  mat,  sont  glabres 
en  dessus,  couvertes  d’un  duvet  blanchâtre 
en  dessous.  Les  fleurs  blanches,  assez  gran- 
des, sont  disposées  en  corymbes. 

ito^iera  Planchon  et  Linden  pl  490 

fig.  1 et  2. 

Cette  rubiacée  a été  introduite  dans  l’é- 
tablissement de  M.  J.  Linden  par  M.  Ghies- 
breght,  qui  l’avait  trouvée  dans  les  monta- 
gnes de  Chiapas.  C’est  une  fort  belle  espèce, 
à feuilles  persistantes  ovales  pointues,  à 
fleurs  longuement  tubuleuses  roses.  Il  con- 
vient de  rhiverner  dans  une  serre  basse 
à une  température  de  8 à 10  degrés  centi- 
grades, et  pendant  l’été  on  la  place  en  pleine 
terre. 

Bambusa  aureo-striata  et  arg^enteo-striata. 

Regel,  pl.  490. 

Ces  deux  plantes,  qui  n’ont  point  encore 
fleuri  dans  les  cultures,  sont  très-remar- 
quables par  le  charmant  coloris  de  leur 
feuillage.  La  première  a des  feuilles  munies 
de  stries  plus  ou  moins  larges  d’un  beau 
jaune  vif;  parfois  ces  feuilles  sont  presque 
entièrement  jaunes,  d’autrefois  le  vert  y 
domine.  Le  Dambusa  aureo-striata,  qui 
atteint  une  hauteur  de  0^.40  à 0"‘.70,  a des 
feuilles  assez  larges,  lancéolées  ou’ovale- 
lancéolées,  tandis  que  le  Bambusa  argenteo- 
striata,  qui  offre  des  feuilles  à stries  blan- 
chesplus  étroites,  se  distingue  en  outré  par 
la  forme  lancéolée-linéaire  de  ses  feuilles. 
Toutes  les  deux  sont,  selon  Maximowicz,  qui 
les  a emportés  en  Europe,  très-estimées 
dans  les  jardins  japonais. 


Ai'cliKia  hoHortini,  MaximoWICZ,  pl.  491. 

Cette  Myrsinée  est  encore  une  introduc- 
tion japonaise  de  Maximowicz.  On  connaît 
cette  plante  dans  sa  patrie,  seulement  à l’é- 
tat cultivé,  et  elle  y offre  une  multitude  de 
variétés  ; elle  s’approche  assez  de  VArdisia 
crispa,  si  répandu  dans  les  jardins,  dont 
elle  diffère  cependant  par  ses  feuilles  plus 
étroites,  entières,  munies  au  bord  de 
points  saillants  qui  les  font  paraître  créne- 
lées. Il  est  probable  que  VArdisia  Jwrto- 
rum  a été  introduit  au  Japon  des  contrées 
chaudes  de  la  Chine.  Il  se  cultive  facilement 
en  serre  tempérée  où  il  développe  en  abon- 
dance pendant  l’été  ses  fleurs  rougeâtres  et 
se  garnit  pendant  l’hiver  de  ses  beaux  fruits 
écarlates. 

Krythrochæte  palmatifidii,  SiEDOLD  et 
ZUCCARINI,  pl.  492. 

Cette  composée  à feuillage  extrêmement 
ornemental,  constituant  jusqu’ici  la  seule 
espèce  de  son  genre,  a été  décrite  en  pre- 
mier lieu  par  MM.  Siebold  et  Zuccarini. 
C’est  encore  Maximovicz  qui  l’a  introduite 
dans  le  jardin  de  Saint-Pétersbourg,  d’où 
elle  a été  distribuée  en  partie  sous  son  vé- 
ritable nom,  en  partie  sous  celui  de  Poro- 
phyllum  Japonicum.  C’est  une  plante  vi- 
vace, très-vigoureuse,  haute  de  1 mètre  â 
I"^.40.  Le  sommet  de  la  tige  se  divise  en  3 
à 5 pédoncules  dont  chacun  porte  un  grand 
capitule  floral.  Les  feuilles  radicales  sont 
supportées  par  de  longs  pétioles  cylindri- 
ques qui  atteignent  plus  de  de  lon- 

gueur. La  feuille  elle-même  mesure  O*". 70 
et  au  delà  de  diamètre;  elle  est  divisée  en 
dmq  lobes  digités.  Les  demi-fleurons  de  la 
circonférence  du  capitule  floral  sont  d’un 
jaune  doré.  Cette  magnifique  plante  est  ab- 
solument rustique  et  ne  craint  nullement 
liiiver  du  climat  de  la  France. 

Groenland. 


REVUE  COMMERCIALE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JUIN) 


Les  chaleurs  qui  sont  survenues  ont  amené 
en  général  de  la  baisse  sur  les  prix  de  presque 
toutes  les  denrées  vendues  à la  halle  de  Paris; 
c’est,  du  reste,  ce  qui  arrive  généralement  à 
cette  époque  de  1 année,  excepté  pour  quelques 
gros  légumes  qui  souffrent  parfois  de  la  séche- 
resse. Voici  le  cours  de  la  mercuriale  du  10  juin 
Légumes  frais.  — Les  Carottes  pour  chevaux 
ont  valu  au  commencement  du  mois,  12  fr.  les 
100  bottes,  aujourd’hui  on  les  cote  de  15  à 
20  fr.;  c’est  encore  2 fr.  de  baisse  sur  le  prix 
de  notre  dernière  revue;  les  Carottes  nouvelles 
se  vendent  de  40  a 85  Ir.  les  lllO  bottes,  avec 
5 fr.  d’augmentation.  — LesPanais,quiva- 
hueul  (1(>  2i  à 32  fr.  se  paient  aujourd’hui  de 
2oà  50  tr.  ; c’est  la  denrée  dont  le  taux  a le 
plus  augmenté.  — Les  Navets  se  vendent  de  20 
à 30  fr.  les  100  bottes,  avec  20  fr.  de  baisse  en 
moyenne  depuis  quinze  jours.  — Les  Poireaux 
nouveaux  sont  an  prix  de  80  â 100  fr.  les  100 


bottes.  — Les  Choux  nouveaux  valent  de  10  à 
2o  fr.  le  100,  avec  3 fr.  de  baisse  sur  le  prix 
maximum.  — Du  1er  au  5 juin,  les  prix  des 
Choux-fleurs  de  Paris  est  diminué  de  plus  de 
moitié;  aujourd’hui  on  les  cote  en  moYenne  de 
15  à oO  fr.  le  100.  — Les  Oignons  nouveaux 
ont  haïsse^ de  5 fr.  par  100  bottes,  et  se  payent 
cote  les  Uadis  roses  de 
01.2o  à 0f.40  la  botte  au  lieu  de  0f.30  à 0f.50. 

— Les  Champignons  valent  toujours  de  0f05 

nr  ~ ^st  coté  de 

Of.lO  a Of.  15  la  botte.  — Les  Asperges  de  châs- 
sis ne  diminuent  pas;  on  les  vend  toujours  de 
l a 10  fr.^  la  botte;  elles  ont  même  monté  à 
lo  fr.  le  7 juin.  — Les  Haricots  verts,  au  con- 
lra"e  valent  nioUié  moins  qu’il  y a quinze 

nf'rn’’  AI-  oa‘*i  *0'"  vendus 

Ot.oJ  a 01.80  le  litre  avec  une  forte  diminution 

— ün  ne  cote  pas  encore  les  Pommes  de  terre 
nouvelles  a la  halle.  L’hectolitre  de  Hollande 


I 


REV€E  COMMERCIALE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JUIN). 


se  vend  toujours  de  (3  à 6f  .50,  et  celui  de  Pom- 
mes de  terre  jaunes  de  4 à 4f.50. 

Herbes  et  assaisonnements.  — Les  Epinards 
se  vendent  de  0f.20  à 0f.30  le  paquet,  avec 
Of.lO  de  baisse  sur  le  prix  maximum.  — L’O- 
seille a diminué  de  0f.20  par  paquet;  elle  est 
cotée  de  Of.lO  à Of.80.  — On  paye  le  Cerfeuil  de 
Of-15  à Of.55  la  botte,  c’est-à-dire  un  peu 
moins  qu’il  y a quinze  jours.  — Le  Persil  se  vend 
deOf.15  à0f.20;  il  valait  le  Icf  juin  de  0f.l5  à 
0f.30.  — L’Ail  ordinaire  est  coté  3 fr.  le  pa- 
quet de  25  bottes  en  hausse  de  1 fr. , mais  ce- 
lui de  belle  qualité  se  vend  4 fr.,  c’est-à-dire 
1 fr.  de  moins  qu’il  y a quinze  jours.  — L’E- 
chalotte,  vaut  de  Of.60  à 0f.80  la  botte,  avec 
0f.l5  de  hausse  en  moyenne.  -7-  L’Estragon  a 
diminué  de  prix  ; il  vaut  de  0f.20  à 0f.40  la 
botte.  — Les  autres  denrées  de  cette  catégorie 
ont  conservé  leurs  prix  comme  il  suit  ; Cibou- 
les, 0f.l5à  0f.20;  Thym,  Of.lO  à 0f.20;  .Appé- 
tits, Of.lO  à0f.l5;  Pimprenelle,  Of.lO  à 0f.20 
la  botte. 

Salades.  — Les  bottes  de  4 têtes  de  Romaine 
est  cotée  de  0f.20  à 0f.50  avec  Of.lO  de  baisse 
depuis  quinze  jours.  — La  Laitue  se  paye  de  3 
à 8 fr.  au  lieu  de  4 à 10  fr.  le  100.  — Il  y avait 
encore,  au  commencement  du  mois,  des  Pissen- 
lits au  prix  de  Of.lO  à 0f.20  le  kilogr.;  on  n’en 
voit  plus  aujourd’hui.  — Le  Cresson  ordinaire 
a beaucoup  diminué  de  prix  ; on  le  cote  de 
0f.04  à Of.22  la  botte  de  12  petites  bottes.  — 
La  Chicorée  frisée  vaut  de  6 à 14  fr.  le  100 
avec  4 fr.  de  baisse  sur  le  prix  minimum. 

Fruits  frais.  — Le  Chasselas  do  serre  est 
un  peu  diminué  ; mais  il  se  vendait  encore  de 
5 à 12  fr.  le  kilogr  il  y a 8 jours.  — Les  Frai- 
ses valent  de  lf.50  à 3 fr.  le  panier,  sans  baisse 
sensible  depuis  notre  dernière  revue.  — Les 
Cerises  sont  cotées  de  1 fr.  à lf.20  le  kilo- 
gramme. 

A la  halle  de  Bordeaux,  on  cote  les  fruits 
CQuime  il  suit  : 

Fraises  (grosses),  lf.50  le  panier,  ou  1 fr.  le 
lâl.;  — (petites),  lf.40  le  panier.  — Cerises 
(Reine-Ilorlense),  40  fr  leslOOkil.-—  Bigar- 
reau, 50  fr.  dilo.  — Cerises  de  choix,  30  fr. 
dito;  — dito  communes,  IG  fr.  dito.  — Guines 
noiies,  30  fr.  dito.  — Guines  roses,  30  fr.^  dito. 

— Framboises,  lf.50  le  kil,  — Abricots  (étran- 
gers), 150  fr.  les  100  kilog. 

Fleurs  et  arbustes  d'ornement.  — La  tempé- 
rature élevée  dont  nous  jouissons  en  ce  moment, 
étant  venue  avec  des  alternatives  de  pluies 
abondantes,  a été  on  ne  peut  plus  fauorables  à 
la  végétation.  Aussi  les  marchés  delà  première 
quinzaine  de  juin  ont-ils  été  très-beau,  celui  du 

9 juin  surtout.  Voici  un  aperçu  des  prix  des 
plantes  : 

Plantes  fleuries  en  pots.  — Pélargonium, 
lf.50  à 5 fr.  — Géranium  zonal  et  inquinans, 
Of.25  à lf.25.  — Gardénia,  2 à 2f.50.  — Fuch- 
sia, 0f.50  à 5 fr.  — Rosiers  remontants,  1 à 
2f.50.  — Rhododendrum,  2 à 5 fr.  — Kalmia, 
2 à 5 fr.  — Azalée,  2 à 5 fr.  Orangers,  2L50  à 

10  Ir.  — Citronniers,  lf.25  à 2 fr.  — Héliotro- 
pes, 0f.50  à lf.50.  — Verveines,  0f.50  à lf.50. 

— Réséda,  0f.50  à lf.25.  — Laurier  rose, 
2f.50  à 5 fr.  — Agroslis  élégant,,  1 à lf.50.  — 
Hortensia,  2 à 4 fr.  — Hoteia,  2 à 2f.50  — 
Deatzia  scabra,  Of.75  à 1 fr.  — Hégonia,  lf.50 
à 3 fr.  — Anthémis  frulcsccnt,  0f.50  à lf.50. 
Géranium  rosat,  Of.75  àl  fr.  — Véronique,  Of.75 


— Calcéolaire  ligneuse  jaune,  Of.75  à lf.50.  — 
Giroflées  Gocardeau  et  autres,  Of.GO  à Of.75.  — 
Nemophila,  0f.50  à Of.75.  — Adonide,  Of.25  à 
0f.50.  — Collinsia,  0f.50  à Of.75.  — Eschs- 
cboltzia,  0f.50  à Of.75.  — Pois  de  senteur, 
0f.40  à Of.75.  — Julienne  de  Malion,  0f.5J  à 
Of.75.  — Pétunia,  0f.30  à Of.75.  — Capucines, 
Of.25  à Of.75.  — Coronille,  0f.50  à 1 dr.  Pi- 
voine de  Chine,  1 à 2 fr.  — Pensées,  Of.25  à 
0f.50.  — Myosotis,  0f.30  à Of.25.  — Cactus  et 
Cactées,  0f.50  à 2f.50.  — Cierges  chenilles, 
lf.25  à2f.50.  — Phyllocactus,  lf.50  à 3 fr,  — 
(Filets  Flon,  0f.50  à Of.75.  — Œillets  remon- 
tants, 1 fr.  à lf.50.  — Clématites,  lf.50  à 3 fr. 

— Pittosporum,  lf.50  à 3 fr.  — Metrosideros, 
lf.50  à 3 fr.  — Cuphea,  0f.50  à lf.50.  — Erica 
(Bruyères),  Of.59  à 2fr.  — Datura,  lf.50  à 2fr. 

— Phlox  Drummondi,  0f.50  à Of.75.  — Visca- 
ria,  0f.50  à Of.75. — Gypsophila,  0f.50  à Of.75. 

— Cynoglosse  à feuille  de  Lin,  à 0f.50  à Of.75. 

— Coleus,  Of.75  à lf.50.  — Cobœa,  0f.l5  à 
Of.25.  — Mimulus,  Of.25  à0f.50.  — Iris,  Of.40 
à Of.75.  — Rhodanthe,  Of.75  à lf.25.  — Ficoï- 
des,  Of.75  à lf.25.  — Pervenche  de  Madagascar, 
Of.GO  à 1 fr.  — Chrysanthème  à carène,  0f.50 
à Of.75.  — Aloës,  lf.50  à 5 fr.  — Agave,  lf.50 
à 10  fr.  — Echeveria,  0f.50  à Of.75.  — Géra- 
nium Lierre,  Of.75  à lf.50.  — Crassula  cordata, 
Of.75  à lf.50.  — Saxifrages,  Of.75  à lf.50.  — 
Billbergia,  3 àlO  fr. — Thlaspi  blanc  et  odorant, 
0f.50à0f.75. — Campanule,  0f.50  à 1 fr. — Digi- 
tale,0f.50  àl  fr. — Canna,üf.75à  lf.50.  — Jasmin 
blanc  et  jaune,  Of.75  à lf.25.  — Œillets  de  poète, 
0f.30à  0f.50.  — Primula,  lf.25à  2fr.  — Lantana, 
Of.75  à lf.50.  — Delphinium,  Of.75  à 1 fr.  — 
Mignardises,  Of.25  à Of.75.  — Agératum,  0f.50 
à Of.75.  — Musc,  Of.25  à 0f.50.  — Renoncule, 
0f.25à0f.50.  — Œillet  badin,  Of.50  à Of.75. 

— Filipendule,  0f.50  à Of.75.  — Erysimum, 
0f.50  à Of.75.  — Collonia,  0f.50  à Of.75.  — Oxa- 
lis  rose,  Of.75  à 1 fr.  — Chèvrefeuille,  1 fr.  à 
lf.25.  — Weigelia,  1 fr.  à lf.25.  — Lobelia 
Erinus,  0f.30  à Of.75.  — Bignonia  Jasninoïdes, 
lf.50  à 2 fr.  — Julienne  double  blanche,  Ju- 
lienne violette,  9f.50  à Of.75.  — Myrtes,  lf.50 
à Of.25.  — Grenadiers,  3 à 5 fr.  — Verveines 
Mahoneti,  0f.30  à 0f.50.  — Clarkia,  0f.50  à 
Of.75.  — Passiflora,  Of.75  à lf.50.  — Belle  de 
jour,  0f.50  à Of.75.—  Souci, Of.25  à 0f.50.—  Lin 
rouge,  Of.75  à 1 fr.  — Mufliers,  Of.25  à 0f.50. 

— Dahlias,  1 fr.  à 1f.50.  — Pentstemons,_0f.75 
à 1 fr.  — Pâquerette  mère  de  famille,  0f.20  à 
Of.oO.  — Campanula  speciosa,  Of.GO  à Of.75. — 
Boronia,  lf.25  à lf.50.  — Magnolia,  3 à 5 et 
10  fr.  — Vucca,  2f.50  à 5 et  10  fr.  — Dra- 
cœna,  3 à 15  fr.  — Phormium,  3 à 15  fr.  — 
Aspidistra,  2f.50  à 10  fr.  — Chamœrops,  8 à 
15  fr.  — Curculigo,  5 à 10  fr.  — Achyranthes, 
1 fr.  à lf.50.  — Fougères,  lf.50  à 3 fr.  — Iso- 
lepis,  0f.50  à Of.75.  — Lycopode,  0f.50  à Of.75. 

— Caladium,  2 à 5 fr.  — Arum  d’Ethiopie, 
Of.75  à lf.25.  — Ficus,  3 à 15  fr.  — Menthe 
panachée,  Of.75  à 1 fr.  — Basilic,  0f.20  à0f.40. 
— Rosiers  miss  Lawrence,  Of.25  à 0f.50.  — 
Delairea,  0f.50  à Of.75.  — Oervenche  pana- 
chée, 0f.T5  à lf,25.  — Cotylédon,  1 fr.  à, 
lf.25,  etc.,  etc. 

Les  plantes  en  bourriche  valent  en  général 
de  lf.50  à 3 fr.  la  hourriclu'e.  Elles  sont  très- 
nombreuses  en  ce  moment  sur  le  quai  aux 
Fleurs. 

A.  Ferlet. 


à 


CiiUONIQÜE  HORTICOLE  (DÉCXIÈME  QCINZAIXE  DE  JUIN) 

DuOlicalion  du  2®  volume  de  VAmaleur  des  jardins,  par  MM.  Decaisne  et  Naudiii.  — Les  auxiliaires  du 
jardinier.  — Un  oiseau  aide-jardinier.  — Ca'i>'08ne  et  j’-oeland.  — Dlanlaüous  des  arbres  fruitiers  sur 
les  bords  des  lignes  de  cbeniins  de  fer.  — Uavages  des  chenilles  dans  les  plantations  de  rruniers  du 
département  de  Lot-et-Uaronne.  — Emploi  du  minerai  de  la  soufrùre  d’Apt  pour  le  soufrage  de  la 
Vigne.  — Propriétés  fécondantes  de  ce  minerai.  — Floraison  du  Palmier  de  Ubineau  jardin  du  Luxem- 
Ijourg.  — Floraison  du  DenHia  exenala  flore  pleno.  — Exposition  de  la  Société  d’horlicullure  de  l’Ailier. 

— Effet  de  la  température  sur  les  végétaux  : ]]i<ian(lia  caracassana,  Enjlhrina  Crisla  (Jalli,  Euealuplus. 

— Un  fait  excentiomiel  de  végétation.  — Le  Paoia  Californica.  — Développement  extraordinaire  du 
llaodiHsa  vendi  (ilauceseens.  — Fructilication  du  Pinus  sabiniana  au  Muséum.  — Floraison  de  VArundu 
consniciia.  — Le  pincement  Grin. 


Nous  commençons  celte  chronique 
rannouce  d’une  bonne  nouvelle  : la  mise 
en  vente  du  volume  de  V Amateur  des 
Jardins^  par  MM.  Decaisne  et  Naudin,  mem- 
bres de  rinstitul.  Cet  ouvrage,  attendu  depuis 
longtemps,  vient  enfin  de  paraître.  Le  noin 
des  auteurs  suffirait  pour  le  recommander,  si 
déjalel*^!’  volume  connu  et  apprécié  comme 
il  le  mérite,  n’était  une  garantie  de  la 
valeur  du  deuxième.  Nous*  nous  bornons  à 
annoncer  ce  livre,  laissant  à un  de  nos  col- 
laborateurs le  soin  d’en  rendre  compte. 

— Les  jardiniers  ont  souvent  d’utiles 
auxiliaires  dont  ils  ne  savent  pas  apprécier 
le  mérite.  Nous  citerons  notamment  un  oi- 
seau qu’on  pourrait  nommer  aule-jardinier, 
bien  que  cette  qualification  ne  soit  pas  ri- 
goureuse, car  l’oiseau  en  question  ne  manie 
ni  la  bêche,  ni  la  serpette,  et  les  services  qu’il 
nous  rend  n’ont  d’autre  mobile  que  son  in- 
térêt. N’est-ce  pas , du  reste , tà  peu  près 
le  seul  mobile  qui  fait  agir  tous  les  êdres? 
D’ailleurs,  cela  nous  importe  peu,  l’essentiel 
c’est  que  le  résultat  nous  soit  favorable,  L^oi- 
seau  dont  nousvoulons  parler,  toutle  monde 
le  connaît,  de  nom  du  moins,  c’est  la  cigo- 
gne. Jusqu’ici  on  a cru  qu’elle  ne  pourrait 
vivre  que  sous  un  climat  chaud,  dans  le 
Midi  par  exemple;  nous  avons  eu  la  preuve 
du  contraire  dans  un  voyage  que  nous  avons 
fait  récemment  à Angers,  à Marseille,  tà 
Nice,  etc.  En  passant  à Marseille,  nous  en 
avons  vu  une  dans  le  jardin  de  M.  Talabot. 
Ellese  promèneconstammentet  semble  faire 
la  police  des  plates-bandes.  Gare  aux  insectes, 
auxreptiles  et  aux  taupes  qui  se  trouvent  sur 
son  passage;  elle  ne  leur  fait  pas  de  quar- 
tier. Grâce  à son  très-long  et  fort  bec,  dont 
elle  se  sert  comme  d’une  pioche,  les  souris 
et  les  mulots  trouvent  en  elle  un  terrible 
ennemi,  et  leur  demeure  souterraine  ne  les 
met  pas  toujours  à l’abri  de  ses  recberches, 
car  elle  a le  llair  très-fin,  et  à l’aide  de  son 
bec-pioebe  elle  va  les  chercher  assez  avant 
dans  le  sol. 

Nous  avons  remarqué  un  fait  analogue  à 
.^igers,  chez  M.  A.  Leroy.'  Là,  ce  n’est  pas 
^ne,  mais  trois  cigognes  qui,  du  malin  au 
^ soir,  font  la  police  du  jardin.  Elles  ne  ren- 
Iront  jamais,  si  ce  n’est  l’hiver  lors  des 
grands  froids.  Dans  ce  cas,  elles  se  placent 


dans  des  endroits  abrités  pour  passer  la  nuit 
ou  pour  se  garantir  du  mauvais  temps.  Tant 
qu’elles  trouvent  à manger  dans  le  jardin, 
elles  n’en  demandent  pas,  mais  lorsque  par 
suite  des  grandes  sécheresses  ou  des  mau- 
vais temps  elles  ne  trouvent  plus  leur  nour- 
riture, elles  ne  manquent  pas  de  venir 
à la  cuisine,  où,  du  reste,  elles  reçoivent 
un  très-bon  accueil.  Leur  repas  pris,  elles 
s’en  vont  de  nouveau  remplir  leurs  fonc- 
tions. Un  fait  curieux,  c’est  de  les  voir 
accourir  à la  cuisine  lorsqu’on  apprête  du 
poisson,  dont  elles  sont  très-friandes;  quel- 
que éloignées  qu’elles  soient,  elles  viennent 
réclamer  leur  part,  qu’on  leur  accorde  tou- 
jours largement. 

Aux  trois  cigognes  se  joint  un  goéland,  ce 
qui  porte  à quatre  le  nombre  de  ces  sortes 
de  gardes-cbampêtres  emplumés,  qui  se  divi- 
sent presque  toujours  en  deux  bandes. 
Deux  des  cigognes,  un  lUcàle  et  une  femelle, 
vont  toujours  ensemble;  l’autre  cigogne 
n’est  jamais  seule,  le  goéland  ne  la  quitte 
pas  d’un  seul  instant;  la  nuit  même,  il  cou- 
che tout  près  d’elle. 

— • Depuis  longtemps  déjà  on  conseille  de 
planter  des  arbres  fruitiers  dans  les  ter- 
rains qui  bordent  les  chemins  de  fer.  Ce 
projet  a enfin  reçu  un  commencement  d’éxé- 
cution,  et  on  peut  voir  aujourd’hui  sur  la  li- 
gne du  chemin  de  fer  d’Orléans,  dans  diffé- 
rents endroits,  en  allant  d’Atbis  à Juvisy, 
des  plantations  de  Groseillers,  deCassissiers, 
désignés  et  même  d’arbres  à haute  tige,  tels 
que  Pruniers,  par  exemple.  Ges  plantations, 
très-bien  faites  et  très-bien  entretenues,  sont 
établies  dans  des  sillons  disposés  transver- 
salement à la  pente  du  terrain.  Si  toutes  les 
compagnies  appliquaient  ce  système  le  long 
des  voies  ferrées,  on  aurait  dans  quelques 
années  une  quantité  de  considérable  fruits 
qui  viendraientcontribuer  à ralimentation  et 
au  bien-être  des  populations.  Il  va  sans  dire 
que  les  arbres  devraient  varier  suivant  le 
pavs,  le  climat,  la  nature  du  sol,  l’exposi- 
tion, etc., etc.,  et,  sous  ce  rapport,  on  aurait 
à choisir  entre  les  Pommiers,  les  Poi- 
riers, les  Cerisiers,  les  Pruniers,  Abrico- 
tiers, Pêchers,  Amandiers,  Vignes,  Figuiers, 
Groseillers,  Framboisiers,  etc.,  etc.  Les 
compngnies  pourraient  vendre  ces  fruits, 
sur  pied,  à des  marchands  qui  se  charge- 


JlJ.LLET  1866. 


13. 


CHnOMQUE  llOUTICOLE  (DEI  XIÈME  QElNZAlî^E  DE  JUIN). 


âi“2 

rnient  de  les  faire  cueillir,  elles  trouveraient 
d’autant  inieu.v  à opérer  ce  placement  que 
ces  fruits, grâce  au  chemin  de  fer,  pourraient 
être  expédiés  facilement  dans  toutes  les  di- 
rections. 

— Les  chenilles  ont  été  tellement  abon- 
dantes l’année  dernière  que  cette  année-ci 
s’en  est  ressentie.  Partout,  en  effet,  où  l’on 
n’a  pas  suffisamment  échenillé  au  printemps, 
tous  les  arbres  ont  eu  leurs  feuilles  et  leurs 
bourgeons  complètement  dévorés.  Dans  le 
dernier  numéro  de  h Revue  horticole,  (page 
notre  collaborateur,  M.  André,  dépeint 
les  ravages  causés  par  ces  insectes  sur  les 
haies  qui  bordent  le  chemin  de  fer  de  Paris 
à Sceaux.  La  Revue  ugricole  et  horticole  de 
Lot-et-Garonne  nous  fait  connaître  des  dé- 
sastres autrement  grands  causés  par  les 
chenilles.  On  lit  dans  ce  recueil  ; 

« La  culture  du  Prunier,  qui,  sur  plu- 
sieurs points  du  département  de  Lot-et- 
Garonne,  constitue  une  des  principales 
sources  de  la  richesse  rurale,  est  éprouvée 
cette  année  d’une  façon  désastreuse. 
Les  chenilles  ont,  en  ce  moment,  dévoré 
les  feuilles  de  ces  arbres  précieux,  de  telle 
sorte  que  la  récolte  est  à peu  près  compro- 
mise dans  les  cantons  de  Castillonnès,  Mon- 
clar,  Lauzun,  Castelmoron,  Sainte-Livrade 
et  Villeneuve,  localités  qui  fournissent  la 
plus  belle  qualité  des  pruneaux  d’Agen  et 
qui  en  exportent  tous  les  ans  pour  une 
somme  de  plusieurs  millions.  y> 

Voilà  des  pertes  considérables  qu’on  au- 
rait pu  éviter,  sans  doute,  par  l’application 
de  la  loi  sur  l’échenillage.  Nous  apprenons 
avec  plaisir  que  M.  le  préfet  de  Lot-et- 
Garonne,  qui  a pu  apprécier  lui-méme  le 
dégât,  a pris  des  mesures  pour  qu’à  l’avenir 
un  fait  si  désastreux  ne  se  renouvelle  plus. 

' — Bien  que  jusqu’à  présent  on  n’ait  pas 
encore  parlé  de  roïdium,  il  est  bon  de  ne 
pas  s’endormir  et  de  se  mettre  en  garde 
contre  ce  tléau.  A ce  sujet,  nous  croyons 
devoir  faire  connaître  une  composition  qui, 
assure-t-on,  est  très-efficace.  Elleest  recom- 
mandée par  la  Revue  horticole  de  Marseille 
dans  les  termes  suivants  : 

(.(  Le  minerai  trituré  et  bluté  de  la  sou- 
frière d’Apt  a été  reconnu  par  un  grand 
nombre  de  praticiens,  de  Sociétés  et  Comi- 
ces d’agriculture  comme  réunissant  au 
bienfait  de  l’économie  les  qualités  néces- 
saires pour  obtenir  les  meilleurs  résultats 
pour  le  soufrage  des  végétaux  attaqués  par 
l’oïdium,  les  pucerons,  chenilles  et  crypto- 
games divers. 

((  Ce  minerai  possède  encore  d’excel- 
lentes propriétés  comme  amendement  pour 
faciliter  le  développement  de  la  végétation  et 
pour  procurer  à la  terre  une  fécondité  plus 
durahle  au  moyen  de  sa  gauge  gypso-cal- 
acirc.  C’est  en  remployant  au  pied  de  la 


plante  que  l’on  parvient,  parla  combinaison 
des  diverses  matières  (jui  le  composent  et 
en  forment  la  nature,  à détruire  les  divers 
parasites  internes  ou  subterranés  qui  s’atta- 
chent aux  racines.  Ce  soufre  natif  est  tri- 
turé et  bluté  sans  avoir  été  soumis  au  feu, 
de  sorte  qu’il  conserve  toute  sa  valeur  et 
l’action  que  la  nature  lui  a données.  » 

Bien  que  nous  ne  connaissions  pas  le 
produit  dont  il  s’agit,  nous  ne  craignons  pas 
d’en  recommander  l’emploi,  car,  dans  aucun 
cas,  il  ne  peut  être  nuisible  ; mais  il  serait 
bon  de  savoir  à quelles  doses  il  convient  de 
l’appliquer,  ainsi  que  le  prix  auquel  on  peut 
se  le  procurer,  de  manière  à se  rendre  bien 
compte  des  dépenses.  On  pourrait  obtenir 
tous  ces  renseignements  en  s’adressant  à 
MM.  Lajarrige  et  C*%  à Apt (Vaucluse). 

--Depuis quelquessemaines,  denombreux 
visiteurs  étaient  attirés  au  palais  du  Luxem  - 
bourg pour  admirer  un  Palmier  en  fleur; 
ce  Palmier,  originaire  de  la  Chine,  est  celui 
qu’on  nomme  Palmier  ci  chanvre ^ Palmier 
de  Chine  {ChamaTops  excelsa  ou  Cha- 
meerops  fortuneï).  Cette  espèce,  la  seule  peut- 
être  du  groupe  qui  soit  suffisamment  rusti- 
que pour  supporter  les  hivers  du  climat  de 
Paris  à l’aide  d’une  légère  couverture  seu- 
lement, est  doublement  ornementale  : elle 
l’est  par  ses  feuilles,  mais,  ce  qui  est  assez 
rare  chez  les  Palmiers,  c’est  qu’elle  l’est  éga- 
lement par  ses  fleurs.  Son  tronc  ou  stipe,  qui 
n’a  guère  moins  de  3 mètres  de  hauteur,  est 
terminé  par  une  belle  couronne  de  feuilles, 
au-dessous  desquelles  pendent  6 beaux  ré- 
gimes de  fleurs  d’un  beau  jaune-orangé. 
Comme  cette  espèce,  de  même  que  beau- 
coup d’autres  de  ce  groupe,  est  dioïque, 
c’est-à-dire  que  les  sexes  sont  placés  sur 
des  individus  différents  ; le  Palmier  du 
Luxembourg  étant  inâle,M.  Rivière  en  a ré- 
colté du  Pollen  et  eu  a envoyé  à différentes 
personnes  possédant  des  Palmiers  femel- 
les, qui  ont  également  fleuri,  afin  qu’elles 
puissent  en  féconder  les  fleurs.  C’est  ainsi 
qu’il  en  a adressé  à M.  le  comte  de  Sa- 
porta,  à Aix,  et  à M.  Durieu  de  Maison- 
neuve, directeurdu  jardin  botanique  de  Bor 
deaux.  On  peut  donc  espérer  que,  par  suite 
de  cet  échange,  on  récoltera  des  graines  et 
que  bientôt  on  pourra  multiplier  cette 
espèce  de  manière  à en  mettre  partout  où 
elle  aura  chance  de  prospérer. 

— Un  des  plus  jolis  arbustes  qu’on  puisse 
voir,  qui  est  en  fleurs  en  ce  moment,  et  dont 
la  Revue  horticole  publiera  prochainement 
une  figure,  est  le  Beutzia  crenala  flore 
pleno.  Originaire  du  Japon,  il  est  des  plus 
rustiques  et  ne  souffre  nullement  des  plus 
grands  froids.  A ces  mérites  vient  s’ajouter 
celui  de  la  nouveauté,  car  il  est  d'introduc- 
tion assez  récente.  Il  est  aussi  des  plus  vi- 
goureux et  tellement  florihond  que  sur  un 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIEME  QUINZAINE  DE  JUIN) 


rameau  nous  avons  compté  jusqu’à  50  bour- 
geons florifères  portant  chacun,  en  moyenne, 
25  fleurs,  ce  qui  fait  1,000  fleurs;  celles-ci 
sont  d’un  blanc  pur,  à pétales  externes  for- 
tement violacés  en  dehors. 

— La  température  exceptionnelle  de  l’iiiver 
dernier,  en  permettant  à certains  végétaux  de 
résister  en  plein  air  au  froid,  a démontré  la 
vérité  de  ce  que  plusieurs  fois  nous  avons 
dit  relativement  à la  nature  des  végétaux  : 
« que  certains  de  ceux  qui  sont  considérés 
comme  annuels  dans  quelques  climats  peu- 
vent  être  vivaces  dans  d’autres,  et  que  ce 
qui  est  sous-ligneux  ici  peut-être  ligneux 
sous  un  climat  plus  doux.  » La  lettre  sui- 
vante, que  M.  Gagnaire  à adressée  à la  Revue 
horticole,  en  fournit  une  nouvelle  preuve: 

« Grâce  à-la  douce  température  de  l’hiver 
dernier,  trois  plantes  ornementales  qui  or- 
dinairement perdent  leurs  tiges  jusqu’à  la 
racine  ou  ne  se  conservent  pas  en  plein  air 
sous  nos  climats,  se  sont  maintenues  cette 
année  dans  des  conditions  exceptionnelles  ; 
ces  trois  plantes  sont  les  suivantes  : 

((  WigandiaCaracassana.  Livré  à la  pleine 
terre  au  printemps  de  1865,  ses  tiges,  deve- 
nues ligneuses  à l’automne,  se  sont  mainle- 
nues  intactes  jusqu’à  une  hauteur  de  0">.50 
au-dessus  du  sol,  et  cela  sans  aucun  abri. 
Les  nouvelles  pousses  qui  se  sont  dévelop- 
pées ce  printemps,  en  quantités,  à la  base  de 
ces  tronçons  et  de  la  souche,  mesurent  en 
ce  moment  30  de  longueur. 

« Enjthrina  crista  galli  Les  tiges  de  cette 
charmante  plante  qui  habituellement  gèlent 
ici  jusqu’à  la  souche,  se  sont  également 
conservées  intactes  jusqu’à  une  hauteur  de 
0™.50  au-dessus  'du  sol  sans  aucun  abri. 
Elles  sont  littéralement  couvertes  en  ce 
moment  de  jeunes  pousses  ayant  atteint  plus 
de  0‘".70  de  longueur. 

« Plusieurs  exemplaires  (['Eucalyptus  glo- 
bulus  de  3 ou  4 mètres  de  hauteur,  préser- 
vés simplement  par  une  mince  couche  de 
paille  fixée  le  long  de  la  tige,  repoussent 
aussi  avec  vigueur.  » 

Les  végétaux  monocotylédonés,  ainsi 
qu’on  le  sait,  ne  donnent  que  très-rarement 
des  bourgeons  axillaires  sur  leur  tige,  et  à 
peu  près  jamais  sur  la  hampe  florale.  Un 
exemple,  le  seul  connu  peut-être,  vient  de 
se  montrer  sur  un  Tritoma.  Ce  hiit  s’est 
])roduit  chez  un  amateur  très-intelligent  et 
heureusement  très-observateur,  M.  J.'Sisley, 
de  Lyon,  l’un  des  collaborateurs  delà  Revue 
horticole.  Voici  comment  il  raconte  le  fait  : 

« Le  Tritoma  était  en  pot  dans  ma  petite 
serre  et  y a fleuri,  je  croi.^î,  en  janvier.  Pen- 
dant la  floraison,  il  est  apparu  un  petit 
bourgeon  sur  la  tige  florale,  à peu  près  à la 
moitié  de  sa  hauteur. 


Quand  ce  bourgeon  eut  pris  un  peu  d’ac- 
croissement, je  lis  à sa  base,  contre  la 
tige,  une  légère  incision  et  j’ajustai  un 
petit  pot  à marcotter  que  je  remplis  de  ter- 
reau. Quelques  jours  après,  la  tige  florale 
commença  à se  flétrir,  le  bourgeon  dévelop- 
pé restant  vert. 

((  Lorsque  la  lige  florale  fut  complète- 
ment flétrie,  j’en  détachai  la  marcotte,  qui 
avait  développé  quelques  petites  racines.  Je 
l’ai  mise  dans  un  autre  pot,  que  je  plaçai 
sous  cloche  dans  ma  serre  et  à l’ombre,  où 
je  la  laissai  pendant  quelques  jours  sans 
air,  puis  je  lui  en  donnai  graduellement 
de  manière  à l’y  habituer  complètement.  » 

Nous  remercions  bien  vivement  M.  Sis- 
ley  d’avoir  signalé  ce  fait  très -important 
au  point  de  vue  physiologique;  il  démontre 
une  fois  de  plus  l’identité  organique  de  tous 
les  parties  d’un  végétal,  et  semble  prouver 
que  dans  le  domaine  de  l’histoire  naturelle 
surtout,  aucune  règle  ne  peut  être  absolue. 

— Nous  appelons  de  nouveau  l’attention 
sur  le  Pavia  Californica' , qui  est  l’une  des 
plus  belles  plantes  du  genre.  Ses  fleurs,  qui 
répandent  une  odeur  agréable,  s’épanouis- 
sent à partir  du  commencement  de  juin  et 
se  succèdent  jusqu’à  la  fin  de  juillet.  Ses 
feuilles,  d’un  très-beau  vert,  au  lieu  de  tom- 
ber comme  celles  de  toutes  les  autres,  per- 
sistent jusqu’aux  gelées.  Nous  rappelons 
aux  lecteurs  que  l’administration  du  Mu- 
séum est  en  mesure  d’en  donner  à tous 
ceux  qui  lui  en  feront  la  demande. 

—Le  Bambusa  viridi  glaucescens,  dont  la 
Revue  horticole  a déjà  donné  la  figure,  est 
non-seulement  l’une  des  plus  belles  et 
des  plus  rustiques  du  genre,  elle  est 
aussi  l’une  des  plus  vigoureuses.  En  voici 
un  exemple  : Sur  une  forte  touffe  plantée 
en  pleine  terre  au  Muséum,  il  s’est  dé- 
veloppé plusieurs  jets  dont  l’un  a atteint 
dans  l’espace  d’environ  3 semaines,  3"’. 40 
de  hauteur  sur  près  de  0^.08  de  circonfé- 
rence. En  divisant  3'i^.40  par  21  jours,  on 
obtient  donc  un  peu  plus  de  0'”.16  de  crois- 
sance par  jour. 

— Le  PinusSabiniaua,  l’une  des  plusgran- 
des  et  des  plus  belles  espèces  de  Conifères 
Californiennes,  vient  de  montrer  des  cônes 
au  Muséum,  sur  des  arbres  âgés  d’environ 
24  ans.  Depuis  plus  de  10  ans,  ces  mêmes 
arbres  donnent  chaque  année  des  fleurs 
mâles,  mais  aucun,  jusqu’à  ce  jour,  n’avait 
encore  donné  de  fleurs  femelles. 

— VArando  conspicua,  qui,  disait-on" 
devait  tout  éclipser,  vient  enfin  de  fleurir 
d’une  manière  très -satisfaisante  chez 
MM.  Thibault  et  Keteleer,  horticulteurs,  rue 
de  Charonne,  où  nous  avons  pu  l’examiner. 

' Voir  lier,  hort.,  186i,  p.  383. 


2u  CilROISIQUE  HORTICOLE  (DE 

C’est  une  sorte  de  Gynérium  à panicules 
lâches  et  peu  fournies,  penchées  au  sommet 
d’une  hampe  arquée.  Elle  est  assez  llori- 
bonde.  L’avantage  qu’elle  présente,  c’est  de 
fleurir  deux  mois  au  moins  plus  tôt  que  le 
Gynérium..  Mais  elle  a le  tort  d’être  venue 
après  celui-ci  et  la  beauté  de  VArundo  cons- 
picua,  pâlit  et  disparaît  presque  devant  celle  . 
de  son  devancier,  le  Gynérium.  Il  ne  faut 
pourtant  pas  rejeter  cette  plante,  car  son 
port,  et  surtout  sa  floraison  hàtive^la  rendent 
propre  â l’ornement  des  gazons  pendant 
l’été,  alors  que  les  Gyneriums  ne  fleurissent 
pas  encore.  La  culture  et  la  multiplication 
sont  les  mêmes  que  celles  qu’on  applique 
aux  Gyneriums.  Elle  nous  a paru  un  peu 
moins  rustique  que  ces  derniers. 

— Depuisbien  longtemps  on  a parlé  du  pin- 
cement des  arbres  fruitiers:  c’était  d’abord 
le  pincement  simple,  qui  consistait  à enlever 
avec  le  pouce  et  l’index  l’extrémité  d un 
bourgeon  en  voie  de  développement.  Plus 
tard, "on  a parlé  du  pincement  court,  du  pin- 
cement réitéré  ou  continu,  sans  parfois  tou- 
jours se  bien  comprendre.  Plus  récemment 
encore,  on  s’est  occupé  du  pincement  Grin 
ou  pincement  des  feuilles',  et  un  de  nos  col- 
laborateurs, M.  de  La  Roy,  a décrit  dans  la 


BOUTURAGE 

La  multiplication  des  Œillets  se  fait  gé- 
néralement par  marcottes  et  par  boutures, 
l’our  les  variétés  rares,  on  préfère  le  mar- 
cottage ; ce  dernier  mode  est  assurément 
bon,  mais  il  est  long;  pourtant  il  a son  avan- 
tage, et  sa  réussite  est  à peu  près  certaine. 

Le  bouturage  des  Œillets,  tel  qu’on  le  pra- 
tique, peut  laisser  beaucoup  à désirer  par 
les  pertes  qu’on  éprouve  presque  toujours  ; 
l’amateur  qui  n’est  pas  initié  comme  le  pra- 
ticien qui  sait  choisir  et  placer  les  boutures 
dans  un  milieu  convenable,  éprouve  souvent 
des  pertes  sensibles. 

L’époque  du  bouturage  peut  varier  selon 
la  nature  de  l’Œillet  qu’on  veut  multiplier. 
Ainsi,  l’Œillet  des  fleuristes,  l’ŒAlletflamand 
et  d’autres  variétés  qui  ne  fleurissent  qu’une 
fois,  doivent  être  bouturés  avant  que  la 
plante  ne  soit  en  fleurs.  Lorsque  la  floraison 
de  l’Œillet  à lieu,  le  bois,  alors  sous- 
ligneux,  à déjà  atteint  un  certain  degré  de 
maturité  qui  contribue  pour  beaucoup  â la 
non-réussite,  et,  si  l’on  tarde  a faire  le  bou- 
turage jusqu’après  la  floraison,  la  reprise 
des  iDoutures  est  généralement  compromise. 
Un  fait  qui  n’est  pas  sans  importance  et 
dont  on  doit  tenir  compte,  c’est  que  plus  la 
bouture  est  détachée  de  bonne  heure  de  la 
plante-rnère,  plus  on  facilite  l’émission  de 
nouveaux  bourgeons  qui  ont  le  temps  de 


3XIÈME  (iUllSZAIXE  DE  JUIN). 

Revue  horticole  la  méthode  de  M.  Grin. 
Nous  avons  voulu  connaître  de  visu  le  sys- 
tème en  question;  nous  l’avons  vu  appliquer 
et  nous  pouvons  dire  à notre  tour,  qu’â  l’aide 
de  ce  pincement,  M.  Grin  obtient  sur  tous 
les  faux  bourgeons  de  Pêchers,  dès  la  pre- 
mière année  non-seulement  des  fruits,  mais 
toujours  un  et  même  le  plus  souvent  deux 
bons  yeux  à bois.  Aussi,  la  découverte  de  ce 
nouveau  mode  de  pincement  est,  à notre  avis, 
un  véritable  bienfait  pour  l’arboriculture. 

— La  Société  d’horticulture  de  l’Ailier 
fera  sa  13^  exposition  d’horticulture,  à 
Moulins,  les  12,  13,  U et  15  août  1866. 
Elle  admet  non-seulement  les  fleurs,  les 
fruits,  les  légumes,  etc.,  mais  encore  tous  les 
outils  et  instruments  qui  se  rapportent  à 
l’horticulture. 

Tous  les  horticulteurs,  tous  les  amateurs 
du  département,  sont  invités  â prendre  part 
à cette  exposition. 

Toute  personne  qui  voudra  exposer, 
devra,  avant  le  1«="  août,  au  plus  tard,  en 
donner  connaissance  à M.  Olivier,  secrétaire 
général,  en  lui  faisant  connaître  les  objets 
qu’elle  destine  à l’exposition. 

E.  A.  Carrière. 


DE  L’ŒILLET. 

prendre  leur  développement  normal  pour 
produire  des  fleurs  l’année  suivante,  et  con- 
courent puissamment  à la  conservation  de  la 
plante-mère  ; un  autre  avantage,  c’est  que  les 
boutures  faites  de  bonne  heure  sont  plus 
fortes  pour  passer  l’hiver. 

Combien  de  fois  n’a-t-on  pas  vu  un  Œil- 
let à qui  Ton  attachait  beaucoup  de  prix 
n’avoir  qu’un  ou  deux  bourgeons,  qui,  déta- 
chés tardivement  pour  multiplier,  ne  repre- 
naient pas  et  compromettaient  toujours  lavie 

de  laplante-mère,  qui  presque  toujours  aussi 
était  perdue?  Le  résultatesttout  autre  lors- 
qu’on détaclie  les  boutures  quand  la  plante 
est  dans  la  force  de  sa  végétation,  car  alors, 
l’émission  de  nouvelles  pousses  se  fait  faci- 
lement, ce  qui  ne  peut  avoir  lieu  lorsque  le 
bois  est  plus  dur. 

Il  n’en  est  pas  de  même  pour  l’Œillet  re- 
montant, et  cependant  on  peut  dire  qu’il 
rentre  dans  les  mêmes  conditions,  à quel- 
ques exceptions  près.  Si  on  tient  a lui  faire 
produire  beaucoup  de  boutures,  plus  on 
fera  la  section  sur  du  bois  tendre  et  non 
parvenu  à maturité,  plus  on  facilitera  la 
production  de  nouveaux  bourgeons.  Par  ce 
procédé,  et  en  tenant  la  plante  dans  un  mi- 
lieu oû  sa  végétation  n’éprouve  pas  d inter- 
ruption, si  elle  est  vigoureuse,  on  peut  en 
peu  de  temps  la  multiplier  indéfiniment. 


BOUTURAGE  DE  L’OEILLET. 


54S 


D’après  ce  système  de  bouturage  fait  pen- 
dant l’ascension  de  la  sève,  il  semble  qu’on 
doive  craindre  lapourriture  desboulures;  il 
n’en  est  rien,  tout  dépend  de  l’â-propos  et 
surtout  du  milieu  où  les  boutures  sont  i»la- 
cées,  milieu  qui  varie  selon  l’époque  de  l’aii- 
née. 

La  chaleur  étant  une  des  premières  con- 
ditions pour  réussir,  il  faut  préalablement 
mouiller  la  terre  où  on  est  disposé  à mettre 
les  pots  qui  contiennent  les  boutures;  puis 
placer  les  cloches  en  lesappuyant  pour  que 
l’évaporation  n’ait  pas  lieu;  en  opérant  ainsi 
la  veille  du  jour  où  on  doit  placer  lesboutu- 
res,  la  terre,  sous  la  cloche,  estassczressuyée 
pour  qu’on  puisse  enterrer  les  pots.  On 
place  ces  boutures  auprès  d’un  mur  h l’ex- 
position du  nord,  ou  mieux  d’une  palissade 
à claire-voie  qui  laisse  pénétrer  quelques 
rayons  de  soleil,  qui,  loin  de  nuire  à la 
plante,  en  facilitent  la  reprise,  rorientation 
doit  toujours  avoir  lieu  de  manière  à ce 
qu’elles  reçoivent  les  rayons  du  soleil  le  ma- 
lin et  le  soir;  l’ombre  permanente  et  continue 
sont  nuisibles  à ces  plantes  qui  ont  besoin  que 
l’humidité  condensée  sous  la  clocle  se  res- 
suie, car,  en  l’absence  du  soleil  et  avec  une 
ombre  permanente,  l’humidité  est  considé- 
rable, l’air  renfermé  sous  la  cloche  se  vicie 
et  occasionne  la  pourriture.  Dans  cette  cir- 
constance, il  faut  soulever  un  peu  la  cloche 
et  la  maintenir  dans  cette  position  pour  que 
I ’air  extérieur  vienne  renouveler  celui  qui  est 
placé  sous  la  cloche;  on  doit  baisser  celle-ci 
lorsqu’on  voit  le  soleil  reparaître  à l’horizon, 
ou  lors  que  les  boutures  commencent  à 
souffrir. 

Pour  les  boutures  qu’on  place  en  serre  et 
sous  cloche,  il  faut  procéder  comme  nous 
l’avons  dit  plus  haut,  en  leur  donnant  le 
plus  de  lumière  possible  et  en  évitant  qu’elles 
en  souffrent.  Sur  les  8 à 9 heures  du  matin, 
on  doit  leur  donner  de  l’ombre  avec  un 
papier  blanc,  celui  de  couleur  ffiisant  un 
ombre  mât  est  pernicieux  pour  les  plantes; 
on  retire  le  papier  aussitôt  que  le  soleil 
commence  à disparaître.  Si  l’on  opère  dans 
uiift  serre,  on  peut  blanchir  les  vitres  avec 
du  blanc  d’Espagne  délayé  avec  du  lait, 
ou  placer  sur  la  serre  des  claies  ou 
des  toiles  très-claires.  Dans  ces  conditions, 
les  boutures  nouvellement  faites  n’auront 
besoin  d’ombre  supplémentaire  que  pen- 
dant le  premiers  jours  et  au  moment  où  le 
soleil  est  le  plus  ardent. 

La  terre  qu’on  emploie  est  celle  de 

UN  VIEUX  LIVRE 

Abrégé  pour  les  arbres  uains,  par  J.  Laurent, 

notaire  de  Laon.  Edition  de  1G75. 

Je  viens  de  lire  un  petit  volume  intitulé  : 
Abrégé  pour  les  arbres  nains^  parj.  Lau- 


bruyère;  elle  doit  être  ni  trop  sèche,  ni  trop 
humide  ; à défaut  de  terre  de  bruyère,  on 
peut  se  servir  de  sable;  celui  qui  est  ferru- 
gineux est  préférable  au  sable  blanc. 

Le  point  précis  pour  couper  une  bouture 
d’Qi]illet  est  toujours  au-dessous  d’un  nœud 
et  le  plus  près  possible  de  celui-ci;  le  bois 
sous-ligneux  delà  bouture  doit  être  encore 
mou  bien  qu’ayant  un  certain  degré  de 
consistance  : trop  ligneux,  il  émet  difficile- 
ment des  racines  ; trop  mou,  il  est  sujet  à 
pourrir.  L’habitude  donne  le  point  précis  du 
nœud  sur  lequel  on  doit  faire  la  coupe. 

Lorsque  la  section  est  faite,  on  fend  le 
nœud  en  deux,  et  à un  centimètre  au-dessus 
de  lui,  puis  on  introduit  une  feuille  d’Œillet 
dans  la  fente  pour  la  tenir  écartée  ; on  coupe 
ce  qui  sort  de  la  feuille  en  dehors  de  la  fente, 
puis  après  avoir  coupé  les  feuilles  parla  moi- 
tié on  plante  les  boutures  dans  des  petits 
godets  de  0'«.03  à O'n.04  ou  dans  des  plus 
grands,  sur  un  seul  rang  à la  circonférence, 
de  manière  que  les  feuilles  ne  se  touchen 
pas  et  que  l’air  puisse  circuler  autour. 

En  opérant  dans  le  mois  de  juin  ou  aa 
commencement  de  juillet,  20  ou  25  jours 
après  l’opération  on  aura  des  boutures  qui 
commenceront  à s’enraciner;  au  bout  d’un 
mois  environ,  on  séparera  et  on  empotera 
celles  qui  auront  des  racines,  et  on  remettra 
en  pépinière  celles  qui  n’en  auront  pas  en 
leur  donnant  les  soins  indiqués. 

Une  chose  essentielle  qui  est  de  première 
importance  dans  la  multiplication  des  Œil- 
jets,  c’est  d’éviter  l’Iiumidité;  si  en  plantant 
les  boutures  on  s’aperçoit  que  la  terre  est 
un  peu  trop  fraîche,  on  doit  placer  les  bou- 
tures sous  cloches  sans  les  mouiller,  puis, 
quelques  jours  après,  lorsqu’on  voit  la  terre 
se  ressuyer,  on  enlève  la  cloche  et  on  mouille 
légèrement;  on  ne  replace  la  cloche  que 
lorsque  l’humidité  des  feuilles  a disparu. 
Si  la  terre  était  un  peu  trop  sèche  il  serait 
nécessaire  de  la  mouiller  ; pour  cela,  on 
tremperait  son  doigt  dans  un  vase  d’eau 
puis  on  l’appuierait  légèrement  sur  la 
terre  autour  de  la  bouture,  de  manière 
à ne  pas  mouiller  les  feuilles.  On  pour- 
jait  ensuite  placer  les  boutures  sous  clo- 
che.  ^ ^ 

A l’aide  de  ces  petits  soins,  en  apparence 
insignifiants,  on  est  à peu  près  certain  de 
mener  à bien  les  boutures  d’Œillets  et  de 
conserver  en  même  tenqis  les  pieds-mères. 

Qcettier. 


l’ARBORlCULTURE. 

rent,  notaire  de  Laon,  édit,  de  1675.  Il  m’a 
paru  intéressant  d’examiner  ce  qu’était  la 
science  arboricole  avant  l’apparition  des 
célèbres  Instructions  pour  les  jardins  frai- 


246 


UN  VIEUX  LIVRE  D’ARBORICULTURE. 


iiers  de  la  Qiiiiitinye.  Je  vais  donc  passer 
rapidement  en  revue  les  idées  émises  par 
l’auteur  de  Y Abrégé  pour  les  arbres  nains, 
idées  curieuses  à mon  avis,  ne  serait-ce 
qu’au  point  de  vue  de  l’histoire  de  l’arbo- 
riculture. Et  puis,  cette  étude  des  anciens 
auteurs,  n’est-elle  pas  le  seul  moyen  de  re- 
monter à la  source  de  certaines  pratiques, 
encore  en  usage  de  nos  jours  dans  la  cul- 
ture des  arbres  fruitiers;  de  suivre  leur 
marche  à travers  les  années  et  de  connaître 
les  transformations  que  leur  ont  fait  subir 
de  successifs  perfectionnements? 

En  1675,  les  livres  de  jardinage  étaient 
encore  le  fruit  de  longues  études  et  de  nom- 
breuses expériences  et  non  une  compila- 
tion plus  ou  moins  bien  réussie  de  travaux 
antérieurs.  J.  Laurent  qui  semble  avoir  fait 
du  jardinage  sou  occupation  favorite,  ne 
publie  son  livre  qu’après  trente  années  d’é- 
tudes suivies  sur  la  culture  des  arbres  frui- 
tiers, de  la  Yigne,  et  des  Melons,  des 
fleurs,  etc.,  etc.,  il  donne  ses  recettes 
« sans  rien  conserver  de  secret,  soit  pour 
la  taille  et  la  conduite  des  arbres,  soit  pour 
les  autres  matières  y contenues.  » 

La  Quintinye,  son  contemporain,  n’avait 
encore  rien  publié,  quand  parut  V Abrégé 
pour  les  arbres  nains;  il  répond  en  effet  à 
la  dédicace  que  lui  en  fait  l’auteur.  « Dans 
quelque  temps,  vous  verrez  les  marques  de 
mon  ignorance  en  ces  mêmes  matières.  » 
Faut-il  tailler  les  arbres  fruitiers?  Telle 
est  la  grande  question  non  encore  résolue 
de  nos  jours,  du  moins  en  est-il  qui  le 
pensent.  Certes,  au  premier  abord,  il  pa- 
raît difficile,  sans  la  taille  (et  par  taille  j’en- 
tends l’ensemble  des  opérations  qui  consti- 
tuent la  culture  des  arbres  fruitiers)  il 
paraît  difficile,  dis-je,  d’obtenir  régulière- 
ment chaque  année  sur  une  surface  de 
terrain  déterminée  une  quantité  suffisante 
de  beaux  et  bons  fruits. Mais  si  la  taille  pré- 
sente de  sérieux  avantages,  elle  a contre 
elle  de  nombreux  inconvénients  ; et,  pour 
quelques-uns,  le  plateau  qu’ils  occupent 
dans  la  balance  est  de  beaucoup  le  plus  lourd. 
Qu’en  pense  J.  Laurent,  notaire  à Laon? 

((  On  fait,  dit-il,  des  arbres  nains  pour 
avoir  des  fruits,  pour  en  avoir  de  très-beaux, 
pour  en  avoir  assurément,  parce  que  les 
grands  vents  n’ont  pas  de  prise  sur  eux.  » 
Seulement  la  principale  raison,  selon  lui, 
qui  certainement  a bien  sa  valeur,  mais 
qu’il  ne  devrait  pas  faire  passer  avant 
toutes  les  autres,  est  celle-ci  : « On  fait  des 
arbres  nains  pour  la  propreté,  la  gentillesse 
et  beauté  des  jardins,  plus  que  pour  toute 
autre  chose,  parce  que  les  grands  arbres  en 
plein  air  dtTigurent  les  jardins  à Heurs  et 
Otent  la  vue  de  leurs  parterres.  » 

J.' Laurent  admet  donc  la  taille,  et  même 
considère  la  ronduite  des  arbres  fruitiers 
comme  absolument  nécessaire.  Mais,  qu’on 


le  remarque  bien,  il  prend  toujours  pour 
modèle  la  végétation  naturelle  des  arbres 
livrés  à eux-mêmes.  Sa  méthode  atteint-elle 
le  but  proposé?  se  rapproche-t-elle  vrai- 
ment de  la  nature  et  présente-t-elle  des 
avantages  sérieux?  Ah!  ceci  est  une  autre 
question  que  je  ne  veux  point  aborder  ici. 
Je  désire,  avant  tout,  qu’on  sache  bien  que 
je  ne  viens  pas  défendre  les  procédés  de 
J.  Laurent.  Je  rapporte  ce  que  j’ai  trouvé 
de  plus  curieux  dans  son  livre,  en  me  per- 
m.ettant  quelques  réflexions,  mais  voilà 
tout. 

((  Il  faut,  dit-il,  tâcher  de  venir  à la  fin 
générale  de  tous  les  arbres,  qui  est  d’avoir 
des  fruits  le  plus  qu’on  peut.  Pour  y par- 
venir, à l’égard  des  arbres  nains,  il  faut  les 
gouverner  autant  qu’on  peut,  comme  l’on  fait 
desdits  grands  arbres.  » 

C’est  là  le  principe  qui  guide  toujours 
l’auteur  de  V Abrégé  pour  les  arbres  nains, 
aussi  proscrit-il  le  raccourcissement  des 
branches  latérales  des  arbres  taillés,  parce 
qu’on  ne  coupe  pas  les  rameaux  de  ceux 
en  plein  air  et  que,  « si  vous  raccourcissez 
et  arrestez  les  bouts  des  branches,  vous 
faites  nécessairement  crever  les  boutons  à 
fruits.  ))  L’auteur  ajoute  ce  qui  suit  au 
chapitre  consacré  spécialement  à la  taille 
des  arbres,  à propos  des  contre-espaliers, 
forme  qu’il  semble  adopter  de  préférence 
aux  autres.  « On  taille  la  branche  du  mi- 
lieu au  deuxième,  troisième  ou  quatrième 
œil,  et  cela  tous  les  ans  jusqu’à  ce  que  les 
contre-espaliers  ayent  la  hauteur  voulue, 
laissant  toujours  venir  des  branches  en 
forme  de  bras  étendus  à côté  de  nos  arbres, 
à commencer  dès  le  b.as  sans  les  tailler 
aucunement  par  les  bouts.  Le  moins  que 
vous  pourrez  tailler  à vos  dits  arbres  est  le 
meilleur.  » 

L’esprit  humain  est  naturellement  porté 
vers  les  extrêmes  et  sait  rarement  se  servir 
des  choses  sans  en  abuser.  c(  Eu  arboricul- 
ture, il  est  facile  de  suivre  pas  à pas  cette 
propension  à faire  plus  qu’on  ne  peut, 
propension  qui  fait  que  souvent  on  rend 
mauvaises,  en  les  exagérant,  des  méthodes 
de  taille  qui  sont  bonnes  quand  elles  sont 
employées  convenablement.  Après  tout,  ne 
sommes-nous  pas  dans  le  siècle  de  la  vapeur 
et  de  l’électricité;  et  ne  faut-il  pas  marcher 
toujours  de  plus  en  plus  vile,  quitte  à culbuter 
en  roule?  Si  on  fait  trop  de  chemin  en  avant, 
on  en  fait  aussi  trop  eu  arrière,  quand  l’in- 
succès oblige  à retourner  en  route , et  l’on 
passe  ensuite  d’un  excès  à un  autre  sans 
savoir  rester  dans  un  milieu  convenable. 
C’est  ce  qui  arrive  un  peu  mainlenant  au 
sujet  de  la  conduite  des  arbres  fruitiers. 
Les  méthodes  professées  actuellement  sont, 
il  faut  bien  le  dire,  une  suite  d’opérations 
arrivées  à la  limite  du  possible.  Pincements 
très-courts  et  très-répétés,  cbarpentes  de 


\ 

1:N  VlEllX  U VUE 

(leux  sortes,  ou  tourmentées  outre  mesure, 
ou  réduites  à leur  plus  simple  expression  ; 
plantations  rapprochées  à ce  point  (jiie  les 
arbres  ne  sont  plus  distants  (jue  de  Ü'".dO. 
.l'avoue  que  je  ne  vois  pas  le  moyen  d'aller 
' plus  loin. 

Il  en  résulte  que  certaines  personnes, 
fatiguées  des  tours  de  force  contre  nature 
exécutés  trop  souvent  dans  les  jardins  frui- 
tiers, demandent  non-seulement  le  retour 
à un  état  de  choses  moins  forcé,  mais  en- 
core veulent  que,  méconnaissant  les  avan- 
tages de  la  taille,  on  la  proscrive  entière- 
ment. C’est  hà,  je  crois,  un  autre  excès  dans 
lequel  il  importe  de  ne  pas  tomber.  Qu’on 
abandonne  les  tailles  et  les  formes  qui  n’ont 
d’autre  but  que  la  satisbiction  vaniteuse  de 
quelques  jardiniers,  rien  de  mieux  ; et  il 
est  à souhaiter  que  les  arbres  ne  soient  plus 
comme  il  arrive  trop  souvent,  réduits  .à 
I l’état  de  pauvres  soulfre-douleurs  épuisés 
avant  l’àge,  qui  donnent  quelques  rares 
; produits  et  meurent  tués  par  le  perfection- 

II  nement  des  méthodes  de  conduite  et  de 

culture.  Mais  que  par  une  juste  crainte  des 
inconvénients  d’une  culture  à toute  vapeur, 
si  je  puis  m’exprimer  ainsi,  on  nie  l’utilité 
g d’une  conduite  et  d’une  taille  raisonnable 
des  arbres  fruitiers,  c’est  là,  je  le  répète, 
tomber  dans  un  excès  en  voulant  en  éviter 
un  autre. 

Pardon  de  la  digression  un  peu  longue, 
je  reviens  à .1.  Laurent.  Passant  au  traite- 
ment des  branches  à fruits,  l’auteur  de 
V Abrégé  pour  la  taille  des  arbres  nains 
conseille  une  opération  que  je  viens  de  voir 
j exposée  tout  au  long,  et  fort  bien  du  reste, 

* dans  un  des  derniers  numéros  de  la  Revue. 

((  .l’avertis,  dit-il,  que  les  jets  qui  viennent 
dans  les  bouquets  des  Poires  et  des  Pom- 
mes doivent  être  arrestez  tout  près  d’où  ils 
sortent  dès  le  mois  de  may.  » 

Les  jours  passent,  l’été  arrive,  et  « une 
' seconde  taille  des  arbres  se  doit  faire  envi- 
ron la  saint  ,lean-Baptiste.  » Pourquoi  à 
' cette  époque?  ((  C’est  parce  qu’avant  ce 

\ temps,  les  arbres  poussent  en  très-grande 

abondance,  et,  si  vous  les  arrestiez,  ils  jette- 
raient de  tous  les  côtés  et  feraient  crever 
les  boutons  à fruits.  » On  enlève  complète- 
ment, d’après .1.  Laurent,  les  jets  inutiles; 
quant  à ceux  que  l’on  veut  conserver,  on  les 
taille  à deux  ou  trois  yeux.  Voilà  ce  que 


CULTURE  U L’AIR  LIBRE 

ET  DE  OUFLQUES  XYMPH.EAS  EXüT; 

La  Revue  horticole  a mentionné  l’année 
dernière  (1865,  p.  426)  la  floraison  un  peu 
maigre,  dans  le  département  de  l’Ailier, 
d’un  S et  U lit  biu  ni  sjteciosuni  tenu  en  ba- 
quet. 


’ARROlUClLTini:. 

j’ai  trouvé  de  plus  saillant  dans  la  comluile 
des  arbres;  je  passe  sous  silence  l’elfeuille- 
ment,  les  labours,  etc.,  pour  arriver  aux 
recommandations  de  ,1.  Laurent  touchant 
l’époque  convenable  pour  procéder  aux  di- 
verses opérations  de  la  taille. 

Suivant  V Abrégé  pour  les  arbres  nains, 
le  jour  de  la  lune  doit  toujours  guider  le 
jardinier.  Aussi  l’ablation  des  jets  sortis 
des  bouquets  de  Poires  ou  de  Pommes  doit  ' 
se  faire  en  mai,  « au  jour  de  la  pleine  lune, 
le  précédent  ou  le  suivant.  » Et  gardez- 
vous  bien  de  devancer  cette  époque  ou  de 
la  laiser  passer,  le  succès  de  l’opération 
serait  compromis.  La  Vigne  se  taille  « en 
pleine  lune  de  mars  pour  avoir  beaucoup  et 
de  beaux  raisins.  » Il  est  môme,  dit  ,1. 
Laurent,  des  vignerons  qui  taillent,  ((  juste- 
ment le  joui’  du  vendredi-saint,  parce  que 
ce  jour  tient  toujours  de  la  pleine  lune  de 
mars’ 

D’après  ce  qui  précède,  il  faut  donc  tou- 
jours tailler  en  pleine  lune;  du  reste,  en 
voici  la  raison  : ((  La  lune  estant  lors  dans 
sa  grande  force  sur  notre  hémisphère,  les 
arbres  en  ont  plus  de  sève,  laquelle  étant 
arrestée  par  la  taille,  demeure  en  eux  et 
contribue  à la  formation  et  production  de 
leurs  boutons  à fruits.  » 

La  Quintinye  a tout  l’air  de  traiter  ces  ^ 
préceptes  de  contes  de  bonnes  femmes.  Il 
dit  en  effet,  dans  son  ouvrage,  sur  les  jardins 
fruitiers  (tome  II,  page.S82):  « Nos  pauvres 
jardiniers  ne  peuvent  soutfrir  que  je  traite 
de  vision  et  peut-être  de  folie  un  usage  si 
vieux  et  si  pratiqué...  Semez,  plantez  en 
quelques  quartiers  de  la  lune  que  ce  soit, 
je  vous  réponds  d’un  succès  égal.  » Le 
sceptique  La  Quintinye  a fait  école,  et  la 
croyance  de  l’inlluence  du  quartier  de  la 
lune  sur  les  opérations  du  jardinage  est  de- 
venue le  lot  de  quelques  vieux  jardiniers 
incorrigibles.  Qui  a tort  de  ceux  qui  nient 
ou  de  ceux  qui  croient?  La  lune,  qui  à d’au- 
tres points  de  vue,  a tant  d’action  sur  notre 
globe,  en  a-t-elle  une  sur  le  mouve- 
ment de  la  sève  des  végétaux?  Question 
encore  obscure.  .lusqu'à  ce  que  la  science 
l’ait  éclaircie,  je  crois  plus  sage  de  se  gui- 
der sur  l’état  favorable  ou  nuisible  de  l’at- 
mosphère pour  les  opérations  du  jardinage, 
plutôt  que  sur  les  quartiers  de  la  lune. 

L.  Paszkiéwicz 


[J  NELUMBIUM  SPECIOSUM 

JES  DANS  I.E  CEA'TÜE  l'E  LA  FfiANCE. 

.le  cultive  depuis  longtemps  cette  belle 
plante,  à Lyon,  sous  une  latitude  un  peu  plus 

' Cette  croyance  existe  encore,  et  dernièrement 
j’entendais  dire  à nn  vigneron  qne  le  meilleur  mo- 
ment pour  tailler  la  vigne  était  la  semaine  s.-iinte. 


L 


as  CULTURE  A L’AIR  LIBRE  DU  NELUMBIUM  SPECIOSUM. 


chaude,  il  est  vrai  ; mais  elle  y fleurit  avec 
tant  de  facilité  et  de  profusion,  qu’elle 
pourrait  évidemment  prospérer  bien  au 
nord  de  ma  région.  Je  me  permets  donc  de 
donner  quelques  renseignements  puisés 
dans  ma  propre  expérience  sur  la  culture 
du  Nelumhiiim  speeiosum  à demeure,  en 
plein  air,  et  en  pleine  eau  dans  le  centre 
de  la  France;  j’y  joindrai  quelques  mot-s 
sur  un  essai  de  culture  à l’air  libre  de  plu- 
sieurs Nympbæas  exotiques. 

Le  Ndumbiam  speeiosum  est  une  plante 
vigoureuse,  se  développant  à l’égal  de  notre 
Nymphæa  blanc  indigène,  et  dont  la  vi- 
gueur se  pçoportionne  à l’espace  qu’on 
livre  à ses  racines;  cultivé  en  vases,  s’ils  ne 
ne  sont  de  dimensions  extraordinaires, 
cette  espèce,  ne  donnera  jamais  que  des 
plantes  chétives.  Il  faut  lui  consacrer  un 
bassin  qui,  au  nord  de  la  région  de  l’olivier, 
devra  être  chaudement  exposé  ; si  ce  bassin 
peut  recevoir  une  épaisseur  de  0”L50  de 
bonne  terre  franche,  recouverte  par  une 
couche  d’eau  de  0"M5,  on  aura  un  milieu 
parfait  pour  la  culture  du  Nelumbium 

La  plante  se  multiplie  par  graines,  ou  par 
tronçons  de  rhizomes  qu’il  faut  préférer; 
tous  les  grands  pépiniéristes  de  Marseille, 
de  Nîmes,  de  Montpellier,  fourniront  ces 
racines; 'un  peu  fortes,  elles  végéteront 
mieux. 

Plantez-les  dès  la  fin  d’avril,  dans  le  sol 
de  votre  bassin,  sous  une  mince  couche 
d^eau,  qui  pourra  être  portée  à une  épais- 
seur de  0"M5,  lorsque  la  végétation  sera 
bien  établie  ; abandonnez  à chacune  de  vos 
plantes  une  étendue  de  l«u50,  carrés,  pour 
son  futur  développement;  puis,  sans  vous 
en  occuper  davantage,  laissez -les  en  tête  à 
tête  avec  le  soleil. 

Après  quelques  jours,  apparaîtront  les 
premières  feuilles  reposant  sur  l’eau,  puis 
d’autres  étalées  bien  au-dessus,  ensuite 
émergeront  les  grandes  feuilles  hautes  de 
0"\-4Ô,  larges  de  0'^.30  k 0»l60,  peltées, 
vernissées,  sur  lesquelles  les  gouttes  d’eau 
perlent  comme  des  gouttes  de  mercure; 
enfin,  de  l’aiselle  de  ces  grandes  feuilles 
partiront  les  boutons  floraux  portés  chacun 
sur  une  hampe  grandissant  de  plus  d’un 
pouce  par  jour  de  soleil,  qui  s’épanouiront 
à 0"lG0  au-dessus  de  l’eau,  eontme  d’énor- 
mes tulipes  roses  ou  blanches,  laissant  voir 
entre  leurs  pétales  un  pistil  et  des  étamines 
d’or,  véritables  merveilles  de  la  création. 

Avant  la  fin  de  l’été,  tout  l’espace  livré 


à chaque  plante  aura  été  occupé  par  elle. 

Un  bassin  de  cinq  mètres  de  long  sur  deux  de 
large  aura  fourni  une  centaine  d’admira- 
bles fleurs  se  succédant  pendant  près  de 
deux  mois  ; elles  seront  remplacées  par  les 
fruits  de  forme  bizarre,  turbinés,  tronqués, 
percés  d’alvéoles  au  fond  desquelles  de- 
vraient mûrir  les  graines  à forme  et  à saveur 
de  noisette,  qui  nourrissaient,  dit-on,  les 
anciens  Égyptiens,  mais  qui,  je  dois  le  re- 
connaître, avortent  presque  toujours  dans 
mes  bassins. 

L’hiver  venu,  la  surface  de  l’eau  peut  se 
congeler  sans  inconvénient  pour  le  Nelum- 
bium, qui  ne  souffre  pas  tant  qu’il  reste 
une  couche  liquide  interposée  entre  la  glace 
et  lui;  mais  la  plante  serait  compromise  si 
la  gelée  descendait  jusqu’à  ses  racines. 

Il  est  facile  de  la  protéger,  en  ajoutant 
pendant  l’hiver  à la  hauteur  de  la  couche 
d’eau,  ou,  si  le  froid  devient  trop  rude,  en 
jetant  sur  le  bassin  quelques  planches  ou 
une  toile  qu’on  réchauffe  avec  un  peu  de 
paille  ou  de  fumier  ; les  grandes  gelées  pas- 
sées, on  rend  le  Nelumbium  à l’état  normal, 
et,  dès  avril,  on  verra  poindre  les  jeunes 
feuilles,  préludes  d’une  floraison  plus  riche 
encore/iue  celle  de  la  première  année. 

Encouragé  par  cette  culture  si  lacile  du 
Nelumbium,  je  voulus,  en  1864,  consacrer 
un  bassin  aux  Nympbæas  exotiques  cultivés 
dans  les  mêmes  conditions.  M.  Van-Houtte 
me  fournit  en  mai  les  Nympbæas  gigantea, 
hybrida,  Boucheana,  Mathieu,  Fintelman, 
Adèle,  InspecteurWendland,  sculifolia,  lo- 
tus, ruhra , Frédéric,  Devoniana , Louis 
Van-Houtte. 

De  ces  plantes,  les  six  premières  végétè- 
rent obscurément  au  fond  de  l’eau  sans  vou- 
loir se  développer  ; les  six  autres,  au  con- 
traire, me  donnèrent  dans  le  courant  de 
l’été  une  très-belle  floraison. 

Endécembre,leurbassin  fut  couvert  d’une 
couche  de  paille,  et  je  suis  certain  que  la 
gelée  ne  descendit  pas  jusqu’aux  racines  de 
mes  Nympbæas;  ils  ne  résistèrent  pas  ce- 
pendant, et  je  les  trouvai  tous  pourris  au 
printemps  suivant. 

Je  vais  essayer  de  nouveau  la  culture  de 
ces  plantes  en  y joignant  celle  du  ]\élum- 
bium  Juteum,  et,  si  j’obtiens  quelque  résul- 
tat intéressant,  je  me  ferai  un  plaisir  d’en 
informer  les  lecteurs  de  la  Bei  ue  horti- 
cole, 

A.  JOÂNNON, 

Membre  de  la  Sociélé  impériale 
(l’agricuUm’e  du  Rhône. 


WEIGELIA  HORTENSIS  NIVEA. 


En  1861,  M.  Carrière  décrivit  dans  ce 
recueil  (page  331),  une  nouvelle  variété  de 
Weiffdia  à laquelle  il  donna  la  qualification 
de  Weigelin  aibft.  Inutile  d’ajouter  que  cette 


recommandation  fut  parfaitement  accueillie 
par  le  public  horticole,  et  que,  avides  de 
nouveautés,  horticulteurs,  amateurs,  etc., 
s’empressèrent  d’acquérir  celle  merveille. 


WEIGELIA  HORTENSIS  NIYEA. 


249 


Mais  en  dépit  de  tout,  le  WeigcHa  de  18G1 , 
qui  se  vendait  bien  alors,  ne  produisit  que 
des  fleurs  blanc=rosé.  De  là,  déception  com- 
plète, espérances  déchues  de  toutes  parts; 
et  les  horticulteurs  de  1'«,  et  3*^  classe, 
qui  comptaient  sur  une  nouveauté,  ne  pou- 
vant tenir  leur  sérieux  en  face  de  ce  nou- 
veau Weigelia  qui  ne  valait  pas  l’espèce  pri- 
mitive, juraient  mais  un  peu  tard  qu’on  ne 
les  y prendrait  plus. 

Nous  n’avons  jamais  pu  comprendre  l’en- 
thousiasme qui  émane  de  ci,  de  là,  en  fa- 
veur des  nouveautés  ; mais  nous  comprenons 
aisément  que,  s’il  y a excès  de  zèle  d’une 
part,  très-souvent  cet  excès  peut  donner 
prise  à la  critique  de  la  part  du  public. 

On  en  jugera  par  le  fait  suivant  : 

Un  campagnard,  qui  n’avait  de  paysan  que 
son  costume,  visitant  dernièrement  l’ex- 
position horticole  de  Dergerac,  s’arrêta  stu- 
péfait devant  un  sujet  de  Ferdinanda  emi- 
nens.  a Ferdinanda  eminens,  dit  notre 
homme,  en  lisant  l’étiquette,  quel  drôle  de 
nom  ! Cela  n’est  pas  possible.  Pierre,  dit-il 
à son  voisin:  Co  seimblo  loti  soulel  gidey 
damn  nosto  porto.  » Langage  populaire  du 
pays,  qui  se  traduit  ainsi  : Ça  ressemble  au 
Soleil  (Helianihiis)  qui  est  devant  ma  porte, 
Quoi  qu’il  en  soit,  voici  que  grâce  aux  re  - 
cherches du  docteur  Sieboldt,  l’horticulture 


vient  enlin  d’étre  dotée  d’une  nouvelle  es- 
pèce de  Weigelia,  découverte  au  Japon  par 
ce  savant  botaniste,  mais  qui  à coup  sur  est 
réellement  à fleur  blanches. 

Le  Weigelia  horlenm  nivea,  est  un  ar- 
buste très-rustique  qui  supporte  bravement 
sous  notre  ciel  le  froid  des  hivers.  Ses  ra- 
meaux ne  diffèrent  que  peu  ou  presque  pas 
des  rameaux  du  Weigelia  irma;  ses  feuilles 
sont  larges,  fortement  nervées,  vert-jaunâtre. 
Ses  fleurs,  disposées  en  bouquet,  sont  réel- 
lement d’un  blanc  de  neige,  et  se  conservent 
dans  cet  état  jusqu’au  moment  de  leur  dé- 
floraison. 

La  floraison  du  Weigelia  hortensia  nirea 
s’effectue  fin  avril  ou  au  commencement  de 
mai  ; mais  au  mois  de  septembre  dernier, 
le  pied-mère  que  nous  avons  en  collec- 
tion nous  donna  une  seconde  floraison  digne 
de  la  première.  Si  ce  fait  se  renouvelle 
annuellement,  le  Wiegelia  horlensis  nirea 
n’en  aura  que  plus  de  mérite  aux  yeux  des 
amateurs. 

Indépendamment  de  ce  fait,  cet  élégant 
arbuste  sera  très-recherché  à cause  do  la 
gentillesse  et  de  la  coquetterie  de  ses  fleurs 
blanches,  ce  qui  lui  assure  déjà  une  place 
de  distinction  dans  tous  les  jardins  d’agré- 
ment, 

Cagnaire* 


CHOIX  DE  QUELQUES  \ AHIETÉS  DE  PÉLARGONIUMS. 


Par  suite  de  la  quantité  considérable  des 
variétés  de  Pélargoniums  qu’on  possède 
aujourd’hui,  il  est  difficile  à un  amateur 
qui  ne  peut  les  acheter  toutes  (et  il  en  est 
beaucoup  qui  se  trouvent  dans  ce  cas)  de 
se  fixer  et  de  prendre  ceux  qui  sont  les  plus 
méritants  ; je  crois  donc  être  utile  aux  ama- 
teurs en  leur  indiquant  un  certain  noinl)re 
des  plus  nouvelles  ou  des  plus  jolies. 

C’iioix  lie  queliiues  \ariêt«*s 

dites  fantaisies. 

Décision  (Turner),  pétale  supérieur  mar- 
ron, liseré  blanc,  les  inférieurs  pourpres  à 
centre  blanc. 

Edgar  (Turner),  marron  noir;  centre 
violacé. 

Eleanor  (Turner),  rose  pourpre,  à cen- 
tre blanc. 

Glotte  of  Silver  (Ilcnderson),  blanc 
d’argent,  maculé  rose  clair. 

Godfrey  (Turner),  pourpre  velouté; 
cœur  blanc. 

Lady  To4vers  (Turner),  rose  carmin; 
centre  blanc. 

Lucy  (Turner),  pétale  supérieur  carmin 
bordé  blanc;  les  inférieurs  blanc  maculé. 

Mis-in-her-teens  (Turner),  pétale  supé- 
rieur cramoisi  vif,  les  inférieurs  hlanc-car- 
miné. 


Mistriss  Ford  (Turner),  pétale  supérieur 
rose,  les  inférieurs  blanc  striés  rose. 

Mistriss  Reynolds  (Turner),  blanc  pur 
maculé,  rose  violacé. 

Choix  «le  I®éIîirftoniuiiis  à sraii«les  fleurs 

Variétés  obtenues  en  France. 

Augustine  Richard  (Duval),  roSe  carmi- 
né ; centre  blanc. 

Céline  Malet  (Malet),  rose  vif  à bord  et 
centre  blanc. 

Duchesse  de  Morny  (Malet),  rose  clair 
légèrement  maculé  ; centre  blanc. 

Egérie  (Malet),  blanc  et  lilas;  centre  strié 
pourpre. 

Général  Fleury  (Duval  ),  marron  carmin  ; 
centre  violacé. 

Gustave  Malet  (Malet),  marron  clair, 
macule  marron  noir. 

Jupiter  (Malet),  violet  pourpre  velouté; 
centre  blanc. 

Louise  Rouillard  (Malet),  rose  clair; 
maculé  marron. 

Madame  Alizet  (Duval),  rose  vif;  centre 
blanc. 

Madame  Rerger  (Duval),  rose,  maculé 
marron  sur  les  5 pétales. 

Madame  Rezaut  (Duval),  lilas  tendre,  à 
centre  blanc. 


250 


CHOIX  r>E  QCELUUES  VARIÉTÉS  DE  PÉLARGONll  MS. 


Madame  André  Dreux  (Duval),  lilas  pour- 
pre, à centre  blanc. 

Madame  Ch.  Keteleer  (Malel),  blanc  ma- 
culé de  rose  vif. 

Madame  Thibaut  (Malet),  rose  saumoné, 
bordé  blané. 

Maréchal  Vaillant  (Duval),  écarlate 
saumon,  maculé  marron. 

3Iarquis  de  Toulongeon  (Duval),  cerise 
carminé,  à centre  blanc. 

Marquise  de  la  Ferté  (Malet),  blanc  ma- 
culé rose  vif. 

Monsieur  Bouchardat  (Duval),  marron 
velouté,  à centre  violacé. 

Monsieur  Ch.  Binder  (Duval),  cerise  bril- 
lant; centre  nervé  pourpre. 

Monsieur  Dufov  (Malet),  pétale  supé- 
rieur marron  violacé,  les  inférieurs  sont 
striés  lilas. 

Monsieur  Rouillard  (Malet),  rose  ver- 
millon à centre  blanc. 

Rubens  (Duval),  rouge  orange  vif,  maculé 
marron. 

Victor  Lemoine  (Malet),  rose  carminé 
maculé  niarron  sur  les  5 pétales. 

ViCTORiNE  PiNGNARD  (Malet),  blanc  chair, 
maculé  carmin. 

Variétés  aiig-laises  {Nouveautés). 

Charles  Turner  (Hoyle),  rose  carmin, 
pétale  supérieur  maculé  marron. 


Lady  of  quality  (Iloyle),  pélale  supé- 
rieur marron  noir,  les"  inférieurs  rose  à 
centre  blanc. 

Marion  (Foster),  pétale  supérieur  car- 
min foncé,  les  inférieurs  rose  vif  à centre 
blanc. 

Progress  (Hoyle),  pétale  supérieur 
marron,  bordé  rose,  les  inférieurs  car- 
min. 

PuRPUREA  (Foster) , pétale  supérieur 
pourpre,  les  inférieurs  violet  clair. 

William  Hoyle  (Hoyle),  pétale  supé- 
rieur pourpre,  les  inférieurs  carminés. 

Il  va  sans  dire  que  les  variétés  que  je 
viens  d’indiquer  ne  sont  pas  les  seules  mé- 
ritantes; il  en  est  beaucoup  d’autres  qui  ne 
le  cèdent  guère  à celles-ci,  qui,  même  à 
certaines  personnes,  pourraient  paraître  pins 
belles;  la  question,  on  le  comprend,  est  dif- 
ficile à résoudre.  En  effet,  il  s’agit  ici  des 
goûts  et  des  couleurs,  et,  sur  ce  point,  on  ne 
peut  se  prononcer,  car  c’est  ici  ou  jamais  le 
cas  d’appliquer  le  dicton  : Des  goûts  et  des 
couleurs,  il  ne  faut  pas  disputer. 

Prochainement,  et  afin  de  compléter  ces 
renseignements,  je  donnerai  une  liste  des 
variétés  de  Pélargonium  zonale  des  plus 
méritants,  de  manière  à guider  l’amateur 
dans  le  choix  qu’il  pourrait  avoir  à faire  de 
ces  plantes. 

Thibaut. 


FLORAISON  DE  L’ÉCHINOCACTUS  GIBBOSUS  CELSIANUS. 


La  fleur  de  celte  espèce  mesure  O'^.OG 
de  hauteur  surO^.05  de  diamètre  à la  partie 
supérieure.  Les  sépales  vert  sombre,  mar- 
qués de  blanc,  sont,  les  inférieurs  ronds,  les 
supérieurs  ovales.  Les  pétales  blancs;  les 
extérieurs  marqués  d’une  ligne  verdâtre,  les 
intérieurs  d’un  blanc  de  neige,  sont  tous  lan- 
céolés. Les  étamines,  très-nombreuses,  à fi- 


lets blancs  portent  des  anthères  jaune-ci- 
tron, dont  une  partie  formentune  masse  com- 
pacte autour  du  style,  les  unes  et  les  autres 
s’élèvent  graduellement  en  touchant  aux 
pétales.  Le  style  blanc,  peu  élevé,  offre  douze 
stigmates  blancs,  formant  massue. 

E.  SUIRE. 


CUPRESSUS  CORNUTA. 


« Dausle  doute, abstiens-toi,  » dit  un  pro- 
verbe. — Si  Ton  avait  toujours  présent  à l’es- 
prit celte  sage  maxime,  on  serait  plus  réservé 
qu’on  ne  l’est,  et  l’on  avancerait  moins  de 
faits  comme  certains,  qui  souvent  sont  loin 
d’ctre  hors  de  contestation.  Mais  l’amour 
propre  est  en  jeu,  et,  pour  lui,  le  doute 
n’existe  pas!  Pourtant,  si  l’amour-propre 
ne  trouvait  pas  aussi  son  compte  à cette 
manière  d’agir,  le  côté  sérieux  y trouverait 
le  sien,  et  toutle  monde, — savants  et  pra- 
ticiens, — y g.agnerait. 

Dans  celte  circonstance,  bien  que  je  sois 
à peu  près  certain  que  le  Cupressus  cornuta 
(fig.  32)  n’est  qu’une  variété  d’un  type  quel- 
conque de  ce  genre,  l’impossibilité  dans 


laquelle  je  me  trouve  de  le  rattacher  d’une 
manière  certaine  au  type  dont  il  sort,  me 
détermine  cà  le  considérer  lui-mème  comme 
formant  un  type. 

Celte  marche  n’a  rien  qui  répugne  au  bon 
sens,  elle  est  même  favorable  à la  science, 
elle  la  simplifie;  tandis  qu’en  voulant,  comme 
on  dit,  suivre  la  filiation,  en  cherchant  à 
rattacher  le  Cupressus  coru  ata  à un  type 
quelconque,  je  suis  embarrassé,  la  plante  en 
question  présentant  des  caractères  coinmuns 
à deux  autres  : au  Cupressus  Gou'euiaua  ci 
au  Cupressus  Lambert iaua,  qu  on  considère 
comme  des  types,  et  qui,  sans  aucun  doute 
pour  moi,  ne  sont  que  des  formes.  Par  con- 
séquent, ma  plante  étant,  par  ses  propres  ca- 


- 

Rùvu£/  Horllcoie 

\ 


Inip  lsnoie  des  Bovhn^ersJS.Fsns 


llliododeiulron  vii">5aimn  album 


CCPRESSIS  CORNl’TA. 


251 


ractères , distinde 
de  toute  autre,  je  la 
considère  comme 
espèce,  et  pour  la 
s P é c i ali  s er,  j e 
prends  pour  carac- 
tère celui  qui  es’t 
le  plus  facile  cà  sai- 
sir et  en  meme 
temps  le  plus  visi- 
ble. Ici  pas  de  difti- 
culte,  car,  ce  sont 
les  cornes  qui  la  dis- 
tinguent : de  là  le 
qualificatif  cornula 
que  je  lui  ai  donné. 
Voici  les  caractè- 
res généraux  qu’elle 
présente  : 
Arbrisseau  buis- 
sonneux, vigoureux, 
à branches  étalées, 
assurgentes.  Feuil- 
les squammiformes , 
rapprochées,  élar- 
gies à la  base, 
écartées  et  courte- 
ment  acumiiiées  au 
sommet.  Strobiles 
très -irréguliers,  ou 
monstrueux,  brun 
foncé  ou  presque 
noirs,  parfois  un 
peu  pruineux,  gib- 
beux,  un  peu  allon- 
gés, portant  vers  le 
sommet  2,  3,  par- 
fois 4 longs  muerons 
corniformes,  épais, 


Fig^.  32j  — Ciipressus  cormita,  do  grandeur  naturelle. 


subcylindriques, 
gibbeux,  souvent 
courbés  près  du 
sommet,  qui  est 
largement  obtus, 
inégaux  ; les  deux 
inférieurs  beaucoup 
plus  courts,  ou 
presque  rudimen- 
taires ; les  autres 
de  longueur  diffé- 
rente,toujours  très- 
développés , attei- 
gnant parfois  12 
millimètres  de  lon- 
gueur, à écailles  sen- 
siblement striées  - 
cannelées  ou  pro- 
fondément ridées. 

Cette  plante,  très- 
remarquable,  existe 
dans  le  jardin  de 
M.  Denis,  à Hyères 
(Alpes-Maritimes), 
où  j’ai  eu  occasion 
de  l’étudier;  elle  est 
distincte  non-seu- 
lement par  ses 
fruits,  elle  l’est 
même  par  tous  ses 
caractères.  J’avoue 
cependant  que  si 
je  devais  me  pro- 
noncer sur  son 
origine,  je  dirais 
qu’elle  sort  du  Cu- 
pressus  Gotveniam. 

E.-A.  Carrière. 


RHODODENDRUM  VIRGATUM  ALRUM. 


Arbuste  vigoureux,  très-floribond,  à feuil- 
les ovales-lancéolées,  parfois  légèrement 
ondulées,  persistantes,  entières,  acuminées 
au  sornmet  en  un  court  et  gros  mucron  ob- 
tus, d’un  vert  assez  foncé  en  dessus,  glau- 
cescentes  en  dessous  et  pubérulentes  par 
de  petits  points  saillants.  Fleurs  solitaires, 
sessiles,  placées  dans  l’aisselle  des  feuilles 
et  constituant  des  sortes  d’épis  qui  attei- 
gnent parfois  jusqu’à  15  centimètres  de  lon- 
gueur, d’un  blanc  pur,  longuement  tubulées, 
portant  à la  base  quelques  écailles  d’un 
roux  ferrugineux,  à 5,  plus  rarement  4, 
divisions  obovales. 

Originaire  de  l’himalaya,  le  Rhododen- 
drum  virgatum  album  (Hooker)  est  de  serre 
très-froide,  du  moins  c’est  ainsi  qu’on  a 
l’habitude  de  le  cultiver;  mais  il  est  très- 
probable  qu’il  pourait  supporter  le  plein 
air  dans  beaucoup  de  parties  de  la  France. 


Le  type  (R.  virgalum)  diflère  de  la  va- 
riété album  par  des  fleurs  légèrement  rose- 
carné,  qui  se  violacent  lorsqu’elles  pas- 
sent; souvent  aussi  ses  fleurs,  un  peu  plus 
rapprochées  que  celles  de  la  variété,  consti- 
tuent des  sortes  de  corymbes  compacts,  ca- 
pitiformes. 

Le  R.  virgatuM  album  est  très-floribond; 
il  se  prête  bien  à la  culture  forcée,  de  sorte 
qu’on  pourrait  le  chautfer  ainsi  qu’on  le  fait 
des  Azalées.  Les  plantes  sont  vigoureuses, 
se  font  bien  ; on  pourrait  donc  les  cultiver 
pour  le  marché  aux  fleurs,  et  cela  d’autant 
mieux  qu’elles  ne  sont  pas  délicates.  C’est 
donc  à tort  que  cette  plante  n’est  pas  plus 
répandue  qu’elle  ne  l’est. 

Il  va  sans  dire  qu’on  doit  cultiver  le 
R.  virgatum  album  en  terre  de  bruyère,  qui 
doit  être  toujours  tenue  légèrement  humide. 
A l’époque  de  sa  floraison,  qui  a lieu  vers  la 


252 


RHODODENDUrM  VIRGATEM  ALBIM. 


deuxième  quinzaine  de  mars  les  arrosc- 
menls  doivent  être  plus  abondants.  On  le 
multiplie  par  boutures  qui  reprennent  très- 
bien;  il  va  sans  dire  qu’on  tait  celles-ci  à 
chaud,  sous  des  cloches  ou  sous  des  verres, 
dans  la  serre  à multiplication. 

Au  point  de  vue  scientifique,  le  iî/mao- 

dendrmi  virgatum  album  offre  aussi  uncer- 


' tain  intérêt,  car  il  présente  un  mode  d’in- 
tlorescence  à peu  près  unique  dans  ce 
genre.  En  effet,  ses  fleurs,  au  lieu  de  for- 
mer des  agglomérations  subsphériques, 
ainsi  que  cela  se  voit  chez  presque  toutes 
les  espèces  de  ce  genre,  constituent,  par 
leur  disposition,  de  véritables  épis. 

1 ' Tm’Frxi'T, 


DAPHNE  JAPONICA. 


Arbuste  Irès-ramifié,  formant  un  buisson 
arrondi,  qui  peut  atteindre  jusqu’à  1 mètre 
d-e  hauteur.  Feuilles  persistantes,  lancéolées, 
à contour  souvent  irrégulier,  d’un  vert  lui- 
sant en  dessus,  plus  pâle  en  dessous,  acu- 
minées  au  sommet  en  une  pointe  obtuse, 
bordées  de  toutes  parts  d’une  bande  jaune. 
Fleurs  de  la  forme  et  de  la  grandeur  de 
celles  du  Daphae  Indica,  disposées  comme 
chez  celui-ci  en  capitules  terminaux,  d a- 
bord  rouge-violacé,  puis  rose-carné,  finale- 
ment presque  blanches,  très-odorantes,^  à 
odeur  balsamique,  forte,  quoique  très-agréa- 
ble, rappelant  celle  de  l’Œillet  des  fleuris- 
tes et  du  Girofflier. 

Cette  espèce,  qui  n’est  probablement 
qu’une  forme  du  Bapfine  JudicUy  a été  in- 
troduite du  Japon  (peut-être  de  la,  Chine) 
il  y a quelques  années;  elle  est  très-tlori- 
bonde  et  paraît  aussi  très-rustique,  puis- 
qu’elle n’a  pas  souffert  de  l’hiver  que  nous 
venons  de  traverser,  qui,  il  est  vrai,  n’a 
pas  été  rigoureux.  Cultivée  soit  en  pot,  soit 
en  pleine  terre,  en  serre  froide,  elle  fleurit 
l’hiver  et  orne  les  serres  en  même  temps 
qu’elle  les  embaume  de  son  parfum.  En 
pleine  terre,  les  fleurs  s’épanouissent  sui- 
ant  la  température,  à partir  du  mois  de 


mars.  C’est  donc  une  heureuse  acquisition. 

On  multiplie  le  Daphné  Japonica  par 
boutures  et  par  greffes;  les  unes  et  les  au- 
tres reprennent  très-bien.  On  tait  les  bou- 
tures à partir  de  la  fin  de  juillet  jusqu’au  15 
septembre  environ;  mises  dans  des  petits 
pots  qu’on  place  sous  cloches  dans  la  serre 
à bouture,  elles  s’enracinent  assez  bien  et 
fleurissent  même,  si,  comme  cela  a presque 
toujours  lieu,  on  a pris  les  extrémités  des 
rameaux,  qui,  toujours  aussi,  se  terminent 
par  un  capitule  de  fleurs.  Quant  aux  greffes, 
on  les  fait  sur  le  Daphné  lauréole  ou  des 
bois  {Daphné  laureola),  soit  en  fente,  soit  en 
placage;  on  les  exécute  à partir  du  lu  août 
environ,  jusque  vers  le  15  septembre;  si 
les  pieds-mères  sont  en  serre,  on  peut 
même  greffer  pendant  tout  1 hiver  ; il  en 
est  de  même  pour  le  bouturage. 

Certains  cultivateurs  préfèrent  greffer  sur 
franc;  pour  cela,  ils  bouturent  le  Daphné 
dapmika,  et,  lorsque  les  boutures  sont  re- 
prises et  qu’elles  sont  devenues  assez,  for- 
tes ils  les  emploient  comme  sujets.  Selon 
eux,  les  plantes  ainsi  traitées  sont  plus  vi- 
goureuses et  surtout,  assurent-ils,  elles  m- 
vent  beaucoup  plus  longtemps. 

Briot. 


REVUE  DES  PUBI.ICATIONS  HORTICOLES  DE  L’ÉTRANGER. 


Nous  trouvons  dansle  Botan  iral  Magaz  ine  1 
les  plantes  suivantes  figurées  et  décrites  : 

calnllioa  '%eîtcliîana,  J.  Veitch.,  pl,  5533. 

Cette  belle  Marantacée  fut  découverte  par 
M.  Pearce,  l’habile  collecteur  de  MM.  Veitch, 
dans  les  contrées  occidentales  de  l’Ame- 
rique  du  sud  tropical. — Le  Calalhea  \eit- 
chiana.  avec  sa  hampe  florale  portant  au 
sommet  un  épi  floral  très-serré,  garni  de 
larges  bractées  dans  les  aisselles  desquelles 
se  trouvent  les  fleurs  blanches  à labelle  d un 
pourpre  pâle,  appartient  à la  section  du 
genre  que  Koernicke  appelle  Pseudophi  y- 
nium  et  qui  comprend  également  le  Calalhea 
(Maranta)  zebrina.  La  beauté  principale  de 
cette  plante  réside  évidemment  dons  le  co- 
loris splendide  de  ses  grandes  feuilles  ellip- 
tiques, arrondies  à leur  base.  Elles  sont 
niar([uées  en  dessus  de  chaque  cote  de  la 


nervure  médiane,  de  larges  taches  en  forme 
de  croissant  d'un  vert  très-foncé,  qui  se  dé- 
tachent d’un  fond  de  vert  clair;  ces  taches, 
dont  les  extrémités  se  joignent,  tournent 
leur  côté  convexe  vers  le  bord  de  la  feuil  e 
nui  est  d’un  vert  sombre,  uniforme.  Sur  la 
face  inférieure,  les  feuilles  sont  plus  pales, 
et  les  parties  d’un  vert  foncé  de  la  face  su- 
périeure répondent  ici  à des  taches  ûg  1^ 
même  forme,  d’une  teinle  de  pourpre,  pale. 

itlanlliiis  c-liiiioMsl»,  Iiu-liilalus, 

RE('.EE,  pl.  5536. 

Une  belle  variété  du  Dianlhus  chinensis 
à fleurs  d’une  dimension  de  .12  et  re- 
marquables par  le  bord  très-profondement 
lacinié  des  pétales.  La  figure  nous  ollre  une 
forme  à fleurs  d’un  pourpre  presque  uni- 
forme, violacé  dans  la  gorge,  et  une  autre 
à fleurs  d’un  pourpre  violacé,  mais  d un 


Il  HorùcüU 


f 


Jmp.  Zanote  r des Bovhn  jers  J3,Pap]s 


233 


REVUE  DES  PUBLICATIONS  HORTICOLES  DE  L’ÉTRANGER. 


rose,  pâle  dans  la  partie  du  milieu,  et  d’un 
blanc  pur  dans  la  partie  supérieure  des 
pétales.  Cette  plante  a été  décrite  par 
M.  Lemaire  sous  le  nom  de  Bianihm  ciu- 
diuuilus. 

Iioiiili'obiiim  Taf t*»iilaiiuni.  BATEMâN,  pl.  3337. 

Ce  joli  Dendrobium  est  un  habitant  de 
TiViistralie  septentrionale,  oùM.  J. -G.  Veitch 
l’a  découvert  et  d’où  il  l’a  envoyé  à l’éta- 
blissement de  son  père.  On  a donné  à cette 
plante  son  nom  spécifique  en  honneur  de 
lord  Egerton  ofTatton,  le  possesseur  d’une 
des  plus  riches  et  des  plus  belles  collections 
d’Orchidées  qui  existent.  Cette  espèce  offre 
de  petits  pseudobulhes  fusiformes  qui  à 
leur  jeune  Age  portent  4 à 5 feuilles  linéai- 
res, charnues,  pointues,  un  peu  plus  que 
deux  fois  de  la  longueur  des  pseudobulhes. 
Les  hampes  florales  se  développent  dans  les 
aisselles  des  bases  des  feuilles  enveloppant 
en  partie  les  vieux  pseudobulhes;  elles  at- 
teignent environ  Û'".40  de hauteuretportent 
12à  IStleurspédicellées,  blanches  dans  leur 
partie  inférieure,  jaunes  aux  extrémités  des 
pétales,  à labelle  intérieurement  d’un  violet 
sombre  dans  sa  partie  supérieure.  C’est 
une  charmante  plante,  dont  les  fleurs  exha- 
lent un  doux  parfum;  elle  est  d’une  culture 
facile. 

Siachylarplieta  bicolor,  J.-D.  Hooker,  pl.  3338. 

Petit  sous-arbrisseau  appartenant  à la  fa- 
mille des  Verhénacées;  il  est  moins  remar- 
quable que  leStacliytarphelaaristala.Toule- 
fois  il  est  fort  joli  et  curieux, surtoutà  cause 
du  changement  de  coloris  que  subissent  ses 
(leurs  tubuleuses  en  entonnoir,  pendant 
leur  épanouissement.  Elles  sont  d’un  beau 
pourpre  tant  que  le  timbe  de  la  corolle  n’est 
pas  ouvert,  plus  tard,  elles  deviennent  d’un 
bleu  pâle  un  peu  verdâtre,  et  leur  gorge 
est  blanche.  Les  feuilles  opposées -décus- 
sées,  sont  courtement  péliolées,  ovales  ou 
ovales  lancéolées,  pointues  au  sommet, 
dentelées  au  bord.  Les  tleurs  sont  disposées 
en  épis  lâches,  terminaux. 

yici^embyrniitlicnmm  aeinacifovme,  Linné, 
pl.  3539. 

Cette  espèce,  du  cap  de  Bonne-Espérance, 
est  une  des  plantes  les  plus  splendides 
qu’on  puisse  imaginer.  Les  énormes  tleurs 
pourpres  ou  jaunes  présentent,  suivant  la  fi  - 
gure que  nous  avons  sous  les  yeux,  un  dia- 
mètre deO"Ll2.  Le  Mesembryauthemumaci- 
nacifornw  est  frutescent,  à tiges  anguleuses, 
étalées  sur  le  sol,  à feuilles  charnues,  oppo- 
sées, triangulaires,  pointues  au  sommet. 
Ce  n’est  point  une  plante  d’introduction 
nouvelle;  mais,  jusqu’ici, elle  est  loin  d’èlre 
aussi  répandue  dans  les  jardins  qu’elle  le 
mérite. 


l>cmlroI)iiim  .Soliaiiiiix,  ReicHF.NBACH.  pl.  3340. 

Cette  espèce  fut  découverte  par  M.  John 
G.  Veitch,  sur  les  côtes  septentrionales  du 
grand  continent  australien.  M.  Reichenbacb, 
qui,  dans  le  Gardeners'  Ckronicle  a donné 
une  description  de  cette  plante,  lui  donna 
son  nom  en  honneur  du  nom  de  baptême  de 
celui  qui  l’avait  découvert  (un  Dendrobium 
Veifchiamnn,  Lindley,  existait  déjà).  Cette 
espèce  à tige  renllée,  à feuilles  charnues, 
linéaires-lancéolées  se  terminant  en  deux 
dents  inégales,  est  d’un  aspect  un  peu  plus 
sombre  que  le  Dendrobium  Taltonianurn, 
dont  nous  parlions  tout  à l’heure,  à cause 
de  ses  tleurs  d’un  brun  de  chocolat,  tà  labelle 
d’un  jaune  doré,  garni  dans  sa  partie  infé- 
rieure de  stries  pourpres. 

«9onoi>.«4i*4  paiiieiilnta,  Lindley.  pi.  3341. 

Cette  admirable  Orchidée  est  de  beaucoup 
la  plus  belle  du  genre  auquel  elle  appar- 
tient, et  qui,  en  dehors  d’elle,  ne  contient 
guère  que  des  espèces  insignifiantes.  C’est 
en  même  temps  une  des  Orchidées  les  plus 
répandues,  car  si,  comme  le  suppose  M.  Rei- 
chenbach,  elle  n’est  qu’une  variété  du  Jonop- 
sistitricularioides,  elle  se  trouverait  partout 
dans  le  continent  de  l’Amérique  du  sud.  Le 
pied  qui  a servi  de  modèle  pour  la  figure 
que  nous  avons  devant  les  yeux  avait  été 
importé  du  Brésil  par  MM.  Hiigh  Low  et  C , 
à Clapton.  H fleurit  au  mois  d’octobre  et 
novembre.  Les  fleurs,  très  - nombreuses, 
supportées  par  une  longueliampe  grêle,  pen- 
chée, etVlisposées  en  grandes  panicules,  of- 
frent beaucoup  de  variétés  pour  leur  coloris. 
Elles  sont  ou  d’un  blanc  pur,  ou  jaunâtre, 
ou  bien  blanches  lavées  d’unr  ose  très-pàle; 
la  base  de  leur  grand  labelle,  dilatée,  est 
ornée  d’une  macule  violacée.  C’est  une  es- 
pèce épiphyte  à feuilles  linéaires-lancéo- 
lées, carénées. 

Cnlntlioa  tultispadlia,  J.  D.  HoOKER.  pl.  3342. 

■ Cette  Marantacée,  très-insignifiante  pour 
ses  tleurs,  mais  très-remarquable  pour  son 
beau  feuillage,  est  encore  une  introduction 
de  MM.  Veitch,  qui  la  reçurent  des  régions 
tropicales  occidentales  de  l’Amérique  du 
sud,  où  elle  fut  découverte  par  M.  Pearce. 

L’épi  floral,  composé  d’un  nombre  très- 
restreint  de  fleurs  d’un  jaune  pâle,  ne  dé- 
passe pas  une  longueur  de  0"l04;  il  est 
enveloppé  nar  deux  grandes  bractées  exter- 
nes qui  forment  une  sorte  de  spathe  tubu- 
leuse. Les  feuilles  obovales-elliptiques  , 
pointues  au  sommet,  arrondies  h la  base, 
supportées  par  de  longs  pétioles  engainants, 
sont  d’un  vert  foncé  vers  le  bord  et  des  deux 
côtés  de  la  nervure  médiane;  les  parties 
plus  claires  qui  se  trouvent  entre  ces  deux 
zones,  de  cliaque  côté  de  la  nervure  mé- 
diane, sont  d’un  vert  clair  sur  lequel  se  des- 
sinent des  taches  rhoinboïdalesou  oblonguis 


254 


REVUE  DES  PUBLICATIONS 

d’un  brun  presque  noir,  ce  qui  donne  à ce 
feuillage  une  élégance  extraordinaire. 

Pucliypodium  A.  Deca.nlolce. 

pl.  55i3 

Une  Apocynée  fort  singulière  à cause 
de  la  base  de  sa  lige  charnue,  extrê- 
mement enflée  en  forme  d’un  énorme 
tubercule,  qui  émet  des  rameaux  charnus 
d’un  vert  glauque,  garnies  de  feuilles  qui 
sont  munies  à leur  base  d’épines  slipu- 
laires.  Les  feuilles  presque  sessiles,  lancéo- 
lées, pointues,  glauques,  sont  allernes.  Les 
belles  fleursf  pédicellées,  de  la  taille 
et  à peu  près  du  coloris  de  celles  du 
Laurier  rose,  sont  disposées,  au  nombre  de 
8 à 10,  en  corymbes  terminaux. 

Thiliamtin  «Pessloæ.  J.  D.  HoûKER,  pl.  5317. 

Cette  admirable  Vacciniacr'^  est  probable- 
ment originaire  des  montagnes  de  Caraccas. 
Elle  fut  introduite  en  Europe  par  M.  Lin- 
den, de  Bruxelles.  Elle  diflèredu  Thibaudia 
man^ophyUa,  nom  sous  lequel  on  l’avait  en- 
voyée en  Angleterre,  par  des  fleurs  plus  cour- 
tement  pédicellées.  Les  caractères  qui  distin- 
guent le  plus  le  Thibaudia  Jessicœ  de  ses 
proches  voisins  sont  ses  rameaux  très- 
élancés  à leurs  extrémités,  ses  grandes  feuil- 
les très-larges  et  d’une  texture  membra- 
neuse et  non  pas  coriace,  et  les  fleurs  très- 
grandes  et  courtement  pédicellées.  C’est  un 
arbuste  à rameaux  pendants.  Les  fleurs,  réu- 
nies au  nombre  de  10  à 12  en  courtes  grappes, 
solitaires  sont  d’un  rouge  magnifique.  La  co- 
rolle atteint  la  longueur  deO'n.03;  elle  est 
tubuleuse,  un  peu  rétrécie  au  sommet. 

l'alceolaria  hy.s^iioiiifolin,  He.mijoldt,  Bonpland, 
et  Kunth,  pl.  5348. 

Petit  arbrisseau  rameux,  haut  de  0™.70  à 
1"^.40.  Il  porte  avec  raison  son  nom  spécifi- 
que à cause  de  ses  feuilles  linéaires-lancéo- 
lées,  sessiles,  opposées.  L’introduction  de 
cette  jolie  plante  est  due  à MM.  Isaac  An- 
derson Henry  de  Hay-Lodge,  Trinity,  Edim- 
bourg, qui  en  reçut  les  graines  du  profes- 
seur Jameson,  de  Quito.  Le  CalceoUiria 
hyssopifoJia  fleurit  en  pleine  terre  en  août. 
C’est  un  habitant  des  Andes  de  Quito,  où  il 
se  trouve  à une  élévation  de  10  tà  11,000 
pieds.  C’est,  à ce  qui  paraît,  une  plante 
très-rustique;  ses  grandes  fleurs  sont  d’un 
jaune  de  soufre. 

Aliroiiin  NlTTALL,  pl.  3344. 

Celte  Nyctaginée,  la  plus  grande  et  la 
plus  belle  espèce  du  genre,  est  un  habitant 
du  versant  oriental  des  montagnes  Rocheuses 
entre  -iO»  et  45o  de  latitude  septentrionale. 
Son  introduction  est  due  à M.  Thompson 
d’Ipswich.  Elle  a assez  le  pcrl  de  VAbrouia 
nmbellata,  mais  ses  dimensions  sont  plus 
fortes.  Sa  lige  est  couchée  sur  le  sol.  Les 
feuilles  sont  opposées,  charnues,  glabres; 


HORTICOLES  DE  L’ÉTRANGER. 

les  pédoncules,  axillaires,  supportent  une 
large  ombelle  serrée  composéede  fleurs  d’un 
blanc  pur  de  0“‘.07  de  diamètre,  munie  à sa 
base  d’un  involucre  .composé  de  bractées 
ovales  arrondies  , courtement  pointues  au 
sommet.  Les  fleurs  de  cette  espèce  sont  très- 
odorantes  vers  le  soir. 

negoiiin  Peareel,  J.  D.Hooker,  pl.  3343. 

Très-belle  espèce  qui  se  lie  très-étroite- 
ment  par  ses  caractères  botaniques  au  Bé- 
gonia cinnabarina.  C’est  M.  Pearce  qui  l’a 
récolté  à La  Paz,  pour  MM.  Veitch.  Le  feuil- 
lage de  celte  espèce  est  d’une  grande  beauté. 
Les  feuilles  sont  en  dessus  d’un  vert  très- 
foncé  à reflet  métallique,  veloutées,  en  des- 
sous d’un  beau  pourpre  clair  sur  lequel  se 
dessinent  en  vert  clair  les  nervures  saillan- 
tes. Les  fleurs,  assez  grandes,  d’un  jaune 
doré  sont  portées  à deux,  l’une  mâle  et  l’au- 
tre femelle,  par  chacun  despédonculesaxil- 
laires. 

Paliimbiiia  oaiulida,  ReiCHEXBAÇ.H,  pl.  5346 

Celte  jolie  Orchidée  que  Lindley  comprit 
dans  le  genre  Oncidium^  n’est  point  d’une 
introduction  nouvelle.  C’est Harhveg  qui  l’in- 
troduisit du  Mexique.  Soumise  à un  traite- 
ment dans  la  serre  chaude,  celte  plante  n’a- 
vait pas  très-bien  réussi  au  commencement, 
mais  dans  une  serre  tempérée  elle  prospère. 
C’est  une  petite  plante  à pseudobulbes  com- 
primés dont  chacun  porte  au  sommet  une 
seule  feuille  ligulée,  coriace,  de  0"'.15  à 
0»e30  de  longueur.  Les  fleurs,  disposées  en 
grappes  lâches  sur  des  hampes  florales  très> 
grêles  pourpre-violacées,  sont  d’un  blanc 
pur. 

Palafoxia  llookeriana,  TORREY  et  Gray, 
pl.  3549. 

Celte  belle  composée , (le  Palafoxia 
Texana  de  Hoocker,  mais  non  pas  de  De  Can- 
dolle),  a fleuri  pour  la  première  fois  dans  les 
jardins  de  Kew,  en  1803;  elle  provient  de 
graines  qui  avaient  été  envoyées  par  le 
Parry,  du  Nouveau-Mexique;  cette  plante  se 
trouve  aussi  à l’état  spontané  dans  le  Texas 
et  dans  l’Arkansas.  Elle  atteint  0»’.70  à 
1"'.  40 debauteur;  ses  feuilles,  allernes,  lon- 
gues de  2 à 3 pouces,  sont  pétiolées-lancéo- 
lées,  aiguës,  trinerviées.  Les  capitules  flo- 
raux sont  disppsés  en  larges  corymbes;  le 
coloris  des  fleurs  du  disque  et  des  demi- 
fleurons  ligulés  du  pourtour  sont  d’un  beau 
rose.  C’est  une  magnifique  plante  pour  la 
pleine  terre. 

Triehopilfn  Turlalvne.  REl(;HENRACR,pl.  5330. 

Les  véritable  7’r/V/n)yn7m8  semblent  pres- 
que exclusivement  appartenir  à l’isthme 
qui  lie  les  deux  grands  continents  améii- 
cains  entre  eux.  Ils  sont  surtout  nombreux 
dans  les  montagnes  du  Veraguas,  d’où  pro- 
vient aussi  celle  espèce,  qui  tire  son  nom  ilu 


REVUE  DES  PUBLICATIONS  ] 

volcan  Turiaka.  C’est  une  bien  belle  plante 
qui  a beaucoup  de  l’aspect  du  Trichopilki 
picta.  Les  pseudobulbes, ovoïdes, portent  une 
seule  feuille  cliarnue,  linéaire-ligulée,  acu- 
ininée.  Les  grandes  Heurs  solitaires,  d’un 
blanc  jaunâtre,  se  trouvent  dans  les  aisselles 
des  bractées  qui  enveloppent  la  base  des 
pseudobulbes.  Le  large  îabelle  tubuleux, 
jaune  à la  gorge,  est  orné  de  nombreuses  pe- 
tites tacbes  pourpres.  La  Heur  atteint  un 
diamètre  de  0"Mi. 

l>iniiclla  J.  D.  IIooCKEIi,  pl.  5ool 

Une  charmante  liliacée  de  la  Tasmanie, 

L’ŒILLET  DU 

Dianihus  Tumphresfeus,  Heldr.  et  Sart,  (sect. 
i^RMEniASTRUM).  — D.  l'iscidus  var.  Tijmphreslea, 

B.  et  Spr.,  Diagn.,  \ III.  — Boiss.,  lJia(in.  plant, 
orient,  novar.,  vol.  III,  Lise.  VI,  p.  27.  ' 

Le  Muséum  d’histoire  naturelle  a reçu, 
en  1865,  du  jardin  botanique  de  Dorpat, 
l’un  de  ses  correspondants  dont  les  déter- 
minations sont  le  moins  sujettes  à correc- 
lions,  des  graines  de  l’Œillet  qui  fait  le  su- 
jet de  cette  note. 

M.  Coissier,  dans  ses  diagnoses  de  plantes 
nouvelles  d’Orienl,  vol.  III,  fasc,  YI,  pag.  27, 
en  donne  la  description  suivante  : ’ 

<i  Œillet  vivace,  sous  la  loupe  un  peu  vis- 
queux et  hérissé-blanchàtre,  à tiges  nom- 
breuses, naines,  dressées  ou  étalées.  Feuilles 
étroitement  linéaires,  subaigues,  un  peu 
molles  et  plus  courtes  que  les  entre-nœuds. 
Fleurs  terminales,  au  nombre  de  2-3,  ses- 
siles  et  fasciculées.  Ecailles  calicinales  au 
nombre  de  4,  un  peu  renflées,  décolorées, 
brusquement  atténuées  en  une  pointe  molle, 
herbacée,  2 à 3 fois  plus  courtes  qu’elle 
(écailles)  et  presque  étalée.  Calice  à tube 
à peine  plus  long  que  les  écailles,  cylin- 
driques, à dents  lancéolées  aiguës.  Pétales 
à limbe  petit,  rose  clair,  ovales, "à  dentelures 
arrondies,  marqués  au-dessus  de  la  base 
d une  tache  noir  pourpre. 

v(  Cette  plante  habite  les  montagnes  élevées 
de  la  Grèce,  au  sommet  de  Taygète,  à une 
altitude  de  6 à 7,000  pieds,  ainsi  que  sur  le 
Tymphreste  et  le  Parnasse.  » 

31.  Boissier  ajoute  que  cette  plante  est 
constarnmentdilférenledu  Diantliiis  risci- 
(ius,  qui  croît  dans  les  mêmes  montagnes, 
et  qu’on  ne  trouve  aucun  passage  entre  les 
deux  espèces.  La  stature  naine  de  l’Œillet  du 
Tymphreste,  ses  capitules  paucillores,  ses 
pétales  maculés  à la  base,  la  forme  du  limbe 
des  pétales,  plus  longs  et  oblongs  dans  le 
ïHanthus  viscidus,  les  séparent  nette- 
ment. 

Les  graines  de  l’Œillet  du  Tymphreste 
ont  été  semées  en  pot,  au  printemps  de 
136o.  Le  plant,  sans  être  divisé,  a été  bi- 


RTICOLES  DE  L’ÉTRANGER.  255 

qui  est  très-ornementale  par  ses  Heurs  vio- 
lacées à étamines  jaunes,  mais  encore  bien 
plus  par  ses  nombreux  fruits  de  la  forme  et 
de  la  couleur  de  petites  prunes  violacées. 
Les  feuilles,  largement  ensiformes,  à bord 
un  peu  enroulé  et  garni  de  dents  épineuses, 
atteignent  1 mètre  à 1 "'.40  de  longueur.  Les 
fleurs  et  les  fruits  très-nombreux  sont  dis- 
poses en  amples  panicules.  Les  fruits  attei- 
0"’,I5  de  longueur.  C’est  M. 
William  Archer  qui  a doté  les  jardins  du 
Kew  des  graines  de  cette  belle  plante  . 

J.  Grœnland, 

TYMPHRESTE. 


veiné  sous  châssis,  puis  mis  en  pleine  terre 
vers  le  15  mai  dernier.  Cet  Œillet  poussa 
peu  d abord;  du  reste,  à son  faciès,  on 
pouvait  reconnaître  aisément  une  plante  de 
dimensions  fort  réduites;  elle  fleuritvers  le 
15  mai,  et,  depuis  cette  époque  jusqu’à  ce 
jour  (20  juin),  les  fleurs  se  sont  succédées 
pour  ainsi  dire  sans  interruption. 

Comme  cela  arrive  et  doit  nécessairement 
arriver  toutes  les  fois  qu’une  plante  nou- 
velle,  dont  la  description  est  faite  à l’aide 
d échantillons  d’herbier,  est  cultivée,  sur- 
tout dans  un  pays  fort  éloigné  de  celui  où 
elle  croît  spontanément,  et  par  conséquent 
dans  des  conditions  tout  à fait  différentes  de 
celles  où  la  nature  l’avait  placée,  on  cons- 
tate, et  cela  dans  la  première  année  même 
de  culture,  des  différences  saillantes.  C’est 
ainsi  qu’à  la  description  que  nous  venons  de 
rappeler,  nous  pouvons  ajouter  les  rensei- 
gnements suivants  : 

Les  tiges  ont  conservé  leur  position  éta- 
lée; e les  sont  toujours  très-nombreuses, 
mais  plus  ramifiées;  la  couleur  en  est  d’un 
vert  moins  pâle.  Les  feuilles  sont  plus  déve- 
loppées, mais  cependant  plus  courtes  que 
entre-nœud.  Les  fleurs  sont  plus  nombreu- 
ses dans  chaque  glomérule;  au  lieu  de  2 ou 
3,  nous  en  trouvons  3, 4,  5,  mais  jamais  plus. 
La  coloration  des  fleurs  tend  à varier  ; les 
quelques  pieds  qui  composent  la  touffe  pré- 
sentent chacun  une  nuance  différente  qui 
va  du  rose  très-pâle  au  rose  fo»cé;  les  ma- 
cules placées  à la  base  de  pétales  et  qui 
donnent  à la  fleur  l’apparence  occulée,  ten- 
dent quelquefois  à disparaître;  d’autres  fois 
elles  se  présentent  sous  forme  de  petits 
points  arrondis  disposés  en  ligne  circulaire  au 
nombre  de  3 à 6 par  pétale;  plus  souvent 
ces  points  s’élargissent  en  conservant  la 
meme  disposition  et  se  relient  entre  eux  en 
une  ligne  ondulée;  enfin, 011  les  retrouve  en- 
core sous  forme  d’une  ligne  brisée  â angles 
aigus;  leur  coloration  est  dans  tous  les^cas 
plus  foncée  que  celle  du  reste  du  limbe 
mais  d’un  purpurin  variant  d’intensité.  ’ 


256 


L’OEILLET  DU  TYMUHRESTE. 


Bien  que  ce  joli  Œillet  ne  soit  pas  encore , 
dans  l’élat  où  nous  le  possédons,  digne  d’é- 
tre  recommandé  d’une  manière  spéciale  aux 
amateurs,  il  nous  a paru  intéressant  de  le 
signaler,  et  cela  à deux  points  de  vues  diffe- 
rents. D’abord  pour  les  variations  assez  re- 
marquables que  nous  trouvons  dès  à présent 
entre  la  plante  spontanée  et  la  plante  culti- 
vée; en  second  liejn,  parce  que  cette  ten- 
dance à la  variation,  qui  d’ailleurs  est  mal- 
heureusement (au  point  de  vue  de  nos  jar- 
dins botaniques)  bien  loin  d’êire  exception- 
nelle dans  le  genre  Bianthm^  nous  lait 


espérer  trouver  la  souche  de  bonnes  plantes 
à introduire  dans  nos  jardins.  Ce  serait 
alors  un  type  nouveau,  d’une  culture  et 
d’usages  spéciaux,  et  sur  lequel  nous  revien- 
drons, nous  l’espérons,  plus  tard.  La  plante 
paraît  grainer  sinon  abondamment,  du 
moins  en  suffisante  quantité  pour  qu  il  nous 
soit  permis  d’espérer  pouvoir  la  suivre  dans 
sa  descendance.  Nul  doute,  pour  nous,  que 
mise  entre  les  mains  d’un  jardinier  hajjile, 
il  n’arrive  sous  peu  à produire  des  variétés 
dignes  de  nos  parterres. 

B . Yeulot . 


BIBLIOGRAPHIE  HORTICOLE. 


L’année  1866  aura  bien  mérité,  de  la  bo- 
tanique et  de  l’horticulture  par  les  livres 
dont  elle  fixera  la  date.  A peine  est-elle  au 
milieu  de  son  cours  que  déjà  nous  en  avons 
plusieurs  à faire  connaître  à nos  lecteurs. L art 
et  la  science  jardinique  sont  donc  bien  réel- 
lement en  progrès,  ainsi  quenous  le  disions 
naguère,  et  il  n’y  aura  plus  désormais  de 
retardataires  que  ceux  qui  ne  voudront  pas 
prendre  la  peine  de  lire. 

Ab  Jove  principiiunf  Commençons  par 
celui  de  ces  livres  que  la  dignité  du  sujet 
classe  au  premier  rang,  et  auquel  le  talent 
de  son  auteur  assigne  une  place  distinguée 
dans  la  littérature  scientifique  contempo- 
raine : c’est  le  premier  volume,  longtemps 
et  impatiemment  attendu,  des  Eléments  de 
botanique  de  notre  savant  confrère,  M.  Du- 
chartre*,  volume  consacré  principalement  a 
l’organographie  et  à la  physiologie  des  plan- 
tes. Nous  avions  déjà  de  bons  livres  élémen- 
taires sur  la  matière,  des  livres  qui  conser- 
vent encore  leur  valeur,  mais  qui  devien- 
nent chaque  année  plus  insuffisants  par  le 
progrès  même  de  la  science.  Il  faut  bien  le 
reconnaître,  et  cela  sans  diminuer  le  mé- 
rité d’aucun  auteur,  les  ouvrages  scientiti- 
(lues  sont  essentiellement  de  ceux  dont  le 
règne  est  passager.  Un  chef-d’œuvre  litté- 
raire peut  durer  éternellement  parce  qu  il 
est  éternellement  jeune  et  complet  dans  son 
genre;  un  livre  de  science  n’est  jamais  que 
î’expression  de  l’état  actuel  du  savoir  hu- 
main sur  telle  ou  telle  branche  de  connais- 
sance, et,  comme  la  science  s’accroît  sans 
cesse,  il  faut  ou  que  le  livre  se  luodifie  pé- 
riodiquement pour  suivre  le  progrès,  ou  qu  li 
cède  la  place  à un  autre. 

C’est  à cette  inexorable  loi  que  nous  de- 
vons tant  de  remarquables  écrits  qui  mar- 
quent la  période  où  nous  vivons,  et,  parmi 

* Elémenla  de  hotamque,  comprenant  l’anatomi^ 
l’organographie,  la  physiologie  ’av^c 

M D Duchartre,  membre  de  l Inslilui,  eic., 

500  flgures  dans  le  texte,  dessinées  d apres  “o  ’ 
tome  l«s  in-8»,  clic7,  J.-lî,  Bmllcre  et  lilb  . Uns, 
1866. 


eux,  les  nouveaux  éléments  de  botanique. 
Depuis  vingt  ans,  de  nombreuses  découver- 
tes ont  été"  faites  dans  le  règne  végétal,  de 
nouveaux  aperçus  ont  été  ouverts  et  de  Dop" 
velles  théories  proposées  aux  esprits  médi- 
tatifs; mais  ces  découvertes  et  ces  théories, 
disséminées  dans  des  centaines  de  mémoires 
publiés  en  grande  partie  à l’étranger  et  dans 
des  langues  qui  ne  nous  sont  pas  familières, 
restaient  lettre  close  pour  le  public,  même 
pour  le  public  éclairé.  Réunir  ces  matériaux 
épars,  les  coordonner,  en  faire  un  tout  mé- 
thodique, un  corps  de  science  en  un  mot, 
telle  est  la  tâche  que  s’est  imposée  le  savant 
professeur,  tâche  ardue  par  son  immensité, 
mais  à laquelle  son  enseignement  l’avait 
préparé  de  longue  main.  Il  1 a heureuse- 
ment accomplie  pour  le  volume  qui  vient 
de  paraître,  et  c’est  le  gage  assuré  d un  ega 
succès  pour  celui  ou  ceux  qui  doivent 

suivre.  , , , 

Ce  livre  sera  le  bien  venu  auprès  du  bo- 
taniste de  profession;  mais  l’horticulteur,  le 
simple  horticulteur,  y trouvera-t-il  aussi 
son  compte?  Ici  encore  nous  ne  craignons 
pas  d’être  affirmatifs,  et  c’est  là  effective- 
ment un  de  ses  titres  a notre  estime  paiti- 
culière.  L'auteur  n’est  pas  seulement  un 
botaniste  de  premier  ordre,  c’est  aussi  un 
amateur  et  un  grand  connaisseur  en  horti- 
culture, et  chacun  sait  que,  sous  ce  dernier 
rapport,  il  a depuis  longtemps  fait  ses  preu- 
ves. Personne  ne  s’étonnera  donc,  en  le 
lisant,  de  le  voir  faire  àla  culture  des  plan- 
tes l’application  des  principes  de  la  physio- 
logie végétale;  montrer,  toutes  les  fois  que 
l’occasion  s’en  présente,  la  raison  scienti- 
fique de  procédés  horticoles  sanctionnes  pai 
l’expérience,  mais  suivis  routinièrement  par 
la  foule.  Nous  ne  sommes  pas  de  ceux  qui 
n’esliment  de  la  science  que  rutilite  prati- 
(lue;  le  prosaïque  cui  bono  nous  touche  peu, 
parce  que  nous  connaissons  les  droits  de 
cette  noble  faculté  qui  s’appelle  l intelli- 
gence, mais  il  ne  nous  déplaît  pas  que  a 
science  descende  de  temps  en  temps  de  ses 
hauteurs  pour  ajouter  au  bien-elre  des  lui- 


BIBLIOGRAPHIE  HORTICOLE. 


237 


mains  ou  diminuer  la  somme  de  leurs 
maux.  Toutes  les  sciences  sont  appelées  à 
rendre  ces  services,  mais  aucune  peut-être 
i plus  directement  que  la  botanique,  parce 

I qu’elle  touche  d’une  part  à l’art  le  plus 

* utile,  l’agriculture  ; de  l'autre,  à l’art  le  plus 
i aimable,  la  culture  des  jardins.  Si  nous 
? osions,  ce  qii’à  Dieu  ne  plaise,  adresser 
! un  reproclie  aux  anciens  traités  de  botani- 
: que,  ce  serait  de  n’avoir  pas  assez  fait  sentir 

ce  rapport  entre  la  science  spéculative  et  ce 
côté  pratique  de  la  vie. 

'■  Le  sujet  qui  lait  la  matière  du  premier 
f.  volume  des  Elémenis  de  botaniqne  est  trop 
t complexe  pour  que  nous  puissions  l’analyser 
ici;  nous  nous  bornerons  à dire  que  le  lec- 
: leur  y trouvera  tout  ce  (jue  l’on  sait  aujour- 

d’hui en  anatomie  végétale,  en  organogra- 


pliie  et  en  physiologie.  La  disposition  des 
matériaux,  la  manière  dont  ils  sont  enchaî- 
nés et  présentés  à l'esprit,  la  forme,  en  un 
mot,  ii’eslpas moins  excellente  que  le  fond; 
elle  ne  laisse  rien  à désirer,  ou  plutôt  elle 
fait,  comme  le  fond  lui-inénie,  vivement 
désirer  la  suite  de  l’ouvrage.  Le  style  a 
toutes  les  qualités  requises  pour  un  sujet 
de  celle  nature  : il  est  correct,  clair,  concis 
et  élégant  dans  sa  simplicité;  c’est  le  vrai 
style  de  la  science  et  de  la  raison.  L’exécu- 
tion matérielle  elle-même  ne  mérite  que 
des  éloges.  Pourrait-on  d’ailleurs  les  refuser 
à ces  charmantes  gravures  qui  découpent 
le  texte,  et  dont  les  dessins  ont  été  tracés 
par  l’infaillible  crayon  de  M.  Riocreux,? 


EXPOSITION  HORTICOLE  INTERNATIONALE  DE  LONDRES’. 


Les  plantes  de  serre,  àbeau  feuillage,  s’é- 
* panouissaient  dans  toute  leur  gloire.  En- 
•1  core  un  triomphe  de  la  culture,  du  temps 
et  de  l’argent.  On  voyait  là,  exposés  par 
4 M.  Raines,  des  Alocasia  mclallka,  avec  leur 
i grand  feuillage  semblable  à du  bronze  Ho- 
^ rentin;  des  Tlieophrasla  impeHalis , des 

4 Rhopala,  des  CrotoUj  des  Gleichenia  d’un 
I merveilleux  développement.  Legrelle 

I d’Hanis,  amateur  distingué  de  la  Relgique, 
i avait  envoyé  d’Anvers  ses  Palmiers.  MM.  Lee, 

î toujours  aux  premiers  rangs,  avaient  des 
f Fougères  en  arbre,  entre  autres  un  magni- 
( fique  Cibotiumpr inceps,  dont  la  tête  avait  5 
t met.  de  diamètre  ; des  Palmiers  superbes, 
f des  Araliacées,  et  surtout  des  toutfesd’.d- 
V lorasia  mekillica  et  Loicli  à nuis  autres  pa- 
t reils.  Rs  mesuraient  chacun  plus  d’uninètre 
» de  diamètre;  et  chacun  portait  une  cin- 
I quanlaine  de  feuilles. 

Mais  le  triomphe  dans  les  Aroïdées  de 
\ forte  culture  appartenait  à MM.  Veitch, 
) Cinq  Anthurium  étaient  dignes  d’une  men- 
f lion  toute  spéciale.  Trois  d’entre  eux  ap- 

Îparlenaient  à la  môme  espèce,  bien  que  por- 
tant trois  noms  différents.  Cette  espèce 
Il  était  V Anthurium  niagnificum,  décrite  et 

I'  figurée  dans  la  Revue  horticole  (1865, 

I p.  373),  et  qui,  représentée  là  par  trois 

I échantillons  absolument  identiques,  trônait 

! sous  les  noms  à^Anthurium  cordatuni, 

Anthurium  magnificum  et  Anthurium 
grande. 

Pourquoi  n’y  avoir  pas  ajouté  le  qua- 
I trième  nom,  Anthurium  spectabite,  dont 
un  horticulteur  n’a  pas  craint  de  doter  la 
môme  plante,  malgré  les  observations  réi- 
' lérées  qui  lui  ont  été  faites? 

O horticulteurs  marchands,  vous  voulez 
qu’on  vous  croie  et  qu’on  aie  confiance 

1 Voir  la  première  partie  de  cet  article,  ii^  du 
16  juin  de  la  Hevue  horticole,  p.  233. 


en  vos  prélenducs  nouveautés  I Et  vous  ne 
craignez  pas  d’atfubler  ainsi  de  diflérents 
noms  de  votre  crû,  sans  justification,  les 
enfants  d’une  môme  souche!  Vous  aurez 
beau  dire  chacun  que  vous  avez  le  premier 
introduit  la  plante  et  que  vous  avez  le 
droit  de  la  nommer  à votre  guise,  cela  n’ein- 
pôchera  pas  qu’il  soit  fort  désirable  de 
vous  voir  vous  soumettre  au  contrôle 
de  la  science  et  abdiquer  l’erreur  et  le  char- 
latanisme. Que  vous  coûterait-il,  parexem.- 
ple,  au  reçu  d’une  nouveauté,  d’en  confier 
l’examen  et  la  détermination  à un  bota- 
niste éclairé?  R vous  dirait  si  la  plante  a été 
nommée  et  par  qui,  si  elle  est  introduite  et 
depuis  quand,  et  le  public,  rassuré  par 
celte  loyale  déclaration,  accueillerait  les 
yeux  fermés  les  nouveautés  affirmées,  au 
lieu  qu’il  ne  s’en  approche  aujourd’hui 
qu’avec  défiance. 

Ce  besoin  de  priorité  et  de  baptême  des 
plantes  est  donc  bien  vivace?  L’amour  des 
barbarismes  et  le  mot  nobis  après  la  déter- 
mination, ont  donc  des  charmes  bien  puis- 
sants pour  votre  amour-propre  ? 

Ces  erreurs  ne  sont  plus  de  notre  temps: 
il  faut  qu’elles  disparaissent.  La  science 
des  plantes  se  répand  trop  maintenant  pour 
que  ces  inventions  aient  longtemps  du 
crédit.  On  doit  seulement  les  signaler, 
qu’elles  soient  l’objet  de  coupables  spécu- 
lations ou  l’effet  d’une  simple  négligence. 

Je  n’entends  pas  comprendre  MAI.  Veitch 
dans  cette  catégorie.  Rs  ont  exposé,  au 
contraire,  trois  échantillons  de  la  même 
plante,  venant  de  trois  provenances  diffé- 
rentes, pour  en  montrer  la  similitude  et 
l’abus  mercantile.  Je  le  tiens  de  AI.  Harry 
Veitch  lui-même. 

. Ces  plantes  étaient  d’une  culture  vrai- 
ment incroyable.  Plus  d’un  mètre  de  dia- 
mètre sur  autant  de  hauteur,  nous  voilà 


IL 


268 


EXPOSITION  HORTICOLE  INTERNATIONALE  DE  LONDRES. 


bien  loin  des  dimensions  que  je  lui  avais 
trouvées  dans  réchantillon  qui  m’avait  servi 
à décrire  l’espèce  dans  l’article  précité 
(0‘".33  X O*". 25),  en  disant  toutefois  pour 
réserve  que  j’espérais  voir  ces  proportions 
s’augmenter  notablement. 

Une  autre  e:;pèce  plus  connue  et  moins 
nouvelle,  YAnthuriiim  leuconeurum,  offrait 
des  dimensions  au  moins  égales. 

Mais  la  plus  charmante  de  ces  cinq  plan- 
tes, celle  que  je  recommande  particulière- 
ment aux  amateurs,  à cause  de  son  éclat, 
de  sa  facile  culture  et  de  son  abondante 
floraison,  est  V Anthurium  Scherzerianum. 
Une  touffe  de  cette  charmante  espèce,  cou- 
verte de  plus  de  dix  fleurs  d’un  écarlate  aussi 
brillant  que  le  coquelicot  des  moissons, 
captivait  l’attention  de  tous  les  amateurs. 

J’ai  cru  être  agréable  aux  lecteurs  de  la 
Revue  en  faisant  prendre  une  aquarelle,  qui 
sera  prochainement  publiée  avec  une  no- 
tice culturale  sur  cette  jolie  plante.  Ce  sera 
l’une  des  meilleures  conquêtes  nouvelles 
de  nos  serres,  et  on  peut  lui  prédire  un 
très-grand  succès. 

On  a beaucoup  admiré  encore  VAIocasin 
Veitchii  eÜePandnnus...  toujours  Veitchü, 
exposés,  par  qui?  parbleu!  par  MM.  \eitch. 
Aussi  bien  trouvez-moi  un  concours  sérieux 
où  ces  messieurs  n’aient  pas  cueilli  des 
palmes?  Je  crois  bien  qu’ils  ont  pris  part 
à une  cinquantaine  d’engagements,  et  pres- 
que partout,  malgré  les  plus  rudes  jou- 
teurs, ils  se  sont  tenus  au  premier  rang. 

MM.  Veitch  et  fils  sont  à la  tête  de  l’un 
des  premiers  établissements  d’horticulture 
du  monde.  On  ne  se  fait  pas  l’idée  du  luxe 
et  de  la  perfection  de  culture  qu’on  y 
trouve,  sans  parler  des  connaissances  sé- 
rieuses et  spéciales  qui  distinguent  parti- 
culièrement les  chefs  de  la  maison. 

Les  Caladium  ' k feuilles  colorées,  qui 
ont  pris  une  si  grande  faveur  depuis  que 
M.  Baraquin  en  a récemment  introduit  les 
types,  je  les  ai  vus  ici  représentés  par  des 
touffes  énormes.  Beaucoup  de  ceux  exposés 
par  MM.  Benderson,  Veitch,  Achenbach, 
dépassaient  un  mètre  de  diamètre.  Voilà  de 
quoi  faire  rêver  M.  Bleu,  qui  tenait  du 
reste,  là-bas,  une  place  honorable  et  hono- 
rée, grâce  à ses  belles  nouveautés.  Je  suis 
heureux  ici  de  payer  une  juste  tribut  d’é- 
loges à cet  amateur  distingué,  notre  com- 
atriote,  et  de  luidire  qu’on  a salué  à 
ondres  ses  Caladium  nouveaux  : Docteur 
Lindley,  Reine  Victoria,  Isidore  Leroy, 
Charles  Verdier.  Impératrice  Eugénie  est 
surtout  un  magnifique  gain.  J’apprends  à 
l’instant  que  la  propriété  en  a été  cédée  à un 
horticulteur  de  Londres,  moyennant  12  liy. 
12  schellings(315  tr.).  Messieurs  les  Anglais 
vont  renvoyer  dans  peu  à l’obtenteur  sa 
plante,  si  splendidement  cultivée  qu’il  ne  la  • 
reconnaîtra  plus  lui-même. 


Peu  de  Palmiers,  mais  quelques  collec- 
tions bien  cultivées,  entre  autres  celles  du 
duc  de  Norlhumberland,  où  l’on  voyait  des 
Cocos,  Phœnix,  Ceroxylon,  Areca  et  Sea- 
forthia  d’une  santé  parfaite. 

Parmi  les  plants  à feuillage  et  surtout  à 
feuillage  coloré,  prennent  place  les  Pélar- 
goniums  zonals  à feuilles  panachées , qui 
font  maintenant  fureur  en  Angleterre,  de- 
puis que  MM.  Henderson,  Fraser,  Lee  et 
Smith  enontfaitunespécialité.  Il  estcurieux 
de  voir  jusqu’où  va  la  manie  de  la  panachure 
parmi  les  amateurs.  A Londres,  la  cité  du 
dieu  Million,  aussi  affamée  de  nouveautés 
que  Paris,  il  paraît  toutes  les  semaines  un 
ou  deux  Pélagoniums  panachés.  Cela  se 
vend  une  ou  deux  livres  (25  ou  50  fr.)  (’), 
il  n’y  en  a pas  pour  les  plus  curieux! 
M.  Henderson  gagne  actuellement  à ce  petit 
métier  une  forte  honnête  aisance.  Il  en  a 
des  serres  pleines,  et,  pour  les  grands  sei- 
gneurs, il  en  fabrique  de  forts  échantillons, 
que  les  promeneurs  de  la  Higli  life  s’arra- 
chent au  revenir  de  Regent’s  Parck. 

C’est  fort  joli,  peut-être,  mais  c’est  là 
une  mode  que  je  trouve  un  peu  bien  exa- 
gérée et  frivole.  A part  deux  ou  trois  varié- 
tés, comme  Mistress  Pollock,  Sophia 
Cusak,  Lucy  Grieve,  le  reste  ne  vaut  pas 
grand  chose,  en  dépit  de  ceux  qui  se  sont 
monté  la  tête  à cet  endroit.  La  mode  en 
passera...  tout  comme  elle  est  venue. 

On  s’occupe  trop  peu  des  plantes  tropi- 
cales utiles.  M.  Linden,  dont  je  parlerai 
tout  à l’heure  avec  tout  l’honneur  qui  lui  est 
dû,  est  le  seul  horticulteur-marchand  qui 
s’attache  à cette  tribu  recommandable. 
Et  cela  pour  le  bien  public  et  sa  propre 
satisfaction,  car  il  n’y  gagne  pas,  que  je 
sache,  des  sommes  fabuleuses. 

H avait  apporté  à Londres  une  collection 
d’arbres  fruitiers  des  tropiques  fort  intéres- 
sante. On  y voyait  le  Manguier,  le  Poivrier, 
le  Mangoustan,  ce  fruit  délicieux  dont  le 
bailli  de  Suffren  était  si  friand,  que  les 
méchantes  langues  ont  été  jusqu’à  dire  qu’il 
organisait  des  expéditions  aux  Indes  tout 
exprès  pour  en  aller  manger;  puis  VErythro- 
xyton  my ricol des,  sous\e  faux  nom  de  Coca. 
(Le  véritable  Coca  offre  des  feuilles  plus  gran- 
des, traversées  longitudinalement  par  trois 
nervures  dont  deux  sont  presque  périphé- 
riques, comme  dans  les  Mélastornacées)  ; 
une  nouvelle  espèce  d’ Avocatier  {Persea 
pitotolensis),  dont  M.  Linden  m’a  dit  mer- 
veilles. J’en  passe,  et  de  moins  bons. 

Les  feuillages  panachés  sont  aussi  en 
faveur  en  Angleterre.  Les  plus  chlorotiques 
sont  les  favoris  de  la  mode.  Je  suis  bien 
aise  de  constater  que  nous  ne  sommes  pas 

I Sophia  (w/.sr/c/i  , une  de  ces  nouveautés  éplicmères, 
est  eu  vente  au  prix  de  42  shillini^s  (52'. 50),  et  M.  Ke- 
teleer  me  disait  l’autre  jour,  qu’une  plu^s  nouvelle 
encore  était  i+nnoncée  à 70  Shillings  (87’.50j. 


EXPOSITION  lIOimCOIÆ  INTEUNATIONALE  DE  LONDRES. 


259 


seuls  il  donner  dans  ce  travers.  Aussi  ne  par- 
lerai-je pas  du  lot  de  M.  William  Paul,  mais 
seulement  de  ses  belles  plantes  c^rimpantes 
rusiiques.  Parmi  de  fort  belles  Clématites, 
une  surtout  était  digne  d’attention,  à raison 
(bî  ses  grandes  fleurs  violet  foncé  superbes. 
Plie  avait  nom  Clemalis  riibro-violacen. 

Les  arbustes  à feuilles  persistantes,  qui 
• croissent  si  bien  sous  le  climat  brumeux  de 
I la  Grande-Bretagne,  et  qui  sont  la  meilleure 
i parure  hibernale  des  jardins,  étaient  repré- 
sentés par  de  beaux  spécimens  sortis  des 
^ cultures  de  MM.  Yeitcli,  Standisb,  Jacbman. 

! Piien  de  nouveau  dans. ces  lots  de  belle  cul- 
I ture,  si  ce  n’est  de  forts  exemplaires  cou- 

V verts  de  fruits  de  toutes  les  variétés  d’Aucu- 

il  bas  du  Japon.  Décidément,  la  fructitication 
ô en  est  facile  et  assurée,  et  voilà  une  parure 
n nouvelle  bien  acquise  à nos  jardins. 

J’appelle  une  attention  plus  soutenue  au 
t]  profit  des  plantes  vivaces  exposées  par 
i MM.  Backliouse  (d’Yoïk)  et  Salter  (de  Ham- 
:i  mersmitli).  Les  plantes  vivaces  sont  un  des 
1 plus  précieux  ornements  des  jardins  ; elles 
1 demandent  peu  de  soins,  n’ont  pas  besoin 
!)  d un  renouvellement  fréquent,  sont  acces- 
i sibles  à tontes  les  fortunes,  et  prennent  de 
H puissants  attraits  si  elles  sont  bien  cultivées. 

A A toutes  ces  causes,  on  ne  saurait  trop 
il  louer  les  nouvelles  introductions  de  ce 
a genre.  Pour  moi,  un  Dielytra  vaut  mieux 

f qu  une  belle  Orchidée  : celui-là,  au  moins, 

;?  est  la  fleur  de  tout  le  monde. 

M.  Backliouse  s’adressait  aux  amateurs  de 
If  p antes  alpines,  avec  un  assortiment  com- 
l|  plet  de  Saxifrages  : Sedum,  Cyprinedium, 

I Gentianes,  Fougères,  etc.  Parmi  leurs  plan- 
? tes  vivaces  de  l’Amérique  du  nord,  je  recom- 
:(  mande  les  Uvularia  ampleæicaulis,  Viola 
Canadensis,  Phlox  divarkala,  Thalictrum 
anemmoUes  , Cypripediiim  pubescens  et 
acaule. 

Rapport  de  M.  John  Salter,  qui  fut  au- 
trefois un  de  nos  horticulteurs  estimés  à 
Versailles,  comprenait  une  collection  d’es- 
pèces vivaces  à feuilles  panachées.  Je  les 
condamne  comme  les  arbustes,  mais  moins 
absolument.  Pour  des  plantes  basses,  des- 
tinées a orner  les  rocailles,  les  bordures,  à 
i taire  des  contrastes  avec  d’autres  feuillages 
I colores,  1 inconvénient  disparaît.  Plusieurs 
memes  soiil  charmantes  : telles  sont  les 
Arabis,  Melka,  Sedum  Sieboldii, 
iripMiuiity  etc.;  mais  surtout  le  Mujruet  à 
leuilles  rubanées  [Convalkna  mamlis 
loi.  l’fl;-.).  Figurez-vous  une  feuille  de  Mu- 
guet de  bois  parcourue  dans  le  sens  de  sa 
longueur  par  des  bandes  jaunes,  dessinées 
avec  une  régularité  parfaite.  C’est  une  nou- 
velle et  charmante  variété  qui  fera  bien  son 
chemin. 

.Dans  le  même  ordre  de  choses,  il  faut 
citer  la  jolie  Graminée  panachée  [Cynosu- 
rusmstatüs  foliis  argcnleis),  dont  M.  Ilen- 


derson  avait  coin  posé  deux  corbeilles  étagées. 
Je  ne  connais  pas  de  teuillage  plus  blanc, 
plus  léger  et  plus  gracieux.  M.  Ilenderson 
la  mit  au  commerce  à l’automne  1860.  G’est 
une  véritable  trouvaille,  d’autant  plus  que 
la  plante  est  très-tixee  et  qu’elle  se  multi- 
pjiera  comme  da  chiendent,  c’est  le  cas  de  le 
dire  avec  nos  jardiniers. 

Aux  Orchidées  maintenant.  Pendant  toute 
la  durée  de  l’exposition,  la  tente  qui  abri- 
tait ces  merveilleuses  plantes,  et  où  elles 
occupaient  une  longeurde  400 pieds  anglais 
a été  perpétuellement  envahie,  à ce  point 
qu'il  était  impossible  d’en  approcher.  J’ai 
du  renoncer  deux  fois  à prendre  des  notes; 
il  fallait  les  visiter  pour  cela  dès  six  heures 
du  matin.  G’est  assez  dire  l’empressement 
du  public  vers  celte  brillante  famille. 

B est  vrai  que  c’était  faveur  méritée. 
Jamais  on  ne  vit  réunie  une  pareille  collec- 
tion. Par  centaines  on  pouvait  compter  les 
Catleya,  les  Vanda,  les  Lfdia,  les  Dendro- 
bwm,  les  Oncidiuw,  les  Phalœmmk  les 
plus  beaux  et  les  plus  rares,  et  cela  en 
échantillons  monstrueux. 

II  faut  renoncer  à les  décrire  et  signaler 
seulement  les  variétés  de  cet  assemblage 
unique.  ^ 

Mais  aussi  les  récompenses  étaient  dignes 
des  soins  et  de  l’habileté  des  cultivateurs. 
M.  liobert Warner,  par  sa  magnifique  collec- 
tion de  50  espèces  distinctes,  a reçu  55  li- 
vres sterling  (1,375  fr.),  etM.  Bulien,  pour 
20  plantes  hors  lignes,  70  livres  (1,750  fr.) 
Unjo  i denier,  n’est-ce  pas?  Gette  atlrac- 
non-la  vaut  bien  celle  de  nos  médailles 
d argent  de  première  classe.  Elle  est  hono- 
rifique et  substantielle  à la  fois,  et  je  sais 
plus  d un  horticulteur  du  bon  pays  de  France 
qui  engagerait  volontiers  la  lutte  si  on  lui 
oflrait  de  pareilles  couronnes. 

Ont  été  remarqués  dans  les  divers  apports 
par  leurs  raretés  on  leurs  dimensions  excep- 
tionnelles, les  espèces  suivantes  : 

JUb  Williams.  Lowii.  .[nœct. 

Ilunen,  Anœctachüus  setacem^  charmaiiis 
\\  ^??*hages  réticulés  d’or  ou  de  pcurpre. 

31.  lurner.  — Un  Dendrobium  nobile  couvert 
d innombrables  fleurs  lilas  et  blanc  à centre 
pourpre. 

M.  Barnet  — Dendrobium  taurinum!  Miltonia 
spectabdts  var.,  Phalœnopsis  Luddeman- 
nia  nu. 


oon. 


untiaKUH  Uill.SSimum. 


M.  J.  Ürand.  — CaWeya  iHossjVc  (:î5  tiges  à 
lleiirs).  (MUeya  Adbindiw. 

.'I.  .Marshall  - Erioysls  ndidobokhn.  Grau- 
des  teudlles  noirâtres  ; fleurs  brun-noir  en 
grappes. 

Dendrobium  Densiflorum  album,  Dendro- 
binm  nobile.  Dendrobium  Dalhousianum. 

■ ^^i'^'‘{*opilin  crispa,  Oncidiumsar- 

codes,  Odontoglossum  nærium. 

.7,;  Ippriindinm  bnrhntum  muhis 
(plus  de  100  Heurs) . Cypripedium  tiUosum. 
Lœtia  purpurala,  Odontoglossum  nærium. 


EXPOSITION  HORTICOLE  INTERNATION  Alt  i)È  L'ONDRËS. 


31.  Lcaf.  — Dendrobium  Danoniim. 

M.  Turner,  de  l’owbridge,  Leicester.  — Üdon- 
toglossum  cordât  uni.  Brassia  vernicosa 
major!  Cgpripedium  harbaium  supcrbum. 
Dendrobium  Sajctoni.  Phalœnoiisis  grandi- 
pora. 

Eu  parlant  des  Orchidées,  nous  ne  pou- 
vons passer  sous  silence  le  vaste  et  ingé- 
nieux appareil  thermosiphon  de  M.  Ormson, 
(jui  chauffait  la  salle  où  elles  étaient  conte- 
nues, en  compagnie  des  nouveautés  deserre 
chaude.  Une  seule  chaudière  de  petite  di- 
mension mettait  en  circulation  1 ,700  gallons 
d’eau  (7,990  litres)  dans  3,^200  pieds  de 
tuvaux,  et  chauffait  suftisamment  400,000 
pikls  cuhes  d’air  dans  une  salle  mal  fermée 
et  couverte  d’une  simple  toile.  Ce  résultat 
attirera  l’attention  de  tous  les  gens  qui  s’oc- 
cupent de  chauffage. 

Parlons  seulement  des  Palmiers  pour  les 
louer  au  passage  et  signaler  le  hel  exemplaire 
de  Sterensonia  ou  Phœnicophorium  SechcU 
Uinnn^  apporté  deGand  par  M.  Verschatlelt. 

Les  Cycadées  du  môme  étaient  fort  re- 
marquables et  lui  ont  valu  un  premier  prix, 
disputé  de  près  par  M.  Taylor. 

Les  Pandanées  de  MM.  \eitcli  et  Wil- 
liams ne  le  cédaient  guère  les  unes  aux  au- 
tres, mais  la  balance  a dû  pencher  en  faveur 
de  MM.  Veitch,  dont  la  collection  s’est  enri- 
chie d’une  belle  nouveauté  à feuillage  disti- 

que  ; , . 

Le  feuillage  c(  ondoyant  » des  r ougeres, 
comme  dit  Milton,  formait  sur  plusieurs 
points  de  l’exposition  des  groupes  d’une  rare 
élégance.  On  admirait  dans  la  grande  nef, 
un"  massif  composé  de  cinq  ou  six  énor- 
mes touffes  d’une  beauté  incomparable.  Sans 
parler  des  Fougères  en  c^bre,  dont  l’une 
{Cgatllca  meduUaris)  n’avait  pas  moins  de  10 
mètres  de  hauteur  sur  0 piètres  de  diainètre, 
les  collections  de  MM.  Veitch,  Bull,  illiams, 
BaineS)  contenaient  de  splendides  exemplai- 
res de  Ciboiinm  princeps.  Sdîiedei.  Gleiifie- 
nia  se}mvestita  :l),PabeUata.  Maratliiaele- 
nans.  Todea  Afrimna.  Leptoptens  superba 
(?)  Dnynaria  morhilosa.  Woidu'ardmradi- 

Un  de  ceux  qui  m a le  plus  frappe  par  la 
beauté  de  son  port  et  son  air  de  grande 
santé  est  le  Lomaria  gibba,  de  M.  W illiams, 
espèce  encore  rare  que  l’on  commence  a 
trouver  ci  Paris,  et  qui  est  d’un  grand  avenu 

comme  plante  d’appartement.  . 

Les  collections  de  MM.  Ivery,  Bull  et  J. 
Salter  comprenaient  les  Fougères  de  pleine 
terre  à ce  point  estimées  en  Angleterre 
qu  on  en  fait  des  plantations  spéciales  sur 
rocailles  qu’on  appelle  ferneries  (fouge- 

raies).  , . r -n 

Dans  celle  classe  des  gracieux  leuillages, 
se  rangent  les  Lycopodes  dont  MM.  V eitch, 
Barnard  et  Fairbaim  exhibaient  de  délicieu- 
ses collections.  , 

.Vroïdées  : U’’  prix,  M.  \ eilch  *,  Araliacces  : 


jcrprix,M.  Veitch;  Maranlacées  : U‘ prix, 
M.  Veitch,  même  en  concurrence  avecM.  Le  • 
grelle  d’ilanis,  venu  tout  exprès  d’Anvers 
pour  se  faire  battre,  du  reste,  avec  toute  la 
courtoisie  possible. 

Victorieux  encore  dans  les  concours  de 
Conifères,  MM.  Veitch  ont  eu  cependant 
maille  cà  partir  avec  MM.  ùVaterers  et  Godfrey , 
de  Knap-llili,  qui  exposaient  de  superbes 
collection  venues  de  loin  et  cà  grands  frais. 
Outre  de  nombreuses  nouveautés  représen- 
tées par  de  forts  échantillons,  je  dois  signa- 
ler cavec  mention  extrcaordinaire  leur  Câpres- 
sus  huicsoninm  argcntea,  qui  est  un  bijou. 
Tous  les  amateurs  de  Conifères  voudront  le 
posséder. 

La  Belgique  a remporté  les  couronnes  at- 
tribuées aux  l nm/,  DasyUrion,  dans 

la  personne  de  M.  Jean  Verschaffelt,  bien 
connu  pour  cetté  spécialité. 

De  beaux  Bégonias  richement  cultives  ont 
valu  les  premiers  prix  à M.  Smee,  M.  Whee- 
1er  et  M.  Venner.  Parmi  les  espèces  cà  belles 
tleurs,  le  B.  Digsu'elUuna,  de  M.  Larley, 
l’emportait  sur  tous  ses  concurrents. 

Mcaisles  premières  réconipenses,  pour  les 
Anthurium . les  SaruceniUy  ces  fcurieuses 
plantes  de  l’Amérique  du  nord,  aux  feuilles 
{(iseidies)  en  forme  de  gobelets,  munis  d un 
opercule,  les  Nepenlhes,  non  moins  Uite- 
ressanls,  les  Houx,  une  des  gloires  de  la 
culture  anglaise,  appcartenaienl  encore  a 
M.  Veitch.  Jugez  de  la  confiance  qu’il  faut 
avoir  en  soi-même  pour  oser  lutter  avec  de 
pareils  champions  ! .... 

Dans  toute  exposition,  ce  qui  doit  primer 
tout  le  reste,  ce  sont  évidemment  les  nou- 
veautés. Il  y a,  en  effet,  un  bien  plus  grand 
mérite  à doter  son  pays  d’une  plante  nou- 
velle, agréable  ou  utile,  et  à procurer  ainsi 
aux  amateurs  de  nouvelles  jouissances  que 
d’amener  un  développement  inusité  des  es- 
pèces déjcà  connues.  L’importateur  d une  nou- 
velle plante  est  presque  un  créateur,  puisque 
sans  lui,  sans  son  initiative,  Scans  les  sacritices 
qu’il  fait  pour  l’aller  ou  l’envoyer  découvrir, 
on  serait  réduit  à la  désirer  toujours. 

A Londres,  malgré  les  magnificences  dont- 
je  viens  de  vous  parler,  c’étcait  encore  la  le 
côté  le  plus  brillant.  Un  nombre  considéra- 
ble de  nouvelles  plantes  et  de  plantes  hors 
lignes,  s’y  sont  rencontrées.  Leurs  descrip- 
tions, s’il  fallait  les  donner  en  detail,  don- 
nerait pâture  à dix  n^’^'  de  HBevue  horticole. 

On  trouvera  donc  bon  que  pour  ne  jias 
prolonger  outre  mesure  cette  notice,  je 
remette  à un  peu  plus  tard  la  publication 
des  notes  détaillées  prises  sur  les  plantes  les 
plus  remarquables.  Plusieurs  du  reste,  ont 
été  spécialement  dessinées  ou  peintes  pour  la 
la  Revue  qui  aura  la  primeur  des  espèces  les 
plus  intéressantes. 

‘ IL  ANimÉ. 

{La  suite  au  proehuiu  uuuicr<i). 


CHUüNlQUE  HORTICOLE 


(PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JUILLET) 


Los  variations  de  température.  — L’oïdium.  — Exposition  de  la  Société  tmrilpnio  ^ 
de  Troyes.  - Exposition  de  la  Société  d’I.orticulture  delà  II 

cona^res  pomoloi^ique  de  France,  ù Melun.  — Exposition  de  la  Société  d’IiorticnlturA  session  du 

de  Melun  et  Fontainebleau.  - Exposition  de  la  Société  .iTortL^^^^^^^^^ 

horticoles  d’Orléans,  de  Valognes,  de  Rozoy- en-Rrie,  de  Coulommiers,  de  Bour^' de  Paris 

mise  au  concours  par  la  Société  d’horticulture  du  Rhône.  — Concours  ouvert  nar7i  Snril  â>r 

de  Marseille.  - Concours  de  jardiniers  dans  la  Côte-d’Or  - D°  liLt  ore^i  J^ 

personnalités.  - Le  Bigarreau  Vochmissen.  - Communication  de  M Eu^  Glà^^^^ 

chenilles  dans  le  Lot-et-Garonne.  — La  chenille  hagueuse.  — Acclimatation  ^des  Ravages  des 

— Les  plus  beaux  Colijmbea  rmlnicala.  - Communication  de  M.'  Hantin.  — Lettre  dè^M^Vnlh-é°'^^’ 

Dponomenle  cerasi.  - Fructification  de  VAralia  SieboldH an  parc  Monceau  -Evnosii inn  i . ‘ r 7* 

Ferté-Süus-Joiiarre.  - Exposition  de  Roses  à Brie-Comte-Robert  ^ Exposition  horticole  de  la 


Après  les  jours  chauds  et  secs  de  la  fin 
du  mois  de  juin,  qui  avaient  succédé  brus- 
quement à un  temps  humide  et  relativement 
froid,  sont  venues  les  journées  froides  et 
pluvieuses  du  commencement  de  juillet.  Ces 
variations  anormales  de  température  de- 
vaient déterminer  dans  la  végétation  des  per- 
turbations fâcheuses  et  donner  naissamce  à 
certaines  maladies.  Le  fait  s’est  réalisé,  et 
Vüidimn  a reparu  sur  plusieurs  points. 
Quoiqu’il  n’ait  pas  encore  tait  trop  de  rava- 
ges, nous  devons  néanmoins  le  signaler,  et 
rappeler  qu’il  vaut  mieux  agir  lorsque  le 
mal  commence  à se  montrer  que  lorsqu’il  a 
déjà  fait  des  progrès.  Les  moyens  de  com- 
battre l’oïdium  sont  nombreux  , mais  le 
meilleur,  comme  on  le  sait,  est  le  sou- 
frage. 

— Les  expositions  ou  concours  horti- 
coles que  nous  avons  à signaler  sont  nom- 
breux. 

On  nous  annonce  qu’une  grande  exposi- 
tion aura  lieu  à Troyes,  du  3 au  10  septem- 
bre prochain,  sous  la  direction  de  la  Sodété 
îiorticole,  vigneronne  et  forestière.  Elle  com- 
prendra les  produits  des  jardins,  des  vignes, 
des  bois,  l’apiculture  et  la  pisciculture,  les 
oiseaux  de  basse-cour  et  de  parc,  les  insec- 
tes utiles  ou  nuisibles,  les  accessoires  de 
pêche  et  de  chasse,  les  objets  d’art  ou  in- 
dustries qui  rentrent  dans  les  agréments  de 
la  maison  de  campagne. 

Les  végétaux  inédits , ou  nouvellement 
employés  dans  l’industrie  y seront  l’ubjet 
I de  récompenses  spéciales, 
j Entre  autres  clauses  nouvelles,  lé  pro- 
I gramme  ne  crée  pas  de  concours  à l’avance. 

Chaque  exposant  sera  libre  de  présenter  ses 
i collections  en  un  seul  lot,  ou  de  les  subdi- 
' viser  par  catégories. 

Des  contérences  seront  organisées  pen- 
; dant  l’exposition  ; c’est  là,  nous  le  croyons 
une  très-heureuse  idée. 

En  outre,  la  Société  célébrera  solennelle- 
ment la  saint  Fiacre  le  jour  où  le  jury  se 
trouvera  réuni.  Une  messe  en  musique, 
un  banquet,  où  les  dames  seront  admises^ 
un  bal,  une  fête  vénitienne  au  local  de  l’ex- 
position (jardin  public  , dit  Vnllée-Smsse) 
constituent  le  programme  de  la  fête. 

Voilà  une  société  nouvelle  qui  tait  bien 
les  choses,  et  à qui  on  peut  prédire  le  succès. 

16  Juillet  1866. 


— La  Société  d’horliculture  de  la  Ifaute- 
vienne  fera  une  exposition  générale  d’horti- 
culture, à Limoges,  les  1 3, 14  et  1 5 août  1 SGG. 
Cette  exposition  comprendra  toutes  les  plan- 
tes de  serre  ou  de  pleine  terre,  les  fruits 
les  légumes,  les  bouquets  montés,  ainsi 
que  tous  les  instruments  et  objets  d’art  qui 
se  rattachent  à l’horticulture. 

Indépendamment  des  récompenses,  qui 
consisteront  en  médailles,  livres  ou  som- 
mes d’argent,  la  société  met  à la  disposition 
du  jury  une  somme  de  1,000  francs  pour 
être  distribuée  aux  exposants,  suivant  la 
valeur  des  lots.  De  plus,  une  médaille  de 
vermeil  sera  donnée  par  la  Société  à l’insti- 
tuteur qui  aura  démontré  avec  le  plus  de 
succès  les  principes  de  l’horticulture  et 
principalement  de  l’arboriculture.  ' 
Tous  les  horticulteurs  et  amateurs  qui 
veulent  exposer  doivent  adresser,  avant  le 
août,  à M.  le^  docteur  Thouvenet,  secré- 
taire de  la  Société,  faubourg  Montmailles 
une  déclaration  indiquant  la  nature  des  pro- 
duits qu’ils  veulent  présenter,  ainsi  que  la 
superficie  du  terrain  dont  ils  ont  besoin. 

^ — Le  congrès  pomologique  de  France 
tiendra  sa  onzième  session,  à Melun,  du 
vendredi  14  au  mercredi  19  septembre  18GG. 

Cette  session,  qui  commencera  le  14  sep- 
tembre, à midi,  aura  pour  but  de  continuer 
les  travaux  qui  n’ont  pu  être  achevés  dans  la 
session  précédente  : l’étude  des  fruits  admis 
provisoirement  ; l’étude  des  fruits  nouvel- 
lement obtenus  ou  introduits,  et  dont  le 
mérite  aura  été  constaté  par  des  commis- 
sions; l’étude  monographique  des  fruits 
obtenus  dans  le  département  de  Seine-et- 
Marne,  présentée  par  les  sociétés  d’hor- 
ticulture de  Melun,  Fontainebleau,  de  Meaux 
et  de  Coulommiers. 

Les  Sociétés  d’horticulture  sont  priées  de 
faire  connaître  leur  adhesion  et  le  nombre 
des  membres  qu’elles  enverront  comme  dé- 
légués à cette  session.— Celles  qui  seraient 
dans  l’intention  d’exposer  des  fruits,  vou- 
dront bien  en  informer  le  secrétaire  général 
de  la  Société  d’horticulture  de  Melun  et  de 
Fontainebleau  avant  le  1er  septembre  pro- 
chain. ^ 

La  Société  d horticulture  des  arrondis- 
sements de  Melun  et  de  Fontainebleau  fer 

14. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JUIILLET). 


concorder  son  exposition  générale  d’horti- 
culture avec  la  session  du  Congrès  pomolo- 
giriue.  Cette  exposition  sera  ouverte  les  15, 

16,  n,  18  et  19  septembre.  Tous  les  horti- 
culteurs et  amateurs  français  et  étrangers 
sont  invités  à y prendre  la  plus  large  part 
possible. 

Toute  personne  qui  voudra  exposer  devra 
en  faire  la  déclaration  franco  au  moins  huit 
jours  avant  l’exposition,  au  secrétaire  de  la 
Société. 

Tous  les  objets  exposés  devront  apparte- 
nir à l’exposant,  avoir  été  cultivés  par  lui 
ou  être  le  produit  de  son  industrie.  — L ex- 
position comprendra  des  plantes  de  toutes 
natures,  fleuries  ou  non  fleuries,  des  Heurs 
coupées,  des  fruits,  des  légumes,  des  outils 
et  instruments  de  jardinage,  des  pote- 
ries, etc.  ',  en  un  mot,  tous  les  objets  d art 
se  rapportant  à l’horticulture. 

— Les  5,  6,  7,  8 et  9 septembre  1866,  la 
Société  impériale  d’horticulture  pratique  du 
Pibône  ouvrira,  au  Palais  des  Arts,  à Lyon, 
une  exposition  générale  de  légumes,^ de 
tleurs,  de  fruits  et  des  différents  objets  d art 
ou  d’industrie  se  rattachant  à l’horticulture. 
Tous  les  horticulteurs  et  amateurs  français 
et  étrangers  seront  admis  à cette  exposition. 
Ceux  qui  voudront  exposer  devront  adresser 
franco,  (\\i  15  au  25  août,  h M.  Cussin,  se- 
crétaire, au  Palais  des  Arts,  à Lyon,  une 
demande  d’admission  qui  devra  indiquer, 
indépendamment  des  noms  et  prénoms  du 
demandeur,  la  nature  des  produits,  1 em- 
placement qu’ils  occuperont  ainsi  que  les 
concours  auxquels  ils  prendront  part.  Les 
objets  destinés  à l’exposition  devront  être 
inkallés  le  lundi  8 septembre,  avant  six 
heures  du  soh\ 

D’autres  expositions  d’horticulture  au- 
ront lieu  : Du  12  au  16  août,  à Orléans. 

Du  1 1 au  14,  à Valügnes.  — Du  8 au  10  sep- 
tembre, à Kozoy-en-Brie. — Du  8 au  12,  à 
Coulommiers.  — Du  15  au  17,  à Bourg. 

Du  29  septembre  au  3 octobre  à Pans.  Nous 
reviendrons  sur  ces  expositions  lorsque 
nous  en  aurons  les  programmes. 

— Nous  rappelons  à nos  lecteurs  que  le 
concours  ouvert  par  la  Société  d’horticulture 
du  Bhone  sera  clos  le  31  décembre  1866,  et 
qu’aprcs  cette  époque,  les  mémoires  ne  se- 
ront plus  reçus!  Le  prix  consiste  en  une 
médaille  d’or  de  300  frans.  Le  sujet  a trai- 
ter est  le  suivant  : 

Indiquer  les  influences  diverses  d hu- 
midité atmosphérique  (pluie,  neige,  etc.), 

les  qualités  des  eaux  employées  pour  1 ar- 
rosage, les  conditions  de  leur  emploi,  leurs 

C *\ï*cXCt'GI'GS  • 

' C(  Insister  particulièrement  sur  l’arrose- 
ment, en  tenant  compte  des  saisons,  des 
suis,  des  modes  d’arrosage  et  surtout  de  la 


nature  des  espèces  et  des  conditions  de  leur 
végétation.  » 

It  y a,  dans  la  réalisation  de  reprogramme, 
de  grandes  difficultés  à surmonter,  tant  le 
sujet  à traiter  est  complexe. 

— Le  concours  ouvert  par  la  Société 
d’horticulture  de  Marseille,  relativement  à 
un  Manuel  de  culture  maraîchère  spécial  à 
l’arrondissement  de  cette  ville,  sera  clos  le 
31  mars  1867.  Yoici  quel  en  est  le  pro- 
gramme : 

Plan  et  disposition  d’un  jardin  potager.-— 
Calendrier  pour  les  divers  travaux. — Choix 
des  espèces  et  des  variétés  les  mieux  appro- 
priées au  climat  de  l’arrondissement,  les 
plus  productives  et  les  plus  propres  à la 
vente.  — Désignation  des  meilleurs  instru- 
ments de  culture.  — Culture,  défoncement, 
•labour,  fumiers,  engrais,  amendements  et 
arrosements.  — Culture  des  primeurs  et 
culture  forcée;  moyens  à employer  pour 
obtenir  les  produits  les  plus  avantageux.  — 
Semis,  multiplications  et  soins  à donner  aux 
plantes  potagères.  • — Maladies  des  végé- 
taux. — Insectes  et  animaux  nuisibles  qui 
attaquent  les  potagers  dans  le  pays;  modes 
de  préservation  et  de  destruction.  Eva- 
luation des  frais  de  culture  et  du  produit. 

La  prime  offerte  par  la  Société  est  de 
500  francs;  des  médailles  d’or,  de  vermeil 
et  d’argent  seront  décernées  aux  concur- 
rents les  plus  méritants. 

Ces  sortes  de  concours,  qui  mettent  en 
jeu  l’amour-propre  et  l’intérêt,  donnent 
presque  toujours  de  bons  résultats.  Nous 
souhaitons  donc  un  succès  complet  à la  So- 
ciété d’horticulture  de  Marseille. 

— M.  Durupt,  chargé  des  cultures  des 
squares  de  la  ville  de  Dijon,  a déposé  sui 
le  bureau  de  la  Société  d’horticulture  de 
la  Côte-d’Or,  dans  sa  séance  du  11  avril 
dernier,  une  lettre  dans  laquelle  il  demande 
un  concours  pour  les  ouvriers  jardiniers  de 
la  Côte-d’Or. 

Cette  lettre  ar  été  prise  en  considération, 
et  une  commission  a été  nommée  pour  exa- 
miner cette  question  qui  a été  accepté  una- 
nimement par  la  commission  et  par  1 as- 
semblée générale.  M.  Durupt  indiquera  pro- 
chainement les  résultats  du  concoiiis. 

Cette  proposition  faite  par  un  de  nos  col- 
lègues constitue  un  véritable  progi^'s.  Les 
concours  institués  dans  la  Côte-d  Or  pei- 
mettront  aux  ouvriers  jardiniers  de  montrer 
ce  qu’ils  savent  faire,  et  exciteront  1 émula- 
tion de  tous. 

— Nous  avons  reçu  de  plusieurs  corres- 
pondants des  lettres  de  critique  assez  vive 
auxquelles  nous  ne  pouvons  donner  place 
dans  la  chronique. 

Loin  de  nous  la  pensee  d etouffer  les  itis- 
cussions,  nous  voulons,  au  contraire, 


S63 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  JUILLET). 


I qu’elles  soient  parfaitement  libres,  mais  à 
la  condition  qu’elles  ne  dégénèrent  pas  en 
I personnalités,  qui  n’avancent  en  rien  les 
i|  questions  et  ne  profitent  à personne.  Aussi, 
nous  nous  ferons  un  devoir,  dans  certains 
; cas,  d’analyser  les  lettres  ou  d’en  repro- 
duire les  principaux  passages,  de  manière  à 
faire  disparaître  des  polémiques  tout  ce  qui 
n’a  qu’un  rapport  indirect  avec  l’horticul- 
ture. 

Nous  espérons  que  les  collaborateurs  de 
la  Revue  horiicole  partageront  cet  avis,  et 
9 nous  les  prions  de  continuer  à nous  faire 
I part  de  leurs  observations  et  de  vouloir  bien 
^ les  consigner  dans  des  articles  spéciaux. 

I Ceci  posé,  voici  une  lettre  que  nous  a 
|i  adressée  notre  excellent  collaborateur, 
M.  Eugène  Glady,  touchant  le  Bigarreau 
iC'  Doclimissen ^ dont  il  a déjà  entretenu  les  lec- 
1 teurs.  (V.  Revue  horticole,  1865,  p.  431.) 

« Bordeaux,  le  25  juin  1866^ 
î ((  Monsieur  le  rédacteur, 

« Je  récolte  en  ce  moment  le  Bigarreau  jaune 
de  Dochmissen,  qui  continue  de  tenir  toutes  ses 
t promesses. 

« J’engage  les  lecteurs  de  la  Revue  horticole 
1 à relire  l’article  concernant  l’introduction  en 
France  de  cette  précieuse  nouveauté  {Revue 
horticole,  n»  22,  16  novembre  1865). 

« La  gravure  reproduit  bien  la  forme  et  la 
grosseur  du  fruit,  mais  la  nuance  est  trop 
foncée  et  moins  jolie  que  le  type. 

« Je  me  trouvais  l’hiver  dernier  à Villeneuve- 
d’Agen,  et  j’appris  qu’un  ouvrier  pépiniériste 
de  MM.  Galbai!  père  et  fils,  avait  pris  chez 
ses  maîtres,  il  y a quatre  ou  cinq  ans  de  cela, 
quelques  greffons  de  mon  Bigari  eau  jaune  pour 
les  appliquer  sur  un  gros  cerisier. 

((  Le  cerisier  transformé  se  couvrit  en  peu 
d’années  de  ces  jolis  fruits  si  curieux  et  si  bons, 
et,'^u  mois  de  juin  dernier,  l’ouvrier  pépinié- 
riste' apporta  au  marché  de  Villeneuve  une  1 elle 
corbeille  de  ces  délicieux  Bigarreaux  avec  une 
branche  littéralement  couverte  de  bouquets  de 
I fruits. 

i « J’ai  imité  cet  exemple  au  mois  de  février 
I dernier,  et  deux  gros  sujets  convertis  poussent 
j.  des  jets  vigoureux  qui  vont  se  ramifiant. 

^ « Cette  introduction  de  Grimée  sera  bientôt 
répandue  en  France  parl’envoi  des  greffons  que 
j’ai  adressés  à nos  principaux  pépiniéristes,  et 
par  les  demandes  multipliées  qui  ont  été  faites 
I à MM.  Galban  père  et  fils,  à Villeneuve-sur- 
! Lot. 

« J’ai  préconisé  le  Bigarreau  de  Germers  dorf 
pour  sa  grosseur.  C’est  là  son  seul  mérite.  Le 
! Bigarreau  noir  d’Ornemann,  ainsi  écrit  par 
M.  de  Hartwich,  a beaucoup  d’analogie  pour  la 
î forme,  la  couleur,  la  grosseur  et  le  goût;  avec 
I ce  dernier,  il  le  devance  de  huit  jours  pour  la 
I maturité. 

« Je  reviendrai  Fan  prochain  sur  d’autres  va- 
f riétés. 

« Les  chenilles  dévorent  nos  pruniers  dans  le 
f Lot-et-Garonne.  Sauverons-nous  quelques  pru- 
neaux? 

((  Veuillez  agréer,  etc. 

« Eug.  Glady.  ». 


Nous  ne  connaissons  le  Bigarreau  jaune 
de  Dochmissen  que  par  sa  végétation;  tout 
ce  que  nous  pouvons  dire,  c’est  qu’on  peut 
aujourd’hui  se  procurer  des  jeunes  arbres  de 
cette  variété  chez  un  grand  nombre  de  pépi- 
niéristes. 

Au  sujet  des  chenilles  dont  parle 
M.  Glady,  nous  rappellerons  ce  que  nous  en 
avons  dit  dans  notre  dernière  chronique 
(page  242),  et  nous  profiterons  de  cette  cir- 
constance pour  révéler  une  erreur  que  nous- 
même  avons  commise;  elle  a trait  à l’ori- 
gine de  ces  insectes. 

Ces  chenilles  ne  sont  pas  de  celles  qu’on 
trouve  l’hiver  renfermées  dans  les  nids,  nous 
en  avons  eu  la  preuve  dans  un  voyage  que 
nous  avons  fait  récemment.  Ainsi,  <à  Meaux, 
dans  le  jardin  de  l’hospice,  où  l’échenillage 
est  fait  tous  les  ans  à temps  et  scrupuleuse- 
ment, nous  avons  vu  des  avenues  de  Tilleuls 
dont  les  feuilles  étaient  complètement  dévo- 
rées. Il  en  est  de  même  de  très-grands  Peu- 
pliers plantés  sur  la  roule  de  Trilport,  à 
Meaux.  Là  encore,  il  n’y  avait  pas  un  seul 
nid  de  chenilles  l’hiver,  et  pourtant,  aujour- 
d’hui, les  arbres  en  sont  littéralement  cou- 
verts; aussi,  sont -ils  à peu  près  complète- 
ment dépourvus  de  feuilles.  Ce  n’est  donc 
point  l’inapplication  de  la  loi  sur  l’échenil- 
lage qui  est  cause  de  l’apparition  du  fléau. 
La  chenille  qui  dévore  aujourd’hui  les  arbres 
nous  paraît  être  celle  qu’on  nomme  la  Ba- 
gueuse,  ou  peut-être  une  espèce  dont  le  mode 
de  développement  est  analogue.  Malheureu- 
sement, il  est  difficile  de  la  détruire,  car  ses 
œufs  agglutinés  en  bagues  ou  anneaux  au- 
tour des  branches  ont  à peu  près  la  couleur 
de  l’écorce,  en  scrte  qu’on  ne  les  aperçoit 
pas,  et,  comme  ils  éclosent  brusquement, 
l’arbre  est  tout  d’un  coup  couvert  de  che- 
nilles, dont  rien  ne  faisait  soupçonner  la 
présence. 

— M.  Hautin  nous  écrit  de  Brest,  à la 
date  du  22  juin,  une  lettre  relative  à l’accli- 
matation des  végétaux,  dont  le  succès,  d’a- 
près notre  correspondant,  est  due,  en  grande 
partie,  aux  soins  donnés  aux  plantes. 

ConsidéranBensuite  qu’un  grand  nombre 
de  végétaux  qui,  dans  beaucoup  de  parties 
de  la  France,  ont  besoin  d’être  rentrés  en 
serre  pendant  l’hiver,  tandis  qu’ils  passent 
l’hiver  en  pleine  terre,  dans  la  Bretagne  et 
dans  le  département  du  Finistère,  M.  Hautin 
en  conclut  que  ce  climat  est  très-propre  à 
l’acclimatation.  Il  cite,  à l’appui  de  son  opi- 
nion, quelques  espèces,  au  nombre  des- 
quels se  trouve  le  Colymbea  (Araucaria) 
imbricala,  et,  à ce  sujet,  il  écrit  : 

« Vous  avez  annoncé,  dans  la  chronique  du 

juin,  que  le  plus  fort  plnnt  de  cette  espèce 
de  conifère  se  trouve,  en  Angleterre,  dans  l’éta- 
blissement horticole  de  M.  Hischell,  à Peltdown, 
près  Maresfield,  dans  le  comté  de  Sussex;  mais 


CilUONIQUE  HORTICOLE  (PREMÎÈAE  QUINZAINE  DE  JUILLET;. 


iGi 

vous  ne  nous  faites  pas  savoir  dans  cet  arlicle 
la  dimension  de  cet  arbre. 

« Je  doute  quTl  soit  plus  élevé  et  aussi  beau 
que  ceux  que  possède,  dans  sa  propriété  de 
Pennandreff,  commune  de  Flourin,  à 16  kilo- 
mètres de  Brest,  M:  de  Kerzauson.  Ils  sont  gar- 
nis de  la  base  au  sommet,  et  ont  une  forme  par- 
faite. 

« Voici,  du  reste,  la  dimension  des  deux  plus 
forts:  1«l60  de  circonférence  de  tronc,  au  collet 
de  la  racine;  25  mètres  de  circonférence  de 
branches,  ras  de  terre;  20  mètres  de  haut. 
M.  de  Kerzauson  a encore  dans  le  même  en- 
droit quatre  autres  sujets  de  moins  grande  force, 
mais,  cependant,  d’une  végétation  luxuriante  ; ils 
sont  proportionnés  et  ont  de  10  à 15  mètres  de 
haut. 

« On  est  saisi  d’admiration  à la  vue  de  ce 
groupe  d’arbres  du  Chili;  comme  végétation, 
il  est  impossible  de  rien  voir  de  plus  imposant. 

((  J’atlribue  la  belle  végétation  de  cette  espèce 
de  conifère^  pour  notre  région,  ainsi  que  celle 
de  beaucoup  d’autres  plantes,  à l’humidité  de 
l’atmosphère  due  au  rapprochement  de  la  mer; 
à notre  climat  très-tempéré,  le  thermomètre 
descendant  rarement  h quatre  degrés  au  dessous 
de  zéro,  et  aux  que!  ] les  soins  apportés  à leur 
culture  pendant  les  premières  années  de  leur 
plantation. 

c(  Veuillez  agréer,  etc. 

< F.  Hautin. 

( Pépiniérisle  à Brest.  » 

Nous  ne  partageons  pas  complètement  les 
idées  de  notre  collègue , et  nous  ferons 
d’abord  observer  qu’en  matière  d’acclima- 
tion,  on  voit  souvent  les  faits,  les  plus  con- 
tradictoires se  produire  et  dérouter  toutes 
les  théories.  Nous  allons  en  citer  un  exem- 
ple d’autant  plus  saillant  qu’il  s’agit  de  cette 
même  espèce  : V Araucaria  imbricata. 

Dans  une  propriété  située  au  Plessis-Pi- 
quet (Seine),  appartenant  auxliériliersdefeu 
Vanderberg,  on  a planté,  très-petit,  dans  un 
massif,  deux  pieds  de  Cohjmbea  imbricata; 
ces  deux  individus,  qui  n’ont  reçu  aucun  soin, 
qui  ont  même,  toujours  été  gênés  par  d’au- 
tres arbustes , n’en  sont  pas  moins  des  plus 
beaux.  Ils  ont  4 mètres  de  hauteur  sur  en- 
viron 15  centimètres  de  diamètre;  ils  sont 
' d’une  forme  parfaite,  garnis  de  branches  et 
de  feuilles  de  la  base  au  sommet.  Et  pour- 
tant, au  Plessis-Piquet,  le  voisinage  de  la 
mer  et  le  climat  de  la  Bretagne  sont  hors  de 
cause.  Indépendamment  des  conditions  par- 
ticulières à tel  ou  tel  département,  il  y en 
a d’autres,  que  nous  ne  connaissons  pas. 


qui  concourent  à la  conservation  et  au 
développement^  des  végétaux. 

— Notre  collaborateur  et  collègue  M.  Ed 
André  nous  écrit  : « Dans  une  lettre  que  je 
vous  ai  adressée  sur  les  chenilles  qui  dévo- 
rent les  haies  du  chemin  de  fer  de  Sceaux, 
il  faut  lire,  pour  le  nom  de  l’insecte  : Ypo~ 
nomente  Cerasi.  C’est  à l’autorité  de  M.  le 
docteur  Boisduval  que  je  dois  l’exactitude 
de  ce  nom.  » 

Dans  cette  même  lettre,  M.  André  nous  j 
apprend  que  VAralia  Sieboldti  a fructifié  à 
Paris,  au  parc  de  Monceaux.  N3us  pouvons 
ajouter  que  ce  même  fait  s’est  produit  dans 
plusieurs  autres  endroits,  en  France,  notam- 
ment à Angers. 

— Les  expositions  et  concours  annoncés 
sont  tellement  nombreux  qu’ils  ont  presque 
rempli  toute  la  Chronique  ; nous  somnies 
donc  forcé  de  remettre  au  prochain  numéro 
la  publication  de  certains  faits  intéressants 
que  plusieurs  de  nos  collaborateurs  ont  bien 
voulu  nous  communiquer.  Terminons  par 
quelques  mot<  sur  la  troisième  exposition  de 
la  Société  d’horticulture  de  l’arrondisse- 
ment de  Meaux,  tenue  à la  Ferté-sous- 
Jouarre,  le  24  juin  dernier.  Cette  exposition 
était  très-remarquable,  et  un  de  nos  collabo- 
rateurs en  rendra  compte  prochainement. 

En  atten  tant,  signalons  l’heureuse  idée  qu’a 
eue  la  Société  d’horticulture  de  Meaux  d’al-  j 
1er  de  temps  à autre  planter  son  drapeau  et 
établir  son  quartier  général  dans  les  princi-  I 
pales  villes  de  l’arrondissement  de  Meaux,  1 
de  manière  à les  faire  profiler  à tour  de 
rôle  des  avantages  que  procurent  ces  solen- 
nités, et  à resserrer  les  liens  de  fraternité  et 
de  mutualité  qui  ne  se  forment  jamais  que 
par  le  conctact  direct  des  hommes!  Honneur 
donc  à la  Société  d’horticulture  qui  a si  bien 
réalisé  ce  qu’elle  avait  si  sagement  conçu. 

— Il  nous  reste  à constater  le  succès  de 
l’exposition  de  Roses  qui  vient  d’avoir  lieu  à 
Brie-Comte-Robert.  Non-seulement  les  or- 
ganisateurs et  les  promoteurs  de  l’exposi- 
tion de  Brie-Comte-Robert,  à la  tête  des-  i 
quels  il  faut  placer  son  président,  M.  Ca- 
mille Bernardin,  ont  tenu  parole  ; mais  ils 
ont  fait  mieux  encore  qu’ils  ne  Bavaient 
annoncé. 

Nous  rendrons  compte  de  cet  exposition 
dans  notre  proçhain  numéro. 

E.-A.  Carrière. 


FRAISIER  HÉRICART  DE  THURY. 


On  cultive  en  grarid  aux  environs  de  Pa- 
ris, notamment  à Sceaux,  Fontenay-aux- 
Roses,  Chatenay  et  dans  le  canton  de  Ma- 
lassis, une  variété  de  fraisier,  connue  sous 
le  nom  de  fraisier  Héricart  de  Thury  ; elle 
fut  obtenue  de  semis  il  y a 20  ou  25  ans. 


et  dédiée  à feu  le  vicomte  Héricart  de 
Thury,  qui  présida  pendant  un  grand  nom- 
bre d’années  la  Société  impériale  et  cen- 
trale d’horliculture  de  Paris. 

Cette  variété,  que  les  paysans  nomment 
c(  la  Ricart  » , est  très-fructifère  et  rus- 


FRAISIER  HÉRICART  DE  THURY. 


tique  ; ses  fruits  sont  rouges,  oblongs,  de 
grosseur  moyenne.  Elle  a succédé  aux  va- 
riétés de  gros  fruits,  ôjies  Ananas,  qui  pen- 
dant longtemps  s’étaient  montrées  supé- 
rieures à d autres  variétés  dans  les  cultures 
de  ces  diverses  communes,  où  le  terrain, 
généralement  en  pente,  est  argilo-siliceux  et 
souvent  mêlé  de  Silex. 

Depuis  ces  dernières  années,  il  a été  dé- 
friché aux  environs  de  Verrières  quelques 
parties  de  bois,  ainsi  que  le  parc  de  M“‘"  Do- 
riat,  longeant  le  bois  de  Verrières,  et  qui, 
depuis  trois  ans,  est  planté  en  fraise  Hêri- 
cart , dont  les  produits  considérables  ne 
sont  pas  sans  mérilo. 

Ce  fraisier,  planté  tantôt  en  plates-ban- 
des sur  les  plateaux,  tantôt  sur  des  pentes 
plus  ou  moins  abruptes  et  très-raides,  dont 
la  partie  argileuse  devient  souvent  très-dure 
par  la  sécheresse,  forme,  tant  il  a de  vi- 
gueur, une  sorte  de  petit  buisson.  Il  faut 
dire  que  le  sous-sol  de  ces  terrains  est 
presque  toujours  frais,  ce  qui  contribue 
beaucoup  à la  végétation  et  à la  production 
de  cette  variété,  qui  aime  l’humidité,  qu’on 


ne  pourrait  lui  procurer  qu’à  grand  frais  si 
elle  n’existait  déjà  dans  ces  terrains. 

Le  parc  de  M'"®  Doriat  était  composé  de 
grands  bois,  et,  depuis  1862  seulement, 
1 humble  fraisier  a remplacé  les  arbres  de 
haute  futaie  sur  un  assez  grand  nombre  d’hec- 
tares; il  en  a été  de  même  sur  les  terrains 
voisins  où  se  trouvaient  épars  quelques  bou- 
quets de  bois.  Grâce  à sa  situation  et  à la 
fertilité  de  son  sot,  cette  contrée  n’est  pas 
sans  mérite  pour  les  cultures  jardinières. 

La  cueillette  de  la  fraise  Héricart  de  Thury 
a commencé  le  12  juin,  et  plus  de  200  per- 
sonnes sont  occupées  chaque  jour  à les  ré- 
colter, les  mettre  en  panier  et  les  apporter 
pendant  la  nuit  à la  halle  de  Paris.  Le  prix 
de  vente  en  gros  était  de  35  fr.  les  100 
kilogr.  Celte  variété  de  fraise,  comme  toutes 
celles  à gros  fruits,  n’est  pas  remontante; 
mais  sa  culture  n’en  est  pas  moins  avanta- 
geuse, car  elle  donne  pendant  un  mois  en- 
viron, c’est-à-dire  jusque  dans  les  premiers 
jours  de  juillet,  suivant  l’état  de  la  tempé- 
rature, qui,  lorsqu’elle  est  trop  élevée,  hâte 
et  arrête  la  fructification.  pépin. 


SUR  LES  25  VARIÉTÉS  DE  FRAISIERS 

ADOPTÉS  PAR  LA  SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE. 


Je  viens  de  lire  seulement,  et  ensemble,  les 
trois  articles  de  MM.  Lebeuf  et  Gloëde  sur 
sur  les  vingt-cinq  variétés  de  Fraisiers  adop- 
tées par  la  commission  de  culture  potagère 
de  la. Société  centrale  d’horticulture;  cela 
peut  vous  paraître  étonnant  de  la  part  d’un 
horticulteur  abonné  à la  Revue,  mais,  dans 
notre  état,  les  travaux  sont  pressants  dans 
les  jardins  au  printemps,*  et,  pour  mon 
compte,  je  néglige,  à cette  époque,  les  lec- 
tures pour  courir  aux  arbres  et  aux 
plantes. 

Quelques  personnes  m’avaient  déjà  de- 
mandé si  j’avais  lu  le  premier  article  de 
M.  Lebeuf,  et  ce  que  j’en  pensais;  j’avoue 
que,  n aimant  pas  à faire  de  polémique,  je 
ne  cherchais  pas  à le  lire  ou  je  l’oubliais; 
mais  son  dernier  arlicle,  qui  vient  de  se 
trouver  sous  mes  yeux,  et  que  j’ai  lu,  m’a 
lait  tout  naturellement  recourir  au  premier 
et  à celui  de  M.  Gloëde. 

Je  ne  viens  défendre  les  travaux  de  la 
commission  que  dans  une  certaine  limite 
dans  celle  qui  a rapport  à la  confection  de 
la  liste  à laquelle,  comme  membre  et  secré- 
taire de  celle  commission,  j’ai  contribué 
puissamment,  puisque  presque  toutes  ses 
variétés  ont  été  étudiées  chez  moi  et  indi- 
quées par  moi  ; nous  en  avions  adopté  une 
quarantaine,  parmi  lesquelles  trois  ou  qua- 
tre ont  été  introduites  au  désir  de  quelques 
membres;  elles  ont  été  conservées  lorsque  | 


la  commission,  malgré  moi,  et,  malgré 
moi  aussi , en  a réduit  le  nombre  à 
vingt-cinq  ; c' une  des  causes  qui  m’ont 
fait  me  retirer.  On  verra  plus  loin  que  je 
suis  d’accord  avec  M.  Gloëde,  pour  les 
appréciations  qu’il  a faites  de  ces  trois 
ou  quatre  variétés,  et  même  pour  presque 
toutes  les  autres,  et  je  dois  avouer,  tout  d’a- 
bord, que  sa  critique  est,  selon  moi,  plus 
sensée  que  celle  de  M.  Lebeuf. 

Avant  tout,  je  suis  de  l’avis  de  ces  deux 
messieurs  sur  deux  points  : 

y Le  travail  de  la  com  mission,  telquHl  a 
été  fait,  est  inutile,  je  ne  dirai  pas  stérile, 
comme  M.  Gloëde,  car  c’est  ce  qu’on  peut 
trouver  dans  plusieurs  catalogues  et  quel  - 
ques ouvrages  : une  simple  liste  de  choix 

2«  Ce  travail  est  incomplet.  Aussi,  j’ai 
donné  ma  démission  lorsqu’après  avoir  lutté 
longtemps,  seul,  contre  presque  tous  mes  col- 
lègues, j’ai  vu  enfin  qu’il  n’y  avait  plus  que 
moi  pour  minorité.  J’ai  expliqué  mes  raisons 
assez  longuement  dans  une  lettre  au  conseil- 
d’administration;  j’avais  demandé  que  cette 
lettre  fut  publiée  dans  un  des  bulletins;  le 
conseil  n’a  pas  cru  devoir  le  faire,  — je 
m’incline. 

Je  laisse  à M.  Gloëde  la  responsabilité  de 
sa  digression  sur  le  but  de  la  commission, 
ou  plutôt,  comme  il  dit  : de  son  président', 
je  n’avais,  pour  mon  compte,  aucune  ar- 
rière-pensée; en  m’occupant  d’une  mission 


2Û6  LES  25  FRAISIERS  ADOPTÉS  PAR  LA 

qui  nous  avait  été  confiée  par  le  conseil 
d’adniinistration  de  la  Société,  je  pensais 
faire  un  travail  utile  et  digne  de  la  Société, 
voilà  tout.  Ce  travail  if  était  pas  impossible, 
comme  le  disent  MM.  Lebeul'et  Gloëde,  car 
eux-mêmes  et  d’autres  praticiens  auraient 
pu  nous  aider;  mais  il  fallait  que  certaines 
personnes  oubliassent  leurs  préventions  et 
rancunes  ; les  choses  ont  tourné  autre- 
ment. ^ . 

Je  ne  crois  pas  devoir  divulguer  ici  les 
débats  de  notre  commission;  toutefois,  ce 
que  je  peux  dire,  c’est  que  nous  pouvions 
faire  un  travail  aussi  complet  que  possible; 
mais  la  commission  a préléré  le  laire  très- 

restreint.  1, 

Je  reconnais,  avec  M.  Gloëde,  que  1 ou- 
vrage de  M.  le  comte  de  Lambertye  est  bon; 
mais  il  n’est  pas  le  dernier  mut  de  la  culture 
du  Fraisier  et  des  meilleures  variétés,  puis- 
que M.  Gloëde  lui-même  en  a fait  un  autre 
moins  d’un  an  après;  il  en  est  ainsi  de  tous 
les  ouvraües  d’hoiticulture.  Et,  du  reste, 
M.  Gloëde",  en  critiqiiant  certaines  variétés 
de  notre  liste,  ne  s’aperçoit  pas  que  cette 
critique  peut  être  retournée  contre  les  listes 
des  deux  ouvrages  notés  ci-dessus,  puisque 
Bristish  Queenl Excellente,  Bendrie's  Seed- 
ling  et  Capron  Monstrous  Hautbois,  qu’il 
trouve  mal  dans  la  nôtre,  sont  aussi  dans 
les  leurs.  En  outre,  M.  Gloëde  croit-il,  sin- 
cèrement et  impartialement  (je  me  sers  des 
deux  mots  qu’il  a employés),  que  iiou/ë 
de  Saint-Julien,  Crernont,  Chili  blanc  rosé. 
Ecarlate  américaine,  Elton,  FUI  Basket, 
Gelineaa,  Jucunda,  Hoveifs  Seedling,  Pré- 
mices de  Bagnolet,  Princess  Fréderick  Mil- 
liam  et  Prtnce  of  Wales  (Stewart  et  Neil- 
son\,  etc.  (ce  dernier  qui  ne  paraît  pas  dil- 
férer  de  Keen's  Seedling),  soient  des  variétés 
de  choix  pour  un  amateur  qui  veut  avoir  les 
meilleures  fraises?  Il  ne  laut  donc  pas  être 
exclusif.  M.  Gloëde  dit  aussi  qu’une  autre 
variété  aura  été  substituée  à celle  qui  porte 
le  nom  de  bicolor  (de  Jonghe).  _ _ 

J’ai  monlré  à la  commission  la  variété 
que  j’ai  reçue  sous  ce  nom  autrefois  de 
M.  Gloëde  ; je  suis  certain  qiCune  autre  ne  lui 
a pas  été  substituée;  mais,  comme  nul  n’est 
à l’abri  d’une  erreur  en  fait  de  fraisiers,  pas 
même  M.  Gloëde,  je  vais  faire  ce  que  je  fais 
depuis  quelque  temps  quand  je  houte  d une 
variété  : en  demander  directement  à 1 obten- 
teur ou  lui  envoyer  des  pieds  en  fruits  et  le 
prier  de  me  dire  si  j’ai  bien  la  vraie.  Du 
reste,  la  description  faite  par  la  commis- 
sion n’est  pas  de  moi,  puisque  j’avais  donné 
ma  démission  avant  que  cette  liste  ait  ete 

faite.  , 

Le  Fraisier  bicolor  que  j’ai,  m a toujours 
donné,  à Charenton,  les  mêmes  produits 
qii’ici;  c’est  une  variété  distincte,  par  ses 
feuilles  et  par  ses  fruits,  ceux-ci  sont 
moyens  ou  assez  gros,  arrondis,  un  peu  a 


CENTRALE  D’HORTICULTURE. 

col,  d’une  couleur  rouge  près  de  ce  col  et 
rosé  ailleurs;  les  graines  sont  presque  sail- 
lantes, la  chair  est  blanche,  fine,  sucrée  et 
assez  parfumée;  ses  fiuits  viennent  par  bou- 
quets; le  pétiole  est  long  et  velu,  les  feuilles 
sont  assez  grandes,  ovales,  allongées,  à 
dents  aiguës,  d’une  couleur  vert  pâle  ; la 
plante  eli  vigoureuse,  très-fertile,  puisque 
tous  les  ans  les  filets  mis  en  jauge  près  à 
près  j our  la  vente  se  couvrent  de  fruits  au 
printemps  s’ils  ne  sont  pas  dérangés;  de  plus, 
elle  est  aussi  précoce  que  May  Queen,  el  ses 
fruits  sont  meilleurs  (pour  moi  du  moins)  et 
plus  jolis  ; je  peux,  du  reste,  en  envover  des 
pieds  et  des  fruits  cà  M Gloëde,  s’il  le  dé- 
sire. 

Le  Fraisier  British  Queen  a ete  maintenu 
dans  la  liste  des  vingt-cinq  au  désir  de 
M.  Jamin  père,  qui  l’a  introduit  en  f rance 
en  18-4:2;  et,  pour  cela,  M.  Gloëde  fait  erreur 
dans  son  ouvrage  quand  il  dit  qu’il  n’a 
été  connu  qu’en  1848;  le  fruit  de  cette  va- 
riété est  toujours  un  des  meilleurs,  et  elle 
n’est  pas  si  abandonnée  et  tant  à suppiimer 
que  M.  Lebeuf  veut  bien  le  dire;  je  pour- 
rais lui  montrer  des  British  Queen  dans  les 
champs  de  nos  environs  où  ils  \iennent 
bien  dans  des  terres  pierreuses  assez 
fortes,  mais  mêlées  de  sable  rouge;  les 
cultivateurs  qui  en  ont,  vendent  ses  fruits 
plus  chers  que  ceux  de  toutes  les  autres 
variétés.  Les  amateurs  pourront  donc  culti- 
ver ta  Bristish  Queen  lorsqu’ils  auront  des 
terres  de  cette  nature.  ‘ 

Fraisier  Hendriess  Seedling.  D accord  ! 
elle  est  inutile  avec  la  Châlonnaise , j ai 
reconnu  ce  fait  cette  année  seulement  pai 
une  comparaison  des  deux  variétés  venues 
en  pleine  terre,  mais  sous  verre;  jusque-là 
ie  n’étais  pas  sûr  de  ma  Châlonnaise.  Je 
dois  la  vraie  à robligeance  de  M.  le  docteur 

^’icaise.  n • -i 

Caperon  Monstrous  Hautbois,  uui,  il  au- 
rait été  préférable  de  mettre  Belle  Bot  de- 
laise  ou  même  Black  Hautbois,  mais  le  pi  ^- 
sident  de  la  commission  a proposé  celui-la, 
et  c’est  lui  qui  l’a  classé. 

Fraisier  Princesse  royale.  Lest  une 
vieille  variété  qui  a rendu  des  serNices  à 
M.  Gontier;  il  a désiré  la  conserver. 

M.  Gloëde  a encore  raison  lorsqu  il  donne 
la. priorité  au  nom  de  Vicomtesse HQ'icart  de 
Thurif  plutôt  qu’à  celui  de  Prince  impéi  lal, 
car  j’étais  à la  maison  de  MM.  \ilmorin  lors- 
que M.  Graindorge  me  fit  voir,  un  des  pre- 
miers, son  gain  de  Prince  impérial,  et  je 
me  rappelle  très-bien  que  la  variété  poi  tant 
le  premier  nom  était  déjà  dans  les  champs; 
du  reste,  je  crois  aussi  que  ces  deux  variétés 
sont  très -voisines,  mais  ne  sont  pas  les 
mêmes  pourtant.  . 

Maintenant,  j’ai  peu  de  choses  a dire 
contre  les  articles  de  M.  Lebeuf,  parce  que 
M.  Gloëde  a déjà  réfuté,  avec  raison,  les 


SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ET 


• LES  25  FRAISIERS  ADOPTÉS  PAR  LA  SOCIÉTÉ 

appréciations  erronées  qn’il  fait  de  plu- 
sieurs variétés  de  notre  liste,  surtout  des 
diverses  quatre  saisons.  Seulement,  M.  Le- 
beuf  dit,  après  avoir  commencé  son  pre- 
mier article,  « qu'il  est  loin  de  sa  pensée  de 
faire  de  la  critique;  '>'>  il  en  fait  pourtant,  et 
de  la  belle,  car  il  déprécie  ou  il  supprime 
presque  toutes  les  variétés  adoptées  par  la 
commission,  mais  il  se  garde  bien  d’en  in- 
diquer d’autres  pour  les  remplacer,  tant  il 
est  vrai  qu’il  est  plus  facile  de  critiquer  un 
travail  que  de  le  faire  ou  de  le  remplacer. 
Malgré  la  dilférence  des  sols,  des  exposi- 
tions et  des  climats,  etc.,  que  j’accorde  à 
M.  Lebeuf,  il  y a pourtant  des  variétés  de 
fraisiers  reconnues  bonnes  et  qui  sont  cul- 
tivées dans  plusieurs  endroits  de  la  France; 
(jue  M.  Lebeuf  nous  les  indique  avec  de 
bonnes  descriptions  en  place  des  nôtres, 
et  nous  verrons. 

Il  ne  s’agit  pas  de  dire,  comme  M.  Le- 
beuf, de  certaines  de  nos  variétés:  a Bien  l 
ou  Oui!  Mais  il  y a mieux,  » ou  encore  de 
VEléonor  : « Pourquoi  celui-là  plutôt  que 
vingt  autres  qui  valent  mieux',  » ce  sont 
des  phrases,  car  on  peut  lui  demander  : 
Quelles  sont  celles  qui  valent  mieux?  Nom- 
mez cesvingt  autres  qui,  aussi  tardives, valent 
mieux  que  VEléonor  pour  la  culture  des 


IMPÉRIALE  ET  CENTRALE  D’HORTICELTERE.  267 

champs  ? ,1e  connais  pourtant  dans  nos  envi- 
rons de  belles  pièces  d’Eléonor,  et,  à Verriè- 
res, plusieurs  cultivateurs  en  loid  dans  les 
champs, et  tuusils  trouvent  ces  fruits  avanta- 
geux pour  les  marchés  à l’arrière-saison,  .le 
pourrais  continuer,  mais  ce  que  je  viens  de 
dire  doi  prouver,  ce  me  semble,  qu’on  ne  doit 
crili(}uer  que  lorsqu’on  peut  mieux  faire. 

Que  M.  Lebeuf  trouve  qu’une  liste,  indi- 
quant les  meilleures  variétés  de  fraisiers, 
est  inutile,  impossible,  nuisible  même  s'il 
le  veut,  cela  est  bien,  puisque  c’est  son  opi- 
nion; mais  critiquer,  déprécier,  rabaisser 
ou  détruire  ce  que  les  autres  ont  fait,  sans 
se  donner  la  peine  d’indiquer  mieux,  cela 
peut  s’appeler,  je  crois,  un  travail  facile. 

M.  Lebeuf  a pris  pour  règle  de  n'ad- 
mettre que  des  fraisiers  pouvant  végéter 
dans  tous  les  sols  et  dont  tes  fruits  soient 
assez  gros  et  de*  bonne  qualité,  etc.;  nous  lui 
souhaitons  bonne  chance!  S’il  a déjà  ob- 
tenu ce  résultat,  ou  quand  il  l’aura  obtenu, 
nous  lui  serons  obligé  de  le  publier;  car 
alors  il  n’y  aura  plus  besoin  de  composer 
une  liste  pour  chaque  sorte  de  sol,  d’expo- 
sition, de  climat,  etc.,  puisque  a Isienne 
sera  bonne  partout. 

Robine, 

Horticulteur  à Sceaux 


BIBLIOGRAPHIE  HORTICOLE. 


La  deuxième  édition  du  Guide  pratique 
du  jardinier  multiplicateur  vient  de  paraî- 
tre L Ce  livre,  dont  l’auteur  est  un  de  nos 
praticiens  les  plus  éclairés  et  un  des  plus 
utiles  coopérateurs  de  ce  journal,  ce  livre, 
disons-nous,  est  bien  connu  de  la  plupart 
des  lecteurs  de  la  Revue,  et  il  est  peu  de 
jardiniers  qui  ne  l’aient  entre  les  mains.  La 
première  édition  étant  épuisée,  il  était  du 
devoir  des  éditeurs  d’en  faire  une  seconde. 
Mais  l’horticulture,  aussi  bien  que  la  bota- 
nique, est  soumise  à la  loi  du  progrès,  et  tel 
traité  qui  estcomplet  aumoment  desa  publi- 
cation, ne  l’est  déjà  plus  au  bout  de  quelques 
années.  De  là  les  retouches  et  les  additions 
que  les  auteurs  bien  avisés  font  subir  à leur 
travail  dans  les  éditions  successives  ; de  là 
aussi  la  chute  inévitable,  après  une  durée 
[)lus  ou  moins  longue,  de  livres  jugés  d’a- 
bord excellents,  mais  qu’on  a laissés  irnmo» 
biliser  dans  le  statu  quo.  M.  Carrière  n’a  pas 
voulu  qu’il  en  fût  ainsi  du  sien;  sans  en 
changer  le  fond  ni  même  la  forme,  il  y a in- 
troduit les  modifications  que  dix  ans  de  pra- 
tique de  plus  lui  conseillaient;  il  a aussi 

’ Guide  pratique  du  jardinier  muilipUcaieur,  ou 
Art  de  propager  les  végétaux  par  semis,  boutures, 
greffes,  etc.,  par  M.  E.  A.  Carrière,  chef  des  pépi- 
nières du  Muséum  d’histoire  naturelle.  In-S»  ; Paris, 
Librairie  agricole  de  la  Maison  rustique. 


introduit  un  grand  nombre  de  gravures  qui 
aident  puissamment  à la  compréhension  du 
sujet.  Tel  qu’il  est  aujourd’hui,  son  Guide 
praticiue  du  jardi-  nier  multiplicateur  est 
ce  qu’on  possède  de  plus  complet  et  de 
mieux  raisonné  sur  ce  point  circonscrit  du 
jardinage. 

Maisla multiplication  des  végétaux  est-elle 
bien  ce  qu’on  peut  appeler  un  point  circons- 
crit du  jardinage  ? Evidemment  non  ; elle  en 
est,  au  contraire,  une  très-large  partie,  et  fort 
complexe  dans  ses  procédés.  Il  serait  plus 
juste  de  dire  qu’elle  en  est  le  point  culminant, 
et  que  tout  le  reste  estsous  sa  dépendance, 
puisque  c’est  elle  qui  produit,  qui  créée,  en 
quelque  sorte,  les  objets  sur  lesquels  l’art  du 
cultivateur  est  appeléà  s’exercer.  Avant  de  cul- 
tiveril  faut  faire  naître  les  plantes  par  semis, 
'parbouturage,p9rniarcottage,pargretfes,etc., 
toutes  opérations  qui  exigent  de  la  perspi- 
cacité et  de  la  dextérité.  Il  y faut  aussi  une 
certaine  connaissance  de  la  bolanique,  car 
toutes  les  plantes  ne  se  prêtent  pas  indiffé- 
remment, ni  au  même  degré,  à ces  moyens 
divers  de  multiplication,  et  il  faut  savoir 
choisir,  pour  chacune  d’elles,  celui  qui  lui 
convient  le  mieux  dans  telle  circonstance 
déterminée.  Est-ce  même  assez  de  ces  con- 
ditions pour  réussir?  Non  encore,  car,  pour 
dire  ici  toute  notre  pensée,  il  faut  y ajouter  une 


BIBLIOGRAPHIE  HORTICOLE. 


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qualité  sans  laquelle  les  autres  ne  sont  rien, 
c'esVd’être  né  jardinier.  Quiconque  n’a  pas 
reçu  de  la  nature  ((  cette  influence  secrète,  » 
cette  espèce  de  divination  qui  révèle  au  pre- 
mier coup  d’œil  les  besoins  de  la  plante,  ce 
qu’enunmotnous  nommons  le  sens  ciiUural, 
celui-là  ne  devrait  jamais  toucher  à un  us- 
tensile de  jardinier.  Qu’il  soit  tout  ce  qu’il 
voudra,  maçon,  cordonnier,  porteur  d’eau, 
auteur  dramatique  ou  même  ministre,  mais 
qu’il  n’embrasse  pas  une  profession  à la- 
quelle il  n’est  pas  propre  et  où  il  n’aurait 
que  des  échecs  à recueillir.  C’est  parce 
qu'on  oublie  trop  cette  nécessité  des  apti- 
tudes qu’il  y a en  France 'tant  de  mauvais 
jardiniers,  et  que  dans  certaines  contrées  le 
jardinage  semble  ne  pas  devoir  sortir  de  la 
routine. 

Suivant  les  dispositions  qu’on  apporte,  les 


livres  servent  ou  ne  servent  pas.  Comme  le 
dit  avec  beaucoup  de  sensM.  Carrière,  dans 
sa  conclusion,  la  science  ne  se  vend  ni  ne 
s’achète;  elle  s’acquiert  par  le  travail  de 
l’esprit,  et,  quand  il  s’agit  d’un  art,  il  faut  y 
joindre  la  pratique.  La  pratique  , voilà 
effectivement  le  vrai  point  de  départ  de  l’art 
horticole;  c’est  dans  la  pratique  que  se  ma- 
nifeste la  vocation,  c’est  elle  aussi  qui  four- 
nit les  sujets  d’observation  sur  lesquels  la 
réflexion  doit  s’exercer.  Le  goût  du  jardi- 
nage existe-t-il  chez  un  commençant,  rnet- 
tez-lui  un  bon  livre  entre  les  mains,  et  vous 
serez  bientôt  étonné-  de  ses  progrès.  Or, 
nous  n’en  voyons  pas  qui  y convienne  mieux 
que  celui  de  M.  Carrière,  aussi  n’hésitons - 
nous  pas  à le  recommander  à la  classe  nom- 
breuse des  jeunes  praticiens. 

Naudin. 


SUR  QUELQUES  FRUITS  NOUVEAUX*. 


La  Poire  Alexandrine  Donillard  a été 
récompensée  d’une  médaille  de  la  Société 
de  Nantes,  ainsi  que  le  Beurré  de  Nantes, 
la  Poire  Chaigneau,  le  Beurré  datais  et  la 
Bergamote  Lesèble. 

Depuis  que  la  Société  impériale  et  cen- 
trale donne  des  médailles  aux  gains  de  la 
pomologie,  ce  qui  ne  remonte  pas  très- 
loin,  la'Poire  Passe  Crassane  Boishunel  a 
obtenu  une  grande  médaille  d’argent,  pre- 
mière classe;  la  Poire  Jutes  dWirotes  (Léon 
Leclerc),  la  même  récompense. 

La  Poire  Jacques  Cliamaret,  le  Beurré 
datais,  ont  obtenu  des  médailles  de  deu- 
xième classe,  ainsi  que  le  Souvenir  Favre, 
déjà  couronné  à Nantes,  à Dijon,  à Rouen. 
La  Poire  Fortunée  Boisselot  vient  de  rece- 
voir à Nantes  un  premier  prix. 

Nous  ne  trouvons  pas  que  parmi  les 
fruits,  dont  nous  sommes  le  premier  des- 
cripteur isolé,  il  y en  aiteubeaucoup  d’autres 
présentés  en  concours;  nous  n’avons  pas  le 
temps  de  faire  de  recherches  à cet  égard, 
nous  nous  bornons  donc  à cet  exposé,  qui 
vous  permettra  de  penser  qu’avec  le  métal 
de  toutes  ces  médailles,  on  pourrait  ache- 
ter assez  d’or  pour  bien  dorer  comme  nous 
vous  l’avons  promis  de  le  faire,  la  petite 
pilule  qu’on  veut  vous  faire  prendre. 

Nous  vous  gardons  encore,  mon  cher 
Monsieur,  quelques  belles  et  bonnes  poires 
pour  la  soif,  s’il  vous  reste,  ainsi  qu’à  vos 
lecteurs,  quelque  confiance  dans  le  léger 
savoir-faire  et  le  goût  de  votre  serviteur, 
ci-joint  la  liste  de  toutes  celles  que  nous 
avons  à l’étude,  que  les  deux  années  anor- 
males que  nous  venons  de  passer  nous  ont 
empêché  de  juger.  D y a là  encore  une 

^ Voir  le  n®  du  juin  de  la  Hevue  horticole 
p. 217. 


bonne  petite  moisson  à faire  pour  les  co- 
lonnes de  la  Berne  tiorticote  nous  le  croyons. 

Vous  ferez  de  celte  liste  ce  que  vous  ju- 
gerez convenable,  elle  vous  prouvera,  de 
reste,  que  nous  ne  marchons  pas  par  trop  à 
ta  tégère  avec  un  pareil  bagage  sur  le  dos 
et  nos  pauvres  misères  physiques,  et  que  le 
courage  et  la  bonne  volonté  ne  nous  man- 
quent pas. 

Mais  n’avons-nous  pas  un  peu  l’air  de 
comparaître  devant  un  tribunal  et  d’y  dé- 
fendre un  coupable  qui  n’est  pas  même  ap- 
pelé à sa  barre?  N’eussions-nous  pas  mieux 
fait  de  garder  le  silence?  peut-être?  mais 
nous  avons  cru  que  peut-être  aussi  quelques 
explications  bien  franches,  établissant  la 
position  de  tous  nos  confrères  en  pomolo- 
gie, comme  la  nôtre,  éviteraient  pour  la 
suite  ces  coups  d’épingles  qui  occupem  si 
inutilement,  selon  nous,  les  colonnes  d’un 
journal  sérieux  comme  te  vôtre  et  que  si,  du 
moins,  ils  devaient  se  reproduire,  la  question 
assez  bien  posée  rendrait  la  polémique  plus 
claire  et  plus  calme'  ? 

M.  Michelin  parait  garder  bien  longtemps 
rancune  à M.  Cbauvelot,  pour  n’avoir  pas 
trouvé  bonne  la  Poire  Souvenir  Favre,  ju- 
gée favorablement  par  votre  serviteur,  pre- 
mière opinion  qui  s’est  trouvée  ensuite  ap- 
puyée par  la  sanction  de  plusieurs  sociétés; 
c’est  cependant  une  opinion  personnelle 
d’un  praticien,  une  observât  ion  basée  sur  un 
étément  puisé  à une  source  différente,  comme 
celle  que  produit  lui-même  M.  Michelin,  à 
la  grande  pratique  près,  au  sujet  de  la 

^ C’est  aussi  l’opinion  de  la  rédaction  ; aussi,  à 
l’avenir,  n’adinettra-t-elle  ))lus  ces  sortes  de  ci’iti- 
ques,  qui,  en  général,  ne  changent  rien  Aux  opinions 
et  dégénèrent  souvent  en  personnalités  sans  qu’il  y 
ait  avantage  pour  personne. 

(Xote  de  la  Rédaction). 


S69 


SUR  QUELQUES  FRUITS  NOUVEAUX. 


Poire  Roux- Car cas^  qui  a été  assez  heu- 
reuse pour  lui  être  soumise  clans  de  bonnes 
conditions;  car  nul  doute  que,  prévenu 
comme  il  se  trouvait  l’être,  contre  la  des- 
cription première  de  son  auteur,  M.  Miche- 
lin n’aurait  pas  manqué  de  nous  le  dire, 
eût-elle  été  primée  par  plusieurs  aéropages 
horticoles,  et  il  eut  bien  fait! 

Toutes  ces  contradictions,  ces  petites  co- 
lères, même  ces  gros  mots,  sont  peut-être 
amusants  pour  quelques  personnes;  selon 
nous,  elles  sont  aussi  ennuyeuses  que  pos- 
I sihle.  Finissons  donc  cette  causerie  bien  lon- 
li  gue,  mais  qui  ne  sera  peut-être  pas  inutile; 

|i  il  faut  l’espérer  et  vous  quitter,  mon  cher  ré- 
;!  dacteur,  en  vous  promettant  bien  de  n’y  pas 
i revenir  de  longtemps,  si  ce  n’est  jamais  ce 
qui  serait  mieux  encore. 


^ Nous  venions  de  terminer  la  correction  de 
l’épreuve  que  nous  vous  adressons  quand 
nous  est  parvenu  le  numéro  de  la  Revue 
du  15  mars.  Nous  avons  été  dans 
un  grand  étonnemenld’y  trouverla  descrip- 
tion, signée  Michelin,  d’unPommieret  deson 
fruit  très-peu  connu  et  que  nous  croyons 
inédit  ! 

Nous  nous  sommes  demandé  comment 
M.  Michelin  expliquerait  sa  lettre,  puisque 
lui-même  se  met  dans  le  cas  si  grave  des 
jugements  isolés. 

Il  est  vrai  que,  présentant  un  fruit  qu’il 
annonce  à peu  prés  comme  médiocre,  il  n’a 
pas  dû  craindre  un  contradicteur;  mais,  ce- 
pendant, je  ne  voudrais  pas  en  jurer. 

Recevez,  etc. 

J.  DE  Liron  d’Airoles. 


alors  déforment  un  peu  l’ombelle  principale 
en  l’augmentant  considérablement  de  gros- 
seur. 

Cette  variété,  obtenue  par  M Billiard  dit 
la  graine,  pépiniéristeàFontenay-aux-Roses, 
de  graines  du  Spirœa  aquüegifolia  est,  je 
le  répète,  une  plante  des  plus  jolies  et 
des  plus  vigoureuses  du  genre.  Inutile  de 
dire  qu’elle  est  très-rustique.  Sa  multi- 
plication se  fait  par  boutures,  en  sec,  c’est- 
cà-dire  avec  des  rameaux  dépourvus  de  feuil- 
les, à partir  du  mois  d’octobre  ju&iju’en 
mars.  Ces  boutures  se  plantent  en  pleine 
terre  siliceuse  qu’on  entretient  légèrement 
humide.  On  la  multiplie  également  par  bou- 
tures herbacées,  qu’on  place  sous  cloche 
dans  la  serre  à multiplication. 

Le  Spirœa  aquüegifolia  Vanhouttei  pré- 
sente souvent  une  anomalie  toute  particu- 
lière et  très-remarquable.  Ainsi  il  arrive 
fréquemment  que,  pendant  l’été,  il  se  déve- 
loppe sur  les  branches  des  bourgeons  qui 
se  terminent  par  une  inflorescence  dont 
tous  les  pédicelles,  très-longs,  nus  et  grêles, 
se  terminent  par  un  verticille  de  5 feuilles 
largement  ovales  , sur  lesquelles  vient 
s’étaler  une  Heur  à 5 pétales  du  double 
plus  grande  que  celles  qui  se  montrent 
normalement,  portant  de  15  à 25  étamines 
environ. 

Très-souvent  du  centre  de  ces  fleurs  part 
un  bourgeon  qui  est  la  continuation  de  l’axe 
du  pédicelle  qui  alors  se  transforme  en  vé- 
ritable rameau  portant  des  feuilles  ovales 
elliptiques.  briot. 


SPIRÆA  AQUILEGIFOLIA  VAMHOUTTEI. 

Le  Spirœa  aquilegifolia  est,  dit-on,  une 
forme  du  Spirœa  trilobata.  Le  fait  est  pos- 
sible ; mais,  qu’il  soit  ou  qubl  ne  soit  pas 
vrai,  cela  n’a  pour  mon  sujet  aucune  im- 
portance; ce  que  je  tiens  à constater,  c’est 
que  c’est  une  plante  buissonneuse,  délicate, 
diffuse,  qui  s’élève  peu  et  ne  donne  que  des 
ramifications  grêles.  La  variété  Van  fioul  lei 
qui  en  est  issue,  est,  au  contraire,  très-vigou- 
reuse; elle  atteint  jusqu’à  2 mètres  de  hau- 
teur, et  ses  fleurs  sont  tellement  abondantes 
quelles  font  incliner  les  rameaux,  qui  forment 
alors  des  sortes  de  girandoles  des  plus  jolies. 

Pour  faire  son  éloge,  il  suffit  de  dire  que 
c’est  une  plante  des  plus  belles  du  genre. 

Voici  l’énumération  des  caractères  qu’elle 
j présente  : 

Arbrisseau  très-vigoureux  , atteignant 
1">.50  à 2 mètres  de  hauteur,  à écorce  brune. 

Feuilles  des  bourgeons  vigoureux  très-lar- 
gement elliptiques,  atténuées,  subcunéifor- 
mes à la  base,  dentées-crénélées  dans  toute 
la  partie  supérieure,  planes,  vert  foncé  en 
dessus,  glaucescentes  en  dessous.  Feuilles 
, des  ramilles  florales  oblongues,  parfois 
1 très-légèrement  dentées  au  sommet,  très- 
I glabres,  glauques  en  dessous.  Fleurs  blanc- 
I pur,  légèrement  et  agréablement  odorantes, 
i excessivement  nombreuses,  placées  àl’extré- 
} mité  d un  pédicelle  très-tenu,  arrivant  pres- 
I queàla  même  hauteur  et  constituant  des  sor- 

I tesdecorymbestrès-élegantsau  sommet  des 

' ramilles,  ou  bien  portées  sur  des  pédicelle 
i qui  se  ramifient  à une  certaine  hauteur  et 
forment  ainsi  des  ombelles  doubles,  qui 


MICROCACHRYS  TETRAGONA. 


La  plante  si  curieuse  représentée  par  la 
figure  33  (le  Michrocadirys  telragona, 
Hook),  très-rare  encore,  est  aujourd’hui 


cultivée  dans  le  jardin  Royal  de  Kew  où  elle 
a déjà  fleuri  et  fructifié,  ce  qui  a permis  à 
M.  Ilooker  d’en  faire  faire  une  bonne  figure 


270 

coloriée  dsins\e Botanical Magazine, t 5576 
(1866),  et  d’après  laquelle  a été  dessinee 
celle  que  nous  reproduisons  ici.  Malheu- 
reusement, on  ne  possède  encore  qu  un 
sexe,  le  mâle;  de  sorte  que,  comme  la 
plante  est  dioïque,  on  ne  peut  esperer  en 
récolter  des  graines.  L’insulfisance  du  dé- 
veloppement de  certains  de  ses  caractères 
ne  nous  permet  pas  non  plus  de  lui  assigner 
une  place  rigoureusement  déterminée. 
M.  Hookerle  classe  dans  la  Diœcie  Monan- 
drie  ; mais  c’est  là,  on  le  comprend,  un  ca- 
dre très-large,  puisqu’à  peu  près  toutes  les 
conifères  y entrent,  de  sorte  que  sa  place  n est 
pas  encore  bien 


MICROCACHRYS  TETRAGONA. 


rouge,  très-brillants.  Il  est  vrai  de  dire  qu’il 
va  dans  les Taxinées,  notamment  dans  les 
Ifs  et  dans  les  Pudocarpas,  certaines  espèces 
dont  les  fruits  sont  également  colorés.  Mais 
pourtant,  ajoute-t-il  encore,  des  fruits  de 
conifères  à écailles  charnues  lorsqu’elles 
sont  jeunes,  de  consistance  semi  transpa- 
rente et  d’une  couleur  brillante,  est  un  fait 
unique  jusqu’ici  dans  cet  ordre  ; aussi 
M.  Hooker  se  demande-t-il  si  ce  caractère 
persistera  sur  les  fruits  mûrs. 

M.  Hooker  nous  apprend  encore  que 
l’échantillon  qui  a servi  à faire  le  dessin 
qu’il  a fait  représenter  du  Microcachrijs  te- 
tragona  a été  pris 


définie.  Toutefois, 
d’après  ses  carac- 
tères, le  Microca- 
chrys  nous  paraît 
très  - voisin  des 
Bacrydium,  près 
desquels  nous  le 
plaçons.  Voici  les 
caractères  qu’il 
présente  : 

Arbuste  buis- 
sonneux , diffus, 
parfois  presque 
rampant.  Ramilles 
et  ramilles  subté- 
Iragones  par  l’im- 
brication des  feuil- 
les. Feuilles  per- 
sistantes, squami- 
formes,  étroite- 
ment imbriquées, 
longues  d’environ 
3 millimètres, 
ovales  - rhomboï- 
dales,  obtuses,  ci- 
liolées,  convexes 
sur  le  dos,  obscu- 
rément cannelées; 
celles  des  bran- 
ches, souvent  un 
peu  plus  longues 
et  plus  écartées. 

Chatonsmàles  ter- 
minaux , petits  , ^ 

lonss  d’à  peine  4 millimétrés,  composes  de 
20  ^à  30  étamines  écailleuses,  scarieuses, 
triangulaires  à anthères  transversalement 
déhiscentes.  Chatons  femelles  également 
terminaux,  ovoïdes  ou  globuleux,  longs  d en- 
viron 8 à 10  millimètres,  d’un  rouge  vit,  a 
écailles  épaisses,  charnues,  portant  un  ovule 

la  description  qu’il  en  adonné(/oc.  cit.), 
M.  Hooker  ajoute  q\ie\e  Microcachnjs  tetra- 
Qona  est  assurément  la  plus  remarquable  de 
toutes  les  conifères,  et,  sous  plusieurs  rap- 
ports, la  plus  intéressante,  principalement 
par  ses  fruits  qui  sont  charnus,  de  couleur 


Fig.  33.  — Microcachrys  tetragona,  de  grandeur  naturelle 

oblongs  ou  ovoïdes. 


au  jardin  Royal  de 
Kew  sur  un  indi- 
vidu qui  avait  été 
donné  à cet  éta- 
blissement par  M. 
AY.  Archer , et 
que,  c’est  en  1862, 
qu’il  a fleuri  et 
fructifié  pour  la 
première  fois. 
Nous  ne  savons 
donc  si,  depuis 
cette  époque, 
d’autres  fruits  se 
sont  montrés,  et 
si  ceux-ci  seraient 
parvenus  à leur 
maturité  corn-* 
plète. 

Nous  ferons  re  - 
marquer que  les 
fruits  que  repré- 
sente la  gravure  ci- 
contre  sont  d’un 
très  - beau  rouge, 
et  qu’à  en  juger 
d’après  leur  as- 
pect, ils  semblent 
être  une  agréga- 
tion de  petits  akè- 
nes, semblables  à 
ceux  soit  des  Bu- 
biis,so\\  même  des 
Mûriers.  H est  bien  entendu,  toutefois,  que 
cette  comparaison  ne  s’applique  qu’à  l’aspect 
et  que  les  caractères  organiques  sont  com- 
plètement différents. 

La  grande  analogie  que  cette  espece  nous 
paraît\irésenter  soit  avec  les  Dacrydiinn, 

soilaïecleSflxe-Go(/(rt>(T,sembleiLidiquer(iiie 

sa  culture  devra  être  la  même  que  celle  a 
laquelle  on  soumet  ces  plantes,  et  que,  a 
Paris,  on  devra  le  tenir  en  serre  froide. 
Quant  à sa  multiplication,  il  est  douteux 
que,  en  France,  on  puisse  jamàis  la  fane 
par  graines  ; il  faudra  donc  recourir  au  bou- 
turage, peut-être  à la  greffe. 

C.\RR1ÈBE . 


Imjj.  Zàiiote  r.des  Boulan^t 


PANDANUS  FLAGELLIFORMIS. 


Exposée  à Londres,  sous  le  nom  de  Pan- 
daniis  Veitchii  la  plante  représentée  par 
notre  gravure  coloriée  est  des  plus  remar- 
quables; elle  intéresse  à la  fois  l’amateur 
et  le  savant.  Voici  les  caractères  qu’elle 
présente  : 

Tige  formée  par  la  base  des  feuilles  qui 
se  sont  successivement  développées  et  em- 
boîtées les  unes  dans  les  autres,  renflée  et 
comprimée  vers  son  milieu,  soutenue,  jus- 
qu’à 20  centimètres  de  liauteur,  par  de  gros- 
res  racines,  ainsi  que  cela  a lieu,  du  reste, 
chez  tous  les  Paudaniis. 

La  forme  générale  de  cette  plante  est, 
ainsi  qu’on  peut  le  voir,  celle  d’un  éventail 
très-régulier,  dont  la  hauteur,  à partir  du 
sol  jusqu’à  l’extrémité  des  leuilles  centrales- 
verticales,  est  de  2'". 50,  sa  largeur  est  de 
3'”. 40  environ,  soit  l'".70  de  chaque  côté 
de  la  tige  ; quant  à l’épaisseur,  elle  était  de 
la  largeur  d’une  feuille  : 9 centimètres  envi- 
ron. Feuilles  très-rapprocliées  , coriaces, 
vert-luisant,  visiblement  sillonnées  en  des- 
sus, glaucescentes  en  dessous,  surtout  à 
leur  base  qui  est  presque  pruineuse,  épais- 
sies-carénées  en  dessous;  concaves  en  des- 
sus dans  les  deux  tiers  inférieurs  et  s’emboî- 
tant ainsi  les  unes  dans  les  autres,  puis 
presque  planes  jusqu’au  sommet,  bordées 
de  toutes  parts  d’une  ligne  rouge  qui  porte 
des  dents  également  rouges,  à dents  fortes, 
très-piquantes,  couchées  de  bas  en  haut; 
carène  peu  saillante,  rouge  et  dentée  comme 
les  bords. 

Au  point  de  vue  scienlihque,  le  Pandauus 
flabelliformis  est  des  plus  intéressants  ; la 
disposition  tout  à fait  distique  de  ses  feuil- 
les est  non-seulement  différente  de  toutes 
celles  des  autres  espèces  du  genre,  elle  l’est 
probablement  de  toutes  celles  des  Bromé- 
liacées. 

D’où  vient  cette  plante?  C’est  ce  qu’il  est 
difficile  d’affirmer.  On  sait  seulementqu’elle 
a appartenu  longtemps  à Debrie,  ensuite 
à M.  Burel,  qui  récemment  vient  de  la 
vendre  pour  l’Angleterre.  Elle  est  donc  née 


chez  M"’®  Debrie,  mais  on  n’est  pas  d’accord 
en  ce  qui  concerne  son  mode  d’apparition. 
Il  y a à ce  sujet  deux  versions.  D’après  la 
première,  le  Pandanus  llabelliformis  se 
serait  trouvé  dans  un  semis  de  Pandanus 
utiiis.  D’après  la  deuxième,  la  disliquilé  ne 
serait  qu’accidentelle,  et  se  serait  montrée  à 
la  suite  d’un  coup  qui  aurait  détruit  la 
tête;  alorç  seulement  un  nouveau  bourgeon 
se  serait  développé,  lequel,  au  lieu  de  la 
forme  sf  iralaire,  aurait  pris  la  forme  distique. 
Si  ce  dernier  fait  est  vrai,  il  n’est  pas  moins 
curieux,  puisqu’il  semblerait  prouver  que  la 
matière  qui  constitue  les  êtres  étant  plasti- 
que, leurs  formes  sont  en  rapport  avec  les 
milieux  et  les  conditions  dans  lesquelles 
elles  se  produisent. 

Quoi  qu’il  en  soit,  il  nous  paraît  très-re- 
grettable qu’une  plante  aussi  curieuse,  qui 
était  née  en  France,  à Paris  même,  ait  si 
promptement  quitté  le  sol  natal  pour  n’y 
jamais  rentrer,  selon  toute  probabilité.  Elle 
a été  achetée  par  MM.  Veitch  et  fils,  hor- 
ticulteurs à Londres  qui,  nous  l’avons  déjà 
dit,  l’ont  exposée  sous  le  nom  de  Pandanus 
Veitchii.  Sa  véritable  place  était,  soit  au 
Muséum,  soit  dans  les  collections  de  la 
ville  de  Paris,  à la  Muette-Passy. 

Mais,  puisque  le  fait  est  accompli,  jetons 
sur  cette  plante  un  coup  d’œil  d’adieu  et 
tâchons  d’en  bien  faire  ressortir  les  caractères 
afin  d’en  graver  le  souvenir,  la  seule  chose 
qui  nous  restera  d’elle. 

Les  feuilles  de  ce  Pandanus  étaient  au 
nombre  de  trente  de  chaque  côté  de  l’axe, 
sans  compter  les  deux  centrales  ou  termi- 
nales, qui,  presque  verticales,  semblaient, 
par  leur  base,  devoir  cmitinuer  Taxe.  Les 
feuilles,  sur  chacun  de  leurs  bords  latéraux, 
portaient  300  dents,  et  la  nervure  médiane 
(carène)  350,  ce  qui  fait  environ  900  dents 
par  feuilles,  nombre  qui,  multiplié  par 
30,  donne  27,000;  soit  27,000  dents!  Sa 
surface  totale  était  d’environ  8 mètres 
carrés. 

E.  Carrière. 


LES  PLANTES  VOLÜBILES  D’APRÈS  LE  SYSTÈME  DARWIN. 


Depuis  quelques  temps,  on  s’occupe  beau- 
coup du  système  de  M.  Darwin  sur  l’origine 
des  espèces,  les  uns  pour  le  critiquer,  les 
autres  pour  y applaudir.  J’ai  moi-même  pu- 
blié plusieurs  articles  sur  ce  système  en 
me«rangeant  du  nombre  de  ceux  qui  le  com- 
battent. Je  m’étais  promis  de  ne  pas  y reve- 
nir, parce  que  j’avais  développé  toute  ma 
pensée  et  que  je  n’avais  pas  la  prétention,  en 
combattant  mes  adversaires,  de  les  ramener 
à mes  idées.  Je  sais  que  c’est  une  des  cho- 
ses les  plus  difficiles  à réaliser;  mon  but 


était  d’entraîner  parmi  mes  lecteurs  ceux 
dont  les  idées  sur  ce  sujet  ne  sont  pas  com- 
plètement arrêtées. 

Je  suis  engagé  de  nouveau  à rentrer  dans 
la  lice  par  un  article  de  M.  Naudin,  publié 
dans  la  Revue  horticole  du  16  février  1866, 
(page  65).  M.  Naudin  se  range  franche- 
ment au  nombre  des  évolutionnistes.  Cet 
écrivain  prétend  que  Dieu  crée  tous  les  jours 
et  que  tous  les  jours  il  permet  sous  sa  direc- 
tion le  perfectionnement  des  espèces.  Cette 
opinion  émise  par  un  homme  aussi  éminent 


LES  PLANTES  VOLLBILES  D’APRÈS  LE  SYSTÈME  DARWIN. 


me  paraît,  il  me  permettra  de  le  dire,  un 
paradoxe  d’autant  plus  dangereux  qu’il  part 
de  plus  haut.  Et  d’abord,  d’après  notre  loi, 
d’après  la  Genèse,  histoire  la  plus  ancienne 
du  monde.  Dieu  a tout  créé  parfait  dans  son 
organisation,  parce  qu’un  être  infiniment 
parfait  comme  Dieu  ne  pouvait  rien  créer 
d’incomplet.  La  Genèse  est  positif  à cet 
égard,  elle  dit  : « Dieu  dit  encore  : que  la 
terre  produise  de  l’herbe  verte  qui  porte  de 
la  graine,  et  des  arbres  fruitiers  qui  portent 
du  fruit  chacun  selon  son  espèce  et  qui  ren- 
ferment leur  semence  en  eux-mêmes  pour 
leur  reproduction  sur  la  terre.  » 

Le  plus  petit  animalcule,  la  plante  la  plus 
infime  sont  aussi  complets  dans  leur  orga- 
nisation que  l’homme,  qui  est  l’être  le  plus 
avancé  de  la  création  terrestre.  Si  j’ai  re- 
cours aux  preuves  matérielles,  la  géologie 
établit  clairement  que  l’organisation  des  es- 
pèces a été  immuable  depuis  leur  création, 
ou  du  moins  depuis  des  milliers  d’années. 
D’un  autre  côté,  peut-on  admettre  logique- 
ment qu’un  être  aussi  sage  que  Dieu,  (ses 
œuvres  en  attestent,  ait  pu  avoir  la  pensée 
d’entrer  dans  un  travail  continuel  de  créa- 
tion? Gette  manière  de  faire  selon  la  raison 
humaine  me  paraîtrait  avoir  pour  résultat 
de  faire  entrer  le  Créateur  dans  un  dédale 
inextricable. 

J’arrive  maintenant,  après  ce  court  préam- 
bule philosophique,  aux  faits  naturels  sur 
lesquels  s’étale  l’article  de  M.  Naudin.  Cet 
écrivain  prend  pour  exemple,  afin  de  baser 
son  raisonnement,  les  évolutions  des  plan- 
tes volubiles  et  grimpantes.  Il  cherche  à 
prouver  que  ces  plantes  n’ont  pas  dû  grim- 
per dans  le  principe  et  que  c’est  la  concur- 
rence vitale  qui  les  a armées  des  moyens  né- 
cessaires pour  pouvoir  s’attacher  aux  autres 
arbres  plus  élevés  afin  d’arriver  à leurs  ci- 
mes pour  y trouver  l’air  et  la  lumière,  deux 
conditions  essentielles  à leur  existence. 

Il  est  certainement  bien  évident  que  les 
plantes  grimpantes  s’accrochent  aux  arbres 
pour  trouver  les  éléments  de  leur  vie.  Mais, 
selon  moi,  tout  prouve  que  lors  de  leur 
apparition  sur  la  terre  elles  avaient  les 
mêmes  moyens  de  s’attacher  qu’elles  ont 
aujourd’hui.  Est-ce  qu’il  n’y  avait  pas  de 
grands  arbres  dans  le  principe?  Les  troncs 
gigantesques  de  Fougères  que  l’on  trouve 
dans  les  terrains  houillers  me  paraissent  ce- 
pendant l’établir  assez  clairement. 

Quel  avantage  d’ailleurs  y aurait-il  pour 
l’homme  de  croire  le  contraire,  en  admettant 
la  progression  continuelle  des  espèces,  et 
quel  en  serait  le  résultat?  Il  arriverait,  pour 
être  logique  dans  son  raisonnement,  que  les 
grands  arbres  devraient,  eux  aussi,  s’élever 
et  que  cette  évolution  continuelle  finirait 
par  porter  leurs  têtes  dans  les  profondeurs 
de  l’infini. 


Les  expériences  actuelles  prouvent,  d’ail- 
leurs, que  celle  transformation  continuelle 
des  espèces  n’existe  pas.  Je  vais  en  citer 
un  exemple  pris  dans  la  catégorie  des  plan- 
tes citées  par  M.  Naudin. 

L’homme,  par  la  culture  et  par  des  soins 
incessants,  peut  obtenir  des  Lierres,  des 
Chèvrefeuilles,  des  Vignes,  etc.,  qui  se  sou- 
tiendront par  leur  propres  forces,  c’est-à- 
dire  qui  deviendront  des  plantes  arbores- 
centes. Mais  pour  que  cet  état  de  chose  se 
maintienne  il  faut  qu’il  veille  constamment, 
qu’il  ne  laisse  pas  auprès  d’elles  d’autres 
choses  plus  rigides;  car  si  on  les  perd  de 
vue  un  seul  instant,  une  jeune  pousse  s’élan- 
cera et  s’accrochera  ou  s’enroulera  bien  vite 
à tout  ce  qu’elle  pourra  rencontrer.  Donc  la 
nature  de  ces  végétaux  est  de  s’accrocher. 
Si  elles  n’avaient  pas  été  créées  avec  les 
moyens  de  le  faire,  si  cela  n’était  que  le  ré- 
sultat d’un  besoin  accidentel  pour  vivre, 
elle  resteraient  sans  difficulté,  le  besoin  ces- 
sant, dans  l’état  dont  je  viens  de  parler 
lorsque  l’homme  les  y place. 

On  nous  fait  dire  que  Dieu  a dû  créer 
dans^  le  principe  des  tuteurs,  des  rames 
pour  recevoir  l’enroulement  du  houblon 
et  des  haricots.  Est-ce  que  dans  le  principe 
il  n’a  pas  pu  exister  des  plantes  plus  rigides 
pour  recevoir  ces  enroulements?  On  dit 
aussi  que,  lorsque  les  grains  de  raisin  avor- 
tent sur  la  grappe,  celle-ci  se  transforme  en 
vrille.  Est-ce  que  le  pétiole  et  la  tige  de  la 
grappe  n’ont  pas  celle  organisation?  On  a 
pu  voir  fréquemment  des  grappes  de  raisin 
chargées  de  leurs  fruits  s’accrocher  par 
leurs  pétioles.  Pourquoi  donc  n’auraient- 
elles  pas  été  créées  dans  le  commencement 
avec  ces  moyens?  Rien  ne  prouve  maté- 
riellement dans  la  nature  que  l’organisation 
des  espèces  ait  changé,  et  tout  ce  que 
l’on  peut  avancer  contre  cette  théorie  est 
hypothétique.  Avec  ce  moyen,  on  peut  faire 
tout  ce  que  l’on  veut.  L’hypothèse  est  sou- 
vent nécessaire  dans  les  sciences,  mais  il 
faut  qu’elle  soit  affirmée  par  les  faits  pour 
qu’elle  ait  de  la  valeur. 

Que  serait-ce  donc  que  cette  concurrence 
vitale,  que  cette  évolution  et  celte  transforma- 
tion continuelle  des  espèces?  Oû  cela  mène- 
rait-il? Celte  belle  œuvre  de  la  création  ne 
serait  plus,  je  le  répète,  qu’un  dédale  inex- 
tricable dans  lequel  l’homme,  et  peut-être 
Dieu  lui-même,  ne  comprendraient  plus 
rien. 

Admettre  ce  système,  ne  serait-ce  pas 
annuler  Dieu  en  le  subordonnant  aux  forces 
de  la  nature?  En  admettant,  au  contraire^  la 
perfection  terminée  dans  le  principe  dans 
un  mécanisme  aussi  beau  que  celui  de  l’uni- 
vers, Dieu  reste  debout  au  milieu  de  son 
œuvre,  resplendissant  de  perfection,  de 
gloire  et  de  puissance. 

En  résumié,  je  pense  qu’il  est  préférable 


27S 


LES  PLANTES  VOLUBILES  D’APRÈS  LE  SYSTÈME  DARWIN. 

de  croire  aune  base  fixe  et  immobile  pour  la  I base  évolutionnant  toujours  et  conséquem- 
solidité  et  la  perfection  de  l’édifice,  qu’à  une  I mentmobile.  De  Ternisien. 


PHORIUM  TENAX  VARIEGATA. 


Si  l’on  pouvait  adresser  un  reproche  à 
cetle  plante,  ce  ne  serait  certainement  pas 
sonanliquité.En  effet,  elle  est  très-nouvelle, 
et  c’est  à peine  si  en  France  on  pourrait  en 
trouver  quelques  pieds.  C’est  donc  ce  qu’on 
peut  appeler  une  très-haule  nouveauté.  Mais 
ce  n’est  là  qu’un  bien  faible  mérite  compara- 
tivement à celui  que  présente  la  plante.  Son 
port  et  son  fades  sont  semblables  à ceux  du 
type;  la  différence  réside  dans  lapanacliure 
des  feuilles;  celles-ci  sont  bordées  d’un  ti-  j 
let  roux  ferrugineux,  tout  le  reste  est  strié-  I 


rubanné  jaune  pâle  ou  blanchâtre,  entremêlé 
de  quelques  bandes  vertes;  le  centre  cepen- 
dant est  le  plus  souvent  jaunâtre,  comme 
cela  se  voit  dans  le  Yucca  qnadricolor.  On 
ne  pourrait  donc  adresser  au  Phormium  te- 
nax  variegata  d’autre  reproche  que  celui 
d’être  lent  à multiplier,  ce  qui,  comme  con- 
séquence, explique  sa  rareté  et  l’élévation  de 
son  prix.  Triomphera-t-on  de  ces  obstacles? 
Je  le  désire  dans  l’intérêt  de  tous,  mais  n’ose 
trop  l’espérer. 

Truffaut  fils. 


EXPOSITION  HORTICOLE  INTERNATIONALE  DE  LONDRES*. 


Voici  la  liste  des  plantes  nouvelles  qui  ont 
le  plus  attiré  l’attention  générale  : 

M.  Linden:  (1er  prix,  18  liv.  ster.  (450  fr.)  : An- 
thurium regale  (Pérou  oriental);  Dichori- 
sandra  musaica  (Maynas),  Maranta  Lindeni 
(Pérou),  Echites  ruhro-venosa  (Rio-Negro), 
Maranta  illustris  (Haut-Amazone) , Maran- 
ta rosea-picta  (Llaut-Amazone) , Psychotrïa 
nivosa  (Parana) , Maranta  virginalis  (Pérou 
oriertal);  Smüax  marmorea  (Rio-Negro), 
Eranthemum  igneum  (Maynasj,  Trade  scan- 
tia  undulat  a (May  nas).  A']outez  atout  ceci  vingt- 
cinq  autres  Alarantas  nouveaux  et  Ærides  Ja- 
ponicum  (Orchidée). 

M.  Veitch  : Aralias  et  Crotons  de  la  Nouvelle- 
Calédonie  , Maranta  Veitchii  (Pérou) , Rho- 
dodendron Brookeanum  (Bornéo) , Dracœna 
albo-marginata (Iles  Salomon)  \Begonia  Pear- 
cei  (Pérou),  Aphelandra?  (Pérou),  Darivi- 
nia  fimbriata  (Australie),  Coleus  Gibsoni 
(Nouvelle-Calédonie),  Bertolonia  guttata  (Ma- 
dagascar), Primula  cortasoïdes  amœna  (Ja- 
pon), Dieffenbachia  Pearcei  (Pérou),  et 
plusieurs  autres  plantes  australiennes  et  ja- 
ponaises, non  encore  nommées. 

M.  William  Bull  : Rhaphanus  caiidatus,  Berto- 
lonia margaritacea  (Brésil) , Malope  australis 
(Australie),  Phajm  grandifolius  fol.  varieg . 
(Japon),  Diffenbachia  eburnea  (Amérique 
sud),  Urospatha  splendens  (Para),  Urospa- 
tha  spectabilis  (Para),  Eranthemum  arqijro- 
îiCMrnm  (Pérou),  Terminalia  nobilis  (Mada- 
gascar). 

M.  Tinné  : Tinœna  Æthiopica  (Afrique  centra- 
le) , Gardénia  Tinnæana  (Afrique  centrale)  . 
AI.  J.  Standish  . Clematis  Fortunei  cœrula  (Ja- 
pon). 

AI.  A.  Verschaffelt,de  Gand:  (Afri- 

que du  sud);  Gomphocarpus  grandiflorus 
(Afrii^ue  du  sud), 

AI.  Siark  : Aspidium  fragans. 

MM.  Thibaut  etKeleleer,  de  Paris  : Rhus  glabra 
laciniata  (Amérique  du  nord). 

‘ Voir  les  n<>s  du  16  juin  et  du  1er  juipet  de  la  Re- 
vue horlicole^  pages  233  et  257. 


AI.  G.  Davies,  Liverpool  : Thuia  Stanleyana 
(Australie). 

AI.  Rob.  Veitch,  d’Exeter  : Adiantum  Farte- 
yense. 

AI.  AVilliams  : Calamus  Impératrice  Eugénie. 
AI.  J.  Standish,  d’Ascot  : Juglans  macrophylla  (?) 
(Chine)  ; Lomaria  dura  (île  Chatam)  ; Reti- 
nqspora  filiformis  (Japon)  ; Rhododendrum 
Lindleyanum  (ne  paraît  pas  être  autre  chose 
qu'un  R.  Nuttalli). 

Si,  après  avoir  parlé  sommairement  des 
plus  belles  choses,  nous  voulions  glaner  dans 
ce  champ  où  la  moisson  a été  si  abondante, 
nous  trouverions  encore  un  nombre  suffisant 
à contenter  de  superbes  expositions. 

Je  cueille  donc  au  passage,  sur  mon  car- 
net de  notes,  les  apports  suivants  : 

Les  Fougères  de  pleine  terre  et  de 
serre  froide  de  MM.  Ivery  et  fils  ; 

Les  arbres  fruitiers  forcés  de  MAI.  Lane 
et  fils,  de  Herts.  On  doit  s’étonner  de  n’avoir 
pas  rencontré  dans  ce  concours  le  maître 
des  forceries  anglaises,  M.  Hivers,  de  Saw- 
bridgeworth.  Cette  exclusion  volontaire  a 
frappé  bien  des  gens  ; nous  y avons  perdu 
de  superbes  produits. 

3o  Les  Tulipes  de  AI.  Turner.  En  Angle- 
terre on  ne  proscrit  pas  la  couleur  jaune, 
comme  chez  nous,  et  les  fleurs  n’y  perdent 
rien.  Cette  exclusion  systématique  de  cer- 
taines formes  et  de  certaines  couleurs  fait 
naître  non  plus  des  amateurs,  mais  des  mo- 
nomanes,  des  maniaques,  qui  ne  reconnais- 
sent plus  que  des  beautés  de  convention  et 
méprisent  les  choses  véritablement  belles. 

4o  Les  plantes  à feuillage  coloré,  desti- 
nées à orner  les  jardins  l’été,  exposées  par 
AI.  Henderson.  Je  recommande  la  disposi- 
tion employée  ici  par  cet  habile  horticul- 
teur pour  faire  juger  d’un  seul  coup  d’œil  de 
l’effet  d’ensemble.  Chaque  espèce  (et  il  y en 
avait  50)  était  représentée  par  une  terrine 


274 


EXPOSITION  HORTICOLE  INTERNATIONALE  DE  LONDRES. 


de  30  OU  40  jeunes  plantes,  représentant 
une  corbeille  en  petit  ou  une  portion  de 
corbeille. 

5«  VIxora  Amboinensis,  mai^nitique  es- 
pèce à fleurs  orangées,  et  tes  Erica  obbata 
et  Cavendishii,  de  MM.  Veitch. 

6»  Le  Clerodendron  Kœmpferi,  aux  fleurs 
écarlates,  de  M.  Henderson. 

7»  La  belle  collection  de  Rhododen- 
drons rustiques  deM.  Standish,  d’Ascott. 

8®  Celle  plus  remarquable  encore  de 
M.  Noble,  de  Bagstiot,  dans  laquelle  on 
remarquait  des  nouveautés  hors  ligne  ; Lord 
Palmerston^  cerise  vif,  admirable  ; The  mo- 
nitpr,  écarlate  très-foncé;  Seedling,  écar- 
late-violacé,  The  Queen^  blanc-lilacé,  déli- 
cieux. 

Les  Œillets,  (mignardises  anglaises) 
de  M.  Turner.  Ce  sont  de  ravissantes  plantes, 
pour  la  plupart  métisses  de  D.  plumariiis  et 
de  D.  caryophylhiSy  naines  comme  le  pre- 
mier, et  à grands  fleurs  odorantes  comme 
le  second.  Les  plus  Jolies  variétés  sont: 
Rubens^  pétales  laciniés,  rouges  et  blancs; 
Blondin^  centre  blanc  avec  le  pourtour  brun  ; 
Sarahy  White,  Miss  Eaton. 

10®  Les  trois  énormes  touffes  é'Eachnris 
grandiflora^  exposées  par  M.  Brand,  riche 
amateur  de  Balham.  Ces  plantes,  les  plus 
belles  de  l’espèce  qu’on  ait  jamais  vues  (on 
peut  l’affirmer  sans  crainte),  mesuraient 
chacune  1 mètre  50  de  largeur,  et  for- 
maient des  touffes  épaisses  de  feuillage  vert- 
noir  d’où  s’échappaient  50  à 60  hampes  de 
ces  grandes  fleurs  blanches  parfumées  que 
nous  avons  tant  de  peine  à obtenir  chez  nous 
une  à une.  Cet  apport  a été  l’un  des  plus 
étonnants  de  l’exposition. 

il®  Les  Calcéolaires  herbacés  de  M.  Ja- 
mes, d’Isleworth.  On  pourrait  peut-être 
faire  aussi  bien  en  France  ; mieux,  jamais. 

1 2"  Les  fougères  de  serre  de  M.  Ham- 
bury. 

13®  De  M.  Fischer,  de  Sheffield,  un  très- 
bon  arbuste  nouveau  de  plein  air:  Berberis 
stenophylto; 

14»  Le  Maïs  panaché  de  M.  James  Car- 
ter, de  Londres,  bien  supérieur  à celui 
que  nous  possédons  déjà  (voir  le  récent  arti- 
cle de  M.  Sisley  dans  la  Revue). 

15®  La  plante  dentelle  (Ouvirandra  fenes- 
tralisA  très-bien  cultivée  par  M.  Marshall, 
de  Clay-Hill. 

16®  UAmarantus  hybridus^  à feuillage 
rouge-pourpre  et  jaune  pâle,  très  orne- 
mental, exposé  par  M.  Knigth,  de  Pontchar- 
train,  près  Paris. 

17»  Les  Bugainvillea  en  fleurs  de  M.  Tur- 
ner; le  lot  de  Liliiim  auratum,  du  même 
exposant.  Bien  de  plus  merveilleux  que 
cette  plante,  dont  plusieurs  exemplaires  pré- 
sentaient des  fleurs  énormes.  Sur  un 
pied  de  1"’.50‘,  qui  en  portait  cinq  à la  fois. 


nous  en  avons  mesuré  une  de  0f«.32  c.  de 
diamètre!  Et  un  parfum...  à embaumer 
toute  la  salle. 

18o  Parmi  les  Maranta,  deM.  Yeitêh, 
le  M.  tubispatha  mérite  une  mention  hors 
ligne;  • 

Les  Cactées  fleuries  et  les  Euphor- 
biacées,  de  M.  Pfersdortf,  de  Paris; 

20«  Les  Alternant  fiera  et  Teleianthcra 
de  M.  Foljambe,  de  Worksopp,  petites 
plantes  à feuillage  coloré  de  rouge,  de  vert 
et  de  jaune,  excellentes  pour  bordures  au 
plein  soleil; 

21»  Les  Nepenthes,  notamment  le  N.  Baf- 
ftesianay  de  MM.  Veitch  (l"b50  de  dia- 
mètre); 

22»  U Adianthum  Farleyanum  du  colo- 
nel Miles; 

23»  Les  fougères  de  MM.  Backhouse  et 
fils,  d’Yorc,  kil’une  culture  sans  reproche  et 
d’un  choix  d’espèces  fort  complet. 

Fruits  et  légumes. 

L’Angleterre  a gardé  longtemps  la  préé- 
minence en  fait  de  culture  forcée.  Nous 
avons  maintenant  à lui  opposer  de  sérieux 
concurrents.  Les  noms  de  MM.  Gontier,  et 
de  Lambertye  ne  sont  pas  indignes  de  s’acco- 
ler à ceux  des  Bivers  et  des  Mac  Ewen.  Sou- 
vent mê  ne  ils  les  ont  dépassés  en  juste  re- 
nommée. 

J’ai  trouvé  les  apports  de  fruits  forcés 
superbes,  mais  beaucoup  moins  nombreux 
qu’on  ne  s’y  attendait  généralement.  Parmi 
les  lots  de  raisins,  les  plus  dignes  d’éloges 
étaient  ceux  de  MM.  Bannermann,  Bill, 
Allport,  Turner,  Osborne.  Les  variétés 
exposées,  en  parfaite  maturité,  apparte- 
naient presque  tous  aux  Frankenthal 
(nommé  là-bas  Black-Hamburg),  Black- 
Prince.  Golden  Ilambrey,  Black  Ténériff, 
muscat  d’Alexandrie,  chasselas  musqué. 
Pas  un  chasselas  de  Fontainebleau. 

Quatre  superbes  vignes  en  pots,  couvertes 
des  fruits  bien  murs,  étaient  inscrits  sous  le 
noms  de  MM.  Lane  et  fils. 

Un  lot  de  M.  Turner  se  composait  de 
spécimens  fort  beaux  et  très  variés  de 
fraises  de  premier  ordre,  Burgnous  lîunt’s 
Tawny,  Pêche  grosse  mignonne.  Figue 
Brown  Turkey,  Melon  Boger’s  Early  et  Vic- 
tory  of  Batb,  Ananas  et  raisins. 

Notre  supériorité  pour  la  culture  et  la 
taille  des  arbres  fruitiers  est  connue  et 
appréciée  en  Angleterre.  Les  deux  premiers 
prix  que  MM.  Jamin  et  Durand,  de  Bour-la- 
Beine,  sont  allés  conquérir,  en  font  foi. 
Deux  lots  d’arbres  formés,  irréprochables 
dans  la  disposition  de  leur  charpente, 
avaient  été  exposés  par  eux. 

Enfin,  pour  les  légumes,  rien  ou  peu  s’en 
faut.  Même  abstention  qu’en  France,  même 
indifférence  des  maraîchers  pour  les  palmes 
du  concours  et  l’appréciation  des  visiteurs. 


EXPOSITION  HORTICOLE  INTERNATIONALE  DE  LONDRES. 


Et  cela  malgré  tous  les  efforts  de  la  société 
et  du  comité  exécutif,  qui  avaient  institués 
pour  cette  classe  des  prix  foit  convenaliles, 
allant  jusqu’à  six  livres  sterling  pour  cer- 
taines spécialités.  Nous  ne  sommes  pas 
seuls  à déplorer  cette  résistance  d’une 
classe  d’horticulteurs  à qui  les  expositions 
rendraient  certainement  des  services  si- 
gnalés. 

Toutefois,  il  faut  apprécier  en  Angleterre 
la  supériorité  avec  laquelle  on  cultive 
quelques  genres.  Ainsi,  les  poireaux  de 
Kent  y sont  énormes;  on  en  voyait  de  plus 
de  30  centimètres  de  circonférence. 

Les  rhubarbes,  qui  se  vendent  là-bas  à 
pleines  voitures  comme  chez  nous  les  choux, 
ont  été  perfectionnés  étonnemment.  Les 
plus  belles  et  les  meilleures  variétés,  dit- 
on,  sont  Rli.  MynWs,  Victoria j à pétioles 
rouge  vif,  et  Barkshire’s  Seedlinq,  rouge 
cendré. 

Excepté  cela,  il  y a bien  peu  de  choses  à 
citer,  si  ce  n’est  les  concombres,  dont  on 
fait  aussi  une  consommation  prodigieuse, 
et  dont  le  plus  beau,  surnommé  modeste- 
ment 'un  concombre!)  a eu  les 

honneurs  de  la  journée,  devant  le  jury.  Je 
ne  parle  pas  du  laidis  à queue^  de  M.  Wil- 
liam Bull,  qui  est  une  très-curieuse  nou- 
veauté qu’il  sera  bon  de  juger  avant  d’en 
parler. 

Accessoires.  ■ — Sous  ce  titre  : Imple- 
mcnts,  une  assez  grande  collection  de  ma- 
chines horticoles,  pojnpes,  chariots,  outils, 
caisses,  etc.,  se  pressaient  dans  le  voisinage 
des  tentes  de  l’exposition,  ou  bien  le  long  des 
galeries  qui  touchent  à la  grande  serre  de 
Kensington.  On  n’y  a pas  trouvé  grand’chose 
de  remarquable  comme  nouveauté.  Des  per- 
fectionnements plus  ou  moins  justifiés,  voilà 
tout. 

Les  plans  de  jardins  n’étaient  pas  meil- 
leurs. Le  goût  anglais  est  donc  bien  lombé 
pour  qu’on  ait  cru  devoir  attribuer  des  pre- 
miers prix  à de  semblables  inepties.  La 
commission  organisatrice  avait  imposée  aux 
dessinateurs  ses  limites  pour  la  surface  et 
l’échelle  de  leurs  plans;  elle  n’en  avait  pas 
imposé,  que  je  sache,  à leur  talent.  Com- 
bien il  est  regrettable  que  quelques  concur- 
rents français,  — et  nous  en  avons  beau- 
coup qui  ont  un  véritable  talent,  — ne 
soient  venus  leur  donner  une  leçon  de  des- 
sin et  de  composition  de  jardins,  et  montrer 
que  si  en  Angleterre  la  tradition  des  beaux 


(1)  Les  horticulteurs  ou  amateurs  qui,  sur  nos 
indications  succi rites,  auraient  le  désir  de  se  rendre 
acquéreurs  de  quelques-unes  des  plantes  citées  avec 
éloge  dans  ce  compte-rendu  pouri'aient  demander 
le  Catalogue  de  l’Exposition  au  bureau  de  la  Société 
royale  à Kensington,  Londi'es.  Le  commerce  pari- 
sien aura,  où  a déjà  du  reste,  la  plupar  t de  ces 
plantes,  et  notamment  MM.  Thibaut  et  Keteleer, 
146,  rue  de  Chai’onne. 


m 

parcs  anciens  semble  compromise,  on  la 
retrouve  en  France  plus  en  honneur  que 
jamais!  L 

IL  — Le  Congrès. 

Ces  grandes  expositions  horticoles  n’ont 
pas  ponr  seul  elfet  d’ouvrir  une  lutte 
féconde  entre  les  concurrents  et  de  décerner 
des  récompenses  aux  plus  habiles  ; elles 
sont  encore  le  prétexte  heureusement 
choisi  pour  réunir  les  célébrités  ou  les 
notoriétés  de  la  botanique  et  de  l’horticul- 
ture. Un  des  plus  grands  plaisirs  pour  ceux 
qui  visitent  ces  sortes  de  fêtes,  c’est  de  pou- 
voir serrer  la  main  des  amis  lointains  qu’on 
n’aurait  pas  vus  sans  cela;  c’est  de  faire  de 
nouvelles  connaissances,  de  mettre  un  nom 
sur  un  visage,  inconnu  jusque-là  autre- 
ment que  par  des  écrits.  C’est  une  occasion 
d’échanger  des  idées  sur  les  points  obscurs 
ou  controversés  de  la  science,  d’apprendre 
soi-n  ême  et  parfois  d’instruire  les  autres, 
mieux  cent  fois  qu’on  ne  l’aurait  pu  faire  par 
la  correspondance  la  plus  étendue. 

Toutes  ces  causes  justifient  outre  mesure 
la  pensée  qu’ont  eue  les  hommes  dévoués, 
dont  plusieurs  faisaient  partie  du  comité 
exécutif  de  l’exposition,  d’organiser  un  con- 
grès international  de  botanistes  et  d’horti- 
culteurs, à l’occasion  de  la  grande  exposi- 
tion. 

On  sait  que  cette  idée  appartient  en  principe 
à l’un  des  plus  actifs  botanistes  de  ce  temps- 
ci,  M.  Edouard  Morren,  qui  l’avait  mise  en 
avant  à l’occasion  de  l’Exposition  générale  de 
Bruxelles,  en  1864.  La  réalisation  s’en  est 
faite  sans  lui;  cloué  dans  son  lit  par  la  ma- 
ladie, il  n’a  pu  qu’applaudir  de  loin  aux 
efforts  de  ses  collègues  pour  le  suppléer. 

L’exemple  a porté  des  fruits.  Il  a donné 
naissance,  l’an  dernier,  au  congrès  d’Ams- 
terdam, dont  les  travaux  viennent  de  pa- 
raître dans  un  beau  volume,  et  cette  année 
à celui  de  Londres,  dont  je  vais  dire  un 
mot. 

La  présidence  en  avait  été  déférée  à 
M.  Alph.  de  Candolle,  porteur  d’un  des  plus 
beaux  noms  de  la  botanique,  et  lui-même 
botaniste  distingué. 

On  avait  choisi  pour  lieu  de  délibérations 
du  congrès  la  fameuse  salle  des  cartons  de 
Baphacl  (Rhaphoel  carloon  room)^  dans  le 
Kensington  Muséum.  Jamais  plus  belle  réu- 
nion ne  siégea  aumilieude  plus  merveilleux 
chefs-d’œuvre. 

Après  avoir  payé  sa  bienvenue  par  quel- 
quesmots  prononcés  en  anglais,  et  demandé 
que  chacun  des  orateurs  s’exprimât  libre- 
ment dans  sa  propre  langue,  afin  que  tout 
Anglais  pût  faire  de  même  partout  ail- 
leurs dans  de  semblables  occasions,  M.  de 
Candolle  lût  en  français  le  discours  d’ouver- 
ture, qui  fut  fort  bien  accueilli. 

Des  considérations  claires  et  exactes  sur 


276 


EXPOSITION  HORTICOLE  INTERNATIONALE  DE  LONDRES. 


l’alliance  de  la  botanique  et  del’horticüUure 
ont  précédé,  dans  le  discours  du  professeur, 
l’idée  ingénieuse  d’un  local  d’expérimen- 
tation imaginé  par  lui  pour  la  physiologie 
végétale.  M.  de  Candolle  voudrait  qu  un 
grand  établissement  fit  construire  sur  une 
vaste  échelle  une  serre  expérimentale  qui  per- 
mettrait de  reprendre  les  essais  incomplets 
ou  faits  en  petit  par  les  physiologistes  qui 
nous  ont  précédé. 

On  pourrait  ainsi  apprécier  exactement 
le  rôle  de  la  lumière,  de  la  chaleur,  des  gaz, 
de  l’électricité  sur  la  végétation.  L’idée  est 
originale,  bien  queM.  de  Candolle  1 ait  déjà 
formulée  moins  en  détail.  La  réalisation  de 
cette  proposition  pourrait  bien  n’être  pas 
éloignée,  car  elle  a trouvé  de  l’écho  dans 
un  bon  nombre  des  botanistes  présents  au 
congrès. 

Dans  la  suite  de  son  travail,  M.  de  Can- 
dolle passait  en  revue  les  ouvrages  icono- 
graphiques qui  ont  enrichi  à la  fois  la  science 
des  plantes  et  leur  culture,  et  il  a notam- 
ment payé  un  digne  tribut  de  reconnais- 
sance aux  grands  savants  que  l’Angleterre 
vient  de  perdre  : MM.  Paxton,  Lindley  et 
Hooker. 

Puis,  après  quelques  considérations  sur 
l’utilité  de  la  botanique  alliée  à l’horticul- 
ture et  un  résumé  rapide  des  progrès  de 
cette  dernière  science,  le  président  a donné 
la  ;^:.role  aux  différents  membres  du  congrès 
qui  avaient  préparé  des  communications.  . 

La  liste  en  serait  longue  et  intéressante 
jen’ai  ni  le  loisir  ni  l’espace  nécessaires  pour 
résumer  ces  travaux,  qui  paraîtront,  du 
reste,  dans  tout  leur  détail,  sous  la  forme 
d’un  volume  publié  par  la  direction  du  con- 
grès. 

On  a remarqué  parmi  l’assistance  les 
membres  étrangers  suivants,  auxquels  a été 
décerné  le  titre  de  vices-présidents  : MM. 
Lecoq,  de  Clermont-Ferrand;  Weddell,  de 
Poitiers;  Morren,  de  Liège;  Kickx, de Gand ; 
Caspary,  de  Kœnigsberg;  Reichenbach,  de 
Hambourg  ; Koch,  de  Berlin  ; Wendland,  de 
Hanovre  ;"Schultz, de  Deidesheim ; Meissner, 
de  Baie;  Triana,  de  la  Nouvelle-Grenade. 

Des  travaux  importants  ont  été  successi- 
vement portés  à la  connaissance  du  bu- 
reau, et  discutés  en  public  par  les  spécialis- 
tes des  diverses  matières  énoncées. 

M.  Lecoq  a développé  des  considérations 
sur  les  migrations  de  plantes  de  montagnes, 
notamment  sur  celles  de  l’Auvergne,  qu’il 
croit  avoir  été  apportées  des  Alpes  par  les 
vents  et  les  oiseaux,  et  non  pas,  comme  on 
l’a  pensé,  par  un  envahissement  graduel 
pendant  la  période  glaciale. 

La  culture  du  Colchicum  Bysantimim  est 
aussi  l’objet  d’un  travail  intéressant  de 
M.  Lecoq. 

M.Mas,  de  Bony,  demanderait  quels  seraient 
les  moyens  à suivre  pour  obtenir  de  nou- 


velles variétés  de  fruits.  M.  Lahaye,  de  Pa- 
ris, prétend  qu’on  ne  peut  conserver  les 
fruits  produits  par  des  arbres  malades. 

M.  Bossin,  de  Paris,  voudrait  savoir  s’il  est 
un  caractère  botanique  qui  permette  de 
dire  si  une  graine  produira  des  fleurs  dou- 
bles ou  simples;  et,  d’autre  part,  si  l’origine 
de  la  Poire  Belle-Angevine  est  bien  fran- 
çaise ou  anglaise.  De  plus,  il  poursuit  tou- 
jours son  projet  de  faire  attribuer  aux  va- 
riétés légumières  des  qualificatifs  latins, 
comme  on  le  fait  pour  les  espèces  botaniques. 
Enfin,  l’auteur  cet  article  a présenté  un  mé- 
moire intitulé  : Essai  historique  et  critique 
sur  t'art  des  jardins  en  France.  Tel  est  à peu 
près  le  contingent  apporté  par  notre  pays 
aux  travaux  du  congrès. 

La  Belgique,  réprésentée  par  M.  le  pro- 
fesseur Kickx,  qui  traitait  de  la  physiologie 
des  cryptogames;  par  M.  Morren,  notre  sa- 
vant confrère  et  àini,  qui  examinait  le  rôle 
du  gaz  d’éclairage  sur  les  végétaux  et  ren- 
daitcompte  de  ses  intéressantes  expériences; 
par  M.  Van  Huile,  le  savant  linguiste  et  di-- 
recteur  du  jardin  botanique  de  Gand,  qui 
parlait  d’une  méthode  rationnelle  de  taille; 
enfin, MM. Baumann  et  Dominer,  de  Gand, la 
Belgique,  disons-nous,  a tenu  honorablement 
sa  place  scientifique  dans  les  délibérations. 

D’Allemagne,  de  Norwége,  de  Suisse,  de 
Hollande,  d’Angleterre,  étaient  venus  des 
communications  nombreuses,  dont  plusieurs 
des  plus  utiles  aux  progrès  de  la  science.  B 
faut  citer,  parmi  les  principaux  auteurs  et 
les  principales  œuvres  ; M.  Carroll,  de  Glas- 
verin,  sur  le  drainage;  M.  James  Anderson, 
de  Glasgow,  des  effets  de  la  température  de 
l’eau  sur  la  végétation  ; 

M.  de  Candolle,  sur  le  mesurage  récent 
des  Séquoias  delà  Californie; 

M.  le  Dr  Caspary,  sur  le  changement  de 
direction  des  branches  par  les  différentes 
températures; 

M.  Clarke,  de  Londres,  sur  les  enveloppes 
florales  des  Lauracées; 

M.  le  Dr  Gœppert,  de  Breslau,  sur  la 
cultures  et  l’assainissement  des  plantes  al- 
pines et  sur  la  paléontologie,  science  dans 
laquelle  ce  vieillard  vénérable  s’est  fait  un 
si  beau  nom  ; 

M.  S.  Hibbert,  de  Londres,  de  la  nomen- 
clature des  plantes.  L’auteur  propose  l’éla- 
blissement  d’une  école  de  nomenclature  bo- 
tanique ; 

M.  Hildebrand,  de  Rouen,  observations 
sur  nos  connaissances  actuelles  des  espèces 
du  genre  Cinchona  ; 

M.  le  Pr.  Karl  Koch,  obèervations  sur  les 
systèmes  botaniques  et  leur  confusion  ac- 
tuelle ; 

M.  Krelage,  de  Harlem,  sur  les  noms  des 
variétés  jardiniques  et  leur  confusion,  sur- 
tout à l’égard  des  plantes  bulbeuses; 


if 


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••I 


EXPOSITION  HORTICOLE  INTERNATIONALE  DE  LONDRES. 


M.  Laxton,  expériences  d’hybridation  sur 
les  pois  et  résultats  ; 

D'’  Masters,  de  Londres,  sur  les  fleurs  dou- 
bles; 

.Di’  David  Moore,  de  Glasnevin,  climat, 
flore  et  moissons  de  l’Irlande  ; 

D'’  Reiclienbach,  sur  la  structure  de 
quelques  Orchidées; 

M.  Anderson,  sur  laciilture  des  Orchidées, 
communication  qui  a entraîné  une  intéres- 


277 

santé  discussion  à laquelle  ont  pris  par  tous 
les  hommes  spéciaux  à la  culture  et  la  con- 
naissance de  celle  magnifique  famille. 

Le  congrès  s’est  terminé  aux  applaudisse-* 
men4s  de  la  nombreuse  compagnie  qui  n’a 
cessé  d’assister  assidûment  aux  séances,  et 
qui  conservera  certainement  un  souvenir 
vivace  de  cette  réunion  féconde  en  bons  ré- 
sultats et  en  salutaires  exemples. 

E.  André, 


SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE. 


Séance  du  28  juin. 

Les  apports  faits  dans  cette  réunion  ont  été 
peu  nombreux.  Nous  allons  les  passer  en 
revue. 

Parmi  les  objets  déposés  au  comité  de 
culture  potagère,  M.  Trony,  jardinier  au 
château  de  Bordes  (Seine-et-Oise),  avait  pré- 
sénlé  deux  Choux  cœur  de  bœuf,  gros,  qui 
avaient  reçu  un  traitement  particulier.  Vers 
le  milieu  de  leur  lige,  on  avait  pratiqué  une 
incision,  ou  plutôt,  à l’aide  d’une  serpette, 
on  avait  enlevé  une  lame  de  l’axe  princi- 
pal d’environ  2 centimètres  de  largeur 
sur  un  millimètre  d’épaisseur;  le  présenta- 
teur prétend  que  ces  incisions  qu’il  avait 
pratiquées  dans  le  but  d’empêcher  ces  plan- 
tes de  fleurir,  ont  parfaitement  réussi,  puis- 
que tous  ceux  qui  n’avaient  pas  été  incisés 
ont  monté.  Il  serait  intéressant  de  savoir  si 
cette  pratique  ne  pourrait  pas  présenter 
quelques  inconvénients  et  de  connaître  l’é- 
poque à laquelle  elle  doit  être  faite. 

^ M.  Morand,  jardinier-chef  k l’Asile  de 
l’Orne,  à Alençon,  avait  déposé  deux  pieds 
d’arlichaux  gros  vert;  cette  présentation 
était  accompagnée  de  la  note  suivante,  que 
nous  copions  textuellement:  «Je  détache 
les  œilletons  de  moyenne  force  queje  plante 
en  pots,  je  les  conserve  sous  châssis,  comme 
les  Géranium,  pendant  les  grands  froids  de 
l’hiver,  et  à la  fin  de  mai,  je  les  plante  à 
distance  de  80  centimètres  sur  tous  sens; 
ils  produisent  souvent  plus  tôt  et  plus  abon- 
damment que  ceux  qui  ont  été  hivernés  sur 
place.  J’en  ai  planté  cette  année  500  pieds, 
dont  trois  seulement  n’ont  pas  produit;  les 
autres  portaient  trois  fruits  par  pied;  je  me 
propose  à l’avenir  de  ne  nas  les  cultiver  au- 
trement. » 

Le  Comité  demande  des  détails  plus  éten- 
dus et  plus  précis  sur  le  mode  de  culture 
adopté  par  M.  Morand. 

M.  Fontaine  (Adolphe),  jardinier  chez 
M.  le  marquis  Couvion  de  Saint-Cyr,  à Yil- 
sari,  présentait  trois  chouxfleurs  dits  demi- 
durs,  améliorés,  pesant  ensemble  17  hilogr.; 
l’un  d’eux  porte  90  centimètres  de  circon- 
férence et  pèse  5 kilogr.  200  gr.  Ce  produit 


remarquable  à tous  égards  mérite  à l’obten- 
lenteur  une  prime  de  2^  classe. 

Le  Comité  d’arboriculture  a examiné  les 
objets  suivants  : un  pied  de  vigne  en  pot  ap- 
partenant à la  variété  Frankenthall  (ou  Black 
Hamburgh};  cet  exemplaire,  palissé  en  cy- 
lindre, étaitd’unegrande  vigueur,et  plusieurs 
grappes  splendides  ornaient  ses  sarments. 
Le  présentateur,  M.  Knight,  jardinier-chef 
au  château  de  Ponlchartrain  (Seine-et-Oise), 
dit  que  ce  pied  est  le  produit  d’un  œil  qui 
avait  été  mis  en  terre  en  avril  1865.  Une 
prime  de  classe  lui  est  accordée. 

Un  panier  composé  de  cerises  de  la  va- 
riété Royale,  cueillies  sur  un  espalier,  mé- 
rite des  remercîments  à M.  Lépine,  de  Mon- 
treuil. Des  fruits  d’une  autre  variété  de  ce- 
rises récoltés  sur  un  arbre  franc  de  pied,  et 
en  plein  vent,  sont  présentésparM.  Aubrée, 
propriétaire  à Châlenay  (Seine).  L’arbre  sur 
lequel  il  les  a recollés  est  dans  sa  propriété, 
mais  il  n’en  connaît  pas  l’origine.  Ces  fruits 
ont  intéressé  le  Comité,  qui  a nommé  une 
commission  pour  aller  examiner  l’arbre  qui 
les  produit. 

Les  présentations  faites  au  Comité  de  flo- 
ricullure  sont  peu  variées;  cependant  une 
plante  très-intéressante  au  point  de  vue  de 
l’ornementation  des  jardins,  est  soumise  à 
son  approbation  par  MM.  Havard  et  C^  ; c’est 
une  variété  du  Maïs  ordinaire,  à feuilles  ru- 
banées de  blanc  et  de  vert,  qui  rappelle  les 
panachures  de  VArimdo  donax  variegata  ; 
mais  cette  plante  est  beaucoup  plus  gracieuse 
que  ce  dernier.  Le  présentateur  dit  que 
l’exemplaire  qu’il  soumet  à la  Compagnie 
est  issu  d’un  semis  et  non  de  bouturage,  et 
que  cette  variation  se  reproduit  très-fran- 
chement. M.  Barillet-Deschamps,  dit  avoir 
reçu  de  la  Maison  Bernary,  d’Erfurt,  une 
quantité  assez  considérable  de  graines  qui 
ont  donné  naissance  à des  pieds  bien  pa 
nachés.  Selon  M.  Jamin,  les  graines  de  ce 
Maïs  proviendraient  des  Elals-Unis  (de 
Springfield)  et  non  du  Japon,  comme  M.  Ha- 
vard le  prétend.  Quoi  qu’il  en  soit,  cette  va- 
riété mérite,  suivant  nous,  une  place  dans 
nos  jardins;  et,  comme  M.  Pelé  (Adolphe) 


SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ET  CENTRALE  DTIORTICELTCRE 


27S 

en  a déjà  récolté  des  graines  sur  un  individu 
cultivé  dans  un  très-petit  pot,  on  a heu  île 
croire  que  cette  variété  n est  pas  dehcate  et 
que  nous  pouvons  la  considérer  comme  ac- 

(iuise  à nos  jardins.  , . m m 

Après  ces  diverses  présentations,  M.  le 

Boisduval  rend  un  compte  sommaire  de 
l’examen  qu’il  a fait  des  végétaux  malades 
ramTr  sV  Marseille  par  M.  Rivière,  et 
présentés  par  lui  à la  dernière  seance, 
qu'il  en  dit  : Le  tronc  des  jeunes 
Peupliers  d’Italie,  qui  présente  de  place  en 
place  des  engorgements  ou 
Sont  le  cœur  est  ronge  par  une 

lerie  est  l’ouvrage  de  labaperde  Lau/tfli  «s, 

'qui  esrunvrai  tllau  dans  le  JinU  et  en  Apo- 
rie pour  les  jeunes  peupliers.  M.  Boisduval 
dit  Çe  RatieLurg,'  dans  son  magn.  que 

ouvraüe  sur  les  insectes  nuisililes  aux  loiels, 

«lie  d’enduire,  pour  les  préserver  de 
celte  Saperde,  'e 

avec  une  bonne  couche  d onguent  de  haiiit 
FiSm  à la  hauteur  de  cinq  pieds  environ. 
Sous  cette  croûte,  l’arhre  se  développe,  et 
après  six  ou  sept  ans  de  plantation, 
rien  à redouter  des  Carcharias. 

Les  galles  foliacées,  analogues  au  Bode- 
gar  des  Ronces  et  Églantiers,  qm  lonnen 
Ses  espèces  de  houles  à l’extremite  les 
branches  du  Saule  g 

sont  le  résultat  de  la  piqûre  d un  Lynips, 
dont  la  petite  larve  rudimentaire  ne  pe 

suffire  à déterminer  l'espèce. 

Le  puceron  rapporté  de  la  pro^mce  dans 

des  feuilles  cloquées  de 

pèce  méridionale  appelée  par  M.  Boisduval 

persicarum;i\  ne  se  trouve  pas  dans  le  nord. 


ni  dans  le  centre  de  la  France*,  notre  Pé- 
cher, aux  environs  de  Paris,  nourrit  trois 
antres  pucerons,  qui  sont  : Aphis  persicœ, 
Kattenbaclr,  Aphis  persicœ,  Morren  (A.  per- 
sicola,  Bdv.)  et  Aphis  amygdah,  Bl.  . 

M.  Boisdnval  présente  aussi  un  Liliiwi 
Thunberqianum  portant  deux  rameaux  bien 
lleuris.  il  dit,  en  parlant  des  Lys,  que  cette 
année  il  a remarqué  pour  la  première  lois 
sur  le  Lilimn  auranhacum  et  sur  une  ou 
deux  autres  espèces,  une  Cochenille  voisine 
du  Coccnsadonidum  (Poux  blanc  des  serres), 
il  a d’abord  pensé  que  cette  codiem'le  pour- 
rait bien  être  nouvel  le;  mais,  enl  etudiant,  il 
a vu  quelle  était  connue  et  parfaitement 
décrite  par  le  profe.sseur  Bouché,  dans  a 
Gazette  entomologique  de  Stettin,  sous  le 
nom  de  Coccus  talipanim.  Selon  cet  ento- 
mologue,  c’est  une  espèce  qui  a ete  appor- 
tée de  l’étranger  dans  les  serres  de  Berlin, 
etqui,à  l’automne,  se  retire  dansles  squam- 
mes  des  Liliacées,  où  elle  attend  tranquille- 
ment que  la  végétation  s(  it  développée  pour 
se  multiplier;  on  la  détruit  comme  la  Coche- 
nille de  serre  avec  un  petit  pinceau  et  de 

l’alcool.  , ^ 

M.  Bouchard  - Huzard  offre  a la  ^ Ï50- 
ciété  un  travail  bibliographique  qu  il  a 
fait  sur  les  travaux  de  Duhamel-Dumonceau, 
et  sur  ceux  des  nombreux  auteurs  qui  les 
ont  commentés.  La  Société  remercie  tres- 
vivement  l’auteur  pour  ce  don 

M.  Duchartre  lit  un  rapport  de  M.  Lecoq, 
de  Clermont-Ferrand,  sur  l’exposition  d hor- 
ticulture de  Londres  ; mais,  la  seance  étant 
très-avancée,  cette  lecture  est  ajournée. 

L.  Neumann. 


CULTbRE  DU  MEDINILLA  MAGNIFICÂ 


Cette  belle  plante,  quoique’  introduite 
chez  nous  depuis  plusieurs  années,  n est 
pas  encore  connue  autant  qu  elle  devrait 
l’être  et  n’est  pas  non  plus,  selon  moi, 
appréciée  à sa  juste  valeur.  Nous  constatons 
cependant  que  sa  culture  commence  a se 
répandre  et  qu’elle  tend  de  plus  en  plus  a 
s’ibroduire  dans  les  serres  chaudes  e 
humides,  seuls  endroits  ou  1 ou  doive  la 

'*'^Comine  plante  d’ornementation,  cette  es- 
pèce a le  double  avantage  d’edrir  ««  amP'® 
feuillage  et  de  plaire  beaucoup  a 1 œil,  ae 
plus  ses  grandes  bractées  pétaloides,  d un 
Peau’  rose,  disposées  en  ‘“S"®* . 

pendantes,  sont  d’un  charmant  eflet  L est 
certainement  une  plante  des  plusjolies  et  des 

plus  ornementales  que  l’on  puisse  cultiver 

dans  les  serres  que  nous 

quer,  en  compagnie  des  Orchidtes,  aes 

^Xien  que  la  culture  du  Meâiniüa  mamn- 
fica  ne  présente  pas  de  difficultés  reelles, 


elle  demande,  toutefois,  des  soins 

liers  si  l’on  veut  faire  acquérir  aux  plantes 

une  végétation  luxuriante. 

Le  sb  qui  me  paraît  lui  convenir  le  mieux 
est  un  composé  de  00  parties  de  terre  de 
bruyère  fibreuse,  concassée  et  Pa?®®® 
au  crible,  10  parties  de  terreau  de  feuilles 
bien  consommé,  20  parties  de  terreau  de 
couche,  5 parties  de  sable  et  5 de  charbon 
Tbois  pilé.  La  terre , ainsi  préparée 
voici  commeiit  on  procède  : On  P'’®"d  l)® 
jeunes  plantes  bien  ramifiées,  on  les  Ue- 
pote  en  faisant  tomber  avec  soin  une  partie 
de  la  vieille  terre  usée,  puis,  apres  un  bon 
drainage,  on  place  chaque  plante  dans  ni 
pot  de  capacité  voulue; 
légèrement  la  terre  de  maniéré  a b en  as- 
seoir la  plante  et  à pouvoir  couvenaolement 
l’arroser  Ceci  fait,  il  convient,  P®®  ;;''\'®* 
fortes  chaleurs,  de  donner  d®  ' ® 
plantes,  d’entretenir  la  serre  '”!  ™*®  ® 
lépandant  de  l’eau  dans  les  se'O,'®'^  « ’ 
quand  la  température  est  trop  elevee,  de 


CULTURE  DU  MEDINELU  MAGNIFICA. 


279 


bassinerdeux  ou  trois  fois  pendant  le  jour.  Il 
faut  aussi  donner  de  l’air  toutes  les  fois  que 
la  température  intérieure  est  trop  élevée  et 
que  celle  de  l’extérieur  le  permet.  Pendant 
la  végétation,  on  place  les  plantes  auprès  du 
verre  en  ayant  soin  de  tourner  les  pots  de 
temps  à autre  pour  que  le  développement 
se  fasse  d’une  manière  régulière.  Quand  la 
pousse  annuelle  est  terminée,  on  met  les 
plantes  dans  une  serre  un  peu  moins 
chaude  que  la  précédente  et  à mi-ombre, 
pour  faire  aoûler  les  bourgeons  et  permet- 
tre tà  la  tleur  de  se  former.  En  automne,  il 
faut  de  nouveau  rentrer  les  plantes  en  serre 
chaude,  et  c^est  en  opérant  ainsi  que  l’on 
obtient  en  février,  mars  et  avril  une  magni- 
que  floraison.  Nos  Medinilla  sont  cultivés 
de  la  sorte,  et,  chaque  année,  nous  obtenons 


de  très -beaux  résultats.  L’an  dernier  même, 
au  parc  de  la  Téle-d’Or,  une  plante  vigou- 
reuse qui  fleurit  fut  fécondée  artificiePe- 
ment  et  nous  donna  des  graines  qui  fu- 
rent semées  et  produisirent  des  jeu- 
nes plantes  de  toute  beauté.  On  peut  aussi 
multiplier  par  boutures  le  Medinilla  magni- 
/?ca;  pour  cela,  on  prend  des  pousses  encore 
herbacées  que  l’on  plante  en  terre  de 
bruyère  mélangée  de  sable  fin;  on  les  place 
en  serre  chaude,  sous  cloche,  et,  lorsqu’el- 
les ont  pris  racines,  on  les  transporte  dans 
des  petits  pots  sur  une  couche  chaude  pour 
les  traiter  ensuite  comme  il  vient  d’être  dit 
plus  haut. 

C.  Denis, 

Chef  de  culture  du  jardin  botanique  au  parc 
de  la  Tête-d’Of,  à Lyon. 


PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PEU  CONNUES. 


Kennedya  Frediüoodiiy  Hort.  (^?)  — Plante 
vivace  ou  sous-frustescente,  grimpante,  à 
fleurs  d’un  beau  rouge  cerise. — Originaire 
de  l’Australie,  cette  plante,  dont  la  Revue 
horlicole  donnera  prochainement  une  figure 
coloriée,  exige  la  serre  tempérée  pendant 
l’hiver.  — MM.  Thibaut  et  Keteleer. 

Cerasus Sieboldtii^  Nob.;  Cerasiispseudo- 
cerasus  rosea  plena^  Sieb.  (Exposit.  d’hort. 
de  Bruxelles,  1865.)  — Cette  variété  exposée 
àBruxellesparM.  Sieboldt,  qui  l’avait  impor- 
tée du  Japon,  a attiré  tout  particulièrement 
l’attention  du  jury,  qui  lui  a donné  une  ré- 
compense spéciale,  a fleuri  cette  année  chez 
MM.  Thibaut  et  Keteleer,  où  nous  l’avons 
fait  peindre.  La  Revue  horlicole  donnera 
prochainement  à ses  lecteurs  une  gravure 
coloriée  de  la  plante  en  question.  C’est  un 
arbrisseau  très-rustique  et  très-joli,  destiné 
à orner  nos  jardins. 

Eulacla  Rulei,  Nob.;  Araucaria  Rulei, 
Lindl.  — Originaire  de  la  Nouvelle-Calédo- 
nie, cette  espèce  de  plante  est  des  plus  cu- 
rieuses au  point  de  vue  scientifique.  C’est  une 
sorte  de  'Protée  qui,  dans  sa  jeunesse, 
semble  appartenir  à la  section  Eulacla  du 
genre  Araucaria,  tandis  que  lorsque  la 
plante  est  adulte  elle  semble  au  contraire 
rentrer  dans  la  section  Colymbea  et  se  pla- 
cer près  de  l’espèce  imbricala  {Araucaria 
nubncata).  La  Revue  horticole  en  donnera 
bientôt  une  gravure  dans  laquelle  seront 

1 Eu  cherchant  à appeler  l’attention  sur  les 
plantes  nouvelles,  rares  ou  peu  connues,  nous 
croyons  devoir  indiquer  où  nous  les  avons  remar- 
quées, de  manière  que  les  amateurs,  en  apprenant 
le  nom  d’une  plante,  apprennent  aussi  où  ils  pour- 
ront se  la  procurer. 

H va  de  soi  que  cette  indication  ne  veut  pas 
dire  cpi’on  ne  trouve  ces  plantes  que  dans  les 
endroits  indiqués,  mais  qu’on  est  à peu  prés  sûr  de 
CS  y rencontrer. 


représentées  les  principales  modifications 
que  présente  cette  espèce. 

Calalhea  Veitchiana.  — Sorte  de  Maran- 
tLacée  à feuilles  condiformes,  zébrées  de 
brun-foncé  en  dessus , rouge-violacé  en 
dessous.  — MM.  Thibaut  et  Keteleer. 

Coleus  Gibsonii.  — Plante  nouvellement 
introduite,  à tige  violet-foncé,  très-robuste. 
Sans  nous  prononcer  d’une  matière  absolue 
sur  son  mérite,  nous  doutons  qu’elle  dé- 
trône jamais  sa  parente,  le  Coleus  Vers- 
chaffelti.  Ce  jugement,  toutefois,  n’est  pas 
sans  appel.  — MM  Thibaut  et  Keteleer. 

Acantholimun  venustum,  Boissier.  — 
Plante  vivace,  presque  sous-frutescente,  ap- 
partenant au  groupe  des  Stalice.  Originaire 
d’Orient,  elle  est  assez  rustique.  Elle  existe 
au  Muséum,  où  chaque  année  elle  se  couvre 
de  fleurs  d’un  beau  rose.  La  Revue  en  don- 
nera une  figure  coloriée. 

Indigofera  elatior.  Arbrisseau  très- 
vigoureux,  à branches  dressées,  robuste, 
pouvant  atteindre  1 mètre  50  à 2 mètres 
de  hauteur  . dans  une  même  année.  Ra- 
meaux nombreux,  dressés,  feuilles  com- 
posées, imparipennées,  à folioles  petites, 
longuement  ovales,  arrondies  obtuses  au 
sommet,  glabres.  Eleurs  très-nombreuses, 
disposées  en  grappes  à la  base  et  sur  les 
rameaux  de  l’année,  très-grandes,  à étendard 
et  carène  écartés,  assez  étroits  et  comme 
ondulés-tourmentés;  les  deux  ailes  sont 
d’un  rose  vif  presque  rouge,  appliquées  sur 
la  carène  qu’elles  cachent  à peu  près  entiè- 
rement. 

ludigofera  elatior  dumosa.  — Arbuste 
hnissonneux  à branches  ditfuses,  divari- 
qnées  ou  presque  horizontalement  éta- 
lées, Irès-ramifiées.  Feuilles  rapprochées, 
d’un  gris-blanchâtre.  Fleurs  à peu  près 
semblables  à celles  du  type,  ordinaire- 


PLANTES  NOUVELLES,  P>AP.ES  OU  PEU  CONNUES. 


'280 

ment  moins  crispées,  mais  de  la  même  cou- 
leur. . . . , 

Vlndigofera  elatior  est  originaire  d Amé- 
rique; les  graines  ont  été  envoyées  au 
Muséum  par  M.  Helias  Durand,  botaniste 
français.  Il  est  peut-être  un  peu  plus  sen- 
sible à la  gelée  que  Vindigofera  dosua,  du- 
quel il  se  rapproche,  bien  qu’il  en  soit  très 
différent.  Dans  les  hivers  rigoureux,  a 
Paris,  il  souffre  un  peu,  et  son  jeune  bois 
est  parfois  détruit,  et,  comme  il  ne  fleurit 
que  sur  les  bourgeons  qui  naissent  sur  le 
bois  d’un  an,  il  en  résulte  alors  que  la  flo- 
raison est  compromise.  ^ 

Par  son  port  et  son  faciès  l Indigofera 
elütior  se  distingue  nettement  de  l 
fera  dosua;  corses  branches,  au  lieu  de  se 
diriîîer  obliquement  ou  même  horizontale- 
ment et  d’être  rétléchies  au  sommet,  sont 
droites,  presque  verticales,  et,  de  plus,  elles 
sont  beaucoup  plus  fortes. 

Deux  nouvelles  variétés  de  Lauroçerasus 
Yulgaris. 

Ces  deux  variétés,  dont  l’une  le  Lauro- 
cerasHS  vulgaris  rolundifolia,  ^éié  obtenu 
par  M.  Billiard,  dit  la  Graine,  pépinieriste 
à Fontenav-aux-Roses;  l’autre,  le  Lauroce- 
rasus  longifolia,  par  M.  A.  Leroy,  pepinie- 
riste  à Angers,  sont  très-remarquables  par 
la  forme  de  leurs  feuilles  qui  leur  a valu 
leur  dénomination  : la  première,  le  Lauro- 
cerasus  vulgaris  rotundifolia,  a les  feuilles 
larges,  relativement  courtes  et  très-arron- 
dies, entières  ou  à peine  dentées;  l’autre,  le 
Lauroçerasus  vulgaris  longifolia,  a les 
feuilles  très-longues  et  étroites,  largement 
et  assez  fortement  dentées , à*  dents  cou- 
chées. Toutes  deux  sont  très-remarquables 
et  complètement  dilférentes  de  tout  ce  qui 
est  connu  dans  ce  genre.  Inutile  d ajouter 
qu’elles  sont  à feuilles  persistantes. 
Marronnier  rouge  à feuilles  panachées. 

Æsculus  ruhicunda  foliis  variegatis.  — 
Cette  variété  est  tout  aussi  vigoureuse  que 
le  type  dont  elle  se  distingue  par  ses  leuil- 
les  bordées  de  toute  part  d’une  bande 
irrégulière  d’un  beau  jaune  soufré,  un  peu 
verdâtre.  Ses  fleurs  sont  à peu  près  les 
mêmes  que  celles  de  type.  Sa  panachure  est 
très-constante,  et  il  n’est  pas  une  feuille  qui 
ne  soit  marquée;  de  plus,  la  panachure  per- 
siste pendant  toute  la  durée  des  feuilles. 
C’est  donc  une  variété  intéressante  et  dou- 
blement ornementale.  On  la  doit  à M.  Char- 
les Dupuy,  pépiniériste  à Loches  (Indre-et- 
Loire).  C’est  une  variété  trop  peu  connue. 

Pancratium  illyricum,  Linné.  — Cette 
plante  n’est  pas  nouvelle,  tant  s en  laut, 
mais  elle  n’en  est  pas  moins  tres-remar- 
quable  et  très-belle.  Le  temps,  qui  détruit 
tout,  n’a  pu  faire  quelle  ne  soit  encore  au- 
jourd’hui l’une  des  belles  plantes  de  la 
famille  des  AmarijUidées.  C’est  une  espece 


très-rustique  et  trop  peu  connue,^  qui  sera 
figurée  dans  la  Revue  horiicole. 

Tamarix  tetrandra  purpurea.  — La  qua- 
lification purpurea  que  porte  celte  variété 
dispense  de  tout  éloge  en  sa  faveur.  En  effet, 
un  Tamarix  tetrandra  à i\env  rouge  foncé 
indique  assez  qu’elle  doit  être  très-jolie  : ce 
qui  est  vrai.  Mais  là  n’est  pas  le  seul 
avantage  qu’elle  présente  sur  le  type  qui,  on 
le  sait,  est  déjà  un  des  plus  jolis  arbustes  et 
n’est  pas  autant  cultivé  qu’il  devrait  l être, 
car  le  Tamarix  tetrandra  purpurea  se  tient 
très-bien  ; ses  rameaux,  entièrement  couverts 
de  fleurs  d’un  beau  rouge,  sont  dressés, 
et  comme  il  est  plus  tardif  que  le  type  d’en- 
viron quinze  jours,  il  en  résulte  qu  on  peut 
d’autant  en  prolonger  la  floraison.  Cette  va- 
riété a été  obtenue  pr  M.  Billiard,  dit  la 
graine,  pépiniériste  à Fontenay-aux-Roses. 

Anthurium  Scherlzerianum  — Petite 
plante  à hampe  uniflore,  nue,  terminée  pp 
une  spalhe  d’un  très-beau  rouge-carmin 
foncé  du  centre  duquel  sort  un  spadice  cy- 
lindrique, contourné.  Cette  espèce,  qui  est 
encore  rare  et  chère,  se  multiplie  très-dif- 
ficilement. Elle  exige  la  serre  chaude.  — 
La  Revue  en  donnera  prochainement  une 
gravure  coloriée.  . 

Hydrangea  rosalba,  Vanhoutte.  racies 
et  port  général  des  Hydrangea,  fleurs  Llp” 
elles  ou  très-légèrement  rosées  lorsqu  elles 
commencent  à s’épanouir,  puis  se  colorant 
de  plus  en  plus  de  manière  à devenir  d un 
beau  rouge-foncé  Japon.  La  Revue  en  pu- 
bliera prochainement  une  gravure  coloriée. 

L’origine  du  nom  de  cette  plante  nous 
paraît  assez  curieuse  pour  être  rapportée  ; 
la  voici  : On  a vendu  à deux  fois  diflérentes 
deux  Hydrangea,  c’était  V Hydrangea  rosea 
et  Ÿ Hydrangea  alba.  M.  Vanhoutte,  ayant 
reconnu  que  ces  deux  prétendues  especes 
n’en  faisaient  qu’une,  eut  alors  l’heurpse 
idée  de  fondre  les  deux  noms  en  un  seul,  et 
d’en  faire  celui  derosu/èu,  qualification  heu- 
reuse, nous  le  répétons,  puisqu’elle  al  avanta- 
ge, tout  en  fondantlesdeux  noms,  d indiquer 
aussi  les  deux  couleurs  que  cette  plante  re- 
vet  successivement. 

Alsine  Rauhinorum,  J.  Lay.  — liante 
alpine  Irès-cespiîeuse  s’élevant  à environ 
0»'  12  et  constituant  des  tapis  serres  qui  se 
couvrent  de  feuilles  blanches  à 5 petales 
arrondis-obovales,  à feuilles  linéaires,  tres- 
ténues.  Cette  espèce,  propre  à tonner  des 
bordures,  est  très-rustique  et  vigoureuse; 
on  la  multiplie  très-facilement  par  la  divi- 
sion des  touffes.  ^ 

Alsine  liniftora,  Linné.  Espece  tres- 
voisine  de  la  précédente  dont  elle  a tous  les 
caractères.  Comme  elle  aussi,  elle  est  vivace, 
très-rustique  et  également  propre  a loi- 
mer  des  bordures. 

(La  suite  prochainement). 

L’oü  des  rroptiétaires  BIXïO- 


(DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  JUILLET). 


CHROMQUE  HORTICOLE 


Eli(|ueües  eu  ivoire  et  étiquettes  en  zinc.  — Encre  indélébile. —"Lettre  de  M 
de  M.  Uherpin,  — Lu  laitue  Rossin.  — luconvéïiients  des  fumigations  de  tabac  dans  les  serres  Em- 
ploi du  savon  noir  et  des  décoctions  de  tabac  pour  détruire  les  pucerons. 


Un  des  fails  les  plus  impoiTanls  de  la 
dernière  quinzaine  est  1‘exposilion  de  Roses 
de  Brie-Comte-Robert,  dont  nous  avons  dit 
quelques  mots  dans  notre  précédente  chro- 
nique. En  raison  de  rintérêt  particulier 
qu’otîrait  cette  exposition,  nous  en  publions 
plus  loin  (page  280)  un  compte-rendu. 

— Nions  avons  reçu  le  programme  géné- 
ral de  l’Exposition  d’horticulture  qui  sera 
annexée  cà  l’Exposition  universelle  de  1807. 
Nions  mettons  ce  document  important  sous 
les  yeux  de  nos  lecteurs  : 

Article  R*’.  — Une  Exposition  internationale 
et  permanente  de  riiorliculture  sera  ouverte 
])emlant  la  durée  de  l’Exposition  universelle  de 
1867,  du  avril  an  31  octobre. 

Un  jardin  de  50,000  mètres  cai’rés  compris 
dans  l’enceinte  de  l’Exposition,  an  Champ  de 
Mars,  est  spécialement  affecté  à cette  destina- 
tion. 

Les  produits  seront  placés,  suivant  leur  na- 
ture, dans  des  serres  chaudes  ou  tempérées, 
sous  des  tentes,  dans  des  galeries  ou  en  plein 
air. 

Art.  2.'  — U sera  ouvert  successivement,  du 
Ri-  avril  au  31  octobre,  quatorze  concours  hor- 
lioles  internationaux. 

Tout  exposant  que  la  commission  consulta- 
tive', nommée  jxr  la  commission  impériale, 
aura  admis  à uirde  ces  concours,  sera  tenu  de 
laisser  ses  produits  exposés  pendant  toute  la 
durée  du  concours,  ({ui  ne  pourra  excéder 
(luinze  jours,  et  de  iiourvoir  à l’entretien  de  ces 
}irodiiifs  pendant  leur  séjour  à ^E^posilion.  Les 
Trais  de  transport  de  ces  produits  sont  à la 
charge  des  exposants;  une  réduction  de 
50  p.  100  sur  les  tarifs  en  vigueur  sera  con- 
sentie par  les  Compagnies  de  chemins  de  fer  de 
l’Empire  français. 

Art.  3.  — Les  demandes  des  horti.'^ulteurs 
fi'ançais  devront  être  adressées  au  •conseiller 
d’Etat,  commiss, dre  généra!  de  l’Exposiiion  uni- 
verselle de  1867,  au  Palais  de  l’induslrie, 
(diamps-Elysées,  porte  no  1\ , deux  mois  au 
moins  avant  1 ouverture  de  chaque  concours. 
Les  exposants  seront  informés  de  leur  admis- 
sion un  mois  au  moins  avant  l’ouverture  dudit 
concours. 

Chaque  demande  indiquera,  outre  le  nom  et 
•le  domicile  du  demandeur,  l’espèce  et  la  variété 
de  produits  (pi’il  désire  exposer,  le  mode  d’ex- 
position que  ces  produits  réclament,  l’espace 

* Celte  Commission  est  composée  de  MM  Brox- 
(.xiART  (Adolphe),  membre  de  ITiistitut,  p/'csâ/ea/ ; 

, rice-préfiiileiit  ; B.\RiUÆT-I)KstHAMi>s,6ecrc- 
luirc;  Dl:(;\l^x^;,  memlnc  de  l’Institut;  Boi  ciiARD- 
lli/.Aïui,  11aiu)\,  Rivicrk  (.\iig'iisle),  Viiaiorix 
(Henri). 


quuls  occuperont,  le  nombre  de  corbeilles,  de 
groupes  de  massifs  que  le  demandeur  propose 
de  remplir.  Une  première  déclaration,  faite 
avant  le  28  lévrier  1867,  indiquera  les  divers 
concours  auxquels  le  candidat  exposant  a l'in- 
teniion  de  prendre  part  pendant  la  durée  de 
l’Exposition. 

Les  demandes  des  horticulteurs  étrangers 
devront  être  adressées  aux  commissions  res- 
pectives instituées  pour  l’Exposition  par  chaque 
gouvernement.  La  liste  des  exposants  admis 
sera  remise,  par  chaque  commissaires  étran- 
ger, un  mois  avant  l’ouverture  du  concours, 
au  conseiller  d’Etat,  commissaire  général. 

Elle  devra,  comme  il  a été  dit  pour  les  de- 
mandes des  horticulteurs  français,  indiquer, 
outre  le  nom  de  chaque  exposant,  les  produits 
qu’il  désire  exposer,  les  conditinns  où  ceux-ci 
doivent  être  placés,  l’espace  qu’ils  occuperont, 
le  nombre  de  corbeilles,  de  groupes  ou  de 
massifs  que  le  demandeur  propose  de  remplir. 

Art.  4.  — Les  quatorze  concours  annoncés 
a l’article  2 sont  réglés  comme  suit  : 

Premier  cox’cours,  ouvert  le  Rr  avril  1867  ; 
Camélia,  Conifères,  végétaux  ligneux  et  de 
pleine  terre  ; Ericacées,  fruits  etiegumes  for- 
cés. 

Deuxieme  concours,  ouvert  le  15  avril  ; 
Rhododendron  orboreum,  fruits  forcés;  Jacin- 
thes et  plantes  de  serres  tempérée. 

Troisième  concours,  ouvert  le  R>  mai  : Or- 
chidées, Azedea  indien,  Tulipes,  plantes  orne- 
mentales et  de  serre  tempérée. 

QUATRIEME  concours.  Ouvert  le  15  mai; 
Azalea  indica  et  ponctica,  Dhododendron, 
Orchidées  et  plantes  ornementales  de  pleine 
terre. 

Cinquième  concours,  ouvert  le  Ri'  juin  : Or- 
chidées, Rosiers,  Pélargonium,  plantes  orne- 
mentales et  potagères. 

Sixième  concours,  ouveiT  le  15  juin  : Pé- 
largonium, Piosiers,  Orchidées,  fruits  de  sai- 
son. 

SEPTIEME  CONCOURS,  Ouvert  le  Rr  juillet  : 
Palmiers,  plantes  de  serre  chaude  et  plantes 
annuelles,  fruits  de  saison, 

HUITIEME  CONCOURS,  ouvert  le  15  juillet  : 
Aroidées,  plantes  nouvelles  et  annuelles,  fruits 
de  saison. 

Neuvième  concours,  ouvert  le  Rr  août  : Plan- 
tes à feuillage  coloré,  Gladiolus,  Fuchsia,  fruits 
de  saison . 

Dixième  concours,  ouvert  le  15  août  : Plantes 
ornementales  et  annuelles.  Fougères  et  fruits 
de  saison. 

ONZIEME  concours.  Ouvert  le  Ri‘  septembre  : 
Plantes  potagères,  plantes  ornementales.  Dahlia, 
fruits  de  saison. 

DOUZIEME  coNcouiiS,  ouvciT  le  15  sepleml.rc  : 
Dahlia,  plante  diverses  et  fruits  de  saison. 


CHRONIQUE  HOKTICOLE  (DEIXIEMC  QEENZAIINE  DE  JUILLET). 


T'iŒiziLME  CONCOURS,  ouveil  le  lc>'  octobre  : 
Fruits  (concours  général)  et  plantes  diverses. 

OuATORZiEME  CONCOURS,  Ouvert  le  15  octobi  c : 
Arl)res  fruitiers  formés  (concours  général). 

Fn  programme  général  et  détaillé  de  ces  (pia- 
lorze  concours  sera  publié  avant  la  lin  du  mois 
de  juillet  1866. 

Art.  5.  — Les  plantes  exoticpies,  pendant  les 
deux  premiers  jours  de  chaque  concours,  seront 
placées  dans  l’enceinte  du  Palais  de  cristal, 
élevé  au  centre  du  jardin  de  l’Exposition  inter- 
nationale d’horticulture  ; elles  seront  replacées 
ensuite  dans  les  serres  spéciales  qui  leur  auront 
été  affectées. 

Art.  6.  — Une  section  spéciale  du  jury  inter- 
national des  récompenses,  composée  de  ^ i mem- 
bi-es,  dont  Français,  est  instituée  par  la  Com- 
mission impériale,  sous  le  titre  de  : Jury  du 
yroupe  des  produits  vivants  et  spécimens  d'é- 
tablissements de  l'horticulture. 

Sur  les  propositions  [)résentées  par  ce  jury, 
la  Commission  impériale  nommera,  cinq  jours 
avant  l’ouverture  de  chaque  concours,  un 
comité  international  de  jurés-associés  choisis 
parmi  les  notabilités  horticoles  de  la  France 
(H.  de  l’Etranger. 

Ces  jurés  auront  pour  mission  de  juger  les 
produits  présentés  au  jiremier  concours  ouvert 
après  leur  nomination,  de^'classer  ces  produits 
selon  leur  mérite,  en  quatre  catégories,  sous 
les  titres  : Premiers,  deuxièmes,  troisièmes  prix 
de  concours  et  Mentions  honorables. 

Les  opérations  des  jurés  commenceront  le 
jour  même  de  l’ouverture  du  concours  et  seront 
terminées  en  deux  jours.  Les  prix  et  mentions 
de  concours  accordés  par  les  jurés  seront  im- 
médiatement rendus  publics  et  affichés  sur  les 
produits  qui  en  auront  été  jugés  dignes.  Ces 
prix  et  mentions  ne  seront  pas  décernés  après 
chaque  concours,  mais  seront  portés  au  dossier 
de  l’exposant,  comme  des  titres  pour  l’obtention 
de  quelqu’une  des  grandes  récompenses  qui 
seront  décernées  et  distribuées  à la  lin  de  l’Ex- 
position universelle,  sur  l’avis  du  jury  interna- 
tional. 

■\rt.  7.  — Les  récompenses  à décerner  })ai* 
le  jury  international  des  récompenses  pour  les 
produits  de  l’agriculture,  de  l’horticulture  et  de 
l’industrie,  sont  instituées  ainsi  qu’il  suit  par  le 
règlement  de  la  Commission  impériale  sur  les 
récompenses,  du  7 juin  1866,  approuvé  par 
décret  de  l’Empereur  en  date  du  9 juin  1866  : 

Crands  prix  et  allocations  en  argent,  d’une 
valeui*  totale  de  deux  cent  cinquante  mille 
francs  ; 

• Cent  médailles  d’oi-,  d’une  valeur  de  mille 
francs  chacune  ; 

Mille  médailles  d’argent  ; 

'i’rois  mille  médailles  de  bronze; 

i mq  mille  mentions  honorables  au  pins. 

'foutes  les  médailles  ont  te  même  module. 

Un  consen  supérieur,  t'e  vingt-se})t  membres, 
institué  par  le  même  règlement,  et  ori  siègent 
le  président  et  le  vice-président  du  jury  du 
groupe  de  l’horticulture,  est  chargé  de  répartir 
les  récompenses  ci-dessus  énumérées,  entre  les 
divers  grou}»es  de  produits.  Il  déterminera,  far 
conséquent,  la  part  du  nombre  total  des  récom- 
penses énoncées  ci-dessus,  (|ui  sera  attribuée 
aux  exposants  des  produits  vivants  et  spécimens 
de  l’horticulture. 

Art.  8.  — Le  jury  du  groupe  de  l’boi  ticui- 


turc  lera,  le  '20  octobre  1867,  un  relevé  ijéiir- 
ral  des  prix  de  concours  de  divers  ordres  et 
des  mentions  accordés  à la  suite  de  cbacun  des 
quatorze  concours.  D’après  ce  relevé,  en  tenant 
compte  du  nombre  et  de  l’ordre  des  prix  ainsi 
(pie  des  mentions  obtenus  par  un  même  expo- 
sant, le  jury  de  groupe  décernera  les  grands 
pi  ix,  allocations  en  argent,  médailles  d’or,  d’ar- 
gent (ju  de  bronze,  mis  à sa  disposition  par  le 
conseil  supérieur. 

Les  diplômes  porteront  un  rappel  des  ]»rix  et 
mentions  de  concours  remportés  par  le  lauréat 
pendant  la  durée  de  l’Exposition. 

Ix  présidnil  de  la  cominuakm  conmllalire, 
Hh(»xc.xiakt. 

Le  secrétaire, 

IjARJLI.ET-DeSCHA.MI'S, 

On  nous  assure  que  de  nouvelles  dispo- 
sitions seront  prises  ultérieurement.  S’il  en 
est  ainsi,  nous  liendrons  nos  lecteurs  au 
courant  des  modifications  qui  seraient  ap- 
portées au  présent  arrêté. 

— Dans  notre  dernière  chronique,  nous 
avons  annoncé  qu’une  Exposition  des  pro- 
duits de  l’horticulture  aurait  lieu  à Rozoy- 
en-Brie  (Seine-et-Marne),  du  8 au  10  sep- 
tembre 1860.  Voici  les  principaux  articles 
que  contient  le  programme  : 

Article  Bc.  • — Tous  les  horticulteurs  et 
amateurs  sont  invités  à prendre  à cette  exposi- 
tionlaplus  grande  part  possible. 

Art.  2.  • — Ae  seront  admis  à l’exposition 
et  ne  pourront  prendre  part  au  concours,  que 
des  plantes  d’agréments  en  Heurs,  des  plantes 
rares  ou  précieuses  fleuries  ou  non  fleuries, 
des  Heurs  coupées,  des  fruits  et  légumes,  des 
arbres,  des  outils,  des  poteries,  et  enfin  tous  ob- 
jets se  rapportant  au  jardinage. 

Art.  o.  — Tous  les  objets  soumis  au 
(concours  devront  appartenir  à l’exposant,  avoir 
été  cultivés  par  lui  ou  être  le  produit  de  son 
industrie. 

Art.  4.  — Chaque  personne  qui  voudra 
exposer  devra  faire  sa  déclaration  franco  au 
moins  huit  jours  avant  l’exposition  au  secrétaire 
de  la  Société. 

Art.  5.  — Les  objets  destinés  à concou- 
rir devront  être  envoyés  franco  au  local  do 
l’Exposition,  à Bozoy,  munis  d’étiquettes  portant 
leurs  noms,  et  seront  reçues  le  jeudi  6 septem- 
bre depuis  8 heures  du  matin  jusqu’au  vendredi 
7,  à 1 1 heures  du  matin,  terme  de  rigueur. 

— Nous  frouvoiis  dans  le  dornioi’  cahii^c 
des  Archives  d(‘S  missions  scientifiques,  un 
rappurf  (jue  M.  de  Sebimper,  professeur  à la 
Faculté  lies  sciences  de  Strasbourg,  aadressi'* 
à ]\1.  le  ministre  de  l’instruction  juiblitjue,  et 
dans  lequel  il  nous  fait  connaUre  l’ardeur 
avec  laquelle  les  ouvriers  se  livrent  eu  Aii- 
gieterre  à la  culture  des  sciences  naturelles. 
Ce  rapport  est  cligne  de  toute  notre  atten- 
tion. Voici  ce  que  dit  M.  Scliimper  : 

Cl  Les  ouvriersnaturalistesd’As/Bo//-t/nc/cr- 
Lynr,  m’ayant  invité  à assister  à une  de  leurs 
léunions  scientitiques,  je  me  suis  l'endu,  le 
l!2  juiii,  dans  cette  petite  ville  manufactu- 


OHkOixlQlE  hOKüCoLE  (DEUXIEME  QUINZAINE  DE  JUiLLET). 


rière.  J’ai  trouvé,  dans  cette  réunion  intéres- 
sante, des  ouvriers  de  toutes  les  professions 
qui  ont  coastitué  une  association  portant  le 
nom  de  Société  des  ouvriers  et  praticiens 
naturatistes  {Society  of  the  Pratical  and 
working-men  Naturatits).  Cette  Société 
forme  une  branche  de  la  Société  linnéenne 
du  Lancashire,  essentiellement  composée 
d’ouvriers,  et  dont  le  nombre  monte  déjà  à 
près  de  cinq  cents.  Des  associations  sem- 
blables existent  dans  presque  tous  les  dis- 
tricts de  l’Angleterre.  Dans  tous  les  endroits 
où  une  branche  d’une  association  de  district 
a son  siège,  les  membres  de  cette  branche 
contribuent,  au  moyen  d’une  petite  cotisa- 
tion, à former  une  bibliothèque  scientifique, 
dont  les  livres  sont  prêtés  aux  sociétaires. 
J’ai  été  étonné  de  voir  combien  ces  hommes, 
occupés  toute  lajournée  d’un  travail  manuel 
l)lus  ou  moins  pénible,  prennent  intérêt  à 
toutes  les  questions  scientifiques,  même  à 
celles  qui  ne  se  rattachent  pas  immédiate- 
ment à la  vie  pratique.  Un  ouvrier  tisserand, 
membre  de  l’association  de  Todmodem,  dans 
le  Yorkshire,  que  j’ai  prié  de  m’accompa- 
gner dans  le  pays  de  Galles,  m’a  été  du  plus 
grand  secours  pendant  ce  voyage,  par  ses 
profondes  connaissances  de  la  Flore  d’An- 
gleterre. Près  éé Ashtou-under-Lync,  j’ai 
visité,  sous  la  conduite  des  naturalistes- 
ouvriers,  un  dépôt  géologique  extrêmement 
remarquable  par  la  composition  variée  de 
ses  matériaux.  » 

Nous  serions  heureux  de  voir  les  scien- 
ces naturelles,  qui  ont  fait  si  longtemps  la 
gloire  de  la  France,  cultivées  chez  nous 
comme  elles  le  sont  en  Angleterre. 

— Nos  lecteurs  se  rappellent  l’article  pu- 
blié par  M.  André,  sur  les  étiquettes  de 
jardin  (voir  Revue  horticole,  n»  du  16  mai, 
page  198).  Après  avoir-dit  dans  cet  article 
que  les  bons  procédés  d’étiquetage  ne  sont 
pas  chose  commune,  notre  collaborateur 
accordait  la  priorité  aux  petites  fiches  d’i- 
voire, sur  lesquelles  on  écrit  avec  une 
encre  composée  ad  hoc.  M.  André  indiquait 
que  le  procédé  était  de  M.  Martins,  directeur 
du  jardin  botanique  de  Montpellier. 

A propos  de  cet  article,  M.  J.  N\  Farbos 
nous  écrit  de  Mont-de-Marsan  la  lettre  sui- 
vante : 

« Monsieur, 

« Dans  le  numéro  du  16  mai  de  la  Revue 
hocticole,  M.  Kd.  André  dit  : « Qu’une  bonne 
étiquette  de  jardin  est  une  soi'le  de  pierre  phi- 
losophale. » J’ai  tâché,  dans  mes  petits  essais,  de 
prouver  le  contraire;  que  les  plaques  d’os  ou 
d ivoire  ne  doivent  pas  être  préférées  au  zinc, 
et  que  les  encres  pour  le  zinc  sont  aussi  bonnes 
dans  leur  emploi  que  le  nitrate  d’argent.  Les 
jdaques  et  le  nitrate  sont  difficiles  à trouver  ; 
leur  prix  est  exorbitant,  pour  peu  qu’on  em- 
ploie d’étiquettes.  Le  zinc  est  supérieur  à tout 
auti'e  objef,  tant  pai*  son  bon  marché  (pie  par 


sa  réussite,  si  on  use  des  précautlôûè  néces- 
saires. 

L’encre  au  nitrate  d’argent  peut  être  bonne 
pour  les  étiquettes  sur  os  et  sur  ivoire.  J’ai  vu 
un  morceau  d’os  poli,  suspendu  à l’extérieur 
d un  arbre,  à toutes  les  intempéries, y séjourner 
pendant  dix  ans  sans  s’altérer.  Mais, en  sera-t-il 
de  même  de  l’inscription  au  nitrate  d’argent? 
Je  vois,  chaque  jour,  des  tabatières  ornées  de 
dessins  au  nitrate  de  mercure  qui  s’effacent  en 
peu  de  temps,  si  elles  subissent  un  contact 
prolongé.  M.  Martins  affirme,  cependant,  l’inal- 
térabilité des  caractères  au  nitrate  d’argent. 

J’ai  essayé  d’enduire  du  bois  blanc  bien  poli 
de  silicate  de  soude  ou  liqueur  des  cailloux,  au 
titre  où  il  se  trouve  dans  les  laboratoires’ de 
chimie.^  Le  caractère,  à peine  desséché  à l’air 
libre,  s’est  raccorni  et  s’est  boursouftlé  comme 
du  parchemin  présenté  devant  le  feu.  L’emploi 
de  cette  liciueur  réussirait,  peut-être,  si  on  l’al- 
longeait d’un  tiers  ou  de  moitié  d’eau  distillée. 

J admets,  comme  M.  André,  que  plusieurs 
genres  d’étiquettes  de  jardin  atteignent  mal 
leur  but.  Mais,  quant  au  zinc,  experto  credo 
Roberto,  j’affirme  qu’il  est  supérieur  à tout, 
d’aboriJ,  parce  qu’il  coûte  peu,  et  puis  par  l’inal- 
térabilité des  traits  qu’on  y imprime  par  divers 
agents  chimiques,  qui  sont  partout,  lorsque  le 
nitrate  d’argent  ne  se  trouve  que  dans  les  villes 
un  peu  importantes,  où,  même  sur  un  certificat 
du  maire,  les  pharmaciens  qui  eu  sont  seuls 
détenteurs,  ne  peuvent  le  livrer  sans  enfreindre 
la  loi,  qui  est  rigoureuse  sur  tous  les  poisons. 

Pour  rendre  les  caractères  indélébiles  sur  le 
zinc,  il  ne  suffît  pas,  comme  nous  le  voyons 
chaque  jour,  de  le  décaper  avec  du  vinaigre, 
ou  de  le  fourbir  avec  du  sablon.  L’émeri  fin  lui- 
même,  seul  et  humecté  d’eau,  n’a  pas  répondu 
a mon  attente.  Il  faut  attaquer  l’oxyde  gris,  qui 
recouvre  le  zinc,  avec  une  bouillie  composée  de 
sablon  (exempt  de  sels  de  chaux)  et  d’acide  hy- 
dro-chlorique  du  commerce,  en  frottant  avec  un 
bouchon  de  liège  lin.  Le  zinc  prend  la  couleur 
et  l’éclat  de  l’argent  qu’il  conserve  jusqu’à  son 
emploi.  On  en  plonge  chaque  morceau  dans  de 
l’eau  pure  en  un  vase  neuf;  on  les  lave,  on  les 
étale  ensuite  sur  une  toile  bien  buvarde,  qu’on 
recouvre  d’une  autre  toile  pareille;  on  opère 
partout  une  pression  avec  les  mains;  on  les  es- 
suie l’un  à près  l’autre  dans  un  linge  jusqu’à 
une  dessiccation  complète,  car  le  zinc  se  ternit 
rapidement,  s’il  est  humide.  On  les  chauffe  au 
soleil  ou  sur  une  plaque  s’il  se  peut. 

Je  me  sers  de  l’encre  indiquée  par  la  première 
recette  connue.  J’ai  en  terre,  depuis  douze  ans, 
des  étiquettes  décapées  par  ce  procédé.  Le  sol 
se  trouve  constamment  frais;  le  zinc  se  ternit; 
mais  il  suffit  d’un  lavage  à l’eau  simple  ou  avec 
de  la  salive  pour  distinguer  les  caractères  encore 
noirs.  Si,  par  hasard,  ce  lavage  ne  suffisait  pas, 
on  frottera  légèrement  avec  la  bouillie  de  sablon 
et  d’acide  hydro-chlorique.  Dans  ce  cas,  les 
traits  noirs  disparaissent,  mais  rarement.  S’ils 
sont  enlevés,  on  les  voit  toujours  en  relief  blanc  ; 
donc,  on  peut  toujours  relire  sur  le  zinc,  mal- 
gré l’assertion  de  M.  Ed.  André. 

Je  décris  l’ancienne  formule  d’encre  pour  h* 
zinc  : oxyde  vert  de  cuivre  ou  verdet,  10  gr.  ; 
hydi’o-chlorate  d’ammoniaque  ou  sel  ammoniac, 
lu  grammes;  ocre  rouge  ou  jaune  ou  brique 
pilée,  T)  grammes  ; eau,  lOU  grammes  (équiva- 
lant a (»  cmllerccs  a bouche).  L’oxyde  de  cuivia* 


CBIVONIQÜB  HOBUCOLE  (DEUXIÈME  (JDINZAINE  DE  JDHLLET) 


f*‘Tt  un  double  inconvénient  ; il  se  trouve 

aitéré’^  de  moitié  de  fraude;  les  pharmaciens  et 
les  drOffuisles  ne  veulent  pas  partout  en  livrer. 

J’ai  composé  des  encres  plus  pures,  que  cha- 
cun peut  fabriquer;  j’ai  essaye  du  ^^us-acetate 
de  plomb  liquide  des  pharmacies,  et  obtenu  une 
teinte  plus  noire  c^u’avec  l’ancienne  formule,  a 
cause  de  sa  pureté.  . j xr'  „ 

be  suracétate  de  cuivre  ou  cristaux  de  Venus 
à 10  grammes  par  50  de  vinaigre  ordinaire  e 
50  gr,  d’eau,  m’a  donné  le  même  résultat.  Le 
sel  se  trouve  difücilement. 

Le  sulfate  de  cuivre  ou  vitriol  bleu  (qu  on  ne 
confondra  pas  avec  celui  qui  porte  le  nom  de 
Saltz’oourg,  mêlé  à du  sulfate  de  ter),  a la 
dose  de  15  gram.  pour  100  d eau,  est  identique 
aux  deux  agents  précédents.  Ce  sel,  qui  sert 
pour  le  chaulage,  a l’avantage  de  se  trouver 

^ La  limaille  de  cuivre  rouge  à 10  grammes 
p.  50  de  fort  vinaigre,  en  digestion  jusqu  a 
l’obtention  d’un  liquide  vert  fonce.  Le  vinaigre 
doit  rester  sur  la  limaille  ; on  peut  meme  e 
ajouter  jusqu’à  la  complète  dissolution  du 

luétal.  .1 

Limaille  de  cuivre  rouge,  10  gram.;  sel  de 
cuisine  ou  bien  sel  ammoniac,  10  gram.,  en 
macération  dans  50  grammes  d eau. 

Ces  encres  sont  très-supérieures  a l ancienne; 
elles  frappent  beaucoup  sur  le  métal  ; les  traits 
sont  d’un  noir  plus  foncé. 

On  préparera,  chez  soi,  le  sous-acetate  de 
plomb  liuuide  en  faisant  bouillir  et  agitant 
souvent  dans  un  vase  de  terre  non  vernisse,  ou 
dans  une  fiole  mince,  au-dessus  d une  lampe  : 

30  grammes  de  litharge  ou  protoxyde  de  plomh 
pulvérisé  dans  125  gram.  de  fort  vinaigre  jus- 
qu’à dissolution  presque  complète  de  1 oxyde. 

Les  différents  produits  chimiques  précités  se 
trouvent  chez  les  droguistes,  les  peintres  en 
bâtiment,  les  fabricants  de  couleurs,  les  teintu- 
riers, les  pharmaciens. 

Agréez,  etc.  ^ 

® ’ G.  A.  Farbos 

Mais  tout  n’est  pas  dit  relativement  aux 
étiquettes,  et  voici  une  lettre  que  nous 
adresse  sur  ce  même  sujet  M.  Cherpin,  de 
Lyon  : 

Monsieur,  ,• 

M Ed.  André  attribue  à M.  Martms,  ((  maî- 
tre ês-sciences  et  directeur  du  jardin  botanique 
de  Montpellier,  » l’invention  d’une  recette  nou- 
velle « pour  faire  des  étiquettes  surpassant  en 
solidité  toutes  les  autres.  » Eh  bien,  cette  re- 
cette est  extraite  presque  textuellement,  comme 
vous  allez  le  voir,  du  premier  numéro  du  Jonr- 
■nal  des  roses  et  des  vergers,  que  je  cri^ai  a 
Lyon,  en  1853,  et  qui  a été  remplace,  en  1800, 
par  la  Revue  des  jardins  et  des  champs. 

Je  vous  cite  en  entier  ma  note,  extraite  du 
.fournal  des  roses  et  des  vergers,  afin  que  vous 
puissiez  la  reproduire  textuellernent.  vos  lec- 
teurs jugeront  s’il  existe  une  différence  notable 
entre  elle  et  celle  de  M.  Ed.  André.  Elle  est 
intitulée  : Etignettes  pour  les  jardins,  sous  la 
rubrique  mélanges.  , 

« Depuis  longtemps,  les  amateurs  d horticul- 
ture sont  à la  recherche  d’une  marque  telle 
que  celle  dont  nous  allons  parler.  Un  horticul- 
teur * a bien  voulu  nous  communiquer  le  moyen 

I M.  Moreau,  amateur  (Vhorticulturo. 


suivant,  dont  nous  nous  servons  avec  efficacité. 

Tous  les  marchands  de  tabletterie  vendent 
des  fiches  en  os  et  en  ivoire  servant  à marquer 
les  points  au  jeu  de  cartes.  Celles  a forme 
obloncEue  et  de  couleur  blanche,  seules,  peu- 
vent être  employées  pour  marquer  les  plantes. 
Leur  prix  est  de  1L25  le  cent,  et  elles  peuvent, 
au  besoin,  être  divisées  par  la  scie  en  deux  par- 
ties égales.  En  haut  de  ces  fiches,  il  faut  prati- 
quer deux  trous  ou  deux  entailles  pour  y passer 
ou  y fixer  un  fil  de  plomb  qui  servira  a les  atta- 
cher au  pied  de  la  plante. 

A(  Mais  avant  cette  opération,  il  faut  p pro' 
curer  du  nitrate  d’argent  cristallisé,  le  taire 
dissoudre  dans  de  l’eau  distillée  en  proportion  de 
3Ü  gram.  par  litre.  On  trempera  dans  ce  liquide 
une  plume  bien  fine,  comme  dans  un  encrier 
ordinaire,  et  l’on  écrira  sur  la  fiche  le  nom  de 
la  plante  que  l’on  voudra  marquer.  L écriture 
ne  sera  pas  tout  de  suite  visible  à l œil  nu,  mais, 
au  bout  d’un  instant,  elle  deviendra  brune.  Les 
lettres  seront  tellement  imprimées  dans  l os  ou 
dans  l’ivoire  qu’elles  résisteront  aux  pluies  les 
plus  longues,  et  la  marque  durera  au  moins 
autant  que  la  plante.  ^ 

« Pour  rendre  l’écriture  immédiatement  vi- 
sible, on  pourra  colorer  le  liquide  avec  un  peu 
d’encre  de  Chine.  Elle  deviendra  tres-noire  si 
l’on  passe  dessus  un  pinceau  mouille  de  sultate 
de  potasse  liquide.  D faut  avoir  grand  soin  de 
ne  pas  toucher  le  nitrate  avec  les  doigts,  parce 
qu’il  tache  la  peau. 

« Agréez,  etc. 

« Votre  déyoué  confrère, 

« J.  ClIERPlN.  » 

La  réclamation  de  M.  Cherpin  est  jusle,  et 
nous  nous  sommes  fait  un  devoir  de  l insérer  . 
Sa  lettre  prouve  qu’il  connaissait  le  procède 
d’étiquetage  recommandé  par  M;  André 
treize  ans  avant  qu’il  ne  fut  indiqué  la 
Revue  horticole;  mais,  peut-être,  M.  Martms 
le  connaissait-il  depuis  plus  longtemps  en- 
core? Il  y a ainsi  une  foule  de  procédés 
qu’on  croit  nouveaux,  mais  qui  sont  in- 
ventés depuis  longtemps,  et  dont  on  aurait 
beaucoup  de  peine  à retrouver  l’origine. 

— Un  de  nos  abonnés  nous  dempde  no- 
tre avis  sur  la  Laitue  Bossin.  A oici  ce  que 
nous  en  savons  : 

Cette  Laitue  est  tout  simplement  une  Ba- 
tavia améliorée;  il  n’y  a donc  rien  d étonnant 
qu’elle  devienne  très-grosse.  Mais,  aussitôt 
que  les  chaleurs  arrivent,  elle  ne  pomme 
plus  et  monte.  De  plus,  elle  est  très-tendre; 
elle  est  souvent  brûlée  par  le  soleil.  Le 
sont  là  du  moins  des  inconvénients  que 
nous  avons  constatés.  En  sera-t-il  de  meme 
partout? 

— Nous  terminons  cette  chronhiue  par 
l’indication  d’une  recette  qui  n’est  pas 
nouvelle,  tant  s’en  faut,  mais  qui  n en  ren- 
dra pas  moins  des  services  à ceux  qui  ne 
la  connaissent  pas.  Elle  s’applique  à la  des- 
truction des  pucerons  verts. 

On  sait  qu’on  détruit  ces  insectes  au 
moven  de  la  fumée  de  tabac.  Pratiquement, 
la  chose  n’est  pas  aussi  simple  qu  on  se 


285 


CJSOMIQÜE  HOUTtCW.E  (DEUX 

l’imagirie.  D’abord,  lorsque  les  pucerons 
sont  en  plein  air,  il  est  impossible  de  les 
atleindre,  et,  lorsqu’on  opère  dans  des  ser- 
res ou  dans  des  collres  sous  des  châssis,  les 
fumigations  ont  souvent  l’inconvénient  de 
brûler  ou  au  inf/ins  de  fatiguer  les  tissus 
herbacés  de  certaines  plantes  délicates. 

On  évite  cet  inconvénient  et  l’on  se  déba- 
rasse  des  pucerons  en  employant  une  dis- 
solution (le  savon  noir  qu’on  lance  sur  les 
végétaux  à l’aide  d’une  seringue.  La  quan- 
tité de  savon  noir  doit  être  de  10  grammes 
par  litre  d’eau,  soit  iOü  grammes  par  10 
litres  d’eau.  On  bassine  surtout  le  soir  lors- 
que le  soleil  ne  donne  plus  sur  les  plantes, 
et  il  est  bon  le  lendemain,  avant  que  le  so- 

MOI  KN  D’OBTENIR  UNE  SECONDE 

Abandonnée  à elle-même,  la  Clyciue  de 
la  Chine  (Wiskiria  sinensis)  ne  fleurit 
qu’une  fois.  Cendant  l’été,  elle  donne  fré- 
quemment ({uelques  fleurs  éparses;  mais 
ce  n’est  pas  là,  à vrai  dire,  une  seconde 
floraison.  Cet  indice  nous  fait  voir  que,  à 
l’aide  d’un  traitement  particulier,  on  peut 
arriver  à faire  de  la  Glycine  de  la  Chine 
une  plante  remontante,  et,  pour  obtenir  ce* 
résultat,  il  suffit  tout  simplement  de  faire 
développer  les  parties  de  1a  plante  qui 
donnent  une  floraison  estivale,  c’est-à-dire 
des  rameaux  ou  brindilles  très-courts,  dont 
les  yeux,  très-rapprochés,  sont  entourés  de 
feuilles. 

Presque  toujours,  sur  les  bourgeons  où  il 
y a eu  des  fleurs,  il  se  développe,  au- 
dessous  de  celles-ci,  un  bourgeon  souvent 

QUELüUES  OBSERVATIONS  SUR 

Les  nombreux  procédés  relatifs  à la  cul- 
ture des  arbres  ne  conviennent  pas  égale- 
ment partout;  c’est  une  chose  ({u’on  oublie 
trop  souvent.  Il  est  donc  très-important  de 
bien  considérer  sous  quel  climat  et  dans 
([uelles  conditions  on  opère.  Ainsi,  telle 
méthode,  très-bonne  en  un  endroit,  sera 
défectueuse  dans  un  autre.  Nous  en  avons 
un  exemple  dans  une  opération  que  l’on  fait 
parfois  subir  aux  arbres  fruitiers  trop  vigou- 
reux et  qui  consiste  dans  la  suppression  de 
quelques  racines.  Ce  procédé,  c(ui  donne 
I parfois  de  bons  résultats,  peut  parfois  aussi 
devenir  funeste  aux  arbres  sur  lesquels  on 
l’applique.  Voici,  à ce  sujet,  les  observa- 
tions qu’il  nous  a été  permis  de  faire.  Nous 
avions  un  Poirier  plein  d’une  vigueur  que 
I rien  jus(|ue-là  n’avait  pu  diminuer.  Au  mois 
de  mai,  après  l’avoir  déchaussé  jusqu’aux 
racines,  nous  en  coupâmes  une  assez  forte 
! à 0.30  du  tronc;  la  même  année,  l’arbre  ne 
parut  pas  en  souffrir  et  sa  végétation  con- 


I:ME  gUUNZAÎNE  DE  JUILLET). 

leil  ait  frappé  ces  plantes,  de  les  bassiner  ' 
avec  de  l’eau  fraîche,  de  manière  k enlever 
complètement  le  reste  de  savon  qui  aurait 
pu  se  déposer. 

On  peut  faire  la  même  opération  en  em- 
ployant de  la  lessive  au  lieu  d’eau  de  savon, 
seulement,  comme  la  quantité  de  potasse 
contenue  (lans  la  lessive  n’est  pas  détermi- 
née, il  faut  agir  très-prudemment,  et  la  cou- 
per avec  une  quantité  d’eau  suffisante,  de 
manière  à ne  pas  brûler  les  feuilles. 

On  obtient  un  résultat  analogue  en  se 
servant  d’une  décoction  de  tabac  qu’on 
lance  sur  les  plantes  attaquées  par  des  pu- 
cerons, ainsi  qu’il  vient  d’être  dit. 

E.  A.  Carrière. 

FLORAISON  DU  GLYCINE  SINENSIS. 

très-vigoureux,  qui,  parfois,  atteint  plusieurs 
mètres  de  longueur.  Ces  bourgeons  donnent 
naissance  à des  feuilles,  rien  de  plus.  C’est 
donc  une  production  inutile,  et  qu’on  doit 
supi  rimer  toutes  les  fois  qu’on  n’en  a pas 
besoin  pour  garnir  des  vides. 

Si  au  lieu  de  laisser  pousser  ces  bour- 
geons-gourmands on  les  pince  aussitôt  après 
leur  apparition,  la  sève  se  concentre  à 
la  base  des  feuilles,  en  modifie  les  yeux, 
qui , presque  toujours,  se  transforment  en 
fleurs.  En  opérant  ainsi  successivement  et 
avec  soin,  on  obtient  une  seconde  floraison 
assez  belle,  et,  de  plus,  il  n’est  pas  rare 
qu’on  ait  durant  une  partie  de  l’année 
quelques  grappes  de  fleurs.  ' 

André  Leroy. 


A MISE  A FRUITS  DU  POIRIER 

tinua,  mais  elle  ^arrêta  pourtant  plus  tôt 
(lue  d’ordinaire,  ce  qui  produisit  la  forma- 
tion de  quelques  rares  boutons  à fruit.  L’an- 
née d’après,  cette  belle  vigueur  fit  place  à 
une  végétation  languissante,  qui,  cepen- 
dant, reprit  un  peu  sur  l’arrière-saison,  et 
au  mois  de  novembre,  notre  arbre  se  trouva 
littéralement  couvert  de  productions  frui- 
tières sur  toute  la  longueur  des  branches. 
Ces  fruits  furent  très-petits,  insipides  sans 
arôme;  nous  remarquâmes  que  les  feuilles 
jaunirent  plutôt  sur  le  côté  dont  la  racine 
avait  été  amputée  ; elles  tombèrent  en 
grande  partie  avant  le  temps.  Le  bout  des 
branches,  qui  avaient  à peine  poussé  de  quel- 
ques centimètres,  se  montra  brûlé  ; enfin, 
l’année  d’après,  c’est-à-dire  la  troisième  de 
l’opération,  une  paralysie  se  manifesta  sur 
ce  même  côté  qui  fit  sécher  une  forte  bran- 
che, ainsi  que  d’autres  secondaires,  et  nous 
craignons  beaucoup  aujourd’hui  pour  le 
reste  de  l’arbre.  De  ce  fait,  nous  concluons 


586 


nUELUÏji-S  OBSEU\AllOxNS  SlK 

qu’une  telle  opération  ne  peut-être  d’un 
bon  etîet  sous  le  clinriat  brûlant  du  Midi,  où 
les  fortes  chaleurs  suffisent,  avec  le  temps, 
à dompter  toute  exubérence  de  végétation. 
Une  des  opérations  qui  nous  a le  mieux 
réussi,  c’est  la  transplantation,  mais  faite 
sur  des  sujets  jeunes  de  3 ou  -4  ans  et  avec 
de  grandes  précautions,  en  conservant  tou- 
tes leurs  racines  dont  nous  supprimions  à 
peine  l’extrémité  ; ces  arbres  sont  aujourd’hui 


LA  MlbE  A tKLlib  ï)l  PUIKIEK. 

très -productifs  et  d’une  bonne  vigueur. 
Mais  nous  avons  été  plus  satisfaits  encore 
de  la  suppression  de  la  taille  pendant  une 
année,  car,  l’année  suivante,  une  grande  par- 
tie des  branches  était  garnie  de  bonnes  pro- 
ductions fruitières,  et  nous  n’eûmes  qu’à 
racourcir  ensuite  pour  rétablir  l’équilibre 
des  arbres. 

M.  Gaubül,  ] 

l!oilicullt;ur  à l’Estagnol  (Ca^cut^ollHC . 


VHÉAOMÈNE  D’HYBRIDAÏION  OBSERVÉ  DANS  LE  GENRE MATHIÜLA. 


Le  major  Frevor  Cdarke,  dans  le  Güvd- 
nefs  Chrouicle,  numéro  du  !23  juin  1860, 
écrit  : 

<(  Depuis  longtemps,  j’observe  toujours 
très-attentivement  les  symptômes  de  modifi- 
cations des  graines  contenues  dans  les  fruits 
fertilisés  par  des  pollen  étrangers,  et  , à ce  su- 
jet, je  me  suis  livré  à beaucoup  d’expériences. 
11  y a à peu  près  une  dizaine  d’années,  j’en- 
trepris le  genre  Mathiola,  principalement 
dans  le  but  d’en  obtenir,  par  le  croisement, 
des  améliorations  pour  nos  jardins,  et  d’es  - 
sayer en  meme  temps  si  de  ces  expériences 
ne  ressortirait  pas  quelque  lumière  sur  la 
formation  des  fleurs  doubles.  On  sait  que 
notre  Girollée  bisannuelle,  à grandes  Heurs 
rouges  (il/,  annua),  appelée  Cocardeau  en 
France,  porte  des  graines  d’une  teinte  unico- 
lorc,brun  clair,  tandis  que  chez  notre  Giro- 
llée Qiieen  Stock,  à rameaux  pouprés,  race 
distincte-se  rapprochant  du  type  M.  utcanà, 
elles  sont  d’un  violet  foncé.  Des  Heurs  du  Co- 
cardeau rouge  ayant  été  fertilisées  par  le  pol- 
len delà  variété  pourpre,  les siliques, souvent 
examinées, furent  trouvées  contenir  50  p.  0/0 
de  graines  noires.  Les  graines  noires  et 
brunes  provenant  du  môme  fruit,  furent  se- 
mées séparément  dans  <les  pots,  et  ma  joie 
fut  grande  lorsque  je  vis  les  jeunes  plantes 
issues  des  graines  brunes  se  développer  avec 
des  liges  vertes,  tandis  que  celles  des  noires 
étaient  fortement  teintées  de  pourpre.  Ces 


dernières  produisirent  des  Heurs  pourpres! 
très-vives,  à peine  teintées  de  rouge,  tandis! 
que  les  premières  différaient  à peine  comme  j 
port,  et  pas  du  tout  comme  nuance,  dn| 
porte-graines.  Des  fécondations  répétéessoit-' 
du  rouge,  ou  du  rouge  purpurin  de  la  Giro- 1 
liée  Cocardeau  seulement,  paraissaient  en-  ' 
richir  le  coloris,  c’est-àrdire  le  foncer,  et  ce. 
ne  fut  qu’après  plusieurs  générations  de  croi-  ' 
sements  que  j’obtins  une  variété  à Heurs 
rouge  pourpre. 

« Maintenant  on  peut  se  demander  si  les 
plantes  rouges  étaient  des  productions  pures 
de  la  plante-mère  n’ayant  subi  l’inlluence 
d’aucun  pollen  étranger? 

«Je  ne  le  pense  pas,  car,  à la  inéme  épo- 
que, j’obtins,  de  la  petite  Girollée  annuelle, 
a feuilles  glabres  [M.  (jræca),  fécondée  par 
le  pollen  de  la  grande  espèce  ci-dessus  men- 
tionnée, les  résultats  suivants  : une  moitié 
des  semis  étaient  glabres  ou  à feuilles  de  gi- 
roHée  des  murailtes;  l’autre  moitié,  présen- 
tait des  feuilles  rudes  ou  rugueuses,  comme 
chez  le  M.  incano,  le  parent  mâle.  Je  ne 
trouvai  aucune  forme  intermédiaire  ; mais 
les  semis  glabres  ne  demeurèrent  plus  giro- 
Hées  miniatures,  elles  étaient  très -fortes  et 
très-vigoureuses.  Dans  ce  cas  aussi,  des  gé- 
nérations successives,  obtenues  d’individus 
à feuilles  rugueuses,  produisirent  beaucoui) 
de  plantes  à feuilles  glabres.  » 

Louis  jNeuma?\N. 


EXPOSITION  DE  ROSES 

Cette  exposition  coïncidait  avec  la  fête  de 
Grie-Gomte-Robert.  et  se  tenait  sur  la  place 
publique  de  la  ville.  La  tente  sous  laiiuelle 
elle  avait  lieu  formait  un  rectangle  dont  la 
surface  était  d’environ  1 ,500  rnètres  ; la  dis- 
position intérieure  était  très-bien  entendue  ; 
une  plate-bande,  disposée  en  talus,  faisait 
le  tour  de  l’enceinte,  et,  à l’intérieur,  se 
trouvaient  quelques  massifs,  le  tout  détaché 
par  de  grandes  allées,  qui  permettaient  aux 
nombreux  visiteurs  de  circuler  librement. 
On  avait  eu  la  bonne  idée,  qui,  jusqu’ici, 
nous  paraît  neuve,  de  semer  dans  tous  les 


DE  IIUIE-COMÎE-ROBERT. 

massifs,  quelques  jours  à l’avance,  des  gra- 
minées qui  recouvraient  le  sol  d un  gazon 
naturel,  dans  lequel  étaient  placées  les  bou- 
teilles contenant  les  Roses. 

Celles-ci  étaient  au  nombre  de  soixante - 
dix-huit  mille  cinq  cents,  et  ce  chiH’re, 
énorme  assurément,  n’a  pas  lieu  de  nous 
étonner.  Pour  ne  rien  omettre,  nous  devons 
avouer  aussi  que  nous  avons  été  agréable- 
ment surpris  à la  vue  d’un  petit  bassin,  dis- 
posé avec  goût,  qu’alimentait  un  filet  d'eau 
de  Roses.  Ceci  dit,  nous  allons  glaner  par-ci 
))ar-lâ,  et  sianaler  les  plantes  (jui  nom 


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Kxmsrrw^N  ni:  r.osKs  dk  I'.iîik-comtk-i'.oiîkiit/ 


(I  mil  paru  les  plus  belles  ou  les  meilleures. 

J Or,  à tout  seigneur  tout  liouucur  ; et  il 
nous  paraît  juste  de  commencer  par  parler  de 
la  nouveauté  qui  a été  reconnue  la  plus  mé- 
ritante et  couronnée  par  le  jury.  Celte  Iiose, 

; sortie  delà  nouveauté  dite  Souvenir  ileVEx- 
: position,  et  dont  l’obtenteur  est  M.  Démasu- 
re, a reçu  le  nom  de  Comtesse  de  Jaucoi  ut. 
i Ses  fleurs,  très -grandes  et  très -pleines, 

! s’épanouissent  bien  ; elles  sont  de  couleur 
i rose-carné  tendre,  supportées  par  un  fort 
! pédoncule.  Elle  rentre  dans  la  série  des 
i ))lantes  que  les  borticul leurs  nomment  hy- 
I brides  renion  tan  tes.  F é\[c\{ons^e  jury  d’avoir 
I été  aussi  sévère  dans  l’admission  des  nou- 
{ veaux  gains  ; c’était  prudent,  car,  là  où 
l’on  a déjà  tant  de  belles  choses,  on  ne  doit 
eu  recommander  d’autres  qu’avec  la  plus 
grande  réserve. 

Comme  nous  ne  pouvons  donner  un 
I compte-rendu  très-détaillé  de  l’exposition 
j des  Roses,  nous  nous  contenterons  de  citer 
I seulement  les  noms  des  variétés  que  nous 
j avons  remarquées,  sans  indiquer  les  carac- 
I tères,  qu’on  trouvera  facilement  dans  les 
I catalogues  des  principaux  rosiéristes. 

Nous  ne  citerons  que  de  bonnes  plantes  : 

Impératrice  Eugénie,  l’une  des  meilleures 
variétés  à fleurs  blanches  ; Comtesse  Cécile 
de  Chabriant,  Sydonie,  Jules  Margottin,  Sou- , 
venir  de  la  Reine  d’Angleterre,  Général  Ja-* 
queminot.  Vicomte  Vigier,  Gloire  de  Dijon, 
Madame  Boll,  Aimé  Vibert,  la  Reine,  Fran- 
çois Arago,  Madame  Charles  Crapelet,  Mis- 
tress  Rosanquet,  Victor  Verdier,  Vulcain, 
Triomphe  de  l’Exposition,  Louise  Odier, 
Madame  Laflaye,  Sénateur  Vaïsse,  Mère  de 
saint  Louis,  Baron  Gonello,  Vicomtesse  de 
la  Barthe,  Marguerite  de  Saint-Arnaud,  Anna 
Diesback,  Julietta  (celle-ci,  qui  est  rose 
carné,  soufrée  au  centre,  peut  être  appelée 
la  Rose  des  Dames,  car,  indépendamment  de 
sa  beauté,  elle  a encore  le  privilège  de  faire 
mentir  le  proverbe,  selon  lequel  : ün'yapas 
de  rose  sans  épines).  Docteur  Hénon,  Madame 
Furtado,  Gloire  de  Waltliam,  Eugène  Hap- 
|)ert.  Docteur  Andry,  Emotion,  Prince  Ca- 
mille de  Roban,  Duchesse  de  Morny,  Thé 
Sombreuil,  Charles  Lefèvre,  Charles  Rouil- 
lard,  Charles  Margottin,  Codina  Forestier, 

; Baronne  de  Meynart,  Madame  Moreau,  Ma- 
il idame  Schmidt,  Madame  Caillat,  Souvenir  du 
ou  docteur  Jamain,  John  Hopper,  Auguste  Mie, 

II' [Louise  Péronie,  Belle  Normande,  Gloire  de 
Bordeaux,  The  Madame  Charles,  M.  Bon- 
C'  cenne,  Jean  Rosenkrantz,  Maréchal  Niel. 
le.  (]ette  dernière,  dont  on  a tant  parlé,  est  à 
m fleurs  jaunes,  très-grosses  et  très-pleines. 
lO:  Elle  aura,  nous  sommes  porté  à le  croire, 

1^'  le  grand  inconvénient  de  ne  s’épanouir  que 
très-difficilement.  Ça  pourra  être  une  très- 
('  ! bonne  variété  pour  les  pays  chauds  ; dans 
-elle  centre  et  le  nord  de  la  France,  elle  sera 
i 'encore  ti'ès-honne  à cultiver  en  pots. 

■ 


?S7 

Ainsi  qu’on  peut  le  voir  |)ar  cet  aperçu, 
nous  ne  nous  bornons  pas  à signaler  les 
nouveautés  ; nous  indiquons  les  bonnes  plan- 
tes, de  manière  à pouvoir  guider  les  ama- 
teurs dans  leur  choix. 

Cependant  tout  n’étaii  pas  pour  le  mieux 
a l exposition  de  Brie-Comte-Robert;  comme 
il  arrive  toujours  en  pareil  cas,  nous  avons 
remarqué  certaines  imperfections  assez  gra- 
ves et  qu’il  eût  été  facile  d’éviter.  Elles  por- 
taient sur  l’inexactitude  et  la  mauvaise  orto- 
grapbe  des  noms.  Ainsi,  sous  le  nom  de 
M'"^  Falcot,  on  trouvait  le  Souvenir  de  la 
Malmaison  : sous  \e  nom  de  Hermosa,  on 
trouvait  Louise  Odier  : sous  le  nom  de  Belle 
(diartronaise,  on  trouvait  le  The  Som- 
breuil  : sous  le  nom  de  Docteur  Hénon,  qui 
est  une  rose  blanche,  on  trouvait  une  variété 
à fleurs  rose  foncé  ; sous  le  nom  de  Davifl 
Pradel,  on  trouvait  Madame  de  Vatry,  etc. 
Voilà  pour  l’inexactitude.  Quant  à l’orto- 
graphe  des  noms,  elle  laissait  beaucoup  à 
désirer.  On  trouvait  écrit  par  exemple, 
Risonel  pour  Harissonii;  Wagiston  pour 
Washington  ; Général  éxuénwnof  pour  Général 
Jaqueminot;  Commisse  pour  Comice  ; Seneta- 
/ettr  pour  Sénateur;  hnperaterice  pour  Impé- 
ratrice ; Seline pour  Céline;  Raine  et  Rayne 
pour  Reine,  etc. 

L’ohservation  critique  que  nous  faisons  ici 
a sonimportance,  car,  ilne  faut  pasl’ouhlier, 
une  exposition  est  une  école  où  le  public 
vient  pour  s’instruire  presque  toujours  en 
payant  ; il  a donc  droit  à de  bons  renseigne- 
ments, et,  tandis  qu’il  apprend  à connaître 
les  choses,  il  est  bon  qu’il  sache  aussi  com- 
ment en  écrire  les  noms. 

La  cérémonie  horticole  s’est  terminée  par 
la  distribution  des  médailles,  qui  a eu  lieu 
sous  une  tente  admirablement  ornée,  et 
décorée  avec  goût.  La  séance  a été  pré- 
sidée par  M.  le  préfet  de^  Seine-et-Marne,  as- 
sisté des  notabilités  de  la  commune,  qui  ont 
proclamé  le  nom  des  lauréats  en  leur  remet- 
tant les  récompenses  que  le  jury  leur  avait 
décernées. 

Voici  les  noms  des  lauréats  : 

Médaille  d’or  de  S.  E.  M.  le  ministre  de  l’a- 
gricultiire,  à M.  Granger,  rosiérisie  à Snisnes, 
prè.s  Brie-Comte-Robert,  pour  sa  magnilique  col- 
lection de  Roses  de  580  variétés. 

Médaille  d’or  de  M.  le  préfet  de  Seine-et- 
Marne,  à M.  Victor  Gauthereau  père,  pépinié- 
riste à Rrie-Comte- Robert,  pour  son  lot,  qui  ne 
comprenait  pas  moins  de  :25Ü  variétés. 

Médaille  d’or  de  M.  le  comte  de  Jaucourt,  à 
J[.  Cochet-Aubin,  rosiériste  à Grisy-Suisnes, 
pour  son  lot  qui  comprenait  30:2  variétés. 

Médaille  d’or  du  conseil  municipal  de  Rrie- 
Comte-RoherG  à M . Cochet,  horticulteur  à Suis- 
nes,  près  Rrie-Comte-Robert,  pour  l’ensemhb' 
de  son  exposition  qui  comprenait  405  variétés . 

iMédaille  d’or  de  M.  Rournet,  maire  de  Limo- 
ges-Fourche, à M.  Le  Réchaux,  rosiériste  à 
Villecresnes,  pour  sa  collection  de  210  variétés. 

Médaille  de  vermeil  du  conseil  municipal  de 


“288 


EXPOSITION  DE  UOSES  DE  DIUE-EOMTE-KOKEHT. 


lIrio-Conite“UoJ)ert,  à M.  riOchel  pèro,  rosir- 
ri^te  à nrie-Comte4inbert,  pour  s:i  collection  de 
250  variétés. 

Médaille  de  vermeil  de  M.  le  baron  de  Beau- 
verger,  à M.  Cochet  fils,  rosiériste  à Brie- 
Comie-Bobert. 

Médaille  de  vermeil  de  la  Sociélé  d’horlicul- 
ture  de  Coulommiers,  à M.  .Iules  Motbeau, 
rosiériste  à Mandres,  pour  sa  collection  do  120 
variétés. 

Médaille  de  vermeil  de  la  Société  d’borlicul- 
ture  de  Melun  et  Fontainebleau,  à M.  Denis- 
Victor,  rosiériste  à Grisy-Suisnes,  pour  sa  collec- 
tion de  103  variétés. 

Médaille  de  vermeil  de  M»^®  la  comtesse  de 
Bolignac,  àM.  Gauthereau,  Auguste,  rosiériste  à 
Brie-Comte-Bobert,  puur  sa  collection  de  55 
variétés. 

Médaille  de  vermeil  de  M.  le  baron  de  Noire- 
mont,  à M.  Desplaces,  rosiériste  à Grisy-Suisnes, 
pour  sa  collection  de  50  variétés. 

Médaille  de  vermeil  de  M.  Eugène  Quinzard, 
à M.  Gemeau,  rosiériste  à Grisy-Suisnes,  pour 
sa  collection  de  50  variétés. 

Médaille  de  vermeil  de  M.  Bernardin,  juge  de 
paix  à Brie-Comte-Bobert,  à M.  Denis  Guérin, 
rosiériste  à Servon,  pour  l’ensemble  de  son 
exposition  comprenant  GO  variétés. 

3Iédaille  d’argent  de  la  Société  d’borticulture 
de  Melun  et  Fontainebleau,  à M.  Cocbet,  pour 
deux  massifs  de  Boses  : l’un  de  la  variété  Gloire 
de  Dijon,  l’autre  de  la  variété  Souvenir  de  la 
Malmaison,  contenant  près  de  GOO  variétés  de 
fleurs. 

Médaille  d’ai'gent  à M.  Granger,  pour  deux 
massifs  de  roses  : l’un,  de  la  variété  M^^Mloll, 
contenant  400  fleurs  ; l’autre,  Souveni  de  la 
reine  d’Angleterre,  comprenant  450  roseS. 

Médaille  d’argent  de  M.  Camille  Bernardin, 
président  de  la  Société  des  rosiéristes  de  Brie- 
Comte-Bobert,  à M.  David,  rosiériste  à Brie- 
Comte-Bobert,  pour  sa  collection  de  40  va- 
riétés. 

Médaille  d’argent  de  M.  Delamarre,  secré- 
taire de  la  Société  d’horticulture  de  Coulom- 
miers, à M.  Piron-Médard,  rosiériste  à Suisnes, 
près  Brie-Comte-Robert,  pour  l’ensemble  de  son 
exposition,  comprenant  103  variétés. 

Médaille  d’argent  de  M.  Mauduit  aîné,  à 
M.  Demazures,  rosiériste  à Suisnes,  près  Brie, 
pour  une  rose  de  semis  nommée  Comtesse  de 
jaucourt. 

Médaille  d’argent  du  Comice  agricole  de  Me- 
lun et  Fonlainebleau,  à MM.  Dubois,  père  et 
fils,  rosiéristes  à Brie-Comte-Bobert,  pour  leur 
lot  d’ensemble. 

Médaille  d’argent  de  la  Société  d’horticulture 
de  Melun  et  Fontainebleau,  à M.  Brassoud,  cou- 
telier à Paris,  pour  un  sécateur  destiné  à l’ha- 
billage des  Bosiers. 

Médaille  d’argent  à M.  Roblin  pour  sa  distil- 
lation d’eau  de  rose. 

Médaille  d’argent  à M“‘®  Aurélie,  fleuriste  à 
Paris,  pour  ses  roses  artificielles. 

Médaille  de  bronze  à Mme  Lelèvre,  pour  ses 
rosés  aiTilicielles  en  laine. 

Deux  médailles  en  vermeil  ont  été  données 
en  dehors  des  concours  : l’une  à M.  Camille 
Bernardin,  l’autre  à M.  Belin,  pour  le  zèle  et 
l’empressement  qu’ils  ont  mis  à l’organisation  de 
cette  fête. 


En  terminant  noire  compte-rendu  de 
l’exposition  des  Roses,  nous  croyons  devoir 
donner  un  extrait  du  discours  prononcé  à la 
distribution  des  prix  par  M.  Camille  Ber- 
nardin, président  de  la  Société  des  Rosié- 
ristes. Ce  discours  nous  semble  très-instruc- 
tif. Après  avoir  montré  quel  a été  le  point 
de  départ  de  la  culture  des  Rosiers  à Brie- 
Comte-Robert,  l’orateur  a fait  ressortir  les 
progrès  jusqu’ici  accomplis,  et  s’est  exprimé 
en  ces  termes  : 

La  ville  de  Brie-Comte-Bobert  et  les  treize 
communes  qui  l’environnent  renferment  des  cul- 
tures de  Bosiers  que  l’on  rencontrerait  diflicile- 
ment  ailleurs.  Je  vous  ai  fait  connaître,  l’année 
dernière,  l’origine  de  notre  commerce  de  Bosiers, 
remontant  à 1799.  Permettez-moi,  aujourd’hui, 
d’entrer  dans  des  détails  statistiques  qui  vous 
donneront  une  haute  idée  de  cetle  importante 
branche  de  notre  industrie  horticole  locale. 

La  commune  de  Grisy  et  le  hameau  de  Suisnes 
ont  été  le  lieu  de  nrdssance  de  nos  pépinières 
de  Bosiers;  depuis  1799  jusqu’à  ce  jour,  21  ro- 
siéristes se  sont  livrés  avec  succès  à la  culture 
de  celte  charmante  plante,  et,  en  vous  disant 
qu’il  y a dans  cetle  commune  214,400  Bosiers, 
je  suis  encore  au-dessous  de  la  vérité. 

Cette  localité  a fourni  au  commerce,  depuis 
1823  jusqu’à  celte  année,  un  certain  nombre  de 
roses  nouvelles,  qui,  presque  toutes,  ont  été 
primées  dans  plusieurs  expositions;  les  noms  de 
ces  charmantes  fleurs,  nos  compatriotes,  sont 
d’abord  ; \e  Bengale  P hilémon  et  Bougainville, 
puis  les  Iles  Bourbon  Scipion,  Caroline 
d'Erard  : dans  le  genre  des  hybrides,  la  So- 
eiêlé  d'horticulture  de  Melun  gI  Fontainebleau , 
le  Souvenir  de  la  reine  d'Angleterre,  Arthur 
de  Sansal,  Baronne PrévosC  Marquise  de  Boe- 
cetta,  Madame  Damème,  Emma  Dampierre, 
le  Comice  de  Seine-el-Marne,  Charles  de  Bos- 
sière,  Angelina^  Granger,  Empereur.  N(fpo- 
léon  HT,  Madame  Trotter,  Maria  Portemer, 
Rème  de  Dolmar,  Prince  Impérial,  Comtesse 
de  PoUgnac,  Général  Washington,  Baronne  de 
Noirmont,  Robert  de  Brie,  Présidente  Geof- 
frog.  Baronne  de  LassusSaint-Geniès,  Madame 
Charles-Bog,  Maurice  Bernardin,  Princesse 
de  Metternich,  le  Juif-Errant,  Baronne  Pol- 
letan  de  Kinketin,  Louis  Vanhcute,  Kate  Ilaus- 
burg,  Léopold  Hausburg,  Simon  Oppenkeim, 
et  ènlin  Exposition  de  Brie-Comte-Bobert, 
jiriirrée  par  le  jury  à notre  fête  de  l’année  der- 
nière. 

D’autres  Roses  sont  encore  nées  dans  celte 
localité,  se  sont  : le  Sénateur  Favre,  Jean-Ba- 
tiste Josseau,  et  enfin,  pour  clore  cette  nomen- 
clature, je  citerai  une  Rose  qui  a eu  pour  par- 
rain et  marraine  l’Empereur  et  l’Impératrice. 
Cette  plante,  présentée  à Leurs  Majestés,  à 
Fontainebleau,  en  ma  présence,  par  SoiiExcell. 
M.  Drouhin  de  Lbuys,  ministre  des  affairçs 
étrangères,  a reçu  le  nom  glorieux  de  Puebla. 
eu  souvenir  d’une  grande  victoire  remportée 
par  nos  armées. 

Je  dois  rendre  hommage  aux  semeurs  qui 
ont  produit  à difléreriles  époques  toutes  ces 
Boses;  ce  sont  : MM.  Cocbet  (Je  Suisnes, 
Granger  et  Bousseaux. 

A quelques  pas  de  celte  localité,  dans  la 


EXPOSITION  DE  DOSES  DE  DDIE-EOMTE-DOBEKT. 


commune  de  CoubeiT,  une  très-belle  pépinière 
ne  renferme  pas  moins  de  27,000  Rosiers. 

A peu  de  distance  encore,  nous  .trouvons  à 
Evry-les-Cbateaux,  un  spécialiste  en  Rosiers  du 
Roi,  qui  cultive  2,000  pieds  de  cette  espèce 
pour  la  vente  des  lleurs  à Par  is. 

8,000  Rosiers  sont  plantés  dans  les  trois 
pépinières  de  Lieusaint. 

A Chevry-Cossigny,  nous  voyons  les  0,200 
Rosiers  du  seul  rosiériste  de  celte  commune.  A 
Servon,  nous  comptons  dans  hs  champs  de  six 
rosiéristes,  71,000  Rosiers.  C’est  de  cette  com- 
mune que  sont  sorties  les  plus  belles  Roses  du 
Roi  qui  faisaient  un  des  plus  beaux  ornements 
de  notre  exposition  de  l’année  dernière.  On  se 
souvient  encore  avec  plaisir  de  la  belle  corbeille 
organisée  avec  tant  de  goût  par  M.  Denis  Guérin. 

A Grégy,  un  champ  de  5,000  Rosiers  du  Roi 
s’offre  à nos  regards,  et,  dans  les  pépinières  de 
Réau,on  compte  plus  de  2,000  sujets  en  variétés 
différentes. 

A Santeny,  quatorze  rosiéristes  cultivent 
60,900  Rosiers  ; à Marolles,  trois  rosiéristes  n’ont 
pas  moins  de  24,300  pieds;  à Périgny,  36,000 
llosiers  sontplantés  dans  les  pépinières  de  deux 
rosiéristes.  Ce  n’est  pas  assez  dire  que,  dans  la 
commune  de  Mandres,  quinze  spécialités  don- 
nent leurs  soins  à des  champs  immenses  qui 
ne  contiennent  pas  moins  de  120,900  Rosiers. 

La  commune  de  Villecresnes-Cerçay est  peut- 
être,  dans  notre  circonscription,  la  localité  où  il 
y a le  plus  de  cultivateurs  de  Rosiers.  En  effet, 
on  en  compte  vingt-huit  (jui  possèdent  dans 
leurs  pépinières  389,500  Rosiers. 

En  des  semeurs  de  cette  commune,  M.  Lede- 
chaux,  a livré  au  commerce  plusieurs  de  ses 
gains  dont  nous  devons  donner  ici  les  noms  ; ce 
sont  : Adolphe  Nohlet,  Triomphe  de  ViUerres- 
nes,  Joseph  Durand  et  Adèle  Jouganl. 

M.  Alexis  Poulain,  de  Cercay,  est  aussi  obten- 


leur  des  Roses  John  W alleren  cUjéon  Poulain  . 

J’arrive,  enfin,  à vous  parler  de  la  culture  de 
Rosiers  à Rrie-Comte-Robert. 

Dans  notre  ville,  nous  avons  6 rosiéristes 
dont  les  pépinières  ne  renferment  pas  moins 
de  60,000  Rosiers.  Deux  d’entre  eux  ont  été 
assez  heureux  pour  obtenir  dans  leurs  semis 
des  Roses  qui  ne  sont  pas  sans  mérite  réel. 

Nous  voulons  parler  de  la  Rose  qui  porte  le 
nom  de  M.  Alphonse  Relin,  maire  de  notre 
ville;  delà  Rose  Denis  Hélye,  et  enfin,  de  celle 
que  le  jury  de  notre  fête  de  l’année  dernière 
a nommée  Camille  Bernardin.  Voilà  une  gra- 
cieuseté dont  je  ne  saurais  trop  remercier 
MM.  les  jurés  et  l’obtenteur,  M.  Gautreau 
père. 

Pour  terminer  cette  nomenclature  des  Roses 
nouvelles  obtenues  dans  notre  circonscription, 
je  ne  puis  oublier  de  citer  la  Rose  Derthe  Levé- 
que,  mise  au  commerce  récemiiient  par  M.  Cé- 
chet  père. 

Le. congrès  des  Rosiéristes,  qui  devait  se 
tenir  à Brie-Comte-Robert  le  dimanche,  n’a 
pu  avoir  lieu  que  le  lendemain.  Il  a été 
arrêté  que  la  prochaine  session  s’ouvrirait 
dans  la  même  ville,  et  le  bureau  a été  immé- 
diatement formé.  Nous  faisons  des  vœux 
sincères  pour  le  succès  du  nouveau  congrès; 
mais  nous  croyons  le  lieu  de  réunion  mal 
choisi.  Rrie-Comte-Robert  est  éloigné  des 
grandes  villes,  et,  de  plus,  une  distance  de 
8 kilomètres  environ  sépare  cette  localité  du 
chemin  de  fer  le  plus  proche.  Cependant, 
nous  espérons  que  les  rosiéristes  de  Brie- 
Comte-Robert  sauront  vaincre  ces  difficultés 
et  trouver  tous  les  éléments  hécessaires 
pour  constituer  une  œuvre  durable. 

E.  A.  Eariuèbe, 


FRUCTIFICATION  DES  AUCUBA. 


Ce  n’est  déjà  plus  une  nouvelle  pour  plu- 
sieurs amateurs  que  la  fructification  de 
VAucuba  Japonica.  M.  Naudin  a dit,  il  y a 
deux  ans,  aux  lecteurs  de  la  Revue,  com- 
ment M.  Fortune  avait  enfin  apporté  du  Ja- 
pon un  pied  mâle,  cédé  à M.  Standish  au 
poids  de  l’or,  et  dont  la  progéniture  allait 
féconder  bientôt  tous  les  Aucuba  de  l’Eu- 
rope. 

Mais  tout  le  monde  n’a  pas  encore  vu  ces 
fruits  tant  désirés,  qui  vont,  avant  peu  d’an- 
nées, ajouter  à la  belle  livrée  verte  et  bi- 
garrée de  nos  buissons  d’Aucuba  une  nou- 
velle et  charmante  parure  de  corail.  ' 

C’est  pour  ceux-là  que  nous  avons  fait  des- 
siner un  jeune  pied  qui  vient  de  porter  des 
fruits,  chez  MM.  Thibaut  et  Keteleer,  à Paris. 
« Voir,  c’est  avoir,  » a dit  un  de  nos  poètes 
nationaux.  Si  cela  est  vrai,  que  les  déshéri- 
tés de  cette  belle  plante  se  consolent  donc 
en  voyant  la  planche  d-contre,  de  n’avoir 
pas  encore  vu  mûrir  ces  fruits  dans  leur 
jardin.  Ils  les  auront  bientôt. 


Un  bien  ne  vient  jamais  sans  un  autre.  A 
la  suite  de  cette  précieuse  introduction  du 
sexe  noble  de  notre  plante,  vient  d’appa- 
raître toute  une  collection  de  variétés,  et 
peut-être  d’espèces  nouvelles,  dont  M.  Car- 
rière donnait  ici,  il  y a peu  de  mois,  la  des- 
cription concise  et  fidèle.  Pas  n’est  besoin 
de  contrôler  les  assertions  de  M.  Carrière; 
et,  cependant,  nous  ne  sommes  pas  fâché 
de  vous  dire  combien  nous  avons  trouvé  ad- 
mirablement exactes  ces  diagnoses  rapides 
que  nous  comparions  tout  à l’heure  avec 
des  notes  prises  par  nous  sur  le  même  sujet 
avant  l’apparition  de  son  article. 

Le  premier  pied  d’Aucuba  fut  apporté  du 
Japon  en  Angleterre  en  1783,  par  M.  John 
Grœlfer.  Ce  pied  était  femelle.  Il  devint,  par 
division  (boutures  et  marcottes),  la  souche 
de  tous  les  Aucuba  qui  ont  peuplé  nos  jar- 
dins jusqu’à  ces  dernières  années.  Et,  non- 
seulement  ce  seul  pied  répandit  l’arbuste 
en  Europe,  mais  l’Amérique  du  nord,  où  il 
est  actuellement  fort  cullivé,y  trouva  Pori- 


‘JO 


FUlCTinCATÎON  DES  AECDHA. 


i*ine  (le  tous  ceux  qu’elle  possède.  Ce  frêle 
rameau,  (lélaclié  d’un  jardin  japonais,  au 
hasard,  est  donc  aujourd’hui  des  millions 
de  fois  grand-père. 

Ce  bel  arbuste  fut  d’abord  traité  comme 
une  plante  de  serre.  Il  fallut  qu’un  amateur 
plus  hardi  se  décidât  à le  risquer  en  plein 
air,  et  qu’il  réussit,  pour  qu’on  l’imilàt.  — 
11  n’y  a pas  longtemps  encore,  au  commen- 
cement de  ce  siècle,  Dumont  de  Courset 
écrivait  : « L’Aucubaest  plus  rustique  qu’on 
ne  l’avait  d’abord  cru.  ,1’en  ai  un  pied  qui  a 
résisté  aux  gelées  de  notre  climat,  .le  ne 
lui  donne,  vers  le  mois  de  décembre,  qri'nn 
peu  de  paille,  pour  le  préserrer  seulement 
de  Velfel  immédial  du  froid.  » 

Et  remarquez  que  peu  auparavant  il  avait 
déclaré  que  l’arbuste  était  de  serre  chaude, 
et  qu’il  en  avait  vu  seulement  un  pied  en 
orangerie  chez  un  amateur  du  voisinage. 

On  peut  donc  assurer  que  l’Aucuba  n’est 


Fig-.  34.  — Fleur  cl  fruit  de  i’Aucuba  Jnponica. 

considéré  comme  plante  de  plein  air  que 
depuis  soixante  ans  environ. 

Chose  bizarre  ! personne  n’avait  osé  révo- 
quer en  doute  que  l’Aucuba  fut  une  plante 
àfeuillage  spontanément  panaché;  pourtout 
le  monde,  on  avait  là  l’espèce  type.  L’intro- 
duction de  VAucuba  Himalaïca,  découvert 
par  le  D'’  ,T.  D.  Hooker,  dans  le  Sikkim,  il 
y a peu  d’années,  et  porlant  des  feuilles 
d’un  vert  parfaitement  uniforme,  fit  naître, 
il  est  vrai,  quelques  doutes  sur  la  pureté 
spécifique  de  nos  spécimens  d’Aucuba  du 
.Japon.  ^ 

Mais  ce  ne  fut  que  lorsque  M.  Fortune 
découvrit  le  pied  mâle,  à feuilles  très-vertes, 
que  l’on  s’aperçut  qu’on  n’avait  jusque-là 
pris  pour  type  qu’une  variété  fort  éloignée, 
que  les  Japonais  avaient  obtenue  par  une 
(uilture  peut-être  séculaire. 

En  effet,  aucune  des  variétés  mâles  ou  fe- 
melles à feuilles  entièrement  vertes  que  l’on 
possède  aujourd’hui,  ne  présente  le  port  et 
la  forme  de  feuillage  de  notre  ancien  Aucuba 


des  jardins,  représenté  parla  planche  co- 
loriée ci-contre. 

Sans  doute,  il  est  fort  difficile  de  discer- 
ner le  type  spontané  parmi  ces  variétés, 
d’autant  plus  que  la  plupart  sont  d’origine 
japonaise  * ; mais  il  n’en  est  pas  moins  vrai 
que  notre  ancienne  plante  s’en  écarte  beau- 
coup comme  forme,  et  c’est  là  une  preuve 
de  l’ancienneté  de  la  culture  des  Aucuba 
au  Japon. 

Le  pied  mâle  cédé  à M.  Standish,  d’Ascolt- 
Nursery  (Angleterre)  fleurit  d’abord  au  prin- 
temps de  1863.  Ces  fleurs,  dont  tous  les  ca- 
ractères, du  reste,  se  sont  exactement  repro- 
duits depuis,  formaient  de  petites  pani- 
cules  lâches,  pourvues  de  grandes  bractées, 
et  portaient  des  corolles  à quatre  pétales 
brun  foncé,  de  la  grandeur  et  de  la  forme 
de  ceux  des  fleurs  femelles.  Entre  ces  péta- 
les, quatre  étamines  à courts  filets  présen- 
taient des  anthères  globuleuses,  rénifor- 
mes,  blanc  jaunâtre.  La  fécondation  arti- 
ficielle fut  opérée  d’abord  au  moyen  d’un 
léger  pinceau;  toutes  les  fleurs  fécondées 


rü  ANDF!U)fl.. 


Fig-.  3ri.  — Inflorcpceiicc  mâle  de  l’Anciiha  .lajionica. 

nouèrent  parfaitement.  Au  mois  de  janvier 
suivant,  25  fruits  s’étaient  parfaitement  dé- 
veloppés. Ils  avaient  environ  la  grosseur 
d’une  olive,  étaient  d’un  beau  rouge  vermil- 
lon luisant,  rapprochés  en  un  corymbe 
dressé,  fort  élégant. 

Nous  avons  dessiné  ad  naluram  ces  orga- 
nes, nouveaux  pour  nous,  dans  leurs  détails, 
et  nous  en  donnons  ici  une  explication  qui 
peut  être  utile  aux  personnes  peu  fami- 
liarisées avec  la  botanique  et  désireuses  de 
tenter  la  fécondation  sur  les  Aucuba  fe- 
melles de  leurs  jardins. 

Figurés  noires  (fig.  3J)  : I . — Fleur  fe- 
melle, grossie  3 fois,  avec  son  stigmate 
(dans  la  partie  centrale),  prêt  à recevoir  le 
pollen  ; 

2.  — Fleur  mâle,  grossie  3 fois,  avec  ses 
4-  anthères,  qui  s’ouvrent  au  milieu  et  don- 
nent passage  au  pollen,  qu’il  faut  répandre 
sur  le  pistil  de  la  fleur  femelle  ; 

* Ces  variétés,  que  rAiifçleterre  a mises  (iepuis 
peu  au  commerce,  se  vendent  de  5 à fi  shilliuivs, 
lorsque  ce  sont  des  pieds  femelles.  Le  pri.v  moule 
tout  de  suite  à une  "uinée  dès  qu’il  s’as:it  d'une 
plante  mfde. 


VU&  H OT'ticoLc^ 


Tl  * i clii  lui  m M a n ^ J 0 s i i 


liTip  Zanote  r.  des  Bouhn^ersJJ.Pans 


■^locreux  Pntx^: 

i 


Aiiruba  Japoiiica 


lmp  Zanotç  r.  des  Boulangers .15 .Pans 


i 


FIUjCTIFICATION  DFS  AF( 


— (^üupe  traiisvei*sal(‘  (ruii  IViiil  mur 
(grandeur  naturelle)  ; 

i. — Coupe  longitudinale  d’un  fruit  miir 
(grandeur  naturelle)  ; 

5.  — Fruit  mûr  (grandeur  naturelle;  ; 

Fig.  35  — Portion  d’inllorescence  mâle 
(un  peu  plus  grande  que  nature). 

La  fécondation  artilicielle  des  Aucuba  est 
des  plus  simples.  Il  suffit  de  savoir  le  mo- 
ment où  l’anlhère  s’ouvre,  afin  qu’un  acci- 
dent ne  vienne  pas  faire  tomber  le  pollen, 
et  de  répandre  légèrement  cette  poussière 
fécondante  sur  le  stigmate  des  Heurs  femelles 
d’un  pied  voisin.  11  est  bon,  pour  plus  de 
sûreté,  d’opérer  sur  des  pieds  rentrés  mo- 
mentanément en  serre.  Quand  les  jardins 
seront  peuplés  d’Aucuba  mâles,  ces  précau- 
lions  seront  superflues;  les  plantes  n’auront 
que  faire  du  secours  de  l’homme. 

Du  reste,  excepté  en  France,  les  pieds 
d’Aucuba  en  fruits  no  sont  plus  très-rares. 
Xous  avons  vu,  en  I86i,  à l’exposition 
de  Bruxelles,  un  exemplaire  apporté  par 
M.  Standish,  et  qui  portait  bien  une  centaine 
de  fruits  mûrs.  Il  fut  acheté,  — nous  a-l-on 
dit,  500  fr.  par  M.  Amhroise  Yerschalîelt, 
de  Cand,  qui  ne  s’amusa  pas,  croyez-le 
bien,  à regarder  pousser  sa  plante.  Les 
IVuits  furent  semés  incontinent.  Tous  levè- 
rent. Ils  montrent  déjà  une  grande  variété 
de  formes  et  de  couleurs,  et  dont  nous  ver- 
rons sortir  sans  doute  d’intéressantes  nou- 
veautés. 

En  Angleterre,  M.  Lee,  de  Ilammersmilh, 
possède  mieux  que  cela.  Il  montrait  ce  prm- 
lemps  aux  visiteurs  de  son  établissement  un 
superbe  buisson  qui  n’avait  pas  moins  de 
1 mètre  de  haut  sur  autant  de  large,  couvert 
de  ces  beaux  fruits.  On  en  comptait  plus  de 
500.  Ce  pied  a été  pris  au  hasard,  dans  un 
carré,  l’année  dernière.  Il  allait  partir  pour 
le  jardin  d’un  client,  au  prix  modeste  et  rai- 
sonnable de  1 fr.  50,  lorsque  M.  Lee,  ayant 
un  pied  mâle  en  Heur,  utilisa  cette  plante  fe- 
melle comme  porte-graines.  La  fécondation 
réussit  à merveille  et  produisit  sur  tous  les 
rameaux  de  magnifiques  corymbes  de  fruits. 
N’allez  pas  croire  cependant  que  l’heureux 


'19  \ 

horticulteur  si‘  soit  contenlé  de  la  gloire 
d’avoir  eu  de  beaux  fruits;  il  compte  bien 
escompter  les  jeunes  plantes  futures  à beaux 
écus  sonnants. 

Si  vous  aviez  offert  alors  à M.  Lee  autant 
de  schillings  que  sa  plante  avait  de  graines, 
il  vous  aurait  ri  au  nez.  Et  ma  foi,  il  aurait 
peut-être  eu  raison.  Mais  pourtant  qu’il 
liâte!  ou  bien  l’an  prochain,  il  faudrait  ôter 
deux  zéros  à ce  chiffre  respectable.  Du  reste, 
les  exemples  de  ce  genre  se  multiplient  en 
Angleterre.  Nous  avons  pu  admirer  à la  der- 
nière exposition  de  Kensington  de  magnifi- 
(jues  échantillons  d’Aucuba  en  fruits,  expo- 
sés par  diverses  personnes  et  appartenant  à 
plusieurs  des  variétés  anciennes  et  nouvel- 
les. 

Nous  n’avons  pas  eu  dans  notre  beau 
pays  de  France  la  primeur  de  cette  frucli- 
lication;  il  en  faut  faire  notre  deuil,  et  nous 
frapper  humblement  la  poitrine. 

Toutefois,  c’est  à nous  probablement 
qu’il  appartiendra  d’avoir  obtenu  une  séi'ie 
de  variétés  nouvelles.  C'est  ce  qui  fait  espérer 
la  réussite  des  fécondations  opérées  par 
MM.  Thibaut  et  Keteleer  sur  les  diHérentes 
variétés  d’Aucuba  qu’ils  possèdent.  Ces  mes- 
sieurs ont  dans  ce  moment  plusieurs  plantes 
dont  les  fruits  mûrissent  et  qui  ont  été  fé- 
condées par  les  pollens  des  six  mâles  connus 
actuellement  au  commerce,  à savoir  : A?/ - 
cuba  Jap.  bicolore  A.  J.  pjfgmwa,  A.  J.  pic- 
lurata^  A.  J,  ovala,  A.  maculata,  A.  ./. 
aiiguslifolia. 

L’une  de  ces  plantes  fructifiées,  haute  â 
peine  de  20  centimètres,  présente  une  énor- 
me panicule  de  plus  de  120  fruits,  dont  la 
plupart  seront  fertiles,  â en  juger  par  l’em- 
bryon que  nous  avons  trouvé  très-déve- 
loppé  en  faisant  la  section  de  l’un  d’eux. 

Il  n’est  pas  douteux  qu’en  fécondant  de 
nouveau  ces  produits  avec  VA.  Hlmalaïca  et 
les  deux  plantes  à grandes  feuilles  et  à fruits 
sphériques  déprimés  que  ces  habiles  horti- 
culteurs ont  obtenus,  on  ne  découvre  de 
nouvelles  formes  qui  viendront  augmenter 
Tattrait  déjà  si  grand  de  ces  beaux  arbustes. 

Kn.  Axdri:. 


TRlCHINtlJM  DE  MANGEES. 


Le  genre  Trichinium  appartient  à la  fa- 
mille des  Amarantacées,  etlesauteursquiont 
écrit  sur  ces  plantes  le  rangent  dans  la  tribu 
des  Achyranthées,  dont  plusieurs  espèces, 
très-singulières  pour  la  coloration  du  feuil- 
lage, ont  été  introduites  depuis  quelque 
temps  dans  les  jardins,  oû  on  les  emploie 
pour  la  formation  de  bordures  curieuses 
d’un  effet  pittoresque.  ’ 

Le  genre  Trichinium  renferme  des  plantes 
annuelles,  vivaces  ou  suffrutescentes,  mais 


qui,  dans  ce  dernier  cas,  ne  forment  que  des 
sous-arbrisseaux  â tiges  généralement  dé- 
combantes,  de  formes  très-variables  ; elles 
sont  tantôt  glâbres,  tantôt  velues-liérissées, 
et  même  laineuses  au  même  titre  que  celles 
du  GnapbaUum  lanalum  ^ si  généralement 
cultivé  aujourd’hui.  Les  Heurs  sont  herma- 
phrodites et  munies  de  3 bractées;  elles 
sont  terminales  et  groupées  en  capitules  ou 
en  épis,  à la  manière  de  diverses  Célosies; 
les  bractées  carénées,  sèches,  brillantes  et 


292 


TUICHir^  lUM  J)E  MANOLKS. 


diversement  colorées,  selon  les  espèces, 
sont  persistantes,  les  latérales  se  détachant 
parfois  avec  le  fruit.  Les  poils  des  Heurs 
sont  articulés  et  obliquement  dressés  ; les 
étamines,  au  nombre  de  cinq,  sont  réunies 
à la  base  en  cupule,  ou  très-rarement  en 
tube  ; leur  filet  est  filiforme  ou  dilaté  subulé 
(les  staminodes  sont  nuis)  ; les  anthères  sont 
tantôt  biloculaires,  elliptiques  ou  arrondies. 
L’ovaire  est  renflé  sur  le  côté,  uniloculaire 
et  uniovulé,  et  surmonté  d’un  style  allongé, 
couronné  par  un  stigmate  en  tête. 

Presque  tous  les  Trichinium,  au  nombre 
d’tine  soixantaine  environ,  croissent  sponta- 
nément en  Australie,  où  plusieurs  espèces 
nouvelles,  qui  avaient  échappé  aux  investiga- 
tions de  l’illustre  I\.  Brown,  ont  été  décou- 
vretes  dans  ces  dernières  années  par  M.  Ferd. 
Mueller.  Mais,  par  une  anomalie  intéressante 
au  point  de  vue  de  la  géographie  botanique, 
à causes  du  rapprochement  qu’elle  établit 
entre  le  deux  continents,  et  qu’on  a déjà 
constatée  pour  plusieurs  autres  genres  de 
plantes,  par  exemple  pour  les 
[es  Eucalyptus,  eic.,  on  a trouvé  quelques 
représentants  de  ce  genre  au  cap  de  Bonne- 
Espérance. 

L’espècefigurée  ci -contre,  le  Trtchinium 
Mauglesii  est,  sans  contredit,  l’une  des  plus 
jolies  du  genre  ; elle  fut  découverte  près  la 
rivière  des  Cygnes  (Swau  River),  vers  1831), 
par  J.  Drummond.  C’est,  croyons-nous,  par 
l’intermédiaire  de  M.  Thompson,  d’Ipswich, 
que  cette  plante  a été  introduite,  il  y a peu 
de  tempsj  encore,  dans  quelques  jardins  an- 
glais, be  ges  et  français,  et  c’est  de  lui  aussi 
que  le  Muséum  en  a reçu  dernièrement  des 
graines. 

Le  Tricliinium  Manglesii  a une  racine 
grêle,  simple,  que  surmonte  une  rosette  de 
feuilles  radicales  longuement  pétiolées,  sub- 
aiguës, mucronulées,  sinuées,  glabres,  ver- 
tes, augueuses,  épaisses  et  assez  coriaces. 
A l’aisselle  de  ces  feuilles  s’élèvent  des 
tiges  herbacées  ascendantes , sillonnées, 
striées,  presque  glabres,  virescentes,  hautes 
de  30  à 40  centimètres,  portant  de  rares 
petites  feuilles  linéaires  lancéolées  et  sessi- 
les,  et  terminées  par  des  capitules  solitaires, 
hémisphériques,  très-obtus,  composés  d’un 
grand  nombre  de  fleurs  très-serrées  et  d’un 
rose-lilacé  vif.  Les  bractées  florales  sont 
presque  égales,  lancéolées-aiguës,  mucro- 


UNE 


La  plante  dont  nous  allons  parler  est  le 
Rhpliiolepis  Japonica,  Sieb.,  var.  integer- 
rima,  R.,  ovata,  Hort.  Yoici  les  caractères 
qu’il  présente  : 

Arbrisseau  vigoureux,  très-ramifié.  Feuil- 
les persistantes,  obovales,  très-épaisses, 


nulées,  diaphanes,  d’un  jaune  roussâlre  , 
très-légèrement  poilues  sur  le  dos  et  beau- 
coup plus  courtes  que  le  calice;  les  divisions 
de  celui-ci  sont  étroitement  linéaires,  tron- 
quées et  denticulées  au  sommet,  d’un  rose- 
lilas,  et  de  couleur  blanche  à la  face  supé- 
rieure et  parfois  au  sommet. 

Ce  qui  constitue  l’élégance  de  celte  plante, 
c’est  surtout  le  contraste  que  forme  le  rose 
lilas  des  divisions  de  la  fleur  avec  la  blanc 
des  poils  très-nombreux  sur  lesquelles  elles 
se  détachent,  et  qui  forment  le  fond  de  l’in- 
florescence. 

La  culture  de  cette  plante  ne  nous  est  pas 
suffisamment  connue  pour  que.  nous  puis- 
sions la  décrire  ici  ; néanmoins,  nous  croyons 
que  le  plein  air  en  été,  le  châssis  froid  et 
sec  l’hiver,  des  pots  bien  drainés  et  une 
terre  légère  et  sablonneuse  sont  les  condi- 
tions qui  doivent  lui  convenir.  Cependant, 
jusqu’ici  il  ne  nous  semble  pas  que  le  Tri- 
clnnium  Manglesii,  comme  les  autres  espè- 
ces curieuses  ou  intéressantes  de  ce  genre, 
soit  d’une  culture  facile.  L’inspection  des 
diverses  espèces,  au  nombre  d’une  trentaine 
environ,  de  l’herbier  général  du  Muséum, 
nous  a laissé  sous  l’impression  que  ces  plan- 
tes seraient  d’une  conservation  difficile  et 
d’une  culture  peu  pratique.  Pour  cette  ap- 
préciation, nous  nous  sommes  basé  sur  les 
caractères  extérieurs  de  ces  plantes  : par 
exemple,  des  racines  grêles,  peu  longues,  et 
en  général  peu  ramifiées;  des  tiges  rameu- 
ses, souvent  décombantes  et  d’une  consis- 
tance plus  ou  moins  sèche,  etc.  Mais  misait 
^ qu’une  plante  sauvage,  qu’elle  soit  indigène 
ou  d’un  pays  éloigné,  est  d’autant  plus  déli- 
cate dans  nos  jardins  que  sa  culture  en  est 
moins  ancienne,  et  que  quelquefois  elle  s’ha- 
bitue insensiblement  aux  conditions  nou- 
velles et  souvent  très-différentes  dans  les- 
quelles elle  se  trouve  placée  ; il  y a là,  il 
faut  le  reconnaître,  mais  non  dans  l’accep- 
tion exacte  de  ce  mot,  une  sorte  d’acclima- 
tation manifeste.  B serait  à désirer  que  le 
fait  se  produisit  pour  la  plante  qui  fait  le 
sujet  de  cette  note  ; ce  serait  une  pré- 
cieuse acquisition  à ajouter  au  petit  nombre 
de  ces  ravissantes  plantes  herbacées  du  con- 
tinent australien  qu’on  a réussi  jusqu’ici  à 
propager  dans  nos  jardins.  ' 

r>.  Ver  LOT. 


[É  .lAPONAISE. 

coriaces,  luisantes,  parfois  largement  arron- 
dies, obtuses  et  courtement  bilobées,  le 
plus  souvent  atténuées  au  sommet,  glabres; 
les  jeunes  feuilles  sont  d’un  verl  roux,  très- 
tomenteuses  sur  les  deux  faces  el  surloul 
en  dessous,  par  un  duvet  rubigineux  qui  se 


i:ne  NoiiVEAim':  jai‘Onaise. 


293 


détache  facilement  avec  le  doigt,  très-cuur- 
tement  dentées  près  du  sommet,  dents 
qui  disparaissent  promptement  en  laissant 
ainsi  des  feuilles  entières  longuement  atté- 
nuées à la  base,  accompagnées  de  2 stipules 
très-longues,  étroitement  linéaires,  cadu- 
ques. Fleurs  disposées  en  épis  ou  plutôt  en 
sorte  de  grappes  dressées,  ramifiées,  élar- 
gies à la  hase,  arrondies  au  sommet,  blan- 
ches, nombreuses,  solitaires  sur  un  court 
pétiole.  Calice  à cinq  divisions  étroites, 
couvertes  de  poils  roux,  d’abord  appli- 
quées, puis  étalées.  Corolle  à cinq  pétales  i 
obovales,  étalés,  atténués  en  onglet  î\  la  | 


base.  Fruits  noirs,  pruineux  à la  maturité, 
d’environ  6-7  millimètres  de  diamètre. 

Cet  arbrisseau,  essentiellement  ornemen- 
tal, est  assez  rustique;  cependant,  il  ne 
pourrait  peut-être  pas  supporter  les  hivers 
sous  le  climat  de  Paris,  où  sa  floraison,  d’ail- 
leurs un  peu  trop  printanière,  pourrait  être 
compromise.  Dans  tous  les  cas,  c’est  un 
charmant  arbrisseau,  très-lloribond.  On  le 
multiplie  par  boutures,  qui  reprennent  très- 
bien  lorsqu’on  les  fait  avec  du  jeune  bois 
aoûté. 

I)R10T. 


DE  LA  GERMINATION  DES  NOYAUX. 


Est-il  vrai,  comme  on  le  dit  générale- 
ment, que  les  noyaux  ne  conservent  pas 
leurs  facultés  germinatives  au  delà  d’un  an, 
et,  par  conséquent,  ne  lèvent  pas  deux  ans 
après  avoir  été  récoltés? 

Avant  de  faire  connaître  notre  opinion  à 
ce  sujet,  disons  ce  qu’on  doit  entendre  par 
c(  conservation  des  facultés  germinatives.  » 

On  désigne  ainsi  la  durée  pendant  lar 
quelle  les  graines  se  conservent  bonnes, 
c’est-à-dire  sont  susceptibles  de  germer.  Il 
en  est  des  noyaux  comme  des  autres  grai- 
nes ; leur  faculté  germinative  est  variable, 
suivant  les  espèces  auxquelles  elles  appar- 
tiennent. Ainsi,  tous  ceux  dont  l’endocarpe 
est  mince,  en  général,  ne  se  conservent  pas 
au  delà  d’une  année;  mais  il  peut  en  être 
autrement  de  ceux  dont  l’endocarpe  est  li- 
gneux, épais  et  très-dur,  par  exemple  des 
noyaux  de  Pèches,  dont  nous  allons  parler. 
On  a dit,  redit,  et  sans  cesse  écrit,  que  les 
noyaux  de  Pêche  ne  lèvent  pas  la  deuxième 
année  après  qu’ils  ont  été  récoltés.  Est-ce 
vrai?  Oui  et  non. 

Nous  avons  des  exemples  de  noyaux  de 
Pêchers  qui  ont  germé  au  bout  de  deux, 
trois  et  quatre  ans,  et  même  plus.  Que  ce 
soit  une  exception,  nous  le  voulons  bien, 
mais  toujours  est-il  que  ces  faits  suffisent 
pour  modifier  la  règle. 

Maintenant,  bàlons-nous  de  dire  que 
beaucoup  de  noyaux  ne  lèvent  pas  au  bout 
de  deux  ans.  Pourquoi  cela?  Nous  allons 
chercher  à l’expliquer. 

D’abord,  ces  dilférences  pouvant  se  ren- 
contrer chez  des  noyaux  appartenant  à une 
même  variété,  il  en  résulte  que  tous  ces 
noyaux  ne  sont  pas  de  même  nature,  ou 
bien  que  leur  embryon  n’a  pas  la  même 
puissance  vitale.  Les  deux  choses  étant  pos- 
sibles, faisons  les  deux  suppositions.  Admet- 
tons d’abord  l’égalité  de  force  des  enveloppes 
et  l’inégalité  de  puissance  des  embryons, 
([u’arrivera-t-il?  Les  embryons  les  plus  forts, 
lorsqu’ils  auront  absorbé  l’humidité  néces- 


saire au  développement  de  leur  radicule, 
briseront  le  noyau  et  pousseront  ; les 
embryons  les  plus  faibles,  lorsqu’ils  seront 
arrivés  au  point  convenable  pour  émettre 
leur  radicule,  trouvant  dans  le  noyau  une 
résistance  trop  forte,  se  décomposeront  et 
formeront  une  sorte  de  bouillie.  Dans  le 
cas  inverse,  si  les  noyaux  sont  d’inégale 
force,  et  les  embryons  d’égale  puissance,  les 
mêmes  faits  se  présenteront  : les  embryons 
contenus  dans  les  noyaux  faibles  se  dévelop- 
peront, tandis  que  ceux  contenus  dans  des 
noyaux  très-résistants,  ne  pouvant  trouver 
une  issue,  pourriront  comme  les  premiers. 

Mais  il  ne  faut  pas  oublier,  non  plus,  que 
la  puissance  de  l’embryon,  quelle  qu’elle 
soit,  est  soumise  à la  loi  générale,  et  s’affai- 
blit avec  le  temps.  Il  en  résulte  que,  plus  les 
graines  sont  vieilles,  plus  il  faut  venir  à leur 
aide.  Que  doit  donc  faire  l’horticulteur  lors- 
qu’il a à semer  des  noyaux  dont  l’enveloppe 
est  très-dure,  et  lorsqu’il  doute  de  la  vita- 
lité de  l’embryon  qu’ils  renferment?  Mettre 
pendant  quelque  temps  ces  noyaux  dans  une 
terre  humide,  de  façon  à ce  que  l’humidité, 
pénétrant  peu  à peu  les  tissus,  puis  l’em- 
bryon, fasse  rentier  celui-ci  et  le  dispose  à 
entrer  en  végétation,  en  un  mot,  à revêtir 
la  vie  active  ; casser,  alors,  les  noyaux  avec 
beaucoup  de  précaution , en  extraire  les 
amandes,  les  mettre  en  pots  dans  une  terre 
légèrement  humide,  et  les  placer  sous  des 
châssis,  de  manière  qu’ils  ne  reçoivent  d’eau 
que  celle  qu’on  juge  à propos  de' leur  don- 
ner. On  peut  même,  par  précaution,  lorsque 
les  noyaux  sont  très-durs  et  qu’on  doute  de 
la  germination,  les  casser  de  suite  avec 
beaucoup  de  soin  et  en  semer  les  amandes, 
en  les  traitant  ainsi  qu’il  vient  d’être  dit.  Si 
l’on  a opéré  avec  beaucoup  de  soin,  on  peut- 
être  à peu  près  sûr  du  résultat.  Nous  avons 
très-souvent  employé  ce  procédé,  et  tou- 
jours avec  succès.  Nous  ne  craignons  même 
pas  d’avancer  que  ce  moyen  est  infiniment 
préférable  à celui  qui  consiste  à user  le 


'294 


DK  LA  GKDMINATION  DES  NOYAKX. 


noyau  du  colé  où  la  radicule  doit  passer; 
car,  dans  ce  dernier  cas,  l’humidilé  pénètre 
promptement  dans  l’intérieur  et  gorge  subi- 
tement l’embryon,  de  sorte  que  ne  pouvant  se 
développer  immédiatement,  sa  tigelle  et  ses 


colylédons  ne  tardent  pas  à pourrir,  et  cehi 
bien  que  parfois  la  radicule  ait  déjà  com- 
mencé à s’allonger. 

H.  Desportes, 

Chef  des  pépinières  de  M.  André  Leroy, 
à Angers. 


REVUE  DES  PUBLICATIONS  HORTICOLES  DE  L’ÉTRANGER. 


Nous  continuons  notre  revue  des  plantes 
figurées  et  décrites  dans  le  Bofn)}iral  Mafjn- 
zine  : ^ 

f.ælia  grandis.  Lindley  et  Paxton,  pl.  5553. 

Cette  magnifique  Orchidée  fit  sa  première 
apparition  dans  les  établissements  horticoles 
de  l’Europe  en  1850,  chez  M.  Morel,  à Paris; 
mais  elle  ne  tarda  pas  h disparaître  des 
collections  anglaises,  et  elle  fut  introduite  de 
nouveau  parMM.Hugh  Lowet  C**'  à Clapton, 
qui  en  reçurent  quelques  pieds  de  Babia. 
C’est  une  espèce  épiphyte  dont  les  tiges, 
minces  en  bas,  un  peu  enflées  vers  Te  haut, 
ne  dépassent  pas  0"'.30.  Ces  tiges  suppor- 
tent une  seule  feuille  carénée,  coriace, 
ligulée.  Le  pédoncule,  enveloppé  à sa  base 
dans  une  espèce  de  spathe,  porle  deux 
grandes  fleurs  à sépales  et  pétales  d’un 
jaune  Nankin  brunâtre;  le  grand  labelie 
est  blanc,  à veines  pourpres. 

iiegonia  lineeatn.  J.  D.  Hooker,  pl.  5554. 

Cette  singulière  espèce,  dont  les  fruils 
constituent  des  baies,  fut  découverte  par  le 
botaniste-voyageur  M.  Gustave  Mann,  dans 
les  îlesSaint-Thomé  et  F ernando-Po  (Afrique 
occidento-tropicale),  où  elle  se  trouve  à 
une  élévation  de  1,300  pieds.  Les  tiges,  ro- 
bustes, allongées,  de  l’épaisseur  du  pouce, 
sont  couvertes  ainsi  que  les  pétioles,  les  pé- 
doncules et  les  pédicelles,  d’un  duvet  ferru- 
gineux. Les  feuilles,  longues  de  0>^.12  à 
O"™. 20,  largement  orbiculaires,  en  cœur  à 
leur  base,  sont  glabres  en  dessus  à l’excep- 
tion des  nervures  ferrugineuses,  velues  en 
dessous.  Les  grandes  stipules,  larges-oblon- 
gues,  sont  caduques.  Les  grandes  Heurs 
blanches,  monoïques,  disposées  en  courtes 
cimes,  ont  un  diamètre  de  O"™. 065.  Le 
fruit  est,  selon  la  description  qu’en  donne 
M.  Mann,  une  baie  charnue,  sphérique,  in- 
déhiscente. 

Kparaxis  imlcherrima,  J.  D,  Hooker,  pl.  5555. 

Jolie  Iridée  bulbeuse,  du  cap  de  Bonne- 
Espérance,  à grandes  Heurs  penchées  d’un 
pourpre  extrêmement  brillant.  Cette  magni- 
fique plante  a Henri  en  octobre  dernier  chez 
MM.  Backlîouse,  à York,  qui  l’avaient  reçue 
du  district  entre  Keiskamma  et  la  rivière  des 
Buffles,  dans  le  sud-est  de  l’Afrique  (Caf- 
frerie  et  Natal).  Les  feuilles  raides  sont  en- 
siformes.  Les  hampes  florales  atteignenl 


dans  la  patrie  de  cette  plante  jusqu’à  deux 
mètres  de  hauteur  et  portent  des  grappes 
ou  des  panicules  chargées  de  magnifiques 
fleurs  pourpres  de  la  grandeur  de  celles  de 
nos  glaïeuls,  enveloppées  à leur  base  dans 
des  bractées  scarieuses.  ‘ 

myriaiithimi.  Linoley,  pl,  555(1. 

Cette  espèce  fut  découverte  par  M.  Skin- 
ner  dans  les  montagnes  du  Guatemala,  à une 
élévation  très-considérable.  Ayant  été  cul- 
tivée en  serre  chaude,  elle  refusait  obstiné- 
ment de  donner  des  fleurs  ; mais  aussihït 
qu’on  la  soumit  à la  culture  en  orangerie, 
elle  développa  en  abondance  ses  fleurs  dis- 
posées en  amples  panicules,  composées, 
comme  l'indique  son  nom  spécifique,  d’un 
nombre  énorme  de  petites  fleurs  d’un  beau 
lilas.  Les  feuilles,  linéaires-lancéolées,  sont 
distiques  et  les  panicules  des  fleurs  sont 
terminales. 

f hameranthemiim  neyriehii.  NEES;  var.  va- 
rie$:^ata.  pl.  5557. 

Acanthacée  du  Brésil  méridional,  belle 
par  ses  grandes  fleurs  blanches  lavées 
de  pourpre,  disposées  en  épis  composés, 
axillaires,  dressés,  mais  plus  remarqua- 
ble encore  par  ses  magnifiques  feuilles 
blanches  dans  la  partie  qui  entoure  des 
deux  côtés  la  nervure  médiane,  d’un  vert 
sombre  au  bord.  Ces  feuilles  opposées, 
courtement  pétiolées,  sont  oblongues  ou 
ovales-oblongues,  ou  bien  lancéolées-oblon- 
gues,  pointues  au  sommet. 

I.uisia  l»syohe.  Rei(',HEX1ï.\EH,  pl.  5558. 

Le  port  de  cette  Orchidée  rappelle  celui 
du  Vanda  teres.  Elle  fut  découverte  à Bur- 
inalî  par  M.  Parish,  qui  envoya  des  pieds 
vivants  à MM.  Ilugh  Low  et  C*'’,  à Clapton. 
Les  fleurs  disposées  au  nombre  de  2-3,  en 
courts  épis,  ressemblent  un  peu  à celles  de 
plusieurs  espèces  de  nos  Ophrys  par  leur 
labelie  bombé,  marqué  de  larges  taches 
pourpre-brunâtres.  Dans  celte  plante,  ce- 
pendant, les  fleurs  ont  plus  de  quatre  fois 
les  dimensions  de  celles,  par  exemple,  de 
notre  Ophrys  apifera.  Le  Lvisia  Psyché  est 
une  plante  de  culture  facile;  il  fleurit  pen- 
dant le  printemps  et  l’été. 

isaiihinla  toinontosa,  LiNN.,  var.  ^slabrata  : 

pl.  55G0. 

Le  jardin  de  Kew  doit  ce 'joli  arbuste  à 


REVIE  DES  DlBLlCAllOiNS  llOKTlCüLES  DE  L’EiUAiNEEii. 


M.  Monleiro,  qui,  en  1860,  en  envoya  des 
graines  de  Bembe  en  Benguela,  d’où  pro- 
viennent les  plantes,  qui  fleurirent  en  Angle- 
terre en  novembre  dernier.  La  patrie  de  cette 
plante  est  Ceylan,  Malabar  et  d’autres  con- 
trées des  Indes  orientales;  elle  se  trouve 
également  dans  plusieurs  localités  de  l’A- 
frique orientale-méridionale.  C’est  un  joli 
arbuste  à feuilles  pétiolées,  de  cette  forme 
bilabiée  si  caractéristique  pour  le  genre 
Bauhinia.  Les  grandes  fleurs,  disposées  par 
deux  au  bout  des  rameaux,  sont  d’un 
jaune  pâle.  Le  pétale  supérieur  est  orné  à 
sa  base  d’une  large  tache  pourpre-brunâ- 
tre. 

Kiilophia  Keichenbalh,  jtl.  oüGl. 

Cette  singulière  Orchidée  n’est  nullement 
remarquable  par  la  beauté  de  ses  fleurs. 
Elle^  fut  introduite  du  Vieux-Calabar  par 
M.  Gustave  Mann.  C’est  une  espèce  terres- 
tre à longs  pseudobulbes  peu  à peu  atténués 
yersle  haut.  Les  fleurs  verdâtres,  â labelle 
jaunâtre  â sa  base,  blanc  dans  sa  partie  su- 
périeure, garni  intérieurement  vers  le 
milieu  de  stries  pourpres,  rappellent  celles 
de  nos^  Epipaclis.  Elles  sont  disposées  en 
longs  épis  sur  les  hampes  florales  qui  nais- 
sent â la  base  des  pseudobulbes. 


Tfllandï»iit  xipliioïiles,  Ker,  pl.  5562, 

Belle  Broméliacée  à grandes  fleurs  blan- 
ches, â pétales  ondulés,  disposées  en  épis 
serrés.  Les  feuilles  étalées,  larges  â leur 
i)ase,  subulées  au  sommet,  sont  couvertes 
de  poils  écailleux  qui  leur  donnent  un  aspect 
grisâtre;  elles  sont  disposées  en  rosettes 
serrées  desquelles  naissent  les  épis  floraux, 
enveloppés  â leur  base  de  feuilles  jaunâ- 
(res  dressées,  subulées.  Selon  Ker,  cette 
plante  serait  originaire  de  Buénos-Ayres. 
M.  le  D‘‘  Gillies  l’a  récoltée  près  Mendoza, 
où  elle  abonde  sur  les  arbres  et  les  rochers 
des  Cordillères.  On  la  cultive  fréquemment 
a Buénos-Ayres,  où  on  l’apprécie  beaucoup 
a cause  du  parfum  délicieux  qu’exhalent  ses 
fleurs. 

JlJibranthu»»  J.  D.  HoOKER,  pl.  5563. 

Cette  magnifique  Amaryllidée,  dont  ou 
ne  nous  indique  point  la  patrie,  fleurit  en 
avril.  Elle  est  voisine  du  fJahrcwt/nts  phu- 
celloides,  mais  elle  est  plus  qee  deux- 
lois  de  la  grandeur  de  celui-ci.  Les  feuil- 
les glauques,  longues  environ  de  0»‘.08,  sont 
linéaires  et  ont  une  largeur  d’environ  0»v03 
â 0«eO:2;  elles  sont  recourbées  et  obtuses 
au  sommet.  La  hampe  florale,  haute  de  0"V 50 
est  pourpre  en  bas;  porte  une  ombelle 
(le  sept  grandes  fleurs*,  d’un  diamètre  de 
0''’.07^  à d un  magnifique  rouge 

orange.  Le  tube  de  la  fleur  est  jaune  exté- 
rieurement et  intérieurement. 


Uendrobiiim  üixantbiitii,  REicHENRâCH, 
pl.  5564. 

Moulmeiii,  lamineinépuisabledenouveauv 
pendrobium,  est  aussi  la  patrie  de  celte 
Orchidée,  qui  y fut  découverte,  en 
1 8b^,  par  M.  Parish,  et  envoyée  â MM.  Hugh 
Low  et  C'^,  à Clapton.  Cette  espèce  pousse 
tres-vigoureusement  et  fleurit  abondamment 
au  commencement  de  l’été.  Le  Dendrobium, 
dixanthum  a cela  de  particulier,  que,  à Pé- 
poque  de  sa  floraison,  il  est  entièrement  dé- 
garni de  ses  feuilles  linéaires,  longues  de 
O'^COb  â 0“M0.  Les  fleurs  sont  disposées 
en  (tourtes  grappes  dans  les  aisselles  des 
feuilles  tombées;  elles  sont  assez  grandes 
d un  jaune  pale,  sauf  le  labelle  qui,  dans  sa 
partie  inférieure,  est  d’un  jaune  doré  très  - 
eclatant. 


«ladiolu^  Papilio,  J.  D.  Hookër,  p|.  5565. 

On  sait  que  la  flore  du  cap  de  Boniie- 
Esperance  est  très-riche  en  Glaïeuls  d’es- 
pèces différentes.  Parmi  celles  qu’on  ren- 
contre, le  G.  Papilio  n’occupera  certaine- 
ment pas  le  dernier  rang.  Cette  plante  a 
a peu  près  le  port  de  nos  Glaïeuls;  les 
feudles  et  les  fleurs  sont  de  da  meme 
taille  que  celles  du  Gladiolus  gandavensis. 
Les  trois  folioles  supérieures  du  périanthe 
sontd^un  pourpre  très-pâle  et  presque  blan- 
ches a leur  base,  les  trois  folioles  inférieu- 
res sont  marquées  d’une  large  tache  longi- 
tudinale, bilobée,  d’un  pourpre  très-brillant 
sur  fond  blanc  dans  la  partie  médiane 
intérieure  ; la  partie  supérieure  est  bordée 
d une  zone  pourpre-violacée,  et,  entre  cette 
bordure  et  la  tache  pourpre,  se  trouve  une 
tache  jaune-dorée.  Ces  fleurs  sont  d’un  as- 
pect extrêmement  gracieux.  Le  jardin  de 
Kew  a re(;u  cette  plante,  en  1861 , de  M.  Ar- 
nol  de  Colesberg. 


Pei‘isti‘0|»hc  laiic€M>taria,  ÎN'ëes.  pl.  5566. 

Cette  belle  Acanlliacée,  aussi  appelée 
Justicia  htnceohirict^  est  encore  une  con- 
quête de  M.  Parish,  qui  la  trouva  â Moul- 
mein,  et  en  envoya  des  graines  au  jardin  de 
lyew.  Les  grandes  fleurs  pourpres,  qui  ont 
1 aspect  de  celles  d’un  Justicia,  sont  dispo- 
sées en  courtes  grappes  axillaires  et  termi- 
nales. Ses  feuilles  sont  opposées,  lancéolées 
ou  oblongues-lancéolées,  longuement  acu- 
minées,  courtement  pétiolées;  la  tige  est  un 
peu  ligneuse  â sa  base. 


Batcmaiinia  giamiifloia . nEiCHEM.un 
pl.  5567.  ‘ ’ 

Cette  belle  Orchidée  fut  introduite,  il  y a 
déjà  très-longtemps,  par  M,  Linden  de  la 
Aouvelle-Grenade.  Les  fleurs  ont  quelque 
ressemblance  avec  celles  d’un  Cypripe- 
dium,  surtout  lorsqu’on  les  regarde  en  face* 
cependant  le  labelle  n’est  pas  creux  et  enflé^ 
comme  dans  les  fleurs  de  ce  genre,  mais  sou 
extrémité  est  recourbée.  C’est  une  plante  a 


KliVtK  PÜBJ4CAUUINS 

pseiidobulbes  ovales,  qui  portent  deux  gran-  j 
des  feuilles  larges,  lancéolées,  très-poin- 
tues. Les  grandes  fleurs  sont  réunies  au 
nombre  de  3 à 4 sur  la  hampe  florale  qui 
part  delà  base  d’un pseudolmlbe.  Les  sépa- 
les et  pétales  sont  verdâtres,  marqués  de 
nombreuses  lignes  longitudinales  pourpres. 


llOHTlCOHiS  ut  t’ETUANUtn, 

Le  large  labelle  blanc  est  également  garni 
de  stries  longitudinales  pourpres,  entre 
lesquelles  on  observe  des  proéminences 
longitudinales  frangées  dans  la  partie  in- 
férieure; le  labelle  olïre  une  espèce  de  col- 
lerette frangée  jaune. 

J.  Gboenlakd. 


SPIRÆA  REEWESIANA  RORUSTA. 


Le  Spirœa  Reeicesiana  rohusfa  (Spjrwa 
Becîvesiana,  spec.  nova,  Hort.)  est,  ainsi  que 
son  nom  l’indique,  issu  du  type  Sp.  Recive- 
.smnrt;mais,  hâtons-nous  de  le  dire,  l’enfant 
est  bien  préférable  â sa  mère.  Vomi  en  quoi  : 
Tout  aussi  rustique  et  aussi  tloribond,  il  est 
plus  vigoureux.  Lâ  pourtant  ne  se  borne  pas 
l’avantage  qu’il  présente  sur  le  type;  il  n’a 
pas  non  plus,  comme  celui-ci,  le  grand  incon- 
vénient de  perdre  presque  tous  les  ans  une 
bonne  partie  de  ses  fleurs  quand  viennent 
les  gelées  printanières;  il  est  beaucoup  plus 
rustique  : de  sorte  que  toujours  il  fait  un  des 
plus  beaux  ornements,  depuis  le  15  avril  en- 
viron jusque  vers  la  fin  de  mai.  .l’ajoute  en- 
core, â l’avantage  de  cette  variété,  qu’elle 
fleurit  parfois  sur  les  bourgeons  de  Tannée; 
elle  tend  donc  â devenir  remontante. 


Le  Sp.  Reeivesiana  rohmtan' est  pas  ce= 
pendant  une  plante  parfaite,  dans  toute  l’ac- 
ception du  mot;  cette  variété,  bien  que  munie 
d’organes  sexuels  en  apparence  très-bien 
conformés,  ne  donne  pas  de  graines.  Cet  in- 
convénient n’est  que  préjudiciable,  il  est  vrai, 
qn’â  ceux  qui  voudraient  obtenir  des  variétés 
â Taide  des  semis,  et  qui  sont  toujours  très- 
peu  nombreux.  PourTamateur,  au  contraire, 
c’est  un  avantage,  puisque,  la  fécondation 
n’ayant  pas  lieu,  la  floraison  en  est  prolon- 
gée. Ce  qui  est  un  mal  pour  Tun  est  un  bien 
pour  l’autre.  N’est-ce  pas  ainsi  que  se  pas- 
sent toutes  choses  ici-bas?  C’est  donc  encore 
le  cas  de  rappeler  ce  proverbe  : A quelque 
chose  malheur  est  bon. 

B.  DESPÜRTE9. 


SUR  LES  25  VARIÉTÉS  DE  FRAISIERS 

ADOPTÉES  PAR  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  D’HORTICULTURE, 


Les  25  Fraises  recommandées  par  la  So- 
ciété impériale,  ont  donné  lieu,  dans  les 
colonnes  de  la  Revue,  â une  controverse 
fort  intéressante  entre  M.  Lebœuf  et 
M.  Gloëde  sur  la  valeur  de  certaines  d’en- 
tre elles.  Mais,  en  présence  des  appréciations 
si  différentes  émises  par  Tun  et  l’autre  de 
ces  praticiens,  il  me  paraît  fort  difficile  de 
savoir  de  quel  côté  se  trouve  la  vérité,  si, 
toutefois,  ces  messieurs  ne  sont  pas  dans  le 
vrai  tous  les  deux,  suivant  les  circonstances. 
Je  crois  donc  qu’il  est  de  l’intérêt  de  tous 
que  chacun  livre  â la  publicité  les  observa- 
tions qu’il  peut  avoir  faites,  même  ne  se- 
raient-elles que  partielles  ; c’est  pourquoi 
je  me  permets  aujourd’hui  d’exprimer  l é- 
tonnement  que  m’a  causé  cette  phrase  de 
M.  Lebœuf  à propos  de  la  Fraise  Sir  ILyry  ; 
à supprimer  dans  le  nord  et  dans  le  midi  de 

la  France.  . 

J’habite  Cette,  une  localité  situee,^  on  le 
sait,  quelque  peu  dans  le  midi  de  laTrance, 
etj’y  cultive,  en  amateur,  la  Fraise  Sir  llarry; 
or,  loin  de  lui  lancer  l’anathème  comme 
M.  Lebœuf,  je  me  vois  forcé,  tout  au  con- 
traire, d’avouer  que  c’est  une  variété  par- 
faite de  forme,  de  goût  et  de  couleur,  d une 
grosseur  toujours  suffisante,  souvent  au- 


dessus  de  la  moyenne,  quelquefois  mons- 
trueuse, que  la  plante,  déjà  très-productive 
sans  arrosements  du  15  mai  au  15  juin,  re- 
monte abondamment  â partir  du  l^'*’  juillet, 
si  on  a le  soin  de  la  tenir  arrosée.  Les  fruits 
qu’elle  donne  alors  sont  presque  tous  d’une 
forme  irréprochable  et  portés  sur  des  pédon- 
cules hauts  et  robustes  qui  donnent  â la 
■plante  l’aspect  le  plus  agréable.  Quelques 
pieds,  il  est  vrai,  se  montrent  parfois  déli- 
cats, et  d’autres  meurent  épuisés  par  une 
fructification  excessive  ou  par  l’effet  du 
blanc  aux  racines;  mais,  en  revanche,  ainsi 
que  le  dit  M.  Gloëde,  la  plupart  des  coulants 
plantés  â l’automne  donnent  au  printemps 
suivant  une  récolte  aussi  remarquable  par  la 
quantité  que  par  la  beauté  du  fruit. 

Est-ce  donc  là  une  mauvaise  Fraise  a faire 
disparaître  des  cultures  ? Pour  moi,  je  la 
recommande  spécialement  dans  le  Midi. 
Quand  au  Nord,  cela  ne  me  regarde  pas; 
mais  elle  se  recommanderait  d’elle-même 
pour  le  Centre,  si  j’ajoutais  aux  miennes 
certaines  observations  faites  dans  le  dépar- 
tement de  TAllier,*  celui-là  même  où  eut 
lieu,  en  1865,  la  floraison  du  Nelumbium 
speciosum  en  pleine  eau,  floraison  un  peu 
maigre,  je  le  reconnais  avec  M.  Joannon,  de 


hl]R  LES  35  VAHIÉTES  üE  FRAISJEHS  ADUHEES  EAU  LA  SULIETE  U’tlOU'nCÜLTlKE.  397 


Lyon,  surtout  si  nous  la  comparons  à celles 
que  nous  pouvons  admirer  chaque  été  dans 
les  jardins  de  notre  région  méditerra- 
néenne. 

Comme  moi,  bien  des  personnes  igno- 
raient sans  doute  que  cette  belle  Nym- 
phéacée  lleurit  aussi  abondamment  à Lyon, 
et  je  me  félicite,  en  signalant  un  cas  nou- 
veau de  sa  floraison,  d’avoir  provoqué  la  note 
intéressante  et  utile  où  sont  consignés  les 
résultats  remarquables  obtenus  par  M.  Joan- 
nn  . L’honorable  membre  de  la  Société 
d’agriculture  du  Rhône,  me  permettra  seu- 
lement de  lui  faire  remarquer  que,  lorsqu’il 
s’agit  de  la  naturalisation  ou  seulement  de  la 
cufture  des  végétaux  étrangers,  on  s’expo- 
serait à commettre  de  graves  erreurs  sur 
les  conditions  plus  ou  moins  favorables  of- 
fertes par  les  localités,  si  l’on  se  bornait  à 
considérer  seulement  le  degré  de  latitude 
sous  lequel  elles  sont  situées.  La  conforma- 
tion physique  du  pays  et  l’orientation  des 
pentes  ont  souvent  bien  plus  d’influence 
que  la  position  géographique.  C’est  ainsi 
que  sur  les  côtes  du  Languedoc  et  même 
du  Roussillon  on  ne  peut  conserver  en 
pleine  terre  une  foule  de  végétaux  qui  ne 
meurent  jamais  de  froid  à Hyères,  à Cannes 
ou  à Nice.  Sur  certains  points  des  vallées 
des  Hautes-Alpes,  on  rencontre  des  plantes 


du  bassin  méditerranéen  dont  elles  sont 
tributaires.  Dans  les  îles  Borromée,  au  pied 
des  Alpes  du  Tyrol,  l’Olivier,  l’Oranger,  le 
Caroubier,  le  Camphrier,  etc.,  ne  souffrent 
point  du  froid,  malgré  la  latitude  relative- 
ment élevée  de  ce  point. 

Lyon  me  paraît  rentrer  à peu  près  dans 
ces  conditions,  malgré  sa  latitude  peu  difte- 
rente  de  celle  du  département  de  l’Ailier; 
par  sa  position  dans  la  vallée  du  Rhône,  il 
ne  peut  éviter  de  ressentir  l’influence  du 
climat  méditerranéen,  climat  dont  on  ren- 
contre les  indices  bien  au  delà  dans  la  val- 
lée de  la  Saône.  -Le  fait  de  la  floraison  ha- 
bituelle du  Nelumbium  speciostim,  à l^yon, 
continue  donc  à me  paraîtrebeaucoup  moins 
surprenant  que  celui  de  la  lloraison  acci- 
dentelle, peut  être,  de  cette  même  plante 
dans  le  Bourbonnais,  qui,  appartenant  au 
bassin  de  la  Loire,  se  ressent  de  l’influence 
de  l’Océan,  et  dont  la  température  est  re- 
froidie par  la  proximité  des  montagnes  de 
l’Auvergne  et  du  Morvan. 

.le  fais,  du  reste,  des  vœux  pour  que  cette 
belle  plante  se  montre  à l’avenir  assez  peu 
délicate  pour  permettre  d’en  faire  l’orne- 
ment des  eaux  dans  toutes  les  parties  de  la 
France.  ' 

N.  Doumet, 


EXPOSITION  D’HORTICÜLTERE  DE  LA  FERTÉ-SOUS-JOUARRE. 


La  Société  d’horticulture  de  Farrondisse- 
mentde  Meaux,  qui  avait  choisi  cette  année 
la  Ferté-sous-Jouarre  pour  faire  son  expo- 
sition, a obtenu  un  plein  succès,  grâce  à 
l’aide  des  amateurs  et  des  horticulteurs  qui 
sont  venus  la  secondër. 

L’exposition  était  vraiment  remarquable, 
aussi  regrettons-nous  de  ne  pouvoir  citer 
les  noms  de  tous  les  élus. 

Les  huit  médailles  d’honneur  ont  été 
ainsi  réparties  : 

Médaille  d’or  des  Darnes  patronesses,  à 
M.  Mézard,  horticnlteiir  à Deuil,  pour  un  nou- 
veau Pélargonium  : La  gloire  de  Corbéng. 

Médaille  d’or  de  son  Excellence  le  iMinisti-e 
de  ragricultui’e,  à M.  Congis,  jardinier  chez 
M.  le  vicomte  d’Avène,  à Coulominiers,  pour 
plantes  de  serre  chaude  et  légumes. 

Médaille  d’or  de  M.  le  préfet,  à M.  Fleuret, 
jardinier  au  château  de  Lagny,  pour  plantes  de 
seri’e  chaude  et  semis  de  Pétunias. 

Médaille  d’or  de  M.  le  comte  de  Jaucourt, 
député  de  Pan’ondissement,  à M.  Desprez,  jar- 
dinier chez  31.  le  duc  de  Rohan,  à Reuil,  pour 
plantes  de  serre  chaude  et  Pétunias. 

ôlédaille  d’or  de  31.  André,  député  du  Gard, 
à M.  Lesueur,  maraîcher  à Lagny,  pour  son 
beau  lot  de  légumes. 

Médaille  d’or  de  la  ville  de  la  Ferté-sous- 


Jouarre,  à 31.  Nivert(Alexandre),  horticulteur  à 
la  Ferté-sous-Jouarre,  pour  ses  magnifiques  Pé- 
largoniums. 

31édaille  de  vermeil  de  la  Société  d’horticul- 
ture de  Goulommiers,  à 31.  Laniel,  jardinier  au 
château  d’Orly  (Seine),  pour  légumes. 

31édaille  de  vermeil  de  la  Société  d’horticul- 
ture de  31elim  et  Fontainebleau,  à 31.  31achet- 
Soulas,  horticulteur  à Château-Thierry,  pour 
ses  Géraniums  zonales,  pour  Fuchsias  et  plan- 
tes de  serre  tempérées. 

Après  avoir  nommé  ceux  qui  ont  contri- 
bué au  succès  de  l’exposition,  en  y appor- 
tant leurs  produits,  il  serait  injuste  de  pas- 
ser sous  silence  les  noms  de  3131.  le  préfet 
de  Seine-et-3Iarne,  le  sous-préfet  de  3Ieaux, 
de  Jaucourt,  député  de  l’arrondissement; 
le  baron  d’Avène,  président  de  la  Société; 
le  comte  de  31ousüer,  conseiller  général; 
Thuret,  maire  et  conseiller  général;  Carro, 
secrétaire  de  la  Société;  Duffié,  maire  de 
Jouarre;  Rolland,  commissaire  central  de 
l’exposition;  Thibaut,  trésorier,  dont  le  con- 
cours généreux  ne  s’est  pas  fait  attendre. 
Quant  â 31.  Ebener,  secrétaire -adjoint,  il  a 
fait  preuve  d’une  activité  qui  ne  peut  être 
égalée  que  par  le  zèle  qu’il  apporte  toujours 
en  pareilles  circonstances. 


Quetier. 


NE  TAILLEZ  PAS  LES  AZALÉES. 


L^intéressaiit  article  que  \ieiit  de  publier 
M.  André,  dans  la  Revue  horticole  du  16  juin 
1866,  sur  l’exposition  de  Londres,  m’engage 
à faire  quelques  observations  critiques  sur 
quelques  principes  énoncés  dans  cet  ar- 
ticle. 

M.  André,  dont  je  me  plais  à reconnaitre 
le  talent  comme  horticulteur  et  comme  écri- 
vain, préconise  la  méthode  anglaise  touchant 
le  plan  général  des  expositions  horticoles.  Il 
dit  quelles  Anglais,  dans  leurs  exhibitions, 
négligent  le  plan  général  pour  reporter  tous 
leurs  soins  sur  les  plantes  elles-mêmes,  afin 
de  les  mettre  dans  des  positions  avanta- 
geuses pour  être  facilement  examinées  par 
les  amateurs,  tandis  qu’en  France,  et  en 
province  particulièrement,  nous  négligeons 
cette  partie  essentielle  pour  reporter  toute 
notre  attention  sur  l’ensemble.  M.  André 
blâme  celte  dernière  méthode  et  la  mpiie 
que  nous  avons  de  faire  de  nos  exhibitions 
de  petits  jardins  anglais  remplis  d’accidents 
de  toute  espèce,  tels  que  cascades,  rochers, 
rivières,  etc.  Tout  cela  est,  d’ailleurs,  fort 
joli,  dit-il;  mais,  selon  moi,  ces  choses  sont 
toujours  écourtées  et  s’éloignent  du  beau. 

îil.  André  a mille  fois  raison  en  engageant 
à abandonner  cette  méthode  pour  reporter 
toute  l’attention  sur  la  position  avanta- 
geuse à donner  aux  plantes. 

Cet  écrivain  a admiré  â l’exposition  de 
Londres  les  Azalées  de  Tlnde  taillées  en 
pyramides.  Il  préfère  cette  forme  à celle 
semi-sphérique  que  Ton  voit  dans  ces  plantes 
généralement  en  France.  Là,  je  ne  suis  pas 
de  son  avis.  Suivant  mes  principes,  la  règle 
du  beau  doit  être  établie  par  l’homme  d’après 
les  œuvres  du  grand  architecte  de  l’univers. 
Eh  bien  ! la  nature  n’est  pas  d’accord  avec 
le  système  préconisé.  En  effet,  les  Azalées, 
généralement  dans  l’état  naturel  ne  s’élèvent 
pas  en  pyramides;  elles  s’étendent,  au  con- 
traire, sur  le  sol  en  larges  toulfes  buisson- 
neuses. 

Si  M.  André  n’a  pas  été  dans  l’Inde,  et 


que  son  intention  fût  d’y  aller  pour  voir  les 
Azalées  dans  leur  état  naturel,  je  pourrais 
lui  éviter  les  risques  et  les  frais  de  ce  long 
voyage.  Il  n’a  qu’à  venir  à Cherbourg,  où 
nous  serions  heureux  de  le  recevoir,  et 
là,  nous  pourrions  lui  montrer  des  Azalées 
cultivées  à Tair  libre  dans  les  coulée^  de 
nos  montagnes,  et  qui,  étant  abandonnées 
aux  soins  de  la  bonne  nature,  ne  prennent 
pour  ainsi  dire  jamais  la  forme  pyramidale. 
Ces  plantes  luxuriantes  de  végétation  étalent, 
au  contraire,  sur  la  terre  de  larges  touffes 
dont  quelques-unes  ont  près  de  2 mètres  de 
diamètre,  et  nous  pourrions  présenter  des 
centaines  de  pieds  de  diverses  variétés  dans 
ces  conditions. 

Je  n’ai  pas  vu  les  Azalées  à l’état  spontané 
dans  l’Inde  ; mais,  d’après  la  végétation  natu- 
relle que  je  connais  ici  à celte  plante,  je 
crois  pouvoir  affirmer  qu’elle  ne  s’élève  pas 
ordinairement  en  pyramide.  La  nature  a 
encore  été  là  une  mère  prévoyante,  car,  pen- 
dant les  froids,  lorsque  les  gelées  de  l’hiver 
se  font  sentir,  ce  n’est  pas  le  feuillage  des 
Azalées  qui  gèle,  mais  le  bois  lui-même.  Donc 
la  nature  en  façonnant  ces  plantes  en  touffes 
serrées,  le  bois  se  trouve  naturellement  ga- 
ranti des  froids  rigoureux.  Dans  leur  pays 
natal,  dans  les  montagnes  élevées  de  l’Inde, 
il  y gèle  avec  intensité,  et  là,  connue  chez 
nous,  la  nature  a dû  déployer  la  même  pré- 
voyance. 

Je  me  crois  donc  autorisé  à dire  : Ne  tail- 
lez pas  vos  Azalées;  laissez  la  nature  façon- 
ner vos  plantes,  et  vous  serez  satisfaits. 

L’Azalée,  d’ailleurs,  est  un  arbrisseau  qui 
prend  naturellement  des  formes  gracieuses. 
Pourquoi  donc  mutiler  ces  jolies  plantes, 
soit  par  le  pincement,  soit  par  la  taille? 
Savez-vous,  d’ailleurs,  si  vous  ne  les  faites 
pas  souffrir  en  pratiquant  cette  barbare  opé- 
ration, et  si  elles  n’ont  pas  le  sentiment  de 
la  douleur?  Dans  le  doute,  abstenez-vous. 

DE  TERMSIEN. 


MULTIPLICATION  DU  NOYER. 


Dans  de  très-nombreuses  localités  du  | 
centre  de  la  France,  le  Noyer  est  tellement 
répandu  que  le  voyageur,  ne  cesse  pas  d’en 
avoir  qnelques-uns  sous  les  yeux,  ([uand  il 
n’en  a pas  des  centaines  et  même  des  niil- 
liers  à saisir  d’un  seul  coup  d’œil  (vallée  de 
Vaugues,  près  Sancerre  (Cher),  sur  le  bord 
de  nos  chemins,  de  nos  grandes  roules,  dans 
les  vignobles  et  en  plein  champ.  Mais  que 
l’on  prenne'la  moyenne  du  produit,  et  1 on 
n’arrivera  jamais  à démontrer  que  tous  ces 
arbres,  en  plein  rapport,  rendent  plus  de 


deux  doubles  décalitres  chaque  année  par 
arbre. 

De  ce  que  nos  Noyers  nous  donnent  des 
récoltes  aussi  insignifiantes,  il  s’ensuit  que 
nous  ne  nous  préoccupons  nullement  de 
leur  donner  des  soins  de  culture;  que  nous 
les  arrachons  à tort  et  à travers,  sans  prendre 
aucune  information  sur  leur  valeur  relative  de 
production.  Aussi  entend-on  souvent  ces  la- 
mentations tardives  : « Quel  dommage!  c é- 
lait  un  arbre  qui  payait  bien  sa  place.  El 
aussi  cel  autre  genre  d’exclamation  : Voici 


.MLi;m>U(;ATiOiN  di  aovei:. 


“299 


1111  arbre  séculaire  <|ui  ii’a  jamais  rien  pro- 
duit ; il  tombe  de  vétusté  et  sou  squelette 
ne  produira  pas  *:2()  i’r.  à son  jiropriétairc. 
Combien  de  litres  de  haricots  et  de  pommes 
de  terre  n’eiit-ou  pas  pu  recueillir  à cette 
place,  sinon  de  bonnes  noix,  depuis  un 
siècle  ! » 


Et  cependant,  malgré  cette  prodigieuse  in- 
différence, de  loin  en  loin  quelques  Noyers 
nous  sont  signalés  comme  très-remarquables 
par  leur  lertilité  : les  uns  rapportent  par  an 
dix  doubles  décalitres,  d’autres  jusqu’à  iO 
et  50. 


Au  milieu  de  semblaliles  circonstances,  et 
après  avoir  lu  dans  la  llerue  horlkolc  de 
1863  (page  450),  un  article  de  M.  dcMorlil- 
let,  qui  constateque  le  département  de  l’Isère 
I et  après  lui,  à son  exemple,  la  Haute-Vienne, 
le  Lot,  la  Corrèze,  la  Charente  et  la  Dor- 
dogne), a décuplé  sou  revenu  par  une  cul- 
luiT'  intelligente  du  Noyer,  en  avant  recours 
pnncipalernent  à la  greffe,  je  résolus  d’ap- 
jtorler  remède  à un  pareil  é'tat  de  choses. 

J’pisai,  sur  ces  entrefaites,  un  Noyer  à 
^égélatiou  tardive,  cité  dans  le  voisinage 
comme  produisant  régulièrement  de  belles 
et  bonnes  noix,  grâce  à son  mode  particu- 
lier de  végétation  qui  le  met  à l’abi  i des 
gelées  printanières  Sans  tenir  compte  des 
avertissements  qui  m’étaient  donnés  par 
M.  deMortillet,  qui  soutient  que  la  noix  tar- 
dive surtout  ne  se  reproduit  jamais  iden- 
tique par  le  semis,  je  commençai  parsemer 
trente  noix  de  inondit  Noyer  sero/Dm.  Hélas! 
sur  ces  trente  noix,  trente  Noyers  prirent 
bien  racine,  et  formèrent  leur  tige;  mais  un 
seul  accusa  la  lardiveté. 

Déconcerté  par  ce  résultat,  je  passai 
immédiatement  à la  greffe.  Je  me  trouvais 
par  hasard  alors  en  pépinière  95  jeunes 
Noyers  dans  un  petit  coin  de  mon  jardin  et 
je  résolus  de  les  transformer.  J’eus  recours 
pour  cela  à la  greffe  en  fente  et  à la  greffe 
en  écusson.  Cette  dernière  ne  me  réussit 
nullement,  et  cela  tient,  je  crois,  à ce  que  je 
ii’ai  pas  appliqué  ma  ligature  assez  près 
de  1 œil  modilicateur , en  dessus  connne 
en  dessous;  car,  peu  de  jours  après  l’opéra- 
lion,  l’écorce  du  sujet  s’écartait  et  l’œil 
sisolait'du  bois  auquel  je  voulais  le  faire 
adhérer.  Mais  il  me  restait,  et  me  reste 
encore,  do  mes  greffes  en  fente,  33  sujets 
translormos,  qui  ont  dans  leur  première  an- 


née de  pousse,  atteint  :2  mètres  de  hauteur 
en  moyenne,  et  qui,  aujourd’hui,  à leur  se- 
conde année  de  végétation,  me  promettent 
déjà  quelques  fruits. 

Si,  pour  mes  expériences  de  cette  année, 
je  lais  la  part  de  la  mauvaise  qualité  des 
greffons  que  je  me  suis  vu  obligé  d’employer, 
jeûnai  pas  eu  un  moins  bon  résultat:  sui- 
^0  jeunes  Noyers  d’un  seul  rana,  jVii  au- 
jourd’biu  U greffons  qui  ont  la'tige  et  la 
leuille  au  vent. 

Je  comprends  que  cette  expérimentation 
a ete  laite  sur  une  trop  petite  échelle  pour 
entraîner  après  elle  la  conviction.  Aussi  me 
suis-je  empressé  déplanter  six  cents  sujets 
que  je  grefferai  au  mois  de  mars  et  avril  pro- 
chain ; cette  année,  au  mois  de  novembre, 

J en  planterai  de  nouveau  plusieurs  milliers’ 
et  nous  verrons  avant  peu  qu’il  est  facile’ 
dans  le  centre  comme  dans  le  sud-est  de  la 
France,  de  décupler  la  récolte  de  nos  Noyers 
et  d’introduire  ainsi  chez  nous  une  nouvelle 
et  importante  source  de  richesse  agricole. 

Quoique  j aie  grand  souci  de  ne  pas  fati- 
guer mes  lecteurs,  je  ne  puis  guère  termi- 
ner ce  petit  travail  sans  faire  connaître  par 
quels  moyens  je  pense  arriver  à de  meilleurs 
résultats. 

H Je  me  suis  procuré  trois  arbres  re- 
marquables par  leur  fertilité,  et  je  les  con- 
sacre spécialement  à me  fournir  par  le 
recepage  des  rameaux  d’un  an  ou  de  deux 
ans  au  plus,  sains,  vigoureux,  bien  aoûtés  en 
un  mot. 

Je  gretferai,  provisoirement,  en  lente, 
très-près  de  terre  et  imur  ainsi  dire  sur 
racine. 

3'>  Les  parties  soumises  à l’opération  se- 
ront ligaturées  fortement  avec  du  chanvre 
puis  mastiquées.  ’ 

> Enfin,  je  mettrai  mon  greffon  à l’abri 
de  la  sécheresse  jusqu’à  la  reprise,  en  l’om- 
brageaiit,  soit  à l’aide  d’une  cloche,  soit,  de 
préférence,  avec  des  tubes  ou  cornets’ de 
papier  blanc. 

Toutes  les  fois  que  j’ai  opéré  dans  ces 
conditions,  j’ai  obtenu  un  succès  presque 
complet,  et  je  garantis  les  meilleurs  résul- 
tats à tous  ceux  qui  voudront  opérer  sans 
dédaigner  aucune  de  ces  règles  établies  par 
de  bien  plus  savants  que  moi. 

Romain  Martin. 

Membre  do  la  Sociclé  d’agrioulUirc  du  Ciicr. 


PLA^iTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PEU  CONNUES 


Tanica  saxifraga,  Scop.  — Charmanlc 
plante  gazonnante,  très-propre  à former 
des  bordures;  feuilles  linéaires,  tenues, 
d un  vert  loncé;  fleurs  nombreuses  d’un 

J,  27y  la  llcr;:e  lioKiroh, 


beau  rose.  Multiplication  par  graines.  On 
sème  celles-ci  soit  au  printemps,  soit  à 
la  lin  de  l’été;  on  repique  en  place  ou 
bien  en  pépinière.  Dans  ce  dernier  cas,  les 
plantes  doivent  être  levées  en  mottes. 

P(i/i((i:er  siiicafiiiu,  Bet.  Bout.  — Celte 


300 


PLANTES  NOUVELLES,  KÂlVES  OU  PEU  CONNUES. 


plante,  que  l’on  ne  connaît  guère  en  dehors 
des  jardins  botaniques,  est  digne,  selon 
nous,  d’entrer  dans  les  cultures  ornemen- 
tales. Elle  est  vivace,  originaire  d’Orient, 
couverte  de  toutes  parts  de  nombreux  pods 
laineux,  contournés.  Ses  fleurs,  grandes,  cà 
i pétales,  d’un  rouge-orange  pâle  tirant 
sur  le  jaune,  blanches  à la  base,  portant  un 
faisceau  d’étamines  à^filets  blancs,  surmon- 
tés d’antbères  grosses  de  ta  même  cou- 
leur, rappellent  un  peu  celles  du  Papaver 
orientale.  Ses  feuilles,  grandes,  sinuées- 
lobées,  sont  d’un  vert  très-glauque. 

Clerodendron  Thonisonæ,  Ealf.  --  Cette 
magnifique  espèce,  qui  vient  de  fleurir  d une 
manière  splendide  dans  les  serres  du 
Muséum,  est  originaire  de  l’Afrique  occi- 
dentale. C’est  une  liane  très-vigoureuse, 
très-propre  par  conséquent  à garnir  les 
murs  et  les  colonnes  des  serres  chaudes  ^ 
ses  fleurs,  qui  présentent  deux  couleurs  très- 
diflerentes  (blanc  et  rouge)  nettement  tran- 
tranchées,  sont  très-abondantes.  C’est  une 
plante  à grand  effet,  dont  la  Renie  horticole 
donnera  prochainement  une  gravure  colo- 
riée. 

Lychnis  Senno.  — Plante  vivace  nouvel- 
lement introduite  du  Japon,  assez  voisine, 
par  son  port  et  son  aspect  général,  du  TajcU- 
nis  Büngeana,  dont  elle  est  probablement 
une  forme.  Ses  fleurs  sont  grandes,  d’un 
rouge  très-foncé,  striées  de  blanc.  Il  laut  la 
culüver  en  terre  de  bruyère,  à l’ombre. 

Ophiopogon  Jaburan.  — Cette  espèce, 
qui  al’aspect  de  V Ophiopogon  spicatus,  mais 
qui  est  plus  vigoureuse,  a des  feuilles  pana- 
chées de  jaune  et  de  vert.  C’est  une  belle 
plante  à feuillage  ornemental,  originaire  du 
Japon.  Bien  qu’elle  soit  rustique,  pour  l’a- 
voir belle  sous  le  climat  de  Paris,  on  doit  la 
tenir  en  serre  froide  l’hiver.  Si  l’on  en 
essayait  en  pleine  terre,  il  faudrait  les  placer 
au  nord,  en  terre  de  bruyère,  à 1 ombre. 

Spiræa  Fonlenayüi.  — Plante  robuste, 
vigoureuse  et  très-tloril)onde.  Branches 
dressées,  à écorce  gris-rougeatre.  Feuilles 
ovales,  courtement  petiolées,  dentées  à 
partir  du  milieu,  glabres.  Fleurs  blanches, 
disposées  en  panicules  spiciformes,  com- 
pactes. 

Cette  belle  plante,  obtenue  parM.  Billiard, 
dit  la  graine,  pépiniériste  à Fontenay,  vient 
du  Spiræa  sinensis,  Hoit.,  espèce  très-voi- 
sine du  Sp.  canescens,  dont  elle  a du  reste 
un  peu  le  bois;  mais  comme  elle  se  lient 


beaucoup  mieux  et  que  son  inflorescence  est 
complètement  différente  (le  Sp.  canescens), 
fleurissant  en  ombelles  larges,  très-plates, 
nous  avons  préféré  la  distinguer  nettement 
par  un  nom  spécifique  particulier. 

Spiræa  Fontenaysii  rosea.  — Obtenue 
par  le  meme  M.  Billiard,  celle  variété  ne 
diflere  de  la  précédente  que  par  la  couleur 
de  ses  fleurs  qui  est  rose-carné. 

Spiræa  expansa  alba.  — Port  et  végéta- 
tion semblables  à ceux  du  type.  Feuilles  Ion- 
guement  ovales  ou  ovales  lancéolées,  lorte- 
ment  dentées,  à dents  couchées,  aiguës, 
tomenteuses  de  toutes  parts,  d’un  vert-gris 
en  dessus,  incanes  ou  glauques  en  dessous. 
Fleurs  nombreuses,  blanches,  disposées  en 
ombelles  larges,  plates.  Obtenue  par 
M.  Billiard,  dit  la  graine,  pépiniériste  à 
Fontenay-aux-Roses. 

Guudelia  Tournefortii,  Linn.  — Plante 
vivace  à feuillage  ornemental,  pouvant  at- 
teindre 80  centimètres  environ  de  hauteur, 
à écorce  d’un  vert  jaunâtre.  Feuilles  longues 
et  assez  larges,  pinnaliséquées,  très-épi- 
neuses sur  les  bords,  à nervures  larges,  d un 
jaune  pâle  ou  blanchâtre.  Pleine  terre. 
Multiplication  par  graine. 

Salvia  scabiosæ folia , Lam.  Cette 
vieille  plante,  â peine  connue  en  dehors  de 
quelques  jardins  botaniques,  est  vivace, 
presque  sous -ligneuse.  Elle  est  rusti([ue  et 
très-vigoureuse;  ses  fleurs  très-nombreuses, 
disposées  en  longs  épis,  sont  d’un  rose- 
carné,  plus  ou  moins  violacé.  Elles  s ep.i- 
nouissent  depuis  le  15  mai  environ  jusqu’à 
la  fin  de  juin.  Comme  elle  prend  assez 
d’extension,  il  convient  de  ne  pas  la  mettre 
trop  près  des  chemins.  On  la  multiplie  par 
graines  et  par  éclats. 

Sylibuni  viride.  — Cette  plante,  a feuil- 
lage ornemental,  est  une  variété  du  Syh- 
buniMarianum  ou  Chardon  Marie.  Fille  dc- 
naturée,  elle  menace  de  détrôner  sa  im're, 
sinon  par  sa  beauté,  du  moins  par  sa  vigueui . 
Mais  ne  devançons  pas  les  événements,  et, 
au  lieu  de  susciter  la  haine  ou  la  jalousie 
entre  la  mère  et  la  fille,  tachons  de  tout 
concilier  et  de  tirer  parti  des  deux  en  asso- 
ciant leurs  qualités.  Il  va  sans  dire  que, 
comme  le  Sylibuin  Marianum,  le  Sylibunt 
viride  Gèl  annuel. 


1,’iin  des  rioprictaircs  : Pixn».. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


(PREMIÈRE  QUINZAINE  D’AOUT). 


Communications  relatives  aux  vingt-cinq  variétés  de  Fraisiers  recommandées  par  la  Société  centrale  d’hor- 
ticulture.  - Lettre  de  M.  Delaville.  - Pétunia  Vrêmice,  de  la  Société  de  Beauvais  - 
a M.  Decaisne  par  M Balansa.  - Voyage  scientifique  de  M.  Balansa  dans  les  montagnes  de  la  Turquie 
de  lArundo  cnnspicua  au  point  de  vue  ornemental.  — Destruction  des  insectes  nui- 
sibles  — Recettes  indiquées  par  le  Dulletin  de  la  Société  d’horticulture  de  la  Dordoane  — Lerfourmis 
les  altises,  les  chenilles,  le  puceron  lanigère.  — Emploi  de  l’huile,  du  chlorure  de  diaux  du  sulfure  de 
po  asse,  du  coaltar.  — Floraison  du  Napoleona  Iludelolii  au  Muséum.  — Faits  curieux  de  vé4^ation  — 
Lettre  de  M Luizet  père.  - Transformation  d’un  Amandier  en  Pêcher.  - Anomal!^  ohservfe  S^  la 
production  fruitière  d’un  Amandier  à fleurs  doubles.  — Lettre  de  M.  Helye  sur  quelques  arbres  remar- 
quables. — Végétation  rapide  du  Bamhusa  edulis.  — Congrès  des  rosiéristes  de^Brie-Comte-Robert  — 
Exposition  de  la  SociétcMiortic^ole,  vigneronne  et  forestière  de  l’Aube.- Prochaines  expositions  horticoles 
de  Chaloi  -sur-Saone,  Nuits,  Nîmes.  — Exposition  automnale  de  la  Société  impériale  et  centrale  d’hor- 
ticulture  de  I rance.  — Expositions  des  Sociétés  d’horticulture  de  la  Sarthe  et  de  l’Ain  — Exposition 
d horticulture  au  Vesi net  — La  fête  des  fleurs  au  Pré  Catelan.  — Exposition  d’horticulture  au  Pré  Lte- 
lan.  — Mort  de  M.  Savart,  vice-president  de  la  Société  d’horticulture  de  Meaux 


Nous  avons  encore  reçu  plusieurs  lettres 
relatives  au  vingt-cinq  variétés  de  fraisiers, 
recommandées  par  la  Société  impériale  et 
centrale  d’horticulture  de  France  ; ces 
lettres  n’apportant  au  débat  aucun  argu- 
ment nouveau,  nous  ne  les  publierons  pas, 
et  nous  considérons  la  discussion  comme 
close. 

— Nous  avons  aussi  reçu  une  lettre  de 
M.  Delaville  aîné,  professeur  de  la  Société 
d’horticulture  de  Beauvais,  par  laquelle  il 
nous  fait  connaître  qu’au  jardin  de  la  So- 
ciété, on  a obtenu,  de  semis,  un  Pétunia  à 
fleurs  doubles,  qui  sera  mis  au  commerce 
sous  le  nom  de  Prémices  de  la  Société  de 
Beauvais. 

— ■ M.  Decaisne  a bien  voulu  nous  com- 
muniquer l’extrait  suivant  d’une  lettre  qu’il 
a reçue  d’un  botaniste  collecteur,  M.  Ba- 
lansa, dont  le  nom  est  déjà  connu  des  hor- 
ticulteurs par  l’introduction  qu’il  a faite,  en 
France,  d’espèces  intéressantes,  telles  que 
les  Amd/gdalus  Balansæ  et  salicifolia,  VA- 
bies  Cilüicay  le  Pinus  Fenzleyi,  etc.,  etc. 

Voici  l’extrait  de  cette  lettre  : 

Rizeh  % 22  juin.’ 

...  Je  reçois  à l’instant  votre  lettre  du  3 mai 
dernier,  dans  les  montagnes  duLaristan.  Comme 
vous  le  voyez,  j’ai  modifié  la  première  partie  de 
mon  itinéraire.  Au  lieu  de  me  diriger  directe- 
ment de  Trébizonde  vers  les  hauts  plateaux  de 
1 Arménie,  qui  sont  à 1,700  ou  1,900  mètres 
d altitude,  et  où  la  végétation  arborescente  est 
presque  nulle,  j’ai  préféré  explorer  une  haute 
chaîne  de  montagnes,  non  encore  visitées,  et 
remarquable  par  l’étendue  de  ses  forêts.  Je 
n entre  en  ce  moment  dans  aucun  détail;  mais 
vos  instructions  ne  me  quittent  pas.  Je  me 
propose,  dans  trois  mois  d’ici,  l’exploration  du 
pays  terminée,  de  vous  envoyer  un  rapport  dé- 
taillé sur  tout  ce  que  j’aurais  observé.  Malheu- 
reusement, plusieurs  de  mes  questions  resteront 
cette  année  sps  réponse....  — Le  climat  du 
Laristan  est  singulièrement  pluvieux.  Nos  her- 
borisations en  souffrent  beauco’up.  J’ai  fait  ce- 
pendant d’assez  belles  trouvailles.  Quoique  la 
végétation  de  ces  montagnes  se  rapproche  beau- 

*  Ville  de  la  Turquie  d’Asie, à 40  lieues  de  Tréhi- 
zonde. 


coup  de  celle  de  l’Europe,  on  trouve  çà  et  là 
quelques  types  magnifiques.  J’ai  l’espoir  d’avoir 
à vous  offrir  cette  année  de  belles  nouveautés 
dans  les  arbres  ou  dans  les  arbustes....  — Les 
arbres  fruitiers  abondent  à Rizeh.  On  compte  sur- 
tout quinze  à vingt  variétés  de  Poires  dont  je 
vous  préparerai  des  échantillons,  soit  en  fleurs 
soit  en  fruits.... — Le  Pinus  Fenzleyi,  dont  ma 
parlé  M.  Carrière,  n’a  été  publié  nulle  part. 
C est  M.  Kostchy  qui  a fait  cette  espèce  pour 
un  Pin  croissant  en  très-grande  abondance  dans 
le  région  supérieure  du  Taurus  de  Cilicie.  Pour 
moi,  il  doit  rentrer  dans  le  groupe  du  P.  Lari- 
cio,  qui  compte  de  nombreuses  variétés; je  l’ai 
pifljlié,  au  reste,  dans  mes  collections  de  plantes 
d Orient.  J’ai  rencontré  sur  les  côtes*  du  Laris- 
tan un  bois  de  Pins  remarquables  par  la  peti- 
tesse de  leurs  cônes.  Ne  serai-ce  pas  le  Pinus 
Abasica?  Pouvez-vous  m’envoyer  une  courte 
description  de  cette  espèce,  afin  de  savoir  à 
quoi  m’en  tenir?  Le  Pinus  Abasica  ayant  été 
déjà  introduit  en  France,  je  m’abstiendrais  de 
faire  récolter  les  graines  de  mon  espèce  incon- 
nue si  elle  devait  se  rapporter  à V Abasica... 

* Balansa. 

Nous  remercions  bien  vivement  M.  De- 
caisne de  cette  bienveillante  et  très-intéres- 
sante communication.  C’est  là  certainement 
une  bonne  nouvelle,  dont  nos  lecteurs  se 
réjouiront  comme  nous.  En  effet,  une  excur- 
sion dans  un  pays  encore  inexploré,  faite 
par  un  homme  du  métier,  qui  a l’habitude 
de  ces  sortes  de  recherches,  profitera  à tout 
le  monde.  Souhaitons  donc  bonne  chance  à 
M.  Balansa. 

— En  parlant  précédemment  de  VArundo 
conspicua  {Bevue  horticole^  1866,  p.  243), 
nous  avons  fait  une  omission  quenous  avons 
à cœur  de  réparer. 

Au  point  de  vue  ornemental,  cette  plante 
ne  vaut  pas,  à notre  avis,  une  belle  variété 
de  Gijnerium.  Mais,  outre  sa  précocité,  elle 
présente  une  particularité  digne  de  remar- 
que. 

Contrairement  aux  autres  plantes,  qui  se 
fanent  dès  qu’elles  sont  mortes,  VArundo 
conspicua  QmheWii  après  sa  mort.  Voici  com- 
ment : les  hampes,  à peu  près  semblables  à 
celles  des  Gynérium,  se  montrent,  s’épa- 
nouissent, mais  restent  toujours  raides 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  D’AOUT) 


302 

n’onl  rien  de  flexueux,  de  nébuleux  ; tandis 
nue  si  on  les  coupe  et  si  on  les  met  dans  un 
aprarteinent  sec^  les  fleurs  s’ouvrent,  de- 
viennent soyeuses,  et  aulieu  de  grises  qu  elles 
étaient,  elles  passent  p blanc  pur.  Un 
pourra  donc  en  confectionner  de  tres-jolis 
iDouquets.  Nous  croyons  même  que  lors- 
qu’on les-  coupe  en  temps  opportun,  ces 
fleurs  se  maintiennent  mieux  que  celles  des 
Gynérium. 

Nous  trouvons  dans  le  Bulletin  de  lu 

Société  d'horticultm^e  de  la  Dordogne.,  1 in- 
dication de  quelques  procédés  pour  détruire 
les  insectes.  Bien  que  nous  n’en  connais- 
sions pas  la  valeur,  nous  n’en  croyons  pas 
moins  devoir  les  indiquer,  car  les  insectes 
sont  des  ennemis  qui  tendent  à augmenter 
tous  les  jours,  et  sont  pour  la  plupart  en 
dehors  de  nos  atteintes*,  on  ne  doit  négliger 
aucun  moyen  de  s’en  débarrasser. 

Ainsi,  pour  empêcher  les  fourmis  de 
monter  sur  les  arbres,  on  prend,  dit  le  jour- 
nal en  question,  de  l’huile  à brûler  ordi- 
naire, qu’on  expose  au  soleil  pendant  trois 
bu  quatre  jours,  ce  qui  la  rend  gluante  et  lui 
donne  une  odeur  nauséabonde.  On  trace 
alors,  au  moyen  d’un  pinceau  ordinaire,  à la 
distance  de  0^.50  du  tronc,  un  cercle  de 
0^.05  de  large  autour  de  l’arbre  k préser- 
ver, et  on  répète  cela  pendant  trois  ou  qua- 
tre jours.  Ce  procédé  garantit  l arbre  pen- 
dant quatre  ans  au  moins  de  l’invasion  des 
fourmis  et  des  autres  insectes  destruc- 
teurs. , , - ^ 

Avec  un  lait  de  chlorure  de  chaux  dont 
on  asperge  les  plantes,  le  soir  ou  le  matin 
de  bonne  heure,  on  éloigne,  assure-t-on,  les 
attises,  les  chenilles,  etc.  • 

Pour  éloigner  les  chenilles  des  arbres 
fruitiers,  on  prend  une  partie  de  chlorure 
de  chaux  que  l’on  mélange  avec  une  demi- 
partie  de  saindoux,  et  l’on  en  forme  une  pâte 
que  l’on  enveloppe  dans  de  l’étoupe  et  que 
l’on  suspend  au  tronc  de  l’arbre.  Les  che- 
nilles alors  se  laissent  tomber  et  ne  cher- 
chent même  pas  à remonter. 

—En  ce  qui  concerne  \ePuceron  lanigère, 
après  avoir  essayé  une  foule  de  moyens  de 
destruction  dont  aucun  n’a  réussi  complète- 
ment, on  est  arrivé  aujourd’hui  cà  conseiller 
l’emploi  de  Peau  simple  lancée  avec  une  très- 
grande  force  sur  les  parties  attaquées.  Ce 
moyenne  peut  en  aucune  façon  être  nuisible, 
au  contraire  ; nous  n’hésitons  donc  pas  à en 
recommander  l’usage.  Nous  ajoutons  qu’on 
se  trouverait  bien  d’ajouter  à l’eau  un  peu 
' de  sulfure  de  potasse;  cette  subtance,  em- 
ployée en  très-petite  quantité,  est  non-seu- 
lement un  insecticide,  mais  un  stimulant 
pour  la  végétation.  On  peut  aussi,  au  prin- 
temps, avant  le  départ  de  toute  végétation, 
enduire  complètement  l’arbre  depuis  ses 
racines  (en  dégageant  par  conséquent  le 


collet)  jusqu’à  l’extrémité  des  branches 
charpentières,  avec  du  coaltar;  si  l’on 
répète  cette  opération  pendant  plusieurs 
années,  on  est  à peu  près  assuré  du  ré- 
sultat. 

On  voit  en  ce  moment,  en  fleur,  dans 

les  serres  du  Muséum  une  plante  très-jolie, 
rare  non-seulement  comme  espèce,  mais 
encore  comme  spécimen.  C’est  le  Napo- 
leona  Hadelotii.  Ce  spécimen,  haut  d’en- 
viron 5 mètres,  porte  de  nombreuses  fleurs 
rouge-orangé,  ayant  un  peu  la  forme  d’une 
sorte  de  cuvette  plate,  peu  profonde  rela- 
tivement à la  largeur,  à bords  frangés- 
fimbriés,  rappelant  un  peu  les  nombreuses 
tentacules  de  certaines  anémones  de  mer. 

— Un  de  nos  collègues,  M.  Luizet  père, 
arboriculteur  à Ecully,  près  Lyon  (Rhône), 
nous  signale  un  fait  de  végétation  des  plus 
curieux  ; c’est  la  transformation  partielle, 
momentanée  pourrait-on  dire,  d’un  Amandier 
en  un  Pêcher.  Yoici  comment  M.  Luizet 
raconte  le  fait  : 

((  Cet  Amandier-Pêcher,  qui  est  âgée  de  7 
ans,  est  greffé  sur  Pêcher;  il  est  de  la  grosseur 
du  bras,  bien  vigoureux.  En  1863  et  1864,  il  a 
porté  quelques  grosses  amandes.  Les  fleurs,  de 
très-grande  dimension,  ont  45  millimètres  et 
plus  de  diamètre,  elles  s’ouvrent  très-bien  et 
sont  d’un  joli  rose  clair.  Les, bourgeons,  forts, 
rouge-violacé  du  côté  du  soleil,  sont  verts  du 
côté  de  l’ombre.  Les  feuilles  sont  longues  et 
relativememt  étroites,  bien  planes,  assez  line- 
ment  dentées.  Les  glandes  sont  réniformes, 
nombreuses,  rouges  à l’automne.  Les  fruits 
sont  allongés,  plus  gros  et  plus  charnus  que 
ceux  des  autres  Amandiers;  leur  peau,  legere- 
ment  coloré  du  côté  du  soleil,  est  vert  jaunâtre 
dans  l’ombre;  elle  est  bosselée,  et  sa  surface 
est  très-courtement  duveteuse  ; la  chair,  d un 
iaune  clair,  était  immangeable,  et  1 eau  qu  elle 
contenait,  en  très-pelite  quantité,  était  complè- 
tement dépourvue  de  saveur.  Le  noyau  gros, 
allongé,  très-dur,  était  très-peu  rustique.  La 
maturation  de  ces  fruits  a eu  lieu  en  octobre. 

« En  1865,  cet  arbre  m a donné  six  P ecli  es  et 
nas  d' Amandes  ; ces  fruits,  un  peu  au-dessous 
de  la  moyenne,  à peu  près  sphériques  ou  tres- 
léf’èrement  ovales,  étaient  d un  rouge  m1  du 
côlé  frappé  par  le  soleil  ; la  chair,*  un  peu 
jaunâtre,  était  légèrement  savoureuse;  sans 
être  bonne,  elle  était  meilleure  que  celle  des 
Amandes.  On  pouvait  la  manger.  » 

Ce  fait,  assurément  des  plus  curieux,  est 
de  nature  à faire  réfléchir  sur  la  valeur  des 
formes,  et  montre  que,  dans  certains  cas, 
celles-ci  peuvent  présenter  de  notables  dit- 
férences . 

Nous  avons  été  témoin  d’un  fait  semltla- 
ble  à celui  que  nous  venons  de  rapporter. 
Ce  fait,  sur  lequel  nous  reviendrons,  s est 
produit  sur  un  Amandier  à fleurs  doubles  : 
après  nous  avoir  donné  pendant  plusieurs 
années  des  Amandes  grosses  et  longues,  a 
surface  bosselée,  à peau  verte,  courtement 
duveteuse,  à sarcocarpe  très-mince,  dehis- 


303 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  D*AOUT). 


ceni,  à chair  presque  nulle,  sans  saveur,  il 
a produit  pendant  deux  années  de  suite  des 
fruils  à peu  près  sphériques,  très-charnus, 
indéhiscents,  à chair  blanche,  épaisse,  ayant 
une  légère  saveur  de  Pêche;  l’année  sui- 
vante (Î8G5),  cet  arbre  a encore  produit  de 
très-grosses  Amandes. 

 quoi  ces  faits  si  singuliers  sont-ils  dus? 
Nous  n’essayerons  pas  de  le  dire;  nous  nous 
bornons  à les  signaler. 

— Les  lecteurs  n’ont  pas  oublié  la  note 
très-intéressante  qu’avait  bien  voulu  nous 
adresser  M.  Hautin,  relativement  à quel- 
ques Cohymhea  imbricata  très-remarqua- 
bles qui  existent  dans  les  environs  de  Brest. 
Cette  communication,  nous  en  a valu  une 
analogue  de  notre  collègue  et  collaborateur, 
M.  Helye,  chef  de  culture  au  Muséum. 
La  voici  : 

((  Mon  cher  collègue, 

«:  La  science  générale,  ainsi  que  vous  l’avez 
dit  plusieurs  fois  avec  beaucoup  de  raison,  est 
le  résultat  de  faits  particuliers  qu’on  a réunis. 
C’est  afin  de  faciliter  celle-là,  en  ce  qui  con- 
cerne les  végétaux,  que  je  vous  adresse  ces 
lignes  qui  m’ont  été  suggérées  par  les  faits  très- 
intéressants  que  vous  a communiqués  M.  Ilau- 
tin,  et  que  vous  avez  publiés  dans  votre  der- 
nière chronique.  Les  faits  que  je  vais  faire  con- 
naître, qui  se  rapportent  aux  conifères,  n’ont 
certainement  pas  l’importance  de  ceux  dont 
nous  a entretenus  M.  Hautin,  néanmoins,  ils 
présentent  aussi  un  certain  intérêt. 

((  Les  arbres  dont  je  vais  parler,  sont  plantés 
dans  la  propriélé  de  M.  Guy,  maire  de  Saint- 
P)rice-sous-Forêt  (Seine-et-Üise)  ; ce  sont  : 
t W ellingtonia  gigantea,  qui,  en  1857,  lors- 
qu’il fut  planté,  avait  0m.40  de  hauteur;  cet 
arbre,  très-beau,  a aujourd’hui  7"’. 60  de  hau- 
teur sur  de  circonférence  à \ mètre  du 

sol;  il  forme  une  pyramide  conique  tellement 
compacte  qu’il  est  tout  à fait  impossible  de  voir 
sa  tige;  1 Abies  Nordmanniana,  bien  que  jeune, 
mesure  3”. 20  de  hauteur.  Plusieurs  Plcea  mo- 
rinda,  également  très-beaux,  mesurent  près  de 
6fïi.50  de  hauteur;  1 Cedrus  Deodora,  très-vi- 
goureux, 6“. 60  de  hauteur;!  Cedrus  Deodora 
robusta,  a 2“’.70.  Il  existe  aussi,  dans  la  même 
propriété,  un  certain  nombre  de  Pinus  excelsa 
qui  poussent  avec  vigueur,  et  qui  sont  d’une 
beauté  vraiment  remarquable. 

« Ces  quelques  conifères  ne  sont  pas  les  seuls 
’ qui  sont  plantés  chez  M.  Guy,  mais  ce  sont  les 
plus  forts  et  les  plus  beaux;  ce  sont  aussi  ceux 
dont  on  peut  recommander  la  plantation. 

4 D.  Hélye.  » 

Les  communications  de  cetle  nature  sont 
des  plus  intéressantes,  et  si  nos  lecteurs  vou- 
laient bien,  chacun  de  leur  côté,  en  faire 
de  semblables,  en  très-peu  de  temps  on  con- 
naîtrait le  bilan  des  arbres  remarquables 
qui  existent  en  France.  Déjà  M.  de  Terni- 
sien  nous  a transmis  un  article  fort  ins- 
tructif sur  quelques  conifères  remarqua- 
bles, cultivés  à Cherbourg.  On  trouvera 
plus  loin  cet  article  (p.  314). 


— Dans  notre  chronique  du  Ici"  juillet 
dernier,  page  243,  nous  avons  parlé  d’un  fait 
de  végétation  extrêmement  rapide  du  Ban- 
busa  viridi-glaucesceus,  au  Muséum;  au- 
jourd’hui nous  allons  faire  connaître  un  fait 
de  même  nature  qui  se  montre  en  ce  moment 
au  fleuriste  de  la  Ville  de  Paris  sur  le  Bmi- 
busaedulis.  Cette  espèce,  — dont  nous  indi- 
querons les  caractères  dans  l’énumération 
des  plantes  nouvelles  ou  rares,  — plantée 
depuis  deux  ans  seulement  en  pleine  terre, 
vient  de  développer  trois  forts  bourgeons, 
dontl’un,  dans  l’espace  d’environ  trois  semai- 
nes, a acquis  une  hauteur  de  4 mètres  sur 
presque  3 centimètres  de  diamètre.  Notons 
qu’il  n’a  pas  atteint  toutes  les  dimensions 
qu’il  est  susceptible  d’acquérir.  C’est  très- 
probablement  l’espèce  qui  est  appelée  à 
rendre  le  plus  de  services  sous  le  climat  ^ 
de  Paris.  Nous  y reviendrons. 

— Décidément  le  vent  est  aux  congrès. 
Aujourd’hui,  il  y a des  congrès  politique, 
diplomatique,  harmonique,  philarmonique, 
pomologiques,  etc.  etc.  D y a aussi  des  con- 
grès scientifiques  de  toutes  natures,  et  tout 
récemment,  ainsi  que  nous  l’avons  dit  dans 
notre  dernière  chronique,  on  vient  de  for- 
mer un  congrès  des  rosiéristes.  Celui-ci, 
encore  à l’état  naissant,  ira-t-il  bien  loin  ? 
Nous  n’oserions  l’assurer;  néanmoins,  nous 
lui  souhaitons  bonne  chance.  Quoi  qu’il  en 
soit,  voici  comment  il  est  composé  : 

Président  d'honneur:  M.  le  Préfet- de 
Seine-et-Marne. 

Vice~présidenl  dlwnneur:  M.  Belin,  mem- 
bre du  conseil  général,  maire  de  Brie. 

Président  titulaire  du  congrès  : M.  Ca- 
mille Bernardin,  président  de  la  Société 
des  Bosiéristes  de  Brie-Comte-Bobert. 

Vice-présidents  : M.  Cochet,  rosiériste  à 
Suisnes,  près  Brie;  M.  Eugène  Verdier,  ro- 
siériste à Paris. 

Secrétaire  générât  : M.  Eugène  Dela- 
marre,  de  Coulommiers. 

Secrétaires  : M.  Levêque,  rosiériste  à Pa- 
ris; M.  Dubois  rosiériste  à Brie. 

Trésorier:  M.  Gautreau,  rosiériste  à Brie. 

Membres  du  Conseil  : MM.  Cochet- Aubin, 
rosiériste  à Grisy -Suisnes;  Granger,  rosié- 
riste à Suisnes;  Charles  Verdier,  rosiériste 
à Paris;  Margottin  père,  rosiériste  à Bourg- 
la-Beine. 

— Dans  notre  dernière  chronique,  nous 
avons  annoncé  qu’une  grande  exposition  de 
la  Société  horticole-,  vigneronne  et  forestière 
aurait  lieu  au  mois  de  septembre  à Troyes. 

Aujourd’hui,  d’après  de  nouvelles  dispo- 
sitions, le  jour  de  l’ouverture  est  changé. 
Voici,  à ce  sujet,  la  lettre  que  nous  adresse 
notre  collègue  et  collaborateur,  M.  Charles 
Baltet  : 

« L’exposition  générale  de  la  Société  hor- 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  D’AOUT). 


ticole,  vigneronne  et  forestière  à Troyes,  est 
devancée  de  huit  jours.  Elle  aura  lieu  du  26 
août  au  4 septembre,  de  sorte  qu’elle  ouvrira 
le  jour  des  courses  de  chevaux  et  finira  le  len- 
demain de  la  Saint-Fiacre. 

Elle  admettra  de  tous  les  pays,  les  produits 
horticoles,  viticoles  et  sylvicoles;  les  oiseaux  de 
basse-cour  et  de  luxe  ; l’apiculture,  la  séricicul- 
ture, la  pisciculture,  les  accessoires  de  chasse 
et  de  pêche,  les  objets  d’art  ou  d’industrie 
agronomique,  etc. 

Les  exposants  enverront  leur  déclaration 
avant  le  15  août,  à M.  Argence,  maire  de 
Troyes,  président  de  la  Société,  et  les  objets 
seront  adressés  à M.  Dosseur,  commissaire-gé- 
néral du  concours,  dans  la  Vallée-Suisse,  à 
Troyes,  avant  le  25  août. 

— Une  exposition  d’horticulture  aura 
lieu  à Chalon-sur-Saône,  à partir  du  29  août 
jusqu’au  2 septembre  inclusivement. 

Pour  cette  exposition,  29  concours  sont 
ouverts,  dont  23  se  rapportent  directement 
à l’horticulture,  les  autres  s’y  rattachent 
plus  ou  moins  directement. 

Les  objets  exposés  ne  seront  reçus  que 
les  27  et  28  août  de  7 heures  du  matin  à 
6 heures  soir,  et,  pour  les  fleurs  coupées, 
seulement  le  29,  de  7 à 9 heures  du  matin. 
Il  est  un  article  du  règlement  qui  nous  pa- 
raît devoir  donner  de  bons  résultats,  c’est 
l’article  13,  ainsi  conçu  : « Les  exposants 
sont  invités  à placer  sur  chaque  objet,  en 
chiffres  connus,  le  prix  de  vente.  » Si  cet 
article  est  honnêtement  et  rigoureuse- 
ment exécuté,  les  visiteurs  de  l’exposi- 
sition  auront  des  renseignements  exacts 
sur  la  valeur  des  lots  exposés,  et  pourront 
faire  leurs  achats  en  connaissance  de  cause. 

— Après  l’exposition  de  Chalon-sur- 
Saône,  se  présente  celle  de  l’arrondissement 
de  Beaune,  qui  se  tiendra  à Nuits  (CôtQ- 
d’Or),  à partir  du  samedi  15  jusqu’au  lundi 
17  septembre. 

Cette  exposition  comprend  21  concours, 
dont  20  se  rapportent  directement  à l’horti- 
culture; le  21e  embrasse  tout  ce  qui  est  re- 
latif aux  arts  ou  à l’industrie  horticole. 

— Du  13  au  16  septembre  1866,  aura  lieu 
à Nîmes  une  exposition  d’horticulture.  Cette 
exposition,  qui  se  tiendra  dans  l’enceinte  de 
la  Fontaine,  comprendra,  indépendamment 
des  fleurs,  plantes  et  fruits,  tous  les  objets 
d’art  ou  d’industrie  qui  se  rattachent  à l’hor- 
ticulture et  à la  botanique.  Tous  ceux  qui  dé- 
sirent exposer  devront  remettre  au  secré- 
tariat de  la  mairie  de  Nîmes,  avant  le  5 sep- 
tembre, un  état  indiquant  leur  nom,  leur 
domicile,  la  liste  des  objets  qu’ils  veulent 
exposer,  ainsi  que  les  concours  auxquels  ils 
désirent  prendre  part.  Les  objets  exposés 
devront  être  rendus  dans  le  local  de  l’expo- 
sition le  11  septembre,  excepté  pour  les 
fleurs  coupées,  qui  pourront  n’être  apportées 
que  le  jour  même  avant  sept  heures  du 
matin. 


La  Société  impériale  et  centrale  d’hor- 
ticulture de  France  fera  sa  prochaine  expo- 
sition automnale  dans  son  hôtel,  rue  de 
Grenelle-Saint-Germain,  84,  à partir  du  29 
septembre  jusqu’au  3 octobre  1866  inclu- 
sivement. Tous  les  horticulteurs  et  ama- 
teurs français  et  étrangers  sont  invités  à y 
prendre  part. 

^ Le  règlement  de  cette  exposition  ne  dif- 
fère pas  sensiblement  des  autres  règlements 
adoptés  en  pareil  circonstance. 

Nous  appellerons  seulement  l’attention 
sur  l’article  5,  qui  est  ainsi  conçu  : « Tous 
les  objets  admis  à l’exposition  devront  être 
à l’avance  étiquetés  correctement  et  lisible- 
ment. » — Jusqu’à  présent,  cette  condition, 
qui  est  presque  toujours  stipulée  dans  les 
programmes,  n’est  jamais  remplie.  G’était 
lettre  morte!  Ensera-il  autrement  à la  pro- 
chaine exposition?  Nous  nous  promettons 
de  le  dire. 

— Les  5,  6 et  7 octobre  1866,  aura  lieu, 
au  Mans,  la  15®  exposition  de  la  Société 
d’horticulture  de  la  Sarthe. 

— La  Société  d’horticulture  pratique  de 
Bourg,  dont  nous  avons  dit  quelques  mots 
dans  notre  numéro  du  16  juillet,  page  262, 
fera  sa  13e  exposition  à partir  du  samedi 
jusqu’au  lundi  17  septembre  inclusivement. 
Tous  ceux  qui  voudront  exposer,  devront 
écrire  franco  au  secrétaire  de  la  Société,  à 
Bourg-en-Bresse,  avant  le  20  août.  — Les 
objets  destinés  à l’exposition  seront  reçus  à 
partir  du  jeudi  13  septembre  jusqu’au 
samedi  15,  à dix  heures  du  matin,  sous  peine 
de  ne  pouvoir  concourir.  On  ne  pourra  expo- 
ser que  des  produits  qu’on  a cultivés  soi- 
même  depuis  deux  mois  au  moins.  Si  ce 
sont  des  outils  ou  des  instruments  hortico- 
les, ils  devront  avoir  été  fabriqués,  inventés 
ou  au  moins  perfectionnés  par  l’exposant. 

Un  concours  particulier  est  ouvert  entre 
les  instituteurs  de  l’arrondissement  de  Tré- 
voux. Une  somme  de  100  francs  et  des 
médailles  sont  mises  à la  disposition  du  jury 
pour  être  réparties  entre  les  instituteurs 
dont  les  jardins  seront  les  plus  remarqua- 
bles par  leur  culture  et  leur  bonne  tenue. 

— Les  26,  27  et  28  août  1866,  aura  lieu 
au  Vésinet  une  exposition  d’horticulture. 
Les  objets  destinés  à l’exposition  devront 
être  rendus  au  frais  de  l’exposant,  à la  tente 
dressée  à cet  effet,  sur  une  des  pelouses,  en 
face  la  gare  du  chemin  de  fer,  le  vendredi 
avant  6 heures  du  soir.  Tous  ceux  qui  vou- 
dront exposer  devront  en  faire  la  demande 
à M.  Emile  Gappe,  secrétaire  général  de  la 
Société  d’horticulture  de  Saint-Germain,  8, 
rue  de  l’Eglise,  au  Vésinet,  avant  le  23  août, 
terme  de  rigueur.  33  concours  sont  ouverts, 
ainsi  répartis  : deux  pour  la  culture  maré- 
chaîre,  huit  pour  la  culture  fruitière,  seize 
pour  les  plantes  d’agrément;  les  sept  autres 


305 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  D’AOUT). 


concours  sont  spéciaux  pour  leVésinet,  soit 
pour  les  jardiniers,  soit  pour  les  amateurs. 
Une  commission  spéciale  stalura  sur  ces 
sept  concours. 

— La  fête  des  fleurs,  organisée  depuis 
quelques  années  à l’occasion  de  la  Saint- 
Fiacre,  et  qui  se  tient  au  Pré-Catelan  (Bois 
de  Boulogne),  joindra  cette  année,  aux  di- 
vertissements habituels,  une  exposition 
d’horticulture  qui  commencera  le  jeudi  30 
août  pour  finir  le  dimanche  soir  2 septem- 
bre. Les  demandes  des  exposants  devront 
être  faites  avant  le  25  août,  et  être  adres- 
sées àM.  le  secrétaire  de  l’exposition,  141, 
rue  de  la  Tour,  à Passy-Paris.  Les  produits 
seront  reçus  jusqu’au  jeudi  30  août,  à 9 
heures  du  matin,  terme  de  rigueur.  Cette 
exposition  comprendra  trente  concours  pour 


lesquels  seront  affectés  des  médailles  d’or, 
d’argent,  de  vermeil,  de  bronze,  ainsi  que 
divers  autres  objets  qui  seront  donnés 
comme  récompenses. 

— La  Société  d’horticulture  de  Meaux 
vient  de  perdre  un  de  ses  membres,  M.  Sa- 
vart,  architecte,  vice-président  honoraire 
de  la  société,  dont  il  était  l’un  des  fonda- 
teurs. Amateur  éclairé  de  jardinage,  doué 
d’un  grand  esprit,  homme  d’énergie  et  de 
dévouement,  on  le  trouvait  toujours  prêt  à 
payer  de  sa  personne.  Non-seulement  la 
Société  d’horticulture  de  Meaux,  dont  il  était 
l’un  des  soutiens,  mais  tous  ceux  qui  l’ont 
connu,  perdent  en  lui  un  bon  conseiller  et 
un  véritable  ami. 

E.  A.  Carrière. 


ERYTRINA  CRISTA  GALLE 


Cette  plante  se  cultive  en  orangerie  dans 
presque  toute  la  France,  mais,  dans  ces 
conditions,  il  est  difficile  d’obtenir  tout  le 
développement  dont  elle  est  susceptible. 

Pour  arriver  à un  bon  résultat,  il  suffira 
d’employer  le  procédé  suivant,  qui  nous  a 
toujours  réussi  : on  met  la  plante  en  pleine 
terre  dans  un  endroit  bien  exposé  au  soleil, 
et  l’on  choisit  un  terrain  sain  et  parfai- 
tement drainé  pour  que  l’humidité  ne 
vienne  pas,  en  hiver,  faire  pourrir  les  ra- 
cines. Au  commencement  du  mois  de  no- 
vembre, lorsque  les  gelées  sont  à craindre, 
on  coupe  les  tiges  ras  de  terre,  et  l’on 
recouvre  la  souche  d’une  cloche  à melon. 
Cela  fait,  on  entoure  chaque  cloche  de 
sable,  en  ayant  soin  toutefois  de  laisser  à 
découvert  la  partie  supérieure. 

En  décembre,  janvier  et  février,,  quand 
les  gelées  sont  très-fortes,  on  recouvre  en- 
tièrement chaque  cloche  d’une  brouettée  de 
fumier  de  cheval;  seulement,  si  le  temps 
le  permet,  si  le  soleil  se  montre,  on  doit 
ôter  le  fumier  qui  occupe  le  sommet 
^ de  la  butte  pour  permettre  à la  lumière  de 
parvenir  jusqu’à  la  plante.  En  mars,  on 
enlève  le  fumier  pour  ne  plus  laisser  que 
le  sable  ; puis,  à la  fin  d’avril  ou  au  com- 


mencement de  mai,  dès  que  les  chaleurs 
arrivent  et  qu’on  voit  à travers  la  cloche 
les  jeunes  bourgeons  se  développer,  on 
enlève  le  dernier  abri,  laissant  la  plante 
entièrement  libre.  Les  tiges  poussent  aus- 
sitôt avec  vigueur,  et  atteignent  quelquefois 
plus  de  2 mètres.  Au  bout  de  5 ou  6 ans 
de  ce  cette  culture  en  pleine  terre,  chaque 
touffe  peut  facilement  donner  de  25  à 30 
tiges,  longues,  en  moyenne,  de  1^.50  à 
2™. 25,  et  portant  chacune  40  à 60  fleurs 
sur  une  longueur  de  15  à 25  centimètres.  On 
peut  ainsi,  tout  en  restant  quelquefois  au- 
dessous  de  la  réalité,  estimer  à 12  ou  1,500 
le  nombre  des  fleurs,  et  la  floraison  dure 
pendant  les  mois  de  juillet  et  d’août.  Peu 
de  plantes  produisent  dans  les  jardins 
autant  d’effet  que  l’Erythrina  bien  cultivé, 
et,  pour  l’obtenir  tel,  il  n’y  a pas,  comme 
on  le  voit,  de  grands  sacrifices  à faire.  On 
peut  encore  arriver  à un  plus  ample  déve- 
loppement de  cette  plante  en  tapissant,  en 
été,  le  sol  d’une  bonne  couche  de  fumier  et 
en  arrosant  le  tout;  c’est  ainsi  qu’aujour- 
d’hui  nous  possédons  une  douzaine  d'Ery- 
thrina  crista  Galli  du  plus  charmant  effet. 

André  Leroy. 


UNE  VIEILLE  PLANTE  PROPRE  A FORMER  DE  BEAUX  GAZONS. 


Cette  plante,  tout  le  monde  a pu  la  re- 
marquer; à cause  de  la  découpure  de  ses 
feuilles, elle  est  connue  de  tout  temps  sous 
le  nom  de  mille-feuilles  (Achillea  millefo- 
lium,  Linn.) 

Peu  de  plantes  sont  aussi  élégantes,  et, 
de  plus,  sont  aussi  rustiques.  En  effet,  si  elle 
s’accommode  de  tous  les  terrains,  quelque 
humides  qu’ils  soient,  elle  s’accommode 


également  bien  des  plus  secs.  Elle  est  très- 
jolie,  gazonnante  à l’excès;  de  plus,  elle 
supporte  très-bien  la  tonte  et  constitue  des 
gazons  d’une  légèreté  et  d’une  beauté  dont 
aucun  de  nos  gazons  ne  fournit  d’exemple. 
Elle  est  aussi  très-vivace,  et  on  peut  la  mul- 
tiplier par  la  division  des  souches  et  par 
graines,  en  un  mot,  elle  réunit  toutes  les 
qualités  qu’on  peut  désirer.  Il  est  vrai 


306  UNE  VIEILLE  PLANTE  PROPRE 

qu’elle  n’a  pas  eu  le  bonheur  d’avoir  pour 
berceau  la  Chine  ou  tout  autre  pays  éloi- 
gné. Non,  elle  croît  partout,  le  long  des  che- 
mins, à nos  portes,  etc.  D’où  vient  donc 
que,  jusqu’ici,  on  n’en  a pas  encore  tiré  parti? 
Probablement  parce  qu’on  n’y  a pas  songé. 

Cet  articlesul’fira-t-il  pour  appeler  l’atten- 
tion sur  VAchillea  millefoliwn  et  le  faire 
employer  à constituer  des  gazons,  auxquels, 
par  sa  nature,  il  paraît  si  merveilleusement 
approprié?  Je  le  désire,  moins  pour  la 


A FORMER  DE  BEAUX  GAZONS. 

plante  qui  peut  très-bien  se  passer  de  ce 
privilège,  que  pour  nous,  qui  avons  tout  à y 
gagner  ! 

^ S’il  m’était  permis  de  prédire  l’avenir,  je 
ne  craindrais  pas  d’affirmer  que  VAchiUea 
millefolium  aura  le  sort  du  Lierre,  et  que, 
bientôt  peut-être,  il  aura  remplacé  le  fameux 
Ray-grasSj  considéré  pendant  si  longtemps 
comme  le  roi  des  gazons. 

E.  Lebas. 


DU  REMPOTAGE 

Y a-t-il  une  époque  déterminée  pour  exé- 
cuter le  rempotage?  Pour  bien  se  rendre 
compte  de  cette  opération,  il  faut  se  rappe- 
ler deux  choses  : Qu’un  végétal  vivant  est 

un  être  qui  consomme,  qui  absorbe,  et  qui, 
par  conséquent,  a besoin  de  trouver,  sous 
une  forme  particulière,  les  matières  propres 
à réparer  ses  pertes;  que  le  végétal, 
considéré  comme  être  vivant,  peut  souffrir 
s’il  subit  de  mauvais  traitements,  ou^  des 
traitements  faits  inopportunément,  ou  bien 
encore  si  on  lui  donne  des  matières  qui  ne 
sont  pas  en  rapport  avec  sa  nature.  En  rai- 
son même  de  la  souffrance,  le  naal,  qui  est 
plus  ou  moins  grand,  se  traduit  à l’exté- 
rieur sur  la  végétation,  soit  en  la  rendant 
plus  chétive,  soit  en  donnant  aux  organes 
foliacés  (pousses  et  surtout  feuilles),  une 
couleur  pâle,  plus  ou  moins  cblorosée. 

Dans  le  développement  annuel  des  plan- 
tes, on  peut  distinguer  deux  époques  : l une 
d’activité,  l’autre  de  repos.  Ces  époques, 
très-distinctes  et  faciles  à saisir  chez  les 
plantes  à feuilles  caduques,  sont  parfois  au 
contraire  difficiles  à apprécier  cliez  les  vé- 
gétaux à feuilles  persistantes. 

Quelle  que  soit  la  cause  qui  détermine  le 
repos  des  plantes  et  amène  la  chute  des 
feuilles,  on  peut  la  considérer  comme  due 
à un  état  de  malaise,  jusqu’à  un  certain 
point  analogue  à la  mue  chez  les  animaux. 
Or,  le  rempotage  des  plantes  devant  tou- 
jours fatiguer  celles-ci,  ce  n’est  pas  quand 
elles  souffrent  déjà  qu’il  faut  le  pratiquer. 
On  voit  donc  que  ce  n’est  pas  lorsque  les 
plantes  sont  en  repos  ou  qu’elles  vont  y 
entrer,  qu’il  faut  les  remporter;  c est  au 
contraire  lorsqu’elles  arrivent  à leur  période 
de  développement.  Il  pourra  y avoir  des 
exceptions,  mais,  quelles  qu’elles  soient, 
elles  ne  détruisent  pas  la  règle. 

D’un  autre  côté,  chaque  plante  ayant, 
pour  ainsi  dire,  son  tempérament  et  son 

FAGUS  CÂ 

Le  Fagus  Caroliniana  est-il  une  espèce, 
et,  dans  le  cas  négatif,  quel  est-il?  Telle  est 
la  question  que  nous  posons,  question  que 


DES  PLANTES. 

mode  de  végétation  particulier,  il  s’ensuit 
que  l’on  doit  les  surveiller  et  les  observer 
afin  de  leur  donner  tous  les  soins  qu’elles 
réclament.  C’est  là  ce  qui  explique  les 
difficultés  qu’on  éprouve  lorsqu’on  cul- 
tive une  nombreuse  collection  d’espèces 
très-variées,  et  la  facilité  au  contraire  des 
cultures  spéciales.  Représentons-nous  une 
serre  quelconque,  chaude  ou  froide,  d’un 
grand  établissement,'  comme  celui  du  Mu- 
séum, par  exemple,  renfermant  des  plan- 
tes de  tous  les  pays  , de  tous  les  cli- 
mats presque , qui  croissent  aussi  dans 
des  conditions  très-différentes,  les  unes  vi- 
goureuses, les  autres  délicates;  celles-ci  à 
feuilles  caduques,  celles-là  à feuilles  per- 
sistantes, etc.  Toutes  ces  plantes  entrant  en 
végétation  à des  époques  très-différentes, 
il  "faudra  donc  les  rempoter  à des  époques 
aussi  très-diverses.  Supposons,  au  contraire, 
une  serre  occupée  par  un  seul  genre  de 
plantes,  soit  Cduiélid-,  Azalées,  Peldvgo- 
niiim,  etc.,  etc.,  dans  ce  cas,  toutes  de- 
mandant les  mêmes  soins,  rien  n est  plus 
facile  que  de  les  leur  donner.  Ceci,^  nous  le 
répétons,  explique  la  supériorité  qu  ont  tou- 
jours les  spécialistes  quand  on  les  compare 
à ceux  qui  font  des  généralités. 

Mais  comme  le  rempotage  a pour  but  de 
'donner  à la  plante  la  nourriture  dont  elle  a 
besoin  ; et,  comme  la  faim  n a pas  d epoque, 
il  s’ensuit  encore  qu’il  est  impossible  de 
bien  fixer  le  moment  ou  1 on  doit  pratiquer 
cette  opération.  Maintenant,  on  comprendra 
facilement  que  le  rempotage  qui  se  fait  à des 
époques  toujours  fixes,  comme  cela  se  pra- 
tique encore  dans  certains  établissements, 
est  dû  à une  ancienne  habitude,  à la  rou- 
tine séculaire  et  à la  profonde  ignorance 
des  notions  les  plus  élémentaires  de  la 
physiologie  végétale.  Dans  un  prochain 
article,  nous  traiterons  des  arrosages. 

Thibaet. 


nous  laisserons  résoudre  à nos  lecteurs 
après  leur  avoir  exposé  les  faits. 

Mais,  avant  d’aborder  ce  sujet,  quelques 


FAGUS  CAROLINIANA. 


détails  préliminaires  nous  paraissent  néces- 
saires. Disons  d’abord  que  le  Fagus  Caro- 
liniana  est  un  arbre  en  général  délicat,  qui 
nous  paraît  devoir  rester  beaucoup  plus 
faible  que  le  Hêtre  commun  {Fagus  syl- 
vatica)\  ses  rameaux,  en  général  courts, 
sont  gros,  couverts  d’une  écorce  d’un  vert- 
gris,  marquée  de  lenticelles  ou  points  blancs; 

ses  feuilles  sont  très-longuementet  régulière- 
ment elliptiques,  acuminées,  aiguës  au  som- 
met, très-régulièrement  et  fortement  ner- 
vées  comme  celles  du  Chàtaigner  commun, 
auxquelles,  du  reste,  elles  ressemblent  assez 
sous  tous  les  rapports,  ce  qui  a valu  à 
cette  plante  la  qualification  de  castanxfolia. 
Ajoutons  que  ces  feuilles,  d’un  vert  roux, 
sont  très-douces  au  toucher  en  dessous, 
grâce  au  duvet  très-court  et  serré-feutré  qui 
les  recouvre.  Mais,  avant  tout,  nous  ferons 
observer  qu’aucune  partie  d’un  végétal 
ne  pouvant  être  exactement  semblable  à une 
autre,  et,  possédant  au  contraire  des  pro- 
priétés particulières,  on  pourra  parfois  ob- 
tenir soit  par  boutures,  soit  par  la  greffe, 
des  individus  présentant  des  caractères  dif- 
férents de  celui  dont  ils  proviennent,  surtout 
si  l’on  réfléchit  que  chaque  œil,  chaque  bour- 
geon peut  être  consi  léré  comme  un  végé- 
tal qui  a ses  caractères  propres. 

Tout  ceci  est  d’une  vérité  rigoureuse,  et 
si  l’on  a rarement  l’occasion  de  le  constater, 
c’est  que  nos  moyens  d’appréciation  sont 

DE  LA  VALELR 

DANS  LES  CONES  DES 

Si  l’on  examine  chez  les  végétaux  les  di- 
mensions, les  formes,  les  couleurs,  les  po- 
sitions, la  nature  des  organes,  etc.,  on 
reconnaît  toujours,  entre  les  points  qu’on 
considère  comme  les  extrêmes  des  séries, 
une  quantité  plus  ou  moins  grande  d’inter- 
médiaires qui  les  relient  en  les  confon- 
dant. 

En  faisant  l’application  de  ces  principes 
aux  diverses  espèces  de  Sapins  on  verra 
qu’ils  sont  d’une  vérité  rigoureuse,  et  que 
les  caractères  qui  distinguent  les  séries  re- 
gardés jusqu’ici  comme  absolus,  bien 
qu’ils  soient  très-accentués  et  très-sensibles 
lorsqu’on  les  considère  dans  leurs  points 
extrêmes , s’affaiblissent  et  disparaissent 
même  lorsque,  en  poussant  un  peu  l’expé- 
rience, on  se  rend  compte  des  résultats. 

Pour  le  démontrer,  prenons  deux  plantes 
regardées  non-seulement  comme  spécifique- 
ment distinctes,  mais  appartenant  même  à 
des  sections  diverses  : VAbies  balsamea  et 
VAbies  fraseri.  Le  premier  a les  bractées  in- 
cluses,  le  deuxième  les  a saillantes.  Si  l’on 
sème  des  graines  de  l’une  et  de  l’autre  on 
pourra,  dans  l’un  comme  dans  l’autre  cas. 


insuffisants,  car  les  faits  existent.  Quelque- 
fois pourtant  les  faits  deviennent  patents,  et 
il  arrive  alors  qu’un  œil  donne  un  bourgeon 
qui  présente  des  caractères  tout  autres  que 
l’individu  dont  il  provient,  soit  par  ses 
fleurs,  soit  par  ses  feuilles,  par  ses  fruits,  etc. 
C’est  ce  qu’on  nomme  un  accident.  Ce  fait, 
que  nous  considérons  comme  une  rare 
exception,  est  cependant  assez  commun; 
ce  qui  est  exceptionnel  pour  nous,  c’est  sa 
manifestation  aussi  brusque,  et  avec  des 
caractères  si  fortement  accusés. 

On  ne  saurait  jamais  trop  se  pénétrer  de 
ces  principes  qui  sont  rigoureusement  vrais. 
C’est  pour  les  avoir  ignorés  ou  n’en  avoir 
tenu  aucun  compte  qu’on  est  souvent  étonné 
de  certains  faits,  qui  pourtant  n’ont  rien  que 
de  naturel.  Ce  sont  eux  qui  sont  cause  de 
certaines  formes  qu’on  rencontre  souvent  et 
dont  on  ne  peut  alors  comprendre  l’origine. 

Mais,  revenons  au  Hêtre  dit  de  la  Caroline 
ou  à feuilles  de  Châtaignier,  et  si  nous  de- 
mandions à nos  lecteurs  quelle  est  la  valeur 
spécifique  de  cet  arbre  qui  parfois  émet  des 
rameaux  du  Hêtre  commun,  ils  n’hésite- 
raient peut-être  pas  à répondre  que  c'est^  un 
accident  du  Hêtre  commun,  et  ils  auraient 
raison.  Bien  des  fois  nous  en  avons  eu  des 
exemples,  et  celte  année  comme  l’année  pré- 
cédente, nous  l’avons  observé  de  nouveau 
dans  les  pépinières  impériales,  à Trianon- 
Yersailles.  Briot. 

DES  BRACTÉES 

/ÉGÉTAUX  CONIFÈRES. 

obtenir  des  plantes  qui  auront  des  carac- 
tères opposés  à ceux  de  leurs  parents.  Par 
exemple  des  graines  de  l’espèce  à bractées 
incluses,  on  pourra  obtenir  des  plantes  à 
bractées  plus  ou  moins  saillantes;  de  même 
qu’en  semant  des  graines  de  l’espèce  à brac- 
tées saillantes,^  on  pourrait  obtenir  des 
plantes  à bractées  incluses. 

On  nous  objectera  peut-être  que  les  Abies 
balsamea  et  fraseri  ne  sont  pas  des  espèces, 
mais  seulement  des  formes  d’un  même 
type,  etc.  Soit,  mais  l’expérience  n’en  dé- 
montre pas  moins  cette  vérité,  que  de  l’un 
peut  sortir  l’autre,  et  vice  versa,  et  que, 
d’après  notre  classement,  nous  sommes  con- 
duits à éloigner  l’enfant  de  sa  mère!... 

Cependant  ce  n’est  pas  tout  d’avoir  dit  que 
l’un  est  une  forme  de  l’autre;  il  se  présente 
cette  autre  difficulté  : Lequel  des  deux  est 
le  type?  Cette  question  est  secondaire  heu- 
reusement, car  elle  est  insoluble  ! 

Si,  en  poursuivant  l’expérience,  onsuppose 
que  la  plante  à bractées  saillantes  est  le  type, 
il  faut  admettre  que  VAbies  fraseri  en  est  une 
variété  à bractées  saillantes;  si,  au  contraire, 
on  prend  ce  dernier  comme  type,  on  est  con- 


308 


DE  LA  VALEUR  DES  BRACTÉES  DANS 

duit'à  admettre  que  VAbies  balsamea  en  est 
une  variété  à bractées  incluses.  Dans  les  pre- 
miers cas,  il  y aurait  eu  ascendance  ou  aug- 
mentation, dans  le  deuxième,  il  y aurait  eu 
descendance  ou  diminution.  Dans  les  deux 
cas,  on  aurait  été  obligé,  poursuivre  l’ordre 
scientifique,  de  faire  ce  que  nous  avons  déjà 
dit  : séparer  les  enfants  des  parents  ; par 
conséquent,  en  voulant  trop  classer,  on  se- 
rait conduit  à déclasser. 

Ce  qui  a dû  jusqu’ici  empêcher  de  re- 
marquer le  fait  que  nous  signalons,  c’est 
que,  en  général,  on  ne  tient  pas  compte  de 
l’origine  des  plantes;  aussi,  presque  tou- 
jours, on  juge  cette  origine  d’après  les  ca- 
ractères généraux  que  présentent  les  plantes. 

Voici  une  plantation  de  Sapin  par  exem- 
ple, ce  sont  des  Abies  balsamea  ou  fraseri 
(ils  sont  tout  à fait  semblables  par  leurs 
caractères  physiques),  ils  ont  des  cônes;  si 
en  les  regardant  attentivement,  vous  voyez 
que  les  bractées  sont  incluses,  vous  conclu- 
rez que  vous  avez  affaire  kV  Abies  balsamea. 
Mais  attendez,  voici  bans  le  même  lot  quel- 
ques individus  dont  les  bractées  sont  sail- 
lantes; cette  fois,  plus  de  doute  possible,  on 
a devpt  soi  VAbies  fraseri.  Ce  n’est  pas 
tout,  il  y a parmi  ce  groupe  d’autres  arbres 
dont  les  bractées  sont  très-courtes,  il  est 
vrai,  mais  qui  malgré  cela  sont  visibles. 

MAGNOLIA  GRAND 

La  plante  qui  fait  le  sujet  de  cette  note,  le 
Magnolia  grandiflora  anglorim,  est  encore 
très-peu  connue,  bien  qu’elle  mérite  en  tout 
point  de  l’être.  Il  y a 50  ans  environ,  un 
horticulteur  de  Jersey,  nommé  Bodin,  faisait 
le  commerce  des  plantes  nouvelles  et  ser- 
vait en  quelque  sorte  d’intermédiaire  entre  la 
France  et  l’Angleterre.  A l’un  de  ses  voyages 
en  France,  il  était  porteur  de  la  plante  en 
question,  qu’il  nous  venditmoyennant  300  fr.  ; 
cet  homme  en  ignorait  l’origine  ; tout  ce 
qu’il  put  nous  dire,  c’est  que  cette  plante 
venait  d’Angleterre,  et,  comme  elle  était  une 
variété  du  Magnolia  grandiflora,  nous  lui 
donnâmes,  pour  la  distinguer,  le  qualificatif 
d'anglorum,  nom  sous  lequel  nous  l’avons 
toujours  vendue  depuis.  Aujourd’hui,  la 
plante-mère  a au  moins  8 mètres  de  hauteur. 

Lorsque  cette  variété  estplantéejeune,  et 

RUDGEA 

La  jolie  Rubiacée  choisie  pour  le  sujet  de 
cet  article,  faisait  partie  du  lot  remarquable 
de  plantes  nouvelles  qui  ont  valu  à M.  Lin- 
den une  série  de  premiers  prix  à la  dernière 
exposition  de  Londres. 

C’est  une  plante  brésilienne  que  ce  pau- 


:s  CONES  DES  VÉGÉTAUX  CONIFÈRES. 

Qu’en  ferez-vous?  Les  considérerez-vous 
comme  des  Abies  balsamea  dont  les  bractées 
se  sont  un  peu  allon-  gées,  ou  bien  comme 
des  Abies  fraseri  à bractées  très-courtes? 
Nouvel  embarras  pour  l’observateur. 

Il  ne  faut  pas  croire  que  ces  supposi- 
tions sont  gratuites;  non,  car  tout  récem- 
ment nous  avons  été  témoin  des  faits  que 
nous  venons  de  rapporter,  et  c’est  précisé- 
ment 1 embarras  dans  lequel  nous  nous 
sommes  trouvé  qui  nous  a suggéré  cet  arti- 
cle. 

Nous  pouvons  même  ajouter  que  tout  les 
arbres  qui  ont  présenté  les  différen- 
ces que  nous  venons  de  rapporter  prove- 
naient d’un  même  semis  fait  avec  des  grai- 
nes d' Abies  balsamea. 

De  tout  ceci  doit-on  conclure  qu’il  faille 
renoncer  à toute  classification?  Non,  certai- 
nement, car  ce  serait  perdre  un  avantage  sans 
en  rien  retirer,  pas  même  de  la  satisfaction. 

Dans  un  grand  travail  sur  l’espèce,  qui 
nous  occupe  depuis  longtemps,  nous  trai- 
terons la  question  ab  ovo,  et,  après  des 
considérations  générales,  nous  entrerons  en 
matière  en  partageant  notre  travail  en  trois 
parties  : 1»  U espèce  scientifique;  2^  V espèce 
pratique;  3®  V espèce  philosophique. 

E.  A,  Carrière. 


FLORA  ANGLORUM. 

et  que  les  arbres  sont  abandonnés  à eux- 
mêmes,' ils  forment  de  forts  buissons,  très- 
larges,  se  couvrant  pendant  tout  l’été  de 
fleurs  qui  atteignent  jusqu’à  30  centimètres 
de  diamètre  et  se  détachent  sur  le  vert  bril- 
lant des  feuilles.  Les  pétales  sont  très- 
épais,  charnus  et  d’un  blanc  mat;  les  feuilles 
sont  relativement  courtes,  ovales  arrondies, 
vertes  et  brillantes  en  dessus,  fortement 
rubigineuses  en  dessous. 

Cette  variété  n’est  pas  délicate  ; on  la 
cultive  absolument  comme  les  autres.  Il  en 
est  de  même  de  sa  multiplication;  on  la  fait 
pp  couchages  qu’on  laisse  2 ans  en  terre,  ou 
bien  on  les  greffe  en  fente,  ou  en  placage, 
plus  rarement  en  approche,  sur  des  sujets 
de  semis  du  Magnolia  grandiflora,  ou  ob- 
tenus par  couchage  du  M.  purpurea. 

André  Leroy. 

NIVOSA. 

vre  Libon,  peu  de  temps  avant  sa  mort,  avait 
rencontrée  sur  les  bords  et  dans  la  province 
du  Parana  (Brésil  extra-tropical).  A pre- 
mière vue,  elle  lui  avait  paru  rentrer  dans  le 
genre  Psychotria,  si  fécond  en  espèces  dans 
ces  contrées,  et  il  l’avait  envoyée  à son  cor- 


RUDGEA  NIVOSA. 


309 


respondantsousle  nom  àePsychotrianivosa. 
C’est  sous  cette  appellation  que  M.  Linden 
l’a  provisoirement  conservée  jusqu’ici,  qu’il 
l’a  vue  fleurir  et  qu’il  l’a  exposée  pour  la 
première  fois  à Kensington  au  mois  de  mai 
dernier. 

Cependant  il  doutait  lui-méme  de  l’exac- 
titude de  ce  nom.  Un  examen  attentif,  fait 
sur  de  nouvelles  fleurs  qu’il  nous  a envoyées, 
nous  a démontré  que  la  plante  était  un  Riid- 
gea,  genre  voisin  des  Psychotria.  La  section 
des  Rubiacées,  dans  laquelle  rentrent  ces 
deux  genres,  est,  du  reste,  fort  mal  définie; 
le  nombre  des  espèces  qu’elle  renferme  est 
considérable  (le  seul  genre  Psychotria  ren 
ferme  seul  227  espèces  décrites  dans  De  Can- 
dolle  et  Walpers),  que  M.  Weddel  lui-même, 
le  botaniste  le  plus  exercé  dans  cette  spé- 
cialité, s’y  est  trouvé  souvent  embarrassé. 

C’est  ainsi  que,  tout  en  n’hésitant  pas  à 
faire  rentrer  l’espèce  qui  nous  occupe  dans 
les  Rudgea,  dont  elle  a tous  les  caractères, 
nous  devons  en  ajouter  quelques-uns,  in- 
connuz  de  Salisbury  lorsqu’il  créa  le  genre. 
Nous  croyons  que  ce  moyen  est  préférable 
à l’établissement  d’un  genre  nouveau  qui 
ne  différerait  de  celui-ci  que  par  deux  ou 
trois  détails  insignifiants.* 

Voici,  d’ailleurs,  les  caractères  distinctifs 
des  Psychotria  et  des  Rudgea.  Un  parallèle 
immédiat  nous  paraît  le  seul  moyen  de  sai- 
sir d’un  regard  les  différences  qui  leurs 
sont  propres. 


i Genre  Psychotria,  Linn., 

! gen.,  pl.  n°  225. 

! Tube  du  calice  ovale, 
limbe  court  à cinq  lobes, 
ou  à 5 dents  ou  presque 
I entier.  Corolle  en  enton- 

I noir,  courte,  à cinq  divi- 

I sions  régulières,  à limbe 

1 étalé  ou  recourbé,  à 

I gorge  velue  ou  glabre. 

! Cinq  étamines,  à anthères 

j saillantes  en  dehors,  ou 

I insérées  sur  la  gorge-, 

stigmate  bifide.  Feuilles 
pétiolées. 


Genre  Rudgea,  _ Salisb. 
trans,  soc.  lin. 

Tube  du  calice  ovale 
globuleux,  limbe  à cinq 
lobes  aigus.  Corolle  à 
tube  long,  grêle,  arrondi, 
à cinq  lobes  étalés  re- 
courbés, pourvus  d'un 
onglet  sur  le  dos,  aigus, 
à gorge  nue.  Anthères 
incluses , sessiles , insé- 
rées au-dessous  de  la 
stigmate  bilamellé. 
Ramilles  et  pétioles  gla- 
briuscules  cendrés.  Feuil- 
les opposées,  grandes,  un 
peu  glabres.  Panicule  ter- 
minale, épaisse,  bractéo- 
lée,  à ramules  opposés  ; 
fleurs  noircissant  par  la 
dessiccation. 


un  genre  nouveau.  Ce  n’est  pas,  d’ailleurs', 
le  premier  exemple  d’une  Rubiacée  portant 
à la  fois  des  fleurs  à 4 et  à 5 divisions,  et, 
deux  espèces  de  Rudgea  étant  jusqu’ici  seules 
connues  (R.  lançœfolia  et  R.  ovalifolia),  il 
n’est  pas  étonnant  que  les  caractères  d’un 
genre  si  peu  connu  soient  modifiés  par  des 
espèces  nouvelles. 

Le  Rudgea  nivosa,  que  nous  appellerons 
en  français,  si  vous  le  voulez  bien,  rudgea 
AUX  FLEURS  DE  NEIGE , est  un  arbuste  ra- 
meux,  à tiges  cylindriques  et  vertes  dans  leur 
jeunesse.  Il  porte  des  feuilles  opposées,  sessi- 
les, ovales-oblongues  un  peu  acuminées  à 
l’extrémité,  parfaitement  entières,  glabres  et 
d’un  beau  vert  brillant  en  dessus,  plus  pâles 
et  pubescentes  en  dessous  dans  leur  jeune 
âge,  â bords  un  peurévolutés.  Une  nervure 
médiane,  saillante  en  dessous,  partage  régu- 
lièrement le  limbe.  Ces  feuilles  sont  accom- 
pagnées à leur  insertion  de  stipules  ovales, 
bifides,  embrassantes,  pourvues  de  longs 
poils  roux. 

Les  fleurs  sont  charmantes.  Elles  naissent 
au  sommet  des  rameaux  (fig.  36)  et  forment 
des  corymbes  d’un  beau  blanc  et  d’un  aspect 
neigeux.  Le  corymbe,  irrégulier,  se  compose 
de  fleurs  à pédoncules  et  pédicelles  fermes, 
dressés,  blancs,  hérissés  d’une  laine  blanche 
longue  et  épaisse,  qui  les  enveloppe,  ainsi 
que  toute  la  partie  extérieure  des  fleurs, 
comme  d’un  manteau  de  neige.  La  corolle, 
longue  de  quatre  centimètres,  est  tubuleuse, 
en  forme  d’entonnoir;  elle  se  subdivise  au 
sommet  en  quatre  ou  cinq  lobes  étalés,  re- 
tombants, mucronés  et  pourvus  en  dessous 
d’un  éperon  long,  aigu. 

Le  pistil,  filiforme,  sort  de  la  corolle  et  se 
termine  par  un  stigmate  bifide. 

Les  étamines,  au  nombre  de  4 ou  5,  sont 
insérées  â l’intérieur  du  tube,  au-dessous  de 
la  gorge,  et  les  anthères  oblongues  â deux 
loges  déhiscentes  longitudinalement,  sont 
fixées  par  leur  milieu  sur  des  filets  courts, 
dressés. 

Les  fruits  ne  se  sont  pas  encore  mon- 
trés en  Relgique,  et  c’est  â peine,  je  crois, 
si  l’on  en  trouve  en  voie  de  maturation  L 

Nous  avons  insisté  pour  donner  cette  des- 
cription, longue  et  entière,  parce  que  nous 
avons  remarqué  de  combien  d’erreurs  on  se 


On  le  voit,  les  caractères  soulignés  dans 
ces  descriptions  présentent  entre  eux  des  dif- 
férences fort  sensibles.  Les  seules  modifica- 
tions â introduire  dans  la  diagnose  du  genre 
porteraient  sur  le  nombre  des  pétales,  des 
sépales  et  des  étamines,  qui  est  parfois  de 
quatre  et  parfois  de  cinq,  et  sur  les  étami- 
nes qui  sont  pourvues  de  filets  et  non  sessi- 
les dans  notre  plante.  Ce  sont  là  des  détails 
qui  se  traduisent  par  un  mot,  sans  attaquer 
en  quoi  que  ce  soit  la  validité  des  autres  ca- 
ractères. Encore  une  fois,  cela  vaut  mieux 
que  d’augmenter  la  confusion  en  fabricant 


1 Frutex  ramosus,  ramis  teretibus  primùm  viri- 
dibus  ornatus,  foliisque  oppositis,  sessilibiis,  ovato- 
oblongis  apice  acuminatis,  integerrimis,  supra  gla- 
bris  viridi-nitentibus,  subtùs  pallidioribus  primâque 
ætati  pubescentibus,  margine  vix  revoluto.  Stipulas 
ovales,  bifidæ,  amplexantes,  pilis  rufis  intermixtæ. 
Corymbi  ad  apicem  ramorum  congesti;  pedunculi 
pedicellique  erecti’  Calyces  4-5  fidi,  corollæ,  rachi- 
des  et  pedicelli  albâ  crassâque  lanâ  extùs  vestiti. 
Corqlla  plus  quam  pollice  longa,  infundibuliformis, 
apice  4-51obis  patenti  nutantibus,  mucronatis  galea- 
tisque  partita.  Pistillum  filüorme,exsertum,  stigmati 
bifido  coronatum.  Stamina  4-5,  infra  faucem  inserta; 
antheræ  oblongæ  longitrorsùm  biloculares  déhiscen- 
tes, filamentis  brevibus  erectis  medio  affixæ.  Fructus 
haud  vidi... 


RUDGEA  NIVOSA. 


310  . 

rendait  coupable  d’ordinaire 
pandre  dans  le  commerce  des 
sous  de  faux  noms,  sans 
description  et  sans  histoire. 

Nous  sommes  convaincus 
fpie  le  Rudgea  nivosa  sera, 
par  son  joli  feuillage  lui- 
sant et  ses  boules  de  neiges 
aux.  corolles  si  singulière- 
ment éperonnées,  une  de 
nos  plus  jolies  plantes  de 
serre  chaude  et  peut-être  de 
serre  tempérée.  La  culture 
des  Gardénia  lui  convien- 
dra de  tous  points.  Notre 
plante  a des  affinités  de  port, 
lie  famille  et  de  tempérament 
avec  ce  genre.  Une  serre 
bien  éclairée,  un  peu  hu- 
mide, les  pots  enfoncés  dans 


en  laissant  ré-  I la  tannée,  beaucoup  d’air  pendant  la  pé- 
piantes parues  I riode  de  repos  qui  suivra  la  floraison,  terre 

de  bruyère  légère,  peu  sa- 
bleuse, très-douce,  poreuse 
et  rousse , sont  les  con- 
ditions d’une  bonne  culture. 
Multiplication  de  boutures 
herbacées  en  serre  chaude, 
sous  cloche. 

Elle  est  de  toute  nou- 
veauté pour  l’horticulture, 
puisqu’elle  n’est  pas  en- 
core au  commerce.  M.  Lin- 
den attend  qu’il  en  ait  mul- 
tiplié un  assez  grand  nom- 
bre pour  la  répandre,  et 
tout  lait  espérer  qu’elle  sera 
en  vente  à l’automne  ou  au 
printemps  prochains. 

Ed.  André. 

Fig.  36.  — Rudgea  Nivosa. 


MULTIPLICATION  DU  FIGUIER  COMMUN  (ficus  carica,  l.) 


Vers  le  15  décembre  1864,  un  des  ou- 
vriers jardiniers,  attaché  au  jardin  du 
Luxembourg  et  spécialement  chargé  de  la 
taille  des  arbres  fruitiers,  eut  la  pensée  de 
couper  des  branches  de  Figuier  et  de  les 
enterrer  horizontalement  dans  l’une  des 
plaie-bandes  de  la  pépinière,  à environ  40 
ou  50  centimètres  de  profondeur.  Il  voulait 


.jJ 


Fig.  37.  — Bouture  de  Figuier. 

faire  un  esssai  de  boutourage  à Lair 
libre. 

Les  branches  restèrent  ainsi  sous  cette 
couche  de  terre  jusqu’au  10  mai  suivant, 
époque  àlaquelleilles  retira;  il  en  coupaalors 
les  extrémités  par  petits  tronçons  de  15  à 
"20  centimètres  de  longueur,  qu’il  enfouit 
ensuite  perpendiculairement  dans  un  coin 
de  terre  préalablement  labourée.  Ces  tron- 
çons, distancés  les  uns  des  autres  d’environ 
25  centimètres,  furent  complètement  recou- 
verts, à leur  extrémité  supérieure,  par  une 
couche  de  terre  de  0"‘.03  centimètres  d’é- 


paisseur (fig.  37).  Après  la  plantation,  un 


ReviLù’  B orücoR 


lmp  Zmwte.Up  desBoulcW^ersP^ns 

Th  i b au  (lia  corditolia 


à 


JieAUJC  Horticole 


1 


Iivp-  Zanote  r des  Boulangers JZ.Paris 


MULTIPLICATION  DU  FIGUIER 


311 


Vers  les  premiers  jours  de  juin,  les  bour- 
geons de  ces  boutures  sortirent  de  terre,  et 
les  pousses  se  développèrent  bientôt  avec 
une  telle  rapidité,  que,  dans  Tespace  de 
quatre  mois,  elles  atteignirent  une  hauteur 
de  0"*.50  à 0"\97  centimètres  (tig.  38),  et 
se  couvrirent  en  même  temps  de  fruits,  qui, 
il  est  vrai,  n’arrivèrent  pas  à maturité. 

De  ceci,  on  est  en  droit  de  supposer  que, 
en  couchant  l’iiiver  les  jeunes  rameaux 
dans  des  fosses  préparées  d’après  le  système 
[iratiqué  à Argenleuil,  on  pourrait  peut- 
être,  l’été  suivant,  obtenir  quelques  fruits 
(jui  parviendraient  à maturité. 

J’ajouterai  que  les  jeunes  boutures,  ex- 
posées à l’air  libre,  et  malgré  la  sécheresse 
prolongée  et  exceptionnelle  de  1865,  n’ont 
été  arrosées  que  deux  fois  seulement  pen- 
dant leur  premier  développement. 


Les  racines  ne  laissaient  non  plus  rien  à 
désirer. 

Voulant  me  rendre  compte  et  m’assurer 
si  les  bons  résultats  que  j’avais  obtenus  n’é- 
taient pas  dus  à un  fait  exceptionnel,  j’ai  re- 
commencé l’expérience  rnoi-nième,  et,  pour 
cela,  j’ai  fait  couper,  le  1 5 décembre  dernier, 
des  branches  de  Figuier  ;]e  les  ai  fait  ensuite 
enterrer  comme  il  a été  dit  ci-dessus,  et  le 
10  mai  de  cette  année,  les  boutures  ont  été 
faites  d’après  les  prescriptions  que  je  viens 
d’indiquer. 

Aujourd’hui,  1 7 juillet,  toutes  les  boutures 
sont  en  parfait  état  de  végétation.  J’espère 
donc,  ultérieurement,  faire  connaître  les 
résultats  définitifs,  ainsi  que  les  nouvelles 
observations  que  j’aurai  à signaler  dans  l’in- 
térêt de  tous.  A.  Rivière, 

Jardinier  en  chef  au  palais  du  Luxembourg. 


TIIIBAUDIA  CORDlFOLIAf 


Le  genre  Thibandia  est  rangé  dans  la  fa- 
mille des  Vacciniées  à côté  des  Ceratostem- 
maydes  G mjlusacxia, des  Agajwtesy  des  Mac- 
leaniay  etc., dont  les  représentants  ont  entre 
eux  un  grand  air  de  parenté,  à tel  peint 
qu’on  pourrait  même  les  réunir  sous  un 
seul  genre  dont  ils  ne  formeraient  que  des 
subdivisions.  Les  Thibaudia  sont  des  ar- 
brisseaux à tige  ordinairement  renflée  à la 
base,  très-rameuse,  le  plus  souvent  sarmen- 
teuse,  et,  dans  ce  cas,  s’appuyant  ou  s’en- 
roulant autour  des  grands  arbres,  comme 
le  font,  dans  les  forêts  élevées  de  l’Asie, 
certaines  espèces  de  Bhododendron.  Leurs 
feuilles  sont  alternes,  persistantes  et  de 
formes  plus  ou  moins  ovales  ou  cordées, 
mais  toujours  entières.  Leurs  fleurs  sont 
charnues,  tubuleuses,  fortement  rétrécies 
au-dessous  du  limbe,  qui  consiste  en  cinq 
petits  lobes.  Les  étamines,  au  nombre  de  10,- 
ont  leur  filet  court,  à base  libre,  soudé  vers 
le  milieu  et  devenant  fourchu  supérieure- 
ment; les  anthères  sont  allongées.  Le  style 
est  simple,  terminé  par  un  stigmate  en  tête 
surmontant  un  ovaire  à 5 loges  multi-ovu- 
lées.  Le  fruit  est  une  baie  d’une  saveur 
agréable  dont  le  Myrtille  de  nos  bois  {Vacci- 
nium  MyrlilluSy  L.)  et  la  Canneberge  des 
marais  {Oæycoccos  palustris,  Pers.)  peuvent 
nous  donner  une  idée. 

Les  Thibaudia  sont  propres  aux  régions 
élevées  des  Andes  du  Pérou  et  de  la  Nou- 
velle-Grenade. De  Candolle,  dans  son  Pro- 
dronins,  en  décrit  29  espèces;  mais,  depuis 
1843  ce  genre  s’est  enrichi  de  formes  inté- 
ressantes. Du  reste,  les  espèces  sont  exces- 
sivement voisines  les  unes  des  autres,  et 
deviennent  même  très-difficiles  à distinguer 
une  fois  desséchées  dans  nos  herbiers. 

Le  Thibaudia  cordifoliay  H.  B.  et  Kth. 


{T.  ocanemiSy  Batem.  ; Proclisia  cor di folio , 
Klotsch)  croît  dans  plusieurs  provinces  de 
la  Nouvelle-Grenade,  à une  altitude  supra 
marine  de  2,400  à 2,800  mètres;  il  est  sur- 
tout commun  dans  les  Andes  de  Bogota,  où, 
d’après  leDi’Triana,  les  habitants  le  désignent 
sous  le  nom  de  Baisin  d’Anis([/m  de  Anis). 
C’est  un  arbrisseau  qui,  dans  nos  cultures, 
peut  atteindre  environ  1 mètre  de  hauteur; 
rameux,  glabre,  à peine  pubescent  sur  les  jeu- 
nes rameaux  et  sur  l’inflorescence  ; les  ra- 
meaux sont  à peu  près  cylindriques  et  portent, 
principalement  vers  leur  sommet,  des  feuil- 
les persistantes,  très-entières,  ovales  oblon- 
gues,  légèrement  en  cœur  à la  base,  obtuses 
et  glabres  sur  les  deux  faces,  à 3,  5 très- 
rarement  7 nervures,  brièvement  péliolées, 
longuesd’environ  3à  4 cent., larges  de  2 à 3. 
Fleurs  pendantes  réunies  en  grappe  serrée, 
courte,  entourées  à la  base  de  bractées  im- 
briquées, concaves,  oblongues,  beaucoup 
plus' longues  que  les  divisions  du  calice, 
qui  sont  verdâtres  ou  très-peu  colorées;  co- 
rolle brièvement  pédicellée,  longue  de  plus 
de  0.'"02,  d’un  rouge  sanguin  écarlate,  à 
tube  cylindrique,  oblong,  fortement  rétréci  à 
la  gorge  qui  est  d’un  blanc  cireux,  et  offre 
5 petits  segments  (très-exceptionnellement 
4 ou 6);  calice  presque  globuleux,  à 5 divi- 
sions courtes;  filets  des  étamines  courts 
terminés  par  de  longues  anthères  oblongues. 

Non  seulement  comme  les  autres  espèces 
de  ce  genre,  mais  encore  comme  toutes  les 
Vacciniées  exotiques  actuellement  intro- 
duites dans  les  cultures,  le  lliibaudia  cor- 

1 Je  me  suis  servi,  pour  rédiger  cette  notice,  ainsi 
que  l’article  inséré  dans  le  précédent  n®  de  la  Revue 
hort.  Trichinium,  des  articles  publiés  par  W.  Hook 
et  J.-D.  Hook,  dans  le  Doianical  Magaùne,  et  par 
M.  Ch.  Lemaire,  dans  VUlustration  hort.  (1866). 


312 


THIBAUDIA  CORDIFOLIA. 


difoliay  sous  le  climat  de  Paris,  doit  être 
cultivé  en  pot  et  hiverné  en  serre  tempérée. 
La  terre  qui  lui  convient  le  mieux  est  un 
terreau  de  bruyère  peu  effrité;  mieux  vau- 
dra même  l’employer  en  toutes  petites 
mottes,  et  cette  terre  devratoujours  reposer 
sur  un  drainage  épais. 

D’ailleurs  la  culture  de  ces  plantes  est 
en  quelque  sorte  identique  à célle  des  Rho- 
dodendron de  rHinialaya;  ainsi,  une  terre 
peu  sablonneuse  et  poreuse,  se  décomposant 
le  moins  vite  possible  et  maintenue  dans 
un  état  constant  de  fraîcheur,  est  celle 
qu’on  doit  préférer.  En  outre,  il  est  utile,  le 
printemps  venu,  de  sortir  les  pots  et  de  les 
placer  à l’air  libre  dans  un  lieu  demi-om- 
bragé. La  multiplication  peut  se  faire  de  se- 
mis, de  couchage  ou  de  boutures.  Nous 


n’avons  rien  de  particulier  à dire  sur  les 
deux  premiers  modes,  leur  exécution  ne 
diffère  pas  de  celle  des  autres  Vacciniées  de 
serre  ou  d’orangerie.  Quant  aux  boutures, 
elles  réussissent  mieux  lorsqu’on  les  fait 
avec  des  rameaux  jeunes  et  grêles  que  lors- 
qu’on emploie  des  rameaux  forts,  succu- 
lents ou  bien  nourris,  qui,  dans  la  plupart 
des  cas,  fondent  avec  une  extrême  facilité. 
C’est  pour  ce  motif  que  nous  conseillons, 
pour  assurer  cette  multiplication,  de  con- 
server toute  l’année  dans  une  serre  tempé- 
rée, voire  même  sous  un  châssis  aéré  et 
demi-ombragé,  quelques  individus  qui,  fa- 
tigués de  croître  dans  de  telles  conditions, 
ne  produisent  que  des  ramifications  grêles 
qu’on  peut  bouturer  avantageusement. 

B.  Verlot. 


MALUS  FLORIBUNDA. 


Le  Pommier  à fleurs  nombreuses,  répré- 
senté ci-contre,  est  originaire  du  Japon.  Il 
fait  partie  de  ce  groupe  d’espèces  nommées 
vulgairement  baccifères,  à cause  de  la  peti- 
tesse de  leurs  fruits,  et  dans  lequel  rentre 
cette  belle  espèce  de  Chine,  à fleurs  dou- 
bles, le  Malus  spectabilis. 

Bien  que\e  Malus  floribunda, S\eho\ài,  soit 
introduit  depuis  quelques  années  déjà,  il  est 
encore  peu  connu.  M.  Yanhoutte,  à notre 
connaissance,  est  le  seul  auteur  qui  en  ait 
parlé.  Il  en  a donné  trois  belles  figures  dans  le 
tome  XY  de  la  Flore  des  serres,  p.  161,  sous 
les  nos  1585,  139L,  1395.  Yoici  l’indication 
des  caractères  que  présente  cette  variété  : 

Arbrisseau  un  peu  buissonneux,  à ra- 
meaux relativement  grêles,  couverts  d’une 
écorce  luisante,  noirâtre,  parfois  un  peu 
pictée  de  gris-brun.  Feuilles  elliptiques,  fine- 
ment etsensiblement  dentées.  Fleurs  exces- 
sivement nombreuses,  rose  clair  à l’inté- 
rieur, beaucoup  plus  foncées  à l’extérieur, 
réunies  et  formant  des  sortes  de  corymbes, 
portées  sur  des  pédoncules  excessivement 
ténus,  presque  filiformes.  Fruits  très-petits 
(6-10  millimètres  de  diamètre),  subsphé- 
riques, à divisions  calycinales  caduques. 


de  sorte  que  en  très-peu  de  temps  les  fruits 
sont  complètement  nus  et  dépourvus  de 
couronne  calycinale , et  qu’il  ne  reste 
plus  à leur  sommet  qu’une  petite  cicatrice 
concave,  en  forme  de  coupe. 

Le  Malus  floribimda,  nous  n’en  doutons 
pas,  est  appelé  à entrer  pour  une  très-grande 
part  dans  l’ornementation  des  jardins;  nous 
ne  serions  même  pas  surpris,  lorsqu’il  sera 
mieux  connu,  de  le  voir  cultiver  clans  des 
pots  pour  le  vendre  sur  le  marché  aux 
fleurs;  sa  végétation,  relativement  faible,  sa 
floribondilé  et  sa  facilité  à fleurir,  nous  le 
font  espérer.  Dans  le  cas  où  l’on  voudrait 
tenter  cette  culture,  deux  moyens  se  pré- 
sentent : greffer  sur  place  sur  des  sujets 
Paradis  que  l’on  mettrait  en  pots  lorsque 
les  têtes  seraient  formées,  ou  bien  mettre 
en  pots  ces  mêmes  sujets,  et,  lorsqu’ils  se- 
raient repris,  les  greffer  en  demi-fente,  soit 
au  printemps,  soit  dans  le  courant  cle  l’été 
avec  des  bourgeons  semi-aoûtés,  ainsi  qu’on 
le  fait  pour  les  Orangers,  les  Azalées,  les 
Rhododendron,  etc.  Il  va  sans  dire  que  le 
Malus  floribunda  est  très-rustique,  et  que, 
comme  tous  ses  congénères,  il  est  à feuilles 
caduques.  Baptiste  Desportes. 


REVUE  DES  PUBLICATIONS  HORTICOLES'DE  L’ÉTRANGER. 


Le  Botanical  Magazine  nous  offre  les 
descriptions  des  plantes  suivantes  : 

I*eperomia  marmoraia,  J.  D.  IIOOKER , 
planche  5568. 

Le  genre  Peperomia  est,  en  général,  relé- 
gué dans  les  collections  botaniques  quoi- 
qu’il y aurait  plus  d’une  de  ses  espèces  cjui 
se  prêterait  avec  avantage  à la  culture  orne- 
mentale. Dans  ce  nombre,  il  faut  avant 
* tout  citer  le  Peperomia  marmorata,  une 


espèce  du  Brésil  méridional,  extrêmement 
remarquable  par  son  beau  feuillage.  C’est 
une  plante  robuste,  courte,  couverte  d’un  épi- 
derme glabre,  papilleux.  Les  feuilles  pétio- 
lées,  opposées,  longues  de  7 à 12  centiniè- 
tres,  ovales-cordiformes,  profondémentbilo- 
bées  à leur  base,  â lobes  arrondis,  succulentes, 
à 5 nervures,  d’un  vert  très-sombre  autour 
des  nervures  en  dessus,  d’un  vert  pàle^  en 
dessous  et  ont  les  nervures  d’un  pourpre  pâle. 


REVUE  DES  PUBLICATIONS  HORTICOLES  DE  L’ÉTRANGER. 


Uricinella  llanuîi,  J.  D.  IIoOKER,  pl.  5569 
Charmante  Ericée  qui,  dans  son  pays, 
atteint  2 à 4 mètres.  Cette  jolie  plante 
fut  découverte  par  le  célèbre  collecteur 
M.  Gustave  Mann,  qui  la  trouva  à Fernando- 
ro,  à une  élévation  de  3,000  mètres,  et  sur 
O Camaroune,  entre  1,500  et 

3,500  mètres  d’élévation.  Les  feuilles  li- 
néaires, pointues,  sont  disposées  en  ver- 
ticelles  de  quatre.  Les  jolies  petites  fleurs 
penchées,  d’un  beau  rouge,  très-nombreu- 
ses, se  trouvent  réunies  au  nombre  de  3 
a 4 sur  les  extrémités  des  ramilles.  C’est 
un  arbuste  qui  a tout  à fait  le  port  de  plu- 
sieurs de  nos  Ericas  à petites  fleurs. 

Polychilcs  Cornu-cervi,  KuHL  VAN  HasS 
planche  5570.  ’ 

Cette  Orchidée  fut  découverte,  il  y a 
déjà  longtemps,  à Moulmein,  par  Lobb  ; mais 
vivante  en  Angleterre  qu’en 
1304.  M.  Parish,  dont  nous  avons  eu  si 
souvent  déjà  l’occasion  de  citer  le  nom 
1 avait  envoyée  à MM.  Low.  ’ 

Suivant  M.  Reichenbach,  le  genre  Poly- 
r/itlos  devrait  être  réuni  aux  PhalænopsL 
et,  en  effet,  les  Phalxnopsis  Luddeman- 
mana  et  Ph.  Sumatrana,  que  nous  avons 
mentionnés  récemment  dans  cette  revue 
semblent  former  une  transition  complète 
entre  les  deux  genres.  Néanmoins,  M.  Hoo- 
ker  croit  devoir  encore  conserver  le  genre 
Polychilos.  Notre  plante  est  épiphyte,  et 
elle  a le  port  d'un  Phalxnopsis.  Les  feuil- 
les sont  longues  d’environ  3 centimètres, 
distiques,  oblongues,  pointues.  La  hampe 
florale,  cylindrique  à la  base,  est  plus 
large  dans  sa  partie  supérieure  ; elle  est 
comprimée,  ailée,  et  porte  6 à 12  fleurs 
qui  s épanouissent  successivement,  de  sorte 
qu  11  n y a jamais  plus  de  4 à 5 fleurs  ou- 
vertes  a la  lois.  Les  fleurs  sont  jaune-ver- 
datre,  bariolées  de  macules  allongées  trans- 
versales, d’un  pourpre  brunâtre. 

Tacsonîa  Vaii-Volxemiî,  FuNK,  pl.  5571. 

Magnifique  Passiflorée  à fleurs  d’un  beau 
rose  tonce,  atteignant  jusqu’à  0"L  12  cen- 
me  res  parfois  plus,  de  diamètre.  Les 
leuilles  de  celte  splendide  plante  grimpante 
sont  profondément  trilobées,  en  cœur  à la 
hpiL  contredit,  une  des  plus 

belles  P antes  décoratives  qu’on  ait  jamais 
introduites  en  Europe.  Suivant  M Le- 
maire, cette  espèce  serait  originaire  de  la 
province  .4ntioquia,  dans  la  Nouvelle-Gre- 
nade,^ ou  elle  est  cultivée  aussi  par  les 
indigènes  ; elle  fut  introduite  en  Belgique 
en  18o8,  par  un  amateur  zélé,  M.  Van- 
Volxem,  qui  l’avait  trouvée  dans  les  jardins 
de  Bogota.  C’est  une  plante  de  serre  tem- 
peree;  cependant,  qn  prétend  que  dans  son 
pays  natal  elle  existe  à une  température 
qui  peut  descendre  jusqu’à  zéro  degré.  Sa 
culture  n’olfre  point  de  difficulté. 


313 

lliltonia  ancep§^  ReichenbaCH,  pl.  5572. 

Cette  singulière  Orchidée  fut  introduite 
dans  I origine  par  MM.  Loddiges  ; elle  ne 
tarda  cependant  pas  de  disparaître  des  col- 
lections jusqu’au  moment  où  elle  fut  réin- 
troduite par  MM.  II.  Low  et’C«,  de  Clapton 
qui  la  reçurent  de  M.  Blunt.  Cette  espèce 
P®®  d’autres  soins  que  les 
Uiltonw  en  général,  a les  pseudobulbes 
comprimes,  lancéolés.  Jaunâtres  lorsqu’ils 
ont  atteint  un  certain  âge.  Les  feuilles 
au  nombre  de  deux  sur  chaque  pseudobulbe’ 
sont  oblongues-lancéolées,  pointues,  caré- 
nées. Les  hampes,  unitlores,  qui  portent 
ji  a 4 bractées  engainantes  jaunâtres,  dont 
la  supérieur  enveloppe  l’ovaire,  sont  assez 
pandes,  d un  jaune  olivâtre,  sauf  le  large 
abelle  qui  est  blanc  et  qui  porte  trJis 
larges  stries  longitudinales  pourpres  et 
plusieurs  taches  de  la  même  couleur  sur 
un  fond  blanc. 


SIussæufla  luteola^  Delile,  pl.  5573. 
Un  très-joli  sous-arbrisseau,  appartenant 
a la  lamilledes  Rubiacées  et  originaire  de 
^ cù  il  fut  trouvé  en  premier  lieu 

par  Lailliaud  pendant  son  voyage  à Méroe 
sur  les  bords  du  Nil,  à 10  degrés  environ  de 
latitude  septentrionale.  Les  feuilles  sont 
ovales-oblongues,  courtement  nétiolées 
Les  fleurs,  disposées  encorymbes  palmillo- 
res,  sont  d un  jaune-pâle.  Le  calice  a ceci 
de  particulier  qu’il  est  composé  de  cinq 
lobes,  dont  quatre  petits,  subulés,  le  cin- 
quième, au  contraire,  représentant  une 
l^euille  absolument  semblable  aux  autres 
leuilles  de  la  plante,  à cette  différence  près 
qu  elle  est  plus  longuement  pétiolée  et 
d un  jaune  très-pâle,  presque  blanc.  R va 
sans  dire  que  cette  particularité  constitue 
une  grande  valeur  ornementale  pour  la 
plante. 

Cymbidium  llcokeriaiium,  PiEICHENBACH 
planche  557i.  ’ 

Cette  magnifique  Orchidée  habite  le 
bikkini  Himalaya,  où  M.  le  J.  D.  Hooker 
1 a lécoltée.  Elle  a très-bien  fleuri  peu  de 
temps  après  son  introduction  à Exeter 
mais  depuis  on  a dû  attendre  longtemps 
avant  qu’elle  montrât  de  nouveau  ses  fleurs, 
la  raison  était  probablement  qu’on  lui  don- 
nait trop  de  chaleur.  — C’est  une  plante 
a tres-grandes  fleurs  disposées  en  grappes 
tombantes,  composées  de  8 à 12  fleurs. 

M.  Hooker  est  assez  disposé  à la  consi- 
dérer comme  une  variété  du  Cymbidium 
giganteum. 

.Les  feuilles  de  cette  espèce  sont  linéaires 
ligulées,  pointues;  ellesont  de0m.30  àO™  70 
de  longueur.  Les  fleurs,  qui  atteignent  un 
diamètre  de  0™.8  à 0'«.12,  sont  vertes,  sauf 
le  grand  labelle  qui  est  blanc  au  milieu 
jaune  vers  le  bord  et  orné  dans  sa  partie  infé- 
rieure et  vers  son  bord  de  macules  pourpres. 


REVUE  DES  PUBLICATIONS  HORTICOLES  DE  L’ÉTRANGER. 


Thibauclia  coronaria,  J.  D.  HOOKER, 

planche  5575. 

Cette  charmante  Vacciniacée,  qui  fut  in- 
troduite par  M.  Linden,  de  Bruxelles,  sous 
le  nom  de  CeTcitosteMïïid  covohidfid^  est  pro- 
bablement originaire  de  la  Nouvelle-Gre- 
nade ou  de  Vénézuela.  Elle  diffère  essen- 
tiellement des  Cerdtostemmdy  par  ses  éta- 
mines qui  ne  sont  point  soudées  en  un  tube  ; 
elle  se  rapproche  plutôt  du  genre  Theniis- 
toclesid  de  Klotzsch.  C’est  un  petit  arbuste 
rigide,  très-rameux,  portant  de  nombreuses 
petites  feuilles  ovales,  obtuses,  d un  vert 
foncé.  Les  fleurs,  -d’un  rouge-brique,  demi- 
transparentes,  longues  d’environ  28  centi- 
mètres, sont  solitaires  ou  géminées  aux  ais- 
selles des  feuilles. 

Iris  retîculata,  BiEBERSTEIN,  pL  5577» 
Plante  bulbeuse,  originaire  de  la  Géorgie, 
de  l’Asie  mineure,  du  Kurdistan,  de  la  Sy- 
rie et  delà  Perse.  Vlris  reticuldtd  a fleuri 
au  mois  de  mars  dernier  au  jardin  de 
Keiw.  Les  feuilles  linéaires,  anguleuses, 
longues  d’environ  0«».33,  sont  enveloppées 


à leur  base,  ainsi  que  les  hampes  flora- 
rales,  qui  sont  plus  courtes  que  ces  feuil- 
les, de  larges  bractées  engainantes,  sca- 
rieuses,  blanchâtres.  Les  fleurs,  qui  res- 
semblent beaucoup  à celles  de  Vlris  Xy- 
phium,  sont  d’un  magnifique  coloris  pour- 
pre-violacé. Les  segments  extérieurs  du 
périanthe  sont  d’un  beau  jaune  orangé  à la 
gorge. 

Cerope^^îa  soporîa,  HarveY,  pl.  5578. 

Asclépiadée  grimpante  originaire  de  la  Ca- 
ffrerie,  à feuilles  opposées,  étroites,  linéaires, 
pointues.  G’est  une  plante  volubile,  rameuse 
et  fort  élégante  dont  les  feuilles  atteignent 
0'".08  à 0"‘.16  de  longueur.  Les  fleurs  soli- 
taires, supportées  par  de  longs  pédoncules, 
naissent  des  aisselles  des  feuilles;  elles  sont 
tubuleuses,  verdâtres  dans  leur  partie  infé- 
rieure, à limbe  rabattu,  extérieurement  lavé 
de  pourpre,  intérieurement  garni  de  larges 
stries  transversales  d’un  pourpre  noirâtre 
sur  un  fond  vert. 

J.  Grœnland- 


DE  LA  CLOQUE. 


Les  pucerons,  ce  fléau  redoutable  pour  les 
Pêchers,  sont  favorisés  depuis  quelques  an- 
nées par  des  printemps  secs  et  chauds;  aussi 
prennent-ils  des  proportions  tellement  con- 
sidérables, qu’ils  peuvent  causer  de  graves 
inquiétudes  aux  cultivateurs  de  Pêch  ers. 

Ces  sortes  d’hémiptères  attaquent  généra- 
lement les  feuilles  et  les  bourgeons  nouvel- 
lement éclos  et  en  sucent  toute  la  sève  au 
détriment  de  ces  derniers  sur  lesquels  ils 
établissent  leur  foyer  d’approvisionnement 
Le  parenchyme  de  la  feuille  est  d abord 
tendu  par  des  boursouflures,  puis  la  teuille 
se  replie  sur  elle-même  et  détermine  ce 
nu’on  appelle  le  recroquevillement. 

Les  feuilles  ainsi  déformées  perdent  leur 
force  d’absorption  et  neutralisent  complète- 
ment la  circulation  de  la  sève  en  cessant  d e- 
laborer  les  sucs  qu’elles  recevaient  de  1 atnaos. 
phère  et  des  racines  de  l’arbre.  Les  feuilles 
sont  en  quelque  sorte  des  appelle-seve,  qui, 
une  fois  mangées  par  les  pucerons,jaunissent 


et  tombent;  mais,  malheureusement,  leur 
chute  entraîne  presque  toujours  la  perte  des 
bourgeons  sur  lesquels  elles  étaient  pla- 
cées. Ainsi  attaquéVarbre  dépérit  très-vite  ; 
il  pourrait  même  mourir  si  on  n’y  apportait 
un  remède  prompt  et  efficace. 

Depuis  quelques  années,  je  me  sers,  pour 
combattre  ces  insectes  d’une  dissolution 
aloétique  dans  la  proportion  de  4 gram- 
mes par  seau  d’eau;  j’emploie  cette  dissolu- 
tion au  moyen  d’une  pompe  à arroser  les 
espaliers.  La  végétation  un  instant  interrom- 
pue par  la  présence  des  pucerons,  redevient 
luxuriante,  et  est  désormais  â l’abri  du  recro- 
quevillement des  feuilles  et  de  la  dissection 
des  branches,  parce  que  les  pucerons,  qui 
recherchent  avec  avidité  les  substances  su- 
crées, sont  rebutés  par  l’amertume  de 
l’aloës. 

Gohingh, 

à Villers,  par  Foucannonl 
(Seine-Inférieure). 


QUELQUES  CONIFÈRES  REMARQUABLES. 


Je  crois  être  agréable  aux  amateurs  en 
leur  signalant  quelques  conifères  exotiques 
que  M.  Herpin  de  Fréinont  cultive  dans 
sa  propriété  de  Frémont,  )*rès  Cherbourg. 

M.  Herpin  est  un  amateur  distingue,  doue 
surtout  d’un  grand  savoir  et  d’une  grande 
modestie.  Je  le  pressais  depuis  longtemps 
déjà,  afin  d’avoir  l’autorisation  de  faire  con- 
naître ses  arbres,  il  vient  de  me  la  donner. 


en  profite  pour  faire  connaître  ses  cul- 
;s  au  inonde  horticole.  Bien  que  cet  arti- 
soit  particulièrement  destiné  aux  Loni- 
s,  ie  ne  passerai  pas  sous  silence  plu- 
irs  Bambous  qui  chez  lui,  sont  de  la  plus 
iule  beauté.  Sa  pisciculture  joue  aussi 
rôle  important,  et  est  dirigée  avec  a 

Heure  entente.  . • 

e vais  d’abord  m’occuper  des  coniteres. 


QUELQUES  CONIFÈRES  REMARQUABL  . 


Un  Séquoia  sempervirens  «15  mètres  de 
liant.  Le  tronc  de  cet  arlire  a.  an  collet  de  la 
racine,  2*". il  de  circonférence  ; à nn  mètre 
de  terre,  1"\58.  La  circonférence  de  ses 
branches  est  de  27  mètres.  Il  forme  nne  pyra- 
mide parfaite  de  la  base  an  sommet.  Son 
écorce  est  des  pins  cnrienses  :elle  est  spon- 
giense,  épaisse,  donce  an  toncher  et  a de 
l’analogie  avec  l’amadon.  On  ponrrait,  an 
besoin,  en  faire  un  matelas  bien  donillet 

^ Un  12m.40  de  liant; 

circonférence  dn  tronc  an  nivean  dn  sol, 
1"™.66;  àl  mètre  dehantenr,  1"M6.  Circon- 
férence des  branches,  18  mètres.  Son  écorce 
a de  l’analogie  avec  celle  dn  Séquoia.  Pyra- 
mide parfaite  qni  se  convre  cbaqne  année 
d’nne  mnltitnde  de  petits  cônes  presqne 
globnlenx. 

ViiAbies  spectabüis.  à 11"". 56 d’élévation; 
la  circonférence  dn  tronc  près  dn  sol,  à 0'". 92; 
celle  des  branches  a 18  mètres.  Cet  arbre 
est  snrtont  d’nn  effet  ravissant  en  été 
lorsqn’il  présente  anx  regards  sa  belle 
pyramide  revêtne  de  cônes  d’nn  bean 
bien  métalliqne  parsemé  de  larmes  d’ar- 
gent. 

Un  Âbies  religiosa  de  10  mètres  de  hant. 
Arbre  vigonrenx  et  d’nn  port  élégant. 

Un  Abies pinsapo  de  8 mètres  d’élévation, 
formant  nn  pyramide  parfaite. 

Un  Pinus  insignis  de  1 7 mètres  de  hant. 
Cet  arbre,  an  fenlliage  d’nn  vert  intense, 
forme  nne  pyramide  très-remarqnable.  C’est, 
chez  nons,  nn  des  pins  les  pins  rnstiqnes; 
il  résiste  bien  snr  les  bords  de  la  mer. 

Un  Pinus  muricata,  12  mètres  de  hant; 

Un  Pinus  Australis,  12  mètres  déliant, 

Un  Cuminghamia  sinensis,  9 mètres  de 
liant. 

Un  Araucaria  imbricata,  7°’.67  de  hant. 
Pyramide  parfaite,  très-belle. 

Je  cite  senlement  ici  les  exemplaires  re- 
marqnables  par  lenr  force.  M.  de  Frémont, 
cultive  dans  sa  propriété  un  grand  nombre 
d’es  pèces  ou  de  variétés  deconifères  exotiques 
nouvellement  introduites  dans  nos  cultures, 


315 

qui  par  conséquent  sont  encore  petits  et 
n’ont  qu’un  mérite  relatif. 

Je  veux  (lire  maintenant  quelques  mots 
des  Bambous.  Il  existe  dans  le  parc  de 
M.  de  Frémont  des  toulfes  iV Aînmdinaria 
falcatade  la  plus  grande  beauté;  ces  touffes 
se  composent  génémlement  de  60  à 80  tiges 
qui  ont  de  6 à 7 mètres  de  hauteur.  Lors- 
que l’on  aperçoit  ces  tiges  élancées  se  balan- 
çant sur  le  bord  des  eaux,  on  est  saisi 
d’admiration. 

En  effet,  rien  de  gracieux  et  de  léger 
comme  cette  Graminée,  qui  fait  le  désespoir 
des  peintres  et  des  dessinateurs,  à cause  de 
la  difficullé  à rendre  la  légèreté  et  la  mo- 
bilité de  son  feuillage.  Je  citerai  encore  les 
Bambusa  mitis,  nigra^  verticillata,  aurea 
et  viridi  glaucescens.  La  plupart  de  ces 
plantes  sont  représentées  par  de  beaux 
exemplaires.  Le  B.  mitis  surtout  a un 
grand  avenir;  après  deux  ans  de  plantation, 
il  a des  tiges  de  2 centimètres  de  diamètre 
et  de  8 mètres  d’élévation. 

Ces  plantes  remarquables  donnent  à la 
pr(3priété  qui  m’occupe  un  aspect  tropical 
qui  étonne  si  l’on  considère  notre  latitude, 
qui  est  de  49  degrés. 

La  propriété  de  Frémont,  indépendam- 
ment de  toutes  ces  beautés,  est  encore  re- 
marquable par  son  heureuse  position,  par 
l’abondance  et  la  pureté  de  ses  eaux,  qui 
sont  distribuées  avec  une  grande  habileté 
tant  sous  le  rapport  du  coup  d’œil  que  sous 
celui  de  la  pisciculture. 

Je  termine  ici  cette  courte  notice.  J’aurais 
beaucoup  d’autres  choses  à dire  sur  la  pro- 
priété de  Frémont,  mais^cela  m’entraînerait 
au  delà  d’un  article  de  journal. 

Je  laisse  aux  amateurs  le  soin  de  venir 
eux-mêmes  visiter  les  richesses  horticoles 
que  je  viens  de  décrire,  bien  imparfaitement 
sans  doute,  et  dont  la  plume  la  plus  exercée 
(ce  n’est  pas  le  cas  de  la  mienne),  pourrait 
à peine  donner  une  idée. 

A.  Ternisien. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Manuel  de  ramaleur  des  jardins,  traité  né- 
néral  d’horticulture,  par  MM.  J.  Decaisne  et  Ch 
Naudin,  t.  II.* 

Le  2e  volume  du  Manuel  de  Vamateur 
des  jardins  vient  de  paraître;  ce  volume 
comprend  huit  chapitres  qui  sont  consacrés 
à la  culture  des  plantes  d’agrément,  soit  de 
plein  air,  soit  d’appartements,  dans  les  diffé- 
rents climats  de  la  France. 

Le  Chapitre  premier  est  intitulé  ; Clima- 
tologie de  la  France  considérée  au  point 

^ 1 vol.  in-8.  de  82i  P ges  avec  2 pl.  col.  et  2U 
fig.  Librairie  Firmin  Didot.  Prix  : 7 fr.  50. 


de  vue  de  ses  rapports  avec  la  culture.  Les 
auteurs  divisent  la  France  en  cinq  climats  : 

1°  le  climat  vosgien  ou  du  nord-est; 

2»  — séquanien  ou  du  nord-ouest; 

3o  — girondin  ou  du  sud-ouest; 

4-0  — rhodanien  ou  du  sud-est  ; 

5o  — du  midi  ou  niéditerrannéen. 

Il  n’est  pas  besoin  de  démontrer  l’utilité 
de  ce  chapitre,  qui  faisait  j’usqu’ici  défaut 
aux  ouvrages  d’horticulture  générale.  Cha- 
que climat  étant  examiné  au  point  de  vue 
des  maxima  de  froid  et  de  chaleur,  de  la 
quantité  de  pluie,  des  vents  dominants  et 


BIBLIOGRAPHIE. 


316 

autres  particularités  atmosphériques,  on  en 
tire  des  conséquence's  importantes  au  point 
de  vue  de  l’aptitude  de  tel  ou  tel  climat  à 
telle  ou  telle  plante,  telle  ou  telle  culture. 
C’est  ce  qu’examinent  les  auteurs,  qui,  après 
avoir  décrit  ces  climats,  donnent  une  énumé- 
ration des  plantes  indigènes  ou  introduites 
qui  y prospèrent  et  qui  peuvent  servir  à les 
caractériser.  C’étaient  là  des  connaissances 
dont  jusqu’ici  l’agriculture  seule  avait  su 
faire  son  profit,  et  qu’il  était  regrettable  de 
voir  négliger  dans  la  science  horticole.  Ce- 
pendant, comme  on  le  comprend,  il  n’y  a là 
rien  d’absolu-,  ce  ne  sont,  en  réalité,  que  des 
points  de  repaire;  il  peut  arriver  que  tel  ou 
tel  point  privilégié  de  ces  cinq  climats 
nourrira  des  végétaux  qui  périraient  ou 
ousseraient  mal  à quelque  distance  de  là, 
ien  que  dans  la  même  région  climatolo- 
gique. C’est  ce  qu’ont  eu  soin  d’indiquer  les 
auteurs,  qui,  sous  le  titre  de  Climats  locaux^ 
énumèrent  les  circonstances  dans  lesquelles 
se  modifie  l’influencé  des  climats  : acci- 
dents de  terrain,  roches,  orientation,  nature 
du  sol,  etc. 

FloricuUiire  et  autres  cultures  d’agré- 
ment de  plein  air,  parterres,  jardins  fleuris- 
tes, parcs,  jardins  paysagers,  etc.,  tel  est  le 
titre  du  2^  chapitre. 

Dans  les  considérations  générales  qui 
forment  le  sujet  du  premier  paragraphe,  les 
auteurs  déterminent  le  rôle  que  la  floricul- 
ture,  c’est-à-dire  la  culture  des  plantes  rus- 
tiques ou  demi-rustiques  de  plein  air,  a 
joué  depuis  l’antiquité  et  joue  encore  ac- 
tuellement, en  l’envisageant  surtout  au  point 
de  vue  des  modifications  qu’elle  affecte  sui- 
vant les  temps  et  les  lieux.  Pour  les  auteurs, 
cette  partie  du  jardinage  n’est  pas  seule- 
ment un  métier,  qui  nécessite  des  connais- 
sances spéciales;  c’est  un  art,  l’art  jardini- 
que,  et  c’est  à lui  surtout  que  l’on  doit  la 
création  des  jardins  dits  pittoresques  ou 
paysagers.  Passant  ensuite  en  revue  les  va- 
riations qui  se  sont  produites  dans  le  style 
des  jardins  fleuristes,  suivant  les  époques 
et  les  mœurs,  MM.  Decaisne  et  Naudin  arri- 
vent aux  parterres  tels  qu’ils  existent  de 
nos  jours  avec  les  modifications  que  leur 
impriment  forcément  les  circonstances  lo- 
cales. Qu’il  y a loin  des  parterres  du  temps 
de  Henri  IV  comparés  à ceux  de  nos 
jours! 

Le  paragraphe  2 est  consacré  an  parterre; 
sa  situation  par  rapport  à l’habitalion,  le 
choix  et  la  préparation  du  terrain,  la  forme 
et  le  dessin,  sont  autant  de  subdivisions 
traitées  brièvement,  mais  de  main  de  maî- 
tre. Nous  voyons  passer  en  revue  les  bordu- 
res des  allées  et  des  sentiers,  qui  sont  ou 
vivantes,  telles  que  le  Buis,  le  Thym,  le 
Gazon  d’Olympe,  etc.,  ou  sèches,  la  brique, 
le  bois  et  le  fer;  puis,  les  pelouses  et 
gazons,  leur  établissement,  le  choix  des 


espèces  qui  les  composent,  les  différents 
modes  de  formation  et  les  soins  d’entretien; 
enfin,  sous  le  titre  général  d’accessoires  des 
parterres,  la  pépinière,  qui  en  est  le  jardin 
de  préparation,  les  bassins  et  jets-d’eaux, 
les  bancs  et  sièges,  les  vases  artistiques  ou 
les  caisses  à plantes  ou  arbustes  d’ornement 
qui  contribuent  à l’embellissement;  puis,  en 
dernier  lieu,  les  haies  considérées  plutôt  au 
point  de  vue  décoratif  que  défensif. 

Le  paragraphe  3 traite  l’importante  ques- 
tion du  choix  des  plantes  et  de  leur  distri- 
bution dans  les  parterres.  Dans  les  jardins, 
tels  qu’on  les  entend  aujourd’hui,  il  n’est 
pas  de  question  plus  intéressante,  car, 
ainsi  que  le  disent  les  auteurs,  k si  Ton  voit 
tant  de  jardins  fleuristes  mal  plantés  et  d’un 
médiocre  effet,  c’est  parce  qu’on  néglige 
trop  généralement  les  règles  tracées  par 
l’expérience  et  le  goût;  » et  nous  ajouterons 
que,  nulle  part,  un  jardinier  ne  trouvera 
ces  règles  posées  d’une  manière  plus  nette 
et  plus  sûre;  qu’il  ait  affaire  à une  distribu- 
tion de  plantes  par  entrem élément  à’ espèces 
ou  bien  à la  formation  de  massifs  d’une 
même  espèce,  il  trouvera  ici,  réunies  sous 
une  forme  concise,  les  notions  dont  il  devra 
toujours  tenir  compte,  soit  pour  les  dimen- 
sions relatives  des  plantes,  soit  pour  leur 
coloration.  Nous  signalerons  surtout  ce  qui 
a rapport  à ce  dernier  point.  Les  considé- 
rations sur  l’assortiment  des  couleurs,  sur 
les  rapprochements  à opérer  pour  obtenir 
des  contrastes  agréables  et  sur  ceux,  au  con- 
traire, qu’il  faut  éviter  parce  que  leur  résul- 
tat en  est  médiocre  ou  mauvais,  sont  indi- 
qués de  manière  à ne  laisser  aucun  doute 
dans  la  pratique.  A la  plantation  en  massif 
se  rattache  la  plantation  des  individus  iso- 
lés, ce  sont  souvent  les  mêmes  plantes  qui 
ont  été  employées  pour  la  formation  de  mas- 
sifs de  grandes  dimensions,  et,  pour  notre 
compte,  nous  avouons  que  ces  grands  massifs 
ne  nous  séduisent  que  médiocrement,  car  il 
nous  semble  que  quelques  pieds  de  Bali- 
siers, de  Caladium,  de  Wigandia,  ou  autres 
plantes  analogues,  produisent  un  effet  plus 
pittoresque  que  quand  on  en  réunit  un 
grand  nombre  en  masse  compacte.  Il  va  de 
soi  que  notre  réserve  ne  s’applique  qu’à  des 
jardins  de  dimensions  réduites,  comme  l’est 
la  grande  généralité  des  jardins  qui  nous 
entourent.  Les  aquariums,  surtout  dans  le 
Midi,  sont  souvent  associés  à la  décoration 
des  parterres;  de  là,  quelques  considéra- 
tions sur  l’emploi  des  plantes  les  plus  pro- 
pres à les  orner. 

Le  choix  et  le  classement  des  plantes 
qui  doivent  entrer  dans  la  composition  des 
parterres  forment  l’objet  du  paragraphe  4. 
Il  faut  que  le  jardinier  sache  d’avance  si 
les  plantes  qu’il  emploie  s’accomoderont 
des  conditions  dans  lesquelles  se  trouve  le 
parterre,  et  si  elles  y acquerront  toute  leur 


beauté;  c’est  contre  ces  échecs  qu’il  doit  se 
mettre  en  garde,  ce  qui  est  facile  avec  les 
ressources  si  variées  dont  il  dispose.  Deux 
catégories,  disent  les  auteurs,  sont  à sa  dis- 
position, peu  nettement  délimitées  d’ail- 
leurs :Ies  plantes  de  fantaisie,  qu’on  pourrait 
appeler  passagères,  et  les  plantes  de  collec- 
tion d’introduction  généralement  ancienne, 
d’importance  bien  plus  gr^ande  pour  l’a- 
mateur. Comme  exemples  de  ces  dernières 
rappelons  les  Rosiers,  les  Œillets,  les  Tuli- 
pes, etc.,  et,  parmi  les  récentes,  les  Dahlias, 
les  Glaïeuls,  les  Chrysanthèmes,  les  Reines- 
Marguerites,  etc.  Nous  trouvons  ensuite  une 
énumération,  rapportée  à nos  différents  cli- 
mats, des  plantes  les  plus  intéressantes 
classées  suivant  qu’elles  fleurissent  en  hiver 
au  printemps,  en  été  ou  en  automne. 

Ce  chapitre  se  termine  par  un  dernier  pa- 
ragraphe dont  le  sujet  est  l’étude  générale 
des  jardins  pittoresques  ou  paysagers,  des 
jardins  publics,  parcs,  promenades,  avenues 
et  arboretums.  Nous  trouvons  des  considé- 
rations très-intéressantes  sur  les  différen- 
ces qu’affectent  les  jardins  paysagers  sui- 
vant les  conditions  locales;  qu’elles  résul- 
tent soit  du  climat,  soit  de  la  configuration 
du  terrain,  soit  de  la  mode  régnante,  enfin 
sur  les  accessoires,  tels  que  rocailles,  laby- 
rinthes, tonnelles,  etc. , ainsi  que  sur  les 
plantations  urbaines,  celles  à exécuter  le 
long  des  routes  et  des  voies  ferrées 
Avec  le  chapitre  III,  nous  entrons  dans 
une  partie  du  livre  entièrement  distincte  de 
celles  que  nous  venons  de  parcourir;  nous 
allons  voir  maintenant  se  dérouler  succes- 
sivement devant  nous  les  genres,  les  espè- 
ces et  les  variétés  qui  méritent  d’être  uti- 
lises dans  les  jardins.  Ce  qui  nous  frappe 
tout  d abord,  en  jetant  un  coup  d’œil  sur  la 
partie  que  nou^  allons  examiner,  c’est  une 
classification  toute  nouvelle  et  vraiment  ori- 
ginale,^ que,  du  reste,  nous  avons  déjà  vue 
indiquée  dans  les  pages  précédentes.  Au 
lieu  de  suivre  les  sentiers  battus  par  leurs 
devanciers,  MM.  Decaisne  et  Naudin  ont 
préféré  employer  une  classification  qui 
pour  n etre  pas  scientifique,  a au  moins  cet 
avantage  de  disposer  les  plantes  d’une  ma- 
niéré pratique.  Les  plantes  propres  à la  dé- 
coration des  parterres  sont  divisées  en  plan- 
tes de  collection  et  de  fantaisie,  puis  vien- 
nent les  plantes  grimpantes,  les  grandes 
plantes  ornementales  et  enfin  les  plantes 
aquatiques  ou  d’aquariums. 

Le  chapitre  III,  consacré  aux  plantes  de 
collection,  s ouvre  par  une  étude  sur  les 
Rosiers,  qui  est  une  véritable  monographie 
Description  générique  des  Rosiers  au  point 
de  vue  botanique,  considérations  générales 
sur  leur  végétation,  sur  la  caducité  ou  sur 
la  persistance  du  feuillage,  sur  le  coloris 
des  fleurs,  sur  les  aptitudes  à la  duplicature 
et  sur  le  mode  suivant  lequel  elle  s’opère 


BIBLIOGRAPHIE. 


317 

ainsi  que  sur  ses  différents  degrés;  distri- 
bution géographique,difficulté  de  la  distinc- 
tion des  formes  vraiment  spécifiques,  diffi- 
culté augmentée  encore  par  la  production 
d un  nombre  considérable  de  variétés  et 
certainement  aussi  d’hybrides;  puis  énumé- 
ration des  espèces  botaniques  de  Rosiers 
avec  une  description  très-claire  des  carac- 
tères auxquels  oii  les  reconnaît,  et  l’indi- 
cation des  principales  variétés  qu’on  peut 
rapporter  à chacune  d’elles;  enfin,  la  cul- 
ture a laquelle  se  rattachent  la  taille,  la 
multiplication  soit  par  semis,  qui  se  fait 
surtout  dans  le  but  d’obtenir  de  nouvelles 
variétés,  soit  par  les  différents  procédés 
mécaniques  connus,  et  pour  complément  les 
maladies  et  insectes  nuisibles;  tel  est  aussi 
brievementque  possible  l’immense  quantité 
de  renseignements  qu’on  trouve  réunie 
surun  seulgenre  de  plantes  et  qui  devra  don- 
ner pour  lecteurs  à MM.  Decaisne  et  Naudin 
tous  ceux  qui  s’intéressent  à la  plus  belle 
de  nos  fleurs. 

Nous  ne  suivrons  pas  les  auteurs  dans 
1 etude  des  autres  genres  de  niantes  qu’ils 
traitent  successivement  dans^  ce  chapitre  • 

R nous  suffira  de  dire  que  les  Œillets,  les 
l uhpes,  les  Jacinthes,  les  Lys  et  autres  Li- 
liacees;  les  Amaryllidées,  telles  que  Narcis- 
ses  et  Pancratium,  Amaryllis,  etc.;  les 
™isins,  tels  que  Tigridia, 
ülaieuls,  Safrans,  etc.  ; les  Primevères  et 
les  Auricules,  les  Pensées,  les  Anémones  et 
et  les  Renoncules,  les  Chrysanthèmes,  les 
Heines-Margueriles,  et  enfin  les  Dahlias, 
ont  été  traités  d une  manière  aussi  magis- 
trale. ® 

Les  plantes  de  fantaisie  propres  à la  dé- 
coration des  parterres  qui  font  l’objet  du 
chapitre  IV , comprennent,  disent  les  auteurs 
((  1 innombrable  catégorie  de  plantes  d’or- 
nement, annuelles  ou  vivaces,  qui,  sans 
avoir  dans  l’estime  des  floriculteurs  la 
meme  importance  que  les  plantes  de  col- 
lecüon  proprement  dites,  n’en  jouent  pas 
moins  un  rôle  considérable  dans  la  déco- 
ration. » 

Nous  louons  les  auteurs  d’avoir  générale- 
ment restreint  leur  choix  à celles  des  espè- 
ces qui  présentent  un  mérite  incontestable  • 
nous  trouvons  dans  les  considérations  géné- 
rales des  notions  indispens*ables  sur  la  cul- 
ture  et  la  multiplication  des  plantes  dont  il 
est  fait  mention  dans  ce  chapitre.  Il  arrive 
SI  fréquemment  que  des  jardiniers,  par  suite 
de  soins  mal  entendus,  manquent  leurs 
semis,  qu’il  n’était  pas  inutile  d’insister  sur 
es  réglés  a suivre  selon  la  nature  du  terrain 
le  volume  des  graines  et  les  différentes 
conditions  dans  lesquelles  on  opère  Ce 
paragraphe  se  complète  par  quelques  indi- 
cations générales  destinées  à guider  dans  le 
choix  et  1 emploi  des  espèces. 

Suit,  d’après  l’ordre  alphabétique,  et 


1 


318 


BIBLIOGRAPHIE. 


aiiïiTîenlôs  de  la  culture  et  de  1 emploi  or- 
nerneulal,  les  descriptions  d’environ  650 
espèces  ou  variétés  de  plantes  annuelles, 
biLannuelles,  vivaces  et  quelquefois  même 
ligneuses,  appartenant  aux  climats  et  aux 
fa^rnilles  les  plus  diverses. 

Après  avoir  songé  càla  décoration  de  nos 
parterres,  les  auteurs  arrivent,  dans  le  cha- 
pitre Y,  aux  plantes  qui  peuvent  servir  a 
décorer  les  murs  et  les  tonnelles.  Ici,  nous 
remarquons  un  mot  nouveau  et  qui  nous 
semble  mériter  d’être  adopté,  parce  qu  il  ca- 
ractérise un  fait  général,  c’est  celui  de  cle- 
matisme^  pour  indiquer  la  faculté  de  grim- 
per. Les  auteurs  distinguent  quatre  modes 

de  clématisme  : , i i i 

jo  Par  Enchevêtremefit)  dans  lequel  la 
plante  s’insinue,  comme  la  ronce,  dans  la 
végétation  environnante  sans  exercer  sur 
elle  de  compression;  2®  par  préhension, 
lorsque  la  plante  s’accroche  à l’aide  de  vrit- 
les,  comme  la  Yigne,  le  Cobœa,  etc  ; 3^  par 
enroulement,  comme  dans  les  Liserons  e 
toutes  les  autres  plantes  dites  volubiles;  et 
40  \)2ir  juxtaposition,  quand  la  tige  adlieie 
aux  corps  environnants  à l’aide  de  crampons 
radiculaires,  comme  cela  arrive  dans  le 
Lierre  et  le  Tecoma  radicans. 

Les  plantes  grimpantes  sont  rangées  en 
deux  grandes  séries  : celles  à tiges  se  re- 
nouvelant chaque  année,  et  celles  au  con- 
traire dont  les  tiges  ligneuses  persistent. 
Cette  classification  est  factice  d ailleurs, 
puisque,  sous  d’autres  climats,  les  plantes  a 
tiges  annuelles  deviennent  ligneuses,  par 

exemple  laCapucine, le  ,1e  iüawraiif/ia. 

Comme  les  précédentes,  cette  partie  est 
traitée  avec  une  grande  connaissance  de  la 
question,  et,  quelle  que  soit  la  région  delà 
France  qu’on  habite,  on  y trouvera  des  ren- 
seignements certains  sur  les  plantes  qu  on 
devra  préférer.  Nous  en  dirons  autant  des 
grandes  plantes  ornementales,  qui  forment 
le  sujet  du  chapitre  Yl,  et  des  plantes  aqua- 
tiques, pour  aquariums  divers,  qui  sont  dé- 
crites dans  le  chapitre  YH.  ^ 

Nous  regrettons  que,  limite  par  1 espace, 
nous  ne  puissions  insister  davantage  sur  les 
excellents  renseignements  contenus  dans 


les  pages  que  nous  venons  de  parcourir  trop 
rapidement.  Il  nous  resterait  à essayer  de 
donner  aux  lecteurs  une  idée  générale  du 
Chapitre  YIII  qui  termine  ce  volume;  le 
sujet  qu’il  traite  est,  nous  le  croyons,  tout 
nouveau,  puisqu’il  s’agit  de  la  culture  des 
plantes  en  pots,  de  celles  qui  sont  destinées 
aux  appartements  et  aussi  d un  sujet  (jui, 
nous  l’avouons,  a nos  sympathies  toutes 
spéciales  : les  plantes  alpines  et  alpestres, 
et  les  fougeraies.  Nous  ayons  remarqué  sur- 
tout, dans  les  considérations  générales  sur 
la  culture  des  plantes  en  put,  des  préceptes 

1 i • onnîvnr  à iinP 


d’une  haute  importance  pour  arriver  à une 
réussite  assurée.  MM.  DecaisneetNaudinin  - 


sistent  d’une  manière  toute  particulière  sur 
le  drainage  destiné  à débarrasser  les  pots 
de  l’eau  stagnante  dont  les  effets  sont  si  per- 
nicieux. Du  reste,  tout  dans  ce  livre,  dont 
nous  avons  eu  l’imprudence  d’entreprendre 
l’appréciation,  tout,  sans  exception,  est  à lire 
et  à lire  attentivement,  de  manière  à s en 
bien  pénétrer  ; nous  ne  connaissons  aucun  ou- 
vrage où  la  science  théorique  se  marie  d’une 
manière  aussi  intime  et  aussi  claire  à 
l’expérience  pratique  de  l’horticulture.  Lst- 
il  besoin  d’ajouter,  pour  le  recommander  a 
nos  lecteurs,  qu’il  est  écrit  d un  style  tou- 
jours pur,  clair  et  élégant.  Quant  à 1 exécution 
typographique,  elle  ne  le  cède  pas  à celle  du 
premier  volume  : c’estassezdirequ  ellese  dis- 
tingue par  la  clarté  et  la  correction  du  texte  ; 
214  dessins  dus  au  crayon  de  M.  Riocreux 

etdisseminésdanslesSOOpages  qui  composent 

ce  volume,  augmentent  encore  son  mérite  aux 
veux  des  gens  de  monde  par  la  beauté  tonte 
artistique  de  leur  exécution,  et  «leur  fidélité 
est  telle  qu’il  n’est  pas  de  jardinier  qui,  pour 
reconnaître  ces  plantes,  ne  puisse  se  passer 

des  légendes  qui  les  accompagnent. 

Nous  sommes  l’écho  du*public  horticole 
en  réclamant  la  prompte  publication  du 
3e  volume,  dans  lequel  on  nous  promet  des 
arbustes  et  arbres  d’ornement  et  la  culture 
sous  verre,  ainsi  que  le  4®  volume  qui  sera 
consacré  au  jardinage  d’utilité.  La  France 
possédera  alors  un  ouvrage  d horticulture 
qui  ne  nous  laissera  rien  à envier  a l e- 
tranger.  B.  \erlot. 


SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE. 


Séances  des  i2  et  26  juillet. 

Les  objets  présentés  au  comité  de  cul- 


ture potagère,  dans  ces  deux  séances,  con- 
sistent en  fruits  nombreux  du  Fraisier  des 
4 saisons  (Reine),  semis  de  1864  et  18bb, 
déposés  par  M.  Gauthier. 

M.  Yivet  fils,  jardinier  au  cbateau  de 
Coubert  (Seine-et-Marne),  dépose  de  belles 
racines  de  Cerfeuil  bulbeux  dont  le  déve- 


loppement considérable  mérite  au  présen- 
tateur une  prime  de  2'^^  classe.  Selon  le 
comité,  les  racines  de  celte  espèce  gagne- 
raient en  qualité  si  on  ne  les  employait 
qu’un  mois  ou  six  semaines  après  leur  arra- 
chage. Plusieurs  personnes  ont  constate 
qu’après  ce  laps  de  temps  les  racines  sont 
plus  féculentes  et  plus  sucrées;  cependant, 
il  ne  faudrait  pas  attendre  trop  longtemps, 
car,  cà  la  fin  de  janvier,  quoique  plus  su- 


J 


SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ET 

crées  encore,  elles  sont  beaucoup  moins 
féculentes.  Les  petites  racines  peuvent-être 
employées  sans  être  pelées. 

Le  comité  de  doriculture  a été  plus  heu- 
reux dans  les  présentations  qui  lui  ont  été 
faites.  Une  très-belle  collection  composée 
de  46  variétés  de  Roses  trémières  écossai- 
ses a été  déposée  par  M.  Loise,  marchand 
ffrainier,  à Paris;  cette  présentation  a 
valu  à son  auteur  une  prime  de  classe, 
et,  à la  compagnie,  un  historique  très- 
étendu,  sinon  neuve,  de  ces  plantes. 
Ainsi,  commençant  par  l’étymologie  du  nom 
Rose  trémière,  M.  le  maréchal  Vaillant  le 
fait  sortir  de  Rose  d'outre-mer,  que  les  an- 
ciens donnaient  k ces  fleurs,  parce  qu’elles 
avaient  été  rapportées  de  Damas  par  les 
Croisés.  M.  Rrongniart  pense  que  ce  nom 
signifie  Rose  de  trois  mois.  Qui  a raison? 
M.  Margottin  donne  à la  Société  de  nom- 
breux renseignements  sur  la  culture  de  ces 
plantes  toutes  françaises,  et  il  s’étonne  que 
les  Anglais  se  permettent  de  les  débaptiser, 
pour  les  décorer  de  noms  anglais.  M.  Loise 
fait  remarquer  k M.  Margottin,  que  nos 
voisins  d’outre-Manche  sont  parfaitement 
dans  leur  droit,  parce  qu’ils  ont  beaucoup 
amélioré  nos  variétés  françaises  par  les 
nombreux  semis  qu’ils  en  “ont  faits.  Au 
sujet  de  leur  multiplication,  M.  Margotlin  dit 
que  ces  plantes  se  propagent  par  greffes,  par 
séparages  et  par  boutures,  tous  moyens 
capables  de  conserver  les  variétés;  la  pre- 
mière de  ces  opérations  est  assez  délicate, 
mais  elle  peut  produire  d’assez  bons  résul- 
tats, pratiquée  en  septembre,  février  et 
mars,  sur  racines  de  Guimauve  {Althxaoffi- 
cinalis,  Linn.J.  M.  Raccot,  qui  cultivait  ces 
plantes  avec  succès,  préférait  ce  sujet  aux 
racines  de  Roses  trémières  de  semis  parce 
qu’il  était  plus  vigoureux.  Pour  les  sépara- 
ges, voici  les  moyens  employés  par  M.  Mar- 
gottin: au  mois  d’octobre,  on  rabat  leS  tiges 
à 0*".8  ou  0^.10  du  sol,  on  relève  les  plantes 
en  novembre,  puis  on  les  place  sous  châssis 
à froid,  en  ayant  soin  que  l’humidité  ne  sé- 
journe pas  dans  la  partie  creuse  de  l’axe 
principal;  au  printemps,  on  les  éclate,  et 
chaque  pied  peut  alors  fournir  25  ou  30 
greffes  ou  boutures  qui  réussissent  très- 
bien. 

Des  Œillets  nains  de  semis  propres  à 
faire  des  bordures  sont  présentés  par 
M.  Ronnet  (Louis)  horticulteur  à Vanve 
(Seine);  il  croît  que  ces  Œillets  ont  fleuri 
chez  lui  pour  la  première  fois;  d’après 
M.  Thibaut,  cette  variété  est  très-répandue 
sous  le  nom  d'OEillet  de  Verrier. 

M.  Durand  fils  dépose  un  échantillon 
(fleur  et  feuille)  d’une  espèce  d’Aristoloclie 
d’introduction  toute  récente,  qui  fleurit 
pour  la  première  fois  en  France.  M.  Du- 
chartre,  après  de  nombreuses  recherches, 
a trouvé  dans  VHortus  sempervirens  de 


CENTRALE  D’HORTICULTURE.  319 

Renier,  une  figure  qui  lui  est  très-sembla- 
ble; le  norn  sous  lequel  elle  est  désignée  est 
celui  d Aristolochia  cordiflora,  tandis  que 
celui  sous  lequel  elle  a été  vendue  à M.  Du- 
rand est  A.  cordata.  C’est  de  l’établisse- 
ment Linden,  le  principal  introducteur  de 
la  plupart  de  nos  nouveautés  horticoles, 
qu  il  1 a obtenue . Sa  fleur,  qui  ne  dure  qu’un 
jour,  ressemble  à celle  de  V Aristolochia ^ 
gigas,  Lindley,  ou  A.  cordiflora,  Mutis, 
comme  forme,  couleur  et  dimension,  sauf 
l’appendice  en  forme  de  lanière,  de  0"L40à 
0"'.50  de  longueur,  qui,  chez  celle-ci,  ne 
dépasse  pas  0«^02  à O^n.03;  les  feuilles  sont 
beaucoup  plus  amples,  fermes  et  en  cœur, 
d’un  vert  tendre,  luisant.  Cette  espèce,  d’a- 
près les  observations  de  M.  Jamin  fils,  se- 
rait plutôt  de  serre  chaude  que  de  serre 
tempérée,  et  M.  Duchartre  la  suppose  ori- 
ginaire de  Vénézuela. 

M.  Louesse,  fleuriste,  présente  sept  va- 
riétés de  Phlox,  à fond  blanc.  Celle  portant 
le  no  37,  qui  ressemble  un  peu  à la  variété 
Mme  Andry,  mais  dont  l’œil  est  moins  vif, 
est  jugée  digne  d’une  prime  de  3«  classe.  Le 
comité  déclare  qu’il  devient  de  plus  en  plus 
difficile  de  juger  ces  plantes  (et  combien 
d’autres  sont  dans  le  même  cas  !)  ne  pouvant 
se  rappeler  les  innombrables  variétés  de 
semis  déjà  obtenues.  Un  semis  de  1863,  de 
M.  Chaté  fils,  d’une  merveilleuse  beauté 
comme  couleur  et  tenue,  qu’il  a nommé 
Comtesse  Albert  de  Laroche foucauld,  de  cou- 
leur rose  à œil  carmin  vif,  formant  par  la 
masse  de  corolles  un  dôme  de  fleurs,  lui 
mérite  une  prime  de  3^  classe.  M.  Chaté  dit 
que,  pour  conserver  les  variétés  naines  et 
trapues,  il  n’y  a que  le  bouturage,  car  le 
semis  reproduit  rarement  ces  formes. 

Une  collection  composée  de  60  variétés 
du  Gladiolus  Gandavensis.  Hort.,  mérite 
à M.  Loise  fils  une  prime  de  3®  classe.  Le 
choix  est  très-varié;  mais  le  comité  n’y  re- 
connaît que  des  variétés  connues. 

Parmi  les  présentations  de  M.  Rivière, 
jardinier  en  chef  du  Luxembourg,  se  trouve 
plusieurs  Orchidées  en  bel  état  de  floraison 
et  de  fructification.  Le  but  que  se  propose 
le  présentateur,  est  de  démontrer,  que  les 
fruits  laissés  sur  les  pieds  de  ces  plantes,  n’al- 
tèrent en  rien  leur  végétation,  comme  beau- 
coup d’amateurs  et  d’horticulteurs  l’avaient 
supposés,  et  il  montre  à l’appui  de  ce  qu’il 
avance  plusieurs  espèces  dont  quelques- 
unes  ont  des  pseudobuibes  portant  à la  fois 
de  très-gros  fruits  et  des  bourgeons  en  par- 
fait état  de  développement.  Ces  plantes,  ap- 
partenant à des  genres  très- différents,  mon- 
trent aussi  la  facilité  qu’elles  ont  de  donner 
de  beaux  fruits  par  la  fécondation  artifi- 
cielle. Dans  la  séance  du  26  juillet,  M.  Ri- 
vière a présenté  à la  société  des  échantil- 
lons fleuris  et  cueillis  à Marseille  dans  la 
belle  propriété  de  M.  Paulin  Talabot,  grand 


320 


SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTCRE 


amateur  d’horticulture,  un  grand  nombre 
de  plantes,  parmi  lesquelles  nous  citerons 
les  suivantes  qui  sont  parfaitement  rusti- 
ques sous  ce  climat  et  y acquièrent  de  très- 
beaux  développements  : la  Rose  du  Nil  {Ne- 
lumbium  spëciosum,  Willd.)  orne  les  bas- 
sins de  ses  immenses  fleurs,  rappelant  un 
peu  celles  de  nos  Magnoliers,  et  de  ses  feuil- 
les ne  mesurant  pas  moins  de  0™.35  a 0"\40 
de  largeur;  le  Lagerstrœmia  indica,  Lin., 
formant  un  bel  arbrisseau,  qui  se  couvre 
généralement  à la  fin  de  l’été  de  noinbreu- 
ses  fleurs,  de  nuances  variables,  mais  com- 
munément rose  violacé,  dont  les  cinq  pé- 
tales ressemblent  à de  petites  plumes  ondu- 
lées et  frangées , qui  semblent  piquées 
autour  d’un  petit  disque  vert  et  jaune  ; 
V Acacia  Jiilibrissin^  Willd.  {Albizzia  Juli- 
brissin,  Benth.),  vulgairement  Arbre 

de  soie^  que  nous  avons  vu  fleurir  quelque- 
fois sous  notre  climat  de  Paris  pendant  les 
années  où  nos  froids  d’hiver  ne  descen- 
daient pas  au-dessous  de 4 degrés  centigrades. 
Dans  le  Midi,  ce  bel  arbre  captive  l’attention 
de  tout  le  monde  par  son  magnifique  feuil- 
lage ressemblant  à des  frondes  de  fougères, 
et  par  ses  fleurs  qui  simulent  des  aigrettes 
de  soie.  Le  Poinciana  Gilliesü,  Hook.,  ori- 
ginaire des  Antilles,  se  plaît  aussi  dans  nos 
pays  méridionaux  où  il  est,  à juste  titre,  con- 
sidéré comme  l’arbre  le  plus  ornemental  ; le 
Dioclea  glycinoides,J).  G.  de  la  Nouvelle-Gre- 
nade, arbrisseau  grimpant  à magnifiques 
fleurs  rouge  écarlate;  VArauja  albens^  Don., 
{Physiantlius  albens,  Mart.  du  Brésil)  ; le  Ra- 
phiolepis  rubra,  LindL;  le  Pistaciaterebin- 
thus,  L.,  sont  aussi  des  végétaux  très-re- 
cbercbés  pour  l’ornementation  des  jardins 
du  midi,  ainsi  que  VAralia  papyrifera, 
Hook.,  de  l’île  Formose,et  VAbutilon  veno- 
sum,  Paxt.  {Sida  venosa,  Hort.)  du  Mexique. 
Comme  ces  faits  n’offrent  rien  d’extraordi- 
naire, et  que  la  plupart  de  ces  végétaux  sont 


cultivés  depuis  de  longues  années  dans  le 
midi  et  dans  l’ouest  de  la  France,  nous  ne  ^ 
nous  y arrêterons  pas  davantage. 

Différents  renseignements  sont  fournis  à 
la  société  sur  les  sujets  suivants  : Sur 

un  mode  de  destruction  du  puceron  lanigère, 
par  M.  Horney,  horticulteur.  L'auteur  lave 
les  arbres  infestés  par  ces  insectes  avec  de 
riiiiile  de  pétrole,  en  ayant  soin  d’opérer  en 
hiver,  lorsque  tout  les  organes  foliacés  ont 
disparus,  et  il  s’en  trouve  parfaitement.  Plu- 
sieurs arboriculteurs  l’interpellent  pour  sa- 
voir comment  il  fait  pour  détruire  cette  peste 
sur  les  racines.  M.  Horney  dit  qu’il  ne  s’est  oc- 
cupé jusqu’à  présent  que  des  parties  aérien- 
nes. — 2»  Sur  la  destruction  delà  Cuscute, 
en  employant  20  kilog.  de  sel  marin  pour 
200  litres  d’eau;  on  asperge  avec  cette  pré- 
paration les  plantes  infestées;  mais,  comme 
toutes  ne  possèdent  pas  le  même  degré  de 
rusticité  il  serait  à craindre  que  quelquefois  le 
remède  ne  soit  pire  que  le  mal.  — 3®  M.  Bou- 
chard Huzard  donne  lecture  d’une  note  au 
sujet  de  l’avantage  qu’il  y aurait  à faire  stra- 
tifier certaines  graines  pour  en  obtenir 
une  germination  plus  prompte  et  plus  facile. 
L’auteur  mentionne  le  Ligustrum  ovalifo-  ■ 
Hum  comme  lui  ayant  parfaitement  réussi. 

M.  Leroy,  jardinier  à Kouba,  envoie  à la 
Société  une  boîte  remplie  de  ces  criquets, 
improprement  appelés  sauterelleSy  qui,  tout 
dernièrement,  ont  fait  une  si  terrible  inva- 
sion en  Algérie,  et  réduit  à une  affreuse  mi- 
sère les  malheureux  colons.  Ces  insectes 
sont  soumis  à l’examen  du  Di^  Boisduval, 
qui  reconnaît  que  ces  criquets  appartiennent 
aux  Acridiummigratorium  et  peregrinum. 
Ce  sont  les  mêmes  qui  ravagèrent  l’Egypte 
du  temps  de  Moïse.  C’est  encore  cette  même 
espèce  qui,  parfois  aussi,  a fait  irruption  en 
Provence  et  a anéanti  toutes  les  récoltes. 

L.  Neumann 


DEUX  MOTS  SUR  LE  BAMBUSA  FORTUNEI  VARIEGATA. 


La  plante  cultivée  sous  le  nom  de  Bam- 
busa  Fortunei  rariegata  est-elle  un  Bam- 
bou? On  peut  en  douter,  bien  qu’il  soit  sou- 
vent difficile,  lorsqu’on  est  privé  de  fleurs, 
de  se  prononcer  d’une  manière  absolue  sur 
le  genre  auquel  appartient  telle  ou  telle 
plante  et  que  la  difficulté  soit  encore  aug- 
mentée lorsqu’il  s’agit  de  Bambous,  plantes, 
en  général,  très-mal  connues.  Nous  doutons 
toutefois,  que  la  plante  en  question  appar- 
tienne à ce  genre;  l’étude  que  nous  avons 
faite  de  ces  plantes  et  l’habitude  que  nous 
avons  de  les  voir,  est,  pour  nous,  un  guide 
qui  nous  permet  d’émettre  ces  doutes. 

La  végétation,  d’une  part,  et  surtout  le 
fades  du  prétendu  Bambusa  Fortunei  i^a- 
riegatUy  n’ont  rien  des  Bambous.  Cette 


plante  paraît-être  un  PhalariSy  ou  bien  un 
Paniciim,  très-probablement  ce  dernier. 

Mais,  quoi  qu’il  en  soit  et  pour  ne  pas  ap- 
partenir au  genre  Bambou,  son  mérite  ne  peut 
en  souffrir,  et  l’on  ne  saurait  trop  en  recom- 
mander la  culture;  cette  plante  est  d’ailleurs, 
très-ornementale,  et  sa  rusticité  est  à toute 
épreuve.  De  plus, elle  est  gazonnante  ou  ces- 
piteuse,  s’élève  peu  et  lance  des  bourgeons 
ou  sortes  de  drageons-rhizomes  qui  se  ter- 
minent par  une  rosette  de  feuilles.  La  tige  et 
les  feuilles  sont  liserées  de  blanc,  sur  un 
fond  vert,  à peu  près  comme  celles  du  Pha- 
taris  arundinacea  picta.  C’est  une  espèce 
très-jolie  et  surtout  très-propre  à former 
des  bordures. 


E.  Lebas. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


(DECXIÈME  QUINZAINE  D’AOUT). 


I PS  expositions  automnales.  — Exposition  d’horticulture  de  Clermont.  — Exposition  d’automne  organisée 
par  la  Société  d^horticulture  et  de  botanique  de  Reauvais.  — Étude  des  Pommiers  à cidre.  — U foire 
aux  ruits.  — Exposition  automnale  de  la  Sociùlé  d’Iiurliculture  de  la  Haute  Garonne  — Exposition 
mai-aiU'éie  iln  la  Sociclé  .l’horlirnl'ure  eide  bülanique  del'llétault.  - Le  Vraisier 
Vicomiesse  llencart  de  Ihunj  et  le  Mais  panacne.  — Lettre  de  M.  Jamin  — Lettre  de  M André  en 
repense  à M de  ïenM'sie,,  sur  la  laille  des  Azalées,  - Communicaliuu  de  M càUIre  - 
Maréchal  Niel.  — Les  éUqueltes  de  .ianlni.  — Cemmunicalion  de  M.  le  commaiidaiil  Saiiit-Quenlin  — 
La  Laitue  Bossin.  — Lettre  de  M.  De-uy.  — Emploi  du  suTuie  de  carbone  |.our  détruire  les  rats*  — 

Sriï'irPeinp®  """i  T-  - Gloire  de  Dijon  - Anomalie  observée  dans  sa  floraiso'n  à 

bourg-la-Kei.ne  - Le  Bamlmm  edulis  et  Is  Hambiwi  Simonu.  — l‘lanles  rares  et  curieuses  du  fleuriste 
de  la  ville  de  Pans.  - Les  Nepeutes  et  les  Orchidées.  — Reproduction  par  voie  de  semis  de  la  variété 
'‘emarqnables  de  végétation.  - Floraison  d’un  Cycas  mâle  au  Muséum.  - Fruc- 
tihcation  du  Phijllodadus  glaiica  femelle.  — Introduction  en  France  d’une  nouvelle  variété  de  Pêcher 
originaire  de  la  Chine. 


Avec  les  beaux  jours  disparaissent  les 
tleurs,  mais  aux  Heurs  succèdent  les  fruits, 
qui  font  le  succès  des  expositions  automnales 
de  meme  que  les  Heurs  font  le  succès  des 
expositions  de  printemps  et  d’été. 

La  première  exposition  dont  nous  avons  à 
parler  est  celle  qui  doit  avoir  lieu  à Cler- 
mont (Oise),  à partir  du  27  septembre  jus- 
qu’au 30  inclusivement. 

Tors  les  horticulteurs  et  amateurs  sont 
invités  à prendre  part  à cette  exposition  qui 
admettra,  indépendamment  des  Heurs,  des 
fruits,  des  légumes,  etc.,  tous  les  instru- 
ments d’horticulture. 

Le  programme  comprend  27  concours, 
dont  deux  méritent  une  mention  toute  parti- 
culière, parce  qu’ils  ont  trait  à une  question 
fort  importante,  celle  de  l’enseignement  de 
l’horticulturedansles  écoles  primaires  : l’un, 
pour  le  meilleur  mémoire  sur  une  question 
pratique  d’horticulture,  mise  à la  portée  des 
élèves  des  écoles  (le  choix  du  sujet  estlaissé 
aux  concurrents);  — l’autre  concours,  pour 
l’apport  à l’exposition  de  la  plus  belle  col- 
lection de  fruits  ou  de  légumes  provenant 
du  jardin  de  V école. 

Le  transport  des  objets  destinés  à l’expo- 
sition est  à la  charge  des  exposants,  qui  doi- 
vent les  faire  parvenir  au  plus  tard  le  27  sep- 
tembre à huit  heures  du  matin.  — Ceux  qui 
désirentexposer  doivent  en  faire  la  demande 
CO,  jusqu’au  22  septembre,  à M.  lepré- 
sidentde  la  Société,  à Clermont. 

— La  Société  d’horticulture  et  de  bota- 
nique de  Beauvais  fera  son  exposition  d’au- 
tomne du  samedi  29  septembre  au  mardi  2 
octobre  inclusivement,  dans  les  jardins  et 
bâliments  de  l’ancien  séminaire.  Cette  expo- 
sition comprendra  les  Heurs,  les  fruits,  les 
légumes,  ainsi  que  les  divers  objets  qui  se 
rattachent  à l’horticulture. 

Ceux  qui  voudront  exposer  devront  en 
faire  la  demande  avant  le  27  septembre  à 
M.  HippolyteRodin,  secrétaire  de  la  Société, 
rue  Saint-Nicolas,  et  à M.  Cyrille  Caron, 
secrétaire  de  la  commission  d’organisation, 
85,  rue  de  la  Préfecture.  Une  condition  que 
la  Société  impose,  c’est  que  tous  les  objets 
soient  le  produit  de  la  culture  ou  de  l’in- 
dustrie des  exposants,  fait  qui  devra  être  af- 


firmé par  ceux-ci  lors  de  leur  demande. 
Toute  contravention  à cet  arrêté  exclut  du 
concours  celui  qui  s’en  rend  coupable;  de 
plus,  mention  en  est  faite  au  procès-verbal. 

^ Une  partie  de  cette  exposition  sera  affec- 
tée à l’étude  des  Pommes  à cidre.  Dans  le  but 
de  débrouiller  un  peu  la  confusion  qui  existe 
dans  la  nomenclature  de  ces  fruits,  la  Société 
engage,  par  un  appel  général,  MM.  les  pro- 
priétaires, cultivateurs,  curés  et  instituteurs 
du  département,  à concourir  à ce  travail. 
Elle  les  prie  de  présenter,  autant  que  pos- 
sible, des  fruits  adhérents  aux  branches 
et  accompagnés  d’étiquettes  indiquant  le 
nom  sous  lequel  les  fruits  sont  connus  dans 
la  commune,  ainsi  que  tous  les  autres  ren- 
seignements qui  pourraient  aider  à en  éta- 
blir la  synonymie.  Enfin,  le  mardi  2 oc- 
tobre, à l’issue  de  l’exposition,  aura  lieu  la 
foire  aux  fruits. 

— La  Société  d’horticulture  de  la  Haute- 
Garonne  fera  son  exposition  d’automne  à 
deux  époques  différentes.  La  première  exposi- 
tion, commençant  le  4 octobre,  finira  le  7 ; la 
deuxième  aura  lieu  les  3 et  4 novembre.  — 
Cette  exposition  forme  deux  divisions;  la 
première  comprend  deux  concours  : l’un 
affecté  aux  semis,  l’autre  à la  multiplication 
par  greffe,  bouture,  marcotte,  etc.,  etc.  — 
La  deuxième  division  comprend  28  con- 
cours, dont  3 pour  les  arts  et  industries  se 
rattachant  à l’horticulture,  tels  que  plans 
de  jardins  et  constructions  rustiques,  ins- 
truments ou  objets  d’art  employés  en  hor- 
ticulture; enfin  les  produits  industriels 
obtenus  de  végétaux  cultivésdansles  jardins. 
Le  28«  et  dernier  concours  est  ouvert  pour 
tous  les  ouvrages,  mémoires  et  journaux 
qui  offrent  un  intérêt  spécial  pour  les  cul- 
tures horticoles  du  sud-ouest  de  la  France. 
Deux  exemplaires  de  ces  ouvrages  devront 
être  remis  au  secrélariat,  un  mois  avant  l’ou- 
verture de  l’exposition.  Tous  ceux  qui  vou- 
dront exposer  devront  en  faire  la  demande 
par  une  lettre  adressée  au  secrétaire  de  la 
Société,  rue  St-Antoine-du-T,  2 bis,  huit 
jours  avant  l’exposition,  sous  peine  d’être 
mis  hors  de  concours. Les  lots  devront  être 
rendus  les  3 octobre  et  2 novembre,  avant 
9 heures  du  malin,  au  local  de  l’exposition. 


CHUOTsIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’AOU'l> 


- L’exposition  pomologique,  florale  et 
maraîchère,  organisée  parla  Société  d’horti- 
culture et  de  botanique  de  l’Hérault,  aura 
lieu  cette  année  du  5 au  9 septembre,  à 
Montpellier. 

On  sait  que  la  Société  d’horticulture  et 
de  botanique  de  l’Hérault  a pour  président 
un  homme  d’une  haute  valeur,  un  amateur 
éclairé,  M.  Doumet,  que  la  Revue  horticole 
compte  au  nombre  de  ses  collaborateurs. 

— Ün  de  nos  collègues,  M.  F.  Jamin, 
nous  adresse  la  lettre  suivante  : 

Mon  cher  rédacteur, 

Permettez-moi  de  vous  adresser  deux  obser- 
vations que  me  suggère  la  lecture  du  numéro  de 
la  RevAie  horticole  du  16  juillet.  Dans  un  article 
de  M.  Pépin  sur  le  Fraisier  Vicomtesse  Héri- 
cart  de  Thury,  Fauteur  dit  bien  que  l’obten- 
tion de  cette  précieuse  variété  remonte  à 20  ou 
25  ans,  mais  il  n’en  cite  pas  l’obtenteur.  Or,  je 
suppose  que  vos  lecteurs  verront  avec  plaisir 
cette  lacune  comblée,  et  je  vous  dirai  que  moi- 
même  j’éprouve  quelque  satisfaction  à vous 
annoncer  que  c’est  à mon  père,  M.  J.L.  Jamin, 
qu’on  doit  ce  fraisier,  qui  aujourd’hui,  comme 
le  fait  justement  observer  M.  Pépin,  est  cultivé 
sur  une  grande  échelle.  Le  Fraisier  Vicom- 
tesse Hériciirt  de  Tliury  provient  de  graines  du 
Fraisier  British  Qiieen,  dont  mon  père  avait  rap- 
porté quelques  fruits  et  quelques  plants  d’iVn- 
gleterre,  alors  qu’il  était  encore  nouveau. 

Ma  seconde  observation  porte  sur  l’article  qui 
rend  compte  de  la  séance  du  28  juin  de  la  So- 
ciété impériale  et  centrale  d'horticulture.  Dans 
cet  article,  on  me  fait  dire  que  le  Maïs  panaché 
présenté  à cette  séance  serait  d’origine  améri- 
caine. Ce  n’est  pas  cela  que  j’ai  fait  obser- 
ver. J’ai  dit  que  la  plante  était  japonaise  ; mais 
que,  selon  toute  probabilité,  elle  avait  été  im- 
portée d’abord  aux  États-Unis  d’Amérique,  d’où 
on  en  avait  expédié  des  graines  en  Europe; 
que  notre  maison  en  avait  reçu  directement 
d’un  horticulteur  marchand  de  Springfield,  Mas- 
sachussetts. 

Au  surplus,  voici  les  renseignements  que  je 
trouve  dans  une  circulaire  qui  est  venue  avec 
les  graines. 

« Le  Maïs  à feuilles  panachées  a été  obtenu  au 
Japon  par  M.  Thomas  Hogg,  pépiniériste  et  hor- 
culteurbien  connu  de  New-York,  qui  en  envoya 
des  graines  au  printemps  1864,  à son  frère, 
M.  James  Hogg.  Il  parait  être  une  variété  du 
Zea  Caragua,  qui  ditfèie  du  Zea  Maïs  par  divers 
caractères.  11  atteint  une  hauteur  de  5 à 6 pieds, 
et  les  feuilles  ont  deux  ou  trois  pouces  de  lar- 
geur sur  4 pieds  de  longueur.  Elles  sont magni- 
liquement  et  régulièrement  panachées  et  ruba- 
nées de  vert  et  de  blanc,  voire  même  de  rose  au 
début  de  la  végétation.  La  plante  a l’aspect  de 
VAnnido  clonax  variegata,  mais  elle  est  beau- 
coup plus  jolie  et  plus  forte. 

« Rien  ne  saurait  égaler  en  grâce  et  en  beauté 
un  groupe  de  3 à 5 pieds  de  ‘cette  variété  de 
Maï?^.  » E.  Jamix, 

llorlicullcur  à liuurg--!a-Rcinc. 

Si  l’on  admet,  avec  M.  Jamin  que  le  Maïs 
I anaché  est  d’origine  japonaise,  il  ne  faut 


pas  en  conclure  que  les  autres  variétés  ont 
la  même  origine  ; on  le  sait,  la  patrie  du 
type  Maïs  est  restée  jusqu’à  ce  jour  complè- 
tement inconnue. 

Quant  à la  Fraise  Vicomtesse  Héricart  de 
Thury  (la  Ricart  des  cultivateurs),  nos 
lecteurs  apprendront  avec  plaisir  quelle  est 
due  à M.  Jamin  père. 

— Nous  avons  reçu  plusieurs  autres  let- 
tres que  nous  croyons  devoir  publier.  La 
première,  adressée  par  notre  collaborateur 
M.  André,  est  ainsi  conçue  : 

Passy,  10  août  1866. 

Mon  cher  rédacteur, 

Tout  en  rendant  justice  au  talent  et  à la 
courtoisie  de  M.  de  Ternisien,  je  me  crois  forcé 
de  faire  quelques  observations  à l’article  qu’il 
a publié  contre  la  taille  des  Azalées. 

Que  M.  de  Ternisien  me  permette  d’abord  de 
m’étonner  de  le  voir,  lui  qui  a émis  l’idée 
d’élaguer  ^ les  conifères,  s’insurger  contre  la 
taille,  après  l’avoir  préconisée  ! 

^ Ensuite,  je  n’ai  pas  dit  que  les  Azalées  que 
j’avais  vues  à Londres  fussent  taillées.  J’ai  dit 
qu’elles  étaient  formées  en  pyramide,  ainsi  que 
nombre  de  plantes  de  serre  froide,  et  j’ai  re- 
commandé cette  forme  comme  plus  agréable  et 
plus  rationnelle  que  Informe  en  boule.  Les  An- 
glais taillent  très-peu  leurs  plantes,  et  les  Azalées 
dont  je  parle  sont  seulement  palissées  en  pyra- 
mide sur  de  légères  armatures  en  fer  qu’on 
enlève  quand  les  plantes  sont  formées.*  Je  n’ai 
pas  dit  autre  chose,  et  n’ai  point  sur  tout 
parlé  de  taille. 

Et  cependant,  j’en  veux  dire  un  mot.  Je  ne 
suis  pas  du  tout  de  l’opinion  de  M.  de  Ternisien 
là-dessus.  Je  ne  pense  pas  que  lui-même  puisse 
élever  de  jeunes  plantes  en  pot,  de  forme 
agréable,  sans  corriger  par  une  taille  intelli- 
gente leurs  éepts  de  végétation.  Si  nos  horti- 
culteurs ne  faisaient  pas  ainsi,  qui  voudrait  de 
leurs  pfa'ntes?  Le  palissage  dont  je  parle  ne 
peut-être  employé  que  pour  former  de  forts 
spécimens  d’exposition.  La  plante  marchande 
ne  peut  coûter  tous  ces  soins;  il  lui  faut  vite 
une  forme  correcte;  de  là,  la  nécessté  de  la 
tailler. 

Que  maintenant,  dans  les  régions  où  les 
Azalées  à feuilles  persistantes  supportent  les 
hivers,  on  les  laisse  croître  à leur  caprice,  en 
liberté,  à merveille!  Je  ne  doute  pas  que  M.  de 
Ternisien  en  ait  de  fort  belles.  Mais  j’aurais 
bien  voulu  voir  l’effet  qu’elles  auraient  produit 
avec  leur  formes  pittoresques  et  leurs  fleurs 
éparses  en  regard  des  immenses  et  éclatantes 
girandoles  de  Kinsington  ! 

M.  de  Ternisien  paraît  connaître  à merveille 
la  végétation  des  Azalées  de  l'Inde.  C’est  très- 
bien,  mais  je  n’y  vois  qu’un  petit  inconvénient  : 
c'est  qu'il  n'y  a pas  d' Azalées  dans  l'Inde.  Les 
plantes  connues  sous  ce  nom  au  commerce  sont 
toutes  du  Japon  et  de  la  Chine  ; une  seule  est 
de  Java.  L’erreur  accréditée  vientde  loin,elleest 
passée  dans  l’usage.  Je  la  coiislalt'  sans  cher- 
cher à la  justilier. 

D’ailleurs,  M.  de  Ternisien  eût  pu  lire  ce 
que  j’ai  autrefois  écrit  là-dessus,  dans  mon 


I 


323 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’AOUT). 


Traité  des  plantes  de  terre  de  bruyère  ; peut- 
être  eût-il  modifiée  ensuite  sa  critique. 
Veuillez,  croire_,  etc. 

E.  André, 

— Dans  une  lettre  que  nous  adresse  notre 
collaborateur,  M.  Gagnaire,  nous  trouvons 
un  passage  intéressant  pour  nos  lecteurs.  Il 
s’agit  de  la  variété  de  Rosier  appelé  Maré- 
chal Niel,  sur  la  valeur  de  laquelle  nous 
avions  émis  des  doutes.  M.  Gagnaire  écrit  ; 

« Le  Rosier  Maréchal  ISiel,  dont  vous 
avez  parlé,  et  duquel  on  a fait  grand  bruit,  a 
été  introduit  dans  les  cultures  depuis  deux 
ans.  Pour  notre  compte,  nous  n’avons  pas  à 
nous  féliciter  de  cette  variété.  Car  sa  flo- 
raison est  très-souvent  compromise  et  les 
boutons  ne  s’épanouissent  que  très-difficile- 
ment. Mais  si,  par  hasard,  la  floraison  s’ef- 
fectue dans  de  bonnes  conditions,  les  fleurs 
sont  à peu  près  semblables  à celles  du  Ro- 
sier Chromatella.  » 

— On  ne  saurait  trop  appeler  l’attention  sur 
les  procédés  qui  peuvent  rendre  des  servi- 
ces à l’horticulture;  c’est  pour  cette  raison 
que  nous  allons  publier  la  lettre  suivante, 
relative  aux  étiquettes  : 

Condé-sur-Escaut,  le  2 août  1866. 

I Monsieur, 

Puisque  la  question  des  étiquettes  est  à l’or- 
dre du  jour,  j’ai  l’honneur  de  vous  en  adresser 
quelques-unes  afin  que  vous  jugiez  par  vous- 
même  et  que  vous  puissiez  faire  voir  qu’une 
bonne  étiquette  de  jardin  n’est  pas  la  pierre  phi- 
losophale. 

Les  trois  étiquettes  en  zinc,  écrites,  donnent 
ar  leur  inscription  la  date  de  leur  confection, 
es  deux  numéros  qu’elles  portent  viennent 
d’une  série  qui  constituait  ma  collection  de 
Chrysanthèmes  avant  1854.  Ces  chiifres  ont 
donc  plus  de  douze  ans  d’existence,  et  ne  servent 
plus  maintenant  que  de  numéro  d’ordre.  Vous 
remarquerez  que  les  mots  Saturne  et  Souci  doré 
n’ont  pu  être  effacés  assez  complètement  pour 
n’être  plus  lisibles. 

Quand  ces  numéros  ou  les  inscriptions  de- 
viennent peu  lisibles  par  l’oxydation  superfi- 
cielle du  zinc  ou  par  la  mince  couche  de  terre 
qui  y adhère,  je  les  frotte  avec  un  morceau  de 
pierre  ponce  et  un  peu  d’eau,  puis  je  les  essuie 
et  y passe  un  linge  gras  pour  donner  un  peu  de 
transparence  à la  légère  couche  de  matière 
pulvérulente  qui  peut  y rester.  Il  arrive  quel- 
quefois que  l’inscription  ne  résiste  pas  parce 
quelle  n’a  pas  été  bien  faite  : la  seule  ressource 
est  alors  de  l’effacer  entièrement  et  de  la  re- 
faire. 

L’écriture  est  faite  avec  une  encre  qui  se  rap- 
proche beaucoup  de  celle  de  M.  Farbos  {Revue 
horticole,  186C,  page  283),  mais  elle  est  déjà 
bien  vieille.  Je  l’ai  trouvée  dans  le  Traité  de 

l'OEillet,àe  M.  Ragonot  Godefroy  (Paris,  1844) 
page  64. 


Vert-de-gris  2 parties. 

Sel  ammoniac  en  poudre  2 a 

Noir  de  fumée  1 , 

Eau  10  , 


« On  délaye  le  noir  de  fumée  dans  un  petit 
verre  d’esprit  de  vin,  puis  on  mêle  le  tout  en- 
semble de  manière, à ce  que  toutes  les  substances 
soient  bien  écrasées  et  incorporées.  On  tiendra 
la  bouteille  bien  bouchée,  etc.  i» 

J’ajoute  qu’on  l’agitera  avant  de  s’en  servir. 

Les  numéros  sont  faits  avec  la  même  compo- 
sition, rnais  dans  laquelle  entre  beaucoup 
moins  d’eau.  Les  matières  sont  broyées  et 
employées  avec  une  petite  brosse  et  des  chiffres 
découpés. 

L’encre  doit  'surtout  être  employée  avec  des 
plumes  d’oie,  car  elle  attaque  fortement  les 
plumes  en  fer.  Pourtant  on  peut  encore  se 
servir  de  ces  dernières,  à la  condition  de  les 
renouveler  souvent.  Si  on  pouvait  obtenir  des 
plumes  en  cuivre,  cette  composition  ne  laisse- 
rait réellement  rien  à désirer.  J’ai,  d’ailleurs, 
essayé  d’autres  encres,  mais  je  suis  toujours 
revenu  à cette  formule  que.j’engage  à adopter. 

Agréez,  etc. 

C.  St-Quentin, 

Chef  de  bataillon  du  génie. 

Nous  pouvons  affirmer,  en  effet,  que  les 
étiquettes  qui  nous  ont  été  envoyées  par 
M.  Saint-Quentin,  et  quenous  tenons  du  reste 
à la  disposition  de  tous  ceux  qui  désirent 
les  voir,  n’ont  subi  aucune  altération. 

— Nos  lecteurs  se  rappellent  sans  doute 
que,  dans  une  de  nos  précédentes  chroni- 
ques, nous  avons  donné  notre  avis  sur  la 
Laitue  Rossin.  Nous  avons  reçu  une  lettre 
de  M.  Deruy  qui  confirme  à peu  près  tout  ce 
que  nous  en  avons  dit.  Voici  cette  lettre  : 

Mesnil  St-Georges,  près  Montdidier  (Somme), 
le  5 août  1866. 

Les  quelques  renseignements  que  vous  avez 
donnés  dans  votre  avant-dernière  chronique 
au  sujet  de  la  Laitue  Bossin,  me  font  espérer  que 
vous  accueillerez  ceux  que  j’ai  l’honneur  de 
vous  transmettre  sur  le  même  sujet  et  qui  con- 
cordent assez  bien  avec  les  vôtres. 

J’ai  semé  des  graines  de  la  Laitue  Bossin 
vers  le  15  mars,  sous  cloche  ; les  plants  qui  ont 
été  mis  en  place  à la  fin  d’avril,  pommaient  à la 
mi-juillet,  c’est  donc  3 mois  pleins  qu’il  leur  a 
fallu  pour  qu’ils  fussent  bons  à manger. 

Sur  100  plants  obtenus  d’un  paquet  de  100 
graines,  un  cinquième  seulement  a pommé; 
notez  que  je  les  avais  plantés  dans  une  bonne 
terre  de  potager  fumée  avant  l’hiver  et  bien 
préparée.  Les  4/5  ne  m’ont  donné  que  des 
feuilles,  et  ont  monté  sans  pomme.  Quant  à 
l’autre  cinquième,  qui  a pommé,  les  plantes 
n’avaient  rien  que  de  bien  ordinaire,  et  encore 
n’ai-je  pu  en  obtenir  une  seule  à peu  près  saine; 
toutes  pourrissaient  sous  les  premières  feuilles 
de  la  pomme,  quoique  le  temps  fût  très-sec. 
Aussi  j’ai  renoncé  à la  cultiver. 

Agréez,  etc. 

A.  Deruy,  jardinier. 

— Tout  le  monde  connaît  ces  terribles  ron- 
geurs, les  rats,  qui  font  tant  de  dégâts  et  dont 
il  était  à peu  près  impossible  de  se  débar- 
rasser, sinon  par  des  moyens  dont  l’emploi 
pouvait  avoir  parfois  de  fâcheuses  consé- 
quences. Nos  lecteurs  apprendront  donc  avec 
plaisir  que  M.  Cloëtz,  aide-naturaliste  au 


3i4 


CHUONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’AOUT). 


Muséum,  a trouvé  un  procédé  aussi  simple 
et  facile  à employer  qu’il  est  sûr  quant  aux 
résultats.  Ajoutons  qu’il  a cet  autre  mérite 
d’être  peu  dispendieux 

Ce  moyen  consiste  à les  asphyxier  à l’aide 
du  sulfure  de  carbone.  Voici  comment 
on  procède  ; on  bouche  toutes  les  entrées  des 
trous,  soit  avec  des  tampons  de  foin,  soit  avec 
de  la  terre  ; puis  on  y rend  un  petit  tuyau  en 
plomb  dont  l’entrée  supérieure  est  évasée  en 
forme  d’entonnoir  ; on  introduit  la  base  dans 
l’un  des  trous  tamponés  de  manière  que  l’air 
ne  pénètre  pas;  cela  fait,  on  verse  dans  le 
tuyau  un  peu  de  sulfure  de  carbone.  Cette 
substance,  qui  est  liquide,  descend  dans  le 
trou,  et  ne  tarde  pas  à se  volatiliser.  La  va- 
peur du  sulfure  de  carbone  pénètre  jusque 
dans  les  moindres^  interstices  et  détermine 
sur  tous  les  rats  un  engourdissement  assez 
semblable  à celui  que  produit  le  chloro- 
forme. Toujours,  et  même  en  très-peu  de 
temps,  cet  engourdissement  est  suivi  de 
mort.  A l’aide  de  ce  procédé  si  simple,  on  a 
pu  détruire  au  Mir  éum  des  quantités  consi- 
dérables de  rats. 

Cette  expérience  a été  faite  récemment  à 
la  ménagerie  du  Muséum.  Une  cabane  oc- 
cupée par  des  animaux  était  envahie  par  les 
rats  qui  avaient  creusé  dans  le  sol  de  nom- 
breuses galeries.  Après  avoir  introduit  clans 
les  galeries  un  peu  de  sulfure  de  carbonne, 
on  déblaya  le  sol  et  on  trouva  dans  les  trous 
cent  hait  rats  asphyxiés.  La  mort  par.dt 
avoir  été  douce,  car  aucun  d’eux  n’avait  ma- 
nifesté le  plus  petit  signe  de  douleur,  ce 
qui  s’annonçait  par  Tabsence  de  contrac- 
tions; on  les  aurait  crus  endormis. 

Ce  moyen  est  d’autant  plus  précieux  : 
que  le  sulfure  de  carbone  n’a  aucun  in- 
convénient pour  l’homme,  qui  peut  impuné- 
ment le  respirer;  2»  que  cette  substance, 
est  à bas  prix.  En  l’achetant  en  gros,  on  la 
paye  0L85.  le  kilogr.;  comme  il  en  faut  à 
peu  près  50  grammes,  ou  60  grammes  si  les 
galeries  sont  nombreuses  et  profondes,  c’est 
donc  une  dépense  d’environ  4 à 6 centimes 
par  opération. 

Ce  n’est  pas  seulement  les  rats  qu’on 
peut  faire  mourir  par  ce  procédé,  mais  tous 
les  animaux  qui  se  terrent,  tels  que  taupes, 
souris,  renards,  etc. 

Le  tuyau  en  plomb  doit  avoir  environ 
l mètre  de  longueur,  de  manière  qu’il  puisse 
pénétrer  assez  profondément  dans  le  sol, 
et,  comme  il  pourrait  se  boucher,  il  hmt 
avoir  soin  de  percer  quelques  trous  latéra- 
lement vers  son  extrémité,  de  manière  à 
donner,  au  besoin,  plusieurs  issues  au  sul- 
fure de  carbone. 

— En  parcourant  récemment  un  petit 
jardin  appartenant  à M.  Jamin,  àBourg-la- 
Reine,  nous  avons  été  frappé  de  l’aspect  d’un 
Rosier,  qui,  par  son  faciès,  ne  nous  était  pas 


étranger,  mais  que  nous  ne  reconnaissions 
pas.  C’était  cependant  une  vieille  connais- 
sance : le  Rosier  Gloire  de  Dijon.  Celte  va- 
riété-là était  couverte  de  belles  fleurs  rou- 
ge-saumoné, presque  orangées,  tandis  que 
normalement,  ainsi  qu’on  le  sait,  elle  donne 
des  fleurs  de  couleur  jaune  un  peu  Nankin.  A 
quoi  donc  était  due  celte  couleur  inusitée? 
Evidemment  à l’influence  du  milieu  dans  le- 
quel était  placé  le  Rosier,  influence  qui, 
sans  aucun  doute  non  plus,  exerce  sur  les 
formes  et  sur  la  nature  de  tous  les  êtres  une 
I puissance  des  plus  grandes,  modifie  à l’in- 
I finie  tous  les  caractères,  et  qui,  très-proba- 
blement, est  la  principale  pause  à laquelle 
sont  dus  les  phénomènes  et  les  particula- 
rités de  la  végétation. 

— Le  riche  établissement  du  fleuriste  de 
la  ville  de  Raris,  à la  Muette  (Passy-Paris), 
présente,  entre  autres  merveilles,  un  Bam- 
busa  edutis  ou  mitis,  dont  la  vigueur  est 
très-remarquable.  En  effet,  mis  en  pleine 
I terre  depuis  deux  ans  seulement,  il  a dé- 
veloppé plusieurs  bourgeons,  dont  l’un, 
dans  l’espace  d’environ  3 semaines,  a acquis 
4 mètres  de  hauteur  sur  plus  de  2 centi- 
mètres de  diamètre.  Si  l’on  réfléchit  que  la 
pousse  annuelle  n’est  pas  terminée  et  qu’elle 
pourra  encore  s’allonger,  on  sera  convaincu 
que  cette  espèce,  dont  la  patrie  est  très-pro- 
bablement la  Chine,  est  réellement  une  heu- 
reuse acquisition;  elle  est  d’autant  meilleure 
que  le  Bambusa  ednlis  est  très-rustique  et 
qu’il  supporte,  sans  souffrir,  les  hivers  de 
Paris.  Nous  en  donnerons  une  description 
sommaire  dans  un  des  articles  intitulé  : 
Plantes  nouvelles,  rares  ou  peu  connues. 

! Une  autre  espèce  de  Rarnbou,  récemment 
introduite  en  France,  est  le  Bambusa  Si- 
I monii,  également  originaire  de  la  Chine, 

' d’où  le  Muséum  la  reçue.  Cette  espèce  à 
: feuilles  très-longues,  la  plupart  bien  pana- 
chées-lisérées,  est  des  plus  rustiques  et 
assez  vigoureuse,  puisque  celte  année  (1 866) 
I le  pied-mère,  que  nous  cultivons  au  Muséum, 
j nous  a donné  dans  une  année  des  bourgeons 
de  3 mètres  de  hauteur.  Nous  en  donnerons 
I également  une  description, 
i Nous  citerons  encore,  comme  plantes  ra- 
I res  et  intéressantes  que  nous  avons  remar- 
! quées  au  fleuriste  de  la  ville  de  Paris,  les 
j Ixora  alba,  Amboynensis,  coccinea,  Java- 
nica,  aurantiaca,  flammca,  floribunda, 
enfin  V Ixora  salicifolia,  plante  très-remar- 
quable, dont  les  feuilles  larges  d’à  peine 
3 centiniètres,  alleignent  jusqu’à  25  à 
30  centimètres  de  longueur;  les  fleurs, 
nombreuses,  sont  d’un  rouge  orangé-jaunâ- 
tre, disposées  en  ombelles  très-fortes;  leurs 
divisions  sont  longuement  accuminées -ai- 
guës. 

— Nous  avons  également  admiré  presque 
toutes  en  fleurs,  à la  Muette-Passy,  les 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’AOUT). 


Nepenthes  disfillatoria^phyllamphora,  Hoo- 
kerii,  Lœvis,  Dominical  Éafllesii^  hybrida 
maculfila.  Ces  piaules,  comme  on  sait, 
sont  Irès-cnrieuses  par  la  nervure  médiane 
de  leurs  feuilles,  qui,  à son  extrémité,  se  di- 
late et  se  transforme  en  une  espèce  d’urne 
munie  d’un  couvercle  ou  sorte  d’opercule 
qui  enferme  complètement  l’entrée.  A côté, 
dans  une  autre  serre,  on  voyait  en  Heurs  le 
Disa  grandiflora,  orchidée  terrestre  à feuil- 
les lancéolées-ai^uës,  embrassantes;  les  li- 
ges, qui  atteignent  jusqu’à  50  centimètres 
de  hauteur,  sont  terminées  par  des  Heurs 
très- larges,  ''arfois  nombreuses,  d’un  rouge 
vermillon,  trè— ouvertes,  éperonnées,  bi- 
zarres, en  un  mot,  comme  sont  celles  de  la 
plupart  des  orchidées. 

— - La  variété  de  Pécher  Unique,  appelée 
aussi  Neiü  serrated,  variété  si  singulière  et  si 
dïslmcie, unique,  on  peut  dire,  par  la  forme 
et  la  découpure  de  ses  feuilles,  vient  de  se 
reproduire  de  semis  au  Muséum,  du  moins 
quant  à la  forme  de  ses  feuilles.  En  sera-t-il 
de  même  des  fruits?  C’est  ce  que  nous  ne 
pouvons  dire. 

— Un  fait  très-remarquable,  probablement 
unique  en  France,  et  peut-être  même  en 
Europe,  vient  de  se  produire  dans  les  serres 
du  Muséum,  qui,  comirie  on  le  sait,  sont  con- 
fiées aux  soins  de  M.  Houllet.  Ce  fait,  que 
l’on  peut  considérer  comme  un  heureux 
phénomène,  c’est  la  Horaison  d’un  Cycas 
mâle,  de  l’espèce  Riuminiana.  Celte  espèce, 
originaire  des  Philippines,  a été  introduite 
en  Europe  par  M.  forte  en  1863. 

L’individu  qui  a Heuri  a une  tige  de  2'^. 10 
de  hauteur  surO'«. 08  dediamètre.  Cette  tige 
est  surmontée  d’une  couronne  de  belles 
feuilles  qui  rappellent  un  peu  celles  du  C. 
CircinaHs.  Au  centre  de  cette  couronne  est 
placé  le  cône  ou  cliâion  mâle,  qui  est  dressé, 
long  de  16  cent.,  atténué,  obtus  aux  deux 
bouts,  de  6 cent,  dans  sa  plus  grande  lar- 
geur. Les  écailles  an  thérifères,  ferrugineuses, 


325 

roux-foncé,  presque  orangé,  subcunéifor- 
mes, épaisses,  sont  terminées  par  un  ap- 
pendice raide,  sjiinescent,  aigu,  tourné  vers 
le  sommet  du  cône,  long  o’environ  8 ou 
10  millimètres.  Antbères  globuleuses,  blan- 
châtres, sessiles,  j)lacées  sur  toute  bipartie 
des  écailles  qui  est  cachée. 

Le  fait  dont  nous  venons  de  parler  est 
d’autant  plus  précieux  que  chaque  année, 
au  Muséum,  des  Cycas  femelles  fleurissent; 
mais,  jusqu’ici,  ils  restaient  stérdes  faute  de 
pallen.  Espérons  qu’il  n’en  sera  plus  ainsi, 
car  M.  Houllet  a recueilli  le  pollen  du 
C.  Biiminiona  et  en  a imprégné  les  Heurs 
femelles  du  C.  CircinaHs,  ouvertes  en  ce 
moment. 

— On  voit  aussi  en  ce  mjoment  au  Muséum, 
un  P fui  llocla  dus  femelle  qui  porte 

des  fruits;  ceux-ci,  qui  sont  déprimés,  lui- 
sants, un  p3u  plus  petits  qu’un  grain  de 
Chènevis,  commencent  à mûrir.  La  ilri’we 
horlicole  donnera  prochainement  une  gra- 
vure de  celte  intéressante  espèce,  qui  fruc- 
tifie très-jeune,  et  facilement.  Nous  l’avons 
déjà  vu  plusieurs  fois  fructifier:  la  premiière 
fois,  chez  M.  Rougier-Chauvière,  et  depuis 
dans  plusieurs  endroits,  notamment  chez 
M.  André  Leroy,  à Angers,  où,  indépen- 
damment de  l’individu  femelle,  nous  avons 
pu  étudier  l’individu  mâle  en  Heurs. 

— Nous  terminerons  cette  chronique  en 
annonçant  à nos  lecteurs  l’introduclion  de 
la  Chine  d’une  nouvelle  variété  de*Pêcher. 
Cette  variété  que  1 on  doit  à M.  Gustave  Thu- 
ret,  à qui  nous  l’avons  dédiée,  et  dont  nous 
donnerons  une  gravure  et  une  description 
dans  un  article  spécial,  est  à grandes  Heurs; 
ses  fruits,  qui  par  leur  grosseur  et  presque 
par  leur  forme  rappellent  ceux  de  la  variété 
désignée  par  les  horticulteurs  sous  les  noms 
d' Avant  Pêche  rouge  et  de  Petite  Mignonne, 
sont  à chair  libre;  ils  sont  juteux,  assez 
agréablement  parfumés. 

E.  A.  Carrière. 


UN  MOT  SUR  LA  CULTURE  FORCÉE  DU  PÊCHER. 


Nous  empruntons  au  Journal  of  Horti- 
culture (no  du  23  mai  dernier),  la  petite 
note  suivante,  qui  est  de  M.  Michael  Davis, 
jardinier  à Rockhamplon,  près  de  Londres, 
pensant  (|ue  ceux  qui  s’occupent  de  la  cul- 
ture forcée  des  arbres  fruitiers,  de  ce  côté 
du  détroit,  pourront  y trouver  presque  autant 
d’intérêt  que  leurs  voisins  d’outre-Manche. 
Il  est  entendu  que  nous  laissons  à M.  Mi- 
chael Davis  la  responsabilité  de  ses  allé- 
gations : 

((  La  culture  des  arbres  fruitiers  sous 
verre,  nous  dit-il,  est  devenue  si  générale 
en  ce  pays,  que,  depuis  longtemps  déjà,  il 
n’est  plus  nécessaire  de  la  patroner  par  la 


voie  des  journaux.  Tout  le  monde  cepen- 
dant ne  se  fait  pas  une  juste  idée  des  profits 
qu’elle  peut  procurer.  J’espère  faire  voir 
par  les  faits  que  je  vais  r;q)porter  et  que  je 
garantis  parce  (pi’ils  se  sont  passés  sous  mes 
yeux,  que  ces  profits  sont  plus  grands  qu’on 
ne  le  soupçonnerait  à (iremière  vue,  et  je 
ne  serai  certainement  pas  démenti  par  ceux 
de  mes  confrères  qui  tiennent  une  exacte 
comptabilité  de  leurs  opérations. 

« On  se  figure  assez  généralement  en 
Angleterre  que  les  rapides  communications 
qui  se  sont  établies  entre  ce  pays  et  les 
pays  voisins  ont  notablement  abaissé  le 
prix  des  produits  du  jardinage,  et,  en  parti- 


826 


m MOT  SÜU  LA  CüLïlRE  FORCÉE  DE  PÊCHER. 


culier,  des  fiuits,  dont  ils  nous  arrive  de 
grandes  quantités  du  dehors.  Certainement 
nos  marchés  en  sont  plus  abondamment 
pourvus  aujourd’hui  qu’aulrefois,  mais  le 
seul  effet  sensible  qui  en  ait  été  la  consé- 
«juence  est  l’accroissement  du  nombre  des 
consommateurs  et  une  plus  large  consom- 
mation pour  chacun  d’eux.  Le  prix  des  den- 
rées lui-même  s’en  est  à peine  ressenti,  et 
l’on  peut  dire  sans  exagération  qu’il  est  resté 
le  même  pour  les  fruits  de  premier  choix,  et 
particulièrement  pour  les  fruits  de  primeur. 
Ce  résultat  s’explique  naturellement  par  ce 
fait  que  les  fiuits  importés  dans  leur  sai- 
son naturelle  sont  presque  exclusivement 
achetés  par  la  classe  populaire,  tandis  que 
ceux  de  primeur  s»ont  restés  et  resteront 
probablement  un  luxe  accessible  seulement 
aux  classes  riches.  Nous  avons  donc  toute 
raison  de  penser  que,  quelque  accroisse- 
ment que  prenne  rimportation  des  fruits  en 
Angleterre,  ceux  qui  s’y  livrent  à la  culture 
forcée  trouveront  toujours  une  suffisante 
rémunération  de  leui  travail  et  de  leurs 
avances.  Voici  les  faits  sur  lesquels  je  me 
fonde  : 

(L  Dans  une  serre  à vignes  'ürchard  house) 
adossée  à un  mur,  longue  de  12  mètres  et 
large  de  5,  un  Pêcher  Royal  Georges  et  un 
Brugnonier  ont  été  plantés  il  y a douze  ans, 
devant  le  mur  de  fond,  sur  lequel  ils  sont 
palissés  et  dont  ils  occupent  toute  la  lon- 
gueur. Le  Pêcher  est  le  plus  grand  des 
deux,  et  tient  environ  un  quart  plus  de 
place  que  le  Prugnonier.  Avant  d’être  planté 
dans  cette  serre,  il  était  palissé  sur  un  mur 
à l’air  libre,  et  lorsqu’on  l’a  mis  là  où  il  est 
aujourd’hui,  on  a eu  grand  soin  de  faire  en 
sorte  que  toutes  ses  racines  restassent  à l’in- 
térieur du  local  pour  les  faire  béiiéticier  de 
la  chaleur  qu’on  y entretient  artificielle- 
ment. La  pièce  est  parcourue  par  trois 
tuyaux  de  thermosiphon,  du  système  tubu- 


laire de  Weeks,  savoir,  un  tuyau  d’aller  et 
deux  tuyaux  de  retour.  Depuis  l’année  1801 
que  ces  deux  arbres  sont  sous  ma  direction, 
j’ai  tenu  une  note  exacte  de  leurs  produits 
et  des  prix  de  vente,  ce  qui  me  permet  de 
donner  avec  exactitude  les  chiflres  sui- 
vants, qui  se  rapportent  au  Pêcher  seul  : 

Années.  Maturité  au  Récoltes  vendues. 


1862 

1863 

1864 

1865 

1866 


15  juin, 
28  mai, 
l^’’  mai, 
21  avril, 
10  mai, 


1,062  fr. 
1,212  » 
1,675  » 
1,625  » 
1.250  » 


((  Le  Brugnonier  donne  annuellement,  en 
moyenne,  20  douzaines  de  fruits,  qui  se 
vendent,  l’une  dans  l’autre,  15  schelings  ou 
18fr.  la  douzaine,  donnant  un  total  moyen  de 
360  fr.  La  moyenne  annuelle  du  produit  du 
Pêcher,  en  argent,  est  1,364 fr.,  ce  qui  fait, 
en  y ajoutant  le  produit  du  Brugnonier, 
1,724  fr.  De  ce  produit  il  faut  sans  doute 
déduire  les  frais  de  culture  et  de  chauffage, 
mais  il  faut  considérer  en  même  temps  que 
la  serre  n’est  pas  exclusivement  occupée 
par  les  deux  arbres  en  question;  que  c’est 
à proprement  parler  une  serre  à vignes,  et 
que  le  prix  de  vente  du  raisin  doit  aussi  être 
porté  en  ligne  de  compte.  Au  total,  le  pro- 
duit de  cette  petite  serre  est  très-rémuné- 
rateur, et,  comme  je  l’ai  dit  plus  haut, 
ceux  qui  s’occupent,  en  Angleterre,  de 
forcer  des  fruits,  pourront  au  besoin  con- 
firmer mes  calculs,  s’ils  en  veulent  prendre 
la  peine.  » 

Pour  notre  compte,  nous  ne  ferons  pas 
d’observations  sur  ce  point;  nous  ferons 
seulement  remarquer  que  les  racines  des 
deux  arbres  ont  été  tenues  dans  le  local 
chauffé  artificiellement,  et  cette  particula- 
rité de  la  culture,  à laquelle  on  fait  généra- 
lement peu  attention,  est  bien  probablement 
pour  quelque  chose  dans  le  résultat  obtenu. 

Naudin. 


LIMNANTHES  ALBA 


En  visitant,  au  commencement  du  mois 
de  mai  dernier,  le  jardin  botanique  de  Gre- 
noble, deux  corbeilles  me  frappèrent,  non- 
seulement  à cause  de  leur  beauté,  mais  parce 
qu’elles  étaient  formées  d’une  plante  que 
je  n’avais  pas  vue  jusqu’ici  employée  dans 
les  jardins.  Cette  plante,  dont  les  fleurs  blan- 
ches assez  grandes,  extrêmement  nombreu- 
ses et  se  succédant  sans  interruption  pendant 
près  de  6 semaines,  formaient  le  plus  ravis- 
sant effet,  était  \e  Limmnîhes  albn,  Hartw. 
Mss.  ex  Bentlî.  Pl.  Hartw.  301,  n»  1677, 
originaire  delà  vallée  de  Sacramento  (Cali- 
fornie), où  elle  croît  dans  les  lieux  humides. 

Nos  jardins  possèdent  depuis  longtemps 
déjà,  et  nos  jardiniers  connaissent  tous,  le 


Limianthes  DougJasii,  R.  Br.,  indigène  aussi 
de  la  Californie,  à fleurs  grandes,  étalées, 
blanc  jaunâtre  passant  au  jaune  vers  le  cen- 
tre et  veinées  ou  lignées  de  gris,  à feuilles 
glabres  et  segmentées,  un  peu  charnues. 

Plus  récemment,  on  a introduit  dans  les 
jardins  où,  par  parenthèse,  la  plante  est  d’une 
extrême  rareté,  le  Linwantkesrosea,  Hartw., 
espèce  californienne  aussi  et  qui  ne  diffère 
du  précédent  que  par  ses  liges  plus  grêles , 
plus  nombreuses,  par  ses  feuilles  plus  peti- 
tes, à segments  plus  étroits,  par  ses  fleurs 
rosées,  plus  petites  et  plus  longuement  pé- 
tiolées;  comme  le  précédent,  c’est  une 
plante  tout  à fait  glabre. 

Le  Liîiwarthes  alla  est  beaucoup  plus 


DESMANTHUS  NATANS. 


327 


voisin  du  Limnantlies  rùseaque  du  Limmn- 
thes  Donglasü.  En  voici  une  description  plu- 
tôt horticole  que  botanique  faite  sur  des 
échantillons  vivants  cueillis  dans  les  cor- 
beilles qui  avaient  attiré  notre  attention. 

Plante  à racine  annuelle,  pivotante  et  très- 
peu  rameuse,  couronnée  par  une  rosette  de 
feuilles  glabres,  pétiolées,  pinnatifides  ou 
pinnatipartites,  à divisions  étroites,  aiguës, 
mucronées,  émettant  à leur  aisselle  des  ra- 
meaux flasques,  étalés  sur  le  sol,  puis  re- 
dressés cà  leur  sommet,  hauts  de  15  tà  20 
centimètres  et  munis  de  quelques  feuilles 
alternes  et  plus  petites  que  les  radicales. 
Fleurs  assez  grandes,  portées  par  des  pédon- 
cules de  8-10  cent.,  formées  de  5 pétales  ré- 
guliers, lancéolés  ou  ovales-lancéolés,  d’un 
blanc  presque  pur,  à peine  teinté  de  rose 
très-clair  au  sommet;  calice  poilu,  persis- 
tant, monosépale,  à 5 divisions  lancéolées 
aiguës;  étamines  au  nombre  de  10.  Pistil 
formé  de  5 styles.  Fruit  composé  de  3 à 5 
carpelles  uniloculaires  arrondis,  rugueux  et 
disposés  en  verticille. 


Le  Limnantlies  alha  est  propre  à faire  des 
bordures  aussi  élégantes  que  celles  qu’on  ob- 
tient avec  plusieurs  Leptosipbons,  Némopbi- 
les,  etc.,  ou  à orner  desplate-bandes.  Comme 
les  deux  autres  espèces  connues,  celle-ci  est 
suffisamment  rustique  pour  supporter  l’hi- 
ver sous  le  climat  de  Grenoble,  où  les  hivers 
sont  assez  rigoureux.  On  doit  le  semer  cà 
l’cautomne  ou  au  printemps.  Dcans  le  premier 
cas,  le  semis  se  fait  en  septembre  ou  en  oc- 
tobre, et  sa  floraison,  qui  commence  en  mai, 
peut  durer  jusqu’à  la  deuxième  quinzaine  de 
juin;  dans  le  second  cas,  on  sème  vers  la  fin 
d’avril  ou  au  commencement  de  mai  et  les 
fleurs  se  succèdent  de  juillet  à août.  Les 
graines  se  détachent  avec  une  extrême  faci- 
lité et  se  répandent  sur  la  terre  où  la  récolte 
devient  alors  difficile.  Pour  obvier  à cet  in- 
convénient, on  devra  arracher  les  pieds  quel- 
ques jours  avant  la  complète  maturité  des 
graines,  et  on  les  déposera  sur  une  feuille  de 
papier  qu’on  placera  dans  un  lieu  sain  et 
sec. 

B.  Verlot. 


DESMANTHUS  NATANS. 


Cette  espèce  appartenant  au  groupe  des 
Mimosées,  que  nous  avons  aujourd’hui  en 
fleurs,  est  une  vieille  connaissance,  très- 
rare  pourtant.  Elle  est  des  plus  intéressantes 
et  se  place  à côté  d’une  autre  Mimosée  éga- 
lement très-remarquable,  du  Mimosa  pudica, 
qui  est  assez  communément  cultivé  dans 
nos  jardins,  où  il  est  généralement  connu 
sous  le  nom  de  Sensitive.  Toutes  les  deux 
sont  annuelles,  et  le  seul  moyen  de  les 
multiplier  est  par  semis  ; mais  tandis  que  le 
Mimosa  pudica  donne  très-facilement  des 
graines,  il  en  est  autrement  du  Desrnanthus 
natans  (Willd.);  la  cause  paraît  due  à 
ce  qu’il  fleurit  très-tard  en  saison.  Le  pu- 
blic a pu  le  remarquer  à l’Exposition  d’hor- 
ticulture de  1855,  à Paris,  où  je  l’ai  cultivé, 
et  où  il  a même  fleuri,  mais  sans  donner 
de  graines. 

De  même  que  la  Sensitive,  le  Desrnanthus 
natans  est  sensible  au  moindre  contact  des 


En  écrivant  cette  notice,  notre  intention 
n’est  pas  de  faire  connaître  les  caractères 
scientifiques  qui  distinguent  le  Cèdre  de 
l’Atlas,  nous  voulons  seulement  faire  ressor- 
tir l’avantage  immense  qu’il  présente  sur 
l’ancienne  espèce  : le  Cèdre  du  Liban  L 

’ L’avantage  que  présente  le  Cèdre  de  l'Atlas 
sur  le  Cèdre  du  Liban  est  bien  connu  d’un  pro- 
priétaire desplus  éclairés, M.  le  Marquis  de  Vibraye, 
qui  considère  cette  espèce  comme  devant  entrer 
dans  la  composition  des  forêts.  Depuis  longtemps 


corps  étrangers.  Il  est  surtout  remarqua- 
ble par  sa  tige  flottante,  assez  grosse,  en- 
tourée de  cellules  aériennes  d’une  couleur 
blanchâtre  qui  fait  que  la  plante  paraît  en- 
veloppée de  coton,  ce  qui  est  très-curieux, 
et  attire  l’attention  de  tout  le  monde. 

La  culture  de  cette  plante  D’est  pas  bien 
difficile,  elle  demande  d’abord  l’eau  à 20» 
et  surtout  beaucoup  de  lumière;  la  lerre 
glaise  mêlée  de  morceaux  de  tourbe  est 
celle  qui  paraît  le  mieux  lui  convenir. 

Le  jardin  botanique  de  Munich  en  pos- 
sède actuellement  un  sujet  très-vigoureux 
qui  est  couvert  de  fleurs,  et  tout  nous  fait 
espérer  quelle  donnera  de  bonnes  graines 
à l’aide  desquelles  on  multiplira  cette  es- 
pèce, qui,  nous  le  répétons,  est  des  plus 
curieuses. 

Kolb, 

.Jardinier  en  chef  au  jardin  bota- 
nique de  Munich. 


Peu  d’espèces  de  conifères,  si  ce  n’est 
peut-être  le  Séquoia  sempervirens  et  le 
WeUingtonia  gigantea,  poussent  plus  vite 
que  le  Cèdre  de  l’Atlas.  En  comparant  le 
Cèdre  du  Liban  au  Cèdre  de  l’Atlas,  dans 
des  conditions  identiques,  on  trouve  les 
résultats  suivants  : 

Cèdres  du  Liban,  âgés  de  1 an,  hauteur 

déjà,  il  en  a planté  des  quantités  considérables;  et, 
placé  dans  des  conditioits  très-diverses,  cet  arbre  a 
parfaitement  réussi.  — Xote  de  la  rédaction. 


LE  CÈDRE  DE  L’ATLAS. 


328 


LE  CÈDRE  DE  L’ATLAS. 


6 à 8 centimètres  ; de  2 ans,  12  à 15  centi- 
mètres ; de  3 ans,  de  18  à 25  centimètres; 
de  4 ans,  30  centimètres  ; de  5 ans,  50  cen- 
timètres; de  6 ans,  75  centimètres,  de 

7 ans,  environ  1 mètre. 

Voici  maintenant  les  dimensions  que, 
pendant  un  même  laps  de  temps  et  soumis 
au  même  traitemeni,  acquièrent  des  Cèdres 
de  l’Atlas.  La  première  année,  les  plants 
atteignent  “10  à 15  centimètres;  la  2®,  de 
20  à 30;  la  3^,  40  à 50;  la  4°,  1 mètre;  la 
5«,  l'“.75  ; la  6®,  2"L50;  la  7®,  3 mètres 
et  plus.  Une  fois  arrivés  à cet  âge,  l’accrois- 
sement annuel  est  souvent  de  plus  de 
1 mètre.  J’ajoute  que,  jusqu’ici,  j’ai  tou- 
jours vu  réussir  également  bien  le  Cèdre  de 
l’Atlas  dans  tous  les  sols,  et  que,  partout 
aussi,  il  pousse  très-vigoureusement.  Il  est 
bon  de  remarquer  encore  que  le  Cèdre  de 

ENCORE  UNE  EXCI 

RELATIVEMENT  A LA  GERMINATION 

Les  graines  de  Gledilschia,  quelle  que  soit 
l’espèce  ou  la  variété  qu’on  examine,  ont  le 
tégument  fortement  corné,  épais  et  très-dur; 
aussi  n’est- il  pas  rare,  lorsqu’on  les  sème 
au  printemps,  qu’elles  soient  ou  non  vieilles, 
et  quel  que  soit  aussi  le  traitement  auquel 
on  les  soumette,  de  ne  tes  voir  lever  seule- 
ment que  la  deuxième,  la  troisième  ou  la 
quatrième  année;  il  en  est  même  un  certain 
nombre  qui  mettent  encore  [dus  de  temps 
à lever.  Gela  m’est  toujours  arrivé,  et  cette 
année  encoreayant  labouré  un  coin  de  terre 
qui  avait  été  ensemencé  il  y a cinq  ans  de 
graines  de  Gleditscliia  triacmithos  et  de 
G.  sinemiSy  le  terrain  s’est  couvert  de  Gle- 
ditschia  provenant  de  graines  âgées  d’au- 
moins  6 ans,  qui  étaient  depuis  5 ans  en 
terre. 

Tous  les  pépiniéristes  ont  pu  constater 
des  faits  analogues.  Aussi,  tous  les  auteurs 
qui  ont  parlé  des  graines,  ont-ils  fait  ressortir 
cette  particularité  et  dit,  que,  en  général,  la 
germination  ou  la  levée  des  graines  de 
Gledilschia  n’a  lieu  que  la  deuxième  antiée. 
Et  bien,  ce  qui  a été  vrai  pour  moi  pendant 
un  grand  nombre  d’années,  a cessé  de  l’être 
en  1866,  du  moins  d’une  manière  absolue, 
puisque  ayant  semé  des  graines  de  G.  tria- 
canlhos,  saspica,  cinensis,  et  macranlhos, 
de  dillèrents  âges,  elles  ont  tonies  levé  dans 
un  espace  de  temps  de  15  à 18  jours. 

A quoi  donc  est  dû  ce  résultat  si  singu- 
lier? Dans  cette  circonstance  il  n’y  a pas  à 
invoMuer  l’influence  du  sol  ni  de  la  clnileur, 
puisque  le  sol  et  l’emplacement  étaient 
les  mêmes  que  les  années  précédentes  : en 
pleine  terre  ordinaire  au  Muséum.  Quant  à 


l’Atlas,  au  moins  aussi  rustique  que  le  Cèdre 
du  Liban,  est  moins  délicat,  et  que  sa  re- 
prise, lorsqu’on  le  transplante, est  beaucoup 
plus  sûre.  Aussi,  je  n’iiésite  j»as  à croire  que 
d’ici  quelques  années  beaucoup  de  champs 
incultes  et  considérés  comme  improductifs 
seront  occupés  par  cet  arbre,  et  que,  la  oû 
naguère  poussaient  à peine  quelques  mau- 
vaises herbes,  on  verra  de  belles  forêts  de 
Cèdres  de  l’Atlas. 

En  terminant  cet  article,  et  pour  donner 
une  idée  de  la  vigueur  avec  laijuelle  croît  le 
Cèdre  de  l’Atlas,  je  dirai  qu’un  arbre  âgé 
de  12  ans  (l’année  du  semis  compris), 
planté  chez  moi,  mesure  aujoui d’hui  1 mè- 
tre de  circonférence.  Cet  arbre,  de  toute 
beauté,  est  en  ce  moment  couvert  d’une 
très-grande  quantité  de  chatons  mâles. 

André  Leroy. 

mm  A LA  RÈGLE 

DES  GRAINES  DE  GLEDITSCHIA. 

la  chaleur,  il  n’y  en  a pas  eu  beaucoup  ; le 
printemps  de  cette  année,  1866,  a été  plu- 
tôt froid  que  chaud. 

Or,  de  ces  faits,  il  est  facile  de  tirer  les 
conséquences  les  plus  contradictoires.  Que 
serait  il  arrivé,  en  effet,  si  la  pretnière  fuis 
que  j’ai  semé  des  graines  de  Gledilschia 
j’avais  obtenu  le  résultat  que  j’ai  obtenu 
celte  année,  et  si  je  l’avcis  consigné  dans 
un  livre?  J’aurais  dit  absolument  le  con- 
traire de  ce  que  j’ai  dit.  Mais,  n’aurait-il  pas 
pu  se  faire  que  ce  qui  m’arrive  celle  année 
fût  arrivé  â un  autre,  et  que  cet  autre  eût, 
comme  moi,  consigné  ses  résultats,  tout  à 
fait  contraires  aux  miens?  Qu’aurait-il  pu  en 
résulter?  Ceci  : Que,  opposant  notre  assei- 
tion  l’un  â l’autre,  on  nous  aurait  mal 
jugés.  Pourtant,  tous  deux  nous  aurions 
dit  vrai. 

Tout  ceci  montre  combien  il  faut  être 
réservé  lorsqu’on  a à parler  de  fûts  de  vé- 
gétalien, et  surtout  lorsqu’on  les  élève  à 
l’état  de  théorie. 

Pins  que  ja  nais,  nous  sommes  bien  con- 
vaincu que,  dans  les  sciences  naturelles,  il 
ne  peut  y avoir  aucune  tliéorie  absolue,  et 
que,  saut' lie  Irès-rares  exceptions,  à un  fait 
avancé,  résultant  de  rex|)érience,  on  pourra 
opposer  un  autre  fait  tout  â fut  contraire 
résultant  également  de  l’e.xpérience;  aussi, 
nous  ne  cesserons  de  répéter  celle  vérité 
qu’on  ne  deviaiil  jama’s  oublier:  consigner 
les  faits  lunt  en  les  observaid  avec  un  grand 
soin,  alin  d’en  tirer  parii,  voilà  la  vraie  et  la 
seule  science,  celle  (jui  profite  à tous  et  qui 
sert  à la  fois  la  pratique  et  la  théorie. 

E.  A.  Carrière. 


UN  OUBLI  A RÉUABEB. 


Quelque  soin  que  l’on  prenne,  tout  en  bor- 
nant ses  recherches  et  en  ne  s’occupant  que 
(Tun  seul  sujet,  on  oublie  toujours  quelque 
chose.  Ce  qui  esta  remarquer  dans  cette  cir- 
constance, c’est  que  l’oubli  porte  très-fré- 
quemment sur  des  objets  qu’on  a pour 
ainsi  dire  toujours  sous  les  yeux,  et  qui,  au 
point  de  vue  qu’on  poursuit,  ne  sont  pas 
sans  valeur.  Cette  fois,  l’oubli  est  d’autant 
plus  regrettable  qu’il  porte  sur  une  plante 
d’une  véritable  valeur,  le  Salvia  lricoloï\ 
Qu’on  se  figure  en  effet  des  feuilles  d’un 
beau  rouge  à reflet  violacé  sur  lesquelles  se 
détachent  çà  et  là  de  grandes  macules  d’un 
beau  blanc,  parfois  même,  et  c’est  le  cas  le 
plus  fréquent,  toute  la  moitié  supérieure 
des  plantes  est  d’un  blanc  jaunâtre,  pur  ou 
mélangé  de  violet. 

A cette  vue,  on  se  demande  qu’elle  peut- 
être  la  cause  de  l’abandon  d’une  aussi  jolie 
plante.  On  s’en  étonne  d’autant  plus  que, 
dans  les  traités  qu’on  a fait  des  plantes  à 
feuillage  ornemental,  on  en  trouve  cité  un 
très-grand  nombre  qui  ne  lavaient  pas  pour 
la  beauté,  et  qui,  de  plus,  sont  d’une  culture 
relativement  difficile  ou  dispendieuse.  Parmi 
celles  qu’on  a recommandées,  il  en  est  un 


grand  nombre  qu’il  faut  rentrer  en  serre 
pendant  six  mois  au  moins,  et  lorsqu’on  les 
a mises  en  pleine  terre  tout  n’est  pas  fait,  il 
faut  encore  attendre  longtemps  avant  quel- 
les produisent  de  Veffet.  Certes,  nous  ne  di- 
sons pas  qu’on  a tort  de  cultiver  ces  plantes, 
qui,  pendant  deux  mois,  sont  admirables,  ce 
que  nous  voulons  seulement,  c’est  appeler 
raltention  sur  une  pauvre  délaissée  qui  ne 
manque  pas  de  mérite  et  qui,  on  peut  le 
dire,  ne  présente  aucun  inconvénient.  Elle 
n’a  pas  seulement  le  mérite  d’être  un  orne- 
ment de  jardin,  elle  est  encore  douée  de 
propriétés  médicinales  qui  lui  permettent 
de  nous  rendre  des  services. 

Bien  que \e Salvia o f fl cinalis  tnco/or  puisse 
croître  dans  tous  les  terrains  légers,  plutôt 
secs  qu’humides,  il  semble  préférer  néan- 
moins une  terre  franche  siliceuse.  Sa  rusti- 
cité est  très-grande;  le  mieux  est  de  s’en 
servir  pour  border  les  massifs.  Quant  à sa 
multiplication,  on  la  fait  par  la  division  des 
pieds,  qui  doit  se  faire  au  commencement 
du  printemps  lorsque  les  plantes  entrent  en 
végétation. 

Bakon . 


DICHOmSANDRA  MUSAtCA. 


Le  Dighoiusandbe  mosaïque  {Dichori- 
sandra  musai ca),  qui  est  représenté  par  la 
figure  39,  faisait  partie  de  la  remarquable 
collection  de  nouveautés,  apportées  à la 
dernière  grande  exposition  de  Londres 
par  M.  Linden,  C’est,  jusqu’à  présent,  une 
des  plus  belles  plantes  du  genre.  On 
avait  bien  quelques  espèces  à feuillage 
teinté  de  pourpre,  soit  en  dessous,  soit 
plus  rarement  en  dessus  des  feuilles,  mais 
aucune  ne  présentait  ces  macules  trans- 
versales, blanches,  alignées  comme  une 
mosaïque  satinée,  et  rappelant  la  dispo- 
sition du  réseau  qui  parcourt  les  fleurs 
de  la  fritillaire  damier  {Frilillaria  mulea- 
gris). 

M.  Linden  a reçu  cetle  plante  de  son 
collecteur,  M.  Wallis,  successeur  de  Li- 
bone,  dans  les  explorations  botanico-hor- 
ticoles  de  l’Amérique  équatoriale.  Elle 
croît  au  Pérou,  aux  pieds  de  la  grande 
Cordillère,  sur  le  versant  de  l’Amazone, 
dans  la  région  même  où  vivent  d’autres 
nombreuses  espèces  de  Commelynacées,  fa- 
mille à laquelle  appartient  le  Dichorisandra 
musaica. 

Ses  tiges  sont  dressées,  cylindriques,  char- 


nues (la  plante  mère  exposée  à Londres 
avait  deux  tiges  et  environ  0*".50  de  hau- 
teur). Les  feuilles,  dont  la  surface  du  limbe 
est  inclinée  presque  verticalement  par  rap- 
port au  sol,  sont  sessiles,  ovales  oblon- 
gues,  acuminées,  glabres,  embrassantes, 
alternes,  distiques,  épaisses,  ondulées,  lon- 
gues de  20  à 27  centimètres,  larges  de  12 
I à 15,  sur  la  plante  que  nous  avons  vue.  Leur 
couleur  est  un  beau  vert  brillant  en  dessus, 
marbré  de  macules  transversales  oblongues, 
presque  rectangulaires,  en  forme  de  damier 
I ou  de  mosaïque,  d’un  rouge  violacé  en  des- 
sous. Elles  sont  accompagnées  à leur  base 
par  des  gaines  entières,  membranacées, 
amplexicaules. 

i L’inflorescence  terminale  forme  un 
^ thyrse  serré,  bractéolé.  Les  fleurs  offrent 
un  périanthe  à six  divisions,  dont  les  trois 
intérieures  sont  plus  grandes,  d’un  beau 
' bleu  d’azur  à centre  blanc.  Les  étamines, 
au  nombre  de  six,  ont  des  anthères  jaunes, 
agglomérées  et  divisées  en  deux,  caractère 
qui  a motivé  la  dénomination  du  genre 
( 8tç,  deux;  divisions;  av/jp,  avSpor, 

homme,  organe  mâle). 

1 Cette  description,  que  nous  avons  prise 


DICHORISANDRA  ML'SAICA, 


330 

].?’cZŒ  £‘s:  I îc  "• 

nniic  chaudes  et  coiume 

{outes  ses  congénères, 
le  Dichorisandra  mu- 
saica  sera  une  plante  de 
serre  chaude,  facile  à 
vivre  et  réclamant  des 
soins  analogues  à ceux 
qu  exigent  les  autres  es- 
pèces du  genre. 

^ Compost  de  deux 
tiers  de  bonne  terre  de 
bruyère  et  d’un  tiers 
de  terre  franche;  des 
arrosements  copieux 
pendant  la  végétation  et 
modérés  pendant  l’hi- 
ver, des  rempotages  fré- 
quents (car  la  plante  est 
vigoureuse)  sont  les  soins 
qu’il  convient  d’accor- 
der à cette  plante.  Mul- 


dans  nos  serres,  et  il 
nous  faudra  attendre, 
sans  beaucoup  d’espoir, 
à moins  que  M.  Wal- 
lis ne  les  ait  observés 
sur  la  plante  sponta- 
née. 

La  seule  inflorescen- 
ce qui  se  soit  encore 
montrée  sur  le  pied 
mère  de  M.  Linden,  a 
été  coupée  pour  l’é- 
tude par  le  professeur 
Koch,  à son  passage  à 
Bruxelles  (retour  de 
Londres).  Les  savants 
ne  respectent  rien  ! 

La  plante  n’est  pas 
encore  au  commerce, 
bien  que  les  amateurs 
1 attendent  avec  impa 


x ctvuc  irnpa-  ~ ^'‘^^onsandra  musaica.  -i- '^v^nvicm  u accor- 

tience.  Il  faut  espérer  qu’ils  n’attendront  I cette  plante.  Mul- 

longtemps,  et,  U 'printem?troIm!  su'STè  cCu 

' Ed.  André. 


PHÉNOMÈNE  DE  VÉGÉTATION 

PRODUIT  PAR  LE  STANGERIA  PARABOXA. 


« Nous  n avons  vécu  que  sur  des  rui- 
nes, » disait  un  jour  M.  Guizot  : 

Ces  paroles  du  grand  orateur  pourraient 

iurmnt  application;  mais  c’est 

jurtout  dans  les  sciences  naturelles,  et  en 
se  qui^  concerne  les  théories,  qu’on  en  re- 
connaît la  justesse.  Non-seulement  chacun 
emet  souvent  la  sienne  sur  un  même  su- 
et,  mais  il  est  bien  rare  que  chacun  ne 
modifie  pas  continuellement  son  opinion. 
Constamment,  on  remplace  une  théorie  par 
une  autre;  on  bâtit  sur  des  ruines!...  Pour 
expliquer  ou  pour  justifier  cette  mobi- 
lité, on  invoque  le  progrès,  l’on  dit  que 
c est  par  suite  de  nouvelles  observations 
ou  d observations  mieux  faites,  etc.  ou 
bien  encore  qu’on  y est  contraint  par  l’étude 
de  nouvelles  introductions,  etc.,  e(c.  Soit 
évidemment  il  y a une  cause;  quelle  qu’elle 
puisse  etre,  nous  la  respectons;  notre  but, 
ICI,  est  de  constater  un  fait,  celui  de  l’im pos- 
sibilité ou  1 on  est  de  fixer  quoi  que  ce  soit 
d une  maniéré  absolue. 

L’exemple  suivant,  que  nous  allons  rap- 
porter, en  donne  encore  une  preuve  des  plus 
remarquables;  il  nous  est  fourni  par  une 
Lycadee,  parle  Stangeriaparadoxa,  E.  Moor. 
(Lomariœeriopus,  Schrad.)  (Fig.  40).  Cette 
espece,  originaire  de  l’Afrique  australe  (Na- 
tal.), tres-voisine  des  Encephalartos,  et  dé- 
couverte en  1835,  a été  introduite  en  Eu- 
rope par  le  D*’  Stanger  en  1841. 


Le  fait  dont  nous  allons  parler,  qui  se 
rattache  a la  physiologie,  porte  sur  les 
bourgeons,  et,  sous  ce  rapport,  il  est 
contraire  aux  idées  qui  ont  été  émises  sur 
ce  sujet.  Jusqu  à présent,  que  nous  sachions 
du  moins,  on  n avait  pas  d’exemple  de  bour- 
geons développés  dans  le  centre  d’un  axe 
dans  cette  partie  des  végétaux  qui  corres- 
pond a ce  qu’on  nomme  la  moelle.  Aussi 
avait-on  admis  comme  règle  qu’on  n’en  pou- 
vai  obtenir  gu’à  la  périphérie  des  plaides, 
soit  a 1 extérieur,  soit  à l’intérieur  de  l’é- 

Zaï’  !*•  “r’'®  l’o»  nomme 

couche  génératrice.  Aujourd’hui,  ie  Slanae- 
naparadoxa  vient  de  détruire  cette  théorie 
absolue  en  montrant  une  exception.  Le  fait 
s est  passé  dans  les  serres  du  Muséum  et  on 
doi  la  constatation  à M.  Houlet.  En  voulant 
multiplier  cette  plante,  il  en  a fragmenté  la 
tige,  qui,  solide  et  charnue,  peut  être  non 
assimilée  mais  comparée  à celle  soit  d’un 
zama,  soit  d’un  Encephalartos.  C’est  au 
centre  d un  de  ses  fragments,  dans  la  partie 
correspondant  à la  moelle,  que  s’est  amassé 
du  tissu  cellulaire  qui  a donné  naissance 
au  bourgeon  figuré  dans  la  gravure  40. 

Un  fait  très-singulier,  c’est  qu’aucun 
des  tronçons  n’a  présenté  la  moindre  ap- 
parence de  bourgeons  à l’extérieur,  tamtis 
que  tous  ont  produit  vers  le  centre  des 
amas  de  tisp  cellulaire  que  l’on  pouvait 
comparer  à celui  qui  se  fait  à la  hase 


lmp.  Zanote  J3,r  des  Boulangers. Pans 


Ke  nii  e clva  F r e d wo  o dii 


PHÉNOMÈNE  DE  VÉGÉTATION  PRODUIT  PAR  LE  STANGERIA  PARADOXA. 


331 


des  boutures  et  que 
lent  bourrelet. 

heStangeriapara- 
ftoxa  a,  du  reste, 
des  caractères  exté- 
rieurs qui  semblent 
annoncer  unecontor- 
mation  organique 
toute  spéciale,  et  de 
nature  même  à trom- 
per les  botanistes. 

Par  leur  forme,  leur 
aspect  et  leur  nature, 
ses  feuilles  rappel- 
lent exactement  celles 
de  certaines  fougères, 
cequiexpliquelenoin 
de  Lomaria  qu’on  lui 
a donné.  Quant  à sa 
tige,  voici  les  caractè- 
res qu’elle  présente  : 
Tige  charnue,  so- 
lide, présentant  àl’in- 
térieur,  près  du  cen- 
tre, une  sorte  d’an- 
neau ou  de  cercle  fi- 
breux à l’intérieur 
duquel  existe  une 
masse  de  tissu  cellu- 
laire très-compacte. 
A l’extérieur  se  trou  ve 
une  partie  qui  sem- 
ble plus  dure  et  plus 
solide,  probablement 
à cause  de  la  place 
qu’elle  occupe;  elle 
est  unie  extérieure- 
ment, un  peu  verru- 
queuse,  d’un  gris- 
roux  légèrement  fer- 
rugineux. Les  feuil- 
les, semblables  à des 
frondes,  sont  formées 


les  jardiniers  appel-  I d’une  sorte  de  pétiole  long,  solide,  qui 
d’abord  comprimé,  s’arrondit  et  se  couvre 
de  poils  feutrés-lai- 
neux,  couchés,  blan- 
châtres. Les  folioles 
ou  sortes  de  pénu- 
les  sont  longuement 
lancéolées,  plus  ou 
moins  élargies  à la 
base,  parfois  atté- 
nuées  et  comme  pé- 
tiolées , portant  au 
milieu  une  nervure 
médiane  saillante, 
à bords  légèrement 
sinués,  vert  foncé  lui- 
sant sur  les  deux 
faces,  à nervures  la- 
térales simples,  plus 
rarement  ramifiées , 
très-visibles,  rappe- 
lant celles  des  fou- 
gères, courtement  ré- 
trécies au  sommet 
qui  est  terminé  par 
un  mucronule  rai- 
de, parfois  irrégu  - 
lièrement  bi  ou  tri- 
fide. 

Pourquoi,  disons- 
nous  en  terminant , 
le  Stangeria  para- 
doxa  produit-il  des 
bourgeons  dans  sa 
partie  centrale,  fait 
que  jusqu’ici  on  n’a 
encore,  à notre  con- 
naissance du  moins, 
observé  chez  aucun 
végétal?  Nous  le  de- 
mandons aux  hom- 
mes compétents. 

Fiff.  40.  — Tronçon  de  tige  du  Stangeria  pai  adoxa,  ayant  pro-  r *ot>tr«Tr- 

duit  un  bourgeon  dans  la  partie  centrale.  A.  U.'VhRiLHh, 


RAMONDIA  PYRENAICA 


Le  genre  Ramondia,  dédié  par  Richard  à 
un  naturaliste  français,  à Ramond,  mort  en 
1827,  ne  comprend  qu’une  seule  espèce, 
celle  que  nous  représentons  ci-contre,  le 
R.  Pyrenaica,  Rich.  (Verbascum  Myconi, 
Linn.  ; Mymiia  borraginea^La^.  ; Chaixia 
Myconi^Lag.).  Ses  caractères  botaniques  sont 
les  suivants  ; calice  libre,  à 5 divisions,  à lo- 
bes égaux,  obtus.  Corolle  rotacée,  à 5 lobes 
ovales,  réguliers,  presque  égaux.  Etamines 
5,  insérées  sur  la  gorge  de  la  corolle,  à fdets, 
courts,  glabres.  Anthères  dressées,  à loges 
opposées,  déhiscentes  de  la  base  au  som- 
met. Style  simple.  Ovaire  capsulaire,  à 2 
valves  placentifères  sur  leurs  bords.  Graines 
petites,  oblongues,  hérissées, 


Le  Ramondia  Pyrenaica  est,  ainsi  que 
son  nom  l’indique,  originaire  des  Pyrénées. 
C’est  une  plante  acaule  dont  les  feuilles, 
disposées  en  rosettes,  s’étalent  sur  le  sol; 
elles  sont  longuement  ovales,  dentées  hé- 
rissées de  toutes  parts  de  poils  roux-ferru- 
gineux à la  face  inférieure,  blanchâtres 
à la  face  supérieure.  Ses  hampes,  courtes, 
se  terminent  en  une  sorte  d’ombellè  qui 
porte  2-5  fleurs,  grandes,  d’un  pourpre 
violet,  à 5 lobes  ciliés,  à gorge  courte, 
munie  devant  chaque  fdet  d un  faisceau  de 
poils  courts,  orangés.  Ovaire  pubescent. 

Cette  espèce,  qui  est  très-floribonde  et 
très-jolie,  a,  au  point  de  vue  de  l’ornement, 
cet  autre  avantage  de  ne  pas  être  délicate, 


332 


KENNEDIA  FREDWOODII, 


de  sorte  qu’on  peut  en  faire  une  plante  d’or- 
nement. Si  on  la  cultive  en  pots,  la  terre  qui 
doit  être  celle  de  bruyère  très-grossièrement 
concassée,  doit  aussi  être  fortement  drainée, 
de  manière  à éviter  l’humidité  stagnante 
autour  des  racines.  Les  arrosements,  qui 
doivent-être  très-fréquents  pendant  le  temps 
que  la  plante  végète,  doivent  au  contraire 
être  très-modérés,  ou  plutôt  presque  nuis, 
pendant  tout  le  temps  que  la  plante  est  en 
repos. 

On  multiplie  le  B.  Pijrenaica  par  graines 
que  l’on  sème  aussitôt  qu’elles  sont  mûres 
sur  de  la  terre  de  bruyère  grossièrement 
concassée.  Il  faut  bassiner  très-fréquemment 
de  façon  à entretenir  le  sol  constamment 
frais.  On  repique  les  plants  en  pots  lors- 
qu’ils sont  suffisamment  forts,  c’est-à-dire 

KENNEDYA 

Plante  volubile,  vivace,  sous-ligneuse 
en  serre  tempérée.  Tige  cylindrique,  cou- 
verte de  poils  gris-brun,  très-courts.  Feuil- 
les composées-trifoliolées,  accompagnées  à 
la  base  d’une  large  stipule  cordiforme  ar- 
rondie, presque  amplexicaule;  pétiole  long 
d’environ  12  à 15  millimètres,  velu;  folioles 
largement  ovales  ou  obovales,  arrondies,  à 
bords  fortement  ondulés-sinués,  d’un  vert  un 
peu  terne.  Fleurs  solitaires  où  le  plus  sou- 
vent réunies  sur  une  ramille  pédonculifor- 
me  velue,  entourée  de  toutes  parts  près  de 
sa  base  d’une  stipule  circulaire  herbacée, 
entière,  assez  large;  pédicelledeG  à 10 mil- 
limètres. Fleurs  d’un  beau  rouge  cerise,  à 
étendard  obovale,  large  et  bien  ouvert,  fine- 
ment strié  blanc  et  portant  à la  base  une 
macule  jaune-verdàtre;  carène  allongée, 
étroite,  de  même  couleur  que  l’éten- 
dard. 

Le  Kennedya  Fredwoodii  est  très-proba- 
blement originaire  de  l’Australie;  il  n’y  a 
^ que  très-peu  de  temps  qu’il  a été  introduit 

ARBRES  I 

ou  COMMENÇANT  A FLEÜRIli 

Pendant  mon  séjour  à Londres  où  j’étais 
allé  pour  visiter  la  magnifique  exposition 
florale  qui  s’est  tenue  dans  le  courant  du 
mois  de  mai  de  cette  année,  j’ai  remarqué 
que  la  végétation  des  arbres  dans  les  parcs 
et  jardins  était  encore  bien  peu  avancée. 
J’ai  trouvé  en  fleurs  des  arbres  qui,  depuis 
longtemps  déjà,  étaient  défleuris  dans  les 
jardins  de*  Paris  ; tels  sont  les  Marronniers 
blancs  {Æsciilus  hippocmlamim),  Marron- 
niers à fleurs  rouges  {Æsculus  rahicunda), 
Pavia  à fleurs  jaunes  (Pavia  lutea),  Lilas 


la  seconde  année  après  que  le  s^emis  a été 
fait;  on  place  les  pots  sous  des  châssis 
froids,  où  on  les  prive  d’air  pendant  quelque 
temps,  pour  favoriser  la  reprise;  puis,  l’on 
aère  fortement  et  presque  continuellement, 
excepté  pendant  les  très-grands  froids,  où 
l’on  peut  tenir  les  châssis  fermés. 

Un  autre  procédé  de  multiplication,  qui 
est  de  beaucoup  préférable  au  précédent, 
consiste  à séparer  les  bourgeons  axillai- 
res. Dans  ce  cas,  au  printemps,  lorsque  les 
plantes  commencent  à pousser,  on  détache 
les  bourgeons  qui  ont  poussé  à l’aisselle  des 
feuilles,  on  les  met  dans  des  petits  pots  qu’on 
place  sous  cloche  jusqu’à  ce  que  les  plantes 
aient  développé  des  racines;  ensuite  on 
donne  de  l’air  ainsi  qu’il  a été  dit  ci-dessus. 

B.  Verlot. 

FREDWOODII. 

d’Angleterre  en  France.  C’est  donc  ce  qu’on 
peut  appeler  une  nouveauté. 

Plantée  en  pleine  terre  en  serre  tempé- 
rée, cette  espèce  fleurit  dès  le  mois  de  fé- 
vrier et  la  floraison  se  prolonge  pendant 
longtemps.  On  peut,  soit  en  former  des 
guirlandes,  soit  la  faire  monter  le  long 
des  colonnes  qu’elle  couvre  en  produisant 
un  très-bel  effet. 

Cette  espèce  est  encore  rare;  nous  ne  l’a- 
vons vue  qne  chez  MM.  Thibaut  et  Keteleer 
où  a été  fait  le  dessin  ci-contre;  elle  exige 
l’abri  d’une  serre  tempérée  pendant  l’hiver. 
On  la  multiplie  de  boutures  qui  reprennent 
très-bien  lorsqu’on  se  sert  de  bourgeons 
herbacés,  pourtant  un  peu  aoûtés.  Mais  on 
peut  aussi  la  multiplier  par  graines  que  l’on 
doit  semer  au  printemps;  on  repique  les 
plants  lorsqu’ils  sont  assez  forts,  en  pots, 
qu’on  place  sous  des  châssis,  où  on  les  prive 
d’air  pendant  quelque  temps;  Les  arrose- 
ments doivent  être  très-modérés  pendant 
tout  l’hiver.  E.  Lebas. 


FLEURS 

A LONDRES  DU  20  AU  28  MAI. 

violet  et  blanc.  Azalée  pontique  à fleurs  jau- 
nes, etc.  Les  espèces  qui  ne  commençaient 
qu’à  fleurir  étaient:  l’Aubépine  à fleurs  blan- 
ches et  la  variété  à fleurs  roses,  le  faux  Ebé- 
nier  {Ct/tisus  la  b urnmn), Boule  de  neige(Ui- 
barniim  opulussterüis),  Rhododendron  poli- 
tique {Rododmdriim  poulie \nn)\  le  Robinier 
hlum  [Bobiiiia  pseudo- acacia)  ne  commen- 
çait encore  qu’à  développer  ses  premiers 
bourgeons. 

En  comparant  la  végétation  des  jardins 
de  Londres  dans  cette  saison  à celle  desjar- 


/ 


ARBRES  EN  FLEURS  OU  COMMENÇANT  A FLEURIR  A LONDRES  DU  20  AU  28  MAI, 


333 


dins  de  Paris,  on  constatait  un  retard  de 
plus  de  quinze  jours.  Ce  n’est  évidemment 
pas  un  mal  pour  certaines  plantes  dont  la  vé- 
gétation n’est  pas  liàlive;  mais  pour  un  grand 
nombre  d’espèces  exoti(|ues,  cette  tempéra- 
ture est  nuisible,  au  point  que  l’on  ne  peut 
cultiver  à l’air  libre  les  Pivoines  en  arbre 
{Pœonia Moulant  le  Panlotvnia  ImperiaUs 
et  beaucoup  d’arbres  et  d’arbustes  à feuilles 
caduques. 

Les  arbres  qui  composent  les  plantations  et 
qui  font  en  ce  moment  l’ornement  des  parcs 
et  des  squares  sont  déjà  très-anciens.  Ainsi, 
à Hyde  Parc,  ce  sont  de  magnifiques  Ormes 
{lUmits  cainpestris);  Tilleul  d’Europe  {Tillia 
plaiiphyllos);  Chêne  pédonculé  {Querciis 
pedwiciilatay,  Erable  sycornore(Acer  pseudo- 
plalanus)^  le  Charme  commun  (Carpinus 
Belulus)\  de  très-beaux  spécimens  d’Au- 
bépine  blanche  ou  rose,  à fleurs  simples  et  à 
fleurs  doubles  ; de  beaux  Marronniers  blancs, 
et,  ce  qui  m’a  beaucoup  intéressé,  c’était  de 
voir,  mêlés  à ces  arbres,  de  magnifiques 
Chênes  verts  (Qnercm  ilex)  assez  élevés  et 
d’une  bonne  grosseur.  La  végétation  du 
printemps  est  tardive,  à ce  point  qu’àl’épo- 
où  je  faisais  ces  observations,  les  nouveaux 
bourgeons  de  ces  Chênes  ne  faisaient  que 
commencer  à poindre. 

Les  Araucaria  imbricata  font  merveille 
sous  ce  climat,  il  y en  a un  pied  planté  dans 
le  jardin  de  Kew  dont  l'introduction  paraît 
rèmonter  à 1834.  Il  est  magnifique  et  fruc- 
tifie depuis  plusieurs  années;  j’ai  compté  16 
où  17  cônes  fixés  à l’extrémité  des  branches 
latérales  et  qui,  quoique  très-gros,  n’a- 
vaient pas  encore  acquis  leur  entier  déve- 
loppement. 

La  plupart  des  grands  parcs  sont  plantés 
d’essences  d’arbres  ou  d’arbustes  rustiques 


et  par  conséquent  peu  variés.  Je  disais  que 
les  Ormes,  les  Tilleuls,  les  Aubépines  et  les 
faux-Ehéniers  dominaient  dans  les  planta- 
tiotis;  mais  il  faut  ajouter  aussi  le  Peuplier 
d’Italie  qui  joue  un  très-granil  rôle  dans  la 
disposition  des  massifs;  le  Houx  commun  et 
ses  variétés,  le  Thuya  du  Canada,  y sont  très- 
répandus,  de  même  que  le  Genévrier  de  Virgi- 
nie, l’If,  le  Buis,  etc.  Le  Troënecommuuy  est 
planté  comme  arbuste,  en  touffe,  mais  c’est 
surtout  comme  haie  vertequ’il  est  employé, 
et  sous  cette  forme  on  le  rencontre  dans  tous 
les  jardins  que  l’on  borde  de  haies  ainsi  que 
dans  les  massifs  des  parcs,  en  compagnie 
des  Lilas  violets  et  blancs,  de  l’Aucuba  du 
Japon,  du  Mahonia  à feuilles  de  Houx,  du 
Cîiêne  vert,  qui,  comme  je  le  disais,  est  très- 
rustique  et  résiste  mieux  à ce  climat  que 
les  Auciiba  et  les  Mahonia^  qui  perdent 
beaucoup  de  leurs  feuilles.  Là  se  bornent 
à peu.  près  les  arbres  et  arbustes  que 
l’on  rencontre  dans  les  parcs  et  jardins 
en  y ajoutant  toutefois  les  Rhododendrum 
ponticum.  J’ai  remarqué  aussi  quelques 
Arbousiers,  mais  en  petit  nombre,  c’étaient 
VArbatas  anedo  et  VArbulus  Andrachne. 
Les  Magnolia  grandiflora  y végètent,  je 
n’en  ai  pas  vu  de  beaux;  mais  l’Ajonc  marin 
à fleurs  doubles  y prospère  d’une  manière 
très- remarquable  ; ses  nombreuses  fleurs 
d’un  jaune  d’or  produisent  au  printemps  un 
grand  effet,  soit  en  ‘massifs  ou  en  touffes 
isolées. 

On  voit,  par  cette  énumération,  combien 
il  se  trouve  de  charmants  arbustes  à feuilles 
persistantes,  que  nous  cultivons  en  pleine 
terre  sous  notre  climat,  tandis  qu’à  Lon- 
dres et  dans  ses  environs  on  est  obligé  de  les 
cultiver  en  serre  froide  pour  les  conserver. 

Pépin. 


LISTE  DE  QUELQUES  ESPECES  DE  SPIRËES 

LES  PLUS  PROPRES  A L’ORNEMENTATION. 


Parmi  les  arbustes  d’agrément,  le  genre 
Spirœa  est  l’un  de  ceux  qui  fournit  le  plus 
grand  nombre  de  plantes  pour  l’oniementa- 
tion  des  jardins.  Presque  toutes  les  variétés 
ou  espèces  qu’il  renferme  sont  très-jolies  et 
très-floribondes,  et  leurs  fleurs  s’épanouis- 
sent très  bien.  Presque  toutes  sont  rusti- 
ques et  d’une  culture  facile.  C’est  donc  réel- 
lement un  genre  de  plantes  ornementales 
par  excellence.  Aussi  ai-je  pensé  rendre 
service  aux  amateurs  en  publiant  une  liste 
des  espèces  ou  variétés  que  l’on  peut  plus 
particulièrement  recommander 

Spiræa  sorbifolia 

— Billiardii 


— longispicata 
ariæfolia 


blanc 

rouge 

rouge 

blanc 


Spiræa  Nicoudersii blanc 

— Siriensis  pendula blanc 

— salicifolia  alba blanc 

— — rosea rose 

— — grandiflora  rosea  . . rose 

— Douglasii rouge 

expansa  nivea rose  carné 

— — alba blanc 

— calosa  ou  Fortunei rouge 

— — alba blanc 

— — pariicuUîta rouge 

— — seinperlloreris  . . . rouge 

— — Nobleana rouge 

— — Uegeliana rouge 

— Lindleyana blanc 

— opulifolia blanc 

— lævigata blanc-rosé 

— bella rose 

— prunifolia blanc 


33A  LISTE  DE  QUELQUES  ] 

Spiræa  primifolia  flore  pleno blanc 

— eximia rouge 

ESPÈCES  DE  SPIKÉES. 

Spiræa  rupestris blanc 

— oblonffifolia  Llanr» 

— Revesii  ou  lanceolata blanc 

— — flore  pleno  ....  blanc 

— — robusta* blanc 

— Canadensis  rubra rouge 

— — a!ba blanc 

— ulmifülia blanc 

— pubescens blanc 

— crenata blanc 

— amœna rose 

— canescens blanc 

— grandiflora(&roconfiV7,ry/Y/nrf.)  blanc 

— .speciosa '.  . . . blanc 

— pachystachvs . . rose 

— confusa blanc 

— Thunbergii blanc 

ITnol\PT*ll  l'Aiirrû 

— cana blanc 

— Ajuiirensis  blanc 

— acutifolia blanc 

— chamædrifolia blanc 

— Kamounn rose 

— — spicata rouge 

— floribunda blanc 

— Van  llouttei  ’ Idanc 

— Fontenaysii  allia'^  blanc 

— — l'osea rose 

Billiard,  dit  la  Grune, 
Pépir.iéristc  à Foiilcnay-aux-Koses. 

FLORAISON  ANORMALE  DE  L’ADHATODA  VASICA. 


Un  amateur  d’horticulture,  M.  A.  Place, 
me  transmet  à l’adresse  de  la  Revue  horti- 
cole^ la  note  suivante  : 

« V Adhntoda  vasica,  Nees;  JusHcia  adlia- 
Ihodüy  Linn.,  vulgairement  Noyer  des  Indes 
ou  Carmantine  en  arbre,  est  originaire  du 
Népaul.  C’est,  comme  on  le  sait,  un  très- 
joli  arbuste  d’orangerie.  Ses  feuilles  sont 
persistantes;  ses  fleurs  bilabiées,  d’un  blanc 
d’argent,  striées  de  pourpre,  ne  s’épanouis- 
sent qu’en  hiver  si  la  plante  est  tenue  en 
serre  tempérée,  et  même,  malgré  cela,  sa 
floraison  est  chétive,  parce  que  cet  arbuste 
ne  reçoit  pas  d’assez  grands  vases  chez  la 
plupart  des  cultivateurs. 

« Le  hasard  m’a  fourni  l’occasion  d’ob- 
tenir une  abondante  floraison  de  ce  joli  ar- 
buste en  d’autres  saisons  que  celle  où  il 
fleurit  d’ordinaire. 

c(  En  1865,  je  plaçai  en  pleine  terre  au 
printemps  un  Adhatoda;  mais  l’été  fut  si 
sec,  que  l’eau  me  manquait  pour  les  arrosa- 
ges, et  l’arbuste  végéta  peu.  Aux  pluies 
d’automne,  il  prit  une  grande  vigueur;  et, 
sur  la  lin  d’octobre,  il  était  couvert  d’épis 
floraux  bien  garnis  de  boutons  dont  quel- 
ques fleurs  commençaient  à s’ouvrir.  Mais 


le  froid  était  imminent;  ne  voulant  pas 
laisser  geler  V Adhatoda,  je  l’enlevai  pour  le 
remettre  en  pot  et  le  plaçai  dans  le  vestibule 
de  ma  serre.  Je  le  négligeais,  lorsque  je  vis 
que  les  üges  et  les  feuilles  se  flétrissaient 
sans  périr  cependant;  les  boutons  restaient 
verts  mais  ne  se  développaient  pas.  Je  con- 
çus alors  l’espoir  que,  en  modérant  les  arro- 
sements, je  pourrais  retarder  la  floraison 
jusqu’aux  printemps  suivant;  je  n’arrosai 
donc  plus  l’arbuste  qu’autant  que  cela  était 
nécessaire  pour  l’empêcher  de  périr  pen- 
dant la  mauvaise  saison. 

« Au  5 mai  dernier,  j’ai  placé  mon  Adha- 
toda en  pleine  terre,  et,  depuis  celle  époque 
jusqu’à  la  fin  de  juillet,  cet  arbuste  a été 
couvert  de  fleurs;  il  y avait  plus  de  cent 
épis  floraux;  en  ce  moment,  les  épis  sont 
couverts  de  graines  que  j’espère  voir  mûrir, 
et  de  nouveaux  épis  floraux  se  préparent 
pour  l’année  prochaine. 

((  Ainsi,  on  le  voit,  V Adhatoda  rasiai 
étant  soigné  ou  plutôt  négligé  convenable- 
ment, peut  devenir  une  des  plus  jolis  plan- 
tes estivales  de  nos  parterres.  » 

Pierre  Valin. 


MOYEN  DE  DÉTRUIRE  L’ACARUS  DES  ORCHIDÉES. 


Les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  les  insectes 
nuisibles  aux  plantes  se  bornent  souvent  à 
désigner  ces  derniers  sous  des  noms  vulgai- 
res, changeant  avec  les  localités,  ce  qui  ne 
suffit  pas  pour  reconnaître  l’espèce.  Le  genre 
qui  nous  occupe  comprend  un  certain  nombre 
d’insectes  différents  les  uns  des  autres.  Nous 
croyons  qu’il  y a plusieurs  acarus  aujour- 
d’hui dans  les  serres,  les  jardins  et  les 
champs.  Quoiqu’il  en  soit,  l’insecte  le  plus 
redoutable  dans  la  culture  des  Orchidées 
exotiques  est  le  Tetranichus{OrcMdeams). 

* Voir  Revue  horticole,  1866,  pa^e  296, 


Il  se  multiplie  d’une  manière  extraordinaire 
en  peu  de  jours,  et,  soit  qu’il  se  place  entre 
les  bulbes,  les  squames,  dessous  ou  même 
sur  les  feuilles,  il  cause  de  grands  ravages 
sur  ces  plantes  qui  sont  toujours  d’un  prix 
élevé. 

Pendant  le  jour,  l’acarus  court  de  piaule 
en  plante  cherchant  les  jeunes  pousses 
et  les  feuilles  à épiderme  tendre,  les  bou- 
tons à fleurs,  dont  il  suce  le  suc,  et  laisse 
des  taches  noires  ou  rougeâtres  sur  les 

1 Voir  Revue  horticole,  1866,  page  269. 

® Voir  Revue  horticole,  1866,  page  300. 


335 


MOYEN  DE  DÉTRUIUE  L’ACADüS  DES  ORCHIDÉES. 


plantes,  qui,  une  fuis  attaquées,  dépérissent 
peu  à peu.  Il  importe  donc  de  détruire  l’in- 
secte aussitôt  qu’il  paraît  dans  les  serres  sur 
les  Orchidées  et  les  autres  plantes. 

Après  avoir  essayé  de  tous  les  moyens 
prônés  et  recommandés  pour  opérer  cette 
destruction,  je  me  suis  vu  obligé  d’en  cher- 
cher un  plus  efficace.  Jemesers  aujourd’hui 
avec  succès  d’un  procédé  qui  a réussi  depuis 
deux  ans  sur  les  Anselia,  Ærides,  Angrœ- 
cnm,  Brassavola,  Brama.,  Burlwgtonia, 
Caltleya,  Celogyue^  Cymbidium,  Cypripe- 
dium,  Dendrobium,  Epidendrum,  Lœlia, 
Maxillaria,  Aliltonia,  Oncidiim,  Periste- 
ria,  Phajus,  Phalœnopsis,  Benanthera,  Sac- 
colabium,  Schomburghia,  SobraUa,  Sianho- 
pea,  Tricopilia,  Vanilla,  Vanda,  Zygopeta- 
lum,  etc.,  etc. 

Pour  cela,  je  prends  quelques  liges  et  feuil- 
les fraîches  de  Belladone,  de  Jusquiame,  de 
Pyrètre  et  de  Tabac,  je  les  fais  bouillir  dans 
un  vase  clos  pendant  quelques  minutes  seu- 
lement, je  laisse  ensuite  refroidir  le  liquide 
sans  découvrir  le  vase,  et  le  lendemain,  vers 
neuf  heures  du  malin,  je  m’en  sers  pour  bas- 
siner avec  soin  les  Orchidées  en  dessus  et  en 


dessous  des  feuilles;  j’évite  de  laisser  tomber 
trop  d’eau  sur  les  jeunes  pousses,  ce  qui 
leur  serait  nuisible. 

Comme  l’acarus  est  très-petit  et  se  ren- 
ferme dans  les  moindres  cavités,  entre  lesbul- 
bes,  dessous  les  feuilles,  I3  long  des  racines 
aériennes  dans  le  sphagnum  et  les  rugosités 
des  paniers  qui  renferment  les  plantes,  etc., 
il  faut  répéter  l’opération  pendant  trois  ou 
quatre  jours  consécutifs.  Mais  ce  n’est  j)as 
tout,  car  l’insecte  dépose  ses  œufs  dans  les 
cavités  qu’il  rencontre,  et,  lorsque  ceux-ci 
éclosent,  il  faut  encore  renouveler  l’opé- 
ration. 

Si  l’on  a des  Orchidées  qui  présentent  un 
aspect  jaunâtre,  souffreteux,  on  fait  dissou- 
dre dans  un  litre  d’eau  un  demi-gramme  de 
sulfate  de  fer  dont  on  se  sert  pour  bassiner 
les  plantes  pendant  quelques  jours.  En  pro- 
cédant ainsi,  on  obtient  bientôt  une  teinte 
d’un  beau  vert,  surtout  si  l’on  a soin  d’agir 
lorsque  les  plantes  sont  en  végétation. 

H Denis, 

Chef  des  cultures  du  Jardin  botanique 
au  parc  de  la  Têle-d’Or, 


FRUCTIFICATION  A ANGERS  DU  NEFLIER 

ou  BIBACIER  DU  JAPON. 


Arbrisseau  haut  de  2 mètres  à 4 mètres 
toujours  vert,  réussissant  très-bien  dans  le 
midi  de  la  France,  où  il  fleurit  et  fructifie  à 
ce  point  que  les  grainetiers  d’Hyères  annon- 
cent sur  leur  catalogue  les  graines  de  cet  ar- 
buste comme  étant  d’une  récolte  régulière; 
mais  il  faut  bien  reconnaître  que  toute  la 
France  ne  possède  pas  une  température  aussi 
douce  que  celle  d’Hyères,  et,  qu’en  dehors 
de  cette  contrée,  on  n’a  guère  vu  jusqu’à  ce 
jour  leNétlierdu  Japon  (Èriobotrya  Japoni- 
ca)  donner  des  fruits.  Cependant,  le  fait  s’est 
produit  à Angers  cette  année.  Un  très-gros 
pied,  planté  jeune  encore,  il  y a environ  dix 
ans,  dans  le  jardin  de  M.  Métivier,  premier 
président  de  la  Cour  impériale  de  notre  ville, 
grand  amateur  et  admirateur  de  beaux  ar- 
bres, a donné  des  fruits  qui  ont  atteint  une 
parfaite  maturité.  Un  autre  sujet  plus  jeune, 
planté  à l’angle  d’un  mur  et  exposé  au  midi, 
dans  notre  pépinière,  a,  malgré  l’ombre  des 
arbres  environnants,  donné  aussi  quelques 
fruits,  mais  en  moins  grand  nombre. 

Ces  fruits,  sans  avoir  une  chair  et  un  goût 
très-fins,  sont  cependant  mangeables;  on  dit 
même  qu’ils  sont  recherchés  dans  les  con- 
trées plus  chaudes  que  la  nôtre.  Quoi  qu’il 
en  soit,  ce  n’est  pas  précisément  pour  ses 
fruits  qu’on  le  cultive  à Angers,  puisque 
c’est,  à notre  connaissance,  la  première  fois 
qu’il  en  donne;  mais  bien  pour  ses  grandes  | 


et  belles  feuilles,  longues  de  20  à 25  centimè- 
tres. Celles-ci  sont  aiguës,  cunéiformes,  et 
sont  cotonneuses  au-dessous. 

Le  moyen  le  plus  naturel  et  le  plus  simple 
pour  multiplier  cet  arbuste  est  bien  certai- 
nement de  se  servir  de  graines,  mais  les 
plantes  dans  leur  jeunesse  sont  lentes  à pous- 
ser, et  il  faut  plusieurs  années  pour  obtenir 
un  sujet  de  50  centimètres  de  hauteur  ayant 
5 ou  G branches,  tandis  qu’en  le  greffant  en 
fente  sur  cognassier  et  sous  châssis,  au 
mois  de  mars,  on  obtient  des  sujets  sembla- 
bles au  premier  dès  le  mois  de  septembre  de 
la  même  année.  On  peut  aussi  le  greffer  en 
écusson  à œil  dormant,  en  pépinière,  comme 
des  Poiriers;  il  croît  encore  plus  vigoureuse- 
ment et  donne  de  plus  beaux  sujets;  mais 
alors  la  transplantation  en  est  bien  plus  dif- 
ficile et  la  réussite  n’est  rien  moins  qu’as- 
surée. Il  est  rustique,  peut  supporter,  dans 
les  massifs,  de  10  à 12  degrés  de  froid. 
Il  est  très-connu  dans  tous  les  jardins  de 
ville,  à Angers,  où  l’on  en  trouve  qui  ont  3 à 
4 mètres  de  hauteur,  autant  de  largeur  et 
produisent  un  bel  effet. 

Il  donne  en  décembre  et  janvier  des  fleurs 
blanches,  en  grappes  serrées,  qui  exhalent 
une  odeur  d’amande,  d’autant  plus  agréable 
qu’à  cette  époque  les  jardins  n’offrent  guère 
d’autres  plantes  en  fleurs. 

Baptiste  Desportes. 


UNE  PLANTE  D’ORNEMENT  TROP  DÉLAISSÉE. 


Le  Coronilla  glauca,  auquel  je  vais  con- 
sacrer quelques  lignes,  est  trop  peu  connu 
ou  n’est  pas  apprécié  à sa  juste  valeur,  car 
aucun  autre  motif  ne  pourrait  justifier  l’a- 
bandon dans  lequel  on  le  laisse.  C’est  un 
arbrisseau  ou  plutôt  un  arbuste  qui,  par  ses 
dimensions,  peut  être  placé  dans  tous  les 
petits  jardins.  De  plus,  il  n’est  pas  délicat,  41 
se  multiplie  facilement,  et  il  se  trouve 
ainsi  à la  portée  de  tout  le  monde.  Nous 
ajouterons  que,  pendant  toute  l’année,  il  est 
presque  entièrement  couvert  de  fleurs,  dont 
l’odeur  rappelle  celle  des  fleurs  d’Oran- 
ger.  Malheui  eusement,  ses  fleurs  sont  jau- 
nes, couleur  qui  inspire  à quelques  per- 
sonnes un  dédain  que  rien  ne  justifie,  et 
c’est  peut-être  pour  cette  cause  que  le  Co- 
ronilia  glaiica  n’est  pas  plus  répandu. 

Je  vais  essayer  de  Iracer  le  portrait  du 
Coronilla  glauca,  moins  pour  lui  rendre 
justice  que  pour  en  recommander  la  cul- 
ture, bien  convaincu  que  ceux  qui  l’auront 
cultivé  ne  l’abandonneront  pas  et  le  recom  - 
manderont à leur  tour.  Voici  son  signalement  ; 

Arbuste  buissonneux.  Rameaux  et  ramu- 
les  nombreux,  courts,  compacts,  à écorce 


lisse,  rougeâtre,  luisante.  Feuilles  compo- 
sées, imparipennées,  à 3 paires  de  folioles, 
plus  l’impaire;  folioles  obovales,  très-élar- 
gies  au  sommet,  qui,  le  plus  souvent,  est 
comme  tronqué,  parfois  un  peu  saillant,  ar- 
rondi et  portant  au  centre  un  très-petit  rnu- 
cronule,  très-atténuées  à la  base,  sessiles, 
assez  épaisses,  bien  que  molles,  très-glau- 
ques en  dessous.  Fleurs  d’un  beau  jaune, 
très-nombreuses,  réunies  au  sommet  d’un 
pédoncule  d’environ  3 centimètres  de  lon- 
gueur et  formant  ainsi  des  sortes  de  capitu- 
les, à étendard  large,  relevé  et  mettant  à 
découvert  les  deux  ailes  très-développées 
qui  cachent  complètement  la  carène,  qui, 
du  reste,  est  très-petite. 

On  multiplie  le  Coronilla  glauca  par 
graines  qu’on  sème  au  printemps;  elles  lè- 
vent très-bien.  Si  l’on  était  placé  sous  un 
climat  ou  dans  des  conditions  où  le  jeune 
plant  pût  souffrir  l’hiver,  on  le  garantirait  un 
peu  à l’aide  de  feuilles  ou  de  grande  litière, 
ou  bien  on  l’arracherait  pour  le  mettre  en 
jauge  dans  un  endroit  abrité. 

J AMIN,  fils, 

Pépiniériste  à Bourg-la-Reine. 


ŒILLET  HYDRIDE  MADAME  CHARLES  PETIT. 


L’hybridation  ou  le  croisement  a pour 
résultat  la  production  d’individus  qui,  le 
plus  souvent,  tiennent  des  deux  parents. 
Presque  toujours  aussi,  lorsque  les  parents 
appartiennent  à des  espèces  très-distinctes, 
les  individus  issus  du  croisement  sont  sté- 
riles; c’est  le  cas  dans,  lequel  se  trouve  la 
plante  dont  nous  allons  parler.  Voici  les  ca- 
ractères qu’elle  présente  : 

Plante  vivace  à tiges  florales  nombreuses, 
dressées,  très-ramifiées,  à ramifications  éga- 
lement dressées,  atteignant  à 0^.50 

de  hauteur,  à nœuds  très-renflés,  rouge- 
violacé.  Feuilles  longues  de  10-15  centimè- 
tres, larges  d’environ  1,  planes  ou  légère- 
ment canaliculées,  acuminées-aiguës  au 
sommet,  d’un  vert  glauque.  Boutons  gros, 
tout  à fait  semblables  pour  l’aspect  et  la 
forme  à ceux  du  Dianthns  cariophyllus. 
Pétales  d’un  rouge  cramoisi  foncé,  veloutés, 
à bords  irrégulièrement  dentés. 

L’Œillet  hybride  Madame  Charles  Petit  a 
été  obtenu  en  fécondant  le  Dianthns  cario- 
phyllus (Œillet  des  fleuristes)  avec  le  Dian- 
thus  Hedwigii.  Il  tient  des  deux  : du  père, 
par  son  aspect  et  par  le  coloris  des  fleurs; 


il  tient  de  la  mère  par  le  port  et  la  tenue  de 
la  plante,  ainsique  par  la  forme  des  fleurs. 

Mais  là  ne  se  bornent  pas  les  qualités  de 
VŒiWeA  Madame  Charles  Petit  ; une  des  plus 
grandes  et  dont  je  n’ai  pas  parlé,  réside  dans 
sa  floribondité,  qui  est  assurément  des  plus 
grandes; la  floraison  n’est  arrêtée  que  par 
les  gelées,  qui,  lorsqu’elles  arrivent,  trou- 
vent les  plantes  garnies  de  boutons  et  de 
fleurs  épanouies. 

Sous  tous  les  rapports,  l’Œillet  Madame 
Charles  Petit  est  donc  une  précieuse  acqui- 
sition. C’est  surtout  dans  les  plates-bandes 
et  les  massifs  de  fleurs  qu’est  sa  véritable 
place,  car,  une  fois  planté,  on  n’aura  plus 
à s’en  occcuper,  et  il  donnera  des  fleurs 
pendant  oute  l’année. 

Sa  mulliplication  est  des  plus  faciles,  on 
la  fait  soit  de  boutures,  soit  d’éclats,  en 
divisant  les  touffes.  Ce  travail  doit  se  faire 
de  bonne  heure,  soit  à l’automne,  soit  au 
printemps,  lorsque  les  plantes  entrent  en 
végétation.  Il  est  toujours  prudent  de  met- 
tre en  pots  quelques  pieds  de  cette  variété, 
qu’on  placera  l’hiver  sous  des  châssis  à froid. 

Quetier. 


PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PEU  CONNUES. 


Philadel plius  tomentosus.  Arbuste  très- 
vigoureux,  à feuilles  larges,  fortement  ner- 
vées,  très-tomenteuses  en-dessous.  Fleurs 


blanches,  odorantes,  très-grandes  et  très- 
nombreuses,  atteignant  jusqu’à  0™.06  de 
diamètre.  — M.  A.  Leroy. 


337 


PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PEU  CONNUES. 


— Rlnjncùspermiimjasminoides.  Cette  es- 
pèce, originaire  de  la  Chine,  n’est  pas  préci- 
sément rustique  sous  le  climat  de  Paris, 
bien  qu’elle  résiste  souvent  aux  froids;  sa 
floraison  y a rarement  lieu;  mais  il  en  est 
autrement  dans  le  centre,  dans  le  sud,  dans 
le  sud-est  et  même  dans  l’ouest  de  la 
France,  où  elle  forme  des  buissons  très- 
vigoureux.  A Paris,  il  faut  la  cultiver  en 
serre  froide,  et,  dans  ces  conditions,  elle 
peut  être  considérée  comme  une  plante  vo- 
lubile  ou  plutôt  sarmenteuse.  Elle  est  li- 
gneuse, à feuilles  persistantes,  et  ses  fleurs, 
blanches,  répandent  une  odeur  des  plus 
agréables;  aussi,  bien  qu’elle  ne  soit  pas 
nouvelle,  on  ne  peut  trop  la  recomman- 
der. 

— Ceanothus  Fontanesianus  roseus.  Sous 
ce  nom,  M.  André  Leroy  cultive  une  va- 
riété de  C.  americanus  à fleurs  d’un  beau 
rose. 

— Melia  Azedarach  bipinnata  {Azeda- 
rachta  bipinnata,  aliq.  auctor.).  Port  et 
aspect  général  semblables  à ceux  du  Melia 
Azedarach.  Fleurs  très-nombreuses,  rose  li- 
lacé,  disposées  en  longues  grappes.  Résiste 
et  fleurit  en  pleine  terre  chez  M.  André 
Leroy,  à Angers. 

— Lonicera  atrosanguinea,  Hort.  Cette 
espèce,  que  l’on  désigne  aussi  sous  le  nom 
de  Lonicera  etrusca,  est  remarquable  par  la 
couleur  de  ses  bourgeons,  qui  est  d’un  noir 
foncé  luisant.  C’est  une  plante  très-vigou- 
reuse, sarmenteuse,  dont  les  bourgeons  se 
terminent  par  des  corymbes  paniculiformes 
de  fleurs  légères,  rosées,  qui  passent  piomp- 
tement  au  jaune.  — M.  André  Leroy. 

— Dianlhas  hybridus  Quetierii.  Très- 
belle  plante,  atteignant  0f«.30  environ  de 
hauteur,  franchement  remontante,  à fleurs 
très-pleines,  odorantes,  rouge  foncé  ou  lie 
de  vin,  parfois  striées  ou  maculées  de  blanc. 
— Celle  variété  a été  obtenue  par  M.  Quê- 
tier,  de  graines  provenant  du  croisement  de 
l’Œillet-Flon  avec  le  Dianthus  Hedwigii. 

— Amaryllis  vittataydiYÏéié  Napoléon  111. 
Cette  variété,  obtenue  par  M.  Truflaut,  hor- 
ticulteur à Versailles,  est  une  des  plus  belles 
de  ce  genre,  déjà  si  riche  pourtant.  Elle 
est  très-vigoureuse  et  très-rustique  (elle  ré- 
siste en  pleine  terre).  Sa  hampe,  grosse, 
droite  et  rouge,  se  termine  par  de  nom- 
breuses fleurs  grandes  et  belles,  d’un  rouge 
foncé,  striées  de  blanc.  En  pleine  terre,  à 
l’air  libre,  sa  floraison  commence  à partir 
des  premiers  jours  de  juin  et  se  prolonge 
pendant  très-longtemps.  Mais,  un  autre 
avantage  qu’elle  présente,  c’est  que,  comme 
le  type  ou  les  autres  variétés  de  ce  dernier, 
VAmaryllis  Napoléon  111  se  force  tout 
aussi  bien  que  les  Tulipes,  les  Jacin- 
thes, etc.,  et  que  l’on  peut  la  faire  fleurir 
pendant  tout  l’hiver. 

— Lobelia  purpurascens,  R.  Rrown.  Char- 


mante petite  plante  à fleurs  rose-lilas.  Véri- 
table miniature  alleignant  à peine  un  déci- 
mètre de  hauteur,  celte  espèce  est  très- 
propre  à former  des  bordures  dans  les 
serres  froides.  Comme  elle  est  cespiteuse 
et  Irès-floribonde,  on  pourrait  la  cultiver  en 
pots,  dont  on  serait  à peu  près  sûr  du  pla- 
cement. 

— Genisia  Ætlinensis,  D.  C.  Quoique 
très-ancienne,  cette  espèce  n’est  guère 
connue  que  des  botanistes;  ce  fait  est  très- 
regrettable,  car  c’est  Tune  des  plus  jolies 
espèces  qu’on  puise  voir.  Elle  se  couvre 
littéralement  de  fleurs  d’un  beau  jaune; 
ses  rameaux,  excessivement  nombreux,  jon- 
ciformes,  sont  presque  dépourvus  de  feuil- 
les, de  sorte  que  la  plante  a un  aspect 
tout  particulier.  Elle  forme  un  arbre  de 
8-10  mètres  de  hauteur,  à tête  elargie- 
arrondie,  ou  plutôt  un  énorme  buisson. 
Associé  au  Pavia  Californica,  qui  fleurit  à 
la  même  époque  et  dont  les  fleurs  sont  blan- 
ches, il  en  résulte  un  contraste  du  plus  bel 
effet.  Nous  engageons  donc  fortement  les 
horticulteurs  à cultiver  ces  deux  espèces. 
L’administration  du  Muséum  distribuera  des 
rameaux  du  Genista,  des  sujets  ou  des  gref- 
fons du  Pavia,  à tous  ceux  qui  en  feront  la 
demande. 

— Spartium  jiinceiim  flore  pleno.  Variété 
des  plus  belles  aussi  et  qui  mérite  égale- 
ment d’être  plus  répandue  qu’elle  ne  l’est. 
A peu  près  semblable  au  type  par  son  faciès 
général,  elle  en  diffère  par  ses  fleurs,  qui 
sont  très -pleines.  Celles-ci  durent  beau- 
coup plus  longtemps  et  très-souvent  même 
la  plante  remonte,  comme  on  dit,  ce  qui 
doit  la  faire  préférer  au  type.  On  la  mul- 
tiplie facilement  par  la  greffe  en  écusson 
qu’on  pratique  sur  ce  dernier. 

— Rien  qu’on  dise  que  le  mérite  ne  vieillit 
pas,  ce  qui  est  vrai,  il  faut  pourtant  convenir 
qu’il  est  très-souvent  délaissé.  On  y revient, 
mais  après  un  temps  plus  ou  moins  long,  car 
il  est  clans  la  nature  humaine  de  revenir  au 
beau  comme  il  l’est  également  de  revenir  à 
la  vérité  lorsciu’on  s’en  est  écarté.  C’est  ce 
motif  qui  fait  que  nous  allons  appeler  l’at- 
tention sur  une  plante  que  tous  les  parisiens 
connaissent,  mais  que  peu  pourtant,  même 
parmi  les  horticulteurs,  ont  équitablement 
jugée.  R s’agit  du  Vinca  rosea,  L.  {Lochnera 
rosea,  Reiclienb.,  vulgairement  Pervenche 
de  Madagascar).  Ainsi  qu’on  le  sait,  il  en 
existe  deux  formes,  l’une  rose  : c’est  le  type, 
dit-on;  l’autre  est  blanche  avec  un  œil  rose 
au  centre. 

Cette  espèce  est  excessivement  floribonde, 
ou  plutôt  elle  est  toujours  couverte  de  fleurs  ; 
elle  est  sous-ligneuse,  mais  frileuse.  Plantée 
en  pleine  terre  le  long  du  mur  d’une  serre 
chaude , elle  le  recouvre  promptement,  et  ne 
forme  plus  alors,  toute  l’année,  qu’un  véri- 
table tapis  de  fleurs.  Elle  présente  cette  par- 


338 


PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PEU  CONNUES. 


licularité  que,  plus  on  la  coupe,  plus  elle 
fleurit,  et  que  ses  rameaux,  coupés  et  mis 
dans  l’eau,  continuent  à fleurir  comme  ils 
l’auraient  fait  sur  le  pied. 

On  peut  en  voir  un  mur  bien  garni  dans 
une  des  serres  chaudes  de  Furtado,  à 
Rocquencourt.  Depuis  bien  longtemps  que 
nous  connaissons  cet  exemple  et  bien  que 
nous  l’ayons  vu  à toutes  les  époques  de  l’an- 
née, nous  avons  toujours  trouvé  cette  plante 
en  fleurs,  ce  qui  n’a,  toutefois,  riend’éton- 
nant,  puisque  c’est  son  état  normal. 

— Nous  allons  chercher  à appeler  l’atten- 
tion sur  une  vieille  plante  beaucoup  trop  né- 
gligée, et  qui,  par  sa  beauté,  ferait  pâlir 
beaucoup  de  nouveautés  : c’est  le  Salvia 
horminum.  Cette  espèce  n’est  pas  remar- 
quable par  ses  fleurs,  qui  sont  petites  et  dis- 
posées en  groupe,  étagées  autour  de  l’axe, 
de  couleur  rose  ou  lilas-violacé;  mais  ce 
qu’il  y a de  très-joli  dans  le  Salvia  hormi- 
num, ce  sont  les  extrémités  de  ses  tiges,  qui, 
ainsi  que  les  bractées  ou  feuilles  qu’elles 
portent,  sont  très-grandes,  d’un  rose  brillant 
ou  d’un  violet  très-foncé,  suivant  la  variété, 
car  cette  espèce  présente  toujours  deux  for- 
mes tout  à fait  semblables  par  le  port,  l’as- 
pect et  la  végétation,  mais  très-différentes 
parles  fleurs.  Cette  coloration,  qui  se  montre 
aussitôt  que  les  plantes  ont  acquis  une  cer- 
taine force,  se  maintient  pendant  tout  le 
temps  de  leur  végétation;  de  sorte  que, 
sans  peine  et  sans  dépense,  l’on  a des  plantes 
t5ujours  très-ornementales. 

Le  S.  horminum  a encore  cet  autre  avan- 
tage que,  coupé  et  mis  dans  l’eau,  il  se  con- 
serve pendant  très-longtemps  avec  tous  ses 
caractères,  de  sorte  qu’il  est  aussi  très-propre 
à orner  les  appartements.  Mais  comme  cette 
espèce  est  annuelle,  pour  l’avoir  belle  il  faut 
en  semer  les  graines  à l’automne  et  repiquer 
les  plants  dans  des  petits  pots  qu’on  place 
sous  châssis  pendant  l’hiver,  partout  où 
elle  pourrait  souffrir  du  froid;  on  met  ces 
plants  en  pleine  terre  au  printemps  et 
bientôt  ils  deviennent  assez  rustiques  pour 
pouvoir  se  passer  de  soins;  si  on  sème  en 
place,  il  faut  opérer  de  bonne  heure,  choisir 
une  exposition  abritée  et  fortement  insolée. 
Nous  ne  saurions  trop  enpger  â cultiver 
cette  espèce,  dont  la  description  seule  peut 
à peine  donner  une  idée. 

— Eugenia  ugni.  Si  cette  plante  n’est  pas 
précisément  nouvelle,  on  ne  doit  pas  moins 
la  recommander.  C’est  un  petit  arbuste  â 
feuilles  persistantes,  originaire  du  Chili,  à 
fleurs  assez  grandes,  en  cloches,  blanches, 
légèrement  rosées,  assez  jolies,  auxquelles 
succèdent  chaque  année  en  grande  quantité 
des  fruits  d’un  rouge  foncé,  presque  noirs, 
très-bons  â manger  et  répandant  une  odeur 
des  plus  agréables.  Cet  arbrisseau  est  au 
moins  aussi  rustique  que  le  myrte  commun. 


dont  il  a;  du  reste,  un  peu  l’aspect;  chacun 
devrait  en  cultiver  au  moins  un  pied. 

Arlirisseau  d’ornement  et  fruitier  tout  à 
la  fois,  VEugenia  ugni  présente  cet  autre 
avantage  que  ses  feuilles  répandent  aussi 
une  odeur  des  plus  agréables.  — M.  Rou- 
gier-Cliauvière. 

— Deutzia  Fortunei.  Tout  aussi  rustique 
que  le  Deutzia  crenata  avec  lequel  il  a quel- 
que rapport  le  Deutzia  Fortunei  est  très- 
floribond  ; ses  fleurs,  blanches,  sont  un  peu 
plus  grandes  que  celles  du  Deutzia  gracilis. 
C’est  un  charmant  arbuste  qu’on  pourra  cul- 
tiver en  pots  de  même  qu’on  le  fait  du  Deut- 
zia gracilis.  Comme  toutes  les  espèces  du 
genre,  il  est  â feuilles  caduques  ; celles-ci 
sont  d’un  vert  glaucescent.  Plante  très-rus- 
tique.  — M.  Rüugier-Chauvière. 

— Ficus  Suringarii.  Feuilles  cordifor- 
mes,  atteignant  0“'.40  de  longueur,  sur 
0*"25  de  largeur,  longuement  acuminées,  â 
nervures  rouges,  ainsi  que  les  renflements 
annulaires  de  la  tige,  d’où  naissent  les 
feuilles.  Cette  très-belle  plante  de  serre 
chaude  pourrait  bien  être  une  espèce  d’Ar- 
tocarpus.  — M.  Rougier-Chauvière. 

^ — Alocasia  divaricata.  Très-belle  Aroï- 
dëe  de  serre  chaude,  à grandes  feuilles 
d’un  vert-brunâtre  ou  bronzé,  très-longue- 
ment hastées.  — M.  Rougier-Chauvière. 

— Hoya  Maxima.  Feuilles  très-épaisses, 
longuementelliptiques,  excessivement  épais- 
ses. Belle  plante  de  serre  chaude.  — M.  Rou- 
gier-Chauvière. 

— Dieffenbackia  gigantea.  Très-belle 
plante  de  serre  chaude.  Feuilles  très-lon- 
gues, d’un  beau  vert,  largement  maculées 
blanc,  à pétiole  marbré  dans  le  genre  de 
VArum  dracunculus.  — M.  Rougier-Chau- 
vière. 

— Syringa  oblata.  Sorte  de  Lilas,  origi- 
naire delà  Chine.  Feuilles  caduques,  large- 
ment cordiformes,  acuminées  au  sommet. 
Arbuste  très-rustique,  à fleurs  en  grappes 
rose-violacé.  On  en  connaît  aujourd’hui 
deux  variétés  : Ambroise  Verschaffelt  et 
Président  Massart.  — M.  Rougier-Chau- 
vière. 

— Cytisus  nigricans  longispicata,  Hort. 
Port  et  faciès  intermédiaires  entre  ceux  du 
Cytisus  elongatîis  et  le  Cytisus  nigricans. 
Rameaux  â écorce  gris-cendré.  Feuilles  lon- 
guement pétiolées,  trifoliolées,  régulière- 
ment elliptiques,  sessiles,  d’un  vert  sombre 
à la  face  supérieure,  à face  inférieure  gris- 
blanchâtre,  luisant  par  des  poils  argentés, 
fortement  appliqués.  Fleurs  nombreuses, 
très-rapprochées  et  disposées  en  un  long 
épis.  Cette  variété,  obtenue  par  M.  Billiard, 
dit  la  Graine,  pépiniériste  à Fontenay-aux- 
Rüses,  est  des  plus  jolies;  elle  est  de  beau- 
coup supérieure  par  ses  qualités  ornemen- 
tales au  CyR’sMS  sessilifolius,  et  autres  petites 


Hàmes  nouvelles,  rares  ou  peu  connues. 


espèces  de  ce  genre.  Greffée,  elle  forme  des 
tôles  compactes  qui  se  couvrent  de  fleurs  en 
juin-juillet. 

— Philadelphiis  Californicay  Deutzia 
Californica,  Hort.  Cette  espèce,  bien  qu’in- 
troduite depuis  plusieurs  années,  est  encore 
peu  et  même  trop  peu  répandue.  Elle  cons- 
titue un  arbuste  buissonneux,  diffus;  ses 
branches,  grêles,  étalées,  sont  nombreuses, 
divariquées,  parfois  penchées;  ses  feuilles 
sont  d’un  vert-grisâtre,  glaucescentes,  lui- 
santes; ses  fleurs,  excessivement  abondan- 
tes, moyennes,  d’un  beau  blanc,  sont  sub- 
sessiles  sur  des  ramilles  courtes. 

— Spirœa  salici folia  subiimbellata.  Cette 
variété,  obtenue  par  M.  Billiard,  dit  la 
Graine,  pépiniériste  à Fontenay-aux-Roses, 
est  très-jolie.  Issue  du  Spirœa  salicifolia 
alba,  elle  s’en  distingue  non-seulement 
par  des  fleurs  roses,  mais  surtout  par 
la  disposition  de  ces  fleurs,  qui,  très-nom- 
breuses, forment  des  sortes  de  gros  épis 
raccourcis,  qui,  par  leur  réunion,  sem- 
blent constituer  des  sortes  d’ombelles.  Le 
port  et  le  faciès  des  plantes,  ainsi  que  leur 
végétation,  sont  semblables  à ceux  du  type 
(Spirœa  salicifolia).  Plante  très-ornemen- 
tale et  très-vigoureuse. 

— Eutacta  Rulei  polymorpha  (Araucaria) 
Rulei.  Cette  espèce,  originaire  de  la  Nou- 
velle-Calédonie, est  surtout  très-remarqua- 
ble par  son  protéisme.  Dans  sa  jeunesse,  elle 
ressemble  parfois  à s’y  méprendre  à VEu- 
tacta  excelsa  {Araucaria  excelsa),  mais 
lorsque  les  individus  sont  adultes,  on  pour- 
rait les  confondre  avec  le  Colymbea  imbri- 
cata  (Araucaria  imbricata].  — MM.  Thibaut 
et  Keteleer. 

—Aralia hybrida.  Très-jolie  plante,  inter- 
médiaire entre  les  Aralia  Japonica  et  spi- 
nosa,  à rameaux  extrêmement  courts  et  gros, 
à peine  épineux.  Feuilles  composées,  sem- 
blables par  la  forme  et  l’aspect  à celles  de 
V Aralia  Japonica,  atteignant  jusqu’à  1 mè- 
tre de  longueur,  non  épineuses,  à folioles 
largement  cordiformes,  d’un  vert  très-foncé, 
luisantes  en  dessus,  gris-cendré,  ou  plutôt 
glauques  en  dessous.  Pleine  terre. Très-belle 
^plante  et  trop  peu  connue. 

— Rudleia  curvifolia.  Arbuste  très-vigou- 
reux et  excessivement  ramifié,  à rameaux 
quadrangulaires,  largement  ailés.  Feuilles 
opposées,  atteignant  jusqu’à  0*".18  de  lon- 
gueur sur  O^'.OS  de  largeur,  très-longue- 
ment acuminées  au  sommet.  Fleurs  dispo- 
sées en  un  long  épi,  d’un  violet  rosé,  rappe- 
lant  par  leur  forme  et  par  leur  disposition 
celles  du  Rudleia  Lindleyana,  mais  plus 
fortes.  Fleurit  presque  tout  l’été.  Il  faut 
l’abriter  l’hiver,  à Paris. 

— Rhus  glabra  angustifolia.  Arbrisseau 
très-vigoureux,  à branches  rès-fortes,  diva- 
riquées, obliquement  étalées.  Bourgeons  à 
écorce  rouge,  très-finement  pointillée  blanc. 


Rachis  à écorce  rouge  comme  celle  des 
bourgeons.  Feuilles  composées,  impari- 
pennées,  atteignant  0"^40,  parfois  plus  de 
longueur,  à folioles  opposées,  très-rarement 
alternes,  étroitement  ovales-lancéolées,  gla- 
bres et  luisantes  en  dessus,  régulièrement 
altenuees  de  chaque  côté  en  une  pointe 
obtuse,  longues  de  8-13  centimètres,  lariîes 
de  3 à peine. 

Le  Rhus  glabra  angustifolia,  Nob.,  a été 
envoyé  de  la  Chine  au  Muséum  en  1863  par 
M.  Eugène  Simon.  Très-rustique. 

Rhus  Simonii . Arbrisseau  ou  petit 
arbre,  droit.  Branches  dressées-étalées, 
relativement  faibles.  Bourgeons  à écorce 
roux-ferrugineux.  Feuilles  composées,  im- 
paripennées,  longues  de  0"e20  à 0™.25  à 
folioles  longues  de  0™.07  à 0™.09,  lar’o-es 
d’environ  0*".03,  sessiles,  vert  foncé,  lui- 
santes en  dessus,  atténuées  de  chaque  côté 
en  une  pointe  obtuse.  Même  origine  que  la 
précédente,  et,  comme  elle  aussi,  très-rus- 
tique. 

— Pentstemon  diffusus.  Plante  vivace 
très-rarneuse.  Tige  couchée  terminée  par 
des  panicules  très-longues  de  fleurs  rosées  à 
reflets  violacés.  Pleine  terre.  Une  des  plus 
jolies  plantes  d’ornement. 

— Phellodendron  Amurense.  Petit  arbre 
ou  arbrisseau  très-ramifié,  voisin  par  son 
faciès  général  ainsi  que  par  ses  caractères 
organiques  des  ^anlhoxylum.  Bien  qu’in- 
troduit depuis  7 à 8 ans,  c’est  à peine  si  on 
le  connaît.  Très-rustique  et  assez'* joli. 
Multiplication  de  racines. 

Pentstemon  Jeffrey  anus.  Plante  vivace 
ou  sous-frutescente,  atteignant  0«u35  envi- 
ron de  hauteur.  Feuilles  étroites,  très-den- 
tées. Fleurs  bleues  à reflet  violet.Très-belle 
plante,  mais  délicate.  Il  est  prudent  d’en  con- 
server au  moins  quelques  pieds  en  orangerie. 

— Clematis  intermedia.  Plante  vivace* 
sous-frutescente,  à rameaux  sarmenteux  ou 
grimpants.  Feuilles  simples  ou  composées 

imparipennées,  à folioles  ovales, Cordiformes, 

planes,  entièrement  glabres,  rappelant  assez 
exactement  celles  de  la  Clematis  languinosa. 
Fleurs  atteignant  0™.08  à 0-«.10  de  diamè- 
tre, d’un  violet  foncé,  à reflet  rosé,  lilas  en 
dessous,  à 4 ou  5,  plus  rarement  6 divisions 
largement  elliptiques,  mais  paraissant  sou- 
vent largement  linéaires  par  l’enroulement 
de  leurs  bords,  portant  au  sommet  un  mu- 
cronule  très-court,  pointu,  souvent  courbé 
en  dessous.  Cette  espèce,  très-jolie,  que 
nons  n’avons  encore  vue  que  Chez  M.  Bil- 
hard,  à Fontenay-aux-Roses,  paraît  intermé- 
diaire entre  les  viticella  et  les  espèces  japo- 
naises du  groupe  des  lanuginosa.  Elle  tient 
des  premières  par  la  forme  et  la  disposition 
des  fleurs,  des  secondes  par  la  forme  et  la 
disposition  des  feuilles.  Belle  plante,  vigou- 
reuse, très-rustique 

— Rerberidopsis  Corallina.  Ce  charmant 


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PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PEU  CONNUES. 


arbrisseau  sous-ligneux,  grimpant,  à feuilles 
persistantes,  a passé  les  deux  hivers  derniers 
en  pleine  terre  au  fleuriste  de  la  ville  de  Paris 
où  il  vient  de  fleurir.  C’est  probablement  la 
première  fois  que  ses  fleurs  se  montrent  en 
Europe.  La  Revue  en  donnera  prochaine- 
ment une  gravure  coloriée. 

— Wigandia  Vigierii.  Dédiée  au  baron 
Vigier,  amateur  distingué  à Nice.  Cette  es- 
pèce, encore  toute  nouvelle,  devra,  dit-on, 
effacer  son  aînée,  le  W.  Caracassana.  Elle 
est,  en  effet,  très-vigoureuse,  et,  au  lieu 
d’être  d’un  vert  sombre  et  glutineuse  comme 
cette  dernière,  le  W.  Vigierii  est  argenté, 
chatoyant  par  de  nombreux  et  longs  poils. 
Culture  semblable  à celle  du  W.  Caracas- 
sam.  — Fleuriste  de  la  ville  de  Paris,  à 
Passy-Paris. 

— Bocconia  Jedoensis.  Charmante  espèce 
originaire  du  Japon.  Feuilles  étalées,  large- 
ment obtuses,  très-élégamment  échancrées, 


à échancrures  très-gracieuses,  rappelant  un 
peu  une  as  de  trèfle.  Port,  inflorescence  et 
fleurs  comme  celles  du  B.  cordala.  Même 
culture  et  multiplication  — MM.  Thibaut  ci 
Keteleer.  La  Revue  en  donnera  prochaine- 
ment une  gravure. 

— Lippia  repens.  Cette  plante  n’est  pas 
assez  répandue;  elle  trace  et  ne  dépasse 
guère  O"™. 10  de  hauteur.  On  peut  en  former 
soit  des  gazons,  soit  des  bordures,  et  là  où 
rien  ne  vient,  elle  ne  tarde  pas  à se  faire  re- 
marquer par  sa  vigueur.  Dans  les  pentes 
les  plus  abruptes,  où  il  n’y  a jamais  d’humi- 
dité, pourvu  qu’il  y ait  un  peu  de  terre,  le 
L.  repens  s’y  enracine  et  a bientôt  converti 
en  un  tapis  de  verdure  très-joli,  rehaussé  de 
petites  fleurs  blanches,  les  endroits  qui 
semblaient  ne  pouvoir  nourrir  aucun  vé- 
gétal. On  peut  la  recommander  de  confiance. 
Fleuriste  de  la  ville  de  Paris.  — M.  Pelé. 

E.  A.  Carrière. 


ACACIA  JULIBRISSIN  (ACACIA  DE  CONSTANTINOPLE.) 


Ce,t  arbre,  originaire  de  contrées  beau- 
coup plus  chaudes  que  l’ouest  et  le  nord  de 
la  France,  a besoin  de  quelques  précautions 
en  pépinière,  dans  son  bas  âge.  Voici  ce  que 
l’expérience  nous  a amené  à faire  à Angers  : 

Les  semis  ont  lieu  en  plein  air  sans  plus 
de  précautions  que  pour  des  arbres  rusti- 
ques ; les  graines,  que  nous  faisons  venir 
du  midi  de  la  France,  sont  généralement 
très-bonnes,  elles  lèvent  bien,  et,  pour  peu 
> que  l’été  soit  chaud,  le  jeune  plant  atteint 
facilement  en  4 ou  5 mois  20  à 30  centi- 
mètres de  hauteur.  Au  mois  de  novembre, 
lorsque  le  bois  est  aussi  bien  aoûté  que 
possible  et  que  les  feuilles  sont  tombées, 
on  enlève  ces  plants  avec  précaution,  on  les 
met  en  jauge  le  long  d’un  mur  en  plein 
nord;  ils  passent  sans  souffrir  l’iiiver 
dans  cette  position.  Au  printemps,  à une 
époque  déjà  assez  avancée  en  végétation  (car 
cet  arbre  ne  pousse  guère  qu’à  la  fin  de 
mai,  ou  même  au  commencement  de  juin), 
on  plante  de  nouveau  ces  jeunes  sujets  à 
un  mètre  environ,  le  long  du  même  mur, 
toujours  au  nord. 

Les  jeunes  plants  ont  besoin  d’être  rabat- 
tus à quelques  centimètres  au-dessus  du  ni- 
veau du  sol,  parce  que  leur  extrémité,  en- 
core herbacée  lorsque  les  premières  gelées 
d’automne  les  ont  saisies,  sont  à peu  près 
toutes  mortes.  Laissés  sur  place  ou  exposés 
au  midi,  ces  plants  périssent  presque  tou- 
jours après  l’hiver.  Transplantés,  ils  pous- 
sent peu  d’abord  les  premières  années,  et 
ce  n’est  qu’au  bout  de  4 ou  5 ans  qu’on  peut 
faire  un  arbre  de  2 à 3 mètres  environ  avec 
quelques  branches  en  tête,  parce  que  chaque 
année  s’ils  croissent  de  \ mètre  ou  1»‘.25, 


ils  en  perdent  bien  la  moitié  pendant  l’hi- 
ver, et,  s’ils  sont  au  midi,  ils  en  perdent 
encore  d’avantage,  quelquefois  même  ils 
meurent  tout  à fait.  Ce  fait,  qui  n’a  pas  seu- 
lement lieu  pour  le  Mimosa.,  mais  qui  se 
produit  chez  la  plupart  de  nos  arbustes  à 
feuilles  persistantes,  et  notamment  dans  le 
Camellia,  s’explique,  suivant  nous,  de  cette 
manière  : au  nord,  l’arbre  pendant  tous 
nos  grands  froids  ne  dégèle  pas  durant  le 
jour;  il  reste  comme  engourdi,  et,  lorsque 
le  soir  ou  la  nuit  la  gelée  augmente  encore, 
la  transition  n’est  pas  grande  et  le  mal  est 
en  proportion. 

Plus  tard,  quand  la  tête  de  l’arbre  est  for- 
mée, les  rameaux  sont  plus  nombreux  mais 
moins  longs  et  moins  herbacés;  ils  sont 
plus  durs  et  perdent  beaucoup  moins  pen- 
dant l’hiver.  Leur  tête  forme  toujours  une 
surface  plane  inclinée  au  midi,  et  tournée 
du  côté  du  soleil.  La  floraison  commence 
avec  la  grande  chaleur  en  juillet  et  passe 
avec  elle  en  août.  Elle  est  tellement  abon- 
dante qu’elle  recouvre  en  entier  la  surface 
de  l’arbre  ; on  dirait  des  flocons  de  soie  tein- 
tés de  nuances  mélangées  de  jaune  et  de  rose 
qui  se  seraient  abattus  sur  cet  arbre.  Le  feuil- 
lage n’est  pas  moins  élégant  ni  moins  léger 
que  la  fleur,  et  cet  arbre  est  bien  certaine- 
ment pendant  la  belle  saison  d’été  un  des 
plus  beaux  ornements  des  jardins. 

Il  a besoin  pour  atteindre  toute  sa  beauté 
de  beaucoup  de  chaleur  et  doit  être  ainsi 
planté  dans  un  terrain  sec  et  très-chaud. 

André  Leroy. 


I.’uQ  (les  Pcopriétaires  : Ma.i;rice  bixio. 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


(PREMIERE  QUINZAINE  i)E  SEPTEMBRE). 


Prochaine  exposition  de  la  Société  d’horticulture  de  Fontenay-le-Conite.  — Exposition  d’horticultnrp  H,. 
Vesinet.  — Exposition  de  la  Société  horticole,  vigneronne  et  forestière  de  l’Aur  - Expos  of 
Catelan.  - L’initiative  individuelle.  - M.  Barillet-Deschamps.  - Les  plantes  non  étSée  et  1^^^ 
reurs  ae  dénomination.  — Les  devoirs  de  la  critique.-  Lettre  de  M.  Gagnaire.  — Véffétatfon  del’Æriy' 
crista  Galh  so\is  differentes  latitudes.  — Lettre  de  M.  Sisley  en  réponse  à M de  Teriiisien 
Lectihcatiou.  relative  aux  variétés  de  Pétunia  obtenues  dans  le  jardin  de  la  Sociétn’SiciH 
ture  de  G ermont.  - Gornmission  permanente  chargée  de  classer  les  meilleures  variétés  de  plantes  ” 
Examen  c es  ouvriers  jardiniers.-  Noms  des  lauréats  récompensés  à la  suite  du  premier  examen  - Gir 
culaire  relative  a l orgamsation  de  ces  examens.  --  Transformation  des  Buttes  Ghaumont  à Paris  — 
Acclimatation  et  utilisation  des  animaux  — Les  buffles  du  parc  de  la  Tète-d’Or,  à Lyon  —Les  Hémiones 
- Services  qu  elles  peuvent  rendre.  - Le  ü/on^s  Constant inopolUana  est-iUme  espèce’’  - Con^fervS 
de  deux  cepages  précieux.  - Destruction  des  fourmis.  - Progrès  réalisés  depuis  un  siècle  toSnÆ 
moyens  de  détruire  les  insectes.  ^ loucnant  les 


Nous  n’avons  aujourd’hui  qu’une  seule 
exposition  horticole  à annoncer.  G’est  celle 
qui  aura  lieu  à Fontenay-le-Gomte  (Vendée), 
les  11, 12  et  13  octobre  prochain. 

Cette  exposition  comprend  sept  concours 
diflérents.  D’abord,  un  concours  spécial  pour 
les  exhibitions  de  produits  aux  séances  ordi- 
naires de  la  Société. — La  Société  a décidé, 
sur  la  proposition  de  son  président,  M.  Bon- 
cenne,  qu’à  l’avenir  il  serait  accordé  par  un 
jury  permanent  des  mentions  aux  personnes 
qui  apportent  des  fruits,  des  fleurs,  des  lé- 
gumes ou  autres  produits  remarquables  à 
ses  réunions  ordinaires,  et,  qu’aux  séances 
publiques  de  chaque  année,  les  membres  qui 
auraient  obtenu  les  mentions  les  plus  nom- 
breuses et  les  plus  honorables,  recevraient, 
à titre  de  récompense,  des  médailles,  des 
livres  ou  autres  objets  relatifs  à la  culture 
des  jardins. 

Viennent  ensuite  un  concours  d’horticul- 
ture maraîchère  pour  les  plus  beaux  lots  de 
légumes  et  de  plantes  alimentaires  ; un  con- 
cours de  fruits  ; un  concours  de  floricul- 
ture  ; un  concours  de  cultures  en  pépinières  ; 
un  concours  de  culture  maraîchère.  Enfin, 
les  instituteurs  communaux,  membres  titu- 
laires de  la  Société,  sont  invités  à exposer  les 
produits  horticoles  ou  agricoles  provenant 
de  leurs  jardins.  Ils  concourront  entre  eux 
et  recevront,  à titre  de  récompense,  se- 
lon le  mérite  et  l’importance  du  lot  exposé, 
des  médailles  d’argent  ou  de  bronze  offertes 
par  M.  le  ministre  de  l’agriculture. 

Quoique  la  plupart  de  ces  concours  soient 
institués  pour  les  horticulteurs  marchands, 
jardiniers  ou  pépiniéristes,  cependant  les 
amateurs  sont  invités  à prendre  part  à l’ex- 
position en  apportant  des  fleurs,  des  fruits 
ou  des  légumes.  La  même  invitation  est 
adressée  à MM.  les  propriétaires,  cultiva- 
teurs, fabricants  ou  marchands  d’outils,  de 
meubles  et  d’ornements  de  jardinage  qui  vou- 
dront bien  exposer  soit  les  produits  de  leurs 
jardins  ou  de  leurs  champs,  soit  des  plans, 
dessins,  ustensiles,  objets  d’ornements,  etc. 
Des  primes  en  argent,  des  médailles  ou  des 
mentions  honorables,  pourront  être  décer- 
nées, soit  à titre  d’encouragement,  soit 
pour  récompenser  le  mérite  d’un  produit 
ou  d’un  objet  remarquable.  ' 


— Parlons  maintenant  de  trois  expositions 
qui  viennent  d avoir  lieu*  nous  le  ferons 
d’autant  plus  volontiers  que  ce  sont,  en  quel- 
que sorte,  des  innovations. 

La  première  est  l’exposition  du  Vésinet 
près  Saint-Germain-en-Laye.  ^ 

^ La  commune  du  Vésinet  est  de  création 
recente;  elle  est  cependant  fort  coquette  : 
lacs,  villas,  rivières  se  voient  à chaque  pas* 
les  promenades,  surtout,  sont  charmantes’ 
et  celui  qui,  transporté  pendant  son  som- 
meil se  réveillerait  au  Vésinet,  pourrait  se 
croire  au  bois  de  Boulogne.  Mais  tout  ceci 
n’est  que  secondaire;  ce  qui  nous  importe, 
c’est  l’exposition  d’horticulture,  qui,  grâce 
à l’activité  de  M.  Emile  Gappe,  secondé  par 
les  propriétaires  du  Vésinet,  vient  d’être  inau- 
gurée. Gette  exposition  était  très-jolie,  les  col- 
lections étaient  assez  nombreuses,  variées, 
et  disposées  surtout  avec  beaucoup  de  goût! 
G’est  d’un  heureux  présage.  Gomme  on  doit 
le  penser,  l’exposition  du  Vésinet  n’était 
qu  une  sorte  d’annexe  de  celle  de  Saint- 
Germain-en-Laye,  aussi  était-elle  présidée 
par  M.  Evrard  de  Saint-Jean,  président  de  la 
Société  d’horticulture  de  Saint-Germain-en- 
Laye.  Voici  l’indication  sommaire  des  prin- 
cipales récompenses  accordées  aux  expo- 
sants : La  médaille  d’honneur,  en  or,  de 
l’Empereur  a été  décernée  à M.  Guedeney, 
amateur  au  Vésinet,  pour  ses  Yuccas  et  ses 
Gactus;  la  médaille  d’or,  du  ministre  de 
l’agriculture,  a été  accordée  à M.  Flèche, 
jardinier-chef  chez  M.  de  la  Rochejaque- 
lein,  au  Pecq,  pour  son  lot  de  plantes  de 
serre  chaude  ; une  médaille  d’or  exception- 
nelle a été  décernée  à M.  Gorbie  horticul- 
teur au  Pecq,  pour  ses  Glaïeuls  de  semis 
et  pour  des  fruits  qu’il  avait  aussi  expo- 
sés. M.  Eugène  Verdier,  qui  avait  exposé 
un  lot  de  Glaïeuls  très-jolis,  a été  récom- 
pensé de  la  médaille  de  vermeil  de  la  ville 
de  Saint-Germain.  M.  Lecointre,  jardinier 
à Groissy,  avait  exposé  un  très-beau  lot  de 
Caladium,  qui  lui  a valu  une  médaille  de 
vermeil.  M.  Foucard,  horticulteur  à Ghatou, 
a obtenu  la  même  récompense  pour  une 
collection  de  Pélargonium  zonale.  M.  Gappe 
avait  exposé  plusieurs  lots  remarquables 
qui  ont  été  très-appréciés;  il  avait  aussi  ob- 
tenu un  prix  pour  la  tenue  et  la  disposition 


m CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  8EPTEMRRE). 


(les  jardins,  mais  il  a persisté  à refuser  les 
récompenses  que  le  jury  voulait  lui  donner. 

— La  Société  horticole,  vigneronne  et  fo- 
restière de  l’Aube  vient  de  faire  sa  première 
exposition  à Troyes.  Cette  exposition  a été 
belle  et  très-intéressante,  et,  à plusieurs 
points  de  vue,  elle  a montré  d’heureuses 
innovations,  qui,  on  peut  l’espérer,  seront 
d’un  utile  enseignement.  Nous  en  donnerons 
prochainement  un  compte-rendu  fait  par 
notre  collaborateur  M.  André. 

— La  troisième  exposition  dont  nous 
avons  à parler  est  celle  qui  a eu  lieu  au  Pré 
Catelan  à l’occasion  de  la  Fête  des  fleurs. 
Cette  exposition  a dépassé  de  beaucoup  ce 
(ju’on  osait  en  attendre,  et  a même  été  supé- 
rieure aux  expositions  instituées  depuis 
quelques  années  par  la  Société  impériale  et 
centrale  d’horticulture  de  la  Seine. 

Voilà  un  exemple  de  ce  que  peut  faire  un 
homme  dévoué  à une  idée  juste.  C’est,  en 
elïet,  à M.  Barillet-Dechamps,  à peu  près 
seul,  qu’on  doit  l’exposition  du  Pré  Catelan. 
Mais,  disons-le  encore,  ses  efforts  ont  été 
dignement  récompensés,  car  le  succès  a été 
complet.  130  exposants,  dont  plusieurs 
étrangers  à la  France,  ont  répondu  à l’appel 
qui  leur  avait  été  fait.  Les  produits  ont  été 
placés  dans  le  jardin  du  Pré  Catelan  avec 
un  bon  goût  et  un  art  qui  font  honneur  à la 
direction. 

Cependant  tout  n’était  pas  parfait,  et  on 
nous  pardonnera  quelques  critiques  à l’a- 
dresse d’une  exposition  dont  nous  recon- 
naissons d’ailleurs  tout  le  mérite.  A côté  de 
plantes  non  étiquetées,  ce  qui  est  toujours 
mauvais  dans  une  exposition  où  le  public  va 
pour  s’instruire,  nous  avons  vu  quelques 
erreurs  de  dénomination,  ce  (jui  est  égale- 
ment regrettable.  Le  préjudice  est  double, 
car  l’amateur  ne  peut  prendre  note  exacte 
des  plantes  qui  lui  conviennent  pour  les 
demander  au  marchand  ; il  est  exposé  à de- 
mander les  plantes  sous  un  faux  nom,  et  on 
lui  envoie  tout  autre  chose  que  ce  qu’il 
croyait  recevoir.  11  se  récrie,  et  il  a raison, 
mais  à qui  la  faute? 

A l’exposition  du  IVé  Catelan,  comme  à 
toutes  les  expositions,  il  y a eu  des  contents 
et  des  mécontents.  A notre  avis,  (}neh|ues- 
nns  avaioiit  de  bonnes  raisons  de  ne  pas 
être  satisfaits.  Aussi,  sans  vouloir  en  quoi 
que  CO  soit  l.làmer  le  jury,  qui,  sans  aucun 
(toute,  aagiavec  une  intention  équitable,  nous 
nous  permettrons  de  dire  que  certains  lots  ont 
été  beaucoup  trop  récompensés,  tandis  que 
d’autres  ne  l’ont  pas  été  assez.  Nous  cite- 
rons seulement  deux  cas  : l’un  se  rapporte 
aux  Conifères,  l’autre  aux  Reines-Margue- 
rites. Le  lot  de  Conifères  primé  était  peu 
nombreux,  il  y avait  relativement  beaucoup 
d’(îrreurs  de  dénominations,  et  de  plus,  les 
sujets,  étaient  faibles;  néanmoins,  il  a obtenu 


une  médaille  d’or,  tandis  que  neuf  autres 
lots  de  Conifères,  composés  de  bonnes  plan- 
âtes, très-fortes  et  très-belles,  n’ont  été  ré- 
compensés que  d’une  médaille  en  argent  de 
deuxième  module.  Ces  lots,  qui  apparte- 
naient au  même  propriétaire,  étaient  dis- 
séminés dans  le  jardin  qu’ils  contribuaient  à 
embellir. 

Un  lot  àe  Reines-Marguerites,  qui,  assuré- 
ment, étaient  belles,  a obtenu  une  médaille 
d’or,  alors  qu’un  lot  de  Zinnia  à fleurs  dou- 
bles très-variées,  très-beaux  et  bien  culti- 
vés, n’a  valu  à son  propriétaire  qu’une  mé- 
daille en  argent  de  petit  module.  R nous 
semble  qu’on  n’est  pas  resté  dans  une  juste 
mesure,  surtout  si  l’on  songe  que  les  Reines- 
Marguerites  sont  de  vieilles  plantes  qui  ont 
atteint  leur  apogée;  qu’elles  ont  déjà  été  mé- 
daillées, archimédaillées  d’or  et  de  vermeil, 
tandis  que  les  jeunes  Zinnia,  très-beaux, 
ont  devant  eux,  au  point  de  vue  de  l’amélio- 
ration, l’avenir  que  les  Reines-Marguerites 
n’ont  plus. 

Ce  sont  là  de  ces  faits  qu’on  peut  regret- 
ter mais  non  blâmer,  car  rien  n"est  plus 
difficile  (jue  de  bien  juger,  et  la  critique, 
qui  est  au  contraire  facile,  ne  saurait 
être  trop  réservée  dans  toutes  ces  circons- 
tances. Aussi,  nous  le  répétons,  il  ne  faut 
voir  dans  notre  langage  qu"un  avis  donné  en 
prévision  de  l’avenir.  C’est  en  nous  avertis- 
sant mutuellement  de  nos  erreurs  qu’on 
arrive  à les  éviter.  C’est  ainsi  que  se  fait 
l'éducation  générale  vers  laquelle  tous  nos 
efforts  doivent  tendre. 

Dans  un  prochain  numéro,  un  de  nos  col- 
laborateurs fera  un  compte-rendu  de  l’expo- 
sition du  Pré  Catelan. 

— M.  Cagnaire  nous  a écrit,  à la  date  du 
10  août,  relativement  à l’article  publié  sur 
VErythrinacrista  Galli le  imlu  10 août 
de  la  Revue  horticole.  M.  Cagnaire  croit 
que  cette  plante  ne  se  cultive  pas  en  oran- 
gerie dans  presque  toute  la  France,  comme 
l’a  dit  l’auteur  de  l’article  en  question,  et,  à 
ce  sujet,  M.  Cagnaire  nous  rappelle  qu’il  a 
dit  précédemment  (n»  du  lei*  juillet  dernier) 
que  les  souches  et  une  partie  des  tiges  sup- 
portent (chez  lui)  les  hivers  les  plus  rigou- 
reux. Puis,  il  ajoute  : « Le  devoir  d’un  cha- 
cun étant  de  combattre  les  erreurs  que  l’on 
rencontre,  je  m’empresse  de  vous  adresser 
CCS  quelques  lignes  afin  d’éviter  aux  ama- 
teurs et  aux  horticulteurs  du  midi  de  la 
France  qui  cultivent  VErythrinacrista  Galli, 
de  se  livrer  annuellement  à des  soins  mi- 
nutieux inutiles  sous  notre  ciel.  » 

Nous  ne  croyons  pas  qu’il  y ait  eu  erreur 
dans  l’article  qui  nous  a valu  la  rectification 
de  notre  collaborateur  M.  Cagnaire*.  Cet  ar- 
ticle s’applique,  en  effet,  au  climat  d’Angers 
(|ui  est  bien  différent  de  celui  d(^  Rei’gerac, 
et,  à plus  forte  raison,  du  climat  du  midi  de 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUÎN’ZAINË  DE  SEPTEMBRE). 


lu  France.  11  ne  laul.  pas  oublier  qu’Angers 
est  placé  sous  le  47o  28  latitude,  tandis  que 
Ilergerac  est  sous  le  5-4.  D’ailleurs,  en 
Espagne,  nous  avons  vu  des  Erythrina  dont 
la  tige  avait  jusqu’à  G mètres  de  hauteur  sur 
30  centimètres  de  diamètre;  en  Amérique, 
les  Erythrina  sont  de  très-grands  arbres. 

— Nos  lecteurs  se  rappellent,  sans  doute, 
l’article  qu’a  publié  M.  de  Ternisien  en  ré- 
ponse à ce  qu’avait  écrit  M.  Naudin  sur  les 
modifications  que  présentent  les  plantes 
grimpantes  suivant  le  milieu  elles  conditions 
dans  lesquels  elles  vivent.  A ce  sujet,  nous 
avons  reçu  plusieurs  lettres  écrites  dans  le 
mémeesprit.  Nous  publions  la  première,  qui 
résume  toutes  les  autres.  Elle  est  de  M.  Sis- 
ley.  La  voici  : 

A M.  le  rédacteur  en  chef  de  la  Revue  horticole. 

((  Monsieur, 

« Dans  le  numéro  du  16  juillet  de  la  Revue 
Il  articule,  M.  de  Ternisien,  pour  combattre  les 
llicories  de  Lliarles  Darwin  et  les  idées  de 
M.  Naudin,  àpi'0[)os  des  plantes  volubiles,  ap- 
pelle à son  aide  le  texte  de  la  Genèse. 

«'  Toutes  les  opinions  sont  respectables  j)Our 
moi,  (juand  elles  sont  basées' sur  la  conviction; 
au<si  je  ne  trouve  pas  mauvais  que  M.  de 
Ternisien  ne  ])artage  pas  les  idées  de  Charles 
Darwin,  ni  celles  de  M.  Naudin;  mais  je  viens 
protester,  au  nom  de  riudé|)endance  des  opi- 
nions et  des  consciences,  contre  l’a}»pel  à telle 
ou  telle  doctrine  religieuse!  pour  tranchci’  une 
epiestion  scientilique. 

« Ceux  qui  lisent  les  journaux  horticoles  de 
'l'étranger  se  rappelleront,  sans  doute,  qu’il  y 
a quelques  années,  dans  une  des  séances  de  la 
Société  royale  d’horticulture  de  Londres,  quel- 
epies  membres  s’élevèrent  contre  la  pratique  de 
I l lécondation  artiticielle  des  plantes  comme 
contraire  aux  lois  de  Dieu. 

((  M.  de  Ternisien  ne  veut  sans  doute  jias  al- 
ler si  loin,  mais  son  argumentation  y conduit. 

((  A l’appui  de  ma  protestation,  je  renvoie  les 
lecteurs  de  la  Revue  au  discours  prononcé  par 
'A.  A.  de  Candolle  au  banquet  donné  à l’oc- 
casion de  l’Exposition  horticole  internationale 
et  du  congrès  botanique  de  Londres. 

« 11  y a développé  dans  des  termes  clialeu- 
reux,  celte  thèse  : 

« Que  les  hommes  (fui  s’occupent  de  scien- 
ces ont  besoin  d’une  liberté  pleine  et  entière 
pour  discuter  toutes  les  théories,  et  que  l’opi- 
nion publicfue  et  les  préjugés  du  vulgaire  ne 
ne  leur  créent  point  d’entraves. 

« 11  serait  à désirer  que  l’opinion  d’un  des 
maîtres  de  la  science  prévalût  partout. 

((  Agréez,  etc. 

« Jean  Sisley.  » 

Comme  le  dit  M.  Sisley,  toutes  les  opi- 
nions sont  libres  lorqu’elles  ne  blessent  ni 
la  morale,  ni  les  gens.  Mais  nous  croyons 
aussi  que  les  questions  pratiques  n’ont  rien 
à gagner  à être  mêlées  aux  questions  théo- 
logicfues.  Aussi  nous  espérons  que  la  dis- 
cussion n’ira  pas  plus  loin  et  que  ce  débat, 
aïKfuel  l’hoiTicurture  n’a  rien  à gagner*,  va 


m 

se  terminer  là.  Nous  l’espérons  d’autant 
plus  que,  dans  ces  sortes  de  questions,  les 
meilleures  raisons  ne  convaincront  personne 
et  que  chacun  restera  toujours  avec  les 
opinions  qu’il  s’était  faites. 

— Dans  notre  chronique  du  numéro  du 
IG  août  de  la  Revue  horticole  (p.  301),  nous 
avons  annoncé  qu’un  Pétunia  à fleurs  dou- 
bles, obtenu  de  semis  par  M.  Delaville  dans 
le  jardin  de  la  Société  d’horticulture  de 
Beauvais,  allait  être  mis  au  commerce  sous 
le  nom  de  Prémices  de  la  Société  de  Beau- 
vais. 

D eût  été  plus  juste  de  dire  que  le  nou- 
veau Pétunia  serait  propagé  sous  les  aus- 
pices de  la  Société  d’horticulture  et  de  bo- 
tanique de  Beauvais.  En  effet,  il  ne  peut 
entrer  dans  les  vues  de  la  Société  de  le 
mettre  au  commerce.  La  Société,  se  con- 
formant au  but  qu’elle  s’est  proposé  « la 
vulgarisation  et  la  propagation  de  tout  ce 
qui  intéresse  l’horticulture  et  l’arboricul- 
ture, » pourra  en  distribuer  des  boutures  à 
ses  membres  ainsi  qu’aux  sociétés  d’horti- 
culture avec  lesquelles  elle  est  en  bonnes 
relations  de  confraternité;  mais  elle  ne  met- 
tra jamais  en  vente  ce  qu’elle  aura  obtenu, 
le  gain  fût-il  tout  à fait  remarquable. 

— M.BarilletDescliamps,  à qui  estdue  l’ex- 
position d’horticulture  du  Pré  Catelan,  dont 
nous  avons  parlé  ci-dessus,  frappé  de  l’in)- 
nieiise  quantité  de  plantes  d’ornement,  telles 
que  Pétunia-,  Verveines  et  Pélargonium 
(jue  l’on  met  chaque  année  au  commerce, 
et  voulant  guider  les  amateurs  dans  le  choix 
des  meilleures  variétés,  vient  Id’instituer 
une  commission  composée  de  MM.  Malet, 
Dufoy  (Alph.),  Chaté  fils,  Urbain,  Legrand, 
Domage,  Ermens,  Carrière,  Bafarin,  qui 
chaque  année  devront  se  réunir  au  fleuriste 
de  la  ville  de  Paris  pour  se  prononcer  sur 
les  meilleures  variétés  à recommander.  Cette 
commission  a déjà  consacré  une  séance 
à l’examen  des  Pélargonium  zonale-inqui- 
nans,  qui,  comme  on  le  sait,  prennent  une 
très-grande  part  à l’ornementation  des 
plaie-bandes  et  des  massifs  de  pleine  terre. 
Prochainement,  un  de  nos  collaborateurs 
fera  connaître  les  variétés  les  plus  méri- 
tantes. 

— Une  nouvelle  qui  sera  accueillie  avec 
plaisir,  est  celle  de  la  fondation  d’un  comité 
permanent  chargé  d’examiner  et  d’inter- 
roger les  ouvriers  jardiniers  et  do  leur  don- 
ner des  récompenses.  Celte  commission, 
dontM.  Barillet  est  l’organisateur,  et  qui  a 
été  instituée  d’après  ses  instances,  se  com- 
pose de  MM.  Rivière,  Cels,  Courtois-Gérard, 
Barillet,  Burel,  Ermens,  Forêt,  Rouillard, 
Lezier  (un  des  principaux  maraîchers  de 
Paris),  Leroy,  André,  Bafarin  et  Carrière. 
Cette  commission  a interrogé  23  ouvriers,  et 
leur  à décerné  différents  prix,  soit  à titre 


CiiUOKiUlii  ilOilXiCüLE  (Pl'iEMlÈRE  UülNZAir^E  DE  bEPTEMDUEj. 


344 

d’encouragement,  soit  à titre  de  récompense. 
Ces  prix  se  composaient  : 1»  d’une  médaille 
en  or  offerte  par  M.  Millaud,  au  nom  du 
Petit  Journal’^  de  livres  d’horticulture  et 
de  botanique  offerts  par  plusieurs  éditeurs 
de  Paris,  notamment  par  la  Librairie  agri- 
cole et  par  MM.  Courtois-Gérard,  Penaud  et 
Jolly,  et  Rotschild,  ainsi  que  quelques  ins- 
truments d’horticulture  donnés  par  M.  Ar- 
nheiter. 

Les^3  aspirants  ont  été  interrogés,  savoir  : 

10  sur  la  floriculture  ; 

4 sur  la  sylviculture  et  l’arboriculture  ; 

3 sur  la  culture  maraîchère  et  les  pri- 
meurs; 

8 sur  Fart  horticole  en  général. 

Nous  croyons  devoir  faire  connaître  le 
nom  des  ouvriers  qui  ont  été  examinés, 
ainsi  que  les  récompenses  qui  leur  ont  été 
accordées  : 

MM.  Yan  Lil  (Pierre),  sur  VArt  horticole  en 
général.  Prix  d’honneur,  consistant 
en  une  médaille  d’or,  et  13  volumes. 

Goügnard,  sur  l'Art  horticole  en  géné- 
ral. Prix  : Botanique  de  Gaudichaud, 
■4  volumes  et  atlas. 

Geffroy,  sur  VArt  horticole  en  général, 
8 volumes. 

Vendenhec,  sur  VArt  horticole  en  gé- 
néral, 14  volumes. 

Clervoix,  sur  la  Floriculture,  3 volu- 
mes. 

Rouisant,  sur  la  Floriculture,  3 volu- 
mes 

Relahaie,  sur  la  Floriculture,  3 volu- 
mes. 

Lépine,w  la  Sylviculture  et  l'Arbori- 
culture, 13  volumes. 

Ruly^  sur  la  Sylviculture  et  l'Arbori- 
culture, 2 volumes. 

RoLET,swr  la  Floriculture.  Encourage- 
ment : 1 échenilloir  et  une  serpette. 

Jean  Blanc,  sur  la  Sylviculture  et 
l'Arboriculture.  Encouragement  : 1 
sécateur  et  1 greffoir. 

Martin,  sur  la  Culture  maraîchère. 
Encouragement  : 1 volume. 

Madiot,  sur  la  culture  maraîchère.  En- 
couragement : 1 volume. 

Les  10  autres  ouvriers  examinés  ont  été 
n’ayant  pas  été  jugés  assez  avancés  pour 
être  récompensés,  ont  été  priés  de  se 
présenter  plus  tard. 

M.  Barillet,  afin  de  donner  le  plus  de  pu- 
blicité possible  à son  œuvre,  nous  avait 
adressé  le  programme  qu’il  avait  rédigé. 
Ce  document  nous  étant  parvenu  beaucoup 
trop  tard,  nous  n’avons  pu  l’insérer.  Mais, 
comme  l’institution  est  permanente,  nous 
allons  reproduire  ce  programme,  qui  est 
conçu  en  ces  termes  : 

Monsieur, 

J’ai  l’honneur  de  vous  informer  que  le  comité 


d’organisation  de  l’exposition  horticole  qui  doit 
avoir  lieu  le  30  courant,  à l’occasion  de  la  Fête 
des  heurs,  a décidé  qu’un  concours  spéciale- 
ment destiné  à récompenser  les  ouvriers  jardi- 
niers qui  par  leurs  connaissances  seraient  re- 
connus les  plus  capables  dans  l’art  horticole, 
aurait  lieu  dans  les  conditions  suivantes 

Article  premier.  — Seront  seuls  admis  à con- 
courir, les  ouvriers  jardiniers. 

Art.  2.  — Les  examens  se  feront  le  soir  et 
le  dimanche.  Une  lettre  d’avis  indique^ra  les 
lieux,  jours  et  heures  désignées  pour  les  séances. 

Art.  3.  — Le  programme  détaillé  des  ques- 
tions à adresser  aux  candidats  sera,  pour  cha- 
que section,  rédigé  par  les  jurés  examinateurs, 
choisis  parmi  les  notabilités  horticoles. 

Art.  4.  — Ce  concours  sera  divisé  en  4 sec- 
tions : 

lo  Floriculture. 

L’examen  portera  : sur  la  multiplication,  cul- 
ture, emploi  et  nomenclature  des  végétaux  de 
serre  chaude,  froide  ou  tempérée,  orangerie  et 
pleine  terre.  Décorations  des  jardins;  conduite 
et  direction  des  serres,  bâches,  etc.,  etc. 

2o  Sylviculture  et  arboriculture 

Choix  des  terres,  multiplication,  culture, 
transplantation,  taille,  direction,  emploi,  no- 
menclature, maladies  et  animaux  nuisibles  des 
arbres,  arbustes  et  arbrisseaux  (remèdes  et 
moyens  de  destruction),  etc.,  etc.  ^ 

Taille  raisonnée  des  arbres  fruitiers. 

3»  Culture  maraîchère  et  -primeur iste. 

Choix  de  la  terre  et  de  l’exposition  d’un  jar- 
din potager,  multiplication,  culture  en  plein  air, 
sur  couche  ou  sous  bâches,  etc.  Nomenclature 
de  la  collection  des  plantes  dites  maraîchères. 

Culture  et  nomenclature  des  espèces  et  va- 
riétés de  fruits  forcés.  Conduite  et  direction  des 
serres  et  bâches  de  primeurs, 

~ 4o  Art  horticole  en  général. 

Cette  partie  du  concours  embrassera,  outre 
les  3 sections  ci-dessus  indiquées,  les  principes 
généraux  de  physiologie  végétale  et  de  botani- 
que élémentaire. 

Art.  5.  — Les  candidats  devront  adresser 
leurs  demandes  avant  le  22  courant,  terme  de 
rigueur,  en  spécifiant  la  section  dans  laquelle 
ils  désirent  concourir. 

Art.  6.  — Outre  le  diplôme  qui  leur  sera 
délivré,  les  plus  méritants  de  chaque  section  re- 
cevront à la  distribution  solennelle  des  récom- 
penses des  lauréats  de  l’exposition  horticole 
(qui  aura  lieu  le  dimanche  2 septembre,  a 
3 heures  t/2  du  soir,  au  Pré  Catelan),  des  prix 
consistant  en  ouvrages  sur  l’horticulture  et  mé- 
daillés d’or. 

Art.  7.  — Un  prix  d’honneur  (12  volumes) 
sera  mis  à la  disposition  du  jury  pour  être  dé- 
cerné au  candidat  le  plus  méritant  de  la  4*^  sec- 
tion du  concours. 

Art.  8.  — La  commission  d’organisation  de 
la  Fête  des  fleurs  se  réserve  le  droit  d’éliminer 
de  ce  concours  les  candidats  dont  la  conduite 
laisserait  à désirer. 

Piecevez,  Monsieur,  l’expression  de  ma  con- 
sidération très-distinguée.  B.\rillet. 

— On  sait  que  les  buttes  Chaumont,  de 
Paris,  subissent  en  ce  moment  une  vérita- 
ble transformation.  Le  ino't  de  transforma- 


3i5 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  SEPTEMBRE). 


Hou,  dans  nous  nous  servons  ici,  idarieii 
que  de  très -juste.  Ces  buttes,  qui  naguère 
encore  étaient  inaccessibles  sur  plusieurs 
points,  et  qui,  par  cette  raison,  servaient 
de  repaire  à certaines  gens  mal  famés,  vont 
devenir,  — ou  plutôt  sont  déjà  en  partie, 
— une  promenade  charmante.  Les  planta- 
tions sont  faites  et  les  gazons  sont  semés 
depuis  longtemps  sur  différents  points 
qui  ont  déjà  été  livrés  au  public;  de  sorte 
qu’aujourd’liui  c’est  à peine  si  l’on  peut  se 
faire  une  idée  de  ce  qu’étaient  autrefois 
les  buttes  Chaumont.  Au  point  de  vue  de 
l’histoire  comme  au  point  de  vue  de  l’hor- 
ticulture, il  est  intéressant  de  consigner  ce 
fait.  Prochainement  nous  publierons  l’his- 
torique  de  ces  transformations,  et  nous  don- 
nerons le  plan  général  légendaire  du  parc 
des  buttes  Chaumont  aussitôt  que  le  travail 
sera  terminé. 

— Depuis  quelque  temps,  on  parle  beau- 
coup d’acclimatation;  il  est  donc  intéres- 
sant de  connaître  le  parti  qu’on  a su  tirer 
des  animaux  importés  chez  nous.  Sous  ce 
rapport,  le  Jardin  public  de  Lyon  (parc  de 
la  Tête-D’or)  a fait  plus  que  le  jardin  des 
Plantes  de  Paris;  s’il  n’a  pas  cherché  a 
acclimater,  il  a utilisé,  ce  qui.est  bien  pré- 
férable. 

Au  parc  de  la  Tête-d’Or,  on  a mis  au 
joug  les  buffles  et  les  hémiones,  qu’à  Paris 
011  se  contente  de  tenir  prisonniers  dans  des 
parcs,  où  ils  s’ennuient  sans  rendre  d’autre 
service  que  de  boire  et  de  manger  et  d’amu- 
ser le  public.  Pourtant  ces  animaux  peuvent 
devenir  de  précieux  auxiliaires.  L’unique 
couple  de  buffles  qui  existe  à Lyon  est 
employé  à charrier  les  fumiers  et  à traî- 
ner les  tonneaux  d’arrosages,  ce  qui  est 
très-pittoresque  et  convient  à un  jardin 
public.  Nous  les  avons  vus  à l’œuvre,  et 
nous  pouvons  affirmer  qu’ils  paraissent 
s’accommoder  parfaitement  à ce  genre  de 
service.  L’homme  qui  les  conduit  nous  a 
assuré  que  ces  animaux  sont  tellement 
forts,  que,  quelque  fardeau  qu’il  leur  ait 
donné  à traîner,  ils  s’en  sont  très-bien  ac- 
quittés. On  dit  que  les  buffles  sont  laids, 
c’est  possible  ; mais  qu’est-ce  que  cela  fait 
s’ils  peuvent  nous  être  utiles. 

Quand  aux  hémiones,  c’est  autre  chose, 
tout  le  monde  sait  qu’elles  sont  aussi  gra- 
cieuses que  fortes  et  agiles;  aussi  n’est- il 
personne  qui,  en  les  voyant,  ne  tienne  à peu 
près  ce  langage  : « Quel  dommage  qu’on  ne 
puisse  les  dompter  et  que  d’aussi  beaux 
animaux  ne  puissent  être  utilisés.  » Aujour- 
d’hui, le  contraire  est  prouvé,  et  tous  les 
jours,  dans  Lyon,  on  peut  voir  une  cariole 
traînée  par  trois  hémiones  attelées  de  front 
et  courant  au  galop.  Plusieurs  fois,  nous 
avons  admiré  cet  attelage  d’un  nouveau 
genre,  et  nous  pouvons  assurer  que  rien 
n’est  plus  joli. 


On  avait  dit  aussi  que  les  hémiones 
étaient  méchantes;  c’est  un  peu  vrai,  mais 
il  y a des  exceptions  pourtant,  puisque  sur 
les  trois  dont  nous  parlons,  il  en  est  une 
qui,  loin  d’être  méchante,  est  au  contraire 
très-douce.  Mais,  en  admettant  le  fait,  est-on 
en  droit  de  condamner  les  hémiones  d’une 
manière  absolue?  Nous  ne  le  pensons  pas. 
Qui,  en  effet,  oserait  affirmer  que  le  cheval 
et  l’âne,  lorsqu’on  a commencé  à les  do- 
mestiquer, n’étaient  pas  aussi  méchants  et 
peut-être  même  plus  que  ne  le  sont  les 
hémiones?  Aujourd’hui  même  ne  voit-on 
pas  des  chevaux  vicieux  qu’on  peut  à peine 
utiliser?  Quoi  qu’il  en  soit,  le  problème, 
nous  le  répétons,  est  résolu;  etl’hémione, 
qui  se  multiplie  bien  sous  notre  climat, 
dont  le  tempérament  et  les  goûts  sont  analo- 
gues à ceux  de  l’àne,  sauf  la  force  et  l’agi- 
lité qui  sont  beaucoup  plus  grands,  peut 
être  compté  comme  un  auxiliaire  de  plus 
pour  nous. 

— Le  Morus  Constantinopolitana  est-il 
une  espèce?  Nous  n’hésitons  pas  à répon- 
dre ; Non!  C’est  tout  simplement  une  forme 
monstrueuse  que  plusieurs  fois  nous  avons 
rencontrée  dans  des  semis  de  graines  de 
Mûrier  blanc  ordinaire. 

— Nous  apprenons  par  le  n»  2 des  Annales 
de  la  Société  horticole,  vigneronne  et  fores- 
tière de  r Aube,  que,  grâce  à un  vitieulteur 
distingué,  M.  Manoury,  deux  cépages  pré- 
cieux qui  étaient  sur  le  point  de  se  perdre 
viennent  d’être  sauvés;  ce  sont  : le  Saint- 
Laurent,  gamet  précoce,  extrêmement  pro- 
ductif, donnant  un  vin  alcoolique  et  coloré, 
et  dont  la  pellicule  très-épaisse  lui  permet 
de  résister  aux  diverses  intempéries.  L’au- 
tre cépage,  appelé  la  Terre  promise,  est  un 
pinot  noir,  mi-précoce,  fertile,  non  sujet 
à la  coulure  ; il  donne  du  vin  d’une  grande 
finesse.  La  réunion  de  ces  deux  cépages 
fait,  dit-on,  du  vin  d’excellente  qualité. 
Une  troisième  sorte  de  raisin,  le  Triferrat, 
est,  dit  ce  même  recueil,  d’une  étonnante 
fertilité.  En  1865,  il  adonné  trois  récoltes 
qui  ont  parfaitement  mûries.  La  qualité  de 
cette  dernière  sorte,  est,  dit-on,  médiocre. 
Bien  que  ces  renseignements  ne  portent  pas 
sur  l’horticulture,  nous  avons  cru  devoir  les 
faire  connaître,  parce  qu’ils  peuvent  être 
également  utiles  aux  horticulteurs. 

Dans  un  bulletin  de  la  Société  d’horticul- 
ture de  Fontenay-le-Comte,  il  est  dit  que, 
dans  la  Bibliothèque  physico-économique, 
année  1782,  on  recommande  pour  éloigner 
les  fourmis  d’un  arbre  de  délayer  de  la  suie 
dans  de  l’huile  de  chènevis  et  d’en  barbouil- 
ler la  tige.  On  ne  dirait  pas  mieux  aujour- 
d’hui, ce  qui  semble  prouver  que,  il  y a un 
siècle,  on  était  presque  aussi  avancé  sur  le 
moyen  de  destruction  des  insectes  qu’on 
l’est  aujourd’hui. 

E.  A.  CARRIÉ  RE 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  O’HOHTICLLÏURE  1)E  1807. 


I. 

S’il  est  une  entreprise  qui  ait  jamais  réu- 
uie  toutes  les  sympathies,  c’est  évidemment 
celle  de  l’exposition  universelle  de  1867. 

En  effet,  cette  œuvre  de  paix,  cette  grande 
lutte  de  l’intelligence  et  du  travail,  fut 
presque  la  seule  qui  trouva  grâce  devant  les 
préoccupations  de  ces  derniers  temps.  Et 
lorsqu’une  partie  de  l’Europe  était  en  feu, 
que  la  France  pouvait  être  appelée  à pren- 
dre part  à cette  lutte  fratricide,  nous  avons 
vu  presque  tous  les  organes  de  l’opinion 
publique  s’inquiéter  de  l’avenir  et  déplo- 
J’er  que  la  guerre  puisse  faire  reculer  l’é- 
poque  fixée  pour  ce  grand  congrès  où  les 
œuvres  de  l’esprit  comme  le  travail  manuel 
doivent  recevoir  leur  récompense. 

Toutes  ces  craintes  ont  heureusement 
disparu;  la  paix,  et  comme  conséquence, 
les  travaux  vont  se  continuer.  A la  guerre 
où  la  force  brutale  est  si  souvent  celle  qui 
décide  du  sort  des  peuples,  succédera  l’ère 
des  conquêtes  de  l’intelligence  qui  doit 
amener  le  bien-être  de  tous. 

Parler  de  l’exposition  universelle,  four- 
nir des  détails  sur  son  ensemble  ou  sur  une 
partie  des  merveilles  qui  vont  s’y  trouver 
l’éunies,  c’est  donner  satisfaction  aux  inté- 
rêts du  moment  et  entrer  dans  l’esprit  de 
fous.  C’est  ce  qui  nous  engage  à écrire  ces 
lignes. 

La  commission  impériale  de  l’exposition, 
comprenant  l’importance  que  prend  chaque 
jour  l’horticulture,  et  reconnaissant  com- 
bien elle  augmente  le  bien-être  et  les  jouis- 
sances de  toutes  les  classes  de  la  société,  a 
décidé  de  consacrer  un  quart  du  parc  qui 
doit  entourer  l’exposition  universelle,  pour 
être  affecté  aux  produits  horticoles. 

Cette  partie,  qui  sera  entourée  de  grilles, 
communiquera  par  quatre  portes  avec  l’ex- 
position générale;  son  entrée  principale 
d’honneur  sera  à l’angle,  de  l’avenue  de  La- 
mqtte-Piquet  et  de  l’avenue  de  la  Bourdon- 
nais. 

Le  plan  de  ce  terrain  a été  remis  à 
MM.  Alphand,  ingénieur  en  chef  des  ponts- 
et-chaussées  et  des  plantations  de  la  ville 
de  Paris,  et  Barillet,  jardinier  en  chef,  avec 
la  mission  de  créer  un  chef-d’œuvre. 

La  chose  était  facile  à des  hommes  dont 
la  devise  est  : Passé  oblige;  aussi  cette  par- 
tie de  l’exposition  sera-t-elle  d’une  [beauté 
remarquable. 

(Je  terrain  sera  Iranformé  en  un  jardin 
où  se  trouveront  représentés  les  plus  jolis 
sites,  soit  de  France,  soit  des  pays  étrangers, 
où  les  végétaux  les  plus  variés  viendront  se 
grouper. 

Beux  rivières,  serpentant  à travers  lés 
gazons,  seront  alimentées  par  des  sources  | 


artificielles  d’où  elles  s’échapperont  ici  avec 
l’impétuosité  du  torrent,  là  en  cascade, 
pour  se  réunir  ensuite  dans  une  immense 
pièce  d’eau  qui  sera  peuplée  de  poissons 
aussi  remarquables  par  leur  grosseur  que 
par  leur  origine.  On  y verra,  entre  autres, 
bon  nombre  des  fameuses  carpes  que  Fran- 
çois !«’  fit  mettre  dans  les  réservoirs  du 
palais  de  Fontainebleau.  Des  milliers  de 
plantes  aquatiques  de  tous  genres  orneront 
ce  bassin  ainsi  que  les  rivières,  elle  jonc  si 
connu  se  mêlera  aux  fleurs  des  variétés  des 
Nelumbium,  de  Thalia,  tV Aponogeton,  etc., 
ainsi  qu’à  celles  de  la  Vicloria  regia,  cette 
gigantesque  nympJiéacée^  originaire  de  la 
rivière  des  Amazones  ou  de  ses  affluents, 
plantes  déjà  offertes  par  un  horticulteur 
spécialiste  renommé  pour  la  culture  de  ces 
végétaux. 

Les  roches  d’où  sortiront  les  sources  for- 
meront l’entrée  de  deux  vastes  grottes  dont 
le  plafond,  fait  en  verre  de  glace,  suppor- 
tera des  Aquarium,  où  se  trouveront  réunis  : 
dans  l’un,  des  végétaux  et  des  poissons  d’eau 
douce;  dans  l’autre,  ceux  qui  vivent  dans  la 
mer.  Les  piliers  soutenant  ces  Aquarium, 
ainsi  que  toute  la  charpente  et  le  pourtour 
des  grottes,  seront  des  roches  et  des  stalac- 
tites artificielles. 

Autour  du  jardin,  dans  les  massifs  d’ar- 
bres et  d’arbustes  divers,  seront  construites 
dix-huit  serres  de  différents  modèles,  qui,  en 
même  temps  qu’elles  serviront  d’exposition 
pour  les  constructeurs,  serviront  aussi  à 
placer  les  végétaux  à l’abri  et  à les  mainte- 
nir dans  une  atmosphère  appropriée  à leur 
nature  et  où  ils  pourront  rester,  tout  le 
temps  du  concoui‘s,  exposés  à la  vue  du 
public. 

D’élégantes  et  coquettes  tentes,  fermées 
au  besoin  par  des  rideaux,  abriteront  contre 
la  pluie,  les  grands  vents  ou  l’ardeur  du 
soleil,  les  végétaux  qui,  pour  vivre,  ont  be- 
soin d’être  placés  à l’air  libre. 

Rien  de  plus  gracieux  que  ces  lentes  dont 
on  peut  voir  en  ce  moment  les  modèles 
construits  au  magnifique  établissement  hor- 
ticole de  la  ville  de  Paris  (137,  avenue 
d’Eylauj,  et  qui,  dressées  çà  et  là  sur  des 
corbeilles  à côté  de  charmants  kiosques  et 
d’élégants  chalets,  feront  du  jardin  de  l’ex- 
position d’horticulture  un  Eden  où  cette  fois 
la  main  de  rhoinme  ne  gâtera  pas  l’œuvre 
du  Créateur. 

Au  milieu  du  jardin  s’élèvera  une  serre 
aux  proportions  monumentales,  à laquelle 
dès  à présent  on  donne  le  nom  de  Palais  de 
Cristal.  Dans  cette  construction  magnifique, 
qui  n’aura  pas  moins  de  50  mètres  de  long 
sur  37  mètres  de  large  et  20  mètres  de  haut, 
seront  rassemblés,  à l’ouverture  de  chaque* 


EXlM)SrnOÎS  ILNIVEUSEIJÆ  D’HORTIEIILEIUE  DE  Esr.T 


S(‘rie  des  (■oncours,  les  végétaux  que  le  jury 
sera  appelé  à juger,  et  qui,  aussitôt  l’opéra- 
tion terminée,  seront  placés  dans  les  serres 
ou  dans  les  corbeilles  dont  il  est  parlé  ci-, 
dessus.  Le  Palais  de  Cristal  est,  en  outre, 
destiné  aux  grandes  réunions  des  jurés  et  à 
celle  des  membres  du  congrès  botanique, 
qui  doivent  se  rassembler  autant  de  fois  que 
cela  sera nécessaire  pendant  toute  la  durée 
de  l’exposition. 

Autour  de  ce  palais,  dans  une  vaste  gale- 
rie, seront  exposés  les  petits  instruments, 
les  dessins,  les  plans  spécialement  horti- 
coles, etc. 

Dans  un  des  angles  du  jardin,  un  bâti- 
ment demi-circulaire  sera  alïecté  à un  Dio- 
rama  botanique,  où  les  visiteurs  verront 
passer  devant  eux  les  sites  les  plus  variés 
de  l’ancien  et  du  nouveau  continent  où 
croissent  les  végétaux  qui  seront  également 
vus  tels  que  la  nature  les  produit. 

Le  long  de  l’avenue  de  la  Bourdonnais, 
une  autre  galerie  servira  d’exposition  pour 
les  produits  maraîchers  et  les  fruits. 

Après  avoir  tracé  à grands  traits  celte  es- 
quisse du  jardin  et  des  principales  cons- 
tructions qui  y seront  élevées,  nous  allons 
passer  aux  concours  qui  seront  établis 
de  manière  à les  échelonner  tous  en  les 


:î47 

faisant  concorder  avec  l’époque  où  les 
plantes  révèlent  leur  plus  grand  intérêt. 

Les  végétaux,  en  etfet,  ont  des  époques  à 
peu  près  fixes  pour  fleurir,  et  ceux  dont  l’or- 
nement réside  principalement  dans  la  forme 
ou  la  couleur  de  leur  feuillage,  ont  égale- 
ment un  moment  où  ils  brillent  de  toute 
leur  beauté;  il  était  donc  presque  impossi- 
ble de  faire  une  seule  exposition.  La  com- 
mission impériale  a pensé  à diviser  le  con- 
cours en  14  séries  se  subdivisant  selon  la 
nécessité.  Dans  ce  but,  après  avoir  éla- 
boré un  projet,  et  afin  de  donner  autant  que 
possible  pleine  satisfaction  à tous  les  inté- 
ressés, elle  a réuni  les  principaux  horticul- 
teurs des  environs  pour  les  entendre  et  re- 
cevoir leurs  observations  sur  le  travail  de 
la  commission  d’horticulture.  Toutes  satis- 
factions ont  été  données,  et  aujourd’hui,  bien 
qu’il  puisse  s’y  trouver  encore  des  omis- 
sions, le  programme  déposé  à l’imprimerie 
doit  être  considéré  comme  remplissant 
toutes  les  conditions  pour  produire  un  libre 
concours  dans  toutes  les  sections  et  aux 
horticulteurs  de  tous  les  pays.  Nous  allons 
très-succinctement  en  faire  connaître  la  te- 
neur. 

Rafauin. 

[fji  snile  au  proehain  numno) 


DEUX  PLANTES  A SEMER  EN  SEPTEMBRE. 


Le  semis  d’automne  est  un  des  moyens 
d’obtenir  de  certaines  plantes  annuelles 
une  floraison  très-abondante  et  de  très- 
bonne  heure,  au  printemps. 

Beaucoup  de  plantes  qui  se  prêtent  à ce 
traitement  peuvent  également  être  semées 
au  printemps  pour  en  obtenir  la  floraison 
en  été;  mais  celles  qui  font  le  sujet  de  cet 
article  (la  première  surtout)  paraissent  ne 
réunir  ou  du  moins  ne  donner  des  résultats 
satisfaisants,  au  point  de  vue  qui  nous  oc- 
cupe, que  lorsqu’on  les  sème  d’automne. 

Le  Collinsia  verna,  Nultal.,  originaire  do 
l’Ohio,  et  introduit  dans  le  commerce  hor- 
ticole en  1864  par  NV.  Thompson,  d’Ipswicb, 
est  une  plante  annuelle,  un  peu  maigre  et 
tendre,  mais  très-tloribonde  et  excessive- 
ment gentille.  Elle  est  haute del5  à20  cen- 
timètres , ramifiée  dès  la  base;  les  feuilles 
opposées,  lancéolées-aiguès  et  dentées,  sont 
d’un  vert  gai  ; les  fleurs,  disposées  sur  tou- 
tes les  ramifications  en  glomérules  verticil- 
lées,  forment  des  sortes  d’épis  d’abord  ra- 
massés qui  commencent  à fleurir  tout  près 
de  terre,  puis  qui  s’allongent  d’environ  10 
à L2  centimètres,  prolongeant  ainsi  la  flo- 
raison pendant  un  mois  environ.  — Ces 
fleurs  assez  grandes  (comme  celles  du  Col- 
linsia l)icoloi\  et  au  nombre  d’une  dizaine 
environ  par  verticille,  ont  une  corolle  irré- 
gulière en  forme  de  mufle  ou  de  papillon. 


dont  la  lèvre  supérieure  est  blanche  tachée 
de  jaune  au  palais,  avec  de  petites  ponc- 
tuations pourpre  ; la  lèvre  inférieure  est 
d’un  bleu  tendre  ou  améthyste  très-gai;  la 
carène  est  d’un  bleu  rosé  ou  lilas  très-frais. 

Semée  en  septembre,  soit  en  place,  soit 
en  pépinière,  à une  bonne  exposition,  en 
terre  saine  et  légère,  la  floraison  arrive  en 
plein  air  dès  le  mois  d’avril  et  se  prolonge 
jusqu’en  mai. 

Cette  précocité  de  floraison  rend  cette 
nouvelle  espèce  précieuse  pour  les  jardins 
où  l’on  cherche  à obtenir  des  fleurs  qui 
décorent  les  massifs,  les  bordures,  les  pla- 
tes-bandes ou  qui  forment  des  tapis  fleuris 
dès  la  fin  de  l’hiver  et  qui  ensuite  laissent 
la  place  libre  à l’époque  du  semis  ou  de  la 
plantation  des  espèces  plus  frileuses,  des- 
tinées à l’ornementation  d’été. 

V Anthémis  Chia,  hm.,  est  encore  une  de 
ces  plantes  à semer  d’automne,  qui  n’est 
pas  assez  appréciée  et  dont  on  pourrait  tirer 
un  excellent  parti. 

C’est  surtout  aux  personnes  qui,  comme 
nous  le  disions  tout  à l’heure,  cherchent  à 
obtenir  des  fleurs  de  très-bonne  heure  au 
printemps,  et  qui  ont  besoin  d’avoir  leur 
terrain  libre  pour  les  semis  ou  la  plantation 
des  espèces  destinées  à la  décoration  d’été, 
que  nous  recommandons  particulièrement 
VAnihemis  Chia. 


348 


DEUX  PLANTES  A SEMER  EN  SEPTEMBRE. 


Semée  en  septembre,  en  place  ou  en  pé- 
pinière, en  terre  ordinaire  et  saine  de  jar- 
din, cette  plante  passe  bien  l’hiver  et  se 
couvre,  dès  le  mois  d’avril  et  tout  le  mois 
de  mai,  de  fleurs  radiées,  blanches,  tout  à 
fait  analogues  pour  la  forme  et  la  couleur  à 
celles  de  la  Grande  Marguerite  des  prés,  ou  à 
celles  des  Anthémis  frutescents  si  usités  en 
été  pour  la  décoration  des  jardins.  Suivant 
que  les  pieds  sont  plus  ou  moins  serrés, 
que  le  terrain  est  plus  riche  ou  que  la 
saison  est  plus  favorable,  cette  plante  se 
ramifie  plus  ou  moins  dès  la  base,  et  ses 
fleurs  capitulées,  longuement  pédonculées, 
qui  se  détachent  sur  un  joli  feuillage  dé- 
coupé à la  façon  de  celui  de  la  Camomille, 
peuvent  s’élever  depuis  15  jusqu’à  30  et 
même  35  centimètres.  Bien  que  nous  ayons 
dit  qu’on  doit  semer  en  septembre  les  Col- 
linsia  verna  et  Anthémis  Chia,  on  peut  sans 
inconvénient,  même  à Paris,  continuer  le  se- 
mis jusqu’en  octobre. 

La  floraison  de  V Anthémis  Chia  coïncide 
avec  celle  du  Collinsia  verna  (ci-dessus 
mentionné);  du  Doronique  du  Caucase,  à 
fleurs  jaunes;  de  VAubrietia  deltoidea,  à 
fleurs  bleu-violet;  de  VAhjsse  ou  corbeille 
d'or,  à fleurs  jaunes,  de  VArabette  printa-^ 
nière  à fleur  blanches;  de  la  Saxifrage  de 
Sibérie,  à fleurs  roses;  de  la  Giroflée  jaune 
brune  hâtive  et  des  autres  variétés  du  Chei- 
ranthus  Cheiri,  et  aussi  avec  le  commence- 
ment de  la  floraison  du  Dielytra  spectabilis. 
On  pourra  donc  tirer  un  très-bon  parti  du 
Collinsia  verna  et  de  V Anthémis  Chia,  soit 
pour  la  formation  de  tapis,  massifs  ou  bor- 


dures, avec  une  seule  de  ces  plantes;  soit  en 
obtenir  de  charmants  contrastes  dérouleurs 
en  les  associant  l’une  à l’autre  ou  aux  diver- 
ses plantes  que  nous  venons  d’énumérer. 

Par  exemple,  on  pourrait  mettre  : 

Anthémis  Chia  au  milieu,  en  massif,  avec 
bordure  de  Collinsia  verna,  ou  d’Alysse 
corbeille  d’or  ; 

Ou  bien  : 

Doronique  du*  Caucase,  ou  Giroflée  jaune 
brune  hâtive,  ou  autre  variété  de  Giroflée 
jaune  au  milieu,  avec  bordure  à' Anthémis 
Chia  ; 

Ou  bien  : 

Giroflée  jaune  ou  brune,  ou  Doronique  du 
Caucase  au  centre  avec  une  ceinture  d’ An- 
thémis Chia  autour  de  laquelle  on  mettrait 
une  bordure  soit  d’Alysse  corbeille  d’or, 
soit  d’Aubrietia  deltoidea  ou  pur  pur  ea,  ou 
bien,  s’il  fallait  quatre  rangées  de  couleur, 
on  borderait  la  corbeille  d’or  avec  de  l’A- 
rabette  printanière,  oudeV Aubrietia  ou  du 
Collinsia  verna  ; 

Ou  bien  encore  on  en  pourrait  faire  une 
rosace  comme  suit  : 

Centre  : Giroflée  jaune  à fleurs  violettes  ou 
jaunes  brunes; 

2e  rang  Doronique  du  caucase; 

3e  — Anthémis  Chia', 

4®  — Saxifrage  de  Sibérie; 

5e  — AlySse  corbeille  d’or; 

6®  — Arabette  printanière; 

7e  — Collinsia  verna, 

8e  — Aubrietia  deltoidea  ou  purpii- 
rea,  etc.  Clémenceau. 


SUR  L’HYGIÈNE  DES  PLANTES 


A L’ÉTAT  DE  DOMESTICITÉ,  ET  SUR  QUELQUES  MALADIES  QUI  LES  ATTAQUENT. 


L’hygiène,  de  nos  jours,  est  recomman- 
déeà  l’homme  comme  un  des  éléments  in- 
dispensables pour  entretenir  sa  santé.  Cette 
science  n’a  pas  moins  d’importance  à l’é- 
gard des  végétaux.  Convaincu  par  expé- 
rience de  ce  que  je  viens  d’avancer,  je  vais 
essayer  de  traiter  dans  cet  article  de  l’hy- 
giène des  végétaux,  comme  moyen  de  les 
préserver  des  nombreuses  maladies  qui  les 
attaquent. 

De  même  que  pour  les  animaux,  la  pro- 
preté est  un  des  plus  puissants  moyens  de 
santé  pour  les  végétaux.  Il  est  donc  impor- 
tant de  veiller  sans  cesse  â cette  partie 
essentielle  de  leur  existence,  c’est-â-dire 
qu’il  faut  les  débarrasser  des  branches  et 
(les  feuilles  altérées,  des  nombreux  crypto- 
games qui  les  envahissent  continuellement, 
tels  que  Lichens,  Urédinées  Mucédinées, 
Mousses,  etc.,  des  insectes  sans  nombre  qui 
les  rongent;  il  faut  aussi  veiller  à la  sanité 
du  terrain  qui  les  nourrit,  ainsi  qu’à  celle 
de  l’eau  que  l’on  emploie  â leur  arrose- 


ment, etc.  Je  ne  traite  ici  la  chose  que  som- 
mairement; on  trouvera  déplus  longs  détails 
dans  tous  les  traités  d’horticulture.  Je  veux 
seulement  appeler  l’attention  sur  l’impor- 
tance de  l’hygiène  végétale. 

Les  végétaux  n’étant  pas  doués  de  la  loco- 
motion, doivent  être  bien  plus  que  l’homme 
et  les  animaux  l’objet  de  soins  particuliers. 
Ce  sont  ces  soins  qui  contribuent  puis- 
samment à entretenir  chez  eux  une  bonne 
santé. 

Je  vais  maintenant  parler  de  quelques 
maladies  qui  les  attaquent  fréquemment.  Je 
citerai  d’abord  la  cloque  du  Pêcher,  du  Ce- 
risier et  de  beaucoup  d’autres  espèces  vé- 
gétales. 

Plusieurs  opinions  ont  été  émises  sur  ce 
sujet.  Les  uns  ont  prétendu  que  c’était  une 
maladie  organique,  les  autres  qu’elle  étail 
occasionnée  par  la  piqûre  des  insectes,  etc. 
Les  premiers  ont  préconisé  les  engrais  puis- 
sants afin  de  donner  de  la  vigueur  aux 
plantes  et  par  ce  moyen  faire  disparaître  la 


SUR  [.’HYGIKNK  DES  PUANTES. 


349 


cloque,  les  seconds  ont  conseillé  l’emploi  de 
diverses  substances  afin  de  détruire  les  in- 
sectes. Selon  mes  observations,  les  uns  et 
les  autres  se  sont  trompés.  La  maladie  dont 
je  parle  ne  provient  ni  des  organes  malades 
de  la  plante,  ni  des  insectes.  Je  l’attribue  à 
des  causes  purement  atmosphériques  L En 
effet,  au  printemps  dernier,  j’ai  eu  l’occasion 
d’étudier  cette  maladie  sur  une  plantation 
de  200  à 300  jeunes  Cerisiers.  Yers  la  fin 
de  mai,  ces  arbres  étaient  en  pleine  végéta- 
tion, le  feuillage  était  vert  foncé,  luisant,  ce 
qui  indiquait  une  santé  parfaite.  Le  terrain 
dans  lequel  ils  étaient  plantés  est  en  pente 
au  nord  et  est  exposé  sans  abri  aux  vents  de 
l’ouest  à l’est  en  passant  par  le  nord.  Au 
commencement  de  juin,  après  des  journées 
chaudes,  il  se  produisit  un  vent  de  nord-est 
très-froid,  qui  occasionna  subitement  un 
écart  de  température  de  12  à 15  degrés 
centigrades.  Les  feuilles  du  sommet  de  ces 
jeunes  arbres  se  cloquèrent  presque  instan- 
tanément et  la  végétation  s’arrêta.  Yers  la 
fin  de  juin,  la  température  étant  redevenue 
plus  douce,  mes  plantes  repartirent  avec  vi- 
gueur; de  nouvelles  pousses  se  produisi- 
rent, en  laissant  au-dessous  d’elles  des  an- 
neaux de  feuilles  cloquées.  Il  fut  dès  lors 
bien  évident  pour  moi  que  le  mal  ne  venait 
pas  de  la  racine,  mais  qu’il  avait  été  causé 
par  le  vent  glacial  du  nord-est  qui  les  fouetta 
pendant  plusieurs  jours;  convaincu  donc  que 
ce  fait  a été  la  cause  du  mal,  le  meilleur 
conseil  que  je  puisse  donner  pour  prévenir 
les  ravages  de  cette  maladie,  c’est  d’établir 
pour  les  plantes  de  bons  abris,  particulière- 
ment contre  les  vents  que  je  viens  de  signa- 
ler, car  ceux  de  l’est  à l’ouest  en  passant 
par  le  sud  sont  moins  dangereux. 

La  chose  est  facile  à faire.  Nous  possédons 
aujourd’hui  un  grand  nombre  de  variétés 
de  Conifères  touffues  qui  peuvent  être  d’une 
grande  utilité  dans  la  circonstance.  Par 
exemple,  diverses  espèces  de  Cyprès,  de 
Thuia,  de  Pins,  etc. 

Lorsque  la  cloque  est  formée  par  les 
causes  que  je  viens  de  signaler,  les  insectes 
tout  naturellement  viennent  s’y  loger;  ils 
trouvent  là  de  petites  habitations  bien  com- 
modes, s’en  emparent,  aggravent  le  mal, 
mais  ils  n’en  sont  pas  la  cause;  néanmoins, 
il  est  bon  de  les  détruire. 

Je  vais  maintenant  parler  de  quelques 
cryptogames  qui,  de  nos  jours,  envahissent 
les  végétaux.  D’abord  de  ïoïdium  qui  atta- 
que d’une  manièreviolente  et  souvent  désas- 

^ Celte  opinion  est  aussi  celle  de  beaucoup  d’au- 
tres personnes,  et  nous-mcme  avons  écrit  dans  notre 
encyclopédie  horticole,  page  112  : « La  cloque  pa- 
raît être  surtout  déterminée  par  des  changements 
subits  de  température  qui  font  gauffrer  et  crisper 
les  feuilles,  sous  lesquelles  ne  tardent  pas  à s’abriter 
des  pucerons  qui  bientôt  sont  suivis  par  des  fourmis 
qui  viennent  pour  en  butiner  les  excréments.  » 

RÉI)\r,T10N. 


Ireuse,  le  Rosier,  le  Pêcher,  laYerveine  et 
beaucoup  d’autres  plantes.  Je  ne  donnerai 
pas  ici  la  description  scientifique  de  cette 
mucédinée,  on  la  trouvera  dans  tous  les  traités 
de  botanique.  Cette  plante,  elle  aussi,  trouve 
les  éléments  de  son  développement  dans  des 
causes  atmosphériques  ^ ; mon  opinion  dif- 
fère encore  de  celle  des  botanistes  qui  l’ont 
décrite.  La  plupart,  en  effet,  disent  que  ce 
cryptogame  attaque  les  feuilles  malades  du 
Rosier  et  qui  commencent  à entrer  en  dé- 
composition, et  que  c’est  là  une  condition 
nécessaire  à son  développement.  Les  étu- 
des que  j’ai  faites  depuis  longtemps  sur  ce 
sujet  m’ont  prouvé  le  contraire.  En  effet,  j’ai 
observé  que  des  feuilles  de  Rosier  parfaite- 
ment saines  se  trouvant  auprès  d’autres  feuil- 
les déjà  attaquées  étaient  bientôt  envahies. 

Dernièrement  encore  je  plantais  dans  mon 
jardin  un  pied  de  Rosier  bien  portant,  élevé 
en  pot  et  dont  les  racines,  que  j’ai  pu  faci- 
lement examiner,  étaient  parfaitement  sai- 
nes, auprès  d’un  autre  Rosier  attaqué  de 
Voïdium.  Je  ne  tardai  pas  à voir  quelques 
feuilles  prendre  une  teinte  blanchâtre,  el 
bientôt  toute  la  plante  fut  envahie.  Comme 
ce  Rosier  qui  avait  été  cultivé  dans  un  antre 
jardin  était  exempt  de  traces  iVoïdium  lors- 
qu’il est  arrivé  dans  le  mien,  c’est  au  voisi- 
nage de  mes  Rosiers  qui  étaient  malades 
qu’il  faut  attribuer  la  cause  de  sa  maladie. 
C’est  donc  à détruire  ou  seulement  à para- 
lyser le  développement  de  cette  mucédinée 
que  doivent  tendre  les  efforts  de  l’homme. 
Heureusement  il  existe  un  remède  bien 
simple  que  tout  le  monde  connaît,  mais  que 
je  vais  cependant  rappeler.  Il  consiste  à sau- 
poudrer au  moyen  d’une  houppe  en  laine, 
avec  de  la  fleur  de  soufre  les  parties  malades 
des  Rosiers,  et  même  comme  moyen  pré- 
ventif, les  parties  qui  ne  le  sont  pas. 

J’ai  fréquemment  employé  le  soufre,  soit 
comme  moyen  préventif,  soit  comme  moyen 
curatif;  il  m’a  toujours  réussi.  Dernièrement 
encore  l’effet  de  la  fleur  de  soufre  a été 
concluant  pour  moi.  Ayant  saupoudré  la 
moitié  de  la  tête  d’un  Rosier  qui  était  tota- 
lement malade,  je  vis  que  dans  la  partie  sau- 
poudrée le  mal  s’arrêta  subitement  et  que 
la  plante  repoussa  vigoureusement  sans  oï- 
dium, tandis  que  l’autre  moitié  est  restée 
souffrante  et  sans  végétation. 

Je  crois  donc  devoir  engager  les  amateurs 
d’horticulture  à recourir  à ce  moyen. 

DE  TeRNISIEN. 

‘ Tout  en  reconnaissant  avec  M.  de  Ternisien  que 
les  changements  subits  dans  la  température  peuvent 
entrer  pour  une  grande  part  dans  le  développe- 
ment de  Voïdium,  nous  reconnaissons  aussi  qu’il  y a 
d’autres  causes.  En  effet,  indépendamment  de  ce  que 
cette  maladie  se  développe  dans  tous  les  climats  et 
dans  tous  les  milieux,  ne  se  développe-t-elle  pas  aussi 
dans  les  serres,  là  où  à l’aide  de  soins  de  toutes 
sortes  on  maintient  la  température  à une  uniformité 
presque  mathématique?  Rkdaetton. 


EllTACTA  HULEI  POEYMOllPllA. 


EulactaRuleipoIymorpha,  Nob.  {Arauca- 
ria Riilei,  Lindl.),  grav.,  41,  est  un  véritable 
Protée,  une  sorte  d’énigme  qui  semble  jeté 
à la  science  pour  embarrasser  les  savants. 
Pendant  la  première  partie  de  son  existence, 
il  semble  appartenir  aux  espèces  austra- 
liennes, au  genre  Eutacta,  tandis  que  plus 
tard  son  faciès  et  son  port  semblent  le  rat- 
tacher aux  espèces  américaines,  au  genre 
Colymbea.  C’est  dans  le  premier  genre 
qu’il  doit  rentrer.  Lorsque  les  plantes  sont 
jeunes  (lig.  41,  A),  elles  sont  Aellement 
semblables  à VEulacta  c.rcclm,  qu’on  peut* 
les  confondre , 
bien  que  les  ra- 
meaux, un  peu 
plus  gros  et  plus 
allongés,  soient 
aussi  plus  ar- 
qués; mais  à me- 
sure que  les 
plantes  pren- 
nent de  la  force, 
les  feuilles  de- 
viennent plus 
fortes  (fig.  B). 

Lorsqu’au  con- 
traire elles  sont 
adultes,  les  ca- 
ractères dilfè  - 
rent  complète  - 
ment,  lesfeuilles 
sont  larges,  pla- 
nes, épaisses  et 
carénées  en  des- 
sous (fig.  41,  C, 

D).  Dans  cet  étal 
la  plante  rappel- 
le assez  exacte- 
ment la  variété 
densa  du  Colym- 
bea imbricata. 

La  figure  C re- 
présente une  ra- 
mille  foliaire 
d’un  individu  a- 
dulte,  et  la  figu- 
re D représente  une  ramille  fructifère  du 
même  individu. 

Voici,  du  reste,  l’indication  des  caractères 
que  présentent  les  jeunes  plantes  qu’on 
trouve  dans  le  commerce  : Port  et  fades 
à peu  près  semblables  à ceux  de  VEu- 
tacta  excelsa,  ou  plutôt  intermédiaires  en- 
tre celui-ci  et  ÏEutacîa  Cunniugluimi. 
Ramilles  allongées,  alternes,  arquées,  un 
peu  plus  grosses  que  celles  de  VEiUarta  ex- 
celsa.  Feuilles  très-étroitement  subtrigones, 
fortement  carénées  en  dessous,  planes  ou 
légèrement  concaves  en  dessus,  arquées 
ou  courbées  vers  le  rameau  comme  sont 


Fi^.  41.  — Eiilacla  nulci  polymorplia 


celles  de  VEutacla  excelsa,  d’un  vert  roux 
ferrugineux,  parfois  complètement  vertes. 

Plantes  adnllcs  : Arbre  très-ramifié,  à 
cime  élargie-arrondie,  un  peu  buissonneux, 
atteignant  15  mètres  de  hauteur,  mais  s’éten- 
dant beaucoup  en  largeur,  et  pouvant,  lors- 
qu’il est  bien  développé,  couvrir  une  surface 
d’au  moins  10  mètres  de  diamètre.  Bran- 
ches nombreuses,  horizontalement  étalées 
ou  défléchies,  régulièrement  verticillées. 
Ramilles  foliaires  atteignant  2 centimètres 
de  diamètre,. couvertes  de  feuilles  élargies, 
courbées  vers  l’axe  des  ramilles;  ramilles 
fructifères  beau- 
coup plus  gros- 
ses que  les  ra- 
milles foliaires. 
Feuilles  imbri- 
quées, épaisses; 
élargiesàlabase, 
arquées  vers  h^ 
rameau  qu’elles 
recouvrent  com- 
me le  font  cel- 
les de  VEulae- 
ta  excelsa,  ca- 
rénées en  des- 
sous, atténuées, 
obtuses  au  soni  - 
met,  longues  di' 
15  à 18  millim., 
larges  de  0 à 7 ; 
celles  des  ra- 
milles fructifè- 
res atteignant 
jusqu’à  25  mil- 
lim. de  longueur 
sur  10  de"  lar- 
geur à la  base  ; 
toutes  très-rai- 
des, non  aiguës, 
d’un  vert  foncé 
presque  noir,  lui- 
santes et  comme 
vernies , réflé- 
chissant la  lu- 
mière ainsi  que 
le  feraient,  dit-on,  de  véritables  miroirs. 

L’Eulacta  Ru  Ici  polymorpha  habite  dans 
une  île  de  la  Nouvelle-Calédonie  (sud  de 
l’Australie),  où  il  a été  découvert  par  M.  Dun- 
can,  collecteur  de  M.  John  Rule,  pépinié- 
riste à Victoria,  dans  le  sud  de  l’Australie.  11 
croît  sur  un  volcan  éteint,  dans  des  débris 
qui,  en  été,  deviennent  durs  comme  des 
pierres,  et  qui,  pendant  l’biver,  sont  sou- 
mis à des  pluies  torrentielles  accompagnées 
d’ouragans  et  de  vents  froids.  On  ne  trouve 
aucune  trace  de  végétation  jusqu’à  plus  d(‘ 
30  mètres  au-dessous  de  l’endroit  où  crois- 
sent les  Eutacta  Rulei.  e.  a.  CAimiKRE. 


i. 
1 ! 

I 

lî 

1 

;i; 


R a 77  ô Horticole 


Pansjith.  2anote  r.  de.<!  Boulangers  15 


H el)  e c I i n i u m m a crophy  11  u iii 


Revue  Horlicde^ 


F Yerm  Pinx^ 


P a n ci‘  at  iinn  1 1 1 vr  ic  um 


Pansjmp.  lanote.r.  des  Boulangers  .1 


IIEBECLYNIIJM  MACROPHYLLUM. 


VHebeclinnm  macrophyllinn  est  une 
plante  ligneuse,  ramifiée,  atteignant  parfois 
par  la  culture  2 à 3 mètres  de  hauteur. 
Les  tiges  arrondies,  presque  cylindriques, 
portent  de  grandes  feuilles  opposées,  lon- 
guement pétiolées,  larges  de  à 28  cen- 
timètres, longues  de  25  à 30  cent.,  subcor- 
diformes,  aiguës,  dentées  et  crénelées  sur 
les  bords.  Les  nervures,  à la  surface  infé- 
rieure, sont  très- saillantes  et  réticulées;  la 
face  supérieure  du  limbe  est  glabre  et  un 
peu  luisante;  celle  de  dessous  est  légère- 
ment pubescente.  En  mars  ou  en  avril,  les 
tiges  se  ter- 
minent par 
un  corymbc 
composé  de 
capitules  reri- 
fermant  un 
plusoumoins 
grand  nom- 
bre de  fleu- 
rons de  cou- 
leur lilas. 

Originaire 
de  l’Améri- 
que méridio- 
nal e,  cette 
belle  compo- 
sée exige, 
pendant  l’bi- 
ver,  l’abri  de 
la  serre  cbau- 
de. 

L’ampleur 
de  son  feuil- 
lage a valu  à 
VHebeclimmu 
macrophyl- 
ium  l’avanta- 
ge d’être  em- 
ployé pour  les 
jardins , où 
on  le  cultive, 
soit  isolé- 
ment, soit  en 
groupe.  Il  est 
nécessaire,  pour  avoir  de  beaux  exem- 
plaires pendant  toute  leur  période  de  végéta- 
tion, de  traiter  ces  plantes  de  la  manière 
suivante  : 

Pendant  l’hiver,  on  les  multiplie  de  bou- 
tures d’après  les  moyens  connus  afin  d’ob- 
tenir de  jeunes  sujets,  puis,  vers  le  milieu 
du  mois  de  mai,  c’est-à-dire  lorsque  les 
gelées,  sous  le  climat  de  Paris,  ne  seront 
plus  à craindre,  on  choisira,  dans  le  jardin, 
une  exposition  chaude  et  abritée.  On  creu- 
sera alors  un  trou  de  40  centimètres  de 
profondeur,  large  de  60  à 80 -cent,  si  l’on 
ne  doit  y mettre  qu’une  planle,  plus  large 


si  on  veut  former  un  groupe  de  plusieurs 
sujets.  On  garnira  ce  trou  d’un  compost  de 
terre  de  bruyère,  de  terreau  de  fumier  ou 
de  feuilles  et  de  terre  de  jardin.  La  planta- 
tion sera  faite  dans  ce  mélange.  On  arrosera 
peu  d’abord,  parce  que,  pendant  quelque 
temps,  les  jeunes  plantes  resteront  station- 
naires; mais  dès  que  la  chaleur  estivale 
commencera  à devenir  forte,  le  développe- 
ment se  fera  bientôt  remarquer,  et  c’est 
alors  qu’il  sera  bon  d’augmenter  les  arro- 
sages proportionnellement  à la  vigueur  des 
sujets.  Cette  plante  étant  très-vigoureuse,  on 

pourra,  pen- 
dant l’été, 
donner  un  ou 
deux  arrose- 
ments à l’en- 
grais liquide, 
soit  avec  du 
purin  étendu 
d’eau,  soit  a- 
vec  du  sang 
fermenté  dans 
l’eau. 

Ainsi  con- 
duit, YHebe- 
cUniw)i6é\e- 
loppera  de 
très-belles  et 
larges  feuil- 
les, et  pourra 
a 1 1 eindre, 
jusque  vers  la 
fin  de  septem- 
bre, une  hau- 
teur de  60  à 
80  centimè- 
tres. 

La  planle 
qui  fait  le  su- 
jet de  cette 
notice  n’est 
pas  seule- 
ment décora,- 
tive  à cause 
de  son  feuil- 
age,  elle  l’est  encore  par  la  splendeur  de  ses 
fleurs.  Mais,  pour  jouir  de  tout  le  luxe  qu’elle 
peut  étaler,  il  faut  la  rentrer  à temps  dans 
la  serre.  Vers  le  20  septembre,  on  son- 
gera à la  rempoter;  à cet  effet,  on  cer- 
nera avec  la  bêche  les  racines  des  plan- 
tes cultivées  en  pleine  terre,  de  façon  à 
proportionner  la  grosseur  de  la  motte  à 
la  force  des  sujets  et  à la  grandeur  des  pois 
ou  des  caisses  dans  lesquels  les  plantes  de- 
vront être  mises  pour  passer  l’hiver.  Immé- 
diatement après  l’opération  du  cernage,  on 
versera  au  pied  des  plantes  un  ou  deux  ar- 
rosoirs d’eau,  ensuite  on  remplira  de  terre 


HEBECLYNIUM  MACROPHYLLEM. 


352 

et  on  attendra  huit  jours  en  mettant  un  ar- 
rosoir d’eau  toutes  les  48  heures.  Après  ces 
huit  jours,  on  procédera  à la  mise  en  pots, 
et  l’on  rentrera  les  plantes  dans  la  serre 
chaude.  De  copieux  arrosements  seront 
alors  donnés  pendant  les  premiers  jours; 
on  les  modérera  ensuite  selon  les  besoins. 

Après  la  reprise  des  plantes,  qui  a lieu 
très-rapidement,  la  végétation  continuera 
et  fera  développer  de  très-grandes  feuilles  ; 
mais,  vers  les  premiers  jours  de  mars,  un 
peu  plus  tôt  ou  un  peu  plus  tard,  les  feuilles 
naissantes  commenceront  à diminuer  de 
grandeur.  Bientôt  on  verra  apparaître  le 
corymbe,  composé  de  nombreuses  et  jolies 
fleurs  lilas.  J’ai  vu  déjà,  depuis  plusieurs 
années,  sur  le  pied  cultivé  au  jardin  du 
Luxembourg,  d’après  les  indications  que  je 


viens  de  donner,  les  corymbes  atteindre  i 
jusqu’à  30  et  40  centimètres  de  diamètre. 

C’est  alors  une  plante  vraiment  belle.  | 

Quand  on  possède  des  sujets  qui  ont  ainsi 
fleuri,  on  peut  également  les  cultiver  en 
pleine  terre  pendant  l’été.  Ces  plantes  se 
ramifient  et  donnent  pendant  l’hiver  plu- 
sieurs inflorescences. 

La  figure  coloriée  ci-jointe  représente  la 
fleur  lilas  de  VHebecUniim  macropkyllum, 
et  la  figure  42  fait  voir  le  port  d’une  plante 
ramifiée. 

Cette  plante,  voisine  des  genres  Eupato- 
rium  et  Agératum,  ménie  donc  de  trouver 
une  place  dans  nos  cultures  de  serres  et  de 
jardins. 

A.  Rivière, 

Jardinier  clief  au  jardin  du  Luxembourg:.  j 


! 


TRITOMA  UVARIA. 


Il  est  certes  peu  de  plantes  vivaces  aussi 
belles  que  le  Tritoma  uvaria,  et  dont  la 
culture  soit  aussi  facile  et  à la  portée  de 
tous  les  amateurs  de  jardin.  Aussi  croyons- 
nous  bon  de  revenir  encore  sur  ce  sujet, 
bien  qu’il  ait  déjà  \éié  traité  dans  la  Revue. 
Comment  s’expliquer  qu’à  une  époque  où  le 
public  horticole  s’engoue  aussi  facilement 
de  la  première  nouveauté  venue,  souvent 
d’un  mérite  très-cofltestable,  une  plante 
aussi  jolie  que  le  Tritoma  uvaria  soit  en- 
core si  rare  dans  les  jardins  ? 

Peut-être  cela  tient-il  à ce  qu’elle  n’a  pas 
été  chaudement  patronée  et  convenablement 
produite  en  public.  Peut-être  aussi  n’en 
possédait-on  pas  encore  un  nombre  d’exem- 
plaires suffisant  pour  la  répandre  et  Pexpo- 
ser  en  pleine  terre  dans  les  jardins  et  les 
squares  où  les  amateurs  pourraient  l’admi- 
rer. — Ce  qu’il  y a de  certain,  c’est  que  tous 
les  auteurs  qui  ont  parlé  de  cette  plante 
sont  unanimes  pour  la  ranger  au  nombre 
des  plus  méritantes  et  la  regardent  comme 
une  de  celles  dont  la  multiplication  dans 
les  jardins  serait  le  plus  désirable. 

Aujourd’huile  Tritoma  uvaria  est  moins 
rare  et  l’on  peut  se  le  procurer  abondam- 
ment dans  le  commerce,  à des  prix  très- 
modérés. 

Déjà  cette  année  on  a eu  l’occasion  d’en 
voir  quelques  beaux  sujets  isolés  ou  grou- 
pés sur  les  pelouses,  soit  au  parc  Mon- 
ceau et  dans  d’autres  jardins  publics,  soit 
dans  quelques  jardins  d’amateurs,  où  l’on 
en  a même  formé  des  massifs  entiers.  Tout 
nous  fait  donc  espérer  que  ces  bons  exem- 
ples seront  bientôt  suivis  d’une  manière  gé- 
nérale, et  que  de  même  qu’il  n’y  a plus  de 
jardin  sans  un  ou  plusieurs  Gynérium,  il 
n’y  en  aura  plus  sans  Tritoma  uvaria. 

Que  ceux  qui  ne  connaissent  pas  le  Tri- 


toma en  question  se  figurent  une  plante  vi- 
vace, formant  dès  le  commencement  du 
printemps  des  touffes  volumineuses  ^ de 
feuilles  linéaires,  canaliculées , carénées, 
longues  de  0™.75  à 0^.80,  d’un  beau  vert, 
analogues  à celles  de  certaines  graminées, 
et  gracieusement  arquées,  du  milieu  des- 
quelles s’élèvent,  depuis  le  mois  de  juin, 
parfois  dès  le  mois  de  mai  jusqu’aux  ge- 
lées, des  hampes  vigoureuses  de  1 mètre  et 
plus  de  hauteur  terminées  par  un  énorme 
épi  très-dense,  long  de  15  centimètres  et 
plus,  composé  d’un  nombre  considérable  de 
fleurs  tubuleuses,  d’abord  dressées  et  d’un 
rouge  corail  éclatant  dans  le  jeune  âge, 
puis  étalées  et  ensuite  penchées,  passant  au 
rouge -orangé  puis  au  jaune  verdâtre.  Ces 
fleurs,  qui  s’épanouissent  de  bas  en  haut, 
prolongent  la  floraison  de  chaque  épi  pen- 
dant un  mois  et  quelquefois  plus.— Presque 
toujours,  lorsque  les  plantes  sont  fortes, 
plusieurs  hampes  se  développent  à la  fois, 
ce  qui  arrive  d’ordinaire  en  août-septembre, 
et  l’on  a alors,  sur  la  même  touffe,  des 
hampes  en  train  de  défleurir  et  jaunes,  des 
hampes  en  pleine  floraison  et  offrant  les 
trois  couleurs  ci-dessus,  ainsi  que  des 
hampes  commençant  à fleurir,  entièrement 
d’un  rouge  éclatant,  et  enfin  des  hainpes 
moins  développées  qui  viendront  continuer 
ce  bouquet  aux  couleurs  variées. 

Le  Tritoîïia  uvaria  est  donc  une  plante  a 
grand  effet,  très-propre  à obtenir  des  con- 
trastes d’arrière-plan  ; ses  dimensions  per- 
mettent cependant  de  le  placer  sur  des  plans 
plus  rapprochés.  . . 

Sa  véritable  place  est  à une  exposition 
chaude  et  aérée,  en  plein  soleil,  sur  une 
pelouse  où  l’on  pourra  le  planter  isolement 
ou  en  former  des  groupes  de  3 ou  de  5.  Si 
l’onparvientà  en  composerune  corbeille  ou 


i 


TRITOMA  UVARIA. 


un  massif  entier,  l’effet  sera  des  plus  jolis, 
surtout  si  on  lui  a choisi  un  terrain  profond, 
sain,  léger,  tel  que  doit  l’être  toute  bonne 
terre  de  jardin.  — On  pourra  planter  les 
groupes  ou  les  massifs  uniquement  avec 
cette  plante,  son  port  touffu  et  son  feuillage 
garantissant  suffisamment  le  sol;  cepen- 
dant on  se  trouvera  bien  de  l’entourer  d’une 
bande  de  quelqu’une  des  plantes  suivantes  : 
Héliotrope,  ou  Agératum  bleu,  ou  Antemis 
frutescent,  ou  Pétunia  blanc,  ou  Pétunia 
violet,  ou  Pétunias  variés,  ou  Pétunia  Comtess 
of  Ellemière,  ou  de  quelqu’une  des  varié- 
tés roses,  blanches,  ou  panachées  de  Pé- 
largonium, Zonale-Inquinans,  Manglesii,  etc. 

Un  autre  mérite  de  cette  plante  consiste 
à pouvoir  utiliser  ses  hampes  florales,  à la 
façon  de  celles  des  Glaïeuls,  pour  les  garni- 


353 

tures  d’appartements.  — Coupées  et  mises 
dans  l’eau,  au  milieu  d’autres  fleurs  et  de 
branchage  à feuillage  léger,  ces  hampes  qui 
continueront  à fleurir  jusqu’au  sommet,  se 
conserveront  pendant  près  de  quinze  jours. 

Les  Tritoma  présentent  encore  l’avantage 
de  n’exiger  aucun  soin  de  culture,  et,  bien 
qu’ils  ne  redoutent  pas  l’humidité,  ils  peu- 
vent se  passer  complètement  d’eaii. 

Quant  à la  description  de  différentes  va- 
riés de  Tritoma,  ainsi  qu’au  mode  de  cul- 
ture et  de  multiplication  de  ces  plantes,  on 
les  trouvera  mentionnés  dans  ce  journal  et 
dans  les  différents  ouvrages  horticoles,  tels 
que  l’almanach  du  Bon  Jardinier,  les  Fleurs 
de  pleine  terre,  Vilmorin,  Andrieux,  etc. 

Jean-Claude. 


BOUTURAGE  DE  L’ŒILLET. 


Bien  que  l’Œillet  soit  en  dehors  aujour- 
d’hui de  la  vogue  qu’il  avait  autrefois,  les 
vrais  amateurs  le  tiennent  toujours,  avec 
raison,  comme  une  fleur  qui,  par  la  suavité 
de  son  parfum,  la  richesse  de  son  coloris, 
l’élégance  de  sa  forme,  n’a  de  rivale  que  la 
Rose.  En  attendant  que  l’Œillet 
fleur  des  dieux)  reprenne  faveur,  ce  qui 
ne  peut  manquer  d’arriver,  il  ne  sera  peut- 
être  pas  hors  de  propos,  pour  sa  réhabilita- 
tion, d’appeler  l’attention  des  cultivateurs  sur 
la  facilité  de  multiplier  cette  belle  plante 
par  le  bouturage.  Bon  nombre  d’amateurs 
et  de  jardiniers  sont  portés  à se  plaindre 
de  ce  mode  de  propagation  ; je  veux  leur 
exposer  en  peu  de  mots  ma  manière  très- 
efficace  d’opérer.  Voici  : Dans  des  petits 
godets  ou  d’autres  petits  pots  drainés,  je 
répands  une  légère  couche  de  suie,  je  les 
remplis  de  terre  de  bruyère  sablonneuse, 
puis,  ayant  fait  mes  boutures  avec  talon, 
autant  que  possible,  je  les  plante  très-peu 
avant  dans  les  pots  que  j’enfunce  dans  la 
tannée  sous  des  cloches  qu’on  doit  avoir  soin 
d’ombrager.  Pas  n’est  besoin  de  dire  qu’une 
légère  et  constante  humidité  doit  régner 


dans  ces  pots  ainsi  qu’autour  des  cloches 
jusqu’à  reprise  complète.  Ce  simple  procédé 
ne  ni’ajamais  rien  laissé  à désirer.  Sur  près 
de  cinquante  boutures  faites  ainsi  dans  une 
serre,  en  toute  saison,  l’hiver  comme  l’été, 
pas  une  n’a  manqué,  qu’il  s’agisse  d’Œil- 
lets  flamands,  d’QEillets  remontants  ou  au- 
tres. 

Dans  un  article  de  la  Revue  horticole  du 
mars  1863,  je  lis  que  l’Œillet  Flon  ne 
doit  être  multiplié  par  boutures  qu'au  prin- 
temps seulement,  vers  le  commencement  de 
la  floraison;  j’en  ai  fait  des  essais  en  tout 
temps  et  la  reprise  a été  constamment  heu- 
reuse. 

La  cause  de  cette  réussite  est  due  sans 
doute  à la  tannée  ainsi  qu’au  milieu  favora- 
ble dans  lequel  je  plante  les  boutures;  mais 
la  suie  que  je  mélange  à la  terre  n’aurait-elle 
pas  aussi  une  action  chimique  qui  contri- 
buerait à la  reprise  des  boutures?  Ce  qu’il 
y a de  certain,  c’est  que  la  suie  ne  laisse 
pas  d’être  un  puissant  moyen  pour  la  des- 
truction des  petits  vers  qui  pullulent  dans 
la  tannée  et  qui  divisent  et  soulèvent  la 
terre  des  pots.  L’abbé  Brou, 


PANCRATIUM  ILLYRICUM. 


La  plante  dont  nous  allons  parler,  et  qui 
mérite  bien  certainement  d’être  propagée, 
peut  être  reconnue  à ce  signalement  : Oi- 
gnon allongé,  très-vivace.  Feuilles  épaisses, 
nombreuses,  atteignant  jusqu’à  50  centi- 
mètres et  plus  de  longueur,  sur  6-8  de 
largeur,  canaliculées-arrondies,  très-régu- 
lièrement et  courtement  atténuées  au  som- 
met qui  est  obtus,  recouvertes  de  toutes 
parts  d’une  sorte  de  poussière  glauque  ou 
pruineuse  analogue  à celle  qu’on  rencon- 


tre sur  certains  fruits.  Hampe  florale  axil- 
laire, partant  de  l’oignon  et  sortant  du  sol 
entre  les  feuilles,  glauque  comme  toutes 
les  parties  de  la  plante,  très-comprimée,  at- 
ténuée sur  les  côtés  latéraux,  terminée  par 
une  inflorescence  en  forme  de  grand  capi- 
tule ombelliforme,  enveloppée,  lors  de  son 
apparition,  dans  une  spathe  membraneuse 
très-mince,  scarieuse,  marcescente.  Fleurs 
blanches,  nombreuses  partant  du  sommet 
de  l’axe,  supportées  chacune  par  un  gros 


354  PAÎSCRATIUM 

et  court  pédicelle  trigone,  longuement  tubu- 
leuses, puis  largement  ouvertes.  Périantlie 
à 6 divisions  très-rapprochées,  alternes, 
longuement  ellipliques-lancéolées;  les  3 
externes  très-entières,  acuminées  au  som- 
met; les  internes  un  peu  plus  obtuses, 
dentées-crènelées  et  comme  légèrement  on- 
dulées sur  les  bords.  Etamines  G partant 
de  la  base  d’une  membrane  interne  corolli- 
forme  blanche,  jaune  à la  base,  qui,  en  se 
dilatant,  forme  par  sa  prolongation  une 
sorte  d’étoile  cà  six  branches  assez  profon-  ’ 
dément  et  largement  bifides,  à filets  blancs, 
à peu  près  de  même  longueur  que  le  pé- 
rianthe.  Style  un  peu  plus  long  que  les 
étamines,  légèrement  arqué,  souvent  couché 
et  comme  genouillé  à sa  base,  à stigmate 
arrondi  ou  subglobuleux,  entier. 

Ajoutons  encore,  en  faveur  de  notre 
* vieille  plante,  que  ses  Heurs  répandent  une 
odeur  très-douce  de  Heur  d’oranger,  ce 
qui  ne  contribue  pas  peu  à en  rehausser 
le  mérite. 

Le  Pancralium  lUyricum  est  très-rusti- 
que et  très-ornemental,  car,  outre  qu’il  Heu- 
rit  facilement,  il  a [l’avantage  de  conserver, 
longtemps  encore  après  que  les  Heurs  sont 
passées,  ses  belles  feuilles  qui,  par  leurs 
dimensions  et  leur  aspect  glauque,  produi- 
sent un  très-bel  elîet. 

On  le  cultive  enterre  légère,  siliceuse; 
celle  de  bruyère  additionnée  de  terre  fran- 
che légère  lui  convient  surtout.  Toute- 


ILLYKIC13M. 

fois,  comme  il  n’est  pas  délicat,  il  s’acco- 
mode,  à la  rigueur,  de  presque  tous  les 
sols  pourvu  qu’ils  ne  soient  pas  trop  argi- 
leux. Comme  presque  tous  les  oignons,  il 
redoute  aussi  une  humidité  trop  prolongée. 

Les  oignons  de  Pancralium  lUyricum 
n’exigent  aucun  soin,  pour  ainsi  dire.  Une 
fois  plantés  on  *n’a  donc  plus,  chaque  an- 
née, qu’à  jouir  des  Heurs  qu’ils  donnent. 

En  raison,  des  dimensions  qu’atteignent 
les  feuilles,  il  ne  faut  pas  trop  rapprocher 
les  plantes,  car  non-seulement  elles  pre[i- 
nent  beaucoup  de  développement,  mais 
comme  les  oignons  se  multiplient  dans  le  sol 
au  bout  d’un  certain  temps,  on  a de  fortes 
touffes,  desquelles,  chaque  année,  sortent 
un  plus  ou  moins  grand  nombre  de  hampes 
Horales. 

Une  exposition  chaude  convient  au  Pan- 
cratium  lUyricum\  celle  du  midi,  par  exem- 
ple, est  favorable  à son  développement  prin- 
tanier; mais  alors,  on  le  comprendra  facile- 
ment, les  Heurs  durent  moins  longtemps  et 
les  feuilles  aussi  disparaissent  plus  promp- 
tement. Sa  floraison,  qui  commence  vers  la 
fin  d’avril,  se  prolonge  pendant  tout  le  mois 
de  mai.  C’est,  nous  le  répétons,  une  belle 
plante  de  pleine  terre,  qui  par  son  aspect  et 
son  feuillage  seuls  pourrait  être  classée 
dans  les  plantes  d’ornement.  Sa  multipli- 
cation se  fait  par  caïeux  qu’on  peut  même 
détacher  sans  arracher  les  pieds-mères. 

Truffait. 


FLORAISON  EN  PLEINE  TERRE  A MONTPELLIER 

DU  DASYLIPdON  GRACILE. 


Le  Dasylirion  gracile,  Zucc.,  est  une 
plante  des' hauts  plateaux  du  Mexique,  cul- 
tivée ordinairement  en  serre  froide  dans  le 
Midi,  en  serre  tempérée  dans  le  nord  de 
l’Europe.  Je  l’ai  mise  en  pleine  terre  de- 
vant l’orangerie  du  Jardin  des  plantes  de 
Montpellier,  en  1801  ; elle  y a admirable- 
ment prospéré,  n’a  point  souffert  des  froids 
de  l’hiver,  et  a Heuri  en  1806.  M.  J.-E. 
Planchon  a vu  la  même  plante  fleurir  dans 
un  vase  chez  M.  Van  Houlte,  à Gand,  en 
1851,  et  en  a donné  la  description  avec  une 
figure  noire  très-réduite. 

"Rien  de  plus  embrouillé  que  la  synonymie 
de  celte  espèce;  c’est  le  Bonapartea  graci- 
lis  et  le  Barbacenia  gracilis  des  horticul- 
teurs, le  Boulinia  gracilis  de  M.  Bron- 
gniart,  et  enfin,  suivant  Kunth,  le  Dasyli- 
rion acrotrichmn,  Zucc.  La  place  du  genre 
Dasylirion,  dans  la  série  des  familles  végé- 
tales, n’est  pas  mieux  déterminée.  Pour 
M.  Brongniart,  il  fait  partie  des  Liliacées; 
M.  Planchon  le  rapproche  des  Joncées  ano- 
males, telles  que  les  Xerotes  et  le  kingia 
de  l’Australie;  enfin,  M.  NAalpers  le  place 


d’abord  dans  les  Broméliacées,  puis  dans 
les  Asparaginées. 

Endlicher  et  M.  A Torrey  qui  a décrit 
cinq  espèces  de  Dasylirion,  dont  deux  nou- 
velles, savoir  : /).  tenuifoliim,  Torr.;  D.  gra- 
minifolinm,  Zucc.;  D.  Bigelovn,  Torr.; 
D.  Lindheinierianum,  Scheele  et  D.  erum- 
pens,  Torr.,  mettent  ce  genre  dans  les  Bro- 
méliacées. C’est  l’opinion  à laquelle  je  me 
rallie.  Les  feuilles  comprimées,  raides,  pla- 
tes ou  concaves  en  dessus,  convexes  en 
dessous,  garnies  de  crochets  recourbés, 
sont  celles  d’un  Bromelia  ou  d’un  Ananas; 
l’inilorescence,  les  Heurs  petites  avec  un 
périanthe  à six  parties,  six  étamines  hypo- 
gynes,  le  fruit  sec  indéhiscent,  à trois  loges, 
l’embryon  droit  contenu  dans  un  albumen, 
tous  ces  caractères  donnés  par  M.  lorrey 
classent  ce  genre  dans  la  troisième  section 
des  Broméliacées,  à côté  des  Uechlia,  des 
Gussmannia  et  des  Bonaparlea.  En  Europe, 
les  fruits  n’arrivent  pas  à maturité  ; il  en  a 
été  ainsi  dans  les  quatre  Horaisons  de  Dasy- 
lirion qui  ont  eu  lieu  à Montpellier,  et  dans 
celui  décrit  par  M.  Planchon;  mais  M.  Tor- 


FLoKAiso?;  i:>i  l'LKiisr:  teiiue,  a muaipellifi;,  de  1)A.sy,uiwo>',  ('.!',agiiA': 


rey  les  a étudiés  sur  les  cinq  espèces  qu’il  a 
décrites.  Le  pied  qui  a fleuri  à Gand  était 
femelle;  celui  de  Montpellier  polygame.  Les 
Délités  fleurs  étaient  disposées  sur  un  triple 
'épi  accompagné  d’une  bractée  recourbée 
en  forme  de  crochet  arrondi  qui  en  couvrait 
la  base.  Ces  bradées  et  ces  épis  étaient  au 
/xombre  de  320  sur  le  pied  de  Montpellier; 
JC  nombre  total  des  petites  fleurs  s’élevait  à 
plusieurs  milliers. 

Pour  l’horliculture  paysagiste  et  pour 
1 artiste,  ce  sont  les  feuilles  qui  donnent  à 
celte  plante  sa  physionomie  pittoresque; 
elles  forment  une  touffe  épaisse  et  arrondie 
iflacée  sur  un  slipe  surbaissé.  Les  plus  lon- 
gues ont  1 mètre  de  long  sur  0"\03  de  lar- 
geur à la  base  ; leur  forme  est  celle  d’une 
épée,  et  elles  se  terminent  par  une  houppe 
brune  formée  des  fibres  desséchées  et  légè- 
rement frisées  du  parenchyme.  A l’intérieur 
du  ff\isceau,  ces  feuilles  diminuent  de  lon- 
gueur et  passent  par  des  transitions  insen- 
sibles aux  bractées  recourbées.  Voici  main- 
tenant l’iiistoire  de  la  floraison  du  pied  de 
BfWjlirion  gracile  qui  a fleuri,  et  qui  était 
eu  pleine  terre  depuis  1861  : 

Le  4 juin  1866,  au  soir,  le  jardinier  en 
clief  aperçut  une  hampe  dont  la  pointe  se 
dégageait  du  faisceau  des  longues  feuilles 
dentées  qui  entourent  le  stipe  de  cette  es- 
pèce. Cette  hampe  avait  déjeà  0'".85  de  hau- 
teur. Dès  cet  instant,  la  croissance  fut  me- 
surée chaque  jour  à six  heures  du  soir  et  à 
six  heures  du  malin.  Rapide  jusqu’au  14  juin, 
cette  croissance  se  ralentit  peu  à peu  et  ne 
Int  plus  sensible  cà  partir  du  23 au  soir,  lors- 
que la  hampe  avait  atteint  une  hauteur  de 
2"’. 881.  J’ai  construit  cette  courbe  d’accrois- 
sement en  prenant  les  jours  pour  abeisses 
cl  les  hauteurs  observées  pour  ordonnées  : 
en  la  prolongeant  inférieurement,  je  trouve  I 
que  la  hampe  a dû  commencer  à pousser 
dans  la  journée  du  l*^>’juin.  C’est  donc  en 
vingt-trois  jours  qu’elle  à atteint  la  hauteur 
de  2'". 881,  s’élevant  en  moyenne  à O*". 125 
en  vingt-quatre  heures.  Mais  celte  crois- 
sance n’était  pas  uniforme.  Pendant  les  onze 
premiers  jours,  la  hampe  s’est  élevée  à 
2 '".083,  croissant  de  O'^ElOO  par  vingt-qua- 
trejieures;  dans  les  douze  derniers,  de 
0"‘. 798 seulement.  Décroissant  alors  que  de 
0'".66  par  vingt-quatre  heures. 

Ce  ralentissement  graduel  dans  l’accrois- 
seinent  de  cette  hampe,  à partir  d’une  cer- 
taine période,  est  conforme  aux  lois  de  l’ac- 
croissement de  tous  les  êtres  organisés  ; 
mais,  ce  qui  ne  l’est  pas,  c’est  que  cet 
accroissement  était  plus  fort  la  nuit  que  le 
jour.  Ainsi,  du  4 au  21  juin,  la  hampe  a 
jioussée  de  1"^.266  pendant  la  nuü  (en 
moyenne  0'".600  de  six  heures  du  soir  à 
six  heures  du  matin)  ; pendant  le  joar,  de 
0;*. 793  seulement  (en  moyenne  0"\038  de 
six  heures  du  matin  à six  heures  du  soir). 


355 

Le  maximum  de  la  croissance  diurne  en 
douze^  heuras  (0'n.;03)  a eu  lieu  dans  la 
journée  du  5 juin,  ot  le  maximum  de  la 
croissance  nocturne  dans  le  même  laps  de 
temps  (O"’. 140),  pendant  la  nuit  du  10  au 
11  juin.  En  résumé,  le  rapport  de  la  crois- 
sance nocturne  à la  croissance  diurne  est 
comme  1 est  à 0.63. 

Des  observations  continuées  le  11  juin, 
de  trois  heures  en  trois  heures,  jour  et  nuit, 
ont  montré  que  la  croissance  la  plus  rapide 
(0'«.023)  avait  eu  lieu  entre  trois  heures  et 
SIX  heures  du  matin,  puis  entre  neuf  heures 
du  soir  et  minuit  (0'".019). 

On  aurait  tort  de  supposer  que  cet  ac- 
croissement était  peut-être  spécial  au  sujet 
(|ue  j’observais;  en  effet,  en  1854,  un  ])a- 
sylinon  gracile  cultivé  dans  une  grande 
caisse  et  renfermé  pendant  l’hiver  dans  l’o- 
rangerie, a poussé  en  juillet  une  hampe  qui 
s’est  élevée  de  D».18  pendant  la  nuit,  et  , 
seulement  de  0‘«.96  pendant  le  jour  : le 
rapport  des  deux  accroissements  entre  eux 
fut  comme  1 à 0.81. 

La  même  plante  a refleuri  en  1862,  à la 
fin  de  juin  et  au  commencement  de  juillet. 
La  hampe  a poussé  de  0'".88  pendant  la 
nuit,  et  pendant  le  jour  de  0>”.75.  Le  rap- 
port est  encore  comme  1 à 0.85.  L’excès  de 
l’accroissement  nocturne  sur  l’accroisse- 
ment diurne  a été  moindre,  comme  on  le 
voit,  pour  un  sujet  cultivé  dans  une  caisse 
que  pour  un  pied  végétant  en  plein  terre. 

Une  liliacée,  le  Phormium  tena.r,  cultivée 
dans  un  vase,  m’a  offert  le  même  phéno- 
mène. Sa  hampe  florifère  commença  à pous- 
ser le  3 avril  1854;  elle  atteignit  en  qua- 
rante-cinq jours  la  hauteur  de  D».303,  et  for- 
mait un  candélabre  portant  quarante  et  une 
heurs.  Dans  cette  plante,  l’accroissement 
nocturne  fut  également  plus  fort  que  l’ac- 
(Toisement  diurne,  dans  le  rapport  de  1 à 
0.88. 

Ces  résultats  m’ont  d’autant  plus  étonné 
qu’ils  sont  en  contradiction  avec  ceux  aux- 
quels on  est  toujours  parvenu  quand  on  a 
comparé  l’accroissement  nocturne  avec  l’ac- 
croissement diurne  de  la  hampe  d’une 
plante  dont  la  végétation  a beaucoup  d’ana- 
logie avec  celle  des  espèces  dont  je  viens  de 
parler  : c’est  l’Aloès-Pitte  ou  Agave  Ameri- 
cana.  Tous  les  botanistes  savent  que  cette 
plante,  originaire  du  nouveau  monde,  spon- 
tanée maintenant  sur  le  littoral  de  la  région 
méditerranéenne,  pousse  subitement,  à un 
âge  variable  pour  chaque  individu,  une 
hampe  florale  qui  s’élève  en  quelques  se- 
maines à la  hauteur  de  6 a 8 mètres  sous  le 
ciel  de  Montpellier.  Plusieurs  de  ces  ham- 
pes, mesurées  matin  et  soir,  croissaient 
toujours  davantage  le  jour  que  la  nuit  dans 
la  proportion  d’un  tiers  environ.  Dans  une 
plante  de  la  même  famille,  V Amaryllis  Bel- 
ladona,  l’accroissement  observé  par  M.  Er- 


FLORAISON  EN  PLEINE  TERRE,  A MONTPELLIER,  DU  DASYLIRION  GRACILE. 


iiest  Meyer  était  du  double  pendant  le  jour. 

Ces  faits,  sur  lesquels  M.  DucliaiTre  a 
appelé  l’attention  des  observateurs  dans  la 
séance  de  l’Académie  des  sciences  de  Paris 
du  9 avril  de  cette  année,  montrent  qu’un 
champ  nouveau  s’ouvre  devant  eux.  Pour 
bien  analyser  ces  phénomènes,  je  crois  qu’il 
faut  étudier  séparément  la  croissance  lente, 
régulière  et  normale  des  tiges  ou  des  bran- 
ches ou  des  pédoncules,  et  ensuite  celle  de 
ces  hampes  florales  qui,  s’élevant  tout  à coup 
rapidement  à une  grande  hauteur  relative- 
ment à celle  de  la  plante,  se  couvrent  de 
tleurs  et  de  fruits  et  entraînent  souvent 


après  elles  la  mort  du  sujet,  épuisé,  pour 
ainsi  dire,  par  cet  excès  de  végétation. Cette 
croissance  peut  être  représentée  par  des 
courbes,  dont  la  forme  se  ressemble,  quoi- 
que l’accroissement  soit  tantôt  plus  fort  pen- 
dant le  jour,  comme  c’est  la  règle  pour  les 
tiges  et  les  branches,  tantôt  plus  rapide 
pendant  la  nuit,  contrairement  à tout  ce  que 
nous  connaissons  de  l’influence  prépondé- 
rante de  la  chaleur  et  de  la  lumière  sur  le 
développement  normal  des  végétaux. 

Ch.  Martin  s, 

Professeur  à la  Faculté  de  médecine 
de  Montpellier. 


SUR  LES  REINES-MARGUERITES  JAPONAISES. 


Callisthephus  Sinensis,  Nees. 

Ces  variétés,  qui  appartiennent^  à la  sec- 
tion dite  Pyramidale,  sont  de  récente  in- 
troduction; elles  sont  remarquables  par  leurs 
grandes  fleurs  de  couleurs  variées.  Parmi 
les  huit  variétés  recommandées  et  que  je  cul- 
tive au  Muséum,  trois  seulement  méritent 
d’attirer  l’attention  par  le  coloris  et  la  forme 
bizarre  de  leurs  fleurs.  L’une  aies  fleurs  de 
couleur  chair  un  peu  gris  de  lin,  à ligules 
longuement  tubulés,  et  roulés  vers  le  centre, 
ce  qui  donne  à l’ensemble  la  forme  Pivoine. 
La  variété  violet  foncé  est  à fleurs  plates, 
ligulées  à l’extérieur,  tubulées  au  centre  qui 
est  jaune.  Les  autres  variétés  qui  sont  blan- 
ches, violettes,  roses,  rouges,  et  rouge 
foncé,  se  distinguent  des  précédentes  par 
la  forme  de  leurs  fleurs  qui  sont  aussi  très- 
grandes,  à larges  et  longs  ligules  demi-im- 
briqués et  à centre  jaune,  ce  qui  rappelle 
notre  Marguerite  primitive.  Toutes  ses  va- 
riétés, à fleurs  semi-doubles,  sont  loin  d’éga- 
ler celles  que  nous  cultivons,  telles  sont,  par 
exemple,  nos  races  Pivoines,  ImbriQuése, 
Pompons,  chez  lesquelles  on  trouve  les  cou- 
leurs les  plus  variées  jointes  à une  dupli- 
cature  extrême.  S’il  est  vrai  que  le  type 


primitif  de  nos  Reines-Marguerites  est  oii- 
ginaire  de  Chine,  il  est  plus  que  probable 
que  les  variétés  japonaises  dont  nous  parlons 
sont  également  d’origine  chinoise,  et  que 
c’est  de  ce  pays  quelles  ont  passé  dans  les 
cultures  japonaises. 

La  culture  des  Reines-Marguerites  japo- 
naises étant  la  même  que  celle  des  variétés 
qu’on  cultive  en  France,  et  qui  est  très-bien 
connue,  nous  n’en  parlerons  pas  seulement 
afin  de  faire  Toir  avec  quelle  rapidité  se 
modifient  parfois  certains  genres  de  plantes, 
nous  profiterons  de  cette  circonstance  pour 
rappeler  que  le  type  des  Reines-Marguerites, 
introduit  en  France  en  1731,  était  à fleuis 
simples  (tubulées),  et  que  les  plantes  ne  se 
tenaient  pas,  c’est-à-dire  que  leurs  tiges, 
très-grêles,  se  couchaient  sur  le  sol  a la 
moindre  pluie.  Quelle  différence,  en  effet, 
ne  remarque-t-on  pas  si  on  les  comp^are 
avec  toutes  les  races  de  grandeurs,  de  mî- 
mes, de  coloris  et  de  ports  si  variés  qu  on 
possède  aujourd’hui.  C’est  un  exemple 
frappant  de  la  puissance  de  l’homme  sur 
les  végétaux  que  nous  rappelons  à ceux  qui 
nient  cette  puissance. 

D.  Helyl. 


DES  ARROSEMENTS. 


A quelle  époque  doit-on  arroser  les  végé- 
taux? Cette  question,  au  premier  abord, 
paraît  tellement  simple,  qu’il  semble  super- 
flu de  la  poser.  Si  l’on  demandait  à un 
enfant  quand  il  convient  de  donner  à boire 
aux  plantes,  il  répondrait  assurément  : ((C’est 
lorsque  celles-ci  ont  soif,  » et  il  n’aurait  pas 
tort;  pourtant,  ce  ne  serait  pas  assez.  R reste- 
rait à savoir  à quel  moment  elles  ont  soif, 
quelle  est  la  quantité  d’eau  qu’on  doit  leur 
accorder,  etc.,  choses  très-variables  selon  la 
nature  des  plantes,  leur  état  de  santé,  leur 
vigueur,  les  conditions  dans  lesquelles  elles 
se  trouvent  placées,  etc.,  etc.  On  peut  donc 


dire,  sans  crainte  d’être  contredit,  que  l’ar- 
rosage est  une  des  opérations  de  jardinage 
des  plus  difficiles  et  naturellement  aussi 
des  plus  mal  faites. 

Les  plantes  ne  sont  pas  comme  les  ani- 
maux, elles  ne  peuvent  pas  demander  a 
boire  lorsqu’elles  en  ont  besoin,  et,  d une 
autre  part,  elles  ne  peuvent  pas  non  plus 
refuser  l’eau  qu’on  leur  donne  brsqu  elle 
leur  est  nuisible.  C’est  à celui  qui  est 
chargé  des  arrosements  de  bien  étudier  les 
plantes  auxquelles  il  a affaire  et  de  savon, 
suivant  leur  nature,  leur  degré  de  dévelop- 
pement et  le  milieu  dans  lequel  elles  se 


Di-S  AKKUSEMEiMS 


367 


trouvent,  effectuer  les  arrosements  que  leur 
état  réclame. 

Les  connaissances  nécessaires  à un  arro- 
seur s’acquièrent  par  l’observation  et  l’é- 
lude des  végétaux;  c’est,  pourrait-on  dire, 
une  affaire  de  tact;  aussi  les  principes  sur 
lesquels  elles  reposent  sont-ils  difficiles  à 
indiquer.  Nous  allons  pourtant  essayer  d’en 
démontrer  les  bases  principales  de  manière 
à guider  ceux  qui  ne  seraient  pas  bien  au 
courant  de  cette  sorte  d’opération? 

Nous  croyons  nécessaire  de  rappeler 
aussi  qu’une  plante  peut  manifester  des  si- 
gnes de  souffrance  sans  pour  cela  avoir 
soif;  cet  état  est  quelquefois  dû  aux  mau- 
vaises conditions  des  racines,  il  est  donc  bon 
de  s’assurer  de  temps  à autre  de  l’état  dans 
lequel  se  trouvent  celles-ci,  ainsi  que  de 
l’état  du  sol.  Si  les  plantes  sont  dans  des 
vases,  la  terre  pourra  être  humide  à la  sur  - 
face et  très-sèche  à l’intérieur,  de  sorte 
qu’une  plante  peut  avoir  soif  bien  que  le  ter- 
rain paraisse  très-humide.  Par  contre,  il  peut 
arriver  que  la  terre  soit  humide  à l’intérieur 
lorsque  l’extérieur  est  très-sec;  c’est  ce  qui 
arrive  lorsqu’il  fait  de  grands  hâles,  car 
alors  l’humidité  disparaît  promptement  à 
la  surface  des  caisses  ou  des  vases,  et,  dans 
ces  circonstances,  ce  qu’il  y a de  mieux  à 
faire,  c’est  de  bien  examiner  le  sol. 

SUR  LA  DÉGÉNÉRESCENCE 

Les  arbres  fruitiers  dégénèrent-ils?  Si 
cette  question  n’est  point  encore  résolue,  cela 
tient,  je  le^  crois  du  moins,  à la  manière 
dont  elle  a été  posée.  Celte  dégénérescence, 
si  elle  existe,  est  sans  doute  due  à des  cau- 
ses diverses.  Mais  pour  expliquer  ces  phéno- 
mènes , s’est-on  rendu  suffisamment  compte 
de  l’influence  qu’exerce  le  climat  et  le  sol? 
de  celles  des  températures  souvent  excessi- 
ves, des  sécheresses  ou  des  pluies  prolon- 
gées, des  vents  brûlants  du  Midi  oû  des 
mois  et  des  saisons  se  passent  sans  voir  un 
seul  jour  de  pluie,  oû  d’excessives  sécheres- 
ses, des  vents  secs  et  brûlants  viennent  sur- 
prendre et  arrêter  le  grossissement  des 
fruits  et  des  rameaux? 

Lorsqu’on  considère  ce  qui  se  passe  dans 
la  nature,  on  est  disposé  à ne  pas  croire  à 
la  dégénérescence  des  fruits,  en  effet. 

On  retrouve  dans  les  hautes  vallées  des 
Pyrénées  des  arbres  fruitiers  de  plein 
vent,  deux  fois  centenaires,  placés  dans  un 
sol  profond  argilo-calcaire  ou  siliceux,  cà 
l’abri  des  vents  du  sud-ouest  ou  du  nord, 
rafraîchis  par  les  pluies  et  d’abondantes 
rosées  et  vivifiés  par  les  chauds  rayons  du 
soleil  du  midi.  Eh  bien  ces  magnifiques 
restes  de  nos  grands  vergers,  dans  ces  con- 
ditions, ne  produisent  jamais  ces  fruits  piqués. 


D’une  manière  générale  nous  disons  on 
doit  ménager  l’eau  aux  plantes  malades, 
cà  celles  qui  poussent  peu,  et  n’arroser  que 
très- peu  celles  dont  la  végétation  est  ter- 
minée. 

Les  feuilles  étant  des  organes  d’évaporation 
par  excellence,  il  faut,  en  général,  encore 
arroser  d’autant  plus  copieusement  que  les 
plantes  en  sont  plus  chargées.  Aussi  les 
plantes  à feuilles  caduques  n’on  t-elles  besoin 

que  de  tres-peud  eau  pendant 7eur  saison  de 

repos,  lorsque,  comme  disent  les  jardiniers 
ôIIgs  sont  d6poVj%ll66Sm  Si  los  râcinGS  sont 
tenues  et  nombreuses,  on  doit  arroseraussi 
plus  souvent  que  lorsqu’elles  sont  grosses  et 
charnues. 

Lorsque  les  plantes  sont  malades,  elles 
consomment  moins,  il  ne  faut  donc  leur 
donner  que  peu  d’eau  afin  de  ne  pas  fati- 
guer leurs  organes  déjà  affaiblis  parla  mala- 
die. Il  faut  les  mettre  à la  diète. 

Lorsque  les  plantes  annuelles  ont  fleuri 
et  que  leurs  graines  sont  bien  formées,  on 
doit,  en  général,  cesser  de  les  arroser. 

^ Quand  il  fait  chaud  et  sec,  il  faut  de  temps 
a autre  donner  un  arrosage  de  fond  % de 
manière  que  la  terre  soit  bien  trempée,  en- 
suite il  suffit  pendant  quelques  jours  de  les 
bassiner. 

E.  A.  Carrière. 

DES  ESPÈCES  FRUITIÈRES. 

yerreux,  tachés  que  l’on  remarque  dans  les 
jardins  fruitiers  situés  dans  la  plaine.  Ils 
conservent  et  leur  grosseur  et  toutes  leurs 
qualités.  Le  sol  ne  s’en  trouve  pas  jonché, 
leurs  fruits  sont  tels  que  les  ont  décrits 
nos  plus  anciens  auteurs  : telles  sont  no- 
tamment quelques  espèces  très-anciennes, 
la  Poire  Royale  qui  se  conserve  jusqu’en 
février  et  mars  et  qui  est  un  des  plus  beaux 
ornements  de  nos  desserts,  la  Poire  St-Ger- 
mairij  la  Louise  Bonne,  VEchassery,  les 
Bezi,  \es  Doyennés  blanc  et  roux,  le  Beurré 
gris,  la  Poire  Pradière,  les  Bousselets,  le 
Martin  sec,  etc.  , très-anciennes  espèces  cul- 
tivées dans  les  pépinières  du  sud-ouest,  de 
l’Ariége  et  de  la  Haute-Garonne  en  parti- 
culier. Ces  espèces  si  bonnes,  si  anciennes 
conservent  leur  remarquable  grosseur  et 
toutes  les  qualités  qui  leur  assuraient  la 
première  place  dans  nos  jardins  fruitiers  et 
dans  les  grands  vergers  de  production  et  de 
vente.  Depuis  un  temps  immémorial  on  n’a 
cessé  de  cultiver  les  délicieuses  Prunes  de 
Reine-Claude  et  les  Prunes  d'Ente  (d’Agen) 
fournissent  encore  de  riches  sujets  qui  se 

^ Arroser  à fond  c’est  donner  aux  plantes  une 
quantité  d’eau  suffisante  pour  pénétrer  toute  la  terre 
dans  laquelle  se  trouvent  placées  les  racines. 


SUR  LA  DÉGÉ^'ÉRESCE^XE  DES  ESPÈCES  FRUITIÈRES 


reproduisent  presque  toujours  francs  de 
pied. 

Les  observations  que  j’ai  pu  faire  à 
ce  sujet  sont,  du  reste,  confirmées  par 
celles  si  savantes  et  si  positives  que  nous 


devons  à M.  le  professeur^  Decaisne,  qui, 
dans  son  ouvrage  descriptif  des  fruits  du 
Muséum,  a résolu  d’une  façon  si  lucide  et 
définitive  la  question  qui  fait  l’objet  de  mon 
imparfaite  notice.  Léo  D’Olnous. 


SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  CENTRALE  D'HORTICLLTDRE. 


Au  comité  de  Üoriculture,un  grand  nom-  | 
bre  de  Glaïeuls  ont  été  présentés  : 1°  Par 
M.  Eugène  Verdier,  horticulteur,  10,rueDu- 
nois  (Paris).  60  variétés,  toutes  plus  belles 
les  unes  que  les  autres,  indescriptibles 
comme  coloris;  le  comité  accorde  à ce  pré- 
sentateur une  prime  de  2®  classe.  2®  Par 
M.  Louis  Alliaume,  horticulteur,  10,  rue  de 
Fontenay  (Vincennes).  40  variétés,  qui, 
moins  belles  que  les  précédentes,  méritent 
de  la  part  du  comité  des  remerciements  à 
M.  Alliaume.  3«Par  M.  Chardine,  jardinier 
à PierreüUe  (Seine),  8 variétés  de  ses  semis  ; 
parmi  elles-,  deux  surtout  sont  considérées 
comme  très-remarquables  et  attirent  parti- 
culièrement Pattenlion  du  comité.  Celle 
présentée  sous  le  1,  est  baptisée  séance 
tenante  du  nom  de  Président  Brongniart', 
elle  a le  fond  rouge-saumoné,  lavé  de  cra- 
moisi; ces  deux  teintes  sont  mariées  très- 
avantageusement.  Ajoutons  que  les  Heurs 
sont  très-grandes  et  que  leur  tenue  est  irré- 
prochable. Le  2 a été  dédié  par  l’obten- 
teur à Chardine.  La  tenue  de  cette 
plante,  les  grandes  dimènsions  de  ses  fleurs 
ainsi  que  leur  beau  coloris  carné,  lui  don- 
nent un  rang  distingué  parmi  les  variétés  de 
ce  genre;  ces  deux  plantes  méritent  à l’ob- 
tenïeur  une  prime  de  2^^  classe.  Ce  culti- 
vateur présente  aussi  4 Dahlias  de  ses  semis 
1863,  et,  parmi  eux,  on  remarque  une  va- 
riété déposée  pour  la  seconde  lois  sous  le 
. nom  de  Beauté  de  Pierrefttte.  Le  comité  lui 
reconnaît  une  excellente  tenue,  une  tonne 
parfaite,  et  accorde  pour  cet  apport  une 
prime  de  2«  classe. 

Après  les  Glaïeuls  etlesDalilias,  arriyaient 
les  variétés  du  Zinnia  elegans,  qui  bientôt 
rivaliseront  de  grosseur  et  de  perfection  avec 
nos  Dahlias.  Plusieurs  collections  sont  pré- 
sentées; mais,  comme  nous  l’avons  déjà  dit, 
à cause  même  de  leur  nombreuse  variation, 
ces  plantes  deviennent  pour  ainsi  dire  im- 
possibles à juger.  M.  Alexandre  Regnier  fds, 
jardinier  au  château  des  Tourrelles,  a Eyry 
(Seine-et-Oise),  obtient  pour  sa  collection 
de  Zinnia  doubles  une  prime  de  3^  classe. 
Depuis  quelques  années  déjà,  un  fait  inté- 
ressant a été  remarqué  à l’égard  de  ces 
plantes,  c’est  que  les  variétés  doubles  ont 
beaucoup  plus  varié  de  coloration  que  les 
simples.  On  sait  que  les  premiers  Zinnia 
doubles  ont  été  trouvés  dans  le  jardin  de 
M.  G.  Grazan,  de  Dagnères-dc-Bigorre,  qui 


avait  reçu  ces  graines  des  Indes-Orien- 
tales. Le  même  horticulteur  présentait 
aussi  des  variétés  du  Ligeria  caulescens, 
erecta,  mais  peu  méritantes,.  M.  Margottin 
déposait  des  variétés  perfectionnées  de  Ro- 
ses trémières  obtenues  pas  lui  de  semis.  On 
sait  que  M.  Margottin  cherche  à rendre  à 
ces  plantes  Pimportance  qu’elles  avaient 
autrefois. 

On  recherche  surtout  aujourd’hui  les 
fleurs  très-pleines  plus  ou  moins  bombées. 
Celte  préférence,  ce  choix  est  une  question 
de  commerce  que  nous  respectons  beaucoup; 
mais  ces  Heurs  informes  sont-elles  réelle- 
ment bien  supérieures  à celles  que  nous 
possédons?  M.  Margottin  dit  que  les  variétés 
anglaises  sont  les  meilleures  pour  porte- 
graines,  et  ajoute  qu’il  faut  toujours  rejeter 
celles  qui  ne  sont  pas  parfaitement  doubles. 

Il  cite  les  noms  des  quelques  belles  variétés, 
telles  que  White  globe,  la  meilleure  de  tou- 
tes les  variétés,  puis  Black  Prince  et  Black 
King,  Ce  même  cultivateur  présente  un  pot 
de  son  invention  pour  conserver  les  hampes 
Heuries  de  Roses  trémières.  Ce  pot  n’oHVe 
rien  de  particulier  : c’est  un  pot  à Heurs,  cloi- 
sonné transversalement  vers  son  milieu  in- 
térieur et  portant  au  centre  un  tube  faisant 
corps  avec  la  cloison  pour  recevoir  la  hampe 
qui  doit  tremper  dans  l’eau  dont  le  fond  est 
rempli. 

• M.  Pépin  présente  cà  la  compagnie  des 
échantillons  Heuris  de  V Acacia  relinoides, 
dont  il  attribue  la  détermination  à M.  De- 
caisne. Cette  espèce  est  australienne  et  a 
été  décrite  par  F.  Müeller,  directeur  du 
Jardin  botanique  de  Melbourne.  Le  présen- 
tateur dit  que  cette  plante  est  précieuse, 
en  ce  qu’elle  Heurit  continuellement.  M.  Pé- 
pin aurait  dû  ajouter  qu’elle  Heurit  nijeux 
l’été  que  l’hiver,  ce  qui,  d’ailleurs,  a déjà  été 
constaté  dans  différents  recueils  de  culture. 
M.  Pépin  ajoute  que  celte  plante  est  confon- 
due dans  les  étahlissements  horticoles  avec 
VA.  longissima,  AVendl.  Cette  confusion  ne 
nous  paraît  guère  possible  pour  plusieurs 
raisons;  c’est,  d’abord,  l’aspect  très-différent 
de  ces  deux  espèces,  et  ensuite  les  époques 
de  Horaison  qui  ne  coïncident  par  entre 
elles.  Des  échantillons  non  Heuris  delA. 
longifolia,  Willd.,  sont  également  présentés 
à là  compagnie  par  M.  Pépin  qui  ajoute 
que  cette  espèce  ne  varie  jamais  dans 
1 les  cultures.  Cette  remarque  manque  de 


3o9 


SI*:ANCt:S  DE  LA  SOCIÉTÉ  CErsTRALE  DTIORTICCLTURE. 


j'uslcssc,  car  il  serait  diflicile  d’en  trou- 
ver doux  pieds  bien  identiquement  sem- 
blables. 

Un  dessin. représenlant  un  développe- 
ment anormal  du  Pandanvs  ntiliSy  Bory, 
est  })résenté  par  M.  Burrel,  l’ex-proprié- 
laire  du  seul  sujet  vivant  de  cette  plante. 
Il  réclame  contre  l’appellation  de  Flabelli- 
fonnls  que  lui  a donné  M.  Carrière  dans  un 
article  inséré  dans  la  Revue  horticole^  n»  du 
16  juillet  1866.  M.  Bivière,  dans  \q  Journal 
de  la  Société  impériale  dlioriiculture,  iP 
de  février  1866,  l’ayant  l)aptisé  du  nom  de 
disticJius.  Bappelonsque  cette  plante  remar- 
quable, vendue  à l’établissement  horticole 
de  MM.  Veitchet  fils,  a déjà  changé  denom 
cheznos  voisins  d’outre-Manclie,  qui  lui  ont 
donné  celui  de  Veitchü.  Bientôt  tout  ce  qui 
sortira  de  cette  forme  sera  Veitch Ifw;  c’est, 
du  reste,  tout  en  la  compliquant,  un  bon 
moyen  de  simplilier  la  nomenclature  bota- 
nique. 

M.  Duchartre  fait  part  à la  compagnie 
d’un  fait  de  dédoublement  qu’il  a observé 
sur  des  Heurs  de  Fuchsia.  Ce  qu’il  y avait 
de  remarquable,  ajoute  cet  observateur, 
c’est  que  toutes  les  pièces  de  la  Heur 
étaient  développées  très-normalement;  le 
^■alice,  la  corolle,  les  étamines  et  le  pistil 
étaient  parfaits,  seules  les  pièces  de  la  co- 
rolle étaient  plus  nombreuses  que  chez  les 
Heurs  normales.  Ce  fait  n’a  rien  qui  nous 
étonne;  il  s’est  déjà  produit  plusieurs  fois, 
et  nous  nous  souvenons  d’une  variation  du 
Lu/eria  Faragona  dont  la  corolle,  parfai- 
tement développée,  se  trouvait  accompagnée 
do  cinq  autres  divisions  également  très- 
développées  sans  qu’aucune  autre  pièce  de 
la  Heur  eût  subie  aucune  altération. 

Une  discussion  s engage  sur  les  causes 
de  la  duplicature  des  Heurs;  mais  les  opi- 
nions, comme  on  doit  s’y  attendre,  sont 
très-différentes;  cependant,  comme  toutes 
celles  qui  ont  été  émises  offrent  de  l’intérêt, 
nous  les  rappellerons  très-succinctement. 
Suivant  un  allemand,  dont  le  nom  nous 
échappe,  ce  phénomène  serait  dû  à la  sé- 
cheresse; il  prétend  qu’en  faisant  souffrir 
une  plante  par  le  manque  d’humidité,  on 
lui  donne  une  lendance  à produire  des 
graines,  dont  les  individus  qui  en  naîtront 
seront  doubles.  Ainsi,  à Erfurt,  les  quaran- 
taines cullivées  pour  la  graine,  qui  produi- 
sent ces  belles  variétés  doubles  que  nous 
connaissons,  sont  tenues  en  lieux  secs,  à 
1 abri  des  pluies  et  même  des  rosées  ; c’est, 
dit-il,  le  meilleur  moyen  d’obtenir  les  grai- 
nes de  quarantaine  double.  Pour  conserver 
les  simples,  on  doit  faire  le  contraire.  Ce 
même  observateur  prétend  avoir  obtenu 
d’un  Kerria  Japonica  à Heurs  simples,  traité 
par  la  sécheresse,  des  graines  qui  ont  donné 
naissance  à des-produits  doubles. 


M.  Margottin  est  d’un  avis  opposé.  Suivant 
lui,  pour  les  Bosiers,  c’est  tout  le  contraire 
qui  amène  la  production  de  Heurs  doubles; 
tenus  à la  sécheresse,  ces  arbustes  se  sim- 
plifient, et  en  les  poussant  à l’eau,  au  con- 
traire, ils  deviennent  très-doubles.  Mais  ici 
nous  ferons  remarquer  que  le  cas  est  diffé- 
rent, ce  n’est  plus  la  graine  qui  est  en  vue, 
mais  la  plante  elle-même;  néanmoins,  nous 
croyons  M.  Margottin  dans  le  vrai.  M.  Ver- 
dier père,  dont  la  modestie  et  la  science 
horticole  sont  parfaitement  connus,  appuie 
les  observations  de  M.  Margottin,  en  disant 
que  les  Boses  sont  toujours  plus  doubles  en 
année  humide  que  sèche.  M.  Burrel  fait  re- 
marquer que  beaucoup  de  nos  plantes  à 
Heurs  doubles  deviennent  simples  sous 
des  climats  plus  chauds,  et  que  le  contraire 
arrive  pour  les  plantes  à Heurs  simples 
que  nous  recevons  de  ces  pays,  et  qui  dou- 
blent chez  nous. 

M.  le  D^’  Pigeaux  fait  remarquer  que  la 
GiroHée  de  muraille  {Clieiranthus  cheiri), 
qui  vit  à la  sécheresse,  ne  double  jamais. 
M.  Forney  prétend  que  la  taille  courte  pra- 
tiquée sur  les  Bosiers  prédispose  ces  ar- 
bustes à la  duplicature.  La  cause  en  serait, 
suivant  lui,  due  à une  abondance  excessive 
de  nutrition;  cela  est  fort  probable. 

M.  Fabart,  dans  une  autre  genre  d’idée 
tendant  au  même  but,  prétend  que  les  éta- 
mines imparfaites  attachées  aux  pétales  des 
Heurs  doubles  produisent  une  fécondatio]] 
plus  avantageuse  à Fobtention  des  Heurs 
doubles  qu’en  prenant  les  étamines  parfai- 
tes. Nous  savons  déjà  que  le  choix  des  éta- 
mines, courtes  ou  longues,  lorsqu’il  eji 
existe  de  deux  sortes  dans  une  Heur,  influe 
beaucoup  sur  la  taille  des  individus  à venir. 

M.  Duchartre  donne  connaissance  à la 
compagnie  d’un  Lilium  auralum  dont  les 
Heurs  avaient  déjà  une  douzaine  de  j)étales. 
Nous  craignons  que  cette  amélioration  ne 
défigure  beaucoup  cette  jolie  Heur. 

Au  comité  d’arboriculture  ont  été  présen- 
tés : par  M.  Chevalier,  cultivateur  à Mon- 
treuil, une  corlieille  de  Pêches,  grosse  mi- 
gnonne hâtive  J l’un  de  ces  fruits  pèse 
:200  grammes  et  mesure  0’”.^5  de  diamètre. 
Une  prime  de  classe  lui  est  accordée; 
par  M.  Chevreau,  de  Montreuil,  des  fruits 
de  même  sorte  qui  lui  méritent  une  prime 
de  iU  classe. 

Des  Prunes  de  semis  sont  présentées  par 
M.  Hutin,  pépiniériste  à Laval;  leur  examen 
est  renvoyé  à la  commission  de  pomologie. 
Des  Poires  Fyson  et  lieurré  des  Nouchaises, 
variétés  nouvelles,  sont  aussi  présentées  par 
M.  le  président  de  la  Société  d’horticulture 
de  l’Ain.  Ces  fruits  sont  renvoyés  au  comité 
d’arlioricnltim'. 


L.  Allmanx, 


ALNUS  BARBATA. 


VAlnus  barbata,  connu  depuis  longtemps 
déjà,  est  encore  très-peu  répandu,  et  l’on 
pourrait  assez  facilement  compter  les  indi- 
vidus qui  existent  en  France.  Voici  les  ca- 
ractères qu’il  présente  : Branches  très-rap- 
prochées,  étalées  ; bourgeons  anguleux,  à 
écorce  gris  - verdâtre , légèrement  verru- 
queuse,  feuilles  subcordiformes,  minces, 
atténuées  à la  base,  brusquement  arrondies 
au  sommet  qui  se  termine  en  une  sorte 
d’apicule  court,  vert  foncé  à la  face  supé- 
rieure ; glaucescentes  incanes  et  légèrement 
tomenteuses  à la  face  inférieure,  atteignant 
jusqu’à  18  centimètres  de  long  (y  compris 
le  pétiole)  sur  9 à 10  centimètres  de  large, 
courtement  et  inégalement  dentées-serrées, 
à dents  penchées,  parfois  aiguës. 

D’où  vient  cette  plante  qu’on  ne  trouve 
décrite  nulle  part?  Est-ce  une  espèce  ou 
est-ce  seulement  une  forme  de  V Alnus  sub- 
œrdata,  G.  A.  M.,  qui  est  originaire  du  Cau- 
case, ainsi  que  tout  semblerait  le  faire  croire? 
Bien  que  sous  ce  rapport  nous  ne  puissions 
rien  assurer,  nous  n’en  regardons  pas  moins 
cette  hypothèse  comme  très-probable.  Ce 
que  nous  pouvons  assurer,  c’est  que  c’est  un 
bel  et  bon  arbre  qui  est  non-seulement  très- 
ornemental,  mais  qui  peut,  même  avec 


avantage,  être  employé  au  point  de  vue  dè 
la  production  du  bois.  Il  est  d’autant  plus 
propre  à cet  usage  que  l’arbre  est  très-vi- 
goureux et  qu’il  vient  à peu  près  dans  tous 
les  sols.  Aussi,  en  recommandant  VAlnus 
barbata,  croyons-nous  rendre  un  véritable 
service.  Nous  ne  craignons  pas  les  repro- 
ches ; nous  ne  regrettons  qu’une  chose,  c’est 
de  ne  pouvoir  indiquer  d’endroit  où  l’on 
puisse  s’en  procurer  facilement. 

Le  Muséum,  malheureusement,  n’en  est 
pas  non  plus  très-fourni,  il  ne  peut  en  don- 
ner que  des  rameaux,  à l’aide  desquels  on 
pourra  faire  soit  des  greffes,  soit  des  boutu- 
res ; mais  celles-ci  encore  ne  reprennent  pas 
toujours  très-bien.  Le  moyen  de  multipli- 
cation qui,  jusqu’à  ce  jour,  nous  paraît  être 
le  meilleur,  c’est  le  couchage,  procédé  un 
peu  long,  c’est  vrai,  mais  qui  donne  de  bons 
résultats.  Plus  tard,  peut-être,  pourra-t-qn 
le  multiplier  par  graines.  Dans  un  prochain 
article,  nous  parlerons  de  deux  autres  sortes 
d’ Aulnes  tout  aussi  belles  et  aussi  intéres- 
santes que  celle  qui  fait  l’objet  de  cette 
note  : l’une  est  VAlnus  subcordata,  G.  A. 
M.;  l’autre  VAlnus  Vihnoreana,  qui  n’est 
qu’une  forme  très-voisine  de  VAlnus  bar- 
bata. E.  Lebas. 


EMPLOI  DE  LA  LIE  DE  VIN  EN  HORTICULTURE. 


Un  de  mes  amis  possède  un  jardin  dans 
un  terrain  sec,  silico-graveleux,  dans  lequel 
il  me  montra,  il  y a quelques  années,  plu- 
sieurs Magnolia  grandiflora  qui  végétaient 
avec  une  lenteur  désespérante.  Le  hasard 
voulut  qu’un  jour  il  eût  à nettoyer  quel- 
ques futailles  ayant  contenu  un  vin  gros- 
sier, qui  formait  un  dépôt  assez  abondant. 
Il  recueillit  cette  lie,  ainsi  que  les  eaux  pro- 
venant du  lavage  des  barriques,  et  plutôt 
que  de  les  perdre,  il  eut  l’idée  d’aller  les 
répandre  au  pied  d’un  des  Magnolia  en 
question. 

Quel  ne  fut  pas  son  étonnement,  lorsqu’il 
vit  l’année  suivante  ce  Magnolia  reverdir  et 
pousser  d’une  façon  exceptionnelle,  tandis 
que  les  autres  continuaient  à bouder  et  à 
garder  un  feuillage  d’un  vert-jaunâtre,  qui 
indiquait  que  le  terrain  ne  leur  convenait 
aucunement.  lien  rechercha  la  cause,  et 
se  souvint  alors  de  ce  qu’il  avait  fait  l’année 
précédente.  Voulant  s’assurer  si  le  résultat 
qu’il  remarquait  était  réellement  dû  à l’em- 
ploi de  la  lie  de  vin,  il  s’en  procura  de 
nouveau,  et  en  répandit  au  printemps  en- 
viron deux  ou  trois  arrosoirs  au  pied  de  deux 
autres  Magnolia  qui  restaient  souffreteux. 
L’effet  ne  se  lit  pas  longtemps  attendre  : les 


feuilles  de  ces  arbres  prirent  dès  la  même 
année  une  belle  teinte  verte,  et,  l’année  sui- 
vante, ils  se  mirent  à végéter  avec  vigueur, 
tandis  que  ceux  qui  n’avaient  pas  reçu  de  lie 
de  vin  continuaient  à rester  stationnaires.  Il 
n’y  avait  donc  plus  à en  douter,  c’était  à la 
lie  de  vin  qu’il  fallait  attribuer  ce  succès.  Il 
va  sans  dire  que  les  autres  Magnolia  reçu- 
rent à leur  tour  une  forte  dose  de  cet  engrais , 
qu’une  nouvelle  ration  en  fut  donnée  aux  pre- 
miers, et  aujourd’hui,  grâce  à cette  médica- 
tion,tous  ces]Magnolia  se  portent  à merveille. 
Je  les  ai  vus  cette  année,  et  leur  propriétaire 
était  fier,  en  me  montrant  sa  petite  forêt 
de  Magnolia  (dont  \\  avait  désespéré  un  ins- 
tant) de  me  raconter  l’heureuse  découverte 
qu’il  doit  au  hasard.  Je  le  répète,  il  s’agit 
d’un  terrain  sec  et  silico-graveleux.  Depuis 
lors,  il  a appliqué  sa  recette  à des  Orangers, 
à des  Pittosporum  et  à des  Lauriers-Roses 
élevés  en  caisses,  et,  dans  toutes  ces  circons- 
tances, il  a toujours  obtenu  d’excellents  ré- 
sultats. 

Clemenceau. 


L’un  des  Propriétaires:  Maurice  bixio. 


Monlereau.  — lmp.  de  L.  ZAKOTt. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  SEPTEMBRE). 

Prétendu  commerce  des  crapauds  à Paris  et  à Londres.  — Examen  des  légumes  à la  loupe.  — Les  poules 
bottées.  — Fructification  au  muséum  du  Chionante  de  Virginie.  — L’ Aster  versicolor  est  il  une  espèce'' 
Le  Dioscorea  Decaisneana  et  le  D.  Batatas.  — Modifications  que  subissent  les  types  des  vé^-étaux  — 
Phénomène  de  végétation  observé  sur  un  pied  de  vigne  de  la  variété  Fmnkentdl.  — Fructification  à 
Agen  de  VEriobotnja  japonica.  — Lettre  de  RI.  Dayres  aîné.  — Communication  de  M Durupt  relative 
aux  Concours  des  ouvriers  jardiniers  dans  la  Côte-d’Or.  — Qu’est-ce  queVIIehedinium  macropli,illum''>  — 
Les  plantes  mises  au  commerce  sous  le  nom  de  Achyrrantes  aureo- reticulata.  — Fixation  dès  variétés 
dans  les  yégétaux.  — Le  Frêne  commun.  — Fait  exceptionnel  de  végétation  présenté  par  le  Marronnie-' 
— Catalogue  de  nouveaux  Glaïeuls  et  des  plantes  bulbeuses.  — La  taille  en  trois  temps  — Fructification 
au  Muséum  du  Robinia  pseudo-acacia  monophylla. 


Les  ateliers  de  notre  imprimerie  ayant  été  envahis  par  les  eaux  de  la  Seine 
cette  livraison  est  forcément  en  retard  de  quatre  jours. 


Tout  le  monde  a pu  lire  dernièrement, 
dans  presque  tous  les  journaux  politiques, 
un  petit  article  que  nous  croyons  devoir 
rapporter  ; le  voici  : 

a II  se  fait  à Paris  un  commerce  considéra- 
ble de  crapauds. 

« Les  crapauds  sont  devenus  depuis  quelques 
années  les  auxiliaires  indispensables  de  nos 
maraîchers.  Ces  animaux  font  une  guerre 
acharnée  aux  limaces  et  aux  limaçons,  qui,  en 
une  seule  nuit,  peuvent  ôter  toute  valeur  com- 
merciale aux  laitues,  aux  carottes,  aux  asperges 
et  même  aux  fruits  de  primeur.  En  recourant  à 
ce  singulier  moyen,  les  maraîchiers  français 
suivent  l’exemple  des  horticulteurs  anglais. 

<c  Une  grande  partie  des  légumes  dont  s’ap- 
provisionne Londres  se  cultivent  dans  les  po- 
tagers qui  environnent  cette  ville  immense,  sur 
une  superficie  de  4,800  hectares,  et  emploient 
35,000  personnes. 

Non-seulement  on  n’y  laisse  point  une 
mauvaise  herbe,  mais  encore  on  examine  à 'la 
loupe  tous  les  légumes  pour  en  enlever  la  nielle 
et  les  fongosités.  Outre  les  crapauds,  qu’on 
achète  à raison  de  6 sh.  la  douzaine,  on  a re- 
cours, pour  détruire  les  cloportes,  à des  poules 
chaussées  d’espèce  de  bas,  qui  les  empêchent 
de  gratter  la  terre  et  les  oblige  à ne  picoter 
que  du  bec. 

« Le  cours  des  crapauds  est  moins  élevé  à 
Paris  qu’à  Londres  : dans  cette  première 
ville  on  ne  les  vend  encore  que  2 fr.  50  c.  la 
douzaine,  et  ce  qu’il  y a déplus  curieux,  c’est 
qu’on  en  expédie  beaucoup  en  Angleterre.  » 

11  est  possible  que  le  crapaud  soit  très- 
friand  de  certains  insectes,  mais  on  n’en  fait 
pas,  à Paris,  un  commerce  considérable, 
tant  s’en  faut.  Les  assertions  de  la  note 
ci-dessus,  sont  complètement  erronées  en 
ce  qui  concerne  le  commerce  des  cra- 
pauds à Paris  et  à Londres.  Pour  nous 
en  assurer,  nous  avons  écrit  à plusieurs 
des  principaux  horticulteurs  d’Angleterre 
avec  lesquels  nous  avons  l’honneur  d’être 
en  rapport.  Tous  nous  ont  répondu  que 
ce  prétendu  commerce  de  crapauds  est 
tout  à fait  imaginaire.  L’un  d’eux  nous  a 
même  écrit  : « Il  est  assurément  très-fà- 
cheux  que  les  journaux  politiques  aient 
imprimé  d’aussi  grosses  bourdes,  m.ais  ce 
qui  est  surtout  regrettable,  c’est  que  des 
recueils  horticoles  l’aient  écrit  avant  eux.  » 

Quant  au  prétendu  examen  ((  à la  loupe  » 
que  l’on  fait  subir  aux  légumes,  en  Angle- 

OcTûcr.E  !SG6. 


terre,  pour  en  enlever  les  fongosités,  il  est 
au  moins  ridicule.  Nulle  part,  peut-être 
plus  qu’à  Paris,  on  n’a  soin  de  nettoyer,  et 
même  de  parer  les  légumes,  et  cependant  on 
est  loin  de  faire  un  travail  aussi  minutieux 
que  le  dit  l’auteur  de  l’article  aux  crapauds. 

Le  fait  de  chausser  les  poules  pour 
qu’elles  ne  puissent  gratter  la  terre  et 
quelles  en  soient  réduites  « à picoter  du 
bec,  » est  une  autre  erreur  tout  aussi  grosse 
que  la  précédente.  Ce  serait  au  moins  ab- 
surde, SI  ce  n’était  grotesque  ; il  faut  être 
tout  à fait  étranger  aux  moindres  no- 
tions du  jardinage  pour  écrire  de  sem- 
blables choses.  Qui  ne  sait,  en  effet,  que  la 
plupart  de  nos  légumes,  laitue,  romaine, 
chicorée,  oseille,  etc.,  n’ont  pas  de  plus 
grand  ennemi  que  les  poules?  Voilà  néan- 
moins comme  on  écrit  l’histoire. 

— Un  fait  assez  rare  et  qui  nous  paraît 
digne  d’être  signalé,  c’est  la  fructification, 
au  Muséum,  en  pleine  terre  bien  entendu, 
du  Chionante  de  Virginie  {Chionantus  Vir- 
ginica),  vulgairement  Arbre  de  neige.  C’est, 
en  effet,  la  première  fois  que  nous  le  voyons 
fructifier  en  France. 

— L’Aster  versicolor  est-il  une  espèce  ? 
Si  l’on  admet  que,  pour  mériter  ce  nom,  une 
plante  doit  se  reproduire  identiquement,  on 
est  conduit  à effacer  V Aster  versicolor  ’ du 
cadre  spécifique.  En  effet,  dans  un  semis 
que  nous  avons  fait  de  ses  graines  récoltées 
par  npus,  cette  plante  ne  s’y  est  reproduite 
qu’en  petite  minorité  et  encore  pas  identique 
au  type  sur  lequel  nous  avions  récolté  les 
pvaines.  Dans  les  individus  qui  en  sont  sortis, 
il  y en  avait  non-seulement  dont  les  couleurs 
étaient  différentes,  mais  dont  l’inflorescence 
était  aussi  dissemblable.  Celle-ci  était  pres- 
que oiTibelliforme.  Il  y en  avait  aussi  un 
pied  très-nain,  dont  la  floraison  n’a  eu  lieu 
qu’un  mois  environ  après  les  autres.  Nous 
la  décrirons  plus  tard. 

— Le  Dioscorea  Decaisneana  est-il,  ainsi 
que  nous  l’avons  dit,  une  forme  du  Dios- 
corea batatas,  ou  bien  est-il  ce  qu’on  a l’ha- 
bitude d’appeler  une  espèce?  Sans  nous 
arrêter  à cette  interminable  question,  nous 
dirons  seulement  que,  jusqu’à  présent,  tous 
les  individus  qui  ont  fleuri  sont  femelles.  Le 

10, 


362 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  SEPTEMBRE). 


contraire  a lieu,  on  le  sait,  pour  le  Dios- 
corea  hatatas  qui,  presque  toujours,  est 
mâle.  En  cultivant  ces  deux  plantes  l’une 
auprès  de  l’autre,  on  pourra  donc  obtenir  des 
graines  à volonté,  ce  qui  permettra  de  faire 
des  semis  et  probablement  d’obtenirdes  va- 
riétés. 

— Un  fait  sur  lequel  il  est  bon  de  rappe- 
ler souvent  l’attention,  c’est  la  modification 
constante  et,  comme  conséquence,  les  chan- 
gements successifs  que  présentent  certains 
types  (peut-être  tous  ?).  (J’est  ce  qui  explique 
comment,  au  bout  d’un  temps  plus  ou  moins 
long,  on  se  trouve  possesseur  de  variétés 
dont  on  ignore  l’origine.  Un  phénomène  de 
végétation  qui  ressort  de  ceci  et  dont  nous 
allons  parler,  s’est  produit  sur  un  pied  de 
Vigne  de  lavariétéFrankental.Ge  pied,  ayant 
été  rabattu,  avait  produit  trois  sarments 
dont  l’un  fut  couché  ; celui-ci  donna  depuis 
des  grappes  plus  petites  et  plus  compactes, 
à grains  beaucoup  plus  petits,  mûrissant 
quinze  jours  au  moins  plus  tôt.  Ce  fait,  qui 
est  très-constant,  se  reproduit  chaque  an- 
née. C’est  une  sorte  de  Pinot,  un  vrai  Raisin 
à vin.  Voilà  donc  une  variété  très-distincte 
qui  s’est  produite  seule,  et  qu’on  peut  per- 
pétuer de  boutures. 

Mais,  si  les  modifications  incessantes  qui 
se  passent  dans  chaque  individu  peuvent 
produire  des  changements  avantageux  et 
donner  des  formes  qui  présentent  de  l’inté- 
rêt pour  nous,  elles  peuvent  aussi  se  passer 
différemment  et  produire  des  formes  désa- 
vantageuses, ce  que  nous  nommons  dégéné- 
rescence. Le  fait  n’est  pas  douteux.  En  voici 
un  exemple  fourni  par  le  même  pied  de 
Vigne  : 

Des  deux  autres  sarments,  l’un  donne 
chaque  année  de  beaux  Raisins  à grains  gros, 
un  peu  inégaux,  mais  en  général  de  belle 
qualité  ; l’autre  sarment,  au  contraire,  donne 
beaucoup  de  Raisin,  mais  celui-ci  n’arrive 
jamais  à maturité;  il  se  fane,  puis  tombe,  et 
quelques  grappes  seulement  résistent,  mais 
n’acquièrent  pas  de  qualité,  et  les  grains 
mûrissent  très-inégalement.  Presque  toutes 
les  feuilles  jaunissent  et  tombent  en  partie, 
même  avant  la  maturité  du  Raisin. 

Ces  faits  prouvent  que,  lorsqu’on  prend 
des  boutures,  on  ne  saurait  y regarder  de 
trop  près,  et  qu’on  doit  toujours  choisir  des 
parties  saines,  dont  les  produits,  autant  que 
possible,  ne  laissent  rien  à désirer,  Rs  peu- 
vent donc  jusqu’à  un  certain  point  expliquer 
la  présence  dans  les  Vignes,  d’une  partie  des 
variétés  qu’on  y rencontre. 

— Nos  lecteurs  se  rappellent  sans  doute 
l’article  que  notre  collaborateur,  M.  Baptiste 
Desportes,  a publié  sur  la  fructification  en 
pleine  terre,  à Angers,  de  VEriobotnjaJapo- 
nica.  Un  de  nos  abonnés,  M.  Dayres  aîné, 
nous  apprend  que  ce  même  fait  s’est  produit 


dans  son  jardin,  à Agen,  sur  un  sujet  âgé 
d’environ  20  ans,  et  que  les  fruits  arrivés 
à maturité  étaient  très-bons.  Ceci  n’a  rien 
qui  puisse  étonner,  x\gen  étant  beaucoup 
plus  au  midi  qu’ Angers,  qui  nous  paraît  être 
la  dernière  limite  septentrionale  oû  VErio- 
botrya  puisse  vivre  en  plein  air. 

■ — La  communication  que  nous  avons 
faite,  dans  notre  dernière  chronique,  au  sujet 
des  examens  institués  par  M.  Barillet,  dans 
le  but  de  constater  les  capacités  des  ouvriers 
jardiniers,  et  de  leur  donner  de  l’émula- 
tion en  récompensant  leur  mérite,  nous  a 
valu  de  notre  collaborateur,  M.  Durupt,  la 
lettre  suivante  que  nous  nous  empressons 
de  publier  : 

Dijon,  le  15  septembre  1866. 
Monsieur  le  rédacteur, 

J ai  remarqué  dans  le  numéro  de  la  Revue 
horticole  du  16  juillet  1866,  quelques  lignes  au 
sujet  du  concours  qui  devait  avoir  lieu  pour  les 
garçons  jardiniers  du  département  de  la  Côte- 
d’Or  ; je  vous  en  remercie  au  nom  de  la  Com- 
mission, et  vous  prie  d’insérer  dans  votre 
journal  les  quelques  lignes  ci-dessous,  extraites 
du  bulletin  de  la  Société  d’horticulture  et  d’ar- 
boriculture de  la  Côte-d’Or: 

« Le  conseil  arrête,  ainsi  qu’il  suit,lc«  condi- 
tions des  concours  entre  les  garçons  jardiniers. 

« Les  épreuves  consisteront  en  un  examen 
oral  pour  la  culture  maraîchère,  et  en  un  exa- 
men pratique  pourlafloriculture,  l’arboriculture 
et  la  culture  maraîchère. 

((  Les  candidats  devront  habiter  dans  le  dé- 
partement de  la  Côte-d’Or,  et  produire,  au  mo- 
ment de  leur  demande  d’inscription,  un  certifi- 
cat de  bonne  conduite  et  de  travail  délivré  par 
leur  patron  et  légalisé  par  le  maire  de  la  com- 
mune. Les  inscriptions  auront  lieu  au  secréta- 
riat de  la  Société,  chez  M.  Antoine  Petit,  doc- 
teur en  médecine,  rue  du  Chaignot,  n«  2,  à 
Dijon. 

« Les  récompenses  consisteront  en  un  di- 
plôme aux  armes  de  la  Société,  soit  une  prime 
ou  médaille,  soit  en  bons  livres  d’horticulture 
et,  en  outre,  dans  le  droit  des  lauréats  d’assis- 
ter aux  séances  de  la  Société. 

Programme  des  questions. 

Pour  le  concours  de  culture  maraîchère  qui 
aura  lieu  du  1er  au  15  novembre. 

1 . Quels  sont  les  termes  jardiniques  employés 
en  culture  maraîchère? 

2.  Quel  est  le  meilleur  emplacementd’un  jardin 
maraîcher? 

3.  Quelle  est  l’influence  des  différents  terrains? 

4.  Quels  sont  les  différents  engrais  et  comment 
les  emploie-t-on  en  culture  maraîchère? 

5.  Qn’entend-t-on  par  amendement?  Expliquez 
les  différentes  manières  d’amender  un  ter- 
rain? 

6.  Qu’entend-t-on  par  défoncement  et  quels 
sont  ses  avantages? 

7.  Combien  y a-t-il  de  manières  de  semer  et  de 
planter? 

8.  Qu’entend-t-on  par  entre  et  contre-planter 

et  par  entre  et  contre-semerl 

1).  Quels  sont  les  soins  à donner  aux  plantespo- 
ta gères  eu  général? 


363 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  SEPTEMBRE). 


10.  En  combien  (le  sections  divise-t-on  les  plan- 
tes potagères? 

11.  Nommez-en  quelques-unes  de  chaque  sec- 
tions? 

12.  Comment  conserve-t-on  les  légumes  en  hi- 
ver, indiquez  les  meilleurs  procédés  à em- 
ployer ? 

13.  Ou’entend-t-on  par  alternance  des  cul- 
tures? 

14.  Quelle  plante  faut-il  choisir  pour  porte- 
graines  et  comment  faut-il  les  traiter? 

15.  Dites  ce  que  vous  savez  de  la  récolte,  conser- 
vation et  faculté  germinative  des  graines? 

16.  Qu’entend-t-on  par  culture  sur  ados  et  quels 

sont  ses  avantages? 

17.  Quels  sont  les  diilérents  composts  et  com- 
ment les  prépare-t-on? 

18.  Comment  s’y  prend-t-on  pour  confectionner 
les  couches  ; quels  sont  les  matières  qui  y 
sont  utilisées? 

19.  Comment  conduit-on  les  couches? 

20.  Qu’entend-t-on  par  réchauds? 

21.  Quels  sont  les  légumes  de  nature  à être 
forcés? 

Agréez,  etc. 

Un  des  membres  de  la  Commission, 
N,  Durupt. 

— Qu’est-ce  que  VHebeclinmmmacrophyl- 
lum?  Une  simple  variété  qui  ne  se  repro- 
duit même  pas  de  graines.  Ainsi,  dans  un 
semis  fait  par  M.  Chaté , horticulteur , 
comprenant  plusieurs  centaines  d’individus, 
il  ne  se  trouvait  pas  un  seul  Hebeclinium 
mocrophyllum,  mais  des  Hebeclinium  œtro- 
rubens  Hort.  donc  F Hebeclinium  macro- 
phyllum  nous  paraît  être  une  variété  acci- 
dentelle. 

— Sous  le  nom  de  Achyrranthes  aureo-re- 
ticulata,  on  vend  dans  le  commerce  une 
plante  décolorée,  un  accident  à feuilles 
vertes  et  à nervures  jaunâtres  de  VAchyr- 
ranthes  Verschaffeltii.  Le  Coleus  marmo- 
rata  n’est  non  plus  qu’un  accident,  une  dé- 
coloration du  Coleus  Verschaffeltii,  et  qui 
est  bien  loin  de  valoir  celui-ci;  nous  croyons 
devoir  en  avertir  les  amateurs,  afin  de  leur 
éviter  des  mécomptes  et  d’épargner  aussi 
des  réclamations  aux  horticulteurs. 

— Pendant  longtemps  on  a cru  que  les 
variétés  n’étaient  jamais  que  le  résultat  des 
cultures;  il  n’en  est  plus  de  même  aujour- 
d’hui. Mais,  comme  sur  ce  point  il  est  bon 
de  multiplier  les  preuves,  nous  croyons  de- 
voir faire  connaître  la  suivante  qui  se  rap- 
porte au  Frêne  commun.  Cette  espèce,  on 
le  sait,  donne  fréquemment  dans  les  semis 
qu’on  fait  de  ses  graines,  une  variété  à une 
feuille,  le  Fraxinus  excelsior  monophylla 
(on  sait  que  les  Frênes  ont  les  feuilles  com- 
posées). Et  bien,  ce  même  fait  se  reproduit 
chez  le  Frêne  à l’état  sauvage;  plusieurs  fois 
nous  l’avons  constaté,  notamment  au  Bois 
de  Fontaine  et  au  Bois-Robert,  près  Ver- 
nelle,  commune  de  May  (Seine-et-Marne), 
où  il  s’était  produit  spontanément  de  grai- 


nes tombées  de  Frênes  communs.  Or  , 
comme  il  est  bien  constaté  qu’il  se  formi' 
des  variétés  à l’étal  sauvage;  comme  il  est 
également  reconnu  que  ces  variétés  peuvent 
se  fixer  et  constituer  des  îxices  et  qu’il  est 
aussi  hors  de  doute  (du  moins  pour  nous) 
que  ce  qu’on  nomme  espèce  n’est  qu’une 
race  devenue  permanente,  il  s’ensuit  qu’il 
se  forme  tous  les  jours  de  nouvelles  es- 
pèces. 

— • Puisque  nous  en  sommes  sur  les  faits 
particuliers  ou  exceptionnels  de  végéta- 
tion, nous  croyons  devoir  en  signaler  un 
autre  qui  pourra  présenter  un  certain  in- 
térêt, et  en  même  temps  jeter  quelque 
lumière  sur  un  des  points  de  la  physiolo- 
gie végétale.  Nous  croyons  d’autant  mieux 
devoir  faire  connaître  les  exceptions  que  si, 
comme  on  le  dit, elles  confirment  les  règles, 
elles  tendent  en  même  temps  à les  détruire 
en  leur  enlevant  leur  caractère  absolu.  Le 
fait  dont  nous  allons  parler  porte  sur  les 
fruits  du  Marronnier  commun.  On  sait  que 
l’enveloppe  externe  de  ceux-ci  est  hérissée 
de  pointes  très-raides;  eh  bien,  tout  récem- 
ment, sur  un  Marronnier  qui  faisait  partie 
d’une  avenue,  nous  avons  remarqué  des 
fruits  tout  à fait  lisses  et  unis,  soit  isolé- 
ment, soit  à côté  d’autres  très-épineux. 
Gomme  l’on  sait  que  tous  les  caractères 
d’une  plante  tendent  à se  reproduire,  si 
l’on  reproduisait  et  qu’on  fixât  par  la  greffe 
le  fait  dont  nous  venons  de  parler,  quels 
seraient  alors  les  caractères  distinctifs  entre 
les  Paria  et  les  Marronniers?  Il  n’y  en  au- 
rait guère  d’autres  que  la  forme  des  fleurs. 

— Nous  avons  reçu  le  catalogue  des 
nouveaux  Glaïeuls  mis  au  commerce  pour 
la  première  fois  par  M.  E.  Verdier,  horti- 
culteur, 3 rueDunois,  â Paris  (Gare-d’Ivry). 
Ce  sont  : 

Ad.  Brongniart , fleur  extra  grande,  forme  et 
tenue  parfaites;  fond  rose  très-légèrement 
teinté  orange,  flammé  rouge,  très-grande 
macule  blanche.  Plante  très-remarquable  par 
son  coloris  frais  et  séduisant,  l’ampleur  et 
la  perfection  de  ses  fleurs,  extra. 

Anais,  fleur  moyenne,  forme  parfaite,  blanc 
très-légèrement  teinté  lilas,  très-grande  ma- 
cule blanc  soufré,  très-largement  bordée 
carmin  lilacé.  Plante  très-remarquable  (va- 
riété naine). 

Apollon,  fleur  grande,  forme  et  tenue  parfaites, 
rose  lilacé,  large  macule  carmin  vif  très- 
foncé,  ligné  blanc  au  centre. 

Bernard  Palissy,  fleur  grande,  bonne  forme, 
rouge  cerise  vif,  flammé  et  strié  rose  carminé 
sur  large  fond  blanc  pur. 

Th.  Paxton,  fleur  grande,  forme  et  tenue  par- 
faites, rouge  légèrement  teinté  orange  clair, 
finement  strié  rouge  carminé  sur  fond  blanc  ; 
coloris  très-brillant. 

Félicien  David,  fleur  grande,  forme  et  tenue 
parfaites,  rose  cerise  strié  carmin  clair  sur 
large  fond  blanc  ayant  un  très-bel  épi. 


3G4 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  SEPTEMBRE). 


Lady  Franklin,  fleur  très-grande,  forme  et  te- 
nue parfaites;  blanc  légèrement  teinté  de 
rose,  finement  strié  carmin  et  très-largement 
flammé  rose  carminé  (variété  naine). 

Noëmie,  fleur  grande,  rose-lilacé  clair,  épi  très- 
ample. 

Princesse  Marie  de  Cambridge,  fleur  très- 
grande,  très-ouverte,  forme  et  tenue  irrépro- 
chables, blanc  mat,  très-large  macule  carmin 
clair,  extra. 

Révérend  Berkeley,  fleurs  grandes,  forme  et 
tenue  parfaites,  disposées  en  épis  serrés, 
rose  vif  teinté  de  violet,  strié  carmin  sur  fond 
blanc. 

Sir  William  Hooker,  fleur  grande  très-ouverte, 
forme  et  tenue  parfaites,  cerise  clair,  maculé 
rose  carminé  sur  large  fond  blanc  pur,  d’un 
grand  effet. 

Th.  Moore,  fleur  grande,  forme  et  tenue  par- 
faites, très-beau  rose  carminé  à fond  blanc, 
maculé  et  flammé  carmin  vif. 

Indépendamment  de  ces  variétés,  le  ca- 
talogue général  en  indique  plus  de  200  au- 
tres, qui,  bien  qu’un  peu  plus  anciennes, 
n’en  sont  pas  moins,  pour  la  plupart,  très- 
belles. 

Nous  avons  également  reçu  le  catalogue 
de  plantes  bulbeuses  (Jacinthes,  Amaryllis, 
Irica,  Renoncules,  Tulipes,  Glaïeuls,  Spa~ 
raxis,  etc.,  etc.)  de  M.  Van  Houtte,  horti- 
culteur à Gand.  Indépendamment  de  ces 
plantes,  on  y trouve  indiquées  quelques 
nouveautés,  telles  que  Dodecathéon Jeffrey i, 
Fonkia  Fortunei,  les  Disacornnta,  Grandi- 
flora,  Longicornis,  etc.,  etc. 

— La  taille  dite  en  trois  temps,  selon  une  ex- 
pression très-significative,  et,  disons-le,  assez 
juste,  est  due,  nous  le  pensons  du  moins,  à 
un  pépiniériste  dont  le  nom  est  bien  connu, 
à M.  Armand  Gonthier,  de  Foiïlenay-aux-Ro- 
ses.  Ce  n’est  pas  une  taille,  à vrai  dire,  c’est 
un  véritable  élagage  pratiqué  à l’aide  d’un 
croissant,  et  qui,  par  conséquent, suppose  des 
arbres  élagués  ou  taillés  sur  trois  côtés,  c’est- 
à-dire  par  devant,  par  derrière  et  sur  le  des- 
sus,ce  qui  explique  et  justifie  même  la  dé- 
nomination de  taille  en  trois  temps. 

Cette  dénomination,  qu’on  pourrait  ap- 
pliquer à tous  les  végétaux  qu’on  soumet  à 
ce  traitement,  est  surtout  employée  lors- 
qu’il s’agit  d’arbres  fruitiers  disposés  en 
haies  pour  former  des  abris.  Ce  moyen,  très- 
grossier,  brutal  en  apparence,  est  plus  con- 
forme, qu’on  est  d’abord  disposé  à le  suppo- 
ser, aux  règles  que  les  professeurs  d’arbo- 
riculture s’efforcent  d’établir  tous  les  jours. 
En  effet,  à quoi  peuvent  conduire  presque 


toutes  les  théories,  tous  les  raisonnements 
inventés  pour  déterminer  les  productions 
fruitières,  sinon  à ce  principe  : transformer 
les  parties  vigoureuses  en  branches  plus  fai- 
bles qui  doivent  porter  des  fleurs,  ou,  le  plus 
souvent,  à les  rogner  pour  en  faire  naître 
d’autres  d’une  nature  particulière,  que,  sui- 
vant les  arbres,  on  nomme  dards,  brindil- 
les, lambourdes,  bourses,  bouquets  de 
mai,  etc.?  Et  bien, c’est  précisément  ce  que 
fait  le  croissant  lorsqu’on  pratique  la  taille 
en  trois  temps.  Dans  ce  cas,  tous  les  bour- 
geons vigoureux  étant  retranchés,  ou  seule- 
ment rognés,  il  se  développe  une  quantité 
de  ramifications  petites  et  de  nature  parti- 
culière qui  sont  précisément  des  produc- 
tions fruitières;  aussi  les  arbres  qu’on  sou- 
met à ce  traitement  donnent-ils  générale- 
ment beaucoup  de  fruits. 

Si  le  progrès  d'une  chose  résulte  toujours 
des  simplifications  qu’on  apporte  à l’accom- 
plissement de  cette  chose,  on  ne  peut  nier 
que  la  taille  en  trois  temps  ne  soit  un  véri- 
table progrès,  et  il  est  curieux  de  voir  que, 
après  s’être  creusé  la  tête  à inventer  des 
théories,  des  procédés  divers  et  compli- 
qués pour  faire  produire  des  fruits, l’homme 
soit  arrivé  à ce  but  par  le  moyen  le  plus 
simple  de  tous  : celui  qui  consiste  presque 
à ne  rien  faire. 

Nous  n’avons,  pas  l’intention  de  blâmer 
ici  les  diverses  méthodes  de  tailles  préconi- 
sées dans  ces  derniers  temps  ; nous  voulons 
seulement  démontrer  que  la  taille  telle 
qu’on  la  pratique  de  nos  jours  n’est  pas 
indispensable  pour  obtenir  des  fruits. 

— LeRobinia  pseudo-acacia  monopliylla, 
cette  variété  très  - belle  et  très-vigou- 
reuse, qu’on  ne  saurait  trop  recommander, 
et  qui  mérite  de  prendre  place  sjar  nos  pro- 
menades, a fleuri  et  fructifié  au  Muséum. 
Ses  fleurs,  à peu  près  semblables  à celles 
du  Robinia  pseudo-acacia,  moins  nom 
breuses  toutefois  que  chez  ce  dernier,  sont 
disposées  en  longues  grappes  peu  serrées. 

Depuis  quelques  années  déjà,  notre  pied 
mère  fleurissait;  mais,  l’année  dernière  seu- 
lement, il  adonné  des  graines,  qui,  semées, 
ont  reproduit  les  caractères  de  cette  variété 
(la  monophyllité)  dans  la  proportion  de  1/4-. 
Les  enfants  seront-ils  tout  à tait  semblables 
à leur  mère  ? C’est  ce  que  nous  verrons,  et  ce 
que  nous  nous  proposons  de  faire  connaître. 

E.  A.  Carrière. 


MATIÈRES  QUI  PEUVENT  SERVIR  D’ENGRAIS. 


On  ne  saurait  se  faire  une  idée  de  la  I laisse  perdre  aussi  bien  dans  les  fermes  que 
quantité  des  matières  fertilisantes  qu’on  | dans  les  jardins,  sans  se  rendre  comp  e 


36Ü 


MATIÈRES  QRI  PEÜVE^'T  SERVIR  D’ENGRAIS. 


qu’il  serait  facile  d’en  tirer  un  bon  parti  et  à 
bien  peu  de  frais. 

Cette  réflexion  m’est  suggérée  à la  lecture 
d’une  note  de  voyage  que  je  vais  transcrire 
littéralement. 

En  passant  dans  une  petite  ville  du  Cher, 
qui  a nom  « Sancoins,  » j’eus  l’occasion 
d’aller  visiter  les  cultures  d’un  jardinier 
amateur,  nommé  Delaire,  chez  lequel  je  vis 
un  carré  de  fraisiers  d’une  végétation  ex- 
traordinaire, non-seulement  par  la  vigueur 
des  sujets,  mais  encore  par  l’abondance  et 
la  beauté  des  fruits  dont  ils  étaient  garnis. 
Questionné  sur  le  procédé  de  culture  quhl 
employait,  voici  ce  que  M.  Delairè  nous 
répondait  : 

((  Tous  les  ans,  j’ai^dans  mon  potager  une 
certaine  quantité  de  betteraves  et  de  choux; 
au  lieu  de  laisser  leurs  feuilles  inutiles  se 
perdre  sur  le  terrain,  comme  c’est  l’ordi- 
naire, je  les  recueille  avec  soin  et  les 
dispose  par  lits  alternatifs  sur  lesquels  je 
jette  environ  1 k.  500  gr.  de  gros  sel  gris 
pai’  mètre  cube  de  feuilles;  je  laisse  le  tas 
pourrir  pendant  une  année,  et,  après  l’avoir 
brassé  et  remué  une  ou  deux  fois,  j’étends, 
à l’automne,  ce  fumier  sur  mes  planches  de 
fraisiers  que  j’ai  préalablement  épluchés  et 
nettoyés;  cette  couche  de  fumier  passe  ainsi 
tout  l’hiver  sur  le  sol;  au  printemps,  je  l’en- 

CULTURE  DES  ROSIERS 

Ainsi  que  beaucoup  d’amateurs  et  d’horti- 
culteurs de  notre  ville,  j’ai  été  invité  par 
M.  Jean  Sisley,  à visiter  ses  cultures  et  par- 
ticulièrement celle  de  Rosiers.  — Je  me 
suis  rendu  à cette  invitation  le  14  juillet, 
— et  comme  les  Rosiers  sont  cultivés,  chez 
M.  Jean  Sisley,  autrement  que  chez  tous  les 
autres  amateurs  et  différemment  aux  théo- 
ries enseignées  dans  les  traités  d’horticul- 
ture, je  crois  être  agréable  aux  lecteurs  de 
la  Reçue  horticole,  en  rendant  compte  de 
ma  visite  et  en  faisant  part,  des  réflexions 
qu’elle  m’a  suggérées. 

_ En  1864,  M.  Jean  Sisley,  à planté  plu- 
sieurs centaines  de  Rosiers  divers  sortant 
de  chez  MM.  Lacharme,  Damaizin,  Guillot 
père,  Guillot  fils,  et  Gonod,  horticulteurs, 
dont  une  partie  étaient  greffés  sur  des  Eglan- 
tiers de  semis;  les  autres  étaient  francs  de 
pied,  — Cent  pieds  des  variétés  dites  Hy- 
brides remontantes  ont  été  plantés,  le  long 
d’une  allée  allant  du  nord  au  midi,  et  bor- 
dée, au  couchant,  d’un  massif  de  Poiriers 
en  contre-espalier  et  en  cordon  oblique;  au 
levant,  par  des  massifs  d’arbustes. 

— Comme  on  le  voit,  les  cent  Rosiers  ne 
furent  pas  plantés  dans  les  conditions  les 
plus  avantageuses’ de  sol,  d’air,  et  de  lu- 
mière, puisqu’ils  avaient  à disputer  ces 


terre  par  un  binage,  après  quoi,  j’étends  sur 
mes  plates-bandes  de  fraisiers  une  nouvelle 
couche  dudit  engrais.  » Voilà,  médit  M.  De- 
îaire,  tout  le  secret.  Je  l’ai  confié  à quelques 
amis,  qui  n’ont  qu’à  se  louer  de  m’avoir 
imité. 

Ce  procédé  n’est  pas  entièrement  nou- 
veau; il  me  rappelle  que  j’ai  vu  souvent 
les  cultivateurs  des  environs  de  Paris  se 
servir  avec  succès,  non  pas  de  l’engrais  do 
feuilles  de  choux  et  de  betteraves  assaison- 
nées de  gros  sel,  mais  de  fumier  ou  de  ga- 
doue de  Paris  qu’ils  répandent  ainsi  à l’au- 
tomne pour  l’enterrer  au  printemps  par  une 
façon,  après  laquelle  ils  étendent  sur  le  sol 
et  en  couverture  une  nouvelle  couche  de  cet 
engrais  qui  n’est  autre  chose  que  le  résidu 
des  immondices  de  Paris,  et  à l’emploi  du- 
quel nous  sommes  redevables  d’une  partie 
des  légumes  et  des  fruits  succulents  qui  ali- 
mentent la  capitale. 

Quel  est  le  jardin  potager,  ou  la  ferme, 
où  il  ne  serait  pas  possible  de  se  procurer, 
sans  frais,  une  provision  d’engrais  analogue 
si,  au  lieu  de  laisser  perdre  sur  le  sol  ou  sur 
la  voie  publique  tous  les  débris  végétaux  et 
animaux  qui  s’y  trouvent,  on  les  recueillait 
avec  soin  et  qu’on  les  laissât  se  consommer 
ainsi  en  tas  dans  un  des  coins  reculés  et  ca- 
chés de  la  propriété?  Meyer  de  Jouhe. 

TAILLÉS  A LONG  BOIS. 

trois  éléments  nécessaires  à leur  existence 
aux  arbres  et  arbustes  environnants,  plantés 
depuis  plusieurs  années. 

Les  Rosiers  de  M.  Jean  Sisley  sont  plantés 
sur  deux  rangs,  à 1 mètre  de  distance  les 
uns  des  autres  et  les  rangs  sont  seulement 
espacés  de  50  à 60  centimètres. — Toutes 
ces  plantes  ont  été  mises  en  terre  sans  avoi.- 
rabattu  ni  racines,  ni  rameaux;  les  premiè- 
res furent  étalées  avec  soin  par  un  temps 
doux  et  couvert;  pendant  les  six  derniers 
jours  du  mois,  une  petite  pluie  vint  chaque 
jour  apporter  son  tribut  bienfaisant  à la 
plantation,  et  ce  ne  fut  que  vers  le  4 dé- 
cembre que  la  première  gelée  se  fit  sentir. 
Celte  plantation  avait  donc  été  favorisée. 
Plus  tard  M.  Jean  Sisley,  fit  une  autre  plan- 
tation, de  100  pieds  de  Rosiers  dits  Hybri- 
des remontants  qui  furent  plantés  dans  les 
mêmes  conditions,  en  deux  massifs,  dans  la 
partie  nord  du  jardin;  et  une  trentaine  de 
Rosiers  thés,  dans  un  troisième  massif  près 
de  l’allée  transversale  allant  du  levant  au 
couchant.  Ces  trois  massifs  sont  placés, 
sous  le  rapport  du  sol,  de  l’air  et  de  la  lu- 
mière, dans  de  meilleures  conditions  que 
les  premiers,  ayant  plus  d’espace  et  se  trou- 
vant plus  éloignés  des  massifs  d’arbres  et 
d’arbustes. 


366 


CULTURE  DES  ROSIERS  TAILLÉS  Â LONG  ROIS. 


Au  mois  de  décembre,  par  un  temps 
doux  succédant  à quelques  jours  de  gelée 
on  a procédé  au  travail  du  couchage  et  de 
l’inclinaison  horizontale  de  tous  les  rameaux 
des  Rosiers  qui  lurent  fixés  raz-terre,  au 
moyen  de  petits  crochets  en  bois.  — Pen- 
dant l’hiver  les  Rosiers  thés  avaient  été  légè- 
rement recouverts  de  feuilles  et  de  paillas- 
sons, et,  malgré  cette  précaution,  le  14  fé- 
vrier 1865,  tous  les  rameaux  furent  gelés 
raz-te4Te  à la  température  de — IS^.  Aussi 
en  avril  1865,  M.  Jean  Sisley,  fut-il  obligé  de 
tailler  ses  Rosiers  thés,  c’est-à-dire  de  sup- 
primer tous  les  rameaux  morts,  et  il  n’ob- 
tint cette  année-là  qu’une  très-maigre  flo- 
raison. 

Quant  aux  Rosiers  hybrides  qui  n’avaient 
pas  souffert  du  froid,  ils  lui  donnèrent  en 
mai  une  floraison  magnifique  et,  mainte- 
nant, ils  ont  développé  des  bourgeons  de 
plus  de  2 mètres  de  longueur.  — Au  mois 
de  décembre  dernier,  on  à procédé  de  nou- 
veau à l’inclinaison  des  rameaux  sans  rien 
supprimer  que  les  ramilles  de  vieux  bois  de 
l’année  précédente. 

M.  Sisley,  remarqua  alors  qu’il  avait 
planté  trop  près.  Cette  année,  comme  nous 
n’avons  pas  eu  de  froids  rigoureux  pendant 
l’hiver,  les  Rosiers  thés,  sans  être  couverts, 
n"ont  pas  gelé,  et  pas  un  n’a  été  taillé.  — 
Vers  Je  10  mai,  tous  les  yeux  des  rameaux 
inclinés  avaient  développé  un  bourgeon, 
et  porté  chacun  d’innombrables  fleurs.  A 
cette  époque,  personne  à Lyon  n’avait  en- 
core de  fleurs  en  plein  air  en  aussi  grande 
abondance. 

On  avait  prédit  à M.  Sisley,  qu’au  taillant 
aussi  long,  il  n’aurait  que  des  fleurs  petites. 
— Cependant,  nous  avons  vu  chez  lui  des 
fleurs  assez  belles  sur  les  variétés  suivantes 
de  Rosiers  thés  : Falcot,  Safrano,  Triom- 

phe du  Luxembourg,  Caroline,  Rougère, 
Souvenir  d’un  ami,  Clara  Sylvain,  Gloire  de 
Dijon,  etc.,  et  en  grande  quantité. 

— Pendant  cette  première  floraison,  il  a 
poussé  du  centre  des  Rosiers  des  bourgeons 
vigoureux  qui  ont  produit  à leur  tour  une 
belle  floraison,  laquelle  a commencé  vers 
le  15  juin  et  dure  encore  en  ce  moment. 

— Les  hybrides  n’ont  pas  donné  une 
floraison  aussi  soutenue  que  les  Thés,  les 
Rourbons,  les  Noisettes  et  les  Rengales  ; 
néanmoins  ils  ont  donné  une  floraison  ca- 
pable de  satisfaire  l’œil  le  plus  blasé  de  la 


floriculture,  puisque,  sur  des  rameaux  de 
Rosiers  Rolle,  Ardoisée  de  Lyon,  Reine 
des  Violettes,’  Anna  Diesbach,  Général  Jac- 
queminot,  etc.,  on  comptait  plus  de  100 
fleurs  par  pied  et  des  fleurs  d’une  belle 
grandeur. 

Enfin,  voilà  des  Rosiers  plantés  depuis 
18  mois  qui  n’ont  été  soumis,  pour  ainsi 
dire,  à aucune  taille,  et  qui,  cependant  sont 
d’une  vigueur  extraordinaire  après  avoir 
fleuri  abondamment. 

M.  Jean  Sisley,  a été  amené  à traiter  ainsi 
ses  Rosiers  d’après  les  conseils  de  M.  Daniel 
Hoïbrenck  ; il  s’est  aussi  appuyé  sur  les  idées 
émises  par  M.  le  docteur  Jules  Guyot,  et 
M.  E.  A.  Carrière,  dans  leurs  ouvrages  sur 
la  vigne. 

Nous  ne  partageons  pas  les  idées  de 
M.  Sisley,  sur  ce  dernier  point;  nous  ne 
pensons  pas  qu’on  doive  appliquer  la  taille 
de  la  vigne  aux  Rosiers  ; ce  système  de 
culture  des  Rosiers  inclinés  horizontalement 
de  manière  à couvrir  complètement  le  sol, 
est  un  moyen  à employer,  selon  nous, 
lorsqu’on  se  propose  de  produire  de  l’effet. 

Ce  système  s’est  fait  jour  depuis  quelques 
années  et  commence  à attirer  l’attention 
des  amateurs,  qui  prétendent  que  les  Ro- 
siers ne  sont  plus  aussi  vigoureux  ni  aussi 
vivaces  qu’autrefois.  — R prétendent  qu’il 
fut  un  temps  où  l’on  commençait  seule- 
ment à cultiver  les  Rosiers,  alors,  les  con- 
naissances théoriques  et  pratiques  étaient 
moins  développées  qu’aujourd’hui,  et  ce- 
pendant les  Rosiers  poussaient  et  fleuris- 
saient très-bien.  — Notons  bien  qu’autre- 
fois on  taillait  rarement,  on  coupait  l’ex- 
trémité des  rameaux  vigoureux,  et  l’on 
supprimait  le  vieux  bois  des  années  précé- 
dentes, et  pourtant  les  Rosiers  atteignaient 
souvent  une  force  peu  commune,  et  rivali- 
saient avec  les  autres  arbustes. 

Comme  le  Rosier  craint  d’être  taillé 
court,  nous  préférons  la  taille  à long  bois 
qui  consiste  à supprimer  le  vieux  bois,  et 
à ne  conserver  que  celui  de  l’année  précé- 
dente dont  on  enlève  seulement  fextré- 
mitée  à la  longueur  voulue,  et  ainsi  de  suite 
chaque  année,  comme  cela  se  pratique  pour 
le  framboisier  ; mais,  nous  ne  sommes  pas 
de  l’avis  de  ceux  qui  prétendent  qu’il  ne 
faut  pas  tailler;  nous  sommes  de  ceux  qui 
recommandent  de  tailler  long. 

Denis. 


EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  D’HORTICULTURE  ET  DE  BOTANIQUE 

DE  L'HÉRAULT. 


Monsieur  le  rédacteur. 

L’exposition  automnale  de  la  Société 
d’horticulture  et  de  botanique  de  l’Hérault 
a été  close  dimanche  9 septembre  par  la 
distribution  des  récompenses.  En  ma  qualité 


de  collaborateur  de  la  Revue,  je  m’empresse 
de  vous  dire  quelques  mots  de  cette  fête 
florale,  la  cinquième  organisée  par  notre 
Société  depuis  sa  fondation. 

Comme  pour  la  plupart  des  expositions 


367 


EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  DTIORTICUL' 

de  province,  nous  avons  à lutter  ici  contre 
l’inertie  individuelle  et  ce  n’est  qu’à  force 
de  persévérance  que  l’on  parvient  à obtenir 
des  résultats  satisfaisarits.  Mais  ce  qui  peut 
s’expliquer  à la  rigueur  lorsqu’il  s’agit  de 
certaines  contrées  pauvres  ou  éloignées  des 
grands  centres  de  progrès,  on  a peine  à le 
comprendre  quand  le  tliéàtre  est  une  cité 
populeuse  et  riche,  dont  la  réputation  scien- 
tifi(}ue  rayonne  au  loin  depuis  des  siècles. 
Hé  bien!  dans  ce  foyer  de  richesses  agrico- 
les et  d’études  scieiitiüques,  qui  s’appelle 
Montpellier,  nous  trouvons  au  suprême 
degré  l’alliance  déplorable  de  l’inertie  du 
côté  des  praticiens,  et  de  l’indifférence  de  la 
part  du  public  pour  les  progrès  de  l’horti- 
culture. 

Grâce,  pourtant,  au  petit  nombre  d’hom- 
mes qui  forme  le  noyau  de  la  Société  d’hor- 
ticulture et  de  botanique,  il  nous  a été 
donné  de  voir  exposés  et  groupés  avec  art, 
dans  l’une  des  cours  du  Lycée,  de  magnifi- 
ques lots  qui  eussent  partout  été  appréciés 
des  amateurs. 

Les  collections  de  Cactées  et  de  plantes 
de  serre  chaude  à feuillage  ornemental, 
Bégonias,  Caiadiums  et  Achimènes  du  Pré- 
sident de  la  Société;  les  lots  de  plantes  de 
serre  chaude  de  M.  Bravy,  amateur  à Ania- 
nes,  où  figuraient,  entre  autres  nouveautés, 
les  Miconia  argyrœa,  Psychothria  leiican- 
tha,  Crescentia  macrophylla,  Anthurium 
inagnificum,  Ficus  cooperi,  Chamæranthe- 
rum  verbenaceum,  Amorphophallus  campa- 
nulatus,  Acrosîichum  crinüum,  etc.,  etc.; 
les  apports  du  Jardin  des  Plantes,  Palmiers 
et  Cicadées  de  grandes  dimensions;  les  40 
espèces  de  Sempervivum  et  les  deux  pieds 
de  Jalap  de  l’école  de  pharmacie  dont  le 
savant  directeur,  M.  Planchon,  cherche  à 
introduire  la  culture  de  cette  dernière 
plante  dans  le  midi;  tous  ces  lots  autour 
desquels  venaient  se  grouper  un  grand 
nombre  d’autres  moins  importants  formaient 
déjà  un  ensemble  très-satisfaisant  pour  une 
exliibition  départementale. 


TÜRE  ET  DE  ROTANIQUE  DE  L’HÉRAULT. 

Mais,  la  portion  la  plus  remarquable  était 
sans  contredit  la  partie  pomologique.  Les 
lots  de  fruits  de  M.  Démouilles  de  Toulouse 
(280  variétés  de  Poires,  Pommes,  Pêches, 
Prunes,  etc.),  de  M.  lïortolès  de  Montpellier, 
(227  var.)  et  de  plusieurs  autres  horticul- 
teurs ou  amateurs,  lots  qui  brillaient  plus 
encore  peut-être  par  la  beauté  des  échan- 
tillons que  par  le  nombre  des  variétés  pré- 
sentées, faisaient  un  digne  pendant  à la 
splendide  collection  de  Raisins  de  tous 
pays  exposée  par  M.  Henri  Bouschet,  l’heu- 
reux obtenteur  des  cépages  hybrides  à jus 
coloré  qui  formaient  un  lot  spécial  des  plus 
intéressants  pour  la  grande  industrie  vini- 
cole. 

En  somme,  je  le  répète,  malgré  tout, 
notre  exposition  a réussi,  grâce  au  zèle 
d’un  certain  nombre  de  membres  distingués 
de  notre  Société,  grâce  à l’activité  et  au  dé- 
vouement sans  bornes  de  notre  Président, 
dévouement  qui  a pu  trouver  une  légitime 
récompense  dans  l’enthousiasme  unanime 
avec  lequel  ont  été  accueillies  les  paroles 
élogieuses  prononcées  par  M.  Planchon 
dans  son  remarquable  rapport  sur  les  opé- 
rations du  jury. 

Et  maintenant,  avant  de  terminer,  permet- 
tez-moi  de  profiter  de  l’occasion  qui  m’en 
est  offerte  pour  faire  cesser  la  confusion  qui 
s’est  glissée  dans  notre  dernière  chronique  : 
L’amateur  éclairé  qui  préside  la  Société  de 
l’Hérault,  est  M.  Emile  Doûmet,  ancien  dé- 
puté, commandant  de  la  Légion  d’honneur,  le 
fondateur  et  propriétaire  des  belles  galeries 
d’histoire  naturelle  et  de  curiosités  que  les 
étrangers  visitent  en  passant  par  Cette;  c’est 
à lui  que  s’adressent,  de  droit,  les  expres- 
sions flatteuses  dont  vous  vous  êtes  servi. 
Quant  à celui  qui  s’honore  de  compter 
parmi  les  collaborateurs  de  la  Revue  horti- 
cole, c’est,  il  est  vrai,  l’un  des  secrétaires 
de  la  Société  et  le  fds  de  son  honorable 
Président,  mais  son  seul  mérite  jusqu’ici 
consiste  à aimer  la  science  et  l’horticulture 
en  particulier.  Napoléon  Doumet. 


DES  PLANTES  A FEUILLES  PERSISTANTES. 


Y a-t-il  entre  les  plantes  à feuilles  per- 
sistantes et  les  plantes  à feuilles  caduques 
des  limites  absolues,  où  bien  ces  limites  ne 
sont  elles  que  relatives?  Cette  dernière  hy- 
pothèse, seule,  est  très-probable. 

. Mais,  comme  la  question  que  nous  nous 
proposons  de  traiter  est  très-complexe,  nous 
devons  autant  que  possible  remonter  à son 
origine  et  rechercher  la  base  sur  laquelle 
elle  s’appuie. 

Si  l’on  examine  certains  genres  très-nom- 
breux qui  comprennent  des  espèces  â feuil- 
les persistantes  et  d’autres  à feuilles  cadu- 
ques, on  verra  que  des  unes  aux  autres  on 


passe  par  une  gradation  assez  régulière, 
mais  souvent  insensible.  Parmi  les  premiè- 
res, les  feuilles  ne  sont  pas  toutes  également 
persistantes,  au  contraire,  il  en  est  chez  les- 
quelles elles  persistent  beaucoup  plus  long- 
temps que  chez  d’autres;  enfin,  les  feuilles 
des  unes  restent  pendant  plusieurs  années 
sur  certains  arbres,  tandis  que  chez  d’autres 
elles  tombent  quand  les  nouvelles  appa- 
raissent. Tous  les  horticulteurs  savent  cela. 

Les  horticulteurs  savent  aussi  que,  dans  les 
genres  de  plantes  à feuilles  caduques,  il  est 
des  espèces  qui  diffèrent  sensiblement  des  au- 
tres. Chez  les  unes,  les  feuilles  tombent  même 


368 


DES  PLANTES  A FEUILLES  PERSISTANTES. 


bien  avant  l’arrivée  des  froids,  tandis  que 
chez  d’autres  elles  ne  tombent  que  lorsque 
ceux-ci  se  font  sentir  depuis  longtemps. 
Les  faits  que  nous  signalons  sont  très-ma- 
nifestes dans  les  Erables,  dans  les  Ro- 
siers, etc.,  etc. 

Les  horticulteurs  savent  encore  que  ces 
différences  se  montrent  souvent  dans  les 
semis,  chez  des  individus  résultant  de  grai- 
nes récoltées  sur  une  même  plante.  Cer- 
taines variétés  d’Erablesnous  en  fournissent 
de  nombreux  exemples.  Ainsi,  dans  le  semis 
de  graines  à’ Acer  opulifolimn,  on  trouve  des 
individus  à feuilles  très-caduques  ; d’autres 
dont  les  feuilles  persistent  plus  longtemps, 
et  d’autres  enfin  dont  les  feuilles  sont  roar- 
cessantes.  Dans  les  semis  de  graines  iVAcer 
Monspcssula7ium,  le  fait  est  "plus  sensible 
encore  ; on  trouve  parfois , indépendam- 
ment d’individus  à feuilles  de  forme  et  de 
grandeur  très-diverses , des  individus  à 
feuilles  subpersistantes  qui  semblent  ne 
tomber  que  par  suite  de  l’action  du  froid. 
Mais,  le  fait  peut-être  le  plus  curieux  de 
cette  tendance  que  paraissent  avoir  certaines 
espèces  à feuilles  caduques  à revêtir  la  per- 
manence, à passer  aux  feuilles  persistantes, 
nous  est  fourni  par  deux  espèces  du  genre 
Rhamnus^  par  le  Rhammis  Alpimis,  d’une 
part,  de  l’autre  par  le  Rhaimms  frangula, 
deux  espèces  à feuilles  essentiellement  ca- 
duques; néanmoins,  la  première,  le  Rkam- 
nus  Alpimis  a produit  une  plante  à feuilles 
siibper  sût  antes,  de  forme  complètement  dif- 
férente de  celle  de  l’espèce  dont  elle  sort; 
différente  même  de  tous  les  Rhammis  con- 
nus : c’est  le  Rhammis  Billiardii.  Le 
Rhmnnus  frangula  a produit  dans  un  semis 


fait  en  1 862,  qiimze  plantes  à feuilles 
sistantes  tellement  semblables  à une  espèce 
à feuilles  persistantes  originaire  de  la  Cali- 
fornie : au  Rhammis  oleifolins,  Hort.,  que, 
pendant  la  première  année,  il  fallait  une 
certaine  habitude  pour  les  distinguer  de  ce 
dernier.  Et  le  Rhammis  hyhridiis  à feuilles 
cà  peu  près  persistantes,  ne  sort-il  pas  aussi, 
comme  on  l’assure,  du  Rhammis  Alpimis? 

Pour  expliquer  tous  ces  faits,  on  fait  in- 
tervenir la  fécondation,  et  l’on  dit  : ce  sont 
des  hybrides  entre  des  espèces  à feuilles 
caduques  et  d’autres  à feuilles  persistantes. 
La  chose  est  plus  facile  à dire  qu’à  prouver, 
surtout  en  ce  qui  concerne  l’apparition  des 
Rhammis  frangula  à feuilles  persistantes; 
les  graines  ayant  été  récoltées  là  où  il  n’y  a 
aucune  espèce  à feuilles  persistantes,  dans 
ce  cas,  on  se  demande  avec  quoi  les  plantes 
qui  ont  produit  ces  graines  auraient  ])u 
jouer.  Pour  justifier  la  valeur  hybridiqiie  de 
ces  plantes,  du  moins  du  Rhammis  Bil- 
liardii et  du  Rhammis  hybridus,  on  s’est 
appuyé  sur  ce  fait,  qu’ils  ne  fructifient  pas. 
C’est  là  une  hypothèse  qui  repose  sur  cette 
autre  inadmissible  pour  nous  : « qu’il  y a 
des  espèces  absolues.  » 

De  ces  quelques  exemples,  qui  démon- 
trent que  l’on  peut  passer  insensiblement, 
par  le  seul  fait  de  la  végétation,  des  feuilles 
caduques  aux  feuilles  persistantes,  on  peut 
en  conclure  que  les  différences  sont  dues 
à un  mode  particulier  de  groupement  des 
molécules  suivant  lequel  des  faits  contraires 
peuvent  également  se  produire  ; le  Cedriis 
Libani  decidua  nous  en  fournit  un  exem- 
ple. 

E.  A.  Carrière, 


SUR  LE  VINCA  ROSEA. 


En  parcourant  le  numéro  de  la  Revue 
horticole  du  Rr  septembre  1866,  il  me  re- 
vient un  souvenir  à la  lecture  de  l’éloge  si 
mérité  qu’on  y fait  du  Vinca  (Lochnera)  ro- 
sea  ou  Pervenche  de  Madagascar.  Peut-être 
sera-t-il  avantageux  de  le  compléter  par 
quelques  détails  sur  la  culture  de  cette 
plante  et  faire  connaître  en  même  temps 
une  particularité  qu’elle  présente  dans  sa 
multiplication.  La  voici  : 

Lorsqu’on  sème  des  graines  fraîches 
ou  nouvelles  de  cette  plante,  elles  lè- 
vent très-rarement  ou  très-mal,  tandis  que 
lorsqu’on  sème  des  graines  récoltées  depuis 
au  moins  une  ou  deux  années,  elles  ger- 
ment parfaitement.  Le  semis  se  fait  habi- 
tuellement sur  couche  chaude  en  mars  et 
avril;  mais  les  jardiniers  qui  approvision- 
nent les  marchés  aux  fleurs  et  qui  ont  be- 
soin d’avoir  des  plantes  un  peu  fortes,  déjà 
bonnes  à vendre  en  mai  et  juin,  sèment  dès 


janvier  et  février.  Les  jeunes  plants  sont 
repiqués  en  pots  que  Pon  place  de  nouveau 
sur  couche  chaude  où  on  les  enterre  et  où 
on  les  laisse  jusqu’au  moment  de  la  vente. 
Bien  que  la  Pervenche  de  Madagascar  soit 
plus  fraîche  et  plus  jolie,  si  on  la  laisse  tou- 
jours sous  verre  et  surtout  sous  châssis,  elle 
n’en  est  pas  moins  une  des  meilleures  plan- 
tes pour  l’ornement  des  parterres  en  été  où 
l’on  en  fait,  de  la  fin  de  mai  en  septembre- 
octobre,  de  superbes  massifs  et  des  bandes 
ou  des  bordures  d’un  très-bel  effet,  soit  en 
mélangeant  les  couleurs,  soit  en  les  sépa- 
rant. 

Il  existe  depuis  quelques  années  une  va- 
riété de  Pervenche  de  Madagascar  dont  la 
fleur  est  entièrement  blanche,  mais  elle  est 
loin  d’être  aussi  jolie  que  l’ancienne  variété, 
si  coquette  avec  sa  tache  rose  carminé  qui 
occupe  le  centre  ou  gorge  de  la  fleur. 

Jean-Claude. 


LOBELIÂ  FA  Bill. 


Plante  vivace,  velue-blanchâtre,  d’un 
as)3ect  cendré.  Tiges  de  1 rnèlre  et  plus, 
cylindriques  à la  base,  sillonnées-angu- 
leuses  supérieurement  par  la  décurreiice 
des  feuilles,  simples,  parfois  rameuses. 
Feuilles  mollement  velues,  linéaires  obîon- 
gues-lancéolées,  atténuées  a la  base  et  inéga- 
lement dentées,  longues  de  8-12  centime" 
très,  larges  de  25  millimètres;  les  florales  plus 
courtes  que  les  fleurs,  à l’exception  des 
plus  inférieures,  roides  et  ondulées  Fleurs 
solitaires  à l’aisselle  des  feuilles  supérieu- 
res, brièvement  pédicellées,en  grappes  lon- 
gues de  30  à 80  centimètres;  pédicelles  velus- 
hérissés,  longs  de  8-10  millimètres,  munis 
vers  leur  milieu  de  deux  petites bractéoles,  le 
tout  lavé  de  pourpre,  surtout  dans  les  fleurs 
supérieures;  calice  également  velu-héris- 
sé,  à tube  hémisphérique,  à divisions  trian- 
gulaires très-allongées,  longues  de  12  mil- 
limètres bordées  de  cils  blancs,  corolle 
lilas-rosé  velouté,  avec  deux  macules  plus 
pâles  à la  base  de  la  lèvre  inférieure  ; tube 
longs  de  14  millimètres,  large  de  4-5,  à peu 
près  égale  dans  toute  sa  longueur,  à 5 lobes  . 
les  deux  supérieurs  étroits,  dressés  et  pa- 
rallèles; les  trois  inférieurs,  étalés  en 
éventail  : les  deux  latéraux  un  peu  plus 
courts  que  le  médian;  étamines  à filets 
rosés,  ciliés  aux  bords;  anthères  jaune 
lavé  de  lilas:  les  deux  inférieures  barbues. 
Style  terminé  par  un  stigmate  lilas  et  sur- 

MACLEYA  ^ 

Cette  intéressante  nouveauté  (fig.  43)  se 
trouve  dans  le  commerce  sous  les  noms  de 
Bocxonia  japonica  et  Bocconia  jedoensis. 

Ce  n’est  pas  un  Bocconia.  Bien  que  ce 
genre  appartienne  aussi  à la  famille  des 
Papavéracées,  il  est  assez  distinct  du  genre 
Macleya,  établi  par  Rob.  Brown,  pour 
qu’on  rapporte  facilement  à chacun  d’eux 
les  espèces  qui  se  présentent  dans  nos  cul- 
tures. Parmi  les  principaux  caractères  qui 
distinguent  ces  deux  genres,  il  faut  compter 
les  suivants  : chez  les  Bocconia,  8-24  éta- 
mines au  lieu  de  24-30,  filets  très-courts  et 
non  allongés  filiformes,  ovule  unique  et  non 
de  3 à 6 dans  chaque  capsule,  sous-arbris- 
seaux et  non  plantes  vivaces,  originaires  de 
FAmérique  et  non  de  la  Chine,  feuilles 
oblongues,  très-allongées  lobées,  presque 
sessiles,  et  non  pétiolées  cordiformes,  et 

1 II  faut  écrire  Yedoensis,  et  non  Jedoensis,  ainsi 
qu’on  le  fait  par  erreur.  Lorsqu’on  latinise  un 
nom,  rien  ne  doit  être  changé  si  ce  n’est  la  ter- 
minaison, qui  obéit  aux  lois  de  la  langue  dans  la- 
quelle on  le  fait  entrer.  L’adjectif  Yedoensis  venant 
de  Yedo,  capitale  du  Japon,  on  doit  conserver  cette 
orthographe. 


montant  un  ovaire  glabre,  vert,  contenant 
des  graines  nombreuses.  Fleurit  du  com- 
mencement de  juillet  à la  fin  d’août. 

Ce  Lobelia,  qui  nous  a été  communiqué 
par  M.  le  professeur  Fabre,  d’Avignon, 
pourrait  être  considéré  a priori  comme  une 
des  nombreuses  formes  hybrides  cultivées 
qu’on  suppose  être  sorties  des  Lohelia  car- 
dinalis  et  syphilüica.  B se  rapproche 
surtout  d’un  Lobelia  que  cultive  M.  Adolphe 
Pelé  sous  le  nom  de  Gloire  d'Anvers 
(Sommers);  mais  celui-ci  s’en  distingue 
facilement  par  la  glabriété  presque  com- 
plète de  la  plante,  par  ses  feuilles  relative- 
ment luisantes,  par  ses  fleurs  plus  petites,  de 
couleur  plus  pâle, portées  sur  des  pédoncules 
2 à 3 fois  plus  longs  et  par  ses  divisions  ca- 
licinales  plus  longues.  Ce  qui  distingue 
surtout  ces  deux  plantes,  c’est  la  stérilité 
absolue  du  Lobelia  Gloire  d’Anvers,  mise 
en  regard  de  la  fertilité,  au  contraire,  du 
Lobelia  Fahri.  Dans  les  exemplaires  que 
j’ai  cultivés,  toutes  les  capsules  sans  excep- 
tion sont  remplies  de  graines  de  la  plus  belle 
apparence. 

Sa  culture  est  identique  à celle  du  Lo- 
belia cardinalis,  c’est-à-dire  qu’une  terre 
plutôt  un  peu  forte  que  légère,  mais 
meuble,  poreuse  et  fraîche  lui  conviendra 
mieux  que  toute  autre.  Sa  muiii;  llcation  se 
fait  facilement  d’éclats,  de  bonne  heure  au 
printemps.  B.  Yerlot. 

UlYAüMCTCl 


surtout  nombreuses  différences  essentielle- 
ment botaniques  dans  la  graine  et  dans  l’eni- 
bryon,  dont  nous  éviterons  au  lecteur  les  ari- 
des détails. 

Nous  nommerons  donc  notre  plante  Ma- 
dey  a Yedoensis. 

Elle  se  rapproche  beaucoup  àn  Macleya 
cordata,  ancienne  espèce  introduite  de  la 
Chine  par  sir  George  Staunton  en  1795,  et 
répandue  d’Angleterre  en  France  par  les 
soins  de  Salisbury.  G’est  à ce  point  qu’à 
première  vue,  nous  pensions  à une  simple 
variété  obtenue  au  Japon  même  du  Macleya 
cordaia;  mais  plusieurs  caractères  impor- 
tants du  feuillage,  des  étamines  et  des  ovu- 
les motivent  une  espèce  distincte:  cette  es- 
pèce, japonaise,  nous  est  venue  de  Yedo  il  y 
a une  couple  d’années.  Par  qui?  Gomment? 
nous  le  demandons  vainement  aux  intro- 
ducteurs. 

Reprenons  notre  description  ; mais,  quels 
que  soient  l’endroit  etlepays  d’où  il  vienne, 
souhaitons  la  bienvenue  au  Macleya  Yedoen- 
sis. 

Dans  nos  cultures,  la  plante  forme  une 


370 


MACLEYIA  YEDOENSIS. 


souche  vivace,  qui  résistera  difficilement  à 
nos  hivers,  nous  le  pensons  du  moins,  si 
l’on  en  juge  par  le  Madeya  ccjdata,  dont 
la  conservation  est  assez  capricieuse.  ' 
Sa  tige  varie  de  hauteur  entre  1 mètre 
et  suivant  qu’elle  se  ramifie  ou  non, 

et  d’après  les  mesures  que  nous  avons  ob- 
servées cette  année.  Cette  tige,  c^lindiic^ue, 
glauque,  couverte  d’une  pruinosité  blanche 
ainsi  que  les  pétio- 
les et  le  dessous  des 
feuilles,  est  fis- 
tuleuse  et  d’un  port 
élégant. 

Les  feuilles  sont 
alternes,  étalées, 

[lianes,  à pétiole  à 
peu  près  aussi  long 
que  le  limbe,  cylin- 
drique, puis  dilaté  et 
cilié  à la  base.  Le 
limbe  est  orbiculaire, 
divisé  en  7-9  lobes 
principaux,  profonds, 
grossièrement  cré- 
nelés, à sinus  parfai- 
tement arrondis.  El- 
les sont  glabres  sur 
les  deux  faces,  d’un 
vert  glaucescentner- 
vé  de  jaune  rosé  en 
dessus,  à nervures 
saillantes  et  blan- 
châtres en  dessous. 

L’intlorescence 
terminale,  est  en  pa- 
niculedressées,pici- 
forme , bractéolée, 
décomposée  en  pa- 
nicelles  ^ latérales , 
dévariquées,  alter- 
nes, portant  des 
fleurs  pédicellées. 

La  corolle  nulle,  est  remplacée  par  un  ca- 
lice composé  de  deux  pétales  ovales  oblongs 
claviformes  concaves,  caducs  à l’épanouis- 
sement, blancs  avec  une  tache  jaunâtre  au 
sommet.  Les  étamines,  au  nombre  de  2-4- 
30,  sont  caduques  après  l’anthèse.  Elles  sont 
composées  de  filets  grêles,  blancs  et  d’an- 
thères oblongues,  linéaires,  â deux  loges,  à 
déhiscence  longitudinale. 

* Nous  ne  trouvons  pas  d’expression  plus  concise 
et  plus  exacte  pour  rendre  notre  pensée.  On  ne  peut 
appeler  épillets  ou  ramules,  ou  autrement  les  par- 
ties paniculées  elles-mêmes  qui  constituent  les  pa- 
nicules.  Et  de  même  qu’on  dit  pédoncule,  pédi- 
celle,  nous  croyons,  pour  les  besoins  de  la  cause, 
pouvoir  dire  panicule,  panicelle. 


L’ovaire  ovale,  oblong,  déprimé  enferme 
de  silique  aplatie,  est  surmonté  d’un  stig- 
miate  subsessile,  bilobé,  â lobes  oblongs, 
chagrinés  au  sommet.  La  capsule,  â sa  ma- 
turité, longue  de  1 centimètre  et  large  de 
0,005,  est'en  forme  de  silique  subcompri- 
mée, bivalve,  claviforme,  uniloculaire.  Elle 
contient  des  graines  elliptiques,  petites,  au 
nombre  de  4 à 6 insérées  sur  la  section  la- 
térale où  se  fait  la 
déhiscence,  sur  le 
rebord  persistant  sé- 
minifère,  pendant 
que  les  valves  dispa-  ' 
raissent. 

Les  pieds  qui  ont 
servi  â cette  descrip- 
tion ont  été  conser- 
vés en  serre  dans  de 
petits  pots  où  le  dé- 
faut de  nourriture  a 
imposé  une  contrain- 
te à leur  développe- 
ment et  les  a déter- 
minés à fleurir  et 
â fructifier.  Nous 
croyons  que  c’est  le 
meilleur  moyen  pour 
en  obtenir  des  grai- 
nes. En  pleine  terre, 
\e Madeya  Yedoensis 
pousse  beaucoup  et 
ses  feuilles  prennent 
des  dimensions  inu- 
sitées, mais  en  re- 
vanche les  panicu- 
les  florales  prennent 
aussi  de  plus  gran- 
des dimensions.  On 
aura  tout  avantage  à 
le  multiplier  par  se- 
mis, car  les  gran- 
des dimensions  étant 
le  but,  on  doit  s’en  rapprocher  par  tous 
les  moyens  possibles.  Ces  conditions  ob- 
tenues, on  aura  dans  cette  plante  un  des 
plus  jolis  exemples  de  la  découpure 
élégante  du  feuillage,  qui  semble  ici  avoir 
été'taillé  à plaisir  à l’emporte-pièce. 

Une  bonne  terre  légère,  mélangée  de  terre 
de  bruyère  et  de  terreau  par  parties  égales, 
des  trous  larges  et  bien  drainés,  beaucoup 
d’eau  dans  les  chaleurs,  et  multiplica- 
tion de  semis  sous  verre  ou  de  boutures 
printemps,  tels  sont  les  préceptes  dont  il 
ne  faut  pas  s’écarter  pour  le  Madeya  le- 
doensis. 

Ed.  André. 


MAGNOLIA  LENNÉ. 

Arbrisseau  vigoureux  pouvant  même  for-  1 les  caduques,  très-grandes,  cordiformes  ou 

mer  un  arbre  de.  moyenne  grandeur.  Feuil-  1 presque  orbiculaires,  fortement  nervees,  gia- 


lùvuc  l[oriiA:x)le 


RaJiLe  H or  Italie 


t'  TernaPnix  '^ 


Paris, lith,  Zano'te  r.  des  Boidan^ 


er 


sI5. 


à 


< - e r a s 11  s Si  e b o J d t i i 


MAGNOLIA  LENIS’É. 


371 


bres  cl  d’un  vert  assez  intense.  Fleurs  très- 
fortes  (étoffées),  atteignant  jusqu’à  0^.15  et 
même  plus  de  diamètre,  lorsqu’elles  sont 
complètement  ouvertes,  ce  qui  arrive  lors- 
qu’elles Yont  se  passer,  d’un  rouge  pourpre 
foncé  à l’extérieur,  blanc  carné  à l’intérieur, 
assez  brusquement  rétrécies  à la  base;  de  là, 
callebassiformes,  portant  à la  base  trois  folio- 
les calycinales  (bractées),  longuement  obo- 
vales,  souvent  irrégulièrement  striées  rose 
violacé  à l’extérieur,  blanches  à l’intérieur; 
tombant  avant  la  fleur.  Pétales  6,  sessiles, 
diarnus,  très-épais,  obovales,  largement 
arrondis  au  sommet,  disposés  en  deux  ver- 
tidlles  superposés,  alternes.  Etamines, 
nombreuses,  insérées  autour  et  à la  base 
des  ovaires,  qui,  très-nombreux  et  imbri- 
qués, forment  au  centre  de  la  fleur  une 
sorte  de  colonne. 

Cette  plante,  qui  appartient  au  groupe  des 
Magnolia  Yii-lan , Soulongemia , purpu- 
rea,  etc.,  se  range  à côté  de  ce  dernier  dont 
elle  est  très-différente  par  ses  feuilles  beau- 
coup plus  grandes,  par  ses  Heurs  également 
beaucoup  plus  fortes,  par  ses  pétales  plus 
charnus  et  plus  épais,  qui,  au  lieu  d’être 
acuminés  sent  .-très-largement  arrondis. 
Elle  en  diffère  encore  par  ses  branches 
qui  sont  beaucoup  plus  grosses,  ainsi  que 
par  sa  vigueur  beaucoup  plus  grande  ; de 
sorte  que  les  plantes,  au  lieu  de  buissonner, 
peuvent  s’élever  en  arbre. 

Le  Magnolia  Lenné  fleurit  dans  la  dernière 
quinzaine  d’avril,  et  comme  cette  plante  est 
très-floribonde,  rien,  on  peut  le  dire,  n’est 
plus  beau  à voir  lorsqu’elle  est  en  fleurs. 

CERASUS 

La  plante  figurée  ci-contre,  à laquelle 
nous  donnons  le  nom  de  Cerasus  Sieboldtii^ 
est  ce  qu’on  peut  appeler  une  haute  nou- 
veauté. C’est  une  de  celles  qui,  il  y a deux 
ans,  au  Congrès  de  Bruxelles,  ont  attiré  tout 
particulièrement  l’attention  du  jury,  et  qui 
a été  l’objet  d’une  mention  et  d’une  ré- 
compense spéciales.  Le  Cerasus  Sieboldtii, 
iin porté  du  Japon  par  M.  Fortune,  a été 
mis  au  commerce  par  M.  Standish,  sans 
nom,  sous  la  simple  désignation  de  Doîible 
Japonese  cherry. 

Acheté  lors  de  l’exposition  susnommée 
par  MM.  Thibaut  et  Kételeer,  à M Sieboldt, 
qui  l’avait  exposé  sous  le  nom  de  Cerasus 
pseudo  Cerasus  rosea  plena,  c’est  la  pre- 
mière fois  que  le  Cerasus  Sieboldtii  fleurit 
en  France.  C’est  donc, nous  le  répétons, une 
haute  nouveauté;  nous  ajoutons  que  son 
mérite  est  encore  rehaussé  par  sa  rusticité. 
En  effet,  il  ne  craint  pas  les  plus  grands 
froids,  et, il  présente  encore  cet  autre  avan- 
tage de  pouvoir  être  cultivé  en  pots  et  de 


Plantée  alternativement  avec  le  Magnolia 
Yu-lan  dont  les  fleurs  sont  d’un  beau  blanc, 
l’effet  produit  par  cette  opposition  de  cou- 
leur est  au-dessus  de  tout  ce  que  l’on  peut 
dire. 

On  peut  s’en  procurer  chez  certains  hor- 
ticulteurs, entre  autres  chez.  M.  Trulîaut,  à 
Versailles. 

La  multiplication  ne  présente  rien  de  par- 
ticulier; on  la  fait  par  couchages  et  par  gref- 
fes en  approche  pendant  l’été,  et  en  placage 
dans  la  serre  vers  le  15  juillet. 

Quant  à la  rusticité,  elle  est  des  plus 
grandes. 

Je  crois  devoir  faire  observer  que  les 
fleurs  viennent  même  beaucoup  plus  gran- 
des que  celles  que  représente  la  gravure  ci- 
contre;  ces  fleurs  ayant  été  prises  sur  un 
individu  qui  avait  été  transplanté  l’an  der- 
nier. 

L’origine  du  Magnolia  Lenné  paraît  en- 
core environnée  d’obscurité.  D’après  cer- 
taines personnes,  ce  serait  un  hybride,  ce 
qui  est  probablement  plus  facile  à dire  qu’à 
prouver.  Les  uns  prétendent  qu’il  a été  ob- 
tenu en  Allemagne,  d’autres,  en  Italie.  La 
première  hypothèse  paraît  probable,  et  j’in- 
cline à croire  qu’il  a été  dédié  à M.  Len- 
né, ex-directeur  des  jardins  royaux  de 
Prusse. 

Quoi  qu’il  en  soit,  c’est  une  très-belle 
plante,  la  plus  belle  du  groupe,  ce  qui  n’est 
pas  peu  dire.  Il  est  donc  bien  permis  de  la 
recommander  aux  amateurs,  qui  peuvent 
l’acheter  de  confiance. 

Briot. 


s’y  couvrir  de  fleurs.  Voici  les  caractères 
qu’il  présente  : 

Arbrisseau  très-rameux,  vigoureux. Feuil- 
les alternes,  caduques,  pétiolées,  d’un  vert 
gai,  atténuées  à la  base,  très-longuement 
acuminées  et  comme  cuspidées  au  sommet 
qui  est  obtus,  sensiblement  nervées,  bor- 
dées de  chaque  côté  de  dents  très-fines  et 
excessivement  rapprochées,  très-aiguës, 
ciliées,  molles,  très-douces  au  toucher  et 
chatoyantes  par  de  nombreux  poils  laineux 
très-fins  mais  plus  abondants  en  dessous, 
accompagnées  à la  base  de  deux  longues 
stipules  dentées-fimbriées,  parfois  longue- 
ment bifides,  velues,  ciliées  de  toutes  parts 
comme  les  feuilles.  Pétiole  long  de  12- 
16  millimètres,  également  velu,  cilié,  por- 
tant à son  sommet,  près  de  la  base  du  limbe, 
deux  glandes  globuleuses,  rouges,  qui  plus 
tard  s’effacent  presque  complètement  tout 
en  perdant  leur  couleur.  Fleurs  d’un  rose 
carné  très-tendre,  semi-pleines,  à pétales 
externes  obovales,  échancrés,  parfois  den- 


372 


CEUAS\]S  SÆEOLDTlî. 


ticulés  au  sommet.  Étamines  nulles.  Pétales 
internes  résultant  de  la  transformation  des 
étamines,  longuement  onguiculés  ou  plutôt 
comme  pédicellés  par  suite  des  filets  des 
étamines  qui,  dans  cette  partie,  ne  sont  pas 
complètement  transformés,  ensuite  élargis 
vers  le  sommet  qui  est  échancré  denticulé, 
ainsi  qu’il  l’est  chez  les  pétales  internes. 

Le  Cerasus  Sieboldlü  nous  fournit  l’exem- 
ple d’un  mode  de  duplicature  dû  à la  trans- 
formation complète  de  ses  organes  sexuels; 
aussi  est-il  toujours  stérile.  C’est  une  très- 
belle  plante,  mais  malheureusement  d’une 
couleur  trop  tendre  pour  être  rendue,  et, 
quoi  qu’on  fasse,  l’art  ne  peut  que  la  défi- 
gurer. 11  faut  y suppléer  par  l’imagination  ; 
en  d’autres  termes,  il  faut  lavoir!  Celte 
plante  vient  du  Japon  ; mais  à quelle  sec- 
tion du  genre  Cerisier  doit-on  la  rapporter? 
Nous  ne  pouvons  le  dire.  Tout  ce  que  nous 
savons,  c’est  que  nous  n’en  possédons  pas  de 
semblable.  Ceci  semble  confirmé  par  sa  na- 
ture organique  qui  paraît  être  toute  particu- 
lière; car,  jusqu’ici,  toutes  les  tentatives  qui 
ont  été  faites  pour  la  greffer  ont  échoué.  On 
n’a  encore  trouvé  aucun  sujet  avec  lequel  le 


Cerasus  SieholcUii  puisse  s’unir  par  la  greffe  : 
heureusement  qu’il  reprend  très -bien  de 
boutures.  Pour  réussir  celles-ci,  il  faut  avoir 
un  pied  en  pot,  et  qu’on  laisse  pousser  à l’a- 
bri de  Pair,  soit  dans  une  serre,  soit  sous 
des  châssis,  et,  lorsque  les  bourgeons  sont 
aoûtés,  on  les  bouture  et  on  les  place  sous 
cloche  dans  la  serre  à multiplication,  oû 
ils  s’enracinent  promptement.  Nous  de- 
vons faire  observer  toutefois,  et  ceci  est  une 
règle  générale  qui  s’applique  à toutes  les 
plantes  à feuilles  caduques,  qu’on  doit  faire 
les  boutures  assez  tôt  pour  qu’elles  ne 
s’enracinent  pas  seulement , mais  pour 
qu'elles  puissent  pousser  avant  rhiver.  Sars 
cette  précaution,  elles  s’enracinent,  c’est 
vrai,  mais  les  feuilles  ne  lardent  pas  à 
tonilDer,  et  les  plantes,  alors,  périssent  pen- 
dant l’hiver. 

Le  Cerasus  Sieholdtii  nous  fournit  en- 
core un  exemple  du  peu  de  valeur  que,  dans 
beaucoup  de  cas,  on  doit  ajouter  à la  villo- 
sité. Ainsi  toutes  ses  parties,  qui  sont  exces- 
sivement velues  lorsqu’elles  se  développent, 
sont  pour  ainsi  dire  complètement  glabres 
un  ou  deux  mois  plus  tard.  Carrière. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  D’HORTICULTURE  DE  1867  L 


II 

La  première  série  de  concours  ouvrira  le 
1er  avril  1867  ; elle  comprendra  ; 

11  concours  pour  Camellia  fleuris. 

4 — pour  plantes  de  serre  chaude 

de  nouvelle  introduction. 

2 — pour  plantes  de  serre  chaude 

obtenues  de  semis  sur  le 
continent. 

3 — pour  plantes  de  serre  tempé- 

rée de  nouvelle  introduc- 
tions. 

4 — pour  plantes  de  serre  tempé- 

rée obtenues  de  semis  sur  le 
continent. 

A — pour  Orchidées. 

A — pour  Broméliacées. 

6 — pour  Fougères  her- 

bacées. 

6 — pour  Erica  fleuris. 

2 — pour  Acacia  et  Mi- 

mosa. 

;1  — pour  Fougères  her- 

bacées. 

A pour  Amaryllis  fleu- 

ries. 

2 — pour  Cinéraires  fleu- 

ris. 

A — pour  Primula  sinen- 

sis  fleuris. 


de 

serre 

chaude 


de 
serre 
tempé- 
rée et 
froide. 


2 concours  pour  Daphné  fleuris 

3 — pour  Cyclamen  fleu- 
ris. 


* Voir  lievue 
page  346. 


horticole,  n«>  du  16  septembre, 


1 


1 — 

I — 

1 — 

3 ~ 

Q 


4 — 


de 
serre 
tempé- 
rée et 
froide. 


1 xo* 

pour  Giroflées  fleu- 
ries. 

pour  plantes  diver- 
ses. 

pour  Houx, 
pour  Magnolia  gran- 
diflora. 
pour  Yucca, 
pour  Lierres, 
pour  plantes  ligneu- 
ses diverses, 
pour  Tulipes  hâtives 
fleuries. 

pour  Crocus  fleuris, 
pour  Lilas  fleuris, 
pour  Rosiers  fleuris, 
pour  arbustes  divers  1 
fleuris.  ! 

pour  plantes  nouvelles  diver- 
ses. 

pour  Ananas.  ^ I 

pour  arbres  fruitiers  i 


de 

pleine 

terre. 


de 

culture 

forcée. 


et  fruits, 
pour  Melons, 
pour  Fraises, 
pour  Concombres, 
pour  légumes  divers, 
pour  fruits  conservés, 
pour  Poiriers 


de 

culture 

forcée. 


\ A w»  l'w  « r« 


EXPOblTlON  ü ^tYEIlSElLE  D’HOUTiCELTEKE  DE  1807. 


373 


2 concours  pour  Pêchers. 


Arbres 

formés. 


pour  Cerisiers, 
pour  Vignes, 
pour  Pruniers, 
pour  Abricotiers, 
pour  divers  arbres 
ou  arbustes  frui- 
tiers. 

arbres  fruitiers  élevés  à liges. 


La  deuxième  série  de  concours  ouvrira 
le  15  avril  1807  ; elle  comprendra  : 

12  concours  pour  Conifères  d’ornement. 

2 — pour  Conifères  d’essence  fores- 

tière. 


1 

10 

3 

4 
2 
2 

! 

C) 


LlOl  O. 

— pour  plantes  à feuil- 

lage ornemental. 
— . pour  Orchidées. 

— pour  Cactées. 

— pour  Sélaginelles  et 

Lycopodes. 

— pour  Agaves. 

— pour  Aioës. 

— pour  Dasylirion  et 

Bonapartea. 

— pour  Yucca, 
pour  Rhododendrons 

fleuris. 


de  serre 
chaude. 


de  serre 
temperée 
et  froide. 


fleuris. 

pour  Epacris  fleu- 
ries. 

pour  Erica  fleuris, 
pour  Cinéraria  fleu- 
ris. 

pour  plantes  vivaces, 
pour  Jacinthes, 
pour  Pensées, 
pour  Primula  veris. 
pour  Giroflées  jau- 
nes. 

pour  Magnolia  à 
feuilles  caduques, 
pour  Piosiers  tiges 
fleuris. 

pour  Piosiers  nains 
fleuris. 

pour  plantes  nouvelles  diverses, 
pour  Melons, 
pour  Fraisiers, 
pour  Asperges, 
pour  Concombres, 
pour  légumes  divers. 


de  pleine 
terre. 


^de  pleine 
terre. 


Culture 

forcée. 


La  troisième  série  de  concours  ouvrira 
le  1er  niai  1867;  elle  comprendra  : 

8 concours  pour  Azalea  indica  fleuris. 

8 — pour  Rhododendrons  arboreum, 

fleuris. 

4 — pour  plantes  nouvelles  de  tous 

genres. 

5 — pour  plantes  fleuries  de  tous 

genres. 


2 concours  pour  Orchidées  fleuries  de 
serre  chaude. 

2 — pour  plantes  spécialement  af- 

fectées à la  décoration  des 
appartements. 

pour  Ixia  et  Sparaxis  fleuris, 
pour  Pivoines  arborées  fleuries . 
pour  Pivoines  herbacées  fleu- 
ries. 

pour  Rosiers  tiges  fleuris, 
pour  Rosiers  nains  fleuris, 
pour  Clématites  fleuries, 
pour  suspensions  garnies  dii 
plantes  à rameaux  pendants, 
pour  Tulipes  fleuries, 
pour  Pensées  fleuries, 
pour  Auricules  fleuries, 
pour  Giroflées  quarantaines 
fleuries. 

pour  Réséda  fleuris, 
pour  Gladiolus  nains  fleuris, 
pour  plantes  nouvelles  diverses, 
pour  Asperges, 
pour  Champignons, 
pour  légumes  divers, 
pour  Melons, 
pour  légumes  divers, 
pour  arbres  fruitiers 
et  fruits, 
pour  Ananas. 


Culture 

forcée. 


La  quatrième  série  de  concours  ouvrira 
le  15  mai  1867  ; elle  comprendra: 

11  concours  pour  Palmiers. 


2 — 


1 — 


pour  Cycadées. 
pour  Orchidées  fleuries, 
pour  Ixora. 

pour  Azalea  indica  fleuris, 
pour  Calcéolaires  fleuris, 
pour  plantes'destinées  àl’appro- 
visionnement  des  marchés, 
pour  Rhododendrons  de  l’Hi- 
malaya  fleuris, 
pour  Auricules  fleuries, 
pour  Rhododendrons  de  pleine 
terre  fleuris. 

pour  Azalées  de  pleine  terre 
fleuries. 

pour  Kalmia  fleuris, 
pour  Clématites  fleuries, 
pour  Rosiers  tiges  fleuris, 
pour  Rosiers  thés  à tige  fleuris, 
pour  Rosiers  nains  fleuris, 
pour  végétaux  li- 
gneux divers, 
pour  plantes  vivaces 
fleuries. 

pour  plantes  annuel- 
les fleuries, 
pour  Pivoines  herba- 
cées fleuries, 
pour  Pivoines  arbo- 
rées fleuries. 


ide  pleine 
i terre. 


374 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  D’HORTICULTURE  DE  1867. 


1  concours  pour  Renoncules  fleuries. 

1  ' — pour  Anémones  fleuries. 

1 — pour  Bellis  perennis  fleuries. 

2 — pour  plantes  nouvelles  diverses. 

1 — pour  fruits  forcés. 

2 — pour  Raisins  de  table  forcé. 

3 — pour  légumes  divers. 


La  cinquième  série  de  concours  ouvrira 
le  1er  juin  1307  • elle  comprendra  : 

9 concours  pour  Orchidées  fleuries. 

8 — pour  Pélargonium  à grandes 

fleurs  fleuris. 

5 — pour  Pélargonium  fantaisies 

fleuris. 

— pour  plantes  diverses  de  serre 
chaude. 

4-  — pour  plantes  à feuillage  orne- 

mental. 

5 — pour  Caladium  bulbeux. 

1 — pour  plantes  diverses  de  serre 

tempérée. 

3 — pour  Calcéolaires  fleuris. 

4 — pour  Verveines  fleuries. 

2 — pour  plantes  annuelles  fleu- 

ries. 

2 — pour  plantes  vivaces  fleuries. 

3 — - pour  Pivoines  de  Chine  fleu- 

ries. 

1 — pour  Œillets  fleuris. 

2 — pour  végétaux  li- 

gneux. 


1 — pour  végétaux  divers 

de  terre  de  bruyère. 

5 — pourRliododendrons 

4 — pour  Azalées  demis. 

1 — pour  Kalrnia  fleuris,  de  pleine 

2 — pour  Rosiers  tiges  / terre. 

fleuris. 

4 — pour  Rosiers  nains 

fleuris. 

1 — pour  Rosiers  sar- 

menteux  et  grim- 
pants fleuris. 

5 — pour  Roses  en  fleurs  coupées. 

2 — pour  plantes  nouvelles  diverses 

1 — [)our  Melons. 

3 — pour  légumes  divers. 

3 — pour  fruits  forcés. 


La  sixième  série  de  concours  ouvrira  le 
15  juin  1807  ; elle  comprendra  : 

4 concours  pour  Piosiers  tiges  fleuris. 

5 — pour  Rosiers  nains  fleuris. 

1 — pour  Rosiers  grimpants  ou  sar- 

menteux  fleuris. 

4 ~ pour  Roses  en  fleurs  coupées. 

4 — pour  Pandanées. 

4 — • pour  Pélargonium  à grandes 

fleurs  fleuries. 

3 — pour  Pélargonium  fantaisies 

fleuris. 


3 

4 

3 

5 

3 

3 

3 
2 

4 
1 
1 
1 

2 

2 

2 

1 

2 


2 

3 

1 

3 
1 

2 

4 


concours  pour  Pélargonium  zonale-in- 
quinans  fleuris. 

— pour  Orchidées  de  serre  chaude 

fleuries. 

— pour  Théophrasta  et  Clavija. 

— pour  Maranta,  CalaÜiea  et 

Phrynium. 

' — pour  Musa. 

— pour  Bégonia  (types). 

— pour  Bégonia  variétés. 

— pour  Orangers,  Citronniers, etc. 

— pour  Verveines  fleuries. 

— ■ pour  Calcéolaires  fleuris. 

— pour  plantes  vivaces  fleuries. 

— pour  plantes  annuelles  fleu- 

ries. 

— pour  Delphinium  fleuris, 
pour  Iris  fleuris. 

— pour  Giroflées  Quarantaines 

fleuries. 

— pour  Orchidées  indigènes. 

— pour  plantes  alpines  et  alpes- 

tres. 

— pour  plantes  nouvelles  diverses. 

— pour  Pivoines  herbacées  fleu- 

ries. 

— pour  Pivoines  arborées  fleu- 

ries. 

— pour  Légumes  divers. 

— pour  Bananes. 

— pour  Cerises. 

— pour  Fraises. 


La  septième  série  de  concours  ouvrira 
le  1^1’  juillet  1867  ; elle  comprendra  : 

7 concours  pour  Pélargonium  zonale-in- 
quinans  fleuris. 

4 — pour  Pélargonium  'zonale  à 

feuilles  panachées. 

2 — pour  Pélargonium  (types). 

5 — pour  Fougères  arborescentes. 

2 — pour  plantes  utiles,  officinales 

des  Tropiques. 

2 — pour  Orchidées  fleuries  de 

serre  chaude. 

— pour  Nepenthes. 

— pour  Gloxinia  fleuris. 

— pour  Caladium  bulbeux. 

— pour  Pétunia  fleuris. 

— pour  Rochea  fleuris. 

— pour  Crassula  fleuris. 

— pour  Sarracenia. 

— pour  Amaryllis  fleuries. 

— pour  Lilium  auratiim  fleuris. 

— pour  plantes  vivaces 
fleuries. 

— pour  plantes  annuel- 
les fleuries.  [ de 

— pour  plantes  vivaces  > pleine 

à feuilles  pana-  ( terre, 

chées. 

— pour  Fougères  her- 
bacées. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  D’HORTICULTURE  DE  1S67. 


concours  pour  Delphinium 
fleuris. 

— pour  Réséda  fleuris. 

— pour  Roses  trémières 

fleuries.  ] 

— pour  Roses  en  fleurs  coupées. 

— pour  plantes  nouvelles  diver- 

ses. 

— pour  légumes  divers. 

— pour  Champignons. 

— pour  Cerises. 

— pour  Fraises. 


375 


La  huitième  série  de  concours  ouvrira  le 
15  juillet  1807;  elle  comprendra  : 

4 concours  pour  Œillets  tlamands,  fantai- 
sies, etc.,  fleuris. 

2 — pour  Œillets  remontants,  fleu- 

ris. 

6 — pour  végétaux  de  serre 

chaude. 

2 — j3our  arbres  à fruits  exo- 

tiques. 

3 — pour  Gloxinia  fleuris. 

4 — pour  Lantana  fleuris. 

4 — pour  Pétunia  fleuris. 

1 — pour  plantes  vi-  i 

vaces  fleuries.  f de  pleine 

2 — pour  plantes  an-  { terre. 

nuelles  fleuries.  ) 

2 — pour  Phlox  fleuris. 

3 — pour  Pentstemon  fleuris. 

3 — pour  Canna. 

3 — pour  Roses  trémières  fleuries. 

3 — pour  Gladiolus  fleuris. 

2 — pour  Delphinium  fleuris. 

3 — pour  Phlox  Drummundi  fleu- 

ris. 

1 — pour  Alstroemières. 

3 — pour  Hydrangea  et  Hortensia 

fleuris. 

2 — pour  plantes  nouvelles  di- 

verses. 

4 — pour  arbres  à fruits  à noyau. 

3 — pour  arbres  et  arbustes  à fruits 

en  baies. 

3 — pour  Melons 

3 — pour  légumes  divers. 


La  neuvième  série  de  concours  ouvrira  le 
août  1867  ; elle  comprendra  : 

6 concours  pour  Fuchsia  fleuris. 

4 — pour  Gladiolus  fleuris. 

3 — pour  végétaux  grimpants,  sar- 

menteux,  etc.,  exotiques. 

— pour  Passiflores  fleuris. 


pour  Héliotropes  fleuris, 
pour  Phylica  ericoides,  vul- 
gairement bruyère  du  Cap. 
pour  Dahlia  fleuris, 
pour  plantes  vivaces  fleuries, 
pour  plantes  annuelles  fleuries, 
pour  Œillets  divers  fleuris. 


5 concours  pour  Roses  trémières  fleuries. 

3 — pour  Phlox  decussata  fleuris. 

2 ■ — pour  Lilium  fleuris. 

2 — pour  Zinnia  dore  pleno  fleuris. 

2 — pour  Lobelia  lleuris. 

2 — pour  Tropœlum  fleuris. 

3 — pour  Hydrangea  et  Hortensia 

fleuris. 

2 — pour  plantes  nouvelles  diver- 

ses. 

3 — pour  fruits  à pépins. 

4 — pour  fruits  à noyau. 

3 — pour  fruits  en  baies. 

2 — pour  Xiaisins  hâtifs. 

1 — pour  Pêches. 

3 — pour  légumes  divers. 


La  dixième  série  de  concours  ouvrira  le 
15  août  1857;  elle  comprendra  : 

12  concours  pour  Aroïdées  diverses. 

1 — pour  Orchidées  de  serre 

chaude. 

3 — pour  Gesneria  fleuris. 

3 — pour  Acliimènes  fleuris. 

1 — pour  Nœgelia,  etc.,  fleuris. 

4 — pour  Fuchsia  fleuris. 

3 — pour  Erythrina  lleuris. 

2 — pour  Pélargonium  Zonale-in- 

quinans  fleuris. 

2 — pour  plantes  pour  suspen- 

sions. 

2 — pour  plantes  vivaces  fleuries. 

2 — pour  Dahlia  fleuris. 

2 — pour  Roses  trémières  fleuries. 

3 — pour  Pentstemon  fleuris. 

1 — pour  Phlox  fleuris. 

2 — pour  Œillets  remontants  fleu- 

ris. 

4 — pour  Reines-Marguerites  fleu- 

ries. 

3 — pour  Balsamines  fleuries. 

3 — pour  Zinnia  flore  pleno  fleu- 

ris. 

2 — pour  plantes  annuelles  di- 

verses fleuries. 

1 — pour  Lilium  fleuris. 

4 — pour  Gladiolus  lleuris. 

1 — pour  Bruyères  indigènes  fleu- 

ris. 

2 — pour  plantes  aquatiques  exo- 

tiques. 

1 — pour  plantes  aquatiques  indi- 

gènes. 

2 — pour  plantes  nouvelles  di- 

verses. 

3 — pour  légumes  divers. 

1 — pour  Melons. 

3 — pour  fruits  à pépins. 

3 — pour  fruits  à noyau. 

3 — pour  Pêches. 

2 — pour  Raisins  de  table. 

i — pour  Figues. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  D’HORTICULTURE  DS  18A7. 


La  onzième  série  de  concours  ouvrira  le 
1er  septembre  1867  ; elle  comprendra  : 


7 

4 

^2 

2 

3 

2 


1 

1 

2 

2 

1 

2 

1 

1 

2 


O 

0 

3 

3 

1 
3 
2 
3 
3 


concours  pour  Dahlia  fleuris. 

— pour  Dracæna  et  Cordyline. 

— pour  Croton. 

— pour  Allamanda. 

— pour  Fuchsia  fleuris. 

— pour  Véroniques  fleuries. 

— pour  Pélargonium  Zonale-in- 

quinans  fleuris. 

— pour  plantes  vivaces  de  pleine 

terre  fleuries. 

— pour  Dianthus  sinensis,  he- 

dewgii,  etc.,  fleuris. 

— pour  plantes  annuelles  fleu- 

ries. 

— pour  Reines-Marguerites  fleu- 

ries. 

— pour  Balsamines  fleuries. 

— pour  Roses  en  fleurs  cou- 

pées. 

— pour  Rosiers  thés  fleuris. 

— pour  Gladiolus  fleuris. 

— pour  plantes  nouvelles  di- 

verses. 

— pour  légumes  divers. 

— pour  fruits  à pépins. 

— pour  fruits  à noyau. 

— pour  Pêches. 

— pour  Raisins  de  table. 

— pour  Figues. 

— pour  Ananas. 

— pour  arbres  à feuilles  cadu- 

ques propres  au  repeuple- 
ment des  forêts. 


3 concours  pour  arbustes,  arbrisseaux  et 
sous-arbrisseaux  propres  à 
garnir  les  pentes  abruptes 
ou  les  terrains  dénudés. 


La  douzième  série  de  concours  ouvrira 
le  15  septembre  1867;  elle  comprendra  : 


4 

2 

4 

4 

4 

2 

2 

2 

î 

1 

1 

O 

0 

1 


1 

3 

1 

2 

i 

Q 


3 

7 

2 


concours  pour  Araliacées  diverses. 

— pour  végétaux  de  serre  chaude 

à grands  feuillages. 

— pour  Canna. 

— pour  Solarium. 

— pour  Figuiers  et  Artocarpées. 
pour  Hibiscus  sinensis  fleuris. 

— pour  Musa. 

— pour  Fuchsia  fleuris. 

— pour  Pélargonium  Zonale-in- 

quinans  fleuris, 
pour  Plantes  vivaces  fleuries. 

— pour  Graminées  ornementales. 

— pour  Dahlia  en  fleurs  coupées. 

— pour  Chrysanthèmes  hâtives 

fleuries. 

— pour  Aster  fleuris. 

— pour  Gladiolus  fleuris. 

pour  Roses  en  fleurs  coupées. 

— pour  Bambusa  divers. 

— pour  plantes  annuelles  fleuries. 

— pour  plantes  nouvelles  di- 

verses. 

— pour  légumes  divers. 

— pour  Raisins  de  table, 
pour  fruits  à pépins. 


Raf.\rin. 


PLANTES  QUI  PEUVENT  VIVRE  DANS  LE  VOISINAGE 


DE  LA  MER. 


Par  suite  de  la  facilité  des  communica- 
tions, beaucoup  de  sites  très-agréables  placés 
dans  le  voisinage  de  la  mer,  et  qui  autrefois 
étaient  à peu  près  déserts,  sont  aujourd’hui 
très-fréquentés,  de  sorte  qu’on  voit  mainte- 
nant des  belles  résidences  là  où  il  n’y  avait 
jadis  que  quelques  misérables  cabanes. 
Le  complément  d’une  habitation  d’été,  sur 
les  bords  de  la  mer  comme  ailleurs,  c’est 
un  jardin.  Mais,  on  le  sait,  le  voisinage  de  la 
mer  est  nuisible  à la  plupart  des  végétaux,  et 
celui  qui  planterait  indistinctement  ne  tarde- 
rait pas  à éprouver  de  cruelles  déceptions.  Je 
crois  donc  être  agréable  aux  lecteurs  de  la 
Revue  horficole  en  leur  indiquant  les  plan- 
tes, que  ma  longue  expérience  m’a  in- 
diquées comme  pouvant  croître  dans  ces 
conditions  exceptionnelles.  Ce  sont,  parmi 
les  Conifères  les  Plnus  halepensis,  insignis^ 
f)umilio,  sylvestriSyLariciOjAustriaca,  le  Pi- 
/iMs/mfepensw  surtout  vient  très-bien;  je  l’ai 


vu  réussir  là  où  aucune  autre  espèce  ne  vou- 
lait pousser.  Les  Ahies  ne  réussissent  pas, 
excepté  pourtant  VA.  balsmnea. 

Les  arbres  à feuilles  caduques  qui  vivent 
bien  au  bord  de  la  mer  sont  les  Peupliers, 
les  Saules,  les  Platanes,  les  Sorbiers,  les 
faux-Ebéniers,  les  Lilas,  les  Aulnes,  les 
Cerisiers  à fruits  et  d’ornement,  les  Epi- 
nes, etc.  Les  Robinia  n’y  vivent  pas. 

Parmi  les  arbustes  à feuilles  persistantes 
ou  caduques  qui  poussent  dans  ces  condi- 
tions, je  puis  citer  les  Fusains  du  Japon,  le 
Phlomis  fruticosa,  les  Baccharis,  les  Lau- 
riers-amandes et  d’Apollon,  les  Genets,  les 
Lyciimyles  Romarins,  les  Arbousiers,  l’A- 
triplex  halimus  ou  Pourpier  de  mer,  les 
Colletia,  le  Lavatera  arborescens,  les  Eleag- 
nuSy  l’Hippophæ  rhamnoïde,  Vhypericum 
hircinum,  les  Lauriers-Tin,  le  Rudleia  glo- 
bosa.,  le  thym,  les  variétés  vigoureuses  de 
Fuchsia,  les  Lierres,  etc. 


377 


PLANTES  QUI  PEUVENT  VIVRE  DANS  LE  VOISINAGE  DE  LA  MER, 


En  publiant  cette  liste,  je  n’ai  pas  la  pré- 
tention d’indiquer  toutes  les  plantes  qui 
peuvent  vivre  au  bord  de  la  mer;  il  y en  a 
évidemment  un  grand  nombre  d’autres,  mais 
ce  sont  celles  que  j’ai  reconnues  s’y  plaire 
et  sur  lesquelles,  par  conséquent,  l’on  peut 


compter.  On  pourra  donc,  h côté  de  celles 
que  j’indique,  en  planter  d’antres  à titre 
d’essais. 

Louvel  aîné, 

Pépiiiioriste  et  Paysajists 
à Fécamp 


EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  HORTICOLE,  VIGNERONNE 

ET  FORESTIÈRE  DE  TROYES. 


Sous  ce  titre,  la  nouvelle  Société  de  l’Aube 
vient  d’ouvrir  sa  première  exposition  chez 
elle.  Ses  premiers  pas,  elle  les  avait  faits  à 
Auxerre,  et  le  succès  l’avait  enhardie.  Ajou- 
tons qu’il  l’a  suivie  cette  fois  sur  son  propre 
terrain. 

Ce  qu’il  faut  applaudir  surtout  dans  cette 
manifestation,  ce  n’est  pas  seulement  le  ré- 
sultat obtenu  aujourd’hui,  c’est  l’idée  qui  a 
présidé  à la  fondation  de  cette  société. 

Ainsi,  elle  a inauguré  le  système  des  con- 
férences publiques,  à l’instar  de  la  Belgique. 
Elle  a compris  que  la  diffusion  des  bonnes 
pratiques  horticoles  ne  se  fait  que  par  l’au- 
dition, parce  que  les  jardiniers  ne  lisent  pas. 
Ils  ne  liront  que  si  on  leur  ouvre  l’esprit 
aux  bonnes  théories  et  si  on  excite  leur  cu- 
riosité par  l’exposé  clair  et  simple  de  faits 
qui  les  frappent  et  leur  donnent  l’idée  d’aller 
plus  loin. 

Les  meilleurs  greffeurs,  les  ouvriers  émé- 
rites, les  anciens  serviteurs  sont  récompen- 
sés par  elle  avec  soin.  L’apiculture,  la  zoo- 
logie, l’entomologie  horticoles  trouvent  une 
place  hospitalière  dans  les  expositions  de  la 
nouvelle  Société. 

Nous  la  félicitons  également  du  titre 
qu’elle  a pris.  En  effet,  la  culture  des  forêts 
et  des  vignes  ne  tient-elle  pas  étroitement  à 
l’horticulture,  qui  est,  ensomme,  leur  mère. 
Les  lins  cépages  ne  sont-ils  pas  d’abord  pro- 
pagés par  les  procédés  horticoles,  et,  sans 
avoir  passé  par  l’expérimentation  localisée, 
auraient-ils  pris  des  titres  à la  grande  cul- 
ture? Il  en  est  de  même  pour  les  forêts  : si 
nous  devons  voir  la  France  repeuplée  de 
beaux  bois,  cette  source  de  richesse  des 
États,  cette  indispensable  parure  des  mon- 
tagnes, sauvegarde  des  inondations  à la  fois 
et  principal  agent  de  la  santé  publique,  la 
source  en  est  dans  le  jardinage.  — Nous  de- 
vons y chercher  les  essences  favorables, 
essayées  de  longue  main  par  une  culture 
suivie  dans  les  circonstances  les  plus  diver- 
ses de  terrains  et  d’expositions.  C’est  à voir 
dans  les  parcs  ces  beaux  Chênes  d’Amérique 
rapportés  par  André  Michaux,  que  l’idée 
est  venue  d’en  boiser  une  partie  du  bois 
de  Boulogne,  et  en  peu  d’années  les  nou- 
veaux venus  avaient  pris  droit  de  cité  et 
dépassé  de  beaucoup  leurs  congénères  indi- 
gènes. Le  géant  de  la  Californie,  le  Welling- 


tonia  gigantea,  est  sorti  de  nos  jardins  de- 
puis peu  d’années,  et  déjà  nous  en  connais- 
sons de  vastes  plantations  qui  prospèrent  à 
merveille. 

Nous  n’avons  pas  besoin  d’insister  plus 
longtemps  pour  prouver  l’étroite  et  naturelle 
alliance  de  l’horticulture  à la  viticulture  et 
aux  forêts.  Le  litre  de  la  Société  troyenne  a 
donc  sa  raison  d’être.  De  plus,  des  mem- 
bres autorisés  et  instruits  se  partagent  fra- 
ternellement les  différentes  sections  où  leurs 
talents  prennent  plus  spécialement  place  ,et 
ces  efforts  réunis  ont  produit  déjà  cette  ex- 
position intéressante  à laquelle  nous  reve- 
nons après  cette  digression  nécessaire. 

Une  heureuse  idée  avait  placé  les  fleurs, 
les  fruits  et  leurs  accessoires  dans  les  jardins 
publics  que  la  ville  de  Troyes  doit  à l’initia- 
tive de  son  maire,  M.  Argence.  On  avait 
choisi  la  partie  la  plus  pittoresque,  la  val- 
lée Suisse,  pour  y installer  les  produits  dans 
un  art  ingénieux  et  charmant.  Les  fleurs, 
les  plantes,  les  abeilles,  les  appareils  de 
pisciculture  devinrent  autant  de  motifs  de 
décoration  qui  étaient  à la  fois  un  but  de 
promenade  et  d’intérêt  pour  les  visiteurs. 

Parmi  les  principaux  fondateurs  de  la  So- 
ciété se  comptent  MM.  Ballet  frères.  Ils  sont 
trop  de  nos  amis  pour  que  nous  puissions 
parier  d’eux  avec  assez  d’indépendance.  Il 
nous  suffira  donc  de  dire  que  non-seulement 
ils  ont  contribué  de  toutes  leurs  forces  à 
l’établissement  et  aux  succès  de  la  Société, 
mais  qu’ils  étaient  encore  cette  fois  comptés 
parmi  les  principaux  exposants.  Le  jury  a 
été  heureux  de  leur  attribuer  la  médaille  du 
Ministre  de  l’agriculture  et  du  commerce 
pour  l’ensemble  de  leur  exposition. 

AM.  Guéniot,  de  Troyes,  une  médaille 
d’argent  pour  ses  arbres  et  ses  fruits  (on  se 
rappelle  que  c"est  à M.  Guéniot  que  Ton 
doit  la  Poire  Lebrun,  autrefois  figurée  et 
décrite  par  nous  dans  [a.  Revue  horticole).On 
remarquait  encore  les  lots  de  fruits  de 
MM.  Gibey-Lorne,  Bertrand,  le  prince  de 
Luciuse,  qui  ont  reçu  chacun  une  médaille 
d’argent. 

Une  intéressante  collection  de  fruits  à ci- 
dre, exposée  par  M.  Rousseau,  l’un  des  plus 
intelligents  professeurs  que  le  département 
de  l’Aube  ait  chargés  des  cours  publics  de 
taille,  n’a  pu  être  récompensé.  M.  Rousseau 


378  EXPOSITION  DE  LA  SOCiÉTÉ  HORTICOLE, 

était  notre  collègue  au  Jury;  or,  on  sait 
qu’il  est  impossible  d’être  à la  fuis  juge  et 
partie. 

La  floriculture  avait  pour  principal  re- 
présentant, M.  Léger.  La  médaille  d’or  des 
dames  patronesses  à récompensé  son  en- 
semble des  plantes  de  serre  chaude.  Pélar- 
gonium zonal,  EpiphyUim,  Caladium, 
Bégonia,  Glaïeuls  de  semis.  Parmi  ces  der- 
nières nouveautés,  plusieurs  plantes  re- 
marquables ont  été  surtout  primées  par  le 
jury  qui  leur  a,  séance  tenante,  donné  les 
noms  de  : Madame  Isidore  Salles,  Président 
Argence,  Madame  Lucien  Tisserand,  Ma- 
dame Voiteij,  Souvenir  de  Troyes. 

Des  médailles  de  vermeil  ont  été  appli- 
quées aux  fleurs  et  treillages  de  M.  Chatron- 
Lasnier;  aux  Bégonias  et  nouveautés  de 
M.  Weber,  de  Bar-sur- Aube;  aux  plantes 
d’ornement  variées  de  M.  Bozier-Denis. 

MM.  Bélican,  Branche,  Cresson,  Tétart, 
Asselin,  Gibet-Lorne,  se  sont  partagé  les 
autres  récompenses  saillantes  de  la  llori- 
culture  troyenne,  et  M.  Lamblin  de  Chau- 
mont, a présenté  avec  succès  un  Gynérium 
panaché,  de  ses  semis,  qui  n’a  que  le  défaut 
de  faire  double  emploi  avec  celui  de  M. 
Rendatler  de  Nancy. 

La  ville  de  Troyes  avait  fondé  une  dis- 
tinction importante,  une  médaille  d’or.  Elle 
a été  décernée  aux  belles  cultures  maraî- 
chères de  M.  Lyé-Petit,  dont  les  lots  ont 
été  fort  remarqués  ; les  médailles  d’argent 
étaient  reparties  entre  MM.  Ravoyot  et  Bou- 
nelier,  Dambouville,  Lutrat,  tous  de  Bar- 
sur-Aube  et  portant  haut  la  renommée  cul- 
urale  de  cette  fille  aînée  de  la  métropole 
royenne. 


VIGNERONNE  ET  FORESTIÈRE  DE  TROYES. 

La  médaille  de  vermeil  donnée  par 
monseigneur  Ravinet  évêque  de  Troyes  est 
échue  à M.  Dupont-Poulet,  pour  son  exposi- 
tion de  vignes  et  accessoires.  M.  Guérin- 
Gautherot,  et  Eugène  Ray,  pour  leurs  vi- 
gnes et  leurs  vins,  celui-ci  surtout  avec  les 
fameux  produits  des  Riceys,  venaient  aussi 
en  première  ligne,  et  étaient  suivis  immé- 
diatement par  MM.  Ricard,  d’Evrÿ,  pour 
vignes  conduites  suivant' le  système  Guyot, 
Robert,  pour  ses  futailles  fines  des  Riceys  ; 
Poulet,  pour  vignes  et  vins. 

M.  de  Ghavaudon  a imprimé  à la  sylvicul- 
ture de  la  région  qu’il  habite  avec  sa  famille 
une  vive  et  féconde  impulsion.  La  médaille 
d’or  de  la  société  forestière  de  France  lui  a 
été  décernée  pour  la  perfection  de  ses  pra- 
tiques sylvicoles  dans  les  environs  de  Droupt 
sur  Baie  et  surtout  des  grandes  plantations  de 
Sapins. 

Les  autres  récompenses  s’appliquaient 
à MM.  de  la  Fournière,  à Montsuzain,  Du- 
tailly,  aux  Riceys,  Julien  Baltet,  à Vaude- 
part;  force  nous  est  de  passer  nombre  de 
lauréats  non  moins  importants. 

La  zoologie  et  ses  accessoires  ont  été 
primés  dans  les  personnes  de  M.  Huot, 
pour  produits  agricoles,  Dillot,  de  Ton- 
nerre, pour  collection  entomologique. 

Enfin,  dans  les  sections  d’apiculture,  de 
pisciculture,  les  instruments  divers  se  rap- 
portant à ces  sciences,  comme  au  jardinage^ 
étaient  largement  représentés.  Ils  échappent 
cependant  à notre  juridiction  et  sortent  de 
notre  spécialité;  nous  n’avons  qu’à  les  men- 
tionner pour  mémoire  en  disant  qu’ils  ont 
été  fort  appréciés  et  non  moins  récompen- 
sés. Ed.  André. 


LES  glaïeuls  nouveaux  DE  1866. 


Nous  n’apprendrons  rien  de  nouveau 
aux  lecteurs  de  la  Revue  en  leur  disant 
que  les  Glaïeuls  Gandavensis  hybrides,  ori- 
ginaires de  la  Belgique,  sont  devenus  des 
plantes  éminemment  françaises,  par  suite 
des  perfectionnements  nombreux  apportés 
dans  ce  beau  genre  par  les  semeurs  français, 
qui  doivent  leurs  succès,  non-seulement  à 
un  climat  très-favorable,  mais  aussi,  et  sur- 
tout, à l’intelligence  qui  a présidé  aux  fécon- 
dations artificielles  des  espèces  ou  variétés 
entre  elles,  et  au  choix  des  porte-graines. 

De  tous  les  semeurs  (parmi  lesquels  ils" 
faut  citer  MM.  Truffaut,  Domage,  Duval, 
Malet,  Loise,  Verdier,  Paulin  Leveau,  etc., 
M.  Souchet,  l’habile  jardinier  du  Palais  de 
Fontainebleau,  est  celui  qui  a obtenu  les 
plus  beaux  résultats,  et  l’on  peut  affirmer, 
sans  crainte  d’être  contredit,  que  c’est  à lui 
que  l’on  doit  la  majorité  des  plus  belles  va- 
riétés cultivées  aujourd’hui.  i 


Contrairement  à ce  que  l’on  observe  chez 
la  plupart  des  semeurs,  M.  Souchet,  est  pour 
ses  enfants,  c’est-à-dire,  pour  les  gains  ob- 
tenus dans  ses  nombreux  semis,  d’une  sé- 
vérité telle,  que  ses  amis  eux-mêmes  s’é- 
tonnent de  sa  réserve  et  de  sa  modestie,  et 
le  blâment  même  de  ne  pas  mettre  tous  les 
ans  au  commerce  un  nombre  de  variétés 
plus  grand  qu’il  ne  le  fait.  — C’est  que 
M.  Souchet  est,  en  même  temps  qu’un  se- 
meur, un  amateur  véritable  et  difficile,  et 
qu’il  veut  qu’en  achetant  une  de  ses  nou- 
veautés, l’amateur  le  plus  rigide  y trouve, 
non-seulement  une  variété  distincte  de 
celles  déjà  connues,  mais  encore  un  progrès 
dans  la  couleur,  l’ampleur  et  surtout  dans 
la  forme  et  la  tenue  des  fieurs. 

C’est-à-dire  que  la  nouvelle  série  de 
Glaïeuls  mise  au  commerce  en  1866  par 
M.  Souchet,  ne  le  cède  en  rien  à celles  des 
années  précédentes  et  les  surpasse  même 


LES  glaïeuls  nouveaux  DE  1866. 


379 


SOUS  bien  des  rapports;  aussi  croyons-nous 
être  agréable  aux  lecteurs  de  la  lieviie  hor- 
ticole, en  leur  donnant  ci-après  la  nomen- 
clature et  la  description  de  ces  nouveautés 
que  l’on  pourra  se  procurer  chez  les  prin- 
cipaux marchands  grainiers  et  dans  les 
principales  maisons  horticoles  de  Paris. 

jo  Nouveautés  dont  les  fleurs  ont  été  mon- 
trées pour  la  première  fois  en  18GG  : 

A.  BronijniarV . Fleur  ^extra  grande, 
de  forme  et  d’une  tenue  parfaites,  fond 
rose  légèrement  teinté  orange,  tïammé 
rouge  très -grande  macule  blanche. 
Plante  très-remarquable  par  son  colo- 
ris frais  et  séduisant,  par  l’ampleur  et 
la  perfection  de  ses  fleurs.  Extra. 

Princesse  Marie  de  Cambridge.  Fleur 
très-grande,  très-ouverte,  forme  et  te- 
nue irréprochables,  blanc  mat,  très- 
large  macule,  carmin  clair,  extra. 

Sir  William  Hooker.  Fleur  grande,  très- 
ouverte,  forme  et  tenue  parfaites  de 
couleur  cerise  claire,  macule  rose  car- 
miné sur  large  fond  blanc  pur,  d’un 
grand  effet. 

7Vi.  Paxton.  Fleur  grande,  forme  et  te- 
nue parfaites,  rouge  légèrement  teinté 
orange  clair,  finement  strié  rouge  car- 
miné sur  fond  blanc,  coloris  très-bril- 
lant. 

Lady  Franklin.  Fleur  très-grande,  forme 
et  tenue  parfaites,  blanc  légèrement 
teinté  de  rose,  finement  strié  carmin  et 
très-largement  flammé  rose  carminé 
(variété  naine). 

Anaïs.  Fleur  moyenne,  forme  parfaite, 
blanc  très-légèrement  teinté  lilas,  très- 
grande  macule,  blanc  soufré,  très-lar- 
gement bordée  carmin  lilacé  (variété 
naine). 

Th.  Moore.  Fleur  grande,  forme  et  tenue 
parfaites,  très- beau  rose  carminé  à 
fond  blanc,  maculé  et  flammé  carmin 
vif. 

’ Il  ne  faut  pas  confondre  cette  variété  avec 
« Président  Brongniart,  » nouveauté  présentée  en 
août  1866,  par  M.  Cliardine  à la  Société  Impériale- 
Centrale  d’horticulture,  qui  l’a  jugée  digne  de  son 
patronage  et  d’une  récompense  spéciale. 

PLANTES  NOUVELLES,  î 

Acer  palmatum  roseum.  Variété  plus  dé- 
licate que  le  type,  d’origine  japonaise  comme 
celui-ci.  Feuilles  à peu  près  semblables  à 
celles  du  type,  peut-être  un  peu  plus  petites, 
bordées  de  toutes  parts  d’une  ligne  rose. 
Japon.  Très-rustique.  — MM.  Thibaut  et 
Keteleer. 

Corylopsis  spicata.  Arbrisseau  à feuilles 
caduques,  à peu  près  orbiculaires,  glabres. 


Révérend  Berkeley.  Fleurs  grandes , 
forme  et  tenue  parfaites,  disposées  en 
épi  serré,  rose-vif  teinté  de  violet  strié 
carmin  sur  fond  blanc. 

Apollon.  Fleur  grande,  forme  et  tenue 
parfaitês,  rose  lilacé,  large  macule, 
carmin  vif  très-foncé,  rayée  blanc  au 
centre. 

Bernard  De  Palissy.  Fleur  grande,  bonne 
forme,  rouge  cerise  vif,  flammé  et  strié 
rosecarminésurunlargefondblancpur. 

Noémie.  Fleur  grande,  rose-clair,  lilacé; 
épis  très-ample. 

Félicien  David.  Fleur  grande,  forme  et 
tenue  parfaites,  rose  cerise,  strié  car- 
min clair  sur  un  large  fond  blanc;  très- 
bel  épi. 

2»  Nouveautés  déjcà  examinées  en  1865 
et  mises  pour  la  première  fois  au  commerce 
en  18G6. 

Brillant  (S).  Fleur  grande,  belle  forme, 

, rouge  pourpre,  très-belle  nuance. 

Emilie  (S).  Blanc  flammé  rose,  macule 
brun  foncé. 

Flavia  (S).  Rouge  très-brillant,  nuance 
un  peu  plus  foncée  que  celle  de  Na- 
poléon III. 

Greiize  (S).  Rouge  cerise,  flammé  pour- 
pre ; variété  vigoureuse,  très-belle. 

Le  Titien  {S).  Fleurs  grandes,  de  forme 
parfaite,  disposées  en  épi  très-ample, 
d’un  rouge  écarlate  très-brillant  ; très- 
belle  plante. 

Météor  {S).  Rouge  foncé,  très-brillant, 
grande  macule  d’un  blanc  pur;  plante 
très-remarquable. 

Mirabilis  (S).  Rouge  très-clair;  très- 
belle  plante. 

Nelly  (S).  Blanc  flammé,  rose  carminé, 
large  macule,  carmin  foncé. 

Cette  série  renferme  deux  catégories  : 
lo  celle  des  nouveautés  d’un  mérite  vrai- 
ment transcendant,  et  dont  les  fleurs  ont  été 
appréciées  pour  la  première  fois  en  1866; 
2»  celles  qui  ont  été  jugées  les  plus  dignes 
et  les  plus  recommandables  parmi  les  nou- 
veautés examinées  en  1865  mais  qui  n’a- 
vaient pas  encore  pu  être  suffisamment  ap- 
préciées ni  .multipliées  pour  être  livrées 
au  commerce.  Clémenceau. 

1RES  OU  PEU  CONNUES. 

Fleurs  printanières  petites,  jaunâtres.  — 
Japon.  Très-rustique.  — MM.  Thibaut  et 
Keteleer. 

Anthurium  magnificum.  Feuilles  très- 
grandes,  cordiformes,  longuement  pétiolées,  - 
vertes,  à nervures  très-marquées,  jaunâtres. 
Fleurs  solitaires,  blanchâtres  au  sommet 
d’un  long  pédoncule. 

Cytisus  laburnum  intermedium.  Arbris- 


380 


PLA^sTES  NOUVELLES,  UARES  OU  PEU  CONNUES. 


seau  vigoureux  à aspect  général  du  C.  labar- 
num.  Branches  arquées,  pendantes,  un  peu 
lléxueuses,  à écorce  rugueuse  écailleuse  et 
comme  subéreuse,  fendillée.  Feuilles  de 
forme  à peu  près  semblable  au  C.  laburnum, 
mais  à folioles  souvent  un  peu  plus  petites, 
et  presque  toujours  plus  ou  moins  contour- 
nées. — Cette  plante,  très-remarquable  et 
très-intéressante,  a été  obtenue  au  Muséum 
de  graines  du  C.  laburmm.  Par  son  écorce, 
elle  se  rapproche  du  C.  Weldeni. 

Liguslrum  salicifolium.  Arbrisseau  très- 
vigoureux  à feuilles  opposées-décussées, 
caduques,  dépassant  parfois  de  lon- 

gueur sur  environ  0'^'.  03  de  largeur.  Fleurs 
blanches,  petites,  très-nombreuses,  dispo- 
sées en  longues  grappes  lâches,  répandant, 
comme  toutes  les  autres  espèces  du  genre, 
une  odeur  très-forte  qui  rappelle  celle  des 
heurs  d’Orangers- — Vieille  plante,  devenue 
rare  quoique  belle. — Gèle  souvent  à Paris. 

Populus  nivea  Salomonii.  Arbre  un  peu 
l)uissonneux,  à branches  diffuses.  Branches 
divariquées.  Bameaux  grêles,  tombants. 
Feuilles  de  forme  variable,  les  unes  sub- 
rhomboïdales,  les  autres  irrégulièrement 
cordiformes,  atténuées  aux  deux  bouts, 
unies,  très-luisantes  et  comme  vernies  à la 
face  supérieure,  entièrement  couvertes  d’un 
tomentum  feutré,  très-épais  et  d’un  blanc  de 
neige  très-brillant  à la  face  inférieure.  — 
Le  pétiole  des  feuilles  ainsi  que  l’écorce  des 
jeunes  bourgeons  sont  également  tomenteux- 
argentés. 

Cette  forme  a été  envoyée  d’Algérie  au 
Muséum,  par  M.  Salomon,  ex-employé  de  cet 
établissement,  vers  1856.  — Plante  très- 
rustique  et  belle,  mais  d’une  multiplication 
difficile. 

Paliurus  luciclus.  Cette  espèce  que  le  Mu- 
séum a reçue  de  la  Chine,  a été  envoyée  par 
M.  E.  Simon;  elle  forme  un  arbrisseau  assez 
joli,  mais  moins  épineux  que  le  P.  aculea- 
tiis.  Elle  est  surtout  remarquable  par  ses 
feuilles  qui  sont  d’un  vert  très-luisant, 
comme  vernies.  — Très-rustique. 

Bambiisa  edulis;  B.  mitis,  hort.  Cette 
espèce  dont  on  mange,  dit-on,  les  jeunes 
pousses  comme  on  le  fait  de  celles  du  Hou- 
blon, est  originaire  de  Chine;  elle  est  très- 
vigoureuse  et  très-rustique,  elle  appartient 
au  groupe  des  nudicaules.  Voici  les  carac- 
tères qu’elle  présente: 

Tige  dressée,  très-ramifiée,  verte.  Spathe 
gemmaire  très-grande,  bientôt  jaune;  gaines 
ciliées  noirâtres,  se  prolongeant  un  peu  au- 
dessus  du  point  de  départ  du  limbe  de  la 
feuille.  Feuilles  minces,  très-finement  ser- 
rulées  et  comme  ciliées  sur  les  bords,  d’un 
vert-clair  en -dessus,  glaucescentes  en-des- 
sous, très-longuement  acuminées  au  som- 
met. 

Pélargonium  gloire  de  Nancy.  Cette  va- 
riété qui  appartient  au  P.  Zonale,  n’est  pas 


aussi  connue  qu’elle  mérite  de  l’être.  Nous 
la  connaissions  depuis  longtemps  de  nom, 
mais  ce  n’est  que  tout  récemment  que  nous 
avons  pu  la  juger  en  pleine  terre  sur  des 
pieds  forts  et  vigoureux,  et  nous  pouvons 
assurer  que  c’est  une  très-belle  plante.  Ses 
fleurs,  très-pleines,  d’un  rouge  cerise  foncé, 
sont  réunies  en  grande  quantité  et  forment 
de  larges  ombelles  capitiformes  au  sommet 
d’un  fort  pédoncule.  Obtenue  par  M.  Le- 
moine, horticulteur  à Nancy. 

Pélargonium  Emma  Leroy. Celle  variété, 
presque  rivale  de  Mistress  Pollock,  est  un  fait 
de  dimorphisme  et  de  dichroïsme  du  P.  Zo- 
nale  rubens,  et  qui  s’est  montré  au  fleuriste 
de  la  ville  de  Paris.  Elle  ne  diffère  guère  de 
Mistress  Pollock  que  par  le  cercle  zoné  qui 
est  un  peu  moins  rouge.  Ce  que  nous  devons 
faire  surtout  remarquer,  c’est  que  la  mère 
(P.Bubens)  aies  feuilles  grandes,  largement 
lobées,  à lobes  arrondis,  à zones  à peine 
marquées,  tandis  que  l’enfant  (Emma  Leroy) 
a les  feuilles  plus  petites  à zones  jaunes  re- 
levées de  brun-rouge-aurore  à reflet  rosé. 
Le  P.  Emma  Leroy,  présente  encore  cette 
particularité  que  le  cercle  zoné  de  ses  feuil- 
les devient  d’autant  plus  intense  qu’il  est 
placé  à l’air  et  surtout  au  soleil.  — Belle 
plante. 

Bambusa  Simonii.  Cette  espèce,  qui  a été 
envoyée  de  la  Chine  au  Muséum  parM.  E. 
Simon,  appartient  à la  section  des  Spatha- 
cées.  Voici  les  principaux  caractères  qu’elle 
présente  : 

Plante  vivace,  très-rustique,  excessive- 
ment traçante,  à tiges  nombreuses,  très- 
glauque-farinacée  près  des  nœuds,  pouvant 
atteindre  dans  une  même  année  3 mètres  de 
hauteur.  Rameaux  fasciculés  à la  base  des 
nœuds,  très-rameux,  renfermés  dans  une 
spathe  blanc-jaunâtre.  Feuilles  très-étroite- 
ment  linéaires,  atteignant  25  â 30  centimè- 
tres, parfois  plus,  de  longueur,  fortement 
serrulées  sur  les  bords,  les  unes  panachées- 
striées  blanc,  les  autres  complètement  ver- 
tes , longuement  acuminées  au  sommet. 
Gaines  non  ciliées,  prolongées  un  peu  au- 
dessus  de  la  base  du  limbe.  — Plante  très- 
belle  et  très-distincte. 

Fremontia  Californica.  Cet  arbrisseau, 
excessivement  floribond,  est  originaire  de 
Californie  où  il  fut  découvert  par  le  colonel 
Frémontdans  les  montagnes  Rocheuses,  en 
1846.  Pendant  plusieurs  années  il  n’en 
existait  en  Europe  (en  Angleterre)  qu’un 
seul  individu  qui,  par  suite  des  mutilations 
qu’on  lui  a fait  subir  pour  le  multiplier, 
n’a  pas  tardé  â périr;  mais  il  a été  de  nou- 
veau introduit  par  MM.  Veitch  et  C^®,  qui  ont 
été  assez  heureux  pour  le  multiplier. 

Carrière. 


Moutereau.  — liup.  üeL^oii  ZanoU. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (première  quinzaine  D’OCTOBRE), 

Exposition  de  la  Société  impériale  et  centrale  d’horticulture.  — Mauvaise  disposition  du  local.  — Res  pro- 
grammes. — Liberté  d’action  des  exposants.  — Les  concours  imprévus.  — Etiquettes  des  plantes  expo- 
sées  — Nécessité  d’indiquer  le  genre  des  plantes.  — Le  Bigarreau  Dônissen.  — Communication  de 
M.  Glady.  — Le  Mûrier  de  Constantinople.  — Notice  publiée  par  M.  le  docteur  Hénon.  — Lettre  de 
M.  Sisley.— Dictmmairepomolo(}ique,\)uhUé  par  M.  André  Leroy,  d’Angers.  — Poire  Bergamote  d’au- 
tomne. — Synonymie  .—  Historique.  — Description  de  l’arbre  et  du  fruit.  — Chou  Chan^tong.  — Le 

Chou  Pet-sai.  — La  Poire  Joséphine  de  Malines.  — Communication  de  M.  Blanchard.  Culture  des 

Phormium  en  pleine  terre,  à Brest.  — Leur  «oraison  et  leur  fructification! 


L’événement  hor/icole  le  plus  important 
de  la  quinzaine  qui  vient  de  s’écouler,  c’est 
l’exposilioii  de  la  Société  impériale  et  cen- 
trale d’horticulture.  Cette  exposition  a-t- 
elle  été  ce  qu’elle  pouvait  être?  Sur  ce  point 
les  opinions  sont  partagées,  mais  le  plus 
grand  nombre  penche  pour  la  négative. 
C’est  aussi  notre  avis.  Cependant  nous 
croyons  que  l’exposition  a été  mal  jugée; 
elle  contenait  plus  de  richesses  horticoles 
qu’il  ne  paraissait  y en  avoir,  à cause  de  la 
disposition  regrettable  du  local. 

Si  les  opinions  sont  partagées  sur  les  ef- 
fets, elles  ne  le  sont  pas  moins  sur  la 
cause.  Nous  allons  faire  connaître  notre  opi- 
nion à ce  sujet. 

Nous  dirons  d’abord  que  le  local  était 
mauvais,  et  qu’une  exposition  faite  dans  ces 
conditions,  c’est-à-dire  éparpillée  comme 
elle  l’était,  soit  dans  une  petite  cour  entou- 
rée de  grands  batiments,  soit  dans  des  salles 
ou  dans  des  cabinets  plus  ou  moins  som- 
bres (il  y en  avait  où  l’on  pouvait  à peine 
distinguer-les  objets),  fût-elle  même  très- 
belle,  paraîtrait  tout  au  plus  médiocre. 

L’insouciance  des  horticulteurs  doit  être 
aussi  comptée  au  nombre  des  causes  nuisi- 
bles à l’exposition.  Un  très-petit  nombre 
avait  répondu  à l’appel  ; à ce  point  que, 
la  veille  de  l’exposition,  la  commission,  aux 
abois,  ne  savait  trop  si  elle  pourrait  ouvrir 
ses  portes  au  public.  Il  a fallu  implorer 
quelques  horticulteurs  pour  obtenir  des 
plantes  telles  qu’elles. 

On  peut  aussi  attribuer  cette  désertion  de 
la  part  des  horticulteurs  aux  programmes, 
sortes  de  liens  qui  ont  pour  effet  de  gêner 
les  exposants,  sans  être  favorables  à per- 
sonne. 

^ Les  programmes  instituent,  en  effet,  une 
série  de  concours  entre  des  plantes  déter- 
minées. Si  les  horticulteurs  ne  possèdent 
as  ces  plantes,  ou  s’ils  n’en  ont  pas  un  nom- 
re  d’exemplaires  suffisant  pour  prendre 
part  au  concours,  ils  sont  obligés  de  s’abs- 
tenir; ou  bien,  s’ils  se  décident  à exposer, 
les  plantes  qu’ils  présentent  alors  n’étant 
pas  comprises  dans  le  programme,  sont  re- 
léguées dans  la  catégorie  des  concours 
imprévus  où  elles  ne  sont  pas  très-largement 
traitées. 

^ Ce  qu’il  faut,  c’est  la  liberté  d’action, 
c’est  ouvrir  les  portes  toutes  grandes  et 
faire  un  appel  général.  Mais  aussi,  il  faut  un 

16  Octobre  1866, 


jury  d’admission  sévère  et  compétent  ayant 
plein  pouvoir  pour  admettre  ou  pour  rejeter 
les  objets  qui  ne  conviendraient  pas.  Si,  à 
la  rigueur,  on  trouve  un  programme  néces- 
saire, nous  voulons  bien  qu’on  en  use,  mais 
pour  servir  seulement  d’indication  générale; 
cela  n’empêche  pas  de  laisser  une  latitude 
complète  aux  concours  imprévus.  De  cette 
manière,  tous  les  intérêts  seront  servis, 
l’exposition  sera  abondamment  pourvue,  et 
chacun  ayant  la  liberté  d’apporter  ses  pro- 
duits, les  jurés  n’auront  qu’à  apprécier  le 
mérite  des  lots  exposés. 

L’insuccès  tient  peut-être  aussi  à ce  que 
cette  exposition  ressemblait  à toutes  les 
autres  et  n’offrait  rien  de  nouveau. 

Nous  avons  émis  notre  opinion  d’une 
manière  générale  sur  l’organisation;  nous 
n’entrerons  pas  dans  de  plus  grands  détails, 
notre  collaborateur,  M.  Verlot,  ayant  bien 
voulu  se  charger  de  rendre  compte  de  l’ex- 
position. 

Nous  terminons  par  une  observation  qui 
s’adresse  à la  commission  d’organisation. 
Elle  nous  a été  suggérée  par  des  conversa- 
tions particulières  que  nous  avons  enten- 
dues. 

On  voyait  à l’exposition  certains  lots 
composés  de  genres  nombreux  en  variétés, 
pour  lesquels  on  s’était  contenté  de  mettre 
le  nom  de  la  variété  sans  indiquer  celui  du 
genre;  ainsi,  par  exemple,  pour  les  Pélargo- 
nium, les  Glaïeuls,  les  Lantana,  etc.,  on  li- 
sait sur  les  étiquettes  : Gloire  de  Versailles, 
Fille  de  l’air.  Triomphe  de  l’exposition,  le 
Centaure,  l’Eclair,  Vainqueur  de  Puebla, 
Pluton,  Magenta,  la  Victoire,  etc.,  etc.  Cela 
nous  paraît  insuffisant.  Nous  aurions  voulu 
voir  sur  chacun  de  ces  apports  : collection 
de  Pélargonium,  collection  de  Lantana,  col- 
lection de  Glaïeuls  , etc.,  etc.  Car  il  n’en 
est  pas  des  plantes  comme  des  Poires  et 
des  Pommes  : si  tout  le  monde  connaît  ces 
fruits,  tout  le  monde  ne  connaît  pas  les 
fleurs.  Les  amateurs  qui  ne  savent  pas  le 
nom  générique  d’une  plante  sont  bien  obli- 
gés de  s’en  rapporter  aux  étiquettes,  s’ils 
veulent  se  la  procurer.  Or  le  nom  de  la 
variété  ne  [suffit  pas  pour  désigner  une 
plante.  Qu’arriverait-il,  par  exemple,  si  l’on 
demandait  à un  horticulteur  d’env®yer  Brin- 
Driny  ou  Fille  de  Vair? 

L’observation  que  nous  faisons  ici  est 
dans  l’intérêt  général;  aussi  nous  osons 


20 


382 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  H’OCTORRE). 


croire  que  la  Société  impériale  et  centrât e 
d'horticulture  en  tiendra  compte.  Nous  di- 
rons aussi  que  nous  avons  vu  avec  regret 
des  Dahlias  et  même  des  plan  les  de  col- 
lection exposés  sans  autre  indication  qu’un 
numéro.  C’est  trop  peu  à notre  avis;  et 
puisqu’on  exige  que  les  fruits  soient  éti- 
quetés (et  on  a raison  de  le  faire),  on 
devrait  agir  de  même  lorsqu’il  s’agit  de 
plantes. 

— Nos  lecteurs  se  rappellent  l’intéressant 
article  de  M.  E.  Glady,  de  Bordeaux,'  sur  le 
Bigarreau  jaune  de  Donissen,  publié  dans 
la  Revue  horticole  sous  le  nom  qualifi- 
catif de  Dochmissen.  A ce  sujet,  nous  trou- 
vons une  note  rectificative  dans  les  Auîiales 
de  la  Société  dliorticulture  de  la  Gironde. 
(Numéro  du  2 septembre  18GG.)  Il  en  ré- 
sulte qu’au  lieu  de  Dochmissen,  il  faut  écrire 
Donissen.  Nous  croyons  devoir  reproduire  ce 
qu’ont  dit  deux  célèbres  pomologues  aile-  « 
mands,  MM.  Doclinahl  et  Oberdieck,  de  ce 
bigarreau,  et  nous  faisons  l’extrait  suivant 
des  Annales  de  la  Société  d'horticulture  de 
la  Gironde. 

bigarreau  jaune  de  donissen. 

Donîssen’s  g^elbe  knoriîelîkîrsche.  — 

{Systematisches  handhuck  der  Obstkunde, 
Dittricii,  34.  — Der  Sichere  Filhrer  in  der 
Obstkunde,  etc.,  F. -G  üochnaiil,  111  Band., 
n°  148  ). 

Bigarella  luteola,  F. -G.  Doclm.,  1.  c. 

Lady  Southampton'’s  Yellow'î  A.  Catal . of  the 
fruits  cultivated  in  the  garden  of  the  hort. 
Soc.  of  London. 

Fruit  gros,  en  forme  de  cœur  aplati,  plus  large 
ue  haut,  pressé  Ides  deux  côtés,  souvent  ron- 
elet,  jaune  clair,  très-rarement  rougi  du 
côté  exposé  au  soleil . — Queue  très-longue, 
devenant  rouge  après  la  cueillette,  très-effi- 
lée. — Chair  non  très-ferme,  un  peu  rouge 
autour  du  noyau,  très-douce.  — Jsoyau  à peu 
près  ovoïde.  — Arbre  passablement  fertile. 
— Maturité  vers  la  mi-juillet.  — Fruit  de 
table  de  deuxième  ordre,  de  ménage  et  de 
marché. 

F. -G.  DOCIlNAIiL. 

Doîiisseii’s  g-eîîie  UsiorpelSîirsi'iie  {lUuS- 
trirtes  handbuch  der  Obskunde,  J iliu,  Lu- 
cas et  Oberdieck;  Die  Kirsche,  n°  47. 

Origine.  — L’origine  n’est  pas  connue  d’une 
manière  suffisamment  précise  ; ce  fruit  pro- 
vient vraisemblablement  de  semis  faits  à Gu- 
ben,  et  a reçu  le  nom  de  son  obtenteur.  Dans 
tous  les  cas,  cette  variété  est  d’origine  alle- 
mande. Elle  a été  un  peu  répandue  par 
Dittricii,  mais  il  s’en  faut  de  beaucoup  qu’elle 
soit  connue  comme  elle  devrait  l’être.  Parmi 
les  Cerises  jaunes,  elle  est  certes  la  meilleure, 
et,  mélangée  à d’autres,  elle  est  le  plus  bel 
ornement  d’une  corbeille  de  fruits. 

Ma  greffe  est  originaire  deMeinengen,  et  m’a 
été  envoyée  par  DiUrich. 

Littérature  et  synonymie.  — Truchsess  ne 
' l’a  pas  connue;  Dittrich  l’a  décrite  sous  le 


nom  précité,  2,  89.  Sa  description  est  consi- 
dérablement augmentée  dans  Liegel  (Syst. 
Anleit.  zur  Kenntniss  der  vorziigl.,  Obslk., 
p.  lG2)et  dans  mon  Anleitung,  p.  512.  On  la 
nomme  aussi  en  abrégé  : La  Donissen. 

Forme.  — En  cœur  aplati,  souvent  même  pres- 
que ronde  vers  le  point  pistillaire  ; aplati  lé- 
gèrement sur  les  deux  côtés,  mais  souvent  et 
le  plus  fortement  sur  le  dos;  marqué  d’un 
sillon  plat  sur  le  ventre,  et  sur  le  dos  d’une 
ligne  plate  et  large  qui  s’aplatit  et  s’efface 
vers  la  queue  et  s’arrondit  vers  le  point  pis- 
tillaire, qui  est  placé  dans  une  fossette  un  peu 
aplatie . 

Queue.  — Modérément  grosse,  vert  clair,  de  lon- 
gueur variant  de  1 1/2  à 2 pouces,  souvent 
même  plus  longue  encore,  posée  dans  une 
cavité  large  et  plate  dont  le  bord  diminue  un 
peu  vers  le  ventre  et  le  dos,  et  est  plus  bas 
que  les  côtés. 

Peau.  — Brillante,  très-fine,  un  peu  transpa- 
rente, d’un  beaujaune.se  rapprochant  à la 
maturité  complète  du  jaune  aurore,  de 
telle  sorte  que  le  côte  exposé  au  soleil  passe 
au  jaune  d’or.  Je  n’ai  remarqué  que  quand 
le  fruit  était  trop  mûr  cette  faible  nuance  de 
rouge  vrai  dont  parle  Dittrich.  Par  les  vents 
violents,  la  peau  se  tache  facilement,  et  la 
Cerise  perd  de  sa  beauté. 

Chair.  — Elle  est  d’un  beau  jaune  et  plus 
molle  que  maint  autre  Bigarreau.  Le  suc 
(jus)  est  très-aqueux  et  clair,  d’un  goût  doux, 
un  peu  acide  et  amer,  mais  très-agréable 
quand  le  fruit  est  en  bonne  maturité. 

Noyau.  — Il  est  un  peu  adhérent  à la  chair, 
presque  ovoïde,  modérément  renflé;  les  bords 
du  dos,  assez  plats,  se  relèvent  un  peu  vers 
la  queue,  où  le  noyau  se  trouve  un  peu 
aplati.  L’arête  postérieure  est  mince. 
Maturité  et  usage.  — Ce  fruit  mûrit  à peu 
près  en  même  temps  qne  le  gros  Bigarreau 
noir  et  le  Bigarreau  jaune  de  Butiner,  dans 
la  cinquième  semaine  de  la  saison  des  Ce- 
rises. C’est  un  fruit  estimé  pour  la  table; 
mais  on  n’a  pas  encore  fait  d’essais  pour 
l’employer  comme  fruit  desséché. 

L'arbre  croît  bien  et  rapidement,  les  bran- 
ches se  façonnent  bien  en  couronne;  et, 
quoiipie  DiUrich  observe  qu’il  n’a  pas  encore 
porté  beaucoup  de  fruits  chez  liii,})ar  contre, 
je  puis  affirmer,  tant  par  les  jeunes  sujets  de 
VEcoledeiSieuburg  que  par  mon  jeune  arhre, 
qu’il  est  très-fertile  de  bonne  heure. 

Cette  variété  est  plus  grosse  que  le  Bigarreau 
jaune  de  Buttner,  mais  pas  aussi  grosse  (pie 
celui  de  Drogan,  qui  est  en  même  temps  le 
plus  clair  des  trois. 

Oberdieck. 

L'erreur  commise  par  notre  colhiboraleiir, 
M.  Glady,  au  sujet  delà  dénomiiialiou  de  ce 
Bigarreau,  s’explique  très-facilement:  cette 
variété  lui  avait  été  envoyée  sous  le  nom  de 
Dochmissen,  et  il  a dû  la  conserver  telle 
qu’il  l’avait  reçue. 

— Nos  lecteurs  n’ont  sans  doute  pas  ou- 
blié que,  dans  notre  chronique  du  n»  de 
IG  septembre,  nous  avons  dit  du  Mûrier  du 
Constantinople,  « qu’il  n’est  qu’une  simple 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  D’OCTOBRE). 


forme  du  Mûrier  blanc  commun.  » A ce  su- 
jet, M.  J.  Sisley  nous  communique  la  note 
suivante  que  nous  croyons  devoir  publier  : 

, On  lit,  dans  une  notice  publiée  en  1841  par 
M.  le  docteur  Ilénon  de  Lyon  ; 

« Les  Mûriers  de  Constantinople,  nain  des 
Alpes  et  nain  blanc,  se  ressemblent  beaucoup. 
Les  deux  premiers  me  paraissent  identiques. 

Un  horticulteur,  M.  le  baron  de  Salomon,  vit  ce 
Mûrier  en  parcourant  les  Alpes.  Il  crut,  sans 
doute,  que  ce  ne  pouvait  être  le  même  que  celui 
de  Constantinople. 

« Le  nom  l’aura  induit  en  erreur  sur  l’origine 
de  ce  Mûrier;  la  voici  : Rast-Maupas,  l’un  des 
hommes  auxquels  l’agriculture  et  l’industrie 
Lyonnaises  doivent  de  la  reconnaissance,  vit, 
dans  une  planche  de  pourettes  de  Mûriers 
blancs,  en  Yivarais,  un  jeune  arbre  rameux  et 
qui  restait  nain,  quoique  son  feuillage,  luisant, 
entier  et  large,  annonçât  de  la  vigueur.  11  l’a- 
cheta et  le  greffa  sur  des  tiges  de  Mûriers, 
comme  arbre  d’ornement. 

« Pour  fixer  l’attention  des  jardiniers,  qui 
s’empressèrent  de  le  multiplier,  il  lui  donna  le 
nom  ronflant  de  Morus  Constantinopolltana,  et 
le  fit  placer  à Paris  au  Jardin  du  Roi  à la  place 
qu’il  devait  occuper. 

« Le  nom  resta,  l’origine  fut  oubliée  et  beau- 
coup de  personnes  croient  encore  que  cet  ar- 
bre est  originaire  du  LevanU. 

« Quant  au  Mûrier  nain  blanc,  il  est  très- 
rameux  aussi;  cependant  ses  branches  sont 
moins  serrées,  plus  dressées,  ses  feuilles  un 
peu  moins  larges  et  d’un  vert  plus  clair.  On 
le  rencontre  assez  fréquemment  dans  les  semis 
du  Mûrier  blanc.  C’est  la  variété  à laquelle  j’ai 
donné  le  nom  de  Mûrier  Madiot,  parce  que  cet 
horticulteur  est  le  premier  qui  l’ait  signalée.  » 

— Nous  avons  reçu  un  prospectus  du  Dic- 
tionnaire de  Pomologie  que  va  publier  M.  An- 
dré Leroy,  pépiniériste  à Angers.  Ce  prospec- 
tus nous  apprend  que  l’ouvrage  complet  com- 
prenant tous  les  fruits, formera  5 vol.  gr.  in  8». 
Cet  ouvrage  comprendral’bistoire,  la  descrip- 
tion, la  synonymie  et  les  dessins  des  fruits 
anciens  et  modernes  les  plus  généralement 
connus  et  cultivés.  On  peut  souscrire  dès  à 
présent  chez  l'auteur.  Ce  prospectus,  qui 
est  en  même  temps  un  spécimen  de  ce  que 
doit  être  l’ouvrage,  donne  la  figure  au  trait 
des  Poires  Bergamote  d'automne  et  Beurré 
clairgeau.  Pour  donner  une  idée  de  ce  que 
sera  ce  Dictionnaire,  nous  ne  pouvons 
mieux  faire  que  de  reproduire  ce  qui  a rap- 

‘ Il  est  vraisemblablement  originaire  des  environs 
de  Constantinople.  Dutour,  article  Mûrier  du  Nou- 
veau Dictionnaire  d’histoire  naturelle  appliquée  aux 
artSy  l*”®  édition,  Détervillo,  tome  xv,  p.  345. 

11  est  indigène  du  nord  de  l’Asie;  on  l’a  apporté 
de  Constantinople  : article  Mûrier  du  Cours  complet 
d’agriculture  pratique,  d’économie  rurale  et  domes- 
tique et  de  médecine  vétérinaire,  tome  iv,  p.  652. 

Il  paraît,  d’après  le  nom  que  cet  arbre  a reçu 
au  Jardin  national  des  plantes,  où  il  est  cultivé, 
qu’il  vient  originairement  des  environs  de  Cons- 
tantinople. Poiret,  Encyclopédie,  article_  Mûrier. 

Sprengel  {Sijstema  vegetabilium)  croit  aussi  que 
nous  le  tirons  d’Orient.  {Thracia  creta.) 


38S  , , 

port  à la  Bergamote  d'automne.  Cette  ap- 
préciation est  complète,  moins  la  figure. 

Poire  Bergamote  d’automne. 

!»»ynoiiymes.  — Poires  : 1.  Bergamote  (Charles 
Estienne,  Seminarium  et  plant ariuin  fructiferarum, 
1540,  p.  70).  — 2.  Bergamote  commune  (Merlet, 
l’Abrégé  des  bons  fruits,  édition  de  1675,  p.  91). 

— 2.  Bergamote  Récour  {Id.  ibid.,  p.  9ï).  — 4. 
Bergamote  lisse  {Idem,  édition  de  1690,  p.  78). 

— 5.  Bergamote  de  la  Hilière  (la  Quintinye, 
Instructions  pour  les  jardins  fruitiers  et  potagers, 
édition  de  1739,  t.  I,  p.  228-229).  — 6.  Berga- 
mote DE  Recous  (Id.  ibid.).  — 'l.  Grosse-ambrette 
(Comice  horticole  d’Angers,  Album  colorié  de  ses 
Poires,  1846,  p.  47).  — 8.  Bergamote  Rouwa 
(Tougard,  Tableau  analytique  des  variétés  de  Poi- 
res classées  par  ordre  de  maturité,  1852,  p.  26). 

— 9.  Vermillon  suprême  (Id.  ibid.).  —10.  Ber- 
gamote MELON  (Decaisne,  le  Jardin  fruitier  du 
Muséum,  1860,  t.  III). 

lôescriptiou  de  — Bois  fort. 

Rameaux  : peu  nombreux,  ordinairement  éta- 
lés et  arqués  vers  la  base,  érigés  près  du  som- 
met, très-gros,  courts,  géniculés,  cotonneux, 
roux  verdâtre,  parfois  lavés  de  rose  terne, 
surtout  dans  le  voisinage  de  l’œil,  ponctués  de 
gris,  ayant  les  coussinets  aplatis.  — Yeux: 
ovoïdes,  volumineux,  écartés  du  bois,  duveteux 
et  à écailles  fortement  bombées.  — Feuilles  : 
assez  grandes,  épaisses,  rarement  abondantes, 
ovales-allongées,  contournées,  canaliculées,  co- 
tonneuses, ayant  les  bords  entièrement  unis,  le 
pétiole  court,  gros  et  raide. 

Fertilité.  — Remarquable. 

Culture.  — 11  est  très-vigoureux  et  se  greffe 
sur  Franc  ou  sur  Cognassier  ; ses  pyramides 
sont  d’un  bel  aspect. 

description  du  fruit.  — GrOSSeur  . 
moyenne.  — Forme  : assez  variable,  mais  le 
plus  ordinairement  arrondie  et  aplatie.  — Pé- 
doncide  : court,  mince,  arqué,  obliquement  in- 
séré dans  une  cavité  en  entonnoir.^  QEil  : 
petit,  ouvert,  souvent  mal  développé,  peu  en- 
foncé. — Peau  : jaune  verdâtre,  ponctuée  et 
striée  de  roux,  portant  quelques  taches  fauves 
et  noirâtres.  — Chair  : blanchâtre,  fine,  fon- 
dante, juteuse,  légèrement  noirâtre.  — Eau: 
abondante,  sucrée,  fraîche,  acidulé,  douée  d’un 
parfum  particulier  des  plus  savoureux. 

Maturité.  — Vers  la  mi-octobre  et  se  pro- 
longeant parfois  jusqu’en  décembre  et  janvier. 

Qualité.  — Première. 

Slistorîqiic.  — Deux  opinions  sont  en  p^e- 
sence  sur  f origine  de  cette  variété.  En  1536, 
Benedictus  Curtius,  auteur  florentin,  dans  son 
Arborum  historia,  la  fait  venir  de  Bergame 
(Lombardie);  et  Valerius  Cordus,  naturaliste 
allemand  qui  publia  en  1561  une  Historia  stir- 
pium,  partage  aussi  ce  sentiment,  reproduit 
plus  tard  en  Silésie  par  Jean  Jonston  {Dendro- 
(irophias,  1662,  p.  38),  puis  chez  nous  par  la 
(Juintinve  et  surtout  par  la  Bretonnerie  {Ecole 
du  jardin  fruitier,  17B4,  t.  11,  p.  415).  Voilà 
]>our  la  première  opinion.  La  seconde,  profes- 
sée dès  1644  par  le  médecin  hollandais  Jean 
ïlodæus,  livre  IV,  chapitre  vi  de  sa  traduction 
(le  V Historia  plantarum  de  Théophraste,  philo- 
sophe grec  né  370  ans  avant  l’ère  chrétienne, 
la  seconde  veut(|ue  la  Bergamote  sorte  de  l’A- 
sie, d’où  les  Romains  l’auraient  importée  en 
Italie,  et  mangée  ensuite  sous  le  nom  de  pirum 


(6ÜR0NIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  D’OCTOBRE). 


isà. 

Regium,  témoignant  à quel  point  ils  la  trou- 
vaient délicieuse.  Et,  cette  version,  nous  la 
voyons  figurer,  approuvée  dans  les  ouvrages  ci- 
après  : Dictionnaire  étymologique  de  la  langue 
française,  de  Ménage,  1750;  les  Agréments  de 
la  campagne,  de  Lacour,  1752,  t.  H,  p.  32;  — 
Systematische  Pomologie,  d’Henri  Manger, 
1783,  l.  II,  p.  20...  Quant  à nous,  car  il  faut 
bien  conclure,  sachant  que  l’Europe  est  rede- 
vable à l’Orient  d’une  grande  partie  de  ses  an- 
ciens, de  ses  meilleurs  fruits,  nous  regardons 
l’Asie  comme  la  patrie  de  ce  Poirier.  D’ailleurs, 
si  l’on  interroge  le  plus  érudit  des  pomologues 
italiens,  Agostino  Gallo,  qui  décrivit  longuement 
en  1559,  dans  ses  Vinti  giornati  delV  agricol- 
tura,  entre  autres  Poires,  la  Bergamote,  on 
constate  qu’il  ne  dit  nullement  qu’elle  soit  née 
en  Lombardie.  Or,  s’il  en  avait  été  ainsi,  ne  se 
fût-il  pas  empressé  de  le  déclarer,  lui  qui, 
page  106,  la  proclamait  « la  meilleure  de  toutes 
les  variétés  d’automne?...  » Mais,  si  nous  la 
croyons,  avec  Ménage,  Lacour  et  Manger,  origi- 
naire du  Levant,  nous  repoussons  cependant 
l’étymologie  qu’ils  appliquent  à son  nom,  dérivé 
selon  eux  de  beg  et  à'armoudi,  termes  signifiant 
Poire  de  souverain,  de  Seigneur.  Non,  a langue 
turque,  à notre  sens,  n’a  rien  prêté  à ce  Poi- 
rier, qui,  réellement,  s’il  appartient  à l’Asie,  n’a 
pu  qu’y  recevoir  le  nom  même  de  son  berceau, 
celui  de  l’antique  Pergame ; ville  de  Mysie  ap- 
elée  présentement,  et  de  temps  immémorial^ 
ERGAMO. 

Et  nous  ajouterons  que  les  Romains,  après 
l’avoir  ainsi  empruntée  aux  Asiatiques,  en  do- 
tèrent promptement  la  Grande-Bretagne,  puis- 
ue  nous  lisons  ce  qui  suit  dans  la  pomologie 
e Lindley  : « Elle  a été,  suppose-t-on,  constam- 
ment cultivée  en  ce  pays  depuis  le  temps  de 
Jules  César.  [Supposed  to  bave  been  in  tins 
country  ever  since  the  time  of  Julius  Cæsar.]  » 
(A  Guide  to  the  orchard  and  Mtchen  garden, 
1831,  p.  353.)  — En  France,  on  la  connut 
beaucoup  plus  tard  ; et  Charles  Estienne  fixe  à 
peu  près  à quelle  époque,  lorsqu’il  dit  en  1540, 
page  70  de  son  Seminarium  : « On  ne  fait  que 
commencer  à planter  ce  Poirier.  » Cependant 
il  est  positif  qu’il  était  déjà  chez  nous  avant 
1533,  puisqu’à  cette  dernière  date  Rabelais 
« s’esgaudissoit  de  manger  bonnes  Poires  Ber- 
guamotes.  y>  {Pantagruel,  livre  111,  chap.  xiii.) 
Mais  elles  s’y  multiplièrent  rapidement,  témoin 
ce  passage  d’Oliviers  de  Serres,  écrit  en  1600  : 

« Leur  exquise  bonté  leur  ayant  acquis  répu- 
tation, elles  sont  reconnues  d’un  bout  de  ce 
royaume  à l’autre...  et  des  Poires  d’automne 
l’honneur  est  donné  à la  Bergamote.  » {Le 
Théâtre  d' agriculture  et  ménage  des  champs, 
livre  VI,  p.  629.) 

Observations.  — La  maturité  de  ce  fruit 
n’a  pas  toujours  lieu  d’octobre  en  novembre  ; 
elle  est  au  contraire  fort  inconstante.  La 
Quintinye  l’avait  déjà  remarqué  en  1690;  aussi 
disait-il  alors  : 

« Elle  a coutume  de  fournir  la  fin  d’octobre 
et  partie  de  novembre,  et  passe  même  quel- 
quefois jusqu’en  décembre,  ce  qui  fait  merveil- 
leux plaisir  à nos  curieux.  » {Instructions  pour 
les  jardins  fruitm^s  et  potagers,  p.  286.) 

De  nos  jours,  cette  variété  a gagné  encore 
en  tardiveté  ; ainsi  nous  avons  vu  nombre  de  ses 
produits  atteindre  la  mi-janvier  ; mais,  au  dire 


de  M.  Decaisne,  il  peut  arriver  qu’on  les 
mange  bons  jusqu’en  mars  : 

((  Des  Poires  de  Bergamote  d’automne,  cueil- 
lies sur  le  même  arbre  en  1859  — remarque 
ce  professeur  — m’ont  offert  cette  particula- 
rité que  quelques-unes  étaient  déjà  parfaite- 
ment mûres  au  15  octobre,  tandis  que  les  au- 
tres mûrirent  successivement  pendant  tout 
l’hiver.  Les  dernières  ne  parvinrent  à leur 
maturité  complète  que  vers  le  milieu  de 
mars  1860.  C’est  donc  un  intervalle  de  cinq 
mois  entiers  qui  sépare  quelquefois  les  deux 
périodes  extrêmes  de  la  maturation  de  ce 
fruit.  » {Le  Jardin  frtiitier  du  Muséum,  1860, 
t.  III.) 

Cette  maturation  tardive,  si  prolongée,  mé- 
ritait certes  une  mention  spéciale;  cependant 
elle  est  tellement  exceptionnelle,  qu’il  ne  faut 
pas  s’attendre  à la  voir  souvent  se  renouveler. 

— Depuis  quelque  temps  on  s’est  beau- 
coup entretenu  du  Chou  Chang-  tong  dont 
plusieurs  recueils  de  jardinage  ont  éga- 
lement parlé.  Quelle  est  donc  cette  plante? 
Est-elle  nouvelle,  ainsi  qu’on  l’a  dit?  Est-ce 
une  plante  potagère?  Toutes  ces  questions 
intéressent  l’horticulture  ; nous  allons  es- 
sayer d’y  répondre. 

Disons  d’abord  que  ce  fameux  Chou  n’est 
autre  que  le  Pet-sai,  par  'conséquent  pres- 
que une  vieillerie  chinoise,  ce  qui  toute- 
fois ne  veut  pas  dire  qu’elle  soit  sans  inté- 
rêt pour  nous.  C’est  en  effet  une  plante 
potagère  au  même  titre  que  les  Épinards, 
préférable  même,  pour  la  saison  d’été,  à ces 
derniers,  puisqu’elle  monte  difficilement, 
et  que  sa  croissance  est  des  plus  rapi- 
des. On  sème  dès  le  mois  de  mars  ou  même 
plus  tôt,  si  l’on  n’a  pas  à craindre  la  gelée, 
et  l’on  fait  de  nouveaux  semis  tous  les 
quinze  jours  ou  trois  semaines  pour  n’en 
jamais  manquer,  absolument  comme  pour 
les  légumes  qui  passent  vite  : les  Salades 
par  exemple.  Les  plantes  ressemblent  à^des 
Romaines  par  la  forme;  les  côtes  des  feuil- 
les, très-blanches  et  très-larges,  rappellent 
celles  de  la  Bette  commune.  La  racine  uni- 
que, de  chaque  plante,  est  très-longue  et 
surtout  très-petite;  elle  est  à peine  grosse 
comme  une  petite  ficelle.  On  mange  le  Pel- 
sai  cuit  en  bouillie  et  haché  comme  on  le 
fait  de  la  Chicorée.  Sa  saveur  est  intermé- 
diaire entre  celle  de  la  Chicorée  et  celle  du 
Navet.  C’est,  en  un  mot,  un  bon  légume  que 
l’on  fera  bien  d’admettre  dans  les  potagers. 

— La  renommée  tient  souvent  à si  peu 
de  chose  qu’on  se  demande  parfois  à quoi 
elle  est  due.  Par  contre,  on  attribue  sou- 
vent cà  certaines  plantes  des  défauts  qu’el- 
les n’ont  pas.  Le  Poirier  Joséphine  de  Ma- 
lines  en  fournit  un  exemple.  Ainsi  plu- 
sieurs auteurs  ont  dit  qu’il  est  déli- 
cat, et,  presque  tous,  qu’il  exige  l’espa- 
lier. Le  contraire  est  vrai.  C’est  une  variété 
très-bonne  pour  planter  à /miff  vent,  et  c’est 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  D’OCTOBRE). 


même  là  sa  véritable  place.  On  doit  donc  la 
considérer  comme  une  variété  très-bonne 
pour  le  verger,  et  c’est  en  ne  taillant  pas 
les  arbres  cpi’elle  fructifie  le  mieux.  Ses 
fruits,  d’ailleurs,  tiennent  parfaitement  et 
ne  tombent  que  bien  rarement,  ce  qui  rend 
cet  arbre  très -propre  à la  culture  en  haut 
vent. 

— M.  Blanchard,  jardinier  en  chef  de  l’é- 
cole de  botanique  de  Brest,  nous  écrit  : 

« Il  s’est  passé  cette  année  un  phénomène 
assez  curieux  dans  la  végétation.  Depuis  long- 
temps les  Phormium  sont  cultivés  en  pleine 
terre  à Brest,  et  il  en  existe  des  pieds  qui  sont 
extraordinairement  forts  et  qui  n’ont  jamais 
fleuri;  cette  année,  chose  remarquable,  il  s’en 
trouve  en  fleurs  partout  ; de  tous  côtés  on  nous 
annonce  des  fleurs  et  même  des  fruits.  A quoi  cela 
tient-il  et  quelle  est  la  cause  de  cette  floraison? 


« A ce  sujet  voici  ce  que  je  pense.  Le  Pfwr- 
mium  forme  probablement  des  boutons  à l’au- 
tomne ; mais,  n’ayant  pas  le  temps  de  se  durcir 
un  peu  pour  passer  l’hiver,  ils  pourrissent  et 
ne  donnent  que  des  feuilles.  Comme  l’année  der- 
nière il  a fait  très-chaud,  les  boutons  ont  pu  se 
développer  davantage,  se  durcir,  et,  comme  la 
température  ne  s’est  même  pas  abaissée  de 
1°  audessous  de  zéro,  ils  n’ont  pas  gelé  et  ont 
poussé  au  printemps.  Le  plus  haut  que  j’ai  vu 
était  au  Conque^  tout  à fait  à la  pointe  du  Finis- 
tère ; sa  tige  mesurait  3 mètres  de  haut. 

« J.  Blanchard.  » 

Bien  que  sur  ce  fait  on  ne  puisse  émettre 
que  des  hypothèses,  celle  qu’avance  notre 
collègue  est  tellement  rationnelle  et  con- 
forme aux  lois  de  la  végétation,  qu’on  ne 
peut  guère  la  combattre.  Son  opinion  est 
aussi  la  nôtre.  E.  A.  Carrière. 


MOYEN  D’OBTENIR  DEUX  BELLES  FLORAISONS 

DES  ROSIERS  REMONTANTS. 


La  qualification  remontants  qu’on  donne 
à certains  Rosiers  ne  signifie  pas,  comme 
quelques  personnes  le  pensent,  que  ces  Ro- 
siers sont  constamment  en  fleurs.  Non.  R 
en  est  au  contraire  un  très-grand  nombre 
qui,  une  fois  la  première  floraison  passée, 
ne  donnent  plus  que  quelques  fleurs  et  à 
des  distances  plus  ou  moins  grandes.  R n’y 
a de  vraiment  remontantes  que  certaines 
variétés  de  BengaJes,  de  Thés^  et  de  Noi- 
settes, et  quelques  Bourbons.  Mais,  dans  ce 
qu’on  nomme  hybrides  remontnnies,  il  n’y  a 
guère  que  la  variété  dite  Bosier  du  Boi  qui 
mérite  réellement  la  qualification  remon- 
tante. R y a pourtant  un  moyen  d’avoir  deux 
belles  floraisons  de  presque  toutes  les 
variétés.  C’est  de  soumettre  les  Rosiers  à 
un  traitement  analogue  à celui  qu’on  applique 
aux  Rosiers  dits  des  quatre  saisons  qu’on 
cultive  pour  le  marché.  Pour  cela,  aussitôt 
que  la  floraison  est  à peine  terminée,  on 
taille  les  Rosiers  assez  courts,  et  on  effeuille 
même  les  parties  qu’on  conserve.  Cela  fait, 
on  donne  une  mouillure  très-copieuse  de 
manière  à bien  pénétrer  la  terre  dans  laquelle 
se  trouvent  les  racines.  De  nouveaux  bour- 
geons ne  tardent  pas  à se  développer  et  deux 
mois  environ  après  cette  opération,  ils  sont 
tous  terminés  par  des  boutons.  Toutefois, 
on  ne  peut  espérer  obtenir  cette  deuxième 
floraison  que  si  l’on  opère  sous  un  climat 
assez  chaud,  autrement  on  n’arriverait  pas  à 
temps  et  les  boutons  ne  s’épanouiraient 
pas.  Si  pourtant  on  se  trouvait  sous  un  cli- 


mat qui  ne  permît  pas  d’obtenir  ces  deux 
floraisons  successives,  et  que,  malgré  cela, 
on  voulût  obtenir  une  belle  floraison  à une 
époque  autre  que  celle  où  normalement 
s’effectue  la  floraison  des  Rosiers,  voici 
comment  il  faudrait  opérer  : planter  des 
Rosiers  assez  rapprochés,  soit  en  lignes, 
soit  en  massifs,  puis,  quelque  temps  avant 
qu’ils  commencent  à fleurir,  en  tailler  la 
moitié,  c’est-à-dire  de  deux  t’un.  De  cette 
manière,  et  à sept  semaines  environ  d’in- 
tervalle, par  exemple  vers  la  fin  d’août,  on 
aurait  des  Rosiers  tout  aussi  bien  fleuris 
qu’on  les  a habituellement  à la  fin  de  juin  ou 
au  commencement  de  juillet,  ce  qui  n’empê- 
cherait pas  encore  d’obtenir  entre  ces  deux 
floraisons  quelques  fleurs,  ainsi  que  cela  ar- 
rive habituellement  sur  les  Rosiers  dits 
remontants,  lorsqu’on  les  a abandonnés  à 
eux-mêmes. 

R faut  aussi  se  bien  pénétrer  que  les  cir- 
constances atmosphériques  peuvent  déran-  . 
ger  les  calculs,  quant  aux  époques  de  flo- 
raison. Ainsi,  en  1865,  des  Rosiers ^ que 
j’avais  taillés  aussitôt  la  floraison  terminée, 
c’est-à-dire  le  15  juillet,  ont  donné  à la  tin 
d’août  une  deuxième  et  très-belle  floraison, 
tandis  que  cette  année  1866,  par  suite  de  la 
saison  froide  et  pluvieuse,  bien  que  j’aie  taillé 
à la  même  époque,  la  deuxième  floraison  ne 
s’est  effectuée  que  dans  le  courant  de  sep- 
tembre; de  plus,  elle  a été  mauvaise;  les 
fleurs,  quoique  très-nombreuses  , étaient 
petites.  E.  Lebas. 


L’ENGRAIS  LIQUIDE  ET  LE  TERREAU  VÉGÉTAL. 

« Qui  a jamais  administré  de  l’engrais  li-  1 ques  jours  un  jardinier  d’outre-Manche.^  — 
quide  aux  Fougères?  demandait  il  y a quel-  1 Moi,  repartit  un  jeune  apprenti.  — Eh  bien, 


m L’ENGRAIS  LIQUIDE  ET 

sachez,  lui  dit  l’autre,  que  vous  pourrez  vous 
vanter  de  les  avoir  tuées;  on  ne  doit  jamais 
donner  d’engrais  aux  Fougères,  si  ce  n’est 
quand  on  veut  s’en  débarrasser*.  » 

<i  Je  rapporte  cette  conversation,  nous  dit 
à son  tour  un  des  correspondants  du  Jour- 
nal of  Horticulture,  pour  inviter  quelque 
praticien  expérimenté  à me  faire  savoir  son 
Opinion  sur  ce  sujet.  11  est  parfaitement  vrai 
que  les  Fougères,  tant  qu’elles  sont  dans 
leurs  sites  naturels,  ne  reçoivent  d’engrais 
d’aucune  sorte;  mais,  lorsque  nous  les 
avons  retirées  de  là  et  que  nous  les  culti- 
vons dans  des  pots,  ne  se  pourrait-il  pas 
qu’il  fallût  modifier  quelque  peu  leur  ré- 
gime? Je  me  rappelle  avoir  vu  arroser  des 
Fougères  à l’engrais  liquide,  dans  une  serre 
où  se  trouvaient  réunies  des  Orchidées  et 
diverses  autres  plantes  de  pays  chauds; 
c’étaient,  entre  autres,  des  Gymnogramma 
chrysophylla , sulfurea  et  tartarea,  le 
Pteris  cretica  albo-lineata  ei  presc[m  toutes 
les  espèces  d’ Adiantum  communément  cul- 
tivées. Toutes  ces  plantes,  sans  aucune  dis- 
tinction, les  Orchidées  comme  les  autres, 
étaient  régulièrement  arrosées  à l’engrais 
liquide  une  fois  par  semaine,  en  temps  or- 
dinaire, et  jusqu’à  deux  ou  même  trois  fois 
pendant  la  période  chaude  de  l’été.  Je  dois 
dire  cependant  que,  contrairement  à ce  qui 
arrive  d’habitude,  cet  engrais  était  assez 
dilué  pour  ne  pas  laisser  de  sédiment  à la 
surface  de  la  terre,  qu’il  traversait  en  tota- 
lité comme  l’aurait  fait  de  l’eau  pure.  Or, 
toutes  les  plantes  soumises  à ce  régime 
étaient  dans  un  brillant  état  de  santé,  quoi- 
que peu  développées  parce  qu’elles  étaient 
dans  de  très-petits  pots.  Avant  l’emploi  des 
arrosages  à l’engrais,  on  avait  eu  soin  de 
laisser  bien  développer  leurs  racines,  qui 
tapissaient  intérieurement  la  paroi  des  pots; 
peut-être  aussi  le  faible  volume  de  ces  der- 
niers contribuait-il  à l’innocuité  de  l’en- 
grais. » 

^ Le  rédacteur  du  Journal  of  Horticulture 
répond  ce  qui  suit  : « Nous  avons  maintes 
et  maintes  fois  arrosé  d’engrais  liquide  très- 
dilué  les  plus  grandes  espèces  de  Fougères, 
et  il  nous  a d'abord  paru  que  leur  vigueur 
en  était  augmentée,  mais  nous  avons  fini 
par  reconnaître  que  celles  qui  ne  recevaient 
pas  d’engrais  du  tout  étaient  tout  aussi 
fortes  et  aussi  bien  portantes,  et  de  plus 
que  leur  terre  était  moins  sujette  à s’acidi- 
fier. Quant  aux  Fougères  citées  dans  la  note 
qui  précède,  et  notamment  les  Gymno- 

* Nous  sommes,  pour  notre  compte,  très-disposé 
à partager  l’opinion  du  jardinier  d’outre-Manche,  à 
savoir  qu’il  ne  faut  donner  d’engrais  aux  Fougères 
qu’avec  beaucoup  de  réserve.  Tout  récemment 
encore  nous  avons  vu  chez  M.  Chaté,  horticulteur,  à 
Paris,  un  très-beau  pied  de  Dlechnum,  qui  est  mort 
peu  de  temps  après  avoir  reçu  un  engrais  au  sang. 

E.  A.  Carrière. 


LE  TERREAU  VÉGÉTAL* 

gramma,  nous  les  avons  arrosées  non-seu- 
lement d’engrais  liquide  très-dilué,  mais 
aussi  d’engrais  concentrés,  et  elles  n’ont 
pas  fait  pour  cela  plus  de  progrès  que 
celles  qui  étaient  soumises  à un  régime 
différent.  11  peut  n’y  avoir  pas  grand  mal 
à donner  un  peu  d’engrais  aux  Fougères, 
mais  ce  qui  est  certain,  c’est  qu’à  la  suite 
de  son  usage,  la  terre  s’acidifie  toujours, 
soit  parce  que  l’engrais  détruit  les  radi- 
celles des  Fougères,  soit  parce  qu’il  n’est 
pas  absorbé  et  qu’il  s’altère  chimiquement 
dans  le  sol.  Sans  doute  les  Fougères  aiment 
les  engrais,  et  elles  ne  viendraient  guère 
sans  eux,  mais  ce  ne  sont  pas  les  engrais 
d’origine  animale;  ce  qu’il  leur  faut,  c’est 
Vengrais  végétal, ce]u\  qui  provient  delà  dé- 
composition des  feuilles,  des  brindilles,  des 
radicelles,  et  même  de  leurs  propres  détri- 
tus tous  les  ans  accumulés  sur  le  sol  où 
elles  croissent,  en  un  mot,  le  terreau  végé- 
tal, si  justement  apprécié  aujourd’hui.  Ce 
qu’il  leur  faut  encore  pour  prospérer,  c’est 
le  demi-jour,  un  air  tranquille,  une  atmos- 
phère humide,  toutes  conditions  favorables 
■à  la  lente  décomposition  des  matières  vé- 
gétales, et  bien  plus  importantes  pour  elles 
que  tout  ingrédient  artificiel  qu’on  appli- 
querait à leurs  racines.  Les  Orchidées,  non 
plus,  n’aiment  pas  l’engrais  liquide,  bien 
que,  s’il  est  en  très-minime  quantité,  elles 
puissent  n’en  pas  beaucoup  souffrir.  Leur 
principal  accroissement  se  tire  de  l’atmos- 
phère, et  on  a remarqué  qu’une  certaine 
dose  d’ammoniaque  répandue  dans  l’air  de 
la  serre  où  elles  végètent  leur  donne  une 
vigueur  inaccoutumée.  Les  espèces  terres- 
tres d’Orchidées,  aussi  bien  que  les  Fougè- 
res, réclament  un  sol  enrichi  de  détritus 
végétaux.  Il  y a mieux  encore  : l’expérience 
démontre  que  toutes  les  plantes, quelles  qu’el- 
les soient,  qui  croissent  naturellement  dans 
les  terres  de  cette  nature,  n’éprouvent  au- 
cun bénéfice  d’une  addition  quelconque  de 
fumier  ou  de  terreau  de  fumier  à la  terre 
dans  laquelle  elles  sont  plantées.  » 

Nous  admettons,  pour  notre  compte,  tou- 
tes les  idées  émises  par  l’auteur  de  cette 
note,  et  nons  pensons  qu’on  ne  saurait  trop 
insister  sur  la  nécessité  de  se  procurer  de 
bon  terreau  végétal  dans  les  établissements 
où  l’on  s’adonne  à la  culture  des  plantes  di- 
tes de  terre  de  bruyère, beaucoup  plus  nom- 
breuses qu’on  ne  le  croit  généralement.  Il 
n'y  aurait  même  pas  d’exagération  à dire 
que  toutes  les  plantes  s’en  accommodent, 
même  celles  qui  demandent  les  engrais  les 
plus  azotés,  comme  le  prouve  rabondance 
des  récoltes  de  blé  et  autres  céréales  sur 
les  fonds  de  forêts  fraîchement  défrichées, 
abondance  qui  dure  aussi  longtemps  que  la 
couche  superficielle  de  ce  terrain  n’est  pas 
épuisée,  ce  qui,  d’ailleurs,  ne  tarde  guère 
à arriver.  Malheureusement,  le  bon  terreau 


387 


L’ENGRAIS  LIQUIDE  I 

végétal  devient  rare,  et  la  majeure  partie 
des  terres  de  bruyère,  telles  qu’elles  exis- 
tent aujourd’hui  chez  nous,  ne  contient 
guère  plus  que  du  sable  siliceux.  Quand  on 
songe  que  le  terreau  végétal  est  à l’hor- 
ticulture ce  que  la  houille  esta  l’industrie, 
il  est  difficile  de  ne  pas  croire  qu’un  jour 
viendra  où  il  faudra  l’aller  chercher  fort 
loin  des  lieux  où  sa  présence  est  le  plus  né- 
cessaire, et  que  les  sols  des  vieilles  forêts 
seront  mis  en  exploitation  comme  le  sont 
aujourd’hui  les  bancs  de  guano.  Ce  sont 
surtout  les  pays  maritimes  du  Nord  qui  four- 
niront à nos  jardins  ce  précieux  ingrédient, 
et,  bien  probablement,  la  Norwége,  avec  les 
sols  vierges  de  ses  forêts,  sera  la  première 
à combler  les  vides.  Qui  sait  quelles  riches- 
ses on  ferait  sortir  de  ces  terres  végétales 
du  Nord,  si  elles  étaient  transportées  sous 
le  soleil  généreux  des  contrées  du  Midi? 

Il  y a cà  et  là  encore,  même  dans  les 
pays  les  plus  anciennement  cultivés,  des 
terres  qui  ne  sont  point  épuisées  d’humus 
végétal,  et  auxquelles  des  additions  de  ter- 
reau ne  sont  pas  nécessaires’  pour  donner 
de  remarquables  produits.  L’Irlande»  en 
fournit  beaucoup  d’exemples,  et  nous  pou- 
vons en  citer  un  qui  nous  est  apporté  par 
le  même  journal*  auquel  nous  avons  em- 
prunté ce  qui  précède;  c’est  celui  d’un 
Fuchsia  Cartoni,  du  jardin  de  M.  T.  Fitzgé- 
rald,  à Yalentia,  comté  de  Kerry,  dans  le 
sud  de  l’île.  Ce  Fuchsia,  planté  en  1854, 
sur  un  gazon  en  pente,  et  à quelques  mè- 

1 Journal  of  Horticulture  and  cottage  Gardener. 

ŒILLET  MIGNARDISE  REMO 

Sous  ce  nom,  M.  Brault,  horticulteur  à 
la  Butte-aux-Cailles,  à Paris,  cultive  une 
variété  d’Œillet  qui  paraît  intermédiaire 
entre  les  Dianthus  cary ophy lias  ou  Œillet 
de  fleuristes,  et  les  Dianthus  plumatius  ou 
■moshalus,  dit  vulgairement  Œillet  mignar- 
dise! Cette  nouveauté  semble  tenir  des 
premiers  par  la  forme,  la  dimension  et  le 
port  des  organes  de  la  végétation  (feuilles  et 
liges),  et  des  derniers  parla  forme,  la  co- 
loration et  l’odeur  des  fleurs.  Les  fleurs 
de  la  Mignardise  remontante  Reine  Vic- 
toria sont  très -amples,  très-doubles  et 
rappellent  celles  de  certaines  variétés  an- 
glaises, et  particulièrement  « Anna  Boleyn;  » 
toutefois,  les  pétales  en  sont  plus  dentés 
et  d’un  beau  violet  rougeâtre  avec  de 
larges  macules  pourpre  foncé  au  centre.  La 
plante  est  très-floribonde,  rustique,  très- 
franchement  remontante.  M.  Brault  en 


LE  TERREAU  VÉGÉTAL. 

très  seulement  du  bord  de  la  mer,  n’a  jamais 
été  fumé,  ni  protégé  d’aucune  sorte  contre 
l’inclémence  des  saisons.  Cependant  ses 
proportions  sont  gigantesques;  M.  Fitzgé- 
rald  nous  apprend  qu’il  forme  un  buisson 
de  90  pieds  anglais  de  tour  (soit  un  peu  plus 
de  9 mèires  de  diamètre),  et  encore  ce  chif- 
fre aurait-il  pu  être  augmenté  de9à  10  pieds, 
si  on  n’avait  pas  retranché  beaucoup  de 
branches  de  la  circonférence  du  buisson 
pour  l’arrondir.  On  ne  nous  dit  pas  quelle 
est  sa  hauteur,  mais  on  admet,  dans  le  pays, 
que  cette  espèce  de  Fuchsia  s’y  élève  à 16 
ou  18  pieds  (de  5 à 6 mètres).  Il  est  bien 
certain  que  la  douceur  des  hivers  à Yalen- 
tia est  pour  quelque  chose  dans  ces  pro- 
portions hors  lignes,  puisque  l’arbuste  n’é- 
tant jamais  rabattu  parle  froid, tous  les  ans 
les  nouvelles  pousses  s’ajoutent  aux  an- 
ciennes, mais  il  est  bien  certain  aussi  que, 
dans  un  sol  qui  serait  dépouillé  des  prin- 
cipes fertilisants  que  la  végétation  y a accu- 
mulés pendant  des  siècles,  le  Fuchbia  de 
M.  Fitzgérald  ne  dépasserait  guère  la  taille 
à laquelle  nous  ont  habitués  les  plantes 
de  son  genre  que  nous  cultivons  dans  les 
maigres  terres  de  nos  jardins  du  continent. 

L’horticulture  française,  quoi  qu’en  di- 
sent des  plumes  intéressées,  a encore  beau- 
coup d’améliorations  à réaliser;  mais  il  n’en 
est  peut-être  pas  de  plus  urgente  que  celle 
du  terreau  végétal,  dont  elle  éprouve  pres- 
que partout  le  déficit,  et  qu’elle  ne  baurait 
remplacer  complètement  par  aucun  com- 
post artificiel.  Naudin. 

JTANTE  (REINE  VICTORIA). 

possédait  en  juillet  et  août  un  bon  nombre 
de  sujets  en  pleine  floraison,  sur  lesquels  il 
coupait  chaque  jour  des  bouquets  de  fleurs 
dont  il  trouvait,  à cette  époque  de  l’année, 
un  placement  très-avantageux.  C’est  donc 
une  bonne  plante  de  plus  à introduire  dans 
les  jardins,  et  qui  ne  pourra  manquer  d’être 
adoptée  par  tous  les  amateurs  et  surtout  par 
les  jardiniers  qui  font  les  plantes  en  pots  et 
les  fleurs  coupées  pour  les  halles  et  mar- 
chés. 

La  multiplication  s’opère  facilement  par 
le  marcottage  des  tiges  feuillées,  en  août  et 
septembre,  et  par  leur  bouturage,  qui  peut 
se  faire  presque  toute  l’année,  mais  de  pré- 
férence à la  fin  du  printemps  et  au  com- 
mencement de  l’été.  En  sacrifiant  la  florai- 
son du  printemps,  on  aura  à la  fin  de  l’été 
et  en  automne  une  floraison  beaucoup  plus 
abondante.  Meyer  de  Jouhe. 


MULTIPLICATION  DU  CYPERUS  PAPYRUS  PAR  LE  SEMIS. 


Un  point  essentiel  est  de  semer  les  grai- 
nes de  Cyperus  papyrus  aussitôt  leur  matu- 
rité, quand  la  graine  commence  à s’échapper 


des  tiges,  parce  qu’elles  perdent  très-promp- 
tement leurs  facultés  germinatives. 

Il  faut  alors  préparer  un  coffre,  v faire 


388 


MULTIPLICATION  DU  CYPEPUS  PAPYRUS  PAR  LE  SEMIS. 


une  couche  dont  la  chaleur  pourra  atteindre 
25à  30  degrés  centigrades,  et,  lorsque  la  tem- 
pérature est  arrivée  à ce  point,  on  recouvre 
la  couche  de  terre  de  bruyère  d’une  épais- 
seur de  0"\04  à 0"*.05,  puis  on  répand  les 
graines  de  Cijperus  assez  dru.  Cela  fait,  on 
donne  une  mouillure  avec  une  seringue  en 
aspergeant  fortement,  de  manière  que  la 
graine  se  trouve  entraînée  par  l’eau  dans 
les  cavités  laissées  par  la  terre,  ce  qui 
les  met  dans  des  conditions  très-favorables 
à la  végétation.  On  continue  les  bassinages 
afin  d’entretenir  une  humidité  constante. 
Après  avoir  placé  les  châssis  on  les  recouvre 
de  paillassons  qu’on  peut  laisser  pendant 
quatre  à cinq  jours  afin  de  priver  de  lumière 
les  graines  qui  n’auraient  pas  été  entraînées 
par  les  seringages. 

On  peut  faire  également  ces  semis  dans 
des  terrines  qu’on  place  dans  une  serre  dont 
la  température  est  très-élevée. 

La  germination  ne  se  fait  guère  attendre 
plus  de  huit  à dixjours;  il  est  bon,  pendant 
ce  temps,  de  donner  un  peu  d’air  de  temps  à 
autre  afin  de  laisser  échapper  la  buée. 

Aussitôt  les  plantes  levées,  il  faut  les  repi- 
quer en  terrines  et  les  couvrir  d’un  verre 
afin  de  priver  les  jeunes  sujets  d’air  pendant 
quelques  jours.  Si  l’on  possède  une  bonne 
serre  à multiplication,  on  pourra  y mettre 
les  plantes  sous  cloches,  mais  alors  sans  les 
recouvrir  de  rondelles  de  verre.  Toutes  les 
graines  ne  lèvent  pas  en  même  temps  ; au 
contraire,  il  n’est  pas  rare  qu’elles  germent 
durant  tout  un  mois,  de  sorte  qu’on 

CULTURE  DE 

La  Tomate  (Solamim  Lycopersicum)  est 
pour  nos  contrées  méridionales  la  plante 
la  plus  productive,  et,  assurément,  il  n’est 
aucune  culture  qui  puisse  produire  autant 
de  bénéfice  net,  grâce  â l’immense  consom- 
mation qu’on  fait  de  ce  légume  dans  toute 
la  région  du  Midi. 

Il  n’y  a pas  de  famille,  depuis  les  plus 
riches  jusqu’aux  plus  pauvres,  qui  puisse 
s’en  passer  seulement  pendant  quelques 
jours,  et  cela  durant  toute  la  belle  saison. 
Aussi,  en  pensant  â une  consommation 
de  Tomates  aussi  grande , il  vient  tout 
naturellement  â Tesprit  que  celte  plante 
doit  être  l’objet  d’une  culture  très-soignée. 
Il  n’en  est  rien  pourtant.  Dans  un  petit 
voyage  que  j’ai  fait  dans  une  de  nos  princi- 
pales villes  du  Midi,  j’ai  été  fort  surpris  de 
voir  la  Tomate  aussi  mal  cultivée  chez  les 
principaux  maraîchers.  On  trouve  encore 
chez  eux  cette  plante  cultivée  sur  3 â 
4 tiges  palissées  sur  quelques  branchages, 
ce  qui  est  un  système  très-défectueux. 


doit  repiquer  successivement  â mesure  que 
les  plants  sont  suffisamment  forts. 

Lorsque  les  plantes  repiquées  seront 
assez  fortes,  on  devra  les  mettre  dans  des 
pots  de  0™.03,  â 0™.05de  diamètre,  travail 
qui  doit  se  faire  au  fur  et  à mesure  que  le 
besoin  s’en  fait  sentir.  La  terre  convenable 
pour  ce  travail  est  une  terre  de  bruyère 
finement  tamisée,  légère,  additionnée  de 
sable  ; comme  celle  qu’on  emploie  pour  rem- 
poter les  plantes  doit  êlre  plus  consis- 
tante, on  remplace  le  sable  par  un  peu  de 
bon  terreau  de  couche  bien  consommé. 

Les  graines  de  Cyperus  papyrus  mûris- 
sent â la  fin  d’août  lorsque  les  plantes  sont 
en  serre,  et  au  mois  de  septembre  lors- 
qu’elles sont  en  plein  air  dans  des  étés  or- 
clinaires. 

La  culture  que  nous  venons  d’indiquer 
pour  le  Cyperus  papyrus  peut  s’appliquer  â 
toutes  les  autres  espèces  de  ce  genre.  Nous 
en  avons  eu  une  preuve  dans  le  fait  suivant 
que  nous  allons  rapporter  : 

Un  pied  de  Cyperus  alteniifolius  adulte 
fructifia  l’année  dernière  dans  une  serre; 
les  graines  se  répandirent  sur  le  sol  de  la 
tablette  composé  d’escarbille  ou  cendre 
grossière  de  houille  ; celles  qui  étaient 
tombées  derrière  le  pot,  hors  de  la  lumière 
et  dans  une  situation  humide,  sans  avoir  été 
couvertes,  levèrent  parfaitement;  celles,  au 
contraire,  cpi  s’étaient  trouvées  devant  le 
pot,  par  conséquent  dans  un  endroit  éclairé 
et  sec,  ne  germèrent  pas.  G.  Ermens,-  • 

Jardinier  principal  du  fleuriste 
de  la  ville  de  Paris. 


LA  TOMATE. 

J’ai  dit  ailleurs*  a que  la  culture  que 
nous  avions  adoptée  dans  nos  contrées  de 
Lectoure,  était  la  meilleure  de  toutes  celles 
connues  jusqu’à  ce  jour.  » 

Je  maintiens  mon  dire,  et  l’expérience  de 
tous  les  jours  ma  démontré  que  j’étais  tout 
à fait  dans  le  vrai  ; aussi  je  me  fais  aujour- 
d’hui un  devoir,  dans  l’intérêt  de  tous  ceux 
qui  cultivent  la  Tomate  au  point  de  vue  de 
la  spéculation,  et  quels  que  soient  le  pays 
et  les  conditions  dans  lesquels  ils  sont  pla- 
cés, d’indiquer  ce  mode  de  culture,  le  seul 
avantageux. 

Les  marchands  de  fruits,  qui  fournissent 
les  principales  villes  des  Pyrénées,  Pau, 
Tarbes,  Bagnères,  Biarritz,  Cautrée,  Lu- 
dion, etc.,  sont  venus  chez  nous,  et  ont  été 
élontiés  de  la  beauté  de  nos  produits,  de 
sorte  qu’aujourd’hui  ils  nous  enlèvent  tout 
ce  que  nous  pouvons  leur  fournir.  Nous 
savons  de  source  certaine  que  les  habitants 

^ Culliire  maraîchère-  pour  le  muli  de  la  France, 
pap;e  15. 


CULTURE  DE  LA  TOMATE. 


389 


de  ces  contrées,  jusqu’ici  habitués  aux  To- 
mates de  Bordeaux,  de  Toulouse,  se  trou- 
vent émerveillés  à la  vue  d’aussi  beaux  fruits. 

?\ous  avons,  avec  cette  culture,  des  To- 
mates pesant  communément  -450  à 500  gram- 
mes. 

Je  recommanderai  tout  particulièrement 
la  Tomate  à feuille  crispée  comme  la  plus 
hâtive,  la  plus  productive,  et  en  même  temps 
celle  qui  donne  les  plus  beaux  produits. 

La  culture  des  Tomates  est  des  plus  sim- 
ples: on  sème  les  graines  sur  couche  et  sous 
châssis,  en  mars,  et  on  plante  en  pleine 
terre  à bonne  exposition  et  surtout  au  soleil 
vers  la  hn  du  mois  de  mai;  lorsque  les 
plantes  sont  un  peu  fortes,  on  en  pince  l’ex- 


trémité et  on  ne  laisse  qu’une  seule  tige 
qu’on  effeuille  meme  en  grande  partie  au 
fur  et  à mesure  que  les  fruits  grossissent. 
Si  l’on  voulait  avoir  des  Tomates  de  haute 
primeur,  il  faudrait  semer  les  premières 
graines  vers  le  mois  d’octobre  sur  couche  et 
sous  châssis,  et  repiquer  les  plants  éple- 
ment  sur  couche  chaude,  eu  ayant  soin  de 
les  distancer  et  de  leur  donner  tous  les 
soins  nécessaires  pour  les  empêcher  de 
s’étioler,  et  surtout  d’enlever  à temps  tous 
les  bourgeons  axillaires  ainsi  que  la  plupart 
des  feuilles  pour  permettre  à la  lumière 
d’arriver  directement  sur  les  fruits. 

A.  Dumas, 

Jardinier  en  chef  à la  ferme-école  do  Bazin . 


DE  LA  CULTURE  DU  NÉFLIER  DU  JAPON  A MARSEILLE 


Le  Néüier  du  Japon,  très-répandu  en  Pro- 
vence, a été  cultivé  comme  arbre  d’ornement 
à cause  de  ses  grandes  feuilles  persistantes, 
et  s’est  trouvé  être  un  arbre  fruitier  de  grand 
mérite  pour  notre  contrée. 

Il  n’est  bien  certainement  pas  apprécié 
à sa  valeur,  et  je  profite  de  l’article  de 
M.  Desportes  pour  le  recommander  aux  pro- 
priétaires du  Midi. 

Deux  arbres  âgés  de  vingt  ans,  plantés  dans 
un  terrain  humide  â sous-sol  marneux,  ont 
atteint  3 mètres  de  hauteur,  et  me  donnent 
depuis  dix  ans  des  récoltes  de  plus  en  plus 
abondantes  et  sans  alternance. 

Les  gelées  exceptionnelles  de  8 à 10  de- 
grés de  l’hiver  1864-1865,  pendant  la  flo- 
raison qui  commence  vers  le  milieu  de  dé- 
cembre, ont  détruit  la  récolte  de  1865,  mais 
cet  arbre  ne  craint  pas  les  froids  tardifs  du 
printemps  si  fréquents  dans  notre  région; 
car,  cette  année,  les  gelées  de  mars  nous  ont 
enlevé  tous  nos  abricots  et  nos  pêches,  et 
cependant  mes  deux  Néfliers  ont  donné,  du 
5 mai  au  15  juin,  une  récolte  très-abon- 
dante que  j’évalue  à 25  kilogr.  par  arbre. 

Le  fruit,  de  la  grosseur  d’une  belle  prune 


de  Pieine-Claude,  est,  à demi  mur,  d’une 
acidité  agréable  qui  rappelle  celle  de  la 
poire  Conseiller  de  la  cour;  et,  à complète 
maturité,  il  est  d’une  douceur  agréable  et 
d’un  parfum  ayant  quelque  analogie  avec 
celui  de  l’Ananas. 

Ce  Néflier  a le  grand  mérite  de  fournir, 
sans  aucun  soin,  pendant  plus  d’un  mois, 
un  dessert  sain,  agréable,  très-recherché 
des  enfants,  et  de  donner  son  fruit  avec  les 
premières  cerises  et  les  fraises. 

Je  ne  lui  connais  pas  d’ennemi'=:,  il  n’oxige 
aucune  taille,  et  ti’est  pas  difncile  sur  le 
choix  du  terrain  ; il  ne  craint  pas  la  séche- 
resse; son  seul  défaut  est  la  lenteur  qu’il 
met  à pousser,  et  qui  augmenterait  encore, 
du  moins  chez  7ious,  si  on  employait  la 
greffe  sur  Cognassier,  pratiquée  avec  avan- 
tage dans  le  Centre  et  dans  le  Nord  de  la 
France. 

Ce  n’est  pas  encore  un  fruit  de  vente 
usuelle;  il  ne  paraît  que  dans  les  boutiques 
des  fruitiers  de  premier  ordre;  mais,  en  de- 
venant abondant,  il  sera  indubitablement 
recherché  par  tous  les  consommateurs. 

Paul  Giraud. 


GREFFE  SARINE  POUR  BOUTONS  A FLEURS 

SUR  LES  ARBRES  A FRUITS  A PEPINS. 


Depuis  quelques  années,  la  greffe  des 
boutons  à fleurs  s’est  beaucoup  propagée; 
conseillée  par  MM.  Luizet  père,  Hardy, 
Dubreuil,  elle  serait  encore  plus  fréquem- 
ment pratiquée,  si  on  n’avait  à lui  reprocher 
de  s’annuler  souvent  après  une  [tremière 
fructification.  J’ai  remarqué  que,  très-sou- 
vent,  plus  d’un  tiers  de  ces  greffes  ne  re- 
prennent pas  si  elles  sont  placées  sur  des 
branches  âgées  de  plus  de  quatre  ans. 

Je  crois  donc  rendre  service  aux  horti- 
culteurs en  faisant  connaître  un  procédé 


que  j’emploie  depuis  longtemps  et  qui  m’a 
toujours  donné  d’excellents  résultats. 

Cette  espèce  de  greffe  est  pratiquée  de- 
puis huit  ans  par  M.  Sabine  aîné,  horticul- 
teur â Falaise  (Calvados),  qui  en  est  l’inven- 
teur (de  lâ  son  nom  : greffe  Sabine).  Elle 
consiste  à enlever,  du  lÙ  août  au  15  septem- 
bre, sur  un  arbre  quelconque,  de  petits  ra- 
meaux portant  un  ou  plusieurs  boutons  à 
fleurs  pour  le  printemps  suivant;  après 
en  avoir  coupé  les  feuilles,  on  taille  la  base 
de  ces  rameaux  en  bec  de  flûte  en  ayant 


390  GREFFE  SABINE  POUR  BOETONS  A FLEURS  SUR  LES  ARBRES  A FRUITS  A PEPINS. 


soin  de  faire  un  cran  à la  partie  supérieure 
de  l’entaille,  ainsi  que  l’indique  la  figure  45. 
Ensuite  on  pratique  à la  base  d’une  lam- 
bourde, d’un  rameau  gourmand  ou  sur  une 
branche  de  charpente  dégarnie  de  produc- 
tions fruitières,  une  incision  longitudinale  de 
Û"^03(fig.  46  et  47);  puis,  immédiatement 
au-dessus  de  l’incision,  on  pratique  une 
entaille  qui  pénètre  jusqu’à  la  couche  de 


bois;  on  soulève  l’écorce  incisée,  et  on  y 
introduit  le  greffon  de  manière  que  le  cran 
pratiqué  sur  elle  concorde  avec  l’entaille 
laite  au  sujet;  puis  on  ligature  et  l’on  recou- 
vre de  mastic  à greffer.  Il  est  utile  de  pré- 
server la  greffe  de  Tardeur  du  soleil,  pen- 
dant quelques  jours,  pour  favoriser  sa  re- 
prise. 

On  peut,  sur  les  arbres  très-vigoureux  et 


Ficf.  46.  — Incision  pour 
recevoir  le  rameau  à 
fruit  de  la  greffe  Sabine. 


Fig.  47.  — Rameau  gourmand 
préparé  pour 

le  placement  d’un  greffon. 


difficiles  à mettre  à fruit,  obtenir  d’excel- 
lents résultats  en  opérant  comme  il  suit  : 
pendant  la  saison  d’hiver,  on  taille  les  ra- 
meaux vigoureux  qui  se  sont  développés 
sur  les  branches  de  la  charpente  à 0'«.15 
au-dessus  de  l’œil  placé  à leur  base  F 
(fig.  44);  cet  œil,  qui  se  développe  au  prin- 
temps, doit  être  pincé  lorsqu’il  atteint  0i'.25. 
Au  mois  d’août,  lorsqu’on  veut  placer  le 
greffon,  on  fait  disparaître  l’onglet  en  A 
figure  44,  puis  on  incise  Fécorce,  ainsi  que 


l’indique  la  ligne  B,  O,  et  on  place  le  gretfon 
en  procédant  comme  pour  la  greffe  en  cou- 
ronne. Le  rameau  E est  conservé  jusqu’au 
mois  de  mars,  époque  à laquelle  on  taille 
comme  l’indique  la  ligne  C. 

Si  l’on  supprimait  le  rameau  E au  mo- 
ment où  l’on  greffe,  il  pourrait  arriver  que 
la  sève  eût  assez  de  force  pour  faire  déve- 
lopper les  fleurs  dès  le  mois  d’octobre  et 
l’on  n’obtiendrait  pas  de  fruits  l’année  sui- 
vante. 


/{crue  llcrU.rIc 


I 


4' 


l'ailacl a liiilei  .Ô.Kularla  Miiolleni 
4,Kiilacla  J\luellerii  mici'opliylla 


GREFFE  SABINE  POUR  BOUTONS  A FLEU 

Les  greffes  pratiquées  au  mois  d’août 
1865  par  M.  Sabine  présentent  toutes  de  fort 
beaux  fruits,  une  greffe  de  Duchesse  d’hiver 
en  porte  7,  une  de  Doyenné  du  comice  5,  une 
autre  de  Beurré  Br aconot  6,  etc.  ; toutes  ces 
poires  promettent  d’être  d’une  grosseur 
remarquable  malgré  leur  grand  nombre; 
c’est  ce  qui,  du  reste,  c^rive  toujours  sur 
des  greffes  ainsi  pratiquées. 

Elles  ont  été  faites  sur  les  lambourdes 
d’un  vieux  Poirier  de  Crassanne  encore  vi- 
goureux, mais  peu  productif,  et  dont  les 
fruits  sont  d’une  grosseur  au-dessous  de  la 
moyenne. 


Fig.  49.  — Pêi 


SUR  LES  ARBRES  A FRUITS  A PEPINS.  391 

La  figure  48  représente  une  greffe  placée 
sur  une  branche  formant  un  coude  par  suite 
d’une  taille  vicieuse; la  figure  47  indique  la 
base  d’un  rameau  gourmand  que  l’on  a 
courbé  au  mois  de  juin  afin  de  favoriser  le 
placement  d’un  greffon  pour  laquelle  il  est 
préparé. 

Disons,  en  terminant,  que  toutes  ces 
greffes  reprennent  très-bien,  que  les  insuc- 
cès sont  fort  rares,  et  que,  si  l’on  ne  réussit 
pas,  il  n’y  a pas  de  mutilations,  de  sorte 
que  le  sujet,  n’étant  pas  endommagé,  peut 
être  regreffé  : avantage  que  ne  présente  pas 
la  greffe  Girardin.  Jules  Ravenel. 


Gustave  Thuret. 


PÊCHER  GUSTAVE  THURET. 


Cette  variété,  représentée  par  la  gra- 
vure 49,  a été  obtenue  par  M.  Gustave 
Thuret,  membre  de  l’Institut,  à Antibes 
(Var),  de  noyaux  qu’il  avait  reçus  de  la 
Chine.  Les  arbres  qu’il  obtint,  au  nombre 
de  plusieurs,  présentaient  les  caractères 
suivants  : 

Arbre  de  vigueur  moyenne,  très-produc- 
tif, à rameaux  grêles  couverts  d’une  écorce 
vert-roux,  lavée  ou  maculée  de  rose  violacé. 
Feuilles  glanduleuses,  étroitement  ellipti- 
ques, rétrécies  à la  base,  longuement  atté- 
nuées en  pointe  au  sommet,  souvent  pliées 
en  gouttière,  finement  et  sensiblement 


dentées-serrées,  à dents  couchées.  Glandes 
mixtes  très-petites,  excessivement  rares. 
Fleurs  grandes  d’un  beau  rose  carné,  à pé- 
tales largement  ovales,  courtement  ongui- 
culés. Fruit  très-petit,  atteignant  rarement 
40  millimètres  de  hauteur,  sur  30  à 35  inil- 
limètres  de  largeur,  souvent  un  peu  inéqui- 
latéral, sillonné  d’un  côté  seulement  sur- 
tout vers  la  base  du  fruit,  courtement  atté  - 
nué au  sommet  qui  forme  un  petit  mame- 
lon obtus,  terminé  par  un  petit  point  noir. 
Peau  duveteuse,  vert- jaunâtre,  rouge  ver- 
millon sur  les  parties  fortement,  insolées. 
Chair  non  adhérente  ou  souvent  très-légè- 


392 


PÊCHER  GUSTAVE  THURET 


rement  adhérente,  ferme,  blanc  jaunâtre,  | 
rose  cerise  terne  dans  la  partie  qui  touche  au  ' 
noyau,  fondante;  eau  abondante,  sucrée, 
finement  relevée.  Noyau  ovoïde,  très-ren- 
flé sur  les  faces  et  alors  presque  cylindri- 
que, brusquement  atténué  et  arrondi  à la 
base,  assez  longuement  acuminé  au  sommet 
en  un  mamelon  aigu,  à surface  finement 
rustiquée, 


Les  fruits  de  Pêcher  Gustave  Thuret  ont 
beaucoup  de  rapport  pour  l’aspect  et  la 
forme  avec  ceux  de  Vavant  Pêche  rouge, 
bort.  ; mais  ses  fleurs  en  sont  complètement 
différentes  puisque,  au  lieu  d’être  petites, 
elles  sont  très-grandes. 

Cette  variété  mûrit  ses  fruits,  à Paris, 
dans  la  dernière  quinzaine  d’août. 

E.  A.  Carrière. 


QUELQUES  EUTACTA  DE  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE. 


Le  genre  Araucaria , SLms\  qu’on  le  sait,  a 
été  divisé  en  deux  sections  : l’une  compre- 
nant les  Araucaria  proprement  dits,  l’autre 
renfermant  les  Eutacta.  Les  premiers,  re- 
présentés par  les  Araucaria  imbricata, 
Brasiliensis,  Bidwilli,  etc.,  sont  d’origine 
américaine.  Les  Eutacta,  au  contraire,  re- 
présentés par  les  Eutacta  excelsa,  Cookii, 
Cunninghami,  etc.,  sont  océaniens.  Ils  ha- 
bitent l’Australie,  la  Nouvelle-Calédonie,  etc. 
Jusqu’à  ce  jour  les  deux  sections  étaient 
tellement  tranchées  qu’il  était  impossible  de 
les  confondre;  mais  il  est  arrivé  pour  ces 
jilantes  ce  qui  arrive  pour  toutes  les  autres. 
A mesure  que  l’on  va,  les  découvertes  ten- 
dent à remplir  les  lacunes,  et  aujourd’hui  le 
point  de  démarcation,  qui  autrefois  était 
très-sensible,  tend  à s’effacer,  en  sorte  que, 
bientôt,  ces  deux  sections,  jadis  si  distinc- 
tes, seront  confondues  par  des  intermédiai- 
res. Cette  confusion,  on  peut  le  dire,  est 
déjà  à peu  près  faite  par  suite  de  la  décou- 
verte de  quelques  espèces  originaires  de  la 
Nouvelle-Calédonie  dont  nous  allons  parler: 
l’une  d’elles  surtout,  VEutacta  Rulei  poly- 
morpfia\  par  son  protéisme,  est  très-propre 
à opérer  la  fusion. 

La  planche  ci-contre  représente  quelques 
formes  d' Eutacta ,décou\eiis,  il  y a quelques 
années,  dans  diverses  parties  de  la  Nouvelle- 
Calédonie.  Malheureusement  ces  plantes 
paraissent  être  très-polymorphes,  et,  sans 
avoir  vu  les  plantes  vivantes,  n’ayant  non 
plus  que  des  branches,  il  est  très-difficile  de 
les  décrire  d’une  manière  précise.  Le  temps 
et  de  nouvelles  observations  pourront  seuls 
éclairer  cette  question  et  montrer  si,  comme 
le  prétendent  certains  botanistes,  il  n’y  a 
là  qu’une  seule  espèce.  Néanmoins  l’examen 
des  rameaux  et  des  feuilles  nous  a engagé  à 
en  reconnaître  plusieurs.  Les  voici  : 

Eutacta  Butei,  Nob.  Arbre  atteignant 
15  mètres  environ  de  hauteur,  30  mètres, 
et  même  plus  d’après  d’autres  auteurs. 
Branches  verticillées,  horizontalement  éta- 
lées, réfléchies.  Ramilles  foliaires  très-lon- 
gues, d’environ  2 centimètres  de  diamètre 
sur  les  sujets  adultes.  Feuilles  ovales-ellip- 
fiques  étroitement  appliquées,  planes  ou 

* Voir  Revue  horticole,  1866,  page  350. 


légèrement  concaves  à l’intérieur,  arrondies, 
subcarénées  en  dessous,  arquées  vers  le 
rameau,  atténuées  obtuses  au  sommet, 
longues  d’environ  12-15  millim.,  larges  de 
6-8. 

Eutacta  Butei  compacta,^ohr,  Araucaria 
Butei  parvi folia,  Muell.  VEutacta  Butei 
compacta,  n«  2,  forme  un  arbre  d’environ 
15  mètres  de  hauteur,  à cime  largement 
arrondie,  très-compacte.  Ramilles  foliaires 
d’environ  15  millimètres  de  diamètre,  ex- 
cessivement nombreuses,  réunies  et  formant 
des  sortes  de  paquets  ou  faisceaux  de  18-40. 
Feuilles  étroitement  imbriquées,  arquées 
vers  le  rameau,  ovales-elliptiques,  brusque- 
ment atténuées  obtuses  au  sommet,  à peu 
près  planes,  légèrement  épaissies  et  caré- 
nées en  dessous. 

Eutacta  Muelterii,  l^ohr.  Araucaria  Butei 
grandifotia,  Muell.  Celui-ci,  représenté  par 
le  n«3,  forme  un  arbre  de  12-15  mètres  de 
hauteur,  à branches  étalées,  verticillées. 
Rameaux  foliaires  gros,  très-longs  rappe- 
lant ceux  du  Colymbea  {Araucaria)  imbri- 
cata.  Feuilles  étroitement  imbriquées  et  ap- 
pliquées, minces,  légèrement  concaves, 
droites,  elliptiques,  atténuées  aux  deux 
bouts,  acuminées  au  sommet  en  une  pointe 
obtuse,  jamais  aiguë,  longues  de  35-45 
millimètres,  larges  de  15-18,  raides,  légè- 
rement carénées  en  dessous. 

Eutacta  Muetlerii  microphylta,  Nob.  ; 
Araucaria  Butei,  Eort.  Celui-ci,  que  nous 
rapprochons  de  VEutacta  Muetterii  parce 
qu’il  a beaucoup  de  rapports  avec  ce  dernier 
par  la  forme  particulière  de  ses  feuilles, 
pourrait  bien  n’être  qu’une  variété  ou 
forme  de  VEutacta  Butei.  Voici  les  caractè- 
res qu’il  présente  : Rameaux  foliaires  d’en- 
viron 2 centimètres  de  diamètre.  Feuilles 
imbriquées  écartées,  elliptiques,  droites, 
atténuées  obtuses  au  son.met,  longues  de 
15-18  millimètres,  larges  d’environ  8. 

La  culture  des  Eutacta  dont  nous  venons 
de  parler  est  la  même  que  celle  des  espèces 
anciennes  {Eutacta  cxcetsa,  Eutacta  Cun- 
ninghami, etcj;  sous  le  climat  de  Paris  il 
faut  donc  les  rentrer  l’hiver  dans  une  serre 
froide.  La  terre  de  bruyère  convient  aux 
jeunes  plantes;  un  peu  plus  tard,  on  y ajoute 


393 


QUELQUES  EUTACTA  DE  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE. 


de  la  terre  franche  siliceuse  ou  très-légère- 
ment argileuse,  mais  non  calcaire.  Quant  à 
la  multiplication,  on  la  fait  de  graines,  dans 
le  pays  même  où  ces  plantes  sont  indigènes 
(les  graines,  commecellesdes  autres  espèces 
d'Eiitacln,  perdant  de  suite  leurs  facultés 
germinatives),  puis  on  transporte  les  jeunes 
plants  dans  des  petites  serres  vitrées  porta- 
tives, dites  caisses  à la  Warde.  On  peut  aussi 
greffer  les  Eutacla  soit  sur  eux-mêmes,  soit 
sur  les  autres  espèces  de  même  genre  avec 


lesquelles  elles  ont  de  l’analogie.  Pour  cela, 
on  fait  des  boutures  de  branches  des  espè- 
ces qui  reprennent  facilement;  et  plus  tard, 
lorsqu’elles  sont  reprises,  on  s’en  sert 
comme  sujets  pour  greffer  des  bourgeons 
que  les  praticiens  nomment  lêtes^  soit  qu’ils 
proviennent  de  l’extrémité  de  la  lige  d’indi- 
vidus obtenus  de  graines,  soit  qu’ils  soient 
produits  directement  sur  la  tige  d’un  de 
ces  individus,  ainsi  que  cela  arrive  fré- 
quemment. E.  A.  Carrière. 


EXCURSION  EN  SUISSE  DE  LA  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE 

DE  FRANCE. 


La  Société  botanique  de  France  fait  cha- 
que année  une  excursion.  Cette  année,  c’é- 
tait dans  la  Haute-Savoie  et  le  rendez-vous 
était  à Annecy  où  les  membres  venus  des 
dilférentes  parties  de  la  France  et  de  l’é- 
tranger se  sont  réunis  le  9 août.  Le  plus 
grand  nombre  ont  suivi  la  même  route  de- 
puis Aix,  par  le  chemin  de  fer,  récemment 
livré  à la  circulation,  qui  traverse  une  vallée 
des  plus  pittoresques,  et,  depuis  Rumilly, 
longe  les  bords  du  Fiev,  petit  ruisseau  forte- 
ment encaissé  et  qui  présente  des  points  de 
vue  très-variés.  Cette  portion  de  la  vallée 
olïrirait,  nous  le  croyons,  un  grand  intérêt 
aux  botanistes,  si  elle  était  explorée. 

Après  une  deuxième  séance,  dans  laquelle 
on  a abordé  différentes  questions  scientifi- 
ques, les  membres  de  la  Société,  au  nombre 
de  plus  de  40,  s’embarquent  sur  le  bateau  à 
vapeur  que  la  municipalité  a mis  à la  dispo- 
sition de  la  Société  pour  faire  une  promenade 
sur  le  lac,  et  y délègue  un  de  ses  membres 
pour  donner  toutes  les  explications  désira- 
bles. 

M.  Roussel,  maire  d’une  des  localités  du 
bord  du  lac,  est  venu  présenter  à la  Société 
un  Bhododendroii  ferragineiim,\qui  y croît 
à une  altitude  de  iOO  mètres  seulement 
au-dessus  du  lac,  fait  considéré  comme  ex- 
ceptionnel. 

La  matinée  du  lendemain  (10)  a été  con- 
sacrée à visiter  les  établissements  publics 
et  entre  autres  le  Musée,  qui  est  de  créa- 
tion récente  et  qui,  néanmoins,  contient 
déjà  beaucoup  de  choses  précieuses. 

Le  mauvais  temps  a retardé  le  départ  pour 
Thones,  voyage  qui  a dû  s’effectuer  envoiture. 

On  a de  nouveau  suivi  les  rives  du  Fiev, 
qui  sont  aussi  pittoresques  que  celles  de 
l’autre  côté  d’Annecy. 

Un  peu  avant  d’arriver  à Thones,  nous 
avons  remarqué  dans  un  jardin  potager  un 
Chou  remarquablement  panaché,  que  l’un 
de  nous  a emporté  avec  l’espoir  de  le  fixer 
et  de  le  propager. 

Nous  arrivons  à Thones  à cinq  heures, 
et  l’on  organise  de  suite  une  herborisation 


sur  un  des  coteaux  où  est  situé  un  calvaire 
et  où  le  Dianthiis  sylvestris  est  très-com- 
mun. Les  bois  du  coteau  produisent  une 
grande  quantité  de  Champignons  et  entre 
autres  des  Chanterelles  d’une  dimension 
exceptionnelle  (12  à 15  centimètres  de 
diamètre)  et  aussi  le  Hydnum  repandmn. 

Au  retour,  un  orage  épouvantable  éclate; 
orage  comme  de  mémoire  d’homme  l’on  n’en 
avait  vu  dans  le  pays. 

Le  11.  — On  attendait  à Thones  plu- 
sieurs botanistes  qui  s’étaient  fait  annoncer, 
et  l’on  fut  fort  désappointé  que  le  mauvais 
temps  les  eût  empêchés  de  tenir  leur  pro- 
messe. 

L’ascension  du  mont  Charvin  ne  put  avoir 
lieu,  vu  le  mauvais  temps.  Néanmoins  une 
quinzaine  des  plus  intrépides  et  des  plus 
jeunes,  sous  la  direction  du  D*’  Bouvier,  se 
mettent  en  route. 

L’excursion  devait  prendre  6 heures;  mais, 
malgré  son  ardeur,  cette  troupe  a dû  s’arrê- 
ter au  pied  du  mont  Charvin  où  elle  fut  as- 
saillie par  une  bourrasque  de  neige.  L’intré- 
pide M.  Main,  qui,  malgré  ses  82  ans,  avait 
voulu  tenter  l’ascension,  avait  déjà  été  obligé 
de  s’arrêter  à moitié  chemin. 

Des  voitures,  envoyées  par  M.  le  comte 
Jaiibert,  ramenèrent  les  plus  fatigués  à huit 
heures. 

Une  autre  course  fut  faite,  vers  la  Four- 
neth,  par  MM.  Cosson  et  Hénon,  qui  y ont 
irouvé  dans  les  bois  grands  nombres  de 
Fougères;  entre  autres  les  Pohjfodiimi 
filix  mas^  filix  fœinina,  fragile,  Dnjop- 
ieris,  etc.,  et  de  plus  une  jolie  Clavaire 
jaune  orangé. 

Le  12.  — Départ  de  Thones  pour  le 
Grand-Bornand,  à 10  heures,  par  un  temps 
couvert  et  brumeux.  Arrivée  à midi.  Malgré 
le  mauvais  temps,  tout  le  monde  se  met  en 
route  pour  le  Clienaillon.  A peine  sorti  du 
village,  M.  Désétang  signale  le  Salix  ponte- 
derana  (très-rare). 

Arrivés  dans  les  bois  de  Sapin,  une  pluie 
battante  met  le  désarroi  dans  la  bande  et 
la  disperse. 


394 


EXCURSION  EN  SUISSE  DE  LA  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Quelques-uns  se  dirigent  vers  la  base  des 
monts  Aravis  où  ils  espéraient  trouver  quel- 
ques-unes des  plantes  qui  y croissent  au 
sommet;  mais  cet  espoir  fut  déçu. 

Le  plus  grand  nombre,  dirigé  par  M.  Clos 
et  M.  le  comte  Jaubert,  continue  l’ascension 
jusqu’au  cliâlet  du  Clienaillon,  près  du  col 
de  ce  nom.  La  pluie  tombait  par  torrents. 
Nous  vîmes  là  quelques  plantes  tout  autour 
de  Thones  notamment  le  Salix  daphnoïdes 
qui  y croît  en  abondance. 

Après  s’être  mis  pendant  quelque  temps 
à l’abri  et  s’être  un  peu  restaurée,  cette  partie 
de  la  bande  descendit  par  l’autre  versant 
de  la  montagne  à travers  des  pâturages 
garnis  de  Vaccinium  myrtillus  et  V.  idi- 
ginoswn,  couverts  de  fruits. 

Le  mauvais  temps  a empêché  de  récolter 
sur  la  route  beaucoup  de  plantes,  chacun 
étant  pressé  de  rentrer  au  grand  Bornand 
où  l’on  arriva  à 6 heures,  après  maintes  chu- 
tes et  glissades,  tous,  très  -fatigués,  trempés 
et  déchirés. 

Un  bon  repas  et  surtout  un  bon  feu,  nous 
réconforta. 

Le  soir  on  s’occupe  de  sécher  et  ranger 
les  plantes  récoltées. 

Le  1 3.  — Le  mauvais  temps  continue  ; im- 
possible d’herboriser;  l’on  déjeune  et  l’on 
se  décide  à partir  pour  Bonnoville.  On  s’en- 
tasse dans  cinq  voitures.  Sept  des  plus  in- 
trépides, dirigés  par  M.  le  Bouvier,  par- 
tent à pied. 

Le  14.  — Séance  publique  à l’Hôtel-de- 
Yille  en  présence  des  autorités. 

Une  seule  course  a été  faite  par  quelques 
membres,  dirigée  par  M.  Hénon,  dans  les 
environs  de  la  ville,  elle  avait  pour  but  la 
visite  des  vignobles  d’Ayse  et  des  Poiriers 
Maude  dont  l’un,  âgé  seulement  de  60  ans, 
avait  90  cent,  de  diamètre  â 1 mètre  du  sol. 
On  y a aussi  rencontré  un  superbe  Cbâtaigner 
qui  mesurait  b'^.OO  de  circonférence  â U". 30 
du  sol. 

Le  15.  — On  se  divise  en  deux  bandes. 

L’une  d’elles  se  dirige  vers  Salanches  et 
Chamonix. 

L’autre  tente  l’ascension  du  Brizon. 

Elle  s’est  aussi  partagée  en  deux  grou- 
pes. 

L’un  d’eux,  composé  de  7 membres, 
sous  la  direction  de  M.  Hénon,  part  de  bonne 
heure  et  remonte  le  ruisseau  du  Brizon, 
jusqu’à  l’endroit  où  les  premiers  prennent 
sur  la  droite,  puis  remontent  le  coteau 
presqu’à  pic,  dans  Pespoir  de  trouver 
quelques  pieds  de  Saxifraga  miitata,  plante 
rare  partout  et  dont  l’on  ne  connaît  (jue  3 
ou  4 stations.  Cet  espoir  ne  fut  pas  déçu; 
l’on  en  trouva  5 ou  6 pieds,  et  quelques 
autres  plantes,  entre  autres  le  Cyclamen 
d’Europe  qui  s’annonçait  de  loin  par  son 
odeur. 

On  se  dirigea  vers  la  demeure  de  Thimo- 


thée,  le  guide  au  Brizon,  pour  y déjeuner. 
Les  deux  troupes  s’y  réunirent;  après  le  dé- 
jeuner, Thimothée  exposa  une  quantité  con- 
sidérable de  plantes  vivantes  remarquables 
par  leur  beauté  et  leur  santé,  telles  que 
Rhododendron  ferrugincum,^  Myosotis  al- 
pestris,  Saxifraga  mulata,  Saxifraga  oppo- 
siüfolia,  Doronicum  scorpioïdes^  Papaver 
alpimm,  etc.,  etc. 

On  devait  aller  coucher  au  pied  du  Vergy 
et  il  fallait  se  hâter  pour  arriver  avant  la 
nuit. 

En  montant  dans  la  forêt  qui  est  au-des- 
sus du  Brizon,  on  trouva  beaucoup  de  Cham- 
pignons tels  que  Clavaria  coralloldes,  Bo- 
letiis  æneuSy  Agaricus  campesiris,  tous  trois 
comestibles  et  plusieurs  autres,  tels  que  la 
fausse  Oronge,  l’Agaric  bleu^  Bolelus  bovi- 
îiuSy  etc.,  qui  sont  dangereux.  U Agari- 
cus psitt  admis  Si  présenté  un  singulier  phé- 
nomène, celui  d’une  soudure  du  chapeau 
telle  qu’il  semblait  ^un  Champignon  porté 
sur  deux  pieds. 

Parmi  les  Champignons  parasites  nous 
remarquâmes  plusieurs  Æciâium,  — Au- 
dessus  de  la  forêt,  en  traversant  les  taillis 
qui  précèdent  l’abord  de  la  glacière,  plu- 
sieurs plantes  alpestres,  telles  que  Sonchus 
Plumierii,  Valeriana  montana,  Digitalis 
grandiflora,  décoraient  les  clairières. 

A peu  de  distance  de  là,  Thimothée  trouva 
une  rare  Orchidée  Epipogiim  Grnelini,  la 
plus  rare  des  plantes  que  l’on  ait  rencontrées 
jusqu’alors. 

Le  chemin  était  devenu  difficile  à travers 
les  voies  éboulées  elles  plantes  qui  l’encom- 
braient, mais  on  arriva  sans  difficulté  à la 
glacière,  vaste  anfractuosité  dans  laquelle 
s’amoncèle  la  neige  qui  n’y  fond  jamais  d’un 
été  à l’autre.  — Autour  de  ces  rochers 
beaucoup  de  plantes  vernales  étaient  en 
fleur,  notamment  le  Viola  biftora^  Primula 
farinosa,  Orchis  conopsea,  Soldanella  al- 
pina.,  etc.  — Dans  les  clairières,  il  y 
avait  des  Aconits,  des  Cacalias,  l’Anémone 
des  Alpes.  — En  continuant  l’ascension, 
la  route  devenait  raide,  elle  est  bordée  de 
rochers,  pleins  de  crevasses  très-profondes 
et  dangereuses,  dont  quelques-unes  parais- 
sent infranchissables.  De  l’autre  côté  de  l’une 
d’elles  on  pouvait  voir  V Imperatoria  Ostru- 
thium.  Une  jolie  Fougère,  le  Cystopteris 
montana  poussait  à nos  pieds.  Au-dessus  du 
couloir  que  l’on  venait  de  traverser,  était 
le  Planet,  vaste  pâturage,  relativement 
plat,  et  au  bout  duquel  se  trouve  le  Chalet 
où  nous  allions  nous  abriter. 

H était  temps,  la  nuit  était  venue  et  l’ap- 
pétit avec  elle. 

Le  16.  — A 4 heures,  l’on  est  sur  pied. 
La  prairie  était  blanche  par  la  gelée,  et,  ce 
qui  est  remarquable,  les  touffes  de  Sphag- 
nnm  étaient  plus  gelées  que  le  reste. 
MM.  Desenau  et  Douniet  donnèrent  un  coup 


395 


EXCURSION  EN  SUISSE  DE  LA  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


de  baromètre  et  prirent  la  température  de 
l’air  à 1 mètre  du  sol  et  trouvèrent  3 degrés 
au-dessus  de  zéro,  tandis  qu’à  la  surface  du 
sol  il  y avait  1/10  au-dessous  de  zéro. 

Le  soleil  ne  tarda  pas  à paraître.  Le  dé- 
jeuner se  fit  en  plein  air.  Tout  autour  de 
nous  croissaient  V lUeracium  alpininn  (ra- 
re), et  une  plante  de  la  plaine  dont  la  fleur 
prend,  à cette  hauteur,  une  grandeur  et  un 
éclat  inusités,  c’est  le  Genislas  agittalis. 

A 10  heures,  on  commence  la  inontée  de 
Balafra,  qui  traverse  le  Yergy  pour  aller  à 
la  vallée  du  Reposoir. 

La  base  de  cette  montée  offre  une  végéta- 
tion excessivement  belle,  jusqu’aux  plaques 
de  neige  qui  précèdent  les  éboulements  de 
rochers.  — De  tous  côtés  les  Geniiana  ba- 
varica,  Myosotis  alpestris,  Alchemilla  al- 
pina,  Doronicim  scorpioides,  BeUidiastrnm 
Michelii,  Linaria  alpina,  Hutchinsia  al- 
pina,  Pedicularis  veriicillata,  Papaver 
alpinum,  Anemone  narcissœflora,  étalaient 
leurs  fleurs  autour  de  nous. 

Balafra  est  à 2,404  mètres  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer.  Dès  que  l’on  approche  des 
pliaques  de  neige  et  des  roches  éboulées,  la 
végétation  diminue,  mais  ne  disparaît  pas 
complètement;  enfin,  tout  en  gravissant  cette 


rude  montée,  nous  trouvons  encore  dissé- 
minés cà  et  là  les  Cerastium  latifoUiim, 
Saæifraga  oppositi folia,  Ihftchinsia  rotun- 
difolia  (ce  dernier  rare)  et  quelques-unes 
des  belles  plantes  que  nous  avions  trouvées 
à la  base;  mais  alors  la  montée  était  trop 
rude  pour  herboriser  beaucoup  ; car,  pour 
avancer,  il  fallait  souvent,  disposés  en  file, 
que  le  suivant  mît  le  pied  où  le  premier 
avait  mis  le  sien,  et  plus  d’une  fois  un  bloc 
de  pierre,  détaché  par  les  pieds  des  premiers, 
nous  faisait  craindre  pour  les  derniers.  La 
traversée  de  quelques  glaciers  composés  de 
plaques  de  neige  a été  quelquefois  assez 
difficile  à cause  de  l’escarpement  et  des  de- 
grés que  l’on  était  obligé  de  tailler  pour  se 
frayer  un  passage. 

Enfin,  après  trois  heures  et  quart  d’une 
dure  montée,  l’on  a atteint  le  sommet  du 
col.  Parmi  les  plaisirs  et  les  émotions  de 
l’ascension,  il  faut  compter  deux  chamois, 
qui  se  sont  présentés  à nous  sur  un  pic  de 
roc  au-dessus  de  nos  têtes,  et  plus  loin  un 
troupeau  de  chèvres  à demi  sauvages,  qui 
d’abord  nous  faisaient  croire  à un  grand 
troupeau  de  chamois. 

J.  SiSLEV. 

{La  fin  au  prochain  numéro). 


EXPOSITION  D’HORTICULTURE  DE  LA  FÊTE  DES  FLEURS. 


Cette  exposition,  ouverte  le  30  août  1866 
dans  la  partie  réservée  du  bois  de  Bou- 
logne, qu’on  nomme  Pré  Catelan,  s’est  tenue 
dans  un  jardin  improvisé  par  M.  Laforcade, 
jardinier  principal  du  bois  de  Boulogne, 
sous  la  direction  de  M.  Barillet,  l’habile 
jardinier  en  chef  de  la  ville  de  Paris. 

Au  lieu  d’entrer  dans  de  longs  détails  sur 
l’organisation  générale  et  sur  les  diverses 
dispositions  qu’on  avait  prises,  tant  pour 
flatter  l’œil  des  promeneurs  que  pour  ga- 
rantir les  plantes  des  intempéries,  arrivons 
au  but  : ce  qu’était  l’exposition. 

Faire  l’histoire  de  toutes  les  plantes  qui  y 
étaient  réunies  exigerait  des  détails  et  sur- 
tout de  la  place  dont  nous  ne  pouvons  pas 
disposer,  aussi  nous  contenterons-nous  de 
mentionner  celles  qui  ont  paru  les  plus 
remarquables. 

Commençons  par  le  beau  lot  de  M.  Lin- 
den. A côté  de  V Anthurium  regale,  magni- 
fique aroïdée  aux  feuilles  gigantesques  por- 
tées par  de  longs  pétioles,  on  admirait  le 
Maranta  roseo-picta,  dont  les  feuilles,  de 
couleur  rouge  intense  en  dessous  , sont 
vert  sombre  avec  une  bande  centrale  et  un 
disque  carminé  en  dessus;  puis  le  Calalhea 
Lindeniana , dont  le  disque  des  feuilles  est 
d’un  blanc  transparent  sur  un  fond  pourpre. 
Il  y avait,  en  outre  : les  Maranta  illustris, 
M.  setosa  et  M.  Legrelleana,  le  Cyanophyl- 


lum  spectandum,  le  Tradescantia  nndaia, 
très-curieux  par  la  forme  de  ses  feuilles,  le 
Smilax  marmorea,  très-jolie  plante  grim- 
pante, ainsi  que  VEchites  rubro-venosuni  ; 
en  tout  10  plantes  dont  2 ont  été  livrées  au 
commerce  par  l’exposant  en  1865,  3 cette 
année  et  5 qui  sont  encore  sa  propriété  ex- 
clusive. 

Cette  collection  a été  très-rppréciée  par 
le  jury  qui,  à runaniniité,  a accordé  à M. Lin- 
den la  médaille  d’or. 

Les  plantes  si  variées  qui  exigent  chez 
nous  la  serre  chaude,  exposées  par  MM.  Ma- 
thieu, Augis-Barbot  et  Pacotot,  étaient  aussi 
remarquables  par  le  choix  des  espèces  et 
variétés  que  par  la  bonne  culture  et  la  force 
des  sujets.  Le  lot  de  M.  Mathieu  a obtenu 
une  médaille  d’or  donnée  par  Son  Exc.  le 
ministre  de  l’agriculture. 

Les  Palmiers  ont  été  récompensés  par 
deux  médailles  d’or  décernées,  celle  de 
S.  M.  l’Empereur,  à M.  Chantin,  l’autre, 
donnée  par  M'"®  Erard,  aux  25  Palmiers 
envoyés  par  M.  L.  Yan  Houtte,  horticulteur 
à Gand. 

Dans  ce  lot,  on  remarquait  les  belles 
feuilles  plus  larges  que  longues  et  festonnées 
sur  les  bords  du  Verschaffeltia  splendida  ; 
ainsi  qu’un  Phœnicophorium  Sechellaritm, 
magnifique  espèce,  hérissée  d’épines,  d’un 
noir  jais,  et  dont  les  feuilles,  non  divisées, 


396 


EXPOSITION  D’HORTICULTURE  DE  LA  FÊTE  DES  FLEURS. 


sont  d’un  vert  noirâtre  tachées  de  nom- 
breuses macules  orange. 

Un  lot  de  Palmiers,  de  récente  introduc- 
tion, quoique  mis  hors  concours  par  l’expo- 
sant, M.  Ainb.  Verschaffelt,  horticulteur  à 
Gand,  mérite  également  d’être  signalé. 

Le  jury  s’est  vu  forcé  d’annuler  plusieurs 
concours,  entre  autres  celui  ouvert  pour  les 
Gesnériacées;  mais,  en  revanche,  il  a récom- 
pensé d’une  médaille  d’or,  donnée  par 
S.  E.  le  ministre  de  l’agriculture,  le  lot  de 
plantes  variées  de  serre  tempérée  et  d’oran- 
gerie exposé  par  M.  Leroy,  l’habile  jardi- 
nier de  M.  Guibert,  amateur  à Passy. 

Si  les  amateurs  d’ Agave  n’avaient  que 
l’embarras  du  choix,  cette  abondance  même 
de  produits  remarquables  présentait  pour  le 
jury  une  difficulté  sérieuse.  En  effet, 
MM.  Gels  et  Landry  Jh.  offraient  des  lots 
tellement  exceptionnels  qu’il  a fallu  entrer 
dans  des  considérations  d’un  ordre  élevé 
pour  décider  que  la  médaille  d’or  de 
M.  le  marquis  d’Herlford  serait  décernée  à 
M.  Gels. 

M.  Sireau,  jardinier  en  chef  de  M.  le  duc 
d’Aremberg,  à Enghein  (Belgique),  avait 
envoyé  50  très-belles  Fougères  exotiques, 
ainsi  qu’un  AmorpliophaUus  campamilatuSy 
plante  curieuse,  dont  le  pétiole  des  feuilles, 
haut  de  0'".87,  rugueux  par  la  présence  de 
verrues  de  différentes  couleurs,  était  sur- 
monté d’une  feuille  très-grande,  partagée 
en  trois  segments  divergents  se  divisant  en 
lobes  pinnatifules  sur  leurs  côtés  extérieurs, 
simulant  un  parapluie  ouvert,  découpé  à 
l’emporte-pièce;  une  photographie  donnait 
la  reproduction  de  la  fleur  qui  ne  le  cède  en 
rien  à la  beauté  età  l’originalité  de  lafeuille. 

Des  éloges  doivent  également  être  accor- 
dés aux  Fougères  gitantesques  de  M.  Aug. 
Van  Geert,  horticulteur  à Gand,  ainsi  qu’à 
celles,  si  bien  cultivées,  exposées  par 
M.  Rouillard,  amateur,  dont  les  procédés  de 
culture  appellent  l’imitation;  avec  ses  Fou- 
gères M.  Rouillard  avait  exposé  un  bel 
exemplaire  de  Vnllota  purpurea  en  fleurs, 
délicieuse  amaryllidée  trop  peu  cultivée. 

Les  Roses,  en  dépit  de  la  pluie,  étalaient 
la  richesse  de  leur  coloris;  parmi  les  150 
Rosiers  tiges  exposés  par  M.  Hyp.  Jamain, 
on  remarquait  à côté  de  la  Rose  épanouie 
Thé  Souvenir  d’un  ami,  les  boutons  entrou- 
verts de  M*^®  Mélanie  Willermoz,  Maréchal 
Niel,  Souvenir  de  la  reine  d’Angleterre,  Ma- 
réchal Vaillant,  Baron  de  Gonella,  Triomphe 
de  l’Exposition,  etc.,  etc.,  toutes  variétés 
de  choix  et  dont  la  culture  prouverait  l’ha- 
bileté de  l’exposant  si  elle  n’était  prover- 
biale. Une  médaille  de  vermeil  a été  la 
récompense  donnée  à M.  Jamain. 

Le  lot  de  Reines-Marguerites  de  M.  Tri- 
pet  a été  récompensé  d’une  médaille  d’or  ; 
voilà  de  la  générosité. 

A cause  de  la  beauté  de  coloris  de  leur 


feuillage  et  des  préférences  marquées  de  la 
mode,  nous  citerons  les  Caladium  de 
M.  Bleu.  Mais  pourquoi  tant  de  variétés?  A 
peine  s’il  était  possible  de  distinguer  le  Ca- 
ladium Duc  de  Morny  du  Caladium  Thi- 
bautii  qui  ressemble  à s’y  méprendre  au 
Caladium  Bicolor  type  et  variété,  puis  ve- 
nait le  Caladium  Chantini  fulgens  très- 
proche  parent  du  Caladium  Baraquiniit 
Qu’elle  ressemblance  également  entre  le 
Caladium  M™^  Andrieu  et  le  Caladium  Isi- 
dore Leroy  ! etc.  ' . 

Les  immenses  avantages  que  présentent  ' 
l’emploi  général  des  Pélargonium  zonale- 
inquinans  en  ont  fait  des  plantes  indispen- 
sables des  jardins  du  xix®  siècle;  ceux  ex- 
posés par  MM.  Thibaut  et  Keteleer  et  Ver- 
dier Pierre,  ont  été  très-appréciés  des  vi- 
siteurs, ainsi  qu’un  magnifique  lot  de  Zin- 
nia à fleurs  doubles,  aux  couleurs  variées, 
exposés  par  M.  Oudin,  jardinier  en  chef  du 
palais  de  Meudon. 

Parnii  les  fleurs  coupées,  signalons  les 
remarquables  Glaïeuls  de  MM.  Verdier 
Charles  et  Verdier  Eugène;  le  lot  de  ce 
dernier  a été  récompensé  par  la  médaille 
d’or  de  S.  A.  le  Prince  Impérial  ; les  bel- 
les Roses  trémières  exposées  par  M.  Mar- 
gottin  ; les  Dahlias  de  MM.  Bruant,  de  Poi- 
tiers, Chardine  et  Couvreux  étaient  non 
moins  beaux  que  le  lot  de  Reines-Margue- 
rites exposées  hors  concours  par  M.  Cour- 
tois-Gerard. 

Les  Conifères  de  M.  Croux,  très-forts  el 
d’une  vigueur  des  plus  satisfaisantes,  qui 
concouraient  pour  une  si  grande  part  à l’or- 
nement du  jardin,  n’ont  été  que  très-mé- 
diocrement récompensés;  ceux  de  M.  Des- 
touches, au  contraire,  très-favorisés,  ont 
obtenu  la  médaille  d’or  de  S.  M.  l’Impéra- 
trice. 

M.  J.  Verschaffelt,  horticulteur  à Gand, 
exposait  un  lot  composé  d'Evonymus  et 
d’Aucuba;  parmi  ces  derniers,  on  remar- 
quait VAucuba  longi folia  vaiiegata,  plante 
très-rare. 

A côté  de  VAucuba  Japonica,  se  trouvait 
une  autre  plante  étiquetée  Aucuba  Japo- 
nica  vera,  ce  fait  étonnait;  mais,  ce  qui 
n’étonnait  pas  moins,  c’était  l’interminable 
désignation  de  noms  et  surnoms  de  la 
plante  voisine  VAucuba  Japonica  arborea 
longifolia  aurea-maculala  mascula. 

M.  Paré  avait  exposé  deux  variétés  nou- 
velles de  Dianlhussemperflorens  ou  Œillet- 
Flon  Souvenir  de  Paulin,  rose  saumoné, 

2»  Prince  Impérial,  fond  blanc  strié  rose 
carminé  : ce  sont  de  bonnes  nouveautés  qui 
bientôt  orneront  tous  les  jardins. 

Mentionnons  encore  les  Bégonia  de 
MM.  Ballu  et  Montaron,  les  Broméliacées  de 
M.  Cappe,  etc.  Nous  en  passons,  et  beau- 
coup ; toutefois  nous  ne  terminerons  pas 
sans  applaudir  à cette  initiative  des  jardiniers 


EXPOSITION  D’HORTICULTURE  DE  LA  FÊTE  DES  FLEURS. 


397 


(le  la  ville  de  Paris  et  rendre  hommage  au  amateurs,  qui  ont  concouru  au  succès  de 
zèle  des  organisateurs,  des  horticulteurs  et  cette  belle  fête.  Rafarin. 

MISCELLANÉES. 

EXTRAITS  DU  GARDENER'S  CHRONICLE. 


; Nous  avons  déjà  parlé  de  la  théorie  du 

j professeur  Morren,  sur  l’incompatibilité  des 
1 fleurs  doubles  avec  un  feuillage  panaché  ; 

I les  exceptions  à cette  théorie  sont  déjà  si 

nombreuses  que  nous  craignons  qu’une  règle 
générale  ne  puisse  jamais  être  établie  sur 
ces  bases.  M.  Jabez  J.  Chater,  de  Cambridge, 
nous  en  fournit  de  nouvelles  preuves!  Il 
écrit  : « J’ai  en  ce  moment  en  fleurs  une 
hampe  de  Piose  trémières  à fleurs  doubles 
de  couleur  marron,  dont  le  feuillage  est 
parfaitement  panaché.  Quand  j’étais  avec 
mon  père  à Saffron-Walden,  j’ai  facilement 
multiplié  une  magnifique  variété  de  cette 
plante  à fleurs  doubles,  de  couleur  rose,  et 
dont  le  feuillage  était  également  panaché. 
Je  multiplie  en  ce  moment  une  variété  de 
Piose  trémière,  qui  porte  dans  les  cultures 
le  nom  de  Lady  King,  qui  a des  fleurs 
doubles  et  des  feuilles  panachées  de  jaune, 
et  je  me  promets  d’exposer  une  hampe  de  la 
première  variété  dont  il  est  parlé  plus  haut, 
à l’exhibition  de  Nottingham,  si  toutefois 
j’ai  la  chance  qu’elle  se  conserve  jusque-là.  » 
Cultures  des  Amaryllis.  — Quelques 
renseignements  précieux  sont  donnés  par 
un  jardinier  qui  signe  Censor.  Le  sol  préfé- 
rable pour  cette  culture,  dit-il,  est  une 
terre  franche,  douce,  siliceuse;  le  meilleur 
moment  pour  le  rempotage,  est  lorsque  les 
feuilles  ont  déjà  de  8 à 10  centimètres  de 
longueur;  si  on  les  rempote  avec  soin  dans 
cet  état,  les  inflorescences  deviennent  plus 
. fortes,  et  les  oignons  ou  bulbes,  qui  ne  doivent 
pas  fleurir,  gagnent  énormément  en  grosseur. 
Dans  cet  état  de  développement,  les  racines 
indiqueront  mieux  si  elles  ont  besoin  de 
beaucoup  de  nourriture  ou  non;  si,  au  con- 
traire, comme  certains  cultivateurs  le  re- 
commandent, on  les  rempote  à l’état  de 
repos,  la  nouvelle  terre  a le  temps  de  se 
décomposer  par  l’eau  des  arrosements,  avant 
^ que  les  nouvelles  racines  se  soient  dévelop- 
pées. On  dit  qu’il  ne  faut  enterrer  les  bul- 
bes que  jusqu’à  la  moitié  de  leur  hauteur; 
nous  avons  acquis  la  conviction  qu’il  était 
préférable  de  les  enterrer  jusqu’au  collet; 
rien  ne  les  fait  grossir  et  ne  fortifie  })lus 
leur  inflorescence  que  ce  système  de  plan- 
talion  Rien,  non  plus,  ne  stimule  davantage 
la  végétation  des  Amaryllis  que  de  plonger 
leur  pot  dans  une  couche  de  tannée  ou  de  fu- 
' mier;  leur  accroissement  devient  d’une  beauté 
luxuriante,  et  les  fleurs  sont  toujours  plus 
grandes,  et  les  feuilles  acquièrent  les  dimen- 
sions de  celles  des  Crinum.  Ce  traitement 


est  bien  préférable  à celui  de  la  culture  en 
pots  sur  tablette  de  serre  chaude. 

Les  pots  doivent  être  bien  drainés  et  arro- 
sés tout  les  deux  jours  avec  de  l’eau  manurée, 
mais  limpide.  On  recommande  de  faire  re- 
poser les  bulbes  dans  des  lieux  secs  et  tem- 
pérés; ce  système  est  mauvais,  on  doit  au 
contraire  les  mettre  au  repos  en  lieux  plus 
chauds  pendant  toute  la  dutée  de  la  végéta- 
tion. C’est  seulement  dans  ces  conditions  de 
traitement  que  leur  floraison  se  trouve 
beaucoup  améliorée.  Dans  leur  pays,  ces 
bulbes  sont  presque  rôtis  dans  le  sable  où  ils  * 
croissent  pendant  la  saison  chaude  tropi- 
cale; c’est  l’époque  du  repos.  C’est  en  ob- 
servant ce  qui  se  passe  dans  la  nature, 
qu’on  peut  obtenir  cette  parfaite  maturité 
des  bulbes,  qui  doit  nous  assurer  une 
abondante  floraison.  Il  est  nécessaire  aussi  de 
se  rappeler  que  la  saison  de  végétation  de 
ces  plantes  correspond  à celle  des  pluies, 
et  que,  pour  cette  raison,  on  doit  les  arroser 
copieusement  pendant  toute  leur  période 
végétative.  Après  la  floraison,  on  doit  son- 
ger à compléter  leur  développement  le  plus 
tôt  possible  ; et,  au  lieu  de  les  laisser  lan- 
guir avec  leur  verdure  pendant  des  mois 
entiers,  en  lieu  tempéré  où  ils  s’épuisent, 
il  faut  au  contraire  les  mettre  au  rppos  aus- 
sitôt les  bulbes  mûres,  et  les  tenir,  pendant 
la  période  du  repos  externe,  à une  tempé- 
rature variant  entre  70°  et  100'’  Fahrenheit. 

Ces  données,  qui  paraissent  au  premier 
abord  en  contradiction  avec  ce  que  nous 
connaissons  sur  la  culture  de  ces  plantes, 
méritent  cependant  beaucoup  d’attention. 
Les  tubercules,  rhizomes, écailleux,  etc.,  des 
Gesneriacées,  mis  au  repos  en  lieux  tempérés 
ou  froids,  donnent  généralement  de  très- 
mauvais  résultats,  et  souvent  même  de  très- 
fàcheux;  au  contraire,  en  les  conservant  en 
lieux  chauds,  ces  racines  continuent  à pros- 
pérer, et  produisent  une  floraison  abon- 
dante. Ainsi  des  Achimenes,  Tydœa,Isolo- 
ma,  Ligeria,  Gloxiuia,  sont  dans  ce  cas;  et 
il  en  est  de  même  pour  un  grand  nombre  de 
plantes  tuberculeuses  ou  bulbeuses  qu’on 
tient  en  serre.  Il  est  certain  que  le  travail 
chimique  de  maturation,  qui  s’opère  pen- 
dant la  période  du  repos,  ne  peut  se  faire 
qu’avec  l’aide  de  la  chaleur. 

Nouvelle  race  de  Verveines.  — Un  culti- 
vateur de  ces  jolies  plantes,  qui  signe  son 
article  J.  Wills,  de  Huntroy  de  Park,  vient 
d’obtenir,  par  le  croisement,  une  nouvelle 
race  naine  de  Verveines  à inflorescences 


à 


398 


MÏSCELLANÉES  (EXTRAITS  DU  GARDENER’S  CIIRONICLE). 


compactes,  d’une  grande  élégance  et  très- 
convonable  pour  tapisser  des  massifs.  Pour 
la  distinguer  de  la  variété  Mahonetti  dont 
elle  est  issue,  l’auteur  lui  a donné  le  nom 
de  Willsii;  il  énumère  déjà  un  assez  grand 
nombre  de  belles  variétés  de  ce  nouveau 
type,  qu’il  nomme  comme  il  suit  : Willsii 
rosedy  W.  lilacinay  W.  fulgens,  W.  com- 
pacta,  et  W.  crimson  King,  etc.;  suivent 
encore  un  grand  nombre  d’autres  variétés, 
mais  qui  paraissent  se  rapprocher  beaucoup 
du  type  Mahonetti. 

Essais  contre  la  stagnation  de  Vair  dans 
les  serres.  — Depuis  longtemps  les  jardi- 
niers intelligents  se  sont  aperçus  que,  dans 
les  cultures  de  pjantes  de  serre,  l’air  sta#- 
gnant  était  une  cause  d’insuccès  nombreux 
pour  un  grand  nombre  de  végétaux  cultivés 
dans  ces  milieux  artificiels;  dans  mamtes 
circonstances,  nous  avons  reconnu  la  vé- 
racité de  ces  faits;  aussi  n’avons-nous  pas 
craint  de  rapporter  l’étiolement,  l’infécon- 
dité et  la  difficulté  de  faire  fleurir  un  grand 
nombre  de  plantes,  au  mauvais  état  de 
l’air  causé  par  l’aération  vicieuse  desserres. 
Nous  pourrions  rattacher  à ces  inconvé- 
nients les  taches  qui  détériorent  nos  belles 
plantes  à feuillage,  et  en  particulier  les  Or- 


chidées; l’eau  provenant  4es  seringuages, 
où  les  vapeurs  condensées  qui  tombent  de 
la  charpente  et  du  vitrage  de  ces  construc- 
tions, demeurant  trop  longtemps  sur  leurs 
tissus  herbacés,  causent  un  grand  nombre 
d’avaries;  rarement  aussi  on  arrive  à faire 
nouer  les  fleurs  qui  s’épanouissent  dans  ces 
milieux,  et  cela  se  conçoit:  le  pollen,  tou- 
jours saturé  d’humidité  reste  aggloméré,  et 
ce  n’est  que  par  hasard,  lorsqu’une  plante 
se  trouve  placée  près  d’un  ventilateur,  que  le 
pollen  devient  pulvérulent  et  apte  à pouvoir 
opérer  la  fécondation.  Nous  sommes  donc 
heureux  de  voir  que  nos  voisins  d’outre- 
Manche  s’occupent  en  ce  moment  de  cher- 
cher un  moyen  de  mettre  l’air  en  mouve- 
ment dans  les  serres.  Plusieurs  jardiniers 
intelligents  s’en  occupent  sérieusement  ; 
nous  pouvons  citer  les  noms  de  MM.  Fisk 
et  Henri  Mills.  Ces  expérimentateurs  ont 
déjà  mis  en  avant  des  projets  qui  ne  tarde- 
ront pas  à être  perfectionnés  et  appliqués. 
Heureux  pays  où  l’on  s’occupe  sérieuse- 
ment de  rendre  les  serres  propres  à la  cul- 
ture des  végétaux  pour  lesquels  on  les 
construit,  ce  qui,  il  faut  bien  le  dire,  a rare- 
ment lieu  en  France. 

Louis  Neumann. 


ARABIS  ARENOSA. 


Plante  annuelle,  à tige  haute  de  20  à 
25  centimètres,  rameuse,  presque  nue,  à 
feuilles  lyrées-dentées,  couvertes  de  poils 
rameux  ; fleurs,  en  juin  et  juillet,  nombreu- 
ses, blanc-rosé  ou  purpurines. 

Cette  charmante  plante,  de  la  famille  des 
Crucifères,  est  aussi  printanière  qu’une 
autre  espèce  de  son  genre,  VArabis  albida 
Stev.  qui  fait  l’ornement  des  jardins,  au 
premier  printemps,  et  que  l’on  désigne  fré- 
quemment sousle  nom  de  Corbeille  d'argent. 
VArabis  arenosa  est  une  plante  des  plus 
ornementales  par  la  légèreté  de  ses  ham- 
pes florales  qui  se  couvrent  de  fleurs  durant 
deux  mois  environ.  Sa  culture  est  des  plus 
faciles,  comme  celle  de  toutes  les  espèces 
de  ce  genre.  Les  terrains  calcaires,  chauds. 


légers,  lui  conviennent  surtout.  Pour  ob- 
tenir une  belle  floraison  printanière,  il 
faut  semer  les  graines  vers  la  mi-août,  soit 
en  pépinière,  soit  sur  place,  s’il  est  possible. 
Il  faut  donc,  lorsqu’on  sème  en  pépinière, 
repiquer  les  plants  vers  la  mi-octobre,  là 
où  l’on  veut  les  avoir  en  fleurs.  Pour  aug- 
menter l’effet,  on  peut  associer  à l’^ra- 
bis  arenosa,  Scop.  une  bordure  deMijosotis, 
dont  les  fleurs  d’un  beau  bleu  feront  ressor- 
tir celles  de  VArabis,  ce  qui,  par  contraste 
dérouleur,  doublera  l’élégance  de  ces  deux 
jolies  plantes: 

h’A  rabis  arenosa  croît  spontanément  dans 
certaines  parties  de  la  France,  notamment 
en  Bourgogne. 

D.  hélye. 


SUR  QUELQUES  PLANTES  BULBEUSES  A FLORAISON  AUTOMNALE, 


En  général,  les  plantes  annuelles  ou  vi- 
vaces d’ornement  ne  font,  pour  ainsi  dire, 
qu’exceptionnellement  défaut  dans  nos  par- 
terres, depuis  le  printemps  jusqu’à  l’au- 
tomne ; et,  quel  que  soit  le  lieu  qu’on  ait  à 
orner,  on  trouve,  bien  qu’en  nombre  très- 
variable,  des  espèces  diverses  de  même 
taille,  à fleurs  de  couleurs  variées  et  à flo- 
raison simultanée. 

La  catégorie  la  plus  réduite  est,  sans 


contredit,  celle  qui  comprend  les  plantes 
naines  fleurissant  en  automne  et  pouvant 
être  utilisées  pour  bordures,  et  surtout 
comme  ornement  de  pelouses  ou  de  gazons. 
Dans  cette  série,  il  existe  pourtant  quelques 
plantes  bulbeuses  qui  réunissent  toutes 
les  qualités  requises  pour  décorer,  pen- 
dant quinze  jours  au  moins,  les  endroits 
précités.  Ce  sont  les  divers  Colchiques,  le 
Crocus  speciosîis  et  V Amaryllis  lutea,  tous 


399 


SUR  QUELQUES  PLANTES  BULBE 

parfailement  rustiques  sous  nuire  climat,  ' 
d’une  culture  facile  et  fleurissant  simulta- 
nément, et  assez  régulièrement,  du  5 au 
20  septembre. 

Les  Colchiques,  selon  les  espèces,  ont  les 
fleurs  d’un  lilas  plus  ou  moins  foncé.  Les 
plus  généralement  cultivés  sont  : le  Col- 
chique oTÔms\Yc{Colchicnr}i  autumnak,  L.), 
très-abondant  dans  nos  pâturages  humides; 
ses  fleurs  sont  lilas  clair,  on  en  connaît  une 
variété  à fleurs  blanches  et  une  autre  à 
fleurs  doubles;  le  Colchique  de  Bizance  ou 
C.  d’Orient  Xokhicumbizantinum,  Gawl.), 
plante  plus  robuste  que  la  précédente,  à 
fleurs  plus  grandes  et  de  teinte  à peu  près 
analogue,  les  divisions  du  périanlho  sont 
moins  aiguës,  et,  comme  dans  le  précédent, 
chaque  bulbe  produit  de  une  à trois  fleurs 
et  souvent  un  plus  grand  nombre  ; le 
Colchique  damier  {Colcfiicum  variegatum, 
L.)  de  la  Grèce,  à fleurs  grandes,  marbrées 
de  carreaux  blancs  sur  fond  lilas  et  réunies 
plusieurs  dans  le  même  bulbe;  le  Colchique 
des  sables  [Colchicim  arenarium,  W.  et 
Kit.),  espèce  Hongroise  et  qu’on  trouve  sur 
quelques  collines  sèches  dans  le  midi  de  la 
France  et  en  Corse;  ses  fleurs  sont  plus  pe- 
tites que  celles  des  précédents  et  de  couleur 
lilas  rosé;  enfin  le  Colchique  des  Alpes  (Co/- 
ckicum  alpinum,  Oc.  ; C.  monUmnm,  Ail.), 
très-abondant  dans  les  pâturages  des  mon- 
tagnes élevées  où  il  fleurit  en  août,  tandis 
que,  dans  nos  cultures,  ses  fleurs,  rosées  et 
petites,  ne  s’épanouissent  qu’en  septembre. 

Le  Safran  élégant  {Crocus  spedosus, 
Marsch.X  de  la  Tauride,  est  remarquable, 
entre  les  Safrans  d’automne,  par  ses  fleurs 
très-grandes  et  d’un  violet  bleuâtre. 

Enfin  V Amaryllis  lutea,  L.  {Sternbergia 
lutea,  Gawl.)  est  curieux  par  ses  fleurs  jau- 
nes qu’accompagne  un  feuillage  d’un  beau 
vert.  UAmaryllis  lutea  peut  être  associé 
aux  différents  Colchiques,  notamment  aux 
trois  premiers  que  j’ai  cités,  pour  faire  des 
bordures  très-jolies.  Pour  cela  on  plante  les 
bulbes,  en  alternant  les  espèces  dans  le 
mois  de  juillet  ou  d’août  au  plus  tard,  dans 
une  terre  ordinaire  un  peu  fraîche  et  à une 
exposition  demi-ombragée.  Ces  plantes  étant 
parfaitement  rustiques,  on  pourra,  et  il  sera 
préférable  de  le  faire  (les  bulbes  se  dépla- 
çant peu),  les  laisser  plusieurs  années  à la 
même  place  et  ne  refaire  les  bordures  que 
tous  les  quatre  ou  cinq  ans. 


USES  A KLORAISON  AUTOMNALE. 

Les  Colchiques  peuvent  aussi  être  placés 
dans  les  pelouses  ou  les  gazons.  Plusieurs 
‘personnes  ont  su  tirer  un  excellent  parti  de 
ces  plantes  en  les  groupant  ou  les  dissémi- 
nant dans  les  tapis  ou  les  bordures  de 
Lycopode  (Selaginella  denticulata  et  autres) 
de  nos  serres  tempérées,  dans  les  jardi- 
nières d’appartement,  voire  même  dans  des 
pots,  Il  est  à peine  besoin  de  dire  que  les 
individus  qui  ont  servi  à cet  usage  sont 
enlevés  aussitôt  que  les  fleurs  sont  passées 
et  transportés  dans  le  jardin,  à Pair  libre. 
D’ailleurs  il  serait  plus  facile  encore  de 
planter  les  bulbes  dans  des  petits  godets 
qu’on  enterrerait  ensuite  et  que  le  gazon, 
quel  qu’il  soit,  dissimulerait.  Par  cela  même 
que  le  développement  des  feuilles  coïncide 
avec  l’époque  de  l’épanouissement  des 
fleurs,  V Amaryllis  lutea  ne  pourrait  être 
employé  pour  cet  usage  et  il  est  préfé- 
rable de  le  planter  en  bordure,  concurrem- 
ment avec  les  Colchiques  et  le  Safran  élé- 
gant. Cette  réunion  de  fleurs  blanches  ou 
roses  des  Colchiques,  bleues  du  Safran,  et 
jaunes  de  VAinaryllis  lutea,  produit  un 
agréable  effet.  Mais  il  est  une  autre  Ama- 
ryllidée  assez  voisine  de  V Amaryllis  lutea, 
malheureusement  très-rare  dans  les  cultu- 
res et  qui  n’existe,  pour  ainsi  dire,qu’auMu- 
séuo],  oû  elle  fut  donnée,  en  1858,  par 
M.  J.  Gay.  Cette  plante,  dont  les  feuilles  se 
développent  après  l’anthèse  et  qui  pourrait 
être  employée  comme  les  Colchiques  et  le 
Crocus  speciosus,  est  V Oporanlhus  macran- 
thus,  J.  Gay.  Ses  fleurs  sont  dressées,  très- 
grandes,  campanuliformes,  d’un  jaune  un 
peu  verdâtre  et  s’épanouissant  en  même 
temps  que  celui  des  plantes  bulbeuses  qui 
font  le  sujet  de  celte  note. 

Une  Mélanthacée  autre  que  les  Colchiques, 
dont  la  floraison  précède  de  quinze  jours 
celle  de  ces  derniers,  et  qu’on  pourrait  em- 
ployer aux  mêmes  usages,  est  le  Merendera 
Bulbocodiuni,  Ram.  {IhUbocodium  aiitum- 
unie,  Lap.),  très-abondant  dans  tous  les 
hauts  pâturages  du  centre  de  la  chaîne  des 
Pyrénées.  Ses  bulbes,  petits,  produisent  cha- 
cun plusieurs  fleurs  rose  violacé,  longue- 
ment tubuleuses,  et  dont  les  divisions  du 
périanthe,  s’étalant  presque  à raz  de  terre, 
ont  quelque  analogie  avec  celles  du  Mereim 
dera  Bulbocodium. 

B.  Yerlot. 


Le  chauffage  des  serres  va  bientôt  occu- 
per rattenlion  des  amateurs  d’horticulture. 

Les  hoiTiculteurs  de  profession,  n’ont 
pas  besoin  qu’on  les  en  entretienne,  ils 
connaissent  tous  les  systèmes  et  la  plupart 


d’entre  eux  établissent  eux-mêmes  leurs 
appareils;  mais  l’amateur,  qui  a d’autres 
occupations  et  qui  est  éloigmé  du  grand 
centre  de  production,  a besoin  d’être  ren- 
seigné sur  les  perfectionnements  apportés 


40Ü 


LE  THERMOSTAT 

à tout  ce  qui  tient  à l’art  horticple.  C’est 
donc  à lui  que  je  m’adresse. 

L’appareil  dont  je  veux  l’entretenir  est 
peu  connu,  et  je  ne  sache  pas  que  les  publi- 
cations horticoles  en  aient  déjà  parlé. 

Je  crois  qu’il  est  d’invention  anglaise  et 
a été  importé  par  MM.  Charropin  et  Marc 
Carrieu  de  Paris,  chez  qui  je  me  le  suis 
procuré. 

Je  puis  le  recommander  parce  que,  de- 
puis trois  ans  qu’il  fonctionne,  il  m’a  rendu 
tous  les  services  que  j’en  attendais. 

Cet  appareil  a la  forme  d’un  thermostat 
ordinaire,  il  est  muni  d’une  double  parole  en 
cuivre,  contenant  l’eau,  et  à laquelle  sont 
adaptés  les  conduits  de  chauffage  en  fonte. 

On  le  chaulfe  au  coke  et  il  en  dépense 
environ  pour  30  centimes  en  vingt-quatre 
heures. 

Sans  être  d’une  grande  puissance,  il  of- 
fre plusieurs  avantages.  D’abord  celui 
d’une  notable  économie  et,  pour  l’amateur, 
celui  de  ne  pas  demander  des  soins  assidus, 
puisqu’on  garnissant  le  feu  le  soir  à sept 
heures  on  le  retrouve  encore  le  lendemain 
matin  à la  même  heure.  De  plus,  il  jouit  de 
la  propriété  d’être  portatif. 

Mon  appareil  est  placé  dans  l’angle  d’un 
cabinet  de  travail,  sur  le  sol,  comme  un 
thermostat  ordinaire  et  chauffe  cette  pièce, 
première  économie;  les  conduits  traversent 
le  mur,  passent  dans  une  pièce  qui  me  sert 
d’orangerie  et,  de  là,  en  traversant  un  second 
mur,  entrent  dans  la  serre.  De  là,  encore,  ils 
passent  sous  une  espèce  de  bâche  dont  une 
partie  me  sert,  au  printemps,  pour  les  semis 
et  les  multiplications. 


THERMOSIPHON. 

Avec  cet  appareil,  j’obtiens  dans  la  bcn  c, 
le  jour,  quand  le  thermomètre  descend  au- 
dessous  de  zéro,  par  un  temps  couvert,  15 
degrés,  et  dans  la  bâche,  jusqu’à  25  degrés. 

Avec  la  même  température  extérieure  je 
conserve,  la  nuit,  de  7 à 10  degrés. 

Quand  le  thermomètre  descend,  la  nuit,  à 
10  degrés  au-dessous  de  zéro,  je  conserve 
encore  de  3 à 5 degrés  dans  la  serre,  mais 
alors  je  suis  obligé  de  couvrir  la  serre  de 
paillassons. 

J’obtiens  donc  sans  peine  et  à peu  de  frais 
la  température  nécessaire  à une  serre  tem- 
pérée, et  je  chauffe  mon  cabinet,  dont  le 
chauffage  seul  me  coûterait  presque  autant 
par  un  thermostat  ordinaire. 

La  longueur  totale  des  conduits  doubles  en 
fonte  est  de  15  mètres,  mais  l’appareil  pour- 
rait, je  crois,  en  chauffer  beaucoup  plus. 

La  bâche  dont  il  est  question  est  â 65 
centimètres  du  sol,  supportée  par  des  po- 
teaux en  bois,  tenant  au  mur  par  des  barres 
de  fer,  sur  lesquelles  reposent  d’autres 
barres  en  fer  plat  de  3 centimètres  de  large. 

Ces  barres  supportent  des  briques  plates, 
qui  sont  recouvertes  de  20  centimètres  de 
sable  fin. 

La  brique  et  le'sable  offrent  l’avantage  de 
conserver  longtemps  la  chaleur  et  d’être 
propres.  Une  couche  de  20  à 25  centimè- 
tres de  sable  remplace  très-avantageusement 
les  couches  de  tannée,  pour  les  semis  et 
multiplications  du  printemps,  et,  une  fois 
installée,  ne  demande  plus  à être  rempla- 
cée. 

L’amateur  n’a  pas  besoin  d’autre  serre  à 
boutures.  Jean  Sisley. 


PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PEU  CONNUES. 


Prunus  salicifolia.  Cette  espèce  originaire 
du  Mexique,  où  elle  porte  le  nom  vul- 
gaire de  Capulino,  a été  envoyée  de  graines 
au  Muséum.  Celles-ci,  que  nous  avons  se- 
mées, nous  ont  donné  des  plantes  [très- 
vigoureuses,  à feuilles  lancéolées,  très- 
fortement  dentées,  minces,  très-glabres. 
Les  fruits,  gros,  succulents,  qui  rappellent 
un  peu  ceux  de  nos  Abricotiers,  se  vendent 
sur  le  marché  de  Mexico  sous  le  nom  de 
Capulino.  C’est  donc,  on  peut  l’espérer,  une 
espèce  fruitière  exotique  à ajouter  à nos 
collections  fruitières  de  l’Algérie,  peut-être 
même  du  midi  de  la  France. 

Rostellera  Japonica.  Arbrisseau  vigou- 
reux, très-rameux.  Rameaux  à écorce  roux- 
brunâtre,  ferrugineux-tomenteux.  Feuilles 
longuement  pétiolées,  alternes,  cordiformes, 
longues  de  25  à 30  centimètres,  larges  d’en- 
viron 18,  vertes  en  dessus,  glaucescentes 
tn  dessous,  à nervures  rougeâtres.  Pétiole 


long  de  20  à 30  centimètres;  gros,  cylindri- 
que, de  même  couleur  que  les  rameaux. 
Fleurs  nombreuses,  disposées  en  grappes 
terminales,  à anthères  nombreuses,  jaunes. 
— Cette  belle  plante,  qui  est  assez  rustique, 
perd  néanmoins  chaque  année  l’extrémité 
de  ses  rameaux  qui,  d’un  tissu  mou  et  spon- 
gieux, sont  détruits  parla  gelée.  Il  est  donc 
prudent  de  jeter  des  feuilles  sur  le  pied  pen- 
dant l’hiver,  et  même,  à Paris,  d’en  rentrer 
quelques  pieds  dans  une  serre  froide.  — 
Fleuriste  de  la  ville  de  Paris. 

Yucca  gloriosa  variegata.  Plante  vigou- 
reuse, semblable  au  type  par  son  fades  gé- 
néral, distincte  par  ses  feuilles  qui  portent 
de  larges  bandes  longitudinales,  jaunes. 

E.  A.  Carrière. 


L’on  de»  PropriéUire»  : Mawhice  bixio. 


Uoitereio.  — iop.  delén  lauete. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D'OGïORRÈj. 

Le  rôle  de  clironi(jueur.  — Congrès  pomologique  et  exposition  d'iiorlicullurc  do  Melun.  — Les  lauréats  de 
l’exposition  de  Melun.  — Médaille  d’or  décernée  à M.  le  docteur  llogg,  délégué  de  la  Société  royale 
d’horticulture  de  Londres.  — Discours  de  M.  le  sénateur  Réveil.  — Coinposilion  du  bureau  de  la  session 
pomologique.  — Réunion  du  congrès  en  18G7.  — Publication  du  Journal  de  viücuUure  pratique.  ■— 
M Fleury-Lacoste  et  le  libéralisme  agricole.  — Les  Almanachs  : Almanach  du  jardinier  pour  Ihbj . 

— Destruction  des  chenilles.  — Article  de  M.  Nebout.  — Le  phénol  et  l’oïdium.  — Expérience  fade 
par  M.  de  Biseau.  — Catalogue  de  M.  Yan  lloutte.  — Le  Sedurn  Hodigasii.  — Yariétés  de  Rosiers  mises 
au  cominerce  par  M.  Yerdier  et  parM.  Liabaud.—  Les  Bégonia  nouveaux  de  M.  Chaté.— Germination  des 
graines  de  G/cdi/sc/n«.  — Communication  de  M.  de  la  Rounat.  —Lettre  de  M.  Gagnaire  relative  au 
Pélargonium  Gloire  de  Nancy.  — Coïncidence  de  faits  curieux  de  végétation.  — Floraison  des  Hibiscus 
ferox  au  fleuriste  de  la  ville  de  Paris.  — Floraison  des  Phormium,  lenax  et  des  Bamhusa  meiake.  — 
Lettre  de  M.  David,  d’Auch.  — Les  fruits  du  Néflier  du  Japon.  — Influence  des  milieux  sur  la  végétation. 

— Formation  des  fruits.  — Exemple  tiré  de  la  Yigne.  — Fructification  au  Muséum  du  Fusain  du  Japon. 


Il  y aune  circonstance  fort  embarrassante 
pour  un  chroniqueur  : c’est  lorsque  les 
matériaux  lui  font  défaut.  Ce  n’est  pas  le 
cas  dans  lequel  nous  nous  trouvons.  Grâce 
aux  communications  intéressantes  que  veu- 
lent bien  nous  adresser  nos  lecteurs  et  nos 
collaborateurs,  nous  avons  sous  la  main, 
chaque  quinzaine,  les  éléments  d’une  longue 
chronique.  Aujourd’hui  encore  les  sujets 
à traiter  alïondent  ; nous  n’avons  que  l’em- 
barras du  choix. 

L’événement  horticole  le  plus  important 
(jiie  nous  ayons  à signaler  est  la  session  du 
Congrès  pomologique  de  Melun.  Fidèle  à 
son  programme,  et  comme  nous  l’avions 
signalé  dans  une  de  nos  précédentes  chro- 
niques, le  Congrès  pomologique  de  France 
a tenu  sa  onzième  session  du  14  au  il)  sep- 
tembre, à Melun,  tandis  qu’une  exposition 
des  produits  de  l’horticulture  avait  lieu  dans 
la  même  ville.  Le  compte-rendu  que  nous 
avons  sous  les  yeux  de  ces  fêtes  horticoles 
est  très-long  et  peut  faire  supposer  que  l’ex- 
position a été  fort  belle.  C’est  du  moins  ce 
qu’on  est  en  droit  de  croire,  si  l’on  en  juge 
par  la  grande  quantité  de  médailles  qui  ont 
été  distribuées  et  dont  le  nombre  s’élève  à 
78.  Ces  médailles  ont  été  attribuées  aux 
fleurs,  aux  fruits,  aux  légumes,  à des  ouvra- 
ges d’horticulture  et  à différents  arts  ou  in- 
dustries se  rapportant  à l’horticulture.  Le 
prix  de  moralité  et  anciens  services  des 
lardiniers,  fondé  par  M.  le  marquis  de  Be- 
’thisy,  a été  accordé  àM.  Ragneau  père.  Ce 
prix  consistait  en  une  médaille  d’argent  et 
une  prime  de  60  fr. 

Nos  lecteurs  comprendront  bien  que  dans 
une  chronique  nous  ne  pouvons  citer  les 
noms  des  lauréats  des  concours;  cependant 
il  nous  sera  permis  de  parler  de  la  médaille 
de  la  ville  de  Melun,  qui  a été  décernée  à la 
Société  royale  d’horticulture  de  Londres 
pour  sa  colicction  de  fruits,  composée  de  35 
variétés  de  Raisins  et  de  142  variétés  de 
Boires.  Cette  médaille,  en  or,  a été  remise 
à M.  le  Dï" Robert  Hogg,  un  des  pomologues 
les  pins  distingués  de  l’Angleterre,  que  la 
Suriéli'  ruva'{'  d’iioiiirnliure  de  Londres 
n\ait  délégîaé  pour  assister  au  Congrès.  ((  En 
remettant  celte  médaille  au  lauréat,  M.  le 


maire  de  Melun  a embrassé  le  délégué  de  la 
Société  de  Londres  pour  lui  témoigner  sa 
sympathie  et  lui  donner  une  preuve  de  la 
bonne  confraternité  qui  existe  entre  les  deux 
nations  ' . » 

Non-seulement  nous  applaudissons_  de 
toutes  nos  forces  à cette  marque  de  distinc- 
tion et  de  confraternité,  mais  nous  sommes 
heureux  de  voir  une  Société  qui  porte  si 
haut  le  drapeau  scientifique,  déléguer  un  de 
ses  hommes  les  plus  éminents  pour  pren- 
dre part  à nos  travaux. 

Quant  au  Congrès,  nous  ne  pouvons  que 
constater  son  installation  et  la  formation  de 
son  bureau.  Dans  un  long  et  magnifique 
discours,  M.  le  sénateur  Réveil  a rap- 
pelé les  conditions  dans  lesquelles  s’est 
formé  le  Congrès;  il  a précisé  le  but  à 
atteindre  et  a terminé  son  allocution  par  ce 
passage  très-remarquable  : 

((  Nous  écrivons,  nous,  l’histoire  de  toutes 
les  espèces  et  variétés  de  fruits  ; nous  les  dé- 
crivons dans  leurs  conditions  de  sol  et  de  climat. 

((  Nous  publions  la  pomologie  de  notre  pays, 
et  nous  sommes  de  tous  les  pays  de  la  France  . 

((  Nous  écrivons  pour  tous,  savants  et  prati- 
ciens, amateurs  et  simples  jardiniers. 

((  La  science  est  l’absolu,  l’expérience  est  le 
relatif,  et  notre  livre  contient  et  l’absolu  et  le 
relatif;  car  il  est  l’œuvre  de  tous,  et  tous,  ce 
nous  semble,  peuvent  posséder  autant  de  science 
et  doivent  avoir  plus  d’expérience  qu’un  seul! 

((  Marchons  donc^  Messieurs  et  chers  collè- 
gues, avec  persévérance  vers  notre  but  : 

« Détruire  la  Babel  de  l’horticulture;  établir 
pour  chaque  espèce  une  nomenclature,  un  cata- 
logue général,  un  seul  langage  qui  deviendra, 
nous  voulons  l’espérer,  le  dictionnaire  de  la 
pomologie. 

« Ce  but,  quelque  grand,  quelque  élevé  qu’d 
soit,  n’est  qu’tâ  la  portée  de  votre  science , de 
votre  expérience;  il  est  digne  de  vous  ! » 

Le  but  est  louable,  très-louable  sans 
doute,  mais  le  Congrès  l’atteindra-t-jl?  Nous 
le  souhaitons  vivement,  et  lors  même  qu’il 
ne  réussirait  pas,  il  n’en  a pas  moins  droit 
à la  reconnaissance,  car  il  est  des  circons- 
tances où  c’est  déjà  un  mérite  d’oser  entre- 
prendre. 

Après  les  paroles  de  M.  le  sénateur 

1 Compte-rendu,  page  30. 


1er  Novembre  1866. 


21 


402 


CIlUONIQUE  IIOIITICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’OCTOBRE). 


Réveil,  qui  ont  été  couvertes  d’applaudis- 
sements, l’assemblée  a procédé  à la  no- 
mination du  bureau  de  la  session,  qui  a été 
composé  ainsi  qu’il  suit  : 

M.  le  baron  de  Beauverger,  député  au 
Corps  législatif,  président  de  la  Société  d’iiorli- 
culture  de  Melun  et  Fontainebleau,  président 
W honneur  ; 

M.  Félix  Poyez,  membre  du  Conseil  général, 
maire  de  Melun,  président  d’honneur: 

M.  le  sénateur  Réveil,  président  tikdaire 
du  congres; 

iM.  Porcher,  président  à la  Cour  impériale, 
président  de  la  Société  d’horticulture  d’Orléans, 
vice-président  : 

M.  de  Boutteville,  vice-président  de  la  So- 
ciété d’horticulture  de  la  Seine-Inférieure, 
vice-président; 

M.  Hardy  père,  ancien  chef  des  cultures  du 
palais  du  Luxembourg,  à Paris,  vice-président  ; 

M.  de  Sansal,  vice-président  de  la  Société 
d’horticulture  de  Melun  etFontainebleau,t'icc- 
p résident; 

M.  Rouillard,  secrétaire  et  délégué  de  la  So- 
ciété impériale  et  centrale  d’horticulture,  se- 
crétaire général  ; 

M.  Cusin,  secrétaire  général  de  la  Société 
impériale  d’horticulture  pratique  du  Rhône, 
vice-secrétaire  ; 

M.  Thouvenel,  conservateur  du  Jardin  bota- 
nique d’Orléans,  vice-secrétaire  ; 

M.  Cérand  (Jules),  délégué  de  la  Société 
d’horticulture  de  la  Gironde,  vice-secrétaire  ; 

M.  Michelin,  délégué  de  la  Société  impériale 
et  centrale  d’horticulture,  vice-secrétaire; 

M.  Beverchon,  délégué  de  la  Société  impé- 
riale d’horticulture  pratique  du  Rhône,  tréso- 
rier. 

M.  le  D'’  Robert  lloogg,  délégué  de'  la  Société 
royale  d’horticulture  de  Londres,  sur  l’invitation 
de  M.  le  president,  a pris  place  au  bureau. 
M.  le  préfet  de  Seine-et-Marne,  qui  a assisté 
à plusieurs  réunions  du  Congrès,  a également 
()ris  place  au  bureau  sur  l’invitation  de  M.  le 
président  Réveil. 

La  12c  session  du  Congrès  pomologique 
de  France  se  tiendra,  en  18G7,  à Paris,  sui- 
vant le  vote  qui  a eu  lieu  dans  la  session 
de  Melun.  Cette  décision  a été  prise  sur  la 
demande  de  S.  Exc.  M.  le  maréchal  Vail- 
lant, président  de  la  Société  impériale  et 
centrale  d’horticulture  de  Paris. 

— Nous  sommes  heureux  de  pouvoir 
annoncer  l’apparition  d’un  nouvel  organe 
de  la  jiresse  agricole,  nous  voulons  parler 
du  Jominil  de  riticulture  prafiijtie.  Celle 
pubdication,  qui  a pour  collaborateurs  des 
hommes  dont  les  noms  sont  bien  connus,  et 
dont  les  connaissances  sont  une  garantie  de 
succès,  est  certainement  appelée  à rendre 
de  grands  services  à l’agriculture,  car  elle 
traite  d’un  sujet  très-important  et  jusqu’ici 
trop  négligé. 

Tous  les  articles  déjà  publiés  par  le  nou- 
veau journal  soutiennent  dignement  le  nom 
de  leurs  auteurs.  Il  est  surtout  un  très-petit 


passage  qui  nous  a particulièrement  frapj)é, 
il  est  signé  de  M.  Fleury-Lacoste;  le  voici  : 
((  Raconter  ce  qu’on  a fait,  comment  on  a 
opéré  et  les  résultats  qu’on  a obtenus, 
voilà,  suivant  moi,  le  véritable  libéralisme 
agricole...  ))  Nous  ajoutons  que  c’est  là  la 
véritable  science,  celle  qui  profite  à tous. 
Trop  souvent  on  gâte  les  choses  par  les 
explications  qu’on  en  veut  donner;  on  atta- 
che tant  d’importance  à l’accessoire,  on 
multiplie  tellement  les  détails,  que»  le  né- 
cessaire disparaît  en  partie.  Qui  veut  trop 
prouver,  rien  ne  prouve,  dit-on.  Gela  est 
presque  toujours  vrai. 

— Il  est  certains  livres  qui  ont  accès  par- 
tout, aussi  bien  dans  l’humble  chaumière 
que  dans  le  château  princier  : ce  sont  les 
Almanachs. 

Le  jardinage  n’a  pas  attendu  jusqu’à  ce 
jour  pour  avoir  le  sien;  c’estV  Almanach  du 
jardinier  \ qui  fait  sa  24^  apparition  (il  a 
paru  pour  la  première  fois  en  1842).  Depuis 
il  n’a  fait  que  s’améliorer,  et  aujourd’hui  il 
offre  près  de  200  pages,  contenant,  outre  le 
calendrier  et  les  divisions  du  temps,  des 
explications  sur  le  système  métrique;  l’in- 
dication de  tous  les  travaux  de  jardinage 
qu’il  convient  de  faire  pendant  chaque  mois 
de  l’année;  un  résumé  des  principaux  faits 
horticoles  qui  se  sont  passés  dans  l’année; 
de  nombreuses  figures,  représentant  des 
plantes  nouvelles,  des  instruments  ou  des 
outils  de  jardinage.  On  y trouve  des  articles 
sur  les  cultures  diverses  de  plantes,  soit  de 
serre,  soit  de  pleine  terre;  des  modèles  de 
châssis  et  de  coffres  ; des  principes  sur  l’ar- 
boriculture, la  greffe,  etc.,  qui  font  de  ce 
petit  livre  une  sorte  de  vade-mecum  que 
tout  chacun  voudra  posséder. 

— Nous  trouvons,  dans  le  Journal  d'a- 
griculture pratique, 19,  1866,  page  342, 
un  article  sur  la  destruction  des  chenilles 
que  nous  croyons  devoir  faire  connaître.  Le 
voici  : 

« J’avais  un  champ  de  raves  où  de  petites 
chenilles  noires,  très-voraces,  avaient  élu  do- 
micile. Après  avoir  essayé  différents  moyens  de 
destruclion  qui  n’ont  pas  réussi,  j’ai  eu  recours 
à l’emploi  de  la  chaux  pulvérisée,  et  je  m’en 
suis  très-l)ien  trouvé.  Voici  comment  j’ai  pro- 
cédé : 

f(  Je  in’élais  procuré  de  la  ]»ierre  à cliaux 
cuite.  Je  l’ai  mise  en  tas  dans  un  lieu  sec  et 
propi'e,  je  l’ai  arrosée  avec  un  ]teii  d’eau.  Ja' 
tas  n’a  pas  tardé  à s'échauffer,  et,  quelques 
temps  après,  toutes  les  pierres  à chaux  étaient 
réduites  en  une  espèce  de  farine  'qui  a atteint, 
pendant  ce  travail,  un  assez  haut  degré  de 
chaleur. 

((  C’est  cette  chaux  pulvérisée,  encore  chaude, 
que  j’ai  répandue  sur  les  raves  envahies  par 
les  chenilles.  J’ai  opère  le  matin,  à la  rosée, 

* Un  volume  iii-18.  Librairie  agricole  de  la  Mai- 
son rustique.  — Prix  : 50  centimes. 


403 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  D’OCTOBRE). 


parce  que,  sous  Finfliience  de  riiiimidité,  la 
chaux  adhère  mieux  sur  les  chenilles. 

« Aussitôt  après  l’épandage,  on  voyait  les 
chenilles  se  rouler  sur  les  feiîilles  et  achever  de 
se  couvrir  de  chaux. 

« J’estime  qu’il  faut  employer  environ  4 cà 
5 hectolitres  de  chaux  par  lied  arc  pour  dé- 
Iruire  complètement  les  chenilles.  Si  un  pre- 
mier épandage  ne  suffisait  pas,  il  faudrait  en 
faire  un  second,  à trois  ou  quatre  jours  d’in- 
tervalle. La  chaux,  loin  de  détruire  les  plantes, 
leur  donne,  au  contraire,  une  grande  vigueur.  » 

Ni<:i!Oct  fils, 

Cullivalcur  à Goact  par  (Uissct  (Allier). 

Ce  remède,  nous  le  connaissions,  et  l’a- 
vions déjà  employé;  mais  nous  devons  dire 
qu’il  n’est  efficace  que  contre  les  chenil- 
les dépourvues  de  poils,  comme  celles  par 
exemple  qui,  vers  la  fin  de  l’été,  mangent 
souvent  les  feuilles  de  Poirier.  Il  est  excel- 
lent pour  détruire  les  petites  limaces. 

Nous  croyons  aussi  devoir  reproduire  les 
lignes  suivantes,  ayant  trait  à l’oidium,  qui 
se  trouvent  dans  le  même  journal  : 

« Après  des  manipulations  de  phénol  dans  une 
serre  garnie  de  vignes  fortement  a1la.|uées, 
on  put  facilement  observer  les  modifications 
suivantes  : 

<■(  Les  grappes,  et  même  les  grains  des 
grappes  les  plus  affaquées  et  que  leurs  pédi- 
celles,  frappés  de  mort,  ne  pouvaient  plus  ali- 
menter, se  desséchèrent  en  peu  de  jours.  Les  ' 
fruits  qui  communiquaient  encore  avec  la 
plante  }>ar  [eurs  vaisseaux  nourriciers,  pi  irent 
en  l'2  ou  lo  jours  un  développement  rapide  et 
parvinrent  à maturité  en  leur  temps. 

« L’oïdium,  (}ui  était  resté  sur  les  fruits,  tout 
en  conservant  son  aspect  normal,  disparaissait 
à la  moindre  aspersion  d’eau,  même  au  seul 
souffle  de  la  bouche. 

((  Les  feuilles,  fortement  attaquées,  se  dessé- 
chèrent comme  si  on  les  eût  passées  au  four; 
celles  qui  n’étaient  fortement  attaquées  qu’en 
certaines  parties  perdirent,  en  ces  parties,  le 
peu  de  vie  qu’elles  y avaient  conservé  et  re- 
couvrèrent la  santé  dans  les  autres  parties  peu 
ou  point  attaquées. 

« Afin  d’être  édifié  sur  la  nature  et  l’utilité 
éventuelle  du  remède,  je  plaçai  une  planche 
sous  des  grappes  et  des  feuilles  d’une  vigne 
malade  et  fis,  sur  cette  planche,  une  aspersion 
de  phénol  dissous  par  15  parties  d’eau.  Cette 
vigne,  en  ])lein  vent  et  contre  une  muraille, 
laissa  observer  les  mêmes  phénomènes  que  sa 
congénère  habitant  la  serre,  et  l’oïdium,  tout 
en  conservant  ses  apparences  normales,  fut 
bientôt  dispersé  par  le  vent  et  la  pluie. 

F.  DE  Biseau, 

I’ro}iriclairc-ag:roiiomo  à Eiilrc-.Moiils 
l'rùs  Biiiclie  (Belgique). 

— Nous  avons  reçu  un  catalogue  de 
M.  Xan  Houfte.  Comme  fous  ceux  qui  l’ont 
précédé,  ce  catalogue  est  un  modèle  pour 
l’ordre,  la  rédaction,  l’exactitude  et  l’ortho- 
graphe des  noms.  Sous  tous  ces  rapports,  ce 
n’est  pas  seulement  un  catalogue,  c’est  un 
livre  à consulter.  Là  toutefois  ne  se  borne 


ptis  son  mérite:  il  contient  une  quantilé 
considérable  de  noms  de  plantes  accompa- 
gnés souvent  de  notices  fort  intéressantes. 
En  voici  un  exemple  pour  le  Sedum  Rodi- 
gasii,  dont  la  figure  paraîtra  d’ici  peu  de 
temps  dans  la  Flore  des  serres  : 

Cf  Lien  ipie  la  plante  soit  vivace  et  fout  à 
fait  rusiique,  on  en  fient  quelques  pieds  en  serre 
durant  l’hiver  pour  les  amènera  produire,  pen- 
dant cette  saison  et  pendant  tout  le  printemps, 
de  magnifiques  rosetles  panachées.  Cette  pana- 
chure  est  admirable,  blanche  comme  de  la  neige, 
très-ornementale.  Pendant  l’été,  en  plein  air,  ses 
feuilles  deviennent  foutes  noires,  jusqu’à  ce 
que,  rentrées  de  nouveau  au  commencement 
de  l’hiver,  elles  reprennent  leur  belle  pana- 
chure.  » 

— Uu  extrait  du  catalogue  de  M.  Verdier 
(Eugène)  nous  apprend  que  cet  horliculteur 
va  mettre  au  commerce,  le  mois  de  novem- 
bre prochain,  dix  variétés  de  Rosiers  obte- 
nus dans  son  établissement.  Ce  sont:  Comie 
Lilla,  Jules  Calol,  Madame  George  Paul, 
Madame  la  baronne  Haussmann,  Madame 
la  baronne  Maurice  des  Graviers,  Madame 
la  comtesse  de  Turenne,  Mademoiselle  An- 
nie-Wood,  Mademoiselle  Eleanor  Grier, 
Napoléon  JII,  et  enfin  Velours  pourpre. 

Un  autre  horliculteur,  M.  Liabaud,  de 
Lyon,  va  mettre  au  commerce,  à partir  du 
l^^”  novembre  prochain,  trois  variétés  de  Ro- 
siers hybrides  remonlants  qu’il  a obtenues 
dans  son  élablissement.  Ce  sont:  Mademoi- 
selle Jeanne  Mar IX,  Mademoiselle  Thérèse 
Courner  et  François  Treyve. 

Lors  d’une  visite  que  nous  avons  faite  der- 
nièrement chez  M.  (jhaté,  horticulteur  à Pa- 
ris, nous  avons  remarqué  neuf  variétés  nou- 
velles et  très-intéressantes  de  Bégonia,  qui 
seront  mises  au  commerce  au  mois  de  no- 
vembre 180G.  Ce  sont  : B.  Adrien  Bobine, 
Madame  Chaté,  Mademoiselle  Anna  Bobine, 
Monsieur  Baveaud,  Madame  Paccolot,  Ma- 
dame Mé::^ard,  Léopold  Charpentier,  Sur- 
passe Némésis,  IJon  Pichery. 

— Nos  lecteurs  n’ont  peut-être  pas  ou- 
blié le  fait  que  nous  avions  signalé  dans  une 
de  nos  précédentes  chroniques  relativement 
à la  germination  de  graines  de  Gledilschia, 
germination  qui,  au  lieu  de  se  faire  dans 
l’infervalle  de  I à 5 ans,  comme  cela  ar- 
rive le  plus  habituellement,  s’est  produile 
dans  un  espace  d’environ  trois  semaines.  A 
ce  sujet,  un  écrivain  de  mérite,  amateur 
éclairé  d’horticulture,  M.  Ch.  delà  Rounal, 
ancien  direefeur  du  théâtre  de  l’Odéon,nous 
écrit  : 

« Au  printemps  de  1864,  je  semai  dans  un 
terrain  sablonneux  des  graines  de  Gleditschia, 
recueillies  par  moi  à l’automne  précédent.  Lu 
mois  après,  passant  par  hasard  à l’endroit  où 
j’avais  fait  mon  semis,  je  vis  que  toutes  les 
graines  avaient  parfaitement  levé.  Je  vous  cile 
ce  fait  à l’apçui  d’une  communication  ([uc  vous 


CimONIQUE  IlOnTfCaLE  (deuxième  quinzaine  D’OCTOBDE). 


faisiez  à ce  sujet  dans  l’im  des  derniers  numé- 
ros de  la  Revue  horticole. 

« Agréez,  etc. 

« C.  I)E  L\  UOUNÂT.  » 

((  Savez-vous,  ajoute  M.  de  la  Roiinat, 
que  rOranger  du  Luxembourg,  dont  la  caisse 
a été  foudroyée  en  juillet  dernier,  après 
avoir  paru  complètement  épargné,  est  au- 
jourd’hui entièrement  desséché?  » 

A quoi  donc  est  due  la  mort  des  parties  de 
cet  arbuste,  qui,  en  apparence,  n’avaient  pas 
été  frappées?  A l’électricité,  pourrait-on 
nous  répondre.  Le  fait  est  plus  que  proba- 
ble. Mais  comment  l’électricité  a-t-elle  agi? 
Pourquoi  l’arbre  n’est-il  pas  mort  sur  le 
coup  ? C’est  ce  que  nous  ignorons. 

— Dans  un  des  numéros  précédents,  nous 
avons  dit  que  le  Pélargonium  Gloire^  de 
Nü7icy,  variété  obtenue  par  M.  Lemoine, 
était  une  très-belle  plante  qui  n’avait  pas  été 
appréciée  autant  qu’elle  le  mérite.  A ce 
sujet,  M.  Gagnaire  nous  écrit  de  Bergerac  la 
lettre  suivante  : 

« Permellez-moi  de  venir  confirmer  vos  appré* 
dations  sur  le  Pélargonium  zonale  Gloire  de 
Nonnj,  dont  vous  nous  entreteniez  dans  votre 
article  sur  les  plantes  rares  et  peu  connues  du 
dernier  numéro  de  la  Revue. 

« Celle  variété,  qui  ne  fait  partie  de  notre  col- 
lection de  Pélargonium  zonale  que  depuis  le 
printemps  dernier,  fut  livrée  à la  pleine  terre 
sitôt  sa  réception.  Quelques  mois  après  la  mise 
en  pleine  terre,  une  plante  touffue,  vigoureuse, 
couverte  de  fleurs  très-doubles,  succédait  à la 
petite  bouture  primitive,  elles  amateurs,  char- 
més de  sa  beauté  et  de  sa  rusticité,  l’admiraient 
en  disant;  « Voilà  réellement  une  haute  et  char- 
mante nouveauté.  » 

((  Agréez,  etc.  « Gagnaire  lils.  » 

— La  coïncidence  ou  la  simultanéité  de 
faits  identiques  se  produisant  dans  diverses 
parties  de  la  France,  est  un  phénomène 
auquel  jusqu’ici  on  n’a  guère  lait  attention. 
Ce  fait  semble  révéler  une  loi  générale  due 
à des  causes  qu’il  serait  intéressant  de  re- 
chercher. Ainsi,  il  y a plusieurs  années, 
M.  André  nous  faisait  remarquer  que  tous 
les  pieds  iV Hibiscus  ferox,  du  lleuriste  de  la 
ville  de  Paris,  placés  dans  des  conditions 
diverses,  quelque  forts  ou  faibles  qu’ils  lus- 
sent, avaient  fleuri.  — Le  fait  rapporté  dans 
notre  précédente  chronique  au  sujet  des 
Phormium  tenax  des  environs  de  Brest,  qui, 
quoique  très-forts,  n’avaient  encore  ffeuri 
nulle  part  jusqu’en  18GG,  où  ils  ont  fleuri 
partout,  est  absolument  semblable  à celui 
signalé  par  M.  André.  — Un  fait  à peu  près 
du  même  genre  s’est  produit  sur  le  Baui- 
busa  inetake.  Pendant  plusieurs  années,  il 
ne  donnait  de  fleurs  nulle  part,  puis  il  s’est 
mis  à fructifier  partout  à la  fois.  Ici,  toute- 
fois, il  y a cette  différence  que,  depuis  lors, 
le  Bambusa  metake  fleurit  chaque  année, 
fait  qui  est  devenu  un  motifd’exclusion  pour 
cette  espèce,  très-laide  alors  qu’elle  fleurit. 


— M.  David,  avocat  à AuMi,  homme  très-i 
compétent,  dont  nous  aimons  à recevoir  les 
communications,  nous  écrit  : 

((  Nous  avons  eu  ici  cette  année,  comme  à 
Agen,  comme  à Angers,  des  fruits  de  Néllier 
du  Japon  qui  ont  mûri  et  qui  ont  été  assez 
lions  à manger.  11  y a là-dessous  quelque  chose 
d’inexplicable  ; car,  comment  ces  arbres,  très- 
vieux  dans  nos  cultures,  ont-ils  seulement  fruc- 
tifié cette  année  et  partout  à la  fois?  Un  pépi- 
niériste de  Toulon  m’a  assuré  n’en  avoir  vu 
en  fruits  que  cette  année.  » 

M.  David  ajoute  : 

((  Votre  explication,  tirée  de  la  différence  de 
latitude  entre  Angers  et  le  Midi  n’est  pas  sa- 
tisfaisante. En  effet,  comment  comprendre  que 
les  Camellia  résistent  à Angers  et  ne  résistent 
pas  à Audi?  » 

Il  est  difficile  d’expliquer  pourquoi  des 
plantes  qui  résistent  dans  un  endroit,  ne 
résistent  pas  dans  un  autre  en  apparence 
beaucoup  plus  convenable  sous  le  rapport 
de  la  température.  Nous  croyons  cependant 
que  la  différence  des  milieux  ambiants 
joue  un  grand  rôle  dans  la  vie  et  dans  la 
distribution  des  êtres.  Ces  faits  n’ont  d ail- 
leurs rien  de  commun  avec  les  précédents 
qui  se  produisent  dans  des  pays  et  des  con- 
ditions différentes.  Quant  aux  faits  de  si-- 
multanéité  dont  nous  venons  de  parler,  si 
on  ne  peut  les  expliquer,  on  peut  du  moins 
en  conclure  avec  certitude  que  les  fleurs  et 
les  fruits  ne  se  forment  pas  l’année  où  ils 
apparaissent',  qu’ils  sont  dus  à une  accumu- 
lation et  probablement  aussi  à une  élabora- 
tion particulière  de  principes  mis  en  ré- 
serve sous  l’inlluence  de  certaines  condi- 
tions atmosphériques  et  surtout  de^  chaleur. 
Aussi  les  voit-on  souvent  apparaître  dans 
des  années  où  la  température  et  les  condi- 
tions de  végétation,  loin  de  leur  être  avan- 
tageuses, leur  sont  au  contraire  très-défavo- 
rables. C’est  le  cas  de  18GG,  année  très- 
pluvieuse,  froide,  où  le  soleil  même  est 
resté  caché  pendant  une  grande  partie  de 
l’été.  Du  reste,  la  vigne  fournit  une  preuve 
de  ce  phénomène.  Tout  le  monde  sait  que, 
dans  certaines  années  très-chaudes  et  très- 
claires,  il  n’y  a parfois  pas  de  raisins,  tandis 
qu’il  y en  a toujours  et  en  grande  quantité 
rannée  suivante;  seulement,  si  le^temps  est 
mauvais,  le  raisin  ne  mûrit  jias  ; c est  ce  qui 
a eu  lieu  celte  année. 

— Un  fait  très-rare,  se  rattachant  à ceux 
dont  nous  venons  de  parler,  est  la  friictifi- 
calion  au  Muséum  du  Fusain  du  Japon 
{Evonymus  Japonica).  Un  sujet  très-gros 
est  en  ce  moment  couvert  de  fruits.  Comme 
ces  fruits  ne  mûrissent  guère  qu’au  prin- 
temps ou  du  moins  très-tard  a 1 automme, 
on  peut  se  demander  s’ils  résisteront  au 
froid  de  l’hiver.  Si  l’on  recherchait  la  cause 
do  celte  fructification,  on  pourrait  supposer 
qu’elle  est  due  à la  persistance  de  la  cha- 


CIIUONU^IjE  nORTîCOLE  (DEUXIÈME  QEiXZAlKE  D’OCTODEE;. 


leur  et  à la  sécheresse  de  raimée  dernière. 
Cela  peut  être,  assurément  ; mais  est-ce  là 
la  seule  cause?  On  peut  en  douter  si  l’on 
songe  qu’on  a déjà  vu  des  températures 
aussi  chaudes,  et  que,  malgré  cela,  VEvony- 


405 

mus  Japonica  n’a  pas  ileuri.  Certains  })ieds 
de  cette  môme  espèce  ont  également  fruc- 
tifié à Vitry,  où  jamais,  à noire  connais- 
sance, -le  fait  ne  s’était  produit. 

E.  A.  Cauuière. 


DU  MURIER  NOIR  AU  POINT  DE  VUE  SPÉCIFIQUE. 


Le  Mûrier  noir  est-il  une  espèce?  On 
peut  répondre  oui,  si,  en  se  basant  sur  les 
caractères  physiques,  on  admet  comme 
espèce  toute  plante  différente  et  facile  à 
distinguer  de  ses  congénères;  non,  si  on 
s’appuie  sur  les  caractères  organiques,  et 
si  l’on  part  de  ce  princqm  qu'une  plante, 
pour  constituer  une  espèce,  doit  avoir  des 
caractères ‘assez  solides  pour  résister  aux 
épreuves  scientifiques  qui  sont  la  perma- 
nence et  la  stabilité  relatives  de  leurs  ca- 
ractères reproduits  pendant  un  certain 
nombre  de  générations'.  Dans  ce  cas,  en 
effet,  nous  voyons  que  le  Mûrier  noir  ne  sou- 
tient pas  l’épreuve;  que  ses  caractères  s’af- 
faiblissent et  disparaissent  même  en  très- 
grande  partie  à la  première  génération. 

Cette  année  encore  nous  en  avons  eu 
une  preuve,  et  nous  avons  pu  constater  que 
des  individus  issus  d’une  première  géné- 


ration du  Mûrier  noir  n’avaient  conservé 
de  ceux-ci  que  l’écorce  roux-brun,  crevas- 
sée et  un  peu  épaisse. 

Qu’est-ce  donc  que  le  Mûrier  noir?  Est-ce 
un  hybride,  ou  est-ce  tout  simplement  une 
forme  ou  une  variété  locale  qui  perd 
promptement  ses  caractères  lorsqu’on  la 
place  dans  des  conditions  différentes  de 
celles  dans  lesquelles  elle  s’est  produite? 
Nous  penchons  vers  cette  dernière  hypo- 
thèse, bien  que  la  première  puisse  aussi 
être  invoquée,  si  l'on  se  base  sur  ce  fait 
que  les  graines  du  Mûrier  noir  germent 
difficilement  et  toujours  en  très-petite 
quantité. 

Aussi  ne  nous  permettrons-nous  pas  de 
résoudre  la  question,  nous  nous  contentons 
de  la  poser  en  laissant  aux  hommes  compé- 
tents le  soin  de  lui  donner  une  solution. 

F.  Jamin. 


NOUVEAUX  DÉTAILS  SUR  LA  VICTORIA  REGIA. 


Un  homme  de  beaucoup  de  savoir  et  d’es- 
prit, qui  passe  sa  vie  à courir  le  monde  en 
touriste,  M.  Paul  Marcoy,  a recueilli,  dans 
une  de  ses  explorations  des  grands  affluents 
de  l’Amazone,  des  observations  très-intéres- 
santes sur  les  stations  naturelles  de  la  Vic- 
toria regia. 

On  sait  l’histoire  de  cette  splendide  Nym- 
pliæacée  de  l’Amérique  équatoriale,  et  com- 
ment autrefois  sir  R.  Schomburgh,  l’ayant 
découverte  dans  la  Guyane  anglaise,  resta  stu- 
péfait à la  vue  de  celte  forme  étrange  et  im- 
mense. Il  la  prit  de  loin  pour  un  animal  géant 
etfitapprocher  satroupe avec  circonspection, 
jusqu’à  ce  qu’ayant  reconnu  qu’il  avait  af- 
faire à une  plante,  il  partît  d’un  immense 
éclat  de  rire. 

Depuis  la  première  découverte,  on  a plu- 
sieurs fois  retrouvé  la  Victoria  ; on  l’a  intro- 
duite en  Europe  : tout  le  monde  l’a  vue  fleu- 
rir. llænke,  d’Orbigny,  Pœppig,  Bridges, 
l’ont  tour  à tour  rencontrée  sur  le  Mamoré, 
le  San-José  et  différents  tributaires  de  l’A- 
mazone. 

M.  Marcoy  ajoute  à celte  liste  une  station 
nouvelle,  remarquable  par  le  nombre  im- 
mense qu’on  y trouve  de  cette  c(  reine  des 
eaux  5). 

C’est  dans  les  petits  lacs  qui  avoisinent 
rUcayali,  l’un  des  grands  affluents  de  l’Ama- 


zone, un  peu  avant  sa  jonction  avec  ce  dernier, 
qu’il  a vu  la  plante  en  immenses  quantités. 
Plusieurs  de  ces  lacs  sont  couverts  d’un  ta- 
pis si  épais  des  grandes  feuilles  et  des  fleurs 
de  la  Victoria  qu’une  barque  ne  saurait  se 
frayer  un  passage  à travers  la  forêt  inextri- 
cable de  leurs  pétioles  et  de  leurs  pédon- 
cules entrelacés  sous  les  eaux.  L’un  d’eux, 
le  lac  Nuna,  tout  couvert  de  ces  mer- 
veilleuses hydrophytes,  attira  surtout  l’at- 
tention du  voyageur. 

« Sa  surface,  dit-il,  était  couverte  de 
Nymphæas  aux  gigantesques  feuilles  d’un 
vert-pralin  qui  contrastait  avec  le  ton  rose 
vineux  du  retroussis  qui  bordait  leurs 
marges.  Entre  ces  feuilles,  s’épanouissaient 
de  magnifiques  fleurs  dont  les  pétales,  d’un 
blanc  îaiteuxà  l’extérieur,  étaient  flammés 
de  rose  à l’intérieur,  et  revêtaient  au  centre 
une  teinte  uniforme  de  violet  sombre.  Ces 
fleurs,  par  leur  développement  prodigieux 
et  la  grosseur  de  leurs  boulons  qu’on  eût 
pris  pour  des  œufs  d’autruche,  semblaient 
appartenir  à la  guirlande  d’une  flore  anté- 
diluvienne. Sur  ce  tapis  splendide  trot- 
taient menu  tout  une  légion  d’échassiers  : 
Tantales  , Jacanas , Kamichis  , Savacus  , 
Spatules,  qui  ajoutaient  à son  aspect  phé- 
noménal en  même  temps  qu’ils  servaient 
à l’observateur  d’échelle  de  proportion  pour 


406 


îs’ouyeaijX  Détails  sur  la  Victoria  regina. 


mesurer  de  l’œil  les  feuilles  et  les  fleurs 
que  ces  oiseaux  ébranlaient  en  marchant, 
mais  sans  que  le  poids  de  leur 'corps  les 
submergeât.  » 

Après  avoir  essayé,  mais  en  vain,  d’arra- 
cher avec  l’aide  de  ses  hommes  une  de  ces 
feuilles  énormes,  retenue  au  fond  de  l’eau 

Sar  des  pétioles  très-gros  et  très-résistants, 
[.  Marcoy  se  décida  à en  couper  une,  en  y 
joignant  un  bouton  et  une  fleur  ouverte. 

La  feuille  mesurait  huit  mètres  vingt- 
huit  centimètres  de  circonférence;  la  fleur 
épanouie,  de  un  mètre  quarante  centimètres 
de  tour,  pesait  trois  livres  et  demie . 

Son  odeur  pénétrante,  qui  rappelle  à la 
fois  la  Pomme  de  reinette  et  la  Banane,  em- 
baumait la  barque  où  elle  avait  été  déposée. 
Deux  hommes  mirent  cette  feuille  sur  un 
brancard  et  l’emportèrent  jusqu’à  Vajoupa, 
où  le  collecteur  la  prépara  par  quartiers 
pour  être  conservée. 

La  Victoria,  que  les  pêcheurs  nomades  de 
rUcayali  nomment  Machu-Sisac  (la  grande 
fleur),  en  langage  quechua,  prend,  suivant 
les  diflerentes  régions  où  elle  croît,  les 
noms  de  Japiuia-iiaopé,  sur  les  bords  du 

EXPOSITION  AUTOMNALE  DE 

DE 

La  Société  impériale  et  centrale  d’horti- 
culture vient  d’ouvrir,  dans  son  hôtel,  une 
exposition  d’horticulture. 

Deux  lots  seulement  représentaient,  à 
des  points  de  vue  différents,  les  plantes 
potagères  de  toutes  espèces  : l’un  apparte- 
nait à la  Société  des  maraîchers  de  la 
Seine  ; l’autre  à M.  L.  Philippe,  jardinier 
de  M.  Ad.  Bertron. 

Les  collections  de  fruits  de  Cucurbitacées 
variées  qu’avaient  exposées  MM.  Knight,  jar- 
dinier en  chef  au  château  de  Ponchartrain, 
et  Courtois-Gérard  étaient  intéressantes  et 
curieuses. 

Comme  produits  alimentaires,  signalons 
encore  les  racines  de  Cerfeuil  bulbeux  de 
M.  Vivet,  et  les  produits  algériens  (tubercu- 
les, fruits,  etc.)  de  M.  Leroy  (Ch.),  jardi- 
nier à Kouba,  près  Alger. 

Malgré  l’abstention  regrettable  et  non  jus- 
tifiée de  quelques-uns  des  pépiniéristes,  les 
collections  de  fruits  étaient  importantes  et 
belles,  disons-le. 

Dans  ce  compte-rendu  très-sommaire, 
nous  ne  pouvons  que  signaler  les  lots  dont 
les  produits  ont  été  justement  remarqués. 
Ce  sont,  d’abord,  ceux  de  MM.  Baltet  frères, 
de  Troyes;  puis  venaient  ensuite  les  lots 
de  MM.  Groux,  de  Villejuif;  Deseine,  Lio- 
ret,  J.  Lageste,  Coulon  et  fils,  etc. 

Les  beaux  raisins  cueillis  sur  des  vignes 
en  espalier  et  à Pair  libre  de  M.  Rose  Char- 


Haut-Amazone,  à cause  de  la  ressemblance 
de  la  feuille  avec  la  grande  poêle  (Japuna) 
dont  les  Indiens  de  la  contrée  se  servent 
pour  sécher  la  farine  de  Manioc.  Dans  le 
Bas- Amazone , elle  s’appelle  Jurupasi- 
leânha,  c’est-à-dire  hameçon  du  diable,  à 
cause  des  piquants  redoutables  dont  les  pé- 
tioles, les  }Ȏdoncules  et  le  dessous  des 
feuilles  sont  armés.  Enfin,  dans  le  Sud,  les 
Indiens  Guaranis  la  nomment  Irupé,  en 
français  plat  d'eau. 

Le  voyage  de  M.  Paul  Marcoy,  à travers 
ces  contrées  vierges,  depuis  le  Haut-Pérou 
jusqu’à  l’embouchure  de  l’Amazone,  a été 
fertile  en  découvertes  importantes  pour  les 
différentes  branches  des  sciences  botanique, 
géologique,  géographique  et  ethnographi- 
que. Pour  rester  dans  le  domaine  végétal, 
nous  pouvons  ajouter  que  les  renseigne- 
ments précieux  qu’il  a réunis  en  un  grand 
nombre  de  points  jusqu’ici  peu  connus,  con- 
tribueront à augmenter  la  somme  des  con- 
naissances acquises  sur  cette  région  illus- 
trée parles  explorations  des  Humbolt  et  des 
Martius. 

Ed.  André. 

LA  SOCIÉTÉ  D’HORTICULTURE 


meux,  au  nombre  de  plus  de  70  variétés,  et 
les  admirables  raisins  forcés  de  M.  Knigbl, 
au  nombre  de  15  variétés,  tous  aussi  re- 
marquables par  leur  dimension  vraiment 
colossale  que  par  leur  parfaite  conser- 
vation, formaient  l’un  des  côtés  les  plus 
intéressants  de  cette  exposition. 

M.  Chevalier,  de  Montreuil,  exposait  des 
fruits  de  neuf  variétés  de  Pêche;  l’une 
d’elle,  la  Belle  Impériale,  obtenue  de  semis 
par  l’exposant,  il  y a 3 ou  4-  ans,  est  vrai- 
ment très-belle,  aussi  bien  sous  le  rapport  de 
la  qualité,  de  la  forme  et  du  volume  qu’au 
point  de  vue  du  coloris,  qui  est  d’un  purpu- 
rin intense.  Ce  dernier  caractère  la  distin- 
gue facilement  des  autres  Pêches  de  celte 
saison  dont  la  coloration  est  généralement 
claire. 

Les  Ananas  de  MM.  Crémont  frères,  au 
nombre  de  huit  individus,  étaient  d’une 
vigueur  et  d’une  beauté  peu  commune. 
Nous  ferons  la  même  remarque  pour  les 
Ananas  de  Froment. 

Plusieurs  collections  de  plantes  à feuil- 
lage ou  de  plantes  fleuries  de  pleine  terre 
ou  de  serre,  augmentaient  l’intérêt  de  l’ex- 
position. Là  s’étalaient  de  nombreuses  col- 
lections de  Pélargonium  zonale  inqui- 
nans:  l’une  à M.  Chatéfils,  l’autre  à M.  Mal- 
let; rappelons  aussi  celles  de  M.  Jarlot 
père,  et  un  lot  de  fort  jolis  exemplaires  bien 
fleuris  d’une  des  belles  variélés  oble- 


407 


EXPOSITION  x\ETOMNALE  DE  LA  SOCIÉTÉ  D’IIOUTICULTURE  DE  PARIS. 


nues  dans  ces  dernières  années  par  M.  Me- 
zard  jeune,  le  P.  Gloire  de  Corbeny. 

Pour  clore  l’énunièralion  des  plantes 
fleuries,  citons  les  Dahlias  nombreux  et  va- 
riés de  MM.  Mezard  jeune  et  Dufoy;  les 
Glaïeuls  de  M.  Loisè;  les  Pétunias  de 
M.  Tabar;  les  Zinnias  élégants  doubles  de 
M.  Trony  ; les  Lantanas  variés  de  M.  Cliaté 
fils,  parmi  lesquels  on  retrouverait  indubita- 
blement quelques-unes  des  espèces  créées 
autrefois  par  plusieurs  auteurs,  etquine  sont 
que  des  variétés  du  Laulana  Camara,  L. 

Les  Pieines-Marguerites  naines  de  M.  Gour- 
tois-Gérard  à fleurs  très-grandes  étaient 
très-remarquables.  Il  en  était  de  meme  des 
5 variétés  d’tEillets  Flon  de  M.  Paré.  De 
ceux-ci  on  remarquait  surtout  l’Q^L  Soui'e- 
nir  de  Paulin,  de  couleur  saumon  rose  clair, 
et  l’Œ.  Prince  impérial,  blanc  strié  ou 
pointillé  de  rose.  Enfin,  les  collections  de 
plantes  vivaces  fleuries  de  pleine  terre  de 
M.  Yvon,  celle  de  plantes  vivaces  à feuil- 
lage panaché  du  même  exposant,  et  la  réu- 
nion des  fougères  de  pleine  terre  et  autres 
plantes  vivaces  variées  pour  rocailles  de 
M.  Pelé  (Adolphe). 

Parmi  les  plantes  de  serre,  on  remarquait 
surtout  les  lots  de  MM.  Cbantin  et  Lierval; 
celui  du  premier  se  composait  presque  ex- 
clusivement de  Palmiers  et  de  Cycadées; 
on  y voyait  aussi  un  Bonapartea  gracilis 
dont  la  hampe  florale  commençait  à se  dé- 
velopper. La  collection  de  M.  Lierval  était 
plus  variée  et  formée  de  plantes  de  serre 
chaude.  La  plante  la  plus  rare,  comme  aussi 
l’une  des  plus  nouvelles  de  ce  lot, était  l’A?z- 
tliurium  regale,  Aroïdée  des  plus  curieuses 
par  ses  feuilles.  Là  se  trouvaient  un  grand 
nombre  d’espèces  de  Ficus,  le  Fromager 
(Bombax  Ceiba),  un  Pandanus  reflexus  de 
grosseur  peu  commune,  le  Diliveria  gran- 
dis, à feuilles  épineuses  et  ayant  quelque 
ressemblance  pour  la  forme  à celle  de 
VAcanlhus  hirsutus,  Boiss.;  le  Colea  Com- 
mersonii,  le  Cossinia  Borbonica,  etc.  En- 
fin, M.  Mathieu  et  M»*®  Y''"  Froment  avaient 
aussi  exposés  des  plantes  de  serre  qui  étaient 
bien  portantes  et  très-variées.  M.  Pacotot 
avait  exposé  un  lot  de  plantes  de  serre 
chaude  très-remarquables,  surtout  par  leur 
belle  culture.  M.  Cbantrier,  horticulteur 
à Mortefontaine,  avait  exposé  deux  fort 
beaux  pieds  de  Lomaria  gibba,  curieuse 
et  jolie  Fougère  arborescente,  à tige  peu 
élevée  encore,  mais  portant  déjà  une  tren- 
taine de  frondes.  Le  Dorsteiiia  caulescens 
et  rillosa  et  le  Peperoniia  arifolia,  trois 
plantes'  d’introduction  assez  récente,  ac- 
compagnaient la  Fougère  précitée. 

Parmi  les  semis,  le  jury  attribua  une 
médaille  d’argent  à M.  Belet  pour  le  Dahlia 
blanc  rosé,  désigné  par  lui  sous  le  nom  de 
Madame  Jacqueniin  : et  une  semblable  dis- 
tinction a été  décernée  à M.  Couvreux  pour 


le  Dahlia  blanc  pur,  à qui  il  avait  donné  le 
nom  (\e  Madame  Alfred  Cromaille. 

La  plante  la  plus  curieuse  qui  a figuré 
à cette  exposition  était  l’individu  fleuri  de 
Vanda  Lowii,i\a  M.  Guibert, amateur  à Passy. 
La  lige  de  cette  très-remarquable  Orchidée 
était  unique,  simple,  haute  d’environ  70  cen- 
timètres, et  présentait,  vers  les  deux  tiers 
de  sa  hauteur,  deux  hampes  grêles,  flexi- 
bles, velues  et  longues  chacune  de  l"'.GO 
à 1»'.80.  Chacune  de  ces  tiges  portait  en- 
viron 2G  fleurs,  non  encore  toutes  épa- 
nouies. Un  fait  curieux  et  qui  se  reproduit 
généralement  chez  cette  plante,  c’est  que 
les  deux  premières  fleurs,  c’est-à-dire  cel- 
les qui  sont  situées  à la  base  de  l’inflo- 
rescence, sont  non-seulement  très-dilTé- 
rentes  des  fleurs  suivantes,  qui  sont  toutes 
semblables,  mais  encore  ne  s’épanouissent 
pas  les  premières.  Ces  premières  fleurs 
sont  d’un  jaune  abricot  pointillé  de  couleur 
livide  rappelant  celles  des  fleurs  de  cer- 
tains Stapelia;  dans  celles  qui  suivent,  outre 
que  la  teinte  jaune  est  plus  claire,  les  ponc- 
tuations se  présentent  sous  forme  de  lar- 
ges macules  de  même  nuance.  Quant  au 
mode  d’épanouissement,  il  est  fort  curieux 
aussi  : la  première  des  deux  fleurs  infé- 
rieures ne  s’épanouit  que  lorsque  la  qua- 
trième l’a  fait,'  et  la  seconde  fleurit  après 
l’épanouissement  de  la  cinquième.  En  ou- 
tre, la  base  de  l’inflorescence  est  beaucoup 
plus  robuste  jusqu’à  la  naissance  de  la  se- 
conde fleur. 

Après  avoir  indiqué  les  objets  les  plus 
intéressants  de  cette  exposition,  nous  de- 
vons faire  connaître  le  nom  des  exposants 
auxquels  ont  été  décernées  les  récompen- 
ses les  plus  élevées. 

Le  jury  attribua  la  médaille  d’honneur 
de  S.  M.  l’Empereur  à MM.  Ballet  frères, 
pour  leur  collection  de  fruits. 

La  médaille  d’honneur  de  S.  A.  I.  la 
princesse  Mathilde,  à M.  Deseine  fils,  hor- 
ticulteur à Bougival,  pour  sa  collection  de 
fruits;  une  seconde  médaille  d’honneur  de 
S.  A.  I.  la  princesse  Mathilde,  à M.  Phi- 
lippe (Louis),  jardinier  chez  M.  Bertron,  à 
Sceaux,  pour  sa  collection  de  légumes;  la 
médaille  d’honneur  de  S.  E.  le  maréchal 
Vaillant,  président  delà  Société,  à MM. Gré- 
mont  frères,  pour  leurs  Ananas;  la  mé- 
daille d’honneur  de  S.  E.  le  ministre  de 
l’agriculture,  à M.  Rose  Charmeux,  pour  sa 
collection  de  raisins  de  table  ; une  seconde 
médaille  d’honneur  de  S.  E.  le  ministre 
de  l’agriculture,  à M.  Lierval,  pour  sa  réu- 
nion de  plantes  de  serre;  la  médaille  d’hon- 
neur de  M.  le  sénateur  préfet  de  la  Seine, 
à M.  Chantin,  pour  sa  collection  de  Palmiers, 
de  Cycadées  et  autres  plantes  de  serre;  enfin, 
la  médaille  d’or  de  M'^^e  ta  comtesse  de 
Turenne,  à M.  Leroy,  pour  son  remarquable 
pie:l  fleuri  de  Vanda  Lou'ii.  b.  yerlot. 


UNE  VARIÉTÉ  SPÉCIÉISÉE. 


Le  titre  que  nous  donnons  à cette  note, 
si  nous  voulions  le  prendre  à la  lettre,  en- 
traînerait comme  conséquence  la  définition 
fondamentale  de  V espèce;  car,  la  variéle 
n’étant  qu’une  forme  de  l’espèce,  on  ne 
peut  la  définir  qu’après  avoir  démontré  ce 
qu’on  doit  entendre  par  cette  dernière. 
Mais  comme  ce  serait  an  moins  très-diffi- 
cile à faire,  et  que  nous  serions  entraîné 
beaucoup  trop  loin,  nous  passons  outre, 
et  nous  disons  seulement,  d’une  manière 
générale,  que  tous  les  caractères  exception- 
nels que  présente  une  plante  sont  considé- 
rés comme  le  propre  des  variétés;  ainsi 
les  panacliures  sur  les  feuilles,  les  rameaux 
pendants  ou  fastigiés,  les  rameaux  fasciés 
ou  monstrueux,  la  soudure  des  feuilles,  et 
enfin  toutes  les  particularités  qui  font  ex- 
ception à ce  qu’on  est  habitué  à voir  chez 
ce  qu’on  est  convenu  d’appeler  un  type  ou 
une  espèce,  caractérisent  des  variétés. 

La  plante  qui  fait  le  sujet  de  cette  note  et 
que  nous  prenons  comme  exemple,  est  le 
Pinus  Fremonliana.  Tout  le  monde  sait 
que,  chez  le  Pin,  les  feuilles  sont  toujours 
réunies  par  petits  fascicules  comprenant  cha- 
cun 2 à 5 feuilles  (très-rarement  en  un  plus 
grand  nombre),  enfermées  dans  une  gaîne 
commune  ; de  sorte  que,  d’après  ce  que  nous 
avons  dit  ci-dessus,  tous  les  individus  dont 
les  feuilles  seront  disposées  d’une  autre 
manière  seront  considérés  comme  des  ex- 
ceptions, par  conséquentcomme  des  variétés. 
Par  exemple,  tous  ceux  chez  lesquels  les 
feuilles  seront  réunies  et  sembleront  n’en 
constituer  qu’une,  seront  des  variétés.  Ainsi, 
d’après  ces  règles  que  l’homme  a établies, 
les  Pinns  sijlcestris  monophylla,  Pinus 
cemhra  monophylla,  Pinus  excelsa  mono- 
phylla,  sont  des  variétés,  cela  parce  que  la 
7nonophyllité  n’est  qu’accidentelle  et  mo- 
mentanée. Mais  si  cette  monopliyllitéy  qui 
est  l’exception,  devenait  la  règle,  et  si 


au  lieu  d’être  passagère  elle  était  perma  - 
nente,  on  n’hésiterait  pas  à considérer 
comme  une  bonne  espèce  l’individu  qui  pré- 
senterait ce  caractère  : c’est  ce  qui  est  ar- 
rivé ^ouy\&  Pinus  Fremonliana,  qui  a cons- 
tamment les  feuilles  réunies  et  n’en  consti- 
tuant alors  qu’une.  Cette  espèce,  qu’on 
trouve  en  quantités  considérables  dans  di- 
verses parties  de  la  Californie,  a toujours  les 
feuilles  soudées,  particularité  qui  se  repro- 
duit par  les  graines  même  dans  les  cultures, 
et  qui,-par  sa  persistance,  par  sa  stabilité, 
est  considérée  comme  caractère  spécifique. 

Que  voit-on  dans  tout  ceci  relativement 
à la  monophyllité?  Ce  qu’on  voit  pour  tous 
les  autres  caractères  des  plantes  : d’abord 
de  la  monophyllité  éphémère  pourrait- on 
dire,  ensuite  de  la  monophyllité  un  peu 
plus  tenace,  et,  enfin,  de  la  monophyllité 
permanente.  Mais  comme  ce  qui  constitue 
l’espèce  c’est  la  permanence  et  la  stabi- 
lité de  ses  caractères,  et  comme,  d’autre 
part,  tout  caractère  passager  peut  devenir 
stable  et  fixe,  il  en  résulte  donc  que  ce  qui 
était  d’abord  considéré  comme  une  excep- 
tion peut  devenir  la  règle,  et,  par  consé- 
quent, qu’une  variété  peut  devenir  une  es- 
pèce (ce  qui  n’a  rien  d’étonnant,  puisque 
toutes  deux  sont  notre  ouvrage,  — en  tant 
que  dénomination,  s’entend),  celle-ci  n’é- 
tant autre  chose  qu’uiie  variété  fixée.  On  en 
peut  conclure,  enfin,  (\ue\ePinus  Fremon- 
liana n’est  qu’une  variété  spéciéisée. 

Supposons  maintenant,  ce  qui  probable- 
ment arrivera,  que,  dans  un  temps  plus  ou 
moins  long,  on  obtienne  un  Pinns  Fremon- 
liana h feuilles  libres,  alors  on  n’hésiterait 
pas  à considérer  celui-ci  comme  l’espèce  et 
les  individus  monophylles  comme  n’en  étant 
qu’une  variété.  La  mère  aurait  détruit  son 
enfant.  La  science  y aurait-elle  perdu  ou 
gagné  ? C’est  à nos  lecteurs  cà  en  juger. 

E.  A.  Carrière. 


DE  L’UTILITÉ  DE  TENIR  NOTE  DE  L’ORIGINE 

DES  VARIÉTÉS  HORTICOLES. 


On  l’a  dit  et  on  le  redira  bien  souvent  en- 
core : Rien  n’est  parfois  plus  difficile  que  de 
remonter  à l’origine  de  certaines  plantes 
cultivées,  et  notamment  à celle  de  quelques- 
unes  de  leurs  variétés  horticoles.  Tous  les 
auteurs  l’éprouvent  chaque  jour. 

Cela  tient  surtout  à ce  que  les  personnes 
qui  s’occupent  de  jardinage,  ne  comprenant 
pas  l’intérêt  que  ces  détails  peuvent  avoir, 
négligent  le  plus  souvent  de  prendre,  de 
conserver  et  de  publier  ou  de  communiquer 
à qui  do  droit  des  noies,  tant  sur  leurs  pro- 


pres observations  que  sur  les  nouvelles  ob- 
tentions ou  introductions  qui  peuvent  se 
produire  autour  d’eux.  Il  faut  attribuer  en 
grande  partie  cette  lacune  à ce  que  l’hor- 
ticulteur de  profession,  qui  a le  plus  occa- 
sion de  connaître  de  ces  faits,  est  d’ordi- 
naire indifférent  à ces  questions’;  qu’il  a peu 
l’habitude  d’observer,  et  qu’il  n’aime  guère 
écrire,  ce  dont  il  a d’ailleurs  rarement  le 
loisir.  Cela  tient  encore  à ce  que  nombre 
d’amateurs,  qui  en  auraient  parfois  le  temps, 
manquent  souvent  des  connaissances  spé- 


409 


DE  L’UTILITÉ  DE  TENIR  NOTE  DE  L’ORIGINE  DES  VARIÉTÉS  HORTICOLES. 


ciales,  et  que,  ne  disant  de  l’horticulture 
que  pour  leur  plaisir  et  comme  distraction, 
ils  ne  peuvent  ou  ne  veulent  pas  s’astreindre 
à un  travail  qu’ils  jugent  d’ailleurs  le  plus 
souvent  inutile,  quoique  dans  bien  des  cas 
ces  mêmes  personnes  soient  membres  de 
Sociétés  pour  l’avancement  de  la  science 
horticole. 

Tout  renseignement  qui  peut  ou  pourra 
jeter  quelque  lumière  sur  l’origine  d’une 
plante,  a donc  un  véritable  intérêt,  et,  con- 
séquemment, nous  devons  considérer  qu  il 
est  du  devoir  de  tout  ami  du  progrès  hor- 
ticole de  faire  connaître  les  faits  de  ce 
genre  parvenus  à sa  connaissance. 

L’accomplissement  de  ce  devoir  devient 
d’autant  plus  urgent,  que,  depuis  quelques 
années,  la  question  sur  l’origine  des  espè^ 
ces  est  à l’ordre  du  jour.  ^ L’observation 
a fait  découvrir  pour  ainsi  dire  chaque 
jour  des  faits  probablement  déjà  très-fré- 
quents anciennement,  mais  qui  n’avaient 
point  été  remarqués,  et  dent  la  réunion  et 
la  comparaison  jettera  sans  doute  un  jour 
nouveau  sur  cette  importante  question. 

Ici  c’est  un  fait  de  dimorphisme,  ou  bien 


de  dichroïsme,  c’est-à-dire  qu’une  portion 
d’un  végétal  présente  tout  à coup  des  for- 
mes, une  coloration,  une  précocité,  etc., 
très-dilîérentes  de  celles  habituelles  aux 
autres  parties  de  ce  même  individu.  Là 
c’est  une  variété  naine  ou  géante,  ou  un 
nouveau  coloris  qui  se  produit  comme 
par  hasard  de  toutes  pièces  dans  un  se- 
mis, etc.,  etc. 

Dans  quelques  cas,  le  fait  est  isolé;  mais 
il  arrive  souvent  qu’il  se  produit  dans  plu- 
sieurs contrées  à la  fois,  et  c’est  alors  qu’il 
y a difücullé  à d^l)rouiller  le  chaos  produit 
par  cette  pluralité  d’origines  simultanées. 

Laissons  là  cette  trop  longue  digression, 
que  les  lecteurs  de  la  lîemc  excuseront  sans 
doute,  en  songeant  que,  dès  la  première  an- 
née de  son  apparition,  l’origine  véritable  de 
la  plante  dont  nous  allons  parler,  la  Campa- 
nule Carillon  rose  {Campanula  medium 
flore  roseo,  Violette  marine  à fleurs  rose), 
aurait  pu  sans  cette  note  être  entourée  de 
la  plus  grande  obscurité. 

Chaut  on. 

{La  suite  à un  prochain  numéro.) 


TRANSPLANTATION  D’UN  CÈDRE  DE  TRENTE  ANS 

A TOULOUSE. 


On  voit  aujourd'hui,  dans  le  jardin  du  pa- 
lais militaire,  à Toulouse,  un  Cèdre  du  Li- 
ban, âgé  de  30  ans,  haut  de  8”L50,  et  dont 
le  tronc,  à 1 mètre  au-dessus  du  sol,  nie- 
sureO  90  de  circonférence.  Il  y a environ 
six  mois,  cet  arbre  était  encore  dans  l’ancien 
jardin  Massatet,  situé  près  de  la  gare  du 
cliemin  de  fer;  il  a élé  transporté  et  trans- 
planté au  printemps  dernier  dans  le  jardin 
du  maréchal  Niel,  à plus  de  2,500  mètres 
de  distance,  par  un  horticulteur  cleToulouse, 
M.  Demouilles.  L’opération  a été  si  habile- 
ment exécutée,  que  le  Cèdre  n’en  a aucune- 
ment souffert. 

La  description  des  moyens  mis  en  œuvre 
par  M.  Demouilles  pour  mener  à bien  cette 
entreprise,  — j’allais  dire  ce  tour  de  force, 
— intéressera  certainement  les  lecteurs  de 
la  Revue  horticole  L 

Il  s’agissait  tout  d’abord  de  déplanter  l’arbre 
sans  endommager  les  racines,  afin  que  la  re- 
prise fût  assurée  ; en  d’autres  termes,  il  fal- 
lait que  le  Cèdre  ne  fit  pour  ainsi  dire  que 
changer  de  place  en  gardant  sa  motte 
énorme. 

A cet  effet,  une  première  tranchée  circu- 
laire T de  1^.30  de  profondeur  fut  creu- 
sée dans  un  rayon  de  2m.l0  autour  de  l’ar- 
bre (fig.  50).  Les  ouvriers  travaillant  dans 

^ M.  Demouilles  a publié  sur  ce  sujet  un  mé- 
moire iuléressant,  ayant  pour  titre  : Le  Cedre  du 
Liban  au  palais  du  maréchal  à Toulouse,  auquel  je 
ferai  de  nombreux  emprunts. 


cette  tranchée  attaquèrent  la  base  delà  motte 
et  purent  introduire  par-dessous,  au  moyen 
des  tranchées  T,  ouvertes  dans  le  terrain,  de 
fortes  pièces  en  liois  de  chêne  A A,  desti- 
nées à supporter  le  plancher  qui  devait  sou- 
tenir la  motte  (fig.  50  et  51).^  Ces  pièces 
furent  posées  à leur  extrémité  sur  quatre 
blocs  E servant  de  point  d’appui;  leur  écar- 
tement fut  maintenu  par  deux  traverses  très- 
solides.  Cela  fait,  on  plaça  successivement 
les  différentes  pièces  C du  plancher,  et  on 
consolida  la  motte  par  un  cuvelage  à claire- 
voie  cerclé  et  entouré  d’une  forte  chaîne  en 
fer,  pour  que  les  racines,  repliées  délicate- 
ment, n’eussent  pas  à souffrir  du  moindre 
choc  pendant  le  transport.  Ces  racines,  ayant 
3‘^e50  de  rayon,  ont  été.  ainsi  parfaitement 
conservées. 

Restait  à soulever  celle  masse  considé- 
rable, mesurant  T’”.20  de  diannMre  sur 
I"l30  de  hauteur,  et  pesant  35,000  a 
' 40,000  kilogrammes. 

Quatre  vérins  V,  placés  aux  quatre  angles 
de  l’appareil,  purent,  avec  l aide  de  huit 
hommes,  donner  l’impulsion  nécessaire  pour 
celle  ascension  extraordinaire,  qui  eut  lieu 
sans  encombre  avec  toutes  les  précautions 
indispensables. 

Les  travaux  d’extraction  du  Cèdre,  com- 
mencés le  5 mars,  avaient  été  heureusement 
terminés  en  13  jours  avec  le  concours  de 
8 hommes  seulement,  lorsque  M.  Demouilles 


410 


TRA^SI'LA^’TAT10N  D’UN  CÈDRE 

crut  devoir  se  préoccuper  sérieusement  de 
l’autorisation  du  transport. 

Ce  n’était  pas  une  mince  affaire.  On  crai- 
gnait que  le  poids  considérable  du  Cèdre 
n’effondrcàt  les  routes  et  que  les  pouls  qu’il 
devait  traverser  ne  présentassent  pas  une 
solidité  suffisante.  M.  Demouilles  dut,  en 


DE  TRENTE  ANS  A TOULOUSE. 

conséquence,  changer  l’itinéraire  qu’il  avait 
adopté  tout  d’abord,  et  après  une  série  de 
marches  et  de  contre-marches  que  nous  ne 
raconterons  pas,  il  fut  autorisé,  ainsi  qu’il 
l’avait  demandé,  à faire  circuler  le  Cèdre 
sur  rouleaux  et  sur  voie  ferrée  jusqu’à  sa 
destination,  mais  aux  conditions  suivantes  : 


Fig'.  50.^—  Sysièmc  cmi’loyé  jiar  M . i)cmouilles  pour  l’c-xlraclion  du  Cèdre, 


Fig.  51 . — Plan  du  plancher  destiné  à soulever  le  Cèdre. 


Les  rails  devaient  être  placés  et  dépla- 
cés successivement  à mesure  que  l’on  che- 
minerait, de  manière  à n’avoir  jamais  sur  la 
route  une  longueur  de  plus  de  dü  mètres. 

Ces  rails  devaient  être  placés  exactement 
sur  le  milieu  de  la  chaussée,  surveillés  et 
éclairés  pendant  la  nuit,  etc. 

Pour  traverser  le  pont  de  l’École  vétéri- 
naire, au-dessus  du  chemin  de  fer  du  Midi, 
M.  Demouilles  dut  s’engager  à élayer  ce 


pont  par  des  pieds  droits  ayant  d’é- 

quarrissage; a suivre  exactement  l’axe  du 
pont  et  à [tlaccr  les  rails  do  son  chemin  de 
1er  très-exactement  au-dessus  des  poutres 
centrales  du  pont. 

M.  Demouilles  étaitd’ailleurs  responsable 
de  toutes  les  dégradations  qui  pourraient 
être  faites  à la  chaussée  ou  au  pont  pendant 
le  trajet. 

Toutes  les  difficultés  adminisîralives  étant 


Revue  llcrUccle 


F )erna  Fini/ 


lmp  lanote  r des  Boulanger  s, 15  Pans 


1 . ('  e l' i s e b e 1 1 e tle  (<  o u c h e v 

2.  Margollel 


" Rc'Viu  Horticclc 
'¥ 


B V a c \\y  sema  a e u min  ai  a 

J 


lmp  îanoter.ies  Bovlan^ers ,13 Pan.'^' 


411 


TRANSPLANTATION  D’UN  CÈDRE  DE  TRENTE  ANS  A TOULOUSE. 


en  partie  résolues,  le  Cèdre  fut  mis  eu  moii- 
veineut  le  ^7  mars. 

La  voie  ferrée  qu’oii  établissait  par  tron- 
çons de  30  mètres  de  longueur,  depuis  la 
fosse  d’extraction  jusqu’au  palais  du  maré- 
chal, était  conslituée  par  i rails  Barlow  R 
(fig.  52  et  53),  sur  lesquels  reposaient  4 rou- 


leaux de  fer  parallèles,  ayant  1 de 
diamètre.  Les  pièces  A du  plancher  soute- 
nant la  motte  étaient  garnies  de  rails  Brunei 
tournés  sens  dessus  dessous. 

Il  est  aisé  de  comprendre  combien  cette 
disposition  ingénieuse  de\ait  faciliter  la 
traction.  Les  rouleaux  interposés  parallèle- 


Fi".  52.  — Mode  de  transport  du  Cèdre. 


Fig.  53.  — Plan  do  la  voie  ferrée  employée  pour  transporter  le  Cèdre. 


ment  entre  les  rails  de  la  voie  et  ceux  du 
chariot  pouvaient  être  entraînés  sans  diffi- 
culté par  une  force  relativement  très-faible, 
malgré  le  poids  énorme  qu51s  soutenaient, 
à tel  point  qu’il  a suffi  d’un  seul  cheval 
agissant  sur  une  moufle  M fixée  à une 
amarre  N pour  faire  circuler  sans  secousse 
le  Cèdre  et  sa  motte,  même  sur  des  pentes 
assez  raides. 

Le  Cèdre  était  entré  sur  la  voie  publique 


le  27  mars,  et,  pour  franchir  la  distance  qui 
sépare  l’Ecole  vétérinaire  du  jardin  Massatet, 
M.  Demouilles  avait  été  dans  la  nécessité  de 
construire  un  plancher  mobile  à cause  du 
mauvais  état  du  chemin  qui  ressemblait  à 
une  fondrière.  Le  pont  du  chemin  de  fer  fut 
franchi,  le  7 avril,  en  20  minutes,  et, 20  jours 
après,  le  Cèdre  arrivait  sans  encombre  à sa 
destination,  après  un  trajet  de  2,529  mètres, 
qui  n’a  pas  duré  moins  d’nn  mois,  mais  qui 


412 


TRANSPLANTATION  D’UN  CÈDRE  DE  TRENTE  ANS  A TOULOUSE. 


se  réduit  à 17  jours  si  l’on  en  défalque  le 
temps  perdu  en  route  pour  l’accomplisse' 
ment  des  formalités  administratives. 

L’arbre  avait  été  arrosé  trois  fois  pendant 
ce  long’  voyage.  Il  a été  transplanté  par  le 
procédé  employé  pour  l’extraction  et  avec  les 
mêmes  précautions.  Il  ne  paraît  pas  avoir 
subi  l’iniluence  de  son  changement  de  mi- 
lieu, et  il  est  aujourd’hui  plein  de  sève  et  de 
vigueur. 

J’ai  décrit  brièvement  le  mode  de  trans- 
port imaginé  par  M.  Demouilles.  Ce  mode, 
qui  est  des  plus  ingénieux,  présente  sur- 
tout un  côté  avantageux  qu’il  faut  faire  res- 
sortir : c’est  celui  de  l’économie. 

Yoici,  d'après  M.  Demouilles,  quelle  a 
été  la  dépense  : 

L’extraction,  jusqu’au  niveau  du  ter- 


rain, a coûté 258  fr.  » 

Les  frais  de  plantation  ont  été  de.  . 78  25 

Frais  de  matériel  (achat  ou  location).  224  65 

Frais  de  traction  et  de  transport.  . 563  25 

Totai 1,144  15 

A déduire  la  valeur  (lu  matériel  restant.  144  » 

Reste  net 1,000  15 


DEUX  VARIÉTÉ 


CERISE  BELLE  DE  COUCHEY. 

Celte  variété  de  Cerise  a été  trouvée  à 
Couchey,  village  de  la  Côte-d’Or,  situé  à 
8 kilomètres  de  Dijon.  Un  vigneron,  nommé 
Daton,  qui  travaillait  dans  la  ferme  du  châ- 
teau de  Couchey,  découvrit  ce  semis  en  1715; 
aussi  un  grand  nombre  de  cultivateurs  lui 
ont  donné  le  nom  de  Cerise  Raton,  sous  le- 
quel elle  est  connue  dans  le  département  de 
la  Côte-d’Or,  et  même  dans  les  départements 
environnants. 

La  Cerise  Belle  de  Couchey  est  un  excel- 
lent fruit;  on  en  fait  un  commerce  considé- 
rable à Dijon  et  aux  environs,  principalement 
à Marsannay-la-Côte,  Morez,  Couchey,  Clie- 
iiôve,  etc.,  et  nous  devons  conseiller  sa 
culture  à tous  les  horticulteurs  qui  ne  la 
connaissent  pas.  L’arbre  est  très-productif; 
son  bois,  très-vigoureux,  se  rapproche  assez 
de  celui  du  Bigarreau  Cœur  de  Pigeon;  il  a 
les  feuilles  larges,  le  fruit  gris-rouge,  à chair 
ferme,  un  peu  juteux.  Mûrit  en  juin. 

Cette  variété,  d’abord  peu  appréciée  dans 
la  Côte-d’Or,  a été  remarquée  ensuite  parles 
jardiniers  du  pays,  qui  l’ont  multipliée  au 
moyen  de  la  grelfe,  et  maintenant  elle  com- 
mence à être  très-répandue.  Dans  le  village 
où  elle  a pris  naissance,  il  se  vend  tous  les 
ans  pour  6 à 8,000  fr.  de  cerises,  et,  dans 
celle  vente,  figure  principalement  la  Cerise 
Belle  de  Couchey.  Quant  aux  sujets,  on  peut 
facilement  s’en  procurer  chez  tous  les  horti- 
culteurs de  Dijon. 


Soit  une  dépense  de  0 fr.  :22  environ  par 
mètre  courant  parcouru.  C’est  un  chilfre 
extrêmement  réduit,  eu  égard  au  poids  de 
l’arbre  à transplanter  et  aux  difücullés  du 
transport. 

En  résumé,  le  procédé  très-intéressant 
de  M.  Demouilles  trouvera  de  nombreuses 
applications  en  horticulture  pour  la  trans- 
plantation des  gros  arbres.  C’est  celui  qui 
est- aujourd’hui  le  plus  avantageux,  tant  à 
cause  de  sa  simplicité  que  de  la  modicité  des 
dépenses  qu’il  entraîne.  Il  peut  être  aussi 
utilisé  dans  l’industrie  pour  le  transport  des 
fardeaux  très-pesants.  Il  repose  d’ailleurs 
sur  un  principe  fort  simple,  que  les  maçons 
mettent  en  application  tous  les  jours  quand 
ils  se  servent  de  rouleaux  de  bois  pour  faire 
mouvoir  les  grosses  pierres  taillées  dans  le 
chantier.  M.  Demouilles  a su  appliquer  ce 
principe  de  la  manière  la  plus  heureuse; 
l’expérience  qu’il  a faite  à Toulouse,  et  qui 
a si  bien  réussi,  est  donc  intéressante  à tous 
les  points  de  vue. 

A.  DE  CÉRIS. 


S DE  CERISES. 


CERISE  BIGARREAF-MARJEOLLAIS  L 

Cette  Cerise  a été  obtenue  de  semis  par 
M.  Marjeollais  de  Couchey  (Côte-d’Or),  et 
l’arbre  qui  l’a  produite  est  aujourd’hui  âgé 
de  six  ans.  Il  est  d’un  port  magnifique,  sa 
tige  est  droite  et  élancée;  haut  de  5 mètres, 
il  paraît  très-rustique  et  très-productif.  Le 
bois,  très-gros,  d’un  vert  foncé  dessous  la 
branche  et  grisâtre  par  dessus,  est  parsemé 
de  petits  points  blancs,  mamelonné  comme  le 
BigarreauNapoléon;  les  feuilles  très-grandes, 
d’un  vert  foncé,  mesurent  environ  O'^.IO  â 
0”M5  en  longueur  et  0'“.06  à 0'».08  en  lar- 
geur ; le  pétiole  est  long  d’environ  0”.03  ; les 
nervures,  au  nombre  de  10  â 11,  sont  très- 
prononcées  ; le  fruit  est  gros,  rouge-brun, 
presque  noir  lorsqu’il  est  arrivé  à maturité 
complète;  il  est  bon  et  sa  chair  est  ferme 
comme  celle  de  tous  les  Bigarreaux.  Il  mûrit 
dans  le  courant  de  juin. 

La  gravure  représente  le  fruit  dans  sa 
grosseur  moyenne.  Celte  Cerise,  présentée  â 
la  Société  d’horticulture  de  la  Côte-d’Or, 
dans  la  séance  du  11  juin  1865,  a été  sou- 
mise à une  commission  chargée  de  la  dégus- 
ter ; elle  a été  déclarée  bonne,  et  j’ai  dû  faire 
un  rapport,  dont  une  partie  a été  présentée 
au  Congrès  pomologique  de  France,  tenu  à 
Dijon  le  6 septembre  dernier.  Le  même 
échantillon  de  Cerise,  présenté  de  nouveau 

' Sur  la  planche  coloriée,  on  a imprinK*  par  erreur 
Marfiollet  au  lieu  de  Marjeolla/fi. 


413 


DEUX  VARIÉTÉS  DE  CERISES. 


à la  Société  (riiorliciillure,  le  8 juillet  18G0, 
a été  jugé  aussi  favorablement  que  la  pre- 
mière fois;  nous  n’avons  donc  plus  cà  douter 
de  la  valeur  de  ce  fruit.  Le  Bigarreau  Mar- 
jeollais  a pris  naissance  dans  le  jardin  du 


château  de  Coucliey,  où  l’on  a déjà  trouvé  la 
Cerise  Belle  de  Coucliey.  Cet  arbre  a donné 
des  fruits  pour  la  première  fois  en  18G4,  et 
plusieurs  établissements  de  Dijon  l’ont  déjà 
multiplié.  N.  Duritt. 


BRACIIYSEMA 

Tige  sous-frutescente,  droite  et  raide,  à 
écorce  gris-cendré,  pulvérulente.  Feuilles 
opposées,  ovales-elliptiques,  atténuées  à la 
base,  courtement  pétiolées;  les  adultes  lon- 
guement acuminées  au  sommet  qui  est  ter- 
miné par  un  mucronule  courbé  en  dessous, 
parfois  disposé  obliquement,  épaisses,  co- 
riaces, d’une  nature  sèche,  vert-grisàtre, 
luisantes  en  dessus,  blanc  argenté  en  des- 
sous; les  plus  jeunes  argentées  sur  les  deux 
faces,  mais  surtout  en  dessous,  par  de  nom- 
breux poils  courts  brillants,  couchés.  Fleurs 
portées  sur  de  courts  pédoncules  axillaires 
couverts  de  poils  courts.  Corolle  à 5 pétales 
dont  ^ sont  soudés  pour  former  la  carène, 
d’un  rouge  carmin  très-foncé,  presque 
pourpre;  étendard  très-petit,  jaunâtre  à la 
base,  rouge  au-dessus  du  milieu,  presque 
blanc  sur  le  bord;  ailes  petites,  rouges; 
carène  composée  de  deux  pétales  soudés  à 
la  partie  supérieure,  très-grands,  du  double 
de  la  longueur  des  ailes,  ne  s’ouvrant  jamais, 
mais  restant  comme  pliés,  de  manière  à for- 
mer comme  le  dessous  d’une  nacelle.  Eta- 
mines, le  plus  souvent  10,  insérées  autour 
et  à la  base  de  l’ovaire,  non  soudées  en  fais- 
ceau, de  même  longueur  que  le  style  qui 
est  central,  simple,  de  couleur  rosée. 

Celte  espèce,  originaire  de  l’Australie, 
est  très-souvent  désignée  dans  le  commerce 
sous  les  noms  de  Bmchysemaspeciosciy  par- 
fois meme  de  Drachysema  species.  Sa  vi- 
gueur, sa  rusticité  relative,  sa  tloribondité, 
et  surtout  la  couleur  et  l’éclat  de  ses  fleurs, 
en  font  l’une  des  plus  belles  plantes  de 
serre  tempérée.  Il  est  difficile  d’expliquer 
pourquoi  avec  toutes  ces  qualités  on  ne  la 
rencontre  pas  plus  souvent  dans  les  cul- 

EXCURSION,  EN  1866,  R 

DE  El 

Le  sommet  du  col  de  Balafra  est  remar- 
quable par  quelques  plantes  alpines  et'par 
une  station  d’oursins  fossiles.  La  vue  en  est 
splendide.  D’un  côté,  on  distingue  le  Dôme 
de  Saint-Pierre  de  Genève,  et,  de  l’autre, 
toute  la  chaîne  du  Mont-Blanc. 

Du  col  nous  fûmes  en  quelques  minutes 
au  bord  du  lac  des  Colombetles. 

Dans  les  prairies  qui  avoisinent  le  lac,  la 
végétation  est  très-riche,  ainsi  les  Viola  cal- 

’ Voir  le  du  IG  octobre,  ])aç;e  393. 


ACUMINATA. 

tures,  non-seulement  d’amateurs,  mais  de 
toute  personne  qui  possède  une  petite  serre. 
La  facilité  avec  laquelle  elle  croît  et  avec 
laquelle  aussi  elle  se  prête  au  pinçage,  font 
que,  sans  aucun  doute,  elle  pourrait  être 
cultivée  comme  plante  d’ornement  pour  le 
marché. 

Plantée  en  pleine  terre  dans  une  serre 
tempérée,  elle  constitue  un  énorme  buisson 
sous-ligneux,  d’une  beauté  peu  commune. 
Ajoutons  que  les  'plantes  fleurissent  très- 
jeunes  et  que  des  boutures  de  2 ans  seule- 
ment se  couvrent  de  fleurs.  La  floraison 
commence  dès  les  premiers  jours  du  mois 
de  mars  et  se  prolonge  pendant  longtemps. 
Nous  pouvons  même  ajouter  que  la  plante 
est  remontante.  Ainsi,  le  pied  qui  a servi  à 
faire  le  dessin  ci-contre  ayant  été  mis  en 
pleine  terre  à l’air  libre  vers  la  fin  d’avril, 
poussa  des  bourgeons  qui,  dès  le  mois  de 
septembre,  étaient  couverts  de  Heurs. 

La  culture  du  Brachyserna  acmnimla  est 
des  plus  faciles;  la  terre  de  bruyère,  pure 
d’abord,  plus  tard  additionnée  de  terre 
franche  légère,  lui  convient.  On  le  multi- 
plie de  boutures  qu’on  fait  avec  des  bour- 
geons bien  aoûtés;  qui  s’enracinent  promp- 
ienient.  Il  est  très-probable  aussi  qu’on 
pourrait  le  multiplier  par  graines  en  mettant 
un  pied  en  pleine  terre  qu’on  laisserait  en- 
forcir  et  en  le  plaçant  dans  un  endroit  clair, 
fortement  insolé. 

On  trouve  le  Brachyserna  acuMinata  chez 
plusieurs  horticulteurs  do  Paris  et,  tout  par- 
ticulièrement, chez  M.  Bougier-Ghauvière, 
horticulleur,  rue  de  la  Boquette,  oû  a été 
prise  la  plante  qui  a servi  à faire  le  dessin 
ci-contre.  Truffaut. 

: LA  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE 

ANGE' 

carata,  Genliana  purparca,  renia,  Bava- 
rica,  y sont  communs.  Un  des  côtés  du  lac 
est  bordé  des  têtes  blanches  de  VEriopho- 
ram  ca pilai am. 

A partir  de  là  la  descente  se  fait  à travers 
les  roches  dans  la  vallée  du  Beposoir.  Une 
variété  du Campanula  rlwmboidalis  (à  fleurs 
l)lanches)  et  le  Ceplialaria  alpina  (Sca- 
bieuse  des  Alpes)  avec  ses  têtes  jaunes,  fai- 
sait un  bel  effet  dans  le  paysage  ; un  peu  plus 
loin,  on  signala  le  LycJmis  fins  Joris,. 


414 


EXCURSION,  EN  ISGii,  DE  LA  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Sur  les  l)ords  de  la  roule  pierreuse, 
parmi  les  broussailles  qui  y croissaient,  une 
lleur  parut  si  belle  qubdle  motiva  une  balle 
et  une  exclamation.  C’était  une  variété  du 
Campamila  Trachelium  à fleurs  d’un  blanc 
pur,  présentant  un  thyrse  de  65  centimè- 
tres de  haut. 

Mais  la  nuit  approchait,  un  de  nous  venait 
de  se  donner  une  entorse,  et  la  marche  fut 
ralentie;  aussi  n’arrivàmes-.nous  auReposoir 
qu’à  8 heures,  où  nous  ne  trouvâmes  que 
deux  lits.  Comment  y coucher  17!  Ce  fut 
grâce  à la  complaisance  du  curé,  et  en  met- 
tant les  granges  à contribution,  que  l’on  put 
se  caser.  Nous  étions  attendus.  MM.  Du- 
mont et  l’avocat  Roy,  l’abbé  Chevalier  et 
l’abbé  Mernoux,  vinrent  nous  y rejoin- 
dre. 

Le  17.  — La  bande  se  divise  de  nouveau, 
une  partie  se  dirige  sur  Cluse  par  Scion- 
zier,  emportant  tous  les  bagages  qui  n’é- 
taient pas  indispensables  pour  faire  l’ascen- 
sion du  Méry.  — Chemin  faisant,  elle  ra- 
masse quelques  plantes,  telles  que  Aconi- 
tum  anthora,  Linaria  alpiva,  Cirshm  spi- 
mmssiinum,  Euplirasia  alpiua. 

Le  temps  paraissait  devoir  être  beau, 
aussi  le  plus  grand  nombre  se  dirigent  du 
Rcposoir  par  la  Chartreuse  et  les  escaliers 
deSonnières,  et  commencent  l’ascension  du 
Méry. 

Les  escaliers  contiennent  un  nombre  con- 
sidérable de  fossiles  provenant  des  grès  verts. 
Plusieurs  espèces  de  Rosiers,  tels  que  Rosa 
myriacaritha,  Rosa  pomifera,  Rosa  alpina, 
Rosa  montaua,  croissent  dans  cette  vallée. 

^ Le  passage  du  Méry  fut  rude;  mais  ou  fut 
récompensé  par  une  ample  récolte  de  bon- 
nes ])lantes,*  notamment  Alchmilla  pcnla- 
plnjllfi,  Valeriana  salinnea  [vd.ve)^Sauss}(ren 
alpina,  var.  depressa  (très-rare),  Asplc- 
niam  Ilallerl,  etc. 

La  descente  sur  Salancbes  se  fit  par  le 
col  de  la  cheminée  et  par  la  Ramasse. 

Arrivés  le  soir  à Salancbes,  ces  deux  grou- 
pes furent  rejoints  par  une  3°  division,  diri- 
gée par  MM.  Fournier  et  Personnat,  qui  ve- 
naient de  faire  une  tournée  de  2 jours  sur 
les  hautes  montagnes  qui  avoisinent  le  pic 
de  Cüloné,  dont  le  sommet  dépasse  2,000 
mètres. 

Les  boîtes  étaient  pleines.  On  avait  trouvé 
une  magnifique  Orchidée  que  l’on  avait 
cru  un  instant  être  le  Calypso  bo7Wilis,  mais 
qui  n’était  autre  que  le  Epipoginm  Gme- 
lini,  déjà  trouvé  au  Drizon. 

Le  souper  fut  joyeux,  et  la  municipalité 
nous  fit  annoncer  qu’elle  nous  ferait  le  len- 
demain une  réception  officielle,  à l’occasion 
de  notre  séance  publique. 

Le  18.  — La  matinée  fut  occupée  à ran- 
ger les  plantes  et  au  nettoyage  et  raccom- 
modage des  vêtements.  Puis  l’on  fit  une 
promenade  autour  de  la  ville. 


A trois  heures,  le  canon  annonça  la  séance 
publique. 

Les  autorités  civiles  et  religieuses  avaieht 
donné  une  grande  solennité  à cette  fêle.  La 
présidence  fut  déférée  à l’évêque,  et  une 
grande  partie  des  notabilités  assistaient  à la 
séance,  où  plusieurs  personnes  rendirent 
com}Ae  des* diverses  herborisations  qu’on 
venait  de  faire. 

Le  19,  dimanche.  — Départ  de  Salancbes 
pour  Saint-Gervais.  La  Société  se  divise  en 
trois  bandes  : une  se  dirige  le  malin  sur 
Cbamonix  à pied;  une  autre,  aussi  le  malin 
et  à pied,  sur  Saint-Gervais;  la  troisième,  à 
11  heures,  pour  Saint-Gervais.  Gelle-ci  était 
la  plus  considérable  et  composait  un  véritable 
convoi,  car  elle  emportait  tous  les  bagages 
et  était  accompagnée  de  7 guides  et  G mulets. 
Les  3 bandes  se  rejoignirent  à Saint-Gervais. 

Parmi  les  plantes  remarquables  récoltées, 
il  faut  signaler  V Impatiens  noli  me  tanyerel 
qui  est  commun  sur  les  coteaux  qui  avoisi- 
nent l’établissement  des  bains. 

Quelques  botanistes  le  considèrent  sinon 
comme  une  espèce,  mais  au  moins  comme 
une  variété  connue  sous  le  même  nom  ail- 
leurs. Une  vingtaine  de  membres,  après  une 
station  d’une  heure  sous  la  direction  de 
M.  Personnat,  de  Salancbes,  partent  pour 
Contamines  où  l’on  dîne  ; puis  se  rendent 
en  toute  hâte  dans  les  bois  qui  sont  entre 
Contamines  et  Notre-Dame  de  la  Gorge,  dans 
l’espoir  d’y  rencontrer  deux  jolies  plantes 
que  l’on  a vainement  cherchées  pendant  long- 
temps, le  Pyrola  aniflora  ou  Aleneses  yran- 
diflora  et  le  Corallorhiza  innaia.  On  fut 
cependant  assez  heureux  pour  les  trouver 
au  retour.  (Une  [)artie  de  la  troupe  s’égara, 
et  l’on  resta  jusqu’à  la  nuit.) 

C’est  dans  l’obscurité  que  l’on  fit  l’ascen- 
sion du  Nanlborand  (1,437  mètres  d’alti- 
tude), espèce  de  cbalel-auberge,  en  face  du 
glacier  de  Frelalête,  plus  beau,  dit-on,  que 
la  merde  glace.  On  y arriva  à près  de  9 heu- 
res. La  plus  grande  partie  furent  obligés  de 
coucher  dans  la  grange  sur  de  la  paille. 

Lundi  20.  — Autour  du  chalet,  la  végé- 
tation est  tout  alpine,  et  l’on  y remaniue 
le  Circæa  alpina,  les  AsCwitia  major  et  mi- 
nor,  Ilieracium  aurantiacum,  ÉupJirasia 
alpina,  Géranium  pratense,  Colchicum  alpi- 
uum,  etc.,  etc. 

Ascension  du  col  du  Ronhomme. 

Les  bois  de  Sapins  sont  remplis  de  Clavai- 
res et  de  Chanterelles.  On  en  ramassa  pour 
en  faire  un  gros  plat. 

Après  le  commencement  de  la  montée,  on 
trouve  des  prairies  qui  sont  parsemées  de 
petits  arbrisseaux,  tels  que  le  Salix  arbus- 
rula,  Rhododendrons,  Vaccinium,  etc. 

La  base  des  pics  se  couvre  de  roches 
éboulées.  Dans  les  endroits  où  la  végétation 
devient  plus  rare,  on  trouve  encore  les  Ce- 
raslium  (alifoliam,  Linum  alpinam,  Cam- 


415  ' 


EXCURSION,  EN  18CG,  DE  LA  SOCIÉTÉ  ROTANIQUE  DE  rr.ANCK. 


pnnulapusilla,  les  Campanulacœspilosa,  U- 
nifülîa,  les  Siloie  fKWilis,  Silene  c.xscapn. 

Arrivé  au  plan  des  Dames  (2,056  mètres 
d’altitude),  ou  Irouve  un  tumulus  élevé  par 
les  pierres  que  les  voyageurs  jettent  sur 
remplacement  où  périrent,  par  une  avalan- 
che, deux  dames  anglaises  il  y a déjà  un 
siècle. 

Nous  y fûmes  assaillis  par  une  grosse 
averse  qui  nous  suivit  jusqu’au  haut  du  col 
(à  2,480  mètres). 

Nous  étions  trempés;  mais  le  soleil  repa- 
rut, et,  grâce  à l’abri  d’un  chalet  où  l’on 
I trouva  du  lait,  on  put  déjeuner. 

L’herborisation  fut  splendide;  parmi  les 
plantes  remarquables,  nous  citerons  les 
Carex  curvuJa,  Erigeron  uniflorum,  Gen- 
tiana  gJacialis,  Genliana  mvalis^  Dra- 
ba  aizôides,  Draba  tornenlosa,  Festuca  al- 
pina^  BotrycJiium  lunaria,  Braya  pinna- 
liflda,  Saxifraga  andxosacea,  les  Saxi- 
fraga  oppositijolia,  biflora,  muscosa,  le 
Sedîim  atralum,  etc. 

Les  bords  du  ruisseau  étaient  couverls  de 
Saxifraga  aizoides  en  pleine  tloraison. 
Sur  la  gauche,  dans  les  pentes  qui  sont  au- 
dessus  et  au-dessous  de  la  route,  on  trouva 
' des  plaques  de  neige  où  l’on  recueillit  des 
I Androsace  obtnsifolia,  Bamwculus  alpes- 

I trisy  Gnaphalium  supinum,  Scnecio  incanus, 

Arabis  cœrulea^  Primula  farinosa,  Poten- 
tilla  frigida,  etc.,  etc. 

Le  temps  se  couvrait,  quelques  éclairs, 
suivis  du  bruit  que  fait  le  tonnerre  dans  les 
Alpes,  nous  menaçaient  d’un  gros  orage. 

M.  Düumet,  qui  était  sur  les  sommités 
qui  entourent  le  Bonhomme,  avait  trouvé 
en  abondance  le  Banmiculus  gladaUs  en 
pleine  floraison;  mais  de  grosses  goulles  qui 
commençaient  à tomber  tirent  songer  à la 
retraite.  A peine  descendait-on  que  l’orage 
éclata. 

Un  orage  dans  les  Alpes  avec  le  ton- 
nerre, la  foudre,  la  pluie,  la  neige  et  la 
grêlé,  est  un  spectacle  sublime  et  d’une  ma- 
jestueuse horreur.  La  déroute  se  mit  bien- 
tôt dans  la  bande,  et  c’est  à qui  rejoindrait 
au  plus  vite  le  gite.  La  plupart  avaient  de 
l’eau  jusqu’à  rni-jambe. 

Quelques-uns  s arrélent  au  chalet  de 
|,  Nontborand,  et  y couchent;  d’aulres,  quoi- 
!i  (|ue  trempés  jusqu’aux  os,  continuent  leur 
l’oute  jusqu’à  Contamines,  où  ils  sont  forcés 
de  coucher. 

Le  matin  de  ce  même  jour,  une  autre  par- 
:■  lie,  sous  la  direction  de  l’abbé  Miremond  et 
li:  de  M.  Personnat,  élait  montée  au  glacier  de 

F Frelatête,  où  ils  ont  fait  une  magnifique  her- 
! borisation,  et,  comme  les  autres,  ont  été  at- 
1 teinis  par  l’orage. 

Mardi  21 . — On  se  réunit  à Contamines. 

I Une  partie  se  dirige  vers  le  bord  du  Naus 
I (ruisseau)  pour  chercher  le  Pyrola  uuillora, 

' ! et  les  rapportent. 


Après  midi,  les  botanistes  se  divisent  en 
petits  groupes  se  dirigeant  vers  Chamonix, 
les  uns  par  le  col  de  Vouza  et  quelques-uns 
par  le  pavillon  de  Bellevue,  et  d’autres  par 
Sallanches-  A quatre  heures,  le  gros  de  la 
bande  et  les  mulets  se  mit  en  route,  malgré 
la  pluie,  se  dirigeant  sur  le  pavillon  de  Bel- 
levue. 

La  première  partie  de  la  route  a présenté 
parmi  les  plantes  remarquables  : Balsamifa 
suaveolcns  (Desf.)  autour  des  chalets  et  pro- 
bablement échappé  des  cultures. 

On  nous  assura  qu’un  autre  Artémisia 
rare,  V Artémisia  mntelliiia,  croissait  dans 
les  rochers  qui  entourent  les  sommités  du 
glacier  deBionacé  (près  de  là);  mais  la  nuit 
qui  approchait  nous  empêcha  de  vérifier 
cette  assertion.  — Les  points  de  vue  sont 
nombreux  et  très-variés  ; l’un  des  plus  beaux 
est  celui  du  glacier  de  Bionacé,  au  pied  du- 
quel dn  traverse  le  torrent  qui  en  découle 
et  que  les  pluies  ont  grossi.  De  là  au  pavil- 
lon de  Bellevue  la  montée  est  rude  et  fort 
désagréable,  surtout  la  nuit.  La  dernière 
partie  surtout,  qui  se  fait  à travers  une  forêt 
de  Sapins,  par  des  sentiers  boueux,  où  l’on 
s’enfonce  jusqu’à  mi-jambe.  B faisait  nuit 
noire  à notre  arrivée. 

Le  pavillon  de  Bellevue  est  un  chalet 
situé  au-dessus  du  col  de  Youza.  On  y ccu- 
che. 

Mercredi,  22  août.  — Lever  à quatre  heu- 
res un  quart.  Le  soleil  paraît  bientôt.  La  vue 
est  splendide.  On  voit  à ses  pieds  la  vallée 
de  Chamonix,  à 1 ,200  mètres  plus  bas,  et  le 
glacier  de  Bionacé.  D’un  autre  côté,  il 
semble  à 300  pas,  quand,  en  réalité,  il  est  à 
4 kilomètres.  Le  glacier  des  Bossons  et  la 
merde  glace  sont  aussi  en  vue. 

On  descend  du  pavillon  pour  se  rendre  à 
Chamonix.  On  traverse  des  prairies  parse- 
mées d’arbrisseaux,  le  Rhododendron  est 
encore  fleuri.  Dans  les  herbes,  on  ramasse 
un  joli  Lycopodium  Ilckcîiciim  en  fruit,  et 
qui  y est  très-commun  dans  les  gazons 
ras. 

Un  petit  bois  de  Sapins  qu’on  traverse 
nous  fournit  un  joli  champignon  {i\Htrula 
leolia). 

De  petits  ruisseaux  qui  descendent  des 
coteaux  sont  bordés  des  Eguisetiim  rariega- 
tum,  Gentiaua  campestris,  qui  sont  dans 
tous  les  prés. 

En  moins  d’une  heure  et  demie  nous 
sommes  aux  Ouches,  village  sur  la  grande 
route  qui  conduit  à Chamonix. 

Parmi  les  plantes  qui  figurent  dans  tous 
les  jardins  des  hameaux,  on  remarque  le 
Malua  crispa,  très-communément  cultivé 
pour  les  usages  alimentaires. 

Le  mauvais  temps  avait  contrarié  l’exécu- 
tion du  programme.  La  séance  de  clôture 
devait  avoir  lieu  le  21,  et  nous  y arrivons  le 
22  à deux  heures. 


' il6 


EXCURSIONS',  EN  1866,  DE  LA  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Aussitôt  uno  herborisation  fut  organisée 
pour  explorer  les  abords  delà  mer  de  glace. 

M.  Payot,  naturaliste  à Chamonix,  avait 
préparé  tout  ce  qui  pouvait  faciliter  le  s6^ 
jour  de  la  Société  à Chamonix,  et  il  mit  ses 
collections  et  ses  herbiers  à sa  disposition  ; 
c’est  grâce  à lui  que  chacun  put  se  procu- 
rer des  échantillons  de  Lycopodimn  imni- 
(fatum,  qui  croît  dans  les  prairies  humides 
de  la  base  du  Montanvert. 

L’abbé  Chevalier  procura  des  échantil- 
lons de  Trifolium^  récoltés  aux  environs  du 
glacier  de  l’Arvcyron* 

En  grimpant  jusqu’à  le  mer  de  glace, 
on  ramassa  plusieurs  bonnes  plantes,  no- 
tamment VAchillea  macrophylla. 

Depuis  plusieurs  années,  le  niveau  de  la 
mer  de  glace  a considérablement  diminué, 
de  façon  que  la  végétation  paraît  là  où  il  y 
a quelques  années  elle  était  enfouie  sous 
une  épaisse  couche  de  glace. 

Une  partie  de  la  caravane  traversa  la  mer 
de  glace  et  opéra  son  retour  par  le  Chapeau 
et  la  rive  droite  du  glacier.  — Sur  les  bords 
se  trouvent  abondamment  les  Trifolium  cœs- 
pilosum,  Genliaua  campestris.  — A partir 
du  Mauvais-Pasjusqu’au  Chapeau,  on  trouve 
abondamment  dans  les  rochers  le  Primula 
riscosa,  un  Dianthiis  voisin  du  sylvesiris, 
ainsi  que  plusieurs  Ombellifères  remarqua- 
bles. 


La  nuit  venant,  on  hâta  le  pas,  et  ce  no 
fut  qu’en  courant  que  l’on  put  jeter  un  re- 
gard sur  la  grotte  de  cristal,  et  l’on  constata 
seulement  la  disparition  de  la  grotte  de 
l’Arveyron. 

Lorsque  l’on  rentra  à Chamonix,  il  faisait 
nuit  depuis  longtemps,  et  la  séance  de  clô- 
ture fut  en  quelque  sorte  improvisée,  sous 
la  présidence  de  M.  rabl)é  Chevalier.  M.  le 
maire  et  le  juge  de  paix  s’y  rendirent,  et  ce 
fut  à table  que  la  séance  s’ouvrit.  Elle  se 
continua  dans  un  salon  de  l’hôtel  de  la 
Couronne,  et  se  prolongea  bien  avant  dans 
la  nuit. 

Plusieurs  communications  importantes 
furent  faites  par  M3I.  Cosson,  Chevalier, 
Fournier  et  Payot,  qui  apporta  plusieurs 
plantes  vivantes  de  la  localité. 

Au  moment  où  minuit  sonnait,  par  une 
nuit  étoilée,  splendide,  la  Société  se  sépa- 
rait en  face  du  Mont-Blanc,  dont  les  som- 
mets étincelants  de  blancheur  paraissaient  à 
une  faible  distance. 

Durant  tout  son  parcours,  la  Société  n’a 
eu  qu’à  se  louer  de  l’accueil  bienveillant 
qu’elle  a reçu  des  autorités,  qui  avaient  été 
prévenues  par  M.  le  préfet  de  la  Haute-Sa- 
voie. Elle  doit  aussi  rendre  hommage  à l’ac- 
cueil sympathique  qu’elle  a reçu  de  la  part 
des  populations. 

J.  SlSLEY. 


REVUE  DES  PUBLICATIONS  HORTICOLES  DE  L’ÉTRANGER 


Le  Polanical  Magazine  nou»  offre,  dans 
ses  cahiers  de  juillet  et  août,  les  descriptions 
et  les  figures  des  plantes  suivantes  : 

75ecoBîoi»sîft  :%C|îale«sis.  D.  C,,  pl.  5583. 

Cette  Papavéracée  fut  découverle  dans 
les  montagnes  du  Nepaul  par  le  docteur 
Wallich,  et  elle  fut  ensuite  récoltée  par 
M.  J.  D.  Hooker  dans  les  régions  centrales 
humides  du  Sikkim-IIimalaya,  où  elle  se 
trouve  à une  élévation  d’environ  350  mètres 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 

Le  genre  Meconopsis  est  représenté  dune 
manière  très-large  dans  l’IIimalaya.  Le  Me- 
conopsis aculcata  et  \c  Meconopsis  Wallichii 
sont  du  meme  pays,  qui  en  contient  encore 
bon  nombre  d’autres  espèces.  MAL  Back- 
house,  à Yoî'k,  ont  cultivé  en  premier 
lieu  le  M.  Aepalensis  qui  a fleuri  dans 
leur  établissement  en  juillet  18G3.  C’est 
une  grande  plante  herbacée  robuste, bisan- 
nuelle, simple  ou  peu  rameuse,  de  1 mètre 
à l'".70  cent.,  remplie  d’un  latex  jaune. 
La  tige  atteint  parfois  à sa  base  un  dia- 
mètre de  deux  pouces,  elle  est  couverte 
ainsi  que  les  feuilles  de  jioils  raides.  Les 
feuilles  radicales,  jiéliolées,  varient  en  lon- 
gueur entre  U'“.K)  et  0"'.5U;  elles  sont  li-  i 


néaires-spatulées  ou  oblongues-lancéolées, 
sinueuses-pinnatifides;  les  feuilles  caulinai- 
res  sont  sessiles.  Les  grandes  fleurs,  d’un 
jaune  de  soufre,  mesurant  2-3  pouces  en 
diamètre,  sont  disposées  en  grappes  dres- 
sées, longues  de  0™.35  à On^.TO.  Les  éta- 
mines ont  des  anthères  orangées. 

B=olys4ncîiy«  piilieseeiis,  ReICHENMCII,  pl.  5586. 

Le  genre  Polystachya  n’appartient  pas  à 
ceux  qui  parmi  cette  grande  famille  des 
Orchidées  dotent  nos  établissements  hor- 
ticoles de  leurs  plus  beaux  ornements. 
Cette  espèce  n’est  pas  dépourvue  de  tout 
mérite.  C’est  une  plante  qui  n’atteint  pas 
au-delà  de  0"\33  de  hauteur,  à pseudobul- 
bes ovoïdes  larges  environ  de  0»u3  qui 
supportent  deux  à trois  feuilles  oblongues- 
lancéolées,  longues  de  7 à 12  centimètres. 
Les  fleurs,  d’un  beau  jaune  doré,  sont  dispo- 
sées en  une  grappe  dressée  assez  serrée.  La 
patrie  de  celte  plante  est  l’Afrique  du  sud, 
où  elle  l\it  trouvée  d’abord  par  Burchell, 
ensuite  par  Drége,  dans  le  bai  de  Delagoa; 
par  AL  Barber  près  Somerset,  et  près  des 
frontières  orientales  des  possessions  an- 
glaises dans  l’Afrique  du  sud  parM.  Ilulton. 
H y a trois  ans  qu’elle  a fleuri  pour  la  pre- 
mière fois  dans  le  jardin  de  Kew. 


REVUE  DES  PUBLICATIONS  HORTICOLES  RE  L’ÉTRANGER. 


•IjOlielfa  nfcotfiana^folia*  Hevne,  ]>1.  5587. 

Belle  plante  originaire  du  Neilglierry  et 
■d’autres  montagnes  de  la  presqu’île  de  l’Inde 
et  de  Ceylan,  dont  les  graines  furent  en- 
voyées au  jardin  de  Kew  par  M.  A.  Black, 
directeur  des  jardins  botaniques  de  Banga- 
lore. Elle  a fleuri  en  serre  tempérée  en  jan- 
vier dernier.  C’est  une  espèce-  gigantesque; 
les  pieds,  à Kew,  ont  atteint  !2  mètres  de 
hauteur  et  ont  été  couverls  d’amples  grap- 
pes spiciformes  serrées,  composées  d’in- 
nombrables (leurs  assez  grandes  d’un  lilas 
très-pâle.  Il  paraît  que  celte  plante,  dans 
son  pays,  peut  atteindre  4 mètres  de  hau- 
teur. La  tige  a à sa  base  l’épaisseur  du 
bras.  Los  feuilles  lancéolées,  |)resque  ses- 
siles  et  dentelées  au  bord,  atteignent  0"‘.30 
à 0“L70.  Les  anthères  sont  d’un  bleu  foncé. 

;l.Bîeylosiîîe  J.  D.  IIooKEU.  pl.  5588. 

Plante  appartenant  à la  famille  des  Acan- 
Ibacées,  introduite  par  MM.  Veitch  et  tils. 
du  Guayaquil.  C’est  une  des  plus  belles 
Acanthacées  tropicales  introduites  de  ces 
contrées.  Sous-arbrisseau  à liges  quadran- 
gulaires,  à feuilles  glabres  ou  un  peu  duve- 
teuses, courtement  péliolées,  ovales-oblon- 
gues  ou  ovales-lancéolées,  longues  de  10  à 
25  centimètres.  Les  fleurs  sont  disposées 
en  grandes  j)anicules  allongées.  La  couleur 
des  "corolles  à limbe  enroulé  vers  l’extérieur 
est  un  pourpre  vineux;  le  calice  et  les  pedi- 
celles  sont  de  la  même  couleur;  les  an- 
thères, qui  avec  le  style  font  saillie  en  de- 
hors de  la  corolle,  sont  jaunes. 

.^lîgî’iPCBisia  l'IïftiîlMamsBia.  J.  D.  HuOKER, 
pl.  5589. 

Celte  petite  espèce,  qui  fut  envoyée  au 
jardin  de  Kew  du  Cabon  par  M.  du  Chaillu, 
a fleuri  pour  la  première  fois  en  mai  der- 
nier. Elle  fut  également  envoyée  parM.  Gus- 
tave Mann,  de  la  rivière  Nun.  La  tige  de 
celle  (Jrchidée  épiphyte  atteint  O'^.iO  à 
0'^'.25;  elle  est  de  l’épaisseur  du  petit  doigt. 


M7 

Les  feuilles  ondulées  au  bord,  très-eoriaces, 
ligulées,  longues  de  8-15  cent.,  larges  de 
O cent.,  sont  bilobées  au  sommet  à lobes 
très-inégaux,  arrondis.  Les  fleurs,  d’uii 
blanc-verdâtre  à sépales,  pétales  et  labelle 
semblables  de  forme  et  de  longueur,  étroites 
et  très-pointues,  sont  munies  d’un  éperon 
qui  atteint  7-12  cent,  de  longueur. 

Elleinia  fulgeaas,  J.  D.  HOOKEII,  pl.  5590. 

Composée  formant  un  petit  sous-arbris- 
seau qui  atteint  0'".70âl  mètre  de  hauteur, 
â feuilles  courtement  péliolées,  ovales- 
oblongues,  glamiues,  charnues,  à capitules 
florales  isolés  ou  réunis  par  deux  aux  extré- 
mités des  rameaux.  Les  tleurs  sont  d’un 
rouge-orangé  très-brillant  et  cette  espèce 
doit  prendre,  par  son  port  et  par  ses  fleurs, 
un  rang  élevé  parmi  les  plantes  grasses.  Elle 
fut  envoyée  par  M.  Plant,  de  Port-Aatal,  â 
M.  Saunders,  cultivateur  et  monographe 
de  ces  sortes  ele  plantes  succulentes. 

l'reniOBiâia  l'aliloiaiifa,  TORUEY,  pl.  5591 , 

Un  bel  arbuste  singulier  et  très-rustique 
de  la  Californie,  introduit  en  Europe  par 
MM.  Veitch,  dans  l’établissement  desquels  il 
a fleuri  en  juin  dernier.  C’est  une  plante 
qui  se  couvre  de  tleurs  au  premier  prin- 
temps, à l’époque  de  la  floraison  des  For- 
sythia, et  dont  la  Ikviie  horticole  donnera 
prochainement  une  figure  colorié. 

a'crïîaBidosia  roSussôa,  B.YTEMAN,  ])1.  5592. 

Orchidée  originaire  du  Cuatémala,  où 
elle  fut  trouvée  par  M.  Skinner.  C’est  une 
plante  à tige  dressée,  haute  de  0™.33  envi- 
ron. Les  feuilles  carénées,  longues  de 
25  millim.,  s’engaînent  les  unes  dans  les 
autres;  les  fleurs  solitaires,  pendantes,  d’un 
jaune  de  soufre  avec  des  stries  transversales 
et  de  petites  macules  rouges,  naissent  dans 
les  aisselles  des  feuilles  supérieures;  chaque 
pédoncule  floral  porte  à sa  base  deux  à trois 
fjractées  triangulaires  pointuos. 

J.  Gr.aENL.\AD. 


SIR  LA  VALELR  CLLINAIRE  DE  TROIS  PLANTES  POTAGÈRES 

CHINOISES. 


Le  6 septembre  I8G4,  la  Société  impé- 
riale d’acclimatation  recevait  de  BI.  de  Blon- 
ligny,  consul  de  France  en  Chine,  un  nouvel 
envoi  de  graines  diverses,  parmi  lesquelles 
se  trouvaient  : le  Chou-Navet  de  Chine,  la 
Salade  chinoise  et  le  Chou  de  Chang-ton. 
Ces  graines  ayant  été  mises  en  distribution, 
je  pus  m’en  procurer  quelques-unes  de  cha- 
que sorte;  je  les  semai  et  les  cultivai  avec 
pn  très-grand  soin  dans  mon  domaine 
d’Ilannoncourt.  Voici  le  résultat  de  mes 
observations  ; 

U Chou-Navet  de  Chine,  Colle  plante, 
toute  nouvelle  pour  nos  jardins,  avait  par- 


ticulièrement fixé  Fallenlîon  et  piqué  la 
curiosité  de  plusieurs  amateurs  de  légumes, 
notamment  la  mienne,  en  ce  qu’elle  était 
annoncée  comme  offrant  une  double  récolte 
sur  le  même  pied,  c’est-à-dire  une  pomme 
de  Chou  et  un  Navet.  Je  n’avais  reçu  qu’un 
nombre  très-restreint  de  graines,  et  cepen- 
dant il  était  important,  comme  cela  doit  tou- 
jours se  faire  pour  le  succès  de  toute  en- 
treprise, d’établir  au  moins  trois  saisons; 
c’est  ce  que  je  fis. 

La  première  fut  faite  en  pot,  le  13  avril 
1865;  je  repiquai  mes  jeunes  plantes  en 
pince  le  20  du  môme  mois  sur  une  plate- 


418 


smi  L.\  VALÈUÎ\  tl'LINAinE  DE  TROIS  PLANTES  POTAGÈRES  CHINOISES. 


bande  préparée  à l’avartce  pour  les  recevoir. 
Je  les  disposai  en  quinconce  et  les  espaçai 
de  Û*".25  en  tous  sens.  Peu  de  temps  après 
le  repiquage,  je  ne  tardai  pas  à m’aperce- 
voir d’un  certain  renflement  de  la  racine 
au  niveau  du  sol  ; en  un  mot,  elles  prenaient 
simultanément  toute  la  forme  de  nos  Na- 
vels; bientôt  les  tiges  florales  se  dévelop- 
pèrent avec  rapidité,  et  les  fleurs  commen- 
cèrent à s’ouvrir  dans  le  courant  de  mai. 
Mais  cà  ce  moment  toutes  les  tiges,  feuilles, 
fleurs  et  boutons  furent  envahis  par  des 
pucerons  et  des  coléoptères,  inconnus  de 
moi,  qui  détruisirent  une  grande  partie  des 
fleurs,  en  portant  une  atteinte  des  plus 
graves  à la  fructification.  C’est  avec  beau- 
coup de  peine  que  je  pus  récolter  ma  pro- 
vision de  graines  pour  cette  année. 

Le  24  juillet,  je  fis  un  deuxième  semis,  et  | 
les  jeunes  plantes  furent  traitées  de  la  même 
manière  que  les  précédentes.  Les  racines  se 
turbinèrent  aussi  de  même,  et  je  remarquai 
sur  certains  individus  que  plusieurs  tiges 
sortaient  du  collet.  Mais,  toutefois,  je  ne  fus 
pas  heureux,  et  de  ce  semis  je  n’obtins  pas 
une  seule  fleur;  tous  mes  Choux-Navets  de 
Chine  fondirent  sans  que  je  pus  me  ren- 
dre compte  de  la  cause  qui  les  faisait  dis  - 
paraître. Ce  n’est  que  de  ma  troisième  sai- 
son, faite  le  20  août  et  mise  en  place  le 
8 septembre  dans  les  mêmes  conditions  de 
culture  déjà  indiquées,  que  j’obtins  des 
plantes  à l’état  normal,  si  je  puis  m’expri- 
mer ainsi.  J’eus  alors  des  Navets,  mais  pas 
de  pommes  de  Choux. 

Mangé  cru,  le  Chou-Navet  de  Chine  a le 
goût  de  la  Moutarde,  du  Raifort,  du  Radis 
noir  : ce  serait  un  Sinapis  que  je  n’en  serais 
pas  surpris.  Dans  le  pot-au-feu,  en  haricot 
de  mouton,  il  a toujours  rappelé  la  mou- 
tarde ; ce  goût  fortement  prononcé  l’empê- 
chera, je  le  crains,  d’être  employé  en  cui- 
sine. Ses  feuilles,  qui  m’ont  paru  sensibles 
aux  gelées,  ont  beaucoup  d’analogie  avec 
celles  du  Sinapis  arvensis;  les  animaux  do- 
mestiqu-es  auxquels  j’en  ai  offert  l’ont  mé- 
diocrement accepté;  sous  le  rapport  fourra- 
ger, il  me  serait  donc  impossible  de  recom- 
mander le  Chou-Navet  de  Chine  \ 

2«  Salade  chinoise.  A l’examen  de  la 
graine,  il  fut  assez  facile  de  reconnaître  que 
j’avais  affaire  à une  plante  du  genre  Chry^ 
santhème  ; en  effet,  quelques  temps  après 
mon  premier  semis,  qui  fut  fait  en  pot  le 
i 3 avril,  les  plantes,  qui  donnèrent  des  fleurs 
jaunes,  me  firent  l’effet  du  Chrysantheniuni 
segetuni;  mais,  en  comparant  ces  deux  plan- 
tes, je  crus  remarquer  une  notable  différence, 
et  je  reste  convaincu  que,  si  ces  plantes  ne 
forment  pas  deux  espèces  distinctes,  la<Sa- 

' Il  ressort  nettement  de  font  ce  que  dit  M.Rossin, 
que  la  plante  n’est  pas  un  Gliou.  Pourquoi  lui  con- 
server ce  nom?  — (Rédaction.) 


lade  chinoise  est  au  moins  une  variété  du 
Chrysmthemunî  segetum.  Cette  opinion  est 
aussi  celle  d’un  savant  botaniste  de  Mantes, 

M.  Lecureur.  Ayant  semé  les  deux  plantes  à 
côté  l’une  de  l’autre,  au  printemps  de  celle 
année,  j’ai  pu  constater  de  nouveau  des 
différences  très-sensibles  dans  le  port,  dans 
les  feuilles  et  dans  les  fleurs. 

Semée  d’automne  en  pleine  terre,  la  Sa-  , 
lade  chinoise  a produit  des  petites  masses  | 
rondes  de  verdure  ayant  un  peu  l’aspect  de 
la'Màche  ronde  de  nos  jardins,  avec  laquelle 
elle  pourra  concourir  et  rivaliser,  si  l’on 
parvient  à s’habituer  à son  goût  de  Chry- 
santhème et  à son  arôme  très-développé; 
chez  moi,  où  la  Mâche  à larges  feuilles  ne 
réussit  que  difficilement  et  où  elle  est  sou- 
vent et  totalement  détruite  par  le  ver 
I blanc,  la  Salade  chinoise  est  très-belle  et 
ne  craint  pas  la  gelée. 

Associée  à laScarolle  ronde,  au  Céleri  et 
à la  Mâche,  cette  nouvelle  plante  fut  offerte 
par  moi  à l’attention  et  à l’examen  de  plu- 
sieurs convives.  Les  avis  furent  partagés  : 
les  uns  la  repoussèrent  d’une  manière  ab- 
solue; d’autres  ne  la  trouvèrent  pas  trop 
mauvaise;  enfin,  il  s’en  trouva,  et  je  suis  du 
nombre,  qui  ne  la  jugèrent  pas  désagréable 
au  palais. 

3»  Chou  de  Chang-ton'.  Si  les  deux  plan- 
tes précédentes  ne  m’ont  offert  qu’un  avan- 
tage plus  que  secondaire  sous,  le  rapport 
culinaire,  il  n’en  est  pas  ainsi  du  Chou  de 
Chang-ton;  celte  plante  mérite  une  men- 
tion toute  particulière  et  rattenlion  des 
amateurs  de  bons  légumes.  Le  Chou  de 
Chang-ton  est  d’une  culture  facile;  il  réus- 
sit bien  chez  moi,  où  il  a bravement  sup- 
porté l’hiver  de  18G5-60  sans  couverture  et 
sans  abri  à l’air  libre.  Le  Chou  de  Chang- 
ton  est,  selon  moi,  une  des  bonnes  plantes 
potagères  exotiques.  Pour  en  obtenir  un 
bon  produit,  il  faut  le  semer  vers  la  deu- 
xième quinzaine  d’août. 

Ainsi  que  le  Chou-Navet  de  Chine,  je 
semai  et  repiquai  en  même  temps  le  Chou 
de  Chang-ton.  Ma  première  et  ma  deuxième 
saison  ne  me  donnèrent  aucun  résultat.  La 
première  fondit  subitement  après  avoir 
montré  une  belle  végétation  pendant  quel- 
ques temps.  La  seconde,  couverte  comme 
la  première  par  une  espèce  de  poussière 
blanche  ayant  assez  de  ressemblance  avec 
le  blanc  des  Rosiers,  succomba  sous  ce  re- 
grettable fléau,  que  je  n’avais  pas  encore  vu 
s’abattre  sur  les  Crucifères.  Dans  mon  troi- 
sième semis  du  20  août,  je  trouvai  une 
petite  larve  noire,  longue  de  2 centimètres 
environ,  et  qui,  en  novembre,  dévorait  les 
feuilles  du  Cho\i  de  Chang-ton,  mais  d’une 
manière  tellement  exclusive  qu’elle  n’atla- 

"î  Celte  pifiiüe  n’est  autre  que  le  /V/-.s7//,(Voir  Ile- 
vue  hortieule,  l8Gü,  ('.liiuniciuc,  page  384.) 


419 


SLR  I.A  VALRUU  CljLLNAlUE  DÉ  T14 

(jiiail  pas  les  plants  de  Choux  pain  de  sucre 
i-e|)i(iués  en  pépinière  tout  à côté.  Celte 
larve,  qui,  in’a-t-on  dit,  est  celle  d’un 
ColéoplèrCy  a fait  celte  année  son  appa- 
rilion  pour  la  première  fois  dans  mon  jar- 
din. Depuis  plus  de  cinquante  ans  que  je 
cultive  des  choux  de  toutes  sortes,  c’est  la 
I première  année  que  je  l’observe  ^ ; je  dois 
i ajouter  que  nos  chenilles  vertes,  ainsi  que 
celle  jaune  et  noire  qui  dévoraient  mes 
I Choux  pain  de  sucre,  paraissaient  avoir 
! un  superbe  dédain  pour  les  plantes  du  Cé- 
leste Empire,  car  pas  une  ne  les  a atta- 
quées. 

Le  Chou  de  Chang-ton,  par  son  aspect 
2:énéral  et  surtout  par  ses  larges  côtes  blan- 
ches et  assez  saillantes,  a de  loin  beaucoup 
de  rapport  avec  les  Poirccs  à Cardes.  Les 
I plantes  portent,  tant  sur  les  bords  que 
I sur  toute  leur  surface,  de  petits  poils  dans 
i le  genre  de  ceux  qui  couvrent  les  feuilles 
de  la  Bourrache,  mais  en  bien  moindre 
quantité.  Les  feuilles  du  centre  sont  cris- 
pées. Dans  son  ensemble,  et  arrivé  tà 

ENGRAIS 

Les  engrais  jouent  un  grand  rôle  en  hor- 
ticulture, et  surtout  les  engrais  liquides, 
préconisés  depuis  quelque  temps  et  avec 
raison. 

Nos  voisins,  les  Anglais  et  les  Belges,  s’en 
sont  servis  longtemps  avant  que,  chez  nous, 
cette  pratique  fût  connue. 

^ De  tous  les  engrais  préconisés,  la  matière 
fécale  est  peut-être  le  plus  efficace  et  ce- 
pendant le  moins  usité,  à cause  de  sa  mau- 
i vaise  odeur  et  peut-être  aussi  à cause  d’une 
! certaine  pruderie. 

On  fabrique  une  grande  quantité  d’engrais 
I artificiels  qui  prennent  faveur  au  moyen  des 
I réclames,  et  l’on  délaisse  ce  que  chacun  a 
sous  la  main.  Cependant,  en  horticulture 
! comme  en  agriculture,  l’économie  des 
moyens  doit  être  recherchée,  et  celui  qui 
s’apt)lique  à vulgariser  la  science  rend  ser- 
vice à l’humanité  entière. 

Je  crois  donc  utile  de  recommander  l’em- 


GYNERtint 

Celte  variété  s’est  produite  au  Muséum,  et 
sa  première  floraison  s’est  clfectiiée  en  1800. 
Nous  avons  d’abord  songé,  en  la  voyant,  à 
lui  donner  le  qualificatif  de  atropurpurea^ 
qu’elle  semble  mériter  par  sa  couleur  rouge 
foncé;  mais,  réfléchissant  qu’on  ne  doit  ja- 
mais iirétendre  avoir  atteint  le  maximum  et 

Nous  avons  aussi  rciuaniuc  celle  nicnie  larve 
au  Musciuu,  ainsi  que  dans  d’autres  jardins  où 
nous  avons  vu  le  Vet-saï.  — Rédaction, 


S PLANTES  PüTAGEl’.ES  CHINOISES. 

son  maximum  de  développement,  le  Chou 
de  Chang-ton  n’a  que  cinq  ou  six  rangées 
de  feuilles  parlaitemenl  imbriquées  inté- 
rieurement, ce  qui  lui  donne  la  forme  d’un 
vase  conique  ou  d’un  entonnoir.  D pèse 
alors  de  4ü0  à 500  grammes. 

Les  feuilles  vertes  du  Chou  de  Chang-ton 
sont  sans  saveur  appréciable  au  palais. 
Cuites  au  jus,  elles  otfrent  un  excellent 
mets,  qui  rappelle  néanmoins  un  peu  le 
goût,  mais  très-léger,  de  la  Rave.  Préparées 
comme  les  Epinards  et  la  Chicorée,  elles 
procurent  un  plat  délicieux.  J’appelle  donc 
l’attention  sur  le  Chou  de  Chang-ton^  qui 
offrira  certains  avantages  en  cuisine  pendant 
une  partie  de  l’automne  et  surtout  pendant 
l’hiver,  époque  oû  les  légumes  frais  sont 
rares.  Il  a commencé  à fleurir  vers  la  fin  de 
février. 

Sous  le  rapport  fourrager,  cette  plante 
pourrait  peut-être  aussi  présenter  quelques 
avantages  pour  la  nourrriture  du  bétail;  les 
vaches  la  mangent  avec  une  avidité  rare. 

Rossin. 

LIQUIDES. 

ploi  des  matières  fécales,  dont  j’ai  obtenu 
les  meilleurs  résultats  sur  des  cultures  très- 
diverses  et  très-variées,  qu’il  serait  trop  long 
d’énumérer. 

J’emploie,  à l’air  libre,  les  matières  féca- 
les telles  qu’elles  sortent  de  la  fosse,  dans 
la  proportion  d’un  litre  pour  quatre  litres 
d’eau,  et,  pour  les  plantes  en  pots  et  en  serre, 
dans  la  même  proportion  ; mais,  dans  ce 
dernier  cas,  après  les  avoir  désinfectées 
avec  du  sulfate  de  fer  (qui  lui-même  est 
un  adjuvant)  dans  la  proportion  d’un  kilo- 
gramme par  hectolitre. 

Comme  cet  arrosement  répand  néanmoins 
dans  les  serres  une  odeur  désagréable, 
j’arrose  le  soir  et  place  dans  la  serre  du 
chlorure  de  chaux,  qui,  dans  la  nuit,  enlève 
entièrement  l’odeur. 

C’est,  je  le  répète,  l’engrais  le  plus  actif,  le 
plus  facile  à employer,  le  plus  économique, 
et  très-probablement  le  meilleur,  j.  Sisley. 

QJRPUREIJM. 

que  peut-être,  plus  tard,  on  obtiendrait  une 
variété  à Heurs  encore  plus  foncées,  nous 
avons  préféré  laisser  de  la  marge  et  prendre 
le  qualificatif  de  purpurea,  qui  indique  un 
rouge  pourpre,  mais  non  de  la  dernière  in- 
tensité. Voici  les  caractères  qu’elle  présente  : 

Plante  très-vigoureuse  atteignant  D‘i.50, 
parfois  plus,  de  hauteur.  Feuilles  raides, 
dressées,  puis  réllécbies,  d’un  vert  assez 
foncé,  non  glauque.  Hampe  robuste,  droite. 


1 


420 


GYNERlü.ù  PLRPUREÜM. 


s’élevant  au-dessus  des  feuilles,  terminée 
par  une  panicule  excessivement  grosse,  très- 
fournie  et  très-compacte,  d’unrouge  pourpre. 
Cette  variété  commence  à tleurir  vers  le 

AFFAIBLISSEMENT,  PUIS 

Si  tous  les  types  étaient  d’une  meme  force 
organique  et  identiquement  les  mêmes  ; si 
le  milieu  dans  lequel  ils  vivent  ne  changeait 
pas  non  plus  constamment,  il  y aurait  une 
monotonie  uniforme  dont  on  ne  peut  se 
faire  idée  et  au  milieu  de  laquelle  l’homme, 
continuellement  changeant,  ne  pourrait 
vivre.  Mais  il  n’en  est  rien,  et  par  suite 
cette  loi  fondamentale  qu’on  nomme  attrac- 
tion, affinité,  sympathie,  etc.,  en  vertu  de 
laquelle  tout  s’attire  et  tend  à se  mettre  en 
rapport  : de  là  la  diffusion  et  la  variabilité 
infinies.  Mais  comme  ces  attractions  sont  de 
diverses  natures  et  d’inégales  forces,  on 
voit  alors  certains  types  en  dominer  d’au- 
tres et  tendre  même  à les  faire  disparaître 
en  les  absorbant.  Le  Spirxa  Fortunci 
fournit  cet  exemple  remarquable.  En  effet, 
lorsqu’on  cultive  des  Spirxa  salicifolia  au 

PLANTES  NOUVELLES,  E 

Ma  tope  malacoides,  Lin.  Plante  annuelle, 
herbacée,  s’élevant  d’environ  75  centimè- 
tres à 1 mètre,  à tige  très-ramifiée  dès  la 
base  et  formant  une  ample  pyramide,  à ra- 
mufications  inclinées,  un  peu  redressées  à 
leur  extrémité  : celles  de  la  base  sont  éta- 
lées sur  le  sol  et  forment  une  vaste  rosette 
dont  les  extrémités  se  redressent  et  forment 
autour  de  la  pyramide  centrale  comme  une 
corbeille  fleurie.  Feuilles  alternes,  pétio- 
lées,  entières,  ovales-arrondies,  un  peu  cor- 
diformes  crénelées,  d’un  vert  agréable. 
Fleurs  grandes,  longuement  pédonculées, 
ressemblant  beaucoup  à celles  de  la  Lava- 
tère  à grandes  fleurs  roses  {Lavatera  tri- 
iiiestrh^  si  répandue  dans  tous  les  jardins; 
mais  la  teinte  rose  en  est  plus  belle  et  plus 
vive  et  se  voit  de  très-loin. 

' Cette  plante  est  recommandable,  surtout 
en  ce  que  sa  floraison  est  très-abondante, 
(lu’elle  commence  en  juillet  pour  se  prolon- 
ger jusqu’aux  gelées.  Ce  qui,  en  outre,  la 
rend  supérieure  et  préférable  à la  Lavatère 
à grandes  fleurs  roses,  c’est  que,  tandis  que 
celle-ci  est  généralement  peu  ramifiée, 
qu’elle  se  dégarnit  rapidement,  et  que  sa 
floraison  ne  dure  guère  qu’un  mois  en- 
viron, le  Malope  malacoides  est  très-garni, 
et  ne  cesse  de  se  ramifier  et  de  fleurir  abon- 
danimcnt  jusqu’après  les  premiers  froids. 

Ces  ([uaiilés  remlciU  le  Malr-pc  uialacui- 
des  précieux  pour  la  formation  des  grands 


cominencemeiit  de  septembre;  c’est  une 
très-belle  plante,  très-probablement  la  plus 
foncée  de  toutes  les  variétés  aujourd’hui 
connues.  E.  A.  Carrière. 

DISPARITION  DES  TYPES. 

près  de  lui,  celui-ci  tend  à disparaître,  tandis 
que  celui-là,  au  contraire,  tend  à commu- 
niquer ses  caractères;  de  sorte  que  les  indi- 
vidus provenant  de  graines  de  Spirxa  sali- 
cifolia récoltées  sur  des  individus  cultivés 
dans  le  voisinage  du  Spirxa  Fortunei  sont 
presque  tous  plus  ou  moins  influencés;  les 
feuilles,  les  fleurs  surtout,  sont  profondé- 
ment modifiées  et  l’inflorescence  au  lieu 
d’être  en  épis  est  en  ombelle.  Nous  avons  vu 
des  planches  entières  de  plants  de  Sp.  sa- 
Ucifolia  qui  avaient  revêtu  une  partie  des 
caractères  du  Sp.  Fortunei.  C’est  en  vertu 
de  cette  grande  loi  que  se  fait  l’extension  de 
certains  types  et  la  diminution  de  certains 
autres,  et,  comme  conséquence,  la  prédo- 
minance à la  surface  du  globe  de  certains 
genres  de  végétaux. 

E.  Lerâs. 

IDES  OU  PEU  CONNUES. 

massifs  et  pour  rornementation  des  plates- 
bandes  des  grands  jardins;  on  peut  même 
en  obtenir  d’excellents  résultats  en  l’isolant 
ou  bien  en  en  formant  des  groupes  de  3 ou 
5 pieds,  sur  les  pelouses.  Les  fleurs  coupées 
font  bien  dans  les  bouquets  et  les  garnitu- 
res de  vases  où  les  boutons  continuent  à 
s’épanouir. 

La  multiplication  a lieu  de  graines  qu’on 
sème  en  pépinière  au  printemps  et  que  l’on 
traite  de  la  même  façon  que  s’il  s’agissait 
de  Balsamines,  de  Lavatera  trimestris  ou 
d’autres  plantes  annuelles  de  nos  jardins. 

Broussonetia  disserta  nova.  Sous  ce  nom, 
nous  comprenons  des  plantes  issues  par 
graines  du  Broussonetia  papirifera.  Ces 
plantes,  au  nombre  d’une  trentaine  environ, 
rappellent  assez  exactement  le  Bnmssoue- 
tia  papirifera  disserta,  plante  si  singu- 
lière, naine,  très-buissonneuse,  et  qui,  au 
lieu  de.  s’élever,  s’étale  sur  le  sol  en  formant 
une  masse  très-compacte.  Au  lieu  de  buis- 
sonner,  le  Broussonetia  disserta  iiova  paraît: 
vouloir  s’élever,  et  aujourd’hui  ces  plantes, 
âgées  de  5 mois,  sont  élancées  et  sem- 
blent disposées  à s’élever.  Celle  variété,  des- 
plus  curieuses,  est  Mue  à M.  Billiard,  dit  la 
Graine,  qui  l’a  obtenue  cette  année. 

E.  A.  Carrière.' 

L’un  des  rroprk'Uiros  ; sï  a n t c e ni  X » o 
MoDtcTcaa.  — - lmp.  deldon  Zanoto. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  NOVEMBRE). 

L’Exposition  universelle  de  1867. — Projet  de  création  d’une  Ecole  do  maraîchage  à l’île  de  Billancourt. 

— Circonstances  qui  ont  empêché  la  rcaiisatinii  de  ce  projet.  — Les  nouveaux  légumes.  Epinard 

d’Australie  ou  de  la  Nouvollo-llollande.  — Le  Chpnopnd'mm  aurironmm  et  le  Telra(ionia  expama.  Le 

New-Qneensland  spinaije,  Ic  Quhwade  l'Amiralïe  et  \e  Clienopndium  album.  — Mo(iuin-ïandon.  La 

salade  d’Ancône.  — La  Poiréc-Cardc  du  Chili.  ■ — Ce  (lue  valent  ces  deux  nouveautés.  — Conifère 
vendue  sous  le  nom  do  Relinuspora  leplocJad'i.  — Histoire  de  cette  plante.  — C’est  la  foi  qui  sauve 

— Les  Heurs  du  Cynerium.  — Est-il  vrai  (lue  les  Gynérium  mâles  sont  plus  ou  moins  rouges?  — 
Gynérium  Marabout,  du  lleuriste  de  la  ville  de  Paris.  — Mort  de  M.  Siehold.  — La  Poire  Beurré  de 
Nesselrodc.  — M.  Eugène  Glady.  — Fraise  nouvelle  Ananas  perpétuel  (Cloëde).  — D’on  vient  le  Chou- 

Rave?  — Expérience  faite  au  Muséum.  — Diverses  formes  de  VAcer  Montpessulanum.  h’Acer 

(■retium.  — Qu’est-ce  que  VArer  Neapolitaniim'l  — Qu’est-ce  que  le  Cytisus  Alpinns't  — Le  Morus 
Italka.  — Disparition  des  espèces.  — Qu’est-ce  qu’une  espèce?  — Comment  on  fabrique  les  espèces. 


Bien  que  le  Champ-de-Mars,  où  se  tiendra 
l’Exposition  universelle  de  1807,  soit  très- 
grand,  il  est  loin  de  l’être  suffi  sam  ment 
pour  répondre  tà  certains  besoins  de  l’in- 
dustrie, par  exemple  à ceux  de  la  méca- 
nique agricole.  Il  ne  suffit  pas,  en  effet,  do 
montrer  des  machines,  il  faut  les  voir  ma- 
nœuvrer, car  c’est  seulement  ainsi  qu’on 
peut  les  juger,  et  pour  cela  de  très-grands 
emplacements  sont  nécessaires. 

A cet  effet,  la  commission  chargée  d’or- 
ganiser l’exposition,  a loué  le  terrain  qui 
comprend  l’île  de  Billancourt,  dont  la  sur- 
face est  de  ^22  hectares  environ. 

Sur  cette  quantité  de  terrain,  0,800  mètres 
avaient  été  accordés  à la  Société  des  Maraî- 
clierSj  qui  devait  y établir,  à ses  frais,  une 
culture  maraîchère  modèle  des  légumes  qui 
figurent  chaque  année  à la  halle  de  Paris. 
Cette  Société,  dontM.  Ijaizier,  maraîcher  à 
Clicliy-la-Garenne,  est  le  président,  devait 
commencer  ses  travaux  vers  la  fin  d’août, 
aussitôt  après  le  labour  du  terrain  qui  lui 
avait  été  accordé.  Malheureusement,  plu- 
sieurs incidents  sont  venus  déranger  ou 
plutôt  faire  avorter  les  projets.  D’abord  le 
terrain  n’a  pas  été  remis  à l’époque  conve- 
nue, ce  qui  occasionnait  un  retard  pour 
commencer  les  travaux  ; il  n’avait  pas  non 
plus  été  défoncé,  ainsi  qu’il  devait  l’être 
d’après  les  conventions,  et  aucune  construc- 
tion n’avait  été  faite  pour  remiser  les  châs- 
sis, les  cloches,  etc.,  ainsi  que  cela  était  con- 
venu également.  Ces  difficultés  n’auraient 
cependant  pas  empêché  l’École  des  maraî- 
chers de  s’établir,  si  les  grandes  eaux  qui 
sont  survenues  au  commencement  de  sep- 
tembre n’avaient  recouvert  une  grande  par- 
tie du  terrain  et  épouvanté  les  maraîchers; 
ils  ont  craint  un  nouveau  sinistre  et  ont 
cherché  à justifier  leurs  craintes  en  disant 
que,  toutes  les  fois  qu’il  y a des  déborde- 
ments avant  l’hiver,  on  peut  être  à peu 
près  certain  de  les  voir  se  renouveller  avant 
i’été  suivant.  En  conséquence,  et  dans  cette 
prévision,  ils  ont  demandé  une  garantie  que 
la  commission  impériale  n’a  pas  cru  devoir 
leur  donner.  Nous  n’avons  pas  à nous  pro- 
noncer dans  cette  affaire.  Nous  regrettons 
seulement,  comme  tout  le  monde,  que  ce 
projet  ne  se  soit  pas  réalisé,  car  le  maraî- 

16  Novemüre  1866. 


chage  de  Paris  est  unique  en  son  genre,  et 
tous  les  visiteurs  auraient  eu  sous  les  yeux 
une  véritable  Ecole  modèle,  qui  fait  à peu 
près  défaut  en  France,  où  l’on  ne  comprend 
pas  assez  les  services  qu’elle  rendrait  au 
pays.^  ^ 

, Voici  comment  devait  être  constituée  cette 
École  de  maraîchage  : 

Un  certain  nombre  de  maraîchers  très- 
capables  devaient  former  une  sorte  de  com- 
mission exécutive,  qui  se  serait  réunie  aussi 
souvent  que  cela  eût  été  nécessaire;  cette 
commission  devait  donner  les  ordres  par 
écrit,  lesquels  auraient  été  affichés,  de  sorte 
que  tous  les  visiteurs  auraient  pu  voir  quels 
étaient  les  travaux  à opérer,  pour  qu’il  n’y 
eût  ni  temps,  ni  terrain  perdu,  et  qu’on  ne 
manquât  jamais  de  légumes.  Pas  un  mètre 
de  terrain  ne  devait  rester  un  seul  instant 
improductif;  chaque  parcelle,  dépouillée  de 
sa  récolte,  devait  être  emblavée  au  plus  tard 
le  soir  du  même  jour.  Il  y aurait  donc  eu  là, 
nous  le  répétons,  une  Ecole  d’un  haut  ensei- 
gnement. 

—Un  nouveau  légume  dont  on  parle  beau- 
coup en  ce  moment  est,  dit-on,  « un  Epinard 
d’Australie  ou  de  la  Nouvelle-Hollande.  » 
Cette  plante,  qui  n’est  autre  que  le  Cheno- 
podiiim  auricomum,  Lindl.,  n’est  pas  pré- 
cisément c(  toute  nouvelle,  » puisqu’elle  est 
cultivée  au  Muséum  depuis  5 ou  6 ans.  Mé- 
rite-t-elle  tous  les  éloges  qu’on  en  fait? 
Vauhelle  mieux  que  ce  que  nous  possédons 
déjà  dans  ces  sortes  de  plantes?  En  un  mot, 
est-elle  préférable  au  Tefragonia  expansa 
qu’on  cultive  depuis  longtemps,  qui  estégale- 
ment  originaire  de  l’Australie,  et  qui  est 
aussi  désigné  sous  le  nom  « iV Epinard  de  h 
Nouvelle-Hollande?  » Cela  paraît  douteux, 
surtout  si  l’on  se  rappelle  que  le  Tetragonia 
expansa  est  très-vigoureux,  qu’il  vient  â peu 
près  partout,  et  que,  plus  il  fait  chaud, 
plus  il  pousse,  même  sans  être  arrosé;  de 
plus,  ce  légume,  de  l’aveu  des  connais- 
seurs, a des  qualités  culinaires  qui  le  ren- 
dent précieux.  Malgré  toutes  ces  qualités, 
malgré  les  recommandations  et  les  encoura- 
gements, qui  certainement  n’ont  pas  man- 
qué à la  Tétragone  étalée,  sa  culture  est 
encore  pour  ainsi  dire  à l’état  d’essai.  On 


22 


42^2  CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIERE  QUINZAINE  DE  NOVEMRRE). 


est  donc  en  droit  de  se  demander  si  le  nou- 
veau venu  à chance  de  l’emporter  sur  son 
aîné.  Est-ce,  d’ailleurs,  la  peine  de  faire  tant 
de  bruit  pour  cette  prétendue  nouveauté,  dif- 
férant à peine  d’une  mauvaise  plante  très- 
commune  dans  les  terrains  incultes,  qui 
pullule  dans  la  plupart  des  jardins,  sous 
forme  de  mauvaise  herbe,  et  qui  couvre  les 
décombres  dans  presque  tous  les  villages? 

Le  New-Queensland  spinage,  le  Qiiinoa 
de  r Australie,  le  Chenopodiimi  auricomum 
enfin,  diffère  à peine  du  Chenopodium  al- 
buniK  Disons,  du  reste,  que  cette  plante  est 
très-répandue  en  Amérique,  et  que  là  aussi 
les  bonnes  femmes  en  ramassent  pour  nour- 
rir leurs  oiseaux,  absolument  comme  on  le 
fait  en  France  pour  le  très-proche  parent 
du  C.  auricomum.  On  pourrait  donc  les 
confondre  sous  cette  même  qualification  : 
V Herbe  aux  Serins. 

Quant  au  qualificatif  auricomum  (cheve- 
lure d’or),  il  aurait  besoin  d’être  plus  jus- 
tifié, puisqu’il  s’applique  à des  fleurs  qui,  au 
jieu  d’être  vertes,  sont  à peine  blanchâtres. 

— Puisque  nous  parlons  nouveautés  cu- 
linaires, disons  quelques  mots  d’une  sorle 
de  plante  dont  on  commence  à parler  tout 
bas  (c’est  un  ballon  d’essai)  et  dont  très- 
probablement  on  ne  tardera  pas  à parler 
tout  haut.  Cette  nouveauté  est  la  Salade 
d'Ancône.  Qu’est-ce  que  cela?  On  pourrait 
le  donner  en  mille  et  on  ne  le  devinerait 
pas.  Il  s’agit  simplement  ici  d’une  plante 
marine  dont  on  extrait  le  sel  de  Soude, 
le  Salsola  sof/u,  plante  d’une  culture  très- 
difficile  ou  plutôt  presque  impossible.  Sous 
ce  rapport,  le  mal  n’est  pas  grand,  puisque, 
au  point  de  vue  culinaire,  le  Salsola  soda 
est  détestable.  Si  encore  cette  plante  avait 
quelque  chose  d’ornemental,  on  aurait  au 
moins  un  dédommagement,  mais  il  n’en 
est  pas  ainsi.  Son  faciès  n’a  rien  qui  puisse 
la  faire  rechercher.  Quant  à ses  fleurs, 
elles  sont  si  peu  apparentes  que  la  plupart 
des  gens  passeraient  à côté  sans  les  aper- 
cevoir. 

Quelques  personnes,  assure- t-on,  confi- 
sent dans  du  vinaigre  les  jeunes  branches 
et  les  feuilles  du  Salsola  soda,  comme  cela 
a lieu  pour  le  Perce-Pierre  ou  Fenouil  de 

* Nous  (lovons  faire  remarquer  que  les  C.  aJhvm. 
viride,  ijlaunmi,  hijhridum,  etc.,  et  plusieurs  autres, 
sont  tellement  voisins,  que  souvent  ou  jteut  à 
peine  les  distingner,  et,  à ce  sujet,  il  n’est  )ias 
inutile  de  rappeler  l’opinion  de  Moquin-Tandon , 
l’auteur  des  Clienopodées  dans  le  Prodronius  de 
De  Candolle,  sur  plusieurs  de  ces  espèces,  et  no- 
tamment sur  les  C.  album  et  viride  : « Lorsque  la 
plante  croît  au  soleil,  — disait-il,  — c’est  le  C.  al- 
bum; lorsqu’elle  croît  à l’ombre, c’est  le  C.  viride.  » 
Après  avoir  tenu  ce  langage,  Moquin-Tandon  n’en 
a pas  moins  décrit  ces  espèces,  ce  que  presf|iie 
tous  les  botanistes  ont  fait  aussi.  Ceci,  on  en  con- 
viendra, n’est  pas  de  nature  à insi*irer  une  grande 
confiance  à ceux  qui  doutent  de  la  valeur  spécifi- 
que de  beaucoup  de  platites. 


mer  (Crithmum  maritimum)  et  les  Sali- 
cornes. Si  quelques-uns  de  nos  lecteurs 
désiraient  déguster  la  fameuse  Salade  d An- 
cône, nous  leur  conseillerons  non  pas  d’en 
faire  venir  d’Ancône,  mais  de  s’adresser  à 
quelque  habitant  des  côtes  de  l’Océan,  qui, 
sans  se  déranger  beaucoup,  pourrait  leur 
en  fournir  une  véritable  cargaison.  Pour  ce 
qui  est  de  la  culture  de  cette  plante,  nous 
ne  la  saurions  conseiller. 

— Une  autre  plante  culinaire  dont  on 
parle  à peine,  par  cette  raison  bien  natu- 
relle qu’on  ne  la  connaît  guère,  est  la 
Poirée-Carde  du  Chili.  Ce  n’est  là  très- 
probablement  qu’une  variété  de  celle  qu’oii 
nomme  Poirée-Carde  du  Brésil.  Mais,  quoi 
qu’il  en  soit,  c’est  une  des  plus  belles  in- 
troductions; elle  est  doublement  intéres- 
sante, et  par  les  dimensions  énormes  et 
par  la  succulence  de  ses  pétioles;  de  plus, 
elle  est  très-remaniuable  par  la  beauté  ex- 
ceptionnelle de  ses  feuilles.  Qu’on  se  figure 
des  pétioles  atteignant  jusqu’à  15-20  cen- 
timètres de  largeur,  présentant  les  couleurs 
les  plus  riches  et  les  plus  brillantes  qu’on 
puisse  imaginer,  dilférentes  de  chaque  côlé 
des  feuilles,  tandis  que  le  limbe,  très-bullé, 
offre  les  couleurs  métalliques  les  plus  va- 
riées depuis  le  vert  jusqu’au  noir  très- 
foncé.  La  Revue  horticole  en  donnera  pro- 
chainement une  gravure  coloriée. 

— Nous  voudrions  maintenant  attirer  l’at- 
tention sur  une  conifère  qui  depuis  quelque 
temps  à eu,  bien  à tort, un  certain  retentisse- 
ment : c’est  celle  ({u’on  a vendue  sous  le 
nom  de  Relinospora  leplodada,  et  comme 
étant  originaire  du  Ja})on.  Loin  d’être  l’es- 
pèce du  Japon  décrite  par  Siebold  et  Zue- 
carini,  cette  plante  n’est  autre  qu’une  variété 
(lu  Cliamœcypuris  sphæroidea,  née  aux  An- 
delys,  par  consé({uent  française,  et  ex[)osée 
à Paris,  en  1855,  par  M.  Cauchois,  qui  en 
était  l’obtenteur.  N’ayant  pu  en  trouver  le 
prix  qu’il  désirait,  il  ne  voulut  pas  vendre  la 
plante  qu’il  possédait. 

Cependant,  il  y a quelques  années,  un 
horticulteur  anglais,  qui  l’acheta,  la  vendit 
sous  le  nom  de  Relinospora  leplodada,  et 
comme  étant  originaire  du  Japon,  deux 
choses  (]ui  n’étaient  pas  vraies  et  qu’il  ne 
pouvait  ignorer,  attendu  (jne  la  véritable 
plante  était  en  même  temps  vendue  par  un 
de  ses  collègues.  Lien  (pie  la  variété  fran- 
çaise, le  Chamœcifparis  sphæroidea  Ande- 
h/ensis,  n’ait  aucun  rapport  avec  l’espèce 
japonaise,  R.  leplodada,  Sieb.  et  Zucc.,  elle 
n’en  continue  pas  moins  à être  vendue  en 
son  lieu  et  place,  et  presque  tous  ceux  qui 
la  possèdent  en  sont  aussi  fiers  que  s’ils 
possédaient  le  vrai  type  japonais  ; il  n’y  a 
(pic  la  foi  (jui  sauve. 

— Est-il  vrai,  ainsi  (|u’on  le  croit  générale- 
ment, et  que  iious-même  l’avons  écrit,  que 


CHRONIQUE  HOUTICOI.E  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  NOVEMBRE). 


tous  les  Gynérium  mâles  sont  plus  ou  moins 
rouges?  Non!  Celte  hypothèse  présente  de 
nombreuses  exceptions,  et  plusieurs  variétés 
ayant  les  Heurs  les  plus  l’oncées  de  loules 
celles  connues,  sont  complètement  temelles? 
Nous  disons  complètement,  parce  que  les 
Gynerinm  présentent,  au  point  de  vue  de  la 
répartition  des  sexes,  les  diversités  les  plus 
remarquables;  ainsi,  il  y a des  individus 
complètement  mâles,  d’autres  complètement 
femelles.  Enfin,  il  en  est  qui  présentent  les 
deux  sexes  toujours  en  proportion  très-iné- 
gales. Nous  ajoutons  même  que  ce  sont,  en 
général,  ces  derniers  qui  donnent  le  plus  de 
graines. 

La  forme  dressée,  raide  et  étroite  des 
panicules  ne  caractérise  pas  non  plus  les 
ileurs  mâles,  ainsi  que  certaines  personnes 
l’ont  avancé.  On  trouve  dans  les  Gynérium 
des  Heurs  de  sexe,  d’aspect  et  de  couleur 
différents.  Ce  qu’on  pourrait  faire  de  mieux, 
ce  serait  d’opérer  le  classement  de  toutes 
les  variétés  que  renferme  cette  espèce  en 
deux  groupes  : Tun  renfermant  toutes  celles 
dont  les  inHorescences  sont  raides  et  droi- 
tes, l’autre  celles  qui  sont  en  panicules 
arquées. 

— A propos  de  Gyneiiim,  nous  devons 
dire  quelques  mots  d’une  variété  très-cu- 
rieuse que  nous  avons  admiré  cette  année 
au  fleuriste  de  la  ville  de  Paris.  Celte  va- 
riété, â laquelle  on  a donné  la  qualification 
de  Marabout,  n’est  pas  seulement  très- 
belle,  elle  est  jusqu’ici  unique  dans  son 
genre.  Ses  panicules  d’un  blanc  d’argent  et 
brillantes  sont  grosses  et  bien  fournies, 
arquées  et  légères  ; mais  au  lieu  d’être  dis- 
posés comme  ils  le  sont  ordinairement, 
tes  épillels,  d’une  légèreté  peu  commune 
et  comme  tressés-ondulés,  rappellent  jus- 
qu’à un  certain  point  des  tresses  de  cheveux 
habilement  et  élégamment  disposées  en 
sinus  frisés. 

— Un  homme  à qui  presque  toutes  les 
sciences,  et  principalement  l’horticulture, 
sont  redevables,  Sieboldt,  vient  de  succom- 
ber à une  longue  et  douloureuse  maladie, 
dans  la  Bavière,  où  il  s’était  retiré  et  où  il 
travaillait  à divers  ouvrages  scientifiques, 
notamment  â la  Flore  du  Japon.  Espérons, 
dans  l’intérêt  de  la  science,  c’est-à-dire 
dans  l’intérêt  de  tous,  que  les  nombreux 
matériaux  réunis  par  ce  savant  ne  seront 
pas  perdus  pour  le  public  désireux  de  s’ins- 
truire. Un  de  nos  collaborateurs,  M.  Kolb, 
jardinier^cbef  au  jardin  botanique  de  Mu- 
nich, donnera  prochainement  quelques  dé- 
tails sur  les  travaux  de  Sieboldt,  qui,  comme 
on  le  sait,  avait  passé  une  partie  de  sa  vie 
au  Japon.  Tous  les  horticulteurs,  tous  ceux 
qui  aiment  les  sciences,  joindront  bien  cer- 
tainement leurs  regrets  aux  nôtres  en  appre- 
nant la  mort  d’un  homme  qui  a rendu 
d’aussi  grands  services. 


— La  Poire  Beurré  de  Nesseirude  est 
une  variété  qui  nous  paraît  nouvelle.  Giâceà 
M.  E.  Glady,  qui  a reçu  l’arbre  de  Crimée, 
nous  avons  pu  déguster  un  fruit.  Il  nous  a 
présenté  les  caractères  suivants,  que  nous 
croyons  devoir  faire  connaître  : Fruit  pyri- 
forme,  gros,  ventru  et  élargi  à la  base, 
d’environ  7 centimètres  de  hauteur  sur  8 de 
largeur.  Peau  gris-roux  de  loules  parts, 
non  colorée,  passant  au  jaune  orangé.  Chair 
blanche,  assez  fondante,  manquant  un  peu 
de  saveur. 

Cette  variété,  que  nous  ne  nous  permet- 
tons pas  déjuger  définilivement  (n’ayant  pu 
nous  procurer  qu’un  fruit),  nous  a paru  de 
qualité  douteuse;  elle  a présenté  cet  autre 
inconvénient  de  mûrir  et  de  blétir  tout  à 
coup  lorsque  rien,  à l’extérieur,  n’annonçait 
cet  état  de  maturité. 

— En  sera-t-il  de  la  grosse  Fiaise,  qu’on 
nous  annonce  être  remontanle,  comme  du 
joup  de  la  fable,  et  son  obtenteur  subira-t- 
il  un  sort  analogue  à celui  du  malheureux 
berger?  Nous  aimons  à croire  que  non. 
Dans  l’intérêt  de  tout  le  monde,  la  chose, 
espérons-le,  sera  telle  que  l’a  annoncé 
M.  Gloëde;  la  Fraise  Ananas  perpétuel 
(Gloëde)  sera  franchement  remontante. 
Mais  laissons  à M.  Gloëde  la  responsabilité 
de  ce  qu’il  avance,  et  contentons-nous  de 
l’écouter  : 

« Jusqu’ici  l’obtention  d’une  grosse  Fraise  re- 
montante de  la  race  des  Ananas,  vulgairement 
ajipelée  « anglaise,  » est  restée  un  vain  désir, 
bien  que  souvent  nous  ayons  vu  paraître  dans 
le  commerce  des  variétés  dites  plus  ou  moins 
remontantes,  mais  qui  en  définitive  n’étaient 
autre  chose  que  des  fraisiers  donnant  acciden- 
tellement une  petite  seconde  récolte  sur  des 
pieds  soumis  au  forçage  et  remis  ensuite  en 
pleine  terre,  ou  bien  qui,  après  une  longue  sé- 
cheresse de  l’été,  donnaient  par-ci  par-là  quel- 
ques fruits  à l’automme.  Telle  n’est  pas  la 
Fraise  que  je  recommande  aujourd’hui  à l’at- 
tention des  amateurs. 

« Elle  fructifie  très-abondamment  à la  pre- 
mière saison,  et  continue  à llenrir  et  à frucii- 
f/e)-  jus(pi‘’en  automne,  de  sorte  ({u’elle  remplit 
une  lacune  considérable  dans  les  nombreuses 
variétés  existantes. 

« La  plante  est  trapue,  très-vigoureuse  et 
très-rustique.  Elle  se  multiplie  facilement  et 
rapidement. 

c(  Le  fruit  de  bonne  grosseur  et  de  forme  ronde 
ou  ovale,  quelquefois  lobé,  d’un  rouge  vermil- 
lon vif,  graines  saillantes  à chair  blanche  ou 
blanc  rosé,  juteuse,  sucrée  et  très-parfumée. 
Sa  (pialité  égale  celle  des  meilleures  Fraises 
connues.  » 

— D’où  vient  le  Choux-Rave?  Nous  l’i- 
gnorons; toutefois,  nous  devons  constater 
que  tout  le  monde,  partage  à ce  sujet  no- 


424 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (t>RÉMlÈRE  QUINZAINE  DE  NOVEMBRE), 


Ire  ignorance.  Néanmoins,  nous  allons  dire 
ce  que  nous  en  savons,  en  engageant  tous 
les  praticiens  à faire  de  même  ; nous  som- 
mes bien  convaincu  que  si  chacun  appor- 
tait son  petit  contingent  de  remarques,  on 
arriverait  sinon  à une  certitude,  du  moins  à 
un  à peu  près. 

Ayant  pris  dans  un  carré  de  Choux-Raves 
un  pied  qui  nous  paraissait  bien  franc, 
nous  l’avons  planté  dans  un  sol  pauvre  et 
incülte,  où  nous  l’avons  abandonné  sans  lui 
donner  aucun  soin.  Il  a fleuri,  et,  des  grai- 
nes qui  sont  tombées  à terre,  un  certain 
nombre  de  plants  ont  résulté.  Ces  derniers 
sont  restés  sur  place  également  abandonnés 
à eux-mêmes.  Dans  ceux-ci,  il  y avait  des 
sujets  verts,  des  blonds  et  même  des  rou- 
geâtres, à feuilles  longuement  pétiolées 
plus  ou  moins  bullées.  Certains  individus 
même  se  sont  élevés  très-haut,  deux  seu- 
lement avaient  la  tige  légèrement  rentlée; 
chez  les  autres,  elle  était  plus  ou  moins 
grêle,  ainsi  qu’elle  l’est  chez  les  Choux.  Ce 
que  nous  disons  des  Choux-Raves,  nous  pou- 
vons le  dire  des  Choux-Brocolis  et  très- 
prohahlement  des  Choux-fleurs.  Cette  an- 
née, par  exemple,  dans  un  carré  de  C.  Bro- 
colis provenant  de  graines  épurées,  nous 
avons  trouvé  plusieurs  individus  dégénérés, 
dont  un  semblait  disposé  à pommer. 

— Uue  sont  les  Acer  opaluS)  Ait.,  opuli^ 
folium,  Willd.,  polymorphum,  Spach?  Tout 
simplement  des  formes  de  VAcer  Monspes- 
sulanum,  lequel  pourrait  bien  être  une 
forme  de  VAcer  Creticmn. 

Qu’est -ce  que  VAcer  Neapolitamm,  Té- 
nor? Très-probablement  une  forme  de 
VAcer  opahis  ou  opulifolium;  il  ne  diffère, 
en  eflet,  de  ceux-ci  que  par  la  tomentosité  et 
peut-être  un  peu  par  la  grandeur  des  feuil- 
les, caractères  qui,  pour  les  botanistes  mê- 
me, sont  excessivement  légers.  Ces  espè- 
ces avaient  pourtant  été  établies  par  des 
maîtres,  aussi,  jusqu’à  présent,  leurs  élèves 
ne  mettaient  pas  leur  valeur  en  doute. 

— Qu’est-ce  que  le  Cytisus  Alpinus,  Mil- 
ler? Tout  simplement  une  forme  du  Cytisus 
laburnum.  Nous  en  avons  la  preuve  chaque 
année  dans  les  semis  que  nous  faisons  des 
graines  de  cette  espèce.  Dans  les  plantes 
qui  en  sortent,  il  y a toujours  un  certain 
nombre  de  Cytisus  laburnum.  Mais  cette 
espèce  présente  une  particularité  très-cu- 
rieuse que  nous  devons  faire  connaître. 
Dans  certaines  années,  en  semant  des  graines 
de  Cytisus  Alpinus,  nous  obtenons  beaucoup 
d’individus  de  cette  forme,  tandis  que  dans 
certaines  autres,  et  bien  que  nous  récoltions 
les  graines  sur  le  même  pied-mère,  nous 
obtenons  presque  toujours  le  Cytisus  la- 
burnum. Peut-on  expliquer  le  fait?  Nous  ne 
le  croyons  pas.  On  ne  fera  pas  intervenir 
l’hybridation,  car  on  sait  que  la  disposition 


des  organes  sexuels  rend  ce  travail  â peu 
près  impossible.  D’où  nous  concluons  que 
le  Cytisus  Alpinus^  Mil!.,  n’est  qu’une  race 
locale  du  Cytisus  laburnum, 

— Qu’est-ce  que  le  Morus  Italica,  Poiret? 
Une  variété  du  Mûrier  blanc,  qui  peut  même 
sortir  des  autres  variétés  de  ce  dernier. 
Ainsi,  cette  année,  de  graines  de  Mûrier 
blanc  type  et  d’autres  de  ses  variétés  Mo- 
retti,multicaulis,  semées  par  nous,  et  venant 
de  Bulgarie,  nous  avons  obtenu  quelques  in- 
dividus à obier  rouge,  par  conséquent  le  Mû- 
rier d’Italie.  Celui-ci  n’est  non  plus  qu’une 
variété  du  Mûrier  blanc.  Si  maintenant  on 
rapproche  de  ces  exemples  ce  que  M.  Jamin 
a dit  du  Mûrier  noir,  dans  le  dernier  nu- 
méro de  la  Revue  horticole  (p.  405)  : « qu’il 
n’est  qu’une  variété,  » on  sera  amené  à cette 
conclusion  que  les  Mûriers  proprement  dits 
peuvent  être  ramenés  à un  type  unique. 

Voilà  donc  encore  des  espèces  qui  dispa- 
raissent. Combien  d’autres  éprouveraient 
un  sort  analogue  si  on  les  soumettait  à un 
examen  plus  sévère  qu’on  ne  l’a  fait  jusqu’à 
ce  jour! 

^ — Qu’est-ce  donc  qu’une  espèce?  Ques- 
tion délicate,  difficile,  sinon  impossible,  à 
résoudre;  car  Dieu  n’ayant  créé  que  des  in- 
dividus, l’espèce  devient  le  fait  de  l’homme 
qui  doit  subir  les  conséquences  de  son 
œuvre.  Il  est  pris  à son  propre  piège.  Mais, 
si  au  lieu  de  nous  demander  ce  qu’est  l’es- 
pèce, on  nous  demandait  comment  on  fait 
celle-ci,  nous  pourrions  répondre  : Sur  ce 
point  nous  en  savons  autant  que  d’autres, 
car,  nous  aussi,  nous  avons  fait  des  espèces 
et  même  des  espèces  de  valeurs  diverses; 
quelques-unes  très-fortes,  mais  d’autres 
aussi  très-faibles,  sans  toutefois,  nous  ne 
craignons  pas  de  le  dire,  en  éprouver  le 
moindre  remord,  sachant  que  nous  avons 
fait  comme  font  tous  les  naturalistes,  bien 
que  nous  n’ayons  pas  ce  titre. 

Voici  un  exemple  de  fabrication  d’une 
nouvelle  espèce.  Telle  plante  vient  de  Chine, 
par  exemple,  on  la  présente  à un  bota- 
niste pour  en  avoir  le  nom.  Que  faille  bota- 
niste, s’il  ne  la  connaît  pas?  Il  cherche  dans 
les  livres,  puis  dans  les  herbiers,  et  s’il 
ne  trouve  rien  de  semblable  à la  plante  en 
question,  il  en  fait  une.  espèce.  Mais,  outre 
qu’il  ne  peut  jamais  savoir  tout  ce  qui  a 
été  dit  et  écrit  sur  ce  sujet,  ne  peut-il  pas 
se  faire,  et  cela  arrive  le  plus  souvent,  que 
la  plante  par  lui  examinée  ne  soit  qu’une 
forme  ou  une  variété  d’un  groupe  dont 
elle  a tous  les  caractères  généraux  et 
qu’il  ne  connaît  pas  ? Néanmoins  il  va 
la  décrire  minutieusement,  parler  de  ses 
poils,  de  leur  nature,  de  la  forme  et 
de  la  nature  des  feuilles,  de  celles  des 
fleurs,  etc.,  etc.,  tous  caractères  que  nous 


425 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  NOVEMRRE). 


savons  être  très-variables  et  cire  souvent 
particuliers  à l’individu.  Qui  ne  sait,  en 
elîet,  que  dans  les  semis  on  rencontre  des 
individus  présentant  non-seulement  entre 
eux  mais  môme  avec  celui  dont  ils  pro- 
viennent, les  différences  les  plus  grandes? 
Qu’arriverait-il  donc  si  on  envoyait  ces  indi- 
vidus à des  botanistes  chinois,  japonais,  etc.  ? 
Ils  feraient  de  nos  plantes  ce  que  nous  fai- 
sons des  leurs.  Auraient-ils  tort?  A nos  lec- 
teurs de  répondre. 

Nous  terminerons  cette  cbroni([ue,  en 
ce  qui  touche  cà  la  question  spécifique,  par 


celte  simple  réllexion.  Si  les  naturalistes, 
au  lieu  de  faire  ce  qu’ils  nomment  si  pom- 
peusement des  espèces,  étaient  convaincus  de 
ce  fait,  vrai,  qu’ils  ne  font  que  des  baptêmes 
se  rapportant  souvent  à un  seul  individu,  ils 
seraient  moins  absolus  dans  leurs  affirma- 
tions. La  science  n’y  perdrait  rien;  eux,  au 
contraire,  y gagneraient,  car  ils  n’auraient 
pas  à défendre  des  prétendus  types  dont  ils 
ignorent  parfois  l’origine,  sinon  d’une  ma- 
nière très-approximative.  , . 

E.  A.  Carrière. 


UNE  NOUVELLE  DIFFICULTÉ  DE  DÉFINIR  L’ESPÈCE. 


Rappelions,  en  deux  mots,  comment  on 
forme  les  espèces,  et  disons  que,  en  prin- 
cipe, c’est  une  question  de  tact.  En  effet, 
un  voyageur  botaniste  trouve  des  plantes, 
il  les  étudie  et  reconnaît  qu’elles  appar- 
tiennent à tel  ou  tel  genre,  mais  que  ce 
sont  des  espèces  rpi’il  ne  connaît  pas; 
reste  donc  à les  spéciéiser ; pour  cela,  il  n’a 
d’autre  guide  que  ses  connaissances.  Sup- 
posons que  ces  espèces,  au  nombre  de 
quatre,  appartiennent  au  genre  Viburnum; 
que  l’une  d’elles  ait  des  feuilles  très-petites, 
entières  et  glabres  ; qu’une  autre  ait  des 
feuilles  cordiformes,  très-tomenteuses  ; 
que  la  troisième  soit  rampante  ; enfin,  que 
la  quatrième  ait  les  feuilles  très-étroites, 
longues  et  profondément  divisées.  Gela 
fait,  il  reste  des  baptêmes  à faire,  des  pré- 
noms à donner. 

D’après  les  caractères  qui  viennent  d’être 
énumérés,  il  appellera  la  première  Vibur- 
num microphyllum,  la  deuxième  V.  tonien- 
tosum  ou  lanalnm,  la  troisième  F.  repens; 
enfin,  il  pourra  appeler  la  quatrième  E.  pin- 
nalifidunL  Supposons  maintenant  que  ce 
fait  se  soit  passé  en  Amérique,  et  que  ce 
botaniste  envoie  ses  plantes  en  France, 
mais  que  l’une  des  espèces,  la  première 
par  exemple,  n’ait  pu  être  envoyée  qu’en 


graines.  Que  va-t-il  se  passer?  Pour  les 
trois  espèces  vivantes,  il  n’y  aura  pas  de 
doute,  elles  vont  pousser,  et,  comme  elles 
sont  connues,  on  pourra  voir  leurs  carac- 
tères, inscrire  leurs  noms  dans  les  archi- 
ves scientifiques  et  indiquer  leur  signa- 
lement. Mais  il  n’en  sera  pas  de  môme  de 
la  quatrième,  dont  on  n’a  que  des  graines. 
Pour  cette  espèce,  il  pourra  se  faire  que 
les  graines  donnent,  ainsi  que  cela  arrive 
fréquemment,  des  individus  avec  des  faciès 
très-différents  l’un  de  l’autre.  Alors,  nouvel 
embarras.  Quel  est  celui  qui  va  être  consi- 
déré comme  type  spécifique?  Dans  ce  cas 
encore,  tout  dépend  de  l’expérimentateur  ; il 
pourra,  à sa  volonté,  prendre  l’un  ou  l’autre 
des  individus,  ou  même,  si  les  différences 
sont  très-grandes,  cet  homme  ne  pourra-t-il 
pas  supposer  qu’il  y a eu  erreur  dans 
l’envoi?  qu’il  y a eu  du  mélange,  et  alors 
faire  plusieurs  espèces?  Si  celte  personne 
a un  nom  bien  connu,  s’il  mérite  créance, 
qui  contestera  la  valeur  des  espèces  qu’il 
a faites?  Probablement  personne.  Voilà  donc 
encore  des  nouvelles  espèces  de  faites.  Y 
aurait-il  à cela  un  grand  mal?  Dans  un 
prochain  ouvrage  que  nous  publierons  sur 
les  espèces,  nous  essayerons  de  démontrer 
que  non.  e.  A.  Carrière. 


COURGE  MUSQUÉE. 


Les  lecteurs  de  la  Berne  horilcole  doivent 
se  rappeler  un  excellent  article  publié  par 
M.  Naudin,  sur  les  meilleures  Courges 
(no  du  16  février  1865);  désirant  connaître 
une  variété  recommandée  par  lui  dans  cet 
article,  j’écrivis  à un  de  mes  amis  et  col- 
lègue du  Muséum  pour  le  prier  de  vouloir 
bien  me  faire  parvenir  quelques  graines 
de  celte  Courge,  qui  n’était  autre  que  la 
Courge  musquée.  Ces  graines  m’arrivèrent 
sans  retard  ’.  La  première  année,  je  donnai 

’ Je  puis,  à mon  tour,  en  otTrir  des  graines  à tous 
les  lecteurs  de  la  Revue  horiicolc  qui  pourraient  en 
désirer. 


à cette  Courge  tous  les  soins  désirables; 
aussi,  malgré  la  sécheresse  excessive  de 
l’été  1865,  elle  était  d’une  vigueur  extraor- 
dinaire. L’eau  ne  lui  manqua  pas;  je  la 
fis  filer  sur  deux  branches-mères,  en  ayant 
soin  de  pincer  les  bifurcations  dès  qu’elles 
avaient  atteint  environ  1 mètre  de  long. 

Je  commençais  à douter  du  résultat,  car 
les  tiges  avaient  déjà  14*  mètres  de  long, 
et  l’on  n’apercevait  encore  aucune  fleur 
femelle  ; ce  que  voyant,  je  suspendis  les 
arrosages  pendant  huit  jours,  afin  de  laisser 
souffrir  la  plante,  espérant  par  ce  moyen 
la  faire  mettre  à fruit  plus  vite.  Mon  espoir 


426  CC’JRGE  MUSQUÉE. 


ne  fut  pas  déçu.  Huit  jours  environ  après, 
deux  fleurs  femelles  s’épanouirent,  et  les 
fruits  grossirent  avec  rapidité,  à vue  d’œil, 
comme  on  dit.  Pendant  ce  temps,  les  fleurs 
femelles  se  succédaient  et  toutes  nouaient 
leurs  fruits.  Comme  la  saison  était  avancée, 
je  n’en  conservai  que  deux  sur  chaque  bran- 
che-mère, soit  quatre  par  pied,  et  je  sup- 
primai les  autres.  Ils  arrivèrent  tous  les 
quatre  à parfaite  maturité;  j’en  ai  conservé 
jusqu’au  26  janvier  1866. 

J’ai  fait  déguster  ces  Courges  par  plu- 
sieurs personnes  compétentes,  et  toutes  ont 
été  unanimes  à dire  qu’il  n’était  pas  possi- 
ble d’en  trouver  de  plus  délicieuses  sous 
tous  les  rapports.  Connaissant  la  très- 


grande  vigueur  de  cette  Courge,  cette  an- 
née (1866)  j’en  ai  cultivé  sans  jamais  les 
arroser  ni  les  pincer;  et,  plantée  le  même 
jour  que  six  autres  variétés  dans  les  mêmes 
conditions,  la  Courge  musquée  a été  la  plus 
précoce  de  toutes  ; j’ajoute  qu’elle  est  d’une 
gmnde  fertilité. 

Aux  mérites  signalés  ci-dessus  que  pré- 
sente la  Courge  musquée^  je  dois  ajouter 
que,  non-seulement  elle  vient  bien  dans 
tout  le  midi,  mais  qu’elle  acquiert  d’assez 
belles  dimensions;  j’en  ai  plusieurs  fois 
examiné  dont  le  poids  dépasssait  26  kilo- 
grammes. 

A.  Dumas, 

.lardinicr  cil  chef  à la  fcrme-ocolc  de  Bazin. 


QUELQUES  MOTS  SUR  LE  CORONILLA  GLAUCA 

ET  SUR  LE  PHLOMIS  LEONURUS. 


Depuis  longtemps  nous  cultivons  le  Co- 
rouilla  glauca^  L.,  charmant  arbuste  que 
M.  Jamin,  dans  le  numéro  du  septembre, 
regrette,  avec  raison,  devoir  trop  délaisser, 
et  nous  nous  associons  bien  volontiers  à son 
désir  de  le  retirer  de  Toubli.  Son  feuillage 
élégant,  ses  jolies  couronnes  de  fleurs  agréa- 
blement odorantes,  le  rendent  digne  de  figu- 
rer dans  nos  parterres.  Pourquoi  ses  fleurs 
jaunes  seraient-elles  antipathiques  aux  ama- 
teurs? Est-ce  que  la  Rose  d’un  jaune  pur, 
la  Jacinthe  jaune  ne  sont  pas  particulière- 
ment recherchées?  Ces  préventions,  heu- 
reusement, ne  sauraient  atteindre’  tout  le 
monde,  et  nous  espérons  bien  les  voir 
promptement  disparaître. 

L’habile  horticulteur,  M.  Jamin,  après 
une  description  scientifique  du  Coronilla 
glauca,  indique  le  moyen  très-naturel  de  le 
propager  par  le  semis  de  ses  graines  au 
printemps.  Quant  à nous,  qui  pouvons  rare- 
ment en  récolter,  nous  usons  d’un  autre 
procédé  qui  ne  réussit  pas  moins  bien  que 
le  premier;  il  consiste  dans  le  bouturage. 
Dans  n’importe  quelle  saison,  nos  boutures 
sont  faites  en  pots  enfoncés  dans  la  tannée 
d’une  serre  froide,  sous  des  cloches  qu’il 
est  nécessaire  d’ombrager,  surtout  en  été. 
Ce  moyen,  très-simple,  nous  réussit  généra- 
lement. En  très-peu  de  temps,  les  boutures 
poussent  à souhait  et  se  trouvent  en  état  de 
fleurir  la  même  année,  si  l’on  a soin  de  les 
confier  à la  pleine  terre  au  printemps. 

Ce  mode  démultiplication  facile  est  passé 
sous  silence  dans  l’article  de  M.  Jamin,  ce 
ne  peut  être  qu’une  omission;  nous  avons 
voulu  modestement  la  consigner. 

Pour  être  fidèle.au  titre  de  cet  article,  n’ou-  | 


blions  pas  le  Plilomis  Leomirus,  L.  (Queue 
de  Lion).  Un  savant  botaniste,  faisant  la 
description  de  cette  plante,  s’exprime  ainsi  : 
« De  gros  pelotons  de  fleurs  verticillées,  une 
corolle  éclatante  de  beauté  par  sa  couleur 
d’un  rouge  de  feu  très-vif,  frappe  dans  nos 
parterres  les  regards  des  plus  indifférents.  » 
Eh  bien  ! qui  le  croirait?  Le  Plilomis  Leonu- 
rus  n’est  pas  moins  tombé  dans  l’oubli  que 
le  Coronilla  glauca;  pourtant  il  produit  un 
effet  magnifique  à l’arrière-saison,  où  l’on 
ne  voit  plus  guère  dans  les  jardins  que  des 
Chrysanthèmes  et  quelques  Roses.  Si  la 
gelée  devient  menaçante,  on  rentre  les 
plants  dans  une  serre  froide  ; ses  fleurs  y 
paraissent  encore  plus  admirables,  leurs 
riches  verticilles  ont  sous  le  verre  un  éclat 
plus  éblouissant  que  partout  ailleurs.  Une 
fois  défleuri,  cet  arbuste  est  placé  au  fond 
de  la  serre  sans  demander  d’autre  soin  que 
quelques  arrosements  à de  rares  intervalles. 
Ses  tiges  doivent  être  taillées  au  printemps 
sur  le  jeune  bois  si  l’on  veut  un  arbuste  élevé, 
ou  rabattues  sur  le  vieux  si  l’on  tient  à en 
faire  un  buisson  élégant.  Rien  déplus  facile 
que  sa  multiplication  ])ar  boutures  sous  clo- 
ches dans  les  conditions  ordinaires.  Inu- 
tile de  dire  que  là  où  les  hivers  sont  doux, 
il  n’est  pas  nécessaire  d’abriter  le  Phlomis 
Lconurus,  et  qu’alors  on  aurait  d’octobre 
en  février-mars  un  arbusle  des  plus  beaux. 
Dans  ces  conditions,  cette  espèce  peut  at- 
teindre plusieurs  mètres  de  hauteur. 

Nous  avons  la  confiance  que  les  amateurs 
nous  sauront  quelque  gré  de  leur  avoir 
recommandé  une  des  plus  splendides  La- 
biées que  nous  possédions. 

L’aiîiîé  Brou. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Après  les  deux  excellents  livres  dont 
nous  avons  entretenu  les  lecteurs  de  la 


Revue  ',  nous  avons  encore  à leur  en  faire 

' Voir  les  des  1*=‘  et  16  juillet,  p.  256  et  267  . 


lilBLIOGUAPHlE. 


connaître  deux  autres  f[ui  ne  nianqueront 
pas  non  plus  de  les  intéresser;  l’un  a trait  a 
la  culture  des  arbres  IVuitiers,  l’autre  cà  celle 
des  Conifères,  deux  catégories  d’arbres  dont 
l’importance  grandit  à vue  d’œil.  Parlons 
aujourd’hui  de  celui  qui  concerne  les  arbres 
fruitiers,  réservant  le  second  pour  un  autre 
numéro  de  ce  journal. 

Le  Manuel  de  ramateuî'  de  fruits,  ou 
Cottrs  d'arboriculture  fruitière  en  dix  le- 
çons, nous  vient  d’un  pays  justement  re- 
nommé pour  ses  arbres  fruitiers,  la  Belgi- 
que, qui  est  aussi  bien  la  patrie  des  Espéren 
et  des  Van  Mous  que  des  Van  Houtte  et  des 
Linden.  C’est  déjà  une  recommandation 
pour  le  livre;  ce  qui  en  est  une  autre,  c’est 
(lu’il  est  sorti  de  la  plume  exercée  de  M.  Ed. 
Pynaert,  praticien  bien  connu  sur  les  bords 
de  l’Escaut,  et  à qui  nous  devons  déjà  un 
Manuel  de  la  culture  forcée  des  arbres  frui- 
tiers, ouvrage  couronné  aux  concours  de  la 
Société  centrale  et  impériale  d’horticulture 
de  Paris.  Le  but  qu’il  se  propose  dans  celui- 
ci  est  de  mettre  à la  portée  de  tout  le 
monde  la  culture  naturelle  des  arbres  frui- 
tiers; c’est  dire  qu’il  s’adresse  à un  public 
beaucoup  plus  nombreux. 

Tout  ce  qui  existe  en  fait  de  livres  de 
pomologie  peut  se  répartir  en  deux  classes  : 
les  ouvrages  descriptifs,  avec  ou  sans  illus- 
trations, et  dont  l’unique  objet  est  de  faire 
connaître  au  lecteur  le  nom  ou  les  noms 
des  fruits  et  leurs  qualités,  et  les  traités  de 
culture  pratique,  dont  le  titre  suffit  à indi- 
quer le  but.  Ces  derniers  ne  sont  pas  nom- 
breux; dans  tous  les  cas,  leur  utilité  est 
au  moins  égale  à celle  des  premiers.  A 
notre  avis,  cependant,  celui-là  emporterait 
la  palme  qui  réunirait  les  deux  branches  de 
la  pomologie  sur  le  même  tronc,  en  ensei- 
gnant tout  à la  fois  les  caractères  des  bonnes 
variétés  d’une  espèce  fruitière  et  la  manière 
de  les  cultiver.  Nous  disons  les  bonnes  va- 
riétés, parce  qu’il  est  plus  qu’inutile  de 
parler  des  médiocres  et  des  mauvaises,  qui 
devraient  être  à tout  jamais  bannies  des 
livres  et  dos  jardins. 

L’auteur  du  Manuel  de  raniateur  de 
fruits  a compris,  comme  nous,  qu’il  fallait 
indiquer  ces  bonnes  variétés,  et  celles-là 
seulement;  aussi  a-t-il  eu  soin  d’en  donner 
la  liste,  en  les  classant  surtout  d’après  leurs 
époques  de  maturité  ou  leurs  usages,  quel- 
quefois d’après  des  considérations  tirées  de 
la  culture  elle-même.  C’est  ainsi  qu’il  a des 
catégories  pour  la  culture  en  plein  vent,  et 


m 

des  catégories  pour  l’espalier,  distinction 
justifiée  par  le  climat  de  la  Belgique,^  où 
toutes  les  races  d’une  même  espèce  ne  réus- 
sissent pas  également  à toutes  les  exposi- 
tions. Evidemment,  dans  un  livre  destiné  à 
devenir  populaire,  il  ne  fallait  pas  de  des- 
crii)tions  minutieuses;  il  en  serait  devenu 
à la  fois  trop  gros  et  trop  cher,  et  il  aurait 
manqué  son  but;  mais,  sans  le  surcharger  de 
détails,  l’auteur  n’aurait-il  pas  pu  adjoindre 
au  nom  de  chaque  variété  citée,  une  ligne 
de  description,  quelques  mots  seulement, 
mais  frappant  juste,  et  faisant  sauter  aux 
yeux  le  trait  saillant  et  caractéristique  de  la 
variété?  Les  horticulteurs  - fleuristes  ont 
adopté  cette  méthode,  et  elle  serait  parfaite- 
ment applicable  à la  pomiculture  si  on 
débarrassait  celle  dernière  des  médiocrités 
dont  elle  est  encombrée. 

Toute  la  matière  de  l’ouvrage  est  distri- 
buée en  dix  leçons  ou  chapitres,  le  tout 
n’occupant  pas"*  plus  de  375  pages,  dans 
lesquelles  sont  disséminées  près  de  cent 
figures  sur  bois.  Les  trois  premiers  chapi- 
tres sont  consacrés  à l’exposition  des  prin- 
cipes généraux  de  la  culture  des  arbres 
fruitiers  ; les  quatre  suivants  à la  culture 
particulière  des  arbres  fruitiers  du  nord  : le 
Pêcher,  qui  à lui  seul  occupe  une  leçon 
entière,  l’Abricotier,  le  Prunier,  le  Cerisier, 
le  Poirier,  le  Pommier,  la  Vigne,  le  Fram- 
boisier, les  Groseillers  et  le  Figuier,  ce 
dernier  arbre,  bien  entendu,  ne  figurant 
guère  là  que  pour  mémoire,  puisqu’il  n’est 
qu’un  étranger  souffreteux  au-delà  du 
5Û<^  degré,  et  même  un  peu  en  deçà.  Dans  la 
huitième  leçon,  l’auteur  passe  en  revue  les 
perfectionnements  modernes  de  la  culture 
des  arbres,  les  différentes  espèces  de  pin- 
cement et  d’ébourgeonnement,  la  taille 
d’été  en  un  mot,  sujet  qui  se  continue  dans 
une  partie  de  la  neuvième.  Enfin,  la  dixième 
est  le  chapitre  inévitable  des  maladies,  des 
accidents  et  des  animaux  nuisibles;  la  liste 
en  est  si  longue  qu’on  serait  tenté,  rien  qu’à 
y jeter  les  yeux,  de  renoncer  aux  vergers  et 
aux  jardins  fruitiers;  mais  l’auteur  a de  si 
bonnes  recettes  pour  éloigner  cette  légion 
d’ennemis,  qu’on  finit  par  se  réconcilier 
avec  eux. 

Terminons  en  deux  mots  : M.  Ed.  Pynaert 
nous  a donné  un  bon  livre,  un  livre  qui 
sera  utilement  consulté  par  les  amateurs  de 
fruits,  sans  faire  oublier  cependant  ceux 
qui  ont  traité  la  même  matière  avant  lui. 

Naüdin. 


TAILLE  AUTOMNALE  DES  RAMEAUX  DE  PROLONGEMENT. 


Faite  do  lionne  heure,  cette  taille  a pour 
résultat  défavoriser  l’œil,  qui,  devenant  alors 
terminal,  reçoit  plus  de  nourriture,  se  ren- 
force, en  un  mot,  se  constitue  mieux,  de 


manière  que,  au  printemps,  il  se  développe 
avec  plus  de  vigueur  que  si  on  eût  laissé 
les  autres  yeux  au-dessus  de  lui,  par  ce  fait 
qu’il  profite  de  la  sève  qui  aurait  servi  à 


TAILLE  AUTOMNALE  DES  RAMEAUX  DE  PROLONGEMENT. 


428 

nourrir  ces  derniers.  Le  moment  convenable 
pour  faire  cette  opération  est  l’automne  ou 
même  la  fin  de  l’été;  néanmoins,  elle  varie 
suivant  les  climats  et  les  années  plus  ou 
moins  précoces  ; l’important  est  de  savoir 
utiliser  toute  la  sève,  de  manière  à la  faire 
profiter  aux  arbres. 

A Lyon,  nous  taillons  les  rameaux  de  pro- 
longement des  branches  charpentières  pres- 
que aussitôt  après  la  cueillette  des  derniers 
fruits,  c’est-à-dire  en  septembre  et  oclobre. 

En  admettant  que  nous  ayons  à faire  à un 
arbre  vigoureux,  voici  comment  il  faudrait 
opérer  : 

Supposons  que  nous  opérons  sur  un  scion 
ou  rameau  ayant  une  longueur  de  90  centi- 
mètres, nous  le  taillons  à 60  centimètres  de 
longueur,  et  immédiatement  nous  prati- 
quons de  petits  crans  au-dessus  de  chaque 
œil,  sur  une  longueur  de  20  centimètres  en 
partant  de  la  base.  Nous  répétons  cette  opé- 
ration sur  chaque  rameau  destiné  à prolon- 
ger soit  les  branches  charpentières,  soit 
l’axe  principal  ou  (lèche. 

Lorsqu’on  taille  la  tlèche,  il  faut,  autant 
que  possible,  couper  sur  un  œil  placé  au 
nord.  — Nous  avons  remarqué  que  lors- 
que la  taille  est  faite  sur  un  œil  ayant  cette 
direction,  la  tige  se  développe  plus  verti- 
calement, parce  qu’alors  le  soleil  et  la  lu- 
mière attirent  toujours  vers  le  midi  le  nou- 
veau bourgeon.  Mais  lorsqu’on  taille  les 
rameaux  de  prolongement  placés  sur  les 
diverses  parties  latérales  de  l’arbre,  il  faut 
opérer  sur  un  œil  placé  en  dessous.  Cet  œil, 
en  se  développant,  prendra  une  direction 
plus  oblique  que  s’il  était  dessus;  de  cette 
manière,  la  charpente  de  l’arbre  sera  plus 


espacée,  et  l’air  circulera  mieux  dans  son 
intérieur. 

Cette  taille  en  automne  des  rameaux  de 
prolongement,  nous  le  répétons,  a pour  ré- 
sultat de  faire  profiter  l’œil  terminal  (celui 
sur  lequel  la  coupe  a été  faite),  delasève  éla- 
borée qui  se  trouve  encore  dans  les  branches 
de  l’arbre,  sève  qui,  ainsi  qu’il  a été  dit  ci- 
dessus,  aurait  été  consommée  par  l’extré- 
mité retranchée  des  rameaux. 

Les  lambourdes  ou  rameaux  à fruits, 
échelonnés  en  verticiles  sur  les  branches 
charpentières,  au  contraire,  ne  doivent  être 
taillées  qu’au  printemps,  cette  dilférence 
de  temps  dans  l’opération,  d’une  part,  faite 
en  automne,  et  de  l autre  au  printemps,  a 
pour  but  définitif  de  favoriser  la  circulation 
de  la  sève  sur  les  branches-mères,  et  de  la 
ralentir  sur  les  rameaux  échelonnés  sur  ses 
branches  jiour  qu'ils  se  mettent  plus  tôt  à 
fruits.  Si  sur  une  partie  de  la  longueur  de 
la  branche-mère  ou  du  rameau  quelques 
yeux  à bois  ne  se  développent  pas,  on  pra- 
tique un  cran  au-dessus  pour  les  faire  dé- 
velopper. En  agissant  ainsi  que  nous  ve- 
nons de  le  recommander,  c’est-à-dire  en 
pratiquant  la  taille  des  arbres  en  automne 
sur  tous  les  rameaux  de  prolongement 
des  branches  et  de  la  tige,  on  donne  tout 
naturellement  beaucoup  plus  de  vigueur  à 
ces  derniers,  tandis  qu’en  ne  pratiquant 
celle  des  rameaux  à fruits  qu’au  printemps, 
de  manière  à les  empêcher  de  se  développer 
avec  trop  de  vigueur,  on  est  à peu  près  sûr 
de  les  forcer  à se  mettre  à fruits,  de  sorte 
qu’on  obtient  ce  qu’on  recherche  : des  ar- 
bres bien  faits  et  vigoureux  en  même  temps 
que  des  fruits.  th.  Denis. 


ASTER  TURBINELLUS,  LINDL. 


Cet  Aster,  l’un  des  plus  beaux  de  ce 
genre  fort  riche  en  espèces,  et  en  espèces 
généralement  ornementales,  appartient  à la 
section  Concinni,  Nées.  Celte  espèce  est  vi- 
vace, glabre,  à tige  d’environ  1 mètre  de 
hauteur,  raide,  très-rameuse,  paniculée,  à 
ramifications  grêles  et  effilées;  à feuilles 
radicales  oblongues-lancéolées,  entièrement 
disparues  lors  de  la  floraison  ; les  caulinaires 
plus  étroites,  obtuses,  décroissantes  et  deve- 
nant peu  à peu  subulées;à  capitules(fleurs) 
ordinairement  solitaires,  parfois  au  nombre 
de  deux  à trois,  portés  sur  des  ramifica- 
tions filiformes  très -nombreuses  et  for- 
mant, par  leur  réunion,  une  sorte  de  gerbe 
fleurie  d’une  élégance  exceptionnelle;  in- 
yolucre  turbiné,  long  de  plus  de  10  miliim., 
à écailles  linéaires,  obtuses  au  sommet  et 
scarieuses-blanchâtres  aux  bords  ; ligules 
au  nombre  de  20  environ,  longues,  dans 

‘ A . hirhlnellus,  Lindl.  w Hnok.  Gomn.  ; D G, 
Prodr.,  V.,  244  ; Toi  r.  et  Gray,  Flora  N.  Am..  Il,  104. 


leur  partie  étalée,  de  15-16mill.  et  donnant 
à la  fleur  un  diamètre  de  35  miliim.,  très- 
étroites,  ne  dépassant  pas,  dans  leur  plus 
grande  largeur,  3 miliim.,  à sommet  à peu 
près  arrondi,  d’un  violet-lilas  clair,  entou- 
rant un  disque  jaune  passant  au  purpurin. 
Fleurit  du  1er  au  20  octobre. 

V Aster  turbinellus  n’est  pas  nouveau, 
tant  s’en  faut,  car  il  est  décrit  dans  le 
5e  vol.  du  Prodrcme  de  De  Candolle,  qui  a 
paru  en  1836,  et  cependant  nous  ne  l’avons 
jamais  remarqué  dans  les  jardins.  Il  nous 
fut  donné,  l’an  dernier,  par  M.  Reuter,  di- 
recteur du  jardin  botanique  de  Genève, 
comme  le  plus  joli  et  le  plus  gracieux  des 
Asters  connus,  En  effet,  celte  qualifica- 
tion ne  peut  prêter  à discussion,  car  il 
n’est  peut-être  aucune  autre  espèce,  parmi 
celles,  au  nombre  de  plus  de  50,  qui  sont 
cultivées  à l’école  de  botanique  du  Muséum 
— et  nous  ne  comprenons  pas  dans  ce  nom- 
bre celles  de  tous  les  genres  que  les  au- 


429 


ASTER  TÜRRINELLÜS,  LINDL. 


leurs  ont  créés  au  détriment  du  genre  Aster 
tel  que  Linné  le  considérait,  par  exemple 
les  Biotia,  Galatella,  Diploslephiiim,  etc. 
-—il  n’est  peut-être  aucune  espèce,  disons- 
nous,  qui  soit  plus  digne  de  figurer  dans  les 
jardins. 

Comme  on  a pu  le  remarquer  dans  la 
description  qui  précède,  V Aster  turbinellus 
possède,  pour  ainsi  dire,  toutes  les  qua- 
lités qu’on  peut  désirer  voir  réunies  dans 
ces  plantes  : ainsi  au  peu  d’élévation  des 
tiges,  qui  se  ramifient  à une  faible  hauteur 
au-dessus  du  sol,  se  joint  une  floraison 
continue  et  tellement  abondante  que  les 
feuilles  sont  cachées  par  les  fleurs,  ce  qui, 
nous  le  répétons,  donne  à l’ensemble  des 
touffes  l’aspect  d’une  gerbe  fleurie  légère 
et  fort  gracieuse. 


VAster  turhinellus  est  originaire  de  la 
Louisiane.  Le  pied  qui  a fleuri  celle  année 
à l’école  de  botanique  du  Muséum,  a été, 
l’an  dernier,  préservé  sous  châssis  froid 
et  mis  en  pleine  terre  au  printemps;  mais 
il  est  plus  que  certain  que  cette  plante, 
d’ailleurs  parfaitement  rustique  à Genève, 
supportera  la  pleine  terre  sous  le  climat  de 
Paris.  VAster  turbinellus  est  peu  ou  point 
traçant,  ce  qui  en  rend  la  multiplication 
par  éclats  sinoti  difficile  du  moins  plus  diffi- 
cultueuse  que  celle  des  espèces  à liges  sou- 
terraines longuement  rampantes  ; l’époque  la 
plus  convenable  pour  diviser  les  touffes  est 
la  période  comprise  entre  le  mois  de  fé- 
vrier et  le  mois  d’avril. 

B.  Verlot, 


PELARGONIUM  ZONALE  MISTRIS’S  POLLOCK. 


Depuis  quelque  temps  certains  horticul- 
teurs anglais  ont  cherché  à répandre  la 
croyance  que  ce  Pélargonium  à feuilles  tri- 
colores avait  été  obtenu  par  le  semis  ; nous 
ne  l’avons  jamais  cru. 

Aussi  sommes-nous  heureux  de  trouver, 
dans  le  dernier  numéro  du  Gardner’s  Md- 
qazine,  une  lettre  de  M.  Colin  Buschon,  de 
Springfield,  annonçant  que,  pour  propager 
largement  cette  plante,  il  avait  dépoté  un 


bon  nombre  de  pieds  pour  les  multiplier 
par  tronçons  de  racines,  mais  qu’alors  toutes 
les  plantes  qu’il  en  obtint  eurent  des  feuilles 
unicolores. 

Cela  prouve  incontestablement  que  cette 
variété  n’est  qu'un  accident  fixé,  et  que 
par  conséquent  les  horticulteurs  perdraient 
leur  temps  à chercher  de  nouvelles  variétés 
de  Pélargonium  zonales  à feuilles  panachées, 
par  les  semis.  Jean  siseey, 


CYPRIPEDIUM  INSIGNE,  VAR.  CHANTINII. 


Il  y a quelques  années,  l’horticulture  fut 
enrichie  d’une  variété  de  Cypripedium  in- 
siyne  propagée  par  M.  L.  Van  Houtte,  hor- 
ticulteur à Gand,  qui  la  devait  aux  soins  de 
MM.  William  Maule  et  C^^  de  Bristol. 

Pour  ce  motif,  elle  fut  nommée  Mauleii. 
Comme  le  type,  cette  variété  paraît  être  ori- 
ginaire du  Népaul. 

Aujourd’hui,  parmi  la  belle  collection  de 
Cypripédiées  réunie  au  fleuriste  de  la  ville 
de  Paris  par  M.  Barillet,  on  remarque  une 
autre  variété  de  Cypripedium  baptisée  du 
nom  iVinsigne  Chantinii. 

Cette  appellation  lui  vient  sans  doute  de 
ce  que  M.  Chantin,  Payant  reçue  dans  un 
lot  de  l’espèce  type  que  la  maison  Veitch, 
de  Londres,  lui  avait  expédiée,  l’a  le  pre- 
mier connue  en  France. 

Il  l’a  cédée  ensuite  à M.  Bertrand,  ama- 

RHODOTYPUS 

Arbuste  sous-frutescent,  atteignant  50- 
60  centimètres  de  hauteur.  Feuilles  cadu- 
ques pétiolées , opposées , ovales  , irré- 
gulièrement dentées-ciliées,  à dents  très- 


teur  distingué  de  la  Queue-en-Brie,  qui  l’a 
échangée  avec  le  fleuriste  de  la  ville  pour 
d’autres  végétaux. 

Tels  sont  les  renseignements  que  nous 
avons  pu  recueillir  sur  son  origine. 

Cette  variété  se  distingue  dnCypripedium 
insigne  de  même  que  de  la  variété  déjà 
connue  par  son  feuillage  plus  long  et  plus 
raide  ; ses  fleurs  se  tiennent  plus  droites,  le 
sépale  supérieur  est  plus  largement  bordé 
de  blanc  pur,  en  outre,  il  porte  jusque  sur 
cette  bordure  de  nombreuses  taches  d’un 
pourpre  carminé  ; le  labelle  est  jaune  foncé, 
légèrement  lavé  de  carmin.  Mais  ce  qui  le 
caractérise,  c’est  la  macule  blanche  dont 
est  terminé  le  sépale  inférieur  et  que  l’on 
ne  trouve  pas  dans  le  type,  ni  dans  la  variété 
Mauleii, 

RAFARIN. 

RERRIOIDES. 

aiguës,  inégales,  très-fortement  nervées, 
d’un  vert  clair  bien  qu’assez  foncé.  Pé- 
tiole court  (2-4  millimètres),  portant  à sa 
base  deux  stipules  linéaires,  presque  fili- 


430 


RHODOTYPUS 

formes,  très-finement  ciliées.  Fleurs  soli- 
taires à l’extrémité  des  jeunes  bourgeons, 
d’environ  15  millimètres  de  diamètre",  d’un 
beau  blanc.  Calice  à quatre  sépales  très- 
largement  ovales,  denliculés,  surtout  au 
sommet,  enveloppant  et  dépassant  de  beau- 
coup la  tleur  avant  son  épanouissement.  Co- 
rolle à quatre  pétales  étalés,  très-largement 
obovales , presque  orbiculaires , h peine 


KERRIOIDES. 

onguiculés.  Etamines  très-nombreuses  en- 
tourant un  pistil  à cinq  divisions  filiformes 
terminant  un  ovaire  dé|)rimé  arrondi. 

Le  Rhodotypiis  (tig.  5i)  est  très-rustique; 
il  supporte  sans  soufl’rir  les  plus  grands 
froids.  Sa  floraison  commence  dans  la  pre- 
mière quinzaine  d’avril  et  se  succède  pen- 
dant une  grande  partie  du  mois  de  mai.  Sa 
multiplication  est  des  plus  faciles  : on  la 


Fig'.  54.  — Khodotyinis  Kerrioides. 


fait  par  boutures  avec  des  bourgeons  her- 
bacés; on  la  fait  aussi  par  la  division  des 
touffes;  enfin,  on  peut  aussi  la  faire  par 
graines;  celles-ci,  qui  sont  assez  volumi- 


neuses, se  trouvent  placées  au  centre  de  la 
fleur,  où  elles  persistent  longtemps  sans  se 
détacher, 

Briot. 


ANTHURIUM  SCHERZERIANUM. 


Au  mois  d’avril  1864-,  à la  grande  Expo- 
sition d’horticulture  de  Bruxelles,  on  re- 
marquait dans  la  salle  des  nouveautés  de 
serre  chaude  une  petite  plante  fleurie  dont 
l’éclat  et  les  formes  bizarres  attiraient  par- 
ticulièrement les  regards  des  amateurs. 
Elle  était  exposée  par  MM.  Veitch,  de  Lon- 
dres, et  on  lisait  sur  l’étiquette  : Anthu- 
rium Scherzerianum. 

La  nouveauté  anglaise  fut  saluée  avec  em- 
pressement : on  y découvrit  tout  de  suite 
une  plante  d’avenir.  Disons  vile  que  sa  ré- 
putation n’a  fait  que  s’affirmer  depuis. 


V Anthurium  Scherzeriamim  a élé  ainsi 
nommé  par  Schotl,  — le  grand  historien  des 
Aroïdées,  enlevé  à la  science  l’année  der- 
nière, — en  souvenir  de  M.  Scherzer,  bota- 
niste collecteur  qui  découvrit  le  premier  la 
plante,  au  Guatémala,  sans  pouvoir,  toute- 
fois, l’envoyer  vivante  en  Europe.  Son  in- 
troduction est  due  tà  M.  Wendland,  qui  l’ap* 
porta  de  Costa-Rica  au  jardin  botanique  de 
llerren-hausen  (Hanovre).  De  là,  elle  fut 
envoyée  au  jardin  de  Kew,  où  elle  fleurit 
en  avril  i8Gi2.  Une  planche,  dessinée  et 
peinte  par  Fitch,  j)arut  en  juin  suivant  dans 


Revue  Ihriux4e 


t.ferna  Pmi^  lmp  Zanole  r.'des  BoaP 

Il  V d V a n ^ ('- a J a p o i î i (ai  r o s a 1 h a ' 


Rev  ne/  H orticoic^ 


A N T H U 1 U l]  M s G H E R Z E U I A N l]  M . 


U1 


le  Botmiicnl  Magazwe^  avec  une  description 
(le  M.  Ilooker.  Mais  celle  première  lloraison 
(‘lait  maigie  et  ne  pouvait  donner  une  idée 
de  la  beauté  que  la  plante  a acquise  depuis. 

M.  Veitch  la  mit  au  commerce  en  18ü  i. 
Aujourd’hui  elle  est  fort  répandue,  et  à me- 
sure que  les  pieds-mères  ont  pris  de  plus 
fortes  proportions,  les  fleurs  se  sont  mon- 
trées de  plus  en  plus  grandes,  brillantes 
et  nombreuses. 

Notre  gravure  noire  (tig.  55)  a été  dessi- 
née d’après  une  touffe  appartenant  tà  MM. 
Veitch,  à l’Exposition  universelle  d’horti- 
culture de  Londres,  au  mois  de  mai  der- 
nier. Cette  touffe  portait  vingt  Heurs  épa- 
nouies ou  prêtes  à s’épanouir,  et  il  est  dilïi- 
cile  de  donner  une  idée  do  leur  éclat 
incomparable. 

A tous  ces  mérites,  il  en  faut  ajouter  un 
autre,  le  principal  peut-être,  c’est  la  durée 


des  Heurs  épanouies.  Soit  sur  les  tout  jeunes 
|)ieds  pourvus  d’une  ou  deux  léuilles  seule- 
ment, soit  sur  les  fortes  toulfes,  ces  étranges 
et  charmantes  Heurs  se  développent  avec 
une  abondance  surpreuanle,  et,  pendant 
plus  d’un  mois,  parfois  deux,  elles  restent 
ouvertes  sans  se  Hétrir. 

L’espèce  rentre  dans  le  groupe  des  An- 
ihîiriim  mnpliciner^^^^^  de  Scliott;  elle  est 
seule  jusqu’ici  du  groupe  deuxième  : Por- 
phyrocliitonium.  Nous  ne  pouvons  mieux 
faire  que  d’emprunter  à cet  auteur  émérite 
sa-propre  description,  et  nous  la  traduisons 
prcs(tue  littéralement,  en  modi liant  seule- 
ment les  dimensions  des  Heurs  et  leurs  ca- 
ractères intérieurs.  Seliolt  n’avait  pu  les  voir 
que  sur  des  échantillons  secs  (d  petits  pro- 
venant de  l’herbier  de  Wendlaiid. 

A.  SciiEuzERiAm  M,  Schotl. —Tige courte, 
tà  entre-nœuds  courts.  Pétmli-s  sillonnés. 


b 


Fig.  55.  — Anthurium  Sclierzerianum. 


plusieurs  fois  plus  longs  que  les  entre- 
nœuds.  Géniculation  petite,  sillonnée.  Limbe 
des  feuilles  long  de  20  à 25  centimètres, 
oblong,  arrondi  ou  obtus  à la  base,  acuminé 
cuspidéau  sommet,  à pointe  grêle  allongée, 
ponctué  sur  les  deux  faces,  plus  long  que  le 
pétiole;  nervure  médiane  pâle;  nervure  pé- 
ripbéri(jue  éloignée  du  bord.  Pédoncule 
deux  fois  plus  long  que  le  pétiole.  Spadice 
en  forme  de  chaton,  subcylindroïde,  con- 
tourné, tà  peine  stipilé,  écarlate-orangé. 
Spalbe  d’un  écarlate  cocciné  intense,  plus 
court  que  le  spadice,  largement  ellipti(iue, 
longue  de  6 à 8 centimètres,  large  de  T à 6, 
à base  arrondie  largement  embrassante,  et 
à sommet  également  arrondi,  brièvement 
cuspidulé  ; quatre  sépales  obconiques,  Iri- 
gones,  largement  tronqués  au  sommet; 
quatre  étamines,  à filets  larges  et  courts,  à 
anthères  distinctes.  Ovaire  cubique,  à deux 
ou  quatre  cellules. 

Ce  que  la  description  botanique,  froide 
et  sèche  ne  peut  rendre,  c’est  l’aspect  ro- 
buste, luxuriant  de  cette  jolie  petite  plante; 
c’est  le  brillant  de  son  feuillage  vert  noir  sur 
lequel  se  détachent  les  spatlies  éclatantes; 
c’est  la  forme  étrange  du  spadice  orangé, 
qui  se  tord  comme  un  serpent  dans  les  for- 


mes les  plus  diverses  ; c’est  celle  Horibon- 
dité  inusitée  même  parmi  ses  congénères. 

La  culture  de  VA.  Scherzerimmmy  d’a- 
près ce  que  nous  avons  vu  à Londres,  dans 
les  serres  de  MM.  Veitch,  se  rapportera  aux 
autres  Aroïdées  de  serre  chaude  : un  mé- 
lange de  terre  de  bruyère  très-poreuse, 
grossièrement  concassée,  assainie  par  des 
morceaux  de  charbon  de  bois,  des  pots  d’un 
grès  très-perméable  sur  lequel  peuvent  s’ap- 
pliquer ses  racines  charnues,  sont  très-favo- 
rables à sa  végétation.  C’est  ainsi  que  nous 
l’avons  vue  également  réussir  dansplusieurs 
établissements  de  Paris.  Il  lui  faut  une  hu- 
midité modérée  mais  constante,  au  moins 
jusqu’à  l’épanouissement  des  Heurs.  On  peut 
alors  transporter  la  plante  dans  une  serre 
tempérée  ordinaire,  bien  éclairée,  si  on  vent 
la  conserver  longtemps  dans  son  éclat. 

Ainsi,  voilà  donc  un  Anthurium  qui  fait 
exception  aux  grandes  espèces  à feuillage, 
ornement  précieux  de  nos  serres  chaudes. 
S’il  n’a  pas  leurs  formes  nobles  et  leurs 
vastes  dimensions,  il  rachète  cela  par  une 
lloraison  qui  lui  garde  jus(iu’ici  le  premier 
rang  parmi  ses  pareils. 


Ep.  AxpuÉ. 


HYDRANGEA  JAPONICA  ROSALBA. 


Plante  sous-ligneuse  Irès-ramitiée.  Bour- 
geons à écorce  légèrement  pubescente,  puis 
glabre,  maculée,  striée  de  rouge-brun. 
Feuilles  opposées,  pétiolées,  d’un  vert 
foncé,  grisâtre,  fortement  nervées,  cordi- 
formes-ellipliques,  longuement  acuminées 
au  sommet,  largement  et  irrégulièrement 
dentées,  portant  sur  chaque  face  quelques 
poils  gros,  très-courts.  Pétiole  rougeâtre. 
Fleurs  disposées  en  ombelle  ; les  centrales 
à peu  près  réduites  aux  organes  sexuels, 
celles  de  l’extérieur  stériles  mais  alors  por- 
tées sur  un  très-long  pédicelle,  composées 
de  3-4  bractées  pétaloïdes,  très-grandes, 
largement  ovales,  dentées  sur  les  bords, 
blanches  d’abord,  puis  lavées-mouchetées, 
rose  plus  ou  moins  foncé,  finalement  rouge 
lie  de  vin  sur  un  fond  rose  carné, 

Cette  espèce,  originaire  du  Japon,  est 


tout  aussi  rustique  que  ses  congénères;  sa 
culture  et  sa  multiplication  sont  aussi  les 
mêmes. 

Nous  croyons  devoir  rappeler  ici  ce  que 
nous  avons  déjà  dit  sur  la  qualification  ro- 
salba  que  porte  cette  plante.  C’est  à M.  Vau 
Houtte,  l’un  des  horticulteurs  les  plus  re- 
marquables de  ce  siècle,  qu’on  la  doit.  Voici 
comment  la  chose  s’est  passée  : 

Comme  il  existait  dans  le  commerce 
deux  Hydrangea  tout  à fait  semblables  par 
tous  leurs  caractères  extérieurs  mais  avec 
des  qualifications  différentes,  l’un  était  VHy- 
drangea  alba,  l’autre,  au  contraire,  était 
y hydrangea  fosco,M,Yan  Houtte  les  voyant 
fleurir,  et  constatant  que  c’était  la  mémo 
espèce,  fondit  leur  qualification  rose  et 
blanCy  et  en  fit  rosalba,  expression  aussi 
heureuse  que  juste.  e.  a.  Carrière. 


CULTURE  ET  GARNITURES  SUCCESSIVES 

DES  JARDINS  POTAGERS. 


Cette  note  ne  s’adresse  ni  au  maraîcher 
spéculateur,  ni  au  jardinier  consommé  dans 
la  pratique;  les  conseils  que  nous  allons 
donner  pourront  servir  au  petit  propriétaire, 
qui,  soit  par  économie,  soit  par  distraction, 
voudra  lui-même  cultiver  les  productions 
potagères  dont  il  a besoin. 

Un  jardin  potager  ne  doit  pas  être  traité 
comme  une  terre  destinée  à la  grande  cul- 
ture, c’est-à-dire  qu’on  ne  doit  pas  laisser 
reposer  les  carrés  qui  ont  déjà  produit  jus- 
qu’à ce  que  la  terre  soit  de  nouveau  apte  à 
reproduire  d’autres  végétaux. 

Un  jardin  potager  bien  conduit,  au  con- 
traire, devrait  toujours  être  garni,  afin  de 
subvenir  convenablement  aux  besoins  de  la 
maison.  Nous  allons  indiquer  les  moyens 
d’assolement  à l’aide  desquels  on  y par- 
viendra. 

Avant  d’entrer  dans  les  détails  des  diffé- 
rents travaux  à l’aide  desquels  on  atteindra 
le  but  qu’on  recherche,  disons  un  mot  sur 
les  agents  les  plus  indispensables,  les  fu- 
mures et  les  arrosages.  On  n’apprécie  pas 
suffisamment  l’utilité  des  engrais;  il  est  ce- 
pendant facile  de  comprendre  que,  plus  les 
cultures  sont  suivies,  plus  les  terres  ont 
besoin  de  recevoir  des  engrais  pour  com- 
penser ce  que  les  produits  en  ont  enlevé,  et 
souvent  aussi  pour  remédier  au  mauvais 
entretien  auquel  elles  sont  soumises.  Le 
fumier  doit  donc  tenir  la  première  place 
dans  la  culture  maraîchère,  car  rarement  le 
jardin  pourra  être  continuellement  garni 
s’il  n’est  continuellement  fumé.  Tous  les 
corps  organiques  et  par  conséquent  toutes 


les  plantes  pouvant  servir  d’engrais,  on  devra 
donc  ne  laisser  rien  perdre  dans  le  jardin, 
soit  épluchures  de  légumes,  tiges  de  Choux, 
herbes  de  toute  espèce,  etc.,  que  l’on  mettra 
en  tas,  et  que  l’on  remuera  de  temps  en 
temps  en  ayant  soin  de  les  arroser,  soit  avec 
de  l’eau  simple  ou  mieux  avec  du  purin, 
lorsqu’on  sera  à même  de  le  faire.  H est 
bien  clair  que  les  fumiers  de  ferme,  et  prin- 
cipalement celui  de  vache,  seront  toujours 
les  meilleurs;  les  arrosages  avec  de  l’eau  na- 
turelle et  lorsqu’on  pourra  le  faire  en  ajou- 
tant à celle-ci  des  matières  organiques  ac- 
tives, telles  que  de  la  colombine,  de  la  pou- 
drette,  du  guano,  du  purin.  Un  arrosage  de 
cette  nature,  pratiqué  de  temps  en  temps,  est 
d’une  grande  utilité,  mais  on  n’en  usera  qu’a- 
vec modération.  S’il  sagit  de  semis,  un  seul 
arrosage  peut  suffire,  on  ne  le  donnera  que 
lorsque  le  semis  sera  déjà  fort,  afin  de  ne  pas 
s’exposer  à brider  les  plantes.  Après  ces 
indications,  qui  se  rapportent  à des  travaux 
en  quelque  sorte  préliminaires,  on  ppcédera 
aux  semis.  A cet  effet,  on  aura  dû  faire  choix 
d’un  coin  du  jardin  bien  abrité,  à proximité 
de  l’habitation  autant  que  possible,  afin  de 
pouvoir  facilement  surveiller  les  jeunes 
plantes  et  leur  donner  tous  les  soins  qu’elles 
exigent;  on  défoncera  .ce  terrain  à une  pro- 
fondeur moyenne,  0"‘.30  à 0™. 35,  toujours 
autant  que  possible  avant  l’iiiver;  si  ce  coin 
de  terre  était  de  nature  trop  forte,  on  le 
modifierait  de  manière  à l’alléger  et  à l’ap- 
proprier, en  ne  perdant  jamais  de  vue  que 
les  plantes  viennent  toujours  mieux  dans 
une  terre  légère  ; immédiatement  après  le 


433 


CULTURE  ET  GARKITURLS  SUCC 

dofüncement,  on  fumera  copieusement  et  on 
mêlera  cette  fumure  par  un  labour  peu  pro- 
fond. La  terre  ainsi  préparée  avant  l’iiiver, 
sera  convenable  pour  opérer  les  semis,  qui 
devront  commencer  à la  tin  de  janvier  ou 
au  commencement  de  février,  suivant  la  tem- 
pérature ou  les  conditions  de  climat  dans 
lesquelles  on  se  trouvera  placé. 


;essives  des  jardins  potagers. 

Dans  un  prochain  article  nous  indique- 
rons quels  sont  les  graines  qui  doivent  être 
semées  successivement  de  manière  à ce 
que  le  terrain  soit  toujours  garni  de  lé- 
gumes, suivant  la  saison  ; puis  viendront 
les  repiquages,  etc. 

Caiuîou, 

Horliculleur  à l’Eslagnol,  à Carcassonne  (.\ude). 


REVUE  DES  PUBLICATIONS  HORTICOLES  DE  L’ÉTRANGER. 


Aooieiiim  <'as4ell«-a»aîvae,  G.  Rolle,  pl.  5393. 

Les  Joubarbes  auxquelles  appartient  cette 
plante  ne  peuvent  guère  se  ranger  parmi 
celles  des  Crassulacées  qui  occupent  le 
premier  rang  dans  le  contingent  qui  fournit 
cette  riche  famille  à laculture  ornementale. 
La  plante  dont  nous  parlons  ici  forme  des 
arbustes  de  0'^L70  à de  hauteur,  à 

tige  très-rameuse  qui,  à la  base,  portent  les 
traces  des  feuilles  tombées.  Les  feuilles 
sont  ovales-spathulées,  glauques;  les  Heurs 
verdâtres  sont  disposées,  comme  dans  nos 
Joubarbes,  en  assez  grandes  panicules  ter- 
minales. 

J’ai  été  singulièrement  surpris  en  voyant 
appeler  cette  espèce,  une  ((  nouvelle  décou- 
verte » de  M.  Lowe,  qui  l’aurait  faite,  selon  le 
Botanical  Magazine,  en  avril  18G1 . M.  Lowe 
ne  pouvait  pas  ignorer,  parce  qu’il  appelle 
\a\MiüeSempervmim,PAi\AC,  que  cette  es- 
pèce avait  été  établie  par  M.  G.  Belle,  bota- 
niste berlinois,  qui  a séjourné  pendant  un 
certain  temps  aux  îles  Canaries,  et  qui  a 
donné  une  description  détaillée  de  la  plante, 
en  langue  latine,  dans  le  journal  Bonplan- 
dm,  année  1859,  page  190,  qui  l’avait  trou- 
vée dans  les  vallées  llerimgna  et  Yal  Iler- 
moso,  etc.,  dans  l’île  Gomèra,  précisément 
aux  mêmes  endroits  où  M.  Lowe  ppétend 
avoir  découvert  la  plante  en  1801,  et  qui 
l’avait  introduit  au  jardin  botanique  de  Ber- 
lin, dès  Vannée  1856.  Comment  expliquer 
celte  erreur  fort  piquante  et  fort  singulière? 


Ne  serait-il  pas  à désirer  que  le  Bolaniral 
Magazine  traitât  avec  un  peu  moins  do  légè- 
reté les  droits  de  priorité  en  fait  de  nomen- 
clature botanique? 

^nnehesia  noStilis,  J.  D.  Hooker,  pl.  o59i. 

CetteAcanthacée  fut  découverte  dans  l’Er- 
cuador,  en  1863,  par  M.  Pearce,  collecteur 
de  MM.  Veitch  ; elle  a Heuri  dans  les  serres 
de  Chelsea  en  juin  dernier. 

C’est  une  plante  herbacée,  dressée,  glabre. 
La  lige  est  obtusément  quadrangulaire;  les 
feuilles,  lomçues  de  7 à centimètres,  sont 
oblongues-wvales  ou  oblongues-lancéolées, 
pointues,  supportées  par  un  pétiole  large- 
ment ailé.  Les  belles  Heurs  longuement  tu- 
buleuses, d’un  beau  jaune  doré,  à étamines 
et  stigmate  saillantes,  sont  disposées  en 
courtes  panicules  serrées  enveloppées  à 
leur  base  de  larges  bractées  d’un  pourpre 
éc’arlate. 

^acPoSahhim  amjiaiHaceisBsis,  Lindley,  pl.  5595. 

Charmante  petite  Orchidée  qui  ne  dépasse 
pas  0"Ul8  en  hauteur,  à feuilles  ligulées, 
longues  de  3 centim.  environ,  distiques, 
très-épaisses,  carénées,  tronquées  et  irré- 
gulièrement dentées  au  sommet.  Les  Heurs, 
disposées  en  longues  grappes  dressées, 
axillaires,  sont  d’un  rose  foncé.  Cette  plante 
habite  les  Indes  orientales,  où  elle  fut  trou- 
vée pour  la  première  fois,  à Sylhet,  par  le 
D*’  Boxhurgh.  qui  Cappella  Ærides  anigmU 
fana.  j.  Groenland. 


USEZ,  MAIS  N’ABUSEZ  PAS. 


Inconvénients  qui  résultent  parfois  dans  les  sciences 
naturelles  de  suivre  trop  loin  et  trop  rigoureuse- 
ment la  filiation. 

Qui  veut  trop  prouver,  rien  ne  prouve,  dit- 
on  souvent  et  avec  raison.  Cela  s’explique, 
car,  en  poussant  une  chose  très-loin,  on  la 
complique,  et  toute  complication  touche  à la 
confusion.  Il  faut  en  tout  savoir  se  modérer 
et  s’arrêter  à temps;  en  voulant  être  trop 
logique  on  risque  de  devenir  illogique.  Les 
sciences  naturelles,  la  botanique  surtout, 
peut  nous  en  fournir  de  nombreux  exemples, 
l’üur  être  compris,  nous  devons  rappeler 
que  tout  végétal  est  considéré  comme  es- 


pèce ou  comme  variété,  et,  de  même  que 
toute  espèce,  indépendamment  de  son  nom 
spérifque,  en  porte  un  autre  qu’on  nomme 
géïiérique,  toute  variété  doit  porter,  outre 
son  nom  propre,  le  nom  spécifique  de  la 
plante  dont  elle  provient,  c’est-à-dire  le 
nom  de  sa  mère,  précédé,  comme  toujours, 
du  nom  générique.  11  en  résulte  que  toute 
variété,  sous-variété,  race  ou  sous-race  doit 
avoir  au  moins  trois  noms.  Ce  sont  les  prin- 
cipes scientifiques  indiquant  l’ascendance  ou 
la  descendance  des  individus  qui,  on  peut 
le  dire,  établissent  la  filiation  génésifine. 
Mais  il  est  encore  admis  que,  en  botanique 


434 


USEZ,  MAIS  N’AKUSEZ  PAS. 


aussi  bien  qu’en  zoologie,  on  doit  suivre  la 
filiation  ou  l’ordre  gcnériqne  pour  faire  res- 
sortir l’origine  qui  est  l’ascendance  ou  le 
degré  de’  parenté  des  individus.  Si  donc  on 
lient  absolument  à ne  pas  s’écarter  de  cette 
règle,  on  est  forcé,  comme  nous  l’avons  dit 
plus  haut,  de  commettre  des  non-sens  qui 
portent  atteinte  à la  logique  et  qui  blessent 
même  l’oreille.  Citons  quelques  exemples, 
et,  sans  préciser,  admettons  qu’à  dix  espèces 
(nous  pourrions  le  faire  pour  des  centaines) 
on  ait  donné  pour  noms  spécifiques  : à l’une, 
celui  de  gigantea  ; k Vimire,  celui  de  ré- 
pons; à une  autre,  celui  d\ilba;  à l’autre,  ce- 
lui de  villosa  ; kVmive,  celui  de  cordifolia; 
il  une  autre,  celui  diiniegrifolici  ; a une  au- 
tre, celui  de  /a;  à une  autre  en- 

core, celui  de  spinosa;  à une  autre,  enfin, 
celui  de  scaiidens  (grimpant).  Supposons 
qu’on  se  soit  basé  sur  la  nature  du  fruit  pour 
donner  à la  dixième  la  qualification  de  mi- 
crocarpa.  Si  l’on  sème  alors  des  graines  de 
toutes  ces  plantes,  que  pourra-t-il  arriver?  On 
obtiendra  peut-être  des  plantes  qui  présen- 
teront des  caractères  coinplélenient  opposés 
à ceux  des  plantes  dont  ces  graines  provien- 
nent. Précisons.  De  l’espèce  giganteaj par 
exemple,  on  pourra  obtenir  une  plante  naine. 
Alors  on  aura  un  gigantea  7iana,  c’est-à-dire 
un  géant  nain.  Qu’on  obtienne  du  type  ré- 
pons (qui  rampe)  une  plante  très-dressée,  on 
aura  une  plante  rampante  qui  ne  rampe  pas  ; 
que  du  type  alba  (blanc)  on  obtienne  du 
rouge,  du  jaune,  etc.,  alors  on  aura  un  alba 
rubra  (rouge  ou  (jaune),  c’est-à-dire  un 
blanc  qui  est  rouge  ou  jaune;  que  du  type 
villosa  {velu,  poilu)  on  obtienne  une  plante 
glabre,  on  aura  une  plante  velue  qui  n'a  pas 
de  poils;  que  du  type  cordifolia  (à  feuilles 
en  cœur)  on  obtienne  une  plante  à feuilles 
linéaires  (longues  et  très-étroites),  on  aura 
des  feuilles  en  cœur  qui  ne  seront  pas  en 


cœur;  que  du  type  integrifotia  (à  feuilles 
entiores)  on  obtienne  des  feuilles  laciniées, 
on  aura  des  feuilles  entières  qui  seront  di- 
visées; que  du  i\pe  microphylla  (à  petites 
feuilles)  on  obtienne  des  'grandes  feuilles,  ' 
on  aura  donc  des  feuilles  petites  qui  seront 
grandes;  que  du  type  spinosa  (épineux)  on  * 
obtienne  une  plante  inerme,  on  aura  une  I 
plante  épineuse  sans  épines;  que  du  type 
scandens  (qui  grimpe)  on  obtienne  une  j 
plante  dressée,  une  erecta,  comme  l’on  ! 
dirait,  on  aura  donc  une  plante  grimpante  ' 
qui  ne  grimpera  pas;  enfin,  que  du  niicro- 
oarpa  (à  petits  fruits)  on  obtienne  une  va-  ' 
riété  à gros  fruits  (macrocar pa),  on  aura 
donc  un  microcarpa  macrocarpa,  c’est-à- 
dire  une  plante  à petits  fruits  ayant  de  gros 
fruits.  Mais,  ce  n’est  pas  tout,  car  de  ces 
enfants  qui  ne  ressemblent  plus  à leurs 
parents,  dont  ils  doivent  néanmoins  porter 
le  nom,  pourraient  en  naître  encore  de  bien  i 
plus  diflerents,  qui  pourtant,  et  de  par  ta  | 
science,  n’en  devraient  pas  moins  porter  le 
nom  de  leurs  aïeux!  Nous  pourrions  sans 
peine  citer  des  centaines  d’exemples  de  ce 
genre;  mais,  comme  cela  nous  entraînerait  ! 
trop  loin  sans  prouver  davantage,  nous  n'en 
citerons  qu’un,  celui  que  fournit  la  Quaran-  i 
taine  (Mathiola  incana),  dont  le  type  (du 
moins,  ce  qu’on  regarde  comme  tel),  est  i 

velnet  blanchâtre,  ce  qui  lui  a valu  son  | 

nom.  Aujourd’hui  on  en  possède  de  glabres,  à 
fleurs  rouges,  jaunes,  blanches,  etc.,  naines, 
grandes,  etc.,  qui  ont  formé  races  se  repro- 
duisant dans  une  certaine  mesure,  et  dont 
les  descendants  ont  fait  de  même.  On  voit 
donc,  d’après  cela,  qu’on  pourrait  très-faci-  ' 
lement  faire  suivre  le  Mathiola  incana  d’une 
enfilade  de  noms  qui  pourrait  dépasser 
trente  ou  quarante. 

Nous  laissons  au  lecteur  le  soin  de  con- 
clure. ’ E.  A.  C.\RRIÈRE. 


QUELQUES  FOUGÈRES  DE  SERRE  FROIDE 

QUI  NE  TRENNENT  PA.S  LE  THRIPS. 


Les  Tbrips  sont  des  petits  insectes  pour 
ainsi  dire  microscopiques  qui  exercent  de 
grands  ravages  sur  les  F ougères.  Le  feuillage 
généralement  d’un  si  beau  vert  et  si  gracieux 
de  ces  plantes  se  couvre,  lorsqu’il  est  atta- 
qué, de  nombreuses  taches  grises,  résultat 
du  rongement  exercé  par  les  Tbrips.  Le  seul 
moyen  que  je  connaisse  de  détruire  les 
insectes  qui  m’occupent  est  de  les  recher- 
cher à la  main  et  de  les  tuer.  Ce  travail  est 
très-difficile,  pour  ne  pas  dire  impossible, 
car  on  doit  souvent  agir  sur  un  certain 
nombre  de  plantes  dont  les  frondes  ou  la 
souche  sont  généralement  couvertes  d’é- 
cailles,  et,  d’ailleurs,  chez  beaucoup  d’es- 
pèces, le  feuillage  est  si  fin  qu’il  ilevient 


pour  ainsi  dire  impossible  d’en  examiner  i 
les  parties.  ^ ^ 

Il  y a encore  un  autre  moyen,  qui  consiste 
à couper  les  frondes  au  fur  et  à mesure 
qu’elles  sont  attaquées  ; mais  le  remède  est 
plus  dangereux  que  le  mal,  car,  par  ce 
moyen,  on  fait  périr  assez  vite  la  plaide,  la  i 
Fougère  redoutant  infiniment  la  taille.  — 
J’ouvre  ici  une  parenthèse  pour  conseiller 
aux  amateurs  de  Fougères  de  ne  supprimer  , 
les  vieilles  frondes  que  lorsqu’elles  n’ont  j 
plus  de  vie. 

Le  Tbrips  est  un  petit  insecte  de  l’ordre 
des  Tliysanoptères;  il  est  mince,  allonge,  et 
subit  plusieurs  transforinalions.  Lorscpi  il 
est  jeune,  il  est  verdâtre  el  sans  ailes;  à 


QUELQUES  FOUGÈRES  DE  SERRE  FROIDE  QUI  NE  PRENNENT  PAS  LE  THRIPS. 


l’état  adulte,  il  a les  ailes  fraudées,  pliées 
sur  le  dos,  et  il  est  noirâtre.  Je  n’en  don- 
nerai pas  une  plus  longue  description,  tous 
les  cultivateurs  de  Fougères  le  connaissent, 
je  })ourrais  ajouter  les  cultivateurs  de  ca- 
niellias,  car  ilatta(|ue  également  cet  arbuste 
et  lui  est  très-nuisible. 

Pour  donner  un  exemple  de  la  vitalité 
de  cet  insecte,  j’ai  vu  des.Thrips,  surtout 
les  jeunes,  nager  un  quart  d’heure  dans 
l’buile  de  j)étroIe  comme  des  poissons  dans 
l’eau,  et  cependant  l’huile  de  pétrole  a une 
grande  énergie. 

Comme  l’iiulique  le  titre  de  cet  article,  il 
y a des  es[)èces  de  Fougères  qui  ne  sont  pas 
attaquées  par  cet  animal  nuisible;  il  me 
paraît  utile  de  signaler  celles  que  je  connais  : 

Cyatbea  dealbata. 

Aspidium  quinquangulare. 

— serra. 

— conii  folium. 

— caripensc. 

— Sepherdi. 

— molle. 

Lastrea  glabella. 

— Rileyana. 

Pteris  argyrea. 

— rubronervia. 

— Cretica. 

— — albolineala. 

Lo maria  Banksii. 

Asplénium  fæcundum. 

— bulbiferum. 
serra. 

— dirnorphum. 

— • obtusatum. 

— odontites. 


Asplénium  llabellalum. 

— • reclinatum. 

— lucidum. 

■ — polypodioides. 

— iragrans. 

Polypodium  glaucum. 

— Billarderii. 

— pbyllitides. 

Nephrodium  tuberculatum. 

— corymbiferum. 

Adiantum  curvatuni. 

— setulorum. 

— Moritziauuni. 

— Æthiopicum. 

— Cbilense. 

— tenerurn. 

— ))ubescens. 

— formosum. 

— pedalum. 

Doodia  lunulota. 

— caudata. 

Diplazium  celtidifolium . 

— giganteum. 

Bleclmum  triangulare. 

Brynaria  Fortunei. 

Niphobolus  rupestris. 

— lingua. 

B n’y  a pas  d’inconvénient  adiré,  en  pas- 
sant, que,  selon  moi,  la  meilleure  terre  |»onr 
la  culture  des  Fougères  est  la  terre  de  Saule 
mélangée  de  bois  mort  pourri  du  même  ar- 
bre. 

Je  compte,  dans  un  [)rocbain  article, 
donner  une  autre  liste  des  Fougères  ([ui 
sont  ordinairement  attaquées  à divers  de- 
grés par  les  Thrips. 

De  Terni^iex. 


CULTURE  DES  PASSIFLORES  EN  ANGLETERRE. 


Tout  le  monde  sait  aujourd’hui  que  la 
culture  des  arbres  fruitiers  sous  verre  est 
devenue  à la  mode  chez  nos  voisins  d’au- 
delà  du  détroit;  ce  qu’on  sait  moins,  c’est 
(lue  les  arbres  fruitiers  des  tropiques  ten- 
dent à y bure  concurrence  à ceux  d’Europe. 
Il  y a,  en  effet,  si  peu  de  distance  d’une 
de  ces  cultures  à l’autre,  quand  toutes  deux 
sont  subordonnées  à la  chaleur  artificielle, 
qu’il  n’y  a pas  lieu  de  s’étonner  que  celte 
distance  ait  été  franchie.  Voici  ce  que  nous 
en  dit  le  Gardener's  Chronicle  dans  un  de 
ses  derniers  numéros: 

Une  des  plus  belles  serres  à fruits  tropi- 
caux de  l’Angleterre  est  celle  d’un  M.IIinds, 
Esq.,  domicilié  à Byflect  Lodge,  près  de 
A\eybridge.  Beaucoup  d’arbres  fruitiers 
exotiques  y sont  cultivés  avec  succès,  entre 
autres  un  sujet  de  Papayer,  haut  de  plus  de 
0 mètres,  sur  lequel  on  a cueilli,  dans  le 
coumnt  de  l’été,  six  douzaines  de  fruits 
liarfaitement  mûrs,  et  auquel  il  en  restait 


encore,  ces  jours  derniers,  quelques-uns  en 
train  de  mûrir.  Toutefois,  ce  qui  étonne  le 
plus  les  nombreux  visiteurs  de  la  serre  de 
M.  Ilinds,  c’est  une  Grenadillc,  ou  Passi- 
(lore  quadrangulairc  {Pimiflora  quadran- 
gularis),  sur  laquelle  on  conq)tait,  vers  la 
jfîn  d’octobre,  vingt-deux  gros  fruits.  Il  faut 
dire  qu’on  en  avait  déjà  cueilli  trente-deux, 
tous  arrivés  à maturité  complète,  et  qu’un 
de  ces  derniers  avait  été  fort  admiré  par 
la  commission  de  la  Société  royale  d’horti- 
culture, réunie  le  2 octobre  à South-Ken- 
sington.  Cette  Passillore  est  dressée  sur  un 
treillis  en  forme  de  berceau,  de  8 pieds  de 
haut  sur  20  de  longueur,  dont  elle  couvre 
toute  l’étendue.  Bes  branches  isolées  sont, 
en  outre,  dirigées  en  travers  de  la  serre  et 
fixées  à la  toiture,  de  chaque  côté  du  ber- 
ceau ; elles  ont  donné,  aussi  bien  que  celles 
qui  s’appuient  sur  le  treillis,  des  quantités 
de  Heurs  et  de  fruits. 

La  Passillore  à feuilles  de  laurier  (Passi- 


i36 


CULTÜRE  DES  PASSIFLORES  EN  ANGLETERRE. 


flora  laurifolia),  ou  limon  d'eau^  a aussi 
été  cullWée  avec  succès  dans  la  serre  de 
M.  Hinds.  Le  fruit  de  celle-ci  estcà  peu  près 
de  la  taille  et  de  la  forme  d’un  œuf  de  poule 
(celui  de  la  Passiflore  quadrangulaire  est  de 
la  grosseur  d’un  melon  moyen)  ; il  naît  sur 
des  branches  latérales,  qui  ordinairement 
en  portent  trois,  et,  au  moment  de  sa  ma- 
turité, il  prend  une  teinte  orangé  rouge 
très-vive,  qui  n’ajoute  pas  peu  à Teffet  dé- 
coratif de  la  plante.  On  croit  que  cette  Pas- 
siflore n’avait  jamais  jusque-là  fructifié  en 
Angleterre. 

feen  ne  serait  plus  facile  en  France,  pour 
des  curieux  ou  des  amateurs  qui  voudraient 
se  donner  ce  passe-temps,  que  de  cultiver 
sous  verre  quelques  espèces  de  Passiflores 
à fruits  comestibles;  et  même,  sous  le  ciel 
de  la  Provence,  il  est  assez  vraisemblable 
que,  dressées  sur  des  murs  tournés  au  midi, 
ces  jolies  plantes  grimpantes  pourraient  se 
passer  d’abris  vitrés.  Nous  devons  toutefois 
les  prévenir  que,  dans'le  groupe  des  Passiflo- 
res, il  est  souvent  utile  de  féconder  les  fleurs 
artificiellement  pour  en  faire  nouer  les  fruits, 
et,  de  plus,  que  la  chance  d’en  obtenir  est 
beaucoup  plus  grande  si  on  prend  le  pollen 
sur  d’autres  individus  que  ceux  aux  flçurs 
desquels  il  est  destiné.  Ceci  nous  remet  en 
mémoire  des  expériences  faites  en  Ecosse, 
il  y a quatre  ou  cinq  ans,  par  M.  John  Scott, 
directeur  du  Jardin  botanique  d’Edimbourg, 
expériences  qui  viennent  à l’appui  de  ce 
que  nous  disons,  et  qui  prouvent  une  fois 
de  plus  combien  M.  Darwin  a vu  juste 
quand  il  a déclaré  la  nature  ennemie  des 
alliances  consanguines,  même  chez  les 
plantes.  Yoici  les  faits  : 

De'puis  plusieurs  années,  on  avait  remar- 
qué au  Jardin  botanique  d’Edimbourg  que 
les  Passiflora  racemosa,  cœrulea  et  alata^ 
quoique  fleurissant  avec  profusion,  restaient 
constamment  stériles.  Désirant  savoir  pour- 
' quoi,  M.  J.  Scott,  en  1861  et  1862,  fit  sur 
ces  plantes  de  nombreux  essais  de  fécon- 
dation artificielle.  Le  seul  résultat  qu’il  ob- 
tint fut  celui-ci  : 

Toutes  les  fois  que  les  plantes  ont  reçu 
leur  propre  pollen,  leurs  ovaires  ont  refusé 
de  nouer,  ou  si,  dans  des  cas  rares,  ils  se 
sont  développés  en  fruits,  ils  n’ont  jamais 
contenu  une  seule  graine  embryonnée.  Cette 
stérilité  était-elle  due  à l’imperfection  du 
pollen?  Les  expériences  qui  suivent  établis- 
sent manifestement  le  contraire  : 

1«  Dix  fleurs  du  Passiflora  racemosa  ayant 
reçu  du  pollen  de  P.  alata^  sept  ovaires  ont 
noué,  et  quatre  ont  donné  des  fruits  mûrs, 
contenant  chacun,  en  moyenne,  123  graines 
bien  constituées.  Quatre  fleurs  du  même  P. 
racemosa,  couvertes  par  le  pollen  d’un  au- 
tre pied  de  P.  alata,  sont  restées  stériles, 
tandis  que  six  fleurs  fécondées  par  le  pollen 
d’un  autre  individu  du  même  P.  alala  ont 


produit  trois  fruits,  dont  un,  arrivé  à matu- 
rité, contenait  114  bonnes  graines. 

2»  Sur  six  fleurs  du  P.  racemosa  qui  fu- 
rent fécondées  par  le  pollen  d’un  premier 
individu  de  P*  cœrulea,  il  yen  eut  deux  qui 
mûrirent  des  fruits,  contenant  à eux  deux 
235  graines,  dont  197  paraissaient  bien 
constituées;  mais  seize  fleurs  du  même  P. 
racemosa,  qui  avaient  reçu  du  pollen  de 
deux  autres  pieds  de  P.  cœrulea,  restèrent 
entièrement  stériles.  Le  pollen  du  Tacsonia 
pinnatistipula  ne  produisirent  aucun  effet 
sur  les  fleurs  du  P.  racemosa  ; mais  sur  six 
fleurs  de  ce  dernier  qui  furent  fécondées 
par  le  Tacsonia  mollissima,  il  y en  eut  trois 
qui  donnèrent  des  fruits,  dont  un  seul, 
arrivé  à maturité,  contenait  22  bonnes  grai- 
nes contre  120  mauvaises.  Enfin,  vingt  fleurs 
du  P.  racemosa,  dont  les  stigmates  reçurent 
le  pollen  de  leurs  propres  fleurs,  restèrent 
tcTutes  stériles,  sauf  une  seule  qui  donna  un 
fruit,  encore  aucune  graine  n’en  était-elle 
embryonnée. 

3*^  Le  P.  cœrulea,  soumis  aux  mêmes 
épreuves,  donna  des  résultats  semblables. 
Yingt  fleurs  fécondées  par  elles-mêmes 
refusèrent  de  nouer  leurs  ovaires;  mais  la 
plante  ayant  reçu  du  pollen  d’un  autre  pied 
de  même  espèce  devint  très-fertile,  et  donna 
beaucoup  de  bonnes  graines.  Fécondé  par 
le  pollen  du  P.  racemosa,  ce  même  P.  cœ- 
rulea a donné  des  fruits  mûrs,  contenant 
des  graines  bien  constituées  ; il  en  a noué 
aussi  sous  l’influence  du  pollen  du  P.  alala, 
mais  qui  sont  tombées  avant  d’avoir  atteint 
tout  leur  accroissement. 

¥ Le  P.  alala  s’est  montré  tout  aussi 
impuissant  dans  la  fécondation  des  indivi- 
dus par  eux-mêmes.  Un  grand  nombre  de 
ses  fleurs,  dont  les  stigmates  avaient  reçu 
le  pollen  des  étamines  qui  les  entouraient^ 
sont  restées  entièrement  stériles;  mais  ce 
pollen,  porté  sur  les  fleurs  d’autres  indivi- 
dus de  la  même  espèce,  les  a rendues  très- 
fécondes,  et  même  à fait  nouer  deux  fleurs 
de  Disemma  adiantlioides  (genre  voisin  des 
Passiflores),  dont  les  fruits  mûrs  ont  conte- 
nu 46  graines  embryonnées,  sans  compter 
plus  de  200  autres  graines  qui  étaient  vides. 
Six  fleurs  de  Disemma  coccinea,  qui  reçu- 
rent pareillement  du  pollen  du  P.  alala, 
donnèrent  un  fruit  mûr,  oû,  sur  47  graines, 
il  s’en  trouva  une  douzaine  qui  paraissaient 
bien  constituées. 

5«Le  Tacsonia  pinnalislipula  a présenté 
les  mêmes  faits,  peut-être  encore  avec  plus 
d’évidence.  En  1862,  M.  John  Scott  en  ayant 
fécondé  150  fleurs  par  leur  propre  pollen, 
ne  vit  que  trois  ovaires  nouer  et  deux  fruits 
seulement  arriver  à maturité.  Les  graines  y 
étaient  en  grand  nombre,  mais  pas  une 
seule  ne  contenait  d’embryon.  Un  résultat 
bien  différent  a été  obtenu  sur  six  fleurs 
de  ce  même  T.  pinnalislipula  par  l’emploi 


437 


CULTURES  DES  PASSIFLORES  EN  ANGLETERRE. 


du  pollen  du  T,  niollissima;  trois  de  ces 
Heurs  ont  noué  leur  ovaire,  et  un  fruit,  qui 
arriva  à maturité,  se  trouva  contenir  100 
graines,  dont  52  étaient  embryonnées. 

6o  Un  autre  amateur,  correspondant  ano- 
nyme du  Journal  of  Ilorticullure  (numéro 
du  6 novembre),  nous  donne  quelques  dé- 
tails de  plus  sur  la  culture  du  Passiflora 
laurifolia,  qu’il  pratique  avec  succès  depuis 
quelques  années.  Ses  fruits,  nous  dit-il, 
commencent  à être  recbercbés  en  Angle- 
■ terre,  mais  on  ne  les  obtient  pas  sans  fécon- 
dation artificielle,  et,  de  plus,  le  pollen  de 
la  plante  reste  inerte  sur  ses  propres  Heurs. 
On  y emploie  celui  de  la  PassiHore  bleue 
(P.  cœnilea),  qui  agit  très-efficacement.  Ses 
plantes  sont  dans  des  caisses  de  1 mètre  de 
diamètre,  et  leurs  branches  sont  palissées 


au  haut  de  la  serre,  le  long  du  vitrage,  où 
elles  reçoivent  beaucoup  de  lumière.  La 
chaleur  du  sol  est  d’environ  26'*  centigrades, 
celle  de  l’air  ambiant  ne  dépassant  pas  17  à 
18  degrés. 

Beaucoup  d’autres  faits  analogues  pour- 
raient être  ajoutés  à ceux-ci;  mais  en  voilà 
assez  pour  faire  sentir  l’intérêt  d’un  sujet 
encore  peu  exploré,  et  montrer  combien  la 
pratique  du  jardinage,  quand  elle  s’allie  à 
l’espnt  d’observation,  peut  rendre  de  servi- 
ces à la  science.  Nous  n’espérons  guère  ce- 
pendant que  l’exemple  de  M.  Scott  trouve 
beaucoup  d’imitateurs  en  France  ; on  y est 
trop  porté  à suivre  la  vieille  maxime  : Me- 
liora  video  proboque,  détériora  seqnor. 

Naudin, 


LES  BAMBOUS  SONT-ILS  MONOCARPIQUES? 


Commençons  par  dire,  à ceux  qui  ne  le 
sauraient  pas,  ce  qu’on  doit  entendre  par 
monocarpique. 

Ce  terme  s’applique  à toute  plante  qui, 
quelle  que  soit  sa  durée,  ne  Heurit  qu’une  ibis 
et  meurt  lorsqu’elle  a fructifié,  telles  sont 
certaines  espèces  A' Agave,  de  Fourcroya, 
le  Musa  ensele,  etc.,  etc. 

^ Reconnaissons,  d’autre  part,  que  rien  peut- 
être  n’est  plus  mal  connu  que  les  Bambous, 
et  ajoutons  même  que  ces  plantes  sont 
I extrêmement  difficiles  à connaître,  parce 
qu’elles  Heurissent  difficilement  et  très- 
rarement,  même  dans  leur  pays. 

Voici  ce  qui  nous  a suggéré  l’idée  que  ces 
plantes  pourraient  bien  être  monocarpiques . 

11  y a environ  dix  ans,  nous  avons  reçu  de 
Chine  une  certaine  quantité  de  Bambous 
: ^ qui  se  sont  mis  à Heurs  au  bout  de  peu  de 
temps,  et,  malgré  tous  nos  soins,  malgré 
1 toutes  les  précautions  que  nous  avons  prises 
pour  les  conserver,  tous  sont  morts  : c’était 
I déjà  une  présomption. 

Depuis  lors,  ce  qui  vient  de  se  passer  sur 
le  Bambusa  metake  a encore  éveillé  notre 
i attention. 

11  y a quelques  années  qu’on  cultive  cette 
espèce,  qui,  comme  chacun  le  sait,  est  des 
plus  rustiques,  mais  aussi  des  plus  enva- 
hissantes. Or,  on  la  voyait  toujours  bien 
vigoureuse  et  donner  même,  doans  certains 
endroits,  des  tiges  qui  atteignaient  parfois 
jusqu’à  2 mètres  de  hauteur  tout  en  restant 
bien  vertes.- 

j y a B’ois  ans  environ,  les  plantes  n’a- 

I valent  pas  encore  Heuri  ; depuis,  presque 
[ toutes  et  partout,  ou  à peu  près,  ont  fructifié, 
f mais  alors  les  plantes  n’ont  plus  continué 

I PELARGONIUM  É 

La  série  des  Pélargonium  à grandes 
Heurs,  si  riche  dans  les  variétés  de  serre  à 


de  s’étendre,  elles  sont  devenues  grises,  les 
feuilles  eUles  tiges  ont  séché,  et  alors  plus  de 
végétation,  pour  ainsi  dire,  plus  de  nou- 
veaux drageons.  On  avait  cru  que  la  floraison 
passée  les  choses  auraient  repris  leur  cours 
habituel,  que  les  plantes  auraient  repoussé. 
Pas  du  tout,  et  aujourd’hui  beaucoup  ([e 
celles  qui  ont  fructifié  donnent  à peine 
signe  de  vie.  Il  est  aussi  à remarquer  que  si 
l’on  divise  les  touffés  qui  ont  Heuri,  et  si 
on  en  prend  les  parties  qui  paraissent  en- 
core vivantes  pour  les  planter,  elles  no 
donnent  que  des  jets  très-faibles  qui  se 
mettent  de  suite  à Heurs,  sans  avoir  donné 
à peine  des  feuilles.  La  Horaison  du  pied- 
mère  paraît  avoir  épuisé  les  enfants  qui  en 
proviennent.  Il  peut  donc  arriver  que,  dans 
quelques  années,  le  Bambusa  metake,  après 
avoir  été  très-commun,  disparaisse  à peu 
près  complètement  des  cultures. 

A quoi  donc  est  due  cette  particularité  de 
fleurir  chez  le  Bambusa  metake  ? Ne  serait- 
elle  pas  déterminée  par  l’arrêt  qu’on  ap- 
porte à son  extension  en  coupant  chaque 
année  les  drageons  qui  tendent  à courir,  et  en 
concentrant  ainsi  toute  la  vie  vers  la  partie 
centrale,  qui,  très-atîaiblie,  subit  alors  une 
sorte  de  réaction  qui  la  fait  fleurir?  Ceci 
n’est  évidemment  qu’une  hypothèse,  mais 
une  hypothèse  qui  pourrait  bien  ne  pas 
être  dénuée  de  fondement. 

Quoi  qu’il  en  soit,  l’expérience  inérilerait 
d’être  tentée.  La  chose  est,  du  reste,  facile  ; 
il  suffirait  d’avoir  un  pied  très-vigoureux, 
de  le  planter  dans  un  terrain  vague,  et  de 
l’abandonner  complètement  à lui-même,  en 
le  protégeant, au  besoin,  contre  lesplantesqui 
pourraient  gêner  sa  végétation.  Riések. 

ÆONORE  PETIT. 

floraison  printannière,  a produit,  jusqu’ici, 
peu  de  plantes  remontantes  propres  à l’or- 


:: 


438 


m.ARGONIUM  ÉLÉONORE  l ETlT. 


ncment  des  jardins,  à la  eoiwposition  des 
curljeilles  d’été.  La  meilleure  \ ,u  iété,  dans 
ce  ij^enre,  est  la  Gloire  de  Paris.  Elle  est 
aussi  précieuse  comme  plante  de  marché, 
pour  les  fleuristes,  par  l’éclat  de  ses  grandes 
fleurs  d’un  écarlate  cerise  brillant  et  par  sa 
tloribondité  exceptionnelle,  que  pour  la  cul- 
ture en  plein  air,  où  elle  remonte  pendant 
toute  la  belle  saison. 

Une  variété  nouvelle  vient  se  placer  à 
côté  d’elle.  Elle  est  mise  en  vente  par 
M.  Mézard,  horticulteur  à Rueil  (Seine-et- 
Oise),  sous  le  nom  d'Eléonore  Petit. 

La  plante  provient  d’un  semis  fait  en 
1864  par  M.  Frédéric  Petit,  jardinier  de 
M.  Fournier,  à Saint-Cloud.  Ses  qualités 
remarquables  lui  ont  déjà  valu  des  récom- 
penses à la  Société  impériale  et  centrale 
d’horticulture  et  à l’Exposition  du  Pré-Ca- 
telan. 

Nous  avons  pu  nous  assurer  que  ces  dis- 
tinctions étaient  juslifieés.  Deux  corbeilles 
d’Eléonore  Petit,  placées  en  pleine  terre 
chez  l’obtenteur,  étaient  encore  en  fleurs  au . 
lcr  octobre,  malgré  l’année  pluvieuse  que 
nous  avons  traversée,  et  nous  avons  sous 
les  yeux  en  ce  moment  (19  octobre)  une 
denu-douzaine  de  capitules  fleuris  et  abon- 
damment pourvus  de  boutons. 

PLANTES  NOUVELLES,  B 

Goloncastcr  Fontanesii,  Spacb.  Arbris- 
seau d’environ  1 mètre  de  hauteur,  se  cou- 
vrant chaque  année  de  fruits  d’un  rouge  de 
corail  du  plus  bel  elTet.  La  Renie  en  don- 
nera prochainement  une  figure  coloriée. 

Rumelia  lydoides,  Willd.  Arbrisseau  trés- 
rameux,  à rameaux  épineux.  Feuilles  ca- 
duques, obovales  oblongues,  très-longue- 
ment atténuées  à la  base,  ordinairement 
canaliculées,  d’une  nature  sèche  et  coriace, 
luisantes  en  dessus.  Fleurs  petites,  très-nom- 
breuses, pédicellées,  naissant  en  fascicules 
sur  des  sortes  de  renflements  (bourgeons 
rudimentaires)  qui  portent  au  centre  un 
faisceau  de  fleurs  blanches,  très-odo- 
rantes. 

Originaire  de  la  Caroline,  le  B.  lycioides 
est  très-i  ustique.  Sans  être  d’ornement,  dans 
le  sens  qu’on  attache  ordinairement  à ce 
mot,  c’est  un  arbuste  à multiplier  plus  qu’on 
est  dans  l’habitude  de  le  faire.  Si  ses  fleurs 
sont  petites,  elles  viennent  en  telle  quantité 
(jue  les  rameaux  en  sont  couverts,  et  elles 
se  montrent  à une  époque  où  il  n’y  en  a 
pour  ainsi  dire  pas  d’autres.  De  plus,  elles 
répandent  une  odeur  des  plus  douces,  très- 
agréable.  Nous  ajoutons  que,  planté  près  à 
près  et  taillé,  il  formerait  des  haies  impéné- 
trables. On  le  multiplie  de  graines  qu’on 
doit  semer  aussitôt  leur  maturité. 


Le  Pelargoninm  Eléoiioi'e  Petit  forme 
une  plante  ramifiée  régulièrement,  portant 
des  feuilles  dressées  d’un  beau  vert,  à limbe 
creusé  en  coupe,  sinuées  lobées,  à derits 
aiguës,  munies  de  poils  blancs,  longs.  Les 
fleurs,  en  capitules  ombelliformes,  sont  lon- 
guement pédicellées,  dressées,  insérées  sur 
de  longs  pédoncules,  souvent  bifides  et 
pourvus  au  sommet  d’une  collerette  de 
îiractées  scarieuses  et  ciliées.  Les  corolles 
sont  de  grandeur  moyenne,  de  forme  parfai- 
tement arrondie, d’une  belle  couleur  rouge- 
cerise  foncé  à reflets  feu.  Tous  les  pétales, 
surtout  les  deux  supérieurs,  sont  largement 
maculés  et  un  peu  striés  de  noir  pourpré 
très-beau. 

L’aspect  général  de  cette  jolie  nouveauté, 
qui  rentre  dans  la  section  des  Pélargonium 
à cinq  macules,  dits  Odier,  est  des  plus 
agréables.  Sans  doute  Eléonore  Petit  n’ef- 
facera jamais  Gloire  de  Paris;  mais  ce  n’en 
est  pas  moins  une  bonne  plante.  C’est  un 
nouveau  pas  vers  l’obtention  des  variétés  re- 
montantes de  Pélargonium  à grandes  fleurs, 
et  si  l’on  pouvait  obtenir  ce  caractère  de  la 
moitié  seulement  de  celles  qui  enrichissent 
nos  serres,  on  ajouterait  à la  décoration 
estivale  de  nos  jardins  un  charme  tout  nou- 
veau. Ed.  André. 


MS  OU  PEU  CONNUES. 

Aster  versicolor  nana.  Plante  vivace, 
traçante,  atteignant  30  à 40  centim.  de  haut 
teur.  Tige  grosse,  dressée,  excessivemen- 
rameuse.  Bourgeons  stériles  ou  foliaires,  à 
feuilles  longuement  lancéolées,  rétrécies 
à la  base,  puis  très-longuement  prolongées 
en  une  sorte  de  pétiole  ailé  un  peu  amplexi- 
caule,  vertes,  luisantes,  glabres.  P’euilles 
radicales,  larges,  à peu  près  semblables  aux 
feuilles  des  bourgeons  stériles.  Rameaux 
florifères  excessivement  nombreux,  dressés 
terminés  par  une  fleur.  Feuilles  raméales 
écartées,  arquées,  très-rapprochées,  linéai- 
res, un  peu  élargies  au  milieu.  Fleurs  blan- 
ches, passant  très-promptement  au  rose, 
puis  au  violet-rosé,  très-nombreuses,  larges 
de  20  à 25  millimètres,  à pétales  de  la  cir- 
conférence ligulés,ceux  du  centre  tubulés. — 
Très-belle  plante  obtenue  au  Muséum  de 
graines  de  V Aster  versicolor.  Elle  a quelque 
rapport  avec  V Aster  bicolor,  mais  elle  en 
diflere  sensiblement  d’abord  par  son  port 
beaucoup  plus  raide  et  par  ses  feuilles  ra- 
méales, qui,  au  lieu  d’être  dressées  et  tor- 
dues, sont  plus  grandes,  plates  et  réguliè- 
rement arquées-réfléchies.  C’est,  nous  le 
répétons,  une  bonne  acquisition  pour  l’or- 
nement. 

Cratœyascrcnalata.  Ce  petit  arbuste,  (pii 
a quehjue  rapport  avec  le  Buisson  ardent 


439 


PLANTES  NOEVELLES,  HAKES  OU  PEU  CONNUES. 


{C.  pijracimUia),  n’est  pas  aussi  répandu 
qu'il  devrait  rèlre  à cause  de  ses  fruits 
rouges  corail,  luisants  et  comme  vernis 
qu’il  donne  tous  les  ans  en  très-grande 
quantité.  Ces  fruits  qui  restent  longtemps 
sur  la  plante  et  qui  pendant  plus  de  trois 
mois  forment  un  contraste  des  plus  agréables 
avec  le  vert  foncé  luisant  des  feuilles,  font 
de  cet  arbuste  l’un  des  plus  jolis  et  des  plus 
propres  à rornement  des  jardins.  En  etfet, 
indépendamment  des  fruits,  la  plante,  qui 
est  à feuilles  persistantes,  se  couvre  au 
printemps  de  fleurs  blanches.  Dans  le  nord 
de  la  France  et  même  dans  certaines  parties 
du  centre,  le  Cratœgus  crenalata  est  par- 
fois détruit  par  les  gelées. 

— Nous  ne  blâmons  pas  ceux  qui  courent 
après  les  nouveautés  ; mais  nous  croyons 
que  pour  courir  après  celles-ci,  qui  ne  don- 
nent pas  tous  les  jours  ce  qu’on  en  atten- 
dait, on  dédaigne  trop  des  plantes  qui  ont 
un  grand  mérite. 

Les  Aster  se  trouvent  un  peu  dans  cette 
catégorie , aussi  nous  croyons  devoir  en 
signaler  quelques-unes  des  plus  jolies.  Nous 
le  croyons  d’autant  plus  que  ce  sont  des 
plantes  très-rustiques,  qui  pour  ainsi  dire 
ne  demandent  aucun  soin.  Nous  indiquons 
donc  tout  particulièrement  les  Aster  amel- 
lus,  amelloides,  bicolor,  blcolor  major,  for- 
musissimiis,  tœvigatus,  prenanthoides,  re- 
pertus,  reversii,  roseus,  tenuifolius,  trades- 
canti,  versicolor,  et  enfin  V Aster  turbinel- 
liis,  espèce  non-seulement  très-jolie,  mais 
encore  très-remarquable  par  son  aspect,  et 
dont  notre  collègue,  M.  Yerlot,  à qui  le 
Muséum  la  doit,  a donné,  dans  ce  numéro, 
une  description.  Toutes  ces  plantes  fleu- 
rissent vers  la  fin  de  l’été  et  le  commence- 
ment de  l’automne  ; elles  sont  surtout  pré- 
cieuses pour  les  grands  jardins. 

Nous  recommandons  aussi,  dans  le  môme 
but  que  nous  avons  fait  des  Aster,  et  comme 
présentant  les  mêmes  avantages,  les  Gata- 
tetla,  sortes  d’Aster  à Heurs  disposées  en 
forme  d’ombelles.  Les  espèces  les  plus 
recommandables  sont  les  Galatella  acris, 
Uni  folia,  Hauptii,  hyssopifolia  etpunctata. 

Eupatorium  aromaticmn,  L.  Plante  vi- 
vace, atteignant  jusqu’à  80  centimètres  de 
bauteur  et  formant  une  touffe  d’un  diamètre 
presque  de  la  même  dimension.  Tige  cylin- 
drique, glabre.  Feuilles  opposées,  pétiolées, 
cordiformes , longuement  acuminées  en 
pointe,  largement  dentées,  molles,  unies 
en  dessus,  un  peu  scabres  en  dessous  par 
les  nervures  saillantes.  Ramilles  florales  op- 
posées-décurvées,  parfois  irrégulièrement 
alternes,  terminées  par  une  quantité  consi- 
dérable de  Heurs  très-blanches,  dont  la  légè- 
reté est  encore  augmentée  par  le  style  lon- 
guement saillant  terminé  par  un  stigmate  à 
deux  branches  écartées,  le  tout  d’un  blanc 


de  neige,  réunies  et  formant  des  sortes 
d’ombelles  d’un  très-bel  effet. 

Cette  espèce  n’est  pas  aussi  répandue 
qu’elle  devrait  l’êire.  Elle  Heurit  en  abon- 
dance depuis  le  commencement  de  septem- 
bre jusqu’aux  gelées.  Non-seulement  elle 
est  très-propre  à l’ornement  des  grands  jar- 
dins, où  l’on  devra  la  placer  vers  le  milieu 
des  plates-bandes  à cause  des  dimensions 
assez  grandes  qu’elle  atteint,  mais  encore 
elle  est  très-propre  à la  confection  des 
bouquets.  — Originaire  de  l’Amérique  sep- 
tentrionale, VEapatorinni  aromaticum  sup- 
porte sans  souffrir  le  froid  de  nos  hivers. 

Xanthoxylum  pterocaryoides,  Reg.  Arbris- 
seau (?)  très-vigoureux  et  très-rameux,  non 
épineux,  à rameaux  étalés,  divergents,  cou- 
verts d’une  écorce  roux  foncé,  légèrement 
pictée.  'Feuilles  imparipennées,  longtemps 
persistantes  bien  que  caduques,  à rachis 
cylindrique,  long  de  30-40  centimètres, 
rouge-sombre.  Folioles  opposées,  très- 
exceptionnellement  alternes,  ovales,  entiè- 
res, longuement  acuminées  en  une  pointe 
obtuse,  portées  sur  un  pétiole  de  3-0  milli- 
mètres, rouges  comme  le  rachis,  molles, 

■ vertes  en  clessus,  glaucescentes  et  très- 
courtement  tomenteuses  en  dessous,  surtout 
sur  les  nervures  qui  sont  colorées  en  rouge. 

Cette  espèce,  très-probablement  origi- 
naire des  parties  septentrionales  de  "la 
Chine,  a été  envoyée  au  Muséum  par  M.  Re- 
gel. Elle  est  très-rustique  et  jolie.  C’est  une 
précieuse  acquisition.  Ses  feuilles  dégagent 
une  odeur  légèrement  bitumineuse. 

Aster  myriantus,  Nob.  Cette  plante,  que 
nous  remarquons  depuis  quelques  années 
dans  les  cultures,  où  elle  est  sans  nom,  est 
ce  qu’on  peut  appeler  un  bijou  pour  l’orne- 
mentation des  jardins.  Ses  dimensions,  rela- 
tivement petites,  la  rendent  propre  soit  à 
faire  des  bordures,  soit  à être  plantée  en 
premier  plan  dans  les.  massifs  ou  sur  les 
plate-bandes.  Elle  commence  à Heurir  dès 
les  premiers  jours  de  septembre,  et  dure 
jusque  vers  la  fin  d’octobre. 

Voici  les  caractères  qu’elle  présente  : 

Plante  vivace,  très-rustique,  gazonnante, 
non  traçante.  Rourgeons  foliaires  ou  sté- 
riles peu  nombreux,  grêles.  Feuilles  laiicéo- 
lées-obovales,  acuminées  en  pointe  au  som- 
met, anémiées  à la  base,  quiest  semi-ample- 
xicaule,  glabres,  longues  de  7-9  centimètres, 
larges  de  iO-14  millimètres;  celles  des  ra- 
milles Horifères  alternes,  étalées,  linéaires 
«droites  ou  légèrement  tordues  à la  base.  Ra- 
milles Horifères  très-nombreuses  et  très-ra-  • 
mifiées,  à ramifications  terminées  par  une 
fleur.  Fleurs  excessivement  nombreuses,  de 
2 centimètres  de  diamètre,  composées  d’un 
rang  de  pétales  liguliformcs,  étalées,  por-  • 
tant  au  milieu  une  nervure  saillante. 

Ampélopsis  iieterophylla,  Reg.  Arbrisseau 


PLANTES  NOUVELLES,  llARES  OU  PEU  CONNUES. 


uo 

irès-vii^üureux,  grimpant,  à rameaux  cirrhi- 
fères,  semblables  à ceux  du  Cisus  quinqucfo- 
lia,  dont  ils  ont  la  nature.  Feuilles  pétiolées, 
cordiformes,  écbancrées  tà  la  base,  à lobes 
dentés,  le  supérieur  longuement  acuminé- 
cupidé.  Jeunes  rameaux  à écorce  sensible- 
ment tomenteuse.  Fleurs  très-petites,  verdâ- 
tres. Fruit  sphérique,  légèrement  dépri- 
mé, de  8-12  millimètres  de  diamètre,  vert 
herbacé,  puis  blanc,  puis  vert  brillant,  par- 
fois violet-rosé,  portés  sur  un  long  pédon- 
cule qui  se  bifurque  au  sommet  formant 


ainsi  deux  groupes  portar.è  chacun  2-  i fruits 
pédicellés.  — Chine.  Très-rustique. 

Ampélopsis  Regeliana,  Nob.  Cette  espèce, 
dont  le  port  et  la  végétation  sont  sembla- 
bles à ceux  de  la  précédente,  est  originaire  ! 
du  même  pays  et  tout  aussi  rustique,  mais  i 
ses  feuilles,  beaucoup  plus  grandes,  sont  l 
palmélobées;  ses  fruits,  un  peu  plus  petits  i 
et  moins  nombreux,  sont  violets,  plus  rare- 
ment vert  brillant. 

E.  A.  Carrière. 


DEUX  EAITS  TRÈS -REMARQUABLES  DE  DIMORPHISME. 


Nos  lecteurs  savent  maintenant  ce  qu’il 
faut  entendre  par  aussi,  sans 

nous  arrêter  à définir  la  chose,  nous  allons 
seulement  indiquer  deux  faits  qui  en  décou- 
lent et  que  nous  ferons  suivre  de  quelques 
observations,  laissant  ensuite  chacun  libre 
d’en  tirer  les  conséquences  qu’il  voudra. 

Le  premier  de  ces  faits  est  relatif  k un 
Cratægus  que  nous  avons  nommé  C.  poly~ 
morpha.  Sur  celui-ci,  nous  avons  trouvé 
des  rameaux  gros,  à yeux  ronds  très- 
saillants,  munis  de  feuilles  entières,  oblon- 
gues,  ovales,  et  d’autres  très-lobées;  chez 
d’autres,  elles  étaient  largement  crénelées 
ou  irrégulièrement  lobées  ; mais  tous,  dé- 
pourvus d’épines,  rappelaient  un  peu  ceux 
du  Mespiliis  germanka.  Les  (euïWes  ne  diffé- 
raient pas  seulement  par  les  formes,  elles 
différaient  par  la  couleur,  la  contexture,  l’é- 
paisseur et  enfin  par  la  nervation.  Mais,  à 
côté  de  ces  rameaux,  nous  en  avons  trouvé 
dont  les  feuilles,  très-profondément  lo- 
bées, rappelaient  celles  de  l’Epine  blan- 
che ordinaire  (Cratægus  oxyacantha)  : de 
plus,  ces  rameaux  étaient  épineux  comme  ils 
le  sont  chez  cette  dernière  espèce. 

Le  deuxième  fait  de  dimorphisme  dont 
nous  avons  à parler  se  rapporte  au  Salix 
nigra;  il  est  au  moins  aussi  curieux  que  le 
précédent.  En  effet,  cette  espèce,  si  distincte 
et  si  bien  caractérisée  par  son  bois,  a pro- 
duit une  forme  qui  en  diffère  complètement 
sous  tous  les  rapports.  Nous  ne  croyons 
pouvoir  mieux  en  faire  ressortir  les  diffé- 
rences qu’en  mettant  en  regard  les  carac- 
tères des  deux  : ceux  de  la  mère  et  ceux  de 
l’enfant,  que  nous  qualifions  vminoules 
pour  indiquer  son  analogie  avec  le  S.  viini- 
nalis. 

SalK  iii^ra. 

Branches  effilées,  grê- 
les. 

Ecorce  noire  Irès-fon- 
cée , recouverte  d’une 
• poussière  glauque  farina- 
cée,  assez  épaisse. 

Veux  noirs.,  très-petits, 
à peine  visibles. 


$k$aU\  viîSîîHOHle?». 

Branches  très-grosses 
et  longues. 

Ecorce  vert  herbacé, 
puis  rougeâtre,  luisante, 
jamais  glauque. 

Yeux  rouges,  gros,  sail- 
lants. 


$üa1ix  niftiMi. 


$^ali\  vIniiiioideH. 


Feuilles  dépourvues  de 
stipules,  lancéolées,  lon- 
gues de  5-8 centim., larges 
de  5-12  millim.,  épaisses, 
raides,  coriaces,  d’un  vert 
foncé. 


Feuii.les  munies  à la 
base  de  deux  larges  sti- 
pules ovales-lancéolécs, 
longues  de  10-18  centim., 
larges  de  18-25  millim., 
molles,  d’un  vert  clair  ou 
grisâtre. 


Ainsi  que  nous  l’avons  dit  et  qu’on  peut 
le  voir  par  ces  diagnoses,  l’enfant  est  coin  - 
plétement  différent  de  sa  mère.  Doit-on, 
ainsi  que  le  disent  certains  botanistes,  voir 
dans  cette  production  subite  la  séparation, 
chez  un  même  individu,  d’un  sang  étranger, 
c’est-à-dire  la  désunion  de  parties  différen- 
tes qui  étaient  entrées  dans  la  composition 
de  l’individu?  En  d’autres  termes,  doit-on 
admettre  que  le  Salix  nigra  est  un  hybride 
résultant  du  mélange  du  S.  nigra  et  d’une 
autre  espèce  qui  serait  celle  à laquelle  nous 
avons  donné  la  qualification  de  viminoi- 
cles?  Nous  ne  le  croyons  pas,  et  nous  nous 
croyons  fondé  à rejeter  l’hypothèse  de  faits 
analogues  à celui-ci,  et  qu’on  ne  pourrait 
expliquer  à l’aide  de  ce  raisonnement. 

En  effet,  nous  connaissons  des  plantes 
qui  produisent  très-fréquemment  de  ces  sor- 
tes de  faits  et  dont  les  résultats  sont  sou- 
vent très-différents.  Si  la  théorie  de  l’hy- 
bridité  qu’on  allègue  si  souvent  était  vraie, 
assavoir  qu’une  plante  qui  émet  de  ces  ra- 
meaux accidentels  y est  poussée  par  un 
sang  étranger,  elle  devrait  ne  produire  que 
des  rameaux  d’une  seule  espèce,  analogues 
à ceux  qu’offre  la  plante  qui  serait  inter- 
venue dans  l’hybridation.  Il  n’en  est  rien.  Il 
arrive  fréquemment,  au  contraire,  qu  une 
plante  produit  des  accidents^  comme  qn  les 
nomme,  d’aspect  et  de  nature  très-divers; 
qui,  de  plus,  ont  des  tempéraments  diffé- 
rents, non-seulement  entre  eux,  mais  meme 
de  la  plante  sur  laquelle  ces  faits  se  sont 
produits.  A quoi  cela  ticnt-il?  Nous  n es- 
sayerons pas  de  le  dire  ; nous  nous  bornons 
à signaler  le  fait.  E.  Leras. 


L’nn  des  Propridlaires  :Ma*;i«ick  nixio. 


UoDtereau.  — lmp.  de  Léon  lanole. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  NOVEMBRE). 

Le  Bon  Jardinier  pour  1867.  — Société  d’horticulture  de  rarrondissemerit  de  Senlis.  — Mesure  relative  aux 
fruits  présentés  à cette  Société.  — Le  liannctonnage.  — Procédé  employé  par  M.  Michon  pour  détruire 
les  vers  blancs.  — Article  de  M.  Kolb  sur  la  vie  et  les  travaux  de  Sieboldt.  — Catalogue  de  MM.  Bruant 
Baltet  Sénéclaiize,  Verdier.  — Catalogue  de  Rosiers.  — Rosiers  hybrides  remontants.  — M.  Laffay.  — 
Fraise  remontante’ obtenue  par  M.  Gloëdc.  — Fraise  Héricart  de  ïhury.  — M.  le  docteur  Aubertin.  — 
VEiicahiptus  colossea.  — Ce  qu’on  dit  de  ce  géant  végétal.  — Production  anormale  de  feuilles  sur  le 
Pissenlit  commun.  — Faits  de  dimorphisme  observés  sur  l’Osier  jaune.  — Qu’esl-ce  que  le  Betula  alha 
• pendula‘^  — Le  Salix  Jiabijlonica.  — Lettre  de  M.  Orl^ies.  — Ilebedinium  macropliyllum  et  Ikhe- 
cliniurn  mpoalophijlhim  — Magnolia  Linné,  son  origine,  sa  valeur  comme  plante  ornementale.  — Origine 
des  plantes.  — Mauvaises  appréciations.  — Inlluerice  des  milieux  sur  la  qualité  des  fruits.  — La  Poire 
Clairgeau. — Avis  aux  pomologistes.  — La  vraie  science. 


C’est  toujours  une  nouvelle  intéressante 
our  nos  lecteurs  que  la  publication  d’un 
on  livre  d’horticulture;  aussi  commence- 
rons-nous cette  chronique  en  annonçant 
l’édition  du  Bon  Jardinier  pour  iS67,  qui 
vient  de  paraître.  On  trouvera  plus  loin  un 
compte-rendu  de  cet  ouvrage. 

— Une  autre  nouvelle  que  nos  lecteurs 
apprendront  également  avec  plaisir,  est  la 
récente  formation  d’une  Société  d’horticul- 
ture. Cette  Société,  qui  a pris  le  norn  de 
l’arrondissement  où  elle  s’est  constituée  : 
Société  d'horticulture  de  V arrondissement  de 
Senlis  (Oise),  a déjà  publié  deux  bulletins. 
Dans  le  dernier,  nous  remarquons  un  pas- 
sage que  nous  croyons  devoir  reproduire  ; 
il  est  ainsi  conçu  : 

« Le  comité  d’ arboriculture  est  d’avis  de 
ne  plus  aduieltre  à son  examen  que  des  fruits 
portant  une  étiquette  sur  laquelle  sera  men- 
tionné le  nom  sous  lequel  chacun  de  ces  fruits 
est  le  plus  généralement  connu;  avertissant  les 
présentateurs  que  l’omission  de  l’étiquette  sera 
pour  le  moins  considérée  comme  une  cause 
d’infériorité,  et  pourra  leur  faire  perdre  leurs 
droits  à toute  récompense...  » 

Mise  a exécution,  cette  mesure  aura  d’a- 
bord pour  conséquence  d’engager  le  pré- 
sentateur à faire  des  recherches  relatives 
au  fruit  qu’il  présente  ; puis,  de  contribuer  à 
l’entente  générale  en  faisant  connaître  ce 
fruit  sous  le  nom  le  plus  généralement 
adopté,  par  conséquent  à uniformiser  la 
nomenclature. 

— Sauf  le  hannelonuage,  tous  les  moyens 
proposés  pour  opérer  la  destruction  des 
vers  blancs  ont  été  sans  résultat.  Nous 
croyons  cependant  devoir  faire  connaître 
un  procédé  que  nous  communique  un  de 
nos  collaborateurs,  M.  Charles  Baltet,  et  qui 
a été  inséré  dans  la  Revue  agricole  régionale, 
publiée  à Troyes,  sous  la  direction  de  M.  Bos- 
seur. Cette  découverte  est  due  à M.,  Michon, 
fermier  à la  Saulsotte  (Aube).  Voici  comment 
s’exprime  M.  Michon  : 

« Je  viens  de  faire  une  petite  découverte  sans 
cependant  en  avoir  cherché  les  moyens.  Il  y a 
environ  un  mois,  je  faisais  conduire  tous  les 
purins  de  ma  fosse  sur  une  pièce  de  2 hectares 
de  terre;  un  de  ces  jours  passés,  en  y cultivant 
la  terre  pour  l’ensemencer  en  blé,  j’ai  été 
bien  surpris  d’y  trouver  au  moins  les  trois 
quarts  des  vers  blancs  morts  dans  la  pièce  de 
Décembre  1866. 


terre,  ce  qui  m’a  fait  présumer  que  le  purin 
en  était  la  cause;  dans  une  autre  pièce  de  4 à 
5 hectares,  parquée  par  les  moutons,  j’avais 
fait  la  môme  remarque. 

« Il  est  donc  incontestable  pour  moi  que  les 
purins  répandus  en  quantité  ordinaire  sur  la 
surface  du  sol  et  en  môme  temps  que  le  par- 
cage des  moutons,  sont  la  cause  de  la  destruc- 
tion de  ces  insectes,  et  cette  petite  découverte 
me  suffira  à l’avenir  dans  les  terres  mulottées^ 
où  je  répandrai  de  préférence  mes  purins,  et  à 
côté  le  parc  de  mes  moutons.  » 

A ceci,  M.  Bosseur  ajoute  : 

« Si  l’observation  faite  à la  Saulsotte  se  con- 
firme sur  d’autres  points,  ce  sera  une  précieuse 
découverte,  surtout  pour  les  exploitations  qui 
alimentent  les  sucreries  ou  qui  distillent  la  bet- 
terave. Userait  très-intéressant  de  savoir  si  cet 
heureux  phénomène  de  destruction  a été  ob- 
servé sur  les  fermes  anglaises  fumées  à l’arro- 
sage par  les  procédés  du  système  Kennedi.  Dès 
aujourd’hui,  nous  pouvons  ajouter  au  chapitre 
des  observations  de  M.  Michon,  qu’un  de  nos 
amis,  un  de  ces  agriculteurs  avec  lesquels  il 
fait  bon  causerie  samedi  sous  la  halle,  assis  sur 
un  sac  de  blé,  et  qui  est,  sans  s’en  douter,  un 
des  collaborateurs  les  plus  sûrs  et  les  plus  ac- 
tifs dans  cette  revue,  auquel  nous  lisions  la 
correspondance  dont  nous  venons  de  citer  la 
partie  instructive,  a constaté  celte  année  même 
à la  porte  de  Nogent-sur-Seine,  dans  les  fermes 
deM.  Bonfils,  des  résultats  analogues  et  qui 
viendraient  tout  à fait  à l’appui  des  idées  qui 
précèdent. 

« Dans  une  pièce  d’une  vingtaine  d’hectares 
emblavée  en  racine,  et  très-endommagée  par 
le  ver  blanc,  une  parcelle  engraissée  au  purin 
paraissait  complètement  respectée.  Nous  ne 
saurions  donc  conseiller  d’une  manière  trop 
pressante  l’épandage  de  l’engrais  liquide,  au 
moins  à litre  d’essai,  dans  les  terres  destinées 
aux  racines.  Trouvera-l-on  là  le  moyen  infail- 
lible de  mettre  à mort  par  immersion  la  larve 
si  dangereuse  du  hanneton?  Notre  expérience 
personnelle  ne  nous  permet  pas  de  1 affirmer 
dès  à présent.  Mais  on  utilisera  à coup  sûr  bien 
des  matières  fertilisantes  qui,  trop  souvent  em- 
portées par  les  eaux  pluviales,  corrompent  les 
mares  de  nos  communes,  pourrissent  les  orniè- 
res des  chemins  ou  croupissent  au  seuil  des 
habitations  rurales,  et  perdent  par  l’évapora- 
tion ou  rintîltrage  des  richesses  dont  nos  champs 
ont  besoin...  » 

Ces  procédés,  dans  le  cas  où  ils  ne  se- 
raient pas  efficaces  contre  les  vers  blancs, 
ne  peuvent  aucunement  être  nuisibles,  au 
contraire,  on  n’a  donc  rien  à craindre  en 
les  recommandant.  | 

23 


442 


CHUUNIQllE  HOHTK’.OLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  NOVEMHHE) 


— Dans  notre  précédente  chronique,  en 
annonçant  la  nriort  de  Siel)oldt,  nous  di- 
sions en  même  temps  que  M.  Kolb,  jardi- 
nier en  clief  au  jardin  botanique  de  Mu- 
nicb,  collaborateur  de  la  Revue  horlicole, 
voudrait  bien  rédiger  une  notice  nécrologi- 
que sur  ce  naturaliste.  En  se  rendant  à 
notre  prière,  notre  collaborateur  initie  les 
lecteurs  à la  vie  et  au  travaux  d’un  homme 
à qui  les  sciences  doivent  de  précieux  ren- 
seignements. On  trouvera  plus  loin  l’article 
de  M.  Kolb. 

— Nous  avons  reçu  différents  catalogues 
de  M.  Bruant  et  C‘^,  horticulteurs  à Poitiers 
(Vienne).  S’il  était  possible  de  juger  cet 
établissement,  que  nous  ne  connaissons 
pas,  par  les  catalogues  qu’il  publie,  on 
pourrait  en  conclure  qu’il  est  très-bien 
tenu,  car  les  catalogues  sont  assez  complets, 
bien  rédigés;  la  nomenclature  et  l’ordre  y 
sont  assez  bien  établis. 

— Nous  avons  également  reçu  le  cata- 
logue de  MM.  Baltet  frères,  pépiniéristes  à 
Troyes.  Remarquable  à plus  d’un  titre,  cet 
établissement  l’est  surtout  par  sa  nomen.cla- 
ture  d’arbres  fruitiers;  d’après  le  catalogue 
qui  est  rédigé  avec  soin,  les  collections  di- 
verses paraissent  être  assez  complètes. 

— M.  A.  Sénéclauze,  horticulteur  à Bourg- 
Argental  (Loire),  nous  a fait  parvenir  son 
catalogue  spécial  de  végétaux  Conifères. 
Tous  ceux  qui  connaissent  l’amour  que 
cet  horticulteur  porte  à ces  végétaux,  ne  se- 
ront pas  étonnés  lorsque  nous  leur  dirons 
que  ce  catalogue  est  un  des  i)lus  complets 
dans  ce  genre. 

— Nous  avons  reçu  deux  catalogues  pour 
1866-67,  de  M.  Charles  Verdier,  horticul- 
teur, rue  du  Marché-aux-Chevaux,  à Paris. 
L’un  comprend  les  plantes  bulbeuses  : 
Claïeuls,  Tigridia,  Lilium,  etc.,  etc.;  l’au- 
tre les  Rosiers.  La  partie  qui  traite  des 
Glaïeuls  se  divise  en  trois  sections,  renfer- 
mant : la  première,  les  nouveautés  qui  doi- 
vent être  mises  au  commerce  en  1866  ; la 
deuxième,  les  nouveautés  de  1865;  la  troi- 
sième, un  choix  des  meilleures  variétés  qui 
ont  paru  antérieurement.  Dire  que  ce  choix 
est  pris  en  très-grande  partie  parmi  les 
gains  de  M.  Soucliel,  c’est  en  faire  la  re- 
commandation. Dans  le  catalogue  des  Ro- 
siers (nouveautés  pour  1866-67)  on  re- 
marquera parmi  les  Thés  : Belle  cuivrée 
(Pernet),  Bouton  d'or  (Guillot  fils),  Lu- 
crèce (Oger),  Madame  Brémont  (Guillot 
lils),  Monsieur  Fartado  (Laffa}).  Parmi  les 
Be-Bourbon,  on  remarque  : OEillet  flamand 
(Oger),  Petite  amante  (Soupert  Notting). 

Les  Rosiers  dits  hybrides  remontants 
sont  tellement  nombreux,  que  nous  ne 
jmuvons  en  citer  les  noms;  ils  sont  au 
nombre  de  49.  Une  description  de  leur  ca- 
ractère, qui  se  trouve  à la  suite  de  chaque 


nom,  permet  à l’amateur  exercé  de  se  l'ain* 
une  idée  du  mérite  de  chacune  de  ces  va- 
riétés. Enfin,  ce  catalogue  est  terminé  par 
l’indication  d’une  nouvelle  variété  du  Bosa 
microphylla,  nommée  Premier  essai,  dont 
l’obtenteur  est  M.  B.  Gescliwind.  Nous 
avons  été  tout  agréablement  surpris  en 
voyant  parmi  les  noms  des  obtenteurs  de 
Rosiers  nouveaux  figurer  celui  de  M.  Latfay, 
qui  a enrichi  le  commerce  des  Rosiers 
d’un  si  grand  nombre  de  variétés  précieu- 
ses. M.  Laffay,  en  effet,  est  sinon  le  pre- 
mier, du  moins  un  des  premiers  semeurs 
de  graines  de  Rosiers,  et  son  nom,  attaché 
à des  variétés  d’un  très-grand  mérite,  est 
intimement  lié  à l’histoire  des  Rosiers. 

— Jqsqu’à  ce  jour,  on  regardait  comme 
impossible  l’obtention  d’une  grosse  Fraise 
remontante.  On  a pu  voir,  par  notre  dernière 
chronique,  s’il  faut  en  croire  M.  Gloëde,  que 
cette  fois  encore  le  mot  impossible  est  mis 
de  côté,  puisqu’il  dit  posséder  une  de  ces 
grosses  Fraises  anglaises  « vraiment  remon- 
tante ».  Tant  mieux!  Quelques  personnes 
en  doutent  encore  ; mais  pourquoi  ? Qu’y  au- 
rait-il d’étonnant  à cela?  N’avons-nous  pas 
dans  presque  tous  les  genres  de  plantes, 
d’abord  des  sempervirens,  puis  des  « sem- 
perflorens  ? Et,  du  reste^  ne  voit-on  pas  com- 
munément dans  diverses  variétés  de  fraisiers 
à gros  fruits  des  individus  qui  fleurissent 
et  par  conséquent  qui  fructitient  plusieurs 
fois  dans  une  même  année?  Et,  puisqu’on 
sait  que  tout  dans  un  être  tend  à devenir- 
héréditaire,  qu’y  a-t-il  donc  d’étonnant  que 
ce  qui  n’était  d’abord  qu’un  fait  exceptionnel 
devînt  normal,  et  qu’une  exception  se  trans- 
formât en  règle  ? Loin  de  voir  à cela  quelque 
chose  d’extraordinaire,  nous  constatons  que 
c’est  la  marche  générale  des  choses.  Nous 
en  sommes  d’autant  moins  étonné  pour  le 
fait  qui  nous  occupe,  que,  chaque  année, 
nous  constatons  chez  certaines  variétés  de 
fraisiers,  et  notamment  chez  celle  qu’on 
nomme  Héricarl  de  Tfiury,  un  pins  ou 
moins  grand  nombre  de  pieds  qui  fleurissent 
et  fructifient  à l’automme,  et,  cette  année 
encore,  au  i2  novembre,  nous  avons  vu,  à 
Belroy,  chez  M.  le  docteur  Aubertin,  des 
bordures  de  celte  variété  couvertes  de  fleurs 
et  surtout  de  fruits  arrivés  à différents  de- 
grés de  maturité.  Qu’y  aurait-il  donc  d’élon- 
nant  qu’en  semant  les  graines  de  ces  fruits 
on  obtînt  des  variétés  remontantes  ? 

— Gare  aux  petits  arbres,  dit-on,  et  place 
aux  géants.  S’il  faut  en  croire  les  rapports, 
le  Baobab,  le  Séquoia  sempervirens,  le  Wel- 
linglonia  gigantea  même,  devraient  s’incli- 
ner et  reconnaître  la  suprématie  d’un  nou- 
veau mastodonte  végétal,  de  V Eucalyptus co- 
lossea.  Oui!  colossea,  nous  assure-t-on.  Mais 
de  quel  auteur,  nous  dit-on  aussi?  Nous  n’en 
savons  rien.  Ce  que  nous  pouvons  dire,  c est 


443 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  NOVEMBRE). 


que  les  graines  de  cette  espèce,  qui  ont 
* été  envoyées  de  la  Nouvelle-Calédonie  par 
M.  Mueller,  de  Melbourne,  à M.  Ramel,  ont 
été  données  par  ce  dernier  une  partie  à 
l’Empereur  et  une  autre  partie  àM.le  préfet 
de  la  Seine,  qui  les  fit  remettre  au  fleuriste 
de  la  ville  de  Paris,  où  elles  furent  semées 
et  levèrent  en  peu  de  jours.  L’Empereur, 
frappé  des  dimensions  colossales  (plus  de 
400  pieds)  que  d’après  la  notice  qu’on  lui 
avait  remise  avec  les  graines,  ces  plantes 
devaient  atteindre,  voulut  en  faire  planter  à 
Biarritz  en  sa  présence.  A cet  effet,  on  en 
fit  venir  quelques  pieds  du  fleuriste  de  la 
ville  de  Paris,  qu’il  fit  planter  avant  son 
départ. 

Qu’est-ce  que  V Eucalyptus  colossea^I  mus 
le  répétons.  Ne  s’est-on  pas  un  peu  trop  en- 
gagé pour  lui  ? C’est  ce  que  nous  verrons,  ou 
plutôt  ce  que  verront  nos  arrières-neveux; 
car  nous  n’espérons  pas  être  témoin  du  fait; 
nous  nous  contentons  de  l’avoir  signalé. 

— Nos  lecteurs  n’ont  sans  doute  pas 
oublié  le  fait  singulier  et  anormal  de  la 
production  d’un  rameau  floral  qui  s’est 
faite  sur  l’axe  d’une  inflorescence  de  Tri- 
loma  (voir  Revue  horticole,  1866).  Tout  ré- 
cemment, nous  avons  été  témoin  de  faits 
analogues  plus  surprenants  encore,  si  c’est 
possible.  Ce  phénomène  consiste  dans  la 
production  de  feuilles  vers  le  milieu  du 
pédoncule  floral  fistuleux,  à parois  très- 
minces,  d’un  certain  nombre  de  Pissenlit 
commun.  Ces  feuilles,  bien  conformées,  un 
peu  moins  grandes  que  les  radicales,  étaient 
profondément  laciniées.  Ce  qu’il  y a de  re- 
marquable encore  dans  cette  circonstance, 
c’est  que  ce  fait  semble  vouloir  se  générali- 
ser; en  effet,  sur  environ  une  trentaine  de 
pieds  qui  étaient  en  fleurs,  il  y en  avait  au 
moins  la  moitié  qui  présentaient  cette  ano- 
malie. Ce  phénomène  ne  pourrait-il  pas  se 
fixer?  Nous  en  tenterons  l’épreuve,  nous 
sèmerons  les  graines  que  nous  avons  récol- 
tées sur  ces  individus  à inflorescence  anor- 
male. 

— Tout  le  monde  connaît  le  Satix  vilel- 
lina,  sinon  sous  ce  nom  du  moins  sous  celui 
d' Osier  jaune.  Est-ce  une  espèce?  Nous 
nous  garderons  bien  de  nous  prononcer;  ce 
que  nous  voulons,  c’est  faire  remarquer  que, 
ayant  semé  des  graines  de  cette  plante,  nous 
avons  obtenu  des  choses  très-ditférentes  entre 
elles,  différentes  même  de  la  mère.  Un  fait 
curieux,  c’est  que  beaucoup  nous  ont  montré 
plusieurs  faits  différents  de  dimorphisme. 
Ainsi,  tous  ces  individus  dont  l’écorce  était 
jaunâtre  chez  les  uns,  plus  ou  moins  foncée 
et  même  presque  noire  chez  d’autres,  avaient 
des  feuilles  glabres  et  généralement  assez 
larges.  Eh  bien,  plusieurs  développèrent  des 
bourgeons  dont  les  feuilles,  très-petites, 
élaienl  blancbâlres , presque  incanes,  par 


de  nombreux  poils  argentés.  Sur  un  de  ces 
bourgeons  les  feuilles  étaient  contournées- 
crispées  comme  le  sont  celles  du  Satix  Ba- 
bylonica  ammlaris,  qui,  lui  aussi,  est  un 
accident  ou  fait  de  dimorphisme  du  Satix 
Babylonica. 

— Qu’est-ce  que  le  Betula  alba  pendula'! 
Une  variété,  dit-on;  soit.  Qu’est-ce  que  le 
Satix  Babylonica'!  Une  espèce,  dit-on  en- 
core. Pourquoi?  Par  cette  raison  qu’on  en 
ignore  l’origine;  combien  déplantés  sont 
dans  ce  même  cas  ! 

— Dans  une  longue  et  très-bienveillante 
lettre  que  nous  adresse  de  Zurich  , notre 
collègue,  M.  Ortgies,  relativement  à ce  que 
nous  avons  dit  dans  notre  chronique  tpie 
V Hebeclinium  macropfiylluni  n’est  qu’une 
variété  qui  ne  se  reproduit  même  pas  par 
graines,  ce  savant  nous  fait  observer  qm* 
c’est,  au  contraire,  une  très-bonne  espèce, 
que  plusieurs  fois  il  en  a semé  des  graines,  el 
que  toujours  celles-ci  ont  reproduit  le  type. 
Nous  ne  doutons  nullement  du  fait  que  rap- 
porte M.  Ortgies.  Mais  que  prouve-t-il  en  fa- 
veur de  l’espèce?  Rien.  En  effet,  quel  esl 
l’horticulteur  qui  bien  des  fois  n’a  pas  élé 
témoin  de  faits  analogues,  et  qui  ayant  eu 
l’occasion  de  semer  des  graines  de  variétés 
très-bien  connues,  comme  telles,  a pu  néan- 
moins constater  qu’elles  se  reproduisaient 
sans  présenter  des  différences  sensibles? 
Mais,  d’une  autre  part,  est-ce  que  le  fait 
signalé  par  M.  Ortgies  infirme  celui  que 
nous  avons  observé  chez  M.  Chaté?  Et  n’ar- 
rive-t-il  pas  fréquemment  que,  en  culture, 
on  obtient  des  résultats  tout  à fait  différents 
bien  qu’on  soit  parti  d’un  point  en  appa- 
rence identique?  Il  n’y  aurait  donc  rien 
d’étonnant  que  MM.  Chaté  et  Ortgies  aient 
raison  tous  les  deux,  bien  qu’ils  aient  sur 
V Hebeclinium  macrophyltum  une  opinion 
contraire  relativement  à la  spécificité. 

Dans  cette  même  lettre,  M.  Ortgies  nous 
fait  observer,  avec  raison,  que  c’est  à toi  t 
qu’on  donne  à cette  espèce  le  qualificatif 
macrophylluni,  puisque,  indépendamment 
qu’il  s’applique  à une  autre  espèce  non 
introduite,  la  plante  qui  est  aujourd’hui 
dans  le  commerce  a élé  décrite  et  figurée 
dans  Vlllustraiion  horticole  sous  le  nom  (!e 
Hebeclinium  megalophyllum,  qu’on  devrait 
adopter. 

M.  Ortgies  nous  donne  aussi  quelques  ren- 
seignements au  sujet  du  Magnolia  Lenné 
que  nous  croyons  devoir  faire  connaître. 

« 11  y a 14  ou  IG  ans,  M.  Topf.,  alors  horti- 
oulteur  à Erfurlh,  mit  au  commerce  le  Magno- 
lia Lenné,  ou  mieux  Lenneana.  Cet  horticul- 
teur en  avait  acheté  l’édition  d’un  de  srs 
correspondants  d’Italie,  qui  l’avait  obtenu  de 
semis.  Ouant  à la  dédicace,  elle  est,  comme  l’a 
dit  M.  Briot  dans  la  Revue.  M.  Topf.  a dédié 
cette  belle  plante  à feu  M.  Lenné,  directeur  des 
jardins  royaux,  en  Prusse. 


CllRÜNlyLt  HORTICOLE  (DEUXIÈME  QUINZAINE  DE  NOVEMBRE). 


9 Pour  moi,  il  n’y  a pas  de  doute  que  le 
Magnolia  Lenneana  est,  ainsi  que  les  M.  Sov- 
Uingeana  et  Norbertiana,  le  produit  d’un 
croisement  entre  les  M.  Yulan  et  obovata 
{M.  purpurea);  il  a tout  le  faciès  du  M.  Yulan, 
sauf  la  couleur  rouge  pourpre  et  la  plus 
grande  épaisseur  des  pétales,  qui  trahissent 
l’intervention  du  M.  obovata. 

« Le  M.  Lenneana  a fait  son  chemin  très- 
lentement  jusqu’ici;  mais,  plus  on  le  connaîtra, 
plus  on  l’estimera,  et  vous  ne  pouviez  mieux 
faire  que  de  le  faire  tigurer  dans  la  Revue  : 
aucune  plante,  du  reste,  ne  mérite  plus  de 
lixer  l’attention  des  amateurs  que  ce  magnitique 
Magnolia,  bien  supérieur  aux  autres  par  la 
grandeur  et  la  beauté  toute  particulière  de  ses 
fleurs.  » 

Nous  remercions  bien  sincèrement  notre 
collègue  M.  Ortgies  des  bons  renseigne- 
ments qu’il  a bien  voulu  nous  donner,  et 
dont  tous  nos  lecteurs  profiteront.  Tou- 
tefois, nous  ne  pouvons  admettre  sinon 
avec  réserve  l’origine  qu’il  attribue  au  Ma- 
(j)wlia  Lenneana.  En  général,  on  est  beau- 
coup trop  disposé,  lorsqu’on  ignore  l’origine 
d’une  plante,  à lui  en  attribuer  une  basée 
sur  une  simple  hypothèse.  Voici  comment 
on  procède.  On  voit  une  plante  dont  on 
ignore  l’origine,  on  l’examine  et  l’on  croit 
reconnaître  qu’elle  est  voisine  de  deux  au- 
tres dont  alors  on  la  fait  descendre.  Ce 
mode  d’appréciation,  que  presque  tous  les 
horticulteurs  emploient  à peu  près  exclusi- 
vement, est  loin  d’être  toujours  conforme  à 
la  vérité  ; au  contraire,  presque  toujours  il  est 
faux;  il  ne  repose,  du  reste,  que  sur  celte 
donnée  hypothétique,  que  les  enfants  tien- 
nent des  parents  dont  ils  sortent,  ce  qui  n’est 
pas  toujours  vrai,  tant  s’en  faut.  Qui  ne  sait 
que,  dans  un  autre  ordre  de  faits,  qui  pour- 
tant peut  être  invoqué  ici  pour  appuyer  notre 
dire,  on  voit  souvent  un  enfant  à cheveux 
ronges  foncés  naître  de  parents  à cheveux 
noirs,  et  vice  versa. 

— Indépendamment  de  l’influence  consi- 
dérable qu’exercent  le  sol,  le  climat,  le  mi- 
lieu, etc.,  etc.,  il  y a la  température  et  l’hu- 
midité plus  ou  moins  grande,  qui  fait  qu’un 
même  arbre,  par  exemple,  pourra  don- 
ner de  très-l)ons  fruits  dans  une  certaine 
année,  très-médiocres  au  contraire  dans  une 
autre  année.  Bien  que  ce  soit  là  des  choses 
à peu  près  connues  de  tout  le  monde,  nous 
croyons  cependant  devoir  y revenir  pour  une 
variété  sur  laquelle  on  n’est  pas  toujours 
d’accord  : c’est  pour  la  Poire  Clairgeau. 
Ainsi,  tandis  que  dans  certaines  localités 
c’est  un  fruit  très-ordinaire,  il  est  au  con- 


traire exquis  lorsqu’il  vient  dans  certaines 
autres. 

Cette  année,  qui  certainement  n’a  pas  été 
des  plus  favorables  pour  les  fruits,  nous 
avons  dégusté  des  Poires  Clairgeau  que  nous 
avait  apportées  de  Bordeaux  notre  collabo- 
rateur M.  Glady,.  et  nous  pouvons  assurer 
qu’aucun  fruit  ne  pouvait  être  meilleur.  Il 
y a plus,  nous  connaissons  un  arbre  de  cette 
même  variété  qui  dans  certaines  années 
produit  des  fruits  excellents,  tandis  que  dans 
d’autres  années  ils  sont  à peine  mangeables. 
A quoi  cela  est-il  dû?  Nous  n’essayerons  pas 
de  te  dire,  seulement  nous  profiterons  de 
cette  sorte  de  digression  pour  faire  remar- 
quer combien  il  est  difficile  d’être  absolu- 
ment d’accord  sur  les  qualités  des  fruits; 
qu’il  est  prudent  de  ne  pas  trop  s’pancer, 
et  qu’il  est  presque  toujours  mauvais  de  re- 
jeter une  variété  d’une  manière  absolue,  car 
il  peut  se  faire  que  celle-ci  qui,  en  effet,  est 
mauvaise  dans  certains  pays,  soit  au  contraire 
bonne  dans  certains  autres.  Qui,  du  reste, 
n’a  pas  été  bien  souvent  témoin  des  faits  que 
nous  venons  de  rapporter,  et  quel  est  l’au- 
teur qui,  ayant  fait  la  description  d’une 
variété,  n’a  pas  parfois  modifié  ou  même 
complètement  changé  le  jugement  qu’il  avait 
d’abord  porté,  et  cela  bien  qu’il  ait  pris  les 
fruits  surlemême arbre  maisdans  des  années 
différentes?  Mais,  il  y a plus  encore.  Ne  ren- 
contre-t-on  pas  souvent  sur  un  même  arbre 
des  fruits  de  qualités  très-diverses?  Evi- 
demment. Que  pourrait-il  donc  arriver  si 
deux  auteurs  faisaient  la  description  de  cette 
variété  d’après  un  seul  fruit?  Qu’ils  pour- 
raient émettre  une  opinion  complétemenr 
différente.  Nous  ne  saurions  trop  engage! 
les  pomologistes  à méditer  ces  quelques 
lignes. 

Ce  qu’on  doit  faire  dans  ces  circonstan- 
ces, que  nous  ne  saurions  trop  répéter, 
c’est  d’observer,  de  constater  avec  soin  les 
faits  et  dejes  faire  connaître,  afin  d’en  faire 
profiter  les  autres.  C’est  là  la  vraie  science, 
celle  qui,  s’appuyant  sur  les  faits,  n’agit  pas 
systématiquement,  qui  ne  rejette  ni  n’ex- 
clut rien  d’une  manière  absolue.  Nous  ter- 
minons en  nous  permettant  de  donner  ce 
conseil  à tous  : Observez  avec  attention  les 
conditions  dans  lesquelles  vous  êtes  placés, 
éludiez  bien  votre  terrain,  et  ensuite  cul- 
tivez les  variétés  que  vous  avez  reconnues  y 
bien  venir  et  être  bonnes  tout  en  cherchant 
néanmoins  à trouver  mieux.  » 

E.  A.  C.XRRlÈRE. 


A PROPOS  D’UN  NOUVEL  ÉPINARD  D’AUSTRALIE. 


Sommes-nous  dans  une  période  de  pro- 
grès horticole?  Nous  rendons- nous  un 
compte  bien  exact  des  perfectionnements 


apportés  dans  les  cultures  et  de  toutes  les 
améliorations  dont  les  plantes  de  nos  jar- 
dins, et  particulièrement  les  fruits  et  les  lé- 


445 


A PROPOS  D’UN  NOUVEL 

gumes,  ont  été  l’objet  dans  les  siècles  qui 
nous  ont  précédés  ? Savons-nous  réellement 
apprécier  à leur  juste  valeur  le  mérite  et  les 
qualités  de  cette  multitude  de  plantes  et  de 
fruits  alimentaires  cultivés  aujourd’hui  en 
France,  et  que  nous  devons  non-seulement 
à un  climat  exceptionnellement  favorable, 
mais  aussi  aux  talents  horticoles  de  nos  de- 
vanciers et  à une  délicatesse  de  goût.parti- 
culière  aux  habitants  de  notre  beau  pays? 
Ou  bien  ne  reculons-nous  pas  de  plusieurs 
siècles,  et  ne  revenons-nous  pas  aux  temps 
où  nos  premiers  pères  se  nourrissaient  de 
racines,  de  fruits  et  d’herbes  sauvages? 

Ces  rédexions  nous  sont  suggérées  par  le 
bruit  fait  depuis  quelques  années  autour  de 
certains  légumes,  et  par  les  recommanda- 
tions et  les  éloges  chaleureux  que  nous 
voyons  décerner  encore  de  nos  jours  à des 
plantes  du  mérite  le  plus  contestable,  pour 
ne  pas  dire  autre  chose. 

Loin  de  nous  l’intention  de  blâmer  les 
auteurs  de  ces  éloges  ou  les  personnes  qui, 
animées  des  meilleures  intentions,  s’en  vont, 
souvent  au  péril  de  leur  vie,  cherchant  sur 
tous  les  points  du  globe,  les  espèces  pou- 
vant avoir  une  utilité  quelconque,  et  qui 
s’empressent  d’en  doter  leur  pays  et  d’en 
faire  profiter  leurs  semblables.  Loin  de 
nous  aussi,  la  pensée  de  critiquer  ce  goût 
des  nouveautés,  ce  besoin  de  connaître  et 
d’acquérir  sans  cesse  qui  Lût  qu’on  est  sans 
cesse  à la  recherche  de  l’inconnu,  car  nous 
leur  devons  une  grande  partie  de  ces  bonnes 
choses  que  nous  possédons.  Mais  ce  que 
nous  blâmons,  ce  sont  les  éloges  pompeux 
accordés  aux  nouveaux  venus,  avant  même 
souvent  que  leur  mérite  ait  pu  être  cons- 
taté, ou  alors  que  nous  possédons  déjà, 
dans  nos  cultures,  des  espèces  ou  des  va- 
riétés du  même  genre  d’un  mérite  incontes- 
tablemen!-  supérieur. 

Et  d’abord,  nous  parlerons  du  nouvel 
Épixard  d’Australie  (Chenopodiiim  auri- 
(:omum)y  dont  il  a élé  récemment  question 
dans  les  journaux. 

Manquions-nous  d’Epinards?  et  les  di- 
verses variétés  améliorées  que  nous  possé- 
dons, étant  convenablement  préparées,  lais- 
sent-elles quoique  ce  soit  à désirer  sous  le 
rapport  de  la  qualité?  Leur  culture,  dit-on, 
est  difficile  en  été;  admettons  même  qu’elle 
ne  soit  pas  possible  (bien  que  par  des  semis 
successifs  faits  tous  les  mois  en  terrain  con- 
venablement choisi  et  arrosé,  on  puisse  se 
procurer  constamment  d’excellents  Epi- 
nards frais),  n’avons-nous  pas  déjà  la  ïé- 
tragone  étalée.  Epinard  de  qualité  indis- 
cutable, qui  végète  et  fournit  d’autant  plus 
que  la  température  est  plus  chaude  ^ ? 

Et  tant  qu’à  faire  que  de  revenir  à l’en- 
fance du  jardinage  et  de  nous  mettre  à cul- 
tiver et  à manger  des  plantes  sauvages, 

* Voir  Revue  horficole,  1866,  p.  421. 


ÉPINARD  D’AUSTRALIE. 

était-il  nécessaire  d’aller  en  emprunter  à 
l’Australie,  alors  que  nous  possédons  abon- 
damment dans  tous  les  champs  cultivés  et 
les  terrains  vagues  de  la  France,  plusieurs 
plantes  qui  valent  rtu  moins  le  Chenopodinm 
auricomum,  et  qui  lui  sont  à peu  près  en 
tout  semblables?  Si  le  besoin  d’une  alimen- 
tation abondante  par  les  plantes  vertes  cui- 
tes devenait  un  jour  nécessaire  sous  notre 
climat,  nous  n’aurions  que  l’embarras  du 
choix  entre  \es  Chenopodiuni  album,  viride, 
hi/bridam,  bonus  ILmricus,  urbicuni’,  plu- 
sieurs Atriplex,  diverses  Amarantes  ou 
Bettes,  VOrtie,  le  Phytolacca,  appelé  Chon- 
gras  dans  certains  pays,  ainsi  qu’un  grand 
nombre  d’autres  espèces  qui  croissent  par- 
tout autour  de  nous.  Ces  düTérentes  plantes 
auraient,  en  outre,  plusieurs  avantages  sur  le 
Chenopodinm  auricomum,  à savoir  : de  vé- 
géter pour  ainsi  dire  sans  soins,  de  se  res- 
semer naturellement  et  de  produire  de  la 
graine  en  abondance;  tandis  qu’on  a oublié 
de  dire  dans  les  articles  élogieux  qui  ont  éié 
publiés  qu’il  n’existe  pas  de  graine  de  Cfn- 
nopodiuni  auricomum  dans  le  commerce,  et 
que,  comme  cette  espèce  n’en  produira  sous 
notre  climat  que  dans  des  années  exception- 
nellement favorables  et  chaudes,  on  sera 
obligé  de  s’en  approvisionner  chaque  anmV 
en  Australie,  ce  qui  menace  de  faire  de  n- 
pauvre  Epinard,  qui  n’était  nullement  désiré 
et  qui  n’en  peut  mais,  un  légume  de  haut 
luxe  et  d’une  culture  fort  peu  pratique 

Nous  cultivons,  en  outre,  dans  nos  jardins 
deux  plantes  du  même  genre  botanique  qui 
pourraient  encore  être  cultivées  comme  Epi- 
nard, ce  sont  : le  Chenopodium  atripticis, 
espèce  vigoureuse  employée  comme  orne- 
ment, à cause  de  la  belle  coloration  violette 
de  ses  tiges  et  de  son  feuillage,  qui  se  suc- 
cèdent pendant  tout  l’été,  et  le  Chenopodium 
Quinoa,  qui,  outre  un  feuillage  abondant, 
analogue  et  presque  identique  à celui  du 
Chenopodium  auricomum,  produit  dans,  les 
années  chaudes  une  assez  grande  quantité  de 
graines  de  la  grosseur  de  celles  des  Millets  et 
des  Panis,  lesquelles  graines  sont  utilisées 
comme  aliment  dans  quelques  parties  de 
l’Amérique  du  Sud,  ainsi  qu’au  Japon  et  en 
Chine,  etc.  Et  cependant,  malgré  les  mérites 
des  Quinoa  et  aussi  malgré  les  nombreuses 
recommandations  qui  ont  été  faites,  la  cul- 
ture n’en  a point  été  adoptée.  Cela  tient  évi- 
demment à ce  que,  outre  la  difficulté  d en 
obtenir  abondamment  et  régulièrement  des 
graines,  il  a élé  reconnu  que  leurs  leuilles 
donnaient  un  Epinard  médiocre  et  Irès-infé- 
rieur  aux  nôtres,  et  que  leurs  graines,  man- 
gées cuites,  formaient  un  aliment  bon  seii- 

I Nous  regrettons  de  nouveau,  ainsi  que  nous  l'a- 
vons déjà  fait  dans  notre  chronique,  que,  sans  le 
connaître,  pour  ainsi  dire,  certains  auteurs  aient  re- 
commandé d’une  manière  toute  spéciale  une  plante 
qui  est,  quoi  qu’on  en  dise,  une  mauvaise  herbe. 
— Rédaction. 


446 


A PROPOS  D’UN  NOUVE 

lemeiit  pour  les  personnes  qui  n'enpossèdenl 
pas  (Vautres. 

Enfin,  pour  le  cas  où  nous  viendrions  à 
avoir  besoin  d’Epinards,  nous  aurions  encore 
comme  ressource  les  feuilles  des  différentes 
Baselles,  celles  du  Bonssingaultia  basel- 
loides,  qui,  convenablement  accommodées, 
sont  loin  d’être  sans  mérite. 

Parmi  les  autres  légumes  importés  et  re- 
commandés dans  ces  derniers  temps,  nous 
avons  vu  déüler  plusieurs  espèces  de  Mou- 
lardes  à manger  en  salade  ou  cuites  : la  Sa- 
lade chinoise,  qui  n’est  autre  chose  que  le 
Chrysanthème  à fleurs  jaunes,  sauvage,  qui 
croît  dans  les  moissons  de  la  France;  la  Sa- 
lade d'Ancône  puis  le  Chou  chinois,  le 
Pak-Choi,  le  Pet-Saï,  le  Concombre  grim- 
pant (Cyclanthera  pedata),  toutes  plantes 
dites  alimentaires  et  très-usitées  en  Chine, 
au  Japon,  au  Mexique,  etc.,  etc. 

Que  sont,  nous  le  demandons  aux  connais- 
seurs sérieux,  ces  légumes  tout  à fait  élé- 
mentaires à côté  des  variétés  perfection- 
nées cultivées  dans  nos  contrées  pour  des 
qualités  et  des  usages  analogues?  Ou  même, 
que  sont-ils  comparés  à beaucoup  de  nos 
anciennes  variétés  peu  répandues  et  dont  on 
n’a  pas  encore  su  d’une  manière  générale 
apprécier  toutes  les  qualités? 

Que  les  habitants  des  pays  en  question  où 
les  végétaux  herbacés  forment  la  base  né- 
cessaire de  l’alimentation,  et  où  les  variétés 
perfectionnées  manquent,  ou  bien  où  elles 
sont  inconnues  ou  ne  peuvent  être  cultivées, 
et  où,  si  elles  végètent,  elles  tournent  et  pous- 
sent en  herbe,  pour  ainsi  dire,  que  ces  popu- 
lations, disons-nous,  encore  peu  civilisées  et 
dont  le  goût  est  loin  d’être  aussi  raffiné  que 
celui  des  habitants  de  l’Europe  centrale,  se 
contentent  desdites  plantes  et  les  trouvent 
d’excellents  légumes,  nous  ne  voyons  pas  à 
cela  un  grand  mal";  mais  qu’on  veuille  les 

1 \ on  Revue  horticole  1866,  p.  422. 

Qui  ne  sait,  en  effet,  que  beaucoup  de  gens  qui 
ont  voyagé  dans  diverses  parties  de  l’Amérique  ont  re- 
commandé d’une  manière  particulière  la  Morelle  noire 

ALNUS  SUBCORDATA  E 

Ce  que  nous  avons  dit  précédemment  de 
VAlnus  barbata  * pourrait  presque  s’appli- 
quer aux  Alnus  subcordata  et  Alnus  Vilmo- 
reana;  mais  comme  rien  ne  peut  être  iden- 
tique, les  Alnus  subcordata,  C.  A.  M.  etFi7- 
moreana,  Hort.,  doivent  différer  de  VAl- 
nus barbata.  Nous  ne  dirons  donc  rien 
de  la  beauté,  de  la  vigueur  et  des  avan- 
tages qu’ils  peuvent  présenter,  car  nous 
n’aurions  alors  qu’à  nous  répéter.  Il  nous 
suffira  d’indiquer  les  caractères  que  présen- 
tent les  deux  plantes,  ce  que  nous  allons 
essayer  de  faire  en  quelques  mots.  Le  port 

* Revue  horticole,  1866,  page  360. 


ÉPINARD  D’AUSTRALIE. 

faire  trouver  telles,  et  les  faire  cultiver  à 
nous,  habitants  de  la  France,  et  habitués  à 
ses  bons  légumes,  c’est  ce  que  nous  combat- 
trons en  toute  occasion,  nous  rappelant 
cependant  que  tous  les  goûts  sont  dans  la 
nature,  et  qu’il  n’en  faut  point  discuter. 

Nous  ne  cesserons  toutefois  de  répéter,  en 
terminant,  qu’avant  de  prôner  une  nou- 
veauté légumière,  de  s’en  engouer  et  d’en 
adopter  la  culture,  on  devrait  s’assurer  que 
le  besoin  s’en  fît  sentir;  qu’elle  fut  désira- 
ble et  de  qualité  supérieure  aux  variétés 
déjà  existantes,  et  enfin  que  sa  culture  fût  fa- 
cile et  pratique.  Si  l’on  tenait  plus  souvent 
compte  de  ces  préceptes  élémentaires,  on 
éviterait  d’encombrer  sans  nécessité  les  jar- 
dins de  plantes  médiocres  au  détriment  des 
bonnes  espèces;  on  diminuerait  les  dou- 
ble emplois  inutiles,  et  l’on  ne  s’exposerait 
pas  aux  mécomptes  dont  se  plaignent  sans 
cesse  les  amateurs  qui,  sur  la  foi  des  annon- 
ces, ont  cru  aux  mérites  de  nombre  de  plan- 
tes tant  vantées  qui  devaient  surpasser  ou 
détrôner,  les  unes  la  Pomme  de  terre,  les 
autres  les  Choux,  les  Radis,  etc.,  etc.,  et 
qui  sont  aujourd’hui  complètement  tombées 
dans  l’oubli,  ou  qui,  avant  peu,  n’en  vau- 
dront pas  mieux. 

Parmi  les  espèces  déchues,  ou  sur  le 
point  de  l’être,  nous  citerons  entre  autres 
pour  mémoire  : VUlluco,  V Arracacha,  le 
Psoralea  esculenta,  les  Oxalis  crenata  et 
Occa,  le  Chou  colossal,  le  Radis  de  Madras, 
le  Cresson  d'eau  d'Australie,  la  Poire  de 
terre,  la  Capucine  tubéreuse,  etc.,  etc.;  et 
pourtant,  quels  éloges  n’a-t-on  point  fait  de 
ces  plantes  ! Clémenceau. 

(Solanu?nni(jrum),  cette  mauvaise  plante  dont,  avec 
raison.,  on  suspecte  les  qualités.  Il  n’est  guère  dou- 
teux cependant  que  si  ces  voyageurs  avaient  eu  à 
choisir  entre  la  Morelle  et  les  Epinards,  ils  n’au- 
raient pas  hésité  à donner  la  préférence  à ces  der- 
niers. Mais  nécessité  fait  loi.  On  ne  doit  jamais  ou- 
blier ce  proverbe,  qui  a une  très-grande  significa- 
tion : « Faute  de  Grives,  on  mange  des  Merles.  » — 
Rédaction. 

P ALNUS  VILMOREANA. 

et  le  faciès  étant  à peu  près  les  mêmes, 
nous  n’aurons  guère  à nous  occuper  que 
des  feuilles. 

Alnus  subcordata,  C.  A.  M.  Feuilles  lon- 
guement ovales-elliptiques,  atteignant  jus- 
qu’à 18  centimètres  de  longueur  (y  compris 
le  pétiole)  sur  9 centimètres,  parfois  plus, 
de  diamètre;  minces,  d’un  vert  foncé, 
unies  et  luisantes  en  dessus  ; un  peu  plus 
pâles,  mais  non  glauques  en  dessous, 
glabres  sur  les  deux  faces,  portant  seule- 
ment à la  face  inférieure  et  à l’angle  des 
nervures  latérales  des  petits  paquets  de 
poils  courts,  roux,  bordées  de  chaque  côté 


ALNUS  SUBGOUDATA  El’  ALNUS  VILMOREANA. 


iil 


(le  (lents  très-courtes,  régulières,  penchées. 
Cette  espèce  est,  dit-on,  originaire  du  Cau- 
case. 

Alnus  Vilmoreana,  Hort.  Feuilles  très-' 
longuement  ovales-ellipliques,  cordiformes 
à la  tase,  brus(|ueinent  et  régulièrement 
atténuées  au  sommet  en  une  pointe  courte, 
droite,  obtuse,  Ic-ngues  de  18-^2'2  centimètres 
(y  compris  le  pétiole),  larges  de  9-11  centi- 
mètres. d’un  vert  très-lbncé  et  légèrement 
huilées  à la  face  supérieure,  d’un  vert  glau- 
cescent  à la  face  inférieure  où  se  trouvent, 
ainsique  chez  V Alnus  subcordata,  quelques 
petits  paquets  de  poils  gris  cendré,  bordées 


de  chaque  côté  de  dents  peu  profondes, 
inégales,  parfois  irrégulières,  penchées. 

hes  Alnus  suhcordaUi  et  Vilmoreanu  sont 
très  - rusti([ues,  et,  comme  V Alnus  bar- 
bala^  conservent  très-longtemps  leurs  feuil- 
les. La  culture  est  semblable  à celle  (pie 
nous  avons  inditpiée  pour  ce  dernier. 

Nous  terminerons  en  rccommandanl  li 
culture  de  ces  trois  sortes  d’Aulnes,  en 
rappelant  (pie  ce  ne  sont  (pie  des  formes 
peu  dilférentes  d’un  môme  type  et  dont  la 
valeur  aussi,  soit  au  point  do  vue  do  l’orno- 
ment,  soit  au  point  de  vue  do  l’oxploitation, 
est  à peu  près  la  même.  e.  I-kbas. 


SOINS  A DONNER  AUX  PLANTES  DE  SERRE  PENDANT  L’RIVER. 


Aujourd’liui  que  le  goût  de  l’borticullure 
est  devenu  une  occupation  pour  les  uns, 
une  récréation  pour  les  autres,  un  bien-être 
pour  tous,  la  culture  des  tleurs  se  répand 
de  plus  en  plus  dans  les  classes  élevées  de 
la  société.  Chacun,  clans  sa  position  de  for^ 
tune,  a sa  serre  chaude  ou  tempérée.  Nous 
croyons  donc  être  agréable  aux  lecteurs  de 
la  Revue  eu  leur  indiriuant  les  principaux 
moyens  de  les  soigner. 

Si  les  plantes  ont  été  mises  dehors  pen- 
dant l’été,  et  qu’on  arrive  à l’automne,  il 
faut  les  rentrer  pour  l’hiver.  Dans  ce  cas, 
on  rempote  toutes  celles  qui  ont  été  mises 
en  pleine  terre  quelques  jours  à l’avance, 
afin  qu’elles  aient  le  temps  de  reprendre 
avant  l’hiver.  Ensuite  on  les  place  à une 
exposition  un  peu  ombragée  pendant  quel- 
c[ues  jours;  on  les  arrose,  on  les  bassine  au 
besoin,  afin  d’en  faciliter  la  reprise. 

L’époque  à laquelle  on  doit  rentrer  les 
plantes  de  serre,  varie  suivant  les  climats, 
les  conditions  particulières  dans  lesquelles 
on  est  placé,  et  suivant  aussi  que  le  temps 
est  plus  ou  moins  favorable. 

En  général,  on  rentre  celles  de  serre 
chaude  du  15  au  dU  Septembre;  celles  de 
serre  tempérée  du  au  iD  octobre.  On 
rentre  les  Orangers  du  10  au  15  octobre. 

Si  l’on  est  pressé  par  le  mauvais  temps, 
on  rentre  d’abord  les  plantes  qui  craignent 
le  plus  le  froid, riiumidité  ou  les  pluies;  on 
les  reprend  ensuitf  une  à une,  on  lave  les 
pots  ou  les  caisses;  on  donne  un  béquillage 
à la  terre  des  vases;  on  met  des  tuteurs  aux 
plantes  qui  en  ont  besoin;  on  enlève  le  bois 
mort,  les  feuilles  qui  sont  plus  ou  moins 
gcàtées.  Après  cette  opération,  on  les  place 
par  hauteur,  là  où  elles  doivent  être,  en 
ayant  soin  de  ne  pas  trop  les  lasser  pour 
qu’elles  ne  s’étiolent  pas. 

Les  autres  soins  consistent  dans  le  net- 
toyage et  l’arrosage;  il  faut  aussi  donner  de 
l’air  à la  serre  toutes  les  fois  que  le  temps  le 
permet  en.se  guidant,  bien  entendu,  sur  la 
nature  des  plantes  aux(|uelles  on  a alfaire. 


Quant  aux  arrosements,  ils  doivent  être  en 
rapport  avec  la  nature  et  la  vigueur  des 
plantes.  L’expérience  nous  a prouvé  (pi’une 
trop  grande  humidité  est  souvent  plus  nui- 
sible et  plus  difficile  à combattre  (prun 
froid  sec,  surtout  ([uand  le  soleil  ne  se 
montre  pas  pendant  plusieurs  jours.  Dans 
ce  cas,  on  doit  chaulTer  afin  de  fiiire  dispa- 
raître l’humidité  de  l’air,  mais  si  la  tempé- 
rature intérieure  est  trop  élevée,  il  vaut 
mieux  aérer.  Pendant  les  nuits  froides,  on 
couvre  les  serres  tous  les  soirs  avec  des 
paillassons  afin  de  pouvoir  y conserver  une 
chaleur  nécessaire  aux  plantes;  pnn'lnt  le 
jour,  il  suffit  de  découvrir  et  do  daOiior  de 
l’air  si  la  tempéi’ature  extérieure  le  permet. 
De  novembre  à février  toutes  les  plantes,  en 
général,  ont  besoin  de  peu  d’eau;  si  le 
temps  est  beau,  si  la  température  ambiante 
de  la  serre  est  alors  élevée,  on  en  profile 
pour  les  bassiner  et  l’on  peut  au  besoin  l’é- 
pandre  de  l’eau  dans  les  chemins  de  la 
serre  afin  de  renouveler  l’air.  Mais,  pour 
celle  opération,  il  faut  autant  que  possible 
choisir  un  jour  de  beau  temps  pour  que  les 
plantes  puissent  se  ressuyer  avant  le  soir. 

Pendant  l’hiver,  les  arrosements  doivent 
être  faits  le  matin,  du  mois  d’octobre  au 
mois  de  mai,  et  le  soir  pendant  le  reste  de 
l’année.  Quoi  qu’il  en  soit,  il  faut  toujours 
fermer  les  châssis  de  bonne  heure  et  dans 
l’après-midi,  afin  de  renfermer  \ii  chaleur, 
comme  disent  les  jardiniers.  Il  ne  faut  ja- 
mais perdre  de  vue  que  l’hygiène  est  une 
des  premières  conditions  de  santé  pour  tous 
les  êtres. 

Les  feuilles  et  toutes  les  parties  herba- 
cées des  végétaux  sont  des  organes  de  res- 
piration et  d’absorbtion,  on  doit  donc  les 
tenir  constamment  à l’abri  de  la  poussière 
et  des  insectes,  et  c’est  en  agissant  ainsi 
qu’on  fera  de  la  bonne  culture.  Pendant  les 
grands  froids,  on  visite  souvent  les  plantes; 
on  enlève  les  parties  gâtées  ([ui  tendent  à 
pourrir  par  suite  d’une  trop  grande  humi- 
dité; on  hé(juille  la  terre  à la  surface  des 


U8 


SOINS  A DONNER  ADN  PLANTES  DE  SERRE  PENDANT  L’HIVER. 


pots  de  manière  à en  rendre  la  vue  plus 
agréable  et  à faciliter  l’action  de  l’air. 

" Lorsque  les  pots  sont  enterrés  dans  la  tan- 
née, on  remanie  celle-ci  de  temps  à autre 
et  l’on  retourne  souvent  les  pots  pour  que 
chaque  partie  des  plantes  reçoive  également 
la  lumière.  Gomme  la  température  des  ser- 
res joue  un  rôle  important  dans  Ta  santé  des 
végétaux,  nous  croyons  devoir  indiquer  d’une 
manière  générale  le  maximum  et  le  mini- 
mum nécessaires  à cha([ue  serre. 

Nous  n’avons  pas  la  prétention  de  fixer 
res  températures  d’une  manière  absolue;  il 
faut  toujours  avoir  égard  au  climat,  à l’é- 
poque où  l’on  se  trouve  et  au  but  qu’on 
veut  atteindre. 

Dans  la  serre  chaude  proprement  dite  où 
l’on  cultive  les  plantes  venant  des  parties 
du  globe  comprises  entre  les  tropiques,  la 
température  ne  doit  pas  descendre  au-des- 
sous de  12  degrés  centigrades  pendant  la 
nuit,  et  peut  être  élevée  à 20  et  25  pendant 

PHILIPPE  FRANt 

La  vie  d’un  des  hommes  les  plus  actifs 
est  éteinte! 

Siebold,  né  à Würzbourg,  le  17  février 
1796,  mort  à Munich  le  18  octobre  dernier, 
après  une  courte  maladie,  était  fils  d’un 
médecin  distingué;  il  étudia  la  médecine  à 
Würzbourg,  et  montrait  dès  sa  jeunesse  un 
goût  prononcé  pour  l’histoire  des  nations, 
et  surtout  pour  la  description  des  voyages. 
Nommé  docteur  en  médecine  vers  1820,  il 
entrait  deux  ans  plus  tard  (1822)  dans  le 
service  du  roi  des  Pays-Bas,  qui  le  plaçait 
comme  officier  dans  l’armée. 

Le  roi  Guillaume,  grand  protecteur  de  la 
famille  de  Siebold,  s’exprimait  ainsi  en  lui 
envoyant  son  brevet  : 

((  Je  viens  ici  témoigner  ma  reconnais- 
sance envers  la  famille  Siebold  pour  les  ser- 
vices qu’un  de  ses  parents  avait  autrefois 
rendus  à ma  famille  royale.  » 

Un  peu  plus  tard,  en  1823,  nous  voyons 
Siebold,  à Batavia,  comme  médecin  du  ré- 
giment qui  résidait  à Wellvrede. 

Sa  carrière  se  trouva  tracée  d’elle-même, 
pour  ainsi  dire,  par  le  projet  que  le  gouver- 
nement hollandais  faisait  d’envoyer  une 
expédition  au  Japon,  pour  faire  des  recher- 
ches scientifiques  et  se  mettre  en  commu- 
nication avec  cet  empire  si  peu  connu  alors. 

Le  gouvernement  n’ignorait  pas  les  diffi- 
cultés attachées  à cette  entreprise,  la  haine 
des  Japonais  pour  les  Européens,  leurs  pré- 
jugés religieux,  etc.;  mais  il  se  croyait  for- 
tement engagé  cà  la  poursuite  de  ce  projet 
par  les  fruits  qu’il  espérait  en  retirer,  sa- 
chant que  l’histoire  et  la  médecine  étaient 
fort  estimées  des  Japonais. 

En  effet,  on  en  eut  bientôt  la  preuve,  et 


le  jour.  Dans  la  serre  tempérée,  où  se  cul- 
tivent les  plantes  des  régions  moyennes,  la 
température  doit  être  maintenue  de  4-  à 
8 degrés  pendant  la  nuit  et  de  10  à 12  pen- 
dant le  jour.  Dans  la  serre  froide,  où  l’on 
cultive  les  plantes  de  la  Nouvelle-Hollande, 
une  partie  de  celles  du  Cap,  du  Japon  et 
de  certaines  parties  de  l’Inde,  toutes  plan- 
tes qui  végètent  plus  ou  moins  pendant  l’hi- 
ver et  qui,  conservant  leur  feuillage,  fleuris- 
sent quelquefois  jusqu’au  printemps,  une 
température  de  3 à 4 degrés  pendant  la 
nuit,  de  4à8  pendant  le  jour,  est  suffisante. 

Dans  l’orangerie  qui  n’est  qu’une  sorte  de 
conservatoire  où  l’on  cultive  les  Orangers, 
les  Citronniers  et  d’autres  plantes  analogues 
dont  la  végétation  est  à peu  près  nulle  l’hi- 
ver, il  suffit  qUB  la  température  ne  descende 
pas  au-dessous  de  zéro  degré. 

Th.  Denis, 

Chef  des  cultures  du  Jardin  botanique 
du  parc  de  la  Tête-d’Or. 

IIS  DE  SIEBOLDT. 

dans  le  voyage  que  l’ambassade  hollandaise 
faisait  chaque  année  de  Nangasaki  à Yedo, 
où  le  médecin  fut  entouré  de  la  plus  grande . 
\énération;  il  jouissait  d’une  entière  li- 
berté et  pouvait  communiquer  avec  tout  le 
monde  sans  être  soumis  au  contrôle  ordi- 
naire. 

Siebold  possédait  à côté  de  son  savoir  un 
don  bien  précieux  pour  un  voyageur,  il  était 
fort  gai  et  homme  du  monde;  c’est  pourquoi 
le  gouverneur- général  décida  que  Siebold 
accompagnerait  celte  expédition  ; il  fit  aus- 
sitôt ses  préparatifs  de  voyage  etil  se  pourvut 
des  divers  instruments  physiques  et  chimi- 
ques avec  lesquels  il  espérait  attirer  l’at- 
tention des  Japonais.  Au  nombre  de  ces 
instruments,  on  remarquait  une  machine 
pneumatique,  un  appareil  galvanique  , etc. 

Siebold,  malgré  l’attrait  que  ce  voyage 
avait  pour  lui,  connaissait  trop  l’bistoire  et 
la  barbarie  des  Japonais  pour  se  faire  illu- 
sion sur  les  difficultés  qu’il  allait  rencon- 
trer. 

Son  voyage  de  Batavia  à Nangasaki  se 
trouve  long'uement  détaillé  dans  son  pre- 
mier volume  ((  Nippon.  » 

Dans  cette  relation,  il  y a surtout  des  pas- 
sages fort  intéressants  sur  les  diverses  ques- 
tions que  les  Japonais  adressaient  à l’am- 
bassade hollandaise  avant  qu’elle  mît  pied 
à terre.  Il  y dépeint  également  son  arrivée 
à Nangasaki,  ainsi  que  les  impressions  par- 
ticulières que  produisirent  sur  lui  la  vue  de 
ce  nouveau  pays. 

Bien  qu’il  ne  soit  pas  possible,  dans  une 
notice  nécrolog-ique,  d’entrer  dans  de  très- 
longs  détails,  nous  citerons  cependant  cer- 
tains passages  qu’on  trouve  consignés  dans 


449 


PHILIPPE  FRANÇOIS  DE  SIEBOLDT. 


celle  relation;  par  exemple  celui-ci  : « Quel 
coup-d’œil,  s’écriait  Siebold!  Avec  quelle 
vigueur  croissent  sur  les  côtes  les  Chênes 
verts,  les  Cèdres  elles  Lauriers!  Quelle  ac- 
tivité montre  ici  la  nature,  pour  ainsi  dire, 
sans  être  aidée  par  la  main  des  hommes  ! » 

Siehold  resta  pendant  six  ans  cà  Aangasaki 
(Dezima)  et  aux  environs,  et  il  déploya 
comme  médecin,  ethnographe  et  naturaliste 
le  plus  grand  zèle. 

Ses  œuvres,  ainsi  que  les  riches  collec- 
tions qu’il  a recueillies  et  qui  sont  dépo- 
sées à Leyde,  le  montrent  suffisamment. 

11  est  vrai  qu’il  avait  à faire  à une  nation 
intelligente,  qui,  connaissant  tout  l’avantage 
que  procure  la  science,  n’épargnait  ni 
l’argent,  ni  les  sacrifices  de  toutes  sortes. 
C’est  grâce  à cette  haute  protection  que 
Siehold  put  se  livrer  à la  recherche  des  ob- 
jets d’histoire  naturelle,  sans  rencontrer 
de  très-grands  obstacles.  Entouré  bientôt 
d’un  ceriain  nombre  d’élèves  qu’il  envoyait 
partout  dans  les  montagnes,  il  se  procura 
de  nouvelles  richesses,  et  c’est  à sa  grande 
et  intelligente  activité  que  nous  devons 
beaucoup  de  plantes  utiles  jusqu’alors  in- 
connues en  Europe. 

Les  premières  plantes  envoyées  en  Eu- 
rope furent  décrites  par  Zuccarini,  pro- 
fesseur de  l’Université  à Munich,  qui  était 
très-lié  avec  Siebold,  et  qui,  parla  suite,  de- 
vint son  collaborateur  lorsqu’il  fit  la  Flore 
du  Japon.  Dès  son  arrivée  au  Japon,  Sie- 
bold s’y  fit  une  grande  réputation  comme 
médecin,  et  bientôt  il  se  vit  entouré  de 
savants  de  toutes  sortes,  et  surtout  de  célé- 
brités médicales,  ainsi  que  de  nombreux 
malades  qui  venaient  le  consulter.  Siebold, 
profitant  de  sa  position  toute  exceptionnelle, 
avait  grand  soin  de  noter  tout  ce  qu’il  y 


avait  de  particulier  et  d’intéressant  soit  dans 
la  vie  sociale  ou  religieuse  des  Japonais,  soit 
dans  toute  autre  circonstance  de  leur  ma- 
nière de  vivre.  En  même  temps,  il  ne  lais- 
sait passer  aucune  occasion  de  servir  la 
science  à laquelle  il  pensait  toujours,  et  c’est 
ainsi  que,  indépendamment  des  collections 
d’histoire  naturelle  il  put  réunir  un  grand 
nombre  de  livres  fort  appréciés  des  savants. 

Les  fréquents  entretiens  qu’il  avait  avec 
les  nobles  et  les  administrateurs  de  tous 
rangs,  le  familiarisaient  avec  la  langue 
japonaise  et  le  mettaient  en  même  temps 
au  courant  de  la  diplomatie,  ce  qui  n’est 
pas  facile  dans  ce  pays  ; car,  chez  le  Taï- 
koun,  de  même  que  chez  tous  les  despotes 
asiatiques,  la  cour  forme  un  filet,  une  sorte 
de  tissu  d’intrigues  et  de  cabales,  par  les- 
quelles l’étrang'er  doit  passer,  et  très-souvent 
à son  détriment,  parfois  même  au  pérd  de 
sa  vie.  Siebold,  grâce  à sa  position  excep- 
tionnelle et  jusque-lâ  sans  exemple,  sous 
prétexte  de  vouloir  enseigner  la  médecine 
aux  jeunes  gens,  obtint  du  gouvernement  ja- 
ponais une  permission  de  résidence  qui  fut 
toujours  prolongée,  de  manière  qu’il  put 
continuerâ  recueillir  toutes  sortes  de  riches- 
ses. La  résidence  qui  lui  avait  été  particu- 
lèrement  assignée  était  dans  file  de  Nip- 
pon. La  faveur  de  Son.  Exc.  V espion  gé- 
néral (tel  est  le  titre  de  ce  fonctionnaire 
encore  aujourd’hui)  le  seconda  puio^a. li- 
ment dans  les  difficultés  de  toute  nature 
qu’il  avait  fréquemment,  malgré  la  considé- 
ration dont  il  jouissait.  U faut  dire,  toute- 
fois, que  l’influence  de  la  Hollande,  sa  pa- 
trie, était  bien  pour  quelque  chose  dans  les 
faveurs  dont  il  était  comblé. 

Max  Kolb. 

La  suite  au  prochain  numéro.) 


RETELEERIÂ  FORTUNEf. 


Le  genre,  ainsi  que  nous  l’avons  déjà  dit, 
est  une  sorte  de  cadre  dans  lequel  on  fait 
entrer  un  certain  nombre  d’individus  qui 
ont  des  caractères  généraux  semblables  ; par 
conséquent,  lorsqu’on  rencontre  des  végé- 
taux qui  ont  des  caractères  différents  et  qu’on 
veut  y faire  entrer,  il  faut  ou  élargir  le  cadre 
ou  en  construire  un  nouveau.  C’est  le  cas 
dans  lequel  nous  nous  trouvons  relativement 
à la  plante  qui  fait  le  sujet  de  cette  note. 

Cette  plante,  qui  jusqu’à  ce  jour  avait  été 
classée  parmi  les  Abies  ou  parmi  le  Picea, 
ne  peut  rentrer  dans  aucun  de  ces  genres. 
Les  premiers  ont  en  effet  les  cônes  dressés  à 
écailles  caduques,  les  deuxièmes  (Pœen)  ont 
les  cônes  pendants  et  les  écailles  persistan- 
tes; de  plus,  l’aspect,  la  végétation,  et  sur- 

’ A Jean-Baptiste  Keteleer,  un  des  horticulteurs 
les  plus  distingués  du  xix®  siècle,  né  à Bodeghem 
.Belgique),  le  4 août  1813. 


tout  les  feuilles  du  Keteleeria,  sont  difté- 
rents  soit  des  abies,  so\l  des  Picea.  Le  Ketelee- 
ria,  indépendamment  de  son  aspect  et  de  son 
faciès  tout  particuliers,  a les  cônes  dressés 
comme  ceux  des  Abies,  mais  les  écailles  sont 
persistantes',  c’est  une  coupe  intermédiaire. 
A la  rigueur,  nous  aurions  pu  en  former  une 
section  dans  les  Abies;  mais,  par  des  raisons 
que  nous  développerons  plus  tard,  nous 
préférons  multiplier  les  coupes  de  manière 
à en  mieux  préciser  les  caractères;  à notre 
point  de  vue,  c’est  le  seul  moyen  de  s’en- 
tendre. Une  seule  espèce  de  ce  genre  est 
connue  : le  Keteleeria  Fortunei,  Nob.;  Abies 
Jezoensis,  Lindl.;  Picea  Jezoensis,  Carr.; 
Abies  Fortunei,  A.  Murr.  _ _ 

Voici,  d’après  M.  Murray,  la  description 
de  cette  espèce  : 

« Magnifiqne  arbre  ayant  le  port  du  Cèdre 


150 


KETELEKRIA  FORTUNEI, 


du  Liban.  Ecorce  des  jeunes  rameaux  couverte 
d'une  pubescence  rubigineuse,  plus  tard  gla- 
bre; celle  des  vieilles  branches  fendillée. 
Phyllules  (coussinets?)  arrondies,  légèrement 
déprimées.  Boutons  courts,  subgîobuleux. 
Feuilles  distantes,  solitaires,  sossiles,"  quelque- 
fois disposées  en  forme  de  lame  de  sabre,  éta- 
lées ou  défléchies,  petites  et  douces  quand  elles 
sont  jeunes,  devenant  raides  et  fortes  emvieil- 
lissant,  d’un  vert  brillant  sur  les  deux  faces, 
juais  plus  pâles  en  dessous,  variant  en  longueur 
de  6 à 12  lignes,  et  de  3/4  de  pouce  à'I  pouce 
en  ciamètre,  terminées  par  une  pointe  raide, 
portant  sur  la  face  inférieure  environ  16  ran- 
gées de  stomates  de  chaque  côté  de  la  nervure 
médiane,  mais  n’en  portant  ordinairement  pas 
à la  face  supérieure,  excepté  près  du  sommet, 
où  l’on  en  trouve  parfois  deux  ou  trois  rangées. 
.Inflorescence  non' observée.  Cônes  d'un  "beau 
pourpre  bleuâtre  avant  la  maturité,  plus  tard 
uruns  et  quelquefois  un  peu  glaucescents, 
droits  et  nombreux  sur  des  branches  horizonta- 
les, portés  sur  un  pédoncule  gros  et  court, 
longs  de  6-8  pouces,  larges  de  2 pouces  12, 
droits,  atténués  et  arrondis-obtus  aux  deux- 
bouts.  Ecailles  grandes,  convexes,  un  peu  plus 
longues  que  larges,  pédicellées,  à bord  supé- 
rieur arrondi;  l’inférieur  cunéiforme,  brun  foncé 
et  tomenteux.  Bractées  d’un  brun  ^pourpre, 
minces,  étroites,  pédicellées,  égalant  en  lon- 
gueur environ  la  moitié,  de  l’écaille,  s’élargis- 
sant près  du  sommet  et  devenant  suborbiculai- 
res,  fortement  denticulées  dans  toute  cette  par- 
tie, qui  est  terminée  en  une  pointe  d’environ 
une  ligne  de  longueur.  Graines  courtement  to- 
menteuses,  de  couleur  fauve,  étroites,  longues, 
anguleuses,  comme  ailées-denticulées  sur  les 
bords.  Aile  longue  et  large,  raide,  droite  d’un 
côté,  largement  et  obliquement  arrrondie. 

« Le  seul  exemple  connu  de  cette  espèce  est 
l’arbre  mentionné  ci-dessus,  trouvé  près  d’un 
temple  de  Koo-shan,  à Foo-chow-foo.  C’était 
un  vieux  Sapin,  étalant  horizontalement*  ses 
branches  comme  un  Cèdre  du  Liban.  Sur  ces 
branches  étaient  les  inagnifiques  cônes  bleuâtres 
qui,  très-nombreux,  étaient  groupés  comme  des 
lignes  de  soldats.  C’est  le  seul  arbre  de  cette 
espèce  qu'il  a vu  et  dont  il  a envoyé  des  échan- 
tillons en  Angleterre.  » A ces  détails,  M.  Murray 
ajoute  : 

« Comme  l’arhre  était  unique  et  placé  auprès 
d'un  temple,  il  est  probable  qu’il  aura  été  in-  | 
troduit  là  d’ailleurs.  Mais  d’où?  On  a supposé  j 
qu’il  venait  du  Japon,  mais  on  n’a  pas  dit  de  j 
quelle  partie.  C’est  une  omission.  » 

Voici  les  caractères  que  cette  espèce  présente 
dans  nos  cultures  : Tige  droite,  cylindrique, 
couverte  d’une  écorce  gris-cendré,  bientôt  fen- 
dillée, épaisse,  cannelée,  légèrement  rugueuse, 
très-subéreuse;  molle  et  comme  fdireuse;  celle 
des  jeunes  bourgeons  roux-ferrugineux,  ordi- 
nairement subtomenteuse  par  de  nombreux 
poils  courts.  Branches  verticillées,  plus  rare- 
ment éparses,  excepté  dans  les  jeunes  indi- 
vidus obtenus  de  boutures  de  rameaux,  très- 
étalées,  parfois  défléchies.  Feuilles  planes,  lon- 
gues de  3-5  centimètres,  larges  de  3-1  millimè- 
tres, lancéolées,  régulièrement  atténuées  au 
sommet  et  terminées  par  une  pointe  line,  raide, 
très-aiguë,  de  couleur  rousse,  droites  ou  à peine 
très-légèrement  falquées,  lisses,  d'un  vert  lui- 
sant en  dessus,  un  peu  plus  pâle  en  dessous, 


portant  sur  le  milieu  une  nervure  étroite,  sail- 
lante sur  les  deux  faces  de  la  feuille,  surtout 
en  dessus,  où  elle  est  presque  aiguë. 

Ainsi  que  je  Fai  dit  dans  la  première 
édition  de  mon  Trailé  générale  des  OAiifè- 
res,  page  256,  on  avait  d’abord  con- 
fondu sous  le  nom  d'Abies  .lezoensis  des 
choses  très-différentes;  de  sorte  que  les' 
descriptions  qu’on  avait  faites,  de  même 
que  les  cônes  qu’on  avait  reproduits,  pré- 
sentaient des  caractères  diftérenîs,  parfois 
complètement  contraires.  La  cause  princi- 
pale de  cette  erreur  venait  de  ce  qu’on  con- 
sidérait la  plante  découverte  en  Chine  par 
M.  Fortune  comme  étant  la  même  que  celle 
du  Japon  à laquelle  MM.  Sieboldt  et  Zucca- 
rini  avaient  donné  le  nom  d' Ahies  Jezoensis; 
et,  comme  les  moyens  de  vérification  man- 
quaient, loin  de  diminuer,  la  confusion 
augmentait,  parce  que,  presque  toujours,  on 
voulait  accorder  les  deux  descriptions.  Il 
n’en  est  plus  de  même  aujourd’hui,  et,  bien 
qu’on  n’ait  vu  de  cette  espèce  qu’un  seul 
individu,  ses  caractères  ont  été  très-bien 
étudiés;  mais  il  résulte  de  cette  étude  que 
cette  plante  ne  rentre  dans  aucun  genre  de 
Conifères  connus.  Sa  végétation  " même, 
ainsi  que  son  faciès  général,  ont  également 
quelque  chose  de  particulier  qui  ne  se  ren- 
I contre  dans  aucun  des  genres  ni  même  dans 
I aucune  des  sections  établis.  En  effet,  par  sa 
végétation,  cette  espèce  a un  air  de  parenté 
! avec  certains  Podocarpus;  sa  forme  et  la 
position  de  ses  cônes  ressemblent  assez  à 
celles  des  cônes  d'Abies;  mais  ceux-ci  ont 
les  écailles  caduques,  et  notre  plante  a des 
écailles  persislantes.  C’est,  en  un  mot,  une 
plante  tout  exceptionnelle. 

Toutes  ces  raisons  nous  ont  engagé  à en 
faire  un  nouveau  genre,  que  nous  avons 
dédié  à un  horticulteur  des  plus  distingués 
et  des  plus  honorables,  et  qui  aujourd’hui 
est  très-probablement  l’homme  qui  connaît 
le  mieux  les  Conifères. 

Peut-être  eût-il  mieux  valu  rejeter  com- 
plètement toutes  les  synonymies  et  ne  pas 
rappeler  ce  que  les  différents  auteurs  ont 
dit  de  cette  espèce;  mais  comme,  dans  ce 
qu’ils  ont  écrit,  il  se  trouve  certains  passa- 
ges qui  se  rapportent  nettement  à cette 
espèce,  nous  avons  cru  devoir  y renvoyer, 
en  prévenant  toutefois  qu’on  doit  se  tenir  en 
garde  contre  ces  synonymies.  Quant  aux  di- 
verses figures  qui  en  ont  été  faites,  une 
seule  est  bonne,  c’est  celle  qu’en  a donné 
M.  Murray  ; toutes  les  autres  sont  mauvaises 
ou  fausses  ou  se  rapportent  à des  choses 
diverses  et  mal  connues. 

Quant  à la  description  de  VAbies  Jezoen- 
! sis  que  Zuccarini  a faite  à l’appui  de  la 
I figure  qu’il  a donnée  dans  la  Flore  dii 
I Jupon,  elle  se  rapporte  à un  Picea. 

I Si  aujourd’hui,  grâce  à l’heureuse  ren- 
I contre  qu’a  faite  M.  Fortune  d’un  individu 


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Ara  ni  holim  ()]!_  voiinslui]i 


Ihviicric 


KETELEtiUA  FülVlENEI 


A51 


(le  cette  espèce,  on  co’iinaît  mieux  les  carac- 
tères qu’elle  présente,  il  faut  pourtant  re- 
connaître qu’elle  est  encore,  au  point  (ie 
vue  de  son  origine,  une  sorte  d’énigrne.  En 
effet,  vient-elle  de  quelque  partie  de  cet 
immense  Empire  chinois,  ou  bien  vient-elle 
de  celui  du  Japon?  C’est  ce  que  personne 
ne  pourrait  assurer.  Tout  ce  qhe  l’on  sait, 
c’est  ({ue  cette  espèce  n’a  jamais  été  vue  que 
par  M.  Fortune,  et  (|ue  le  seul  individu 
qu’il  a rencontré  se  trouvait  planté  dans  le 
nord  de  la  Chine,  près  du  temple  de  Koo- 
shan.  Les  indications  d’origine  données  par 
Sieboldt  et  Zuccarini,  et  répétées  d’après 


Plante  vivace,  cespiteuse,  presque  sous- 
frutescente  à la  base,  émettant  de  la  souche 
une  grande  quantité  de  petits  bourgeons 
comme  le  font  toutes  les  plantes  du  genre 
Armeria.  Feuilles  persistantes,  graminoï- 
des,  longuement  engainantes,  raides,  li- 
néaires, très-étroites,  acuminées-aiguès, 
terminées  par  un  mucron  spinescent,  coria- 
ces glaucescentes,  portant  de  toutes  parts  de 
très-petites  saillies,  pubérulentes,  blanchâ- 
tres. Tige  florale  axillaire  à la  base  d’une 
rosette  gemmaire,  atteignant  à peine  20  mil- 
limètres de  longueur.  Fleurs  disposées  en 
un  long  épi  scorpioïde,  sessiles  à l’aisselle 
d’une  bractée  ovale,  amplexicaule.  Calice 
monosépale,  tubuleux,  écailleux  à sa  base, 
élargi  et  courtement  denté  au  sommet,  de 
nature  sèche,  membraneuse  ou  parchemi- 
née, persistant  et  s’étalant  en  étoile  après  la 
chute  de  la  corolle.  Corolle  subpolypétale,  à 
divisions  étalées-rosacées,  très-longuement 
atténuées  à la  base  en  une  sorte  d’onglet. 
Etamines  insérées  à la  base  de  la  corolle. 

Celte  espèce,  originaire  d’Orient  d’où  elle 
a été  envoyée  par  M.  Ballansa,  est  encore 
très-rare  dans  les  cultures;  elle  forme  des 
tapis  d’un  vert  glauque  qui’  se  couvrent  de 
fleurs  d’un  beau  rose;  la  disposition  de  cel- 

LE  CONGRÈS  POMOLOGIQUE  ET 

Au  commencement  du  mois  d’août, 
M.  Cusin  m’engageait  à me  rendre  à Melun 
pour  assister  à la  11®  session  du  congrès 
pomologique  de  France.  Quelques  jours 
plus  tard,  M.  Réveil,  président  titulaire  du 
congrès,  voulait  bien  joindre  ses  instances 
personnelles  à celles  du  secrétaire  du  bu- 
reau d’administration  ; je  répondais  : « Si  des 
circonstances  indépemiantes  de  ma  volonté 
m’empêchent  de  faire  acte  de  présence  à 
Melun,  je  n’en  participerai  pas  moins  d’es- 
prit et  de  cœur  aux  travaux  du  congrès, 
dont  je  veux  continuer  à faire  partie.  » 

Cette  déclaration,  je  dois  la  renouveler 


eux  par  tous  les  auteurs  qui  ont  parlé  de 
cette  espèce,  sont  donc  inexactes  et  se  rap- 
portent à la  plante  que  les  auteurs  de  la 
Flore  du  Japon  (Sieb.  et  Zucc.)  ont  nom- 
mée Abies  JezoensiSy  et  qui,  ainsi  que  je 
l’ai  dit  dans  ma  première  édition,  est  un 
véritable  Picea  voisin  du  P.  Menziesii. 

Le  cône  et  les  graines  ont  été  copiés  sur 
les  figures  publiées  par  M.  Murray;  quant  à 
la  branche  et  au  port  général,  ils  ont  été 
faits  d’après  nature.  Les  figures  A et  R re- 
présentent une  graine  de  Keleleeria  For- 
tunei  vue  sur  les  deux  faces. 

E.  A.  Carrière. 

î VENUSTUM. 

« 

les-ci,  assez  singulière,  rappelle  un  peu 
celle  des  Ixias, 

Le  genre  Acantholimon,  éidihVi  par  M.  Rois- 
sier,  est  formé  aux  dépens  des  Slatice;  l’es- 
pèce que  nous  décrivons  ici  (Aeantfioli- 
mon  venuslum,  Roissier),  la  seule  que  nous 
connaissions  dans  ce  genre,  à première 
vue  a quelque  rapport  avec  certains  Œil- 
lets. Comme  beaucoup  de  plantes  d’Orienf, 
elle  redoute  une  très-grande  humidité,  sur- 
tout lorsque  celle-ci  est  stagnante;  les  ter- 
res un  peu  argilo-calcaires,  légères,  sem- 
blent lui  convenir  particulièrement. 

On  la  multiplie  de  graines,  parfois  d’é- 
clats; on  sème  aussitôt  que  les  graines  sont 
mûres,  en  pots  ou  en  terrines,  en  terre  de 
bruyère  bien  tamisée,  ou  bien  l’on  attend  au 
printemps.  Les  graines  doivent  être  très-peu 
enterrées,  et  les  vases  placés  sous  des  châs- 
sis ou  dans  une  serre.  On  repique  les  plants 
aussitôt  qu’ils  prennent  quatre  feuilles;  on 
les  met  dans  des  petits  pots  qu’on  place  sous 
des  cliâssis  pour  en  accélérer  la  reprise.  Si 
l’on  repique  en  pleine  terre,  il  faut  avoir 
bien  soin,  lors(iu’on  relève  les  plantes,  d’en- 
lever avec  elles  une  bonne  mote.  Ce  travail 
doit  se  faire  au  printemps  lorsque  les  plan- 
tes entrent  en  végétation.  r,.  yerlot. 

ES  TRAVAILLEURS  HORTICOLES. 

aujourd’hui,  afin  qu’il  soit  bien  entendu  que 
les  quelques  observations  que  je  vais  pré- 
senter ne  renferment  rien  de  systématique, 
rien  d’hostile;  je  les  eusse  soumises  au 
congrès  lui-même  s’il  m’eût  été  donné  d’y 
assister. 

La  Revue  horticole  (n®  du  novembre) 
constate  que  M.  Réveil  a ouvert  la  session 
par  un  magnifique  discours;  et  en  atten- 
dant que  le  compte-rendu  officiel  nous 
arrive,  elle  nous  envoie,  comme  un  écho, 
les  derniers  accents  de  l’orateur. 

La  forme  est  solennelle  et  la  pensée  doit 
avoir  été  d’autant  plus  mûrie  (|ue  M.  Ré- 


452 


LE  CONGRÈS  POMOLOGIQCE  ET  LES  TRAVAILLEURS  HORTICOLES. 


veil  présidait  l’assemblée  après  plusieurs 
années  d’abstention;  à ce  double  titre,  cette 
a' locution  s’impose  à l’attention  de  tous  les 
amis  de  l’horticulture. 

Après  avoir  cité  les  conclusions  de  l’ora- 
teur, l’honorable  directeur  de  la  Revue 
njoute  : « Le  but  est  louable,  très-louable 
sans  doute  ; mais  le  congrès  l’atteindra-t-il  ? 
Nous  le  souhaitons  vivement...  » 

Ce  point  d’interrogation,  je  le  comprends, 
d’autant  mieux  que,  après  m’être  adressé  la 
même  question,  je  me  suis  tout  à la  fois 
répondu  oui  et  non  : non,  si  le  congrès 
compte  aboutir  uniquement  à l’aide  de  ses 
questionnaires,  de  sa  session  annuelle  et 
automnale  de  huit  jours  et  d’un  unique  ré- 
dacteur; oui,  s’il  tient  un  compte  suffisant 
de  tous  les  travaux  particuliers  qui  se 
poursuivent  en  dehors  de  son  sein,  s’il 
regarde  comme  sa  propriété  tout  ce  qui  se 
publie  de  bon,  s’il  provoque  des  réunions 
a l’époque  de  maturité  des  diverses  espèces 
de  fruits  qu’il  s’agira  d’étudier. 

Tel  est  le  double  point  de  vue  que  je 
veux  soumettre  au  public,  à tous  les  mem- 
bres du  congrès,  et  à M.  Réveil  en  particu- 
lier; je  m’etîorcerai,  comme  toujours,  d’ex- 
primer toute  ma  pensée  sans  froisser  per- 
sonne. 

Parmi  les  idées  émises  par  l’honoralDle 
président  du  congrès,  s’il  en  est  une  qui 
doive  paraître  incontestable,  c’est  bien  celle- 
ci  : « Tous,  ce  nous  semble,  peuvent  possé- 
der autant  de  science  et  doivent  avoir  plus 
d’expérience  qu’un  seul.  » Mais,  d’abord, 
l’œuvre  du  congrès  est-elle  bien  réellement, 
jusqu’à  présent,  l’œuvre  de  tous?  Ne  voyons- 
nous  pas  trop  d’individualités  marquantes 
rester  encore  sous  leur  tente?  trop  de  socié- 
tés même  n’accorder  au  congrès  qu’un 
concours  plus  nominal  qu’effectif? 

Et  que  Ton  ne  croie  pas  que,  en  relevant 
ces  faits,  je  les  approuve;  je -les  déplore 
tout  au  contraire. 

Il  r.’est  pas  un  homme,  ayant  étudié  sé- 
rieusement l’horticulture,  qui  ne  comprenne 
lorsqu’il  veut  publier  un  travail  d’ensemble 
sur  les  fruits,  qu’il  lui  est  impossible  d’ar- 
liver  à un  résultat  satisfaisant  par  ses  pro- 
pres forces  et  par  sa  seule  expérience. 

Il  serait  donc  à désirer  que  tous,  particu- 
liers comme  sociétés,  s’accordassent  un 
mutuel  appui,  et  que  les  auteurs,  les  pre- 
miers, douassent  l’exemple. 

Malheureusement,  il  faut  bien  le  dire, 
nous  voyons  au  contraire  un  antagonisme 
presque  permanent.  Du  moment  que  l’on 
traite  des  truils,  il  semble  que  l’on  doive 
considérer  comme  ernemis  tous  ceux  qui 
s’occupent  de  la  même  étude. 

Cet  antagonisme,  qu’il  est  impossible  de 
nier,  constitue  très-certainement  le  plus 
grand  obstacle  au  progrès  de  l’horticulture. 


N’en  trouvons-nous  aucune  trace  dans  l’allo- 
cution de  M.  Réveil? 

« Nous  écrivons,  nous,  l’histoire  de  tou- 
tes les  espèces  et  variétés  de  fruits.  » J’eusse 
désiré  la  suppression  de  ce  nous,  entre  deux 
virgules. 

Que  M.  Réveil  veuille  bien  en  être  per- 
suadé : quand  des  hommes  comme  MM.  De- 
caisne.  Mas,  André  Leroy,  et  bien  d’autres, 
signent  une  œuvre,  ils  cherchent  à allier  la 
science  à l’expérience,  \e  relatif  à l'absolu; 
ils  s’efforcent  d’écrire  pour  ions,  savants  et 
praticiens,  amateurs  et  simples  jardiniers  ! 
S’ensuit-il  que  chacun  d’eux  en  particulier 
atteindra  complètement  ces  points  de  vue 
divers  et  complexes?  Je  ne  le  pense  pas,  et 
très-certainement  nul  d’entre  eux  n’ose  s’en 
flatter;  mais  tous  tendent  vers  ce  but,  et  le 
lutteur  heureux  sera  celui  qui  en  approchera 
le  plus. 

L’œuvre  éminemment  utile  serait  donc 
celle  qui  analyserait  tous  ces  travaux  parti- 
culiers pour  synthétiser  ensuite  ce  que 
chacun  d’eux  contient  de  vrai,  d’utile  et  de 
pràtique;  telle,  selon  moi,  devrait  être  la 
mission  du  congrès  pomologique.  Loin  de 
chercher  à limiter  l’initiative  individuelle, 
il  devrait  la  provoquer  pour  la  faire  tounier 
ensuite  au  bénéfice  de  l’association.  Si  im- 
parfaite que  soit  une  œuvre  pomologique, 
quel  est  le  questionnaire  qui  vaudra  comme 
renseignements  les  données  que  pourra  y 
puiser  le  comité  de  rédaction  du  congrès? 

Ce  n’est  pas  tout  : si  j’admets,  avec 
M.  Réveil,  que  « tous  doivent  posséder  plus 
de  science  et  plus  d’expérience  qu’un  seul  », 
il  ne  s’ensuit  pas  que,  lorsqu’une  question 
sera  discutée  par  tous,  la  solution  adoptée 
à la  majorité  sera  nécessairement  meil- 
leure que  celle  que  pourra  lui  donner  un 
homme  spécial.  Pour  contredire  cette  as- 
sertion, il  faudrait  ne  rien  connaître  aux 
assemblées  délibérantes;  certes,  ce  n’est 
pas  le  cas  de  l’honorable  M.  Réveil.  Quant 
au  congrès,  en  particulier,  je  pourrais  citer, 
pendant  sa  jeune  existance,  bien  des  votes 
contradictoires.  Et  comment  espérer  qu’il 
puisse  en  être  autrement  dans  une  assem- 
blée dont  les  deux  tiers  des  membres  se 
renouvellent  chaque  année.  Si  une  question 
litigieuse  est  mise  aux  voix  pendant  10  an- 
nées de  suite,  je  pose  en  fait  qu’elle  recevra 
presque  chaque  année  une  solution  con- 
traire. 

Le  but  indiqué  par  M.  Réveil  ne  saurait 
donc  être  atteint  si  le  congrès  se  borne  à 
établir  une  concurrence  avec  les  divers  au 
teurs  qui  traitent  des  fruits.  On  peut  dire, 
en  thèse  générale,  que  son  œuvre,  dans  ce 
cas,  ne  sera  ni  meilleure,  ni  pire;  pour 
remplir  le  magnifique  programme  déroulé 
par  son  président,  il  loi  faudrait  entrepren- 
dre résolùment  une  œuvre  commune,  une 
œuvre  éclectique. 


LE  CONGRÈS  POMOLOGIQUE  ET  LES  TRAVAILLEURS  HORTICOLES.  453 


Je  m’explique  : les  ouvrages  sur  l’arbori- 
culture ne  manquent  pas;  chaque  jour  il 
s’en  produit  de  nouveaux,  et  puisque  je 
suis  moi-même  atteint  de  l’épidémie,  je 
puis  bien  avouer  que  c’est  un  peu  la  mala- 
die du  moment.  Je  crois  donc  que  le  con- 
grès devrait  recbercber  celui  qui  a le  mieux 
dénommé  une  variété  donnée,  qui  est  arrivé 
à la  décrire  le  plus  exactement,  à l’appré- 
cier le  plus  sainement;  puis,  adopter  le 
nom,  la  synonymie,  la  description  et  l’ap- 
préciation de  cet  auteur.  Ce  qui  n’einpê- 
rail  pas,  le  cas  échéant,  de  prendre  un 
détail  à celui-ci,  un  autre  à celui-là  après 
s’être  parfaitement  assuré,  toutefois,  qu’il 
s’agit  bien  d’une  seule  et  même  variété. 

Ce  n’est  qu’à  cette  condition  que  l’œuvre 
du  congrès  pomologique  sera  vraiment 
« l’œuvre  de  tous  »,  car  alors  personne  ne 
pourra  se  soustraire  à son  action;  bon  gré, 
mal  gré,  tout  le  monde  apportera  son  con- 
tingent. Plus  d’asbtentions  possibles. 

Quand  un  auteur  s’est  livré  au  public, 
tous  et  chacun  ont  le  droit  de  puiser  dans 
ses  œuvres,  sauf  à le  reconnaître. 

Les  décisions  des  assemblées  du  congrès 
seraient  alors  celles-ci  : la  culture  de  telle 
variété  que  nous  avons  sous  les  yeux  mé- 
rite d’être  encouragée;  la  dénomination 
et  la  description  à adopter  sont  celles  de 
tel  auteur. 

On  m’objectera  qu’une  œuvre  pareille 
pourra  manquer  sinon  d’unité,  tout  au 
moins  d’uniformité  ; qu’elle  présenterait 
une  certaine  ressemblance  avec  l’habit 

LA  CHICORÉE 

La  Chicorée  est  un  légume  tellement  ap- 
précié que  sa  culture  va  constamment  en 
augmentant;  il  serait  impossible  d’indiquer, 
même  d’une  manière  approximative,  la 
quantité  qui  chaque  année  entre  dans  la 
consommation.  La  ville  de  Meaux  seule 
concourt  pour  une  très-large  part  à la  pro- 
duction du  légume  en  question,  qui,  dans 
cette  partie  du  département  de  Seine-et- 
Marne,  acquiert  des  qualités  particulières. 
De  là  le  nom  de  Chicorée  de  Meaux.  Si  la 
qualité  qui  distingue  la  Chicorée  venant  de 
Meaux  est  due  en  partie  au  sol,  elle  l’est 
surtout  à la  bonne  culture  et  au  choix  ju- 
dicieux que  de  tout  temps  les  jardiniers  ont 
su  faire  des  graines. 

Il  n’entre  pas  dans  nos  vues  de  faire  ici 
une  statistique  delà  production  de  la  Chi- 
corée à Meaux;  nous  dirons  seulement,  en 
passant,  que  plusieurs  maraîchers  de  notre 
ville  en  cultivent  chacun  de  60  à 80  mille 
pieds,  et  que  la  plupart  des  autres  en  cul- 
tivent individuellement  de  40  à 45  mille. 

La  proximité  de  Paris  a donné  une  ex- 
tenlion  considérable  à ce  produit;  ainsi, 


d’Arlequin.  Je  ne  puis  le  nier,  mais  je  sun- 
tiens  que  cette  diversité  même  ne  serait 
pas  sans  charme;  puis,  sans  altérer  le  fond, 
il  serait  toujours  facile  de  donner  à la 
forme  une  physionomie  d’ensemble;  toute 
autre  voie,  d’ailleurs,  mènera  toujours  à 
une  œmvre  plus  ou  moins  peisonnelle. 

Pourquoi  ne  pas  le  dire  franchement?  A 
mes  yeux,  comme  à ceux  de  beaucoup  d’au- 
tres, les  trois  volumes  parus  jusqu’à  ce 
jour  appartiennent  en  propre  à M.  Willer- 
moz.  Je  lui  en  fais  mon  sincère  cuinpli- 
ment,  car  l’œuvre,  dans  son  ensemble,  est 
bonne. 

Très-certainement  M.  Willermoz  s’est 
aidé  des  discussions,  des  réunions  géné- 
rales et  des  réponses  aux  questionnaires, 
mais  il  a imprimé  à l’ensemble  son  cachet 
particulier  et  sa  physionomie  propre.  11 
était  impossible  qu’il  en  fût  autrement  avec 
un  rédacteur  unique.  J’ajoute  que,  phis  le 
rédacteur  sera  compétent,  plus  ce  résultat 
sera  inévitable. 

Je  ne  veux  pas  abuser  de  l’hospitalité  de 
la  Revue  et  de  la  patience  des  lecteurs. 
Dans  un  prochain  numéro,  je  développerai 
cette  proposition.  Quelle  que  soit  la  voie 
qu’adopte  le  congrès,  je  ne  crois  pas  qu’il 
puisse  dénommer  et  décrire  sûrement  les  va- 
riétés de  certaines  espèces  de  fruits,notarn- 
fuent  celles  des  fruits  à noyaux,  s’il  ne  se 
réunit  pas  pendant  la  maturité  de  ces  diver- 
ses espèces  pour  comparer  les  variétés 
entre  elles. 

Paul  de  Mortillet. 

DE  MEAUX. 

dès  les  mois  d’octobre  et  de  novembre,  il 
part  chaque  jour  de  Meaux  de  trois  à six 
voitures  ne  contenant  pas  moins  de  3 à 
4 mille  Chicorées  chacune.  Ces  voitures  en 
très-grande  partie  vont  à la  halle,  à Paris  ; 
mais  indépendamment  de  ce  débouché,  il  en 
est  d’autres  moins  importants  qui  ne  laissent 
pas  cependant  de  contribuer  à l’enlèvement 
de  ce  produit.  Ce  sont  les  coquetiers  et  di- 
vers marchands  qui  viennent  apporte)*  leurs 
produits  au  marché  de  Meaux  et  qui  rem- 
portent de  la  Chicorée  lors  de  leur  départ. 

Les  maraîchers  de  Meaux  ne  font  pas  de 
Chicorée  de  haute  primeur,  non  pas  qu’ils 
en  ignorent  la  culture,  mais  parce  qu’ils  la 
trouvent  trop  dispendieuse.  Ils  commencent 
leurs  semis  dans  les  premiers  jours  d’avril 
sur  une  couche  bien  chaude  et  sous  châssis. 
Pour  avoir  la  certitude  que  la  Chicoi’ée  ne 
montera  pas,  il  faut  que  la  graine  germe  de 
suite  et  qu’elle  soit  levée  10  ou  12  heures 
après  avoir  été  semée  ; ceux  qui  tiennent  à 
avoir  un  peu  de  Chicorée  plus  hâtive  éta- 
blissent une  couche  tiède  et  repiquent  du 
jeune  plant  en  pépinière  ; mais  le  procédé 


J 


454 


LA  CHICORÉE  DE  MEAUX. 


de  culture  le  plus  généralen.ent  employé 
consiste,  lorsque  le  plant,  ayant  été  semé 
sur  une  couche  très-chaude,  a pris  assez  de 
force  pour  être  repiqué,  à lui  donner  beau- 
coup d’air  pour  le  fortifier  et  à le  placer  en 
pépinière  en  pleine  terre  et  à bonne  expo- 
sition. Celte  transition  le  fait  bien  un  peu 
souffrir,  puisque  l’opération  se  fait  dans  la 
première  quinzaine  de  mai,  dans  une  terre 
très-froide,  en  comparaison  de  celle  de  la 
couche;  le  retard  que  la  Chicorée  éprouve 
est  bientôt  réparé  si  le  temps  est  chaud, 
mais  si  la  température  se  maintient  basse 
la  reprise  est  plus  laborieuse.  La  planta  - 
tion à demeure  de  la  Chicorée  se  fait  suc- 
cessivement; en  ayant  soin  de  choisir  le 
plant  le  plus  fort,  on  peut  ainsi  échelonner 
le  produit  d’un  même  semis. 

Le  semis  de  la  Chicorée  en  pleine  terre 
se  fait  dans  la  première  quinzaine  de  juin, 
l’époque  précise  peut  varier  de  quelques 
jours,  selon  que  le  temps  est  plus  ou  moins 
chaud  ; il  est  toujours  essentiel  de  ne  pas 
perdre  de  vue  que,  si  le  sol  n’est  pas  suffi- 
samment échauffé,  le  plant  de  Chicorée  peut 
monter  et  qu’alors  la  récolte  est  compromise. 

A partir  de  cette  époque,  les  semis  de 
Chicorée  se  font  tous  les  15  jours;  on  sème 
la  graine  très-claire  pour  éviter  le  repi- 
quage en  pépinière,  et  le  plant  qui  est  trop 
rapproché  est  éclairci  aussitôt  qu’il  prend 
sa  première  feuille.  C’est  à partir  du  10  juil- 
let jusqu’à  la  fin  du  mois  que  se  font  les 
semis  en  grand  pour  la  saison  d’hiver  ; ces 
semis  se  font  successivement  à quelques 
jours  d’intervalle  pour  échelonner  le  plant 
et  l’avoir  d’une  force  convenable  à la  plan- 
tation. 

Nos  maraîcbers  conservent  peu  de  Chi- 
corée pour  réserve  d’hiver  ; leurs  bâtiments 
sont  d’abord  trop  restreints  et  leurs  travaux 
lie  leur  permettraient  pas  de  donner  à ces 
))lantes  les  soins  que  réclame  la  conserva- 
tion. 

Les  réserves  de  Chicorée  pour  l’hiver 
ne  se  font  guère  que  dans  les  maisons  bour- 
geoises. Yoici  comment  on  procède  : A 
l’approche  des  froids,  fin  d’octobre  et  no- 
vembre, et  quelquefois  en  décembre,  si  les 
gelées  n’ont  pas  été  rigoureuses,  on  lève  la 
Chicorée  avec  une  fourche,  on  presse  la 
motte  avec  les  mains  pour  faire  adhérer  la 
terre  aux  racines,  puis  on  les  place  dans 
un  cellier,  dans  une  cave,  ou  mieux,  sous 
des  châssis; dans  le  premier  cas,  on  enterre 


la  motte  dans  du  sable  en  serrant  les  plan- 
tes les  unes  contre  les  autres;  si  l’on  opère 
sous  des  châssis,  dans  du  terreau  consom- 
mé, la  Chicorée  blanchit  vite  malgré  les 
courants  d’air  qu’on  peut  lui  donner,  aussi 
ne  se  conserve-t-elle  que  peu  de  temps. 

Vn  de  nos  collègues,  M.  Boulingrè, 
jardinier  chez  M.  Marcotte,  à Chauconnin, 
nous  a fait  voir  au  mois  d’avril  dernier  de 
la  Chicorée  parfaitement  conservée.  D’après 
les  renseignements  que  nous  avons  pris,  il 
est  à peu  près  le  seul  qui,  tous  les  ans,  four- 
nisse de  la  Chicorée  à cette  époque  de 
l’année.  Yoici  comment  il  procède  : il  lève 
sa  Chicorée,  comme  nous  l’avons  dit  plus 
haut,  par  un  beau  soleil  et  en  motte  au- 
tant qu’il  est  possible;  puis  il  la  rentre 
sous  un  hangard  bien  aéré,  place  les  pieds 
les  uns  contre  les  autres  sans  les  serrer; 
quelques  jours  après,  lorsque  les  plantes 
sont  bien  ressuyées,  il  les  rentre  dans  un 
cellier,  muni  de  tablettes  superposées  les 
unes  au-dessus  des  autres,  à 35  centimètres 
de  distance  à peu  près, comme  le  sont  celles 
d’un  fruitier.  Sur  ces  tablettes,  il  étale  de 
la  paille  de  blé  bien  sèche  et  place  les 
pieds  de  Chicorée  les  uns  contre  les  autres, 
un  peu  serrés,  de  telle  sorte  que  la  tête  de 
la  Chicorée  se  trouve  placée  en  bas,  la 
motte  en  l’air;  de  cette  manière  la  paille 
n’est  jamais  trop  pressée  et  l’air  qui  circule 
au  travers  prévient  la  pourriture.  Tous  les 
15  jours  il  faut  visiter  la  Chicorée  et  enle- 
ver la  pourriture,  s’il  y en  a;  si  l’on  s’a- 
perçoit que  la  paille  est  humide,  on  doit  la 
remplacer  par  de  la  nouvelle.  Si  malgré  cela 
la  Chicorée  avait  une  tendance  prononcée  à 
pourrir,  on  couperait  la  motte  de  terre  par 
le  milieu  et  transversalement  en  deux,  de 
manière  à enlever  les  racines  qui  pom- 
pent l’humidité  de  l’air  et  occasionnent 
la  pourriture.  L’air  extérieur,  et  surtout  en 
hiver,  étant  chargé  d’humidité,  on  doit  évi- 
ter de  le  laisser  pénétrer  dans  le  cellier  ; 
chaque  fois  qu’on  entre  ou  qu’on  sort,  on 
doit  donc  avoir  soin  de  fermer  promptement 
la  porte,  et  l’on  ne  s’aurait  non  plus  trop 
recommander  de  boucher  herméliquement 
les  fissures  par  où  l’air  pourrait  s’intro- 
duire. Par  cette  méthode,  dont  M.  Boulingrè 
nous  paraît  être  l’inventeur,  on  peut  con- 
server de  la  Chicorée  jusque  vers  la  fin 
d’avril,  par  conséquent  jusqu’à  l'époque  où 
celle  de  primeur  commence  à donner. 

Quetier. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Tm  nouvelle  édition  du  Bon  «lardinieis 
pour  i867  '. 

Il  y a une  justice  à rendre  à \si  Revue  lior- 
licole,  ut  personne  ne  saurait  la  lui  refuser, 

' Un  vol.  in-12  de  1,600  pages.  Prix  : 7 tV.  — 
Librairie  agricole,  rue  .lacob,  26. 


c’est  de  reconnaître  qu’elle  ne  médit  ni  des 
hommes,  ni  des  livres.  Elle  fait  mieux  en- 
core : elle  accueille,  sans  leur  demander 
d’où  ils  viennent,  tous  ceux  qui  apportent 
leur  contingent  au  progrès  de  l’horticulture, 
et  elle  ne  leur  refuse  jamais  l’appui  de  sa 


BIBLIOGRAPHIE. 


455 


publicité.  Cela  étant,  on  ne  trouvera  pas 
mauvais  qu’elle  prenne  aujourd’hui  en  main 
la  cause  d’un  livre  qui  est  en  quelque  sorte 
son  ancêtre  et  dont  elle  peut  se  dire  la  con- 
tinuation. Nous  voulons  parler  du  Bon  Jar-  • 
dinier. 

Nous  n’apprendrons  rien  de  nouveau  aux 
lecteurs  de  la  Revue  en  leur  annonçant  que 
tous  les  ans  le  Bon  Jardinier  se  rajeunit  par 
une  édition  nouvelle,  et  que  celle  de  1867 
est  déjà  prête.  Fidèle  à ses  traditions,  il  re- 
paraît sous  son  format  ordinaire,  avec  ses 
1,600  et  quelques  pages,  format  un  peu  vo- 
lumineux, un  peu  incommode  peut-être, 
mais  format  inévitable  si  on  tient  compte  de 
ce  qu’exige  aujourd’hui  de  développement 
la  science  du  jardinage.  Science  n’est  pas 
trop  dire  en  effet,  car  dans  l’état  actuel  de 
cette  branche  de  la  culture,  il  faut  être, 
jusqu’à  un  certain  point,  physicien,  météo- 
rologiste, chimiste,  et  surtout  botaniste.  Ce 
qui  est  plus  nécessaire  encore,  c’est  d’être 
jardiniery  c’est-à-dire  de  connaître  les  al- 
lures et  les  besoins  des  plantes,  et  de  savoir 
se  servir  à propos  de  l’outillage  horticole, 
toutes  choses  qui  s’apprennent  par  la  pra- 
tique aidée  de  l’étude  et  de  la  réflexion.  Sans 
pratique,  on  ne  deviendrait  pas  jardinier, 
mais  avec  la  pratique  seule  on  aurait  99 
chances  contre  une  de  croupir  dans  une 
ignorante  routine. 

On  a si  bien  compris  l’importance  de  l’ins- 
truction en  matière  de  jardinage,  que,  de 
tout  temps,  on  a vu  des  hommes  éclairés, 
et  même  des  savants,  consacrer  leur  vie  en- 
tière à populariser  les  bonnes  méthodes  de 
culture  et  à les  expliquer.  Le  Bon  Jardinier 
en  est  la  preuve  vivante  : c’est  un  édifice 
construit  par  beaucoup  de  mains,  puisqu’il 
a déjà  traversé  quatre  générations  d’hommes,  j 
mais  parmi  ceux  qui  ont  le  plus  fait  pour 
l’amener  à l’état  de  perfection  relative  où  il 
est  aujourd’hui,  on  pourrait  citer  les  plus  i 
grands  noms  de  l’agriculture  française.  Rap- 
peler ceux  des  deux  Vilmorin  et  du  savant  ' 
Poiteau,  sans  parler  même  de  quelques 
autres  dont  la  notoriété  est  presque  aussi 
grande,  c’est  suffisamment  dire  que  ce  livre 
est  le  résumé  de  l’expérience  collective  des 
hommes  qui  se  sont  occupés  avec  le  plus  de 
succès  du  premier  de  tous  les  arts. 

Mais,  ainsi  que  nous  venons  de  le  faire  j 
entendre,  rien  n’est  parfait  dans  ce  monde 
que  relativement,  en  horticulture  surtout, 
où  les  méthodes  se  moditient  sans  cesse,  se 
perfeclionnent,  comme  on  dit.  D’un  autre 
côté,  le  cercle  du  jardinage  s’élargit  pour 
ainsi  dire  à vue  d’œil,  et  le  nombre  des 
plantes  de  son  domaine  a plus  que  triplé 
depuis  vingt-cinq  ans.  Il  faut  donc  qu’un 
livre  qui  traite  d’un  sujet  si  vaste  et  si  mo- 
bile, soit  lui-même  dans  un  mouvement  per- 
pétuel de  rénovation  s’il  veut  suivre  le  pro- 
grès des  choses.  Comme  au  Juif-Errant,  la 


Nécessité  lui  crie  sans  trêve  ni  merci  : 
Marche,  marche  ! Qu’il  s’arrête  seulement 
une  dizaine  d’années,  le  voilà  arriéré  et 
rendu  presque  inutile.  C’est  ce  qu’ont  su 
comprendre  les  fondateurs  et  les  continua- 
teurs du  Bon  Jardinier  ; sans  relâche  aussi 
ils  se  sont  appliqués  à l’améliorer  dans  des 
éditions  successives,  et  par  là  même  à en 
accroître  le  contenu. 

Pour  ceux  qui  ne  le  sauraient  pas  encore, 
nous  dirons  que  le  Bon  Jardinier  se  com- 
pose de  deux  parties  distinctes,  qui  pour- 
raient aisément  faire  la  matière  de  deux 
volumes  séparés,  et  que,  malgré  son  litre 
purement  horticole,  il  est  aussi,  dans  sa 
première  partie,  un  excellent  traité  d’agri- 
culture. Il  débute  par  un  calendrier  du 
jardinier,  très-détaillé  et  très-utile  pour  les 
horticulteurs  commençants  et  peu  expéri- 
mentés ; puis  vient  un  chapitre  qui  explique 
avec  une  grande  clarté  la  botanique  appli- 
quée à la  culture.  La  chimie  et  la  physi(|ue 
agricoles  et  horticoles  font  suite  à ce  (jui 
précède,  en  initiant  le  lecteur  à la  connais- 
sance des  terrains,  à l’emploi  des  amende- 
ments et  des  engrais,  et,  par  une  transition 
naturelle,  àce  qu’il  y a de  plus  essentiel  dans 
celte  partie  du  livre,  les  principes  généraux 
de  la  culture  avec  ses  procédés  complexes 
et  variés.  Un  long  chapitre  est  consacré  à 
l’étude  des  maladies  des  plantes  et  aux 
dommages  causés  parles  animaux  nuisibles. 
Les  suivants  sorit  de  véritables  traités  spé- 
ciaux de  la  culture  des  arbres  fruitiers,  des 
plantes  potagères,  des  fourrages,  des  cé» 
réales,  des  plantes  industrielles  et  écono- 
miques, même  des  plantes  médicinales  les 
plus  usuelles.  En  un  mot,  c’est,  comme  nous 
le  disions  plus  haut,  presque  aussi  bien  un 
cours  complet  d’agriculture  que  de  jardi- 
nage. 

La  seconde  partie  est  plus  exclusivement 
horticole.  C’est  le  répertoire,  tous  les  ans 
accru,  de  ces  milliers  de  plantes  de  toute 
origine,  de  toute  taille  et  de  toute  ligure, 
sur  lesquelles  roule  le  jardinage  d’agrément 
ou  de  luxe,  de  pleine  terre  ou  de  serre 
chaude.  Sur  cette  partie  du  livre,  qui  est 
peut-être  la  plus  connue  des  deux,  nous  n’a- 
vons pas  besoin  de  nous  étendre  davantage. 

Il  nous  suffira  de  dire  que  l’ordre  alphabé- 
tique dans  lequel  sont  rangées  ces  innom- 
brables plantes,  le  rend  aussi  facile  à con- 
sulter qu’un  dictionnaire. 

Voilà,  en  bien  peu  de  mots  pour  un  ou- 
vrage aussi  considérable,  le  plan  et  le  con- 
tenu du  Ihn  jardinier  ; mais,  en  dehors  de 
ce  fond,  il  a tous  les  ans  un  chapitre  plus 
particulièrement  consacré  aux  récentesacqui- 
sitions  du  jardinage,  en  procédés,  en  usten- 
siles et  surtout  en  plantes  nouvelles.  Ici, 
comme  dans  les  autres  chapitres,  chacun 
apporte  sa  pierre  ; néanmoins  nous  sommes 
heureux  de  reconnaître  que  ce  chapitre  est 


156 


BIBLIOGRAPHIE. 


1 


plus  directement  l’œuvre  de  MM.  Henri  Vil-  justement  illustres  dans  l’horticulture  Iran- 
niorin  et  Bailly,  dignes  héritiers  de  noms  çaise.  E.  A.  Carrière. 


FRUITS  NOUVEAUX  OU  PEU  CONNUS. 


Dans  cet  article,  nous  nous  proposons 
d’indiquer  les  variétés  que  nous  avons  dé- 
gustées et  appréciées  depuis  peu  de  temps. 
Nous  passons  sous  silence  les  médiocrités 
pour  nous  arrêter  seulement  aux  sortes 
réellement  méritantes. 

Abricotier. 

Abricotier  Durai.  — Gain  de  M.  Duval, 
curé  aux  environs  de  Troyes.  Très-beau  et 
bon  fruit  d’arrière-saison,  issu  de  l’Abrico- 
tier-Pêche,  dont  il  a gardé  les  précieuses 
qualités,  et  qui  a,  en  outre,  l’avantage  d’ê- 
tre plus  vigoureux.  Cette  remarque  a été 
constatée  sur  le  sujet  mère,  et  sur  nos  jeu- 
nes arbres  de  pépinière,  greffés  en  plein 
vent  ou  en  espalier,  sur  Prunier  Mirobolan 
et  Prunier  Saint-Julien. 

Cerisier. 

Cerise  de  Vaux.  — Variété  née  dans  une 
vigne  du  département  de  PYonne.  Le  fruit 
de  l’arbre,  le  genre  de  son  fruit  la  rappro- 
chent des  Cerises  anglaises  ; la  maturité  ar- 
rive après  celle  de  l'anglaise  hâtive  et  avant 
celle  de  l’anglaise  tardive. 

Guigne  Ohio' s Beauty.  — Variété  obtenue 
par  le  professeur  Kirtland,  de  Cleveland, 
aux  Etats-Unis,  en  même  temps  que  les 
Guignes  Cox's  transparente,  Governor 
Wood,  The  Doctor,  les  Bigarreaux  Cleve- 
land et  Bockport,  tous  fruits  rose  ambré,  à 
chair  douce  et  de  maturité  précoce,  h' Ohio' s 
Beauty  les  surpasse  par  la  vigueur  et  la  fer- 
tilité de  son  arbre,  la  beauté  et  la  qualité 
de  son  fruit;  ses  fleurs  sont  larges.  L’arbre 
convient  sous  toutes  formes. 

Fraisier. 

Docteur  Nicaise.  — Tout  a été  dit  sur 
ce  Fraisier;  le  plant  est  robuste,  le  fruit  est 
souvent  très-gros,  de  forme  variable,  de 
bonne  qualité;  son  défaut  consiste  dans 
l’irrégularité  de  la  grosseur  du  fruit;  en 
outre,  il  lui  manque  un  pédoncule  fort  et 
haut. 

Pêcher. 

Madeleine  Hariot.  — Variété  née  chez 
M.  Hariot,  pharmacien  à Méry,  et  baptisée 
par  nous  d’après  la  classification  de  M.  P. 
de  Mortillet.  Fruit  assez  gros,  bien  fait,  ri- 
chement coloré,  à chair  teintée  de  rouge  au- 
près du  noyau,  exquise.  Mûrissant  vers  la 
mi-août. 

Willernioz . — Trouvée  parM.  F.  Gaillard 
dans  un  semis  de  Pêchers  d’Amérique.  Va- 
riété recommandable  par  sa  robusticité,  sa 
fertilité,  la  grosseur  et  la  saveur  de  son 
fruit. 


Poirier. 

Beurré  de  Ghelin.  — En  mettant  cette  i 
sorte  au  commerce,  M.  Fontaine,  de  Ghelin,  j 

rachète  son  Général  Tottleben,  qui  ne  sera 
jamais  qu’une  Poire  d’ornement,  et  encore 
elle  manque  de  couleur  et  ne  se  conserve 
pas.  Après  tout,  nous  n’en  avons  jamais  as- 
sez pour  notre  clientèle  d’outre-Rhin. 

Le  Beurré  de  Ghelin  n’a  rien  de  remar- 
quable par  sa  forme  et  sa  grosseur;  mais  sa 
chair  est  délicieuse,  fine,  fondante,  juteuse 
et  sucrée;  octobre.  On  ne  saurait  trop  la 
recommander. 

Beurré  Lebrun. — Décrit  par  M.Ed.  André, 
dans  la  Berne  horticole,  ce  gain  de  M.  Gué- 
niot,  de  Troyes,  a toujours  conservé  la  forme 
de  la  Poire  des  Deux-Sœurs,  la  couleur  de 
la  William,  le  goût  de  la  Duchesse  d' An- 
goulême  et  l’absence  de  pépins.  Septembre. 

Beurré  Perrault.  — Arbre  très-fertile. 

Fruit  rond,  grisâtre  ; un  des  meilleurs  pour 
l’hiver.  Gain  de  M.  Secher,  à Montjean. 

, Mais  doit-on  Rappeler  Beurré  Perrault  ou 
Duchesse  de  Bordeaux? 

Braconnot.  — Ce  gain  de  M.  Braconnot,  j 

d’Epinal,  décrit  et  figuré  dans  la  Bevue,  n’a 
pour  lui  que  la  fécondité  de  l’arbre  et  la 
grosseur  du  fruit.  Vraiment,  il  n’est  pas  à 
sa  place  dans  une  liste  de  bonnes  Poires. 

Doyenné  Jamin.  — Celte  Poire  d’hiver 
devra  perpétuer  le  nom  de  son  auteur,  le 
célèbre  pomologue  de  Bourg-la-Reine,  car 
elle  est  d’une  bonne  grosseur,  et  rappelle 
par  sa  longue  garde  et  sa  qualité  le  Doyenné 
d’Alençon.  A voir  son  arbre  un  peu  maigre 
de  feuillage,  on  ne  le  supposerait  pas  aussi 
robuste  et  si  fertile;  il  se  ramifie  naturelle- 
ment en  pyramide. 

Fondante  Thirriot.  — L’aspect  du  fruit 
rappelant  le  Triomphe  de  Jodoigne,  M.  Tbir-  j 
riot  projetait  d’appeler  son  gain  Triomphe  > 

des  Ardennes;  enfin,  il  le  baptisa  Fondante  . 

Thirriot.  Rien  ne  manque  à celte  excellente 
nouveauté  : forme,  grosseur  et  saveur  du 
fruit.  Fin  d’automne. 

Madame  Grégoire.  — M.  Grégoire  Nélis, 
a dédié  ce  gain  à son  épouse.  Pour  quiconque 
connaît  l’obtenteur  des  variétés  Nouvelle 
Fidvie,  Hélène  Grégoire,  Souvenir  de  la 
reine  des  Belges,  et  de  tant  d’autres,  c’est 
un  indice  de  la  valeur  de  cette  Poire  de  fin 
d’automne,  dont  la  chair  est  relevée  par 
une  eau  sucrée  et  acidulée. 

Marie  G wissc.— Belle  poire  d’hiver,  née  en 
Lorraine,  ayant  quelque  rapport  avec  le 
Saint-Germain  Vauquelin,  et  que  nous  n’a- 
vons pu  déguster  en  temps  convenable;  mais 


FRUITS  NOUVEAUX  OU  PEU  CONNUS. 


i57 


on  peut  s’en  rapporter  à MM.  Simon-Louis 
et  Thomas,  qui  en  font  le  plus  grand  éloge. 

Olivier  de  Serres.  — Dire  que  le  Comité 
de  la  Société  impériale  et  centrale  recom  • 
mande  cet  enfant  de  M.  Boisbunel,  l’heureux 
auteur  de  la  Passe  Crasanne,  c’est  affirmer 
qu’il  a été  sérieusement  étudié.  Il  suffit, 
d’ailleurs,  de  se  reporter  à la  Revue  horti- 
cole pour  savoir  que  la  Poire  Olivier  de 
Serres  est  une  de  nos  plus  méritantes  de 
l’arrière-saison. 

Sénateur  Vaïsse.  — Délicieuse  trouvaille 
lyonnaise.  Fruit  d’une  belle  grosseur  et 
d’une  belle  forme,  vert  passant  au  jaune  gri- 
sâtre ; la  chair,  sucrée,  est  irréprochable  de 
finesse.  La  maturité  arrive  au  commence- 
ment de  septembre,  à peu  près  comme 
l’exquise  Madame  Treyve  ; l’arbre  est  vi- 
goureux et  fertile. 

Sœur  Grégoire.  — Un  des  plus  beaux 
succès  de  M.  Grégoire,  de  Jodoigne.  Assez 
gros  fruit  obloiig;  chair  de  Passe-Colmar 
avec  un  arrière-goût  de  Beurré  d’Harden- 
pout.  Il  mûrit  au  commencement  de  l’hiver. 
Que  veut-on  de  plus? 

On  recommande  vivement  comme  Poires 
précoces  l’américaine  Clapp's  Favouritey  la 
léconde  Roux  Carcas  ; comme  Poires  d’au- 
' loin  ne,  Reurré  Spae,  Reurré  Van  Geert,  Doc- 
teur Pigeaux,  Doyenné  Roisnard^  Doyenné 
Flonamé^  Louis  Van  Houtte^  de  Torpes, 
et,  comme  Poires  d’hiver,  Reurré  de  Na- 
ghin,  Duc  de  Morny,  Duchesse  de  Mouchy, 
Foriimée  Roisselot,  Jules  d’AiroleSy  Julie 
Duguet,  Maréchal  Vaillant,  Prince  Napo- 
léon, Reine  des  Tardives,  Royale  Vendée. 
Nous  avons  tous  ces  arbres  à l’étude;  ils  se 
comportent  bien  en  pépinière,  et  leurs 
patrons  nous  inspirent  assez  de  confiance 
pour  recommander  ces  divers  protégés. 
Slais  qui  donc  a rebaptisé  la  Fondante  des 
bois  Empereur  François-Joseph,  et  l’Onon- 
daga  Reurré  de  V Empereur  Alexandre"! 

Pommier. 

Les  Pommiers  Relie  des  Ruits,  Calville 
Roisbunel,  Calville  Garibaldi,  Dorée  de 
Tournay,  Jacquin,  Jallais,  sont  très-vantés  ; 
seulement  nous  n’en  avons  pas  encore  dé- 
gusté le  fruit. 

Les  Pommes  d’argent  ou  Jaune  de  la 
Sarthe,  Donne  de  mai,  Rose  de  Rénange, 
Reinette  des  Carmes,  sont  de  très-longue 
garde,  à floraison  tardive. 

Nous  avons  trouvé,  en  Allemagne,  la  Rei- 

TRANSFORMATION  DE  L’ARI 

De  tous  les  faits  de  dimorphisme  que 
nous  avons  observés  jusqu’à  ce  jour,  il  n’en 
est  aucun  qui  nous  ait  autant  étonné  que 
celui  dont  nous  allons  parler,  tant  à cause 
de  sa  singularité  que  de  la  rapidité  avec  la- 
quelle il  se  produit. 


nette  Ananas,  curieuse  par  sa  forme  ovée, 
son  coloris  jaune  citron,  pointillé,  vert  gai, 
son  bon  goût  et  sa  longue  garde.  Précieuse 
variété  de  dessert. 

^ La  Rose  de  Rohéme  a la  lurme  aplatie, 
légèrement  côtelée,  d’un  vif  coloris  rose, 
frais  ou  carmin  brillant  ; grosse,  bonne  et 
mûrissant  en  août. 

La  Calville  neige,  si  jolie  et  très  féconde, 
de  forme  côtelée,  blanc  de  marbre  éclairé 
d’incarnat.  Automne. 

La  Rrouillard  est  *une  pomme  grosse, 
bien  colorée  et  fleurie  comme  une  prune. 

La  Gros  Bqhnapfel,  beau  fruit,  prisé  des 
Allemands,  bien  qu’ils  prétendent  que  « les 
grosses  Pommes  sont  pour  les  Français.  » 

La  Wagner,  très-fertile;  la  Friande,  qui 
ressemble  à un  Brugnon  allongé;  la  Calville 
de  Dantzick,  rouge  comme  une  lielle  fleur; 
la  Calville  du  Roi,  bien  adhérente  à l’arbre; 
la  Pippin  de  Porker,  grise,  robuste  et  gé- 
néreuse, peuvent  entrer  dans  une  collection 
d’élite. 

Prunier. 

Le  Prunier  que  nous  avons  appelé  Jaune 
Tardive,  est  tellement  commun  dans  le  can- 
ton de  Lusigny  (Aube),  qu’il  paraît  y être 
spontané.  L’arbre  est  très  - vigoureux  et 
très-fertile;  il  forme  des  hautes  liges  pyra- 
midales, disposition  plutôt  adoptée  en  Bel- 
gique et  en  Allemagne  pour  les  arbres  de 
plein-vent.  Le  fruit  est  assez  gros,  ovoïde, 
jaune  pâle  comme  la  Jaune  hâtive,  la  Mira- 
belle ou  la  Sainte-Calherine,  et  d’une  bonne 
qualité.  Mûrit  fin  septembre. 

La  Prune  Jaune  Tardive  est  excellente 
en  conserves,  marmelades,  pruneaux;  on 
peut  la  cultiver  en  grand. 

La  Prune  Verdache  nous  a été  commu- 
niquée par  un  amateur  habitant  les  envi- 
rons de  la  Ferté-sur-Amance (Haute-Marne). 
Elle  est  de  moyenne  grosseur,  oblongue- 
aiguë,  jaune  verdâtre;  bonne  crue,  exquise 
en  pruneaux.  Nous  l’avons  essayée  ( en 
pruneaux  cuits)  comparativement  avec  la 
Prune  d’Agen.  La  Verdache  est  supérieure. 
L’arbre  se  ramifie  bien  et  fructifie  abon- 
damment. 

Dans  celte  esquisse  rapide  nous  avons 
pu  certainement  oublier  de  bonnes  nou- 
veautés. On  peut  nous  demander  notre 
avis,  nous  n’hésiterons  pas  à répondre. 

Baltet  frères, 
HorlicuÜeurs  à Troyes.  , 

VESTITA  PAR  LA  GREFFE. 

Ce  fait  est  tellement  contraire  à certaines 
idées  qu’on  s’est  faites  sur  la  végétation,  que 
bien  que  nous  le  connaissions  depuis  long- 
temps nous  avons  toujours  attendu  pour  le 
dévoiler  au  public.  Il  nous  est  fourni  par 
VAria  vestila,  Nob  ; Pyrus  veslila,  Lodd.; 


458 


TRANSFORMATION  DE  L’ARIA  VESTITA  PAR  LA  GREFFE. 


Sorbus  vestita,  Cratœgus  ciispidata, 
Sorbus  Nepalemis  et  Cratœgiis  Nepalensis, 
Hort.  Nous  avons  été  ainsi  conduit  à le 
constater.  Voulant  répandre,  autant  qu’il  le 
mérite,  VAria  vestita,  nous  en  greffions 
chaque  année  un  certain  nombre  de  pieds; 
mais  bien  que  nous  coupions  nous-même 
nos  greffons  sur  un  sujet  type,  nous  remar- 
quions dans  le  courant  de  l’année,  en  exami- 
nant nos  sujets,  que  quelques-uns  avaient 
produit  des  plantes  complélement  diffé- 
rentes de  celle  que  nous  avions  greffée. 
Nous  avons  d’abord  supposé  qu’il  y avait 
eu  erreur,  quoiqu’il  était  difficile  d’admet- 
tre cette  hypothèse,  le  nouveau  produit 
n’ayant  pas  de  représentant  dans  nos  cultu- 
res. Malgré  cela,  nous  doutions  encore,  et 
nous  nous  demandions  si  les  greffons  ne 
nous  auraient  pas  été  donnés,  ou  si  nous- 
mêmes  nous  ne  les  aurions  pas  recueillis 
chez  un  de  nos  collègues.  Il  a fallu,  pour 
nous  convaincre  et  nous  démontrer  qu’il 
n’y  avait  pas  eu  d’erreur, une  preuve  comme 
celle  que  nous  allons  donner.  Ayant  pris 
pour  sujet  des  épines  qui  étaient  en  pots, 
nous  les  avons  greffées  en  septembre  et  les 
avons  placées  immédiatement  dans  des  cof- 
fres sous  des  châssis,  où,  par  conséquent, 
tout  mélange  ou  toute  confusion  était  im- 
possible. Cette  fois, il  ne  pouvait  donc  y avoir 
d’erreur.  Mais  quel  ne  fut  pas  notre  éton- 
nement, lorsqu’au  printemps,  en  visitant 
nos  plantes,  nous  vîmes  que  plus  des  deux 
tiers  étaient  transformées,  et,  de  plus,  que 
les  individus  modifiés  que  nous  nommons 
Aria  pseudovestita  étaient  feuillés  et  en 
fleurs,  tandis  que  les  autres  commençaient 
à peine  à bourgeonner.  Ce  fait  se  reprodui- 
rait-il partout  avec  les  mêmes  caractères? 
Se  reproduira-t-il  indéfiniment  dans  nos 
cultures?  Nous  ne  pourrions  le  dire.  Ce 
que  nous  pouvons  assurer,  c’est  que  de- 
puis longtemps  nous  le  constatons  chaque 
année  au  Muséum. 

Afin  de  bien  faire  saisir  les  différences 
que  présente  l’Arm  vestitael  VAria  pseudo- 
vestita (la  mère  et  l’enfant),  nous  croyons 
devoir  mettre  ici  leur  description  : 


Aria  vestHa. 

Arbrisseau  peu  rami- 
fié, vigoureux,  mais  d’un 
tempérament  délicat,  gè- 
lant  presque  tous  les 
hivers  à Paris,  commen- 
çant à végéter  du  iO  au 
15  mai^  et  ne  s’arrêtant 
que  vers  la  fin  d’août. 

Bourgeons  allongés , 
souvent  arqués,  à écorce 
couverte  d’un  tomentum 
feutré  et  floconeux,  très- 
épais  et  très-abondant. 

Lenticelles  assez  rares, 
très-étroites,  longuement 
linéaires. 


Aria  pseuflovestita. 

Arbrisseau  rameux  et 
très -rustique,  d’un  tem- 
pérament robuste , ne 
gèJant  Jamais,  quelle  que 
soit  l’intensité  du  froid, 
commençant  à végéter  du 
5 au  20  avril,  mais  s’ar- 
rêtant complètement  à 
partir  du  5 au  10  juin. 

Bourgeons  relativem.ent 
courts,  très-droits, à écorce 
glabre  ou  à peine  tomen- 
teuse  par  quelques  poils 
couchés,  assez  gros. 

Lenticelles  nombreu- 
ses, rondes  ou  pointi- 
formes,  gris-cendré. 


Aria  vesiita. 


Aria  psemlovestita. 


Yeux  appliqués  à peine 
visibles,  presque  entière- 
ment recouverts  par  la 
base  du  pétiole. 


Yeux  très-saillanls,^vo5, 
très-visibles,  placés  au- 
dessus  et  à l’aisselle  du 
pétiole. 


Feuilles  très-longue- 
ment et  largement  ellipti- 
ques, très- épaisses  (suTtoui 
les  vieilles),  rappelant  cel- 
les de  V Eryobotria  Japoni- 
ca;  celles  des  bourgeons 
longuement  acuminées, 
largement  dentées  - ser- 
rées, recouvertes  en-des- 
sous ainsi  que  sur  le  pé- 
tiole d’un  tomentum  feu- 
tré abondant  d’un  blanc 
métallique,  luisant;  pétiole 
court,  très-gros  ; nervures 
saillantes,  régulières,  dis- 
tantes, rappelant  celles 
qui  se  trouvent  sur  les 
feuilles  d’Eryobotria. 


Feuilles  des  bourgeons 
elliptiques,  très-ubtuses, 
les  plus  vieilles  obovales- 
dentées,  à dents  irrégu- 
lières arrondies,  parfois 
aiguës,  minces,  molles, 
blanches  en  dessous  par 
un  tomentum  court,  peu 
abondant,  unies  et  sou- 
vent luisantes  en  dessus; 
pétiole  long,  grêle,  à peine 
tomenleux,  grisâtre;  ner- 
vures très-rapprochées, 
petites,  peu  saillantes. 


fleurs  blanc-verdâtre, 
portées  sur  de  gros  et 
courts  pédicelles.  Pétales 
très-largement  obovales, se 
touchant  même  et  se  re- 
couvrant par  leurs  bords, 
sessiles,  élargis  à la  base. 
Anthères  rose-violacé. 


Fleurs  blanches,  por- 
tées sur  des  pédicelles 
grêles,  très-allongés.  Pé- 
tales oblongs,  allongés, 
très-distants,  longuement 
atténués  en  onglet  à la 
base.  Anthères  blanc- 
jaunâtre. 


Il  est  facile  de  voir,  par  ce  qui  précède, 
que  ces  deux  plantes  sont  dissemblables 
dans  presque  toutes  leurs  parties,  et  que 
beaucoup  qu’on  considère  comme  des  es- 
pèces distinctes,  présentent  des  différences 
moins  grandes  que  celles-ci  n’en  ont  entre 
elles.  Ce  fait  soulève  plusieurs  questions  des 
plus  graves.  D’abord,  il  démontre  que,  pro- 
bablement par  un  simple  changement  mo- 
léculaire, un  végétal  peut  changer  d’aspect 
et  modifier  sa  nature  organique,  et  que,  de 
délicat  et  frileux,  il  peut  devenir  robuste 
et  rustique;  il  démontre  encore  comment 


une  forme  peut  sortir  d’une  autre,  et  cela 
sans  l’aide  de  graines. 

Une  autre  conséquence  qui  ressort  de 
cette  transformation,  c’est  le  démenti  porté 
à la  théorie  des  greffes,  relativement  à la 
conservation  des  types.  En  effet, on  a dit,  on 
a même  posé  comme  principe,  qu’il  fallait 
pour  conserver  les  types  purs,  cc  les  multi- 
plier par  la  greffe.  » Cette  théorie,  nous  le 
répétons,  est  donc  complètement  infirmée 
par  la  transformation  de  VAria  vestita  par 
l’influence  de  la  greffe.  Jusqu’à  présent,  nous 
savions  que,  dans  certaines  circonstances, 
cette  influence  est  grande  ; mais  nous  n’a- 
vions pas  d’exemple  prouvant  qu’elle  allait 
aussi  loin. 


Lorsqu’on  réfléchit  sur  'ces  faits,  on  est 


tout  naturellement  amené  à se  poser  ces 
questions  : Qu’est-ce  que  VAria  vestita  ? 
Est -il  réellement  originaire  du  Népaul? 
Est-ce  une  espèce?  Sur  le  premier  point, 
nous  n’osons  rien  dire  ; sur  le  second,  nous 
disons  non!  Une  espèce  doit  pouvoir  se  re- 
produire et  l’Arm  vestita,  jusqu’à  présent 
et  partout  où  nous  l’avons  vu  fructifier,  a 
toujours  été  stérile.  e.  a.  g.vrrikrk. 


PHILADELPHUS  VEHRUCOSUS  SEMPEHVfREf^S. 


11  il’est  pas  rare,  en  culture,  de  rencoii- 
Irer  des  individus  ayant  des  caractères  ex- 
ceptionnels, c’est-à-dire  complètement  dif- 
lérents  de  ceux  que  présentent  les  plantes 
dont  ils  proviennent.  Le  Rhamnm  Billiar- 
dii,  par  exemple,  se  trouve  dans  ce  cas  ; ses 
rameaux  sont  effilés,  longs  et  grêles,  munis 
d’yeux  ; très-petits,  à peine  visibles;  ses 
feuilles  sont  persistantes  ou  à peu  près, 
très- étroites,  longuement  atténuées  en 
pointe.  Et  cependant  il  est  sorti  d’une  es- 
pèce à feuilles  caduques,  très -largement 
cordiformes,  à bois  très-gros,  à yeux  sail- 
lants et  arrondis. 

Un  autre  fait  très-remarquable,  analogue 
à celui  qui  précède,  est  l’apparition  subite 
de  la  plante  qui  fait  le  sujet  de  cette  note, 
et  à laquelle  nous  avons  donné  le  nom 
de  Philadelphns  verrucosus  sempervirens. 
Cette  plante  est  issue  de  graines  du  Phila- 
detpfius  verrucosus,  qui  n’est  qu’une  forme 
du  Pliitadejphus  coronarius-,  mais  comme 
il  arrive  très-souvent  que  certaines  plantes 
devant  perdre  leurs  feuilles  annuellement 
lorsqu’elles  seront  plus  âgées,  les  conservent 
néanmoins  la  première  et  même  la  deuxième 
année  de  leur  apparition,  nous  ne  l’avions 
d’abord  pas  remarquée;  cependant  le  fait 
est  tellement  sensible  qu’il  ne  pouvait  nous 
échapper  plus  longtemps.  Dès  le  mois  de 
décembre,  en  effet,  lorsque  tous  les  indivi- 
dus qui  provenaient  du  même  semis  avaient 
perdu  leurs  feuilles,  celui  dont  nous  par- 
lons avait  conservé  toutes  les  siennes. 

La  végétation  du  Philadelphns  verruco- 
sus sempervirens  est  pour  ainsi  dire  conti- 
nue; au  commencement  de  cette  année 
encore,  la  plante  était  non-seulement  garnie 
de  feuilles,  mais  elle  l’était  de  bourgeons, 
qui,  complètement  herbacés,  s’allongeaient 
rapidement;  les  vieux  rameaux  même 
avaient  en  grande  partie  conservé  leurs 
feuilles.  Après  les  gelées,  les  jeunes  feuilles 
étaient  encore  restées;  elles  étaient  seule- 
ment un  peu  fatiguées,  mais  les  bourgeons, 
bien  qu’herbacés,  n’étaient  nullement  en- 
dommagés. Aujourd’hui,  fin  novembre,  au- 
cune feuille  n’est  tombée  et  les  plantes 
poussent  encore. 

\oilà  donc  une  plante  à feuilles  presque 
persistantes  et  à végétation  continue,  issue 
d une  autre  à feuilles  tout  à fait  caduques 
dont  la  végétation  s’arrête  complètement  à 
1 approche  de  l’hiver.  Pour  expliquer  l’ap- 
parition de  cette  variété,  on  ne  pourra  pas 
alléguer  les  alliances  clandestines,  ni  faire 


intervenir  la  lécondcition  étrangère,  puisque 
nous  ne  possédons  aucune  espèce  de  Phila- 
delphus  dont  les  feuilles  soient  persistantes, 
si  ce  n’est  peut-être  le  Philadelphus  Mexi- 
cmis;  mais  ce  dernier,  qui  est  un  tout  pe- 
tit  arbuste  gèlant  sous  notre  climat,  qu’on 
doit  cultiver  en  pots  pour  le  rentrer  en  hiver 
dans  une  orangerie,  ne  fleurissant  presque 
jamais,  n’a  pu  concourir  en  aucune  façon  à 
la  fécondation.  Déplus,  ces  faits  de  fécon- 
dation enhe  espèces  différentes  sont  bien 
moins  fréquents  qu’on  semble  le  croire. 
Mais  le  moyen  est  si  commode  qu’on  en  use 
largement,  qu’on  en  abuse  même.  Une 
plante  apparaît-elle  avec  des  caractères  ex- 
ceptionnels, on  soupçonne  d’abord  la  vertu 
de  la  mère,  puis  on  cherche  parmi  les  plan- 
tes qui  l’entouraient  s’il  n’y  en  a pas  qui  lui 
ressemblent  par  quelque  côté,  au  besoin 
même  on  force  les  raprochements,  et  si  on 
en  découvre  une,  on  l’accuse  d’avoir  contri- 
bué pour  une  certaine  part  à la  naissance  du 
nouveau-né. 

Doit-on,  au  reste,  s’étonner  du  fait  que 
nous  venons  de  signaler?  N’est-il  pas  con- 
forme à tout  ce  qu’il  existe?  Assurément, 
SI.  On  ne  saurait  trop  le  répéter,  la  nature 
est  une.  Envisagée  dans  son  ensemble,  elle 
ne  présente  aucune  solution  de  continuité 
Nulle  limite,  si  ce  n’est  de  relative.  Qui  ne 
sait  que  les  couleurs  même  les  plus  diffé- 
rentes peuvent  se  relier  par  une  infinité  de 
nuances  qui  les  confondent?  Des  plantes  les 
plus  naines  ne  passe-t-on  pas  aux  plus 
grandes  par  une  suite  de  gradations?  N’en 
est-il  pas  de  même  lorsqu’on  part  de  celles- 
ci  pour  aller  à celles-^là?  Certaines  espèces 
d’arbres  ne  nous  donnent-elles  pas  aussi 
des  fruits  de  formes  les  plus  diverses  re- 
liées entre  elles  par  une  infinité  de  formes 
intermédiaires  ? Il  n’en  est  pas  autrement 
de  la  couleur  de  ces  fruits,  de  leur  qualité, 
de  leur  époque  de  maturité,  etc.  Si  nous 
appliquions  les  mêmes  observations  aux  lé- 
gumes, nous  verrions  que  là  aussi  elles  ne 
sont  pas  moins  vraies;  un  grand  nombre 
d’espèces  sauvages  ont  produit  des  races 
nombreuses,  très-différentes  du  type  et  qui 
aujourd’hui  sont  tellement  fixes  qu’on  pour- 
rait les  prendre  pour  des  espèces. 

Nous  pourrions  citer  beaucoup  d’exem- 
ples analogues  à celui  que  nous  venons  de 
rapporter,  qui  montreraient  une  fois  de  plus 
que  toutes  nos  divisions  ne  sont  que  conven- 
tionnelles, qu’elles  n’indiquent  jamais  le 
dernier  terme  des  choses.  Clémenceau 


UN  YUCCA  GLORIOSA  GIGANTESQUE. 

^ Le  Jardin  botanique  de  la  marine,  à Brest,  I ou  curieuses  pour  leur  développement  re- 
possédé,  entre  autres  plantes  intéressantes  | marquable,  un  Yucca  ijloriosa  dont  la  tige. 


460 


tîN  YUCCA  GLORIOSA  GIGANTESQUE. 


très-rameuse  par  suite  des  tailles  dont  elle 
à dû  être  l’objet,  ne  mesure  pas  moins  de 
2‘".40  de  hauteur.  Lorsque  cette  plante,  qui 
tleurit  annuellement,  est  en  pleine  florai- 
son, les  inflorescences  n’ont  pas  moins  d’un 
mètre  de  hauteur,  ce  qui,  ajouté  à la  hau- 
teur des  tiges,  donne  une  élévation  de3"\40. 
La  touffe  de  ce  Yucca  occupe  une  surface 
d’environ  2"L20  de  diamètre,  soit  6"™. 60  de 


circonférence.  Le  tronc  principal  mesure  â 
sa  base  0"^.90  de  circonférence. 

L’âge  de  ce  Yucca,  si  remarquable  pour 
ses  dimensions,  nous  est  inconnu;  cepen- 
dant nous  croyons  peu  nous  tromper  en  in- 
diquant celui  de  20  à 30  ans. 

J.  Blanchard, 

Jardinier  en  chef  du  Jardin  botanique 
^ de  la  marine,  à Brest. 


CULTURE  DES  VERVEINES  COMME  PLANTES  ANNUELLES 

D’ORNEMENT. 


En  parcourant  la  Revue  horticole  (1866, 
p.  86),  j’ai  remarqué  un  article  au  sujet  de  la 
culture  des  Verveines  comme  plantes  an- 
nuelles. Ce  procédé  n’est  pas  nouveau  ; mon 
père,  depuis  un  grand  nombre  d’années, 
n’en  emploie  pas  d’autres.  Cependant,  je 
crois  de  mon  devoir,  dans  un  but  d’intérêt 
général,  de  prévenir  les  amateurs  et  cul- 
tivateurs de  cette  plante  que  l’une  des  plus 
belles  variétés,  la  Verveine  rouge  {Verbena 
melindres)^  jusqu’à  présent  s’est  toujours  re- 
fusée, chez  nous  du  moins,  à la  multiplica- 
tion par  semis.  Si  je  signale  ce  fait,  c’est  à 
l’appui  de  nombreuses  preuves;  car,  multi- 
pliant les  Verveines  par  semis  depuis  environ 
6 à 7 ans,  nous  n’avons  encore  pu,  dans  nos 
cultures,  obtenir  cette  variété  de  semis,  et 
nous  avons  toujours  dû  la  conserver  comme 
par  le  passé,  c’est-à-dire  la  multiplier  par 


boutures.  Je  profiterai  de  cette  circonstance 
pour  engager  les  cultivateurs  à ramasser  les 
graines  des  plus  belles  variétés  de  Verveines 
qu’ils  désirent  conserver,  car,  si  la  multi- 
plication de  ces  plantes  par  graines  occa- 
sionne toujours  la  perte  de  quelques  varié- 
tés, elle  a du  moins  l’avantage  d’en  offrir 
de  nouvelles  qui  ne  sont  pas  toujours  sans 
mérite.  On  doit  aussi  faire  une  provi- 
sion suffisante  de  graines , afin  d’opérer 
plusieurs  semis,  les  premiers  ne  réussis- 
sant pas  toujours  très-bien  ;•  ces  faits  sont 
rares , mais  cependant  ils  se  montrent. 
Ainsi,  en  1864,  toutes  nos  graines  ont  re- 
fusé de  lever,  sauf  quelques-unes  éparses, 
bien  qu’elles  aient  été  semées  dans  les 
mêmes  conditions  que  les  années  précé- 
dentes. 

Vauvel. 


PLANTES  NOUVELLES,  RARES  OU  PEU  CONNUES. 


Hibiscus  rosa  sinensis  Général  de  Courli- 
gis.  — Port  et  aspect  du  type,  mais  à feuilles 
un  peu  plus  épaisses.  Pétiole  raide  et  assez 
long,  dépassant  les.  feuilles.  Fleurs  d’un 
rouge  foncé  très-brillant,  à pétales  marqués 
à la  base  d’une  tache  blanche.  Cette  variété, 
de  premier  mérite,  a fleuri  dernièrement  au 
fleuriste  de  la  ville  de  Paris. 

OEillet  perpétuel  de  Reuil.  — Cette  va- 
riété, qui  esi*  toujours  en  fleurs,  est  issue 
de  l’Œillet  dont  elle  a conservé  les  carac- 
tères généraux.  Elle  est  très-naine  et  se 
tient  bien;  ses  fleurs,  disposées  comme 
celles  de  l’Œillet  de^Poëte,  sont  rouge  foncé 
au  centre,  blanches  sur  les  bords  qui  sont 
fortement  et  inégalement  déniés.  Cultivée 
en  pots  et  rentrée  l’hiver  sous  des  châssis 
ou  dans  une  serre  froide,  près  du  verre, 
celte  variété  est  toujours  en  fleurs. 

OEillet  hybride  perpétuel  de  Reuil.  --  Si 
cette  variété  est  réellement  hybride,  c’est 
probablement  des  Dianlhus  Hedivigii  et 
sinensis;  elle  lient,  en  effet,  des  deux  par  le 
faciès.  Voici  les  caractères  qu’elle  présente  : 
Plante  naine.  Fleurs  grandes,  à centre 
rour  “,  brun  foncé  velouté,  à bords  rosés 
l u -t'iii;vif  et  peu  profondément  dentés. 
Cel  le  piaule,  qui  est  très-propre  à former  des 
büi‘ilures,esl  une  prv-  cieu'e  acquisition;  elle 


est  toujours  en  fleurs.  Comme  la  précédente , 
on  la  multiplie  de  boutures. 

Ligustrum  Japonicum  robustuni.  — Celte 
forme  qui,  sans  aucun  doute,  sort  du  L.  Ja~ 
ponicuni,  est  originaire  de  la  Chine,  du 
moins  les  graines  sont  venues  de  ce  pays 
au  Muséum  vers  1850  ; elles  se  sont  trouvées 
dans  la  terre  des  caisses  dans  lesquelles 
M.  de  Montigny,  alors  consul  de  France  en 
Chine,  avait  envoyé  des  plantes  au  Muséuin. 
C’est  de  ces  graines  qu’est  sorti  le  L.  Japo- 
nicum paniculatum,  que  nous  avons  décrit 
dans  ce  recueil.  Cette  forme,  du  reste, 
n’est  pas  représentée  par  un  individu  uni- 
que; dans  les  semis  qu’on  fait  de  ses  grai- 
nes, on  en  trouve  qui  diffèrentun  peulesuiis 
des  autres,  principalement  par  le  feuillage 
et  l’aspect.  En  général,  celles-ci  sont  plus 
coriaces  et  plus  luisantes,  souvent  plus  pe- 
tites ; l’écorce  des  rameaux  est  aussi  moins 
colorée,  et  il  en  est  de  même  de  la  nervure 
médiane  des  feuilles.  On  trouve  également 
chez  les  divers  individus  des  inflorescences 
plus  ou  moins  fortes;  le  plus  ordinairement 
elles  sont  plus  lâches  que  chez  le  L.  Japo‘ 
nicum.  E.  a.  carrière. 

L’uo  des  Propriétaires:  niAumcK  Bixio. 


UoDtereau,  — Impriuiorie  laeote. 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (l'REMIÉRE  QUINZAINE  DE  DÉCEMBRE). 

Alioiul.incc  des  communications  laites  à la  Revue  hnrfkote.  — Décret  relatif  à la  Société  impériale  et  centrale 
(ritorticnltiire  deFrancc.—  Mise  au  commerce  du  Pelar^fonium  remontant /i'/éo/iore /V/i/,  et  du  D.  C7o//e  de 
Corheit;/,  par  M.  Mézard.  — Compagnie  horticole  d’Ilyèrcs.  — Destruction  du  parasite  des  Genévriers.  — 
Conseil  donné  par  M.  Gervais-Auger  dans  le  Ruiletin  de  la  Soelélé  d'horücuHure  d' Eure-et-Loir.  — Arti- 
cle de  M.  Dumas  sur  les  avantages  de  la  taille  i)récoce.  — Nécessité  de  faire  des  expériences.  — Article 
de  M.  Bourgeois  sur  la  destruction  des  vers  blancs.  — Le  hérisson  et  la  tauj)C.  — Exemple  d’une  variété 
de  Frêne,  née  spontanément.  — Poire  tardive  de  Toulouse. — Exposition  universelle  de  1807.  — Pétition 
adressée  par  les  horticulteurs  au  ju'ésidcnt  de  la  Commission  consullative.  — Demande  d’une  nouvelle 
organisation  de  primes.  — Comment  devraient  être  réparties  les  récompenses.  — Projet  de  classihcatiou 
des  concours  horticoles.  — Nouveau  mode  de  chaudage  des  serres  expérimenté  au  ileuriste  de  la  ville 
de  Paris.  — Lettre  de  M.  de  Ternisien.  — Cryptogame  du  Céleri  à Cherbourg.  — Un  bon  livre. 
— Le  Jardin  pola<jer,  de  M.  Joigneanx. 


Les  tables  qui  terminent  le  volume  de 
raiinée  1800,  et  qui  sont  insérées  à la  fm 
de  cette  livraison,  diminuent  beaucoup  la 
place  dont  nous  disposons-  A notre  grand 
regret,  nous  sommes  obligés  d^ajourner  un 
grand  nombre  de  communications  intéres- 
santes, et  nous  en  demandons  pardon  k nos 
lecteurs  et  à nos  collaborateurs. 

- -Commençons  par  une  nouvelle  officielle. 

Par  un  décret  en  date  du  21  novembre  et 
publié  au  Momleur  du  le‘  décembre,  la  So- 
ciété impériale  et  centrale  d’horticulture, 
reconnue  comme  élablissement  d’utilité  pu- 
blique le  11  août  1805,  prendra  à l’avenir 
la  dénomination  de  Société  impériale  et  cen- 
trale dliorlicnliare  de  France. 

En  enregistrant  ce  décret,  nous  sommes 
heureux  de  constater  l’intérêt  qu’on  attache 
en  haut  lieu  aux  travaux  de  la  Société  cen- 
trale d’horticulture,  qui  est  présidée  comme 
on  le  sait,  par  le  maréchal  Vaillant,  et  qui 
compte  parmi  ses  membres  des  hommes 
d’un  très-grand  mérite. 

— Nous  avons  reçu  une  circulaire  de 
M.  Mézard,  horticulteur  à Rueil,  annonçant 
qu’il  livre  au  commerce  son  nouveau  Pélar- 
gonium remontant  Eléonore  Pelil.  Nous  ne 
dirons  rien  de  cette  plante  dont  notre  colla- 
borateur M.  André  a donné  une  description 
dans  ce  recueil’.  Nous  rappellerons  seule- 
ment que  cette  variété  appartient  à la  sec- 
tion des  Pelargoniums  dits  à grandes  fleurs 
et  à cinq  macules.  Dans  cette  même  circu- 
laire, M.  Mézard  annonce  la  belle  variété  de 
P.  zonale  Gloire  de  Gorhemj  dont  il  s’est 
rendu  acquéreur  ; belle  et  bonne  plante  qui 
a été  couronnée  dans  diverses  expositions. 
M.  Mézard  est  un  cultivateur  distingué  et  en 
même  temps  un  grand  amateur  de  Dahlias. 

Nous  avons  aussi  reçu  le  catalogue  des 
graines  de  la  Compagnie  horlicole  d'ilgères^ 
établissement  à la  tête  duquel  estM.  Ranloii- 
net.  Ce  catalogue  divisé  en  quatorze  sections 
se  rapportant  à des  catégories  de  plantes 
diverses  contient  aussi  l’indication  de 
quelques  plantes  vivantes  vivaces,  telles  que 
Canna.,  Arundo,  Agave,  Caladium,  eic.,  etc. 
Mais,  indépendamment  des  graines  ou  des 
plantes,  nous  avons  remarqué  rannonce  de 
certaines  plantes  sèches,  qui  sont  très-re- 
Rcv.  Iiorl.  1866,  page  -437. 

16  DÉCEMüUE  1866. 


cherchées  aujourd’hui,  et  avec  raison,  pour 
la  confection  des  bouquets,  ce  sont  V Agros- 
lis  nebulosa  pulchclla,  Chloris  Iruncala, 
Lagurus  ovalus,  Slipa  eleganiissima. 

—Aulieu  de  proscrire  etd’arrachercomrne 
on  le  fait  les  Juniperus,  pour  se  débarrasser 
du  C ry  p togam  e(Gymn  ospora  ngium  f uscum) , 
qui  l’attaque  et  qui  se  répand  ensuite  sur  les 
leuilles  des  Poiriers,  pour  les  détruire,  il 
est  infiniment  plus  sage  et  plus  rationnel 
de  conserver  les  Genévriers  et  de  les  dé- 
barrasser du  parasite  en  l’enlevant.  C’est  le 
conseil  que  nous  trouvons  dans  un  Jhillclia 
de  la  Société  d’Eure-et-Loir  et  qui  est 
donné  par  M.  Gervais-Auger,  botaniste  à 
Joran,  commune  de  Saint-Germain-le-Gail- 
hird.  Ce  conseil  est  sage,  nous  le  répétons, 
et  l’on  ne  saurait  trop  engager  à le  suivre. 
En  effet,  si  vous  arrachez  les  Genévriers  pour 
vous  préserver  d’un  parasite,  pourquoi  n’ar- 
rachez-vous pas  les  arbres  qui  sont  atteints 
du  blanc,  ou  pourquoi  ne  les  coupez-vous 
pas  pour  enlever  le  Gui  ou  les  Lichens  qui 
les  entourent?  Ce  serait  un  nouveau  re- 
mède. 

— Quoi  qu’ou  dise  et  ({u’on  fasse,  tout 
vieillit,  même  les  bonnes  choses,  et  si  celles- 
ci  ne  tombent  pas  dans  l’oubli  c’est  qu’elles 
sont  indispensables.  Néanmoins  elles  su- 
bissent l’influence  du  temps,  elles  se  mo- 
difient pour  s’harmoniser  et  s’approprier  à 
de  nouveaux  goûts  ou  à de  nouveaux  be- 
soins. La  science  n’échappe  pas  a la  loi 
commune,  et  ce  que  nous  nommons  les 
principes  reçoivent  à chaque  instant  des 
modifications  plus  ou  moins  profondes.  Un 
article  de  M.  Dumas,  qu’on  trouvera  plus 
loin,  vient  justement,  sinon  renverser,  du 
moins  modifier  des  principes  de  culture  jus- 
qu'ici admis  d’une  manière  à peu  |»rès  gé- 
nérale. Nous-même  nous  avons  invoqué  plu- 
sieurs fois  ces  principes,  ce  qui  n’est  pas 
une  raison  pour  les  soutenir,  malgré  tout.  Il 
faut  savoir  se  rendre  à l’évidence  et  avant  tout 
il  faut  être  de  bonne  foi,  reconnaîtreet  procla- 
mer la  vérité,  surtout  lorsqu’elle  est  en  con- 
tradiction avec  ce  qu’on  a pu  avancer. M.  Du- 
mas, contrairement  à tout  ce  qui  a été  dit, 
soutient  ({u’il  faut  lou jours  tailler  les  arbres, 
et  même  les  plus  cigoureiu:,  de  très-bonne 
lieure,  et  ([u’il  en  est  de  même  de  la  Vigne. 

24 


462 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  DÉCLMBRE), 


Cela  pourra  paraître  élrange,  mais  il  laiulra 
])ien  le  reconnailre  si  l’expérience  coiilirme 
le  l'ail  avancé  ; c’est  ce  que  ne  craint  pas  d’af- 
lirinerM.  Dumas.  Disculer  serait  ici  hors  de 
propos,  il  y a mieux  à faire,  c’est  d’essayer. 
D’ailleurs  M.  Dumas  recommande  de  le  faire 
et  il  prévoit  que  sa  manière  de  voir  trouvera 
beaucoup  d’opposition  comme  l’indique  le 
passage  suivant  d’une  lettre  (|u’il  nous 
éciit  : 

((  ....  Voilà  un  petit  article  qui  ne  sera  pas 
de  l’avis  de  tout  le  monde,  j’en  suis  certain, 
car  il  est  op))Osé  à certains  principes  admis 
justpi’à  ce  jour...  .le  sais  bien  (jiie  c’est  une 
vraie  l'évolution...  Mais  lorsqu’on  est  sûr  d’un 
tait  et  (|iie  ce  fait  est  dans  l’intérêt  général, 
ou  ne  doit  pas  craiiube  de  le  faire  connaître; 
c’est  même  un  devoir.  Fais  cc  que  dois,  ad- 
vienne que  pourra,  dit  un  proverbe...  » 

M.  Dumas  nous  apprend  dans  cette  même 
lettre  qu’il  imprime  en  ce  moment  une 
brochure  sur  la  Taille  précoce  des  arbres 
fniUiers  eide  la  Vigne. 

— Nous  recommandons  aussi,  à ratlen- 
tioii  de  nos  lecteurs,  un  petit  article  de 
M.  Jules  Bourgeois,  sur  la  destruction 
des  vers  blancs  à l’aide  du  hérisson. 
Ou  verra  par  cet  article  que  les  jardi- 
niers ou  plutôt  tous  les  cultivateurs  trou- 
veraient 'dans  ce  petit  animal,  tout  à fait 
iiioffensif,  un  précieux  auxiliaire.  Nous  le 
recommandons  d’autant  plus  que  le  héris- 
son ne  fait  aucun  dégât;  sous  ce  rapport  il 
ii’est  pas  à comparer  à la  taupe  qui,  pour 
quelques  services,  peut-être  encore  hypo- 
thétiques, cause  de  trop  réels  dommages. 

— Voici  encore  un  exemple  d’une  variété 
née  spontanément  en  dehors  des  cultures. 
Sous  de  grands  Frênes  plantés  dans  un 
terrain  frais,  nous  avons  remarqué,  il  y a 
déjà  deux  ans,  parmi  de  petits  individus, 
provenant  de  graines  tombées  des  grands 
arbres,  un  jeune  Frêne  dont  les  feuilles 
étaient  agréablement  panachées  de  blanc. 
Depuis  ce  temps,  nous  avons  pu  constater 
que  non-seulement  la  panachure  s’est  main- 
tenue mais  qu’elle  s’est  même  étendue  à 
l’écorce  ; aujourd’hui,  celle-ci  est  toute  ru- 
bannée  de  jaune. 

— Si  l’opinion  générale  sur  un  sujet 
quelconque,  se  déduit  de  l’ensemble  des 
opinions  particulières,  c’est  à la  condition 
que  chacun  de  ceux  que  le  sujet  intéresse 
émettra  son  opinion.  Dans  ce  but,  nous  al- 
lons dire  quelques  mots  de  la  Poire  tardive 
de  Toulouse  dont  on  a tant  et  si  diverse- 
ment parlé.  Nous  nous  y croyons  d’autant 
plus  obligé  qu’en  la  décrivant  le  premier 
nous  avons  contribué , plus  (|ue  per- 
sonne, à lui  faire  une  réputation  plus  que 
méritée.  Nous  ne  rappellerons  i3as  ses  ca- 
ractères; on  est  généralement  d’accord  sur 
ce  point,  et  presque  tous  ceux  »[ui  la  con- 


naissent conviennent  do  sa  beauté,  (juoiqm; 
dans  la  forme  elle  soit  sujette  à varier.  Voici, 
(|uant  à ses  qualités, ce  (pie  nous  avons  le- 
connu  cette  année.  Le  'il  octobre  déjà, 
plusieurs  fruits  étaient  passés,  bien  (jne 
rien  ne  l’annonçât  à l’extérieur;  en  les  cou- 
pant on  trouvait  l’intérieur  mou,  comme 
blet,  mais  sans  eau  et  à peu  près  dépour- 
vu de  saveur;  quelques  autres  qui  mûri- 
rent successiveiiient  jusqu’à  la  lin  de  no- 
vembre présentèrent  les  mêmes  phémnnè- 
nes.  Cette  variété  se  cornportera-t-clie 
mieux  ailleurs?  Nous  le  désirons,  bien  (jue 
nous  regardions  le  fait  comme  douteux. 

— Quoi  qu’on  fasse,  et  (luelque  soin 
qu’on  apporte  dans  l’organisation  d’une 
fête  ou  d’une  exposition,  on  reconnaît  à 
chaque  instant  l’imperfection  de  certaines 
parties  du  programme;  alors  on  revient  sur 
ce  qu’on  a fait,  on  modifie,  on  change  même 
souvent,  plus  ou  moins,  les  premières  dis- 
positions. Les  tâtonnements  sont  d’autant 
plus  grands  que  l’affciire  est  plus  impor- 
tante. Personne  ne  sera  donc  étonné  d’ap- 
prendre que  les  décisions  relatives  à l’Fx- 
position  de  1807  ont  été  revisées  plusieurs 
fois,  et  que  certains  jirojets  qu’on  croyait 
arrêtés  sont  encore  à l’étude  et  sont  même 
l’objet  de  justes  réclamations,  justes,  à no- 
tre point  de  vue  du  moins.  Ou  va  en  juger. 
Pas  n’est  besoin  de  dire  (pie  nous  ne  |»ar- 
lous  ici  que  de  ce  qui  a rapport  à l’horti- 
culture. 

Dans  une  supplique  adressée  par  plu- 
sieurs des  principaux  horticulteurs  de  Paris, 
à M.  le  président  de  la  Commission  consul- 
tative de  l’Exposition  universelle  de  1807, 
il  est  fait  les  observations  suivantes  : 

« 1»  L’exposition  d’horticulture  doit  avoir  des 
règlements  et  une  organisation  toute  spéciale 
puisque  contrairement  aux  autres  groupes  cette 
exposition  se  divise  en  quatorze  séries  ayant 
chacune  une  durée  de  quinze  jours  et  renfer- 
mant ensemble  plus  de  1,082  concours  distincts  ; 

((  2o  Qu’il  importe  qu’on  offre  à chaque  expo- 
sant ayant  rempli  les  conditions  du  programme 
un  prix,  ce  qui  serait  impossible  avec  les  dis- 
positions adoptées  par  le  programme  général 
déjà  publié,  puisque  le  jury  n’aurait  à décerner 
que  8 médailles  d’or  (ayant  une  valeur  de  1 ,000  f. 
l’une),  60  médailles  d’argent  (d’une  valeur  de 
6!o  fr.  rime),  2.30  médailles  de  l)ronze  (de  25  fr. 
l’une)  et  environ  une  somme  de  25  à 80.000  fr. 
comme  primes; 

a 3»  One  les  horticulteurs  attachent  très-peu 
d’importance  aux  primes  en  argent  et,  au  con- 
traire, beaucoup  aux  médailles.  )> 

Sur  ces  trois  points,  ils  demandent  qu’il 
soit  procédé  à une  nouvelle  organisation  des 
primes  et  récompenses. 

De  plus,  il  est  dit  a que  beaucoup  d’hor- 
ticulteurs craignent  que,  quelle  que  soit  la 
bonne  volonté  du  jury  chargé  de  la  répar- 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIERE  QUINZAINE  DE  DÉCEMBRE). 


lilion  des  prix  et  récompenses,  il  soit  im 
possible  dé  faire  une  juste  répartilioii. 

Ko  elfet,  il  serait  bien  diflicile  ou  plutôt  ii 
serait  impossible,  après  un  intervalle  de  six 
ou  sept  mois,  de  comparer  tel  lot  à tel  autre, 
et  d’établir  des  comparaisons  entre  un  lot 
de  Rosiers  et  un  lot  de  Cypripediées,  ou 
cidre  un  lot  de  Clématites  et  un  lot  d’Aza- 
lées,  etc.  Ce  que  nous  disons  de  quelques 
i;enres  nous  pourrions  le  dire  de  tous.  Il 
laut  donc  juger  séance  tenante,  et  pour  cela 
les  dispositions  qu’on  a prises  ne  le  per 
mettent  pas. 

Sans  vouloir  indiquer  ce  qu’il  convien- 
drait de  faire  dans  cette  circonstance,  sans 
clierclier  a exercer  aucune  pression,  les 
iiorliculteurs,  mus  par  un  sentiment  d’é- 
quilé , demandent  que,  par  les  soins  de  la 
Commission  impériale,  il  soit  adressé  une 
convocation  aux  principaux  horticulteurs 
Irançais  ainsi  qu’aux  délégués  de  l’horticul- 
ture étrangère,  afin  de  pouvoir  s’entendre 
sur  cette  question. 

Les  observations  qui  sont  faites  dans  la 
snpplique  sont  trop  justes  et  les  inconvé- 
nients signalés  sont  trop  évidents  pour  que 
la  Commission  impériale  n’en  tienne  pas 
compte,  et  comme  ici  c’est  presque  un  de- 
voir, pour  celui  que  touche  la  chose  hor- 
ticole^ d’émettre  son  opinion,  nous  allons 
donner  notre  avis. 

faisons  d’abord  remarquer  que,  dans 
cette  circonstance  encore,  ce  sont  les  jar- 
diniers, qu  on  accuse  souvent  d’indifférence 
ou  d apathie,  qui  font  preuve  d’initiative  et, 
comme  on  dit  « vont  de  Vacant.  » Ce  n’est, 
du  reste,  pas  la  première  fois*  car  si  aux 
premières  décisions  administratives  on  a 
déjà  apporté  plusieurs  modifications  lieu- 
1 dises,  c est  par  suite  de  leurs  observations. 

Il  faut  bien  reconnaître  aussi  que  cette 
lois  encore,  leurs  réclamations  sont  très- 
justes,  car  telles  qu’elles  sont  fixées,  les  ré- 
compenses ne  peuvent  pas  èire  réparties 
c.quitablement;  le  passage  de  1,000  francs  à 
on  Irancs  est  trop  brusque  et  alors  ou  les 
recomjienses  sont  trop  fortes,  ou  elles  sont 
licp  laibles.  Il  n’y  a pas  de  moyen  terme  et 
de  cette  manière  il  est  impossible  de  tenir 
les  promesses  qu’on  a faites  dans  le  pro- 
gramme. lia  été  établi  une  très-grande  quan- 
tité de  concours,  et  chacun  doit  donc  non- 
seulement  avoir  ses  récompenses,  mais  doit 
etre^  l’ccompensé  proportionnellement  au 
mente  des  produits  exposés,  ce  qu’on  ne 
pourrait  faire  avec  les  médailles  qu’il  a été 
décidé  de  donner. 

Voici,  à notre  avis,  comment,  sans  aug- 
menter les  dépenses,  sans  changer  la  valeur 
intrinsèque  de  la  somme  alfectée,  la  répar- 
tition devrait  en  être  faite  : 

7 grandes  médailles  d’iionncui 
de  J ,000  francs. 


463 


en  or, 


7 médailles  en  or  de  500  fr.  ; 

, ^28  — _ ojoQ  . 

800  — en  argent  de  05  fr.  ; 

000  — en  bronze  de  25  fr. 

Aux(juellcs  seraient  ajoutées  les  récom- 
penses (jue  la  Société  impériale  et  centrale 
d horticaUiire  de  France  a proposé  à la  com- 
mission imjiériale  de  rExjiosition  univer- 
selle de  1807  de  mettre  à la  disposition  du 
^1  La  condition  que  tous  les  membres 
de  celte  Société  recevraient  une  carte  qui 
leur  permettrait  d’entrer  dans  la  partie 
tiorticote  de  l’Exposition  do  1807. 

En  accédant  à cette  demande,  la  Commis- 
sion im[)ériale  ferait  à notre  avis  une  chose 
utile  à la  lois  à l intérêt  de  l’horticulture  et 
a 1 interet  général. 

Comme  classification  de  concours,  et 
pour  faciliter  la  céparlitiondesréconnienses, 
qu’il  conviendrait  de  faire 
7 divisions,  savoir  : 

1«  Végétaux  de  serre  chaude  et  produits 
de  la  culture  forcée  en  plantes  fleuries; 

2o  Végétaux  de  serre  tempérée,  serre 
ironie  et  orangerie; 

3°  Plantes  vivaces  et  annuelles  de  pleine 
terre  ; 

i»  Produits  de  la  culture  niaraichére  de 

pleine  terre; 

5f  Arboriculture  fruitière  ; 

Oo  Produits  de  la  culture  forcée,  fruits  et 
loguines  ; 

7'^  Arboriculture  forestière  et  d’orne- 
ment. 

Dans  chaque  division,  il  pourrait  être 
décerné  un  prix  d’honneur,  une  médaille 
de  oOO  fr.,  4 médailles  de  2U0  fr.  et  un 
plus  ou  moins  grand  nombre  de  médailles 
cl  argent  et  cle  bronze,  suivant  que  les  pro- 
duits exposés  seraient  jugés  dignes;  les 
médailles  pourraient  être  "reportées  d’une 
division  dans  une  autre,  si  elles  n’avaient 
pas  été  méritées  dans  celles  pour  lesquelles 
elles  avaient  été  spécialement  alfectées. 

Il  nous  semble  ejue  de  cette  façon  on 
obliencjrait  un_  bon  résultat  et  que  tous 
pourraient  avoir  chance  de  trouver  la  ré- 
compense des  efforts  faits  pour  le  progrès 
de  Part  horticole.  C’est  du  moins  notre  avis  ; 
cà  chacun  d’émettre  le  sien. 

— A l’approche  de  l’hiver,  lorsque  les 
horticulteurs  rentrent  leurs  végétaux  dans  les 
serres,  il  n’est  pas  inutile  de  chercher  de 
nouveaux  moyens  plus  puissants  ou  plus 
économiques  de  combattre  le  froid.  Les 
labricants  de  chaulfage  doivent  rivaliser  de 
zèle,  faire  de  nouveaux  elforts  et  demander 
a la  science  et  à la  pratique,  des  secrets  que 
jusqu’ici  elles  leur  ont  refusés.  A ce  sujet 
nous  appremirons  à ceux  de  nos  lecteurs 
qui  1 ignorent  qu’une  Commission  nommée 
juir  la  Société  impériale  et  centrale  d’horti- 
culture (le  France  s’est  réunie  au  fleuriste 
de  la  ville  de  Paris,  au  commencement  de 


CHRONIQUE  HORTICOLE  (PREMIÈRE  QUINZAINE  DE  DECEMBRE). 


ce  mois,  à l’effet  d’essayer  un  nouveau  mo- 
dèle de  chauffage  de  JUM.  Grandjcau  et 
Iloiilat,  constnielcurs,  boulevard  Saiiil-Ger- 
main,  76,  Paris. 

— Nous  avons  reçu  de  M.  de  Tcriiislen 
une  lettre  que  nous  nous  empressons  de 
publier  et  qui  ne  peut  manquer  d’intéresser 
nos  lecteurs,  car  elle  louche  à une  parlie 
très-importante  du  jardinage,  à la  dest  ruc- 
tion de  certains  insectes  qui  causent  aujour- 
d’hui de  grands  dommages  à la  cuUure  ma- 
raîchère surtout.  La  voici  : 

Cherbourg,  le  16  novembre  1866. 

Monsieur  le  Uédacteur, 

J’ai  signalé  au  commencement  de  l’année 
courante,  dans  la  Revue  horticole.,  numéro 
du  16  janvier  et  numéro  4 du  16  lévrier,  un 
cryptogame  qui  avait,  a 1 automne  précédent, 
attaqué  et  détruit  en  parlie  le  Céleri  à Cherbcurg. 

Ce  cryptogame  que  j’ai  reconnu  être  un  Pue- 
rima  aini  graveolentis  ravit  dulcisàe  la  famille 
des  urédinées,  a reparu  plus  vivement  celte  an- 
née, puisijue  le  Céleri  est  pour  ainsi^  dire 
perdu  parlout.  J’avais  conseillé,  aux  maraîchei  s 
qui  s’occupent  de  cette  culture,  1 emploi  de  la 
Heur  de  soufre  dont  j’avais  obtenu,  dans  plu- 
sieurs circonstances  similaires,  de  bons  résul- 
tats; ils  n’ont  pas  suivi  mes  conseils,  et  aujour- 
d'hui ils  sont  victimes  de  leur  oubli  ou  plutôt  de 

leur  négligence.  , i i 

Je  crois  donc  dans  l’intérêt  général,  devoir 
insister  de  nouveau,  et  j’engage  les  cultivateurs 
de  Céleri  (pii  reconnaîtront  sur  leurs  plantes, 
cette  année,  le  Champignon  que  j’ai  signalé,  a 
ne  pas  manquer  l’année  prochaine  de  les  sau- 
poudrer dans  le  courant  du  mois  daoùt,  une 
ou  deux  fois  avec  de  la  Heur  de  soufre. 

Ils  pourront  le  faire  le  malin,  par  un  temps 
calme,  lorsque  les  })lantes  sont  encore  légère- 
ment humides  de  rosée,  alin  (pie  le  souti  e 
imissc  s’attacher  à leurs  leuiües. 
llecevcz,  etc. 

DE  Ter:<isien. 


— Nous  allons  terminer  celte  chronique 
par  l’annonce  d’un  bon  livre.  Indiquer  le 
sujet  qu’il  Iraile,  et  faire  connaîlrc  le  nom 
de  l’auteur  c’est  une  double  recommaiida- 
lion.  L’auteur  est  M.  Joigneaux,  dont  le 
nom  est  bien  connu  de  nos  lecleurs;  (piant 
au  sujet,  il  Iraile  des  légumes,  et  l’ouvrage 
a pour  titre  : Le  Jardin  Potager^.  Cet  ou- 
vrage est  recommandable  à deux  points  de 
vue*^  : par  sa  valeur  pratique  et  par  son  exé- 
cution. Sousle  premier  rapport  nous  n avons 
rien  à dire,  sinon  que  l’auteur  passe  en 
revue  à peu  près  toutes  les  plantes  potagè- 
res et  qu’il  en  indique  la  culture  en  même 
temps  qu’il  lait  connaître  les  maladies  et 
les  insectes  qui  les  attaquent,  ainsi  que  les 
remèdes  qu’il  convient  d’opposer  à ces 
lléaux.  Il  n’est  pas  nécessaire  de  dire  que 
ce  livre  est  écrit  demain  de  maître;  de  plus 
longs  détails  seraient  donc,  au  moins,  super- 
llus.  Disons  pourtant  qu’après  avoir  décrit 
successivement  et  indiqué  la  culture  des 
plantes  potagères,  l’auteur  termine  son  livre 
par  un  calendrier,  qui  est  un  véritable  guide, 
puisqu’il  indique  mois  par  mois  les  travaux 
qu’il  convient  d’exécuter. 

Au  point  de  vue  de  l’exécution,  ce  livre 
est  un  véritable  tour  de  force.)  peul-ctre  le 
premier  de  ce  genre.  Les  gravures  coloriées 
au  nombre  de  130,  ont  été  imprimées  en 
même  temps  que  le  texte  et  sans  retouche. 
De  ce  nombre,  34  représentent  les  princi- 
paux insectes  qui  attaquent  les  légumes,  câ 
différents  étals  (larves  et  insectes  parfaits) 
de  grandeur  naturelle  et  avec  les  couleurs 
sous  lesquelles  ces  insectes  se  rencontrent. 
A tous  les  points  de  vue,  c’est  donc  un 
livre  recommandable,  (jui  doit  trouver  place 
dans  toutes  les  bibliothèques. 

E.  A.  Carrière. 


PHILIPPE-FRANÇOIS  DE  SIEBOLDT  . 


I 

Nous  passons  ici  sur  les  détails  de  son 
voyage  et  sur  son  séjour  à \édo,  dont 
M.  Wagner  donne,  dans  la  Gazette  aui- 
rencHC)  ([uebjues  comniuiiicalions  intéres- 
santes, et  où  il  est  longuement  question  de 
la  cérémonie  (|u’on  ht  lors  de  sa  présenta- 
tion chez  le  taïkoun. 

Vers  la  ün  de  son  séjour  (il  y avait  6 ans 
qu’il  était  au  Japon),  Sieboldt  se  trouvait 
dans  une  situation  fort  pénible  qui  mena- 
çait môme  d’avoir  un  dénoûment  tragique. 
En  voici  la  cause  : l’astronome  de  la  (ïour 
de  Yédo,  malgré  la  défense  sévère  qui  lui 
en  avait  été  faite,  avait  donné  ou  plutôt 
vendu  à Sieboldt  la  carte  générale  de  l’île 
de  Nippon.  Son  ancien  protecteur,  Vespion 

’ Voir  Reçue  hoiiirole.,  1866,  page  U8. 


f/énéral)  dont  nous  avons  d(‘jà  parlé,  dénonça 
l’astronome  qui  fut  jeté  ainsi  que  son  per- 
sonnel dans  les  prisons. 

Sieboldt  même  fut  arrêté  cl  sévèrement 
gardé. 

Dans  un  pays  où  les  procès  sont  tort 
courts,  et  où  la  puissance  des  très-nombreux 
dignitaires  est  illimitée,  Sieboldt  était  luit 
exposé,  et  l’affaire  devint  en  effet  si  sérieuse 
qu’il  reçut  le  conseil  de  s'oavrir  le  rentre 
(usage  très-fréquent  dans  ce  pays),  pour  évi- 
ter (i’ôlrc  condamné  à mort.  Sieboldt  préféra 

subirle  sort  que  les  événcmenlsamèneraienl; 

bien  lui  en  prit,  car  peu  de  temps  après 
il  fut  assez  heureux  pour  obtenir  sa  liberté. 

C’est  le  Ici  janvier  1830  qu’il  quitta  le 

1 Nul.  iii-18  de  480  puges  Lihraiiie  lOjrieu'e,  -J6. 
rue  .Lu  (ib. 


PHILIPPE-FRANÇOIS  DE  SIEBOLDT. 


Japon,  bien  loin,  sans  doute,  de  penser 
(pi’il  devait  le  revoir  un  jour  dans  des  cir- 
constances bien  différentes. 

n 

De  retour  en  Hollande,  il  reçut  en  ré-' 
compense  de  ses  mérites  et  des  collections 
(pi’il  avait  réunies  et  déposées  au  musée  de 
Leyde,  le  titre  de  mojor  dans  rétat-major,  et 
(pielques  années  plus  tard,  le  roi  lui  donna 
le  titre  et  le  rang  de  colonel  avec  un  congé 
définitif,  afin  de  lui  donner  le  temps  néces- 
saire à ses  publications  scientifiques.  En 
même  temps  il  fut  invité  à faire  partie  du 
conseil  chargé  de  discuter  les  intérêts  des 
provinces  étrangères. 

Pendant  le  long  séjour  qu’il  fit  alors  en 
Europe,  Sieboldt  habitait  en  partie  sa  pro- 
priété de  Saint-Martin,  située  sur  le  Rhin; 
en  partie  à Bonne  où  il  était  activement 
occupé  de  la  publication  de  ses  travaux. 

En  1845,  il  épousa  la  baronne  de  Gagern 
dont  il  eut  trois  fils  et  deux  filles;  l’aîné  de 
ses  fils  fut  nommé,  en  1861,  interprète  de 
Pambassade  anglaise  à Yédo.  Sieboldt  alors 
correspondait  avec  les  premiers  savants 
d’Europe,  et  presque  toutes  les  académies 
le  nommèrent  membre  honoraire. 

Pendant  son  séjour  en  Europe,  il  montra 
toujours  une  très-grande  activité,  et  outre  la 
publication  de  ses  nombreux  travaux,  il 
fonda  un  établissement  d’horliculture  fort 
remarquable  à Leyde  et  fit  des  fréquenis 
voyages  sur  le  conlinent. 

En  1853  l’empereur  Nicolas  de  Russie 
invita  Sieboldt  avenir  à Saint-Pétersbourg, 

pour  donner  des  renseignements  concer- 
nant le  Japon,  que  nul  Européenne  serait  à 
même  de  donner,  excepté  lui.  » 

III 

La  Russie  avait  en  ce  moment  l’intention 
d’organiser  un  traité  de  commerce  avec  le 
Japon.  La  connaissance  exacte  qu’avait 
Sieboldt  de  la  géographie,  de  Pethnogra- 
idiie,  des  institutions  politiques  du  Japon,  et 
surtout  son  expérience  dans  les  alfairDs 
commerciales,  faisaient  apprécier  ses  con- 
seils; aussi  tout  fut-il  organisé  selon  ses 
proposiPions. 

Sieboldt,  en  reconnaissance  de  ces  ser- 
vices, reçut  de  l’empereur  la  décoration  de 
Wladimir. 

En  1859,  alors  qu’il  avait  64  ans,  Sieboldt 
partit  au  Japon  pour  la  seconde  fois,  et  cette 
lois  dans  l’intérêt  d’une  société  de  com- 
merce des  Pays-Bas.  Sieboldt  trouva  alors 
un  grand  changement  au  Japon;  depuis  son 
départ,  de  fré([i-ienls  visilimrs  étaient  venus 
d’Europe  et  d’Amérique  et  qui  avaient  facilité 
l’entrée  du  pays  par  des  traités  de  commerce, 
et  le  gouvernement  avait  reconnu  qu’il 
n’était  pas  })ossible  de  persister  dans  le 
vieux  système  vis-à-vis  des  autres  nations. 


Aussi  l’empereur  japonais  appela-t-il  Sie- 
boldt a sa  cour,  où  son  talent  et  son  grand 
savoir  le  firent  distinguer,  et  alors,  avec  la 
permission  de  son  gouvernement,  il  entra 
au  service  du  taïkoun,  qui  lui  donna  une 
habitation  dans  le  cluàteau  et  une  position 
importante  dans  les  alfaires. 

Sa  mission  fut  alors  de  servir  d’intermé- 
diaire entre  l’Europe  et  le  Japon. 

Cette  tâche  n’était  pas  facile  et  devait  lui 
occasionner,  par  la  suite,  bien  des  désa- 
gréments. Chose  étonnante  et  triste  à dire, 
c’est  par  les  intrigues  diverses  venues  en 
partie  de  la  Hollande,  son  pays,  qu’il  fut 
renvoyé  de  cette  place  qu’il  occupait  avec 
tant  de  talent  et  d’honneur. 

IV 

Enfin  Sieboldt  se  relira  et  reçut  du  laï- 
koun,  en  récompense  de  ses  bons  services, 
un  sabre  précieux.  H habita  d’abord  sa  pe- 
tite propriété  de  Narutaki,  près  de  Nanga- 
saki,  où  il  s’occupait  exclusivement  de 
science.  Mais  il  n’y  vécut  pas  longtemps 
tranquille,  car  la  méfiance  et  la  jalousie  de 
ses  ennemis  le  poursuivaient  toujours.  C’est 
alors  qu’il  fut  rappelé  par  son  gouverne- 
ment pour  être  envoyé  en  mission  auprès 
du  gouverneur  générala  Java. 

Sieboldt  n’y  resta  pas  longtemps  et  revint 
en  Europe  dans  l’année  1862.  H s’établit 
d’abord  à Würzbourg,  sa  ville  natale,  où 
se  trouvait  sa  collection  ethnographique 
dont  l’organisation  faisait  pour  le  moment 
sa  principale  occupation. 

Vers  le  commencement  de  cette  année  il 
fut  appelé,  par  l’empereur  Napoléon,  à 
Paris.  Il  s’agissait  alors  de  lafondation  d’une 
société  de  commerce  français-japonais,  qui 
avait  pour  but  d’agrandir  les  trailés  avec  le 
Japon  et  de  faire  un  échange  plus  profi- 
table pour  les  deux  pays. 

Sieboldt  désirait  en  outre  vivement  qu’on 
fondât  une  école  à Yédo,  pour  les  Japonais; 
malgré  les  nombreuses  et  grandes  difficul- 
tés que  présentait  une  semblable  entreprise, 
l’Empereur,  ainsi  que  plusieurs  hommes 
d’une  grande  inlUience,  adoptèrent  ce  plan. 

V 

Mais  au  moment  où  tout  semblait  s’arran- 
ger survint  cette  malheureuse  guerre  entre 
l’Italie  et  l’Autriche,  qui,  par  les  craifites 
qu’elle  inspira,  mit  obstacle  ou  plutôt  vint 
renverser  tous  les  projets.  C’est  alors  que 
Sieboldt  revint  à Munich  organiser  son 
musée  ethnographique  que  le  gouverne- 
ment lui  avait  acheté  pour  la  somme  de 
125,000  francs. 

Il  fut  très-occupé  par  le  classement  de 
ses  collections,  dont  l’arrangement  devait 
donner  un  tableau  historique  de  culture, 
ainsi  ({ue  par  la  publication  de  son  travail 
sur  les  r.onifères  du  Japon.  Malgré  la  cou- 


466 


PlULIl>rE-rUAN(:OIS  de  sieboldt. 


stiliilion  Irès-lorle  do  SicljokU,  tant  do  fa- 
tigues devaient  ré[»uiser.  11  fut  jHenlèt  forcé 
lie  quitter  ces  travaux,  atteint  qu’il  était  d une 
maladie  dont  il  ne  devait  pas  guérir;  il  est 
mort  le  18  octobre  dernier  dans  sa  11'"  an- 
née. 

Sieboldt  était  avant  tout  ethnographe;  mais 
riiistoire  naturelle,  en  général,  a eu  une 
large  part  dans  ses  travaux.  Ses  collections 
bolaniiiues  et  zoologiijues  sont  considérables 
et  accompagnées  de  nombreuses  observa- 
tions sur  le  caractère  de  la  Bore  du  Japon 
et  sur  les  cultures  des  plantes  utiles  de  ce 
pays,  ilais  indépendamment,  il  possédait 
une  collection  excessivement  précieuse  de 
livres  japonais  qui  comprenait  plus  de  "2,000 
volumes. 

S’il  est  vrai  ([ue  nous  avons  obtenu  jnar 
M.  Maron  ([ui  visitait  le  Japon,  30  minées 
plus  lard,  des  renseignements  plus  détaillés 
sur  ce  pays,  n’oublions  pas  que  ses  éludes 
et  recherches  furent  basées  sur  les  progrès 
des  sciences  naturelles,  tandis  qu’au  mo- 
ment où  Sieboldt  visitait  ce  pays,  dans  sa 
vingt-sixième  année,  les  travaux  importants 
de'Humboldt,  Buch,  Boussingault,  Liebig, 
etc.,  n’étaient  pas  encore  connus.  i 

Bien  des  questions  intéressantes  se  ré- 
solvent aujourd’hui  plus  lacilement  qu  à 
celle  époque! 

Ceux  qui  critiquent  les  œuvres  des  vieux 
maîtres,  ont  pour  s’ajqmyer,  au  besoin,  les 
épaules  de  leurs  prédécesseurs  dont  les  tra- 
va’ux  leur  ont  aplani  les  plus  grandes  dilli- 
cultés;  tous  doivent  le  savoir  et  devraient 
ne  pas  l’oublier. 

VI 

Nous,  jardinier  et  ami  du  jardinage,  pou- 
vons pariiculièrement  apprécier  les  services 
que  Sieboldt  a rendus  à rhorlicullurc  et 


savons  combien  de  [)lautes  il  y a dans  nos 
serres  froides,  dans  nos  jardins  paysagers 
dont  rinlroduclion  lui  est  exclusivement 
due. 

Il  n’est  pas  possible  de  donner  aujour- 
d’hui, comme  nous  l’aurions  désiré,  un  ré- 
sumé de  toutes  les  plantes  japonaiscîs  qu’a 
introduites  Sieboldt  et  qui  ont  été  décrites 
en  grande  partie  par  Zuccarini;  nous  espé- 
rons cependant  y revenir  plus  tard,  quand 
l’inventaire  sera  fait,  et  c’est  alors  aussi  que 
nous  parlerons  de  son  jardin. 

Sieboldt  menait  une  vie  active  et  ne  se 
donnait  jamais  un  jour  de  repos.  Il  faisait, 
malgré  son  âge  avancé,  de  grandes  excur- 
sions, et  je  l’ai  encore  rencontré  l’an  dernier 
dans  des  montagnes  qui  eussent  été  diKiciles 
à gravir  même  pour  des  jeunes  gens.  Il  était 
chargé  deroses  des  Alpes,  de  Bhododendrons 
ferrugineux  et  de  Lontopodium  alpinum. 
La  dernière  fois  que  je  l’ai  vu  il  m a montre 
ses  Conifères  du  Japon,  qu’il  faisait  dessi- 
ner pour  être  publiées.  Sieboldt^  avait  une 
vraie  passion  pour  le  Japon  ; je  1 ai  entendu 
plusieurs  fois  aussi  faire  l’éloge  de  certains 
jardins  de  ce  pays.  Espérons  donc  (jne  cet 
amour  se  perpétuera  dans  son  lils  qui,  de- 
puis longtemps  déjà,  habite  le  Japon  ou  il 
est  très -considéré,  et  (ju’il  continuera 
dignement  l’œuvre  si  utile  commencée  avec 
tant  de  succès  par  son  illustre  père. 

Sieboldt  fut  couvert  d’hommages,  de  ré- 
compenses et  de  litres;  mais  ces  distinctions, 
ainsi  (jue  les  nombreuses  décorations  (jui 
lui  furent  décernées  (il  comptait  Ki  décora- 
tions de  dilférents  pays),  excitèrent  la  ja- 
lousie de  ses  rivaux,  et  sa  vie  |)rouve,  une 
fois  de  plus,  que  la  célébrité  ne  lait  j)as  le 
i)onlieur. 

Max.  Koi.iî. 


I 


ENCORE  LE  SOLÂNüM  WARSCEWICZII. 


Si  les  lecteurs  de  la  Jirvue  voulaient  !)ien 
parcourir  la  notice  que  j’ai  jtubliée  sur  le 
Solami}ii  Warscea'ic'il  {Revue  horUenh\ 
jtage  42b,  année  1805),  ils  a|)précieraient 
mieux  les  motifs  ijui  m’engagent  à revenir 
aujourd’hui  sur  cette  magnitiijue  es|)èc(“. 

La  description  (jue  j'en  lis  alors  !ais^ail 
une  lacune,  j’avais  j)U  examiner  des  ovaii'es 
noués  en  automne,  j)resqne  au  moment  ou 
j’alLds  relever  (ie  la  jdeine  terre  la  plante 
âgée  de  deux  ans  (jui  les  portait.  J’ignorais 
comjilclcment  (juel  était  son  Iruit.^  Cet 
(‘xemjtlaire  jiassa  l’hiver  en  serre  tempérée. 
( Les  ovaii'es  touillèrent,  ce  qui  était  inévita- 
ble.) Il  conlinna  à thmeir,  et  au  mois  de 
m;ii  1800,  (jiiaml  j’allai  le  replacer  en  jileine 
lin  ce  jionr  Li  tlenxii'nne  fois,  j’ajH'rcus  cim| 
oNaires  noués.  Ils  continnèrenl  à grossir 
mitemenl.  Ces  jeunes  fruits  atleignii'eiit  en 


octobre  le  maximum  de  leur  dévclojipG' 
ment;  cl,  dans  l’espoir  d’en  obtenir  des 
graines,  je  dus  les  récolter  avmil  les  gelées. 
Coupés,  ils  aclievèrenl  de  mûrir,  et  je  viens 
d’en  retirer  une  petite  jirovision  de  graines 
qui  me  jiaraisseiit  bien  constituées. 

Jecoinjilèlc  ma  descrijition  de  l’année  der- 
nière. Raie  trcs-jielite  (8  millimètres  de 
diamètre),  orbiculaire,  glabnq  d’un  vert 
olive,  renfermant  environ  250  f/nnnes  jieli- 
lesà  surface  unie  et  d’un  janin;  roux. 

J’ai  deux  mots  à ajoult'cala  cultni'j  lii;  ce 
Solumuii  ■ Je  disais  dans  le  meme  article  : 

((  Si  l'on  est  Icnié  ih'  ri'levcr  en  |>anier  qncl- 
(jnes-nns  des  jilns  Iteanx  siijels,  on  pmiiia 
j.Ciil-êh'e  le.s  consci  vcr  l’iiiver  (M1  limim-  oi.m- 
<M>iie,  bien  .'(Liirée,  niais  à coup  sni'  en  seire 
i',.,,,j,rrée.  Ces  Hijels-là,  ('iilenés  avec  leiiis 


KNCÜIIK  \Æ  SOLANl'M  WARSCKWICZII. 


paniers,  au  mois  de  mai  suivant,  deviendront 
d^'S  |danles  admiraldes.  )> 

Le  prnl-éhm'osl  eliaiigé  en  eerlilude.  Un 
lorl  exemplaire  relevé  en  panier,  placé 
dans  la  partie  la  plus  éclairée  d'une  oran- 
i^eri(‘  séclu',  inainUnme  à une  température 
de  (juehpies  degrés  seulement  au-dessus 
de  0,  put  traverser  l’Iiiver  dernier,  non 
sans  avoir  [)ei*ilu  toutefois  par  la  j)ouiTiture 
la  partie  supérieure  de  ses  rannaïux. 

Quant  cà  l’exemplaire  âgé  de  deux  ans,  (jui 
avait  passé  l’Iiiver  en  serre  et  dont  j’obtins 
d('s  fruits,  je  le  plaçai  b‘  25  mai  dernier  en 
plain  air,  dans  un  massif  de  terreau  de 


if)  7 

feuilles  recouvrant  un  bon  lit  de  fumier  pail- 
leux.  Il  tinit  par  atteindre  en  octobre  A mé- 
trés de  baut(uir,  sa  télé  Irès-brancbiie  me- 
surait alors  (S  mètres  de  circordV'rema'.  Le 
lindje  de  la  plupart  des  feuilles  avait  50  cenf , 
en  longueur  et  en  largeur,  .te  dus  lannnicau’ 
à le  relever  pour  la  troisième  fois,  niaim 
(|uant  d’abri  convenable  à olfrir  à ce  volu- 
mineux spécimen. 

Je  ne  connais  aucune  (ispéce  deSolanum, 
y compris  le  Solaïunii  mnmtnihum  (liori, 
non  Dunal),  produisant  wn  elfet  aussi  gran- 
diose (pie  la  Morelle  de  Warscewicz. 

Ciio  la'.oxcK  DK  laMi'.r.nTYF., 


FRAISIER  MONOPHYLLE. 


A la  page  Idd  de  son  remarquable  tra- 
vail inlitulé  : Histoire  nniurelle  des  Frai- 
siers, travail  des  plus  intéressants  et  où  les 
iilées  qui,  près  d’un  siècle  plus  lard,  de’ 
va’enl  s’api)eler Darwiniennes,  reviennent  à 
cliaipie  page,  Ducbesne  fils  raconte  ainsi 
l’bisioire  du  Fragaria  Dwuophglta,  plus 
généralement  connu  sous  les  noms  de 
Fraisier  monopbylle,  ou  Fraisier  de  Ver- 
sailles. 

((  L’est  à Versailles,  en  17()1  , (pi’est  né  le 
piannier  individu  de  cette  race,  dans  un  cer- 
lain  nombre  de  graines  de  Fraisiers  des  bois 
cultivés  que  j’avais  semées  cette  année,  et  qui 
toutes,  hors  celle-ci  seule,  ont  produit  des 
indivi  lus  semblables  à celui  qui  les  avait  four- 
nies. Les  graines  semées  en  17()i  et  17G5  ont 
l'eproduit  des  individus  semblables  à ce  pre- 
mier, excepté  trois  ou  quatre  seulement  dont 
1(!S  feuilles  étaient  ternées,  ce  (pii  est  bien  peu 
sur  plus  de  (piatre-vingtsL  Lette  race  est  donc 
constante,  du  moins  à la  première  génération; 
je  ne  man(pierai  pas  d’observer  la  seconde  et 
toutes  les  suivantes,  pour  voir  si  elle  conti- 
nuera de  Fétre,  ou  si  elle  se  déclarera  seule- 
ment passagère.  » 

Le  1 G juin  1806  je  récoltai  des  graines  de 
ce  même  Fraisier  cultivé  encore  au  Muséum 
et,  désireux  de  savoir  s’il  se  reproduirait 
identiquement  au  moyen  de  ses  propres  se- 
mences, je  répétai  l’expérience  de  Ducbesne. 
Le  Id  juillet  dernier,  les  graines  dont  je 
disposais  furent  semées  dans  quatre  pots 
que  je  plaçai  dans  un  lieu  demi-ombragé  et 
(pie  je  recouvris  d’une  cloche.  Environ  un 
mois  après,  les  graines  d’une  des  quatre 
jmtées  germèrent  en  donnant  naissance  à 
des  plantes  qui,  quoique  dans  un  état  de 
végétation  fort  peu  avancé,  se  montraient 
avec  des  feuilbis  évidemment  simples.  Ce 
caractère  ne  fil  que  persister,  et  tous  les 

' Et  encore  ne  pnis-je  pas  convainen  (|u’il  n’y  ait 
jias  eu  tl('  mélange  dans  l(  s graines.  On  po\irra  s’as- 
surer de  cette  nndalnlité  ou  de  la  constance  que  je 
présume,  en  réitérant  les  expériences. 

nrciiFSNF , /.  c. 


individus,  au  nombre  de  quinze,  sont  au- 
jourd’bui  parlailemenl  monopbylles. 

Nous  avons  donc  alTaire  ici  à une  varia- 
tion rare  et  exceptionnelle  dans  les  Frai- 
siers, à une  plante  à leuilles  devenues  niono- 
pbylles  par  soudure  des  folioles,  et  qui,  née 
il  y a [dus  d’un  siècle  dans  un  semis  (ht 
Fraisier  ordinaire,  se  reproduit  identi([ue- 
ment  au  moyen  de  ses  propres  graines,  de 
telle  sorte  qne,  si  l’bistoire  de  ce  Fragaria 
ne  nous  avait  pas  été  léguée,  et  (ju’un  bota- 
niste eut  rencontré  cette  [danle  à Félat 
spontané,  il  n’aurait  [tas  hésité  à en  faire 
une  espèce  nouvelle,  et  cette  manière  de 
laire  aurait  eu  certainement  beaucoup  de 
partisans. 

En  parcourant  dernièrement  la  liste  des 
plantes  qui  doivent  composer  les  30'  et 
37'^  centuries  des  Exsiceala  de  Billot,  je  re- 
marquai, sous  le  n^J  3,571,  l’indication  du 
Fr<ig(iria  riiouophglla  Davli.  11  était  intéres- 
sant de  savoir  si  les  échantillons  devant  ("tre 
distribués  provenaient  de  pieds  cultivés  ou 
spontanés.  M.  Baillot,  le  continuateur  des 
Exsiccata  précités,  voulut  bien  nous  en- 
voyer ces  quelques  mots  : Les  échantil- 

lons de  Fragaria  moiwphylla,  que  vous 
recevrez  prochainement,  ont  été  recueillis 
par  moi  près  de  Uougemont  (Doubs).  Je  ne 
l’ai  jamais  trouvé  ([ué  dans  celte  seule  loca- 
lité, et  sa  spontanéité  ne  pourrait  être  mise 
en  doute;  il  croissait  parmi  les  herbes  au- 
tour d’un  buisson.  Provenait-il  d’un  semis 
naturel?  C’est  possible,  ajoute  M.  Paillot; 
en  tout  cas,  il  était  seul  à cet  endroit  et 
envahissait  tout.  A quehjues  pas  se  rencon- 
trait le  F5Y/(/(,/rô(  resra  sans  aucun  Fragaria 
monophylla.  Le  lieu  étant  très-sec  et  la 
localité  très-reslreinle,  les  échantillons  sont 
maigres.  J’ai  revu  plus  lard  cette  localilé  où 
un  pied  m’a  préseidé  deux  folioles  à une 
feuille,  ce  qui  imbupierait  un  retour  au  type'. 
Les  échantillons  (pie  j’ai  cultivés  se  sont 
parfaitement  maintenus.  » 

Il  résulte  de  la  lettre  précédente  ([ue  le 
Fraisier  monoidiylle  trouvé  primitivement 


4G8 


FRAISIER  MONOPHYLLK. 


par  Ducliesne  flans  un  semis  de  Fraisier 
ordinaire,  serait  vraisemblahlement  spon- 
tané près  de  Rougemont  (Doubs),  ce  qui 
serait  un  exemple  excessivement  rare  de 
plantes  à feuilles  composées  ayant  produit, 
à Vêlai  spontané,  une  variété  monopbylle. 
Nous  sommes  loin  de  nier  rextréme  facilité 
qu’a  une  plante  sauvage  de  varier;  mais 
comme  la  pratique  nous  a appris  et  nous 
apprend  journellement  que  plus  une  plante 
est  placée  dans  des  conditions  diverses  de 
climat,  de  terrain  et  d’altitude,  que  plus 
elle  est  dépaysée,  plus  elle  varie,  nous  con- 
sidérons comme  extrêmement  curieuse  et 
intéressante  la  spontanéité  supposée,  àRou- 

TAILLE  PRÉCOCE  DES  ARBRES 

A propos  de  l’article  de  M.  Tb.  Denis,  le 
savant  directeur  du  jardin  de  la  ville  de 
Lyon,  dans  le  numéro  de  la  llcvue  du  iO  no- 
vembre, page  127,  sur  la  taille  des  prolon- 
gements des  branches  cliarpentières , je  me 
permettrai,  tà  mon  tour,  de  recommander  aux 
lecteurs  de  la  Revue  horticole  la  taille  pré- 
coce de  ions  les  arbres  fruitiers  en  général. 
Plus  les  arbres  seront  vigoureux,  plus  on 
devra  les  tailler  de  bonne  heure,  si  on  veut 
vile  leur  faire  prendre  des  boutons  à fruits. 
Par  ce  procédé,  on  est  toujours  sûr  de  mettre 
à fruit,  même  les  arbres  les  plus  rebelles, 
et  cela  dès  la  seconde  ou  troisième  année 
au  plus  tard,  tandis  qu’avec  la  laille  tardive 
appliquée  à des  arbres  d’une  vigueur  extra- 
ordinaire, comme  sont  en  général  le  Poirier 
et  le  Pommier  greflës  sur  franc,  il  faut  tou- 
jours 7 à 8 ans  au  moins  pour  les  faire 
mettre  à fruit. 

La  taille  précoce,  que,  sans  hésiter,  je 
recommande  aux  hommes  de  progrès,  après 
huit  années  d’expériences  et  d’observations, 
m’a  toujours  donné  d’irrécusables  avan- 
tages sur  la  laille  tardive. 

Je  dirai  la  même  chose  pour  la  taille  pré- 

LE  HÉRISSON  ET 

On  a beaucoup  écrit  sur  le  hérisson;  sur 
le  ver  blanc  on  a presque  tout  dit;  cepen- 
dant, on  nous  permettra  de  citer  un  fait 
qui  nous  paraît  nouveau  et  qui  a trait  à la 
destruction  de  la  larve  en  question. 

Jardinier  càRozoy-en-Multien,  chez  M.  Tor- 
toni,  ayant  affaire  à un  terrain  très-siliceux, 
infesté  de  vers  blancs,  je  remarquai  sur  une 
pelouse  de  gazon,  ainsi  que  dans  d’autres 
endroits,  surtout  au  pied  des  arbustes,  une 
quantité  considérable  de  petits  trous  dont 
j’avais  peine  tà  me  rendre  compte.  Afin  de 
savoir  à quoi  m’en  tenir,  je  m’approchai,  et 
en  examinant  je  vis  une  sorte  d’hécatombe 
de  vers  blancs,  non  entiers  toutefois;  tous 


gemont,  du  Fragaria  mono])hglla,  Duch. 
De  la  lettre  de  M.  Paillot,  il  résulte  encore 
que  le  Fraisier  monopbylle,  que  nous  con- 
servons difficilement  dans  nos  cultures,  se- 
rait au  contraire  rustique  dans  la  localité 
où  cette  plante  croîtrait  spontanément.  Ce 
qui  le  prouve,  c'est  la  petitesse  des  échaii- 
tillons  indiquée  par  M.  Paillot,  diminution 
de  taille  résultant  d’une  sécheresse  trop 
longtemps  prolongée.  Or  pour  le  Fragaria 
monophylla  cultivé,  une  longue  sécheresse 
aurait  inévitablement  amené  un  tout  autre 
résultat  : la  mort  certaine  des  individus  ((ui 
auraient  subi  cette  influence. 

B.  Verlot. 

ERLITIERS  ET  RE  LA  VIGNE. 

coce  de  la  vigne;  je  soutiens  que  plus  une 
vigne  sera  taillée  de  bonne  heure,  plus  elle 
sera  vigoureuse;  elle  donnera  presque  le 
double  de  raisins  de  plus  (pie  par  la  taille 
tardive,  et  elle  sera  moins  exposée  aux  gelées 
tardives  du  printemps. 

Le  meilleur  moment  pour  faire  celle 
taille  est  celui  qui  suit  la  cueillette  des  rai- 
sins, ou  de  suite  après  la  chute  des  feuilles, 
mais  on  ne  doit  jamais  tailler  la  vigne  quand 
il  gèle. 

Déjà,  sur  ma  recommandation,  de  grands 
propriétaires  du  Midi  ont  adopté  la  taille 
précoce  pour  leurs  vignobles,  et  je  suis  cer- 
tain que  bientôt  tous  suivront  leur  exemple, 
car  les  bons  résultats  ne  se  feront  pas  at- 
tendre. R serait  à désirer  que  nos  collègues 
du  Nord  voulussent  bien  faire  des  essais  à 
ce  sujet,  et  rendre  compte  des  résultats 
obtenus.  En  agissant  ainsi,  on  rendrait  en 
même  temps  un  immense  service  à la  vili- 
cullure  française. 

A.  Dumas, 

Jartlinicr  en  chef  à la  fermc-ccolc 
de  Bazin  (Gers), 


ES  VERS  BLANCS. 

les  corps  avaient  disparu,  les  têtes  seules 
jonchaient  le  sol.  Quel  pouvait  être  l’auteur 
de  ce  fait  si  extraordinaire?  Je  n’avais  à ce 
sujet  aucune  idée;  pourtant  i’indinai  à 
croire  que  certains  oiseaux  devaient  y être 
pour  une  très-large  part.  Voulant  m’en 
assurer,  je  fis  le  guet  les  jours  suivants, 
mais  inutilement  : rien  ne  parut,  et  m’étant 
aperçu  que  pendant  la  nuit  le  sacrifice  des 
hannetons  avait  également  lieu,  je  l’allri- 
buai  nalurellement  à des  animaux  noctur- 
nes, et  pour  les  découvrir,  aussitôt  la  nuit 
arrivée,  je  me  munis  d’une  lumière  et  m’iq)- 
prochai  du  lieu;  je  vis  d’abord  une  dizaine 
de  hérissons,  puis  un  très-grand  nombre 


Li:  lli’IlISSON  KT  u:s  VKP.S  HLANCS. 


4^9 


d’aiilres  tellement  occupés  qu’ils  semblaient 
ne  point  me  voir,  et  Ions,  mali^ré  ma  j>cé- 
sence  subite  et  mali^ré  la  lumière  qui  éclai- 
rait la  scène,  n’en  coulinuèrent  pas  moins 
leur  œuvre  de  carnage,  clicrcliant  avec 
avidité  les  vers  blancs  qu’ils  guillotinaient 
aussitôt;  les  larves  disparaissaient  prompte- 
ment sous  la  dent  du  hérisson,  la  tète  seule 
était  respectée  scrupuleusement,  pourquoi? 
Etaient-ils  mus  par  l’amour-propre,  et,  en 
agissant  ainsi,  les  hérissons  clierchaient-iis 
à laisser  une  preuve  de  leur  victoire?  Le 
fait  n’est  pas  probable,  car  alors  pourquoi 
se  cacher  et  pourquoi  seraient-ils  venus  la 
nuit  lorsque  personne  ne  pouvait  être  té- 
moin de  la  bataille.  Il  est  très-probable 
qu  il  n'y  a là  qu’une  alfaire  de  goût.  Les 
hérissons  rejettent  les  tôles  parce  que 


celles-ci  ne  leur  convioment  pas;  voilà 
tout. 

Les  faits  que  je  viens  de  rapporter  sont 
exacts.  Pendant  plusieurs  nuits  j’ai  |)u  les 
taire  constater  à tous  les  habitants  (jui  vou- 
lurent s’en  rendre  témoins. 

Aussi,  la  conclusion  (pie  nous  en  avons 
tirée,  c’est  (pie  le  hérisson  est  un  des  bons 
auxiliaires  des  cultivateurs , puisiju’il  m; 
vit  que  d’iusecles  très-nuisibles, a et  qu’il 
ne  fait  aucun  tort  aux  cultures;  sous  ce  ra|)- 
port  il  est  intiniment  supérieur  à la  laup(‘. 
Celle-ci,  malgré  les  services  qu’elle  peut 
rendre,  cause,  en  jardinage  surtout,  des 
dégâts  tels  que  loin  de  la  protéger  les  jar- 
diniers lui  font  une  guerre  à outrance,  il§ 
ont  raison. 

Jules  Bouiuaaas. 


CHATAIGNIER  A RRANCtlES  FASTIGIÉES. 


Si  les  variétés  sont  beaucoup  moins  nom- 
lireuses  à l’état  dit  sauvage  (pa’à  l’état  de 
culture,  cela  tient  aux  milieux  assurément 
moins  variables  dans  le  premier  cas  que 
dans  le  second.  Cependant  on  ne  doit  pas 
en  conclure  que  les  variétés  n’exisfeni  pas 
à l’état  sauvage;  si  l'on  avait  mieux  observé 
on  en  aurait  trouvé  sans  doute  plus  d’exem- 
ples qu’on  ne  pense. 

Je  n’ai  jamais  parcouru  un  bois  sans  ren- 
contrer la  preuve  du  fait  que  j'avance,  sans 
l'emanpier,  à côté  de  ce  qu’on  nomme  tjipe 
ou  espèce^  un  certain  nombre  d’individus 
qui  s’y  rattachaient  par  des  caractères  com- 
muns, mais  qui  s’en  éloignaient  par  des  ca- 
ractères particuliers  : c’étaient  donc  des 
variétés.  Parmi  les  très-nombreux  exemples 
qui  m’ont  frappé,  je  n’en  citerai  (pi’un;  il 
est  remarquable,  et  porte  sur  le  Châtaignier 
commun.  C’est  une  variété  à branches  dres- 
sées-fastigiées  comme  le  sont  celles  du  Pn- 
puliis  fasligiatay  vulgairement  Peuplier  d’I- 


talie, ou  du  Robinier  pyramidal  {Pxohmia 
pyramidütn).  J’ai  rencontré  celte  variété 
curieuse,  dans  un  bois  aux  environs  de  Ver- 
sailles il  y a environ  une  dizaine  d’anné(‘s; 
depuis  cette  époque  j’en  multiplie  chaijiie 
année  un  certain  nondjre  de  pieds.  Elle  est 
très-vigoureuse  et  ses  feuilles,  peut-être  un 
peu  plus  étroites  (pie  celles  du  type,  sont 
d’ailleurs  semblables  pour  tout  le  rest(‘. 
Quant  aux  fruits,  ils  ne  diffèrent  pas  de 
ceux  du  Châtaignier  commun;  jusqu’à  pré- 
sent ceux  que  j’ai  récoltés  ont  toujours  été 
mauvais;  aussi  je  ne  puis  dire  si  celte  va- 
riévtô  se  reproduira  par  graines. 

Quoiqu’il  en  soit,leCliâlaignier  à branches 
fastigiées  (Caslanea  fasligiala)  est  une 
forme  très-intéressante  et  très-jolie,  dont  je 
crois  devoir  recommander  la  culture.  Planté 
isolément,  il  produit  par  son  port  et  par  son 
feuillage  un  e!-ïet  charmant. 

Briot. 


ANTHURIUM  REGAUE. 


VAutliuriam  rcfialc,  Linden  (fig.  50), 
est  une  des  remaiaïuables  nouveautés  (pii 
ont  figuré  à la  dernière  Exposition  interna- 
lioiiale  de  Londres;  cette  espèce  rentre 
dans  la  section  nommée  cordaîa  établie  par 
M.  Lemaire,  et  s’y  range  â côté  des  A.  leii- 
roaninnn,  Lindigil  et  magntftcum\  tous 
végétaux  de  mérite  supérieur  dans  les  cul- 
tures de  serre  chaude. 

Nous  avons  vu  celle  superbe  Àroïdée 
pour  la  première  fois  à Londres,  au  prin- 
temps dernier,  dans  le  lot  qui  a valu  à 
M.  Linden  la  médaille  d’honneur,  et  bien 
qu’à  la  première  inspection  il  eût  étéhicile 
de  reconnaître  une  plante  d’avenir,  on  ne 

1 Voir  Revue  horliroJe,  l86o,  pn«-p  372.  . 


pouvait  la  supposer  aussi  belle  qu’elle  l’est 
réellement.  Au  mois  d’août  dernier,  M.  Lin- 
den envoya  son  pied  mère  â l’Exposition  du 
Pré-Cateiaii.  Il  avait  grandi  d’une  manière 
surprenante  depuis  le  printemps,  et  c’est 
sur  ces  dimensions  nouvelles  et  plus  près 
de  la  taille  normale  que  nous  avons  pu 
compléter  notre  première  description. 

C’est  à M.  Wallis,  collecteur  de  M.  Linden, 
dans  les  provinces  brésiliennes,  que  nous 
devons  l’introduction  de  cette  belle  espèce. 
Il  la  rencontra,  a-t-il  écrit  lui-même, 
« dans  les  gorges  profandes  et  obscures  qui 
sillonnent  le  versant  oriental  de  la  Cordillère 
)Ȏruvienne,  vers  les  rives  du  haut  Maranon 
(fleuve  des  Amazones).  » 

VAatharium  regale  est  une  plante 


i70 


ANTHUHIllM  UEGAI.E. 


acaiilo,  à soiiclio  pourvue  d’écaillcs  embras- 
santes brun-roiii^e,  acuminées-aicfuës.  De 
ces  écailles  sortent  les  pétioles,  liants  do 
0‘".75,  dressés,  cylindriques,  dilatés-clavi- 
formes,  d’iin  rou^e  violacé  vineux  et  ponctui's 
de  blanc  à la  base,  décroissant  et  passant  an 
gris  et  au  vert  pfde  au  sommet.  Au  sommet, 
du  pétiole,  une  arti- 
culation cylindri- 
que, penebée  d’a- 
bord de  manière  à 
renverser  le  limbe  de 
la  feuille  et  à le  main- 
tenir presque  paral- 
lèle à la  verticale  du 
pétiole,  se  redresse 
et  porte  oblique- 
ment, à peu  près  à 
angle  aigu,  la  feuille 
adulte  qu’il  entraîne 
avec  lui.  • 

Le  limbe,  long  de 
(c’est  la  plus 
longue  feuille  que 
nousayons  mesurée), 
large  de  0‘".^25,  est 
ovale-oblong,  forte- 
ment cordiforme, 
longuement  acuminé 
aigu,  à pointe  allon- 
gée, latéralement  re- 
courbée. Sa  surface 
est  un  peu  ondulée; 
elle  est  parcourue 
pardes  nervures  sail- 
lantes, blanches,  sa- 
tinées en  dessus,  toutes  insérées  sur  le 
point  d’insertion  du  pétiole  et  divergentes, 
puis  se  réunissant  à la  périphérie;  en 
dessous  elles  sont  d’un  rose  vineux  uni- 
forme, surtout  dans  le  jeune  âge.  La  surface 
du  limbe  est  primitivement  d’un  rouge 
vineux  foncé,  passant  au  marron,  au  vert 
tendre  et  finalement  au  vert  émeraude  satiné 
à reflets  plus  foncés,  réticulé  plus  pâle.  Le 
dessous  est  à demi  transparent,  d’une 


nuance  moins  vive,  d’un  rose  satiné  uni- 
forme, d’une  délicatesse  de  Ion  remarjpia- 
ble.  On  ne  saurait  rendre,  ni  par  la  plume 
ni  par  le  pinceau,  celte  imperceptible  gra- 
jiulalion  (pii  miroite  comme  autant  de  fa- 
celles  minuscules  et  diamantées.  La  nature 
a de  ces  arrangements  merveilleux,  de  ces 
teintes  intraduisi- 
bles, que  l’homme 
doit  renoncer  à 
peindre. 

Nous  n’avons  pu 
voir  encore  les  Heurs 
de  cette  belle  espèce. 

Nous  considérons 
VAnlliiirium  rcgale 
connue  une  îles 
meilleures  inq.or- 
tations  de  ces  der- 
nières années.  C’est 
une  plante  digne  de 
l’épitliète  de  royale 
que  lui  a décernée 
M.  Linden,  et  dans 
Cette  riche  famille 
des  Aroïdées  qui  rem- 
plit, depuis  quel- 
ques années,  nos 
cultures  d’espèces 
hors  ligne,  elle  tien,- 
dra  hautement  sa 
place. 

Elle  rentre,  com- 
me culture,  dans  la 
tribu  de  ses  congé- 
nères à longs  pétio- 
les et  à lindje  de  forme  cordée.  De  la  cha- 
leur, de  l’humidité,  pour  favoriser  le  déve- 
loppement extérieur  des  nombreuses  racines 
qui  courent  sur  la  surface  du  pot,  un  bon 
compost  de  terre  de  bruyère  riche,  ron.ssc, 
mélangée  de  quelques  morceaux  de  char- 
hon;  des  pots  fortement  drainés,  telles  sont 
les  conditions  dans  lesquelles  nous  l’avons 
vu  cultiver  avec  succès. 

Ed.  André. 


Fig.  5G.  — Aiitlmriiim  rcgalc. 


CLERODËNDRON  RbNGEI. 


Peu  de  plantes  sont  plus  méritantes  que 
celle-ci.  Pourtant,  quoique  introduit  de- 
puis un  certain  nombre  d’années,  c’est  à 
peine  si  le  Cleroûcndron  Bungei  est  connu. 
E’est  donc  afin  non  de  le  réhabiliter  (car 
il  n’en  a pas  besoin),  mais  pour  le  faire 
connaître  davantage  et  le  recommander 
d’une  manière  spéciale,  que  nous  en  avons 
fait  faire  une  gravure  coloriée.  Voici  les  ca- 
ractères qu’il  présente  : 

Plante  très-vigoureuse  à peine  sous-fru- 
tescente à Paris,  où  ses  pousses  sont  chaque 
année  détruites  par  le  froid,  très-traçnnie, 
bien  que  pivotant  très-profondément,  ’figes  | 


nombreuses,  atteignant  jusqu’à  de 

liauteur,  à écorce  vert-brunâtre,  parsemée 
de  lenticelles  grises,  saillantes.  Feuilles  pé- 
tiolées  opposées-décussées,  dégageant  lors- 
qu’on les  touche  une  odeur  désagréable 
qui  rappelle  celle  du  Sureau-Yèble,  épais- 
ses, roides,  scabres,  largement  cordifor- 
mes,  fortement  dentées,  d’un  vert  très-foncé 
en  dessus,  plus  pâle  en  dessous,  où  les  ner- 
vures très-saillantes,  violettes,  portent  des 
poils  étalés,  portées  sur  un  pétiole  d’environ 
K)  centimètres,  gros,  brun,  largement  ca- 
naliculé. 

i f’ieui's  agréablement  odorantes,  très-nom- 


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Kapliohiis  rail  (lai  MS 


CLERODENEKON  BllNREf. 


471 


breiises,  réunies  au  sommet  des  liourgeons 
ou  liges  annuelles  où  elles  constituent  des 
sortes  d’ombelles  légèrement  bombées  qui 
atteignent  jusqu’à  ^0  centimètres  de  diamè- 
tre, (Vuii  rose  l'oncé  vif  ou  plutôt  rouge.  Co- 
rolle très-longuement  tubulée,  à tube  petit, 
presque  filiforme,  s’élargissant  au  som- 
met et  formant  une  sorte  d’étoile  à 5 divi- 
sions très-étaiées,  distantes,  étroites,  arron- 
dies-obtuses  au  sommet,  à bords  s’enrou- 
lant en  dessous.  Ktamines  d,  longuement 
saillantes,  à filets  blancs,  entourant  un 
style  à peu  près  de  même  longueur  (ju’elles. 

*^Le  ('Jenulctuh'nn  Ihiugei  est  très-llori- 
boml,  il  lleuril  (bqniis  juillet  jusqu’à  ce  qu’il 
gèle,  on  peut  dire,  car  il  développe  con- 
stamment de  nouvelles  pousses  qui  se  ter- 
minent par  une  ombelle  de  fleurs,  (’/est  une 
très-belle  et  bonne  plante,  très-propre  à 
garnir  des  rocailles  ou  des  fourrés,  parce 

LK  HÂDIS 

Dans  la  salle  réservée  aux  Orchidées  et 
aux  plantes  d’introduction  récente,  à l’Ex- 
position internationale  d’horticulture  de 
Londres,  on  lisait  sur  une  énorme  pan- 
carte : 

P.AT  TAIIED  r.ADISH 
{FUiili!^  (J  U eue  de  ral). 

« El,  — toujours  dans  la  langue  de  Shakes- 
peare, — ce  n’est  pas  la  racine  de  celte  espèce 
(pic  Ton  mange,  mais  les  gousses  à graines, 
(pii  ont  la  saveur  d’un  liadis.  Ces  gousses  crois- 
sent d'environ  trois  jioiires  dans  une  seule  nuit. 
I.a  plante  entière  atteint  trois  ou  quatre  pieds 
de  hauteur.  Elle  réussit  admirablement  en  plein 
air,  dans  notre  pays. 

Le  Radis  à queue  des  Anglais,  que  nous 
nommerons  plus  euplioniquement  Radis 
serpent,  est  connu  depuis  longtemps  des 
botanistes  sous  le  nom  de  Raphanus  cau- 
dalus.  C’est  une  plante  décrite  par  Linné 
lils  et  même  figurée  dans  le  premier  fasci- 
cule des  Plantes  rares  du  jardin  d’Upsal, 
{Plantanm  rariarum  horli  Upsalicnsis 
fasciculus  primas).  Elle  est  originaire  de 
Java,  où  elle  porte  le  nom  de  Mougri.  Dans 
ces  contrées,  ses  siiiques  sont,  en  elfet, 
mangées  crues  ou  confites  par  les  Java- 
nais. 

M.  AYilliamBull  a donc  mis  en  vente  une 
plante  déjà  connue,  au  moins  par  sa  des- 
cription et  ses  usages.  Nous  ajouterons 
qu’elle  n’est  pas  nouvelle  en  Angleterre. 
Ln  amateur  anglais,  ^J.  AVilliam  Masters, 
de  Canterbury,  raconte  que,  dans  son  en-- 
fance,  on  cultivait  celte  espèce  dans  le 
Royaume-Uni  sous  le  nom  de  Radis  en  ar- 
bre de  Java.  Elle  fut,  selon  lui,  introduite 
en  Angleterre  en  1815  ou  18 IC,  dans  la 
période  de  repos  qui  succéda  aux  longues 
guerres  de  ces  époques,  et  depuis,  elle  dis- 
parut peu  à peu  des  collections. 


qu’alors  la  propriété  Iracanle  qui  esl  parfois 
un  mal  est  nubien;  ib*  plus,  il  pi'éseiile  l’a- 
vantage de  pousser  (d,  de  lleiinr  à l’ombre. 
.Sa  culture  est  des  plus  faciles,  imis([u’il  n’en 
réclame  aucune  en  (piel([ue  sorle;  ceptm- 
dant,  ([iioi  ([u’en  disent  certaimxs  pt'csonnes, 
il  aime  l’huinidilé,  et  s’il  suppui  le  la  grande 
sécheresse,  ce  n’est  pas  sans  eu  suulViir,  car 
ses  feuilles  restent  petites,  se  fanent  et 
tombent,  et  les  liges,  alors  Irès-m  ligres,  ne 
lleurissenl  même  pas. 

Celte  plante  n’est  pas  préciséimml  rus- 
li([ue;  àUaris,  elle  gèle  à peu  près  Ions  les 
hivers,  mais  comme  ses  racines  >’tîiifüiicent 
très-profondément  cl  ([u’elles  ont  an  pins 
haut  degré  la  propriélé  d’émciire  (h‘s  bour- 
geons, elles  repoussent  Ions  les  pi-iiihnnps. 
Quant  à sa  multiplication,  on  ii'a  |>as  à s’(mi 
occuper;  elle  se  fait  d’elle-même. 

E.  A.  EAi'.raèuE. 

SERPENT. 

Dans  ces  dernières  années,  le  Radis  ser- 
pent était  tout  à fait  perdu  ou  ignoré.  Un 
instant,  M.  Courlois-Cérard,  lurticulteur 
distingué  de  Paris,  crut  l’avoir  rencontré  en 
Pxosse.  Il  se  promenait,  un  beau  jour  de 
l’année  1858,  dans  le  jardin  bolaiiique 
d’Edimbourg,  en  compagnie  du  directeur, 
M.  Mac  Nab.  Une  forme  étrange  de  plante 
légumière  le  frappa;  c’était  un  Radis  à lon- 
gues siiiques  ([u’il  n’avait  jamais  vu.  « G’esl 
le  Raphanus  caudatus  , lui  dit  M.  Mac  Nab, 
je  l’ai  reçu  dernièrement  de  Madras,  et  j’en 
liens  volontiers  des  graines  à voire  disposi- 
tion. » 

Peu  après  son  retour  à Paiis , M.  Gour- 
tois-Gérard  mettait  la  plante  en  vente  sons 
le  nom  de  « Radis  de  Madras  » ou  de  R. 
caudatus.  Elle  fut  chaudement  recomman- 
dée; la  Revue  horiicoleen  donna  une  figure 
en  1859,  et  M.  Duchartre  publia  sur  elle, 
dans  le  Bulletin  de  la  Sociélê  impériale  et 
centrale  d'Iiorliculture^  une  note  où  il  dé- 
montrait clairement  qu’on  avait  allaire  la  a 
tout  autre  chose  qu’au  R.  caudatus  de  Lin- 
né fils. 

Cependant  M.  Gourtois-Gérard  persista  à 
conserver  à sa  plante  le  nom  inimitif  que 
lui  avait  attribué,  par  erreur,  M.  Mac  Nab. 
Au  mois  de  mai  dernier,  il  vit  à Londres,  avec 
nous,  le  Radis  deM.AV.  Bull,  et  an  imtour  il 
persista  à croire  que  sa  plante  Ini  était  iden- 
tique, en  se  fondant  sur  ce  (pie  les  échan- 
tillons de  M.  Bull  avaient  une  tige  simple 
((  parce  qu’ils  avaient  été  élevés  en  serre.  » 

Nous  avons  semé  un  paipiet  de  celle 
graine  que  nous  a obligeamment  commu- 
niqué M.  Gourtois-Gérard.  Nous  avons  es- 
sayé les  plantes  ({ni  en  sont  issues  soit  en 
serre,  soit  en  plein  air;  dans  rnn  et  l’autre 
cas,  elles  nous  ont  donné  tout  anire  chose 


M<  RADIS 

que  la  plnDle  de  LfwidroF.  C’élail  lum  le 
Iladis  de  Madras,  dessiné  dans  la  Rcuio  de 
J avec  scs  liges  Irès-rameuses  el  ses 
siliijues  dressées^  ne  dépassant  [as  qninze 
cenlimèlres  environ.  En  un  mol,  soit  par  ses 
rai  artères,  soit  par  sa  grosse  racine  napi- 
loin.e,  creuse,  blanclie,  soit  par  ses  grandes 
iénilles  un  peu  poilues  et  moins  découpées, 
le  Radis  de  Madras  s’est  révélé  à nous  comme 
une  simple  variélé  de  Rvadis  cultivé. 

Le  Ruphanus  cavdaîvs,  au  conlraire,  se 
distingue  par  son  port  dressé,  peu  rameux, 
atteignant  environ  quatre-vingts  centimètres 
de  liauteur  (nous  parlons  du  moins  des  spé- 
cimens qui  ont  servi  à cette  description). 

J a racine  est  annuelle,  i)eii  développée, 
fusiforme. 

l.a  tige,  qui  est  d’abord  dressée,  puis 
couchée,  au  dire  de  Linné  tils,  était  sou- 
tenue, sur  les  plantes  de  Londres,  [>ar  de 
légers  tuteurs;  elle  est  arrondie,  striée, 
glabre,  relativement  grêle,  c’est-à-dire  ne 
dépassant  j as  la  grosseur  d’une  plume  d’oie. 
Elle  portait  des  feuilles  alternes,  étalées, 
péliolées,  les  inférieures  lobées-lyrées,  à 
lobes  arrondis,  celles  de  la  tige  et  du  som- 
met surtout  lancéolées-aiguës,  grossière- 
ment lobées-dentées,  scrrulées,  glabres, 
veinées,  décurrentes  en  un  pétiole  court, 
creusé  en  gouttière. 

L’inllorescence,  formant  un  petit  corymbe 
terminal  qui  devient  une  grappe  en  s’allon- 
geant, portait  des  fleurs  à calyce  dressé, 
comprimé,  glabre,  purpurescent  à la  base, 
à sépales  allongés,  entiers,  très-obtus,  ca- 
naliculés,  deux  opposés  gibbeux  à la  base, 
l a corolle,  à quatre  pétales  en  croix,  avec 
onglet^  un  peu  plus  court  que  le  calyce, 
s'éialait  en  limbe  plan,  obscordé,  oblus, 
enliers,  blanc  veiné  de  pourpre.  Les  éta- 
mines, plus  courtes  que  les  oiiglels,  avaient 
deux  de  leui-s  filets  o}>posés  filiformes, 
(bxssés,  blancs,  plus  courts  encore  que  les 
auties.  Le  stigmate  capité,  jaune,  sessile, 
surmontait  un  ovaire  linéaire,  courbe, 
glabre. 

Les  fruits  alternes,  insérés  sur  plus  d’un 
tiers  de  la  partie  supérieuie  de  la  plante, 
longs  de  0"‘.00  à G"'. 1)0,  de  G»>.0i5  de  dia- 
mètre au  sommet,  ofliaient  l’aspect  de  ser- 
pents tordus,  ou  des  jeunes  fruits  du  Tri- 
cliosantbe  couleuvre  {Trichosanihes  colu- 
hrwd).  Le  caractère  saillant  indiqué  par 
Linné  fils  ((  plus  longs  que  la  plante  tout 
entière  » {(ofâ ])lantâ  loiigioribtis),  se  repro- 
duisait parfaitement  ici.  Leur  forme  était 
cylindrique,  tourmentée,  un  peu  renflée 
en  articles  inégaux  aux  endroits  où  se  trou- 
vaient des  graines  fertiles.  Ils  allaient  peu  à 
peu  s’pincissant  jusqu’à  finir,  à leur  ex- 
tiamiite,  en  pointe  allongée  comme  une 
queue  de  rat  (d’où  leur  nom  anglais).  D’a- 
boid  colorés  en  rouge  violacé  ou  vineux  à 
la  partie  supérieure,  surtout  du  ecMé  du  so- 


SF.nPRNT. 

leil,  cette  teinte  allait  successivement  se 
fondre  dans  une  nuance  vei t tendre  iden- 
ti(iue  avec  la  tonalité  générale  de  la  plante; 
elle  ne  reparaissait  que  çà  ,et  là,  en  stries 
inégales,  soit  sur  diverses  parties  de  la  si- 
lique,  Soit  au  collet  de  la  racine,  soit  même 
a la  base  des  pétioles  ou  des  [lédicelles.  En 
anneau  rouge  foncé  entourait  la  base  du 
fruit  à son  insertion  sur  le  pédicelle  renflé. 

Des  loges  en  nombre  indéterminé,  trans- 
versalement cloisonnées  par  une  membrane 
blanche,  contenaient  chacune  une  graine 
oblongue,  glabre,  rouge  brique,  de  la  forme 
environ  et  de  la  grosseur  des  graines  de 
nos  radis  cultivés. 

Nous  avons  dit  que  le  principal  mérite 
de  la  plante,  en  dehors  de  sa  fructification 
bizarre,  résidait  dans  l’usage  de  ses  longues 
siliques  herbacées.  On  peut,  cela  est  vrai, 
les  manger  crues  coupées  par  morceaux,  en 
guise  de  hors-d’œuvre  et  de  condiment,  à 
l’instar  de  nos  radis  roses,  dont  elles  ont  la 
saveur  et  le  piquant. 

A Java,  le  Mougri  est  une  préparation  de 
ces  mêmes  siliques,  confises  probablement 
dans  le  vinaigre.  Nous  avons  également  en- 
tendu dire  qu’en  Angleterre,  il  y a cinquante 
ans,  alors  que  l’on  cultivait  celte  nouvelle 
plante,  on  en  relirait  le  jus  par  la  pression, 
et  que  c’était  une  sauce  excellente  {very 
palatable  juice).  A cette  époque  même,  on 
avait  rencontré  dans  les  semis  du  Radis  de 
Java  des  variétés  dont  les  racines  prenaient 
un  peu  la  forme  de  la  variété  de  Navels 
nommée  Tanlard,  avec  une  teinte  rouge  au 
collet,  blanc  pur  au-dessous;  d’autres  à ra- 
cines tout  à fait  irrégulières  dans  leur  forme, 
souvent  ovoïdes,  à saveur  voisine  d’un  Navet 
plus  que  d’un  Radis,  tout  au  plus  bonne  à 
ajouter  à la  salade. 

D’où  venaient  ces ‘variations  si  rapides? 
Les  plantes  introduites  n’avaient-elles  pas 
joué  avec  des  congénères  la  première  année 
même  de  leur  lloraison?  Qu’aurions-nous 
maintenant  dans  nos  cultures,  si  ces  plantes 
ne  s’étaient  pas  perdues  et  si  on  avait  j)u 
les  mélanger  à nos  autres  variétés  anciennes 
de  Radis?  Il  n’est  pas  permis  de  rienconjec- 
turer  là-dessus. 

Nous  disons  anciennes,  car,  en  vérité, 
peu  de  légumes  remontent  plus  haut  que 
les  Radis  cultivés.  Les  Grecs,  au  dire  de 
Théophraste,  Dioscoride  et  Galien,  les  te- 
naient en  haute  estime,  tellement  que  les 
adorateurs  d’Appolon  lui  faisaient  des  of- 
frandes de  Radis  dans  des  plats  d’or.  Pour 
les  Navels,  c’était  assez  d’un  vase  de  plomb, 
et  les  Betteraves  seules  se  présentaient  sur 
des  plats  d’argent.  Même  il  paraît  que  la 
supériorité  de  culture  des  anciens  sur  nos 
procédés  modernes  était  considérable,  si 
l’on  en  croit  Tragus,  qui  parle  de  Radis  de 
40  livres,  Amalus  de  00,  et  Matbiole  de  10(1 
livres  chaque,  Une  pareille  racine  suftirail 


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HcviAC  Horiic<yle 


F.  Yerna  PimF 


hnp  Zanote  r.  des  Boulangers ,15  Pans 


ClerodendruiTi 


Bunuel 


M-:  l'.AniS  i'KI’.l'KiNT. 


(le  linrs-(r(«'iivro  à toiile  une  armpe.  Open- 
(laiil  il  est  permis  Je  croire  ipie  nos  gour- 
mets, — si  ces  dimensions  sont  possilJes, 
ce  qui  est  au  moins  douteux,  — prélère- 
raient  au  moins  une  douzaine  de  nos  fladis 
pesant  quelques  grammes  [lièce,  à une 
tranche  de  ces  racines-mouslrcs. 

Gérarde,  (|ui  ilécrivait  les  espèces  de  Ra- 
dis cultivés  au  temps  de  la  reine  Elisabeth, 
en  mentionne  4 espèces,  dont  la  première 
est  probablement  la  souche  de  nos  petits 
Radis  fusiformes.  La  seconde,  qu’il  appelle 
le  pciit  lUidis  dm  jurdins , paraît  être 
l’origine  de  nos  petits  Navets  blancs  de 
Meaux,  de  Ereneuse,  etc.  La  troisième  est 
une  espèce  de  grosse  racine  comme  notre 
Chou-Navet, sans  équivalent  aujourd’hui,  et 
le  quatrième  enlin  pourrait  bien  être  le  Ra- 
dis noir  d’Espagne. 

A OÜOI  SONT  Dl] 

Cette  question,  comme  toutes  ceRes  qui 
touchent  à l’essence,  c’est-à-dire  au  prin- 
cipe des  choses,  si  elle  n’est  pas  insoluble, 
est  du  moins  de  celles  qu’on  ne  peut 
résoudre  que  relativement,  ou,  plutôt, 
hypothétiquement.  Toutefois,  comme  l’im- 
portant ici  est  la  constatation  d’un  fait 
(pd  est  indépendant  de  la  solution  absolue 
de  la  question,  concernant  la  cause  des 
odeurs,  et  que,  d’ailleurs  celle-ci  n’est 
que  secondaire,  nous  allons  supposer 
(pi’elle  est  due  à un  groupement  particu- 
lier des  molécules,  fait,  du  reste,  que  l’ob- 
servation semble  démontrer  comme  vrai. 
Cette  digression,  en  apparence  étrangère 
au  sujet  que  npus  allons  traiter,  nous  a 
parue  au  contraire  nécessaire;  c’est  une 
sorte  d’avant-propos  qui  facilitera  son  ex- 
plication. 

Les  cultivateurs  d’Orcliidées  connaissent 
une  petite  espèce  (VOncidiu)ii,  VOncidinm 
ornilhonjncinun.  Cette  espèce,  excessive- 
ment tloribonde  et  très-ornementale,  pro- 
duit un  bel  effet  par  ses  myriades  de  peti- 
tes fleurs  violettes  ou  roses  lie  de  vin, 
un  peu  tiquetées,  disposées  en  panicules 
d’une  extrême  légèreté.  Malheureusement 
ses  fleurs  répandent  une  odeur  forte,  telle- 

I.E  CONGRÈS  POMOLOGIQUE  ET  L 

J’ai  avancé  que  le  Congrès  ne  saurait  ar- 
river à reconnaître,  par  conséquent,  à dé- 
nommer et  à décrire,  avec  certitude,  les 
variétés  de  certaines  espèces,  s’il  n’étudiait 
pas  directement  ces  mêmes  variétés  pen- 
dant l’époque  de  leur  maturité. 

Pour  prouver  cette  assertion,  il  serait  trop 
long  de  passer  en  revue  toutes  les  espèces 

< Voir  Rev.  hori-,  1860,  pngo  m. 


.^7  T 

Tout  cela  est  fort  éloigné  du  liaphauus 
caaihihis,  (pii  nous  paraît  une  plante  bien 
distincte,  avec  de  giaudes  chances  pour  être 
une  bonne  espèce,  botaniipiement  parlant. 

Nous  ne  préconisons  pas  la  plante  comme 
un  légume  de  pi’omier  ordre,  mais  telle 
(pi’elle  est,  c’est  un  ap[)oinl  au  }»olager  (pi’il 
ne  faut  [las  dédaigner. 

Le  Radis  seiqient  ne  détrônera  pas  nos 
Radis  ronds  à un  sou  la  holle,  mais  son  uti- 
lité, jointe  à sa  bizarrerie  de  forme  et  à sa 
facile  culture,  lui  ouviiront  d’autaut  mieux 
l’accès  du  jardin  (jue  le  prix  de  1 * ‘iô  la 
graine,  qui  a permis  à M.  Rull  de  réaliser 
un  joli  bénéfice,  sera  bientôt  descendu  à 
50  centimes  le  pa(paet. 

Ed.  An due. 


ES  LES  ODEURS? 

ment  désagréable  que  lorsqu’on  entre  dans 
une  serre  où  il  y en  a un  [ded  en  fleurs  on 
est  tenté  de  reculer. 

En  prenant  pour  titre  de  cet  article  : « A 
quoi  sont  dues  les  odeurs,  » nous  voulions 
surtout  appeler  l’attention  sur  une  variété  (?) 
de  cette  même  plante  dont  les  fleurs,  au 
contraire,  répandent  une  odeur  suave  des 
plus  agréables.  En  écrivant  ci  dessus  le  niid 
variété,  nous  avons  du  mettre  un  point  de 
doute,  par  cette  raison  que  nous  doutons 
que  ce  soit  là  une  variété.  Nous  ne  préten- 
dons pas  dire  non  plus  ([ue  les  deux  plantes 
soient  les  mêmes,  nous  voulons  seulement 
faire  remarquer  (pi’ellcs  sont  tellement 
semblables  qu’on  ne  peut  gu(‘re  les  distin- 
guer que  lorsqu’elles  sont  en  fleurs,  aux 
odeurs  si  diverses  qu’elles  répandent. 

Au  point  de  vue  commercial,  c’est  drme 
une  question  de  bonne  foi;  car  rien  n est 
plus  facile  que  de  vendre  l’une  pour  l’autre. 
Aussi,  ceux  qui  connaissent  cette  particula- 
rité, lorsqu’ils  achètent  VOuciditnn  orui- 
thoryurkum,  ont  toujours  soin  de  dire  au 
marchand  : « Surtout  ne  nous  donnez  pas 
celle  qui  seul  mauvais  — pour  ne  pas  dire 
autre  chose.  ^ 

E.-Â.  CAr.mÈP.E. 

■s  TRAVAILLEURS  HORTICOLES  ‘ 

de  fruits  ; je  m’en  tiendrai  aux  Cerises,  en 
avouant  toutefois  que  cette  espèce  est  celle 
qui  offre  le  plus  de  difficultés,  soit  parce 
que  la  culture  des  diverses  variétés  est  sui- 
lout  locale  ; soit  parc()  que  l’élude  de  ce 
genre  a été  Irès-négligée. 

" Pendant  qu’en  Angleterre,  pendant  qu  en 
Allemagne  surtout,  des  éludes  récentes  et 
des  traités  estimés  ont  mis  eu  relief  le  Ceri- 


i74 


LE  C()N(;RÉS  PüMOLOEIOUI-:  et  les  tlavailleiiis 


nnimcoLKS. 


sier  et  ses  variétés,  nous  en  sommes  restés 
en  France,  aux  travaux  de  Duhamel  et  de 
le  Berryais.  Il  résulte  de  cet  ahafulon  une 
synonymie  ou  |)lulùt  une  dénomination  tel- 
lement contradictoire,  une  confusion  (elle- 
ment  eni-ayante,  que,  à moins  d’avoii’  clier- 
clié  soi-méme  à débrouiller  ce  chaos,  il  est 
impossible  de  s’en  former  une  idée. 

_ Ainsi,  il  n’est  pas  une  Cerise  jiroprement 
dite  qui  n’ait  reçu,  cpielque  part,  le  nom 
d' Anglaise  ou  de  Monlmoreiin/  \ souvent 
même,  suivant  les  localités,  les  deux  noms 
sont  attribués  à une  même  variété;  on  di- 
rait (jue  ces  deux  dénominations  disjiensent 
de  tontes  les  autres! 

•le  dois  ajouter  cependant  que,  dans  le 
midi  de  la  T rance,  tonies  les  Cerises  propre- 
ment dites,  c’est-à-dire  à fruits  ronds,  et  à 
suc  plus  ou  moins  acidulé,  sont  englobées 
sous  le  terme  géiiéricpie  de  Griottes  '. 

Quand  donc  je  trouve  dans  le  catalogue 
général  de  tous  les  fruits  adoptés  i)ar  le 
(mngrès  pomologique  de  Fratice,  la  Cerise 
de  Montmorencij,  je  me  demande  laquelle? 

Je  ne  mels  j)as  en  donle  (pie,  lorsipie 
cette  variété,  ou  mieux  ce  nom  a été  mis 
aux  voix,  il  n’ait  réuni  tous  les  suliVages;  il 
est  entendu  que  la  Cerise  de  Montmorency 
doit  être  un  excellent  fruit;  mais  je  suis 
certain  aussi  que,  si  chaque  votant  eut  pu 
produire  le  fruit  qu’il  av.iit  en  vue,  il  serait 
ressorti  de  cette  exhihilion  une  très-respec- 
table collection  de  variétés  de  Cerises. 

En  delmrs  des  Iruits  faussement  dénom- 
mes, il  existe  réellement  plusieurs  variétés 
de  Montmorency;  je  connais  une  Cerise  de 
Montmorennj  à coinie  -qaeae  ((pii  n’est  pas 
le  Gros  Gobet);  une  Cerise  de  Montmorency 
à tonc/ue  queue;  une  Cerise  intermédiaire 
dite  Montnuirency  ordinaire,  qui  mûrit  vers 
le  milieu  de  juin,  et  non  en  juillet. 

_ Le  catalogue  fait  suivre  le  nom  de  Ce- 
rise de  Montmorency  de  la  notice  suivante  : 

« (espèce  ancienne).  Ce  fruit,  gros,  rouge 
foncé,  doué  d’un  acide  fin,  prononcé,  très- 
bon,  mûrit  en  juillet;  l’arbre,  très-fertile, 
s’élève  sous  toutes  formes.  » 

Ces  renseignements  ne  sont  pas  compro- 
mettants ; mais  lorsqu’il  s’agira  d’arriver  à 
une  description  sérieuse,  il  faudra  bien 
alors  sortir  de  ce  vague,  et  il  ne  sera  pos- 
sible de  spécilier  positivement  ce  que  l’on 
entend  par  Cerise  de  Montmorency  qu’a- 
près  avoir  étudié  et  comparé  les  fruits  et 
même  les  arbres. 

J’en  (lirai  autant  pour  les  Cerises  anglai- 
ses ; j’ai  reçu  sous  ce  nom  plus  de  vingt  va- 
ri('les  ti'ès-ilistinctes ; et  une  demi-douz liiie 
au  moins  sous  le  nom  .‘^pécitiipie  de  An- 
glaise liâlire;  vir,  h‘  cilalogne,  du  (ànigrès 
fait  Anglaise  liâlire,  Duc  dé  Mai  (May-l)iike 
des  Anglais),  synonymes  de  noyale  tiàiice. 
Je  demamh'rai  encore  : (pielle  ('sl  cclli' 
Loyale  hâtive?  ’ 


•le  connais  une  (mrise  qui  mûrit  lin  (!•■ 
mai  ou  commencement  do  juin;  les  Ani;l;iis 
la  nomment  Duc  de  Mai,  nous  l’aiipeldiis 
communément  en  Krancc  Anqtaise  fiàlirr- 
un  des  caractères  saillants  de  'celle  variété’ 
est  d’arriver  à la  cipilenr  noire,  à l’iexlr'ètné 
iLatuiité.  Je  connais  encore  une  autre  (b;- 
lise  (pli  mûrit  ilix  a r[uinzo  j(jurs  après  la 
première;  les  Anglais  la  mnnmeiit  Doqul 
Duke;  en  France  elle  est  généralement  con- 
nue sous  le  nom  de  lioyale  tiâlire  - ell(> 
passe  du  rouge  vif  au  ronge  foncé,  mais 
sans  jamais  arriver  au  noir;  ces  denx 
fruils  constituent  deux  variétés  de  premier 
mérite,  (pi’il  est  impossible  de  confondr.'. 
Quelle  est  la  variété  (pi’indiqiie  le  catalo- 
gue du  Congrès?  ou  pliilût  le  cataloen.' 
ne  commet-il  pas  une  erreur  manifeste' en 
laisant  Duc  de  Mai, Anglaise  hâtive  et  Boyali’ 
hâtive  synonvmes?  Boberl  Iloi^g  va  réiiuii- 
dre:  ""  ‘ 

i(  May  grosse,  airomlie,  inclina:!l  à 
1 aplatissement  ; peau  d’abord  d’un  beau 
longe,  [uiis  devenant  d un  njiige  lonc(‘,  puis 
pres(pie  complètement  noire.  Maturité  coin- 
menecment  de  juillet  (en  Angleterre). 

(.(  hoyat  Duke,  grosse,  aplatie  et  d’nne  p»- 
lie  forme;  peau  d’un  beau  rouge  brillant, 
mais  ne  devenant  jamais  noire' Comnie  la' 
May  Duke.  Maturité  mi-juillet.)) 

Limore  une  fois,  ces  erreurs  ne  ponri'ont 
être  évitées  qu’en  étudiant  l’arbre  et  h‘ 
fruit. 

D ne  s’agit  encore  que  des  fruits  ancimis; 
voyons  si  les  fruits  nouveaux  sont  mieux 
dénommés. 

Le  catalogue  place  Belle  d'Orléans  parmi 
les  Cerises  proprement  dites,  avec  celle 
note  (attribuée  à Divers)  : « Ce  fruit,  gros, 
rouge  foncé,  très-bon,  mûrit  en  juillet; 
l’arbre,  très-fertile,  se  prêle  à toutes  for- 
mes. )) 

Pour  moi  la  Belle  d'Orléans  estime  belle 
et  bonne  Guigne,  à fond  jaunâtre,  ambrée 
et  panachée  de  rouge,  à chair  blanche  et 
à jus  incolore,  mûrissant  dès  la  fin  de  mai. 

Je  puis  encore  m’appuyer  de  l’autorité  de 
Piobert  Hogg,  qui  place  celte  variété  dans 
sa  deuxième  classe  : Cerises  douces  en 
forme  de  (aeur,  à couleur  pâle  et  à jus  non 
colorant.  En  outre,  la  Bevue  horticole,  nu- 
méro du  iOjuin  l<S()i-,  page  238,  constate 
daiis  le  compte-rendu  de  la  séance  du  1)  juin 
1804  de  la  Société  centrale  d’horliciillure, 
que  M.  Jamin  a présenté  à la  Société  des 
Cei'iscs  Belle  d'Orléans;  qu’il  a été  re- 
comin,  (ju’il_  serait  bon  de  l'épamlre  colle 
variété  en  raison  de  sa  (p.ialilé  et  de  sa  pré- 
cocité; (pi’elle  a beaucoup  d’an.dogie  avec 
le  Bigm-reaii  pai'  la  couleurc't  la  forim*  du 
fruit,  ainsi  (pie  par  le  bois  (d,  le  feiiillagv  de 
l’arbre;  mais  (pi’elle  en  dilJei'e  compiéhoneiil 
par  sa  chair  fondantiï  à jus  blanc  (U  siici'é. 

•le  me  dispense  (h‘  liri'C  h*s  comdtisions. 


475 


LE  CONGRÈS  POMOLOGIQCE  ET  LES  TRAVAILLEURS  HORTICOLES. 


et  je  passe  à la  Ikichesse  de  Palhuni]  voici 
ce  que  le  catalogue  dit  de  cette  Cerise  : 
(Docteur  Bretouueau  obtenteur).  Ce  fruit, 
gros,  rouge,  Irès-bou,  uiiirit  tiu  mai  et 
coruuieucemeiit  juin  ; l’arbre  viguiireux  et 
très-fertile,  peut  s’élever  sous  toutes  for- 
mes. » 

Je  dois  faire  observer  que  le  Congrès  u’est 
pas  le  seul  àrecouualtre  la  7)Hc/ic.s\sc  (/c  Pal- 
liiaa  ; en  Angleterre,  Robert  Ilogg  la  dé- 
crit, ainsi  que  Oberdieck  en  Allemagne;  tous 
les  catalogues  la  mentionnent;  Tubtciiteur  est 
désigné, 'le  docteur  Bretonneau;  d’autres 
vont  plus  loin  encore;  ils  tixeiil  la  date 
du  premier  produit,  185:2;  si  donc  j’a- 
vance que  la  Duchesse  de  lyiluau  n 
pas,  au  moins  comme  variété  distincte,  je 
vais  m’attirer  une  grosse  atfaire  sur  les  bras, 
et  me  voilà  tenu  de  fournir  des  preuves  pal- 
pables, irrécusables;  essayons. 

11  y a quelques  années  je  voyais  fructifier 
pour  la  première  fois  une  variété  que  j’avais 
reçue  sous  le  nom  de  Duchesse  de  Palluu u ; le 
fruit  était  beau,  la  qualité  bonne,  le  coloris 
superbe,  la  maturité  arrivât  tout  au  com- 
mencement dejuin.  Je  fus  d’abord  enebanté, 
mais  ma  joie  fut  de  courte  durée;  je 
cueillais  en  même  temps  les  Iruits  d’un 
autre  Cerisier  que  M.  Jaccpiemct-Bonnclomi 
m’avait  envoyé,  vingt  ans  auparavant,  sous  le 
nom  do  Précoce  Lemercier,  et  il  me  (ut  im- 
possible d’oliscrver  la  moindre  dilb'rcnce 
entre  les  fruits  de  mes  deux  arbres,  qui 
olfraient  du  reste  le  même  port  et  la  même 
végétation.  L’année  suivante,  même  examen, 
même  résultat 

Ma  conclusion  fut  que  je  ne  possédais  pas 
]ii\vi\\(iDuchessede  PaUuau-,  pour  roblenir, 
je  m’adressai  le  même  jour  à quatre  de  nos 
principaux  pépiniéristes. 

Deux  ans  plus  tard,  j’avais  du  fruit  sur 
mes  quatrearbres;  je  reconnaissais  effective- 
ment deux  variétés  distinctes;  le  fruit  de 
deux  de  mes  jeunes  arbres  se  rapportait 
parfaitement  à ma  première  Duchesse  de 


Pulluau  ou  plutôt  à ma  Précoce  Lemercier; 
celui  des  deux  antres  était  dilférent  et  mû- 
rissait (luebjucs  jours  plus  lard. 

Je  croyais  donc  être  en  possession  de  la 
ri-uie  Duchesse  de  l^ulluuu,  (piand  je  décou- 
vris (pie  les  fruits  de  cette  nouvelle  variétc; 
se  confondaient  avec  ceux  de  la  lioyule  hû- 
tire  (Royal  Duke  des  Anglais)  dont  je  viens 
de  parler. 

L’année  suivante  je  ne  me  contentai  jilus 
de  mes  Cerises,  je  (piêtai  jiartout  des  Du- 
chesses de  Balluau,  espérant  toujours  trou- 
ver un  origimd;  vain  es[)oir!  je  ne  recueillis 
(|ue  des  co[)ies  soit  de  ma  Précoce  Leuicr- 
cier,  soit  de  la  Pioyule  hûiive. 

IN'e  sachant  plus  à (piel  saint  me  vouer, 
je.  pris  le  pai  ti  de  lamionter  directement  à 
rorigiiie  de  la  variété;  je  transcris  un  pas- 
sage'de  la  lettre  (pi’a  bien  voulu  m’adi'cs- 
ser  Bretonneau  : « ....  J’ai  conseivé  la 
propriété  de  l’alluau,  et  je  puis,  Monsitmr, 
vous  renseigner  sur  le  nom  et  la  qualité  (b; 
la  i)rétendue  Duchesse  de  PaUuau.  Mon  mai  i 
ne  r.i  jamais  possédée  et  celle  qu’on  lui  a 
fait  goûter  sons  ce  nom  était  une  uucieuue 
Cerise  rebaplisée,  mais  non  pas,  je  crois, 

la  Royal  Duke » 

l’.t  voici  comment  l’on  écrit  l’Iiisloireî 
Je  suis  fondé,  je  pense,  à dire  (|ue  le  Con- 
grès n’arrivera  pas  à dénommer  et  à dc- 
crire  exactement  les  variétés  des  diveises 
espèces  de  fruits  et  notamment  des  Cerises, 
s’il  n’est  à même  d’étudier  et  de  comparer 
les  variétés  entre  elles. 

Je  crois  ])ouvoir  conclure  aussi  que  ; 
((  Détruire  la  Label  de  l’hurticullure,  éta- 
blir pour  chaque  espèce  une  nomenclature, 
un  catalogue  général,  un  seul  langage  (pd 
deviendra  le  dictionnaire  de  la  pomologic  ; » 
n’est  pas  une  œuvre  aussi  facile,  même 
pour  un  congrès,  ([ue  M.  Réveil  a pu  le 
croire.  Les  forces  vives  de  tous,  reeUemcul 
de  tous,  ne  sont  pas  tro])  pour  atteindre  un 
but  si  (lésiré. 

Paul  de  .AÎorcnu.i.T. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


A 

Aii’oles  (l.bitii  du.  Poiic  Am 'lie  I.imCcic,  71. 

— Sur  iiucliiiics  IVuils  nouveuiix,  ::iC)S. 

André  — In  coniljusl ihle  écoMOiniiinc,  10. — Pc- 

1. ti i;'(»n i II III  Gloii'c  de  Gorbeny,  Oi.  — (kiiiiid  Pé- 
luiîe  lli'non,  150.  — Eliquellcs  de  jardins,  108.-— 
lApnsii ion  liorlicule  inlernaiionale  de  Londres, '233, 

2. )(),  -27  3 — l'nieliüealion  des  Ancnlias,  280.  — 

iiirnsii — Dicliorisandra  niKSdicdi  320. 

— ihir'cija  Yedotnsis,  3(30.  — EN|»osilion  Ue  lu 
Socielir  liorlicole,  vi^'iicroiine  cl  |■o|■cslièl■e  de 
Trnyes,  377.  — Nonveanx  délails  sur  la  1 ndorin 
ni'(lia,  V(!5. — Aiilhiirhiiii  Srlio^eriinnnii,  i30.— 
Pciargoninin  Eieonurc  Pelil,  437,  4G0.  — Radis 
sei'pi'iit,  47  I . 

M 

Ballet.  — Fruits  nunveanx  on  peu  connus,  45G. 
Baron.  Un  oubli  à reparci’,  320. 


Barrai  (U  ) — Rililiograpbie  horlieole  ; le  IwH 
Jdrdhiiei'  pour  18GG;  — Cnlliirc  de  IDpiinii  itidi 
(irne,  par  AI.  Odepli,  o5.  — Biblio-rapbic  liorti- 
■(•nle;  Arlxd'iciiilnie  friiiliere;  le  IdUmjer  moderne, 
p,ii-  Al  Ures-enl;  — Les  jlinirs  de  pleine  /e/re,  par 
Ai.Al,  \ ilinorin-.\ndricnx,  87. 

Barrai  (.1.  A.)  — Uhroidipies  liorlicole,  5,  21,  3 1, 
(',!,  81,  lui,  121,  141,  IGl,  1 SI,  201,  221.  — Le 
Uoloiinier  lu'ibacé,  131. 

Berthold  Seeman.  — I.elire  circulaire  du  Uo- 
niité  exécntil  de  l’Exposition  inlernulionalc  de 
Roiidres,  7. 

Billiard.  — Liste  de  (luelnucs  espèces  de  Spirées 
les  plus  i»roprcs  à l’orneinentation,  333. 

Blanchard.  — Un  Yucc  i ^luriosu  gigunlcsque, 
450. 

Bleu.  — Caladium  Barrai,  32. 

I Boishunel. --  Pnii  e Alélmie  iMirbelin,  51. 

‘ Boncenne.  — Epoque  laxoïable  pour  le  boulu- 


476 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


rag'c  de  fiuclriues  plantes  de  serre,  124,  147.  — 
Exposition  horticole  de  Nantes,  207. 

Bossin.  — Emploi  des  adjectifs  latins  dans  la  dé- 
ncininalion  des  plantes  potagères,  35.  — La  Lai- 
tue Bossin,  93.  — Sur  la  valeur  culinaire  de  trois 
plantes  potagères  chinoises,  417. 

Bourgeois.  — Le  hérisson  et  les  vers  blancs, 
468. 

Bourges  (Ernest).  ~ Bibliographie  horticole.  — 
Les  bonnes  Fraises,  par  M.  Gloëde,  128. 

Bouscasse.  — Sur  l’origine  du  pincement  court 
applique  aux  arbres  fruitiers,  14.  — De  l’ancienne 
et  de  la  nouvelle  conduite  des  arbres  fruitiers, 
27.  — Une  troisième  propriété  du  pincement,  45. 

Briot.  — Daphné  Japonica,  252.  — Une  nouveauté 
japonaise,  292.—  Spirea  aquilegi folia  Vanlîoullei, 
269.  — Fagus  Caroliniana,  306.  — Magnolia 
Lenne,  370.  — Dhodotgpus  Kerrioides,  469. 

Brou  (L’abbé).  — Bouturage  de  l’OEillet,  353.  — 
Quelques  mots  sur  le  Coronilla  glauca  et  sur  le 
Phlomis  Leonurns,  426. 

Buchetet.  — La  Poire  Passe-Crassane,  130.  — 
La  Poire  Docteur-Pigeaux,  172.  — Le  Congrès  j>o- 
niologique  de  France,  195,  228. 


€ 

Carbou.  — Culture  du  Cardon,  132.  — Un  nou- 
veau raidisseur,  150.  — Quelques  observations  sur 
la  mise  à fruits  du  Poirier,  285.  — Culture  et 
garnitures  successives  des  jardins  jiotagers,  432. 
Carrière.  — Arbre  gènéalogi(iue  du  groupe  Pô-^ 
cher,  12,  32.  — Philadelphns  Keleleerii,  44.  — 
Arbre  généalogique  du  groupe  Pêcher,  71.  — Les 
Auenbas,  88.  — Sur  les  Lonicera  chinensis  et  di- 
versifolia,  99.  — Abies  Nnmidica,  106. — Arbre 
généalogique  du  groupe  Pécher,  125.  — Sur 
quehiues  plantes  inédites  ou  rares,  133.  — ■ //r.c 
agnifolinni  Madame  Briot,  137.  — Arbre  généa- 
logi([uc  du  groupe  Pécher,  153,  166.  — Sur  VAi- 
lanthus  jlavescens,  185.  — Pécher  Ilealli  Clings- 
tone,  211.  — Arbre  généalogi(iue  du  groupe  Pé- 
cher, 213.  — Encore  le  Dioseorea  Deeaisneana, 
229.  — Fructitication  du  Libocedrus  Doniana,  230. 
— Chronicjues  horticoles,  241,  261,  281,  301,  321 
341,  361,  381,  401,  421,  441,  461.  — Cnpressus 
cornu  la,  250.  — Microcaclmjs  ielragona,  269.  — 
Pandanus  jlagel liformis,^! i . — Exposition  dePioses 
à Brie-Comte-Robert,  286, — De  la  valeur  des  brac- 
tées dans  les  cônes  des  végétaux  conifères,  307.  — 
Exception  à la  règle  relativement  à la  germination 
des  graines  de  Q7c(///S(7n‘«,  328. — Phénomène  de 
végétation  produit  par  le  Stangeria  paradoxa,  3'M). 
— Plantes  nouvelles,  rares  ou  peu  connues,  336. 
—Eulada  Ilulei  polgmorpba,^ho.  — Des  arrose- 
ments, 356.  — Des  plantes  à feuilles  persistantes, 
367.  — Cerasus  Sieboldtii,  371.  — Plantes  nou- 
velles, rares  ou  peu  connues,  379.  — Pécher  Gus- 
tave Thuret,  391.  — Quelques  Eulacta  de  la  Nou- 
velle-Calédonie, 392.  — Plantes  nouvelles,  rares 
ou  [eu  connues,  400.  — Une  variété  spéciéisée, 
408.  — (Ignerimu  purpureum,  419. — Plantes  nou- 
velles, rares  ou  peu  connues,  420.  — Une  nou- 
velle difficulté  de  définir  fesiièce,  425.  — llgdran- 
gea  Japonica  rosalba,  432.  — Usez,  mais  n’abusez 
pas,  433.  — Deux  faits  lrès-remar([uablcs  de  di- 
morphisme, 440,  449,  454,  457,  460,  470,  473. 

Céris  (de).  — Transplantation  d’un  Cèdre  de  trente 
ans,  à Toulouse,  409. 

Chabert.  — Lettre  de  M.  Chabert  sur  les  pertes 
faites  par  la  Société  d’horticulture  de  la  Moselle,  6. 

Charton.  — De  l’utilité  de  tenir  note  de  l’origine 
des  variétés  horticoles,  408. 

Clémenceau.  — Deux  plantes  à semer  en  sep- 
tembre, 347.  — Emploi  de  la  lie  de  vin  en  hor- 
ticulture, 360.  — Les  Glaïeuls  nouveaux  de  1866, 
378. — A ])ropos  d’un  nouvel  Epinard  d’Australie, 
444. — Pliiladelphus  verrucosus  senipcrcirens,  459. 

Cohingh.  — De  la  Cloque,  314. 

i> 

D’Auvers.—  Deux  nuu\ elles  \aiictés  d(‘  Glaïeuls, 

8. 


ueiaville. 


i>ouveau  traitement  des  lambour- 


des  sur  les  arbres  à fruits  à pépins,  89. 

~ . ‘^•cs  arbres  fruitiers,  165.— 

Culture  du  Medinilla  magnifica,  270.  — Moyen  de 
détruire  l’acarus  des  Orchidées,  334.  — Gulture 
des  rosiers  taillés  à long  bois,  365.  — Taille  au- 
tomnale des  rameaux  de  i)rolongement,  427.  447. 

Desportes  (Baptiste).  — Spiræa  Huwesmna  ro- 
mri/a,  296. — Malus  floribmida,  Sieboldt,  312.  — 
ructilîcation  a Angers  du  Néllier  ou  Ribacicr  du 
Japon,  335. 

Desportes  (Henri).  - De  la  germination  des 
noyaux,  293. 

Deydier.—  Multiplication  du  Bignonia  du  Can,  59. 

Doumet.  — Le  Pachira  {Carolinea)  à Heurs 
blanches,  208.—  Sur  les  25  variétés  de  Fraisiers 
adoptées  par  la  Société  centrale  d’horticulture, 

, V Exposition  de  la  Société  d’horticulture  et 
de  botanique  de  l’Hérault,  366. 

Dumas.  — Culture  de  la  Tomate,  388.  — Courge 
musquée,  425.  — Taille  précoce  des  arbres  frui- 
tiers, 468. 

Durupt.  — Deux  variétés  de  Cerises,  412. 

E 

Ermens.  — Multiplication  du  Cuperus  papurus 
par  le  semis,  387. 


Ferlet.  — Revues  commerciales  horticoles,  19, 
39,  60,  80,  100,  119,  139,  159,  180,  200,  220, 
239.  — Sécateur  pour  Églantiers  et  ébrancheur 
à crémaillère,  9.  — Les  Catalogues  horticoles  en 
1866,  15.  — Séances  de  la  Société  centrale  d’hor- 
ticulture, 38.  — Les  Catalogues  horticoles  en 
1866,  52.  — Séances  de  la  Société  centrale  d’hor- 
ticulture, 58.  ■ — Framboise  Belle  de  Fontenay,  91. 
— Séances  de  la  Société  centrale  d’horticuiture, 
94.  — Rose  Triomphe  de  Rouen,  110.  — Séances 
de  la  Société  centrale  d’horticulture,  116.  — La 
Cloche  de  Monter,  130.  — Séances  de  la  Société 
centrale  d’horticulture,  136,  155,  178,  197.  — 
Saccbarum  (Egypliacuni,  187.  — Séances  de  la 
Société  centrale  d’horticulture,  236. 

<f- 

Gagnaire.  — Weigelia  liorlensis  nivea,  248. 

Giraud.  — De  la  culture  du  Néllier  du  Japon  à 
Marseille,  389. 

Glœde.  — Trois  Fraises  nouvelles,  9.  — Les  vingt- 
cinq  Fraisiers  de  la  commission  de  culture  pota- 
gère de  la  Société  centrale  d’horticulture,  175. 

Gressent.  — Uu  nouveau  mastic  à gretfer,  188. 

Grin.  — Sur  le  pincement  des  arbres" fruitiers,  49. 

Grœnland.  — Revue  des  publications  horticoles 
de  l’étranger,  18,  56,79,  117.  — Sorcopodium 
uni/lnrum,  — Abies  Nordrnanniana,  172.  — 
Revue  des  itutdications  horticoles  de  l’étranger, 
185.  — Pdiododendron  Ilodgsoni,  191.  — Revue 
(les  publications  horticoles  de  l’étranger,  237, 
253,  294,  312,  416,  433. 

Guillier.  — Acacia  loplmnla  ou  Mimosa  dista- 
cliija,  69.  — Sur  l’acclimatation  (les  végétaux,  1 38, 
231. 

If 

Haage  et  Schmidt.  — Sanvitalia  couché  à 
lleui’s  pleines,  70. 

Helye.  — Des  arrosements,  356.  — Arabis  arc- 
îiosa,  398. 

J 

Jamin.  — Une  plante  d’ornement  trop  délaissée, 
336.  — Du  Mûrier  noir  au  point  de  vue  spécifi- 
que, 405. 

Jean-Claude.  — Trilonia  avaria,  352.  — Sur  le 
Vinca  rosea,  368. 

Joannon.  — Culture  à air  libre  du  Xelumbium 
speciosum  et  de  quelques  Xgmphœa  exoticpies 
dans  le  centre  de  la  France,  247. 

14 

Kolb.  — Hibiscus  specinsus,  230.  — llesiuanlh>L-~ 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


477 


natana,  327.  — Philippc-Eranrois  de  Sieboldt, 

4i8,  464. 

Bi 

Lachaume,  — Pomme  Grelot,  31.  Du  tigre, 

1 1 4 

Laliave.  — Sur  les  maladies  des  fruits,  137. 

Lambertye  (,1c).  - Bir.Mor.uAPniK  iiouticou:.  - 
Taille  cl.  culltire  de  la  V/f/HC,  par  M.  Laujoulet, 
l'jl  — Encore  le  Solanurn  \\  arsceiviczti,  46i). 

Lauioulet.  — Gullurc  de  la  Vigne  sans  taille  ni 
façon,  67.  — Culture  de  la  Vigne  sans  taille, 

i/o. 

Lebas  — Plantes  nouvelles,  rares  ou  peu  coii- 
nucs,  299.  — Une  vieille  iilaiite  propre  à lornier 
<le  t eaux  gazons,  303.  — Deux  mots  sur  le  ham- 
Inmi  Forhinei  varieijala,  ^ Keimedia  h-ed- 
wodiU  332.  — Alnufi  harhala,  360.  — _ Moyen 
d’obtenir  deux  belles  lloraisons  des  Rosiers  re- 
montants, 383.  — Alfaiblisseiuent,  puis  dispari- 
tion des  types,  420.  — Plantes  nouvelles,  rares  ou 
]»eii  connues,  i38,  — Ahiu^  ^ubcovdiiUi  et  Ahius 
Vilmoreana,  446.  • • , 

Lebeuf.  — Les  23  Fraisiers  de  la  commission  de 
culture  potagère  de  la  Société  centrale  dhoiti- 
cullure,  112,  216.  , 

Lecoq.  — Sur  les  Pelar(jomuin  zonale  a Heurs 
doubles  et  semi-doubles,  26. 

Lemaire  — Réforme  de  la  nomenclature  bota- 
niuue  et  horticole,  17.  — Ataccia  cmiata,  31.  — 
l u mot  sur  VAcIniranIhes  VersclialjdliT  PP2.  — 
Kchinocaclus  liorhonlalonias,  137.  — \erveme 
uopulaire,  71.  . 

Leroy  (André).  — Moyens  d’obtenir  une  seconde 
iloraisoii  du  CAueine  sinensis,  283.  — Erijtlirina 
nisla  (lalli,  303.  — Ma(jtwlia  (jrandiflora  aïKjlo- 
rum-,  308.  — Le  Cèdre  de  l’Atlas,  327.  — Acacia 
Jitlihrissin  (Acacia  de  Constantinople),  340. 
Letelié. — Lis  Palmiers  nisliqucs  et  en  iiarticu 
lier  le  Cocotier  du  Chili,  177. 

Leyrisson.  — Echelles  iiour  la  culture  des  arbres 
fruitiers,  189. — Culture  naturelle  du  Melon,  199 
Louvel.  — Plantes  qui  peuvent  vivre  dans  le  voi- 
sinage de  la  mer,  376. 

Marc.  — Sur  les  Pommiers  eu  cordons  horizoïi- 
laux,186.  . 

Martins.  — Une  localité  iilerygologuiuc.  11.  — 
Floraison  en  pleine  terre,  à Montpellier,  du  iJasy- 
liriuii  qiacile^  334. 

Meyer'  de  Jouhe.—  Matières  qui  peuvent  ser- 
vir d’eugrais,  364.  --  OEillet  mignardise  remoii- 
laute  (Bciiie  Victoria),  387. 

Michelin.  — Enseignement  de  riiorticultiirc  dans 
les  écoles  primaires  des  cam(iagiics,  34.^ — Pom- 
me hâtive  Dean’s  Bodliii,  111.  (uelle  Boisse- 
lot  pour  la  Vigne,  168. 

Merson.  — Sur  le  Dioacorea  Ilalalas,  131. 
Martillet  (P.  d'^).  — Le  congrès  pomologique  et 
les  travailleurs  horticoles,  43l , 47  4. 

Naudin.  — Culture  du  Goyavier  sous  verre,  13.  — 
A pro|)os  des  plantes  grimpantes,  63.  Les 
plantes  à feuillage  ornemental  ou  plaides  pitto- 
resques, 108.  — Un  coup  d’œil  sur  la  Nouvelle- 
Calédonie,  146.  — Naturalisation  des  végétaux 
exotiques,  212.  — Bibliograiibie  horticole,  236, 
0(17.  — lu  mot  sur  la  culture  forcée  du  Pécher, 
323  — L’engrais  liquide  et  le  terreau  végétal, 
3j^3.  _ Rihliographie,  426.  — Culture  des  Passi- 
llores  eu  Angleterre,  433. 

Neumann.— Société  impériale  et  centrale  d’hor- 
ticulture, 277.  — l'hénomène  d’hybridation  ob- 
servé dans  le  genre  Mathiola,  286.  — Société  im- 
]iérialc  et  centrale  d’horticulture,  318. — Séances 
de  la  Société  centrale  d’horticulture,  338.  — Mis 
cellanées,  397. 

Oualle.  — Culture  de  VAckinicncs  comme  plante 
de  serre  froide,  194. 

Ounous  (d’i  — Floraisons  automnales  eu  1865, 
•iS.  — Observations  liorticoles  faites  dans  le  sud- 


ouest  pendant  l’hiver  1865-1866,  127. Sur  la 
dégénérescence  des  espèces  Iruitièrcs,  337. 

B» 

Paskiewicz.— Un  vieux  livre  d’arhoricidlnre,2'i3. 
Pépin.  — Persistance  et  lloraison  des  végétaux  de 
pleine  terre,  74.  — Culture  des  Verveines  comme 
jdantes  annuelles,  86.  — Floraison  cl  fructilica- 
lion  à Paris  du  Sliijdin(dohiam  Japnnicinii  petida- 
luin^  107.  — Fraisier  Héricart  de  Thury,  264.  — 
Arbres  en  Heurs  ou  commençatd  à Heurir  à Lon- 
dres, du  20  au  28  mai,  332. 

Pigeaux.  — Culture  de  la  Vigne  sans  taille  ni 
façon,  46. 

V 

Quetier.  — Bouturage  de  l’OEillet,  244.  — Expo- 
sition (l’horticulture  de  la  Ferté-sous-.louarre,  297. 
— OEillet  hybride  Madame  Charles  Petit,  336.  — 
La  Chicoia^c  de  Meaux,  433. 

Il 

Rafarin.  — Exposition  universelle  d’horticulture 
de  1867,  346,  372.  — Exposition  d’horticulture 
d(3  la  létc  des  Fleurs,  393.  — Cijpripediaiii  in- 
signe, var.  Chanlinii,  429. 

Rantonnet.  — Acacia  longissima  glauca  pen- 
dula,  138. 

Ravenel.  — CreHé  Sabine  pour  boutons  a Heurs 
sur  les  arbres  à fruits  à pépins,  389. 

Riések.  — Les  Bambous  sont-ils  monocarpiques  : 
437. 

Rivière.  ~ Multiplication  du  Figuier  coniimm, 
310.  — Ileheclinium  macrophullnrn,  331. 
Robine.  — Vingt-cinq  variétés  de  Fraisiers,  263. 
Romain-Martin.  — Mulliiilicatiou  du  Noyer,  298. 
Roy  (de  la).  — Cultui’e  de  la  \igne  a long  bois, 
29.  — Conduite  des  arbres  fruitiers  par  le  pince- 
meut  des  feuilles,  169. 


» 

Sisley.  — Rosa  forluueii,  69.  — Les  OEillets'rc- 
monlanls,  92.—  Culture  de  l’OEillet  en  généra!  et 
de  l’OEillet  remontant  en  particulier,  173.  ~ Ex- 
cursion eu  Suisse  de  la  Société  botanique  de 
France,  393.—  Le  thermostat  thermosiphou,  399. 
— Excursion,  en  1866,  de  la  Société  botanique  de 
France,  413.  — Engrais  liquides,  419.  — l'clar- 
qouiuin  zonale  Mistriss  Pollock,  429. 

Suire.—  Floraison  de  YEcliinocaclns  gihhosns  cel- 
sianns,  230. 

T 

Tornision  (De).  — Sur  la  maladie  du  (<élcii  a 
Cherbourg,  34.  — Sur  la  sélection,  113.  — Sur 
les  crvpto'’'amos  qui  attaquent  le  Poirier  (’t  les 
‘^raminées^  '97.  — Les  plantes  volubiles,  d’après 
îe  svstème’ Darwin,  271.  — Ne  taillez  pas  les  Aza- 
lées, 298.  — Quelques  conifères  remarquables, 
31', Sur  l’hygiène  des  plantes  à l’état  de  do- 
iue^^licité  et  sur  (piebiues  maladies  ipii  les  atla- 
dueut  348.  — Quelques  Fougères  de  serre  Ironie 
(lui  ne  prcmienf  i>as  le  'Ihrips,  434.  — Lettre  a 

propos  d’un  cryptogainc  du  Céleri,  46F 
Thibaut.  — Choix  de  ([uebiues  variétiîs  de  Pelar- 
-Torium  249.  — Du  rempotage  des  plantes,  306. 
Truffant.  —Rhododendrum  virqalnin  alhnw,<i5Y. 
— Phonniinn  lenax  variegala,  273.  —Panerai mm 
illgricum,  333.  — Rracinjsema  acunimala,  413. 

Valin  — Ai*roposde  la  culture  géotliermiquc,  107. 

— Floraison  anormale  de  VAdhaloda  vasica,  33  4. 
Vauvel..—  Culture  des  Verveines  comme  plantes 

annuelles  d’ornement,  460.  t>, 

Verlot  — L’OEillctdu  Tympbreste, 253.— Plantes 
nouvelles  rares  ou  peu  connues,  2/9.  — I ricin - 
ninm  de  Manglcs,  291.  — Ihibaudia  cordilo  ia, 
3n,__  Bibliographie,  — limnanlhes  allia, 

320*  — Ramondia  Pgre.naica,  331.  — lAdieliu 
Ealiri  369  — Sur  ipielques  plantes  ludbeusesa  Ho- 
raisoiî automnale,  398.—  Exposition  automnale  de 
la  Société  d’horticulture  de  Pans,  406.—  Asler  tur- 
Idnellus,  Lindl.,428, 43V.— Fraisier  nionopli^>-l.,46/ . 
Verrier.  — Culture  des  vergers,  /3,  96,  13 1. 
Vuitry.  — Action  de  la  Heur  de  soulrc  sur  le  ver 
blaiu',  223. 


TABLK  DES  GRAVURES  COLORIÉES 


Abics  Nonlmaïuüaiia,  172. 

Acanlholimon  reniistum,  450. 

Anthumun  Scitrrzerianum,  430. 

Alaccia  crislaln,  51. 

Aucuba  Japonica,  290. 

Bradujsenia  acuminata,  410. 

Caladium  Danal,  32. 

Canna  Dcpulé  Ilénoii,  150. 

Cerasus  Sieluldlii,  370. 

Cerises  Belle  de  Couchey,  Bigarreau  Marjeollais,  410 
Uerodendron  Huiujei,  470. 

Cotonnier  herbacé,  131. 

Ihiphne  Japonica,  251, 
y'Cutacla  de  la  Nouvelle-Calédonie,  391. 
r taises  Bijou,  I bc  Prémier,  Faini  ()ncen,  9. 
rramboise,  ILdUî  de  Fontenay,  91. 

(doenis  Mauiiiisc  de  Uoinpadour  et  Maréchal  Vail- 
lant, 8. 

Ilcbcclinium  dfacyophnUum,  350. 

Ildiiscus  specio  ais,  230. 

Ihjdran'jea  Japonica  rosalba,  432. 

' kenncdia  Fredicoodii,  330. 


'^Kcfeleeria  fortunel,  450. 

. Maijïiolia  Lenné,  370. 

V Malm  lloribunda,  311. 

'/Pachira  à Heurs  blanches,  208 
'^Pancratium  Ilhjricum,  350 
Pandanus  /laiiéllifonnis,  271. 
'^Décile  Ilealli  Clingstone,  211. 
'^Pélargonium  Gloire  de  Corbeny,  91 
v^Poire  Mélanie  Michelin,  51.  Poire 
71.  -V  Poire  Passe-Crassane,  130. 
teur  Pigeaux,  172. 
v/ Pomme  Grelot,  31. 

Pomme  Dean’s  Codlin,  111. 

'J  Ilamondia  Pijvenaka,  330. 
^PaphaniiH  caudaius,  471. 

^ Wiodfldcndron  hodijsoni,  191. 

^ Ubododcndron  virgatum  album,  251 
i/l!ose  Triomphe  de  Rouen,  110. 

- Sarcopodium  unillornm,  152. 

Tbibaudia  cordi folia,  311. 
vTricbinium  de  Mangles,  290. 
/Verveine  populaire,  71. 


Amélie  Leclerc, 
—V' Poire  Doc- 


DES  GRAVURES  NOIRES. 

Aniburium  Scbcrz^crianum,  /31.  — ,1.  pegale,  469. 

Au'uha  Japonica;  l\cnv,  Iruil;  inlloresceiice  mâle,’ 

290. 

Ceoie  de  M.  nemouilles;  système  employé  pour 
I extraction  du  (a'-dre.  — Plan  du  plancher  destiné 
à soulever  le  cèdre,  410.  — Mode  de  transport; 
plan  de  la  voie  ferrée  employée  pour  transporter 
le  Cèdre,  411.  V 

Cloche  de  Munler  pour  la  cullure  en  appartement. 
t'Oupe  de  la  cloche  de  Monter,  130. 

(conduite  de  la  Vigne  à long  bois,  d’apres  le  sys- 
tème Aubry,  30. 

(Aipressus  cornula,  de  grandeur  naturelle,  251. 

Picborisandra  nnimica'f  330. 

Kbrancheur  à crémaillère,  10. 

Échelle  simple  employée  dans  le  Lot-et-Garonne. 

Echelle  simple  perfectionnée  par  M.  Leyrisson. 

Détails  d’une  échelle  à larges  échelons.  Grande 
échelle  pliaide  à trois  pieds.  Petite  échelle  fixe  ù 


Pécher  Gustave  Thurct,  391. 

Pii  cunent  des  feuilles  du  Pécher  par  le  svstème 
Grin,  170. 

Boidisseur  Carbou,  150. 

Hbodol  g P us  Ke  rri  o i des  ,430. 

Hudgea  nivosa,  310. 

Sanhilalia  couché  à Heurs  pleines.  Fleurs  de  San- 
vitalia  couché  de  grandeur  naturelle  70. 
Solanuni  crinltum,  110. 

Slangeiia  paradoxa;  tronçon  de  tige  avant  produit 
un  bourgeon  dans  la  partie  centrale,  831. 

TABLE  DES  MATIÈBES. 

Arbres  fruitiers  par  le  pincement  des  feuilles, 
169.  — • Echelle  pour  la  cullure  des  Arbres  frui- 
tiers, 189.  Arbres  en  Heurs  ou  coinmencaril  à 
Heurir  à Londres,  du  20  au  28  mai,  332, 

Aria.  — Transformation  de  VA.  veslila  par  la  ffrelPc 
457.  ® 

Arrosements  (des),  356. 

.l.s7c/‘  lurbinellus,  428. 

Alaccia  crislaia,  51. 

*^289^^^  — P ruclificalion  des  Aucuba, 

Azalées.  — Ne  taillez  p.as  les  Azalées,  298. 

gg 

Bai^nbous.  Les  Bambous  sont  ils  monocarj)i(jues  ! 

liainbusa  Forlunn  raiicgala,  320. 

Libliogiaphie  horticole.  — Le  Pou  Jardinier,  pour 
186h.  — Cullure  de  l’Opium  indigène,  par  M. 


Aines  Aumulica,  106.  — .1.  Nordmanniana,  172. 

Acacia  lopbania  ou  Mimosa  dislacbga,  69.—  A Lon- 
gissima  glauca  pendula,  138.  — A.  Julibrissin. 
(Acacia  de  (a)iislantino|)le),  340. 

Acanlholimon  renuslum,  451. 

Acarus.  — Moyen  de  détruire  VAcbarus  des  Orchi- 
dées, 334. 

Aebimenes  comme  plante  de  serre  froide  (Culture 
de  P),  19  4,  ^ 

Acbgranles  VcrscbaffelHi,  132. 

Ailuntbus  /larcsccns,  (Sur  1’),  185. 

Alnus  bartnila,  36o.— .1,  Subcordala  et  Vilmoreana, 
U6.  ~ A.  regale,  iGd. 

Aniburium  Svlterzerianum,  430. 

Arabis  areimsa,  398. 

Arboriculture  — En  vieux  livre  d’arboriculture, 245 

Al  lires  fruitieis  (Culture  dos).  165.  — Gondnile  .Ips 


trois  pieds,  190. 

Palacta  Jiulei  polgmorpba,  350. 

l'iguier;  boiilure  de  figuier  quatre  mois  après  la 
plantation,  310. 

GrcH’e.  Nouvelle  grelle  de  la  Vigne  d’après  la  mé- 
thode Boisselol,  168. 

Grellé  Sabine.  Rameau,  greffon  àfruit;  incisionpour 
recevoir  le  rameau.  Rameau  gourmand  |iréparé 
pour  le  placement  d’un  grelfon.  Rameau  ligature, 
oyo , ' 

Habilleur  d’Eglanliers  à crémaillère,  10. 


Ilebeclinium  macropbgUum  (port  de  la  jilante),  351. 

Lambourde  fruitière  ‘oumise  à l’ancien  système  de 
taille,  dénudée  et  durcie  au-dessus  de  la  bourse, 
90.  --  Lambourdes  de  Poirier  et  de  Pommier 
soumises  au  traitement  du  système  Delaville,  opé- 
rées en  juin  1865,  90. 

Libocedrus  Doniana.  — Fructification,  230. 

Maclega  Yedoensis,  370. 

Microcaebrgs  teiragona,  270. 

Monlagnœa  beracleifolia,  110. 

Mulli|)iication  du  Bignonia  du  Cap,  50. 

I achira.  - Fruit  du  Pachira,  dépourvu  de  graines 
et  muni  du  pédoncule.  ’Un  des  lobes  du  fruit  du 
Pachira,  muni  dégainés.  Graines  du  Pachira 
cnticics  et  dilférentes  coupes.  Cotylédons  non  dé- 
.veloppes  de  deux  planlules  jirovenanl  de  la  même 
graine.  Plantule  rudimentaire  du  Pachira.  Plan- 
Iules  jumelles,  les  cotylédons  développés,  209, 


TABLE 


479 


li 

1*1 

i 


fc.' 


i 


TAlîLK  AU»IIAr.KTlQUE  KES  MATIÈKES 


0.1p|i1i,  5‘).  — Arh.)i'icul!iir(’  l’ruiUrre  ; le  l’ola- 
(ji'i  iNodrnir^  par  )1 . (;i('bÿL’iit,.  — Les  FIcins  ilr 

jil(  inr  li’irc,  p;n'  MM.  ViliiiiM  iii-Aiidriciix,  87.  — 
Jj’s  bonnes  Fr..ises,  p;if  M.  ('.Inrdc,  1"28.  --  Taille, 
et  enllnre.de  la  Vi(jne,  par  Laiijnidcl,  191,  'ioG, 
ti()7,  315,  4“26,  454. 

Hojnonia.  — Mulliplicalioii  du  Eignoiiia  du  Ca[),  50. 
lluulura^c.  — Epo(iuc  l'avc-alde'pour  le  lunilura|^c 
de  (iuel(|ues  piaules  de  serre,  124,  147. 
llraeliijseina  aenininala,  413. 

€' 

Caladium  llarral,  32. 

Canna  Dépulé  Ilétiuii,  150. 

Eardou.  — Culture  du  Cardon,  132. 

Catalogues  horticoles  eu  186G,  15,  52. 

Céleii.  — Sur  la  maladie  du  Céleri  à Clicrhour^'.  34. 
Cerasus  SieboldliiF^'i 
Ceii>es.  — Deu.x  variélésde  Cerises,  412. 
Cliàlai^'iiicr  à hraucli-s  lasti^iée.s,  169. 

Chicorée,  de  Meau.x,  l oi. 

Chrouiijue.  horlicole,  5,  21,  41,  Gi,  81  101  1 -M 

141,  IGl,  181,  201,  221,  241,  2G1,  281,  30l’,  32l’ 
341,  3G1,  381,  101,421,  441,  4G1. 

Cèdre  de  l’Atlas  (Le),  327.  — Traiisplanlalion  d’uu 
Cèdre  de  trente  ans,  à Toulou.se,  409. 
Clerudendron  Ihnujei,  470. 

('loche  (La)  de  Muuter,  130. 

Cloque  ( De  la),  314. 

Couduilc.  — De  ranciemne  et  do  la  nouvelle  con- 
duite des  arljres  fruit  ers,  27. 

(lon^a-ès  pi  moloi>i(iue  de  France  (Le),  195,  228,  451. 
Comhuslilile.  — lu  cornhustihle  écoiiou. i(pie,  19. 
Coniléres  remarquables,  314. 

Coeonilla.  — Quchiues  mots  sur  le  CnroniUa  (jUiuea 
et  sur  le  PIdomis  Leonurus,  42G. 

Colouuier  (Le)  herbacé,  131, 

Coiiri;'c  mus(iuée,  425. 

Cryptogames  (jui  attaquent  le  Doirier  et  les  gaami- 
iiées  (Sur  les),  197. 

Culture.— A [tropos  de  la  cidture  S'éo!hermi()ue,  107. 
— Culture  à air  libre  du  yelambinni.  spee  osnm 
et  de  (iuel((ues  A'ijinpha’as  e.xoliqucs  dans  le  cen- 
tre de  la  France,  247.— Culture  du  Medinilla  ma- 
(jni/iea,  278.  — Culture  de  la  Tomate,  388.—  Cul- 
ture et  ^'aniitures  successives  des  jardins  pota^'crs, 
432.  — Culture  des  Passillorcs  eu' Angleterre, '435.’ 
Cupressus  cornu  la,  250. 

Cijpvipedium  insigne,  car.  CItanlinii,  i'îd. 
baphm  japonica  ',  252. 

Dégénérescence  de?  espèces  fruitières  (Sur  la),  357. 
Desmanihus  nalans,  327. 

Pichorisandra  musaica,  329. 

Dimorphisme.  — Deux  faits  très-reniarquahles  de 
dimorphisme,  440. 

IHoscorea  Uatatas  (Sur  le),  131. 

Dioscorea  Decaisneana  (Encore  le),  229. 

Ebranclieur  à crémaillère,  9. 
tchiiioeaclus  horiaonlhalonius,  137. 

Eehinocactus  gibbosus  celsianus  (Floraison  de  F), 

^ 250.  ^ 

Emploi  de  la  lie  de  vin  en  horticulture,  360. 
Engrais.  — Matières  qui  peuvent  servir  d’engrais, 
364.  — L’engrais  liquide  et  le  terreau  végétal, 
385.  — Engrais  liquides,  419. 

Epinard  d’Austialie,  444. 

F girina  crisla  Calli,  305. 

Espèce.  — Fne  nouvelle  difliculté  à délinir  l’es- 
pèce, 425. 

Etiipiettes  de  jardins,  198. 

Eutacta  Hulei  polgnwrpha,  350,  — Quelques  Eu- 
lacla  de  la  INouvelle-Calédonie,  392. 

Excursion  en  Suisse  de  la  Société  de  botani(pie  de 
France,  393,  413. 

Exposition  horticole  de  Nantes,  207.  — Exposition 
horticole  internationale  de  Lon  1res,  233,  256, 
273.  — Exposition  de  roses  de  Brie-Comte-llobert, 
286.  — Exposition  d’horticulture  de  la  Ferté- 
sous-Jouarre , 297.  — Exposition  universelle 
d’horticulture  de  1867,  346.  — Exposition  de  la 
Société  d’horticulture  et  de  botani(iue  de  l’Hé- 


'ÎG',  lAposilioii  iiiiivciscllc  d'horlind- 
liii'c,  de  ls(i7,  372.  — Expnsilioii  de  la  Société 
vigmuoiiue,  horticole  et  forestière  (h;  Troj'cs, 
377.  — Exposition  d’Iiort  ieultm  (>  d(^  la  Fêle  des 
Meiirs,^  395.  — Exposition  automnale  de  la  So- 
ciété d’horlicultuia*  de  Paris,  406. 

C'-' 

lùigas  Candiniana,  306. 

Floraison  anormale  de  VAdlialoda  easiea,  334. 

Floraisons  autoiimales  (m  1865,  48. 

Floraison  en  pleine  terre,  à Montpellier,  du  Dasgli- 
rion  grarile,  354. 

l'ougèrcs.  — Qucbpies  Fougères  de  serre  froide  (lui 

^ ne  prennent  pas  le  Tlirips,  43  4. 

Fraises.  — Trois  Fiviises  nouvelles,  9. 

li'aisiers.  — Les  25  Fraisiers  do  la  commissioii  de 
culture  potagère  de  la  Société  centrale  d’horticul- 
ture, 112,  175,216. — F.  lléricaiT  d(! 'fhury,  264. - 
25  variétés  (le  Fraisiers,  265.  — Sur  les  25  variée 
t(is  de  Fraisiers  adoptées  jiar  la  Société  central- 
(1  horticulture,  296.  — Fraisier  monophylle,  467. 

1 ramboise  Belle  de  Eoiiteiiay,  91. 

Iniits.  — Sur  (piehpies  fruits  nouveaux,  217,  268, 
456. 

(!.i 

(«éiiéalogii^.  — Arbre  gèiiéali^gi(pie  du  groupe  Pé- 
cher, 12,  32,  71,  125',  153,  i'gB,  213. 

Germiualiou  des  noyaux  (Pela),  293.  — Exception 
a la  l'ogh',  relalivemeul  à la  germination  des  grai- 
nes de  Clediiselda,  328. 

Cilaïeuls.  — Deux  nouvelles  variétés  de  Glaïeuls,  8. 

^ — Les  Glaïeuls  nouveaux  de  1 866,  378. 

CIgeine  sinensis.  — Moyens  d’obtenir  une  seconde 
tloraison  du  CIgeine  sinenxis,  285. 

Goyavier.  — Gulture  du  Goyavier  sous  vene,  13. 

Grello  Boisselot  pour  la  \igiic,  168,  — Grelle  Sabine 
pour  boulons  à Heurs  sur  les  arbres  à lïaiils  et  à 
pépins,  389. 

Cgneriuin  purpureum,  419. 

BS 

Jlebeclinium  inaeropligllum , 351. 

Hérisson.  — Le  bérissou  et  les  vers  lilancs,  468. 

Hibiscus  speeiosus,  230. 

Horticulture.  — Enseignement  de  l’horticulture  dans 
les  écoles  [irimaires  des  campagnes,  54. 

Hybridation.  — Phénomène  d'hybridation  ol)servé 
dans  le  genre  Malhiola,  286. 

Ifgdrangeà  Japonica  rosalba,  432, 

1 

Ilcx  agui folium  Madame  Briot,  137. 

Kennedia  Fredwoodii,  332. 

S> 

Laitue  Bossin,  93, 

Lambourdes.  — Nouveau  trailcmeut  des  Lambour- 
iles  sur  les  arbres  à fruits  à pépins,  89. 

Libocedrus  Doniana  (Fructilicalion  du),  230. 

Limnanihes  aiba,  326. 

Lobelia  F abri,  369. 

Lonicera.  — Sur  les  Lo)iicera  chinensis  et  diversi- 
folia,  99. 

:«i 

lUaelega  Yedoensis,  369. 

Maladie  des  fruits,  157. 

Mafpioliagrandijl'ji'a  anglorum,  308.  — .1/.  Lenné,  370, 

Malus  lloribunda,  sieboldl,  312. 

Mastic  à grell'er  (Un  nouveau),  188. 

Melon.  — Gulture  naturelle  du  Melon,  199. 

Microcaebrgs  lelragona,  269, 

Miscellanées,  397. 

Mulliplicaliou  du  Figuier  connnuu,  310.  — Multi- 
plication du  Cgperus  papgrus  par  le  semis,  387. 

Mûrier  noir  au  point  de  vue  spécili(iue  (Du)  405. 

'X 

Néllicr.  — Fructilicalion  du  Néllier  ou  Bibacicr  du 


TABLE  DES  MATIEBES. 


•ibiü 

Japon,  à Ançîci’s,  335.  — De  la  cu'.Uire  du  A'cllicr 
du  Japon  à Maiseillo,  38'J. 

>omenclature.  — Béroniic  de  la  uoineiiclalurc  bo- 
laiiique  et  horticole,  17. 

A'ouveauté  japonaise  (Due),  292. 

Nouvelle-Calédonie.  — Un  coup  d’œil  sur  la  Nou- 
velle-Calédonie, 116. 

Noyer.  — Mulliplicalion  du  Noyer,  298. 

O 

Observations  horticoles  iailes  dans  le  Sud-Ouest 
pendant  Thiver  1865-1866,  127. 

Odeurs.  — A cpioi  sont  dues  les  odeurs,  473. 

OEillets  (Les)  leinontants,  92.  — Culture  de  l’Œil- 
let en  i^énéral  et  de  rOEillct  remontant  en  particu- 
lier, 173. — Boutu.a^e  de  TfF.illet,  244.  — L’OEillet 
du  Tymphreste,  255.  — OEillet  hybride  Madame 
Charles  Petit,  336.  — Bouturage  de  l’Œillet,  353. 
— OEillet  mignardise  remoidante  (Reine  Victoria), 
387. 

Oubli  à réparer  (En),  329, 

P 

l^achira  {carolinca,  à Heurs  blanches,  208. 

Palmiers  (les)  rusticiues  e"  en  particulier  le  Cocotier 
du  Chili,  177. 

Pancralium  ilhjriciün,  353. 

Pandamiü  flcKjeUifonnis,  271. 

Pécher  Heaih  Clingstone,  211.  — I n mot  sur  la 
culture  forcée  du  Pécher,  325.  — Pécher  Gustave 
Thuret,  391. 

Pdarfjoninm.  — Sur  les  Pelargoniinn  tonale  à 
lleius  doubles  et  semi-doubles,  26.  — P.  Gloire 
de  Corbcny,  91.  — Choix  de  (|uclques  variétés  de 
Pelarfioiiitüii,  249.  — Pelariioiüiwi  -^onnle  Mis- 
tris’s  Pollock,  429.  — Pciartionium  Eléonore  Pe- 
tit, 437. 

Phénomène  de  végétation  produit  par  le  Slanurria 
parado.va,  330. 

Philadelphus  Ketclecrii,  44.  — P.  vemicosus  son- 
pervhens,  459. 

Phormium  teneur  rajie(jat((,  273. 

Phospho-Guano  (Le)  appli(iué  à l’horticulture,  149, 

Pincement.  — Sur  l’origine  du  pincement  court  ap- 
pliqué aux  arbres  fruitiers,  14.  — Eue  troi-ième 
j'ropriétc  du  pincement,  45.  — Sur  le  pincement 
des  arbres  fruitiers,  49. 

Plantes  à feuillage  ornemental  ou  plantes  pittores- 
(lues,  108.  — Plantes  volubiles,  d’après  le  sys- 
tème Darwin  (Les),  271.  — Une  vieille  plante 
pro])re  à former  de  beaux  gazons,  305.  — Du 
rempotage  des  plantes,  306.  — Des  j)lantes  à 
feuilles  persistantes,  367.  — Plantes  qui  peuvent 
vivre  dans  le  voisinage  de  la  mer,  376. 

Plantes  potagères.  — Emploi  des  adjectifs  latins 
dans  la  dénomination  des  plantes  potagères,  35. 
Eue  plante  d’ornement  trop  délaissée,  336.  — 
Deux  plantes  à semer  en  septembre,  347.  — Sur 
l’hygiène  des  plantes  à l’état  de  domesticité  et 
sur  quelques  maladies  qui  les  attaquent,  348. 

Plantes  grimpantes,  65.  — Sur  quelques  plantes 
bull)euses  à floraison  automnale,  398.  ■—  Sur  la 
valeur  culinaire  de  trois  plantes  potagères  chi- 
noises, 417. 

Plantes  inédites  ou  rares,  433.  Plantes  nouvelles, 
rares  ou  peu  connues,  279,  299,  336,  379,  400, 
420,  438,  460,  473.  — Soins  à donner  aux  plan- 
tes de  serre  pendant  l’hiver,  447. 

Ptérygologie. — Eue  localité  ptérygologique,  11. 

Poire  Méfanie  Michelin,  51.  — Poire  Amélie  Le- 
clerc, 71.  — Passe-Crassane,  130.  — Poire  Doc- 
teur Pigeaux,  172. 

Poiriers.  — Quelques  observations  sur  la  mise  à 
fruits  du  Poirier,  285. 


Pomme  Grelot,  31.  — Pomme  hâtive  Dean’s  Codlin, 
111. 

Pommiers  en  cordons  horizontaux  (Sur  les),  186. 

K 

Radis  seiqient,  471. 

Hamondia  Piirenaica,  331. 

Raidisseur. — En  nouveau  roidisseur,  159. 

Reines-  Marguerites  japonaises  (Sur  les),  356. 

Revue  des  publications  horticoles  ce  l’étranger,  18 
56,79,  117,  185,  237,  253,  294,  312,  416,  433. 

Revue  commerciale  horticole,  19,  39,  60,  80,  100. 
119,  139,  159,180,  200,  220,  239. 

Wtoduli/piis  Kerrinldes,  429. 

Pdiodmiendron  Ilod(jsoni^  191.  — !{.  virejaliim  al- 
hiim^  251. 

Piosa  forluneii,  69. 

Rose  Triomphe  de  Rouen,  110. 

Rosiers.  — (kdture  des  Rosiers  taillés  à long  bois, 
365.  — Moyen  d’obtenir  deux  belles  lloraisons 
des  Rosiers  remontants,  385. 

[liuhjca  nirosa,  308. 

Sacchariün  Æijiji  tiacum . 

Sanuilaüa  couché  à Heurs  pleines,  70. 

Sarcopodium  unijlonim,  152. 

Séances  de  la  Société  centrale  d’horticulture,  38,  58, 
94,  116,  136,  155,  178,  197,  236,  277,  318,  358. 

Sécateurs.  — Sécateur  pour  Eglantiers,  9. 

Sélection  (Sur  la),  115. 

Sidanum.  Le  Solanum  ^\arcscewicz.ii,  466. 

Soufre.  — Action  de  la  Heur  de  soufre  sur  le  ver 
blanc,  225. 

Spirea  miuileiji folia  Vanhoutlei,  269. 

Spinra  Pieewemna  robusia,  296. — Spirées.  — Liste 
de  quelques  espèces  de  Spirées  les  [dus  propres  à 
l’ornementation,  333. 

Si nphnolobium  japofiiciüti  pendiilum  Floraison  et 

i'ruct itication  à Paris,  107. 

T 

Taille  automnalo  des  rameaux  de  prolongement, 
427.  — Taille  précoce  des  arbres  fruitiers  et  delà 
Vigne,  468. 

Thermostat  thermos'phon,  399. 

Thibaudia  cordifolia,  311 . 

Tigre  (Du),  114. 

Trichinium  de  Mangles,  291. 

Tritoma  avaria,  352. 

Tvpes. — Affaiblissement  puis  disparition  des  types, 

\20. 

Esez,  mais  n’abusez  pas,  433. 

Variété.  — Ene  variété  spéciéisée,  408.—  De  l’uti- 
lité de  tenir  note  de  l’origine  des  variétés  horti- 
coles, 408. 

Végétaux  de  pleine  terre.  — Persistance  et  floraison 
des  végétaux  de  pleine  terre,  74.  — Sur  l’accli- 
matation des  végétaux,  138.  — Naturalisation  de.s 
végétaux  exotiques,  212.  — Acclimatation  des 
végétaux,  231 . — De  la  valeur  des  bractées  dans 
les  cènes  des  végétaux  conifères,  307. 

Vergers.  — Culture  des  vergers,  75,  96,  134. 

Verveine  populaire,  71 . — Culture  des  Verveines 
comme  plantes  annuelles,  86,  460. 

Victoria  liegia.  — Nouveaux  détails  sur  la  Victoria 
Picgia,  405. 

Vigne.  — Culture  do  la  Vigne  à long  bois,  29.  — 
Cadture  de  la  Vigne  sans  taille  ni  façon,  46,  67, 
129. 

Vinea  Piosea  (Sur  le),  368. 

\\  ei(jelia  Hortensis  nirea,  248. 

V 

Vuccfi  fjloriosa-,  459. 


FIN  DU  VOLE.ME  DE  l’aNNÉE  18G0. 


MO.MLUL.VU.  — l.MPRlMt:iUF.  OC  ZAAüTE, 


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